La grandeur qui pourrait être la leur
Les femmes: égalité, développement et paix
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Chapitres 4 à 11
4. LA VIOLENCE
" LES AMIS DE DIEU DOIVENT SE PARER DES ORNEMENTS DE
LA JUSTICE, DE L'ÉQUITÉ, DE LA BONTÉ ET DE L'AMOUR. REFUSANT DE S'ABANDONNER
À LA CRUAUTÉ ET AU PÉCHÉ, ILS DEVRAIENT DE MÈME EMPÈCHER QU'UNE TELLE TYRANNIE
NE S'ABATTE SUR LES SERVANTES DE DIEU. "
(Baha'u'llah, extrait d'une tablette non encore traduite)
METTRE FIN À LA VIOLENCE À L'ÉGARD DES FEMMES
Communauté internationale baha'ie
La Communauté internationale baha'ie a accueilli avec satisfaction la nomination,
l'an dernier, d'un Rapporteur spécial sur la violence à l'égard des femmes.
En insistant pour que cette question essentielle soit traitée dans le cadre
général des droits de l'homme aux Nations Unies, les organisations féminines
ont contribué de façon décisive à promouvoir ces droits. En effet, essayer d'envisager
la violence dont sont victimes les femmes comme une atteinte aux droits fondamentaux
de la personne humaine permettra sans aucun doute de faire la lumière sur les
causes d'autres formes de violence et facilitera la découverte de stratégies
aptes à freiner l'alarmante montée de violence qui frappe à tous les niveaux
de nos sociétés.
La violence à l'égard des femmes permet de mesurer la violation de tous les
droits de la personne humaine. Elle sert aussi à évaluer à quel point une société
est gouvernée par l'agressivité, dominée par son esprit de compétition et la
place qu'y occupe la force. On a souvent justifié et on continue à justifier
les pratiques abusives dont sont victimes les femmes en invoquant des normes
culturelles, des croyances religieuses, des théories scientifiques et autres
hypothèses sans fondement. Mais, quel que soit son système politique ou religieux,
une société modelée sur la domination engendre inévitablement des altérations
du pouvoir telles que la violence à l'égard des femmes.
Pourtant, il devient de plus en plus évident que toutes les formes de violence
à l'égard des femmes avilissent non seulement les victimes de ces actes mais
également leurs auteurs. Ceux qui infligent aux femmes des actes de violence
figurent eux-mêmes au nombre des victimes de systèmes fondés sur le pouvoir.
Lorsque compétition débridée, agression et tyrannie détruisent le tissu de la
société, tout le monde en pâtit. Du point de vue baha'i, la moisson de la violence
est l'agitation et la ruine de l'ordre social, et la violence dont sont victimes
les femmes est un grave symptôme de ce désordre plus général.
Notre défi, c'est de trouver des stratégies et des modèles nouveaux pour une
société plus saine, plus solidaire à tous les niveaux. Nous devons consciemment
nous éloigner des modèles, tant agressifs que de rapport de forces pour nous
rapprocher des méthodes de concertation et de conciliation. La montée du crime
et de la pornographie, l'augmentation de la violence ethnique et l'effondrement
de la famille incitent de plus en plus d'individus, d'organisations et de gouvernements
à rechercher des alternatives à la violence pour résoudre des conflits.
Un des moyens essentiels pour promouvoir plus de coopération se trouve dans
l'éducation. S'il est reconnu que les disparités économiques et les inégalités
devant la loi engendrent la violence à l'égard des femmes, celle-ci naît aussi,
à l'évidence, de l'ignorance, c'est-à-dire de la non-compréhension d'une réalité
aussi fondamentale que l'unité de la race humaine, ainsi que de la croyance
erronée selon laquelle, la force est la seule façon honorable de résoudre des
conflits.
L'éducation, tant morale, matérielle que pratique, n'est donc pas seulement
un droit fondamental, mais une nécessité pratique dans le monde d'aujourd'hui.
Toute tentative de diminuer la violence au sein d'une société sans se donner
la peine d'éduquer les individus, leur permettant ainsi de surmonter leurs préjugés
sexistes, est vouée à l'échec. À une époque où l'analphabétisme ne cesse d'augmenter
dans la population féminine du monde en voie de développement et où le niveau
d'instruction des deux sexes s'effondre dans les sociétés industrielles, il
est d'une importance vitale d'insister à nouveau sur le rôle de l'éducation
partout dans le monde, si l'on veut contenir la violence à l'égard des femmes
.
Aussi paradoxal que cela puisse paraître, c'est au foyer, centre nerveux de
la famille, que femmes et filles sont le plus souvent victimes de violences
et de négligences. Si les familles éduquaient leurs filles et si la communauté
encourageait systématiquement cette éducation, toutes deux en bénéficieraient.
Selon Baha'u'llah, le prophète fondateur de la foi baha'ie, les mères sont les
premières éducatrices, au sens le plus large du terme, des nouvelles générations;
par conséquent, là où les ressources sont limitées, la priorité devrait revenir
à l'éducation des filles.
Mais le problème de la violence ne pourra être résolu tant que les hommes ne
seront pas aussi éduqués dans le respect de la femme en tant que partenaire
égale. Tout effort de protection des femmes contre l'agression masculine qui
ne porterait pas sur la formation précoce des garçons, serait nécessairement
éphémère. De même, toute tentative pour comprendre les causes et les conséquences
de cette violence qui ne ferait pas intervenir les hommes, serait vouée à l'échec.
Aussi la Communauté internationale baha'ie note-t-elle avec satisfaction l'inclusion
d'une analyse complète sur la violence à l'égard des femmes dans le mandat du
Représentant spécial. Elle accueille aussi chaleureusement l'invitation faite
par la Commission des droits de l'homme à recommander des mesures pour éliminer
la violence à l'égard des femmes et ses causes, et pour remédier à ses conséquences.
La Communauté internationale baha'ie a engagé des efforts considérables au niveau
local pour éduquer et former hommes et femmes au partenariat, et serait heureuse
de partager son expérience. Notre récente collaboration avec l'UNIFEM, par exemple,
dans trois projets utilisant les médias traditionnels pour changer la société,
a attiré l'attention de l'UNICEF parce qu'elle a mené, entre autres, à une diminution
de la violence familiale. À cet égard, nous sommes impatients de poursuivre
notre collaboration avec le Rapporteur spécial .
(Déclaration présentée par la Communauté internationale baha'ie à la 51e
session de la Commission des droits de l'homme des Nations Unies; Genève, Suisse,
30 janvier-10 mars 1995)
5. LES STRUCTURES ÉCONOMIQUES
" II INCOMBE À CHACUN DE VOUS DE SE LIVRER À UNE OCCUPATION
TELLE QUE L'ARTISANAT, LE COMMERCE OU TOUTE AUTRE ACTIVITÉ. NOUS AVONS ÉLEVÉ
VOTRE ENGAGEMENT DANS UN TEL TRAVAIL AU RANG DE L'ADORATION DU SEUL VRAI DIEU...
CONSACREZ-VOUS À CE QUI VOUS PROFITERA, À VOUS ET AUX AUTRES. "
(Baha'u'llah, Kitab-i-Aqdas, Maison d'Éditions Baha'ies, Bruxelles, 1996,
p. 31)
LES FEMMES DANS LE SECTEUR INFORMEL EN MALAISIE
Lee Lee Loh Ludher
GOVINDAMAH : Entrepreneur
Son éventaire, au bord de la route, fait face à l'embranchement en T d'où la
route mène à un lotissement. Ce n'est certes pas ce que le maître chinois en
géomancie appellerait un endroit idéal, face à une grande route qui pourrait
bien engloutir sa fortune. Mais cet endroit a porté chance à Govindamah et bien
davantage encore. Il lui a apporté un nouveau défi et, avec lui, la douce saveur
du succès et de la confiance en soi. Comme vendeuse de nasi lemak (riz cuit
dans du lait de noix de coco), Govindamah éprouve désormais le sentiment nouveau
d'être une personne nouvelle.
Tout cela a commencé il y a un an. Après avoir perdu son travail de chauffeur
de camionnette, le mari de Govindamah s'est mis à faire de menus travaux pour
nourrir sa famille. Ils s'installèrent dans un logement à bas prix. La fille
aînée, Vani, a quitté l'école pour travailler dans une fabrique locale. Mais,
même en comptant son salaire, il n'y avait pas assez d'argent pour nourrir les
deux autres filles et le fils adoptif, et les envoyer à l'école. Les disputes
se sont multipliées, et c'est au cours d'une des fréquentes promenades qu'elle
effectuait après ces disputes, que Govindamah a repéré cet endroit au bord de
la route, et a décidé qu'il était temps pour elle d'entreprendre quelque chose.
Il lui a fallu quelques jours pour rassembler suffisamment de courage et faire
part à son mari de son projet de vendre des paquets de nasi lemak au carrefour.
Furieux, celui-ci s'était mis à l'insulter, à la ridiculiser et à lui assurer
qu'elle échouerait. Or, plus elle allait à l'encontre de ses critiques, et plus
elle était convaincue qu'elle avait des chances de réussir.
Le lendemain matin, elle se leva tôt, la mine radieuse, fit cuire 5 bols de
riz, prépara le sambal (mélange épicé) avec ce qu'il restait d'ikan bilis (anchois)
dans la maison, ajouta des tranches de concombre et parsema le nasi lemak de
petits morceaux d'omelette. Puis, elle les emballa dans de petits paquets pour
les vendre 50 sen pièce, elle les plaça dans un panier, et se glissa hors de
la maison, vers l'endroit repéré à l'embranchement.
Là, elle se mit à scruter le visage des passants. Trois femmes s'arrêtèrent
et achetèrent des paquets. Govindamah se sentit encouragée. Bientôt d'autres
s'arrêtèrent aussi, jusqu'au moment où elle se retrouva les poches pleines de
billets et de pièces, et le panier vide.
Incapable de contenir sa joie, elle courut à la maison la partager avec ses
filles, qui acceptèrent alors de l'aider. Mais à la minute où son mari rentra,
tout leur enthousiasme s'évanouit. Il se plaignit que son thé était froid et
ressortit. Néanmoins, impatiente de revivre son succès, Govindamah se mit à
préparer ses paniers pour le lendemain.
Au fur et à mesure que son affaire de nasi lemak se développa, Govindamah y
ajouta d'autres produits : thé, casse-croûtes et gâteaux. Vani vint l'aider
en dehors de ses heures de travail. Les clients réclamèrent alors des tables
et des chaises, que Govindamah se procura auprès de son cousin, en échange d'une
participation de 50% dans l'affaire.
L'affaire prospéra certes, mais non sans problèmes. Lorsque des gangsters exigèrent
de l'argent en échange de leur protection, Govindamah et son cousin, terrifiés,
n'osèrent pas refuser. Comme ils n'avaient pas d'autorisation légale, les fonctionnaires
de la municipalité chargés de l'application des lois vinrent souvent les menacer
de confisquer toute leur marchandise. Mais sachant combien il était difficile
d'obtenir une patente, Govindamah et son cousin hésitèrent à aller voir les
autorités. Voilà où ils en étaient : leur commerce était en danger et ils ne
savaient pas vers qui se tourner.
LE SECTEUR INFORMEL
L'histoire de Govindamah n'a rien d'inhabituel. À l'image de beaucoup d'autres
femmes à travers le monde, confrontée à une crise familiale, elle devint chef
d'entreprise. Elle trouva sa voie dans le commerce, travailla dur, et réussit.
Dans presque tous les pays, des femmes comme Govindamah contribuent à l'économie
communautaire. De plus, elles ont tendance à dépenser leurs gains, non pour
elles-mêmes, mais pour nourrir leur famille et élever leurs enfants. Pourtant,
comme le montre l'histoire de Govindamah, travailler dans le secteur économique
informel n'est pas sans embûches.
En Malaisie, comme dans la plupart des pays, il n'y a pas de définition officielle
du " secteur informel ". Cependant, à des fins de recherche, l'Institut international
de recherche et de formation pour la promotion de la femme (INSTRAW) a dressé
une liste de caractéristiques (7) :
* technologie simple,
* très peu de capitaux,
* absence de lieu d'affaires fixe,
* quasi-légalité ou absence d'enregistrement; et
* peu de comptabilité.
Les spécialistes du développement ont noté, que dans les pays en voie de développement,
là où les entreprises du secteur structuré offrent peu d'emplois, une grande
partie de la population gagne sa vie en travaillant hors des circuits officiels
de taxation et de régulation. Ces gens qui forment le secteur informel sont
des innovateurs, habiles à survivre, et prospérant parfois dans un environnement
fortement réglementé. Bien que le secteur informel représente une importante
source de travail, de revenus et même de logements, ses acteurs, en échappant
à l'économie légale, perdent leurs pleins droits de citoyens. (8)
Cette vulnérabilité juridique affecte particulièrement les femmes dans la mesure
où beaucoup d'entre elles travaillent dans ce secteur (9). Selon une étude portant
sur l'économie de la Malaisie entre 1985 et 1992, le secteur informel compte
47,05% de femmes en moyenne. 61,2% d'entre elles, soit la grande majorité, sont
salariées, 21,8% exercent des travaux familiaux non rémunérés, 16% sont à leur
compte, et 1% seulement est employeur. Dans le secteur informel, environ 26%
des travailleurs indépendants sont des femmes, et 65% des travailleurs familiaux
non rémunérés sont des femmes (10). Nous pouvons donc constater qu'une grande
partie de la contribution des femmes à l'économie, en Malaisie et dans l'ensemble
du monde en voie de développement, n'est ni reconnue ni chiffrée.
LES FEMMES DE MALAISIE DANS LE SECTEUR INFORMEL
La femme urbaine ou rurale type, travaillant dans le secteur informel malais,
a reçu une éducation primaire et s'occupe d'un foyer de cinq personnes en moyenne.
Elle est entrée dans ce secteur après s'être mariée et avoir eu quelques enfants.
Aujourd'hui, elle contribue substantiellement au revenu général de sa famille.
Environ un tiers de ces femmes s'est endetté pour constituer le capital de leur
affaire. La plupart des femmes de la ville ont travaillé auparavant dans le
secteur structuré (11)
Ces dernières années, un groupe relativement nouveau a intégré le secteur informel.
Il s'agit de professionnels qui, gagnant bien leur vie, décident de se mettre
à leur compte en travaillant souvent hors de chez eux. Les progrès en technologie
de l'information et la démocratisation du travail leur ont permis d'exercer
des activités hors du secteur structuré. Lily et Eng Eng, par exemple, ont opté
pour une retraite anticipée de leur profession d'enseignants, dès qu'ils se
sont vus imposer de plus en plus de tâches administratives. Désormais précepteurs
à domicile, ils peuvent se concentrer sur l'enseignement et se préoccuper davantage
du bien-être de leurs élèves. Ils peuvent aussi mieux gérer leur temps (12).
OBSTACLES
Malgré leur contribution à l'économie du pays en général, les femmes sont confrontées
à des obstacles considérables dans le secteur informel : bas salaires, manque
d'accès aux ressources du capital, à l'éducation et à la formation, et exclusion
du processus décisionnel.
Bas salaires
Le travail qu'elles font dans le secteur informel est souvent vu par les femmes
elles-mêmes et par les autres comme un prolongement de leurs tâches ménagères.
Il en résulte que leur rémunération se fonde, non pas sur les tarifs pratiqués
sur le marché du travail, mais sur ceux des travaux domestiques, soit peu ou
rien. Même les professionnelles du secteur informel demandent moins que leurs
homologues du secteur structuré. Ainsi, Mme Ng fait de la comptabilité à domicile,
entre ses travaux ménagers et les soins qu'elle prodigue à son bébé. Ayant peu
de frais et considérant cette activité comme un apport supplémentaire, elle
applique à ses clients des tarifs plus bas.
Manque d'accès au capital
Dans les affaires, les femmes du secteur informel ont peu ou pas accès aux prêts
bancaires ou aux prêts par d'autres institutions financières, car les exigences
et les procédures sont en faveur du secteur structuré et contre les femmes.
Actuellement, il y a 40 agences gouvernementales réparties dans 14 ministères
qui aident les petites et moyennes entreprises, offrant des prêts totalisant
au moins 1 milliard de R.M.(1$U.S=R.M.2.57). Alors que, pour le secteur informel,
il n'existe principalement que trois formules de prêt. La plus répandue des
trois et qui remporte le plus de succès, est le Ikhtiar Loan, qui a distribué
en 1993 des prêts à quelque 21.000 femmes réparties en 4.303 groupes. Depuis
sa création en 1986 jusqu'à 1993, le cumul des prêts déboursés s'est élevé à
13 millions de R.M. Le plus souvent le capital est réuni au travers de circuits
traditionnels de prêts tels que les usuriers, les parents et le Kutu (système
traditionnel rotatif d'entraide).
Peu de femmes, dans le secteur informel, savent tenir des comptes conformes
aux méthodes agréées par les banques. Ainsi, Salmah, Foziah et 4 autres femmes,
mesurent leurs profits au nombre de bracelets et de chaînes en or qu'elles peuvent
s'acheter ou acheter à leurs proches, et aux économies qu'elles font pour leur
pèlerinage musulman (but qu'elles se fixent elles-mêmes). Ces femmes ne parlent
pas le même langage que celui des institutions financières. Pourtant, elles
seraient des clientes dignes de confiance, remboursant le moindre sou emprunté.
Mais quelle banque accepterait de leur faire confiance si elles n'ont pas de
garantie bancaire, pas de compte en banque, pas de déclaration de revenus ou
de bilan pour prouver leur réussite et leur honnêteté !
Manque d'accès à la formation et à l'éducation
Une étude récente (13) dissipe la croyance selon laquelle l'emploi des femmes
dans le secteur informel est temporaire. Elle indique que la plupart de ces
travailleuses ne sont pas là par choix mais qu'elles y ont été forcées par manque
de compétences et d'éducation. Mme Lai cousait des poches sur des vêtements
de sport. Après son mariage, elle s'est mise à travailler à domicile pour un
fournisseur de la fabrique de vêtements où elle avait été employée. Elle est
payée à la pièce. Elle aimerait devenir tailleuse mais, manquant de formation,
elle n'a guère d'autre choix que de travailler à la pièce.
Exclusion du processus de prise de décisions
Les personnes travaillant dans le secteur informel, et en particulier les femmes
ne sont, en général, pas organisées, de sorte qu'elles ne peuvent pas faire
entendre leur voix et leur point de vue, et qu'elles participent rarement aux
prises de décision.
En Malaisie, la politique actuelle insiste sur la structuration du secteur informel,
exigeant l'enregistrement des commerces et le paiement des taxes. L'enregistrement
d'un petit commerce en Malaisie coûte, dans un premier temps, 2000 R.M., voire
davantage; puis, au moins 1.000 R.M sont prélevés chaque année pour les services
de secrétariat et la comptabilité.
La vérité est que de nombreuses femmes comme Govindamah seraient prêtes à légaliser
leur affaire et même à payer frais et taxes, si elles ne se laissaient pas si
facilement intimider officiellement et officieusement. Ainsi, l'obligation de
traiter avec le bureau des patentes et la bureaucratie gouvernementale peut
leur paraître un obstacle insurmontable. Les gouvernements gagneraient à trouver
le moyen de les faire intervenir dans l'élaboration des règlements qui les concernent,
de sorte que celles qui démarrent une affaire puissent faire connaître leurs
besoins et les voir satisfaits.
LE PROGRAMME D'ACTION
Premièrement, il est nécessaire de reconnaître et d'apprécier la contribution
du secteur informel à l'économie de chaque pays.
Deuxièmement, les pratiques de discrimination sexuelle et autres obstacles à
la pleine participation des femmes dans la vie économique de leurs communautés,
doivent être abolies. Une des meilleures façons d'y parvenir est de faire intervenir
les femmes dans la définition des structures économiques et des règles du secteur
informel. Une autre est de reconnaître que les femmes sont dignes d'obtenir
des crédits. Refuser aux femmes, spécialement à celles du secteur informel,
l'accès aux ressources, y compris les prêts, l'éducation et la formation, revient
à la fois à refuser de reconnaître leurs droits humains fondamentaux et à adopter
une mauvaise stratégie commerciale.
Finalement, et ceci est peut-être le plus important, les acteurs du secteur
informel et les femmes en particulier, doivent intervenir dans la nouvelle conception
de l'économie en général, tant sur le plan théorique que sur le plan pratique.
Si les femmes ont une approche originale de l'activité économique, celle-ci
apparaîtra vraisemblablement dans le secteur informel, insuffisamment structuré
de l'économie. Par exemple, les conclusions préliminaires d'une étude en cours
sur la sous-traitance féminine dans l'industrie en Malaisie, montrent que les
objectifs commerciaux de la majorité de ces femmes sont définis non pas tant
en termes monétaires qu'en termes de valeurs (14).
Une approche de l'activité économique fondée comme ici, sur la notion de valeur,
pourrait donner un éclairage nouveau à des approches alternatives en matière
de création et de distribution des ressources et même en matière de théorie
économique. Les expériences, les valeurs et la façon dont les femmes envisagent
les choses, pourraient en fait constituer la clef du développement de modèles
économiques pour la prospérité de l'humanité tout entière.
Lee Lee Loh Ludher :
Haut fonctionnaire et diplomate du Gouvernement malais, Lee Lee Loh Ludher est
aussi rédactrice du bulletin South-East Asian Focus. Titulaire d'un diplôme
en science sociale et d'une maîtrise en gestion des affaires, elle écrit actuellement
une thèse sur les travailleuses à domicile et la sous-traitance industrielle.
Par ailleurs, en sa qualité de membre du Corps continental des conseillers baha'is
pour l'Asie, Mme Loh Ludher intervient dans des projets locaux de développement
économique et social et de ressources humaines, en particulier dans des programmes
de promotion des femmes dans des pays comme le Cambodge, le Vietman, le
Laos, la Malaisie, la Corée, la Chine et la Mongolie.
NOTES DU CHAPITRE
1. La même définition est utilisée par le bureau des statistiques du secrétariat
de l'ONU. L'Organisation internationale du travail (OIT) emploie un ensemble
de critères légèrement différents.
2. Chickering, A. Lawrence et Mohamed Salahdine, éd, The Silent Revolution :
The Informal Sector in Five Asian and Near Eastern Countries, ICS Press, San
Francisco, 1991.
La même observation a été faite par Nicholas Ardito-Barletta, ancien directeur
général du Centre international de croissance économique du Panama, cité dans
la préface de The Silent Revolution - The Informal Sector in Five Asian and
Near Eastern Countries.
3. Loh Ludher, Lee Lee, The Position and Status of Women in the Informal Sector
in Malaysia for the period 1985-1992, 1994. Non publié.
4. Département de la statistique, Malaisie. The Labour Force Survey Reports,
1985-86, 1987-88, 1989-90.
5. Berma, Madeline et Faridah Shahadan. Meeting Women's Needs in Development
and Family Welfare in the Informal Sector : A Proposal for action, 1991, non
publié.
Poverty, Household Status and Women in the Informal Sector : A Structural Analysis,
non publié.
6. Loh Luhder, 1994.
7. Berma et Shahadan, 1991.
8. Loh Ludher, Lee Lee et Susan Chong, Women Entrepreneurs : From Petty Trader
to Entrepreneur - A Profile of Success, 1993, non publié.
6. LE PARTAGE DU POUVOIR
" ... LORSQUE LES FEMMES PARTICIPERONT PLEINEMENT ET
À ÉGALITÉ AVEC LES HOMMES AUX AFFAIRES DU MONDE ET QU'ELLES ENTRERONT AVEC ASSURANCE
ET COMPÉTENCE DANS LA GRANDE ARÈNE DES LOIS ET DE LA POLITIQUE, ALORS LES GUERRES
CESSERONT. "
('Abdu'l-Baha, The Promulgation of Universal Peace, Baha'i Publishing Trust,
Wilmette, 1982, p. 135)
CRÉER DES STRUCTURES JURIDIQUES ET INSTITUTIONNELLES
POUR PROMOUVOIR L'ÉGALITÉ DES SEXES : UNE LOI ET UN PRINCIPE BAHA'IS
Martha L. Schweitz
Nous nous proposons ici de montrer brièvement quelle est, d'un point de vue
baha'i et compte tenu des récentes critiques féministes à l'égard de la loi,
la profondeur et la portée du changement juridique et institutionnel exigé par
le principe de l'égalité ainsi que, sommairement, la nature de ce changement
prescrit par les écrits baha'is. La religion a toujours été une source de directives
dans le domaine de la morale individuelle. Dans les écrits baha'is, il est aussi
question de la vie collective de l'humanité, on y trouve des lois, des principes
et la description de processus institutionnels à partir desquels il est possible
d'édifier des structures sociales et économiques adaptées à l'égalité des sexes,
structures qui ne peuvent que sous-estimer, et finalement remplacer, les modèles
actuels de subordination.
Il est essentiel d'emprunter, entre autres, la voie de la réforme des lois et
des systèmes juridiques pour parvenir à l'égalité. Dans le programme d'action,
des stratégies ont été formulées pour chacun des domaines critiques qui dépendent,
du moins partiellement, de l'adoption et de l'application de lois nationales
et de l'adoption d'une nouvelle orientation par l'administration publique. Comme
répété à maintes reprises, ces changements ne seront toutefois efficaces, que
dans la mesure où ils se produiront en parallèle avec une évolution des valeurs
et des comportements individuels et sociaux.
Le changement juridique et institutionnel peut être à la fois cause et effet.
Il arrive que des lois et des institutions se transforment sous l'action de
comportements nouveaux suffisamment tenaces pour emporter le vote législatif
indispensable à leur changement. De même, le changement ainsi obtenu a de fortes
chances d'entraîner une évolution ultérieure des comportements, à la fois en
imposant de nouvelles normes de comportement et en modifiant progressivement
les attentes sociales. Les lois et les institutions qui demeurent immuables
face aux réalités nouvelles ont un effet similaire, mais dans un sens négatif;
autrement dit, elles justifient un status quo dépassé ou servent de prétexte
à ceux qui souhaitent retarder le changement.
Beaucoup de réformes juridiques indispensables à l'application de l'égalité
sont techniquement simples. Par exemple, les lois qui protègent les droits civils
et politiques des femmes et qui prévoient des sanctions en cas de violation
ne sont pas particulièrement difficiles à soumettre ni à appliquer, si volonté
politique il y a. Dans certains pays, ce type de réforme juridique a beaucoup
progressé ces derniers temps. On garantit aux femmes et aux hommes les mêmes
droits civils et politiques, ainsi que l'égalité en matière d'éducation et d'emploi
en vertu de lois qui sont plus ou moins applicables et appliquées. Sans être
complètement efficace, ce genre de réforme a toutefois donné naissance à des
sociétés où les femmes jouissent d'une liberté de choix et d'une maîtrise de
leur vie inimaginables ailleurs.
Malgré ces progrès, il est évident que l'égalité des chances ne va pas assez
loin. Comme l'attestent la plupart des femmes (et un nombre croissant d'hommes)
de ces sociétés dites " avancées ", les femmes forment encore une classe subordonnée,
dans de nombreux aspects de la vie familiale et sociale. Des juristes féministes
ont commencé à expliquer pourquoi il en était ainsi. Elles voient dans cet état
de choses la nécessité, d'opérer un changement institutionnel et juridique beaucoup
plus complexe et, d'entreprendre des réformes capables d'ébranler les hypothèses
et les préférences qui fondent nos lois et nos institutions dirigeantes. Nous
y reviendrons plus loin.
Un des principes essentiels de la foi baha'ie est l'égalité des sexes. Comme
expliqué en introduction, le système baha'i des valeurs soutient catégoriquement
l'application de ce principe dans tous les domaines de l'activité humaine. Les
écrits baha'is donnent l'image d'une société future .où ... les femmes participeront
pleinement et à égalité avec les hommes aux affaires du monde1, en qualité de
partenaires des hommes.2 Qui plus est, lorsqu'elles entreront, avec assurance
et compétence, dans la grande arène des lois et de la politique, les guerres
cesseront.3
Parallèlement, il ressort clairement des écrits baha'is que l'égalité n'implique
pas l'uniformité, autrement dit que ... l'égalité de condition ne signifie pas
l'identité des fonctions.4 Le rôle de la mère, en particulier, revêt un caractère
des plus honorable et des plus noble. Les mères ont le privilège unique d'être
les ... premières éducatrices et les premiers mentors5 ... de leurs enfants.
Ô vous, mères aimantes, sachez qu'aux yeux de Dieu, la meilleure façon entre
toutes de l'adorer, c'est d'éduquer les enfants et de les former à acquérir
toutes les perfections de l'humanité. Il n'est pas tâche plus noble que celle-là.6
Lorsqu'une femme est tout entière occupée à élever ses enfants, l'homme a la
responsabilité correspondante de subvenir aux besoins financiers de la famille.7
Toutefois, le père doit aussi prendre part à l'éducation des enfants. C'est
là une si grande responsabilité, que quiconque la néglige perd ses droits à
la paternité.8 Les écrits baha'is ne distribuent pas les rôles et les responsabilités;
toutes les décisions de cette nature au sein d'une famille baha'ie relèvent
de la consultation familiale9, un mécanisme qui repose sur des principes explicites
tels que la franchise et le respect mutuel. Ni le mari ni la femme ne sont autorisés
à dominer injustement l'autre.10
Le rang élevé de la maternité pose deux problèmes d'égalité, l'un hautement
subjectif et l'autre qui tient à sa pratique.
Le problème, subjectif, est que le respect et la protection du rôle de la mère
ont souvent servi d'excuse pour maintenir la femme dans une condition sociale
et économique désavantageuse. Les égards dus à la ... timidité naturelle et
la délicatesse propre à la femme, ainsi que sa mission et sa destinée souveraine
... celle de remplir ses nobles et salutaires devoirs d'épouse et de mère...
11 n'a pas élevé la femme sur un piédestal mais l'a plutôt enfermée dans une
cage. Qui plus est, l'histoire et l'expérience ont convaincu beaucoup de personnes
de ce que toute différence de traitement entre hommes et femmes est un symbole
d'infériorité de la femme et, en réalité, elle l'a été. Par contre, dans certaines
sociétés, les femmes ont été confrontées à un problème inverse. En Tchécoslovaquie,
l'État a exigé d'elles pendant deux générations, qu'elles laissent leurs enfants
dans des foyers publics pour aller travailler de longues heures durant, tous
les jours. Beaucoup d'entre elles estiment aujourd'hui que cette pratique a
eu des effets psychologiques néfastes graves sur leurs enfants.12 Pour elles
désormais, le droit de ne plus travailler et l'opportunité d'élever ses propres
enfants est inestimable. Trouver le chemin qui mène à l'égalité c'est aussi,
semble-t-il, nous obliger à tirer des leçons de la longue expérience des femmes
dans le monde et à refuser de se limiter ou de se restreindre à une seule perspective.
Le second problème soulevé par l'exaltation du rôle de la mère tient à la façon
dont l'égalité est pratiquée. Si, logiquement, il n'y a rien de contradictoire
à ce que les femmes remplissent leur rôle de mères et participent pleinement
et à égalité aux affaires du monde, la durée d'une vie donnant amplement le
temps de faire les deux, dans la pratique, cela tient souvent de la prouesse.
L'incompatibilité entre le rôle de mère (ou celui de parents en général) et
la pleine et entière participation aux affaires du monde tient davantage à la
nature des systèmes socio-économiques et des pratiques juridiques et commerciales
en vigueur. En effet, ceux-ci, pour radicalement différents qu'ils soient d'une
société à l'autre, n'en sont pas moins tous conçus pour opérer une division
permanente du travail entre ceux qui s'occupent des enfants et du foyer, et
ceux qui génèrent un revenu dans l'économie classique et ont voix au chapitre
dans les affaires publiques. Beaucoup de progrès récents enregistrés par les
femmes dans le monde du travail l'ont été en dépit de ces obstacles, mais souvent
au prix de gros efforts personnels de leur part. Comment concilier ces " deux
vies " ? La détermination avec laquelle les écrits baha'is insistent sur ces
deux aspects de la vie indique que cette conciliation est possible.
Revenons maintenant à la réflexion des juristes féministes sur le sens de l'égalité
et l'ampleur du changement légal et institutionnel à opérer pour y parvenir.
En accord avec le féminisme libéral traditionnel, les progrès enregistrés ces
30 dernières années en matière d'égalité des chances l'ont été à partir de l'idée
que l'égalité signifiait la liberté d'être traitée sans distinction de sexe.
Même si ce principe a permis, dans une majorité de cas, d'obtenir des résultats
efficaces, il n'a pas réussi à donner de l'égalité une définition exhaustive
et risque même de se révéler franchement nuisible aux intérêts de la femme,
pour ce qui touche à la maternité. (Par exemple, pourquoi donc une femme enceinte
doit-elle déclarer souffrir d' "une infirmité " pour avoir droit à certaines
indemnités ?) Les intellectuelles féministes mettent en évidence, de façon convaincante,
les préjugés sexistes existant dans des systèmes légaux apparemment neutres.
Ils montrent que le sexisme est un problème structurel qui se fait sentir partout
dans la législation, et que l'inégalité est perpétuée par une foule de non-dits
qui imprègnent nos lois, nos tribunaux et nos législateurs, nos procédures judiciaires,
et même nos formes de raisonnement juridique transmises de génération en génération.
Ils discréditent ainsi l'idée selon laquelle si la loi doit gérer l'univers
des affaires publiques (autrement dit le monde des hommes), elle n'a pas à s'ingérer
dans l'intimité des foyers, par exemple pour protéger les femmes de la violence.
Selon eux, bien que l'égalité juridique formelle, qui met l'accent sur l'égalité
des droits et de traitement, ait eu son utilité dans des étapes initiales, il
est désormais nécessaire de dépasser la rhétorique des droits. Plus fondamentalement,
l'égalité, c'est être libéré de toute subordination systématique en raison de
son sexe.13
Cette définition de l'égalité a de nombreuses implications et remet en cause
les fondements mêmes des traditions et des institutions ancestrales. Elle est
conforme à la compréhension qu'en ont les baha'is. Rien de moins que ne pourra
permettre une réconciliation pratique entre la vie publique et la vie privée
des femmes, ni faire apparaître la valeur de l'ensemble des enseignements baha'is
dans ce domaine.
La subordination systématique des femmes est particulièrement évidente dans
les domaines suivants : (1) l'éducation; (2) la violence et les mauvais traitements
au foyer et dans la société; (3) la discrimination face à toutes les formes
d'activité de production et d'accès aux ressources; (4) la prise de décisions
au sein de la famille; (5) l'inégalité, voire l'exclusion, face aux structures
politiques et économiques; (6) le contrôle du revenu familial (et la responsabilité
de sa gestion) par l'homme; et (7) la responsabilité unique de la femme face
à l'éducation des enfants, sans autre soutien social. La subordination des femmes
dans chacun de ces domaines est le résultat d'une combinaison presque inextricable
de lois, de comportements, d'arrangements institutionnels et de procédures,
de structures économiques et de silences juridiques. Il existe des lois et des
principes sociaux baha'is explicites qui s'opposent à cette inégalité rampante
et entêtée qui résiste aux plus formidables réformes juridiques, et qui défient
les structures et les systèmes oppressifs rencontrés dans tous ces domaines.
Les lois et principes baha'is vont au-delà de la notion de l'égalité des chances
afin d'instaurer des sociétés où tant la maternité que la participation des
femmes aux affaires publiques sont systématiquement valorisées par les institutions,
des sociétés qui incarnent et manifestent à la fois l'" éthique féminine de
la compassion " et l'" éthique masculine des droits " (14), toutes deux propices
à maintenir de bonnes relations et à instaurer la justice. Certains aspects
particuliers des enseignements baha'is ont été développés ailleurs dans ce volume
et traitent des divers domaines mis en cause.
Un monde où femmes et hommes sont libres de parvenir à la grandeur qui pourrait
être la leur est presque impossible à imaginer aujourd'hui, mais les baha'is
sont de ceux pour qui chaque pas en avant marque un progrès majeur, non seulement
parce qu'il permet aux femmes et aux hommes de développer pleinement, à titre
individuel, les talents dont Dieu les a dotés, mais parce qu'il entraîne, chaque
jour d'avantage, l'humanité vers la paix.
* Martha L. Schweitz :
Martha L. Schweitz enseigne le droit international à l'Université de Seinan
Gakuin à Fukuoka, au Japon, depuis 1989. Diplômée de l'Université de Stanford
en 1976, elle obtient son doctorat en droit en 1981, à la faculté de droit de
l'Université de New York. Elle travaille ensuite dans le droit international
des affaires chez Baker & McKenzie à Chicago, pendant 5 ans, et enseigne le
droit international et le droit des sociétés en qualité de professeur assistante
à la Faculté de droit de l'Université de l'Orégon, trois ans avant de se rendre
au Japon. Elle vient de terminer une année sabbatique en qualité de professeur
invité à l'Université de Princeton, où elle a continué ses recherches sur les
organisations économiques internationales et les rapports entre société civile
et droit international.
NOTES DU CHAPITRE
1. 'Abdu'l-Baha, The Promulgation of Universal Peace, Baha'i Publishing Trust,
Wilmette, 1982, 135, réimprimé dans Women : Extracts from the Writings of Baha'u'llah,
'Abdu'l-Baha, Shoghi Effendi and the Universal House of Justice, Ontario, Canada,
Baha'i Canada Pub., 1986, nø 91.
La femme, Maison d'Éditions baha'ies, Bruxelles, 1986, p. 47
2. Ibid (reprinted in Compilation on Women, no. 85)
La femme, Maison d'Éditions baha'ies, Bruxelles, 1986, p. 47
3. Ibid (reprinted in Compilation on Women, no. 91)
La femme, Maison d'Éditions baha'ies, Bruxelles, 1986, p. 47
4. Lettre de la Maison Universelle de Justice du 23 juin 1974 citée dans La
femme, compilation du département de Recherche de la Maison Universelle de Justice,
Maison
d'Éditions Baha'ies, Bruxelles, 1986, p. 47
5. 'Abdu'l-Baha, Sélections des écrits de 'Abdu'l-Baha, Maison d'Éditions Baha'ies,
Bruxelles, 1983, 319 p.
6. 'Abdu'l-Baha, Sélections des écrits de 'Abdu'l-Baha, Maison d'Éditions Baha'ies,
Bruxelles, 1983, 319 p.
7. Lettre de la Maison Universelle de Justice du 23 décembre 1980 citée dans
La femme,
compilation du département de Recherche de la Maison Universelle de Justice,
Maison d'Éditions Baha'ies, Bruxelles, 1986, p. 38
8. Ibid
La femme, Maison d'Éditions baha'ies, Bruxelles, 1986, p. 38
9. Lettre de la Maison Universelle de Justice du 9 août 1984 citée dans La femme,
compilation du département de Recherche de la Maison Universelle de Justice,
Maison
d'Éditions Baha'ies, Bruxelles, 1986.
La femme, Maison d'Éditions baha'ies, Bruxelles, 1986, p. 39
10. Shoghi Effendi, lettre écrite en son nom le 22 juillet 1943, citée dans
La femme,
compilation du département de Recherche de la Maison Universelle de Justice,
Maison
d'Éditions Baha'ies, Bruxelles, 1986.
La femme, Maison d'Éditions baha'ies, Bruxelles, 1986, p. 35
11. Affaire Bradwell v. Illinois, 83 U.S. 130, 139 (1873), Cour Suprême des
États-Unis sur la possibilité constitutionnelle d'interdire aux femmes la pratique
du droit, en interprétant l'expression toute personne contenue dans le Quatorzième
Amendement, comme voulant dire tout homme.
12. Helena Klimova, dissidente tchèque et présidente de l'association des droits
civiques
" Tolérance " basée à Prague. Women in East Central Europe : After the Collapse
of Communism [Les femmes en Europe centrale, au lendemain de la faillite du
communisme], discours prononcé à la Woodrow Wilson School, Université de Princeton,
le 14 octobre 1994.
13. Ann C. Scales, The Emergence of Feminist Jurisprudence; An Essay, Yale Law
Journal 95:7, 1373-1403, at 1395, reprend une expression souvent citée dans
l'Oeuvre de Catharine A. MacKinnon.
14. Carol Gilligan, In a Different Voice : Psychological Theory and Women's
Development, Cambridge, MA : Harvard University Press, 1982. L'ouvrage de Gilligan
a été abondamment cité dans les critiques juridiques des travaux féministes
de type socio-psycho-analytique. Les expressions " ethic of care " et " ethic
of rights " [éthique de la compassion et éthique des droits] sont employées
par Gilligan pour distinguer le mécanisme du développement moral des hommes
de celui des femmes. Plus simplement formulée, " l'éthique des droits " se réfère
à la valorisation de l'individuation, lorsque la maturité est atteinte et que
les décisions morales sont prises à partir de conceptions abstraites et universelles
du bien et du mal. Au contraire, l'éthique de la compassion s'appuie sur l'idée
qu'il y a maturité morale dès lors que la personne est capable de se préoccuper
d'autrui; les décisions morales sont ici fondées sur l'importance de préserver
les relations et d'assumer des responsabilités mutuelles.
7. LES MÉCANISMES DE PROMOTION DES FEMMES
" DANS LE PASSÉ, LE MONDE A ÉTÉ GOUVERNÉ PAR LA FORCE.
... MAIS LA BALANCE PENCHE DÉJÀ; LA FORCE PERD DE SA PRÉPONDÉRANCE, ET LA VIVACITÉ
D'ESPRIT, L'INTUITION ET LES QUALITÉS SPIRITUELLES D'AMOUR ET DE DÉVOUEMENT
QUI CARACTÉRISENT LA FEMME, ACQUIÈRENT DE PLUS EN PLUS D'ASCENDANT. "
(J.E. Esslemont, Baha'u'llah et l'Ère nouvelle, Maison d'Éditions Baha'ies,
Bruxelles, 1990, p. 162)
LE PROJET UNIFEM/BAHA'I ELEVE LA CONSCIENCE COMMUNAUTAIRE
One Country
BADAN, province de l'Est, Cameroun. Pour du théâtre, les sketches présentés
sur la place du village le jour du marché en juillet dernier par les habitants
de ce petit village de l'Afrique de l'Ouest, étaient plutôt rudimentaires.
Prenez, par exemple, l'intrigue toute simple de cette courte pièce écrite par
les villageois eux-mêmes : après avoir vendu sa récolte, un cultivateur de cacahuètes
cache l'argent à sa femme et va le dépenser au bar, où il offre à boire à tous
ses amis et dépense le reste avec une femme.
De retour chez lui, il se fait réprimander par son épouse. Un peu plus tard,
son fils tombe gravement malade, mais il ne reste alors plus d'argent pour les
médicaments. Heureusement, un médecin compréhensif va leur fournir les médicaments
nécessaires. À la fin de la pièce, l'agriculteur se rend compte de ses erreurs
et décide dorénavant de consulter sa femme avant de dépenser tous leurs bénéfices.
Malgré la simplicité du sujet, le jeu peu professionnel des acteurs et l'absence
de costumes et de décors, cette pièce et d'autres du même genre ont remporté
un vif succès dans cette province lointaine en voie de développement.
Ce sont là quelques-uns des résultats de deux années d'application d'un projet
pilote, mis en place dans trois pays par le Fonds de Développement des Nations
Unies pour les femmes (UNIFEM) et la Communauté internationale baha'ie. Les
saynettes jouées dépeignent des situations bien connues des hommes et des femmes
de ces régions, qui s'identifient aisément à elles.
Le projet a pour objectif de stimuler le développement économique et social
de l'ensemble de la communauté et d'élever le statut des femmes en se servant
de ces médias traditionnels que sont le théâtre, le chant et la danse.
" Il y a beaucoup de messages dans ce simple sketch ", dit Mona Grieser, directeur
technique international du projet. " Par exemple, la responsabilité des pères,
l'importance d'une bonne gestion des revenus et la valeur du partenariat au
sein de la famille. Le plus important cependant, c'est le grand nombre d'hommes
présents parmi les spectateurs. Car ce sont eux que nous espérons toucher. "
Bien que l'expérience baha'ie/UNIFEM, qui s'intitule " Les médias traditionnels
comme facteurs de changement ", soit unique parce qu'elle intègre des idées
bien admises sur la communication comme facteur de développement dans la promotion
de l'égalité des femmes, elle se caractérise en particulier par les efforts
faits pour y impliquer autant les hommes que les femmes.
Ce projet a ceci de novateur qu'il est conçu pour toucher les hommes dit Pamela
Brooke, consultante indépendante pour la communication comme facteur de développement,
qui a été engagée pour fournir une assistance technique au projet mené en Malaisie.
Beaucoup de projets destinés aux femmes n'impliquent qu'elles. Mais, les baha'is
ont pensé que le changement serait meilleur si femmes et hommes s'engageaient
dans un processus consultatif, ajoute Mme Brooke. Parce que finir par avoir
des femmes en colère assises dans un coin, ça ne peut rien changer.
Les fonds accordés par l'UNIFEM ont permis de lancer le projet en même temps
au Cameroun, en Bolivie et en Malaisie, où des communautés baha'ies nationales
et locales bien développées ont fourni des ressources sur le terrain et un réseau
de bénévoles motivés.
Les signes du succès
Le projet cherche essentiellement à provoquer un changement de mentalité. Même
si, contrairement aux efforts fournis afin de réaliser du concret, tel que l'amélioration
de la production agricole ou l'augmentation du taux de vaccinations, il est
plus difficile de mesurer des attitudes, des succès impressionnants ont été
remportés, visibles tant sous forme de statistiques que d'anecdotes.
Ici, dans la province de l'Est du Cameroun, où le projet a été mis sur pied
dans sept villages, les hommes ont commencé à se joindre aux femmes pour les
travaux des champs. Ils les consultent plus souvent sur les finances de la famille
et leur permettent de participer plus activement aux décisions communautaires,
comme en témoignent les enquêtes réalisées et le récit des visiteurs de passage.
Les choses changent, affirme Madeline Eyidi, spécialiste des programmes au bureau
du PNUD (Programme des Nations unies pour le développement) à Yaoundé, Cameroun,
qui a passé une semaine à travailler pour le projet l'été dernier. Traditionnellement,
les femmes ont toujours pris en charge les travaux des champs, mais j'ai vu
des hommes commencer à y participer aussi, et à les aider. Ce projet est formidable.
Aux dires de Tiati à Zock, coordinateur national du projet au Cameroun, une
enquête effectuée début 1992 auprès d'environ 45 familles dans chacun des sept
villages, révélait que pratiquement toutes les décisions financières étaient
prises par les hommes seuls. Une enquête complémentaire, effectuée en 1993,
montrait que plus de 80% des familles prenaient désormais ce genre de décisions
ensemble, en consultation avec le mari et la femme. Autre chiffre révélateur
: à Badan, le nombre de filles envoyées à l'école du village a augmenté de 82%
depuis le début du projet.
En Bolivie, le programme est aujourd'hui en place dans huit villages de la province
de Chuquisaca, au centre-sud du pays. À Poqonchi, village où le projet est depuis
longtemps en place, les commentaires faits pendant les discussions des groupes
de travail démontrent que les femmes participent davantage aux décisions de
la communauté, qu'elles se sentent plus libres d'exprimer leur soif d'instruction
et qu'elles sont davantage aidées par les hommes pour les corvées quotidiennes.
De plus, une femme a récemment été élue au sindicato du village, un conseil
politique local. C'est la toute première femme à y avoir été élue. Peu de temps
après, le conseil a adopté une résolution dans laquelle il s'engageait à accorder
une plus grande attention aux préoccupations des femmes.
En Malaisie, où le programme a été mis en place dans deux villages et une communauté
urbaine, il est concrètement apparu que les femmes s'engageaient de plus en
plus dans l'organisation de leur communauté et dans la prise de décisions. (En
effet, dans ces trois localités, le nombre de femmes élues aux conseils locaux
baha'is a augmenté depuis le début du projet.)
Les changements les plus spectaculaires ont été observés à Kampong Remun, un
petit village éloigné de la région du Sarawak, où le projet a généré plusieurs
activités annexes.
Utilisant les méthodes préconisées par le programme pour identifier les problèmes
de la communauté, les villageois ont planté un potager, construit de nouvelles
latrines et instauré des classes d'alphabétisation pour adultes. Ces classes,
initialement conçues pour les femmes, ont aussi été ouvertes aux hommes. Les
trois actions émergent d'un processus de consultation entre hommes et femmes,
dit Joo Jung Kung, coordinateur national du projet pour la Malaisie. Dans la
communauté villageoise, vous obtenez difficilement une communication et une
consultation entre les hommes et les femmes. Mais le projet donna aux femmes
l'opportunité de mettre à jour les problèmes auxquels elles doivent faire face,
dit Mr Jung.
L'importance d'associer les femmes à tout effort de développement est, naturellement,
de plus en plus admise dans le monde entier. Un certain nombre d'études et de
statistiques démontrent que plus les femmes sont en bonne santé, instruites,
engagées, plus le bien-être de l'ensemble de la famille s'améliore.
Nous pensons que lorsque les femmes des pays en voie de développement obtiendront
l'égalité et l'avancement économique et social, dit Marjorie Thorpe, directeur
adjoint de l'UNIFEM, tout le monde en bénéficiera. Cela améliorera non seulement
la qualité de vie des femmes, mais aussi celle des hommes et des enfants; bref,
celle de tous.
Une approche originale
L'approche adoptée présente de multiples facettes. Si divers éléments du projet,
comme l'emploi des médias traditionnels pour transmettre de nouvelles idées,
ont déjà servi ailleurs, ce programme est particulier en ce qu'il en intègre
d'autres, tirés d'un large éventail de sources, dont les enseignements baha'is.
Pour l'essentiel, le projet est construit autour des objectifs suivants :
- Il cherche à engager directement les individus dans l'analyse de leurs propres
problèmes, en les formant, dans un premier temps, à utiliser des outils analytiques
modernes, tels que les groupes d'analyse, les enquêtes communautaires ainsi
que la concertation baha'ie.
- Dans un deuxième temps, il donne un sens aux analyses faites en s'appuyant
sur un principe moral positif, dans ce cas précis, l'égalité de l'homme et de
la femme.
- Finalement, il essaie de promouvoir un changement de comportement dans la
communauté en diffusant le résultat de l'analyse par le biais des médias traditionnels
que sont le théâtre, le chant et la danse, outils relativement non agressifs.
Le projet, souligne Mme Thorpe de l'UNIFEM, part du constat que dans les sociétés
qui ne possèdent pas de langue écrite, les médias traditionnels, à savoir les
acteurs, les danseurs, les marionnettistes, les saltimbanques, les chanteurs
transmettent un message qui est pris très au sérieux par la communauté, d'où
l'idée de faire passer par ce biais un message susceptible d'améliorer la condition
féminine, et de créer ainsi l'occasion d'entamer un dialogue avec l'ensemble
de la communauté, mais d'une manière totalement non agressive.
Même si ces actions sont organisées par les communautés baha'ies de chaque région,
c'est dans l'ensemble de la population qu'elles cherchent à promouvoir un changement
d'attitudes. Un des avantages qu'il y a à travailler avec les baha'is réside
dans le fait qu'ils entretiennent des liens très forts avec la population locale,
ajoute Mme Thorpe, expliquant pourquoi l'UNIFEM a décidé de parrainer le projet.
Ce n'est pas une organisation élitiste. Parce que la population compte des baha'is
locaux et que l'organisation possède l'expérience du travail de proximité, ils
constituent pour nous des contacts très réels et très efficaces.
En général, les communautés baha'ies, loin d'être isolées du reste de la société
qui les entoure, y sont bien intégrées. Sur les sites du projet, le pourcentage
de la population baha'ie varie de moins 1% à environ 10%.
Le processus
Dans chaque pays, le projet a commencé avec des sessions de formation au niveau
national pour aider les volontaires baha'is locaux à faire leurs propres expériences
en matière de construction communautaire.
Dans un premier temps, ils ont suivi un cours de perfectionnement sur les principes
de la consultation, méthode particulière de prise de décisions non conflictuelle,
employée à tous les niveaux par les communautés baha'ies.
La formation sur la consultation baha'ie nous apprend à respecter l'opinion
d'autrui, ce qui est capital pour les femmes, dit Lee Lee Ludher, consultante
en développement en Malaisie, parce que beaucoup de femmes ont l'impression
que leur point de vue n'est pas pris au sérieux.
Les volontaires ont aussi reçu une formation dans les techniques modernes de
collecte de données, en particulier pour les enquêtes en collaboration, et dans
l'utilisation des groupes de travail comme un moyen de découvrir quels sont
les besoins de la communauté. Ils ont aussi reçu une formation pour apprendre
à faire des évaluations, constituer des archives et s'organiser.
Les volontaires nouvellement formés ont ensuite été envoyés dans leurs communautés
où ils ont organisé des cycles de formation au niveau local, similaires à ceux
qu'ils avaient reçus.
Cela a permis de constituer un groupe de volontaires de base pour mettre en
place le projet dans chaque village. Ce groupe de base est généralement formé
autour des membres du conseil d'administration baha'i local, connu sous le nom
d'assemblée spirituelle locale. Constituées de membres élus par la communauté,
les assemblées spirituelles, chargées de s'occuper du bien-être de cette même
communauté, ont une expérience certaine et sont donc aptes à analyser les besoins
de la communauté et à se concerter pour déterminer les actions à suivre.
È la suite des sessions de formation locales, les volontaires du projet sont
allés interviewer les membres de la communauté sur leurs problèmes. Les volontaires
n'étant pas tous alphabétisés, des caméras vidéos et des appareils photos Polaroïds
ont donc été utilisés dans certains cas.
Dans chaque pays, l'analyse a porté essentiellement sur la façon dont l'égalité
des femmes (ou l'absence d'égalité) influait sur les problèmes locaux.
Un des outils de diagnostique très simples qui a aidé ces communautés à s'analyser,
était de leur demander de faire une liste de toutes les tâches quotidiennes
types d'une femme de la région, dit Dr. Richard Grieser, un des premiers formateurs
au Cameroun. M. Grieser, époux de Mona Grieser, a suivi son épouse dans la plupart
des étapes du projet.
Ensuite, nous leur avons demandé d'établir une liste des tâches quotidiennes
types d'un homme, continue le Dr. Grieser. La différence entre les charges de
travail était fort frappante. À vrai dire, les hommes étaient souvent gênés
de constater que leur liste ne faisait même pas la moitié de celle des femmes.
Une fois les problèmes locaux identifiés, les volontaires ont demandé à la communauté
de donner ses conclusions en se servant des médias locaux typiques, tels que
le chant, la danse, la narration et le théâtre. Artistes et comédiens locaux
ont été encouragés à y prendre part. Des histoires, des pièces, des chansons
et des danses ont ensuite été présentés à toute la communauté lors de divers
festivals, programmes du soir et autres rassemblements.
Les mêmes problèmes partout dans le monde
Les participants se sont heurtés aux mêmes problèmes fondamentaux dans les trois
pays au début du programme. Après s'être concertés sur les besoins de leurs
communautés, ils ont accordé la priorité absolue à la solution de trois problèmes
fondamentaux :
(1) l'analphabétisme parmi les femmes; (2) la mauvaise gestion des finances
familiales par les hommes; et (3) le fardeau peu équitable de travail supporté
par les femmes.
Les gens sont en train de se rendre compte par eux-mêmes, que non seulement
les femmes ont des droits dans la société, mais qu'elles ont beaucoup à offrir,
fait remarquer M. Tiati du Cameroun. Par exemple, beaucoup d'hommes se rendent
compte aujourd'hui que les femmes sont capables de gérer l'argent beaucoup mieux
qu'eux, qui dépensent souvent trop pour l'alcool. Par conséquent, un des résultats
du projet est que, dans la plupart des familles qui y ont participé, la femme
s'occupe de l'argent ou du moins, la famille se concerte sur la manière de le
dépenser.
En Malaisie, les obstacles sont similaires. Les filles et les femmes manquent
d'instruction et d'opportunité ; ce qui est un des grands problèmes apparu en
Malaisie, constate Mme Ludher de Malaisie, mais depuis que ces questions sont
abordées de manière non agressive, les gens prennent maintenant conscience que
cela pose un réel problème.
De même, en Bolivie, les discussions en groupes ont permis de dégager deux problèmes
essentiels : l'inégalité d'accès à l'instruction d'une part, et au travail d'autre
part.
La prochaine étape
L'idée de ce projet émane d'une déclaration de la Communauté internationale
baha'ie à la 32e session de la Commission des Nations Unies sur la condition
de la femme. Elle y affirme la nécessité de changer les attitudes qui renforcent
l'acceptation de l'inégalité des femmes, et avance qu'un des objectifs primordiaux
des projets de développement des femmes, pourrait bien être les hommes.
Impressionnée par cette idée, Mme Margaret Snyder, alors directrice de l'UNIFEM,
a proposé à la Communauté internationale baha'ie un projet commun. À la suite
de près de trois années de travail théorique, le projet a été lancé en octobre
1991, et a achevé sa première phase en septembre 1993.
La totalité de la subvention de l'UNIFEM à la Communauté internationale baha'ie
pour l'étape initiale du projet s'est montée à 205 000 $US, somme relativement
faible comparée aux fonds habituellement alloués en matière de développement,
surtout si l'on sait que le projet devait être mis en place dans trois pays
différents et qu'il a duré deux ans.
La communauté espère non seulement continuer le programme, mais aussi l'étendre
à d'autres sites.
Les communautés baha'ies, ayant participé au projet, ont déjà exprimé leur souhait
d'en entamer la prochaine phase, affirme Mary Power, directrice du Bureau de
la Communauté internationale baha'ie pour la condition de la femme, chargée
de gérer le projet à l'échelon international. Ces communautés disposent désormais
d'équipes de consultants baha'is formés à qui l'on peut faire appel dans leurs
propres pays, mais qui peuvent servir de personnel technique pour d'autres pays
également.
Effectivement, les communautés baha'ies du Nigéria et du Brésil ont lancé leur
propre programme pilote : les Médias traditionnels comme facteurs de changement,
conjointement à l'action parrainée par l'UNIFEM. De plus, les communautés baha'ies
locales en Malaisie, encouragées par le succès remporté par leurs voisins, ont
récemment lancé leurs propres projets fondés sur les médias pour promouvoir
la condition de la femme.
(Cet article a été initialement publié dans le numéro d'octobre-décembre
1993 de la revue ONE COUNTRY - volume 5, numéro 3 -, bulletin de la Communauté
internationale baha'ie, sous le titre Le projet Baha'i / UNIFEM suscite des
réactions favorables. ONE COUNTRY met l'accent sur les activités entreprises
par les communautés baha'ies en réponse aux problèmes sociaux du monde. Il donne
des informations sur les projets réussis en matière de développement économique
et social et les activités qui se rapportent à la promotion de la paix, la condition
féminine et la protection de l'environnement.)
8. LES DROITS DE LA PERSONNE HUMAINE
" COMME L'OISEAU, L' HUMANITÉ POSSÈDE DEUX AILES -
L'UNE MÈLE, L'AUTRE, FEMELLE. SI LES DEUX AILES NE SONT PAS ÉGALEMENT FORTES
ET MUES PAR UNE FORCE COMMUNE, L'OISEAU NE PEUT S'ENVOLER VERS LE CIEL. "
( 'Abdu'l-Baha cité dans Baha'u'llah et l'Ère nouvelle, J.E. Esslemont, Maison
d'Éditions Baha'ies, Bruxelles, 1990, p. 160)
PROTÉGER LES DROITS DES FEMMES
Communauté internationale baha'ie
La Communauté internationale baha'ie se félicite de l'occasion qui lui est donnée
de s'exprimer sur le point 11 de l'ordre du jour de cette conférence mondiale
historique. Nous espérons que les droits fondamentaux de la femme continueront
à faire l'objet d'examens approfondis à l'occasion des futures réunions pour
promouvoir les droits de l'homme, et nous soutenons la résolution adoptée par
la Commission de la condition de la femme à sa session de 1993, demandant instamment
que les droits et les préoccupations des femmes soient examinés au même titre
que tous les points fondamentaux de l'ordre du jour provisoire de la Conférence
mondiale des droits de l'homme.
La persistance et la montée de la violence, tant personnelle qu'institutionnelle
à l'encontre des femmes, sont en grande partie attribuables à leur exclusion
traditionnelle des processus de développement et de prise de décisions. Un profond
réajustement de la perspective collective de l'humanité s'impose, à la lumière
de valeurs universelles et de principes spirituels. Il faut une législation
qui donne corps à l'égalité des sexes en s'attaquant aux injustices particulières
auxquelles les femmes sont confrontées.
La violence domestique est une réalité de la vie quotidienne d'un grand nombre
de femmes de par le monde, sans distinction de race, de classe ou de niveau
d'instruction. Dans maintes sociétés, la croyance traditionnelle selon laquelle
la femme est un fardeau, fait d'elle une cible facile à la colère de l'homme.
Ailleurs, en période de crise et de faillite économiques, celui-ci fait passer
sa frustration sur les femmes et les enfants. Partout, la violence contre les
femmes persiste parce qu'elle demeure impunie.
Les croyances et les pratiques qui conduisent à l'oppression des femmes doivent
être réexaminées à la lumière de la justice. Une fois bien compris, le principe
de l'égalité fondamentale des hommes et des femmes finira par modifier l'ensemble
des relations sociales, permettant à chacun de développer ses dons et ses talents
uniques. L'utilisation des forces de tous favorisera la maturation de la société.
Au fur et à mesure que le principe de l'égalité sera reconnu, il appartiendra
aux parents, aux écoles, aux gouvernements et aux ONG de relever le défi en
le transmettant aux générations futures.
La famille est l'unité de base de la société : tous ses membres devraient être
éduqués selon les principes spirituels. Les droits de tous devront être sauvegardés
et les enfants formés à se respecter et à respecter autrui. Selon les écrits
baha'is, l'intégrité du lien familial doit faire l'objet d'une évaluation constante,
et les droits d'aucun de ses membres ne doivent être transgressés.
Il est nécessaire d'enseigner les valeurs spirituelles non seulement pour protéger
les femmes, mais aussi et surtout pour cultiver le respect à l'égard d'autrui,
sauvegarder ainsi l'honneur humain et la dignité humaine, et ainsi susciter
une éthique globale valorisant tous les droits de la personne humaine. La Communauté
internationale baha'ie est convaincue que rien de moins que la diffusion de
valeurs spirituelles ne pourra opérer la transformation des individus et des
institutions nécessaires au respect des droits fondamentaux de tous.
La communauté baha'ie, par le biais de ses conseils administratifs locaux et
nationaux présents dans plus de 165 pays, Oeuvre de diverses manières pour changer
la condition des femmes et la façon dont ces femmes sont perçues. Exemple digne
d'intérêt : la collaboration entre l'UNIFEM et les communautés baha'ies de Bolivie,
du Cameroun et de Malaisie pour améliorer la condition des femmes rurales au
moyen de médias traditionnels comme la musique et la danse, et ainsi susciter
le débat dans tout le village sur le rôle des femmes. Forts de notre expérience
communautaire et des enseignements de Baha'u'llah, nous sommes convaincus que
notre monde est destiné à dépasser sa condition actuelle pour aller vers une
situation où tous les membres de la famille humaine jouiront à part égale du
respect total de leurs droits fondamentaux.
(Déclaration présentée par la Communauté internationale baha'ie à la Conférence
mondiale des droits de l'homme, au titre du point 11 de l'ordre du jour : examen
des tendances contemporaines et des nouveaux défis en matière du respect total
de tous les droits fondamentaux des hommes et des femmes, y compris ceux de
personnes appartenant à des groupes vulnérables : Vienne, Autriche, 14-25 juin
1993)
9. LES MÉDIAS
"LES RÉALITÉS DES CHOSES ONT ÉTÉ RÉVÉLÉES EN CE SIÈCLE
RADIEUX, ET CE QUI EST VRAI DOIT MONTER À LA SURFACE. PARMI CES RÉALITÉS, IL
Y A LE PRINCIPE DE L'ÉGALITÉ DE L'HOMME ET DE LA FEMME : PRÉROGATIVES ET DROITS
ÉGAUX EN TOUTES CHOSES AYANT TRAIT À L'HUMANITÉ. "
('Abdu'l-Baha, The Promulgation of Universal Peace, Baha'i Publishing Trust,
Wilmette, 1982, p. 283)
LES FEMMES ET LES MÉDIAS AUDIOVISUELS : Stratégies juridiques pour rehausser
l'image de la femme.
Lucy J. Weidner
Il est généralement reconnu que les organes de radiodiffusion, en particulier
la télévision, exercent une influence capitale sur l'idée que nous nous faisons
d'un comportement socialement correct. Ces médias, qui dominent notre environnement,
reflètent notre vision collective de la réalité et la façonnent tout à la fois.
Ils ont le pouvoir d'agir sur les valeurs sociales; aussi le public a-t-il tout
intérêt à connaître la façon dont les ondes sont utilisées. Rien de plus légitime
que de nous inquiéter de l'effet débilitant de la violence, de l'agressivité,
du matérialisme, de la sexualité illicite, de l'immoralité et de l'accoutumance
à la souffrance humaine, dont de nombreuses radios et télévisions nous offrent
le spectacle.
Par ailleurs, leur capacité d'exercer une influence normative positive en faveur
du changement social et de l'amélioration de la condition féminine, reste largement
inexploité.
Dans de nombreux pays, la législation sur l'audiovisuel définit les ondes comme
une ressource limitée, à gérer dans l'intérêt général et au profit de tous.
En conséquence, les lois de la radiodiffusion utilisent un vocabulaire peu précis
pour énoncer, en termes généraux, les objectifs salutaires assignés aux organes
de radiodiffusion. Les diffuseurs s'y voient accorder le privilège d'utiliser
les fréquences limitées disponibles à condition que ce soit dans l'intérêt général,
par la programmation d'émissions éducatives, culturelles et sociales, et non
uniquement à des fins d'exploitation commerciale.
Même si ces déclarations d'intention sont très éloignées de la réalité présentée
quotidiennement par les médias audiovisuels, elles servent néanmoins de base
juridique pour exiger la conformité de la programmation, des divertissements
et des informations aux critères de l'intérêt général, de la promotion de la
culture, de l'éducation et du bien social. Ces normes sont formulées de façon
suffisamment générale pour y voir l'obligation faite à la radio et à la télévision
de s'intéresser au rôle changé et changeant des femmes, à leurs contributions
dans un large éventail de domaines et aux obstacles rencontrés au sein du foyer,
dans leur environnement social et au travail.
L'auteur du présent travail a sélectionné un certain nombre d'instruments juridiques
utiles parmi les législations nationales en matière d'audiovisuel, allant des
status, à la loi constitutionnelle et à la jurisprudence. Elle en donne des
interprétations, expose brièvement quelles sont les autres stratégies juridiques
possibles et esquisse des plans d'action. Elle suggère enfin comment réaliser
des émissions plus positives.
QUELQUES LOIS NATIONALES SUR L'AUDIOVISUEL
Les lois sur l'audiovisuel à invoquer pour améliorer l'image de la femme appartiennent
à deux catégories : celles qui énoncent ce qui est formellement INTERDIT de
diffuser, et celles qui imposent ce qu'il est OBLIGATOIRE d'inclure. Ces deux
types d'exigences nous permettent d'enrichir notre lecture de la législation
et de faire des suggestions constructives aux responsables audiovisuels. Parmi
les interdictions, il y a celle de programmer des émissions qui favorisent la
violence (familiale, par exemple), l'indécence ou l'immoralité. Parmi les obligations
( ou approche affirmative ) on trouve souvent celle d'inclure des émissions
pour enfants et de garantir la variété de l'information et des divertissements.
Qu'elles soient rédigées en termes généraux ou précis, ces lois contiennent
des règlements utiles pour fonder les suggestions à faire aux responsables ou
les plans à leur soumettre. En voici quelques exemples :
La législation allemande exige que les programmes respectent la dignité humaine
... et favorisent l'unité.(1) À partir de là, il est possible de demander que
la programmation respecte la dignité des femmes, les différences de valeurs
et de perspectives entre femmes et hommes, et l'unité de la vie familiale, voire
un partage plus équitable du travail et des responsabilités dans la prise de
décisions.
Les émissions italiennes doivent répondre scrupuleusement aux critères d'objectivité
et d'intelligibilité.(2) En outre, les titulaires de permis de diffusion doivent
consacrer vingt pour cent de leur temps de diffusion hebdomadaire total à des
informations locales et à des programmes non commerciaux susceptibles d'intéresser
la communauté concernée.(3) Les critères d'objectivité et d'intelligibilité
peuvent donner lieu à des requêtes pour que les femmes bénéficient d'une représentation
plus positive et que des informations sur leurs activités locales soient diffusées.
En Afrique du Sud, les chaînes et stations publiques ont un rôle important à
jouer en faveur de l'abolition de la discrimination raciale et sexuelle.(4)
De plus, la législation de ce pays leur impose d'adopter une approche affirmative,
insistant sur l'idée que tous les types d'audience doivent bénéficier d'une
qualité d'émission égale.(5) Ces exigences sont suffisamment explicites et ambitieuses
pour exiger qu'il soit tenu compte des différences de sensibilité des deux sexes
et des besoins des femmes dans les programmes. Dans les pays disposant d'un
secteur audiovisuel public important, il est possible, en concentrant ses efforts
sur celui-ci, d'influencer le secteur privé par ricochet.
En Corée du Sud, la loi assigne aux organes de radiodiffusion l'objectif de
s'efforcer ... d'améliorer la culture nationale, et de ... promouvoir l'intérêt
général.(6) Les responsables des chaînes de télévision et des stations de radio
sont en outre chargés de veiller au respect de la dignité et de la valeur des
êtres humains, et à celui des sentiments éthiques et affectifs des citoyens.(7)
Un comité de radiodiffusion a été créé pour assurer l'orientation convenable
des enfants et des jeunes ... et leur apprendre à respecter la pureté de la
vie familiale ... [et] de la moralité publique et de l'éthique.(8) Il est possible
aussi de faire valoir que le bien-être social dépend dans une large mesure du
progrès de la condition féminine, et que le respect des sentiments des citoyens
et des droits de l'homme exige l'abolition des stéréotypes sexistes peu flatteurs.
L'orientation des enfants et des jeunes et la pureté de la vie familiale sont
des motifs suffisamment rationnels pour arrêter la diffusion de programmes présentant
des personnages peu recommandables au profit de modèles de rôles positifs et
honnêtes, et pour inciter les adultes à privilégier le rationnel sur la violence.
A Taiwan, les programmes de divertissement visent à promouvoir la culture chinoise
ainsi que l'éthique...(9) Aucune émission ne peut nuire à la santé mentale ou
physique des enfants...(10) Les programmes éducatifs et culturels doivent également
promouvoir l'éducation sociale ... et développer l'intelligence et les talents
des enfants.(11) À partir de ces normes élevées de protection et d'éducation
des enfants, il est possible de demander aux médias d'offrir aux enfants, filles
et garçons, des modèles positifs de rôles féminins.
La Constitution de l'ancienne URSS stipule que les moyens de communication ...
doivent constituer... la richesse du peuple tout entier.(12) Aussi les médias
audiovisuels sont-ils un des moyens de développer les talents féminins. Bien
que cette Constitution ne soit plus tout à fait valable ni applicable aux anciens
membres de l'Union, elle offre un exemple de la façon dont un concept très général
peut donner lieu à des interprétations pratiques.
Dans la législation américaine, l'intérêt général implique que, les responsables
des radios et des télévisions fassent l'usage le plus total et le plus efficace
(13) de leurs outils et qu'une Commission soit chargée d'évaluer les nouvelles
émissions,... de présenter des utilisations expérimentales ... et d'en encourager
l'usage le plus large et le plus efficace ... dans l'intérêt du public.(14)
Mettre en valeur le rôle de la femme, donner d'elle une image plus positive,
expliquer les défis qu'elle doit relever et ses succès, tout cela peut accroître
l'efficacité des médias. Ces émissions expérimentales pourraient permettre d'envisager
de nouvelles façons d'utiliser les médias qui soient profitables aux femmes.
Ces exemples ont été choisis pour montrer qu'il est possible, dans la plupart
des pays, de se fonder sur certaines dispositions de la législation sur l'audiovisuel,
et pour faire en sorte que les programmes encouragent garçons et filles, à adopter
des valeurs sociales positives et à améliorer l'image des femmes.
Les demandes écrites de permis déposées par les chaînes et les stations, qui
sont habituellement des documents publics, peuvent fournir des arguments supplémentaires
pour exiger la programmation d'émissions garantes de l'intérêt général. En effet,
c'est dans ces documents que les diffuseurs exposent probablement les motifs
de leur démarche et qu'ils s'engagent à respecter certaines normes, se contentant
souvent de reprendre les termes idéalistes de la loi elle-même. Pour proposer
des émissions, on peut donc reprendre les termes des demandes de permis et des
déclarations d'intention des diffuseurs, autrement dit des engagements pris
par ces derniers à l'égard du public.
Certaines occasions sont à cet égard plus propices que d'autres. Par exemple,
lors d'un entretien avec le responsable de la chaîne ou de la station, ou d'une
rencontre avec l'instance chargée de la réglementation, ou encore au moment
du renouvellement du permis. Il convient alors de formuler des normes et des
souhaits de façon claire et positive. Ceux qui sont chargés de la réglementation
accueillent souvent favorablement ce type de démarche lorsqu'elle intervient
pendant la procédure de renouvellement du permis. En effet, au départ, le permis
est accordé sans qu'il soit possible de vérifier la bonne foi du demandeur.
Mais une fois la station de radio ou la chaîne de télévision en activité, les
auditeurs et les téléspectateurs sont en mesure de déposer des plaintes à partir
de la prestation réelle du titulaire du permis.(15)
GROUPE CONSULTATIF SUR LES MÉDIAS
Se servir des médias audiovisuels pour susciter des changements positifs en
faveur des femmes nécessite la création d'un organe consultatif chargé de délibérer
et d'adopter des projets, de formuler des stratégies et de proposer des interprétations
nouvelles de la loi. Pour avoir une perspective plus large des choses, cette
instance devra se composer à la fois d'hommes et de femmes. Des commissions
gouvernementales comme celles qui traitent des femmes, des enfants, de la jeunesse,
de l'éducation, des personnes du troisième âge, des services sociaux, et du
développement culturel ou social, disposent parfois de documents - statistiques,
études, ou idées de stratégies - qui étayent les requêtes adressées aux médias.
S'ils constatent que ce matériel est mis en valeur et efficacement utilisé,
cela les incitera à soutenir les efforts du groupe consultatif, ou même à s'associer
à des projets en cours. Il en va de même pour les groupes privés, dont certains
pourraient offrir un soutien similaire.
Une fois les partenaires identifiés et les ressources trouvées, le comité devra
évaluer ses propres engagements et compétences et étudier les projets en fonction
des ressources dont il dispose. Il pourra tout simplement commencer par s'attaquer
aux annonces publicitaires, demander et organiser des rendez-vous, proposer
des morceaux de musique, des pièces de théâtre ou des histoires sur des thèmes
appropriés. Les programmes radio sont à la fois plus courts et techniquement
plus simples à préparer que ceux de la télévision. Avec l'expérience, le groupe
pourra entreprendre des projets de plus grande envergure. Les responsables des
radios et des télévisions sont naturellement plus réceptifs à une demande de
programmation qui s'accompagnerait d'une offre de participation ou d'une contribution,
même partielle, de la part du comité.
Une déclaration d'intention formulée de façon claire et positive ne pourra que
faciliter les choses. Si le groupe consultatif a pour objet premier de supprimer
les programmes choquants, il n'aboutira à rien de bon, car ceux-ci risquent
d'être facilement remplacés par d'autres types de matériel tout aussi choquant.
S'il affiche en revanche son désir de proposer de nouveaux types de programmes
ou d'améliorer des programmes existants, il rencontrera plus facilement l'assentiment
des diffuseurs, ce qui lui permettra d'engager des relations de travail avec
eux. Les groupes consultatifs audiovisuels devraient, dans la mesure du possible,
en venir à être considérés comme des partenaires créatifs pour les diffuseurs.
Forts de leur diversité culturelle et motivés par leurs propres intérêts, ces
groupes pourraient constituer d'importants fournisseurs d'idées d'émissions
régionales pour les responsables de radios et de télévision. Pour rehausser
l'image de la femme, ils disposent en outre d'un vaste éventail d'idées, parmi
lesquelles la contribution des femmes et les défis qu'elles sont appelées à
relever au foyer, au sein de la communauté, et dans le monde du travail.
UNE VISION PARTAGÉE
Pour faire un travail cohérent, positif, efficace et durable, tous les membres
du groupe consultatif devraient partager les mêmes grandes idées. À défaut de
disposer d'un modèle de civilisation, qui respecte pleinement le principe de
l'égalité entre femmes et hommes, il leur faudra s'efforcer de faire preuve
d'imagination pour se représenter la situation idéale. Pour définir le fonctionnement
du groupe, il leur sera utile en effet de se faire une idée précise, de ce que
pourrait représenter une société harmonieuse et équitablement équilibrée, entre
femmes et hommes. À long terme, une perspective commune leur permettra non seulement
de continuer à progresser, et à tirer parti des succès comme des échecs inévitables,
mais leur servira aussi de source inépuisable d'idées pour les médias.
Tant les femmes que les hommes du groupe devront s'efforcer de participer pleinement
à toutes les délibérations. La concertation de groupe devra être empreinte de
respect à l'égard de chacun de ses membres et marquée par le désir de trouver
la vérité, quelle que soit son origine. L'aptitude à mettre son propre point
de vue en avant de façon claire et franche devra être contrebalancée par la
faculté d'accepter les idées des autres. Les membres du groupe devront prendre
conscience que, comme n'importe quel autre membre de la société, ils ont peut-être
involontairement assimilé des croyances négatives sur les femmes et les hommes,
ou pris des habitudes susceptibles de refroidir l'atmosphère de la consultation.
Toutefois, dès l'instant où le groupe aura trouvé une unité dynamique autour
d'une perspective partagée, il sera en mesure de découvrir les facultés nobles
de la personne humaine et d'examiner la façon de présenter ces facultés aux
médias audiovisuels.
Au coeur de cette perspective commune, il y a la croyance fondamentale que la
femme est l'égale de l'homme; qu'elle mérite de bénéficier des mêmes droits
et des mêmes chances de progresser; que le progrès à notre époque dépend de
sa pleine participation; que si elle n'arrive pas à se réaliser, c'est plus
en raison d'un manque d'opportunités et d'éducation, qu'à cause de son manque
de qualités intrinsèques; qu'à conditions égales, elle prouvera qu'elle a des
capacités égales à celles des hommes; enfin, que lorsqu'on lui en donnera pleinement
les moyens, elle deviendra un puissant facteur de paix.
Les médias audiovisuels ont la responsabilité de rendre compte non seulement
des marques de désespoir, mais également des signes d'espoir. En rappelant aux
diffuseurs qu'ils ont l'obligation légale de servir l'intérêt général, d'éduquer
et de faire progresser la société, les associations de citoyens sont capables
de mobiliser les forces médiatiques pour faire avancer la condition féminine
et améliorer celle de la famille humaine et de la société dans son ensemble.
RÉFÉRENCES DU CHAPITRE
1. Staatsvertag du 31 août 1991, s. 23. Rapporté dans Barendt, E. M. Broadcasting
Law : a comparative Study, Oxford : Clarendon-Oxford University Press, 1993,
105. Cet ouvrage compare les législations de quatre pays européens et des États-Unis.
2. (Droit italien) Loi du 11 janvier 1988, s. 12(3). Rapporté dans Barendt,
109.
3. Ibid.
4. South African Broadcast Corporation, SABC Board of Directors, Vision . n.p.,
South African Broadcast Corporation, 1995. 3
5. Rapporté par SABC Board of Directors, Values, 3
6. 2 Article 1, Chapitre I, Broadcast Act of South Korea, Loi NÈ 3978 du 28
novembre.
7. Section (1), article 4, chapitre I de la loi susmentionnée.
8. Section (2), article 5, chapitre I de la loi susmentionnée.
9. Article 17, chapitre III de la loi sur la télévision et la radiodiffusion
de Taiwan du 8 janvier 1976, modifiée le 7 juin 1982.
10. Section 4, article 21, chapitre III de la loi susmentionnée.
11. Article 14 des règlements d'application de la Loi de Taiwan sur la télévision
et la radiodiffusion, approuvés le 24 décembre 1976 par décret Yuan, (65) wen
10933, le 2 novembre 1979 par décret Yuan, (68) wen 10967, et le 18 avril 1983
par décret Yuan (72) wen 6768.
12. Article 6, chapitre I, Constitution de l'Union des Républiques socialistes
soviétiques. Rapporté dans Harold J. and John B. Quigley, Jr., Basic Laws on
the Structure of the Soviet State. Traduit de l'allemand, Cambridge, Mass :
Harvard University Press, 1969, -4
13. Gillmor, Donald M. and Jerome A. Barron, Mass Communication Laws : Cases
and Comment. 807. St. Paul, Minn : West Publishing Co., 1969. Para (g), Section
303, Loi fédérale de 1934 sur la Communication, modifiée, Titre 47 Code US.
14. Para (g), Section 303 de la loi susmentionnée.
15. Comme citée dans une opinion juridique : la participation du public est
particulièrement importante ... dans la mesure où celui-ci est exposé ... à
la prestation du titulaire de permis ... ce qui ne saurait être le cas lorsque
le permis est initialement accordé et qu'il n'y a aucun moyen efficace de porter
à l'attention de la Commission les défauts de la programmation ou les techniques
agressives de commercialisation excessive.
Office of Communication of the United Church of Christ v. FCC, 359 F. 2d 94
(1966), rapporté dans Gillmor, 723, traduction libre.
10. LA PETITE FILLE
"... NOUS DEVONS DÉCLARER QUE SA CAPACITE [DE LA FEMME]
EST ÉGALE, VOIRE SUPÉRIEURE À CELLE DES HOMMES. CELA LUI INSUFFLERA DE L'ESPOIR
ET DE L'AMBITION, ET SES POSSIBILITÉS DE PROGRÈS AUGMENTERONT CONSTAMMENT. "
('Abdu'l-Baha, The Promulgation of Universal Peace, Baha'i Publishing Trust,
Wilmette, 1982, p. 76)
LA PETITE FILLE : UNE PRÉOCCUPATION MAJEURE
Communauté internationale baha'ie
La Communauté internationale baha'ie salue les efforts déployés par l'UNICEF
pour attirer l'attention sur le sort des petites filles. Depuis qu'elle a décidé,
il y a un an, de leur donner la priorité, l'organisation a contribué de façon
significative, à une plus grande prise, de conscience des effets de la discrimination
sexuelle à l'égard de millions de fillettes. En finançant la recherche, en encourageant
la dissémination des données, en propageant l'information et en réclamant une
plus grande sensibilisation des programmes de l'UNICEF aux besoins des filles,
l'UNICEF a mis en route un processus qui mérite un soutien constant et sans
réserve.
Du point de vue de la Communauté internationale baha'ie, pour que la civilisation
progresse, il faut que tous, y compris les femmes, y participent pleinement.
Pour ce faire, filles et garçons doivent être valorisés par leur famille et
par la société. Nous partageons la détresse de l'UNICEF face à la négligence
flagrante avec laquelle les filles sont traitées, négligence que l'on justifie
dans de nombreuses parties du monde sous couvert de culture. Nous approuvons
la recommandation contenue dans le Rapport d'activité de l'UNICEF sur sa politique
à l'égard des femmes dans le développement. (E/ICEF/1991/L.5), demandant que
l'organisation adopte une approche plus large de la santé maternelle, pour tenter
de modifier les facteurs qui nuisent à la santé des filles et des femmes avant
la maternité, facteurs incluant les attitudes et les pratiques traditionnelles
préjudiciables.
Les filles doivent être non seulement convenablement nourries, soignées et éduquées,
mais encore faut-il leur donner toutes les possibilités de développer leurs
talents. Elles rendront non seulement service à l'humanité en tant que mères
et premières éducatrices de la prochaine génération, mais elles auront aussi
un rôle spécial à jouer, en tant que femmes, dans la création d'un ordre juste,
fait de vitalité, de coopération, d'harmonie et d'un degré de compassion encore
jamais vu dans l'histoire. Les mères peuvent aujourd'hui être les premiers agents
capables de donner aux individus les moyens de transformer la société. Elles
seules peuvent inculquer à leurs enfants l'estime de soi et le respect d'autrui,
si nécessaires au progrès de la civilisation. Il apparaît ainsi clairement que
le rang des mères, de plus en plus dénigré dans de nombreuses sociétés est,
en réalité, de la plus haute importance et hautement méritoire.
Femmes et filles doivent être éduquées sur les plans spirituel, émotionnel et
intellectuel - car une mère ne peut pas transmettre ce qu'elle ne possède pas.
Pour acquérir un caractère stable et un esprit mûr, un enfant a besoin, dans
les premières années de sa vie, de bénéficier d'un environnement formateur et
d'être abreuvé de sages conseils. Si, du fait de ses propres déficiences, la
mère se trouve dans l'incapacité de fournir à ses enfants l'expérience dont
ils auront besoin plus tard, pour suivre une scolarité classique, ils se trouveront
souvent dans de graves, voire paralysantes, conditions. Il faut néanmoins souligner
que la double responsabilité de former le caractère et de stimuler l'intellect
de l'enfant revient à la famille entière, y compris au père, aux grands-parents,
et à la communauté. Comme le soulignait le Dr. Aidoo dans sa déclaration à la
Commission des Nations Unies sur la condition de la femme en 1991, le contexte
familial offre aux garçons et aux hommes des occasions uniques de participer
au changement de la condition des fillettes et des femmes. Les ONG peuvent,
elles aussi, y participer largement, dans le cadre de leurs activités communautaires,
en concentrant leur attention sur les petites filles.
Comme ils sont égaux du point de vue de leur capacité intellectuelle et de leur
potentiel pour servir l'humanité, filles et garçons devraient suivre les mêmes
programmes scolaires. Femmes et filles devraient pouvoir accéder librement à
toutes les sphères de l'activité humaine, parmi lesquelles les arts et les sciences,
l'agriculture, le commerce, l'industrie et les affaires publiques. Il n'existe
en effet aucune limitation naturelle à leurs aptitudes.
Le monde se trouve pris dans un cycle éducatif où les traits de caractère pernicieux
se transmettent d'une génération à l'autre, retardant ainsi le progrès social.
À l'origine de cette éducation mal orientée, il y a entre autres un manque de
respect de la femme, même au foyer. Ce refus d'égalité des sexes perpétue l'injustice
à l'encontre de la moitié de la population mondiale et favorise chez l'homme
des comportements et des habitudes qui gagnent, via la famille, le lieu de travail,
la vie politique et finalement les relations internationales. Le monde ne peut
guère tolérer une telle ignorance et une telle injustice, en particulier en
une période aussi décisive qui voit s'ouvrir de brillantes perspectives de paix
planétaire.
La cause de l'éducation universelle mérite que les gouvernements du monde lui
apportent le plus grand soutien possible, car l'ignorance est sans conteste
la principale raison du déclin et de la faillite des peuples, et de la perpétuation
des préjugés. Aucune nation ne réussira, tant qu'elle ne dispensera pas l'éducation
à tous ses citoyens. Le manque de ressources, qui impose un certain ordre de
priorités, limite la capacité de nombreuses nations à satisfaire cette nécessité.
Les organes décisionnels concernés feraient bien de donner la priorité absolue
à l'éducation des femmes et des filles, puisque c'est par le biais de mères
éduquées que les bienfaits du savoir se propagent le plus efficacement et le
plus rapidement dans la société.
La Communauté internationale baha'ie félicite l'UNICEF pour ses initiatives
et engage son conseil d'administration à ne pas cesser de veiller tout particulièrement
aux besoins des petites filles.
(Déclaration de la Communauté internationale baha'ie présentée sous le titre
Les femmes dans le développement au conseil d'administration de l'UNICEF; New
York, USA, le 22 avril 1991, sous le numéro E/ICEF/1991/NGO/7.)
11. APPENDICE
" LE CHANGEMENT EST UN PROCESSUS ÉVOLUTIF QUI REQUIERT
DE LA PATIENCE ENVERS SOI-MÈME ET ENVERS LES AUTRES. UNE ÉDUCATION AFFECTUEUSE
ET LE PASSAGE DU TEMPS AIDENT LES CROYANTS, AU FUR ET À MESURE QU'ILS APPROFONDISSENT
LEUR CONNAISSANCE DES PRINCIPES DE LA FOI, À ABANDONNER PEU À PEU DES ATTITUDES
TRADITIONNELLES BIEN ENRACINÉES ET À CONFORMER PROGRESSIVEMENT LEUR VIE AUX
ENSEIGNEMENTS UNIFICATEURS DE LA CAUSE. "
(Lettre de la Maison Universelle de Justice à un croyant, 25 juillet 1984)
LA CONDITION DES FEMMES DANS LA COMMUNAUTÉ BAHA'IE
Bureau de la Communauté internationale baha'ie pour la condition de la femme
La lutte des femmes pour être reconnues et participer pleinement à la vie de
leurs communautés religieuses a toujours été difficile, parfois même plus difficile
que dans le monde laïc. Elles se trouvent exclues de la vie religieuse comme
de la vie séculière en raison d'attitudes et de comportements découlant de la
croyance selon laquelle les femmes sont inférieures aux hommes. Cependant, dans
de nombreuses communautés religieuses, la subordination des femmes est aussi
pieusement institutionnalisée et renforcée par des écritures interprétées comme
étant la volonté divine.
Rien de tel dans la communauté baha'ie. Les enseignements de Baha'u'llah, le
prophète fondateur de la foi baha'ie, attestent sans équivoque l'égalité spirituelle
et sociale totale des femmes. De plus, les institutions de la foi baha'ie ont
l'obligation morale de soutenir et d'encourager la pleine participation des
femmes à la direction et aux prises de décisions, ainsi qu'aux autres aspects
de la vie communautaire. Selon une étude récemment effectuée sur la participation
des femmes dans la vie communautaire baha'ie, celles-ci sont bien représentées
aux postes de direction de la communauté partout dans le monde, ce qui illustre
les progrès enregistrés pour surmonter des comportements traditionnels et des
normes culturelles fortes.
Pour comprendre les informations réunies dans cette étude, il est important
de savoir quelle place occupent les dirigeants dans cette communauté religieuse
dépourvue de clergé. La prépondérance accordée à la direction collégiale, au
détriment du pouvoir individuel, se retrouve dans tout le système administratif
baha'i, lui-même composé de deux corps : d'un côté, celui de conseils élus chargés
de gouverner; de l'autre, celui d'individus nommés, qui ont un rôle d'inspirateur
et de conseiller. L'étude a montré que les femmes forment 30% des conseils d'administration
nationaux élus (appelés assemblées spirituelles nationales) et 40% des conseils
d'administration locaux (appelés assemblées spirituelles locales). En outre,
47% des personnes nommées (ou membres du Corps auxiliaire) dont le rôle est
d'inspirer et de conseiller la communauté aux échelons national et régional,
sont des femmes.
Bien que ces statistiques placent la communauté baha'ie largement en tête dans
le monde en général pour ce qui est de la participation des femmes à la direction
des affaires, il lui reste néanmoins du chemin à parcourir pour réaliser son
propre objectif, celui de l'égalité totale entre hommes et femmes. Pour la grande
majorité des baha'is du monde, dont beaucoup aujourd'hui sont les premiers de
leur famille à devenir baha'is, il n'est guère facile de changer les valeurs
et les habitudes dans lesquelles ils ont grandi. En devenant baha'is cependant,
ils s'engagent dans un processus de transformation individuelle et sociale,
fondé sur la réalité fondamentale de l'époque : l'unité de l'humanité. L'égalité
entre hommes et femmes est un aspect important de ce principe. Ainsi, la communauté
est tout entière engagée dans une lutte commune pour surmonter toutes sortes
de préjugés traditionnels, et ses membres sont aidés par les institutions administratives
baha'ies.
QUELQUES RENSEIGNEMENTS SUR L'ÉTUDE
Cette étude très récente sur la condition de la femme dans la communauté baha'ie
(1993-1994) est la troisième étude effectuée par la Communauté internationale
baha'ie. La première a été réalisée en 1972 pour préparer l'Année internationale
de la Femme (1975) et la seconde en 1984, à la fin de la Décennie sur la Femme
(1976-1985).
Ces trois études ont examiné, de façon de plus en plus détaillée, les facteurs
suivants, qui influencent considérablement la condition féminine :
- la participation des femmes aux conseils élus qui gèrent la vie de la communauté
baha'ie;
- les moyens utilisés par les institutions baha'ies pour encourager les femmes
à participer à la vie communautaire baha'ie; et
- les stratégies utilisées par les institutions baha'ies pour changer les attitudes
envers les femmes.
L'étude de 1993-94 a rassemblé des données sur la participation des femmes dans
les activités administratives de la communauté baha'ie par le biais de deux
sources : les institutions élues et les membres du corps nommé de l'ordre administratif
baha'i (membres du Corps auxiliaire des Conseillers) dont les fonctions - conseiller,
protéger et encourager la communauté - complètent celles du corps élu, chargé
lui, de la gouverner. Les informations réunies ont mis en évidence l'importance
du processus de transformation lui-même et ont montré comment ces institutions
complémentaires encouragent - chacune à sa façon - la compréhension de l'égalité
des sexes, et sa mise en pratique.
MÉTHODOLOGIE DE L'ÉTUDE
Des questionnaires ont été envoyés aux 165 assemblées spirituelles nationales
du monde, 92 d'entre elles y ont répondu. Ils ont aussi été envoyés aux membres
du Corps auxiliaire, ces personnes nommées, chargées d'inspirer et de conseiller
les individus, et de consulter les conseils d'administration élus au niveau
national et régional. 254 d'entre eux, soit 65%, sur les 389 de par le monde
ont répondu, faisant un rapport de leurs activités et de celles de leurs assistants,
nommés pour les mêmes fonctions au niveau local. La fiabilité de l'échantillon
étudié a été vérifiée en recoupant les statistiques recueillies par le Centre
mondial baha'i auprès des 165 assemblées spirituelles nationales avec les informations
fournies par les assemblées spirituelles nationales qui ont répondu au questionnaire.
CONCLUSIONS PRÉLIMINAIRES DES INSTITUTIONS ÉLUES
Le pourcentage des femmes siégeant dans les 92 assemblées spirituelles nationales
qui ont répondu est de 30%, signe que les baha'is - qui votent à bulletin secret
- s'efforcent visiblement de surmonter les préjugés traditionnels. Ce pourcentage,
qui est demeuré constant depuis la première étude en 1972, est conforme au chiffre
retrouvé pour toutes les 165 assemblées spirituelles nationales dans les statistiques
établies par le Centre mondial baha'i. Selon cette étude, 41% des secrétaires
nationaux sont des femmes, ce qui est une marque de confiance importante, dans
la mesure où la fonction du secrétaire implique de hautes responsabilités, et
qu'il s'agit d'un poste en vue dans l'administration baha'ie.
Outre les informations de base sur les proportions d'hommes et de femmes qui
occupent les différentes fonctions de direction, l'étude s'enquiert également
des activités des femmes aux échelons local et national. Les réponses font apparaître
que plus de la moitié des communautés baha'ies qui ont répondu au questionnaire,
ont organisé, ces six dernières années, au moins une fois par an, des activités
spécifiquement liées aux femmes. Parmi les thèmes abordés figuraient l'égalité
des hommes et des femmes, les femmes et le pouvoir, le mariage et la vie familiale,
le rôle des parents, et les héroïnes de la foi baha'ie. Les 38 assemblées nationales
qui gèrent des programmes d'alphabétisation ont indiqué en outre, qu'en raison
des efforts particuliers faits pour recruter les femmes, le nombre de ces dernières
dans les cours a été plus élevé que celui des hommes.
L'étude fait également ressortir le rôle majeur des femmes dans les opérations
de publication baha'ie. La plupart des communautés nationales signalent la formation
de comités de publications où la proportion des femmes est à peu près égale
à celle des hommes. Des 54 communautés qui ont publié des livres ces six dernières
années, 24 d'entre elles ont fait paraître des ouvrages sur les femmes.
Il est particulièrement encourageant de constater que dans 4680 communautés
locales ( soit 1/4 des communautés baha'ies organisées du monde ) de plus en
plus de femmes sont élues pour siéger dans les conseils d'administration locaux,
lesquels comptent aujourd'hui pas moins de 40% de femmes. De plus, la moitié
des secrétaires locaux et un tiers des trésoriers locaux sont des femmes.
CONCLUSIONS PRÉLIMINAIRES DES INSTITUTIONS NOMMÉES
L'engagement des institutions baha'ies envers la pleine participation des femmes
apparaît à l'évidence dans le fait que presque autant d'hommes que de femmes
sont nommés en qualité de membres du Corps auxiliaire. Sur la totalité de ceux
qui ont répondu, 47% étaient des femmes, contre 53% d'hommes. Qui plus est,
les assistants que ceux-ci nomment à leur tour pour enrichir et encourager les
baha'is locaux, sont pour moitié des femmes.
Ces personnes exercent une puissante influence sur les communautés baha'ies.
Leurs avis et leurs points de vue sont très souvent appréciés à la fois par
les conseils d'administration baha'is et les individus. Beaucoup de ces dirigeants
nommés ont indiqué dans leurs réponses qu'ils encouragent régulièrement le principe
de l'égalité et le partenariat entre hommes et femmes tant dans leurs discours,
que dans leurs ateliers et leurs discussions personnelles.
CONCLUSIONS
L'étude a permis de rassembler une foule de données qui n'ont pas encore été
pleinement exploitées. Toutefois, les résultats préliminaires montrent clairement
que les femmes jouent un rôle significatif dans la direction des affaires des
communautés baha'ies dans le monde (soit 30%) et, en qualité de conseillères
(47%). Les données de l'étude confirment également que les institutions de la
foi baha'ie engagent des actions positives pour favoriser le développement et
la participation pleine et entière des femmes dans la vie communautaire. Enfin,
le plus intéressant dans cette étude, c'est sans doute le rôle de catalyseur
joué par les deux catégories d'institutions de l'ordre administratif baha'i,
les conseils élus et le corps des personnes nommées, dans la transformation
individuelle et sociale.
La Maison Universelle de Justice, qui est le conseil d'administration de la
communauté baha'ie à l'échelon international, recommande d'adopter une approche
intégrée de ce processus de transformation : le principe de l'égalité des hommes
et des femmes, à l'instar des autres enseignements de la foi, ne pourra être
effectivement et universellement mis en pratique par les amis qu'en parallèle
avec tous les autres aspects de la vie baha'ie.
Les données de l'étude confirment que les institutions baha'ies, tant nommées
qu'élues, exercent une direction morale dans ce processus évolutif. En nommant
des femmes à des postes de responsabilités au sein de la communauté, puis en
les soutenant et en les encourageant, ces deux catégories d'institutions les
encouragent à développer leurs talents et à montrer qu'elles présentent toutes
les qualités nécessaires pour siéger dans les conseils d'administration baha'is
à tous les niveaux. Selon les écrits baha'is, ces qualités sont entre autres,
une loyauté inébranlable, un dévouement altruiste, un esprit bien formé, des
compétences reconnues et une mûre expérience.43 Au fur et à mesure que les femmes
se lèvent pour servir, surtout au niveau local, la communauté les voit jouer
de nouveaux rôles et tire les bénéfices de leurs contributions diverses. Ces
nouvelles preuves de la compétence des femmes aident de nombreux baha'is à intérioriser
ce principe révolutionnaire de l'égalité des hommes et des femmes. Nous supposons
qu'au fur et à mesure de leurs efforts, les baha'is ... abandonneront des attitudes
traditionnelles bien enracinées, et que de plus en plus de femmes seront élues
au sein des conseils d'administration tant locaux que nationaux, en qualité
de simples membres ou de responsables.
Les conclusions de cette étude sont d'autant plus encourageantes qu'elles s'appliquent
à une des communautés les plus éclectiques de la planète. En effet, les 5 à
6 millions de baha'is présents dans le monde sont de toutes nationalités, de
tout groupe ethnique, de toutes cultures, de toutes les catégories professionnelles
et de toutes classes sociales ou économiques, et sont issus de plus de 2100
groupes ethniques et tribaux différents. Géographiquement, la foi baha'ie est
aujourd'hui la deuxième religion mondiale indépendante la plus répandue après
le christianisme. Les baha'i, qui ont établi des communautés dans quelque 235
pays et territoires, continueront à viser l'émancipation complète des femmes,
car ils sont conscients du fait que tant que l'égalité totale entre les hommes
et les femmes n'est pas pleinement réalisée, l'humanité ne saura en aucune manière
parvenir à son plus haut degré de développement social.44
(Analyse préliminaire des résultats d'une étude entreprise en 1994 par le
Bureau de la Communauté internationale baha'ie pour la condition féminine.)
NOTES DU CHAPITRE
1. Shoghi Effendi, Baha'i Administration, p. 88.
2. 'Abdu'l-Baha, The Promulgation of Universal Peace, 1982, édition US, pages
76-77, traduction libre.