Médiathèque baha'ie

Livre pour enfants
Les royaumes de Dieu

5. Le règne divin

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5. Le règne divin

Toutes les fois que les peuples de la terre ont désespérément besoin d'aide, Dieu choisit ce moment pour leur envoyer un de ses messagers. C'est tous les mille ans à peu près qu'une Manifestation de Dieu naît parmi nous pour donner une impulsion nouvelle et de l'espoir à l'humanité. Ce sont parfois des prophètes qui connaissent tout ce qui s'est passé depuis le début des temps et qui savent tout ce qui arrivera dans des centaines d'années. Bien que ces prophètes soient venus à des époques différentes, ils sont tous remplis du même esprit de Dieu qui inonde les coeurs des hommes comme les rayons du soleil. Le soleil envoie de la lumière et de la chaleur sur la terre et fait pousser les plantes L'esprit de Dieu apporte de la lumière et de la vérité à tous les coeurs du monde par l'entremise de ces messagers.

Il y a longtemps, les Israélites, ou les Hébreux, vécurent en Egypte et furent traités avec cruauté par le roi. Ils devaient porter des chargements de pierres lourdes. Et quand leurs dos ne supportaient plus la charge épuisante et qu'ils s'affaissaient sur le pavé, les hommes du roi les fouettaient. Ces pauvres Israélites étaient les esclaves des Egyptiens. Ils étaient si malheureux que Dieu les prit en pitié. Il choisit ce moment pour leur envoyer un messager qui devait les conduire dans un beau pays libre. Ce messager s'appelait Moise. Nous pouvons lire son histoire dans un très vieux livre, c'est-à-dire dans la Bible.

5.1. Moïse

Quand Moïse était jeune homme, personne ne savait qu'il était un prophète. Un jour Il se trouvait seul au désert à garder un troupeau de moutons. Pour qu'ils aient de l'herbe, Il conduisit ses moutons toujours plus loin, vers une montagne. Le peuple prétendait que cette montagne était sacrée. Là Il vit une chose étrange: un buisson en flammes mais qui ne se consumait point! Et Il entendit une voix qui disait: "Je suis le Dieu de tes pères. Déchausse tes pieds, car la place où ,tu te tiens est sainte".

Et la voix continua: "J'ai bien vu le malheur de mon peuple. Je connais sa souffrance". Dieu révéla ensuite à Moïse qu'il l'avait choisi pour être son messager auprès du peuple d'Israël. Il Lui expliqua de quelle manière Il devait lui parler, le libérer de l'esclavage et le conduire vers la terre promise.

Pharaon, le roi d'Egypte, était très dur et ne voulait pas laisser partir les Israélites. Mais Dieu, pour montrer sa puissance aux Egyptiens, leur fit subir des punitions terribles. La Bible nous apprend que le roi renvoya finalement les Israélites parce que les malheurs qui s'étaient abattus sur l'Egypte lui avaient fait peur. La Bible nous dit également que Dieu divisa les flots de la Mer Rouge pour laisser passer le peuple en fuite, de la même façon qu'Il nous ouvre des chemins qui nous permettent de sortir de nos plus grandes épreuves.

Après avoir traversé la Mer Rouge, Moïse et les Hébreux passèrent de longues années dans le désert. Finalement ils entrevirent les frontières du pays de Canaan. Pendant tout ce temps Dieu expliqua régulièrement à Moïse ce qu'Il devait communiquer aux Israélites. Dieu donna d'abord les dix commandements à Moïse, afin d'apprendre aux Hébreux à mener une vie digne. Ces commandements disaient qu'ils devaient adorer un seul Dieu, honorer et respecter leurs parents, ne pas tuer ni voler, et sanctifier le septième jour de la semaine. A cette époque, il n'y avait pas de lois comme nous en avons aujourd'hui. C'est Dieu qui donna les premières lois aux Israélites par l'intermédiaire de son messager Moïse. Celui-ci leur a également appris à préparer une nourriture saine, à soigner les malades, afin d'éviter que la maladie ne se propage d'une famille à l'autre. Moïse leur a enseigné à être honnêtes les uns envers les autres et à vivre en paix avec leurs voisins.

Cette instruction dura de longues années. Les Israélites avaient des centaines de kilomètres à parcourir avant d'arriver à Canaan et la plupart devait aller à pied, car ils ne disposaient d'aucun véhicule pour leur faciliter le déplacement. Ils avaient bien des chameaux, mais pas assez pour les porter tous. Quand enfin ils s'approchèrent de Canaan, qu'ils appelaient la terre promise, Moïse était très vieux. La Bible dit, qu'Il avait cent vingt ans, du moins d'après leur calcul, car leur année n'était peut-être pas aussi longue que la nôtre l'est aujourd'hui. Dieu dit, alors à Moïse de gravir le Mont Nébo parce qu'Il voulait lui faire voir la terre promise du haut de la montagne. Car après cela Dieu fit comprendre à Moïse que sa mission était terminée et que sa vie pourrait bientôt prendre fin.

Avant de gravir la montagne Moïse parlait longuement à son peuple. Ce furent ses paroles d'adieu et on les appelle le chant de Moïse. Il leur recommandait de penser surtout aux lois qu'Il leur avait données et d'essayer de vivre selon elles.

Les lois de Moïse existent toujours. Quelques-unes sont encore aussi importantes que de son temps. Les hommes de nos jours ont besoin de lois concernant la propreté et la santé, de même que l'équité ou la justice. Nous savons que c'est mal de voler et de tuer et les Hébreux le savaient aussi. Mais, après des centaines d'années il y a des choses qui ont changé. De nouvelles lois s'imposent alors pour compléter les anciennes. Quand ceci arrive, Dieu envoie un nouveau messager sur la terre pour guider l'humanité.

Les gens oublient souvent la parole de Dieu et commencent à mener une mauvaise vie. Quand les Israélites eurent trouvé le pays de Canaan ils s'y établirent. Leurs enfants et petits-enfants y naquirent et en firent leur patrie. Au début ils pensèrent bien aux lois de Moïse. Puis ceux qui avaient connu Moïse moururent à leur tour. Plus personne n'était assez âgé pour se souvenir de lui, même le plus petit bébé israélite qui avait fait le voyage vers Canaan était devenu vieux des centaines d'années avant ce jour. Ce nouveau peuple avait oublié les commandements et violait bien des lois de Moïse.

Dieu comprit alors qu'il était temps d'envoyer un nouveau messager et de renouveler les lois. Ce messager était Jésus. Le Nouveau Testament, qui est une partie de la Bible, nous renseigne sur sa vie.

5.2. Jésus

Jésus était un bon garçon, généreux et intelligent. Aucun de ses camarades, ou même de ses frères ne savait qu'Il était un envoyé de Dieu. Son père était charpentier à Nazareth et la famille était pauvre. Pour les voisins c'était un garçon comme tous les autres, mais Marie, sa mère, savait que Jésus avait une grande mission spirituelle à remplir, car Dieu le lui avait appris. Avant la naissance de Jésus, Marie eut une vision. Un ange se tenait à ses côtés et elle avait très peur. Et l'ange lui dit "Ne crains point, Marie, car tu as trouvé grâce devant Dieu. Tu enfanteras un fils et tu lui donneras le nom de Jésus. Il sera grand et sera appelé Fils du Très-Haut. "

En ce temps-là on avait l'habitude de baptiser les gens dans la rivière. Jésus, devenu adulte, s'est rendu un jour au bord du Jourdain pour être baptisé par son cousin Jean. Le baptême est un symbole. On entend par là que les péchés de quelqu'un sont lavés et effacés par de l'eau claire. En sortant de l'eau Jésus sentit que le Saint-Esprit descendait sur lui, ainsi qu'il descend sur chaque messager de Dieu. La Bible nous dit que c'était comme si une belle colombe était descendue du ciel, s'arrêtant au- dessus de Lui et que la voix de Dieu s'était fait entendre.

Puis Jésus choisit douze hommes pour qu'ils soient ses amis fidèles et ses aides. On les appelait des disciples. Il allait se promener avec eux au bord du lac de Galilée et leur transmettait le message de Dieu, pendant que beaucoup d'autres gens le suivaient et écoutaient ses paroles. A la fin Il conduisit ses disciples sur le flanc de la montagne, afin d'être seul avec eux et de pouvoir leur expliquer la parole de Dieu.

Jésus parlait aussi des commandements de Moise, mais d'une autre manière. Dans l'enseignement de Moïse la loi de la justice était la plus importante de toutes; si un homme nuisait à un autre, il devait être puni de la même façon. Jésus, cependant, prêchait la loi de l'amour. Il disait que c'était facile d'aimer ceux qui se montraient bons envers vous, mais qu'il faudrait aimer même ceux qui vous haïssent. Le soleil se levant et se couchant sur le bien et le mal, Jésus nous a dit que nous devrions aussi traiter tout le monde avec amour et bonté, pardonner à ceux qui nous ont fait du mal au lieu de les punir. Les gens étaient très étonnés d'entendre Jésus dire que c'était un péché d'en vouloir à quelqu'un dans son coeur, exactement comme de tuer quelqu'un.

Il y en avait qui pensaient que Jésus était contre les lois de Moïse, mais Jésus leur dit: "Ne croyez pas que je sois venu pour abolir la loi ou les prophètes; je suis venu non pour abolir mais pour accomplir." Il entendait par là qu'ils devaient non seulement obéir aux commandements mais aussi appliquer une nouvelle loi, la loi de l'amour ou de la charité. Jésus dit: "Je vous donne un commandement nouveau: Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés."

Après avoir instruit ses disciples, Jésus se mit à parler à la foule. En peu de temps il se fit aimer au point d'inquiéter les prêtres et le gouverneur. Ils furent jaloux et craignaient de ne pouvoir diriger le peuple plus longtemps. Le pouvoir de Jésus leur semblait trop grand et ils décidèrent de se débarrasser de lui.

Jésus savait que c'était la volonté de Dieu et Il les laissa faire et accepta d'être tué. La nuit avant sa mort Jésus soupa avec ses disciples. Il leur apprit qu'Il les quitterait le lendemain, ce qui les attrista beaucoup. Jésus les réconforta et leur promit de revenir parmi eux d'une autre façon. Il disait aussi que Dieu enverrait un autre messager plus tard qui serait également guidé par le Saint-Esprit. Jésus leur parla encore un peu de ce qui allait se passer dans les jours à venir ; Il ne pouvait cependant pas dire tout ce qu'Il savait, car ils ne l'auraient pas compris. "J'ai encore beaucoup de choses à vous dire: mais vous ne pouvez pas les porter maintenant. Quand le consolateur sera venu, l'Esprit de vérité, il vous conduira dans toute la vérité", leur disait-Il. Les Baha'is croient que Jésus entendait par cela que Baha'u'llah viendrait au secours du monde en détresse.

Jésus recommanda à ses disciples d'aller prêcher la loi de l'amour ou de la charité dans les autres contrées. Il leur disait que, tout en restant invisible à leurs yeux, Il serait toujours avec eux " même jusqu'à la fin du monde ". Ils comprirent alors qu'Il était leur seigneur.

Les disciples ont suivi les conseils de Jésus. Au début, il n'y avait que très peu de gens qui les écoutaient, mais petit à petit le message se glissait dans le coeur des hommes. Il se répandait et les paroles de Jésus furent connues dans beaucoup de pays. Partout où cette loi de charité a été entendue, elle a contribué à rendre les gens bons. Une fois, lorsque quelqu'un demanda à Jésus quelle était la loi la plus importante des temps anciens, Il mentionna les deux suivantes: "Aime Dieu, et aime ton prochain comme toi-même".

L'Arabie est un grand pays proche de celui où Jésus avait prêché. Six cents ans plus tard, les Arabes, ses habitants, n'avaient pas encore entendu parler du message de Jésus. Si vous n'aviez pas de livres, pas de poste de radio et aucun moyen de vous déplacer, excepté à dos de chameau, il vous serait difficile de savoir ce qui se passe dans le monde. Les Arabes n'avaient aucune Bible pour leur apprendre que Moïse avait dit: "Tu ne voleras point", ou que Jésus avait enseigné la loi suivante: "Aime ton prochain comme toi-même". Ce peuple était plutôt méchant, il volait, tuait et se battait. Dieu devait savoir que l'Arabie avait très besoin d'un messager et il y envoya Muhammad.

5.3. Muhammad

Muhammad naquit à La Mecque (le nom de cette dernière signifie "mère des villes"). Ses parents moururent quand Il n'avait même pas six ans et il fut élevé chez un oncle. A cet âge-là, les enfants devraient aller: à l'école. C'était une chose impossible pour le petit Muhammad parce qu'il n'y avait pas d'écoles du tout en Arabie. Il n'apprit donc pas à lire ni à écrire. Par contre, Il savait quels soins il fallait donner aux chameaux, comme nos fils de fermiers savent soigner les vaches et les chevaux.

L'eau est très rare dans ce pays. Les chameaux sont heureusement des animaux sobres, c'est pourquoi on les utilise volontiers comme porteurs quand il s'agit de traverser un désert. L'oncle de Muhammad était commerçant, il vendait et achetait de la marchandise dans tous les villages. Le garçon l'accompagnait presque toujours. Le vol était chose courante en Arabie, mais Muhammad était très honnête, il ne lui serait jamais venu à l'idée de tromper qui que ce soit On l'appela " Al Almin " ce qui veut dire "l'honnête".

Devenu jeune homme, Muhammad gardait les chameaux d'une veuve riche. Elle s'appelait Khadijah. Très vite elle aima Muhammad à cause de son bel esprit, et quelque temps après ils se marièrent. Ils furent très heureux ensemble, mais Muhammad était tourmenté par le fait que les gens autour de lui ne l'étaient pas. Souvent Il se rendait dans une grotte pour prier et pour penser à Dieu. Un jour qu'Il était en train de méditer une voix lui dit: "Crie au nom de ton Seigneur!". Comme Moïse, Muhammad comprit tout de suite que Dieu l'appelait. Il réalisa qu'Il avait été choisi par Dieu, afin de prêcher à la population de ne plus commettre de péchés.

Khadijah fut la première à croire à sa mission et à comprendre que Dieu parlait aux Arabes par sa bouche. Muhammad se rendait dans les rues de la ville et encourageait les gens à obéir aux paroles de Dieu. Ils ne se moquaient que de lui et lui lançaient des pierres. Il aurait été plus facile pour lui de rentrer à la maison que de vouloir leur expliquer son message, mais Il était trop courageux pour faire une chose pareille. D'ailleurs Il savait que Dieu lui demandait de leur enseigner un nouveau mode de vie et l'aiderait dans l'accomplissement de cette grande tâche.

Pendant treize ans, Muhammad prêcha à La Mecque. Mais ses paroles tombaient dans des oreilles de sourds. Muhammad et ses adeptes, qu'on appelait des musulmans, durent même se cacher dans des grottes parce que des gens méchants essayèrent de les tuer. Quelque temps après ils réussirent à fuir par petits groupes de deux ou trois et à se rassembler dans la ville de Médine.

Vous pouvez vous imaginer que ceux de La Mecque étaient furieux d'apprendre que Muhammad et ses compagnons étaient arrivés à Médine sains et saufs. Une armée fut mise sur pied et les soldats, épées en main, marchèrent sur Médine. Les musulmans n'étaient pas du tout partisans de la guerre, mais ils devaient protéger leurs femmes et leurs enfants. Et ils gagnèrent la bataille. Dieu les secourut certainement, car leur armée était beaucoup moins grande que celle des gens de La Mecque. Les musulmans firent naturellement des prisonniers qu'ils traitèrent avec beaucoup de bonté. Plusieurs de ces captifs devinrent des adeptes de Muhammad.

A Médine on ne se moquait pas de Muhammad; au contraire, on écoutait ses paroles et on l'aimait. Ayant fait la connaissance du prophète, de méchants hommes devinrent bons. Chaque messager de Dieu peut ainsi changer le coeur des hommes.

Un jour Muhammad dormait tranquillement Il se réveilla brusquement et vit un soldat furieux penché sur lui, brandissant son épée. Le soldat demanda; "Qui est là pour te sauver maintenant?". "Dieu", répondit Muhammad. Le soldat, frappé par cette réponse, laissa tomber son épée. Le prophète la ramassa et la tint au-dessus de la tête de son agresseur, disant; "Qui est là pour te sauver toi?". " Personne, hélas ", répondit l'Arabe. Il ne pouvait dire que Dieu le sauverait puisqu'il ne croyait pas en lui. Muhammad n'ayant nullement l'intention de tuer qui que ce fût, rendit l'épée au soldat en prononçant ces paroles; "Apprends donc par moi à être miséricordieux" Pour la première fois de sa vie l'Arabe eut envie d'être bon. Il devint un ami et un adepte dévoué du prophète et contribua à répandre le message de la bonté.

Le nombre des adeptes allait croissant. Ils voyaient les bonnes actions de Muhammad et les imitaient. Bien que Muhammad eût été un très grand homme, Il mena une vie simple. Sa bonté envers les pauvres n'avait pas de limites. Il lui arrivait de ne pouvoir chauffer sa maison parce qu'il avait donné tout le bois aux pauvres. Il faut dire qu'Il vivait selon les principes qu'Il ne cessait de prêcher au peuple. Les voici; "Croyez en Dieu et en tous les prophètes de Dieu; priez chaque jour; jeûnez; donnez aux nécessiteux et faites un pèlerinage à La Mecque une fois par an."

Bien des Arabes n'ont jamais vu le prophète, mais son enseignement a fait du chemin grâce au Qur'an, le livre saint inspiré par Dieu à Muhammad. Toujours plus de fidèles ont suivi ses règles de vie en priant, travaillant et s'entraidant. Pendant la nuit tout le monde dormait tranquillement et n'avait plus à craindre les méfaits du voisin. Quel changement! La méchanceté avait disparu selon la volonté de Dieu.

Les messagers ont instruit le peuple comme un jardinier cultive ses plantes. Toutes sortes d'actions inspirées par Dieu ont fleuri dans les pays où les prophètes furent connus. Mais, nous l'avons déjà vu, au bout de bien des années les gens oublient les enseignements des messagers. Il leur faut alors un nouveau prophète pour les rappeler à l'ordre.

Dans un pays au nord de l'Arabie, c'est-à-dire en Perse (appelée Iran de nos jours), les gens croyaient aussi en Muhammad, sans toutefois obéir à ses lois. Au lieu de s'aimer ils pratiquaient la cruauté. Les prêtres et les gouverneurs haïssaient tous ceux qui professaient une autre religion que la leur. Et il y en avait beaucoup. Les juifs croyaient en Moïse et pas en Jésus. Des Iraniens avaient adopté le Christ et pensaient que le message de Muhammad était faux. D'autres croyaient en Muhammad et détestaient les chrétiens et les juifs.

Aucun des messagers de Dieu n'a enseigné la haine. A ce moment-là, il y avait tant de haine et de cruauté parmi les Iraniens que vous ne serez pas surpris d'apprendre que Dieu envoya un nouveau messager dans ce pays précisément. Ce prophète fut connu sous le nom de Bab.

5.4. Le Bab

On trouve des âmes sincères partout. En ce temps un grand musulman, Siyyid Kazim, avait étudié le Qur'an. Il expliquait les versets du livre saint et fit comprendre aux jeunes gens qui allaient l'écouter qu'un nouveau messager de Dieu vivait déjà au milieu d'eux. Son nom n'étant pas connu, Kazim encouragea ses élèves à chercher ce prophète. " Allez au loin ", leur dit-il, "et priez humblement votre seigneur de vous guider... Persévérez jusqu'au moment où celui qui est votre vrai guide et maître voudra bien vous aider à le reconnaître." "Comment ferons-nous pour savoir que c'est lui si nous le rencontrons? " demandèrent les jeunes gens. Sur cela le professeur leur décrit un très beau jeune homme entre vingt et trente ans, brillant par ses connaissances en toutes choses.

Un des jeunes, Mulla Husayn, était plus zélé que les autres. Il voulait partir tout de suite à la recherche du messager promis et pria ses amis de l'accompagner. Ceux-ci avancèrent mille excuses pour rester à la maison. Faute d'amis, Mulla Husayn prit son frère et son neveu et ils se mirent en route pour la ville de Shiraz.

Arrivés à la porte de la ville, Mulla Husayn leur demanda de le laisser seul, leur promettant de les rejoindre le soir pour prier avec eux. Se promenant seul dans les rues il aperçut tout-à-coup un jeune homme, un turban vert sur la tête, qui se dirigeait vers lui. Jamais Mulla Husayn n'avait vu un visage aussi beau et aussi bienveillant. Le jeune homme le salua comme on salue un ami cher et l'invita à venir chez lui. Mulla Husayn répondit qu'il ne pouvait pas venir parce que son frère et son neveu l'attendaient. D'une voix gentille mais ferme le jeune homme répliqua: "Confie-les à Dieu. Il les protégera et veillera sur eux". Sur ces paroles Mulla Husayn se laissa conduire à la maison du jeune homme. Là, le voyageur fatigué put se laver les mains et les pieds; plus tard le jeune homme prépara du thé pour son hôte.

Pendant tout ce temps Mulla Husayn sentait en lui une joie inexplicable. Son sens du devoir l'appelait à rejoindre ses compagnons, mais le jeune homme au turban vert lui fit comprendre que Dieu avait d'autres projets à son égard. Après une prière fervente où Mulla Husayn avait demandé à Dieu de l'aider à découvrir le nouveau messager, le jeune homme voulut savoir à quoi il le reconnaîtrait. Et Mulla Husayn de répéter la description du professeur Kazim: le prophète aurait entre vingt et trente ans, serait de grandeur moyenne, de sang noble et aurait des connaissances parfaites en toutes choses. Le jeune homme dit alors: "Voilà, tous ces signes sont réunis en moi!"

Cet étrange jeune homme lui apprit qu'Il était bel et bien le nouveau messager de Dieu. Mulla Husayn n'arrivait presque pas à croire que ses recherches étaient terminées. Pour finir le jeune homme lui expliqua quelques versets du Qur'an par écrit. Maintenant il n'y avait plus de doute possible pour Mulla Husayn: ce jeune homme avait des connaissances sans limites. Et ce dernier dit: "Je suis le Bab", ce qui signifie: Je suis la porte menant à un être encore caché, possesseur de perfections innombrables.

Jésus eut douze disciples. Le Bab en choisit dix-huit qu'on appelait "Les Lettres du Vivant". Mulla Husayn fut la première lettre, les autres le rejoignirent peu à peu. Tous furent prêts à abandonner leur vie habituelle et à répandre le message du Bab.

Dieu envoya le Bab pour préparer le chemin au plus glorieux des messagers qui devait bientôt faire son apparition. Le Bab demanda aux Lettres du Vivant d'aller dans toutes les régions du pays, afin d'exhorter les gens à purifier leur coeur. Ils devaient être prêts à accueillir dignement le jour merveilleux de l'avènement du messager. A Mulla Husayn le Bab dit: "Va à Tihran. Un secret est caché dans cette ville. Lorsqu'il sera dévoilé, la terre sera transformée en paradis."

A ce moment même le prophète de l'ère nouvelle vivait effectivement à Tihran. Pour la première fois dans l'histoire du monde Dieu avait envoyé deux messagers à la fois. Le Bab, ou la porte, était comme un héraut qui précède le roi et annonce sa venue par des coups de trompette. Celui qu'il a annoncé serait appelé " la Gloire de Dieu ".

Les Lettres du Vivant prêchaient donc dans tous les villages et furent bien accueillies. Mais, hélas, les prêtres et les gouverneurs, voyant que le peuple adoptait le message du Bab, devinrent terriblement jaloux. Beaucoup de babis - c'est ainsi qu'on appelait les fidèles du Bab - furent tués pour avoir proclamé purement et simplement que le Bab était un envoyé de Dieu Ils préférèrent mourir plutôt que de nier qu'ils croyaient à leur nouveau et divin prophète.

Six ans après le jour où Mulla Husayn lui rendit visite, le Bab lui-même fut exécuté. Comme Jésus sur la croix Il aurait pu échapper à sa mort, grâce au pouvoir divin qui était en lui. Mais sa tâche sur terre étant accomplie Il ne s'y opposa pas. Le souverain iranien décréta que le Bab serait pendu en public et un régiment entier reçut l'ordre de tirer sur lui. Arrivés dans sa cellule, les soldats trouvèrent le Bab en train de discuter avec un ami, Siyyid Husayn. Il demanda de pouvoir terminer son entretien, mais les soldats ne voulurent pas attendre.

Ils pendirent donc le Bab avec un de ses amis, de telle sorte que la tête de l'ami reposât sur l'épaule du Bab. La salve fut tirée et la foule qui s'était rassemblée autour de la place attendait que le vent eût dissipé la fumée. Et que virent-ils ? Ils n'osaient à peine en croire leurs yeux. Les cordes avaient été tranchées par les balles, mais le Bab et son ami avalent disparu!. Les deux étaient tombés sur le sol, le Bab était vite retourné à la prison où il reprit tranquillement sa discussion avec Siyyid Husayn.

Plus tard les deux hommes furent de nouveau attachés au mur avec des cordes. Cette fois-ci les soldats refusèrent de tirer Ils étaient effrayés et disaient: "C'est Dieu qui les protège. Nous n'osons aller contre la volonté de Dieu." L'ordre de tirer fut donné à un autre régiment. Les balles tombèrent sur les condamnés comme des grêlons et ils furent tués sur le coup.

Le Bab n'était plus. Mais le souverain ne put empêcher la diffusion de son message jusque dans les régions les plus lointaines du pays. La courte vie du Bab a symboliquement ouvert une porte pour accueillir l'Esprit de vérité promis par Jésus. Et c'est en Iran que vivait déjà le nouveau messager. C'était Husayn-'Ali Il fut nommé " la Gloire de Dieu " ou Baha'u'llah en arabe. Husayn-'Ali ne rencontra jamais le Bab, mais il eut connaissance de son message et devint un babi.

5.5. Baha'u'llah


C'était lui "le secret" qui, selon le Bab, était caché à Tihran. Husayn-'Ali naquit à Tihran où il passa sa jeunesse. C'était un enfant très avancé, connaissant en soi beaucoup trop de choses pour son âge. Il n'alla pourtant jamais à l'école mais reçut son instruction dans sa famille qui était riche. Le garçon était bon et généreux, aimé de tous, jeunes et vieux. Son occupation préférée était de se promener dans les bois et les champs. Les oiseaux, les arbres et les fleurs étaient ses amis.

A l'âge de vingt-deux ans, Husayn-'Ali perdit son père qui était ministre d'Etat. On demanda au fils de succéder à son père dans les fonctions de ministre, ainsi que le voulait la coutume iranienne. Mais Husayn-'Ali refusa et on se demanda pourquoi il déclinait cette offre. Le premier ministre cependant avait l'air de deviner que quelque chose de spécial émanait de ce jeune homme. Il dit: "Laissez-Le. Il est destiné à quelque haute mission."

Les babis étaient très affligés par la mort si cruelle du Bab. Un jeune homme avait tant de chagrin qu'il en perdit la raison. Dans sa folie, il tira sur le Shah, ou roi d'Iran, parce que celui-ci avait fait disparaître le Bab. Le Shah ne mourut point, mais tous les babis qu'on put attraper furent punis cruellement à cause du forfait du jeune homme.

Husayn-'Ali vivait alors à Tihràn avec sa femme et ses enfants. Un beau jour Il fut arrêté à son tour, en même temps que tout un groupe de babis, et jeté dans un horrible cachot trois étages sous terre. Toutes ces personnes, qui n'avaient fait de mal à qui que ce soit, furent entassées dans le donjon, en compagnie de voleurs et de brigands. Husayn-'Ali avait une lourde chaîne autour du cou qui blessait sa chair. Il n'avait pourtant qu'un seul but c'était de rendre hommage à Dieu et d'apporter la paix à l'humanité. Mais cela importait peu au Shah.

La nourriture était évidemment rare dans ce cachot. Husayn-'Ali n'avait point de lit pour dormir, mais jamais Il ne se serait plaint. Malade et exténué il lui arrivait de s'assoupir. Toute la misère autour de lui l'empêchait à vrai dire de s'abandonner longtemps au sommeil. C'est pendant un de ces moments de détente qu'Il se sentit envahi par le Saint-Esprit. Chaque messager bien-aimé a essayé de nous faire comprendre de quelle manière Il a entendu la voix de Dieu. L'un le compara à un feu, l'autre à une colombe. Husayn-'Ali l'a décrit de plusieurs façons. Une fois c'était comme s'il avait été tiré du sommeil, une autre fois il dit avoir senti un courant puissant, un torrent de montagne couler sur lui.

Dès ce moment Il fut appelé Bahà'u'llàh, la Gloire de Dieu.
Tout le monde ne savait pas encore que Baha'u'llah était le messager annoncé par le Bab. Seuls quelques-uns de ses intimes le supposèrent et il ne leur fut pas permis de révéler la bonne nouvelle. Dans les desseins de Dieu chaque chose arrive au moment précis Baha'u'llah savait que le moment de répandre la nouvelle n'était pas encore venu.

Un beau jour Baha'u'llah fut libéré. Mais on l'obligea à quitter l'Iran avec sa famille et à s'installer à Baghdad. Le Shah pensait que Baha'u'llah et les babis n'auraient plus d'influence et seraient oubliés une fois hors du pays. Mais ce raisonnement était faux. La parole de Dieu ne s'oublie ni ne se perd.

Le voyage de Tihran à Baghdad fut très pénible, Les babis avaient peu d'argent pour s'acheter de la nourriture ou pour se loger confortablement. Malgré la neige qui recouvrait le sol, ils devaient passer la nuit dehors en campant. Les débuts ne furent pas très difficiles pour eux à Baghdad. Baha'u'llah et sa famille furent autorisés à vivre dans une maison. Là bien des amis venaient s'asseoir autour de lui pour écouter ses paroles extraordinaires. Même avant de déclarer publiquement sa mission Il transmit le message de Dieu. Il leur prêcha que les hommes de tous les pays et de toutes les religions devaient s'unir et travailler ensemble à l'établissement du bonheur dans le monde. Baha'u'llah enseigna l'unité de tous les peuples du monde.

Les prêtres musulmans n'étaient pas contents de voir la foule se rendre auprès de Bahà'u'llàh et écouter ses paroles "Que fait-Il?" demandaient-ils. "Bientôt plus personne ne nous écoutera nous, tout le monde sera aux pieds de cet étranger venu d'Iran" Ils menacèrent alors de le bannir.

Baha'u'llah avait un bon nombre d'amis à Baghdad. La nouvelle de son départ les attrista beaucoup. Au lieu de le laisser préparer son voyage ils se pressaient autour de lui pour connaître son message le mieux possible. Pendant un certain temps Baha'u'llah et sa famille campèrent dans un parc magnifique en dehors de la ville, en compagnie de quelques amis très chers. C'était le jardin de Ridvan. (Ridvan signifie paradis.)

Ils passèrent douze jours dans ce jardin. C'est là que Baha'u'llah leur dévoila le secret de sa mission. Ils furent fascinés par ce qu'ils entendaient. Aucun mot n'aurait suffi pour exprimer la joie de leurs coeurs.

Après avoir quitté Baghdad, Baha'u'llah et sa famille furent emprisonnés successivement dans trois autres villes. Chaque fois les prêtres et les gouverneurs, devenus jaloux de lui, ne voulaient plus tolérer sa présence. Finalement on l'envoya à la forteresse de St-Jean-d'Acre, en Palestine, où lui, sa famille et ses amis furent enfermés dans une vaste prison. Là-bas ils ne pouvaient plus avoir de visites et, pendant deux ans, ils ne purent jamais se promener au soleil. Plus tard Baha'u'llah fut transféré dans une petite maison, mais même là on ne l'autorisait pas à aller au jardin. .Lui qui avait toujours aimé les arbres, les fleurs et les oiseaux, dut rester enfermé pendant de longues années.

Malgré toutes les épreuves que Baha'u'llah subit jusqu'à la fin de sa vie, son message n'a cessé de parvenir aux fidèles. Ces derniers sont connus sous le nom de baha'is. Le grand homme passait son temps à prier et à écrire puisqu'il ne lui a plus été permis de parler aux gens. Il adressa des lettres aux rois et aux dirigeants de plusieurs pays. Dans ces lettres il supplia les rois d'être bons et généreux envers leurs peuples et de mettre fin à la guerre. Il leur demanda d'ouvrir leur coeur au nouveau message de Dieu, de travailler à l'établissement de la paix et de rechercher l'unité de tous les peuples du monde. Les rois ne firent que se moquer de ses lettres. Leur propre puissance leur importait plus que la parole de Dieu.

Baha'u'llah écrivit des versets intitulés "Les Paroles cachées". Ce sont des paroles que Dieu nous a envoyées par son messager: "Aime-Moi, pour que Je t'aime; si tu ne M'aimes pas, Je ne pourrai jamais t'aimer". "Pour Moi la chose préférée, c'est l'Equité. Ne témoigne pas d'éloignement pour elle, si tu as du penchant pour Moi." "J'ai fait de la mort pour toi une bonne nouvelle. pourquoi t'affliges-tu à son sujet?" Beaucoup de belles prières ont aussi été composées pour nous. Baha'u'llah a écrit en persan ou en arabe, mais plusieurs de ses livres ont été traduits en français, en anglais, en allemand et en d'autres langues.

Vers la fin de sa vie Baha'u'llah se promena de temps en temps dans un jardin près d'une rivière. Ce jardin était rempli de plantes que des amis dévoués avaient apportées de très loin. Baha'u'llah l'aima beaucoup et l'appela Ridvan, en souvenir du jardin où Il avait parlé de la mission que Dieu lui avait confiée.

Un tas de personnes sont venues demander des renseignements sur la foi bahaie ou simplement de l'aide et des conseils. 'Abdu'l-Baha le noble fils de Baha'u'llah se chargeait de recevoir tout ce monde et de répondre à ses questions afin de permettre à son père bien-aimé de consacrer son temps à la prière et à ses écritures.

Un beau matin de printemps Baha'u'llah se sentit fiévreux. Après quelques jours de maladie sa merveilleuse vie prit fin. Ses adeptes le pleurèrent car ils ne voyaient pas comment ils pourraient vivre sans lui. Ils avaient oublié que dans les "Paroles cachées" Il avait écrit: "J'ai fait de la mort pour toi une bonne nouvelle. Pourquoi t'affliges-tu à son sujet? "



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