Médiathèque baha'ie

Les derniers jours de la vie terrestre de Baha'u'llah

Par Adib Taherzadeh
traduction par Rochan Mavaddat


L'Ascension de Baha'u'llah qui eut lieu dans le Manoir de Bahji, fut la cause de consternation indescriptible parmi Ses disciples.

Nabil-i-Az'am, un véritable amoureux de la Beauté Bénie [Baha'u'llah] et l'un de ses Apôtres dévoués, a laissé à la postérité un émouvant témoignage de cet événement affligeant. Ceci est une traduction succincte de son récit :

"Ainsi que l'attesta la Plus Grande Branche [Abdu'l-Baha], neuf mois avant cet événement grave - Son Ascension - Baha'u'llah avait exprimé son désir de quitter ce monde. Pendant ces neuf mois, d'après le ton de Ses exhortations et de Ses remarques aux Amis qui étaient en Sa présence, il devint de plus en plus évident que la fin de Sa vie terrestre était proche (...). Mais jamais Il n'a ouvertement parlé concernant la fin proche de Sa vie. ( ... )

La veille du dimanche (8 Mai 1892)..., Il attrapa une fièvre mais ne la révéla à personne ( ... ). Le mardi [3ème jour de Sa maladie], cet humble serviteur eut l'honneur d'avoir une audience avec sa Personne bénie. A midi, je fus convoqué seul dans Sa chambre : pendant une heure et demie environ, Il me parla, parfois assis et parfois en marchant dans la pièce. Il me versa Ses infinies bontés et Ses paroles exaltées atteignirent le comble de la perfection.

"J'aurais souhaité savoir d'avance qu'Il s'agissait là de ma dernière audience; ainsi j'aurai pu m'agripper au pan de son vêtement et le supplier de me permettre de sacrifier ma vie dans Son Chemin, de m'épargner les vanités de ce monde et de m'admettre dans le Royaume d'éternelle joie.
Hélas ! Hélas !, ce qui avait été pré-ordonné, arriva !

"Ce même jour dans l'après-midi, Haji Niyaz (un croyant renommé) arriva d'Égypte et obtint la permission, en même temps que d'autres croyants, d'accéder à la présence de Baha'u'llah. Jusqu'à ce que le soleil se couche, les Amis furent admis en petits groupes. Le lendemain, il n'y eut plus la possibilité aux croyants de Lui rendre visite; personne ne put entrer et une atmosphère de tristesse et de lourd chagrin régnait sur ces amoureux éprouvés. La situation resta pendant quelques jours sans changement, jusqu'à lundi (le neuvième jour) qui s'avéra être celui d'une grande tristesse pour les Amis.

Ce jour là, la Plus Grande Branche quitta Baha'u'llah et vint à la Maison des Pèlerins. Il leur adressa à tous les salutations de Baha'u'llah et leur dit que la Beauté Ancienne [Baha'u'llah] avait déclaré :
"Tous les Amis doivent rester patients et fermes,
et se lever pour la promotion de la Cause de Dieu.
Ils ne devraient pas être perturbés car Je serai toujours avec eux,
Je me souviendrai d'eux et prendrai soin d'eux !".

Ces paroles poignantes qui firent lamenter le coeur des croyants, ainsi que le ton des remarques de 'Abdu'l-Baha, indiquaient que la fin de la vie terrestre de "Celui qui était le Seigneur de la Création" [Baha'u'llah] approchait à grands pas. Les Amis furent alors dans un tel trouble et consternation qu'ils n'aspiraient qu'à la mort ( ... ).

[ Le dixième ] jour, la Plus Grande Branche se rendit à 'Akka (Saint-Jean-d'Acre), visita chaque famille baha'ie et transmit à chaque Baha'i, homme et femme, les salutations pleines d'amour de la Beauté Bénie. Dans l'après-midi du dimanche (15ème jour), tous les Amis présents dans le Manoir, y compris les pèlerins et résidents baha'is, furent invités à venir en présence de Baha'u'llah. Tous les Amis, en pleurs et frappés de chagrin, furent admis à atteindre la présence de Baha'u'llah, qui était soutenu, sur le lit, par l'un de Ses fils.

La "Langue de Grandeur" [Baha'u'llah] s'adressa aux Amis avec gentillesse et affection et leur dit :
"Je suis très content de vous tous ;
vous avez rendu beaucoup de services et étiez très assidus dans votre travail.
Vous avez été ici chaque matin et chaque soir.
Puisse Dieu vous aider à rester unis. Puisse-t-Il vous aider à exalter
la Cause du Seigneur de l'Existence !".

Ce fut la dernière audience qu'Il nous octroya. Les oiseaux du coeur de ses amoureux suivirent ce message provenant d'En Haut :
"En vérité la Porte de l'Union est fermée à tous ceux qui sont au Ciel et sur la Terre...".

La veille du Dimanche 29 Mai 1892 (21 jours après qu'Il eut contracté la maladie) (...), alors que les symptômes de la fièvre avaient totalement disparus, le désir du "Roi de l'Éternité" de quitter le confinement de 'Akka (...) fut enfin réalisé.

Le bouleversement spirituel provoqué dans le monde de poussière fut tel qu'il fit trembler tous les mondes divins. Huit heures après le coucher du soleil, en cette sombre nuit, lorsque les cieux versèrent des larmes sur la Terre, ce qui avait été révélé dans le Kitab-i-Aqdas s'est finalement réalisé. Ma langue spirituelle et physique est impuissante à décrire l'état dans lequel nous nous trouvions. Au milieu de la confusion qui régnait, on pouvait voir de nombreux habitants de 'Akka et des villages avoisinants qui s'étaient rassemblés sur les terrains entourant le Manoir, verser des larmes, frapper sur leur tête et crier tout haut leur chagrin...

Après cette grande calamité, un grand nombre de personnes endeuillées, riches, pauvres, orphelins et opprimés, partagèrent pendant une semaine entière, les repas généreusement servis par la Famille éprouvée...
Deux jours après l'Ascension de [Baha'u'llah] à son très saint et exalté Royaume des Cieux, des hommes de savoir et des poètes, musulmans et chrétiens, envoyèrent des télégrammes, exprimant leurs condoléances à la Plus Grande Branche. Ils écrivirent des poèmes dans lesquels ils louaient d'une façon éloquente les vertus du Bien-Aimé et regrettaient amèrement Sa perte.

Texte tiré de Adib Taherzadeh : "The Revelation of Baha'u'llah", Volume IV, pp. 414-417.

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