Médiathèque baha'ie

Fiche synthèse

Le divorce dans la foi baha'ie

"En vérité, le Seigneur aime l'union et l'harmonie; il abhorre la séparation et le divorce. Vivez l'un avec l'autre, ô peuple, dans une joie radieuse." (Baha'u'llah, Le Kitab-i-Aqdas, 1:70)

"La séparation est génératrice de maux et d'afflictions de toute sorte, mais l'union des choses créées produit toujours les résultats les plus dignes de louanges." ('Abdu'l-Baha , SEA)

"Dans un vrai mariage baha'i, le mari et la femme doivent être unis à la fois physiquement et spirituellement, afin de pouvoir améliorer toujours davantage leur vie spirituelle réciproque et jouir de l'éternelle unité à travers tous les mondes de Dieu." (Le mariage baha'i et la vie familiale)

"Ils doivent avoir pour but de devenir de tendres compagnons, en harmonie l'un avec l'autre jusqu'à la fin des temps" (Le mariage baha'i et la vie familiale)


Introduction

La famille est l'élément de base de la société. Son unité est indispensable à l'unification du genre humain.

"En effet, sans l'unité du couple et de la famille, cellule-base de la société, il est impossible de réaliser l'unité du monde." (Le Prisonnier de St-Jean d'Acre, chap. XIII - FEMME)

"Partout où existe une famille baha'ìe, les parties concernées devraient tout mettre en œuvre pour la maintenir car les enseignements condamnent vivement le divorce alors que l'harmonie, l'union et l'amour sont considérés comme les idéaux les plus élevés des relations humaines." (Gardien, 9 novembre 1956 cité dans les compilations "Le mariage baha'i et la vie familiale", et "La femme")


PARTIE II

1) Attitude baha'ie à l'égard du divorce

Toutes les civilisations ont codifié les procédures de séparation d'un couple.
Dans le passé le divorce était le plus souvent rendu difficile voire impossible. Certaines traditions ont facilité le divorce, mais celui-ci était généralement unilatéral (répudiation). De nos jours, le divorce est considéré comme acceptable par la plupart des mouvements religieux.
En Europe, la tendance est de simplifier des procédures civiles du divorce, ce qui n'est pas sans affaiblir dans la société la conscience de l'importance du mariage. "La société moderne est négligente d'une façon criminelle envers la nature sacrée du mariage et les croyants doivent combattre énergiquement cette tendance" écrivait Shoghi Effendi en 1948. (Le mariage baha'i et la vie familiale)

Selon les Ecrits baha'is, le divorce est possible, mais il ne doit jamais être envisagé à la légère.

"Maintenant les amis d'Amérique doivent vivre et se conduire de la même manière. Ils doivent absolument éviter le divorce à moins que quelque chose ne survienne qui les oblige à se séparer en raison de leur aversion mutuelle, auquel cas ils peuvent décider de divorcer après avoir averti leur assemblée spirituelle. Ils doivent alors patienter et attendre une année entière. Si durant cette année, l'harmonie n'est pas rétablie entre eux, alors le divorce peut être réalisé. Il ne doit pas avoir lieu à l'occasion d'une légère friction ou d'un simple mécontentement entre homme et femme, le mari pensant à une union avec quelque autre femme, ou bien, Dieu nous en préserve, la femme à un autre mari. Ceci est contraire à la perfection des valeurs célestes et à la vraie chasteté. (…)
L'amour entre mari et femme ne doit pas être purement physique mais plutôt spirituel et céleste. Ces deux âmes doivent être considérées comme une seule âme. Qu'il serait difficile de désunir une seule âme ! Ce serait même une énorme difficulté !" (Abdu'l-Baha dans "Le mariage et la vie familiale")

"Il fut extrêmement peiné d'apprendre que vous envisagez de vous séparer de votre mari. Comme vous le savez certainement, Baha'u'llah considère le mariage comme un lien très sacré. Le divorce n'est conseillé aux baha'is que dans des circonstances exceptionnelles et insupportables." (Shoghi Effendi dans "Le mariage et la vie familiale")

La présence d'enfants constitue un élément supplémentaire de réflexion :
"Le divorce, en ce cas, ne concerne plus uniquement ces deux êtres, leurs désirs et leurs sentiments, mais concerne aussi tout l'avenir des enfants et leur propre attitude devant le mariage." (Le mariage baha'i et la vie familiale)


2) Procédure de divorce dans la foi baha'ie

* Demande de divorce :

Shoghi Effendi a précisé que "Le divorce dépend de l'approbation et de la permission de l'Assemblée spirituelle." (Lettre à l'Assemblée spirituelle nationale des baha'is d'Iran, 1938 - Le mariage baha'i et la vie familiale), et la Maison Universelle de Justice a indiqué que "La détermination de la date du début de l'année de patience n'est pas automatique. L'Assemblée doit tout d'abord déterminer s'il existe des raisons pour un divorce baha'i et elle doit entreprendre tous les efforts possibles pour réconcilier les deux parties." (Lettre à une Assemblée spirituelle nationale, 1970, cité dans Lights of Guidance n°1321, traduction non révisée)

La loi baha'ie concernant le divorce s'applique dans tous les cas où l'un des conjoints au moins est baha'i, et même si aucun des deux ne l'était au moment du mariage. (Lights of Guidance n°1314)

Tout baha'i qui envisage de divorcer doit donc se tourner vers son Assemblée locale, s'il réside dans une localité où il en existe une, ou vers l'Assemblée spirituelle nationale. Dans le cas où les époux sont eux-mêmes membres de l'Assemblée locale, la procédure pourra éventuellement être suivie par une autre Assemblée.

Le rôle de l'Assemblée spirituelle est d'une grande importance :
"Dans de telles affaires, les membres de l'assemblée doivent étudier et examiner indépendamment et avec soin chaque cas. S'il y a de sérieux motifs de divorce et si l'on se rend compte que la réconciliation est absolument impossible, l'antipathie intense et qu'elle ne peut disparaître, alors l'assemblée peut approuver le divorce." (Le mariage baha'i et la vie familiale)

* Année de patience :

Les lois de Baha'u'llah imposent aux croyants un temps de réflexion.

"Si ressentiment ou aversion devaient survenir entre un mari et sa femme, il ne peut pas divorcer, mais doit faire preuve de patience pendant une année entière dans l'espoir que le parfum de l'affection renaisse entre eux. Si leur amour n'est pas revenu à la fin de cette période, le divorce peut avoir lieu. En vérité, la sagesse de Dieu a entouré toutes choses." (Baha'u'llah, Le Kitab-i-Aqdas 1.68)

Lors de cette année, "l'espoir est que le couple puisse se réconcilier et que le divorce puisse être évité." (Lettre de la Maison Universelle de Justice à une ASN, 1977, cité dans Lights of Guidance n°1325, traduction non révisée)

Sur le plan matériel, l'année de patience impose aux conjoints
- d'avoir des résidences séparées, et
- de respecter un impératif de chasteté :
"Les rapports sexuels entre mari et femme sont interdits pendant leur année de patience, et ceux qui commettent cet acte doivent en demander pardon à Dieu;" ( Baha'u'llah, Le Kitab-i-Aqdas, Q&R 7.11)

Bien entendu, la recherche d'un nouveau partenaire ne doit pas non plus être envisagée :
"(…) il est tout à fait contraire à l'esprit des enseignements pour l'une ou l'autre des parties de courtiser un autre partenaire pendant l'année de patience." (Lettre de la Maison Universelle de Justice à un individu, 1974, cité dans Lights of Guidance n°1324, traduction non révisée)

L'année de patience peut être interrompue à tout moment :
"Si l'affection revenait dans un couple pendant son année de patience, le lien du mariage est valide, et tout ce qui est commandé dans le Livre de Dieu doit être observé" (Kitab-i-Aqdas, Q&R 7.11)

A la fin de l'année de patience, l'Assemblée constate s'il y a ou non réconciliation :
"(..); si, à la fin de cette année, la réconciliation n'a pas lieu, le divorce est prononcé. Il doit être inscrit dans le registre par l'officier judiciaire chargé des affaires religieuses de la localité, nommé par les mandataires de la maison de justice. Observer cette procédure est essentielle pour éviter d'attrister le cœur de ceux qui comprennent." (Baha'u'llah, Le Kitab-i-Aqdas, Q&R 98)

En France, le divorce baha'i n'interviendra toutefois qu'une fois que le divorce civil aura été prononcé.


PARTIE II

"Il pense que vous et votre femme devriez faire tout ce qui est en votre pouvoir pour créer une relation harmonieuse entre vous et pour éviter, si possible, le divorce par tous les moyens. Selon l'éthique baha'ie, le mariage est une relation très sérieuse et sacrée, et le divorce une solution extrême qui doit être évitée si cela est humainement possible." (Lettre écrite de la part de Shoghi Effendi, 10 août 1945, cité dans La Préservation des Mariages baha'is)

"Le Gardien a reçu votre lettre … et a pris connaissance avec grande inquiétude de vos problèmes et de vos difficultés familiales. Il souhaite vous assurer qu'il priera avec ferveur pour vous et pour ceux qui, dans votre foyer, vous sont chers afin que vous puissiez être guidée et assistée par le royaume d'en haut pour régler vos différends et restaurer une harmonie complète et l'entente au sein de votre foyer. Mais, tout en vous exhortant à faire les sacrifices nécessaires pour établir l'unité dans votre famille, il désire que vous ne soyez pas découragée si vos efforts ne portent pas de fruits immédiats. Vous devriez vous acquitter de votre tâche avec une foi absolue afin de remplir de la sorte votre devoir de baha'ie. Le reste est assurément entre les mains de Dieu." (Lettre écrite de la part de Shoghi Effendi, 23 juillet 1937, cité dans La Préservation des Mariages baha'is)

Dans la première partie de ce dossier, il a été question de l'importance du mariage, et de l'attitude qui nous est recommandée dans les Ecrits vis-à-vis du divorce. La procédure baha'ie qui s'applique dans les cas où celui-ci ne peut être évité a également été décrite. Si la fin de l'année de patience ne voit pas renaître "le parfum de l'affection", la procédure baha'ie sera suivie d'une procédure civile, procédure qu'il convient d'envisager dans l'esprit des Ecrits. Il sera question dans cette deuxième partie de la manière d'aborder cette procédure civile, mais aussi et surtout de ce que les conjoints peuvent entreprendre, notamment durant l'année de patience, en vue de "rétablir l'harmonie, la paix et le bonheur" dans la vie familiale. (Lettre écrite de la part de Shoghi Effendi, 11 septembre 1938, cité dans La Préservation des Mariages baha'is)

1) Procédure civile et esprit de la loi baha'ie

L'année de patience étant tournée vers la réconciliation, "pour des baha'is, il est plus conforme à l'esprit de la loi baha'ie de reporter le début d'une procédure civile (si la loi du pays exige un divorce civil) jusqu'à la fin de l'année de patience." (Lettre de la Maison Universelle de Justice à une ASN, 1977 - Lights of Guidance n°1325)

Par ailleurs, si une procédure civile est effectivement entreprise, l'année de patience n'ayant pas abouti à la réconciliation, il convient de veiller à ce que cette procédure soit la moins conflictuelle possible, en se souvenant que "Le conflit et la lutte sont catégoriquement interdits dans ce livre." (Baha'u'llah, KITAB-I-AHD [Livre de l'alliance], Tablettes de Baha'u'llah)

Les nouvelles lois récemment promulguées en France facilitent un règlement à l'amiable des questions matérielles.


2) Importance de la recherche d'aide, et des efforts personnels

La première aide à laquelle nous pouvons recourir est l'assistance divine :
"Chaque individu possède des qualités que nos pouvons apprécier et admirer, et qui nous permettent de l'aimer ; et peut-être que si vous décidez de ne penser qu'aux qualités de votre mari, cela vous aidera à améliorer la situation… Vous devriez détourner vos pensées des choses qui vous bouleversent, et prier constamment Baha'u'llah de vous assister. Alors, vous découvrirez comment ce pur amour, allumé par Dieu, qui brûle dans notre âme quand nous lisons et étudions les enseignements, réchauffera et guérira plus que tout autre chose." (La Préservation des mariages baha'is)

Il est conseillé de "prier ensemble pour que Baha'u'llah puisse vous donner un amour vrai et durable l'un pour l'autre." (La Préservation des mariages baha'is)

En outre, il est vivement recommandé, en cas de difficultés conjugales, de "se tourner vers les Assemblées spirituelles pour leur demander conseil et pour les consulter." (La Préservation des mariages baha'is)

Ceci est tout particulièrement vrai en cas d'année de patience :
"Pendant cette année, le couple a la responsabilité de tenter d'aplanir ses différends et l'assemblée a le devoir de l'aider et de l'encourager." (La Préservation des mariages baha'is)

Le couple peut également rechercher l'aide de professionnels, auprès desquels il pourra trouver "des orientations et des conseils précieux quant à l'utilisation de mesures constructives pour engendrer un plus grand degré d'unité." (Lettre de la Maison Universelle de Justice à un croyant, 17 juillet 1989 - La Préservation des mariages baha'is)

Le Gardien avait déjà donné ce conseil à des croyants (lettre datée du 5 juillet 1949) :
"Les problèmes conjugaux sont souvent très compliqués et subtils, et nous, les baha'is, étant des gens éclairés et progressistes, ne devrions pas hésiter, si cela nous semble nécessaire ou désirable, à nous tourner vers la science pour nous aider dans de tels cas." (La Préservation des mariages baha'is)

Quelle que soit l'aide à laquelle il est fait appel, l'investissement de chacun est un facteur essentiel de réussite :
"Le Gardien ne dit pas que vous ne devez pas vous séparer de votre mari ; mais il vous supplie (…) de considérer, dans le recueillement de la prière, s'il ne vous est pas possible de vous élever au-dessus des limitations que vous avez ressenties dans votre mariage jusqu'à présent, et de repartir ensemble." (La Préservation des mariages baha'is)

Le bonheur n'est pas nécessairement là où nous le supposons :
"Il nous semble souvent que notre bonheur se trouve dans une certaine direction ; cependant, si nous devons payer un prix trop élevé pour celui-ci, il se peut que nous découvrions en fin de compte que nous n'avons pas réellement acquis la liberté ou le bonheur, mais seulement quelque nouvel état de frustration et de désillusion." (La Préservation des mariages baha'is)

La Maison Universelle de Justice encourage les couples sur le chemin, parfois long, de leurs efforts :
"Il y a eu de nombreux cas où, grâce à un effort béni et déterminé, assisté par le pouvoir de la prière et le conseil d'experts, le couple a réussi à surmonter des obstacles apparemment infranchissables qui empêchaient la réconciliation, et à reconstruire une base solide pour son mariage. Il y a eu aussi d'innombrables exemples d'individus qui ont pu opérer des changements drastiques et durables dans leur comportement en puisant les forces spirituelles disponibles grâce à la générosité de Dieu." (La Préservation des mariages baha'is)


Littérature conseillée:

Compilation Le mariage baha'i et la vie familiale Maison d'Editions baha'ies
Compilation La vie familiale Maison d'Editions baha'ies
Compilation La préservation des mariages baha'is Maison d'Editions baha'ies
Lights of Guidance - A baha'i reference file (Family Relationships, The Relationship between Husband and Wife, Baha'i Marriage, Divorce)

Article préparé par Thomas et Hélène Sander

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