Les souffrances et convulsions de notre planète mènent les esprits instruits à
chercher des remèdes contre la misère, la violence, la pollution et la guerre.
Les réunions se succèdent pour pondre des nouvelles lois, pactes et traités destinés
à contenir une société en dérive. Et lorsque à coup de concessions on parvient
à élaborer des textes, on n'ose guère croire à un résultat pratique car qui peut
se porter garant de l'inviolabilité de ces pactes ? Comment s'assurer que l'argent
ramassé en sollicitant les pauvres des pays riches parviendra aux masses affamées
des pays pauvres au lieu d'enrichir d'avantage leurs riches ?
On peut toujours faire des lois, mais on ne peut avoir la prétention de changer
"la nature humaine". Pourtant, l'unité n'est pas un luxe utopique, mais bien un
préalable incontournable à la paix et à la survie de notre planète. Si le spectacle
piteux de notre monde peut faire croire que cet idéal soit chose inaccessible,
l'avènement de la Paix Mondiale reste une promesse formulée par toutes les religions
et la Foi Baha'i en annonce l'établissement prochain avec conviction.
Alors que les menaces se multiplient et les plus besogneux se découragent, il
serait bon en cette Année Sainte d'examiner sur quoi repose l'optimisme Baha'i
et en quoi consiste la contribution de la Foi de Baha'u'llah à cette gigantesque
entreprise.
Le 14 avril 1912, en l'Eglise de l'Ascension à New York, ville de l'Alliance,
Abdu'l-Baha expliquait les conditions nécessaires à l'unité internationale:
"Le monde de l'humanité a aujourd'hui besoin d'unité et de conciliation internationales.
Pour établir ces grandes principes fondamentaux, il faut une force motrice. Il
va de soi que l'unité du monde humain et la Plus grande Paix ne peuvent être accomplis
à travers des moyens matériels. Elles ne peuvent s'établir par le pouvoir politique,
car les intérêts politiques des nations sont divers et les vues des hommes divergentes
et en conflit. Elles ne peuvent être établies par le pouvoir racial ou patriotique,
car ce sont des pouvoirs humains égoïstes et faibles. La nature même des différences
raciales et des préjugés patriotiques empêche la réalisation de l'unité et de
la concorde. Il est donc établi que la promotion de l'unité du royaume de l'humanité
qui est l'essence des enseignements de toutes les Manifestations Divines, est
impossible sauf à travers le pouvoir divin et le Souffle de l'Esprit Saint. Les
autres forces sont trop faibles et impuissantes pour l'accomplir".
"L'homme a besoin de deux ailes. L'une est l'aile du pouvoir physique et de la
civilisation matérielle; l'autre est celle de du pouvoir spirituel et de la civilisation
divine. Avec une seule aile le vol est impossible. Deux ailes sont indispensables.
Par conséquence, quelque soit l'avancement de la civilisation matérielle, elle
ne peut atteindre la perfection sans l'élan de la civilisation spirituelle." (1)
Un regard sur l'histoire confirme ce discours: Les grandes civilisations humaines
naissent avec le spirituel, et déclinent en son absence. Si grâce à la science
notre civilisation a progressé de son aile matérielle, son aile spirituelle s'est
atrophiée. Puisque des savants très compétents s'occupent de l'aile matérielle,
nous proposerons de jeter un regard sur l'aile spirituelle.
2. L'essentiel, invisible aux yeux
On ne peut étudier ici toutes les implications du mot "spirituel". Restons-en
aux explications de Descartes: la réalité a un composant objectif, accessible
aux cinq sens que l'on dit matériel, et un composant subjectif, inaccessible aux
cinq sens que l'on dit spirituel. En expliquant ce monde spirituel au Professeur
FOREL, Abdu'l-Baha écrit:
"L'aboutissement de cet univers infini, dans toute sa majesté et sa splendeur,
c'est l'homme lui-même qui, en cette existence, peine et souffre quelque temps,
endure chagrins et maladies puis, à la fin se désagrège...S'il en était ainsi,...cet
univers infini, avec toutes ses perfections, aboutirait à une erreur, une disgrâce
sans résultat, sans esprit de suite, sans aucune utilité...cette Entreprise grandiose
avec toute sa puissance, son effarante splendeur et ses perfections sans limites,
ne peut en fin de compte aboutir au néant. Qu'une autre vie existe, est donc certain
et, de même que le règne végétal est inconscient de l'existence de l'homme, nous
ne connaissons rien non plus de cette grande Existence dans l'au-delà, après la
vie sur cette terre. (2)
Tout comme le végétal intervient et ordonne le monde minéral pour lequel il est
invisible, de même, le monde spirituel intervient dans notre monde physique. Bien
que nos cinq sens ne puissent cerner ce monde, les effets de cette intervention
ne nous échappent pas. En observant ses interactions du vivant, Descartes l'avait
comparé au fonctionnement d'une horloge, mais les troubles psychosomatiques de
la princesse Elisabeth l'ont conduit à admettre l'incursion du monde subjectif
dans le monde de la matière.
Ainsi, les sentiments dirigent nos motivations et nos actes. Si nous souhaitons
des biens matériels, c'est pour accéder au bonheur, un état immatériel. L'argent
contribue, mais ne suffit pas au bonheur: Combien de sacrifices matérielles ne
consentirait-on pas pour sauver un être aimé. Que de destructions par crainte,
par haine ou par désir de domination: sentiments qui n'ont qu'une réalité immatérielle
et qui pourtant dictent notre comportement. En parlant de ces liens du coeur au
Petit Prince, le renard de Saint Exupéry disait: "...on ne voit bien qu'avec le
coeur, car l'essentiel est invisible aux yeux."
3. Cohésion par l'amour, et non par contrainte
Les liens du coeur, nous avons dit étaient les premiers ingrédients du monde spirituel
indispensables à la cohésion sociale. Ils ont besoin être cultivés. Si l'Amour
est le sujet principal de l'enseignement du Christ, c'est que on acquisition n'est
pas spontanée. C'est le domaine dans lequel la science reste, par postulat d'objectivité,
impuissante et muette. Abdu'l-Baha nous rappelle:
"...si l'amour de Dieu n'existait pas,... l'affection n'aurait pas remplacé l'indifférence,
...l'étranger ne serait pas devenu l'ami!...Cette transformation des moeurs, cette
rectification de la conduite et des paroles sont-elles possibles autrement que
par l'amour de Dieu ? Non par Dieu; si à l'aide de la science et de nos connaissances,
nous voulions introduire ces moeurs et ces coutumes, certes cela prendrait mille
ans, et elles ne se répandraient pas dans la multitude." (3)
Aucun dictateur, aussi éclairé soit-il, aussi élevées qu'aient pu être ses aspirations,
n'a jamais su bâtir une civilisation prospère et durable sur la destruction, la
délation et la terreur. Les nations matériellement les plus avancées, ne peuvent
hélas prétendre avoir résolu leurs problèmes de cohésion sociale par la science
et le savoir. Affirmer des vérités c'est une chose, obtenir l'adhésion des masses
en est une autre. L'actualité est si riche en de tels exemples, que nous laissons
au lecteur le soin d'ouvrir son quotidien pour établir la liste d'échecs de tels
systèmes. Il est donc illusoire de vouloir faire le bonheur d'un peuple malgré
lui. C'est ainsi qu'Abdu'l-Baha exprime cette vérité:
"Les bases de toute la condition économique sont de nature divine, et liées au
monde du coeur et d'esprit... efforcez-vous de créer l'amour dans les coeurs,
...de devenir la cause d'attraction des âmes, plutôt que de contraindre les esprits..."
(4)
Or le monde déchiré et conflictuel qui nous entoure pousse à une crainte défensive,
et non à l'amour. L'amour engendre l'amour, la haine engendre la haine. Il faut
une source, une fontaine d'amour, si nous voulons en transmettre à tout le monde.
L'histoire religieuse montre que l'amour infini des Manifestations Divines et
leurs sacrifices, entraînent le "rachat" de la violence du groupe pour y substituer
des relations de concorde sur lesquelles une nouvelle civilisation s'érige. (5)
Le lien d'amour avec Dieu est la force non seulement capable d'induire un véritable
l'amour de nos semblables, mais aussi de nos adversaires; amour sans hypocrisie,
inconditionnelle et sans espoir de retour: de la même façon que nous sommes aimés
par notre "Père Céleste" (6). Baha'u'llah affirme que sans se tourner vers Dieu,
on ne peut puiser dans cette source d'Amour:
"...Si tu ne m'aimes pas, Mon Amour ne peut te parvenir" (7)
Une fois le contact avec le Créateur établi, la transformation peut s'amorcer;
d'abord dans le coeur de chacun, puis dans les relations entre individus Baha'u'llah
écrit:
"...Par la seule puissance des paroles qu'Il a prononcées, la race humaine peut
être, toute entière, illuminée de la lumière de l'unité, et le souvenir de son
nom sacré suffit à embraser les coeurs des hommes et à brûler tous les voiles
qui leur cachent sa gloire." (8)
4. L'Amour en action
Une fois les liens du coeur établis, le monde spirituel doit inspirer l'action
afin de se réaliser dans le monde de la matière. Cette phase est toute aussi indispensable
que l'amour pour construire un monde meilleur. En s'adressant à ses disciples,
les Lettres du Vivant, le Bab les mettait en garde contre la religiosité passive
destinée à se réserver une place de choix au paradis:
"Les jours où l'adoration passive était jugée suffisante sont révolus. L'heure
est venue où seul les motifs les plus désintéressés, appuyés par des actes sans
tache, peuvent s'élever jusqu'au Trône du Très-Haut et trouver grâce auprès de
Lui. Seules les bonnes paroles suivies de bonnes actions seront exaltées ..."
Les intentions doivent être bonnes, mais elles doivent se réaliser pour avoir
de la valeur (9) la vision de l'artiste doit s'inscrire sur un tableau, sinon
elle est à jamais perdue. A l'opposée, l'action non inspirée par l'amour et par
la bonne volonté (10) , sera désordonnée, futile, voire même nuisible. Pour être
efficace, l'action doit s'inspirer des directives de la Manifestation Divine:
"...Une double obligation s'impose à qui a reconnu l'Etoile du Matin de l'unité
de Dieu et professé la vérité de Celui qui en est la manifestation.
C'est d'abord rester ferme en son amour, d'une fermeté telle que ni les clameurs
de l'ennemi ni les prétentions futiles de l'ambitieux ne le puissent détourner
de son attachement à Celui qui est la Vérité éternelle...
C'est ensuite d'observer les lois qu'Il a prescrites, qu'Il a toujours édictées
et qu'Il continuera d'édicter, et par lesquelles la vérité peut être distinguée
et séparée du mensonge." (11)
Baha'u'llah nous demande de voir sa Révélation non pas avec nos yeux, mais avec
les yeux de Dieu; ce qui veut aussi dire, non pas avec le regard d'un individu
soucieux de son confort et bien-être légitime, mais comme un observateur impartial
et objectif qui regarderait de l'extérieur la survie de notre planète avec amour
et bienveillance, car aimer Dieu, un être invisible, veut aussi dire avoir la
conviction d'être aimé par Lui, en sachant que ses lois sont des prescriptions
qui émanent de Son Amour, et non d'une quelconque caprice.
Pour s'intégrer dans un groupe cohérent et harmonieux, l'individu est contraint
à faire des concessions, canalisant ses pulsions primitives pour se soumettre
aux lois du groupe. En ce faisant, il sacrifie une partie de sa liberté individuelle.
Il va de soi qu'il faut une savante mesure entre la liberté excessive qui rend
le groupe inopérant, et la rigueur totalitaire qui mutile la créativité des l'individus.
De plus, dans une structure démocratique, il y a le risque d'écrasement de la
minorité par la majorité, et le principe de protection de la minorité au sein
de l'administration Baha'i contribue sans doute à moduler ce processus.
Pour accepter de telles contraintes, l'individu a besoin de lois cohérentes; la
soumission à l'arbitraire ne peut être que par crainte. De plus, le groupe doit
énoncer de façon claire ce qui est "le vraie" et "le faux": autrement dit, ce
qui est bénéfique au groupe, (et indirectement favorable à l'individu), que l'on
dit "le bien", et ce qui est contraire aux avantages du groupe,(donc à terme défavorable
pour chacun) que l'on dit "le mal". Alors que l'individu primaire est motivé par
ses pulsions et par la quête du plaisir, sa survie est tributaire à la survie
collective.
Quand Jésus dit "ils ont des yeux et ils ne voient pas, ils ont des oreilles mais
ils n'entendent pas; ils sont comme des morts" et quand Baha'u'llah souvent nous
invite à voir sa Révélation "avec les yeux de Dieu", ils disent la même chose:
ils nous invitent à regarder notre vie dans ce monde d'une façon globale au lieu
de nous attarder aux détails insignifiants de l'apparence des choses en les regardant
par le petit bout de la lorgnette. A un oeil non exercé, deux champs peuvent paraître
similaires, mais l'agriculteur sait reconnaître, au-delà des apparences, celui
qui portera des fruits.
De même, les manifestations divines nous invitent à voir la finalité des choses
en relativisant notre passage terrestre dans l'espace, au sein de notre groupe,
et dans le temps c'est à dire dans le contexte historique de notre courte vie
dans ce monde. Lorsque nous regardons la finalité des conseils et préceptes, les
lois Divines ne paraissent plus comme une atteinte à notre liberté individuelle,
mais comme les moyens de notre survie à longue terme: dimension dans laquelle
l'animal est aveugle et l'homme est myope.
5. Fondements contractuels de la vie collective
L'être humain ne survit dans ce monde que grâce à sa vie collective. En étroite
dépendance des relations maternelles à sa naissance, il restera tributaire de
son groupe social toute sa vie. Coupé de ses semblables, la survie d'un Robinson
Crusoé devient aléatoire; du reste, pour survivre, le personnage de Daniel Defoe
restructure sa vie selon un schéma acquis.
Les liens de réciprocité entre les humains reposent sur un contrat d'entraide
plus ou moins tacite. Dans l'institution du mariage, les époux s'engagent à se
soutenir mutuellement face aux épreuves et péripéties imprévisibles que leur réserve
la vie. Au-delà des liens du coeur et des intérêts réciproques variables dans
le temps, l'existence d'un contrat ou d'une alliance lie les deux parties et garantit
la paix, la stabilité et la pérennité des liens. Il va de soi que l'hésitation
des jeunes couples à s'engager dans le mariage dénote une immaturité à assumer
des responsabilités et un souci de liberté individuelle qui prime sur la volonté
de servir; phénomène qui contribue à la désintégration des liens sociaux.
Comme pour les véritables liens du coeur, le contrat entre les humains s'effectue
à l'image de l'alliance avec le créateur. Ainsi, tout au long de l'histoire religieuse,
une promesse, un contrat, un engagement, un "covenant", une "alliance" ou un "testament"
a été établi entre les humains et Dieu. C'est de la nature sacrée de ce contrat
que découlé l'inviolabilité des contrats de solidarité et d'harmonie entre les
humains. Vue de cet angle, l'adhésion aux lois du groupe n'est plus une démarche
de soumission craintive, mais bien une action volontaire qui émane de la compréhension
du fonctionnement de l'individu au sein de son environnement.
Si contraintes de la loi sont inconfortables pour l'individu, le résultat de la
transgression sont à terme catastrophiques pour tous et par ricochée, pour chaque
individu du groupe. Peut-être seule parmi les vivants, l'humain sait que ses jours
sont comptés et que la bataille pour des biens terrestres est une bataille perdue
d'avance (12). La vie intra-utérine a été pour lui le monde du confort (13), celui-ci
est le monde d'effort. Comme chaque être vivant, son passage dans ce monde contribue
à l'enrichissement du patrimoine génétique, mais bien plus que cela, il a l'occasion
et l'honneur d'enrichir le patrimoine culturel de l'humanité et de contribuer
à l'avancement de la civilisation (14). Alors que la civilisation humaine évolue,
la civilisation simienne est égale à elle même depuis des millénaires.
La canalisation des pulsions demande un effort qui devient tolérable lorsque le
but en perspective n'est rien de moins que la régénération, puis la survie de
la race humaine. Le même effort serait insupportable s'il était fourni par craint
de sanctions. La souffrance qui accompagne cet effort n'est pas en soi méritoire;
c'est le résultat escompté qui en fait la valeur. Abdu'l-Baha compare cette souffrance
à celle d'une chandelle qui pleure sa vie afin de donner sa flamme de lumière
(15). Fatalement la flamme doit s'éteindre un jour; heureuse la chandelle qui
a su auparavant investir sa substance en lumière !
6. La connaissance du Bien et du Mal
D'entrée dans la Genèse, la Bible nous apprend qu'après avoir créée le monde,
Dieu fait de l'homme, à son propre image, le maître de Sa création (Gen1:26-27).
Il lui impose une seule restriction: l'accès à "l'arbre de la connaissance du
bien et du mal". Le serpent pernicieux suggère à Adam et à Eve que Dieu aurait
ainsi voulu jalousement garder le pouvoir pour lui même. Il leur fait croire qu'en
mangeant de cet arbre, leurs yeux s'ouvriraient, ce qui ferait d'eux des Dieux,
capables de distinguer pour eux mêmes le "bien" et le "mal" (Gen 3:1-7). Or, quand
ils mangent du fruit de cet arbre et leurs yeux s'ouvrent, ils ne découvrent que
leur incapacité et leur nudité !
Cette phrase de Baha'u'llah nous en rend la compréhension limpide:
"De même que le corps de l'homme a besoin d'un vêtement pour le couvrir, le corps
de l'humanité doit être orné du manteau de la justice et de sagesse, sa robe étant
la Révélation qui lui est donnée par le Seigneur." (16)
Toute l'histoire religieuse du monde tourne autour de ce contrat: l'être humain
domine la nature, mais pour ce faire en toute sécurité, il doit se soumettre à
la protection de Dieu. Il est tributaire des lois Divines pour le savoir de ce
qui lui est bénéfique ou "bien" et de ce qui lui est nocif ou "mal". Ce sont ces
valeurs qui ornent l'humain du "vêtement" de la civilisation et qui apportent
le mode d'emploi pour la vie. Sans elles, l'humanité évolue non seulement vers
le l'état sauvage et le chaos, mais si son intelligence supérieure n'est pas correctement
canalisée, il devient une menace pour son environnement.
Ayant connu la loi Divine, l'humain doit s'y soumettre, et pour le faire, l'amour
cité plus haut doit s'allier à la connaissance ou la compréhension afin de motiver
l'adhésion. En citant la nature structurante de la religion, Jacques MONOD (17)
souligne le rôle de la compréhension dans l'adhésion:
"..la puissante armature sociale que constitue la religion n'est pas liée à cette
structure elle-même, mais au fait que cette structure est acceptée, qu'elle s'impose...
on voit bien que les idées douées du plus haut pouvoir d'invasion sont celles
qui expliquent l'homme en lui assignant sa place dans une destinée immanente,
au sein de laquelle se dissout son angoisse."
S'il arrive que les dépositaires de la loi, l'état ou ses agents parfois abusent
de leur pouvoir, et si l'héritage de la révolution française est justement la
protection du citoyen contre un pouvoir totalitaire, en aucun cas les lois Divines
ne devraient être perçues comme les marques d'une caprice arbitraire d'un Créateur
abusif et dominateur.
Dans la prière du mariage, institution qui réglemente la pulsion procréatrice,
l'une des plus puissantes de l'être humain, Baha'u'llah écrit:
"....et lorsqu'Il voulut manifester sa grâce et sa bienfaisance envers les hommes,
et mettre le monde en ordre, Il révéla des ordonnances et créa des lois; parmi
elles, il établit la loi du mariage et en fit une forteresse de bien-être et de
salut."
Nous voyons ici que la réglementation de la sexualité n'est pas seulement une
démarche normative, mais bien une institution qui stabilise la cellule familiale
et crée les condition idéales pour l'épanouissement du couple et le développement
psychologique des enfants dont dépend la pérennité du groupe social. C'est avec
le respect de telles institutions que le christianisme a fondé une civilisation
prospère sur les décombres de Rome, et que les nomades barbares de la péninsule
arabique sont devenus les porte-flambeaux de la science.
Ainsi, la compréhension du pourquoi de la loi génère la connaissance de Dieu,
ce qui à son tour renforce et canalise notre amour pour lui. Il peut alors en
résulter la fermeté et la confiance dans l'Alliance de Dieu. Baha'u'llah affirme
que la révélation de Dieu n'a jamais eu d'autre but que notre bien-être:
"L'objet qui se trouve à la base de la révélation de tout livre céleste, que dis-je
! de chaque verset de révélation divine est d'ouvrir le coeur des hommes au sentiment
de justice et d'éveiller en même temps leur intelligence, afin que la paix et
la tranquillité puissent fermement s'établir entre eux tous. Tout ce qui inspire
confiance, tout ce qui exalte leur condition et accroît leur contentement est
recevable aux yeux de Dieu. A quelles sublimes hauteurs l'homme se pourrait élever
s'il se décidait à remplir sa destinée; mais à quelles profondeurs d'avilissement
ne peut-il descendre, profondeurs que les plus infimes des créatures n'ont jamais
atteintes." (18)
Quand un parent demande à l'enfant de se laver les dents ou de faire ses devoirs,
il n'a d'autre intention que le bien-être futur de celui qu'il aime. Au début,
l'enfant peut rechigner mais obéir par amour ou par crainte; plus tard il comprendra
et sera reconnaissant pour cette attention qu'il considérait autrefois comme une
atteinte à sa liberté.
Les premiers Baha'is suivaient les grands principes de la Foi seulement par amour
pour Baha'u'llah: amour qui émanait de la compréhension de sa compassion pour
nous. Au fur et à mesure que le dessin de Dieu est devenu accessible à notre compréhension,
les lois qui au début paraissaient arbitraires se sont imposés comme des marques
d'amour et d'attention à notre égard.
Il faut donc suivre ces lois tout en cherchant à en découvrir leur dessin profond,
afin de mieux les appliquer; tout comme le jardinier arrose ses plantes avec confiance,
tout en approfondissant ses connaissances afin d'améliorer le rendement de son
système d'irrigation. La révélation Divine précède et canalise la connaissance
scientifique. Le Qur'an qui avait fait des tribus incultes un peuple savant, avait,
contrairement aux théories de Ptolémée alors en vigueur, affirmé la fixité du
soleil. Pendant quelque 10 siècles les scientifiques et même les docteurs de l'Islam
raillèrent cette "ignorance" grossière jusqu'à ce qu'au 17ième siècle les théories
de Kepler et de Copernic soient établies ! (19).
Ainsi, Baha'u'llah nous demande de regarder ses lois comme:
"...les lampes de ma tendre providence...les clefs de ma miséricorde.... Ne croyez
pas que nous ayons révélé un simple code de lois. Non, plus exactement, c'est
le vin de choix que, par les doigts de la force et de pouvoir, Nous avons décacheté..."
(20)
Quand l'Amour s'allie à la Connaissance, la religion n'est plus la mise en pratique
dogmatique et péremptoire, la source des innombrables conflits; elle devient une
cause d'unité et de bien-être. Elle éduque non pas par la terreur et la destruction,
mais en transformant les coeurs, éclairant les esprits, pour ensuite transformer
les comportements individuels et collectifs:
"La religion est une radieuse lumière, et une forteresse imprenable pour la protection
et le bien-être des peuples du monde, car le respect de Dieu incite l'homme au
bien et l'éloigne du mal. Si la lampe de la religion faiblit, la confusion et
le chaos s'ensuivent et les lumières de l'équité, de la justice, de la tranquillité
et de la paix s'éteignent à la fois" (21)
Et encore:
"La religion est l'agent le plus puissant pour l'établissement de l'ordre dans
le monde et pour le paisible contentement de ceux qui l'habitent. L'ébranlement
des piliers de la religion a accru la force des ignorants et les a rendus hardis
et pleins d'arrogance. En vérité, je vous le dis, tout ce qui tend à affaiblir
la religion renforce la perversité des méchants et le résultat ne peut être que
l'anarchie." (22)
7. L'Arche de Noé et la confusion de Babel
En faisant une Alliance avec Noé, Dieu lui donne des directives très précises
quant à la construction d'une arche. Noé respecte ce contrat et sa famille et
lui sont sauvés du déluge (Gen 6-7). Dieu établit son alliance éternelle avec
Noé et sa descendance et place l'arc en ciel sur les nuages comme gage de sa promesse
de ne plus détruire la terre. (Gen 9:8-17)
Les descendants de Noé, cependant, s'imaginent suffisants. Ils projettent de se
construire une cité avec une tour pour atteindre le ciel afin "de se faire un
nom", de crainte qu'il ne soient dispersés sur la surface de la terre. Jusqu'alors,
dit la Bible, ils parlaient la même langue. En voulant atteindre le ciel, leurs
langues diffèrent et incapables de communiquer, ils abandonnent leur projet et
se dispersent (Gen 11:1-9) (23).
Puisque la cité symbolise la civilisation et le ciel la source de nos valeurs,
lieu où les étoiles dirigent nos vies en nous donnent les repères du temps et
des points cardinaux, on peut penser que comme Adam et Eve ils auraient encore
caressé le rêve de prendre en charge leur propre destin. En s'érigeant comme égaux
de Dieu, ils se seraient privés de valeurs communes, ce qui aurait entraîné la
confusion, leur échec et leur dispersion.
Il est intéressant de noter que le mot Babel se traduit à la fois comme "la porte
de Dieu" et "la confusion des langues". Ici la langue peut représenter un code
de communication nécessaire à nos relations communes. Si chaque commerçant avait
ses propres poids et mesures, toute transaction deviendrait impossible. La vie
commune exige un minimum de références et de standardisation.
8. l'Alliance, pivot de l'unité
Pour assurer la sécurité des usagers, la sécurité routière impose des règles de
conduite. Vu globalement, comme le voit le P.C. de la Sécurité Routière d'un hélicoptère,
on sait que les contraintes et restrictions du code de la route, sont nécessaire
à la fluidité de la circulation, à la sécurité de tous. Si au volant le code de
la route semble une atteinte à nos libertés individuelles, on sait que si chacun
établissait ses propres lois, il en résulterait le chaos. Avec l'ouverture des
frontières, il devient même indispensable de standardiser les règles de la circulation
en vigueur dans divers pays.
Ce besoin d'harmonie caractérise toutes les entreprises communes. Quelque soit
la valeur des individus, une l'absence d'harmonie et de concertation entraînera
l'échec. Il est a noter cependant, que l'harmonie n'est pas à confondre avec l'uniformité.
Les artisans qui travaillent sur un chantier ont des talents bien différents,
mais quelque soit leur dégrée de maîtrise, ils doivent suivre fidèlement les plans
du même architecte, faute de quoi leur oeuvre deviendrait une aberration. Sans
les directives d'un même maestro, les virtuoses d'un orchestre ne sortiraient
qu'une cacophonie.
En exposant l'importance de suivre les directives des Manifestations divines,
Abdu'l-Baha explique la nécessité essentielle de la diversité au sein de l'humanité,
pour ensuite parler de ce qu'il appelle:
"...un pouvoir général qui domine les sentiments, les opinions et les pensées
de tous grâce auquel ces divisions n'auront plus d'effet, et qui amène tous les
individus sous l'influence de l'unité de l'humanité. (24)
Puis il continue en expliquant:
"...si à la connaissance de Dieu s'ajoutent l'amour de Dieu, l'attraction, l'extase
et la bonne volonté, alors une action pieuse est complète et parfaite. Autrement,
une bonne action aura beau être louable, si elle n'est pas soutenue par la connaissance
de Dieu, l'amour de Dieu, et une intention sincère, elle sera imparfaite." (25)
Et enfin, dans ce texte qui établit avec éloquence la nécessité des Manifestations
divines, Abdu'l-Baha cite les commentaires élogieux de Galien sur premiers Chrétiens
qu'il donne en exemple pour établir la place des principes religieux dans une
civilisation parfaite.
Ainsi, pour qu'une civilisation fonctionne, il faut des efforts désintéressés
et concertés, mais ces efforts doivent graviter dans l'harmonie autour d'un pivot
central qui est l'Alliance. Cette autre affirmation d'Abdu'l-Baha témoigne des
vastes implications de l'Alliance:
"...Il est indubitable que le pivot de l'unité du genre humain n'est autre que
le pouvoir de l'Alliance... la lampe de l'Alliance est la lumière du monde...
la lumière de l'Alliance, est l'éducatrice de l'esprit, du caractère, du coeur
et de l'âme des hommes." (26)
nous pouvons ainsi comprendre Baha'u'llah quand il affirme que sans la reconnaissance
du plan de Dieu, les bonnes actions, aussi méritoires soient-elles, n'aboutiront
qu'à l'échec, au désordre et à l'insécurité:
"Le premier devoir que Dieu prescrit à ses serviteurs est la reconnaissance de
celui qui est l'Aurore de sa révélation, et la Fontaine de ses lois... quiconque
en est privé s'est écarté du bon chemin, même s'il a accompli toutes les bonnes
actions possibles... Ceux que Dieu a doués de clairvoyance reconnaîtront aisément
que les préceptes qu'Il a édictés constituent les plus hauts et les plus puissants
moyens de maintenir l'ordre dans le monde et la sécurité des peuples..." (27)
9. L'obéissance d'Abraham et le pouvoir de l'Alliance
Le respect scrupuleux de l'Alliance reste donc la condition sine qua non de la
réussite de toute entreprise commune. La Bible nous dit qu'une alliance éternelle
s'étant noué entre le Seigneur et Abraham et sa descendance, (Gen 15:18), Abraham
la respecte scrupuleusement. Dieu le met à l'épreuve en lui demandant de sacrifier
son fils unique, Isaac. Abraham se prépare à obéir, mais devant la preuve de sa
soumission, Dieu substitue un animal à ce sacrifice et bénit la descendance d'Abraham
comme les "étoiles du ciel". On sait que sa descendance a enrichie l'humanité
d'une lignée de prophètes qui, caractérisée par cette même soumission inconditionnelle
à l'alliance de Dieu, ont guidé les nations, luisant telle des étoiles dans la
nuit de l'ignorance.
Plus loin dans la Bible, Dieu libère miraculeusement le peuple d'Israël, et établit
avec Moïse, son interlocuteur, une Alliance dont le respect ferait de son peuple
un peuple élu parmi tous. (Exo 19:1-6, 24:1-18). après quelque hésitations et
transgressions, les dix commandements sont inscrits sur les Tablettes de la Loi
et placés dans une "Arche d'Alliance" construite selon des directives précises
(Exo 25, 26, 31, 34:28) qui sera maintenue dans une "Tabernacle": mot hébreux
qui veut dire "la tente de réunion" ou "la tente d'assignation".
Forts de cette union autour de l'Arche de l'Alliance, Josué, successeur de Moïse,
fait triompher ses disciples, sur la ville barricadée de Jericho. En portant l'arche
d'Alliance autour de la cité, les cris et le son des trompettes font effondrer
les murs.(Jos 4, 6:1-6). En lisant cette histoire, comment ne pas penser à la
disparition totalement inattendu et quasiment spontané du "mur de la honte", et
à la disparition récente de tant de systèmes politiques qui nous paraissent immuables
? Cet écrit de Baha'u'llah semble faire allusion à de tels événements:
"Pourquoi avez vous peur mes bien-aimés ? Qui pourrait vous effrayer ? La moindre
humidité suffit à dissoudre la glaise durcie dans laquelle fut modelée cette génération
perverse. Et le seul fait de vous rassembler suffit à briser les forces de ces
êtres méprisables et vains..." (28)
C'est à nouveau la réunion autour de l'Alliance qui assurera la suprématie de
David (CHR 16:15-25), et autour d'une "Nouvelle Alliance" (ou "Nouveau Testament")
que la civilisation chrétienne se substituera à la décadence romaine.
Si l'Alliance crée l'unité, un effort d'unité est également nécessaire de notre
part pour nous intégrer dans l'Alliance. Abdu'l-Baha affirme:
"Soyez certains que si les croyants ne sont pas unis pour accomplir la volonté
de Dieu, ils ne seront pas assistés... dans cette Révélation, tous s'abritent
sous la tente de l'Alliance. C'est dans l'unité seulement que se trouve la force.
sous cette tente, il y a l'union et harmonie. L'Alliance de Dieu en ce jour de
la manifestation est une arche de sauvetage et une planche de salut. Tous les
vrais disciples de la Perfection Bénie sont abrités et protégés dans cette arche.
Quiconque l'abandonne, pour se fier à sa propre volonté et à sa propre force,
se noyera et périra....Il n'y a rien d'équivalent, rien d'aussi efficace que l'Alliance
de Dieu pour conduire vers l'unité et pour la maintenir." (29)
En aucun cas cependant, il ne faut s'imaginer que le pouvoir unificateur de l'Alliance
se résume à la fonction d'un "pivot". En cherchant une explication rationnelle
à l'Alliance, nous n'avons gratté qu'à la surface d'une gigantesque iceberg; on
sait qu'elle fonctionne, les historiens les plus rationnels et les scientifiques
les plus objectifs témoignent de son efficacité, mais nous ne découvrons que quelques
aspects de son mode de fonctionnement. Si tous les ingrédients que nous avons
cités, était réunis, sans l'intervention du Saint Esprit, il ne serait en aucun
cas possible de recréer la vie collective. Cette affirmation d'Abdu'l-Baha en
témoigne:
"...Si on étudie le problème avec perspicacité, on verra que toutes les forces
de l'univers, en dernière analyse, sont au service du Covenant". (30)
Il ne suffit pas de rassembler des éléments minéraux des constituants de la vie
contenus dans le fumier, pour faire naître une fleur; il faut l'intervention d'une
graine venue du monde végétal, monde intangible pour le monde minéral. De même,
il ne suffit pas que les hommes disparates et divisés se donnent la main avec
amour, connaissance, bonne volonté et un pivot commun qu'une nouvelle civilisation
démarre. Pour illustrer cette réalité, un enseignant Baha'i dans la brousse africaine
nous a fait un jour remarquer qu'il ne suffisait pas de rassembler les morceaux
disloqués d'une chèvre pour qu'elle reprenne vie !
Il faut l'intervention d'une force émanent du monde spirituel, monde qui échappé
à nos cinq sens et à notre compréhension. L'Unité de la Race Humaine, telle que
la Foi Baha'ie le conçoit, implique un processus miraculeux. Ceci ne veut pas
dire que sa réalisation échappera aux lois physiques, mais plutôt que les événements
qui y mènent échappent au contrôle humain. De cette puissante force qui anime
l'Alliance, Abdu'l-Baha dit:
"L'Alliance est un Astre qui luit et qui rayonne sur l'univers. En vérité, ses
feux dissiperont les ténèbres, son océan rejettera l'écume du doute sur les rives
de la perdition. En vérité, dans le monde, rien ne peut résister au pouvoir du
Royaume. Toute l'humanité réunie serait-elle capable d'empêcher le soleil de répandre
sa lumière, les vents de souffler, les nuages de se transformer en pluie, les
montagnes d'être inébranlables ou le étoiles de briller ? Non ! par Dieu, le Clément.
Tout (dans le monde) est sujet à corruption, mais le Covenant de Ton Dieu continuera
à pénétrer toutes les régions." (31)
Et plus catégoriquement encore:
"...pouvoir mystérieux - loin, très loin de la portée des hommes et des anges;...
la cause de toutes les activités extérieures. Il émeut les coeurs. Il déchire
les montagnes. Il administre les affaires complexes de la Cause. Il inspire les
amis. Il brise en mille morceaux toutes les forces d'opposition. Il crée de nouveaux
mondes spirituels." (32)
10. Foi dans le Pouvoir de l'Alliance
Au-delà des explications, le pouvoir de l'Alliance rejoint les grands mystères
de l'existence dont l'homme découvre progressivement l'étendu infini. La nature
intime de l'électricité échappée à l'entendement humain, mais on en connaît les
avantages. Pour en bénéficier, il est utile de connaître le mode de fonctionnement
des appareils et les règles de sécurité, mais cette connaissance ne suffit pas;
avant tout il faut reconnaître la bonne prise, s'équiper d'un fil en bon état,
puis faire acte de foi en branchant fermement la prise. L'agriculteur peut ignorer
les phénomènes osmotiques et physico-chimiques qui font pousser ses plantes, mais
il sait qu'en tout état de cause il faut faire un acte de foi en sacrifiant une
partie de sa récolte précédant en semis, puis en veillant sur ses graines avec
confiance, les arrosant et les soignant avec persévérance afin de voir germer
depuis le monde invisible les résultats de ses labeurs: une bonne récolte.
De même, le pouvoir dégagé par l'Alliance dépasse l'entendement humain, mais pour
en bénéficier, l'homme doit se munir de confiance: sentiment qui n'est pas à confondre
avec une foi aveugle qui se cristallise sur une fermeture dogmatique à l'exclusion
d'une réflexion continue et d'une étude approfondie du comment et du pourquoi.
On se souvient de St Pierre marchant sur l'eau, comme le Christ, jusqu'à ce qu'étonné
par sa propre performance, il doute; alors il commence à couler. Beaucoup plus
près de nous, les historiens sympathisants et adversaires de la Foi du Bab racontent
avec ahurissement les pouvoirs mystérieux manifestés par une bande de frêles étudiants
en théologie assiégés lors des événements de Mazindaran dans la forteresse de
Sheikh Tabarsi.
Alors que les canons les assaillaient de tout part, Quddus repoussa négligemment
du pied un boulet qui venait de traverser les murs de la forteresse tout en rassurant
ses compagnons:
"...si vous vous laissez vos coeurs s'agiter un instant devant la tonnerre de
ces canons qui, avec une violence croissante feront pleuvoir leurs projectiles
sur ce fort, vous vous serez exclus de la forteresse de la protection Divine."
(33)
Aux pèlerins qui le quittent à Saint Jean d'Acre, Abdu'l-Baha explique que ce
pouvoir est engendré par la confiance dans le covenant:
"Maintenant je vous donne un commandement qui sera une Alliance entre vous et
Moi - que vous ayez la foi; que votre foi soit aussi ferme qu'un rocher qu'aucune
tempête ne puisse ébranler, que rien ne puisse perturber, et qu'elle endure toutes
choses... C'est à la mesure de votre foi que seront vos pouvoirs et vos bénédictions."
(34)
Et par ailleurs:
"Soyez assurés que si une âme manifeste la plus grande constance, proclame l'Appel
du Royaume et promulgue résolument le Covenant - ne fût-elle qu'une petite fourmi
insignifiante, elle sera en mesure de chasser l'éléphant formidable de l'arène,
et ne fût-elle qu'une faible mite, elle pourra dévorer le plumage d'un vautour
rapace" (35)
11. La Protection de l'Alliance
L'histoire montre que les pactes et les alliances ont été souvent rompus. Si l'adhésion
était spontanée et automatique, il n'y aurait pas besoin d'alliance; il n'existe
pas de texte pour nous engager à boire ou à respirer ! L'Alliance avec Dieu dispose
donc de mesures de protection.
La première source de violation de l'Alliance vient du vieillissement du code
de lois avec une régression des humains vers leur condition primitive. Le défaut
de spiritualité dans une structure religieuse défaillante que l'on veut ranimer,
l'usage de cette structure comme alibi dans une quête pour le pouvoir peuvent
inciter les dépositaires même de la loi Divine à abuser de leur mandat d'une façon
despotique et intolérante. Il est clair que l'on ne peut en aucun cas accuser
le Christ ou Mahomet pour les massacres, les purges et les inquisitions perpétrées
par les hommes en leur nom. La religion, comme toute autre institution de ce monde,
est soumise aux lois du vieillissement. C'est justement pour cela qu'elle doit
se renouveler d'époque en époque et chaque Manifestation divine établit une alliance
avec ses disciples quant au renouvellement de son message par la Manifestation
suivante.
Une deuxième cause de violation est la recherche de pouvoir parmi les disciples
après la disparition de la Manifestation divine. C'est l'origine des schismes
au sein du Christianisme et de l'Islam. Pour sauvegarder l'unité durant la présente
dispensation, Baha'u'llah a établi une "petite Alliance", concernant Abdu'l-Baha,
et tout deux ont détaillé le mode de fonctionnement d'un un Ordre Administratif
qui doit assurer l'intégrité de l'Alliance et, selon les termes de Shoghi Effendi,
"diriger et canaliser ces forces libérées par ce processus providentiel" (36).
Les dispositions ainsi prises garantissent contre les schismes. L'histoire du
siècle écoulé a largement démontré la solidité de cette Alliance face aux nombreuses
attaques, confirmant la promesse de Baha'u'llah à propos de ce jour qui sera:"le
jour qui ne sera pas suivi de nuit". A ce sujet Abdu'l-Baha affirme:
"Ce Covenant est si ferme et si puissant que depuis l'origine des temps jusqu'au
jour présent aucune Dispensation religieuse n'a produit son pareil.... il est
indubitable que le pivot de l'unité du genre humain n'est autre que le pouvoir
du Covenant." (36)
Il ne faut cependant confondre cet optimisme avec la foi dans une transformation
soudaine de la nature humaine. L'humain est et restera capable du meilleur et
du pire, et au fur et à mesure que les possibilités techniques se déploient, le
pire devient de plus en plus diabolique. Du temps du Christ un ivrogne tombait
de son âne ou, au pire, si il avait le pouvoir, condamnait un innocent ou un peuple
à la mort. De notre temps, un marin, un aviateur, un ingénieur de centrale nucléaire
ou un président de la république ivres peuvent déclencher des catastrophes de
portée planétaires qui peuvent durer des millénaires.
12. Enseigner l'Alliance
C'est d'abord grâce à une éducation appropriée que ses capacités latentes peuvent
se manifestent pour son bénéfice et pour celui de son entourage (37). Cette prise
de conscience est en soi une récompense. Abdu'l-Baha affirme:
"L'homme peut-il imaginer une bénédiction plus grande que de savoir que, par l'assistance
divine, les moyens de confort, de paix, et de prospérité de la race humaine sont
entre ses mains ?" (38)
La vraie récompense d'une action, c'est son résultat: la récompense de l'artiste,
c'est son tableau et la plus grande punition pour un malfaiteur est sa déchéance
et la perte d'occasions pour accomplir sa raison d'être dans ce monde, en d'autres
termes, le service à l'humanité. Baha'u'llah affirme:
"...Les âmes des infidèles - et cela je l'atteste - au moment de rendre à Dieu
leur dernier souffle, prendront conscience de toutes les bonnes choses qu'elles
auront négligées d'acquérir. Elles se lamenteront sur leur sort et s'humilieront
devant Dieu, et elles continueront de le faire après qu'elles auront quitté leurs
corps.
Il est clair et évident qu'après leur mort physique, tous les hommes prendront
conscience de la valeur de leurs actes et comprendront pleinement ce que leurs
mains ont forgé..." (39)
Or il persistera des malfaiteurs car il ne sera jamais facile à l'individu de
façonner parfaitement sa vie selon les préceptes de Dieu car les pulsions naturelles
l'attirent vers son état primitif et la régression à l'état sauvage est plus aisée
que l'élévation vers les sommets d'humanitude. Même Abdu'l-Baha, exemple parfait
de la vie Baha'ie déclarait que ses genoux tremblaient quand il pensait aux épreuves
de Dieu !
13. La récompense et la punition
Que ce soit par la négligence de l'éducateur ou par manque d'éducation de l'individu,
les transgressions envers l'Alliance ont toujours existé et existeront toujours.
Les écrit Baha'is abondent en conseils pour l'individu, mais en aucun celui-ci
est incité à s'occuper des faiblesses de son prochain. Bien au contraire, il doit
être aveugle aux fautes d'autrui, pardonner celui qui l'a offensé, et à la rigueur
suggérer des améliorations à son prochain dans un esprit d'amour et camaraderie.
Ce point capital ayant été souligné, il faut préciser qu'il en est tout autrement
pour la société qui est responsable de la sécurité et le bien-être de ses membres.
Etant redevable à l'égard des citoyens quant à la justice social, la collectivité
a le devoir de sanctionner les manquements lorsque cela s'avère nécessaire. Ainsi,
Baha'u'llah affirme sans détour que la structure de l'ordre et de la stabilité
du monde repose sur les deux piliers de la récompense et de la punition (40).
Le testament d'Abdu'l-Baha, un véritable plaidoyer pour l'amour et l'unité, une
affirmation de pardon pour ceux qui l'avaient offensés, est aussi une mise en
garde contre les violateurs de l'Alliance et du besoin de protéger les Amis contre
la contagion.
Toutefois, le traitement d'un malfaiteur ne doit en aucun cas être perçu comme
une vengeance, mais comme une mesure éducative pour le contrevenant et une protection
pour la société qu'il a mis en danger (41).. Baha'u'llah confirme ceci en s'en
remettant à la Loi Divine et non à Son propre pardon pour la justice de son éventuel
agresseur:
"Dieu m'en est témoin ! N'eussé-je pas ainsi contrevenu à ce qu'ont décrété les
tablettes divines, j'aurais volontiers baisé les mains de quiconque eût voulu
répandre mon sang dans le chemin du Bien-Aimé ... encore que celui qui eût perpétré
une telle action eût provoqué la colère du tout puissant, encouru sa malédiction
et mérité d'être tourmenté durant l'éternité de Dieu...." (42)
14. La loi, l'ordre et le désordre
Puisque l'Alliance est le pivot de l'ordre de la civilisation, le renouvellement
de cet ordre entraîne un désordre passager, avec la la perte de certains points
de repère, ou en langage symbolique, "chute des étoiles" dans le ciel de la révélation
précédant. Baha'u'llah écrit:
"Toutes les fois qu'apparaissent mes lois, tel le soleil dans le ciel de ma parole,
elles doivent être fidèlement obéies de tous, lors même que se fendrait, devant
un tel décret, le ciel de toutes les religions." (43)
Inutile de dire, un tel changement bouscule les esprits qui somnolent, confortablement
installés dans leurs habitudes Baha'u'llah écrit:
" Sache que l'essence de justice et la source d'où elle dérive s'incarnent dans
les préceptes prescrits par Celui qui est la manifestation de Dieu Lui-même parmi
les hommes... Même si sa loi devait semer l'épouvante dans les coeurs...cette
loi ne serait encore que justice manifeste. Les troubles et la terreur que la
révélation de cette loi peut jeter dans les coeurs sont comparables aux cris d'effroi
du bébé privé du sein de sa mère....Si les hommes pouvaient pénétrer l'intention
profonde de la révélation divine, ils rejetteraient toute crainte,et leur coeur
se remplirait même d'allégresse et de gratitude." (44)
L'aboutissement de ce désordre, sera une nouvelle civilisation:
"Bientôt le présent ordre des choses sera révolu et un nouvel ordre prendra sa
place...le jour approche, ou nous aurons établi un Monde Nouveau en place de l'ancien.
Car le pouvoir Divin s'étend sur toutes choses...L'équilibre du monde, a été renversé
par les puissantes vibrations de ce très grand, de ce nouvel ordre de choses.
Par l'action de ce merveilleux, de ce système unique dont l'oeil mortel n'en avait
jamais contemplé de semblable, le mode de vie de l'humanité a été révolutionné...
L'ordre des choses qui maintenant prévaut s'avérant d'une lamentable insuffisance,
les signes de convulsions et d'un chaos imminent peuvent être discernés." (45)
Il est intéressant de voir la révélation de Saint Jean concernant cette nouvelle
"cité" ou civilisation qui disposant d'un nouveau "ciel", verra le "tabernacle"
de Dieu (code de lois) établi parmi les hommes:
"Je vis un nouveau ciel et une nouvelle terre, car le premier ciel et la première
terre avaient disparu... et je vis descendre du ciel, d'auprès de Dieu, la ville
sainte, la nouvelle Jérusalem, prête comme une épouse qui s'est parée pour son
époux. J'entendis du trône une forte voix qui disait : Voici le tabernacle de
Dieu avec les hommes; Il habitera avec eux, ils seront son peuple, et Dieu lui
même sera avec eux. Il essuiera toute larme de leurs yeux, et la mort ne sera
plus, et il n'y aura plus ni deuil, ni cri, ni douleur, car les premières choses
ont disparu... Celui qui était assis sur le trône dit: Voici, je fais toutes choses
nouvelles. Et il dit: Ecris, car ces paroles sont certaines et vraies." (Apo 21:1-5)
Les allusions du Bab concernant ce jour n'en sont pas moins optimistes:
"Nul ne connaît encore le secret du Jour qui doit venir. Il ne peut être divulgué
et nul ne peut s'en faire une idée.
L'enfant nouveau-né de ce Jour sera plus avancé que les hommes les plus sages
et les plus vénérables de notre temps. Le plus humble, le plus ignorant de cette
époque-là surpassera en connaissances les théologiens les plus érudits et les
plus accomplis de nos jours." (46)
15. Un ordre évolutif
Il est important de se situer dans le contexte de la Manifestation divine qui
donne des lois pour au moins mille ans, mais dont le langage doit aussi être accessible
à ses contemporains, sous peine de rester totalement incompris. Inutile de dire
que la gestion d'une société aussi évolutive que celle que le Bab prédit, requiert
des lois évolutives. Alors que les structures religieuses du passé se sont encombrées
d'une jurisprudence poussiéreuses de plusieurs siècles, l'une des caractéristiques
marquantes de l'Alliance de Baha'u'llah est la possibilité d'adaptation aux besoins
évolutifs de chaque époque:
"Tout âge a son problème propre, toute âme son aspiration particulière. Le remède
qui convient aux afflictions du présent jour ne saurait être celui que réclameront
les maux d'un âge ultérieur. Enquérez-vous soigneusement des besoins de l'âge
où vous vivez et que toutes vos délibérations portent sur ce que cet âge exige
et requiert." (47)
Dans le cadre des limites imposées par la révélation de Baha'u'llah, et selon
les termes précises de Baha'u'llah et d'Abdu'l-Baha, notamment dans son testament,
la Maison Universelle de Justice est initiateur et abrogateur de ses propres lois
et doit légiférer en fonction des besoins propres à chaque époque, et à chaque
cas particulier:
"...Puisque chaque jour il y a un nouveau problème, et pour chaque problème il
y a une solution appropriée, de telles matières doivent être transmises à la Maison
de Justice pour que ses membres puissent agir selon les besoins et les exigences
de l'époque." (48)
Ainsi, l'Alliance servira de guide, de soutien et de ciment pour la restructuration
d'une nouvelle civilisation. Cet extrait d'une lettre de Shoghi Effendi adressée
aux Baha'is des Etats-Unis le 23 février 1924 semble bien résumer l'attitude pratique
des croyants dans notre période de transition:
"...Notre bien-aimé maître, dans son testament, ne nous demande pas seulement
de l'adopter (le Nouvel Ordre Mondial) sans réserve, mais d'en dévoiler les mérites
au monde. Il serait prématuré et présomptueux de notre part d'essayer d'en évaluer
toute la valeur et d'en saisir la signification exacte après si peu de temps.
Nous devons faire confiance au temps, et aux directives de la Maison Universelle
de Justice de Dieu, pour obtenir une compréhension plus claire et plus complète
de ses dispositions et de sa portée. Mais un mot d'avertissement s'impose ici.
Prenons garde de ne pas mesurer trop strictement le Plan Divin à l'échelle humaine.
Je ne puis déclarer qu'il soit en accord - en principe ou par la méthode - avec
les notions courantes qui prédominent dans la pensée des hommes, ni qu'il doive
se conformer à ces mesures imparfaites, précaires et expéditives auxquelles l'humanité
troublée recourt fiévreusement. Douterons-nous que les voies de Dieu ne sont pas
nécessairement les voies de l'homme ? La foi n'est elle pas synonyme d'obéissance
absolue, de fidélité sincère, d'adhésion intransigeante à ce que nous croyons
être la volonté révélée et expresse de Dieu, aussi embarrassant que cela puisse
d'abord paraître, aussi en contradiction que cela soit avec les vues confuses,
les doctrines impuissantes, les théories brutales, les imaginations vaines, les
conceptions courantes d'un âge transitoire et troublé ? Si nous devions faillir
ou hésiter, si notre amour pour Lui devait cesser de nous guider et de nous maintenir
dans Son sentier, si nous abandonnions les Principes divins et absolus, quel espoir
nous resterait-il de guérir les maux et les maladies de ce monde ?"
Bibliographie
1. Abdu'l-Baha in Baluzi Abd p174, PUP 9-10*
2. Abdu'l-Baha, Lettre au Pr FOREL
3. Abdu'l-Baha, LSJA, § LXXXIV
4. Abdu'l-Baha in Baluzi Abd, p 232, PUP pp 233-34*
5. Voir René Girard, La Violence et le Sacré, Grasset, 1972 ;et Des choses cachés
depuis la fondation du monde, Grasset 1978
6. voir la Causerie d'Abdu'l-Baha sur les quatres sortes d'Amour, Londres, 4 janvier
1913.
7. Baha'u'llah, Paroles Cachés
8. Baha'u'llah, Extraits § CXXXI
9. voir Causerie d'Abdu'l-Baha, Paris, 18 octobre 1911
10. voir Abdu'l-Baha, LSJA § LXXXIV
11. Baha'u'llah, Extraits § CXXXIII
12. voir Baha'u'llah, Extraits § LXXI, LXVI
13. voir Baha'u'llah, Extraits § LXXXVIII
14. voir Baha'u'llah, Extraits § CIX
15. Abdu'l-Baha, cité par May Maxwell, An Early Pilgrimage; p 41-2, in Baluzi
Abd p73*
16. Baha'u'llah, in Vers l'Apogée de la race humaine, voir aussi Baha'u'llah,
Extraits § XXXIV
17. MONOD Jacques, Le Hazard et la Nécessité, Seuil 1970, pp177-94
18. Baha'u'llah, Extraits § CI
19. voir Abdu'l-Baha, LSJA § VII
20. Baha'u'llah, Extraits § CLV
21. Baha'u'llah in Vers l'Apogée de la race humaine; p 37
22. Baha'u'llah in Vers l'Apogée de la race humaine
23. voir aussi Baha'u'llah, § Extraits LXXXVII
24. Abdu'l-Baha, LSJA § LXXXIV
25. Abdu'l-Baha, LSJA § LXXXIV
26. Abdu'l-Baha, in Dieu passe Près de Nous, p 238-239
27. Baha'u'llah, Extraits § CLV
28. Baha'u'llah, Extraits § XLIII
29. Abdu'l-Baha, Star of the West Vol VIII, p 222*.
30. Abdu'l-Baha, Star of the West, vol XI, p 242*, voir aussi Abdu'l-Baha, causeries
à Paris, 18 novembre 1911
31. Abdu'l-Baha, Star of the West, Vol VI p 107*
32. Abdu'l-Baha, Covenant of Baha'u'llah p 70, in Pouvoir de l'Alliance
33. La Chronique de Nabil
34. Abdu'l-Baha, cité par May Maxwell, An Early Pilgrimage, p 41-2, in Baluzi
Abd p73*
35. Abdu'l-Baha, Star of The West, Vol X, p 265*
36. Dieu Passe Près de Nous pp. 238-39; voir aussi Louis HENUZET, L'Ordre Administratif
de Baha'u'llah.
37. voir Baha'u'llah, Extraits § CXXII
38. Abdu'l-Baha,Divine Art of Living, 1926 Edition, p 31*
39. Baha'u'llah, Extraits §LXXXVI; voir aussi Extraits §
40. voir Baha'u'llah, Extraits § XLVIII, CXII
41. Baha'u'llah, Extraits § XLVIII
42. voir Abdu'l-Baha, LSJA § LXXVIII
43. Baha'u'llah, Extraits, § CLV
44. Baha'u'llah, Extraits, § LXXVIII
45. Baha'u'llah, in Vers Apogée de la race humaine p37
46. Le Bab, Epitre aux lettres du Vivant
47. Baha'u'llah, Extraits, § CVI
48. Baha'u'llah, 8ème Ishraq, Foi Mondiale Baha'ie
Baluzi Abd: H.M.BALUZI, Biographie d'Abdu'l-baha; Extraits: Extraits des Ecrits
de Baha'u'llah;
LSJA: Leçons de Saint Jean d'Acre;
* traductions non révisées. Publié dans " La Pensée Baha'ie " - Dr Farhan YAZDANI,
Decembre 1992