Médiathèque baha'ie

Sécurité pour un Monde en Désarroi
par Stanwood COBB
(extrait)


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Chapitre 1

Il y a quelques années seulement, l'intelligence de l'Homme dominant le monde grâce au pouvoir de la Science semblait en mesure d'assurer à l'Humanité une civilisation toujours progressive. La Paix mondiale et les progrès technologiques universels faisaient présager la proche réalisation de la prospérité et la sécurité pour tous les individus.

Tout ceci n'apparaît plus maintenant que comme un rêve du passé ! Aujourd'hui il n'est plus nulle part de sécurité, ni politique ni économique.

Pourquoi l'Homme, malgré sa merveilleuse intelligence, ses étonnantes aptitudes scientifiques, sa puissante technique qui permet de dominer tellement la nature, se trouve-t-il impuissant à soutenir et à conserver une civilisation stable ?

L'impuissance de l'Homme en face des catastrophes mondiales est due non à son intelligence mais à ses sentiments. L'intellect de l'Homme s'est affiné jusqu'à devenir un instrument efficace, prêt à servir sa volonté; mais ses sentiments, loin d'être aussi dociles, sont toujours parvenus à le maintenir sous leur emprise. Ce sont eux qui gouvernent l'Homme lequel, à son tour, cherche à gouverner l'univers.

D'ailleurs, puisque nul ne peut jamais prévoir jusqu'à quel point ni dans quel but les passions de l'Homme peuvent s'enflammer, de même, dans l'organisation actuelle de l'Humanité, personne ne peut prévoir ce que l'Homme fera de la civilisation actuelle née de son intelligence.

Mais ce ne sont pas seulement les émotions violentes qui ruinent notre civilisation moderne. Il y a encore le vice tenace et caché de la convoitise qui, tel un acide, se fraie un chemin au travers de toute substance. Les ambitions, tant individuelles que nationales, sont parvenues à bouleverser toute la structure économique de l'Humanité, à tel point qu'il n'est plus de sécurité, pas même pour les riches. Personne n'entrevoit clairement comment on pourrait reconstruire le monde. Et même si l'on en conçoit la nécessité, personne n'a le pouvoir d'imprimer une orientation nouvelle aux sentiments et à la volonté des hommes au point de réaliser la réforme nécessaire qui, pour être efficace, doit s'étendre à la Terre entière.

Nombre de gens pensent que, quelles que soient les causes du chaos actuel dans lequel se débat le monde, la première condition d'une réforme et d'une stabilisation est une régénération spirituelle de l'Humanité. Celle-ci doit acquérir une compréhension plus profonde de la fraternité individuelle, nationale et raciale. Par son intelligence, l'Homme s'en est déjà rendu compte. Il doit maintenant, dans sa vie affective, réaliser l'actuelle interdépendance de tous les peuples. Aujourd'hui, ni les individus, ni les classes, ni les communautés ne peuvent vivre isolés. Tous sont unis par des liens indissolubles.

Tant au point de vue social qu'au point de vue économique, cette planète constitue nettement une unité organique. La prospérité de tous dépend de la prospérité de chacun, tout comme la prospérité de chacun est fonction de la prospérité de tous. Une nation ne pourrait demeurer florissante quand toutes les autres sont plongées dans le marasme économique. Notre civilisation moderne, industrielle et technique, exige un libre-échange universel des matières premières et des produits. La prospérité du monde entier, de même que celle de n'importe quel pays, dépend, non seulement de son pouvoir de production, mais également de son pouvoir d'achat. Si l'une des grandes nations est perdue comme consommatrice des produits mondiaux, le monde entier en souffre tout autant qu'elle-même.

Il en est ainsi pour chaque pays. La prospérité collective est fonction de la prospérité individuelle. L'égoïsme, l'agressivité et l'exploitation dont fait preuve un groupe ne nuisent pas seulement aux autres mais finissent par nuire - comme un choc en retour - au groupe fautif lui-même. Le capitalisme qui prélève plus que sa part des profits industriels se fait finalement du tort en diminuant le pouvoir de consommation des masses; de même, si les masses usurpent tout le pouvoir, elles se privent de la direction nécessaire à une organisation industrielle efficace.


Chapitre 2

Ces vérités sont accessibles à notre intelligence. Mais la simple compréhension n'exerce aucun effet sur la manière dont pourrait s'opérer actuellement une transformation de nos institutions économiques et politiques. Ces idéaux nouveaux n'ont pas encore pénétré assez profondément la vie affective de l'Humanité pour susciter une action.
Qui provoquera ce changement ? Un appel à l'intelligence collective et le stimulant de cette simple mise en garde : " Si vous ne changez pas, vous en souffrirez " ?

Non ! Étaler simplement les faits sous les yeux des hommes ne les induira pas à ennoblir leurs méthodes d'action. Une force d'un ordre plus élevé est nécessaire pour changer le cours de cette vaste marée humaine qui évolue si rapidement. Une telle force doit nécessairement être de nature spirituelle, capable de s'instiller dans le coeur de l'Homme et de le transformer.

Cela s'est produit dans le passé. Nous savons que la Religion engendre le sentiment le plus puissant qui puisse étreindre le coeur humain. Nous savons qu'elle est capable de prendre possession de l'être tout entier et d'assigner aux autres émotions leur rôle véritable.

Sous l'influence de la Religion, l'Homme est animé du désir de négliger ses fins personnelles pour se consacrer à des idéaux et à des objectifs universels, souhaitant y vouer non seulement son intelligence et ses forces, mais encore sa vie. Voilà ce qui est nécessaire aujourd'hui; bien des personnes réfléchies le pensent et expriment cette opinion.

D'où viendra cette régénérescence spirituelle si indispensable ? En quel coin de l'horizon peut-on s'attendre à la voir paraître ?

Nous devons nous rendre compte que cette renaissance spirituelle tant attendue ne doit pas seulement résoudre les difficultés nationales, mais aussi les problèmes internationaux. Elle doit unir le monde entier dans un profond sentiment d'entraide et de fraternité. Elle doit dominer les émotions qui conduisent aux conflits économiques et militaires. Elle doit créer une Assemblée des Nations soutenue - après une mutuelle entente - par une force internationale et par la puissance des idéaux internationaux. Elle doit codifier une éthique commune et harmonieuse. Elle doit élever l'ensemble des peuples sur un même plan spirituel.

Nous devons comprendre aujourd'hui que le monde ne peut continuer à vivre s'il reste divisé par des conventions divergentes des morales variées, souvent antagonistes, et par des religions distinctes tellement surchargées de traditions qu'il leur semble impossible de s'assembler en une fraternité active ou de se syncrétiser.

Les peuples doivent s'unir par une seule religion et une culture commune qui s'exprimeront en une langue auxiliaire universelle adjointe à la langue nationale de chaque pays.


Chapitre 3

Parmi les grandes religions mondiales, est-il possible d'en trouver une capable de rallier l'Humanité tout entière à un tel programme universel ?

Pouvons-nous compter sur une renaissance complète de la Chrétienté? Naturellement, tout chrétien sincère désire que sa religion y parvienne. Ce fut toujours l'espoir indéfectible des Chrétiens depuis le début du Christianisme. Cependant, aujourd'hui, la possibilité de réaliser cette espérance s'avère beaucoup plus lointaine encore que durant les dix premiers siècles évangéliques. Et même si un tel événement se produisait, il resterait encore à résoudre le problème d'unir le reste du monde au Christianisme, afin de former une vaste fraternité.

Jusqu'au Moyen-Âge et même après, la religion chrétienne fut en continuelle expansion. Elle progressa jusqu'à englober tout l'Occident. Elle s'étendit ensuite par la colonisation et la propagation au Nouveau Monde tout entier. Mais les tentatives ultérieures de la Chrétienté pour absorber les religions orientales ont - reconnaissons-le honnêtement - abouti à un échec.

Le Christianisme n'a eu aucune prise sur l'Islam. L'Islam est également une religion où le prosélytisme est puissant. Il croit fermement en sa propre authenticité et dans sa mission de conquérir le monde. En Afrique, la propagande a été ai puissante que tout ce continent a été pratiquement entraîné dans son sillage.
Les conversions au Christianisme n'y ont pas atteint un dixième de celles enregistrées par l'Islam. Actuellement, l'Afrique, exception faite des Européens qui y séjournent, est pratiquement devenue un continent musulman.

Dirons-nous alors que l'Islam est la religion capable d'unifier le monde ? Une telle supposition, blessante pour les Chrétiens zélés, est tout aussi improbable.

Existe-t-il une autre religion établie qui soit capable de rallier le monde sous sa bannière ? Le Bouddhisme par exemple, ou l'un des mouvements rattachés à l'Hindouisme ? Là se révèle une impossibilité plus grande encore de réaliser l'unité mondiale.

L'obstacle principal au triomphe d'une des religions mondiales actuelles sur les autres, est la nécessité où se trouve le missionnaire de prouver aux fidèles d'une autre croyance que, malgré la valeur de cette dernière, la sienne est supérieure. Parfois, quand une telle assertion est présentée sincèrement et soutenue par une magnifique démonstration spirituelle dans le caractère et la vie du missionnaire, elle est acceptée et provoque une adhésion nouvelle. Mais le plus souvent le sentiment de la loyauté, ancré dans la nature humaine et qui s'exprime plus puissamment encore dans la religion que dans n'importe quelle autre sphère d'action, empêche tout adhérent fervent d'une religion de la remplacer par une autre. On peut sympathiser profondément avec les principes spirituels formulés par une autre religion sans cependant vouloir abandonner sa propre foi traditionnelle.

Parmi les grandes religions mondiales établies, le prosélytisme n'a pas remporté le succès qui indiquerait la possibilité de réaliser une unité religieuse mondiale. La prédominance d'une seule de ces grandes institutions ecclésiastiques, développées en d'importants édifices, demeure improbable, car elles restent toutes, en raison de leur caractère, incapables de céder une partie de leur souveraineté aux autres.

Pourtant, il reste évident que la religion est la seule force capable de fondre toutes les nations, races et croyances du monde, en une unité active et bienveillante.

" Tout pouvoir humain n'a qu'une influence limitée. Il peut unir deux personnes, deux tribus, deux communautés, ou tout au plus deux nations. D'autre part cette unité s'avère temporaire et peut être abrogée par un revirement de l'une ou de l'autre des parties contractantes.

"Le pouvoir divin, au contraire, unit les nations et les peuples; il les scelle ensemble par un lien de fraternité et de paix pour des âges et des cycles... Le pouvoir divin est nécessaire pour atteindre ce but universel...

"Sans lui une communion idéale ne sera pas possible entre les enfants des hommes : ils peuvent réaliser une union temporaire de quelques années, ils peuvent aussi assembler divers éléments qui formeront un mélange confus. Mais il faut un dissolvant pour leur permettre de se fondre et de s'unir d'une manière parfaite. Dans le monde humain, cet élément de liaison est la puissance de l'Esprit Saint qui amalgamera et fusionnera parfaitement les éléments et les différents constituants des diverses religions et nations ". (Abdu'l-Baha : Divine Art of Living).


Chapitre 4

Actuellement aucune force, aucun pouvoir ne peut restaurer ni stabiliser la prospérité mondiale Si ce n'est l'éveil de l'Homme aux réalités éternelles et son obéissance à ces commandements divins : unité, amour et altruisme. Cet évangile a déjà été prêché mais aujourd'hui il est nécessaire de le prôner à nouveau. Et comme si la destinée avait prévu la situation mondiale du vingtième siècle, elle a déjà préparé le remède contre la maladie. Il existe - en ce moment même de marasme social, économique et politique - un mouvement spirituel si dynamique et si puissant, qu'il effectue déjà une miraculeuse transformation universelle dans les mobiles qui inspirent la conduite individuelle et collective des hommes.

Au coeur du matérialisme le plus étendu et le plus flagrant que le monde ait jamais connu depuis l'empire romain, alors que chacun est plus ou moins livré à lui-même, que les grandes religions du monde, si anciennes et si dépourvues de vitalité, n'ont plus qu'une incidence très limitée sur la vie morale et spirituelle, un mouvement fécond en promesses a surgi, le nouvel Ordre mondial de Baha'u'llah.

Quelles sont les caractéristiques de ce Mouvement qui contient une telle promesse d'unification du Genre humain, une telle promesse d'un perfectionnement spirituel de l'individu ? En quoi son éclosion est-elle comparable à celle des grands Mouvements spirituels du passé ?

En tout premier lieu la Foi Baha'ie proclame - comme le Zoroastrisme, le Judaïsme, le Bouddhisme, le Christianisme et l'Islamisme - qu'elle est une Révélation. C'est en cela que réside sa puissance. Car, bien que l'idée d'une Révélation particulière puisse sembler douteuse à l'esprit moderne et d'un accord difficile avec les données de la Science, chacune des grandes religions cependant a revendiqué ce titre et c'est en raison d'une telle proclamation que fut acquise l'obéissance de ses adhérents.

On peut affirmer qu'actuellement aucun mouvement ne peut régner sur le coeur et la conscience du monde entier s'il ne proclame et ne démontre son authenticité et son autorité divines.

En second lieu, la Foi Baha'ie a fait preuve d'un pouvoir étonnant en insufflant le zèle du sacrifice à ses fidèles. Cette exigence spirituelle se rencontre dans la Foi Baha'ie avec la même intensité que dans les religions des Hébreux, des Bouddhistes, des Chrétiens et des Musulmans. Une religion qui n'inspire pas d'ardeur est inconcevable. Car le rôle essentiel de la Religion est de spiritualiser les émotions, de les souder sous un feu intense afin de réduire jusqu'aux moindres impulsions négatives de la nature humaine et lui donner un caractère si élevé qu'elle ennoblisse jusqu'aux instincts vulgaires de l'Homme. Sans zèle, la foi ne peut pas progresser. Dans les premières phases de leur développement toutes les religions affrontent l'opposition, les persécutions et le martyre. Ce n'est que par leur zèle que les premiers adeptes peuvent persévérer.

Au cours de son histoire, depuis 1844, la Foi Baha'ie a payé un lourd tribut par ses martyres. Ses fidèles ont perdu leurs propriétés, leur famille, leur vie même. Des fils ont été cruellement torturés et massacrés sous les yeux de leur père; des pères ont péri devant leurs fils. Bref, le sang de quelque vingt mille martyrs a fertilisé le berceau de la Foi Baha'ie.

En troisième lieu, la Foi Baha'ie contient un code de doctrines définies aux points de vue spirituel, moral et social. Sa doctrine spirituelle est simple, de compréhension facile et en parfaite concordance avec les données de la Science. Ses principes de morale individuelle sont élevés et s'imposent. En ce qui concerne la collectivité humaine, son programme est si étendu et cependant si pratique qu'il force l'admiration des hommes d'État, des éducateurs, des économistes, des philosophes, en fait, de toute personne réfléchie.

Le nouvel Ordre Mondial de Baha'u'llah exerce un pouvoir d'attraction universel unique. Il touche des personnes de toutes classes, il est à la portée de tous les degrés d'intelligence et de culture. Parmi ses adhérents se trouvent déjà de grands hommes d'État ainsi qu'une souveraine (Reine Marie de Roumanie 1875-1938). Il répond tant à l'érudit et à l'homme d'affaires qu'aux êtres les moins instruits.

La Foi Baha'ie, comme toutes les grandes forces spirituelles, démontre son pouvoir d'abolir les préjugés et d'unifier en une fraternité vivante les membres de religions diverses, de races et de nations différentes. Tel est le genre de miracle dont le Mouvement Baha'i se glorifie. Sas preuves reposent, non sur la naissance miraculeuse ou les actes surnaturels de ses fondateurs, mais sur la transformation prodigieuse du caractère humain et spécialement la manière d'abolir les préjugés et les barrières psychologiques. La Foi Baha'ie rassemble Israélites, Zoroastriens, Mahométans, Chrétiens, Bouddhistes et Confucianistes, les soude en un tout organique, en une unité active vibrante d'amour et de fraternité.

Enfin la Foi Baha'ie détient le pouvoir de pénétrer jusqu'au coeur de l'Homme et d'en modifier les battements. Elle transforme la nature humaine, en magnifie et en spiritualise les qualités. [ ... ].

Le succès du travail d'enseignement baha'i est dû au fait que nul ne doit amoindrir sa propre religion pour devenir baha'i. Le Baha'i, parce qu'il n'est pas tenu de prouve l'infériorité d'une autre religion évite de susciter un esprit de loyauté combative de la part de ceux auxquels il s'adresse, quelle que soit leur croyance.

La théologie baha'ie est extrêmement simple et rationnelle. Elle enseigne que Dieu, dans son essence infinie, est au-delà de la connaissance de l'Homme et ne peut être décrit; que la Divinité peut cependant se révéler à l'Homme; que les religions mondiales sont d'authentiques Messages, des Révélations provenant de cette Source divine; que la Vérité a été dévoilée périodiquement et qu'elle continuera de l'être par l'intermédiaire des grands Éducateurs et des Fondateurs de religion; que la Foi Baha'ie est une de ces Révélations périodiques, son but étant de compléter les Messages et les visées de toutes les religions mondiales antérieures et d'instaurer sur la Terre une Civilisation idéale et universelle.

C'est principalement parce que les adeptes sincères et vigilants des religions mondiales actuelles trouvent dans la Foi Baha'ie l'accomplissement naturel de leurs propres aspirations religieuses qu'ils y sont attirés. Ceux qui croient aux prophéties trouvent leur propre espérance en la venue du Messie réalisée dans la Révélation baha'ie (prophétie non accomplie, non seulement pour les Chrétiens et les Israélites, mais aussi pour les Zoroastriens, les Bouddhistes et les Mahométans). Ceux qui demeurent sceptiques à l'égard des prophéties trouvent, malgré tout, dans la Révélation de Baha'u'llah un tel enrichissement de la vie spirituelle et un tremplin si noble - manifestement capable de promouvoir l'unification de l'Humanité - qu'ils l'accueillent comme un renforcement de leur propre idéal spirituel et humanitaire.


Chapitre 5

Aujourd'hui, alors que la Science a développé les facultés mentales de l'Homme, que les religions du passé ont amélioré son comportement et stimulé sa conscience, que les relations internationales ont souligné le besoin impérieux d'une fraternité universelle, l'heure est venue de fournir de claires directives pour l'organisation du monde et pour un nouvel essor international tels que les époques précédentes n'en ont jamais connus.

Ainsi, quand on l'étudie avec objectivité, la Foi Baha'ie se présente comme la grande clé de voûte de l'arche du progrès humain, la réalisation des visions prophétiques de tous les prophètes, l'utopie entrevue par les philosophes, l'Age d'Or, le Millénium, le Royaume de Dieu sur la Terre.

La Foi Baha'ie peut-elle vraiment exécuter ce programme idéal grâce à une sève vivifiante ? Si elle ne le peut, elle n'a pas besoin de prétendre à un examen ni à une adhésion de notre part. Il n'y aurait aucun pouvoir de persuasion, aucune obligation de croire en un Ordre mondial qui s'avérerait incapable de démontrer un pouvoir réel de réorganiser l'Humanité sur des bases plus hautes.

" L'unité de la Race humaine, telle qu'elle a été conçue par Baha'u'llah, implique l'établissement d'une Communauté mondiale dans laquelle toutes les nations, races, croyances et classes soient étroitement et définitivement unies et où l'autonomie des États membres, la liberté et l'initiative personnelles des individus qui la composent soient clairement définies et complètement sauve-gardées.
Cette communauté, pour autant que nous puissions l'imaginer, comportera un Corps législatif mondial dont les membres, en tant que mandataires de l'Humanité entière, auront le contrôle suprême de toutes les ressources des nations membres et édicteront les lois susceptibles de réglementer l'existence de toutes les races et de tous les peuples, de pourvoir à leurs besoins et d'harmoniser leurs relations.
Un pouvoir exécutif mondial, appuyé par une force internationale, exécutera les décisions prises par ce pouvoir législatif et appliquera les lois votées par celui-ci; enfin, il sauvegardera l'unité organique de la Communauté tout entière. Un tribunal jugera et prononcera un verdict final et sans appel dans tous les différends qui s'élèveraient entre les divers membres constitutifs de ce système universel. Un mécanisme d'intercommunication mondiale sera imaginé; il sera libéré de toutes les entraves et restrictions d'ordre national et fonctionnera sur la planète entière avec une merveilleuse célébrité et une régularité parfaite.
Une capitale mondiale, centre nerveux de la Civilisation, sera le foyer vers lequel convergeront les forces unificatrices de la vie et d'où rayonneront toutes les influences vitalisantes. Une langue mondiale sera inventée ou choisie parmi celles existant actuellement et elle sera enseignée comme langue auxiliaire en plus de la langue maternelle. Une écriture et une littérature mondiales, un système uniforme et universel des monnaies, des poids et mesures, simplifieront et faciliteront les échanges et la compréhension mutuelle entre les races et les nations. Dans une société de ce genre, la Science et la Religion, les deux forces les plus puissantes de la vie humaine seront réconciliées; elles coopéreront en se développant harmonieusement."
"Dans une telle organisation, la presse, tout en donnant libre cours à l'expression des vues et des convictions diverses dans l'Humanité, cessera d'être maniée de façon nuisible, au gré des intérêts privés ou publics; elle sera libérée de l'influence des gouvernements et des peuples en conflit. Les ressources économiques du monde s'organiseront, ses sources de matières premières seront exploitées et utilisées à plein rendement, ses marchés coordonnés et développés et la distribution de ses produits sera équitablement réglée."

"Rivalités, haines et intrigues cesseront entre les nations; animosités et préjugés raciaux feront place à l'amitié raciale, à la compréhension réciproque et à la coopération. Les causes de luttes religieuses seront à jamais écartées, les barrières et restrictions économiques complètement abolies et les différences excessives entre les classes s'effaceront. Le dénuement d'une part, et l'accumulation excessive des richesses d'autre part, disparaîtront.
L'immense énergie dissipée et gaspillée pour la guerre, tant économique que politique, sera utilisée à d'autres buts, tels que : étendre le champ des inventions humaines et du développement de la technique, accroître la productivité, exterminer la maladie, étendre les recherches scientifiques, relever le niveau de la santé physique, rendre le cerveau humain plus aigu et plus subtil, exploiter les ressources inemployées ou insoupçonnées de la planète, prolonger la vie humaine et favoriser le progrès par tous les moyens possibles, en stimulant la vie intellectuelle, morale et spirituelle de la Race humaine tout entière."

"Un système fédéral mondial régissant le globe, exerçant une autorité indiscutable sur ses ressources d'une ampleur inimaginable, mêlant et incorporant, à la fois, les idéaux de l'Orient et de l'Occident, affranchi des malédictions de la guerre et de ses misères, s'efforçant d'exploiter toutes les ressources d'énergie disponibles sur la surface de la Terre, un système dans lequel la force sera mise au service de la Justice, qui puisera sa vitalité dans l'acceptation universelle d'un Dieu unique et dans une fidélité à une Révélation commune - tel est le but vers lequel se dirige l'Humanité, poussée par les forces unificatrices de la vie... " (J. Esslemont : "Baha'u'llah et l'Ère Nouvelle", Bruxelles, 1951. pp. 369-371).


Chapitre 6

L'énoncé de tels principes d'organisation pour toute l'Humanité et l'orientation de celle-ci vers un nouvel Ordre mondial sont des tâches trop vastes pour n'importe quelle personnalité humaine. Elles nécessitent un pouvoir supérieur. La fonction de l'individu est de devenir un canal pour la force divine et pour le Plan divin qui doivent transformer cette planète en une demeure meilleure et plus heureuse. C'est par le pouvoir du Saint-Esprit - la Lumière qui guida tous les Messagers divins et qu'ils reflètent eux-mêmes - que les Baha'is cherchent à agir.

" Quand votre coeur exhalera le souffle de l'Esprit Saint dans le monde entier, le commerce et la politique fonctionneront en parfaite harmonie. Toutes les Sciences et tous les Arts apparaîtront et la connaissance de Dieu sera manifeste. Ce n'est pas votre oeuvre mais celle du Saint-Esprit que vous répandrez par le Verbe. Ceci est une vérité fondamentale ! " (Abdu'l-Baha : "Divine Art of Living")

La force humaine est incapable de reconstruire le monde parce que la structure économique et politique de l'Humanité dépend de la solution d'une variété infinie de circonstances imprévisibles. La voie doit nous être indiquée par une puissance supérieure à nous-mêmes. " A la lumière de son intelligence, l'Homme doit ajouter la Lumière de l'Esprit ", dit Abdu'l-Baha.
" La lumière de l'intelligence nous permet de comprendre et de concevoir tout ce qui existe. Mais la Lumière divine seule peut nous donner la vision des choses invisibles et nous permettre de voir les vérités qui ne seront apparentes pour le monde que dans des milliers d'années. Ce fut la Lumière divine qui permit aux Prophètes de prévoir 2.000 ans à l'avance ce qui allait se passer. Et à présent nous assistons à la réalisation de leurs prévisions. Ainsi, c'est cette Lumière que nous devons nous efforcer de trouver, car elle est supérieure à toute autre. " (Abdu'l-Baha : "Divine Art of Living").

Les Baha'is voient dans le Nouvel Ordre Mondial de Baha'u'llah un but qui stimule leur action. Devant l'ampleur de leur tâche, ils se rendent compte que leurs propres forces limitées sont tout à fait disproportionnées. Mais ils agissent en tant que rouages d'un mouvement concerté en faveur du Plan qu'ils estiment parfait et dont l'efficacité se mesure clairement par le zèle et l'esprit d'unité de ses adhérents.

Les Baha'is croient que l'instauration d'une religion mondiale moderne est une tâche créatrice apte à susciter le développement de toutes les facultés de l'Homme. Il n'est aucune tâche plus noble ni plus exaltante à laquelle l'Homme puisse se vouer; il n'en est pas de plus digne d'efforts et de consécration suprêmes que celle de participer à la construction d'un monde meilleur.

Dans le champ immense de cette tâche surhumaine, les Baha'is revendiquent le privilège de devenir artisans, architectes et constructeurs, chacun faisant oeuvre d'artiste, de créateur laborieux au service du grand Architecte et pour le progrès de l'Humanité.

Les Baha'is ne peuvent se contenter du tumulte, des clameurs et des spéculations creuses des doctrines religieuses. Ils devraient, au contraire, dans toutes les circonstances de leur vie, devenir les exemples des vertus et des attributs nés de Dieu; ils devraient s'efforcer de se distinguer par leur bonne conduite. Ils devraient justifier par des actes, et non par une étiquette, leur prétention à la qualité de Baha'is.

Un véritable Baha'i est celui qui, jour et nuit, s'évertue à avancer et à progresser dans le sentier de l'effort humain; dont l'aspiration la plus chère est de vivre et d'agir de manière à enrichir et à illuminer le monde; dont la Source d'inspiration est l'Essence de divine perfection; dont le but dans la vie est de se conduire de telle sorte qu'il soit la cause d'un progrès infini. C'est seulement lorsqu'il aura acquis des qualités aussi parfaites qu'on pourra dire qu'il est un Baha'i.

" Dans cette sainte Dispensation - couronne de gloire des Âges et des cycles passés - la foi n'est pas un simple acquiescement à l'unité de Dieu, mais plutôt un mode de vie qui démontre les vertus et les perfections qu'implique une telle foi. "

" ...Consacrez-vous entièrement au service de l'Humanité. Alors le monde sera transformé en un Paradis; alors, la surface de la Terre reflétera la Gloire... du Royaume ! " (Abdu'l-Baha : "Prières et Méditations Baha'ies").

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