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![]() Anecdotes à propos d'Abdu'l-Baha (c) 1987 - Assemblée spirituelle nationale des baha'is de l'Inde Éditées par G. Faizi, traduit de l'anglais par Roland St-Onge, 2002 ![]() |
Abdu'l-Baha: Le modèle
parfait de la vie baha'ie
AVANT-PROPOS
Au milieu du dix-neuvième siècle - à un moment où le fanatisme religieux et
racial était à son paroxysme, un noble Persan, Baha'u'llah, renouvela le Message
divin d'amour et d'unité. Ce Messager de Dieu demandait aux différents peuples
et religions du monde d'oublier leurs divergences, de s'accepter l'un et l'autre
en frères et de travailler ensemble pour réaliser l'unité de la race humaine
tout entière.
Baha'u'llah fut le fondateur de la Foi baha'ie. Sa vie sanctifiée et ses merveilleux
enseignements attirèrent vers Lui des gens sincères provenant de milieux diversifiés.
Cependant le puissant clergé de l'Iran s'éleva contre lui. Il fut jeté dans
un horrible cachot appelé le " Trou Noir " pour ensuite être exilé de Son pays
natal. Plusieurs milliers de ses adeptes, connus sous le nom de baha'is [nota:
Baha'u'llah signifie la Gloire de Dieu. Un baha'i est un disciple de Baha'u'llah],
furent mis à mort, tous les efforts furent déployés pour empêcher Ses Enseignements
de se propager parmi les masses. En dépit de tout cela, la Foi baha'ie s'est
développée. De nos jours, après un peu plus d'un siècle et demi, des gens de
toutes souches raciales, nationales et religieuses du monde se sont déclarés
croyants dans la Foi de Baha'u'llah et se sont établis dans quelques 116 707
centres [nota: statistique de mars 1979] sur tout le globe.
* * *
Baha'u'llah est décédé en 1892 à l'extérieur de la ville-prison d'Akka (Âcre)
en Terre Sainte, là où l'avait conduit les décrets successifs régissant Son
bannissement. Avant de quitter ce monde, Baha'u'llah protégea Sa Foi des scissions
en nommant un seul Guide vers lequel tous les croyants devaient se tourner,
c'était Son Fils Abdu'l-Baha.
Voici une brève esquisse de la vie d'Abdu'l-Baha tirée du livre intitulé la
Foi baha'ie - une présentation sommaire:
Abdu'l-Baha signifie le Serviteur de la Gloire. Ce titre qu'Il a décidé de porter,
résume bien la vie du Modèle de la Foi baha'ie. Dès Ses premières années, Il
lui avait été donné d'apercevoir Baha'u'llah dans le donjon de Téhéran; depuis
lors et jusqu'au moment où, après une vie de souffrances et de triomphes, son
corps fut enseveli sur les pentes du Mont Carmel, Il n'eut toujours qu'un seul
désir - celui de servir la Cause de Baha'u'llah,.
Il avait huit ans lorsque Baha'u'llah fut enchaîné dans le "Trou Noir". Toutes
leurs propriétés furent confisquées, même leurs amis n'osaient plus les côtoyer.
Dans leur maison vidée, la mère d'Abdu'l-Baha ne pouvait Lui mettre qu'une infime
quantité de farine dans son écuelle, voilà toute la nourriture qu'elle pouvait
fournir. Lorsqu'il s'aventurait dans la rue, on lui lançait des pierres comme
au fils d'un hérétique. Par la suite, Il accompagna Son Père en exil et partagea
volontairement toutes Ses souffrances au cours des bannissements d'un endroit
à l'autre, et puis finalement dans la Ville Prison d'Akka.
Plus Abdu'l-Baha avançait vers l'âge de maturité, plus les baha'is vinrent à
Le considérer comme le dépositaire de toutes les vertus que l'on se doit acquérir.
Il était courtois et gentil; il était brave et généreux. Il alliait une immense
sagesse à une touchante humilité; Son amour pour Dieu et pour Ses compagnons
était infini. Chacune de ses journées était consacrée à rendre service aux autres
et à leur apporter de la joie. Les pauvres et les malades recevaient Sa tendre
sollicitude, les orphelins Le considéraient comme un père. Ses amis l'aimaient
jusqu'à approcher l'adulation; quant à Ses ennemis, ils ne pouvaient rien trouver
pour dénigrer Son admirable personnalité. Son statut n'était cependant pas celui
d'un Messager de Dieu proprement dit [nota: les baha'is ne considèrent que les
fondateurs des grandes religions du monde comme Messager de Dieu], mais Sa vie
était un modèle de la perfection humaine.
Du vivant de Baha'u'llah, Abdu'l-Baha Lui était un compagnon assidu. Il ne ménageait
pas ses efforts pour procurer un peu de confort à Son Père. Il prenait à sa
charge les ennuyantes besognes quotidiennes pour permettre à Baha'u'llah de
se consacrer aux affaires les plus importantes. Plusieurs parmi ceux qui affluèrent
à leur maison de Bagdad étaient enchantés de rencontrer Abdu'l-Baha et de lui
soumettre leurs questions, et cela en dépit de Son très jeune âge. À mesure
que le temps s'écoulait, Baha'u'llah lui-même encourageait ses disciples de
confier leurs problèmes à Abdu'l-Baha qu'Il qualifiait amoureusement de " Maître
".
Après l'ascension de Baha'u'llah, Abdu'l-Baha devint le Chef et le Guide des
baha'is. Sa dévotion désintéressée à la Cause de Dieu fournissait de l'inspiration
à chacun des croyants. Ses directives les assistaient dans la propagation du
Nouveau Message en différents endroits du monde.
À ce moment, Abdu'l-Baha était Lui-même l'un des prisonniers à Akka. La mort
de Baha'u'llah apporta une ardeur revigorée aux ennemis de la Foi, leurs attaques
contre Abdu'l-Baha recommencèrent et résultèrent en une restriction de Ses déplacements
entre les murs de la ville-prison. Au moyen de Sa volumineuse correspondance,
Il se tint quand même en étroit contact avec les baha'is de partout, répondant
à leurs interrogations, guidant leurs actions, encourageant leurs oeuvres et
exaltant leur ferveur lorsqu'ils étaient persécutés pour leur Foi.
Abdu'l-Baha Lui-même se vit infliger des persécutions de toutes sortes pendant
de longues années. Malgré tout cela, Il demeurait calme et se sentait toujours
heureux. Sa joie de vivre et Son sens de l'humour demeuraient intacts. Il disait
souvent: "Ma maison est la maison du rire et de l'allégresse. " Quand les gens
se demandaient comment Il pouvait conserver une telle joie devant ces tribulations
extrêmes, Il disait que la seule prison était celle de l'ego.
Finalement, la révolution des jeunes Trucs permit la libération de tous les
prisonniers d'Akka, la captivité d'Abdu'l-Baha fut cessée. Sa réclusion en Terre
Sainte avait durée quarante années! Jeune au début de Son emprisonnement, vieil
homme Il était à Sa libération. Malgré la détérioration de Sa santé, Son esprit
était imperturbable et dès qu'Il fut libre de se déplacer, Il décida d'apporter
le Message de Baha'u'llah au monde occidental.
La foi baha'ie, proclamée d'abord au Moyen Orient, aux confins de l'Orient et
en Afrique du Nord, se propagea alors en Europe et en Amérique. Un certain nombre
de baha'is occidentaux étaient déjà venu rencontrer Abdu'l-Baha en Terre Sainte,
ce qui avait embrasé leur d'enthousiasme et fortifié leur volonté de répandre
le Message à chaque coin de l'occident.
'Abdu'l-Baha, âgé alors de presque soixante-dix ans, voyagea intensément tout
au long de l'Europe et de l'Amérique et attira l'attention de millions de personnes
sur la Foi. Il fut invité comme conférencier dans des églises et des synagogues,
des temples et des mosquées, des universités et des organismes de charité. Des
milliers de personnes - des savants, des philosophes et des têtes dirigeantes,
jusqu'aux plus modestes travailleurs et aux plus démunis des vagabonds, vinrent
à sa rencontre de la levée du jour jusqu'à tard durant la soirée; Abdu'l-Baha
délivrait pour tous Sa sagesse et Son amour. Ces personnes s'en retournaient
avec un esprit plus exalté, un espoir renouvelé et tout émerveillé par ce Personnage
qui avait passé la plus grande partie de sa vie en prison tout en acquérant
une profonde compréhension des problèmes de chacun et une si vaste connaissance
des affaires du monde. Grâce à des douzaines d'articles dans les journaux, plusieurs
millions de personne, qui n'ont pas rencontré Abdu'l-Baha, entendirent parler
de Lui et du Message qu'Il était venu livrer à leurs portes.
La vie exemplaire d'Abdu'l-Baha était la démonstration qu'il est possible de
mettre en pratique les idéaux les plus élevés et cela dans des conjonctures
aussi opposées que l'existence dans une colonie pénitentiaire et la vie dans
les cités les plus modernes du monde.
L'ascension d'Abdu'l-Baha eut lieu en Terre Sainte en 1921, Il avait servi amoureusement
la Cause jusqu'au dernier jour de sa vie. Une fois, Il avait fait la remarque
suivante: "Observez la façon dont une chandelle allumée donne de la lumière.
Sa substance vitale s'échappe goutte à goutte alors qu'elle nous éclaire de
sa flamme. " Cela correspond exactement avec la vie d'Abdu'l-Baha qui s'est
dépensé jour et nuit, en illuminant la voie que chacun doit suivre.
ANECDOTES A PROPOS D'ABDU'L-BAHA
1. Abdu'l-Baha soulignait toujours que les actions l'emportent sur les paroles.
Il en personnifiait le modèle. En chef authentique, Il n'exigeait jamais de
ses disciples un dévouement qu'Il ne pratiquait pas, leur montrant ainsi la
voie.
Sa vie à Akka était comblée d'attentions dédiées au bien-être d'autrui. Il se
levait très tôt, prenait son thé et commençait Sa distribution de tendres faveurs.
Souvent, Il ne rentrait que tard le soir à son domicile, sans avoir pris le
temps de manger ou de se reposer.
Il faisait Sa première sortie dans une grande salle qu'il avait louée en face
de Sa résidence. Là, Il y recevait ses invités et chaque jour ils accouraient
en troupes pour demander de l'aide à Abdu'l-Baha.
Par exemple, un individu qui désirait ouvrir une boutique venait lui demander
conseil. Une autre personne venait solliciter une lettre de recommandation pour
un emploi au gouvernement. Une autre fois, c'était une pauvre femme dont l'époux
avait été enrôlé de force dans l'armée en laissant femme et enfants sans moyen
de subsistance. Ou bien une autre personne venait raconter les mauvais traitements
infligés à des enfants ou la violence envers une femme battue par un mari ou
un frère.
Abdu'l-Baha assignait une personne qualifiée pour représenter ces pauvres gens
devant le juge à la Cour de justice. Il voulait ainsi s'assurer que leurs récriminations
seraient traitées équitablement.
D'autres invités furent introduits, on y rencontrait des personnages éminents.
Le Gouverneur, des membres du clergé, des législateurs, aussi bien isolément
qu'en groupes, comptaient sur Abdu'l-Baha. Il leur servait lui-même un excellent
café et ensemble, ils commentaient les actualités. Ils demandaient toujours
des explications, des conseils ou des commentaires à Abdu'l-Baha, car ils discernaient
tant d'amour, de sagesse et de solutions pratiques dans ses propos. À l'issue
des séances de la Cour de justice, le juge venait toujours au devant d'Abdu'l-Baha.
Il fournissait à celui-ci des explications sur les cas difficiles en litige
car il savait intuitivement qu'Abdu'l-Baha avait toujours une solution juste
à tous les problèmes.
Il y avait des journées où Abdu'l-Baha n'avait pas le loisir d'être avec sa
propre famille à cause du nombre élevé de personnes venues solliciter son aide
pour différentes raisons. Les personnes malades recevaient sa constante attention.
Tous ceux qui manifestaient le désir de le rencontrer étaient exaucés. À chaque
malade, Il trouvait tous les jours quelqu'un pour aller leur demander: Avez-vous
bien dormi? Comment vous sentez-vous? Avez-vous besoin de quelque chose? Ceux
qui avaient besoin de médicaments ou d'autre chose étaient sûrs d'être secourus.
Il ne négligeait rien ni personne, si ce n'est de se reposer ou de manger Lui-même.
Parfois en reconnaissance de son dévouement, des gens envoyaient des sucreries
à Abdu'l-Baha. Toujours ces douceurs, fruits ou gâteaux, étaient immédiatement
transportées dans la salle louée en face de sa résidence pour être données aux
visiteurs. Les Arabes l'avaient surnommé: "Le Seigneur Généreux." (CH 100)
2. Abdu'l-Baha croyait autant dans un mode de guérison offert par la médecine
que par la spiritualité. Comme il n'y avait pas d'hôpital à Akka, il avait engagé
un médecin du nom de Nikolaki Bey. Il payait régulièrement les honoraires de
ce médecin pour soigner les plus pauvres tout en demandant au docteur de garder
l'anonymat sur le donateur. Invariablement, les démunis continuaient quand même
de s'adresser à Abdu'l-Baha pour de l'aide.
Par exemple, une pauvre femme infirme du nom de Na'um avait l'habitude de venir
demander chaque semaine une obole à Abdu'l-Baha. Un jour, un homme s'amena en
courant et disant: "Oh Maître! La pauvre Na'um a la rougeole et tout le monde
s'en éloignent. Que peut-on y faire ? " Abdu'l-Baha envoya immédiatement une
femme pour s'en occuper; Il loua une chambre, y plaça sa propre literie, appela
le médecin, envoya des aliments et tout le nécessaire. Il alla constater qu'elle
recevait bien tous les égards. Et quand elle décéda dans la tranquillité et
le réconfort, Il organisa des funérailles dignes tout en défrayant Lui-même
les coûts. (CH 101)
3. Lua Getsinger, l'une des premières baha'ies d'Amérique, raconte une expérience
vécue auprès d'Abdu'l-Baha à Akka. Elle s'était rendue en pèlerinage à la ville-prison
afin de le rencontrer. Un jour qu'elle était là, Il lui annonça qu'il était
trop occupé pour aller visiter lui-même l'un de ses amis qui était très malade
et démuni. Il invita Lua à Le relayer.
"Apportez-lui de la nourriture. " dit-Il, "et dévouez-vous pour lui tout comme
Je le fais. " Il lui fournit les indications pour le trouver. Elle s'y rendit
avec joie, fière de la confiance qu'Abdu'l-Baha lui manifestait en lui confiant
une partie de ses tâches.
Lua revint peu après. " Maître, s'écria-t-elle, vous ne vous rendez sûrement
pas compte de l'horrible endroit où vous m'avez envoyée! Cet homme est dans
un état ignoble, son logement est d'une saleté repoussante et je me suis presque
évanouie à cause des odeurs nauséabondes! Je me suis enfuie avant d'attraper
quelque affreuse maladie!"
Abdu'l-Baha la regarda avec tristesse et tel un père réclame l'obéissance, Il
lui fit les observations suivantes: "Si tu veux servir Dieu, dit-il, sers ton
prochain, car il est fait à l'image et la ressemblance de Dieu. " Il l'enjoignit
alors de retourner à la maison du miséreux. " Si son logis est dégoûtant, tu
le nettoieras; si ton frère est sale, tu le laveras; s'il a faim, tu le nourriras.
Ne reviens pas tant que tout cela ne sera pas fait. J'ai souvent soigné cet
homme, ne peux-tu le servir une seule fois ? " C'est de cette façon qu'Abdu'l-Baha
montra à Lua comment être utile à ses semblables. (PF85).
* * *
4- Maintes fois, au moment où la famille d'Abdu'l-Baha s'apprêtait à s'asseoir
pour le repas du soir à Akka, on l'informait qu'une personne en détresse était
affamée. Sans hésitation, la famille s'empressait d'emballer leur propre repas
et le faisait parvenir à l'autre famille éprouvée. Dans de telles occasions,
Abdu'l-Baha affichait un sourire tout en disant: "Ce n'est pas grave pour nous.
Nous avons souper hier soir et nous en aurons un autre demain soir."
(SW Vol. 8, No 1, p. 4)
5- Durant Sa vie de captif à Akka, Abdu'l-Baha laissait souvent Son lit à quiconque
n'en avait aucun et toujours, Il refusait de disposer de plusieurs manteaux.
" Pourquoi en aurais-je deux ?", disait-il, "quand il y a tellement de personnes
qui n'en possède aucun ?"
Un jour qu'Abdu'l-Baha devait recevoir le Gouverneur d'Akka, Sa femme détermina
que le vieux manteau d'Abdu'l-Baha ne convenait pas pour cette importante occasion.
Elle désirait fortement qu'Abdu'l-Baha puisse avoir un manteau plus approprié,
alors que Lui-même ne se préoccupait pas de ce qu'Il portait, en autant que
le vêtement était propre. Elle se demandait donc ce qu'elle devait faire.
En fin de compte, elle prit la décision de Lui faire confectionner un nouveau
manteau et qu'elle remplacerait le vieux manteau le matin de la visite. Elle
estimait qu'Il ne s'apercevrait pas de la substitution. Alors, elle commanda
chez un tailleur un manteau d'une excellente coupe mais quelque peu onéreux.
Le grand jour arriva, elle l'étendit donc à l'endroit où Abdu'l-Baha le trouverai
sûrement.
Cependant, lorsque Abdu'l-Baha se prépara à s'habiller, Il s'aperçut immédiatement
que quelque chose clochait. Il entreprit aussitôt une fouille de la maison.
Il s'exclamait: "Où est donc mon manteau ? Où est donc mon manteau ? Quelqu'un
m'a laissé un manteau qui n'est pas le mien!"
Sa femme essaya alors d'expliquer la situation, mais Abdu'l-Baha qui prônait
le bien-être de son prochain plutôt que le sien, dit: "Mais considère ceci!
Il aurait été possible d'obtenir cinq manteaux comme le mien pour le prix de
celui-ci; de plus, crois-tu que j'aurais voulu dépenser autant d'argent sur
un manteau pour Mon seul bénéfice? Si tu prévoies que j'aurai besoin d'un manteau
neuf, très bien, mais retourne celui-ci et, pour le même prix, demande au tailleur
de fabriquer cinq manteaux semblables au mien. Ensuite, tu vois, Je ne serai
pas le seul à avoir un nouveau manteau car j'en aurai quatre autres à distribuer."
(OR 164)
* * *
6- Quelques-uns uns des Gouverneurs d'Akka étaient aimables envers Abdu'l-Baha,
mais d'autres sanctionnaient les propos de Ses ennemis plutôt que ceux de Ses
amis et prirent des mesures impitoyables. Par exemple, certains ennemis d'Abdu'l-Baha
lancèrent une rumeur qu'Abdu'l-Baha avait quitté Akka pour aller résider à Haifa
et qu'avec l'aide de ses nombreux amis Il construisait une forteresse sur le
Mont Carmel. À brève échéance, Il devait s'emparer de toute la Palestine et
de la Syrie pour repousser le Gouvernement turc.
C'était la réalité qu'Abdu'l-Baha avait déménagé dans l'air pur d'Haifa avec
Sa famille et c'était vrai qu'Il avait de nombreux amis de toutes les nationalités,
mais le fort qu'Il construisait était en réalité le Sanctuaire du Bab [nota:
le Bab est Celui qui avait prédit la venue de Baha'u'llah]. Cependant, le Gouverneur
a acquiescé aux propos des ennemis et la famille d'Abdu'l-Baha fut à nouveau
ramenée à la ville-prison d'Akka.
À une autre occasion, un Gouverneur antipathique qui haïssait les baha'is, décida
de leur enlever leurs boutiques et de les laisser ainsi sans moyens de subsistance.
Alors, il donna à la police les instructions suivantes: "Tôt demain matin, rendez-vous
aux quinze magasins possédés par les baha'is, barrez les portes et rapportez-moi
les clés."
La veille, Abdu'l-Baha convoqua les baha'is et leur dit: "N'ouvrez pas vos boutiques
demain, mais attendez et observez ce que nous réservera la Volonté de Dieu ."
Le lendemain matin, le Gouverneur attendit les clés. La police vint à lui et
rapporta que les boutiques étaient fermées. Le Gouverneur renvoya la police
et dit: "Allez voir si les boutiques sont ouvertes maintenant. " La police revint
en disant que les boutiques étaient toujours fermées. Ils attendirent et attendirent
longtemps. Vers dix heures du matin, les boutiques n'étaient toujours pas ouvertes
malgré qu'elles recevaient habituellement leurs clients dès sept heures du matin.
Le Gouverneur savait bien que les boutiques finiraient par être ouvertes, et
il attendit encore.
Dans l'intervalle, le Grand-Prêtre de la ville vint chez le Gouverneur. " Comment
allez-vous? " lui demanda le Gouverneur.
"Très bien " lui répondit le Grand-Prêtre, "mais je suis très attristé. J'ai
reçu un télégramme de Damas qui me remplit de chagrin."
Le Gouverneur prit le télégramme et fut bouleversé à la lecture du message qui
provenait du Gouvernement central. Il y était mentionné que le Gouverneur avait
été destitué de son poste, et que la police devait le conduire à Damas sans
tarder.
Lorsque Abdu'l-Baha entendit parler de la déveine du Gouverneur, Il lui rendit
visite. " Vous de devriez pas vous attrister à cause de cela. " lui dit-il.
" Tout change en ce monde. Que puis-je faire pour vous?"
Le Gouverneur fut surpris de cette offre mais en fut reconnaissant. Il répondit
ceci: "Maintenant que je suis envoyé loin des miens que j'aime, il n'y aura
personne pour prendre soin d'eux. Ma chère famille sera triste, solitaire et
sans défense, il n'y aura personne pour les conseiller et pour les assister
quotidiennement."
Abdu'l-Baha lui dit: "Ne soyez pas malheureux mais dites-moi où vous aimeriez
conduire votre famille."
Il répondit: "Si elle pouvait simplement me suivre à Damas."
"Maintenant vous devez avoir confiance en moi; " de lui dire Abdu'l-Baha, "et
que votre coeur soit soulagé. Je veillerai avec grand soin sur le départ de votre
femme et de vos enfants. Vous verrez qu'ils seront là-bas peu après votre propre
arrivée."
Ainsi fut dit, ainsi fut fait. À l'arrivée de la famille à Damas, le Gouverneur
fut très heureux. Il demanda au garde qui les y amena quel était le coût pour
le voyage. Le garde répondit: "Ce n'est rien. Je n'ai fait qu'obéir aux ordres
du Maître, Abdu'l-Baha."
Le Gouverneur voulut alors faire un cadeau au garde, mais ce dernier lui dit:
"Je ne veux aucune récompense. Je n'ai fait qu'obéir aux ordres du Maître. Je
ne peux accepter quoi que ce soit."
Et quand le Gouverneur l'invita à passer la nuit afin de pouvoir se reposer
et manger, le garde répondit: "J'obéis aux ordres du Maître et je m'en retourne
immédiatement."
"Alors, veuillez apporter une lettre à Abdu'l-Baha " insista le Gouverneur.
Et il rédigea la lettre suivante: "Ô Abdu'l-Baha, je vous prie de me pardonner.
Je ne comprenais pas. Je ne vous connaissais pas. Je vous ai fait beaucoup de
mal. Vous m'avez récompensé avec tant de mansuétude." (CH 137)
* * *
7- Longtemps avant le début de la première Grande Guerre, Abdu'l-Baha avait
dit aux baha'is qu'ils devraient se préparer pour des temps difficiles. Il leur
enseigna comment faire pousser le maïs de façon à en retirer une récolte abondante.
Ensuite, il leur montra comment entreposer le maïs dans des silos souterrains
de façon à éviter qu'il ne croupisse.
Durant la guerre, la Palestine fut isolée des autres pays et les gens ne pouvaient
se procurer de nourriture. Bientôt, de nombreux démunis en Palestine devinrent
affamés et plusieurs en moururent. Mais ceux qui vivaient près de Haifa et d'Akka
furent épargnés car Abdu'l-Baha et les baha'is eurent assez de maïs pour ravitailler
ceux qui n'avaient rien.
Des gens de chacune des nationalités du voisinage vinrent voir Abdu'l-Baha pour
leur ration de maïs, et Il leur en distribuait de la même façon qu'une armée
approvisionne ses soldats. De cette façon, entre 1914 et 1918, des milliers
de personnes de la région furent sauvées de la mort. (CH 210)
* * *
Les Britanniques ont reconnu le dévouement humanitaire d'Abdu'l-Baha. Dans la
ville d'Akka, le 27 avril 1920, le Gouvernement britannique lui conféra le titre
de Chevalier. Et quoique Abdu'l-Baha ne fut pas intéressé personnellement par
ce titre, Il y consentit de façon à plaire au Gouvernement. Mais, même le jour
de la grande cérémonie, Il se soucia plus de son serviteur que de l'honneur
qui lui était conféré. Voici ce qui se produisit:
Les dignitaires du Gouvernement représentant la Couronne britannique à Jérusalem
étaient tous réunis à Haifa, anxieux d'honorer le Maître, pour qui chacun ressentait
de l'amour et un grand respect pour sa vie empreinte de services désintéressés.
Ils ont envoyé une limousine à la résidence d'Abdu'l-Baha pour l'amener à la
cérémonie. Mais quand l'auto arriva chez lui. Abdu'l-Baha était introuvable.
Des personnes furent envoyées à sa recherche dans toutes les directions. Il
fit soudainement son apparition, d'une direction imprévue, tout seul et en déambulant
de son pas normal et majestueux.
Se tenant tout près, il y avait le dévoué serviteur d'Abdu'l-Baha, son cocher
Isfandiyar qui avait toujours été ravi de conduire Abdu'l-Baha dans tous ses
déplacements depuis de nombreuses années. Quand Isfandiyar vit la magnifique
voiture envoyée pour quérir Abdu'l-Baha, il paraissait très triste et se demandait:
"Maintenant, mes services ne seront plus requis. ".
Il n'y avait rien qui échappait à la sollicitude d'Abdu'l-Baha. Lorsqu'Il vit
la tristesse sur le visage de son bien-aimé serviteur, Il enjoignit Isfandiyar
de préparer comme d'habitude l'attelage du cheval et Isfandiyar s'empressa immédiatement
pour se conformer à l'ordonnance de son Maître. Bientôt, le fiacre fit son apparition
avec Isfandiyar perché joyeusement sur le siège du conducteur. La reconnaissance
de son utilité le rendait heureux.
Quand ils arrivèrent au jardin du Gouverneur, où tous les dignitaires l'attendaient,
Abdu'l-Baha demanda à Isfandiyar de le conduire par une entrée secondaire car
Il ne désirait pas devenir l'élément central de tant de cérémonies. Et pas une
fois Il n'utilisa le titre qui lui avait été conféré cette journée-là - Sir
Abbas Effendi. Il fut toujours connu sous le nom de Maître ou d'Abdu'l-Baha.
* * *
9- 'Abdu'l-Baha était source de bonheur pour chacun. Cela contribuait aussi
au progrès de chaque personne. L'une des pèlerines d'Akka avait le sentiment
qu'elle ne ressentirait désormais que de l'amour pour tout être humain. Néanmoins,
un après-midi alors qu'elle était en Terre Sainte dans sa chambre avec deux
amis, elle parla négativement d'un autre ami.
Pendant que ces personnes étaient assises ensemble, Abdu'l-Baha revenait d'une
tournée auprès des pauvres et des malades. Il fit demander immédiatement l'une
des personnes qui avaient entendu les paroles désobligeantes. Il lui dit que
durant son absence quelqu'un avait parlé en mal d'une autre personne. Et Il
lui dit que cela le rendait triste de savoir que des baha'is ne pouvaient se
tolérer ou qu'ils pouvaient parler contre un autre. Il lui a dit aussi de garder
le silence à ce propos, mais de prier.
Un peu plus tard, chacun se rendit au souper. L'amie acerbe ne s'était pas aperçue
que ses paroles avaient été blessantes, jusqu'à ce que ses yeux croisent ceux
d'Abdu'l-Baha, remplis de gentillesse et de bonté. Ses yeux étaient éloquents.
Soudainement, elle pris conscience de son étourderie, et elle éclata en sanglots.
Pendant un certain temps, Il ne lui prêta pas attention. Le souper se poursuivait
pendant qu'elle pleurait de sa conduite.
Après quelques instants, Abdu'l-Baha se tourna vers elle en souriant et prononça
son nom plusieurs fois comme pour l'appeler vers Lui. En un instant, elle ressentit
un doux bonheur. Son coeur avait acquit la certitude de Son pardon et qu'elle
deviendrait plus aimable envers les autres. (EP 25)
* * *
10- Abdu'l-Baha semblait connaître les besoins de chacun sans même le demander.
À la table du Maître lors d'un souper, une dame assise à ses côtés écoutait
Ses paroles de sagesse. Elle fixait un verre placé directement en face d'elle
et pensait: "Oh! si seulement Abdu'l-Baha voulait prendre mon coeur et le vider
de tout désir terrestre, tout comme on pourrait prendre ce verre et le vider
pour le remplir de l'amour divin et de discernement."
Sa pensée n'avait été qu'une image fugace, mais Abdu'l-Baha semblait aussi l'avoir
perçue. Il en était au milieu de son allocution et fit une courte pause pour
parler à son serviteur. Il ne lui dit que de brefs mots en persan, et Il continua
l'entretien comme si de rien n'était. Peu après, le serviteur vint sans bruit
près de la dame, pris son verre, alla le vider de son contenu et le replaça
en face d'elle.
Sans interrompre Son allocution, Abdu'l-Baha souleva l'eau placée sur la table,
et de son geste le plus posé remplit lentement le verre vide de la dame. Personne
ne s'était aperçu de ce qu'Il avait fait, sauf la dame elle-même. Elle comprit
le geste d'Abdu'l-Baha et son coeur fut comblé d'allégresse. Dès ce moment, elle
sut que les désirs et les pensées les plus secrètes de chaque personne présente
étaient comme un livre ouvert pour Abdu'l-Baha, et que son amour les englobait
entièrement. (SW Vol. 18 no 9, p 285)
* * *
11- Abdu'l-Baha, tout comme Baha'u'llah et le Bab, avait le pouvoir d'accomplir
des miracles, particulièrement pour la guérison des malades. Même si les baha'is
ne font pas la proclamation de leur religion en se basant sur ces miracles,
en voici quand même un que nous relatons parce qu'il est particulièrement significatif:
Un jour, au début de l'année 1916, Abdu'l-Baha et son fidèle cocher entreprirent
un voyage d'Akka à Nazareth. Le Maître étant fatigué, ils s'arrêtèrent à la
maison du chef d'un petit village. À cet endroit, Abdu'l-Baha prit un repas
frugal et dormit environ une heure. Ensuite, Il vint s'asseoir avec le chef
et les personnages importants de l'endroit qui s'étaient assemblés pour Le rencontrer.
Il leur parla et leur prodigua de judicieux conseils sur plusieurs problèmes
et difficultés rencontrés dans le village.
Après l'entretien, le chef remercia Abdu'l-Baha pour ses conseils et pour les
avoir honorés de sa visite. Il lui dit: "Votre visite nous apportera des bienfaits
et de l'assistance pour toute la population du village. Maintenant, j'ai une
autre requête à vous présenter."
"Quelle est votre souhait? " dit Abdu'l-Baha. " Il me fera un grand plaisir
de vous l'accorder, si je le peux."
Le chef répondit: "J'ai une seule enfant, une fille âgée de quatorze ans, qui
a contacté la tuberculose depuis deux ans. Tous les médecins m'ont dit qu'elle
ne guérira jamais. Toute notre parenté, ainsi que sa mère et moi sommes impuissants
si ce n'est de verser des larmes et de gémir. La providence ne nous a pas accordé
un deuxième enfant. Si votre Sainteté voulait bien prier pour que notre unique
enfant recouvre la santé, je sens qu'elle bénéficierait d'une nouvelle vie.
" Et à ce moment là, le chef fondit en larmes.
Abdu'l-Baha se leva immédiatement de Son siège. " Où se trouve votre fille",
demanda-t-il. " Dans la pièce voisine " de répondre le chef.
Abdu'l-Baha se rendit à la tête du lit et s'assit près d'elle. Il prit sa petite
main pour percevoir son pouls. Sa température était très élevée. L'enfant toussait
sans arrêt et elle crachait du sang. Elle n'avait que la peau et les os et n'offrait
plus aucune résistance. Abdu'l-Baha posa Sa main bienfaitrice sur le front de
l'enfant et le caressa. Et il demanda qu'on apporte une tasse de thé. Lorsque
le thé fut arrivé, Abdu'l-Baha en but un peu et pria environ cinq minutes. Puis
il vida lentement le reste du thé dans la bouche de la jeune fille au moyen
d'une cuiller. À deux reprises il plaça ses mains sur son front. À nouveau Il
pria mais cette fois ci pendant dix minutes. Quand tout cela fut terminé, Il
se leva et s'adressa aux parents. D'une voix profonde et avec une grande autorité
Il leur dit: "Soyez assurés que Dieu va octroyer une complète guérison à votre
fille. Ne soyez plus malheureux, ne versez plus de larmes et ne gémissez plus.
Prenez-en soin avec une entière confiance. Avant longtemps, elle sera en parfaite
santé."
Il retourna brièvement dans la chambre d'invités, Il dit bonjour au chef et
à ses autres invités, sorti de cette maison et monta dans son fiacre.
Ce soir là, la fillette transpira beaucoup, graduellement sa température baissa.
D'après les dires du chef de ce village, deux mois plus tard, sa fille avait
entièrement recouvré la santé et au cours de l'année 1922, elle se maria avec
un agent du gouvernement d'Akka et devint la mère de trois enfants bien portant.
Le père de la fille raconta plusieurs fois cette histoire à Akka, Haifa et Nazareth
et il terminait toujours l'histoire en disant: "Ma fille m'a été rendue par
sa Sainteté Abdu'l-Baha." (CH 202)
* * *
12- Abdu'l-Baha distribuait en abondance des paroles réconfortantes à propos
de la vie après la mort. Une dame à Akka racontait l'histoire suivante au sujet
de sa fillette et d'Abdu'l-Baha:
Le Maître était venu visiter son enfant lorsqu'elle fut malade. Il avait apporté
deux roses rose pour la petite. Il se tourna alors vers la dame et lui dit d'une
voix remplie d'amour: "Vous devez être patiente."
Ce soir-là, l'enfant mourut. Quand la mère en demanda la raison à Abdu'l-Baha,
Il lui dit: "Il y a un Jardin de Dieu. Les êtres humains sont comme des arbres
croissant dans ce jardin. Notre divin Père est le jardinier. Lorsque le jardinier
voit un arbuste dans un endroit trop exigu pour son développement, Il lui prépare
un endroit plus approprié et plus beau où il pourra croître et porter des fruits.
Ensuite, il transplante ce petit arbre. Les autres arbres des alentours sont
surpris et se disent: "C'était un arbre attrayant. Pourquoi le jardinier l'a-t-il
déraciné? " Seul le Jardinier Divin en connaît la raison.
"Vous pleurez, mais si vous pouviez voir la beauté de l'endroit où se trouve
votre enfant, vous ne seriez plus triste. Elle est maintenant libre comme un
oiseau et elle chante de divines et joyeuses mélodies.
Si vous pouviez voir par vous-même ce jardin sacré, vous aspireriez à vous échapper
de ce monde. Mais pour l'instant, votre devoir consiste à demeurer ici-bas.
(CH 216)
* * *
13- Un jour, une femme vint exprimer ses chagrins à Abdu'l-Baha. Comme elle
racontait son histoire, ¢bdu'l-Baha essayait de l'apaiser et disait: "Ne soyez
plus triste, ne soyez pas triste."
La femme disait: "Mon frère est en prison depuis trois ans. Il ne devrait pas
être emprisonné car cela n'était pas de sa faute. Il était vulnérable et suivait
les autres. Il sera emprisonné encore quatre années. Ma mère et mon père sont
inconsolables. Mon beau-frère prenait soin de nous, mais il vient juste de mourir."
Le Maître percevait toute la tragédie humaine. Voilà une famille affligée de
toutes formes de misère; ils étaient pauvres, ils étaient faibles, tristes,
déchus et totalement désespérés.
Abdu'l-Baha dit: "Vous devez avoir confiance en Dieu."
"Mais, de s'écrier la femme, plus j'ai confiance, plus les conditions empirent."
"Vous n'avez jamais eu confiance" dit Abdu'l-Baha.
"Pourtant, ma mère lit la bible tout le temps " dit-elle. " Elle ne mérite pas
que Dieu l'abandonne à son désespoir! Moi aussi je lis la bible; je récite le
quatre vingt onzième Psaume et le vingt-troisième Psaume chaque soir au coucher.
De plus, je récite des prières."
Abdu'l-Baha la regarda tendrement et lui dit, "Prier ne consiste pas à lire
la bible. La prière, c'est d'avoir confiance en Dieu et d'accepter Sa Volonté.
Vous devez être patiente et accepter la Volonté de Dieu et alors les choses
vont s'améliorer pour vous. Placez votre famille entre les mains de Dieu. Appréciez
la Volonté de Dieu et ayez confiance en Lui. Les bateaux robustes ne sont pas
vaincus par la mer; ils résistent aux océans! À partir de maintenant, soyez
comme un vaillant bateau et non pas un bateau en dérive." (AF 27)
* * *
14- Alors qu'Abdu'l-Baha visitait un ami cloué à son lit depuis longtemps suite
à un accident, Abdu'l-Baha raconta l'histoire suivante sur la signification
de la souffrance:
"Un certain roi voulait attribuer un poste important à l'un de ses sujets. Mais
plutôt que de le gratifier du poste, il le fit jeter en prison. L'homme fut
très étonné car il s'attendait à des honneurs. Ensuite, le roi le fit sortir
de prison et lui fit assener la bastonnade. Cette fois encore l'homme était
consterné car il croyait que le roi l'appréciait. Après ces traitements, il
fut pendu par le cou jusqu'à l'ultime limite. Quand l'homme fut rétabli, il
demanda au roi: "Si vous m'appréciez, pourquoi me faites-vous subir toutes ces
afflictions? " Et le roi répondit: "J'ai l'intention de faire de vous mon Premier
Ministre. En subissant toutes ces souffrances, vous êtes devenu plus apte à
exercer la fonction. Je voulais que vous les ressentiez par vous-même. Ainsi,
lorsque vous devrez punir les autres de la même manière, vous en connaîtrez
les répercussions pour eux. Je vous aime, c'est pourquoi je souhaite que vous
deveniez irréprochable. (SW Vol. R No. 12, p.205)
* * *
15- Un jour, à Akka, une Occidentale est venue voir Abdu'l-Baha, elle commença
à Lui raconter ses difficultés.
Abdu'l-Baha écoutait patiemment pendant que la dame en ajoutait sans cesse.
Il n'y avait pas de problèmes majeurs, mais elle croyait qu'ils étaient épouvantables.
Finalement, Abdu'l-Baha se leva de Son siège et lui dit qu'il avait une autre
obligation et devait s'y rendre. " Mais là-bas " dit-il, en dirigeant le regard
vers la fenêtre " arrive un homme que je vais requérir auprès de vous. Son nom
est Mirza Haydar Ali. Nous le surnommons " l'Ange du Mont Carmel. " Il déambule
sur terre, mais il demeure au paradis. Il a traversé de nombreuses difficultés
et il pourra vous en parler. " [nota: Mirza Haydar ?li avait été torturé, subi
plusieurs autres sortes de persécutions et emprisonné de nombreuses années pour
sa Foi]
Abdu'l-Baha sortit et revint du jardin en accompagnant Mirza Haydar Ali. Il
présenta Haydar Ali à la dame et les quitta ensuite pour se rendre à son autre
rendez-vous.
Mirza Haydar Ali commença alors à parler avec la femme. Avec une grande humilité
et des gestes d'une délicatesse extrême, il parla de l'époque merveilleuse qu'ils
traversaient et de l'ère céleste annoncée pour bientôt.
La femme écoutait, mais écoutait avec une impatience grandissante. Au bout d'un
moment, elle l'interrompit et lui dit: "Abdu'l-Baha m'avait pourtant dit que
vous me parleriez de vos difficultés."
Mirza Haydar Ali eut l'air surpris. " Des difficultés? "demanda-t-il. " Mais
madame, je ne connais pas cela. Je ne me suis jamais senti en difficultés."
(SW Vol.8, No19, p244)
* * *
16- Abdu'l-Baha avait été un prisonnier et un exilé pendant plus que cinquante
ans de sa vie. Il n'avait jamais fréquenté l'école dans son enfance. Il n'avait
rencontré durant son adolescence aucun étudiant de niveau supérieur ou universitaire.
Même à l'âge mur, il n'avait jamais lu les importants livres du Monde ni eu
de discussions avec les gens les plus instruits.
Mais lorsque Abdu'l-Baha se rendit en Europe et en Amérique, il s'est quand
même entretenu avec des savants et des philosophes, des hommes influents et
des dirigeants. Vous pouvez penser que son expérience antérieure ne l'avait
pas rendu apte à cela. Tout de même Abdu'l-Baha n'était jamais désemparé. Peu
importe le sujet de la discussion, Il se montrait toujours à la hauteur. En
fait, Il semblait toujours en connaître plus long que quiconque et Il avait
toujours une bonne réponse à toute question ou tout problème. Mais en même temps,
Il ne laissait jamais les gens ressentir Sa supériorité par rapport aux autres.
Il était toujours modeste, aimant et respectueux de l'opinion des autres.
Et Il était toujours courtois envers chaque personne qu'Il rencontrait car Il
" voyait le Visage de son Père Céleste dans chaque visage." (PF 115)
* * *
17- Un jour, un ministre chrétien vint rendre visite à Abdu'l-Baha afin de recueillir
de l'information pour un article dans une Revue. Il était évident que le ministre
d'un âge certain, n'avait aucun intérêt pour la Foi baha'ie ou envers Abdu'l-Baha.
Lui seul s'exprimait et il posait seulement des questions de nature à illustrer
son article de Revue. Abdu'l-Baha répondait aux questions par des phrases laconiques
ou par des " oui " ou des " non. " Il ne perdait pas intérêt dans l'entrevue
mais il semblait qu'Il portait plus attention à l'interrogateur qu'aux questions
elles-mêmes. Il était complètement décontracté en position assise, les mains
sur Ses genoux, paumes tournées vers le haut comme Il avait habitude de le faire.
Il regardait son interlocuteur avec une indescriptible expression d'amour infini.
Son visage était radieux d'une flamme intérieure.
Le ministre parlait sans arrêt. Les autres personnes qui étaient avec Abdu'l-Baha
devinrent très impatientes. Pourquoi donc Abdu'l-Baha ne mettait-il pas fin
à l'entrevue? pensaient-ils. Ne voyait-il pas que cela était inutile? Cet homme
n'avait pas d'autre intérêt que de faire de l'argent avec son article. Mais
Abdu'l-Baha continuait d'écouter et Il encourageait l'homme à s'exprimer pleinement.
À la fin, le ministre fit une pause. Il y eut un silence momentané et alors
Abdu'l-Baha commença à parler de Sa voix douce et résonnante. Phrase par phrase
l'interprète traduisait. Il parla de Sa Sainteté le Christ, de Son amour pour
l'humanité l'ayant mené à la Croix, de l'importance du ministère chrétien "
auquel vous, mon cher fils avait été appelé", du besoin pour le clergé de "
revêtir les attributs divins " de façon à ce que le clergé attire les coeurs
des hommes à la vie divine. Il parla aussi de la venue sur terre du Royaume
de Dieu pour lequel le Christ avait dit de prier et qui avait été établi par
Baha'u'llah comme le Christ l'avait promis.
En moins de cinq minutes, l'interrogateur était devenu une personne transformée.
Il était humble et, pour l'instant en tout cas, un disciple aux pieds de Abdu'l-Baha.
Il semblait avoir été transporté dans un autre monde, tout comme les autres
personnes présentes. Son visage brillait visiblement, comme s'il avait reçu
une lumière intérieure.
Alors, Abdu'l-Baha se leva. Il embrassa amoureusement le ministre et le conduisit
vers la porte. Rendu là, Il fit une pause. Ses yeux se portèrent vers un gros
bouquet de roses magnifiques qu'un de Ses amis lui avait apporté ce matin-là.
Il y en avait au moins deux douzaines, peut-être même trois. Il y en avait tellement
et leurs tiges étaient si longues, qu'elles étaient placées dans un support
à parapluie car il n'y avait pas d'autre chose pour les contenir.
Dès que les yeux d'Abdu'l-Baha se furent posés sur les roses, Il éclata de rire.
Son rire plutôt enfantin tonna dans toute la pièce. Il se pencha, ramassa tout
le bouquet de roses dans ses bras et les déposa dans les bras du visiteur. Et
ainsi se tenait le ministre, sa tête grise et ronde au-dessus de l'immense paquet
de jolies fleurs, tellement surpris, tellement radieux, si humble, si complètement
transformé! Oui, Abdu'l-Baha connaissait la façon d'enseigner l'amour de Dieu!
(PF 47)
* * *
18- Voici l'histoire relatant la façon dont Abdu'l-Baha se présenta à une réception
tenue pour une vingtaine de personnes de grande renommée en Amérique et d'un
rang social élevé:
L'hôtesse de la réception avait auparavant rendu visite à Abdu'l-Baha à Akka
pendant qu'Il était prisonnier là-bas. Sa vie avait été complètement transformée
par cette rencontre et elle souhaitait que ses propres amis le rencontrent eux
aussi. Mais elle était un peu nerveuse au sujet de la réception car ses amis
étaient d'éminents scientifiques, artistes, médecins qui ne se préoccupaient
presque pas de religion. En fait, quelques-uns d'entre eux n'avaient pas la
moindre opinion sur l'existence de Dieu, et ils n'étaient pas intéressés par
la question.
Évidemment, la dame voulait que sa réception soit un succès et elle se demandait
comment Abdu'l-Baha dénouerait la situation. Avec un brin de nervosité, elle
suggéra à Abdu'l-Baha de parler de la vie après la mort et s'en remit aux bonnes
grâces du Maître.
Pendant que le dîner se déroulait, la conversation ne portait que sur des questions
banales et Abdu'l-Baha ne fit aucun effort pour faire changer le sujet de la
conversation. Alors après un certain temps, l'hôtesse elle-même fit une introduction
pour permettre à Abdu'l-Baha de parler de sujets spirituels.
Sa réponse fut de demander s'Il pouvait leur raconter une histoire et Il raconta
l'une des nombreuses histoires orientales qu'Il connaissait. À la fin de l'histoire,
chacun riait de bon coeur. La glace était rompue. D'autres personnes y allèrent
ensuite de leurs propres histoires. Alors, Abdu'l-Baha, le visage resplendissant
de bonheur raconta une autre histoire, puis encore d'autres. Son rire dominait
la salle. Il leur souligna qu'il était bon de rire. Le rire, leur dit-il, constitue
une détente spirituelle.
Il leur mentionna que l'univers de leur vie en prison était le plus pénible
que l'on puisse imaginer. Mais en fin de journée, chacun des compagnons d'Abdu'l-Baha
racontait les plus cocasses incidents survenus ce jour-là. Parfois, c'était
un peu difficile de trouver quelque chose de drôle à raconter, mais on en arrivait
toujours à rire jusqu'au larmes. Le bonheur, disait-Il ne dépend pas de votre
environnement, ni des circonstances prévalant.
Et ce fut tout ce que Abdu'l-Baha raconta durant le dîner à propos de choses
spirituelles ou des enseignements de Baha'u'llah. Mais l'effet de Ses paroles
fut plus intense que s'Il avait donné un long discours sur la religion.
Après que les invités furent sortis et qu'Abdu'l-Baha était sur le point de
se rendre à Son hôtel, Il s'approcha de Son hôtesse, lui fit un sourire et lui
demanda d'une manière un peu gênée, "Êtes vous contente de moi?" (PF 117)
* * *
19- Voici un autre exemple de la finesse d'Abdu'l-Baha pour enseigner. Un homme
avait dû subir une intervention chirurgicale majeure, et un an plus tard il
semblait qu'il devait en subir une autre. Il devint très nerveux, tellement
qu'il songeait à se défaire de sa dépendance au tabac entretenue durant presque
toute sa vie d'adulte. Cet homme s'était toujours vanté d'être capable de cesser
de fumer à volonté. À plusieurs reprises au cours de sa vie, il avait été capable
d'arrêter de fumer pendant plusieurs mois consécutifs. Mais cette fois, alors
qu'il était tellement nerveux, il eut la surprise de constater qu'il n'avait
pas le contrôle de sa dépendance pendant plus d'une journée ou deux. En fin
de compte, il décida d'aller voir Abdu'l-Baha et de lui demander Son aide. Il
savait qu'Abdu'l-Baha avait enjoint aux baha'is d'éviter de fumer. " Sûrement
" se disait-il à lui-même, "Abdu'l-Baha va me dire comment me débarrasser de
cette habitude."
Lorsqu'il eut l'occasion de rencontrer Abdu'l-Baha, il Lui dit tout à ce sujet.
Il était comme un enfant se confiant à sa mère, et sa voie s'éteignit dans un
silence embrassant après seulement quelques mots. Mais Abdu'l-Baha comprit,
en réalité mieux que quiconque aurait pût le faire. Il regarda l'homme d'une
façon si pleine d'amour que ce dernier en ressenti toute la chaleur. Après une
pause, Abdu'l-Baha demanda tranquillement: "Combien de cigarettes fumez-vous?
" L'homme lui répondit.
Alors, Abdu'l-Baha lui dit: "Je ne pense pas que ces quelques cigarettes vous
seront dommageables. En Orient, les hommes fument continuellement: leurs cheveux,
leur barbe et leurs vêtements deviennent imprégnés de tabac et souvent ces personnes
sentent très mauvais. Mais comme cela n'est pas votre cas et puisque vous avez
déjà fumé tant d'années, je ne pense pas que cela devrait vous inquiéter.
Il sourit et ses yeux doux semblaient refléter une lueur, comme s'il avait été
en train de savourer une merveilleuse, divine plaisanterie.
L'homme fut interloqué. Abdu'l-Baha n'avait pas fait l'ombre d'une réflexion
sur les méfaits du tabac. Il n'avait fait aucun appel à sa force de volonté
pour surmonter la tentation. Au lieu de cela, Il lui avait laissé l'entière
liberté. Sans bien comprendre, l'homme éprouva un grand soulagement car il devinait
qu'Abdu'l-Baha lui donnait un sage conseil. Le conflit intérieur était résolu,
la nervosité disparue et l'homme goûta la joie de fumer sans remords. Mais il
eut une certaine surprise: deux jours après la conversation, l'homme sentit
qu'il avait complètement perdu le goût du tabac et cela persista pendant sept
ans. (PF 44)
* * *
20- Un jour Abdu'l-Baha alla parler à des centaines de personnes dans un quartier
pauvre de New York. Avec Lui, il y avait un groupe nombreux de Ses amis persans
et américains. Comme ils marchaient à travers les rues, ils constituaient une
suite inhabituelle avec les persans dans leurs longues robes flottantes et leurs
têtes enrubannées à l'orientale. Comme l'on pouvait s'y attendre, un bon nombre
de garçons se mirent à les suivre et bientôt à leur crier des noms et à leur
lancer des bâtons.
L'hôtesse d'Abdu'l-Baha, Madame Kinney, ne pouvait supporter de Le voir traiter
de cette façon, elle s'éclipsa brièvement dernière le groupe pour parler aux
garçons. En quelques mots, elle leur dit qui Il était et que c'était un très
saint homme qui avait passé plusieurs années en prison à cause de Son amour
pour la Vérité et pour l'humanité et que maintenant, Il était en route pour
parler aux miséreux de la Mission Bowery.
"Est-ce que nous pouvons y aller, nous aussi? " demanda le chef de la bande.
Madame Kinney leur dit que cela ne serait pas possible, mais elle leur dit:
"Si vous veniez chez moi dimanche prochain, je vais faire en sorte que vous
puissiez Le voir."
Elle leur donna son adresse tout en pensant qu'à coup sûr ils ne viendraient
pas.
Durant l'après-midi du dimanche suivant, les garçons arrivèrent chez Madame
Kinney. Ils étaient nombreux, entre vingt et trente garçons, et pas d'un statut
social très élevé. Par surcroît, ils n'étaient pas très bien vêtus mais ils
étaient propres et vêtus comme pour une grande occasion. Ils gravirent allègrement
les marches du perron en battant du talon tout en bavardant bruyamment, lorsque
la porte fut ouverte, ils se précipitèrent en haut des marches vers la chambre
d'Abdu'l-Baha.
Abdu'l-Baha se tenait debout à la porte, prêt à les recevoir. Il accueillit
chaque garçon à l'entrée, l'un par une poignée de main, un autre en lui passant
un bras autour de l'épaule mais toujours avec tellement de sourires et de rires
qu'Il semblait être Lui-même un enfant parmi eux.
Et les garçons? Vous pouvez bien penser qu'ils étaient figés et craintifs dans
cet environnement luxueux tout à fait nouveau à leurs yeux. Mais il n'en était
absolument pas ainsi. Ils semblaient heureux du seul fait d'être dans la chambre
avec ¢bdu'l-Baha.
Parmi les derniers à pénétrer dans la pièce, il y avait un garçon de couleur
d'environ treize ans. Il était très noir et il avait évidemment très peur d'être
mal accueilli puisqu'il était le seul de sa race dans le groupe. Lorsque Abdu'l-Baha
vit ce garçon, Son visage s'illumina d'un divin sourire. Il leva Sa main dans
un geste d'accueil princier et s'exclama d'une voix forte pour être entendu
de tous: "Ah! Voici une rose noire!"
Il se fit soudainement un profond silence dans la pièce. Le visage noir s'illumina
d'un bonheur et d'un amour presque surnaturels. Les autres garçons le regardèrent
avec des yeux différents. Jamais auparavant n'avaient-ils relié à lui une chose
aussi magnifique qu'une rose noire.
Les enfants demeurèrent tranquilles et détendus, mais ils devinrent plus sérieux
et leur attention fut attirée vers Abdu'l-Baha. Ils jetèrent des regards vers
le garçon de couleur, leurs yeux étant des plus songeurs. Abdu'l-Baha leur avait
servi une leçon très profonde et cela sans qu'ils ne se rendent compte que c'était
un enseignement intentionnel.
Tout de suite è l'arrivée des invités, Abdu'l-Baha avait envoyé quelqu'un acheter
des sucreries et maintenant ces douceurs arrivèrent. C'était une boîte de cinq
livres de coûteux chocolats mélangés. Le papier d'emballage fut enlevé et Abdu'l-Baha
se promena avec la boîte autour du cercle de garçons, plongeant sa main dans
la boîte et mettant une bonne poignée de chocolats dans les mains de chacun
en ajoutant des paroles et un sourire pour tous. Il retourna ensuite à la table
où Il s'était assis auparavant et y déposant la boîte qui ne contenait plus
que quelques morceaux, Il y ramassa un chocolat long et noir. Il le regarda
un instant et ensuite son regard fit le tour du groupe de garçons. Ils le surveillaient
tous avec attention, s'attendant à quelque chose. Sans dire un mot, Il traversa
la pièce jusqu'à l'endroit où était assis le garçon de couleur et toujours en
silence mais affichant avec humour un regard profond qui englobait chacun dans
la pièce, Il plaça le chocolat le long de la joue noire.
Le visage d'Abdu'l-Baha était radieux quand Il posa sa main autour de l'épaule
du garçon et cette illumination semblait inonder la pièce. Pas besoin de paroles
pour expliquer ce qu'il voulait dire et sans aucun doute chacun des garçons
comprit. Il semblait vouloir dire que le garçon de couleur était non seulement
une rose noire mais aussi une sucrerie noire. Vous mangez du chocolat noir et
vous le trouvez bon au goût; peut-être que vous trouveriez bon votre frère noir
si vous goûtiez sa douceur. (PF 63)
* * *
21- Durant un séjour à Washington D.C., Abdu'l-Baha invita un baha'i américain
noir, Monsieur Gregory, à la résidence d'un haut fonctionnaire du Gouvernement
qui offrait un banquet en l'honneur d'Abdu'l-Baha. Monsieur Gregory était surpris
car il savait qu'il n'avait pas été invité au banquet et que les Américains
blancs n'avaient pas l'habitude de manger en compagnie d'un noir. Tout de même,
il sentit qu'il devait y aller puisque le Maître désirait le voir.
Abdu'l-Baha le rencontra avec sa bienveillance naturelle. Durant une heure,
ils parlèrent de plusieurs sujets. Soudain, le serviteur se présenta à la porte
pour annoncer que le repas était servi.
Abdu'l-Baha se leva rapidement et se rendit à la salle de dîner mais Monsieur
Gregory demeura à l'arrière ne sachant pas ce qu'il devait faire. Devait-il
quitter les lieux ou bien attendre?
Abdu'l-Baha arriva à la table, s'arrêta soudainement et dit en anglais d'une
voix assez forte, "Où est mon ami, Monsieur Gregory? Mon ami, Monsieur Gregory
doit dîner avec moi."
Il n y avait qu'une chose à faire. Le serviteur partit à la recherche de Monsieur
Gregory. Dans l'intervalle, Abdu'l-Baha commença à déplacer les nombreux couteaux,
fourchettes et verres pour faire une place près de Lui pour Monsieur Gregory.
C'est ainsi que Monsieur Gregory put s'asseoir à la place d'honneur près d'Abdu'l-Baha.
Et Abdu'l-Baha anima la réception d'une façon si plaisante que bientôt tous
les invités oublièrent, au moins pour un certain temps, quelque chose d'aussi
stupide que l'aversion envers un autre être humain simplement à cause de la
couleur de sa peau. (WA 7)
* * *
22- Abdu'l-Baha n'acceptait jamais de dons en argent de qui que ce soit. Mais
de petits cadeaux lui apportaient toujours beaucoup de plaisir - un mouchoir,
une boîte de sucreries, un panier de fruits ou un bouquet de fleurs. Il acceptait
toujours de tels cadeaux en remerciant avec un sourire - et Il s'empressait
alors de les redonner à son tour aux amis qui venaient lui rendre visite. Et
chacun aimait recevoir de tels cadeaux d'Abdu'l-Baha. Même un prince persan
honore un cadeau reçu de Lui - une paire de pantoufles souples en cuir rouge
qu'Abdu'l-Baha lui avait donné à Londres. (CH 168)
Un jour, une dame dit à Abdu'l-Baha: "J'ai ici un chèque d'un ami qui vous recommande
de l'accepter pour vous acheter une bonne voiture à moteur pour votre travail
en Angleterre et en Europe."
Abdu'l-Baha répondit: "J'accepte avec reconnaissance le cadeau de votre ami.
" Il prit le chèque entre Ses mains, comme pour le bénir et Il dit alors: "Je
le retourne pour qu'il soit utilisé pour des cadeaux aux pauvres." (CH 157)
* * *
23- Il circule une histoire à propos d'un cadeau fait à Abdu'l-Baha de la part
d'un pauvre ouvrier baha'i d'Ishgabàd. Cet homme avait entendu dire qu'un voyageur
en route pour Londres traversait sa ville pour rejoindre Abdu'l-Baha et il était
anxieux d'envoyer un cadeau à son Maître bien-aimé. Mais il n'avait rien à donner,
il pria donc le voyageur de prendre son modeste dîner, qu'il avait enveloppé
avec un mouchoir de coton, et de l'apporter à Abdu'l-Baha comme preuve de son
amour.
Il s'écoula plusieurs jours avant que le voyageur ne parvienne à Londres. Il
rejoignit Abdu'l-Baha lorsque celui-ci entamait son repas en compagnie de quelques
invités et en toute bonne foi, il présenta le cadeau de l'ouvrier en racontant
les circonstances relatives au don. Abdu'l-Baha dénoua le mouchoir. Il contenait
un morceau de pain noir et sec ainsi qu'une pomme ratatinée. Que fit Abdu'l-Baha
avec cela ? Il rompit le pain en petits morceaux et Il incita les invités à
se joindre à Lui pour se nourrir du dîner de l'ouvrier. " Mangez avec moi de
ce cadeau d'un amour humble " dit-Il. Et Abdu'l-Baha renonça à son propre repas.
(CH 161)
* * *
24- Pendant qu'Abdu'l-Baha était à Dublin, Il séjourna dans un petit hôtel.
Une femme qui était descendue au même hôtel raconte l'histoire suivante:
De bonne heure, un certain matin, elle jetait un coup d'oeil par la fenêtre lorsqu'elle
vit Abdu'l-Baha marchant de long en large, dictant pour Son secrétaire. Comme
elle regardait, un homme âgé vêtu d'habits sales et déchirés passa devant l'auberge.
Abdu'l-Baha envoya Son secrétaire pour lui dire de revenir.
À l'approche de l'homme, Abdu'l-Baha s'avança pour l'accueillir. Il prit la
main du pauvre homme dans la sienne et lui sourit comme s'Il souhaitait la bienvenue
à un ami de longue date. Il lui parla quelques minutes en essayant de fournit
de l'ardeur au vieil homme. Finalement, l'homme sourit un peu, mais c'était
quand même plutôt triste. Pendant qu'Abdu'l-Baha lui parlait, Il observait l'homme.
Il constata que ses pantalons étaient très déchirés et cachaient à peine son
corps. Il dit: "Nous devons faire quelque chose à propos de cela."
Il n'y avait personne dans la rue car c'était très tôt le matin. En riant gentiment
Abdu'l-Baha se mit à l'ombre d'un mur et commença à fouiller en dessous de Sa
tunique. Alors, Il se pencha en avant et Il laissa ses pantalons tomber sur
le sol. Il remit Sa tunique en place et se tournant vers le vieil homme, Il
lui donna ses pantalons. " Que Dieu soit avec vous " dit-Il. Alors, Il se tourna
vers Son secrétaire et continua à dicter comme si rien d'inhabituel ne s'était
produit. (PF 128)
* * *
25- Un jour, à Londres, un visiteur posa la question suivante à Abdu'l-Baha:
"Le bonheur succédera-t-il un jour à l'affliction dans le monde?"
Abdu'l-Baha lui répondit: "Il y a presque deux mille ans maintenant que Sa Sainteté
le Seigneur Christ enseigna à Son peuple cette prière: "Que Ton règne vienne,
que Ta Volonté soit faite sur la terre comme au ciel. " Pensez-vous qu'Il vous
aurait enjoint de prier pour quelque chose qui ne pourrait jamais arriver? Cette
prière constitue en même temps une prophétie."
Le visiteur dit: "Mais, Abdu'l-Baha, quand le Règne arrivera-t-il? Peut-on espérer
que Sa Volonté sera faite prochainement sur la terre comme au ciel?"
"Cela dépend", dit Abdu'l-Baha. " Cela dépend de la fermeté de chacun d'entre
vous à servir la Cause jour et nuit. Vous êtes tous des flambeaux que j'ai allumés
de mes propres mains. Allez et allumez en d'autres jusqu'à ce que tous les serviteurs
divisés dans l'attente se fusionnent dans une grande Unité."
"Ceux qui travaillent en solitaires " dit-Il, "sont comme des fourmis, mais
en s'unifiant, ils deviendront comme des aigles. Ceux qui travaillent seuls
sont comme des gouttes d'eau mais en se combinant avec d'autres, ils deviendront
une grande rivière qui apportera l'eau pure de la vie aux endroits désertiques
du monde. Quand cette grande rivière de vie deviendra un fleuve, toutes les
misères, les tristesses et les afflictions seront enrayées. Soyez unis! C'est
dangereux de n'être qu'une simple goutte; elle peut être répandue ou s'évaporée."
(CH 171)
* * *
26- Abdu'l-Baha faisait ressentir à tous qu'ils étaient comme Sa propre famille.
Un jour en Angleterre, Il était assis en compagnie de deux dames, l'une d'elles
lui dit: "Maître, n'avez-vous pas hâte d'être de retour à Haïfa et d'être avec
votre famille bien-aimée?"
Abdu'l-Baha sourit et dit: "Je veux que vous compreniez que vous êtes toutes
deux mes filles et que vous m'êtes aussi chère que mes propres filles à Haïfa."
Les dames n'en croyaient pas leurs oreilles et elles se demandaient comment
elles pouvaient mériter un si grand honneur, mais cela leur a permis de comprendre
les enseignements de Baha'u'llah sur l'unité du genre humain et sur l'appartenance
de tous les hommes à la même famille. (CH 171)
* * *
27- Abdu'l-Baha aimait les enfants. Un jour, Il fut invité avec quelques baha'is
dans East Sheen à Londres pour rendre visite à une famille ayant trois enfants
en bas âge. En un rien de temps, les enfants montèrent sur Ses genoux, s'agrippèrent
à Son cou et, aussitôt qu'Il commença à parler, ils devinrent tranquilles comme
trois petites souris.
Tout en parlant, Abdu'l-Baha caressait les cheveux des petits et Il disait:
"Bénis sont les enfants, de qui Sa Sainteté le Christ a dit: "Le Royaume des
Cieux leur appartient. Les enfants n'ont pas d'ambitions terrestres. Leurs coeurs
sont purs. Nous devons devenir comme les enfants ..." Nous devons purifier notre
coeur pour percevoir Dieu par Ses Manifestations Majeures et obéir aux lois que
nous révèlent Ceux-ci, Ses Messagers."
Plus tard, au cours de la même journée, Il prit une marche dans Richmond Park.
De là, Il a assisté à une course de poneys entre quelques garçons et une fille.
Abdu'l-Baha a semblé particulièrement réjoui lorsque la fille gagna la course.
Il s'approcha d'elle en disant: "Bravo, Bravo!" (CH 165)
* * *
28- Abdu'l-Baha désirait toujours que les gens soient heureux. Il manifestait
cette attitude de plusieurs façons. Il demandait toujours aux gens, "Êtes-vous
bien? Êtes-vous heureux?"
Un jour à Londres, des cascades de rires provenant d'une cuisine se faisaient
entendre. Abdu'l-Baha se dirigea rapidement vers le groupe enjoué.
"Je suis très content de vous voir si heureux" dit-Il. "Mais dites-moi, pourquoi
riez-vous?"
Les propos suivants entre le serviteur persan et le tenancier anglais avaient
été échangés: Le Persan avait dit: "En Orient, les femmes portent un voile et
font tout le travail. " À quoi l'Anglais avait répondu: "En Occident, les femmes
ne portent pas le voile et s'assurent que les hommes effectuent au moins un
peu du travail. Vous feriez mieux de continuer à nettoyer cette argenterie."
Abdu'l-Baha rit de bon coeur et donna à chacun une petite pièce d'or, simplement
pour souligner leur bonheur! (CH 163)
* * *
29- Abdu'l-Baha s'intéressait beaucoup du travail accessible aux femmes et à
leur progression. Pendant qu'Il était en Europe et en Amérique, plusieurs femmes
de notoriété vinrent le voir, telles que Madame Annie Besant, présidente de
la Société de Théologie, des dirigeantes d'organisations féminines variées,
des travailleuses sociales, des directrices d'institutions d'enseignement pour
filles et bien d'autres.
Un jour, une dame qui croyait fermement au droit de vote des femmes vint rendre
visite à Abdu'l-Baha. Le maître a parlé de la condition générale de la femme
dans différentes parties du monde, puis Il s'est tourné vers la dame et lui
dit: "Donnez-moi les raisons qui vous permettent de croire que les femmes devraient
avoir le droit de vote."
La dame répondit: "Je crois que la race humaine est d'origine divine et qu'elle
doit s'élever de plus en plus haut mais qu'elle ne peut voler d'une seule aile."
Abdu'l-Baha fut ravi par cette réponse. Il sourit et demanda: "Mais que feriez-vous
si l'une des deux ailes était plus forte que l'autre?"
Elle répondit: "Alors nous devrions renforcer l'aile la plus faible, car le
vol ne serait pas très en douceur."
Abdu'l-Baha sourit encore et dit: "Que diriez-vous si je vous prouvais que la
femme est l'aile la plus forte?"
Et la dame répondit le plus gracieusement qu'elle put: "Vous gagneriez ma reconnaissance
éternelle!" (AL 104)
* * *
30- Les gens se demandaient souvent comment Abdu'l-Baha pouvait manifester constamment
autant de force et d'énergie.
Un jour, Abdu'l-Baha était revenu extrêmement fatigué d'une réunion. Ses amis
étaient attristés de l'épuisement qu'Il démontrait en gravissant les nombreuses
marches menant à l'étage des chambres du haut.
Soudain, à l'émerveillement de tous, le Maître courut sans s'arrêter jusqu'au
haut de l'escalier. Du sommet, Son regard s'abaissa vers Ses amis et Il dit:
"Vous êtes tous très âgés; je suis moi-même très jeune!" Tout signe de fatigue
avait complètement disparu de Son visage et Il se tenait là en leur souriant.
Constatant la surprise de chacun, Abdu'l-Baha dit: "Au pouvoir de Baha'u'llah,
rien n'est impossible. Je n'ai fait qu'utiliser ce pouvoir." (CH 169)
* * *
31- Abdu'l-Baha connaissait seulement quelques mots d'anglais mais Il n'avait
aucune difficulté à faire comprendre Son message. Si les mots ne pouvaient pas
être compris, Il parlait le langage du coeur et les gens en saisissaient le sens.
Il y a un récit traitant d'un mineur américain qui ne pouvait ni lire ni écrire.
Ce dernier avait entendu parler d'Abdu'l-Baha et avait effectué un long périple
à pied pour Le rencontrer alors qu'Il était à San Francisco.
Même si cet homme n'était pas instruit, une grandeur d'âme l'habitait. Un jour,
il se rendit à une réunion où Abdu'l-Baha parlait. Il écoutait, ses yeux et
son coeur étaient captivés par chaque mouvement et par chaque parole d'Abdu'l-Baha.
C'était comme s'il s'abreuvait à une cascade d'eau fraîche.
Quand l'interprète commençait à traduire les phrases en anglais, le mineur murmurait:
"Pourquoi cet homme intervient-il ?"
Puis Abdu'l-Baha reprit la parole et le mineur écouta avec ravissement, mais
lorsque l'interprète recommença à traduire en anglais, le mineur perdit patience
et dit: "Pourquoi laisse-t-on cet homme déranger ? On devrait le mettre dehors."
La personne assise près du mineur donna l'explication en disant: "Il est l'interprète
officiel, il traduit du persan en anglais pour votre compréhension."
Le mineur répondit: "Comment cela, tout le monde pouvait comprendre. Parlait-Il
en persan? "(PF 98)
* * *
32- Abdu'l-Baha n'avait peur de rien. Lorsqu'Il était à Paris, l'une des baha'ies,
une noble dame, a reçu une lettre qui disait: "Il serait sage d'avertir Abdu'l-Baha
qu'il pourrait être dangereux d'aller au (un certain pays) lequel est une étape
prochaine dans son itinéraire, selon mes sources."
L'expéditeur de la lettre était un ami fiable de la dame, elle a donc ressenti
la nécessité de prévenir Abdu'l-Baha de ce péril.
Lorsque Abdu'l-Baha entendit cette nouvelle, Il ne fit que sourire et dit: "Ma
chère fille, n'avez-vous pas compris que le danger me poursuit chaque jour de
ma vie, et que je serais ravi de quitter ce monde pour rejoindre mon Père?"
La dame était déchirée par la peur et l'inquiétude. " Ô Maître!", dit-elle "
Nous ne souhaitons pas que Vous nous quittiez de cette façon."
"Ne soyez pas inquiète", dit-Il. " Ces ennemis n'ont aucun pouvoir sur ma vie
si ce n'est celui qui leur provient du haut des cieux. Si mon Dieu Bien-aimé
devait désirer que mon sang soit versé en sacrifice dans Son sentier, cela serait
un jour de gloire et je peux seulement espérer qu'il arrivera bientôt."
En prononçant ces mots, Abdu'l-Baha offrait à Ses amis une vision renouvelée
de la signification de la foi. Leur foi en était devenue si intense qu'un jour,
lorsqu'un homme étrange s'approcha du groupe qu'ils formaient dans un jardin
et les averti que ce n'était pas seulement la vie d'Abdu'l-Baha qui était menacée
mais aussi leur propre vie, l'un d'eux put alors répliquer calmement: "Le Pouvoir
qui protège le Maître, protège aussi ses serviteurs. Par conséquent, nous n'avons
peur de rien."
L'homme fut tellement surpris par la réponse qu'il fila sans dire un mot de
plus. (CH 184)
* * *
33- Deux jours avant le départ d'Abdu'l-Baha de Paris, une femme arriva précipitamment
à une réunion tenue chez Lui. Elle dit: "Oh, comme je suis heureuse d'arriver
à temps! Je dois absolument vous dire la stupéfiante raison pour laquelle je
suis venue de l'Amérique en toute hâte. " Les personnes présentes prêtèrent
l'oreille, elle raconta son aventure:
"Un jour" dit-elle, "ma petite fille m'a saisi en disant, "Maman, si notre cher
Seigneur Jésus était sur la terre maintenant, que ferais-tu?" "Mon enfant chérie
"j'ai dit, "Je serais prête à prendre le premier train qui me conduirait à Lui
le plus vite possible." "Bien, maman" dit-elle, "Il est présent dans le monde."
Un étrange sentiment m'a envahie pendant que mon bambin parlait. Je dis, "Que
veux-tu dire, mon trésor? Comment le sais-tu?" "Il me l'a dit Lui-même " répondit-elle,
"alors bien sûr, Il se trouve sur la terre."
"En plein désarroi, je me suis dit, "Est-ce qu'un avertissement divin m'est
donné par la bouche de mon bébé?" J'ai donc prié pour être éclairée.
"Le jour suivant, ma fille me parla encore, tout comme si elle ne pouvait comprendre
la raison pour laquelle je n'avais pas réagi à son message. " Maman chérie"
dit-elle, "Pourquoi n'es-tu pas partie à la rencontre du Seigneur Jésus? Il
m'a dit deux fois qu'Il est vraiment parmi nous. " Je lui ai répondu: "Mon petit
amour, maman ne sait pas où Il est, comment pourrais-je Le trouver? " Elle dit
alors: "Nous verrons, maman. Nous verrons."
"Ce même après-midi, je suis sortie prendre une marche avec mon enfant. Soudain,
elle s'est immobilisée en criant, "Il est là! Il est là!" Elle trépidait d'excitation
et elle pointait du doigt la vitrine de boutique où il y avait une photo d'Abdu'l-Baha.
J'ai acheté le journal, trouvé cette adresse, pris le bateau la même nuit, et
me voilà!" (CH 185)
* * *
34- Pendant le séjour d'Abdu'l-Baha à Londres, une femme demanda la permission
de rencontrer le Maître. À son entrée, une personne l'a reçue en demandant:
"Avez-vous un rendez-vous? " La femme n'en avait pas et fut très attristée.
L'autre dit: "Je regrette, mais Il est présentement occupé avec d'éminentes
personnes et ne peut pas être dérangé."
La femme se détourna, se sentant trop insignifiante pour insister, mais elle
était amèrement désappointée! Elle descendit les marches de l'escalier et s'apprêtait
à quitter les lieux lorsqu'un messager d'Abdu'l-Baha courut pour l'intercepter.
" Il désire vous voir " dit le messager. " Vous devez revenir. Il m'a dit de
vous ramener à Lui!"
Tout le monde dans la maison avait entendu la voix d'Abdu'l-Baha provenant de
la porte de Sa salle d'accueil: "Un coeur a été blessé. Vite, vite, amenez-la
vers moi!" (CH 159)
* * *
35- Un soir, à Londres, quelques amies avaient pris les dispositions pour passer
une soirée tranquille, seules avec Abdu'l-Baha. L'événement était rarissime.
Les amies étaient très heureuses et elles aspiraient à se trouver seules avec
Abdu'l-Baha. Mais, après environ une demi-heure, la réunion fut interrompue
par un journaliste qui se faufila au travers des serviteurs et insista pour
obtenir une entrevue avec Abdu'l-Baha. Le journaliste vint dans la salle, prit
une chaise, alluma une cigarette sans en demander la permission et dit à Abdu'l-Baha:
"Vous savez, je suis en train d'écrire un article pour un journal et j'aimerais
des éléments d'information."
Il continuait de parler d'une manière impolie et toutes les personnes présentes
en restaient bouche bée. Cet homme était en train de faire avorter tous leurs
plans de soirée intime.
Après un certain temps, Abdu'l-Baha se leva et fit signe au journaliste de le
suivre. Ils partirent tous deux vers le salon d'Abdu'l-Baha.
Aussitôt qu'Abdu'l-Baha eut laissé les amies seules, la salle leur parut soudainement
vide. Elles se regardèrent les unes les autres et réalisaient que le journaliste
importun était bel et bien parti, mais hélas, Abdu'l-Baha aussi.
La dame de la maison se demandait ce qu'elles pouvaient faire. Elle se rendit
à la porte du salon d'Abdu'l-Baha et dit à Son serviteur: "Auriez-vous l'amabilité
de dire à Abdu'l-Baha que les dames qui avaient obtenu rendez-vous attendent
son bon vouloir?"
La dame retourna vers les invitées et attendit le résultat. Presque aussitôt,
elles entendirent des pas dans le corridor. Suivit des voix d'un ton amical
s'échangeant des au revoir, finalement Abdu'l-Baha revint vers elles.
Les amies étaient très contentes de Le revoir! Mais aussitôt qu'Abdu'l-Baha
atteignit la porte, Il regarda chacune d'elles à tour de rôle d'un air sérieux
et dit: "Vous rendiez ce pauvre homme mal à l'aise en souhaitant ardemment qu'il
parte. Je l'ai pris à part pour qu'il soit content." (CH 162)
* * *
36- Une autre fois, à Londres, on entendit une voix masculine provenant de la
porte d'entrée. " Est-ce que la dame de la maison est là ?", demanda-t-elle.
Le serviteur répondit: "Oui, mais ..."
"S'il vous plaît, je dois la voir!" Implora-t-il. La dame l'entendit et vint
à la porte.
"Êtes-vous l'hôtesse d'Abdu'l-Baha?", demanda-t-il.
"Oui, désirez-vous me voir?"
"J'ai marché trente milles pour cela", répliqua-t-il.
"Entrez et reposez-vous", dit-elle. " Après que vous aurez mangé un peu, vous
pourrez me parler."
L'homme entra et s'assit dans la salle à dîner. Il avait l'air d'un simple vagabond,
d'un pauvre mendiant. Mais, son discours mettait en évidence qu'il en était
autrement. Il commença à raconter son histoire:
"Je n'ai pas toujours été tel que vous me voyez présentement. Mon père était
un prédicateur rural et j'ai eu le privilège de fréquenter une bonne école.
Aujourd'hui, je suis sans abri. Je dors sur les berges de la Tamise. Il n'est
pas important de dire comment j'en suis arrivé là. La nuit dernière, j'avais
décidé de mettre fin à ma misérable existence, inutile à Dieu et aux hommes.
Alors que je croyais faire ma dernière promenade, je suis passé devant une boutique
de journaux où je vis " un Visage " par la fenêtre. Je me suis figé sur place,
mon regard comme rivé sur ce visage. Il semblait me parler et m'appeler vers
Lui!"
Il avait apporté le journal et l'hôtesse vit la photo d'Abdu'l-Baha.
L'homme continua son histoire: "J'ai lu dans le journal qu'Il était ici, dans
cette maison. Je me suis dit: "Si cette personne est vraiment sur terre, je
dois changer mes plans et commencer une nouvelle vie. " J'ai donc marché jusqu'ici.
Je suis venu pour Le découvrir. Est-Il ici? Voudra-t-Il me voir? Même moi?"
"Bien sûr, Il vous recevra", dit-elle. " Venez à Lui."
Lorsque la dame frappa à la porte d'Abdu'l-Baha, Il vint ouvrir Lui-même en
tendant Ses mains comme pour accueillir un ami cher tant attendu!
"Bienvenu! Soyez bienvenu!" dit-Il. " Je suis très content que vous soyez ici.
Assoyez-vous."
Le pauvre homme s'engouffra dans une chaise basse aux pieds du Maître. Il tremblait
tellement qu'il en était devenu incapable de prononcer une seule parole.
"Soyez heureux! Soyez heureux! Dit Abdu'l-Baha, tenant l'une des mains du pauvre
homme et touchant tendrement sa tête. Abdu'l-Baha souriait de ce sourire plein
d'amour et de compréhension et continua: "Ne soyez pas affligé lorsque l'humiliation
vous envahie. La bonté et la puissance de Dieu sont sans limite envers toutes
et chacune des âmes de l'univers. Recherchez la joie spirituelle et la connaissance;
alors, même en vagabondant sur terre, vous vivrez dans le monde spirituel. Même
si vous êtes indigent, vous connaîtrez la richesse dans le Royaume de Dieu."
Ces mots et tant d'autres de réconfort, de vitalité et de guérison étaient exprimés
à cet homme que petit à petit, la brume de la misère s'évanouit dans la chaleur
dégagée par la présence attentionnée du Maître.
Lorsque l'étranger se leva pour partir, son visage reflétait une nouvelle physionomie;
de courbé sa posture était devenue droite et ses pas énergiques comme dirigés
avec précision.
Il se tourna vers la dame et dit: "S'il vous plaît, mettez Ses paroles par écrit
pour moi. J'ai obtenu au-delà de toutes mes espérances."
"Et maintenant, qu'allez vous faire?", demanda la dame.
Je vais aller sur le marché du travail. Je suis capable de gagner tout ce dont
j'ai besoin pour le minimum vital. Lorsque j'aurai assez économisé, je me procurerai
une petite parcelle de terrain, j'y bâtirai une modeste chaumière pour y vivre
et je cultiverai des violettes pour les vendre au marché. Comme Il a dit: "La
pauvreté est secondaire et le travail un acte d'adoration. Je n'ai pas besoin
de dire " merci", n'est-ce pas? Très bien. " Et l'homme disparut.
* * *
37- Abdu'l-Baha n'attendait pas que les gens parviennent vers Lui. Si l'on désirait
Le rencontrer, Il venait vers tous.
Lorsque Abdu'l-Baha fut à Paris, l'ambassadeur du Japon à Madrid et son épouse
avaient hâte de voir Abdu'l-Baha, mais la noble dame ne se sentait pas bien.
"Je suis très triste " dit-elle. " Je ne peux pas sortir puisque ma grippe est
très mauvaise et je repars tôt demain matin pour l'Espagne. Si seulement j'avais
l'occasion de Le voir!"
Ceci fut répété à Abdu'l-Baha. Malgré l'heure tardive de Son retour chez Lui
après un très long et fatigant voyage, Il dit: "Dites à la dame et à son époux
que j'irai chez elle puisqu'elle n'est pas capable de venir à moi."
Sur ce, Abdu'l-Baha brava le froid et la pluie pour se présenter avec Son sourire
courtois à l'hôtel où l'Ambassadeur s'était retiré.
Là-bas, Il élabora des sujets pertinents pour le couple japonais. Il parla des
conditions de vie au Japon, de l'importance considérable de ce pays au niveau
international, du service à l'humanité et de la nécessité d'éviter les guerres.
Il dit qu'il était impératif d'améliorer les conditions de vie des travailleurs
et d'éduquer tant les filles que les garçons. Il compara la religion et la science
aux deux ailes de l'humanité qui lui permettent de s'envoler aisément. Ensuite
Il mentionna que l'homme n'avait pas encore découvert qu'il y avait une puissante
énergie dans la nature. Prions donc Dieu afin que cette puissance ne soit pas
découverte avant que les gens ne soient spirituellement développés parce que,
entre les mains d'hommes aux instincts primitifs, cette force pourrait détruire
toute la terre.
Abdu'l-Baha parla de cela et de plusieurs autres sujets importants et ceux qui
l'entendaient disaient: "Comment peut-Il comprendre si bien les problèmes mondiaux
et posséder la sagesse de les résoudre aussi facilement, après avoir été emprisonné
toute Sa vie dans une forteresse orientale?" (CH 183)
Un professeur réputé d'une université américaine a dit qu'un jour qu'Abdu'l-Baha
réunira certainement l'Est et l'Ouest: Il serpente les méandres du mysticisme
d'une démarche concrète. (AB 288)
Une autre personnalité distinguée dit d'Abdu'l-Baha: "Je crois qu'Il est le
plus parfait gentilhomme qu'il m'ait été donné de croiser." (PF 116)
* * *
38- Abdu'l-Baha avait un dynamisme formidable. Il était si puissant qu'il en
devenait presque palpable. Par exemple, l'on raconte l'histoire d'un homme qui
était assis aux côtés d'Abdu'l-Baha sur un sofa durant l'un de ses discours.
Durant presque une heure de causerie et de réponses aux questions, la main d'Abdu'l-Baha
prenait celle de l'homme ou bien se posait doucement sur ses genoux.
Pendant ce temps, comme a dit plus tard cet auditeur, il sentait comme un flux
ininterrompu d'énergie se déversant d'Abdu'l-Baha vers lui. Il n'a jamais été
capable de décrire l'expérience mais lorsqu'il y repensait, ce qui lui venait
à l'esprit c'était la citation dans laquelle Abdu'l-Baha dit qu'il y a dans
cette Cause un pouvoir surpassant la compréhension des anges et des hommes.
Un autre gentilhomme a aussi parlé de ce dynamisme formidable se dégageant d'Abdu'l-Baha.
Il dit qu'un jour la proximité d''Abdu'l-Baha dans une automobile lui donnait
l'impression qu'une batterie d'origine divine le remplissait d'énergie.
Les gens regardaient Abdu'l-Baha, voyaient Sa perfection absolue et recevaient
de Lui la capacité de s'améliorer. (PF 60)
* * *
39- Pendant les voyages d'Abdu'l-Baha en Occident, de nombreuses personnes ont
tenté de Le photographier. Des hommes munis d'appareils photographiques pouvaient
attendre à Sa porte, prêts à saisir l'occasion de prendre un cliché. Une fois,
Son hôtesse dit au photographe d'un journal " Croyez-vous qu'il est convenable
d'insister pour photographier contre son gré un invité venu d'un autre pays?
"
Le photographe répondit " Non, madame, mais si d'autres réussissent et que j'échoue,
mon supérieur pensera que je suis un imbécile. "
Lorsqu'elle raconta cet épisode à Abdu'l-Baha, Il rit de bon coeur et dit: "Si
des photographies doivent être prises, mieux vaut en réaliser d'excellentes.
En vérité, celles de ce journal sont lamentables."
Suite à cela, Il accepta de bon gré de se faire photographier pour satisfaire
Ses amis. Mais Il ajouta que d'avoir des photographies de soi n'est pas tellement
important. Un cliché montre uniquement le personnage, c'est seulement la lampe.
L'élément essentiel en est la flamme qui brille à l'intérieur. Cela ne peut
pas être saisi dans une photographie. (CH 164)
* * *
40- Abdu'l-Baha ne voulait jamais être honoré pour Lui-même. Un jour, Mme Florian
King dit au Maître: "Oh! Mon Bien-Aimé, le paradis serait bien sombre pour moi
sans Vous ou la présence de Dieu. Pour moi, Vous êtes Baha'u'llah, Vous êtes
Muhammad, Vous êtes Jésus, Vous êtes Moïse, Vous êtes Bouddha."
Abdu'l-Baha lui tendit Sa main et dit: "Venez, prenez ma main", Son visage rayonnait,
rayonnait, - une vision éblouissante!
"Ô Maître", dit Madame King, "Puis-je baiser Votre main?"
Abdu'l-Baha dit avec un sourire: "Non, ma fille cela n'est pas permis. On ne
doit pas vénérer la personnalité ; c'est la Lumière qui est importante, pas
la lampe dans laquelle elle se reflète."
NOTE
Les anecdotes recueillies dans cette brochure ne sont qu'un extrait des nombreuses
histoires concernant Abdu'l-Baha. Elles sont adaptées des sources suivantes:
AB Abdu'l-Baha par H.M. Balyuzi (George Ronald, Londres, 1971)
AF Abdu'l-Baha's First Days in America par Juliet Thompson (Roycrofters, Aurora,
N.Y.: année pas indiquée)
AL Abdu'l-Baha in London (Unity Press, East Sheen, Surrey:1912)
CH The Chosen Highway par Lady Blomfield (Baha'i Publishing Trust, Wilmette,
Ill.: 1967
EP An Early Pilgrimage par May Maxwell (George Ronald, Londres: 1969)
OR The Oriental Rose par Mary Hanford Ford (Broadway Publishing Company, New
York: 1910)
PF Portals to Freedom par Howard Colby Yves (George Ronald, Oxford: 1976)
SW Star of the West (Chicago: 1910-1935)
WA The World of Abdu'l-Baha par Mary Hanford Ford (Reality Publishing Corporation,
New York: 1921)