Concept fondamental de la révélation baha'ie, l'Alliance divine comporte deux
parties : la grande et la petite Alliances.
A/ La grande Alliance
Clairement établie pour la première fois sous ce nom dans l'Ancien Testament,
le concept d'une alliance existant depuis toujours entre Dieu et l'humanité se
retrouve, d'une manière ou d'une autre, dans toutes les religions révélées de
l'histoire : hindouisme, bouddhisme, christianisme, islam, etc.
L'Alliance se définit comme une Révélation progressive de la Divinité, fil d'or
qui traverse toute l'histoire humaine. Chaque Manifestation (ou Prophète, ou Messie,
ou Avatar, ou Eveillé...) révèle en un lieu et un temps précis, un message d'origine
divine qui, s'il est adopté, suivi et appliqué, fera éclore au cours du temps
une civilisation. Chaque message, adapté à ses destinataires et à leurs besoins
présents et futurs, contient aussi la promesse d'un retour. Jamais littéral, ce
retour n'est pas celui du Fondateur lui-même, mais plutôt le retour en une autre
personne des qualités qui firent de lui une Manifestation de Dieu.
Ce Promis, reprend la Révélation, l'Alliance précédente, pour la compléter, l'élargir,
la transposer. Quel que soit leur futur, toutes ces Révélations sont potentiellement
universelles, réaffirment les mêmes vérités spirituelles fondamentales (la règle
d'or notamment) et ne diffèrent que par l'aspect social adapté aux besoins, à
l'époque et au lieu. Ainsi, du Christ annulant la loi judaïque du divorce...
B/ La petite Alliance
C'est celle qui lie la Manifestation de Dieu à ses disciples et qui assure l'unité
de la communauté. Elle se concrétise par le choix du successeur et par un commandement
fondamental. Dans le christianisme, Pierre est le premier parmi les apôtres et
le commandement fondamental est celui de l'amour. Dans l'islam, 'Ali est nommé
successeur du Prophète et le commandement fondamental est la soumission à la volonté
divine. Dans la Foi baha'ie, le successeur désigné par Baha'u'llah dans son Testament
est 'Abdu'l-Baha et l'on peut résumer son commandement fondamental ainsi : Ne
faites pas de la religion de Dieu une cause de discorde. Pourtant, détail original
dans l'histoire religieuse du monde, dans la Foi baha'ie la fidélité au " Centre
de l'Alliance " est vue comme la condition sine qua non de la fidélité à Dieu
et à Sa manifestation.
'Abdu'l-Baha désigna ensuite son petit-fils, Shoghi Effendi, Gardien de la Cause.
A eux, et à eux seuls, le don d'interprétation du Texte sacré fut conféré. Aujourd'hui,
le " centre de l'Alliance " est un conseil élu : la Maison Universelle de Justice.
être fidèle à l'Alliance de Dieu, c'est reconnaître Baha'u'llah comme la manifestation
promise pour les temps de la fin ; c'est accepter ses Textes comme révélés et
les placer au centre de la vie spirituelle de chacun puisque c'est par eux que
le croyant peut s'épanouir ; c'est accepter l'autorité de ses successeurs désignés
et souscrire aux dispositions prises pour le progrès de sa foi. C'est enfin collaborer
à l'élaboration d'une civilisation toujours en progrès. Rompre l'Alliance, pécher
contre l'Esprit, c'est rejeter cette autorité, tenter délibérément de l'usurper
ou de la saper, tout en se prétendant encore baha'i. Quiconque s'engage durablement
dans un tel comportement brise l'Alliance et de ce fait se voit refuser la participation
à la communauté baha'ie. Il peut y être réadmis après un repentir sincère.
2) AME
Baha'u'llah confirme l'existence d'une réalité spirituelle de l'homme, distincte
et raisonnable. Dans cette vie, le corps est relié à l'âme comme la terre au soleil.
Entité spirituelle, l'âme se décèle à travers les traits de caractère qui différencient
chaque être humain. C'est d'elle que rayonnent l'amour et la compassion, le courage
et la foi, et toutes ces qualités qui ne sauraient s'expliquer si l'homme n'était
qu'un animal ou une machine organique sophistiquée.
C'est l'âme qui donne la vie au corps, c'est l'âme qui découvre les secrets de
la nature, c'est l'âme qui produit les oeuvres artistiques. Lorsque cesse le lien
qui les unit, le corps meurt et l'âme poursuit alors son voyage à travers les
mondes spirituels qui sont innombrables. La réalité humaine est avant tout spirituelle.
3) AMOUR
Mot galvaudé s'il en est, l'amour est, comme dans les révélations précédentes,
au centre du message baha'i. C'est par amour que Dieu crée l'homme : "Voilé en
mon être immémorial et dans l'antique éternité de mon essence, je connus mon amour
pour toi ; en conséquence, je te créai, je gravai sur toi mon image et te révélai
ma beauté."
L'amour c'est l'attraction, l'attirance, la vie. C'est " la loi fondamentale qui
organise l'ordre parmi les atomes." L'amour, c'est aussi " le lien vital inhérent
à la réalité des choses, en harmonie avec la création divine." ('Abdu'l-Baha)
Toute la création est basée sur l'amour, depuis la loi de la gravitation universelle
jusqu'aux forces qui forment la structure ultime de la matière. Le but premier
de l'homme étant d'aimer Dieu, et Dieu étant essentiellement inconnaissable, cela
revient à aimer ses Manifestations et sa création. Ailleurs, Baha'u'llah nous
demande d'obéir à ses lois par amour pour lui.
L'union est la vie, la désunion la mort. 'Abdu'l-Baha affirme : "l'amour est lumière
quelle que soit sa demeure et la haine est ténèbres où qu'elle fasse son nid.".
4) ATHEISME / AGNOSTICISME
En 1921, écrivant au professeur Auguste Forel, alors Président de la Libre Pensée
de Suisse et agnostique, 'Abdu'l-Baha lui expose les trois possibilités de l'existence
pour lui démontrer la nécessité d'un principe supérieur :
L'existence des êtres est due à la combinaison d'éléments divers et leur non-existence
à la décomposition de leurs éléments constituants. Or il ne peut y avoir que trois
sortes de composition et trois seulement : fortuite, nécessaire ou volontaire.
- La composition ne peut-être fortuite car si le hasard présidait à cette composition,
on ne verrait jamais deux fois le même résultat et tout effet comporte une cause.
- Elle ne peut être obligatoire, c'est-à-dire intrinsèque, car alors la décomposition
serait impossible
- Elle ne peut être que volontaire, c'est-à-dire décidée par une force extérieure.
Ayant ensuite démontré que l'homme ne peut jamais connaître la réalité divine,
'Abdu'l-Baha expose que ce Principe nécessaire se fait connaître par l'Esprit
qui brille dans ces miroirs divins que sont les Prophètes ou Manifestations de
Dieu : toujours le même soleil dans différents miroirs.
Dans son testament, Auguste Forel confirma qu'il était devenu baha'i.
5) ATTENTE (au XIXe siècle)
Le dix-neuvième siècle fut d'attente et d'espérance. Les individus et les peuples
du monde entier ressentaient en profondeur les bouillonnements de l'histoire.
Si la chute de Napoléon 1er marque symboliquement la fin de l'ancien monde, le
nouveau ne se met pas en place facilement et les chaos, les soubresauts, les drames
inhérents à toute naissance, jalonnent l'époque. Au-delà des messianismes antireligieux
: nationalismes, racismes et socialismes qui s'épanouiront au XXe siècle, on peut
relever la quantité surprenante de mouvements millénaristes et messianiques proprement
religieux. Si les noms des mouvements américains (Mormons, Millerites, puis Adventistes,
Etudiants de la Bible, etc.) sont dans toutes les mémoires, la liste complète
de tous les visionnaires qui sentirent que les temps étaient proches nécessiterait
plus que ce livre. En Orient, les Taïping de Chine font le pendant des nombreux
mouvements du monde musulman : Shaykhisme de Perse, puis plus tard, Mahdisme du
Soudan, Ahmadyya des Indes, etc. sentiront qu'ils vivent au temps de la fin.
Le 23 mai 1844, à Chiraz, patrie des roses et des poètes, le Bab proclama réaliser
la Promesse de l'islam et lança son message : la Promesse de toutes les religions
va se réaliser, enfin !...
6) LE BAB
(Chiraz 1819 - Tabriz 1850)
Dès le début de sa mission, le 23 mai 1844, Siyyid 'Ali Muhammad souleva l'enthousiasme
de nombreux Persans. Après une courte vie publique il fut fusillé publiquement
à Tabriz, le 20 juillet 1850. Il avait 31 ans.
Le Bab est à la fois le fondateur d'une religion indépendante : le babisme et
le précurseur de la Foi baha'ie. Les textes révélés par le Bab, notamment le Bayan,
son oeuvre principale, sont imprégnés de la notion de Retour imminent qui structure
tout son Message. La durée très brève du babisme, les informations fragmentaires
et les polémiques qui suivirent la mort du Bab font qu'on le classe souvent comme
un simple réformateur de l'islam. Or il suffit de comparer les croyances des deux
religions pour comprendre les différences fondamentales qui expliquent, sans pour
autant les excuser, les dures persécutions subies par les babis.
C'est d'ailleurs l'aspect novateur du message babi, ainsi que l'affirmation du
Bab de continuer la lignée prophétique après Muhammad qui provoquèrent sa condamnation
par le clergé chiite et encouragèrent les autorités civiles à persécuter les babis.
En France, des romans : Un amour au pays des Mages, d'A. de Saint-Quentin (1896)
; des textes dramatiques : Tahirih, la Jeanne d'Arc persane, demandé à Catulle-Mendès
par Sarah Bernhard ; des essais : Philosophies et religions en Asie centrale,
d'Arthur de Gobineau (1865), témoignent de l'intérêt que les persécutions subies
par le Bab et ses disciples éveillèrent pour sa religion.
7) BAHA'U'LLAH
(Téhéran, Perse 1817 - Acre, Palestine 1892)
Fils aîné d'une famille aisée, Husayn 'Ali connut l'enfance des jeunes persans
nobles du début du 19è siècle : études succinctes et activités de plein air.
Il devient dès 1844 l'un des dirigeants de la communauté babie naissante. Deux
ans après le martyre du Bab et à la suite d'un attentat perpétré par des babis
égarés contre le chah Nassered-din, il sera jeté au fond d'un cul-de-basse-fosse.
C'est là qu'il recevra la révélation de sa mission : il est la grande Manifestation
de Dieu annoncée par le Bab. Reconnu innocent, il est exilé dans le pays voisin
d'Irak ; il s'installe à Bagdad puis est appelé à Constantinople par le Sultan
de Turquie.
C'est à l'occasion de son départ de Bagdad que Baha'u'llah (ce titre signifie
la " Gloire de Dieu ; se prononce : baha-olla) va dévoiler sa mission à quelques-uns
de ses proches disciples : Il est " Celui-que-Dieu-doit-manifester " annoncé par
le Bab, celui qui remplit les promesses de toutes les révélations précédentes.
Cet événement fondateur eut lieu dans un jardin nommé Ridvan (rezvane signifie
paradis).
Refusant le rôle de courtisan qu'on attendait de lui, Baha'u'llah ne resta que
trois mois dans la capitale de l'Empire ottoman. Son exil suivant fut Edirne (Andrinople)
d'où il annonça officiellement sa mission aux communautés babies de Perse. Seule
une très petite minorité des babis refusa de le reconnaître : les azalis. Les
autres portent depuis le nom de baha'is. En 1868, exilé vers la grande prison
d'Acre (Akko), en Palestine ottomane, Baha'u'llah envoie des épîtres à de nombreux
souverains de son époque : la reine Victoria, Napoléon III, le Sultan de Turquie,
le Chah, le Pape Pie IX... A chacun il lance un appel à reconnaître son message,
à s'unir, à diminuer ses dépenses militaires, à ne travailler que pour le bien
de ses sujets, à fonder un gouvernement mondial, etc.
En Acre, Baha'u'llah connaît une période difficile d'emprisonnement, strict d'abord,
puis de plus en plus souple. Il décède le 12 novembre 1892, à Bahji, près d'Acre,
où il est enterré. Sa tombe attire aujourd'hui des milliers de pèlerins venus
du monde entier. C'est aussi vers Bahji que les Baha'is se tournent pour prier.
8) BRISEURS DE L'ALLIANCE
Les baha'is affirment avec assurance que leur religion est la première dans l'histoire
de l'humanité à n'avoir pas connu de schismes et de divisions comme en connurent,
par exemple, le christianisme avec l'arianisme et l'orthodoxie, l'islam avec le
shiisme et le sunnisme.
Pourtant, l'histoire baha'ie a connu plusieurs personnes ayant brisé l'Alliance
et qui se prétendent baha'is malgré tout. Comment résoudre cet apparent paradoxe
?
L'action de briser l'Alliance est considérée comme le " crime contre l'Esprit
" dont parle le Christ et la faute la plus grave qu'un baha'i puisse commettre.
Briser l'Alliance, c'est s'opposer à l'autorité légitime de la communauté et tenter
de créer un schisme. Après de nombreuses tentatives d'explication, une personne
qui persiste dans cette attitude est exclue. C'est le seul critère d'expulsion
existant.
Exclus de la communauté baha'ie, ces briseurs de l'Alliance tentent de former
de petits groupes qui se prétendent les " vrais " baha'is. C'est une attitude
compréhensible. Pourtant, s'opposer au " Centre de l'Alliance " et être exclu
officiellement par ce même centre, c'est se trouver, ipso facto, hors de l'Alliance
!
La communauté baha'ie ne se constitue pas autour d'une croyance juste, mais autour
d'une attitude juste. La croyance en Baha'u'llah se manifeste tout à fait différemment
si l'on est d'origine musulmane, chrétienne ou hindoue. Néanmoins la cohésion
du mouvement se fait autour de la fidélité à l'Alliance, c'est-à-dire, en dernière
analyse, par l'acceptation de l'autorité clairement désignée.
Pourquoi cette insistance sur la légitimité de la succession ? les baha'is pensent
que la source des nombreux problèmes et, éventuellement des altérations du message,
que connurent à leurs débuts de nombreuses religions : christianisme et islam
par exemple, est à rechercher dans la lutte que se livrèrent des individus plus
motivés par la soif de pouvoir que par la recherche de la vérité... Théologiens
et clergés sont vus comme la source potentielle des effets négatifs des religions
sur la société.
9) CARMEL
La " vigne du Seigneur ", la montagne sainte du prophète Elie, la montagne sacrée
qui doit, au temps de la fin, devenir le trône du Seigneur, le Carmel est chanté
par Isaïe.
Baha'u'llah y arrive comme prisonnier de l'Empire ottoman. Il révèle à plusieurs
reprises des textes sur l'importance du lieu, notamment la " Tablette à Carmel
", véritable charte dans laquelle l'instauration d'une paix politique mondiale
est mise en parallèle avec l'établissement du centre nécessaire au bon fonctionnement
du monde nouveau. Interprété par le Gardien, Shoghi Effendi, comme le centre administratif
mondial de la communauté baha'ie, cette prophétie explique la ténacité des baha'is
à terminer avant la fin du siècle, au prix de grands sacrifices, les bâtiments
qui formeront leur centre mondial. Baha'u'llah demanda que le centre spirituel
ne soit pas séparé du centre dirigeant de la communauté. C'est sur le mont Carmel
qu'est fixé le centre mondial spirituel et administratif du monde baha'i. Le tombeau
du Bab, au dôme doré, est le pivot de nombreux bâtiments : le Siège de la Maison
Universelle de Justice, les Archives internationales, le Centre d'étude des Textes,
le Centre international d'enseignement. Avec les tombeaux de quelques membres
de la famille de Baha'u'llah, l'ensemble forme un arc de cercle qui regarde vers
Acre, le Tombeau de Baha'u'llah.
10) CLERGÉ
Baha'u'llah a strictement interdit toute forme de clergé, de prêtrise, tout "
professionnalisme " religieux, tout corps ecclésiastique constitué. L'homme est
libre et seul avec sa conscience. Mais Baha'u'llah recommande de respecter les
clercs, les savants, de reconnaître leur valeur et de profiter de leurs connaissances.
S'il fait, d'une part, la remarque désabusée que " mes pires ennemis furent toujours
les religieux ", il reconnaît d'autre part la valeur des religieux sincères qui
sont, dit-il, les " lumières du monde".
Pour éviter les désordres provoqués par des religieux et le clergé dans les religions
organisées historiques, l'organisation baha'ie sépare soigneusement les " savants
", choisis, qui sont des conseillers sans pouvoir de décision, des " élus " qui
gouvernent.
Qu'un clergé professionnel n'existe pas n'implique nullement une absence d'éthique
et de règles de morale. Cela suppose, en revanche, une absence de notion d'orthodoxie
dans la croyance, une souplesse dans les interprétations et un dynamisme dans
l'application des idéaux baha'is.
11) COMMUNAUTÉ INTERNATIONALE BAHA'IE
Organe de représentation de l'ensemble des baha'is du monde, quatre bureaux distincts
la composent, " fenêtres de la communauté baha'ies ouvertes sur le monde " :
Le Bureau des Nations unies, organisation non gouvernementale à statut consultatif
auprès du Conseil économique et social (ECOSOC) et du Fonds des Nations unies
pour l'enfance (UNICEF). Il est aussi associé au Département d'information publique
des Nations unies et a établi des relations avec l'Organisation mondiale de la
santé (OMS). Il possède des bureaux à New York et à Genève et a des représentants
auprès des Bureaux des Nations unies à Vienne, Addis Abeba, Bangkok, Santiago
du Chili, Nairobi et Rome. Une agence est ouverte à Suva aux îles Fidji, qui sert
d'intermédiaire entre les communautés baha'ies du Pacifique sud et d'autres institutions
oeuvrant pour le développement dans cette région. Le Bureau travaille dans les
domaines suivants : Paix et désarmement, affaires sociales et humanitaires, développement
des femmes, droits de l'homme.
Le Bureau d'information publique a son siège au Centre mondial baha'i à Haïffa
avec des branches à New York, Paris et Hong-Kong. Il travaille étroitement avec
les réseaux pour la Conservation et la religion du Fonds mondial pour la nature
(WWF), la Conférence mondiale des religions pour la paix, la Fondation pour la
publication des Textes sacrés. Il publie " One Country " en anglais, français
et chinois. Les éditions en russe et espagnol sont en préparation.
Le Bureau de l'Environnement a son siège à New York. Il cherche à créer des liens
entre l'expertise écologique internationale et les projets de préservation gérés
par les communautés locales à travers le monde, il recense les micro-projets locaux
susceptibles d'intéresser d'autres régions, il cherche enfin à favoriser les activités
écologiques dans 20 000 communautés baha'ies du monde et développe ses liens avec
d'autres groupes.
le Bureau de l'Administration générale coordonne de New York les activités de
ses différents bureaux et sert de lien avec le Centre mondial.
12) CONSULTATION
C'est une révolution dans la manière habituelle de voir le monde que d'affirmer
que l'unité est le point de départ, la fondation indispensable à la construction
durable de la société de demain qui sera construite sur l'unité dans la diversité.
Pour gérer la complexité de la vie humaine dans un cadre personnel, familial,
local, national et international, les baha'is proposent la consultation (ou concertation),
qui a pour but fondamental de rechercher la solution d'un problème et de promouvoir
l'unité, l'amour et l'harmonie.
La consultation est une méthode originale de prise de décision face à un problème.
Ses principes de base se trouvent dans les Ecrits de Baha'u'llah. Sa procédure
a pour but de bâtir un consensus tout en recherchant la solution d'un problème.
Le but de la consultation est essentiellement d'arriver à un consensus de manière
à unir les différentes parties au lieu de les diviser. Elle encourage la diversité
d'opinions et permet de contrer la lutte pour le pouvoir si courante dans les
systèmes de prise de décision traditionnels.
Méthode d'analyse en commun d'une question, moyen permettant aux idées de croître,
la consultation baha'ie est basée sur des principes qui forment aussi une méthode
:
1. Elle libère les énergies créatrices de l'esprit et du coeur des participants.
2. Elle crée une nouvelle compréhension, une nouvelle vision sur des sujets
précis :
a/ résoudre un problème,
b/ planifier une action,
c/ clarifier nos buts et nos priorités,
d/ renforcer nos convictions,
e/ approfondir le sens de quelque chose...
3. C'est un lieu de partage et d'interaction des informations, des idées,
des opinions, des sentiments et des impressions appropriées offerts par les différents
points de vue, connaissances, expériences, espoirs et craintes des participants,
en laissant à ce partage et cette interaction le temps nécessaire de se faire.
4. Lorsque tout ceci est fait dans une ambiance franche mais amicale, harmonieuse
et unie, on peut dire que c'est une consultation baha'ie.
En bref, la consultation est un moyen pour résoudre les conflits autrement que
par la lutte.
13) CONVERSION
Mot étranger à la conception religieuse baha'ie mais employé parfois par facilité.
En effet, le mot conversion implique une transformation radicale, un rejet, une
rupture : Avant j'étais dans l'erreur, aujourd'hui j'ai trouvé la vraie foi. Cela
est vrai aussi dans les domaines politiques et autres.
Dans la vision baha'ie, au contraire, devenir baha'i c'est progresser de la où
je me situe vers l'avant, en m'appuyant sur ce que je sais et crois. C'est parce
que je crois au Christ que je suis baha'i. Et c'est vrai pour Muhammad, Moïse
ou Bouddha. Lorsque 'Abdu'l-Baha dit que Moïse est la branche, Jésus la fleur
et Baha'u'llah le fruit, il ne veut montrer que la continuité et non une quelconque
supériorité de l'un par rapport à l'autre.
14) CRAINTE
A ne pas confondre avec la peur, la crainte de Dieu est un sentiment religieux
fondamental qui résulte de la prise de conscience de l'homme face à ce qui le
dépasse, tel Moïse au buisson ardent (EX 3,6) ou Jacob après sa vision nocturne
(GN 28, 17). Baha'u'llah encourage les hommes à développer ce sentiment chez chacun
car, dit-il : "C'est la cause principale de la protection de l'humanité et l'instrument
suprême de sa préservation. Il existe en fait chez l'homme une faculté qui le
détourne de tout ce qui est méprisable et indécent et l'en préserve : le sentiment
de honte. Mais il se limite à quelques personnes ; tous ne l'ont pas possédé et
ne le possèdent pas." Par ailleurs, Baha'u'llah offre aux hommes de suivre ses
lois par amour pour lui. La crainte de Dieu est donc cet état de tension entre
l'Ami et l'aimé qui pousse l'aimé à faire tout ce qui peut plaire à l'Ami.
15) CREATION
"l'amour est le lien vital inhérent à la réalité des choses, en harmonie avec
la création divine." 'Abdu'l-Baha
Dieu étant Créateur, sa création a toujours existé. Mais Dieu étant " tout autre
", Il n'a pas de rapport direct avec la création et c'est par l'intermédiaire
de l'Esprit, sa création directe, que le monde physique est créé. Toute création
est ainsi d'origine divine : l'homme, qui en fait partie, est par nature incapable
d'en saisir l'essence. Baha'u'llah affirme, un siècle avant la science moderne,
qu'on ne peut connaître que les effets du contact entre l'expérimentateur et l'objet
de l'expérience.
L'univers, dont la réalité profonde est spirituelle, existe depuis toujours et
existera pour l'éternité puisque Dieu est toujours créateur ; ce qui ne veut pas
dire que l'univers n'a pas une origine. Par ailleurs, cela ne permet pas de juger
de la valeur des théories scientifiques d'aujourd'hui sur l'origine de l'univers,
sur l'état ouvert ou fermé de l'univers ni sur son évolution.
On trouve dans les Ecrits baha'is une conception dynamique de l'Esprit qui, passant
du règne minéral au règne végétal, de l'animal à l'humain, s'épanouit dans l'esprit
de foi.
16) DEVELOPPEMENT
Le message baha'i affirme que le Royaume de Dieu se construit, ici et maintenant,
sur cette terre, même si chacun de nous n'est qu'un voyageur, un pèlerin ici bas.
Nous sommes " créés pour participer à une civilisation toujours en progrès"
Depuis quelques années, la Communauté Internationale Baha'ie dresse des rapports
sur les activités baha'ies dans le monde dans le domaine du développement économique
et social, rapports qui frappent par leur importance et leur diversité au vu de
la petitesse relative de la communauté baha'ie dans le monde. Basés sur les principes
baha'is et notamment sur le concept de consultation qui implique toutes les personnes
concernées dans un projet et qui cherche non à aider les gens de l'extérieur mais
à les rendre autonomes le plus rapidement possible. Les projets les plus nombreux
sont dans le domaine scolaire. Un trimestriel, " One Country " (Communauté Internationale
baha'ie, 45, rue Pergolèse 75116 Paris) retraite principalement de ce domaine.
17) DIALOGUE INTERRELIGIEUX
Phénomène relativement récent, le dialogue interreligieux atteignit le grand public
à l'occasion de la réunion d'Assise organisée à l'initiative du pape Jean-Paul
II. Les baha'is le pratiquent depuis l'origine du mouvement, il y a plus de cent
cinquante ans.
Déjà les babis, qui étudiaient la Bible, furent vus par les missionnaires protestants
comme des cibles privilégiées pour devenir chrétiens car les musulmans refusaient
d'approcher un Livre qu'ils considéraient comme corrompu. Plus tard, Baha'u'llah
révéla plusieurs passages qui exhortent ses fidèles à " fréquenter tous les hommes
et les disciples de toutes les religions dans un esprit d'amitié et de concorde."
Entre 1910 et 1913, lors de ses voyages en Europe et en Amérique du Nord, 'Abdu'l-Baha
fit de fréquents discours unitaires dans les églises de différentes confessions,
dans les centres de théosophie et dans les synagogues. Convaincus de l'unité fondamentale
de toutes les révélations qui forment les étapes d'une seule religion de Dieu
toujours en évolution, les baha'is n'ont jamais eu de problèmes à approcher les
autres croyants sur un pied d'égalité. Curieusement, on leur reproche parfois
la profondeur de leurs convictions qui les poussent à tenter de convaincre ceux
qui veulent bien les écouter de l'unité de la Révélation divine.
18) DIEU
Dans la lignée des grands monothéismes : judaïsme, christianisme et islam, la
Foi baha'ie affirme la grandeur, l'unité et l'unicité de Dieu.
Pourtant, cette affirmation n'est que rarement étudiée à la lumière de Textes
qui ont une tonalité agnostique très marquée : "La conception du plus dévot des
mystiques, les oeuvres des plus accomplis parmi les hommes, les plus hautes louanges
que la plume ou la parole puissent exprimer, tout cela est le produit de l'esprit
fini de l'homme et reste enfermé dans les limites de cet esprit". (Baha'u'llah)
Baha'u'llah affirme à de nombreuses reprises que Dieu est inconnaissable. Ses
nombreux attributs énoncés dans les textes baha'is ne sont que des supports que
Dieu offre à l'homme pour son progrès spirituel. L'unité de Dieu et son éternité
mêmes ne sont que des concepts adaptés à la compréhension humaine : "O fils de
l'homme, mon éternité est ma création. Je l'ai conçue pour toi. Fais d'elle une
tunique pour ton temple. Mon unité est mon oeuvre, je l'ai édifiée pour toi ;
prends-la pour vêtement afin que tu sois, pour toujours, le lieu de la révélation
de mon existence éternelle."
Ainsi, l'altérité totale de Dieu est-elle affirmée dans les Ecrits : quoi qu'on
imagine de Dieu, c'est un produit de l'imagination humaine. Que l'on soit croyant
en un Dieu unique, qu'on l'imagine sous plusieurs formes ou qu'on le nie, tout
cela n'est qu'une manière de parler de nous et de notre époque. Seule, la Manifestation
de Dieu peut nous offrir une image de Dieu adaptée à notre capacité de réception
de la Divinité et de sa Volonté.
19) DOGMES
Pour un baha'i, un dogme est une explication que les hommes (théologiens, conciles,
religieux, interprètes auto proclamés des Textes, simples croyants...) donnent
d'un sujet spirituel complexe en lui accordant une valeur absolue. Tout à fait
légitime au départ, cette explication ne devient un dogme dans le sens baha'i
qu'à partir du moment où on la qualifie de Vérité absolue.
Ainsi, le dogme fondateur de presque tous les christianismes d'aujourd'hui, La
Trinité, n'est un dogme que dans la mesure où des conciles, l'ayant élaboré après
plusieurs siècles en mêlant de nombreux concepts d'origines variées, l'ont qualifié
de vérité absolue en ce qui concerne la nature d'un Dieu par essence inconnaissable.
C'est en ce sens que le mot " dogme " prend dans la littérature baha'ie une connotation
négative et qu'on affirme que la Foi baha'ie est adogmatique.
Entendons-nous. Cela ne signifie pas qu'un baha'i n'a rien à croire ou que chaque
baha'i croit ce qu'il veut. Les Ecritures saintes baha'ies abondent en sujets
spirituels, éclairés par Baha'u'llah, qui donnent une vision nouvelle du monde
et de la vie humaine et qu'on pourrait qualifier de dogmes : nature de la relation
Dieu / création ; Dieu / Prophète ; sens de l'histoire, nature de l'homme ; etc.
Mais deux notions : la relativité de la connaissance humaine et la recherche indépendante
de la vérité par chacun empêchent le dogmatisme de s'installer dans la communauté.
20) ECONOMIE
Aspect important de la vie sociale, l'économie n'est jamais traitée séparément
des autres activités humaines dans les Ecrits baha'is qui proposent le projet
d'une civilisation évolutive, matérielle d'apparence, mais spirituelle en son
essence, destinée à l'épanouissement de l'individu et de la société humaine locale
et planétaire.
La société telle que l'envisagent Baha'u'llah et ses successeurs dans leurs Ecrits
n'est pas une société de producteurs / consommateurs. Son but n'est pas de produire
plus de richesses pour elles-mêmes, mais de permettre à l'être humain de s'épanouir
dans tous ses aspects. D'une part, le pauvre est la responsabilité individuelle
du riche, mais d'autre part, la société est responsable du sort de ses membres.
Cela dit, la vision baha'ie du monde, positive et dynamique, ne voit dans la pauvreté
matérielle aucune vertu particulière.
L'aisance pour tous est un but qu'il est possible d'atteindre dans le cadre du
principe de réduction des extrêmes entre richesse et pauvreté. Le monde et ce
qu'il contient sont créés pour que l'homme en profite, à la condition première
qu'il en reste détaché, c'est-à-dire qu'il ne laisse pas " le monde " s'interposer
entre lui et Dieu. La vertu cardinale est le détachement.
On peut d'ores et déjà reconnaître certains grands principes élémentaires qui
devraient façonner les sociétés du futur et leurs économies dans un sens prévisible,
avec toutes les réserves nécessaires à cet exercice.
Le monde physique n'est ni une vallée de larmes, ni un mirage, ni un éden. C'est
un lieu dans lequel chacun de nous peut et doit progresser. Il faut le respecter
et le protéger. C'est, sur le plan physique, notre niche écologique et, sur le
plan spirituel, la matrice qui permet notre développement. Nous pouvons en jouir
sans le placer pour autant en avant de nos priorités essentielles.
L'espèce humaine ne forme qu'une seule branche du phylum de la vie. Les différences
physiques, sociales et autres ne représentent que des feuilles de cette branche.
Tous les préjugés : de sexe, de race, de religion, de culture, d'éducation, etc.
sont des facteurs de nécrose du tissu humaine social qu'il faut s'efforcer d'éradiquer.
L'humain est un être social. Il faut trouver un équilibre entre l'individu et
la société. Aucun des deux ne peut s'épanouir sans l'autre.
L'excès étant un facteur négatif dans tous les domaines, les écarts excessifs
de richesse et de pauvreté doivent être réduits, aussi bien entre les individus
qu'entre les pays.
L'instruction obligatoire pour tous doit inclure l'éducation des idéaux de coopération,
d'harmonie et d'action sociale, ainsi qu'un renversement de l'échelle des valeurs
dans le domaine professionnel : les métiers " utiles " aux autres étant les plus
appréciés avec, en premier, celui d'agriculteur.
L'activité humaine : artistique, artisanale, industrielle, commerciale ou autre,
étant considérée comme égale à l'action de prier, action fondamentalement nécessaire
à l'évolution spirituelle de l'individu, il s'ensuit que le travail est un des
droits fondamentaux de l'être humain.
D'ores et déjà, malgré la jeunesse de leur religion et la petite taille de leur
communauté, en 1996 les baha'is ont concrétisé leur conception du monde dans plus
de 1 300 projets de développement économique et sociaux. Une association, le Eurpean
Baha'i Bussiness Forum (EBBF) s'intéresse aux question de la vie en entreprise
vue au prisme des idéaux baha'is.
21) ECRITURES SAINTES
Le concept de Révélation progressive implique que l'Ecriture sainte est formée
de l'ensemble des textes révélés par les fondateurs des grandes religions du passé.
Ainsi la Bible, le Coran et, dans la mesure où l'on peut les considérer comme
authentiques, les textes fondateurs de l'hindouisme, du bouddhisme, du zoroastrisme...
font partie du bagage religieux du baha'i.
En effet, échappant au double piège du syncrétisme et de l'éclectisme, la foi
baha'ie accepte et intègre, dans une perspective historique évolutive, toutes
les révélations du passé, se présentant elle-même comme une nouvelle effusion
de l'Esprit dans l'histoire du monde. En réponse aux promesses sacrées de Moïse,
Bouddha, Jésus ou Muhammad, Baha'u'llah affirme inaugurer l'ère nouvelle de l'accomplissement,
le Royaume de Dieu sur la terre.
Le lecteur trouvera dans les Ecritures baha'ies ample matière à réflexion, découvrant
des textes religieux compatibles avec notre époque et qui, souvent, la précèdent.
Il y trouvera aussi les principes religieux, intellectuels, moraux et sociaux
indispensables à une transformation de la société mondiale pour que l'évolution
de notre planète ne soit plus synonyme de danger, d'instabilité et de tension
mais, au contraire, source de développement, d'harmonie et de progrès.
22) EDUCATION
L'intelligence est un don de Dieu. L'éducation aura pour but de faire s'épanouir
toutes les potentialités humaines, spirituelles et intellectuelles présentes en
chaque individu. Il faut éduquer les filles comme les garçons avec toutefois,
s'il faut choisir, une préférence pour les filles qui sont de futures mères et
donc de futures éducatrices de leurs enfants. Chacun doit suivre sa vocation et
toutes les sciences sont à étudier à l'exception de celles " qui commencent par
des mots et qui finissent par des mots".
23) EGALITE
L'égalité n'est pas à confondre avec la similitude. Ainsi, comme pour le concept
baha'i d'unité, le concept d'égalité est enrichi de l'idée de diversité et de
différences.
La première égalité fondamentale est celle de tous les êtres humains, devant Dieu
et devant les hommes. Dans le cadre d'une société baha'ie, il est inconcevable
de faire une différence entre baha'is et non-baha'is. Baha'u'llah précise, par
exemple, que devant un tribunal, un bon témoin est quelqu'un connu pour être honnête,
sans tenir compte de son origine, de ses croyances ou de son statut social, etc.
Il semble que l'égalité entre homme et femme se fera, non par l'imitation de l'attitude
des hommes par les femmes, mais au contraire, par un développement des qualités
dites " féminines " de l'être humain.
L'exception remarquable qui limite aux hommes la possibilité d'être membres de
la Maison Universelle de Justice est encore inexpliquée et doit être vue à la
lumière de l'ensemble des Enseignements qui encouragent constamment à la promotion
de la femme dans l'optique de cette affirmation de 'Abdu'l-Baha : "L'égalité entre
l'homme et la femme a été complètement appliquée à l'exception de petits détails
mineurs et sans importance".
24) ESPERANCE
La bonne nouvelle que font connaître les baha'is c'est que l'espérance qui fait
vivre les hommes depuis la nuit des temps est accomplie dans la venue de Baha'u'llah.
Nous vivons aux temps des accomplissements. Le monde meilleur : le Royaume, est
à bâtir, à créer ici et maintenant. C'est pour construire ce monde que Baha'u'llah
libère l'humain des superstitions du passé en relativisant la capacité humaine
à connaître la réalité du monde, supprimant ainsi la source des innombrables luttes
qui jalonnent l'histoire ; en donnant les moyens nécessaires à l'établissement
d'une communauté humaine diverse et variée, mais unie ; en confirmant toutes les
Traditions de l'histoire humaine mais en les situant dans l'économie divine de
la Révélation progressive ; en donnant l'outil pour régler les conflits (la consultation)
; en renouvelant l'Alliance éternelle de Dieu. Le message baha'i est la bonne
nouvelle qui permet de transformer l'espérance en joie.
25) ESPERANTO
La nécessité d'adopter une langue auxiliaire universelle qui permettrait, tout
en conservant sa langue maternelle, de communiquer avec tous les humains, est
au centre des convictions baha'is.
Lors de son séjour à Paris, 'Abdu'l-Baha, encouragea les baha'is à étudier l'espéranto
comme preuve de l'intérêt des baha'is pour cette idée. Sans promettre que l'espéranto
serait la langue auxiliaire du futur, Il encouragea tout le monde à la pratiquer
et à l'améliorer.
Lydia Zamenhof, fille cadette du créateur de la langue, fut une active propagandiste
de la foi baha'ie et de l'espéranto. Elle connut une fin tragique à Auswich.
La Ligue esperantiste baha'ie participe à toutes les activités de l'union esperantiste
internationale Bahaa Esperanto-Ligo, BP. Kesto 50 01 33 DE-60391 Francfort, Allemagne
26) EVOLUTION
L'évolution est un mot clé de la conception baha'ie du monde. Et ce, tant dans
le domaine religieux (cf. l'Alliance) que dans le domaine scientifique, politique,
social, humain." saches que rien ne reste dans un état de repos, c'est-à-dire,
que toute chose est en mouvement. Tout est soit en croissance ou en déclin, toutes
les choses sont soit en train d'aller de la non-existence à l'être, soit de l'être
à la non-existence." ('Abdu'l-Baha)
Dans le cadre de l'évolution, le mot important à retenir pour saisir la conception
baha'ie est " potentialité " qui est applicable à la nature, à l'être humain,
aux sociétés humaines, aux religions, etc.
27) EXPANSION
D'après la World Christian Encyclopedia, qui rassemble les études sur le terrain
d'environ 500 spécialistes, démographes et statisticiens sur les religions du
monde, la Foi baha'ie est la religion la plus répandue dans le monde après le
Christianisme. L'information fut reprise dans le supplément 1992 de l'Encyclop3/4dia
Britannica.
Sept millions environ dans le monde aujourd'hui (1997), les baha'is sont présents
dans tous les pays. Ils sont représentés auprès de l'ONU par une organisation
non gouvernementale : la Communauté Internationale Baha'ie (BIC) dotée d'un statut
consultatif auprès du Conseil Economique et social et de l'Unicef. La BIC travaille
avec l'OMS et le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUE). Elle
est membre du WWF dans le cadre d'un réseau des religions pour la protection de
la nature et travaille avec de nombreuses autres organisations non gouvernementales.
28) FAMILLE
La société humaine est fondée sur la famille, environnement idéal pour le développement
harmonieux des enfants. Aussi sincères que soient les réactions actuelles contre
cette structure " naturelle ", c'est la famille et non l'individu qui est le noyau
de base de la société.
Quelle forme prendra la famille dans le cadre d'une société baha'ie ? Sera-t-elle
parentale ou élargie ? Il est trop tôt pour le dire et rien n'empêche d'imaginer
des variations d'une région à l'autre.
Si la famille est le fondement de la société, il s'ensuit que sans être obligatoire,
le mariage est l'état normal d'un individu adulte et que l'activité sexuelle doit
s'exercer dans le cadre de ce mariage (ce qui empêche de reconnaître les attitudes
homosexuelles et les hétérosexuelles permissives comme des moyens appropriés de
conduire à l'épanouissement équilibré de l'individu et de la société, épanouissements
qui réagissent l'un sur l'autre.)
Une des rares cérémonies baha'ies légèrement ritualisées, le mariage est soumis
à deux conditions nécessaires qui sont explicitement posées dans les Textes :
a/ liberté de choix des futurs conjoints.
b/ Accord, mais ensuite seulement, des parents, " pour établir la paix".
La cérémonie elle-même doit comporter obligatoirement la récitation, par le mari
et la femme, d'un verset qui se lit ainsi : "En vérité, nous obéirons à la volonté
de Dieu". Pour le reste, tout est au choix des conjoints. On peut ajouter de la
musique, des textes, etc.
29) FEMMES
Dès l'origine du mouvement, les femmes furent très présentes. L'on peut citer
:
Tahirih, seule femme parmi les dix-huit premiers croyants que le Bab nomma : les
Lettres du Vivant. Sa personnalité étonnante, sa science et son courage, en firent
un des principaux acteurs des dramatiques débuts du babisme. Elle fut la première
femme à ôter sont tchador en public, provoquant un immense scandale. Elle mourut
martyre, étranglée puis jetée au fond d'un puit. Pour plus de détails, on peut
lire, malgré de nombreuses inexactitudes, l'ouvrage d'Arthur de Gobineau " Religions
et philosophies de l'Asie centrale".
Bahiyyih Khanum, la fille aînée de Baha'u'llah qui, après le décès de son père
fut le principal soutien de 'Abdu'l-Baha lorsqu'il fut attaqué par les membres
de sa famille qui ne voulaient pas accepter sa position de Centre de l'Alliance
que lui avait accordée Baha'u'llah.
Martha Root, journaliste qui fit plusieurs fois le tour du monde pour répandre
le message baha'i et qui sut approcher des personnages haut placés comme les présidents
Benés et Masarik ou la reine Marie de Roumanie qui devint la première tête couronnée
à accepter la nouvelle révélation.
Mary Maxwell, connue sous le nom de Ruhiyyih Khanum, l'épouse du Gardien, Shoghi
Effendi. Nommée Main de la Cause peu de temps avant le décès de son mari, elle
continue malgré son grand âge à voyager de par le monde pour représenter la communauté
baha'ie dans les grandes occasions.
L'unité de l'humanité qui est au centre du message baha'i implique l'égalité des
droits et des devoirs des hommes et des femmes. Baha'u'llah assure que le progrès
de l'humanité dépend du travail en commun des hommes et des femmes.
Les associations baha'ies qui travaillent à l'amélioration de la condition féminine
sont actives dans de nombreux pays. En France, " L'Association Baha'ie des Femmes
" participa activement à la conférence mondiale des femmes tenue à Pékin en 1996.
30) FETES
La foi baha'ie est une religion joyeuse. Elle reflète cette joie dans son calendrier.
En effet, afin de marquer le début des temps nouveaux, le Bab révéla un calendrier
approuvé par Baha'u'llah et que les baha'is suivent aujourd'hui pour leurs fêtes
communautaires.
Le calendrier baha'i est un calendrier solaire divisé en 19 mois de 19 jours.
Pour arriver à 365, on ajoute tous les ans, avant le mois de jeûne (du 2 au 21
mars) quatre jours (cinq, les années bissextiles), consacrés à l'hospitalité :
les jours intercalaires.
Chaque mois porte le nom d'un attribut de Dieu : splendeur, gloire, beauté, verbe,
puissance, etc.
Neuf jours fériés sont, dans la mesure du possible, chômés : la naissance du Bab,
la naissance de Baha'u'llah, la déclaration du Bab, la déclaration de Baha'u'llah,
le martyre du Bab, l'ascension de Baha'u'llah, le premier, neuvième et douzième
jours de la fête de Ridvan, et le Naw-Ruz, premier jour de l'an baha'i (21 mars).
L'ère baha'ie commence au Naw-Ruz précédant la déclaration du Bab en 1844. Ainsi,
le 21 mars 2 000 sera le début de l'an 157 de l'ère baha'ie.
Le premier jour de chaque mois se tient la Fête du dix-neuvième jour (ou Fête
des dix-neuf jours). Elle est divisée en trois parties : spirituelle, administrative
et conviviale, et chaque communauté aura la Fête qu'elle mérite ! Au minimum,
ce sera une réunion amicale des quelques baha'is d'une commune. Ce peut être aussi
un moment d'exaltation et de joie avec musique, chants et danses, textes baha'is
lus ou chantés, etc.
La partie spirituelle doit être composée de textes révélés. On peut choisir des
passages des Ecritures passées : Ancien et Nouveau Testaments, Coran, etc. mais
surtout, et le plus souvent, des Ecrits baha'is.
La partie administrative sera consacrée au dialogue entre la communauté et l'Assemblée
Spirituelle Locale, au partage des informations internationales, nationales et
locales, et les suggestions offertes par la communauté à son institution locale.
31) FONDS BAHA'IS ET " PART DE DIEU"
Les fonds baha'is ne peuvent être alimentés que par la contribution volontaire
des seuls baha'is. C'est à chacun de donner, suivant ses possibilités. On peut
donner pour des buts précis ou laisser les institutions juger de l'usage de l'argent.
Pour réduire la différence entre les extrêmes de richesse et de pauvreté, Baha'u'llah
révéla notamment la loi de la Part ou le Droit de Dieu.
La particularité de cet impôt c'est d'être strictement volontaire. Nul n'est autorisé
à demander à quelqu'un s'il a payé ou non la Part de Dieu qui ne peut être acceptée
que si elle est offerte avec joie, avec amitié et avec plaisir : "Si telle est
l'attitude, on peut l'accepter. Sinon, non".
Il y a une grande différence entre la Part de Dieu et les autres fonds baha'is.
En effet, la Part de Dieu est un dû spirituel, alors que les croyants décident
librement de leurs contributions suivant leurs ressources respectives.
32) FUTUR
"L'unité du monde est maintenant le but vers lequel tend une humanité harassée.
L'édification de la nation est une tâche terminée. L'anarchie inhérente à la souveraineté
de l'Etat approche de sa culmination. Un monde en marche vers sa maturité doit
renoncer à ce fétiche de l'Etat souverain et reconnaître l'unité de la race humaine
pour établir une fois pour toutes l'organisme capable d'incarner ce principe fondamental
de son existence...
"L'unité de la race humaine telle que la conçoit Baha'u'llah implique l'établissement
d'une communauté universelle où nations, races, classes et croyances seront étroitement
et définitivement unies, où l'autorité des dirigeants d'une part, et la liberté
personnelle et l'initiative des individus d'autre part, seront complètement et
pour toujours sauvegardées." Un système de fédération universelle qui régira la
terre entière et exercera sur ses ressources, d'une inimaginable ampleur, une
autorité à l'abri de toute discussion, qui incarnera tout ensemble l'idéal de
l'Orient et celui de l'Occident, qui sera affranchi de la malédiction de la guerre
et de ses misères et qui tendra à l'exploitation de toutes les sources d'énergies
disponibles à la surface de la planète ; un système dans lequel la Force sera
mise au service du droit et dont la vie sera soutenue par la reconnaissance universelle
de Dieu et l'obéissance à une seule Révélation, tel est le but vers lequel les
forces unificatrices de la vie poussent l'humanité ! " (Vers l'apogée de la race
humaine. Shoghi Effendi. 1936)
33) HOMME
L'être humain est avant tout un être spirituel. Cette affirmation qui manque d'évidence
aujourd'hui pour le lecteur occidental moyen est acceptée sans réticence par la
grande majorité de l'humanité et qui, aujourd'hui, oserait prétendre que dans
le domaine spirituel l'occident dépasse les autres civilisations ?...
Que la réalité de l'homme soit spirituelle, 'Abdu'l-Baha en voit la preuve dans
sa capacité réflective, dans ses pensées, et dans ce " plus grand don de Dieu
à l'homme : son intellect " qu'il est le seul dans la création à posséder.
L'homme a trois aspects :
* Son corps, son niveau animal, qu'il partage avec les animaux.
* Une " âme rationnelle ", l'intelligence humaine, qui est l'intermédiaire entre
son corps et son esprit.
* C'est lorsqu'il permet à l'Esprit par l'intermédiaire de son âme, d'éclairer
sa compréhension que l'homme comprend alors toute la création. Lorsque l'homme
ferme son coeur aux bénédictions de l'Esprit et que son âme se tourne vers les
aspects matériels de la vie, il descend de son rang et peut devenir inférieur
au règne animal lui-même.
Si le corps, étant composé, se décompose, l'âme n'étant pas une combinaison d'éléments
est indivisible, abstraite, hors du monde physique, immortelle.
34) JESUS
Vivant dans une culture marquée par la tradition chrétienne, il est normal pour
un baha'i d'Europe de se situer par rapport au Christ et surtout par rapport aux
conceptions diverses qu'en ont ses disciples.
Le Christ est ce Verbe dont parle Jean : "Au commencement le Verbe était, et le
Verbe était avec Dieu, et le Verbe était Dieu." (Jean 1). Cette référence montre
que le Christ biblique est l'éternel Esprit divin, réalité récurrente que Baha'u'llah
appelle la "divine Présence". Le Christ n'est pas seulement le personnage historique
de Jésus de Nazareth, c'est cette Présence divine qu'il manifestait. En ce sens,
on peut affirmer avec les chrétiens qu'il n'y a qu'un seul Christ, incomparable,
ineffable, "le chemin, la vérité, la vie", qui existait "avant qu'Abraham fut",
par qui "toutes choses furent faites" et qui est revenu, comme Jésus l'a promis.
Baha'u'llah n'est pas un "nouveau Christ", mais le même avec un nouveau nom, le
Fils revenu dans la Gloire du Père.
Pour un chrétien, devenir baha'i ce n'est pas renoncer à Jésus ni le renier, bien
au contraire, c'est reconnaître toute la vérité du message du Christ dans son
authenticité primitive et son accomplissement dans le message de Baha'u'llah.
Tout comme les chrétiens se sentent unis aux juifs, les baha'is se sentent unis
aux chrétiens et, au-delà, à toutes les traditions religieuses du passé. Loin
de renier ses racines, c'est en retrouvant la sève qui les fit croître qu'on devient
baha'i.
35) JEUNE
Un des aspects fondamentaux de toute religion (l'autre étant la prière) le jeûne
baha'i consiste à s'abstenir de toute boisson et nourriture du lever au coucher
du soleil pendant une période de dix-neuf jours comprise entre le 2 et le 20 mars,
période au cours de laquelle la durée du jour est plus ou moins égale à la nuit.
Ce jeûne est présenté comme un symbole qui rappelle à l'homme sa nature spirituelle.
Le baha'i qui jeûne doit le faire sans ostentation. Les voyageurs, les femmes
enceintes, les malades, en sont dispensés comme le sont les travailleurs qui en
seraient affaiblis. Cette période est suivie du Naw-Ruz (norouz), célébration
de la nouvelle année, le premier jour du Printemps.
36) JUSTICE
Fondement de la vision sociale de Baha'u'llah, la justice prend sous sa plume
un sens différent de celui communément admis : "Le but de la justice est de faire
apparaître l'unité entre les hommes. L'océan de la divine sagesse surgit de ce
mot magnifique dont aucun livre au monde ne peut expliquer la signification profonde."
Pour l'individu, la justice est un don divin qu'il doit pratiquer tous les jours
de sa vie : "O fils de l'Esprit ! A mes yeux, la chose préférée est la justice.
Ne t'en écarte pas si c'est moi que tu désires, et ne la néglige pas afin que
je puisse me fier à toi. Par elle, tu pourras voir par tes propres yeux et non
par ceux des autres, et tu pourras comprendre par ton propre savoir et non par
celui du prochain. Pèse bien ceci : comment dois-tu être ? En vérité, la justice
est le don que je te fais, le signe de ma tendre bonté. Ne la perds donc pas de
vue."
"L'essence de tout ce que nous avons révélé pour toi, c'est la justice. Pour l'homme
elle consiste à se libérer des vaines imaginations et des imitations, à contempler
Son oeuvre glorieuse du regard de l'unité et à considérer toute chose d'un oeil
pénétrant."
Au plan social, les institutions que Baha'u'llah établit pour gérer la société
se nomment les " maisons de justice".
37) LAICITE
Dans ses Ecrits, Baha'u'llah ne cesse de souhaiter une restructuration complète
de l'ordre social. Sa vision du renouveau englobe tous les aspects de la vie,
de la morale personnelle à l'économie et au mode de gouvernement, du développement
communautaire à la pratique religieuse.
La Foi baha'ie est une religion " laïque " au sens strict, Baha'u'llah ayant interdit
la formation d'une caste de clercs ayant autorité sur les consciences et détentrice
de la connaissance. L'autorité de gestion politique est entre les mains du peuple
qui se gouverne par l'intermédiaire d'élus réunis en conseils : les maisons de
justice, aujourd'hui appelés : Assemblées Spirituelles locales et nationales et
la Maison Universelle de Justice. Ces conseils sont élus à bulletin secret, sans
candidatures, sans listes électorales ni campagnes...
L'équivalent des clercs peut se reconnaître dans la branche des " savants " :
Mains de la Cause, Conseillers... qui ont pour rôle de conseiller les institutions
et les croyants mais qui n'ont aucun pouvoir.
Un processus inéluctable va renverser les barrières traditionnelles de race, de
classes, de croyance, de religion et de nation pour donner progressivement naissance
à une civilisation mondiale qu'il est encore difficile d'imaginer mais dont les
premiers contours commencent à se dessiner dans le brouillard du futur : une société
responsable formée de citoyens conscients de leur unité planétaire.
38) LANGUE AUXILIAIRE
L'un des moyens préconisés par Baha'u'llah pour avancer vers la paix, c'est de
choisir une langue auxiliaire universelle, parmi celles existantes ou une langue
à créer, qui permettrait à tous de se comprendre, tout en gardant sa diversité
culturelle. 'Abdu'l-Baha encouragea régulièrement les baha'is à apprendre l'Esperanto,
comme un exemple à donner plutôt que comme un choix arrêté. Ce choix ne pourra
être définitif que lorsque l'humanité sera prête à le prendre.
39) LOIS
Un chrétien peut trouver étrange qu'une Révélation apporte des lois. Pourtant,
même le Christ, qui en révéla très peu, n'a pas failli à la règle : abolition
du divorce, invalidation des offrandes dans certaines conditions, nécessité de
l'amour fraternel, etc.
On ne peut comparer les lois divines aux lois sociales. La justice humaine fait
des lois suivant un état donné de la société qui est apprécié, à une époque précise,
par les élus de cette société, suivant leur capacité et parfois leurs intérêts.
C'est une expression du pouvoir ou du contrôle du groupe dominant.
La Loi révélée est le reflet de la réalité intérieure qui gouverne l'humanité.
L'obéissance à la Loi est source de bonheur ; moins une entrave à la liberté qu'un
guide au service de la libération de l'individu. La Loi modèle une société, crée
un nouveau paradigme social et forme une humanité nouvelle. Il est particulièrement
significatif que dès les premiers paragraphes du Très saint Livre (le Kitab-i-Aqdas,
son livre de lois) Baha'u'llah affirme : "Ne croyez pas que nous vous ayons révélé
un simple code de lois. Nous avons plutôt décacheté, avec les doigts de la force
et du pouvoir, un vin scellé...".
Baha'u'llah conseille d'appliquer ses lois en fonction de la maturité de l'humanité.
Seules quelques règles sont aujourd'hui demandées aux baha'is du monde.
40) MAL
La foi baha'ie est une religion fondamentalement positive : pas de péché primordial,
pas de tare originelle, pas de Réalité maligne. Quel dynamisme contenu dans cette
vision ! Plus de démiurge méchant à l'affût de nos faiblesses : nous sommes notre
propre satan (tentateur) et le Mal n'a pas d'existence en soi. Comme l'obscurité
est absence de lumière, la pauvreté l'absence de richesse, l'ignorance le manque
d'instruction, le mal est l'absence de bien.
Ce qui précède n'implique aucun angélisme. Affirmer ne pas croire à l'existence
positive du Mal, n'empêche pas de voir que le mal existe, que c'est une expérience
quotidienne de chacun, qu'il exerce une influence dans le monde et que les forces
négatives peuvent contrôler notre vie si nous ne nous protégeons pas contre elles.
L'obscurité n'est qu'absence de lumière, mais comment dire qu'elle n'existe pas
? le vide n'est qu'absence d'air mais ses effets peuvent être dévastateurs.
Dieu est bon et c'est lui qui, de toute éternité, pardonne au pécheur repentant.
La théorie paulinienne de la Chute et de la Rédemption ne trouve pas sa place
dans l'économie divine telle que l'expose Baha'u'llah. La notion de mal étant
relativisée, c'est la Manifestation de Dieu qui nous dit ce qui est bon pour l'Homme
à une époque donnée. Cela explique les différences de lois enseignées par les
différents fondateurs de religions : ce qui est bon pour une époque donnée peut
devenir mauvais pour une autre. Le bien peut donner le mal et réciproquement suivant
l'époque et les manières de les mettre en pratique.
41) MEDITATION
"La méditation est la clef qui ouvre la porte des mystères ; dans cet état l'homme
fait abstraction de lui-même ; il s'éloigne de toutes choses extérieures ; dans
cet état subjectif, il est immergé dans l'océan de la vie spirituelle et peut
découvrir les secrets des choses en elles-mêmes..." Si la méditation est une activité
recommandée pour les baha'is, aucune indication de méthode n'est prônée plus qu'une
autre. Il est conseillé de méditer sur les versets révélés par Baha'u'llah, mais
chacun choisit ce qui lui convient pour arriver à cet état méditatif où l'homme
parle à son esprit et où son esprit lui répond.
Les baha'is sont aussi encouragés à lire les Ecrits, matin et soir, avec plaisir
et non comme un pensum. C'est pourquoi il n'est pas nécessaire de lire des pages
et des pages ; une phrase peut suffire.
Réciter Allah'u'Abha (Dieu est le plus Glorieux) quatre-vingt-quinze fois est
une pratique quotidienne qui peut se rapprocher de pratiques bouddhistes ou soufies.
42) MESSIE
Bien que le terme soit spécifiquement juif, il recouvre ici le concept, partagé
par toutes les grandes religions, du retour de leur fondateur au temps de la fin
(ou la fin des temps) qui inaugurera une époque de bienfait, de richesse et de
bonheur : "le royaume de Dieu sur la terre " des chrétiens.
Qu'on les appelle Messie ou Prophète, Avatar ou Manifestation de Dieu, ces personnages
sont au centre des prophéties de toutes les Révélations. Pour les baha'is, toutes
ces prophéties trouvent leur accomplissement dans la venue de Baha'u'llah. Ainsi,
et d'une manière très succincte :
Pour les baha'is d'origine juive, Baha'u'llah est la venue du " Seigneur des Armées".
Descendant d'Abraham, " branche de l'arbre de Jessé ", Baha'u'llah est venu conduire
les nations pour qu'elles transforment " leurs épées en socs de charrue". Beaucoup
d'aspects des exils involontaires de Baha'u'llah, de Téhéran à Bagdad, de Constantinople
en Terre sainte, ainsi que d'autres événements historiques de sa vie sont vus
comme accomplissant de nombreuses prophéties bibliques.
Pour les baha'is d'origine bouddhiste, Baha'u'llah accomplit les prophéties annonçant
la venue d'un Bouddha " nommé Maitreya, Bouddha de la Fraternité universelle ",
qui suivant les traditions, apportera à l'humanité la paix et l'illumination.
Pour les baha'is d'origine chrétienne, Baha'u'llah accomplit les promesses paradoxales
du Christ de revenir " dans la gloire du Père " " comme un voleur dans la nuit".
L'année 1844 fut considérée par beaucoup de Chrétiens comme une année pivot, celle
du Retour. Les baha'is voient dans leurs enseignements l'accomplissement de la
promesse de Jésus de rassembler tous les peuples afin qu'il n'y ait plus " qu'un
seul peuple et qu'un seul pasteur".
Pour les baha'is d'origine musulmane, Baha'u'llah remplit les promesses du Coran,
" la grande révélation " quand " Dieu " descendra sur terre " dissimulé dans un
amas de nuages".
Il est évident que la brièveté de cet article ne peut que conduire à la simplification
à outrance. Le lecteur intéressé pourra creuser, grâce à la bibliographie à la
fin du présent volume, le domaine qui l'intéresse.
43) MIRACLES
La position de Baha'u'llah sur le sujet est illustrée par l'histoire suivante
:
Exilé à Bagdad, il inquiète des religieux qui décident de le mettre à l'épreuve.
Un messager lui est envoyé avec cette invite : "Nous vous reconnaissons comme
un homme sage, mais vous prétendez être beaucoup plus que cela. Nous ne pouvons
l'accepter d'emblée. Pourtant, si vous pouviez faire un miracle pour nous convaincre,
nous serions prêts alors à reconnaître votre rang divin". Baha'u'llah écoute avec
attention le messager puis répond, en substance : "Bien que ce soit à Dieu de
mettre ses serviteurs à l'épreuve et non l'inverse, nous acceptons votre proposition.
Nous sommes prêts à accomplir un miracle. Mais pour que cela soit utile, il faudra
d'abord remplir deux conditions :
1/ mettez-vous d'accord sur la nature de ce miracle.
2/ Faites ensuite savoir à tout le monde le marché que nous avons conclu. Nous
serons prêts ensuite à faire tout ce que vous nous demanderez."
Le messager, trouvant le marché honnête, retourne auprès de ses commanditaires...
qui ne purent jamais se mettre d'accord sur le genre de miracle qu'ils pourraient
demander car ils craignaient que Baha'u'llah l'accomplisse et qu'ils soient ensuite
obligés de le reconnaître...
Aussi nombreux qu'ont pu être les " miracles " de Baha'u'llah, lui-même considéra
toujours que le plus grand des miracles est de " changer le coeur des hommes".
44) MONDE
Un auteur a pu dire que la Révélation baha'ie est " la subversion de la religion
par la religion". Loin de profaner le sacré, elle va au-delà de l'opposition sacré
/ profane et s'élève au-dessus de ce qu'on considère en général comme la sphère
du religieux : rites, cultes et symboles qu'on finit par croire plus réels que
les réalités auxquelles ils se rapportent... Ce n'est pas un salut pour échapper
au monde que recherche le baha'i mais un salut dans la transformation du monde.
Ce monde qui est vu, dans les Ecrits baha'is, comme un ensemble d'êtres créés,
en interaction continuelle les uns avec les autres, vivifiés par l'Esprit qui
les traverse et les anime.
Sur le plan spirituel, le monde n'est pas forcément la création qui nous entoure
: "Sachez que par " le monde " il faut entendre l'oubli de Celui qui vous a créés,
l'absorption de l'esprit et du coeur dans ce qui n'est pas Lui. La " vie à venir
" signifie au contraire les choses qui sûrement vous rapprochent de Dieu, le Très
Glorieux, l'Incomparable."
Mais l'approche baha'ie du monde est tout autant pragmatique que spirituelle.
Dès que les communautés baha'ies furent assez importantes pour soutenir des entreprises
durables, le nombre de projets de développement social ou économique crût d'une
manière étonnante. Ces projets, qui impliquent aussi des non-baha'is, vont de
la formation agricole aux soins de santé, du développement communautaire à la
protection de la nature, d'une station radio à des campagnes d'alphabétisation.
Plusieurs milliers de ces projets sont en cours d'exécution. Leur nombre s'accroît
régulièrement tous les ans. En effet, dans l'optique baha'ie, la Révélation divine
développe la civilisation.
45) MORT
La Foi baha'ie n'enseigne ni la réincarnation ni la résurrection aux sens où ces
mots sont généralement compris. Le corps a un usage bien précis dans ce monde
: nous permettre d'y acquérir des qualités spirituelles utiles dans notre évolution
qui est un voyage spirituel vers une perfection humaine qu'on ne pourra jamais
atteindre.
La réalité de l'être humain étant son aspect spirituel : ce qu'on appelle son
âme, la relation entre cette vie et la vie future est semblable au rapport entre
la vie utérine et la vie après la naissance. L'embryon dans le sein de sa mère
ne peut concevoir l'au-delà qu'est pour lui le monde des " nés". Il n'en a que
des échos lointains : chocs, émotions de la mère, sons, etc... Pourtant, il prépare
la croissance physique qui le rendra capable de vivre et d'évoluer dans notre
monde.
De même, les vivants dans ce monde physique ne peuvent concevoir le monde de l'au-delà
qui est abstrait, spirituel. Mais on prépare ici-bas ces qualités spirituelles
qui nous seront utiles pour vivre et progresser dans l'au-delà, comme le foetus
développe jambes, bras, bouche et poumons inutiles dans l'immédiat mais indispensables
dans sa vie future, c'est-à-dire, ici. La mort comme anéantissement n'est qu'imagination
humaine.
Quant aux notions de paradis et d'enfer, elles sont dans les Ecrits baha'is des
états de proximité ou d'éloignement de Dieu. Chaque état est la conséquence naturelle
de nos efforts ou de notre manque d'efforts individuels pour développer notre
nature spirituelle. La clé du progrès spirituel est de suivre la voie indiquée
par les Manifestations de Dieu.
A un ami qui lui demandait comment il fallait considérer la mort, 'Abdu'l-Baha
répondit : "Comment doit-on voir approcher le but de tout voyage ? N'est-ce pas
avec espoir et confiance ?..."
Les funérailles baha'ies sont sobres. Elles donnent lieu à la seule prière collective
recommandée par Baha'u'llah. Le corps, lavé avec dévotion par respect pour l'esprit
qui y apparut, sera couché dans un linceul puis dans un cercueil avant d'être
enterré en un lieu qui ne doit pas être distant de plus d'une heure du lieu du
décès. Le cimetière baha'i devrait être un lieu agréable de méditation, planté
d'arbres et orné de bassins..
46) OPPOSITION
L'opposition à la foi baha'ie est de deux sortes : interne et externe.
L'opposition externe, classique à la naissance de tout mouvement religieux, peut
être résumée par la liste des principaux opposants : La dynastie Qajar, le clergé
shiite, les gouvernements totalitaires musulmans, le gouvernement nazi, les démocraties
populaires, le franquisme... Les persécutions les plus graves ont toujours cours
dans l'Iran des Ayat'u'llahs. Depuis 1979, le gouvernement iranien n'a cessé de
persécuter les 350 000 membres de la communauté baha'ie du pays. Plus de 200 baha'is
furent tués ou exécutés légalement. Plusieurs centaines furent emprisonnées, des
dizaines de milliers perdirent leurs emplois, leurs affaires, leurs retraites.
Les jeunes furent interdits de scolarité... Les organisations baha'ies sont toutes
interdites, les lieux sacrés, les tombeaux, les cimetières confisqués, expropriés,
profanés ou détruits.
L'opposition externe peut prendre aussi la forme plus insidieuse d'ouvrages de
présentation qui prétendent à l'objectivité au prétexte que l'auteur ne fait pas
partie du mouvement dont il parle (belle définition de l'objectivité !...).
Cependant, l'opposition la plus grave, la plus dangereuse mais la plus enrichissante
aussi, fut toujours l'opposition intérieure. Elle consiste essentiellement à tenter
de créer un schisme dans le corps des membres des communautés baha'ies, à vouloir
fonder une secte : Ce qu'on appelle briser l'Alliance. Privés de l'esprit de la
foi, ces groupes dégénèrent rapidement. L'étude attentive de l'histoire baha'ie
montre qu'elle est constituée d'une suite de crises et de victoires qui en constituent
la trame.
47) ORGANISATION
L'Ordre mondial baha'i est l'instrument destiné à mettre en pratique la Révélation.
Il est basé sur les Ecrits de Baha'u'llah et sur le concept de l'Alliance. C'est
aussi un modèle de société en gestation qui peu à peu sera adopté par le monde
une fois que l'humanité aura fait le tour de toutes les théories sociales et/ou
politiques disponibles.
Sans entrer dans le détail de l'organisation actuelle : Maison Universelle de
Justice, Assemblées Spirituelles locales et nationales, Conseillers continentaux,
etc. qui forment la trame du tissu social baha'i, on peut retirer quelques grands
principes qui fondent cette organisation dont le pouvoir, collégial, est basé
sur la Parole divine...
Les trois sources de pouvoir sont :
a/ Les Ecritures révélées par Baha'u'llah.
b/ Les textes révélés par 'Abdu'l-Baha ; les nombreux textes de Shoghi Effendi.
c/ la Maison Universelle de Justice qui trouve sa légitimité dans le Texte même
de Baha'u'llah...
Bien qu'élus, les conseils (Assemblées Spirituelles et Maison de Justice) ont
un pouvoir issu des Ecrits. Tant à l'intérieur des Assemblées Spirituelles qu'à
l'extérieur dans leurs relations avec les croyants, le principe de la consultation
s'applique toujours.
"Nulle forme de gouvernement démocratique, aucun système autocratique ou dictatorial,
tant monarchique que républicain ; aucune organisation intermédiaire d'ordre purement
aristocratique ; ni même aucun des types reconnus de théocraties, tels l'Etat
hébreu, ou les diverses organisations ecclésiastiques chrétiennes, ou encore l'imamat
et le califat dans l'islam - ne peuvent s'identifier avec l'Ordre administratif
que la main maîtresse de son parfait Architecte a créé, ni lui être reconnus conformes."
(Shoghi Effendi)
48) PAIX / GUERRE
"De tous les points de vue possibles, la paix doit absolument s'instaurer parmi
les nations. Dieu créa une seule terre et une seule humanité pour l'habiter. L'homme
n'a pas d'autre demeure ; pourtant il s'est levé pour décréter des frontières
imaginaires et des restrictions territoriales, nommant celles-ci " Allemagne ",
" France ", " Russie ", etc. et des torrents de sang précieux sont versés au nom
de ces divisions imaginaires de notre unique demeure humaine, suivant l'illusion
d'un patriotisme étriqué et capricieux ;"
"La grande paix à laquelle ont profondément aspiré les gens de bonne volonté au
fil des siècles... se profile enfin à l'horizon mondial. Il est maintenant possible
à chacun, pour la première fois dans l'histoire, de voir toute la planète et les
innombrables peuples qui l'habitent dans une perspective globale. La paix mondiale
n'est pas seulement un concept, mais une réalité vers laquelle l'humanité se dirige
inéluctablement. C'est la prochaine étape de l'évolution de cette planète - ce
qu'un grand penseur a appelé " la planétisation de l'humanité".
...La paix découle essentiellement d'un état d'âme reposant sur une attitude morale
et spirituelle et c'est principalement en invoquant cette attitude que l'on pourra
parvenir à des solutions durables...
L'ordre mondial ne peut se fonder que sur la conscience inébranlable de l'unité
de la race humaine, une vérité spirituelle que confirment toutes les sciences
humaines. L'anthropologie, la physiologie et la psychologie ne reconnaissent qu'une
espèce humaine, même si celle-ci est infiniment variée en ce qui concerne les
aspects secondaires de la vie. (...)"
En 1911, à Paris, 'Abdu'l-Baha demandait, avec une fausse innocence : "Pourquoi
ne pas essayer la paix ? Il sera toujours temps de recommencer la guerre si ça
ne convient pas !"
49) PLURALISME
Le pluraliste religieux affirme que toutes les grandes religions sont des conceptions
différentes et des réponses variées à ce mystère ultime qu'est la réalité divine.
Il s'oppose à la fois à l'exclusiviste qui affirme qu'une tradition, et une seule,
enseigne la vérité et qu'elle est la seule voie de salut, et à l'inclusiviste
qui considère les autres traditions comme des reflets et des approches de la vérité
finale contenue dans une seule tradition, la sienne.
Un des principe fondementaux de la croyance baha'ie est que toutes les religions
révélées du monde ont un fondement commun."Sans restriction ni équivoque, elle
proclame que toutes les religions établies sont d'origine divine." (WOB P58)
La Foi baha'ie ne revendique pas non plus détenir la vérité complète et finale.
Shoghi Effendi explique que les baha'is " ne prétendent pas que leur révélation
est la dernière." (WOB p. 59). Elle ne prétend pas non plus à une supériorité
inhérente car : "il ne peut faire aucun doute que tous les peuples du monde, à
quelque race ou à quelque religions qu'ils appartiennent, dérivent tous leur inspiration
d'une seule source céleste et sont les sujets d'un seul Dieu".
50) PREJUGES
Les opinions négatives portées sur les individus ou sur les peuples sont, de l'avis
même de Baha'u'llah, " la ruine de l'humanité".
'Abdu'l-Baha conseillait de ne jamais parler des autres, même pour en dire du
bien. Et le Gardien écrivait : nous sommes des laboureurs ; A chacun sa charrue.
Si je regarde ce que fait mon voisin, mon sillon ne sera certainement pas droit.
L'égalité et la justice existent pourtant : nous sommes comme des récipients.
L'un grand, l'autre minuscule peut-être, mais Ce qui compte c'est de combien nous
sommes emplis : un grand tonneau à moitié plein n'a pas plus de mérites qu'un
petit verre à moitié vide... Or, il nous est déjà difficile de savoir de quelle
sorte de récipient nous sommes faits nous-mêmes ; comment alors connaître les
autres ?
51) PRIERE
Au quotidien, tout travail utile aux autres est considéré comme une prière. Ne
sont encouragées ni la vie uniquement méditative ni la vie orientée dans le seul
sens matérialiste. Mais la prière, au sens habituel, est un moyen que Dieu offre
à l'homme de mieux se connaître." Le devoir que Tu as prescrit à tes serviteurs
d'exalter à l'infini ta gloire et ta Majesté n'est qu'un gage de ta grâce à leur
endroit, afin de les rendre capables de s'élever à cet état de la connaissance
de soi-même accordé à leur être le plus secret " (Baha'u'llah). Cette prière prend
plusieurs aspects :
Il y a d'abord la prière quotidienne traduite parfois par " prière obligatoire
" à choisir parmi trois textes de longueur différente. Par exemple, la plus courte
se récite une fois par jour, entre midi et le coucher du soleil, en se tournant
vers le Tombeau de Baha'u'llah à Akko :
"Je suis témoin, ô mon Dieu, que tu m'as créé pour te connaître et pour t'adorer.
J'atteste, en cet instant, mon impuissante et ton pouvoir, ma pauvreté et ta richesse.
Il n'est pas d'autre Dieu que Toi, Celui qui secourt dans le péril, Celui qui
subsiste par lui-même."
Les autres textes de prière que l'on rencontre dans les textes baha'is sont en
général des extraits des Ecritures et/ou de petits passages révélés dans un but
précis.
"Dis : ô peuple ! libérez vos âmes des entraves de l'égoïsme et purifiez-les de
tout attachement à ce qui n'est pas moi. Mon souvenir purifie toutes choses de
la corruption, le puissiez-vous comprendre !"
52) PROPHETES
La figure du Prophète dans le sens que lui donne aussi l'islam, d'intermédiaire
entre Dieu et les hommes, de fondateur d'une religion et d'une culture, est fondamentale
dans la vision baha'ie de l'histoire du monde. Les petits prophètes de l'Ancien
Testament, qui agissent à l'ombre d'une révélation, en font partie avec, à un
autre niveau, les fondateurs de religion, Révélateurs du Verbe divin, Manifestations
de Dieu, que sont Adam, Noé, Moïse, Zoroastre, Jésus, Muhammad, le Bab et Baha'u'llah,
mais aussi Krishna et Bouddha, ainsi que les nombreux autres dont le nom s'est
souvent mythifié ou perdu.
La notion de " prophète de vérité " est très ancienne. On la trouve, sous des
formes variées, dans toutes les religions, notamment dans la tradition judéo-chrétienne
qui est, après tout, la première croyance des chrétiens, ainsi que dans les diverses
gnoses juives et chrétiennes, puis dans le manichéisme et dans l'islam. Les différentes
interprétations historiques de ces mouvements ne peuvent oblitérer totalement
ce concept central : la connaissance de Dieu ne vient aux hommes que par le "
vrai prophète " ou " prophète de vérité ", Verbe divin qui revient d'âge en âge
guider les hommes vers Dieu. Malgré des cadres culturels et mentaux très différents,
on retrouve ce concept dans l'hindouisme, le bouddhisme ainsi que, par exemple,
dans les mythologies amérindiennes.
Les relations entre Dieu, le Prophète et les hommes sont depuis longtemps objet
de questionnement. Dans le christianisme, Jésus fut divinisé comme Fils, deuxième
personne d'un Dieu trine. Dans l'islam, Muhammad ayant précisé qu'il n'était qu'un
homme comme les autres c'est le Livre qui devient copartenaire de Dieu dans la
mesure où il est considéré comme incréé... Toutes ces évolutions, tardives par
rapport à la date de fondation de la religion elle-même, montrent bien la difficulté
des hommes à comprendre comment celui qui semble n'être qu'un homme comme eux
peut prétendre être le représentant de Dieu. Mais elles deviennent vite des barrières
qui divisent les hommes, entretiennent souvent le fanatisme et font éclater les
guerres religieuses.
Baha'u'llah pose comme préalable la transcendance complète de Dieu. La Manifestation
de Dieu n'est qu'un miroir parfait qui reflète la lumière divine vers les hommes.
Dans le miroir, le reflet du soleil est semblable au soleil : lumière et chaleur,
mais ce n'est pourtant qu'une image.
"Loin, que loin de ta gloire est ce que l'homme peut affirmer de Toi, ou t'attribuer,
ou dire à ta louange !..." La porte de toute connaissance de l'Ancien des Jours
se trouvant ainsi fermée à la face de tous les êtres, fidèle à la promesse qu'Il
a donnée... Celui qui est la source de grâce infinie a fait surgir du royaume
de l'esprit, sous la forme du temple humain, ces gemmes lumineuses de sainteté
[les Manifestations de Dieu] et Il les a manifestées aux hommes pour qu'elles
puissent communiquer au monde les mystères de l'être immuable et lui expliquer
les subtilités de son impérissable Essence." (Baha'u'llah)
Le Prophète, est "la Voie, la vérité, la vie" et ce n'est que par lui qu'on peut
approcher de Dieu. Il n'a pas pour vocation de fonder une église ou une religion,
mais de réformer la société humaine en l'arrachant à ses idoles, ses illusions,
ses ignorances et ses oublis.
53) QUESTIONS
Les questions des premiers croyants posées à Baha'u'llah puis à 'Abdu'l-Baha sont
à l'origine de nombreuses clarifications des concepts contenus dans la révélation
baha'ie et l'on a pu écrire que la Foi baha'ie est la " religion des questions".
Cette faculté qu'a l'homme de tenter de comprendre le monde qui l'entoure est
un don divin qui caractérise l'humanité. 'Abdu'l-Baha affirme que l'âme humaine
est rationnelle et que c'est l'esprit, brillant dans le temple humain à travers
l'âme rationnelle, qui éclaire et découvre les lois physiques et le monde qui
nous entoure.
Aussi ne doit-on pas accepter ce qu'on ne comprend pas ; ce qui est vu comme absurde
doit être rejeté comme superstition. Dans le domaine de la sociologie, de l'ethnologie
et des sciences humaines, le bon et le mauvais, le bien et le mal, sont des notions
relatives à une époque donnée et ne peuvent être définies que par la Manifestation
de Dieu qui est le Médecin divin, seul à même de connaître le remède aux maladies
de l'humanité. A charge pour l'homme de reconnaître la Manifestation et de chercher
à comprendre son Message.
54) REGLE D'OR
Coeur du message éthique de tous les Fondateurs de religion, la règle d'or peut
se résumer ainsi : ne fait pas aux autres ce que tu ne veux pas qu'on te fasse."
Agissez envers les autres comme vous aimeriez qu'ils agissent envers vous." (Luc
6 : 31).
On le retrouve dans toutes les traditions.
Dans l'hindouisme : "Ne fais rien à ton voisin que tu ne voudrais pas le voir
te faire à ton égard." Le bouddhisme : "Ne blesse pas les autres par des moyens
que tu trouverais toi-même blessants." Et l'islam : "Aucun d'entre vous n'est
un croyant tant qu'il ne désire pas pour son frère ce qu'il désire pour lui-même."
Et Baha'u'llah de confirmer cet enseignement fondamental des relations humaines
: "Il ne devra pas souhaiter à autrui ce qu'il ne souhaite pas pour lui-même,
ni promettre ce qu'il ne peut accomplir."
55) REINCARNATION
Dit rapidement, les baha'is ne croient pas à la réincarnation, ni dans la compréhension
traditionnelle bouddhiste de retour incessant dans une vallée de larmes en attendant
d'atteindre un nirvana libérateur ni, à l'opposé, dans la vision occidentale d'un
retour ici-bas qui permet d'avoir une nouvelle chance après une vie décevante.
L'image utilisée souvent pour expliquer cette notion de " retour " montre une
rose qui revient régulièrement chaque année, qui se réincarne.
'Abdu'l-Baha explique que la rose de cette année revient, certes, mais sous la
forme d'une autre rose qui a les mêmes qualités de forme, de couleur, de parfums.
Elle n'est pas stricto sensu la même rose. Les mêmes atomes ne composent pas une
rose et l'autre. Ce sont les qualités de la rose qui reviennent et cette sorte
de retour là est acceptée par les enseignements baha'i. C'est ainsi qu'on peut
dire que Baha'u'llah est le " retour " du Christ car les mêmes qualités qui firent
de l'un le Fils de Dieu fait de l'autre la Gloire de Dieu. Il en est ainsi de
toutes les Manifestations divines.
56) RELATIVISME
On peut classifier les grandes traditions religieuses du monde en deux catégories
: le monisme, qui ne voit pas de différence entre la divinité et sa création et
le dualisme qui voit la divinité comme séparée de sa création.
La grande originalité du message baha'i est son relativisme. Baha'u'llah affirme
avec force que nous sommes incapables de poser des affirmations concernant la
Réalité ou la structure de l'être pour une simple raison : toute connaissance
et toute compréhension humaine est relative, un relativisme qui naît de la structure
même de notre pensée. Baha'u'llah renforce encore ce relativisme en expliquant
que la révélation est donnée aux hommes d'une manière progressive, adaptée aux
capacités de l'humanité et à ses besoins. Plus encore, la révélation elle-même
ne se dévoile aux yeux des hommes dans toute sa richesse que progressivement au
cours des siècles.
De ce qui précède il ressort que les querelles théologiques deviennent ipso facto
superficielles et pour tout dire, ridicules. On comprend aussi pourquoi tout baha'i
a le droit - le devoir même - de réfléchir sur les Textes de sa religion et d'en
tirer le maximum selon sa compréhension, mais avec l'interdiction d'imposer sa
compréhension à quiconque.
57) RICHESSE, ET PAUVRETE
La vision baha'ie du monde ne voit dans la pauvreté matérielle aucune vertu particulière.
Une société dans laquelle on trouve des gens très riches et des gens très pauvres
est une société tyrannique. Renvoyant dos à dos communisme totalitaire et libéralisme
effréné, les Textes baha'is proposent des concepts motivés par la recherche d'un
épanouissement possible pour chaque individu. Baha'u'llah s'exclame : "Rassassiez-vous
des bonnes choses que Dieu vous a accordés et ne vous privez d'aucun de ses merveilleux
bienfaits. Sachez seulement Lui rendre grâces et louanges et Lui être du fond
du coeur reconnaissants." La vertu cardinale est le détachement. Mais Baha'u'llah
rejette aussi rejette l'oisiveté comme une tare sociale. Le travail est un droit
pour chacun, d'autant plus qu'il est considéré comme un acte d'adoration, Lorsque
la maturité spirituelle est atteinte, l'aisance doit être le résultat normal de
l'activité, une aisance qui est à consacrer à soi et aux autres.
En résumé, l'aisance matérielle n'est pas négative en soi, le travail vu comme
une prière est un droit de chacun, droit qui doit conduire à l'aisance matérielle,
Le partage doit devenir une attitude courante, la société a la charge des pauvres,
les divisions d'héritage devraient servir à éviter les accumulations excessives,
La pauvreté à rechercher est une qualité spirituelle issue de l'humilité devant
la gloire divine et de la conviction qu'" Il fait ce qu'Il veut".
58) SALUT
Parler de salut, alors qu'on ne croit pas au péché originel peut sembler étrange
à un esprit élevé dans le cadre conceptuel du christianisme. Le salut dont nous
parlerons ici n'est pas du même ordre.
Pour Baha'u'llah, l'homme n'a pas une nature viciée par un quelconque acte primordial.
Nulle trace de concept de péché fondateur, de sacrifice et de rachat. Ces concepts
élaborés par l'apôtre Paul n'ont pas trouvé place dans l'optique baha'ie de l'histoire
humaine.
L'homme est bon, potentiellement. A lui de creuser, de travailler sur lui-même,
de passer des épreuves, de vivre en un mot, pour progresser. Dans quel but ? D'abord,
pour se préparer à l'étape suivante qui est la vie après la mort. Ensuite, pour
améliorer les conditions matérielles de la vie sur terre afin d'en faciliter le
passage à soi-même et aux autres. Plutôt que notion de salut, il faudrait introduire
ici la notion de progrès, d'évolution.
C'est le rôle des " Manifestations de Dieu " d'aider les hommes à progresser.
Le progrès spirituel rejaillissant sur le progrès physique, les baha'is voient
les Messagers divins non seulement comme fondateurs des différentes religions
qu'on connaît mais aussi comme initiateurs des civilisations qui jalonnent l'histoire
humaine. L'Histoire est vue comme le résultat de l'épanouissement progressif d'une
humanité baignée dans la lumière de la Révélation progressive. Nous sommes ici
pour participer à l'élaboration d'une civilisation toujours en progrès.
59) SUCCESSION
La foi baha'ie se caractérise par une évolution organique de son histoire et par
l'importance primordiale accordée au concept de l'unité, condition de l'accomplissement
des promesses des Ecritures sacrées des Révélations précédentes et du progrès
de la civilisation : la fidélité à l'Alliance.
Baha'u'llah rédigea un testament dans lequel il désigne, une fois de plus, son
fils aîné pour lui succéder. 'Abbas Effendi, ne devait pas être vu comme un autre
prophète, mais comme le chef spirituel de la communauté, l'exemple vivant de la
vie baha'ie, et, comme l'appelait Baha'u'llah lui-même, "le Mystère de Dieu".
Pour éviter le zèle de certains de ses disciples, 'Abbas Effendi demanda très
vite à ce qu'on ne l'appelle que 'Abdu'l-Baha (Serviteur de Baha), coupant ainsi
court aux accusations ridicules de certains membres de sa famille jaloux de son
autorité.
Son rôle dans le développement de la communauté baha'ie, encore dans son enfance,
ne peut être évalué à sa juste valeur. Baha'u'llah lui avait donné, et à lui seul,
l'autorité d'interpréter tout ce qui, dans le Livre, n'est pas compris des croyants
: il est le Centre de l'Alliance et son oeuvre est considérable.
Lui-même rédigea de sa main un testament qui, après son décès en 1921, désignait
son petit-fils Shoghi Rabbani, plus connu sous le nom de Shoghi Effendi, comme
Gardien de la Cause de Dieu et, à son tour, Centre de l'Alliance.
Le Gardien, dans son rôle d'interprète autorisé laissa un énorme corpus de textes
traduits en anglais, langue qu'il maîtrisait à la perfection. Dans son rôle de
protecteur et d'organisateur, il laissa lors de son décès en 1921 une communauté
structurée, capable de supporter le choc de son décès subit et de se lancer à
la conquête spirituelle du monde. Fidèle au Testament de 'Abdu'l-Baha, Shoghi
Effendi ne put désigner de successeur. Le Gardiennat est devenu vacant, matérialisé
aujourd'hui dans l'abondante littérature et la correspondance écrite de Shoghi
Effendi. C'est la Maison Universelle de Justice qui dirige aujourd'hui la communauté
baha'ie au niveau mondial comme Centre de l'Alliance.
60) SYNCRETISME
"combinaison peu cohérente ; mélange de doctrines, de systèmes." (le ROBERT.)
La foi baha'ie est-elle un syncrétisme ? L'affirmation est si souvent avancée
qu'elle passe pour incontestable. On la rencontre dans tous les dictionnaires.
C'est le reproche que lui font, presque toujours, les théologiens et les journalistes
catholiques.
On doit probablement trouver l'origine de cette affirmation dans la position baha'ie
vis-à-vis des autres religions. Le concept de Révélation progressive fait dire
aux baha'is qu'ils croient à l'unité fondamentale des religions. Mais Baha'u'llah
ne demande pas la création d'un syncrétisme simplificateur qui aurait pour base
le plus petit commun dénominateur de toutes les révélations précédentes. Ses idées-forces
sont :
1/ La religion doit unir et non diviser. A toute religion qui provoque conflits
et luttes, il faut préférer l'absence de religion.
2/ Les diverses Révélations sont comme les chapitres d'un livre, la Religion divine.
Dans un roman, les chapitres ne se ressemblent pas, on n'y lit pas la même chose
et il serait stupide de les mélanger en un embrouillamini illisible : le livre
n'existerait plus. En revanche, les chapitres sont tous Ecrits avec des lettres,
des phrases, des paragraphes par le même auteur et ils parlent du même sujet :
celui du livre. De même, les religions parlent toutes de Dieu et de ses volontés
: prières, jeûnes, lois, prophéties.
3/ Baha'u'llah se présente comme accomplissant les prophéties des révélations
passées." C'est là l'immuable foi de Dieu, éternelle dans le passé, éternelle
dans l'avenir". Plus question alors de mélanger ces religions : pas de " vin nouveau
dans de vieilles outres ", mais vérité qui, s'étant manifestée avant et ailleurs,
sous d'autres formes et en d'autres mots, se manifeste aujourd'hui dans les Ecrits
révélés par Baha'u'llah. Il n'appelle pas à faire une soupe, bouillie affadie
de toutes les théories religieuses existantes. Il affirme plutôt que dans toutes
les révélations on trouve des raisons de croire à la sienne. Où est le syncrétisme
là-dedans ? A l'origine de cette accusation ne pourrait-on pas trouver cette affirmation
de Baha'u'llah : ce qui sépare les religions n'est pas le message fondateur, mais
bien les constructions successives rajoutées au cours de l'histoire par des théologiens,
honnêtes et sincères pour la plupart, mais souvent imbus de leurs connaissances
et n'hésitant pas, à se déchirer entre eux pour des concepts qu'on ne trouve souvent
même pas sous forme de traces dans les textes fondateurs.
61) TEMPLES
Nommé par Baha'u'llah : "lieu des invocations matinales " (Mashriqu'l-Adhkar.
Se prononce : machrécol-azkâr), la maison d'adoration baha'ie sera n'importe quel
bâtiment consacré à cet usage. Ce peut être aussi une simple pièce ou le coeur
du croyant sincère.
Avant tout, on parle de Mashriqu'l-Adhkar pour un bâtiment à neuf côtés et un
dôme, consacré à la lecture des Ecritures sacrées et à la prière. On ne fait qu'y
lire et y chanter a capella des textes tirés de toutes les Ecritures. Ce sera
le centre de la vie communautaire. Le " souvenir de Dieu " qu'on retrouve dans
le nom des Maisons de Prière baha'ies rappelle la pratique soufie qui utilise
la répétition du nom de Dieu pour se détacher du monde.
Ce bâtiment doit être entouré d'un hôpital, d'un hôtel pour voyageur, d'un dispensaire
de médicaments, d'un orphelinat et d'une université d'études supérieures.
Aujourd'hui, il existe six "Temples" baha'is dans le monde : à Wilmette-Chicago,
à Kampala, à Francfort, à Panama, aux Samoa occidentales et à la Nouvelle-Delhi.
Certaines annexes existent déjà, comme la maison de retraite de Wilmette.
Par ailleurs un croyant peut prier où il le désire, comme l'indique le texte :
"Béni est le lieu, la maison et l'endroit, la ville et le coeur, la montagne et
le refuge, la caverne et la vallée, le pays et la mer, l'île et la prairie où
est faite la mention de Dieu et où sa louange est exaltée." (Baha'u'llah).
62) UNITE
L'affirmation de l'unité de l'humanité est une notion facilement acceptable aujourd'hui,
soutenue qu'elle est par la connaissance scientifique et par le souvenir des désastres
provoqués par un nationalisme étroit. C'était loin d'être le cas lorsque Baha'u'llah
affirmait hautement : "La terre n'est qu'un seul pays et tous les hommes en sont
les citoyens".
Mais c'est sur la base de la diversité des coutumes et des conceptions des nombreuses
communautés humaines que doit s'établir ce concept primordial de l'enseignement
baha'i. L'unité baha'ie est plus une union d'esprit fondamentale, une manière
d'être à l'autre, qu'un concept globalisant." Soyez unis dans vos délibérations,
soyez unis dans vos pensées... et, jeune ou vieux, humble ou grand, intéressez-vous
à ce qui profite à l'humanité. Ne semez pas les graines de la dissension parmi
les hommes et ne plantez pas les épines du doute dans les coeurs purs et radieux."
(Baha'u'llah)
63) VERITE
La Vérité comme Absolu est, par essence, étrangère au monde humain. Nous ne pouvons
en avoir que des reflets, des éclairs, des traces. Il s'ensuit que les querelles,
les luttes et les divisions provoquées par des compréhensions différentes d'un
même objet sont une aberration." mieux vaut avoir tort ensemble que raison tout
seul".
Cette attitude face à la vérité tant scientifique que spirituelle, n'empêche en
rien cette recherche de la vérité par chaque individu que Baha'u'llah considère
comme un des devoirs fondamentaux de l'homme. Cette recherche est avant tout une
attitude face au monde, plutôt qu'une recherche de concepts qui ne peuvent être
que limités, partiels et temporaires.
64) VIE
Une vie sans but est une vie dénuée de sens.. Mais l'absence totale de sens est-elle
possible ? Peut-on vivre sans but ? Les êtres humains sont-ils porteurs, consciemment
ou non, d'une forme de but et ce, quelle que soit leur croyance en l'existence
d'un but supérieur ou divin ? Est-il possible de savoir avec certitude si la vie
a ou non un sens ? un but ?
Baha'u'llah place la spiritualité au centre de la réalité humaine. Cette affirmation
sous-jacente situe la question du but dans le cadre de la capacité humaine à développer
son potentiel spirituel inhérent. Pour prendre un exemple trivial, la relation
entre notre potentiel spirituel et le but de notre vie ressemble à la relation
entre le moteur d'une voiture et le but de cette voiture. La voiture peut être
utilisée comme entrepôt, mais ce n'est pas la bonne manière de l'utiliser. La
fonction étant la clé du but, nos capacités spirituelles indiquent clairement
que nous avons un but dans la vie en rapport avec la spiritualité.
"O fils de l'homme ! Caché en mon être éternel et dans l'antique éternité de mon
Essence, Je savais mon amour pour toi, aussi t'ai-Je créé. J'ai gravé en toi mon
image et Je t'ai révélé ma beauté." (Baha'u'llah)
"L'homme fait à l'image de Dieu " est le concept qui a défini pendant des siècles
la réalité essentielle de l'être humain, doté de qualités potentielles attribuables
à Dieu : rationalité, connaissance, justice, créativité, etc. Ainsi, d'un point
de vue religieux, le but de la vie s'est toujours exprimé en termes de capacités
spirituelles. C'est ce but qui donne un sens à la vie. Ecrit simplement, l'objet
de notre existence est de devenir comme Dieu, autant qu'il est possible dans la
limite des rapports du créé au Créateur, c'est-à-dire vraiment humain.
Le but de la vie est de connaître Dieu : c'est-à-dire de reconnaître Ses manifestations
; d'adorer Dieu en servant ses créatures et de contribuer au progrès d'une civilisation
en évolution constante.
" Tous les hommes ont été créés pour travailler à l'établissement et à l'amélioration
croissante de la civilisation."
"Ô mon Dieu, je suis témoin que tu m'as créé pour te connaître et pour t'adorer."
(Baha'u'llah).
65) VIOLENCE
La Bible est un livre plein de fureur et de violence et on peut y découvrir d'amples
justifications d'une violence sacrée qu'on trouve souvent injuste. Le Nouveau
Testament aussi a pu offrir une justification à la violence et tant les croisades
que les bûchers furent approuvés par les autorités religieuses sur la base d'une
compréhension particulière d'Ecrits révélés. La notion de guerre sainte est importante
dans le Coran, on le répète assez, et s'il est vrai que la grande guerre sainte
est certainement la guerre contre soi-même, l'histoire du monde musulman eut sa
part de périodes violentes au nom du sacré. Le bouddhisme fut répandu par l'empereur
Asoka d'une manière qui nous paraîtrait aujourd'hui étonnement violente et l'hindouisme
a montré ses capacités dans la destruction récente d'une mosquée réputée construite
sur le lieu d'un site sacré.
Baha'u'llah a clairement, strictement et définitivement supprimé cette manière
d'agir. Aucune justification ne peut se baser sur les Textes baha'is pour user
de violence contre un peuple ou un individu pour une raison religieuse. Dans un
texte intitulé à bon escient " Les Bonnes Nouvelles ", Baha'u'llah révèle l'annulation
de la guerre sainte, de la destruction des livres et de la violence. Tout son
message est imprégné de l'importance de l'unité et de l'amitié entre les hommes.
Au point qu'il vaut mieux pas de religion qu'une religion qui crée la division
les luttes.
"Dis : crains Dieu ô peuple et défends-toi de jamais répandre le sang d'aucun
de tes semblables."
(Baha'u'llah dans Extraits des Ecrits, CXXVIII p 182)
"Sache que nous avons entièrement annulé la loi de l'épée comme moyen de venir
en aide à notre cause et que nous lui avons substitué le pouvoir né de la parole
des hommes."
(Baha'u'llah dans Extraits des Ecrits, CXXXIX, p. 201)
On ne peut pour autant qualifier le mouvement baha'i de strictement pacifiste.
Si Baha'u'llah recommande aux dirigeants politiques de réduire leurs armements,
il recommande la création d'une armée internationale destinée à empêcher une nation
d'en attaquer une autre.