Les Baha'is
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7.
Situation en Iran Le climat de violence et d'hostilité dans lequel est apparu le Baha'isme
n'est pas sans contraste avec le pacifisme déclaré70,
et pratiqué, de Baha-u-llah. L'histoire du Baha'isme est une alternance
de calme relatif et de "pogroms". Leur refus de toute participation à
la vie politique n'empêche nullement certains Baha'is de se rapprocher
de l'entourage du Shah, sensible aux cultures iraniennes non-shi'ites, à
la vieille de la révolution islamique de février 1979. Cette
bienveillance est remise en cause au lendemain de la révolution khomeyniste
: Faussement accusés de collusion avec la SAVAK71,
la police secrète du Shah, et d'hérétiques par le nouveau
pouvoir72, les
Baha'is sont privés explicitement de tout droit civique et cultuel.
Pourchassés, la maison du Bab à Chiraz (un des lieux saint du
Babisme et du Baha'isme) est détruite en septembre 1979, expulsés
de leurs emplois et des écoles ils subiront une période de dure
répression. Tous les membres de l'Assemblée Nationale, que personne
n'a jamais revu, sont arrêtés en août 198073
et malgré les protestations de l'ONU le bilan de la période
78-85 est accablant : plus de 150 morts, une vingtaine de lynchés et
14 disparus. Amnesty International et l'ONU dénoncent régulièrement
le traitement réservé à cette minorité religieuse,
forte de 300000 à 500000 fidèles (sur une population d'environ
60 millions d'habitants), sans résultat. La communauté baha'ie
internationale s'est mobilisée, et se mobilise encore, afin de leur
porter secours par divers plans d'immigration et d'aide à la réinsertion
dans un pays d'accueil.
Le rapport d'octobre 1997, du rapporteur spécial des Nations-Unies sur
les droits de l'Homme, le professeur Copithorne, fait état de la poursuite
des persécutions et de la multiplication de meurtres de Baha'is, non
élucidés. Il ressort de cette enquête que les persécutions
sont essentiellement d'ordre religieux. La situation dans les autres pays du globe n'est en aucune façon comparable.
Ses 6 millions de fidèles, sa présence dans plus de 200 pays
et territoires dépendants et sa reconnaissance internationale confère
à la communauté baha'ie une autorité spirituelle de fait.
De multiples pays lui accordent un statut cultuel ou associé, et certains74
reconnaissent leurs fêtes religieuses, mais le retour de l'Islam politique
fait de nouveau craindre une répression ou tout du moins un harcèlement
des Baha'is dans certains pays75.
Les bouleversements de ce siècle, que les Baha'is expliquent par la
venue de Baha-u-llah, et la très forte progression de leur foi dans les
50 dernières années leur laissent penser que ce 21ème
siècle annoncé comme "spirituel" par Malraux sera celui de la
Foi Baha'ie. "La terre n'est qu'un seul pays et tous les Hommes en sont les
citoyens" a prophétisé Baha-u-llah.
Dès son apparition en Iran, le Babisme fut combattu politiquement
et religieusement, et les insurrections noyées dans le sang et l'assassinat
du Bab laissèrent un goût amer à ses fidèles. L'impact
du mouvement sur la vie politique iranienne fut tel que le terme babi
était employé pour désigner, à tort, certains
réformateurs69
opposés à la monarchie Qadjar.
Et demain ?
Notes
69) Malkom Khan (1833-1908) et Djamaledin Asadabadi
al-Afghani (1839 - 1897)
70) A l'exception des violences
engendrées par les querelles de succession.
71) Responsable avec certains religieux
de la propagande anti-baha'is qui aboutit aux massacres de 1955 et 1963.
72) La Foi Baha'ie est officiellement
interdite depuis le 29 août 1983
73) Le Monde, 29 août
1980
74) 71 en 1986
75) Algérie, Egypte, Pakistan
et Indonésie entre autres.