Médiathèque baha'ie

Le Bab
Héraut du Jour des Jours

par H. M. Balyuzi
(traduction de courtoisie par Frédéric Autret)


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Table des matières

Introduction
Prologue

1. Tous acclament Chiraz
2. Celui qu’ils recherchent
3. Téhéran
4. Le premier martyr
5. Pèlerinage à La Mecque et la maison de la Ka'bah
6. Les forces d'opposition se réunissent
7. Croyance et reniement
8. La ville de Abbas le Grand
9. L'Antéchrist de la révélation babie
10. Mah-Ku
11. La montagne désolée
12. Ce midi d'été (martyre du Bab)
13. Les briseurs d'aurores
   13.1. L'Appel d'un Nouveau Jour
   13.2 La conférence de Badasht
   13.3. L'épisode de Shaykh Tabarsi
   13.4. L’année 1850
   13.5. L’épisode de Nayriz
   13.6. Les 7 martyrs de Téhéran
   13.7. L’épisode de Zanjan.

Epilogue
Appendice 1: Le siège de Karbila
Appendice 2: Le Martyr du Bab
Appendice 3: L’incident de Yazd
Appendice 4: Les 7 martyrs de Téhéran
Appendice 5: L’épisode de Zanjan
Appendice 6: Les enquêtes de Lord Palmerston
Appendice 7: Fabrication de mythes
Notes


Introduction

Le présent livre complète la trilogie sur les vies des fondateurs de la Foi baha’ie. Cependant, maintenant que de la documentation supplémentaire est à ma disposition, c’est mon espoir de développer dans une date future le volume de la vie de Baha’u’llah et aussi d’écrire un supplément au volume sur la vie de Abdu’l-Baha.

Ce livre est le premier dans l’étendue de la littérature baha’ie à faire une utilisation approfondie de documents officiels d’archives gouvernementales. je suis grandement reconnaissant à Moojam Momen qui a généreusement partagé avec moi les résultats de sa recherche compétente dans les Archives Nationales de Londres et d’ailleurs.

Les deux secrétaires qui reçurent des nouvelles et des dépêches en ce qui concerne le Bab et les babis étaient le Comte d’Aberdeen, qui fut en fonction de septembre 1841 à juillet 1846, sous Sir Robert Peel; et le vicomte de Palmerston, dont le bail de fonction s’étendit de juillet 1846 à janvier 1852, sous Lord John Russell. L’envoyé britannique impliqué principalement dans de tels rapports à Londres était le lieutenant-colonel (plus tard Sir Justin) Sheil, le Ministre à Téhéran. Les lettres de Lord Palmerston à lui déclarent que ses dépêches concernant le Bab et les babis étaient "posées devant la Reine".

Ma profonde gratitude) Abul-Qasim qui m’a sans restriction rendu disponibles l’histoire de la chronique et l’autobiographie de son père, le regretté Haji Mirza Habib-u’llah, ainsi que des lettres écrites par lui et aux parents du Bab, avec beaucoup d’autres documents d’une valeur inestimable.

Il devrait être porté à l’esprit qu’en dehors des citations du Bab, les paroles attribuées à Lui ou à quelqu’un d’autre dans ces pages ne doivent être prises comme un compte-rendu exact des mots prononcés à cette époque. Ils font seulement comprendre le sens et le la démonstration de ce qui était dit en ces occasions. Manifestement, personne n’était en train de prendre des notes. Il est possible cependant que quelques phrases courtes ici et là, qui se gravent immédiatement dans l’esprit, soient des paroles exactes, les vrais mots dits.

Alors que la bibliographie indique que j’ai consulté nombre de livres; mais d’ouvrages imprimés, les sources principales ont été God Passes By et La Chronique de Nabil. Je suis très redevable au Trust de publication baha’i, Wilmette, Illinois, pour la permission de citer d’eux et d’autres sources, aussi bien qu’à la presse universitaire de Cambridge, les Archives Nationales, George Allen et Unwin Limited, A. et C. Black Limited, Faber et Faber Limited, William HeinemannLimited, Methuen et Co. Limited, and World Order, un magazine baha’i. Une pleine reconnaissance est faite dans la bibliographie et dans les notes.

J’aimerais aussi remercier Mademoiselle Dorothy Wigington, Monsieur Farhang et Monsieur Ruston Sabit pour leur attention en lisant les preuves, et Monsieur Horst W. Kolodziej pour leur excellente reproduction d’un nombre de documents anciens et d’anciennes photos.

Enfin, un mot pour ce qui est du prologue, cela dans ma vision fournit un arrière-plan nécessaire pour l’histoire du Bab, Mais si le lecteur devrait trouver dans celle-ci des faits beaucoup trop non familiers, il pourrait se retourner immédiatement au 1er chapitre.

H. M. Balyuzi
Londres, octobre 1972

* Note de la construction des noms persans:

Dans les temps passés, la population de la Perse n’avait aucun surnom, mais dans beaucoup de cas ils étaient connus par le nom de la région, ville, village ou même d’où ils venaient; par exemple, Khurasani, Mazindarani, Tihrani, Ispahani et Chirazi.

Il y avait aussi des préfixes et des suffixes honorifiques divers par lesquels une personne était distinguée. Un descendant du prophète Muhammad avait (et a) le préfixe de "Siyyid", et avec le temps les deux furent utilisés ensemble. "Mirza" par lui-même ne dénote aucune particularité ancestrale sauf lorsqu’il est placé après un nom propre pour marquer une descendance royale.

Le suffixe "Khan" servait pendant un moment donné comme titre, mais avec les années passantes, il devint simplement honorifique, même sans signification, et à aucun moment ce ne fut un surnom.

Le préfixe "Haji" ou "Haj" indiquait alors, comme maintenant, quelqu’un qui avait fait le pèlerinage à La Mecque. Mashadi et Karbila’i, en tant que préfixes, marquaient le pèlerinage à Mashhad ou à Karbila, mais en tant que suffixes désignaient le lieu de naissance.

Il y avait aussi des titres innombrables conférés par le souverain en Iran, consistant de combinaisons diverses, parfois ridicules, parfois grammatique ment impossibles. A l’occasion, ils indiquaient un rang définitif et une profession. Alors que le temps passait, ces titres se multiplièrent de manière absurde jusqu’à ce qu’ils soient enlevés par la législation dans les années 1920.

Finalement, une personne était souvent distinguée des autres par une combinaison de préfixes et de suffixes attachés à son nom qui, si il était oublié, pouvait lui causer d’être pris pour une autre personne.

Aujourd’hui la situation a beaucoup changé, mais pour la période décrite dans ce livre, l’auteur peut identifier les personnes seulement par le nom qu’ils utilisaient, aussi difficiles cependant pourraient-ils être.

Les questions sont reproduites dans leur forme originale, même lorsqu’elles diffèrent de l’épellation et de la translittération de mots persans adoptés dans ce livre. Les traductions de sources persanes sont de l’auteur à moins qu’elles soient autrement attribuées.

Le texte de la version autorisée de la Bible est Crown copyright et les extraits utilisés à l’intérieur sont reproduits par sa permission.

"Le Bab, l’Exalté, est le Matin de Vérité dont la Lumière brille à travers toutes les régions" (Abdu’l-Baha)

"O peuple du Bab! douloureusement persécuté, contraint au silence, mais ferme maintenant comme à Shaykh Tabarsi et à Zanjan, dont le destin est dissimulé pour vous derrière le voile du futur." (Edward Granville Browne)



Prologue 1

Au temps où la 13ème colonie de l’Amérique du Nord était en train de gagner son indépendance pour former le noyau de la puissante république de l’Occident, la France faisait son chemin vers une Révolution telle que le monde n’en avait jamais vu auparavant, et la Grande-Bretagne était en train d’avancer le long de la route d’une révolution d’une nature différente, industrielle, agraire et économique de nature, un prêtre de l’Islam de confession chiite quitta son île dans le Golf Persique pour les grands centres d’érudition chiite et de confession chiite en Iraq. Son but était de trouver un public beaucoup plus grand dans le but de porter une voix à des pensées et des pressentiments qui s’étaient développés avec les années.

Shaykh Ahmad Ahsa’i (1743-1826), le fondateur de l’école shaykhie, appartenait à l’ancienne tribu de Banu-Sakhr, et sa famille était originaire de la région de Ahsa sur l’Arabie continentale. Le nom de son père était Shaykh Zayni’d-Din et le Bahreïn avaient été leur maison. Shaykh Ahmad visita d’abord Najaf, où la tombe d’Ali, le 1er Imam, cousin et beau-fils du prophète Muhammad, est située. Puis à Karbila, près du Tombeau du martyr Husayn le 3ème Imam, il commença à prêcher, et un cercle d’élèves sincères se réunissait autour de lui. Il demanda aux prêtres principaux chiites des villes saintes de l’Iraq de lui délivrer une autorisation qui lui donnerait la reconnaissance en tant que mujtahid dans son propre droit. Ils déclarèrent tous qu’ils considéraient Shaykh Ahmad être un homme de connaissance et de talent supérieur aux leurs, et que leurs testaments seraient écrits seulement à cette intention.

La célébrité de Shaykh Ahmad se propagea bientôt à travers l’Iran. Fath-Ali Shah (régna de 1797-1834) et Muhammad-Ali Mirza (1), un fils du Shah qui tint durant longtemps le poste du gouvernement de Kirmanshah, furent particulièrement désireux de le rencontrer. Mais Shaykh Ahmad préféra aller en Iran par le chemin de Bushihr dans le sud plutôt que la route plus proche et plus accessible de Kirmanshah dans l’ouest. De Bushihr, il alla à Chiraz et ensuite à Yazd, où il resta pendant nombre d’années. Siyyid Kazim-i-Rashti, un jeune homme, à peine sorti de son adolescence, qui partageait les mêmes idées, le rejoignit là-bas (au cours de 1231 A.H. : 1815-16). Shaykh Ahmad fit alors tous ses arrangements pour aller en pèlerinage à la ville sainte de Mashad (2), avant sa visite à Téhéran. Il reçut Siyyid Kazim avec une grande affection et lui demanda de rester à Yazd pour récupérer son propre travail patient de beaucoup d’années. A Mashad et plus tard à Téhéran, Shaykh Ahmad reçut toute marque de haut respect et de révérence.

Finalement Siyyid Kazim voyagea au nord pour être en sa compagnie et ensemble ils allèrent à Kirmanshah, alors que le prince-gouverneur avait prier instamment son père de laisser Shaykh Ahmad lui rendre visite. Ils restèrent à Kirmanshah aussi longtemps que le gouverneur vécut. Après sa mort prématurée, ils partirent pour Karbila, où Shaykh Ahmad, avec son zèle incessant et ses pouvoirs inchangés par les années avançant, prêchait et enseignait. Il était dans sa 80ème année lorsqu’il prit la route pour La Mecque et Médine. De ce voyage il ne revint pas et il se trouve enterré dans le célèbre cimetière de baqi; dans les environs de la Tombe du prophète Muhammad.

Le sujet constant de Shaykh Ahmad était le proche avènement du Libérateur des Jours Derniers promis au monde de l’Islam, le Qa’im de la Maison de Muhammad ou le Mihdi (Mahdi) (3). Au cours de son dernier pèlerinage dans les villes saintes d’Arabie, il dit à un marchand d’Ispahan (4) qui était avec lui: "Vous atteindrez la présence du bab; saluez-le de ma part (5)". Shaykh Ahmad ne croyait pas à la réssurection physique ni dans l’ascension physique Mi’raj) (6) du prophète Muhammad au paradis la nuit où l’ange Gabriel le prit pour voir le monde céleste. Mi’raj était une expérience de l’esprit, maintenait Shaykh Ahmad. De plus, il affirmait que les signes et les présages de la venue du Qa’im, donnés par le prophète et les Imams, étaient allégoriques. Celles-ci et les doctrines similaires étaient des anathèmes pour les orthodoxes, mais pendant que Shaykh Ahmad vécut, un patronage royal étouffait leur critique hostile.

Siyyid Kazim (1793-1843) qui, en accord avec la volonté de Shaykh Ahmad, lui succéda en guidant ses disciples, était le fils de Siyyid Qasim de Rasht, une ville au nord de l’Iran proche de la Mer Caspienne. Il venait d’une famille de marchands bien connus et n’avait que 33 ans lorsqu’il occupa le siège de l’autorité. (7) Les prêtres orthodoxes commençaient à présent leurs assauts au vitriol avec zèle jusqu’à ce qu’enfin, Siyyid Kazim, sentit qu’il avait besoin d’un soutien solide en Iran des rangs de l’orthodoxie. Pour ce but, il choisit l’un de ses élèves les plus capables, Mulla Husayn, natif de la petite ville de Bushruyih dans le Khurasan, pour aller à Ispahan et obtenir de l’aide de Haji Siyyid Muhammad-Baqir-i-Rashti, un prêtre important dont l’influence était ressentie de près et de loin. Mulla Husayn réussit brillamment à accomplir sa mission qui lui avait été confiée, obtint le soutien de cet homme célèbre par écrit et puis continua à Mashad pour acquérir une promesse similaire d’un autre encore puissant prêtre.

Pendant ce temps non seulement Siyyid Kazim souffrit des intrigues et des attaques de ses adversaires commandés par Siyyid Ibrahim-i-Qazvini, mais tout Karbila fut plongé dans la tourmente. Ces désordres durèrent longtemps et finalement l’autorité du gouvernement ottoman avait cessé d’exister. Dans la ville il y avait plusieurs factions en désaccord les unes des autres, mais toutes déterminées à résister au rétablissement du pouvoir ottoman. Deux valis (gouverneurs) successifs d’Iraq essayèrent de forcer la population de Karbila à la soumission, mais échoua de manière évidente. Cependant, dans les dernières années de 1842, Najib Pacha, un homme résolu et même obstiné, vint à occuper le poste de vali. Les affaires à Karbila allaient progressivement de mal en pis. L’anarchie avait augmenté et la loi de la foule prévalait. La première pensée de Najib Pacha fut dé résoudre ce problème qui avaient déconcerté ses prédécesseurs. Il essaya de négocier un accord, mais ni lui ni les rebelles de Karbila ne pouvaient réellement se faire confiance les unes des autres. Najib Pacha se déplaça près de Musayyib et envoya le Sar’askar (Colonel) Sa’du’llah Pacha avec une petite force pour réduire la ville. Les négociations continuèrent rapidement. Des émissaires allaient et venaient. Des princes persans, qui vivaient à Karbila, prirent part dans les négociations, mais rien ne fut accomplit.

Durant ces semaines fatales, à la fin de l’année 1842 et au début de l’année 1843, Siyyid Kazim, qui était grandement respecté à la fois pour sa sagesse et son humanité (8), prit un rôle important, conseillant tous les groupes à agir avec modération et dans un esprit de conciliation. Deux fois, en compagnie d’une petite délégation, il visita les camps de Najib Pacha et de Sa’du’llah Pacha en dehors de Karbila. Le Lieutenant-Colonel Farrant, le commissaire spécial britannique, rapporta ses efforts à Constantinople :

"Le prêtre principal Hajee Seid Kauzem fit tout ce qui était en son pouvoir pour empêcher les hostilités, il prêcha contre leurs procédés, il fut abusé et menacé, ils ne l’écoutèrent pas - cela je l’ai entendu de beaucoup de personnes à Kerbella - à un moment où tous étaient unanimement d’accord de défendre la place... jusqu’au bout, il les supplia d’écouter le pacha mais sans résultat, et il montra un grand courage à l’occasion, car il avait tous les principaux Geramees (9) et tous les mullas contre lui". (10)

Malheureusement, son conseil fut ignoré à la fois par les rebelles et les turcs. En janvier 1843, après un siège de 24 jours, la ville sainte fut prise d’assaut, causant de grandes souffrances aux innocents habitants. Les fichiers des Archives Nationales à Londres contiennent plusieurs documents qui jettent une lumière sur cet épisode, aussi bien que la part centrale joué par Siyyid Kazim (voir appendice I.).

Durant le siège Haji Siyyid Kazim était passé lui-même dans un effort de devancer la violence et de protéger toutes les parties du conflit. Bien qu’ayant seulement 50 ans, il devint conscient que sa vie était près de la fin. Il fut averti de cela, dirons-nous, par le rêve d’un berger arabe qui le lui raconta. Lorsque ses disciples exprimèrent leur détresse, Siyyid Kazim répondit :

"Ne m’aimez-vous pas uniquement par amour pour celui dont nous attendons tous l’avènement? Ne souhaiteriez-vous pas que je meure pour que le Promis puisse être révélé?". (11)

L’année 1844 était sur le point de s’achever lorsque Siyyid Kazim rendit son dernier soupir et fut déposé près de la tombe de l’Imam Husayn. Sa mort fut rapporté par Farrant, qui écrivit le 24 janvier 1844 à Sir Stratford Canning, envoyant une copie en février au lieutenant-colonel (plus tard Sir) Justin Sheil (12), le chargé d’affaires britannique à Téhéran:

"Hajee Seid Kausem, l’un des prêtres principaux de Kerbella est mort dernièrement à son retour d’une visite à Samerrah - Seid Ibrahhim Kasveenee l’autre prêtre qui était grandement opposé à lui, jouirait maintenant des pleins pouvoirs, et toute dispute entre les deux groupes religieux cessera". (13)

Lorsque Mulla Husayn-i-Bushru’i retourna à Karbila de sa mission hautement réussie en Iran, son professeur était mort. Il n’avait pas désigné quelqu’un pour lui succéder.


Prologue 2

Pour suivre les événements de ce récit, il pourrait être utile de considérer leur arrière-plan dans certains aspects de l’histoire iranienne. (14)

Muhammad-Shah, le troisième roi de la dynastie Qajar, gouvernait le pays en 1843, mais le pouvoir réel restait dans les mains de Haji Mirza Aqasi, son grand-vizir faisant mauvaise impression. Les Qajars étaient une tribu d’origine turque. Aqa Muhammad Khan, un chef de tribu eunuque se leva dans l’année 1779 pour se tailler un royaume pour lui-même. 15 ans plus tard, il gagna finalement la couronne de l’Iran lorsqu’il captura et assassina brutalement Lutf-Ali Khan, le dernier gouverneur de la dynastie Zand, qui était brave et à l’esprit élevé mais pitoyablement jeune. Le roi eunuque fut entièrement et impitoyablement sauvagement, et il essaya de tenir les russes dans la région du Caucase jusqu’en 1797 lorsqu’il fut terrassé par 3 assassins. Il fut remplacé par son neveu, Fath-Ali Shah, un homme au coeur doux et d’une volonté faible, qui était grandement dominé par sa femme. A sa mort en 1834, 53 fils et 46 filles lui survécurent.

Durant le règne de Fath-Ali Shah, l’Iran perdit lourdement à la Russie dans une série de guerres désastreuses. Ses ministres, confortablement dans leurs cocons et dans leur isolement des réalités des affaires du monde, et totalement ignorants des réalités de la situation européenne, crurent qu’avec l’aide de l’Empereur de France, la menace russe pourrait être contrecarrée. Acharné sur les talons du Général Gardanne, l’envoi de Bonaparte, non pas de un mais deux envoyés de la très familière "Ingriz" (anglais), arriva en 1808. Sir Harford Jones avait été envoyé de la Cour du roi George III et de Sir John Malcolm de l’Inde. En 1801 ce dernier, de la part du Marquis de Wellesley, gouverneur général de l’Inde, conclut un traité avec l’astucieux et immensément ambitieux grand-vizir (15) de Fath-Ali Shah. Mais dans les années d’intervention de Bonaparte, suite à sa débâcle en Egypte et en Syrie, il montra ses faveurs douteuses sur les persans et la correspondance britannique fut fort à propos ignorée par les ministres de Fath-Ali Shah, qui étaient entrés dans le Traité de Finkenstein (1807) avec les français. De plus, dans la même période, le très capable Haji Ibrahim Khan, qui avait contribué plus que quiconque à la chute de la dynastie Zand et des victoires qui suivirent du roi eunuque, tomba du pouvoir et comme le dit la légende, il rencontra la mort dans un chaudron bouillant.

En fait, de grands espoirs se centrèrent sur ce que l’Empereur de France voudrait faire pour l’Iran, et vont être balayés par le changement de politique de Bonaparte; lorsqu’il rencontra le Tsar Alexandre I à Tilsit (1807), il ne souvint plus d’aucune de ses promesses. Et ainsi le général Gardanne fut ignominieusement évincé de Téhéran, et Sir Harford Jones et Sir John Malcolm furent laissés en paix, pour se regarder les uns les autres, beaucoup à l’amusement et aussi à la surprise et l’embarras des ministres persans. Mais comme l’étoile de Napoléon déclinait, ainsi firent les intérêts des britanniques dans les affaires persanes. Les guerres avec la Russie continuèrent jusqu’à ce que les persans reconnaissent la défaite dans le Traité du Gulistan de 1813.

Parmi l’ignorance abyssale, le népotisme et la faute professionnelle qui abondaient dans le royaume, il se trouvait deux hommes en particulier, incorruptibles, qui étaient pleinement conscients des besoins de leur pays: le prince Abbas Mirza, l’héritier du trône et son vizir Mirza Abu’l-Qasim, Qa’im-Maqam-i-Farahani. Mais leurs tentatives de réforme ne pouvaient obtenir le succès qu’elles méritaient à cause de l’obscurantisme entourant la personne du souverain. Ce fut ce prince couronné qui envoya le premier groupe d’étudiants iraniens en Grande-Bretagne pour apprendre les métiers de l’Occident. Leur histoire, qui ne font aucun crédit au gouvernement à Londres, est préservée dans nombre de documents situés dans les Archives Nationales. De manière accidentelle, l’un de ces hommes, un étudiant en médecine, fut nommé Mirza Haji Baba, l’homonyme du personnage principal du satyre bien connu James Morier.

Le prince Abbas Mirza, étant au plus mal dans le champ des russes, essaya maintenant de fournir son pays d’une armée moderne et engagea des instructeurs britanniques. Comme dans le passé, Téhéran lui donna une petite aide. Pourtant il était sous une pression constante pour reprendre les hostilités. Les prêtres, en particulier, le lui conseillait vivement (16). Pourtant la Russie n’avait aucun désir de se battre; ni Fath-Ali Shah : la guerre était trop chère. Le prince Menchikov arriva de Saint Pétersbourg (à ce jour Léningrad) non pour dicter mais pour négocier. Mais les demandes de ceux qui cherchaient la guerre - les prêtres et la faction de la Cour puissante de Allah-Yar Khan (17), se révélèrent irrésistibles; Menchikov retourna à Saint Pétersbourg.

Dans la guerre qui bientôt suivit, les persans furent profondément battus et les forces russes se lancèrent en avant pour occuper la ville de Tabriz. Le premier à abandonner le champ de bataille fut un groupe de prêtres qui, avec des étendards levés, avaient accompagné l’armée. Par le Traité de Turkumanchay (1828), onéreux et humiliant à l’extrême, l’Iran fut exclus du Caucase. En plus du paiement d’indemnités lourdes, elle perdit ses droits dans la Mer Caspienne et la frontière entre la Russie et l’Iran fut fixée sur la rivière Aras.

Le prince Abbas Mirza était à présent un homme triste et brisé. Des actions imprudentes poussées sur lui lui amenèrent une désolation totale. Son armée moderne fut démantelée. Car il connaissait les intrigues qui harcelaient la Cour de son père, et pour être certain que son fils aîné ne serait pas laissé sans défense, il demanda des garanties du Tsar, qui furent rapidement données. Après cette terrible épreuve de défaite et de soumission, le prince Abbas Mirza ne vécut pas longtemps. Il mourut à l’âge de 45 ans et une année plus tard, son père le suivit dans la tombe.

Le fils aîné de Abbas Mirza, nommé héritier présomptif par Fath-Ali Shah, vint à l’héritage par une combinaison du soutien assuré de la Grande-Bretagne et de la Russie, et la sage stratégie du Qa’im-Maqam. Sir John Campbell, le ministre britannique à Téhéran, et Sir Henry Lindesay Bethune, qui prirent le commandement des forces loyales du fils de Abbas Mirza, l’amenèrent en sécurité de Tabriz à Téhéran. Le Qa’im-Maqam, dans le même temps, sécurisa le retour d’hommes influents dans la capitale, où un autre fils du feu roi s’était lui-même désigné Adil Shah (18)- et était en train de réclamer le trône. Mais son règne fut court, et bientôt Muhammad-Shah, l’héritier présomptif, fut bien retranché à Téhéran, car Sir Henry Lindesay Bethune (qu’un historien persan appelle Monsieur Lenzi), fit passer facilement d’autres prétendants. (19)

Muhammad-Shah ne souhaitait pas sembler être redevable aux fonctionnaires britanniques qui l’avaient aidé à aller sur le trône, ni il ne montra beaucoup de gratitude au Qa’im-Maqam, l’architecte de sa victoire. En une année, il arrangea la mort de ce grand ministre qui l’avait servit lui et son père également si bien. Par la mort du Qa’im-Maqam, traîtreusement désignée, l’Iran subit une perte terrible et irréparable. Le Qa’im-Maqam n’était pas un homme d’Etat brillant, mais aussi un maître de prose dont le style délivra la langue d’artificialités incrustées. (20)

Son successeur comme grand-vizir fut Haji Mirza Aqasi, un homme ignorant et dénué de toutes grâces, affectant une profonde pitié. C’est comment Sir Henry Layard (21) le vit en 1840:

"Nous attendions le Premier Ministre, le Haji Mirza Aqasi, qui était alors l’homme d’influence le plus grand, du pouvoir et de l’autorité la plus grande en Perse. Le Shah lui avait remis presque tout le gouvernement de son royaume, s’occupant lui-même peu des affaires publiques, conscient de sa propre incapacité de les conduire. "Le Haji" - le nom par lequel il était familièrement connu - était, par tous les récits, un homme d’Etat de métier et de ruse, mais avec des capacités limitées. Il était cruel et traître, fier et autoritaire, bien qu’il affecte l’humilité d’un pieux mulla qui avait entrepris le pèlerinage à La Mecque et aux tombeaux saints des Imams. Le caractère religieux qu’il avait assumé le rendit intolérant et bigot, et il était connu être un haineux fanatique des chrétiens. Il avait été le tuteur et l’instructeur du Shah et avait acquis une grande influence sur son élève, qui l’avait élevé à la position haute qu’il tenait maintenant. Il avait la réputation d’être un persan accompli et un érudit arabe, mais il était entièrement ignorant de toutes les langues européennes. Sa mauvaise administration et la corruption et l’oppression générale qui existait partout avaient amené la perse au bord de la banqueroute. La détresse, la misère et le mécontentement prévalaient dans une mesure anciennement inconnue. Il était universellement exécré comme la cause des malheurs et de la misère dans lesquelles la population et les Etats souffraient. Nous le trouvâmes assis sur ses fesses, à la mode persane, sur un fin tapis kurde étendu dans un beau salon. Devant lui se trouvait un grand plateau rempli de glaces et d’une variété de fruits... C’était un homme de petite stature, avec des traits pointus et quelque peu méchants et menaçants, et une voix forte stridente. Sa robe était simple - presque miteuse - comme devint un mulla et un homme dévoué à la vie religieuse... Il était évident que le Haji suspectait que nous étions des espions et des agents du gouvernement britannique. Cependant, il déclara que le Shah était désireux que nous puissions visiter chaque partie de ses territoires où nous pourrions voyagés en sécurité, et que des ordres avaient été donnés pour la préparation de notre farman [décret royal]; car Sa Majesté avait dit que nous appartenions à une nation amicale, et sa querelle n’était pas avec l’Angleterre mais avec Lord Palmerston, qui avait traité la Perse de malade, et avait rappelé l’ambassadeur de la Reine (22) sans cause suffisante...

L’Iran n’était pas non plus en bons termes avec les ottomans. Le livre de Layard, Early Adventures indique la portée considérable des incursions que les turcs avaient faites dans le territoire iranien. La rencontre entre Layard et Haji Mirza Aqasi en 1840 eût lieu à Hamadan, non loin de la frontière, où Muhammad-Shah était installé avec son armée. Les relations entre les gouvernements ottomans et iraniens mises à rude épreuve par la tempête et le sac de Karbila en 1843, où les principales souffrances furent persanes. Nous avons vu comment les princes persans vivant à Karbila au temps de leurs investissements par les troupes de Najib Pacha, prirent une part aux négociations. Ils furent exilés et fugitifs qui avaient contestés Muhammad Shah et l’avait offensé, et l’aîné parmi eux était Ali-Shah, le Zillu’s-Sultan.

Pourtant une autre déclaration dressa sa tête hideuse pour exacerber les relations entre l’Iran et l’Empire ottoman, celle des chiites contre les sunnites. Sheil, le premier ministre à Téhéran, rapporta au secrétaire des Affaires Etrangères, le comte d’Aberdeen :

"Si les mullas, et en particulier le prêtre principal d’Ispahan, Hajee Syed Moolah Mahomed Baukir, dont l’influence religieuse en Perse est puissante, utilisaient la présente opportunité de regagner leur ancienne position en exerçant leur autorité parmi la population, et prêchant une croisade contre la branche rivale de l’Islam, il n’est pas facile de prévoir les conséquences". (23)

En fait rapporta Sheil, le ministre persan des Affaires Etrangères et Haji Mirza Aqasi étaient en train de considérer la possibilité de la guerre. (24)

Ce prêtre principal de Ispahan, cité par Sheil, était le même prêtre de qui Mulla Husayn-i-Bushru’i obtint un soutien inconditionnel de Siyyid Kazim-i-Rashti.

Il est utile de comparer l’autorité des prêtres de ces deux grandes branches de l’Islam. Le prêtre chiite en contradiction au sunnite a le pouvoir de "Ijtihad", c’est, donner ex cathedra des décrets et des jugements. Sa position est dans un sens analogue à celle d’un juge anglais qui peut, dans les limites de l’équité et de la loi commune, établir des précédents. Le prêtre sunnite à l’une des 4 écoles de la jurisprudence islamique; le Hanafi, le Shafi’i, le Maliki et le Hanball. Les jurisconsultes, qui fondèrent ces 4 écoles ou rites, qui sont nommés après eux, posent certains standards des quels le prêtre ne peut dévier. Le prêtre chiite, de l’autre côté, s’appuie exclusivement sur le texte du Coran et les traditions attribuées au prophète et aux Imams, celles-ci sont grandement ouvertes à l’interprétation. De plus, le mujtahid chiite - le prêtre qui prononce ex cathedra - fait ainsi pour qu’il soit compris, comme l’adjoint du Sahibu’z-Zaman, le Seigneur de l’Age.


Chapitre 1 : Tous acclament Chiraz

"Salue Chiraz, salue-la! Oh lieu sans égal
Puisse Dieu être le gardien devant ta porte,
que les pieds du malheur n’entre pas là-bas!
de peur que mon Ruknabad soit laissé désolé..."
- Hafiz (25)

Dans l’après-midi du 23 mai 1844, un voyageur se trouva à l’extérieur des portes de Chiraz. Il était venu de Karbila sur une quête spirituelle de son pays natal de l’Iran. Un bateau l’avait emmené à Bushihr sur le Golfe Persique. De ce port insalubre, sa route l’avait conduit au-dessus des montagnes menaçantes jusqu’à la ville renommée de Chiraz. Il était accompagné par son frère et son neveu, les deux ayant à peine 20 ans et lui-même au début de sa trentième année. Ils avaient entrepris ce voyage pour un but qui pour beaucoup semblait fantastique. Mais pour eux-mêmes et beaucoup plus comme eux, c’était réel et urgent.

Ce voyageur était le même Mulla Husayn-i-Bushru’i qui après l’accomplissement de sa hautement mission fructueuse en Iran de la part de Siyyid Kazim-i-Rashti, avait atteint Karbila seulement pour trouver son professeur mort. Il avait appris que le conseil de départ de Siyyid Kazim ses disciples avait été de quitter leurs maisons et leurs églises, d’abandonner leurs études et leurs débats et de sortir dans le monde pour chercher "Le Seigneur de l’Age" (Sahibuz-Zaman) dont l’avènement avait été pendant des siècles l’espoir d’innombrables milliers de personnes. Sa lumière céleste poindrait bientôt sur le monde, avait dit Siyyid Kazim. Mulla Husayn avec nombre de ses disciples firent le jeûne pendant 40 jours dans la vieille mosquée de Kufih, pratiquement en ruine et ensuite prirent différentes routes pour faire le commandement de leur Maître.

Mulla Husayn était un homme d’une profonde érudition et d’une volonté inflexible. Rien ne le décourageait. A présent, atteignant les portes de Chiraz, il envoya ses compagnons dans la ville pour obtenir des pensions, mais lui s’attarda pendant un moment dans les champs. Son esprit était occupé avec l’objet de sa quête, une quête qui l’avait amené tous ces ingrats kilomètres jusqu’à Chiraz, l’endroit et le lieu de repos de 2 des plus grands poètes de l’Iran. Là-bas, il y a quelques 500 ans auparavant, Hafiz avait composé ses paroles superbes et éthérées. Là-bas Saadi avait vécu une bonne partie de sa vie et avait écrit sa prose lucide. Là-bas avaient travaillé et décédé une foule d’hommes célèbres à la fois durant leurs vies et après. L’air de Chiraz, les roses de Chiraz, les cyprès de Chiraz, tout avait été généreusement loué.

44 ans plus tard, le jeune Edouard Granville Browne, le futur et important orientaliste de l’université de Cambridge, contempla la plaine de Chiraz des hauteurs faisant face à la route pour Bushihr, ce col de montagne qui est nommé Allah-u-Akbar (Dieu est le Plus Grand) car le voyageur exprime ainsi son émerveillement en contemplant une telle plaine magnifique. Browne écrit :

"Les mots ne peuvent décrire le ravissement qui me submergea lorsque, après beaucoup de marche ennuyeuse, je contemplais dans sa longueur la réalité de ce en quoi j’avais si longtemps rêvé, et trouvait la réalité pas seulement égale mais la surpassant et de loin, l’idéal que j’avais conçu. C’est assez rare dans une vie que cela arrive. Lorsque c’est le cas, notre être le plus profond est remué par une émotion qui déconcerte la description, et que les mots les plus éloquents peuvent à peine projetés". (26)

C’était la ville de Chiraz que Mulla Husayn allait pénétrer. Ce fut comme si un aimant l’avait attiré avec son frère et son neveu, à Chiraz. Ils étaient seuls en étant ainsi attirés.

En ce chaud après-midi du 22 mai 1844, Mulla Husayn était fatigué après le voyage pénible depuis la côte jusqu’au pistes à pic du plateau en hauteur. Mais son esprit était alerte et son âme aspira à la paix que l’atteinte de son but lui apporterait. Alors qu’il marchait et réfléchissait, il arriva face à face avec un Jeune d’une apparence frappante. Ce jeune Homme qui était doux et gracieux et dont le turban proclamait Sa descendance du prophète Muhammad, le salua avec une grande gentillesse. Mulla Husayn fut étonné et submergé par la chaleur de cette bienvenue inespérée. Ce fut la façon aimable mêlée avec un air digne de ce jeune siyyid (27) qui l’impressionna plus particulièrement. Puis le jeune homme l’invita à être Son invité et partager le repas du soir dans Sa maison. Mulla Husayn cita que se compagnons étaient allés en avant et seraient en train de l’attendre, à quoi le jeune Siyyid répondit :

"Confiez-les aux bons soins de Dieu; Il les protégera et veillera certainement sur eux". (28)

"Nous nous trouvâmes bientôt devant une maison d’apparence modeste. Il frappa à la porte qu’ouvrit peu après un serviteur éthiopien. "Entrez ici en paix et en sécurité" (29), furent les paroles de mon hôte en franchissant le seuil et en m’invitant à le suivre. Cette invitation, exprimée avec vigueur et majesté, pénétra mon âme. De telles paroles me parurent de bon augure au moment où je me tenais debout sur le seuil de la première maison dans laquelle je pénétrais à Chiraz., ville dont l’atmosphère même avait déjà produit en moi une impression indescriptible".

Chiraz avait jeté son charme sur Mulla Husayn. Mais il pensait peu que son jeune Hôte, dont les paroles retentissait d’autorité, était ce "Seigneur de l’Âge", ce "Qa’im" de la maison de Muhammad. qu’il était en train de chercher. Pourtant il ne pouvait cacher le sentiment que la rencontre inattendue pourrait d’une certaine manière l’amener près de la fin de sa quête. Dans le même temps, il était mal à l’aise d’avoir laissé son frère et son neveu sans aucune nouvelle de lui-même.

Il raconte plus loin :
"Comblé de ses faveurs et de son extrême gentillesse, je me levai pour partir. "L’heure de la prière du soir approche", me hasardai-je à observer. "J’ai promis à mes amis de les rejoindre à cette heure-là à la mosquée d’Ilkhani (30). Avec une extrême courtoisie et un calme extrêmes, il répondit : "Vous avez certainement subordonné l’heure de votre retour à la volonté et au plaisir de Dieu. Il semble que sa volonté en ait décrété autrement. Vous n’avez pas à craindre d’avoir rompu votre promesse".

Une telle assurance indubitable aurait rendu Mulla Husayn conscient qu’il expérimentait le test suprême de sa vie.

Ils prièrent ensemble. Ils s’asseyèrent pour parler. Et soudain son Hôte demanda à Mulla Husayn : "Qui, après Siyyid Kazim, considérez-vous comme son successeur et votre chef?". Plus loin, il demanda : "Votre Maître vous a-t-il donné des indications détaillées quant aux caractères distinctifs du Promis?". Mulla répondit que Siyyid Kazim avait exhorté ses disciples de se disperser après sa mort et de rechercher "le Seigneur de l’Âge" et en fait il leur avait donnés des indications comme les traits distinctifs par lesquels ils pourraient le reconnaître. " Il est de pure lignée, est de descendance illustre, dit Mulla Husayn "et de la postérité de Fatimih. (31). Quant à son âge, il se situe entre 20 et 30 ans. IL est doté d’un savoir inné,...s’abstient de l’usage du tabac et est dépourvu de toute imperfection physique".

Il attendit un moment - le silence qui précède la rupture de l’aube. Mulla Husayn nous a dit que le silence fut brisé par la "voix vibrante" de son Hôte qui lui déclara :

"Voyez, tous ces signes sont manifestes en moi!".

Mulla Husayn était pour le moment choqué et déconcerté. Il essaya de résister à une revendication si stupéfiante. Mais la Vérité le regardait en face. Il rassembla des arguments. Mais la Vérité est son propre argument.

Mulla Husayn dit :

"Celui dont nous attendons l’avènement est un homme d’une sainteté inégalée, et la cause qu’il doit révéler est d’une puissance extraordinaire. Nombreuses et diverses sont les conditions que doit remplir celui qui se prétend la visible personnification de cette cause. Que de fois Siyyid Kazim n’a t-il pas fait allusion à l’immensité du savoir du promis! Que de fois n’a-t-il pas dit : "Mon propre savoir n’est que goutte, comparé à celui dont il a été doté. Toutes mes connaissances ne sont que grain de poussière devant l’immensité de son savoir. Que dis-je, la différence en est incommensurable!".

Dans les jours passés, Mulla Husayn avait écrit une dissertation de certaines des doctrines abstruses et des enseignements que Shaykh Ahmad et Siyyid Kazim lui avaient énoncés. Il portait une copie de ce traité avec lui. Il le présenta à présent à son Hôte et lui demanda de le lire, et d’élucider les mystères qu’il contenait. Non seulement son Hôte le fit après un rapide coup d’oeil sur certains passages, Il alla bien au-delà. Alors Mulla Husayn reçut la preuve comme quoi il avait une ample connaissance. Il y a une surih (arabe "Surah" : chapitre) dans le Coran intitulé la surih de Joseph (32), le fils de Jacob, que ses frères trahirent et vendirent comme esclave, qui souffrit l’emprisonnement en Egypte, mais qui se leva pour gouverner ce pays.

C’est hautement allégorique. Siyyid Kazim avait dit à Mulla Husayn lorsqu’il lui demanda d’écrire un commentaire sur ce chapitre du Coran :
"C’est en vérité au-dessus de mes forces. Celui, le Grand, qui viendra après moi le révélera spontanément pour vous. Ce commentaire constituera l’un des témoignage les plus puissant de Sa vérité et l’une des preuves les plus évidentes du côté élevé de sa position".

L’hôte de Mulla Husayn lui dit : "A présent, il est temps que je révèle le commentaire sur la sourate de Joseph".

"Il prit sa plume", raconta Mulla Husayn, "et avec une rapidité incroyable, révéla entièrement la surih de Mulk, le premier chapitre de son commentaire sur la surih de Joseph. L’effet écrasant que produisait sa manière d’écrire était encore accru par la douce intonation de sa voix qui en accompagnait la rédaction. Il ne cessa, ne fut-ce que pour un seul instant, de révéler le flot de versets qui jaillissaient de sa plume. IL ne s’arrêta pas une seule fois avant d’avoir terminé la surih de Mulk. J’étais assis, ravi par la magie de sa voix et la force irrésistible de sa révélation".

Mais Mulla Husayn était inquiet de rejoindre ses amis. Depuis cet après-midi - et cela semblait il y a longtemps - lorsque il les avait envoyés dans la ville et s’était lui-même attardé en dehors des portes de la ville, il n’avait eu aucune nouvelle d’eux ni eux de lui. Alors il se leva et demanda la permission de partir. Son Hôte en souriant lui dit : "Si vous partez dans un état pareil, quiconque vous verra dira certainement : "Ce pauvre jeune homme a perdu la tête". "A ce moment", dit Mulla Husayn, "l’horloge marquait deux heures et onze minutes après le coucher du soleil".

A ce moment une nouvelle Dispensation était née.

"Cette nuit", déclara-t-Il, "cette même heure sera, dans les temps à venir, célébrée comme l’une des fêtes les plus grandes et les plus significatives". (33)

Le dîner fut maintenant servi. Mulla Husayn se rappela après : "Ce saint repas ranima aussi bien mon corps que mon âme. En la présence de mon hôte, à cette heure, il me semblait me nourrir des fruits du paradis...si mon jeune hôte ne visait d’autre but que la grandeur, il pouvait estimer l’avoir atteint, car le seul fait d’être reçu avec une hospitalité et une bonté dont, j’en suis convaincu, aucun autre être humain ne pourrait faire preuve, me suffisait.

"J’étais assis, fasciné par ses paroles, oublieux du temps et de ceux qui m’attendaient... Le sommeil m’avait quitté cette nuit-là. J’étais ravi par la mélodie de sa voix qui s’élevait et s’abaissait tandis qu’il psalmodiait; tantôt elle se haussait et ce, lorsqu’il révélait les versets du Qayyumu’l-Asma (34), tantôt elle acquérait des harmonies éthérées et subtiles, et ce, au moment où il prononçait les prières qu’il révélait. A la fin de chaque invocation, il répétait ce verset : "Loin de la gloire de ton Seigneur, le Très-Glorieux, est ce que ses créatures affirment de Lui! Et paix sur ses messagers! et Louange à Dieu, le Seigneur de tous les êtres! (35)

Tels furent les souvenirs de Mulla Husayn de cette nuit très importante.

Puis Celui qui se trouvait être le vice régent de Dieu sur terre s’adressa ainsi à Mulla Husayn, qui il y a seulement quelques heures auparavant avait été si inquiet, si tourmenté et si manquant d’assurance :

"Ô toi qui es le premier à croire en moi! En vérité, je le dis, je suis le Bab, la Porte de Dieu, et tu es le Babu’l-Bab, la porte de cette Porte. Dix-huit âmes doivent d’abord, spontanément et de leur plein gré, m’accepter et reconnaître la vérité de ma révélation. Sans avoir été avertie ni invitée, chacune de ces âmes devra, indépendamment, chercher à me trouver. Et lorsque le nombre sera complet, l’une d’elles devra être choisie pour m’accompagner dans mon pèlerinage à La Mecque et à Médine. Là je délivrerai le message de Dieu au sharif de La Mecque".

Et puis Il posa cette injonction sur "le premier à croire" en Lui : "IL vous incombe de ne pas divulguer, ni à vos compagnons, ni à toute autre personne, ce que vous avez vu et entendu".

"Cette Révélation", a, plus tard, raconté Mulla Husayn, "qui venait de m’être imposée d’une manière si soudaine et si impétueuse sembla, pendant un certain temps, tel un coup de foudre, avoir paralysé mes facultés. J’étais aveuglé par son éblouissante splendeur et accablé par sa force écrasante. L’émotion, la joie, la crainte et l’émerveillement remuaient les profondeurs de mon âme. Parmi ces sensations prédominait un sentiment de joie et de force qui semblait m’avoir transfiguré. Comme auparavant je m’étais senti faible et impuissant, timide et déprimé; je ne pouvais, à ce moment ni écrire ni marcher, tant mes mains et mes pieds tremblaient. Mais désormais, la connaissance de sa révélation galvanisait tout mon être. Je sentais en moi un courage et une puissance tels que si le monde entier, tous ses peuples et ses potentats, devaient se liguer contre moi, je résisterais, seul et intrépide, à leurs assauts. L’univers ne semblait qu’une poignée de poussière dans ma main".

En cette matinée du 23 mai 1844, lorsque Mulla Husayn sortit dans les rues de Chiraz, son coeur débordant de joie, il abandonnait une carrière de prêtre qui lui avait apporté de grands honneurs. Il l’abandonna volontiers et sciemment pour une tâche qui, bien que grande et noble, lui apporterait railleries et humiliation. IL était bien connu parmi le cercle des prêtres qui exerçaient une autorité. Il avait la capacité, l’intelligence et l’érudition qui l’auraient placé dans les années à venir sur le devant des guides spirituels de la nation. Pouvoir et richesses auraient été son lot. Mais en donnant son allégeance au jeune Siyyid de Chiraz qu’il avait rencontré sous des circonstances si étranges, Mulla Husayn renonçait à tout cela, et il choisissait un chemin dans la direction opposé.

Mulla Husayn n’était pas seul dans sa haute résolution. D’autres avec de similaires perspectives d’une vocation cléricale voyagèrent à Chiraz à la recherche de la lumière et de la vérité. Ils s’étaient aussi installés à la demande de Siyyid Kazim. Comme si par un aimant, ils étaient attirés à Chiraz. Comment peut-on expliquer cela autrement? Ils n’avaient aucune indication que dans cette ville vivait Celui qu’il cherchait. Une force plus grande qu’eux-mêmes mena leurs pas à Chiraz, à la fin de leur voyage. Comme ordonné par le Bab, ils Le trouvèrent, chacun, de manière indépendante. Ils étaient vrais, sincères et désireux et ils eurent leur récompense.

Le dernier à arriver était un jeune de 22 ans, dont la maison était à Barfurush (36) dans la province du Mazindaran qui borde la Mer Caspienne. Lorsqu’il était garçon dans sa 10ème année, son père, Aqa Muhammad-Salih, mourut. Se dévouant lui-même à la poursuite de l’érudition, il s’était joint au cercle de Siyyid Kazim à Karbila. Finalement, il devint un élève remarquable de ce professeur notoire. Il est enregistré que la nuit avant que ce jeune, dont le nom était Mulla Muhammad-Ali, atteignit Chiraz, le Bab dit à Mulla Husayn que la nuit suivante quelqu’un arriverait dont l’acceptation de la nouvelle théophanie "complèterait le nombre de mes disciples choisis".
Le soir suivant lorsque le Bab, accompagné de Mulla Husayn, était en train d’aller en direction de Sa maison, ils rencontrèrent un jeune homme dont la robe et l’apparence montraient les effets d’un long voyage. Le nouvel arrivant alla à Mulla Husayn qu’il connaissait bien comme camarade de Siyyid Kazim, le salua et demanda immédiatement si il avait trouvé l’objet de sa quête. Mulla Husayn n’avait pas la liberté de divulguer le fait qu’il l’avait trouvé, et il essaya de rassurer son ami et d’éviter le sujet. C’était inutile, car ce jeune avait vu le Bab.
Sa réplique à Mulla Husayn fut étonnante : "Pourquoi cherchez-vous à Le cacher de moi? Je peux Le reconnaître par sa façon de marcher. Je témoigne avec confiance que personne en dehors de Lui, en Orient comme en Occident, ne peut revendiquer être la Vérité. Personne d’autre ne peut manifester le pouvoir et la majesté qui irradient de Sa sainte personne".
Mulla Husayn était stupéfait, et laissant le nouvel arrivant, il continua et dit au Bab ce qui avait transpiré. Ayant déjà anticipé l’arrivée de ce jeune, bien qu’il n’avait certainement pas reçu de mot de lui, le Bab observa : "Ne vous étonnez pas de son comportement étrange. Nous avons dans le monde de l’esprit été en communion avec ce jeune. Nous le connaissons déjà... Aller à lui et appelez-le sur le champ vers Notre présence".

Ainsi Mulla Muhammad-Aliy-i-Barfurushi, que le Bab honora avec le titre de Quddus (Le Très Saint), atteignit le désir de son coeur.

Ces disciples du Bab sont appelés les Lettres du Vivant (37). Tous sauf une rencontrèrent le Bab face à face, et reconnurent en Lui le Seigneur de l’Âge qu’il cherchait. Cette seule exception était une femme douée, un écrivain accompli dans le poème, courageuse, totalement étranger à la peur, de qui Lord Curzon dit :

"La beauté et le sexe féminin prêtèrent leur consécration à la nouvelle foi, et l’héroïsme de la belle mais poétesse malheureuse de Kazvin, Zerin Taj (38) (Couronne d’or), ou Kurrat-el-ain (Consolation des yeux) qui, rejetant le voile, porta la torche missionnaire en long et en large, est l’un des épisodes les plus touchants dans l’histoire moderne". (39)

Et ici est le tribut d’un autre important anglais, Edouard Granville Browne, à cette femme unique :

"L’apparition d’une telle femme comme Kurratu’l-Ayn est dans n’importe quel pays et quelque âge un phénomène rare, mais dans un pays tel que la perse c’est un prodige - non, presque un miracle. Semblable en vertu de sa beauté merveilleuse, de ses dons intellectuels rares, de son éloquence, de son dévouement sans peur et de son martyr glorieux, elle se trouve incomparable et immortelle parmi ses concitoyennes. La religion babie n’aurait-il pas d’autre revendication à la grandeur, cela serait suffisant - cela produisit une héroïne comme Kurratu’l-Ayn". (40)

Quratu’l-Ayn appartenait à une famille célèbre pour son érudition. Son père, Haji Mulla Sahib, et son oncle, Haji Mulla Muhammad-Taqi (41) étaient tous les deux des figures principales parmi le clergé. Mais ils étaient aussi trop orthodoxes pour les sensibilités de cette grande femme, bien qu’un plus jeune oncle, Haji Mulla Ali, soit devenu un supporter de l’école shaykhie. (42) Qurratu’l-Ayn était mariée au fils de Haji Mulla Muhammad-taqi - son cousin, Mulla Muhammad. Ils avaient des enfants, mais leur mariage fut désastreux. Mulla Muhammad était même plus fanatique et étroit d’esprit que son père et un gouffre large entre mari et femme.

Qurratu’l-Ayn avait un autre cousin, Mulla Javad, qui avait accepté les visions rationnelles de Shaykh Ahmad et de Siyyid Kazim. Ayant appris dans la librairie de son cousin de l’enseignement de l’illustre sage de Karbila qui était allé bienau-delà des limites de l’orthodoxie, Qurratu’l-Ayn correspondait avec Siyyid Kazim et lui donna son allégeance. De lui elle reçut le nom Qurratu’l-Ayn. En vain ses aînés essayèrent de doucher son enthousiasme. Aucune persuasion ou menace ne pouvait arrêter le flot de sa dévotion nouvellement trouvée. Et lorsqu’elle décida de quitter sa maison et sa famille et de rejoindre le cercle de Siyyid Kazim, rien ne put contrecarrer son but. Pour apprécier la hardiesse et la gravité de son acte, on doit réaliser combien les femmes orientales étaient cachées de ces jours; son comportement pourrait être vu comme scandaleux et presque sans précédent. Cependant, elle parvint à Karbila trop tard. Dix jours avant son arrivée, Siyyid kazim était décédé. Qurratu’l-Ayn resta à Karbila. Elle était convaincue qu’avant peu le Promis apparaîtrait. Maintenant, beaucoup des disciples de Siyyid Kazim étaient partis dans leur recherche. L’une d’eux était le beau-frère de Qurratu’l-Ayn, le mari de sa jeune soeur Mardiyyih. Elle donna à ce parent, Mirza Muhammad-Ali, une lettre scellée et lui dit de le délivrer à Celui qu’ils espéraient et attendaient. Un message verbal en verset fut ajouté à la lettre : "Dites-Lui, de ma part", dit-elle,

"La splendeur de ta face éclate au loin et le rayonnement de ton visage s’élève; Alors parle le Verbe "Ne suis-je pas ton Seigneur? et nous répondrons tous "Tu l’es, Tu l’es". (43)

Lorsque Mirza Muhammad-Ali atteignit la présence du Bab, il Lui donna la lettre et le message; et le Bab la compta parmi les Lettres du Vivant. Ainsi ce fut que cette intrépide, éloquente pionnière de l’émancipation de la femme rejoignit les rangs des premiers disciples du Bab. Qurratu’l-Ayn est mieux connu comme Tarihih - La Pure - une désignation par laquelle elle sera à jamais rappelée. (44)

Les Lettres du Vivant, les 18 disciples qui trouvèrent le Bab "de manière indépendante et de leur propre accord", étaient :

- Mulla Muhammad-Aliy-i-Barfurushi, surnommé Quddus.

- Mulla Husayn-i-Bushr’u’i, surnommé Babu’l-Bab.

- Mirza Muhammad-Hasan-i-Bushru’i, frère de Mulla Husayn.

- Mirza Muhammad-Baqir, neveu de Mulla Husayn.

- Mirza Muhammad-Aliy-i-Qazvini, beau-frère de Tahereh.

- Mulla Ahmad-i-Ibdal-Maraghi’i.

- Mulla Yusuf-i-Ardibili.

- Mulla Jadid-i-Urumi.

- Mulla Mahmud’i-Khu’i.

Ces 9 furent des martyrs qui tombèrent durant "le soulèvement du Mazindaran" (voir chapitre correspondant).

Mulla Ali’y-i-Bastami, le premier martyr de la Dispensation babie. IL fut mis à mort quelque part en Iraq.

Qurratu’l-Ayn, Tahirih, dont le nom originel était Umm-Salamih.

Siyyid Husayn-i-Yazdi, connu comme Katib (le secrétaire) et aussi Aziz.

Tahirih et Siyyid Husayn-i-Yazdi souffrirent le martyr dans l’holocauste d’août 1852, suite à l’attentat fait par deux babis sur la vie de Nasiri’d-Din Shah.

Shaykh Sa’id-i-Hindi (l’Indien). Il rencontra la mort quelque part en Inde, bien que personne ne sache comment et où.

Mulla Baqir-i-Tabrizi. Il vécut durent l’avènement de Baha’u’llah et crut en Lui.

Mirza Hadiy-i-Qazvini, fils de Haji Mirza Abdu’l-Vahhab, et frère de Mirza Muhammad-Ali (le 9ème nom au-dessus). Mirza Hadi resta en dehors des autres babis et enseigna la foi avec prudence.

Mirza Muhammad Raawdih-Khan-i-Yazdi. Il resta aussi à part des autres babis et fut généralement connu comme shaykhi. Mais il ne renonça jamais à sa foi et l’enseigna quand il pouvait.

Mulla Khuda-Bakhsh-i-Quchani, plus tard connu comme Mulla Aliy-i-Razi. Il mourut de mort naturel, mais son fils Mashiyyatu’llah rencontra plus tard le martyr dans sa jeunesse.

Mulla Hasan-i-Bajistani. Des doutes l’assaillirent après le martyr du Bab, car il ne se considérait pas lui-même digne de la station qui lui fut donnée. Forcé de quitter sa maison, il alla en Iraq et atteignit la présence de Baha’u’llah.

Mulla Aliy-i-Bastami avait reçu la mission de retourner en Iraq et d’informer la population dans cette partie au coeur de la religion chiite que le Bab était apparu, mais de ne pas divulguer, encore, quelque particularité qui puisse révélée Son identité. A lui, le Bab dit :

"Votre foi doit être inébranlable tel le roc; elle doit faire face à toute tempête et survivre à toute calamité. Ne vous laissez pas affliger ou dévier de votre but par les dénonciations des insensés et les calomnies du clergé, car vous êtes appelés à prendre part au céleste banquet préparé à votre intention dans le royaume immortel. Vous êtes le premier à quitter la maison de Dieu et à souffrir pour son amour. Si vous êtes tué dans son sentier, souvenez-vous que grande sera votre récompense, généreux le don qui vous sera accordé".

Mulla Ali fut bientôt sur le chemin pour l’Iraq. Puis le Bab appela ensemble les autres 16 disciples et leur parla, les adjurant de se disperser dans le monde et de servir Dieu à la lumière de la foi qui leur a été donnée :

"O mes amis bien aimés !
Vous portez en ce jour le nom du Seigneur. Vous avez été choisis pour être les dépositaires de Son mystère.

Il appartient à chacun de vous de manifester les attributs de Dieu et de démontrer par vos actes et par vos paroles les signes de Sa justice, de Sa puissance et de Sa gloire. Même les membres de votre corps doivent témoigner de la noblesse de vos intentions, de l'intégrité de votre vie, de la réalité de votre foi et du caractère élevé de votre dévotion.

Car en vérité, je vous le dis, voici le jour dont Dieu parle ainsi dans son Livre: "en ce Jour, Je mettrai un sceau sur leurs lèvres ; mais leurs mains parleront pour eux, et leurs pieds porteront témoignage des choses qu'ils auront faites". (45)

Méditez ces paroles que Jésus adressa à Ses disciples en les envoyant de par le monde propager la cause de Dieu. C'est avec de telles paroles qu'il leur enjoignit de se lever et de remplir leur mission: "Vous êtes comme le feu allumé dans les ténèbres de la nuit au sommet de la montagne. Que votre lumière resplendisse aux yeux des hommes! La pureté de votre vie et le degré de votre renoncement doivent être tels, que les peuples de la terre en vous voyant reconnaissent leur Père céleste et se rapprochent de Lui qui est la source de la pureté et de la grâce. Car nul n'a vu le Père qui est aux cieux. Vous, Ses enfants spirituels, vous devez par vos actes donner l'exemple de Ses vertus et témoigner de Sa gloire.

Vous êtes le sel de la terre mais si le sel a perdu sa saveur, avec quoi la lui rendra-t-on ? Tel doit être le degré de votre détachement qu'en entrant dans une ville pour y proclamer et y enseigner la Cause de Dieu, vous ne vous attendiez ni au pain, ni à une récompense des habitants. Au contraire, en sortant de cette ville, secouez la poussière de vos pieds. Comme vous y êtes entrés purs et sans tache, vous devez en sortir de même ; car je vous le dis en vérité : votre Père céleste est toujours auprès de vous et veille sur vous. Si vous Lui êtes fidèles, Il livrera sûrement entre vos mains tous les trésors de la terre et Il vous élèvera au-dessus de tous les rois et de tous les maîtres de ce monde".

O mes Lettres, je vous le dis en vérité, ce Jour dépasse infiniment en grandeur les Jours des apôtres du passé. La différence en est incommensurable!

Vous êtes les témoins de l'aurore du Jour promis par Dieu ; vous buvez à la coupe mystique de sa révélation.

Ceignez vos reins pour la lutte et soyez attentifs aux paroles que Dieu a révélées dans Son Livre : "Voici que le Seigneur ton Dieu est arrivé en compagnie de Ses anges alignés devant Lui ! ". (46)

Purifiez vos coeurs des désirs terrestres et que les vertus angéliques soient votre parure.

Efforcez-vous de démontrer par vos actes la vérité de ces paroles de Dieu et craignez de vous en détourner (47) (48) de peur qu'il ne mette à votre place un autre peuple qui ne vous ressemble pas (49) et qui vous enlève le royaume de Dieu.

Les jours où l'adoration passive était jugée suffisante sont révolus.

L'heure est venue où seuls les motifs les plus désintéressés, appuyés par des actes sans tache, peuvent s'élever jusqu'au Trône du Très-Haut et trouver grâce auprès de Lui. Seules les bonnes paroles suivies de bonnes actions seront exaltées devant Lui. (50)

Vous êtes les humbles dont Dieu dans Son Livre a parlé en ces termes:

"Nous désirons accorder nos faveurs aux humbles de la terre et Nous en ferons des guides spirituels parmi les hommes, et ils seront nos héritiers ". (51)

Vous avez été appelés à ce rang ; vous n'y parviendrez qu'en foulant aux pieds tous les désirs terrestres et en vous efforçant de devenir de dignes serviteurs qui se taisent tant que Lui n'a point parlé, et qui exécutent Ses commandements.

Vous êtes les premières Lettres engendrées par le premier point (le Bab), les premières fontaines qui ont jailli de la source de cette Révélation.

Suppliez le Seigneur votre Dieu de vous accorder Sa faveur, afin qu'aucune affection humaine, aucun projet éphémère ne ternissent la pureté de cette grâce dont vous êtes pénétrés, et qu'aucune amertume ne se mêle à sa douceur.

Je vous prépare pour la venue d'un grand Jour.

Déployez tous vos efforts afin que dans le monde à venir, moi qui vous instruis aujourd'hui, je puisse, devant le trône de miséricorde divine, me réjouir de vos actes et me glorifier de vos exploits.

Nul ne connaît encore le secret du Jour qui doit venir. Il ne peut être divulgué et nul ne peut s'en faire une idée.

L'enfant nouveau-né de ce Jour sera plus avancé que les hommes les plus sages et les plus vénérables de notre temps. Le plus humble, le plus ignorant de cette époque-là surpassera en connaissances les théologiens les plus érudits et les plus accomplis de nos jours.

Dispersez-vous en tous sens à travers ce pays et, d'un pied ferme, d'un coeur sanctifié, préparez la voie pour Sa venue.

Ne contemplez pas votre faiblesse et votre fragilité ! Fixez votre regard sur le pouvoir invincible du Seigneur, votre Dieu tout puissant !

N'est-ce pas grâce à Lui que jadis Abraham, si faible en apparence, a triomphé des forces de Nemrod ? A Moïse, qui n'avait d'autre arme que son bâton, Dieu n'a-t-il pas assuré la victoire sur Pharaon et ses armées ? Et, bien que Jésus fût humble et pauvre aux yeux des hommes, Dieu n'a-t-il pas voulu qu'il triompha des forces conjurées du peuple juif ? N'a-t-il pas assujetti les tribus barbares et turbulentes de l'Arabie à la discipline sainte et réformatrice de Mahomet, Son prophète ?

Levez-vous en Son nom, mettez toute votre confiance en Lui et soyez assurés de l'ultime victoire.


Chapitre 2: Celui qu’ils recherchent

"Le doux esprit du Bab est sûrement au plus haut dans les cycles de l’éternité. Qui peut manquer, comme le professeur Browne dit, d’être attiré par lui?".
- T.K. Cheyne, D. litt., D.D. (52)

Siyyid (ou Mirza) Ali-Muhammad, connu dans l’histoire comme le Bab, était le fils du Siyyid (ou Mir) Muhammad-Rida, un mercier de Chiraz (53). Il était né le 20 octobre 1819 (I er Muharram, 1235 A.H). Par Son père et Sa mère, il descendait de l’Imam Husayn (54), le troisième Imam. Ainsi il se trouvait en ligne directe de descendance du prophète Muhammad. Selon Mirza Abu’l-Fadl-i-Gulpaygani, Siyyid Muhammad-Rida, le père du Bab, mourut lorsque son seul enfant était un bébé non sevré. Puis l’attention de l’enfant retomba sur un oncle maternel, Haji Mirza Siyyid Ali. Il fut le seul parent du Bab à épouser Sa Cause ouvertement durant son existence et, comme on le verra, d’accepter le marytr pour Son amour. Mais selon un manuscrit historique de la foi babie-bahai’e à Chiraz par Haji Mirza Habibu’llah-i-Afnan (55), Siyyid Muhammad-Rida mourut lorsque son fils eût 9 ans, et Abdu’l-Baha apparaît confirmer ce récit. (56)

Deux des cousins paternels de Siyyid Muhammad-Rida s’élevèrent en importance dans les rangs des prêtres chiites, et les deux portèrent allégeance, dans un strict secret, à leur parent lorsque Sa revendication d’être "le Qa’im de la Maison de Muhammad" devint connue publiquement. Des deux, le plus célèbre et le plus distingué était Haji Mirza Muhammad-Hasan (1815-95), connu comme Mirzay-i-Chirazi qui, comme tous les prêtres importants chiites, résidait en Iraq. Il était l’ecclésiastique le plus influent de son époque, assez puissant pour ruiner la Régie du tabac, la concession monopole que Nasiri’d-Din Shah (régna de 1848-96) donna au Major Gérald F. Talbot, un citoyen britannique durant l’été de 1889. (57) Mirzay-i-Chirazi mis l’usage du tabac sous une interdiction et la population de l’Iran, même les femmes dans le harem du Shah, cessèrent de l’utiliser. Nasiri’d-Din Shah fut contraint dès le début de 1892 d’annuler la concession et de payer à la Corporation du tabac une indemnité de 500000 Livres Sterlings. Le père de Mirzay-i-Chirazi, nommé Mirza Mahmud, était un calligraphe remarqué, et était l’oncle au père du Bab.

L’autre écclésiastique célébré, cousin à Siyyid Muhammad-Rida, était Haji Siyyid Javad, l’Imam-Jumih (58) de Kirman. Ce fut Quddus qui donna à ce dignitaire les nouvelles de l’avènement du Bab. Haji Siyyid Javad étendit sa protection à Quddus, en dépit de la clameur de son adversaire.

La mère du Bab était Fatimih Bagum. Elle était la fille de Mirza Muhammad-Husayn, un marchand de Chiraz, et avait trois frères. De ceux-ci, Haji Mirza Siyyid Ali devint le gardien du Bab, tandis que Haji Mirza Siyyid Muhammad et Haji Mirza Hasan-Ali, bien que non sur la liste des disciples de leur illustre neveu, figurent dans Son histoire.

Chaque récit que nous avons de l’enfance de Siyyid Ali-Muhammad indique qu’Il n’était pas un enfant ordinaire. Lorsqu’Il fut envoyé à l’école, Il surprit tellement le maître d’école, Shaykh Abid par sa sagesse et son intelligence que l’homme dérouté ramena l’enfant à Son oncle, et dit qu’il n’avait rien à apprendre à son élève surdoué : "Il n’a, en vérité, aucun besoin de professeurs tels que moi".
L’oncle avait déjà noté les qualités remarquables de son pupille, et il est enregistré qu’en cette occasion il était très sévère avec Lui : "Avez-vous oublié mes instructions? Ne vous ai-je pas déjà averti que vous deviez suivre l’exemple de vos camarades, garder le silence et écouter attentivement chaque parole prononcée par votre maître?".
C’était totalement étranger à la nature de ce doux enfant de ne tenir aucun compte des souhaits de son tuteur. Il retourna à l’école et se conduisit Lui-même sur le modèle d’autres enfants. Rien, cependant ne pouvait restreindre l’esprit supérieur et l’intelligence possédés par ce garçon exceptionnel. Alors que le temps passait, le maître d’école devint convaincu qu’il ne pourrait aider son élève; dans le rôle de l’instructeur, il se sentait comme l’instruit.

Il devrait aussi être dit que des écoles telles que celle où allait Siyyid Ali-Muhammad, qui étaient ordinaires en ces jours, enseignaient des affaires et des matières ordinaires qui étaient élémentaires, bien que les élèves étaient entraînés à lire le Coran, même si ils ne pouvaient peut-être pas comprendre la signification du texte sacré qui est naturellement en arabe. Le Bab n’alla pas au-delà de cette école ni du cours de Shaykh Abid.

Ainsi Sa scolarité fut maigre.

Le Bab avait seulement 5 ans lorsqu’Il fut envoyé pour recevoir un cours de Shaykh Abid. Le récit de Haji Mirza Habibu’llah contient une narration de ses premiers jours à l’école, relaté par Aqa Muhammad-Ibrahim-i-Isma’il Bag, un marchand bien connu de Chiraz, qui est un camarade de classe de 12 ans. Le Bab avait pris un siège, avec une grande courtoisie, entre ce garçon et un autre élève qui était aussi beaucoup plus âgé que Lui-Même. Sa tête était penchée au-dessus le livre mis en face de Lui, les premières lignes de ce qu’il avait appris à répéter. Mais Il ne prononça pas un mot. Lorsqu’on Lui demanda pourquoi Il ne lisait pas à voix haute comme les autres garçons étaient en train de faire, Il ne fit aucune réponse. Jusqu’à ce que deux garçons, assis près de lui, entendent réciter un couplet de Hafiz, qui se présente ainsi :

"Des pinacles du Paradis, ils vous demandent;
Je ne sais pas ce que vous avez pris au piège ici". (59)

"C’est votre réponse", dit le Bab, se tournant vers Aqa Muhammad-Ibrahim.

Haji Mirza Habibu’llah nous dit aussi que, à part des garçons enseignés, Shaykh Abid avait une classe régulière pour des élèves théologiens. En une occasion, certains de ces élèves posèrent une question qui après une longue période de discussion restait irrésolue. Shaykh Abid leur dit qu’il consulterait certains ouvrages faisant autorité cette même nuit et le lendemain matin avec la solution. Juste alors le Bab, qui avait écouté, parla et avec un juste raisonnement, exposa la réponse qu’ils cherchaient. Ils furent frappés d’admiration, car ils n’avaient aucun souvenir d’avoir discuté de ce sujet particulier à portée de voix du Bab, qui aurait pu alors chercher les références dans les livres et les mémorisées pour répéter comme un perroquet. Shaykh Abid Lui demanda où il avait obtenu cette connaissance. Le garçon répondit en souriant avec un couplet de Hafiz :

"Puisse la grâce de l’Esprit Saint daigner t’assister,
d’autres feront aussi ce que le Christ pourra accomplir". (60)

Non seulement les facultés mentales du Bab stupéfièrent le maître d’école; la noblesse de Son caractère l’impressionnait encore plus. En fait tous ceux qui étaient proches de Sa personne ne pouvait de manquer de tomber sous le charme de Son être. Des années plus tard, lorsque le Bab s’était levé à l’appel d’une nouvelle théophanie, le maître d’école du passé et dit à Haji Siyyid Javad-i-Karbila’i, un descendant érudit d’une famille de prêtre célèbre (le Bahru’l-Ulum) (61), que Siyyid Ali-Muhammad était toujours digne et calme, qu’Il était très beau et consacrait peu d’attention pour les passe-temps d’autres garçons. Certains matins, se rappela le maître d’école, Il arrivait en retard à l’école et lorsqu’on lui demandait la raison, Il restait silencieux. En des occasions, Shaykh Abid envoya d’autres élèves pour l’appeler à Sa maison et lui demandèrent de venir à l’école. Ils retournèrent en disant qu’il L’avait trouvé dans Ses dévotions. Un jour, lorsqu’il arriva en retard à l’école et qu’il fut questionné par Shaykh Abid, le Bab dit calmement qu’Il avait été dans la maison de Son "Grand-Père". Ainsi les siyyids se réfèrent-ils à leur ancêtre le prophète Muhammad. Aux remontrances du maître d’école qu’Il était seulement un enfant de 10 ans auquel de telles attentions rigoureuses aux dévotions n’étaient pas demandées, Il répondit calmement à nouveau "Je souhaite être comme mon Grand-Père". A cette époque, Shaykh Abbid dit qu’il avait pris les paroles de Siyyid Ali-Muhammad comme une naïveté enfantine. (62)

Un certain relieur de Chiraz nommé Siyyid Muhammad, dont la maison

avoisinait celle du Bab, mais qui des années plus tard se déplaça à Saray-i-Amir, un inn (caravansérail) bien connu à Téhéran pour faire son commerce, avait entendu Shaykh Abid raconter qu'il était habituel, lorsque la saison était clémente, que les garçons invitent leurs maîtres et leurs camarades le vendredi (le jour de repos) à une sortie dans l'un des nombreux jardins qui bordaient la ville de Chiraz. A cette époque, ils trouvèrent que le Bab s'était rendu lui-même dans un lieu ombragé dans un coin du verger pour prier et méditer.

Haji Siyyid Javad-i-Karbila'i avait lui-même rencontré le Bab durant Son enfance. Il était normalement résident à Karbila et il avait assisté régulièrement aux discours de Siyyid Kazim-i-Rashti, devenant finalement l'un de ses disciples les plus ardents. Mais c'était aussi un homme qui embarqua de temps en temps dans de longs voyages. Il alla deux fois en pèlerinage à La Mecque et passa quelque temps là-bas à enseigner et à discourir. Il visita l'Inde et resta à Bombay pendant un temps. L'un de se voyages l'amena à Chiraz, à un moment où le Bab avait 9 ans. Etant bien au courant avec Haji Siyyid Muhammad (l'un des oncles maternel du Bab), Haji Siyyid Javad lui rendit visite de manière occasionnelle. Des décennies plus tard, il se rappela qu'à l'un de ces visites, il pouvait entendre les intonations d'une voix mélodieuse, enchanteresse, venant de la direction de l'alcôve réservée pour les dévotions. D'ici peu de temps, un garçon descendit du renfoncement de l'alcôve et Haji Mirza Siyyid Muhammad Le présenta comme son neveu qui était orphelin. Une autre coïncida avec le retour du Bab de l'école. Haji Siyyid Javad remarqua qu'Il tenait une liasse de papiers et demanda ce qu'ils étaient. Le garçon répondit très courtoisement qu'ils étaient Ses exercices de calligraphie. Lorsque Haji Siyyid Javad les examina, il s'émerveilla de leur excellence. (63)

En une autre et dernière occasion, lorsque le Bab fut pendant un certain temps engagé dans le commerce dans le port de Bushihr, Haji Siyyid Javad passa six mois dans cette ville, vivant dans le même caravansérail que le Bab. (64) Ainsi ils se rencontrèrent souvent. A nouveau plus tard, à Karbila, Haji Siyyid Javad rencontra à nouveau le Bab, qui entrait alors dans sa vingtième année.

Lorsque Mulla Aliy-i-Bastami parvint en Iraq avec les joyeuses nouvelles de l'avènement du Bab, les nouvelles se répandirent rapidement parmi les prêtres et les élèves en théologie. Haji Siyyid Javad fut l'un de ces élèves particulièrement attiré, et il conseilla souvent Mulla Ali à divulguer le nom de Celui qui avait proclamé une revendication si énorme. Mais le Bab avait interdit avec insistance à Mulla Ali de citer Son nom ou de donner quelque preuve de Son identité. A tous les demandes insistantes de Mulla Ali dit simplement qu'avant peu, Son identité leur sera révélée. Personne, selon le témoignage de Haji Siyyid Javad, ne suspecta que le Bab pouvait être le jeune marchand de Chiraz qui vivait seulement depuis peu avec eux. La plupart des shaykhis crurent que le Bab devait être l'un des proches élèves de Siyyid Kazim.

Alors il arrivait que Haji Siyyid Javad invite Mulla Ali dans sa propre maison et le questionne de manière plus serrée. Assis sur le toit de la maison, dans le voisinage du Tombeau de l'Imam Husayn, les deux conversaient longuement au sujet du "Grand Evènement" mais quels que soient les durs efforts, Haji Siyyid Javad ne pouvait persuader son hôte à rompre le secret qu'il avait demandé de cacher.
Il se sentait si frustré que, de son propre aveu, Haji Siyyid Javad saisit les bras de Mulla Ali, le poussa durement contre le mur et s'écria : "Que dois-le faire avec vous, Mulla Ali! Vous tuez? Ne voudriez-vous pas savoir qui est cet Etre? Ne devrions-nous nous libérer de cette misère?".
Le souffle coupé, Mulla Ali répondit : "Siyyid Javad! C'est interdit. Vous êtes vous-même un homme d'érudition. Vous devriez bien le savoir. C'est interdit". Et puis de manière tout à fait inattendue et sans savoir pourquoi, Mulla Ali ajouta que le Bab avait spécialement cité que toutes Ses lettres qui existent en Iraq, quel que soit quel destinataire il ait pu être, se devait d'être envoyé à Chiraz. Dès que Mulla Ali eût dit que Haji Siyyid Javad avait dans un éclair, une image mentale de Siyyid Ali-Muhammad, qu'il avait connu et admiré depuis Son enfance. Il descendit précipitemment les escaliers dans la pièce où il gardait ses papiers, réunit les lettres qu'il avait reçues de Siyyid Ali-Muhammad et retourna vers le toit.
Au moment où Mulla Ali attrapa la vue du sceau sur ces lettres, il s'effondrit en larmes, et ainsi fit Haji Siyyid Javad. Ils pleurèrent de joie, et entre ses sanglots, Mulla Ali se garda de répéter :
Aqa Siyyid Javad! Aqa Siyyid Javad! Je ne citerais pas votre nom! Il est interdit de citer Son nom béni à quiconque". Ne mentionner son nom à quiconque". (65)

Ainsi Haji Siyyid Javad-i-Karbila'i trouva sa nouvelle foi à la quelle il resta fermement loyale durant sa longue vie. Nous entendrons plus tard beaucoup plus de cet homme remarquable.

Siyyid Ali-Muhammad avait eu de 6 à 7 ans de scolarité avec Shaykh Abid. Selon toute probabilité, il quitta l'école à la Qahviy-i-Awliya avant d'avoir 13 ans. Selon le récit de Haji Mirza Habibu'llah, Il rejoignit Haji Mirza Siyyid Ali, son oncle protecteur dans les affaires lorsqu'il eût 15 ans. (66) Il ne fait aucun doute que le Bab quitta Chiraz pour Bushihr lorsqu'Il avait à peine 16 ans. Il peut (67) y avoir un petit doute qu'à cet âge précoce, le Bab prenne en main la direction complète de la maison de commerce à Bushihr. Sa scrupuleuse attention au détail et Sa justice sans déviation dans les transactions devinrent grandement connues dans la région. Un homme qui Lui avait consigné des biens à vendre fut étonné de retrouver lorsqu'il reçut son argent, plus que ce qu'il aurait pu obtenir à des prix normaux. Il voulait en rapporter une certaine somme. Le Bab lui dit que c'était seulement équitable et juste qu'il puisse recevoir cette somme particulière, car ses biens auraient rapportés exactement cette somme s'ils avaient été offerts pour la vente lorsque le marché était à son meilleur.

A.L.M. Nicolas maintient que le Bab fut aussi engagé en écrivant et en composant durant la période de Son séjour à Bushihr. Il cite un traité, le Risaliy-i-Fiqhiyyih, comme étant venu de la plume du Bab durant ces années. (68) Sa déclaration est corroborée par le récit de Haji Mirza Habibu'llah :

"Un jour en Egypte durant la période où Mirza Abu'l-Fadl était occupé en écrivant son livre, le Fara'id, nous en vînmes à parler des premières années du Bab, avant Sa déclaration, et la période où il était occupé dans le commerce. Mirza Abu'l-Fadl me raconta la chose suivante : "J'ai entendu moi-même le regretté Haji Siyyid Javad-i-Karbila'i dit que lorsque le Bab était en train de poursuivre la carrière de marchand à Bushihr, il ... à cause de son amitié avec les oncles du Bab, essaya de rester avec eux pour une demande. " Donnez des conseils à mon neveu... ne Lui dites pas d'écrire certaines choses qui peuvent seulement lever la jalousie de certaines personnes; Ces personnes ne peuvent supporter de voir un jeune marchand de petite scolarité montrer une telle érudition, ils se sentent jaloux". Haji Mirza Siyyid Muhammad avait été très insistent que Haji Siyyid Javad conseille au Bab de se désister d'écrire. Haji Siyyid Javad avait cependant répondu avec ces lignes de versets : "Le visage de la justice ne peut supporter le voile"; enfermez-Le de la fenêtre, il montrera son visage", et il ajouta : "Nous sommes terrestre et Il est céleste. Notre conseil n'est d'aucune utilité pour Lui".

Mulla Muhammad-i-Zarandi, Nabil-i-Azam, porte un accent particulier sur la stricte observation de Ses dévotions le vendredi. Même les conditions torrides de Bushihr, déclare-t-il, ne décourageait pas le Bab. Des écrivains de telles histoires comme le Nasikhu't-i-Tavarih (69), hostiles au Bab, avaient prétendu ce long exposé à cette sévère chaleur du soleil dans ce port maritime, tandis qu'Il faisait ses prières, affecta Son esprit. Ils avaient continué à affirmer que c'était ce dérangement d'esprit qui Le mena à faire des revendications extravagantes. Mais Haji Mirza Jani de Kashan nie toute suggestion que le Bab pratiquait délibéremment des austérités, où qu'Il se trouve Lui-Même un "murshid" (guide spirituel) pour le diriger dans de telles conduites.

Malheureusement les enregistrements des années du Bab passées à Bushihr sont très peu nombreux. Nous ne pouvons être certain des dates exactes où il prit la complète direction de la maison de commerce et quand Il se retira. Haji Mu'inu's-Saltanih de Tabriz déclare dans sa chronique que le Bab assuma la responsabilité directe à l'âge de 20 ans. Si cette déclaration est juste, la période où il agit de son propre chef est tout à fait brève.
Selon Mirza Abu'l-Fadl de Gulpaygan, Il voyagea dans les villes saintes d'Iraq au printemps 1841, resta en" Iraq pendant presque 7 mois et retourna dans Sa province natale du Fars" à l'automne de cette année. Haji Mirza Habibu'llah déclare que le séjour du Bab à Bushihr dura 6 ans.
Selon lui, lorsque le Bab décida d'aller en pèlerinage dans les villes saintes de l'Iraq, Il écrivit à Ses oncles à Chiraz, leur demandant de venir et de prendre le commerce pour Lui. Ses oncles, cependant, firent traîner les choses, sur quoi le Bab régla toutes les affaires en suspens à Bushihr Lui-Même, apporta Ses livres jusqu'à cette date, ferma et scella la porte du bureau et laissa les clés avec le gardien du caravansérail, pour être céder à l'un de Ses oncles. Il informa Ses oncles de ce qu'Il avait fait et expliqua que depuis qu'ils n'avaient pas fait attention à Ses appels répétés, Il n'avait d'autre alternative, déterminé comme Il l'était de faire le pèlerinage dans les villes saintes. (70) Haji Mirza Siyyid Muhammad fut grandement perturbé de peur que leur crédit soit endommagé et que leurs clients essuient des pertes sérieuses. Mais Haji Mirza Siyyid Ali lui assura que leur neveu ne ferait jamais quelque chose qui les compromette et que tous les comptes se trouveront dans un ordre parfait. Haji Mirza Siyyid Muhammad se précipita à Bushihr où une inspection rapprochée des livres le persuada que rien n'avait été laissé au hasard.

Pendant qu'il était à Karbila, le Bab rendit visite à Siyyid Kazim-i-Rashti et assista à ses discours. Mais ses visites occasionnelles ne firent pas et ne peuvent firent de Lui un élève de Siyyid Kazim. Ses adversaires ont prétendu qu'Il s'assit aux pieds de Siyyid Kazim pendant des mois pour apprendre de lui. Mais les récits que nous avons de proches associés de Siyyid Kazim indiquent tous que le chef shaykhi saluait et recevait Siyyid Ali-Muhammad, en chaque occasion, avec une grande révérence. Voici le long récit de Shaykh Hasan-i-Zunuzi :

"Je passais mes jours au service de Siyyid Kazim pour qui j'avais une grande affection. Un jour, à l'aube, je fus soudain éveillé par Mulla Naw-Ruz, un des serviteurs de Siyyid Kazim qui, avec empressement, me pria de me lever et de le suivre. Nous allâmes chez Siyyid Kazim et trouvâmes celui-ci tout habillé, portant son aba, et prêt à quitter sa maison. Il me demanda de l'accompagner. "Une personne hautement estimée et distinguée", dit-il, "est arrivée. Il est de notre devoir à tous deux d'aller lui rendre visite".
L'aube avait déjà pointé lorsque je me trouvai marchant avec le siyyid à travers les rues de Karbila. Nous atteignîmes bientôt une maison à la porte de laquelle se tenait un jeune homme, comme s'il était prêt à nous recevoir. Il portait un turban vert et son visage révélait un sentiment d'humilité et de gentillesse que je ne pourrai jamais décrire. Il s'approcha tranquillement de nous, tendit les bras vers Siyyid Kazim et l'embrassa affectueusement. Son affabilité et sa bonté contrastaient singulièrement avec le sentiment de profond respect qui caractérisait l'attitude de Siyyid Kazim; sans mot dire, la tête baissée, il écouta les multiples expressions d'affection et d'estime par lesquelles le jeune homme l'accueillait.
Nous fûmes bientôt conduits vers l'étage supérieur de cette maison et entrâmes dans une chambre ornée de fleurs exhalant le plus délicieux des parfums. Le jeune homme nous pria de nous asseoir. Nous ne savions cependant quels sièges nous occupions réellement, tant le sentiment d'enchantement qui nous envahissait était écrasant.
Nous remarquâmes placée au centre de la chambre une coupe en argent que notre jeune hôte, après nous avoir fait asseoir, remplit à ras bord et qu'il tendit à Siyyid Kazim en disant : "C'est une boisson composée d'un pur breuvage que leur donnera leur Seigneur". (71)
Siyyid Kazim prit la coupe de ses mains et la vida à grands traits. Un sentiment de joie respectueuse emplit mon être, sentiment qu'il ne put étouffer. L'on me présenta, à moi aussi, une coupe remplie de ce breuvage, mais aucune parole ne fut exprimée à mon endroit. Tout ce qui fut prononcé au cours de cette mémorable réunion, ce fut le verset du Qu'ran cité plus haut. Aussitôt après, l'hôte se leva de son siège et, nous accompagnant jusqu'au seuil de la porte, nous dit adieu. J'étais muet d'étonnement et je ne savais pas comment exprimer la cordialité de son accueil, la dignité de son comportement, le charme de ce visage et le délicieux parfum de ce breuvage.
Ma stupéfaction avait été profonde lorsque j'avais vu mon maître boire à longs traits, sans la moindre hésitation, cette sainte boisson dans une coupe en argent dont l'usage, d'après les préceptes islamiques, est interdit aux croyants. Je ne pouvais m'expliquer le motif qui avait induit le siyyid à manifester un si profond respect en présence de ce jeune homme, un respect que la vue même du tombeau du Siyyidu's-sh-Shuhada (72) n'avait pas fait naître en lui.
Trois jours plus tard, je vis ce même jeune homme arriver et prendre place au milieu du groupe des disciples de Siyyid Kazim. Dès que le regard du maître tomba sur lui, il interrompit son allocution et se tut.
Alors un de ses disciples le pria de reprendre l'argumentation qu'il avait laissée inachevée. "Que puis-je dire de plus"?, répliqua Siyyid Kazim en se tournant vers le Bab. "Voyez, la Vérité est plus manifeste que le rayon de lumière qui tombe sur le pan de ce vêtement".
Je remarquai aussitôt que le rayon auquel le siyyid faisait allusion frappait le pan du vêtement de ce même jeune homme auquel nous avions récemment rendu visite. "Comment se fait-il, demanda le questionneur, que vous ne révéliez pas son nom et n'identifiez pas sa personne?".
Le siyyid répondit en pointant du doigt sa propre gorge, impliquant par ce geste que, s'il divulguait son nom, tous deux seraient aussitôt mis à mort. Ceci accrut encore ma perplexité. J'avais déjà entendu mon maître observer que la perversité de cette génération était si grande que s'il montrait du doigt le Promis en disant : "Celui-là en vérité est le Bien-Aimé, le Désir de vos coeurs et du mien", elle ne le reconnaîtrait toujours pas. J'avais vu le siyyid montrer véritablement du doigt le rayon de lumière qui frappait le pan de ce vêtement et, malgré cela, personne parmi les assistants ne sembla saisir la signification de ce geste.
Pour ma part j'eus la conviction que le siyyid ne pouvait être lui-même le Promis mais qu'un mystère indéchiffrable pour nous tous demeurait caché en ce jeune homme, étrange et attrayant. Plusieurs fois, je tentai d'aborder Siyyid Kazim pour lui demander d'élucider ce mystère. Chaque fois que je le fis, je fus envahi par un sentiment de crainte que sa personnalité inspirait de façon si puissante". (73)

Shaykh-Hasan-i-Zunuzi a continué à raconter :

"Je me sentis souvent le besoin de rechercher, seul, la présence de ce jeune hashimite (74) et de m'efforcer de percer son mystère. Je l'observai plusieurs fois au moment où il se tenait dans une attitude de prière à l'entrée du tombeau de l'Imam Husayn. Il était si absorbé qu'il semblait totalement oublieux de la présence de ceux qui l'entouraient. Des larmes coulaient de ses yeux, et de ses lèvres sortaient des mots de glorification et de louange d'une beauté et d'une intensité telles que même les passages les plus sublimes de nos écritures sacrées ne pourraient les surpasser.
Les paroles : "Ô Dieu, Mon Dieu! mon Bien-Aimé, Désir de mon coeur", revenaient si fréquemment et étaient exprimées avec tant d'ardeur que les pèlerins qui visitaient le tombeau et qui se trouvaient assez près pour l'entendre, interrompaient instinctivement le cours de leurs prières et s'émerveillaient devant les manifestations de piété et de vénération que révélait ce jeune visage. Comme lui, ils pleuraient d'émotion et prenaient auprès de Lui des leçons de véritable adoration.
Ayant achevé sa prière, ce jeune homme, sans franchir le seuil du tombeau et sans essayer d'adresser une parole à ceux qui l'entouraient, retournait tranquillement chez lui. Je me sentis poussé à lui adresser la parole mais, chaque fois que je tentais de l'approcher, une force que je ne pouvais m'expliquer, et à laquelle je ne pouvais résister, me retenait.
Mes enquêtes à son sujet me firent découvrir qu'il résidait à Chiraz, qu'il exerçait la profession de commerçant et qu'il n'appartenait à aucun ordre ecclésiastique. J'appris aussi qu'il était, comme ses oncles et ses parents, un admirateur de Shaykh Ahmad et de Siyyid Kazim. J'appris qu'il était parti pour Najaf avant de se rendre à Chiraz.
Ce jeune homme avait embrasé mon coeur. Le souvenir de cette vision me hantait. Mon âme n'aspirait qu'à lui jusqu'au jour où l'appel d'un jeune homme de Chiraz, se proclamant lui-même le Bab, parvint à mes oreilles. L'idée que cette personne ne pouvait être que ce même jeune homme, désir de mon coeur, que j'avais vu à Karbila, me vint à l'esprit". (75)

Selon le récit de Haji Mirza Habibu'llah, comme le séjour du Bab dans les villes saintes s'éternisait durant des mois, sa mère, inquiète d'avoir son seul fils de retour à Chiraz, demanda à son frère, Haji Mirza Siyyid Ali, d'aller en Iraq et le persuada de revenir. Il ne pouvait refuser la demande de sa soeur, mais lorsqu'il atteint l'Iraq, il trouva que son neveu, qui avait été autrefois son pupille, n'était pas désireux de quitter les villes saintes. Sur quoi il appela Haji Siyyid Javad-i-Karbila'i pour de l'aide, qui fut tout d'abord peu disposé à donner son soutien, ne souhaitant pas perdre la compagnie du jeune siyyid Chirazi qu'il avait au cours des années admiré de manière si formidable. Cependant, lorsqu'il apprit que sa mère était grandement inquiète, il consenti à intervenir.
Finalement le Bab accéda à leur demande et accepta de revenir. Après quelques mois à Chiraz, il déclara son intention d'aller une nouvelle fois en Iraq. Sa mère, alarmée et agitée par cette décision, chercha une nouvelle fois l'aide de son frère. Leurs efforts résulta du mariage du Bab à Khadijih-Bagum, fille de Haji Mirza Ali, (76) l'oncle paternel de sa mère.
Le mariage eût lieu en août 1842. (77) Khadijih-Bagum avait deux frères : Haji Mirza Abu'l-Qasim et Haji Mirza Siyyid Hasan, tous les deux, bien que ne comptant pas parmi ses disciples dans sa vie, ont une place dans l'histoire du Bab. Les descendants de ces deux beaux-frères du Bab, et les descendants de ses oncles maternels, sont connus comme les Afnans (les Branches).

Un fils était né de Siyyid Ali-Muhammad et de Khadijih-Bagum au cours de l'année 1843, qu'ils nommèrent Ahmad, mais il ne vécut pas longtemps. Haji Mirza Habibu'llah déclare que l'enfant était mort-né. Le Bab note la naissance de Ahmad dans le Qayyumu'l-Asma, son commentaire sur la surih de Joseph. Parlant de son mariage avec sa bien-aimée, qui était elle-même descendante du Bien-Aimé (Muhammad est connu comme Habibu'llah - le Bien-Aimé de Dieu), et racontant comment il avait appelé les anges du Ciel et les cohortes du Paradis pour être témoin de son mariage, le Bab s'adresse alors à sa femme :

"Ô Bien-Aimée! Hautement élevée la grâce de Dhikr (78) [le Bab], le Plus-Grand, car elle vient de Dieu, l'Unique. Tu ne seras pas une femme comme les autres si tu obéis à Dieu dans la Cause de la Vérité... et prends fierté en étant la conjointe du Bien-Aimé, qui est adoré de Dieu le Plus-Grand. Suffisante pour toi est cette gloire qui vient de Dieu, le Très-Sage, le Très-Glorieux. Soit patiente dans tout ce que Dieu a ordonné en ce qui concerne le Bab et sa famille. En vérité, ton fils, Ahmad, est avec Fatimih (79), la Sublime, dans le Paradis sanctifié". (80)

Et il y a une référence supplémentaire à Ahmad dans le Qayyumu'l-Asma :

"Toutes louanges soient à Dieu qui accorda pour la consolation des yeux, dans sa jeunesse, Ahmad. Nous l'avons en vérité élevé vers Dieu... O consolation des yeux! Soit patient en ce que Dieu a ordonné pour toi. En vérité il fait tout ce qu'il veut. Il est le Très-Sage dans l'exercice de sa justice. Il est le Seigneur, l'Ancien des Jours, et loué soit-Il dans tout ce qu'il ordonne". (81)


Chapitre 3: Téhéran

"Que ta joie soit immense car Dieu, en faisant naître sur ton sol la manifestation de sa gloire, a fait de toi "l'orient de sa lumière". Sois heureuse de ce nom qui t'a été donné, nom par lequel l'Etoile du Matin de grâce a répandu son éclat et qui a illuminé tout ensemble la terre et le ciel". (Baha'u'llah, s'adressant à la ville de Téhéran)

... avec la plus entière soumission, j'ai placé ma vie dans ma main, afin que, par la miséricorde divine, cette lettre manifeste et révélée soit sacrifiée dans le chemin du Premier Point (82) et du Verbe sublime!". (Baha'u'llah, du Livre de La Certitude) (83)

Mulla Husayn fut grandement déçu lorsqu'il réalisa qu'il n'allait pas être le compagnon du Bab dans son pèlerinage pour La Mecque. Mais pour l'homme qui fut le premier à le trouver et à croire en Lui, le Bab avait désigné une tâche infiniment glorieuse. Mulla Husayn allait aller de Chiraz à Téhéran, où l'accomplissement de cette tâche l'attendait. Il avait voyagé à Chiraz pour cette demande. Là-bas, il avait atteint son but, avait trouvé le Qa'im de la maison de Muhammad. A présent il allait entreprendre une autre quête, et il n'était pas entièrement conscient des conséquences qui attendraient ses succès. A lui le Bab dit :

"Dans ce pèlerinage dans lequel nous allons bientôt embarquer, Nous avons choisi Quddus comme notre compagnon. Nous vous avons laissé derrière pour faire face à l'explosion d'un ennemi féroce et implacable. Soyez assuré cependant, qu'une bonté indescriptiblement glorieuse vous sera conférée. Suivant le cours de votre voyage vers le nord, et en visitant sur votre chemin Ispahan, Kashan, Qum et Téhéran. Suppliez la Toute-Puissante Providence qu'elle puisse gracieusement vous rendre capable de d'atteindre dans cette capitale le siège de vérité souveraine et d'entrer dans la maison du Bien-Aimé.
Un secret git caché dans cette ville. Lorsqu'il se manifestera, cela changera la terre en paradis. Mon espoir est que vous puissiez prendre part à sa grâce et reconnaissiez sa splendeur. De Téhéran allez au Khurasan et là-bas proclamer de nouveau l'appel. Et de là retourner à Najaf et Karbila et là-bas attendez les ordres de votre Seigneur. Soyez assuré que la haute mission pour laquelle vous avez été crée sera dans son entièreté accomplie par vous. Jusqu'à ce que vous ayez consommé votre travail, si tous les flèches d'un monde incroyant serait dirigées contre vous, elles seraient impuissantes à toucher un seul cheveu de votre tête". (84)

Lorsque le temps arriva pour Mulla Husayn de quitter Chiraz, le Bab lui dit

"Ne soyez pas affligé parce que vous n'avez pas été choisi pour m'accompagner dans mon pèlerinage à Hijaz. Je guiderai en revanche vos pas vers la ville qui renferme en son sein un mystère d'une si transcendante sainteté que ni Hijaz, ni Chiraz ne peuvent espérer l'égaler. Je souhaite que vous puissiez, avec l'aide de Dieu, écarter les voiles des yeux des négligents et purifier les esprits des malveillants. Visitez, sur votre chemin, Ispahan, Kashan, Tihran, et le Khurasan. Allez ensuite en Iraq e, là, attendez-y les ordres de votre Seigneur, qui veillera sur vous et vous guidera vers ce qui est sa volonté et son désir. Quant à moi, j'irai, en compagnie de Quddus et de mon serviteur éthiopien, (85) en pèlerinage à Hijaz. Je me joindrai au groupe de pèlerins de Fars qui partira sous peu vers ce pays. Je visiterai La Mecque et Médine et là, accomplirai la mission (86) que Dieu m'a confiée.
Si Dieu le veut, je reviendrai ici en passant par Kufih, ville dans laquelle j'espère vous rencontrer. S'il devait en être autrement, je vous demanderais alors de me rejoindre à Chiraz. Les armées du royaume invisible vous soutiendront et redoubleront vos efforts, soyez-en sur! L'essence du pouvoir gît à présent en vous, et la compagnie de ses anges élus gravite autour de vous. Ses bras tout-puissants vous entoureront et son esprit infaillible continuera toujours à guider vos pas. Celui qui vous aime, aime Dieu; et quiconque s'oppose à vous s'est opposé à Dieu. Quiconque vous secourt, Dieu le secourira et quiconque vous rejette, Dieu le regrettera". (87)

Mulla Husayn était connu à Ispahan, car là-bas il avait obtenu des témoignages d'un grand mujtahid, Haji Siyyid Muhammad-Baqir, en soutien de Siyyid Kazim-i-Rashti. Ce prêtre important était à maintenant mort, mais son fils, Haji Siyyid Asadu'llah, marchant dans les traces de son illustre père, refusa de s'associer lui-même avec les adversaires de Mulla Husayn. Un autre prêtre notoire, Haji Muhammad-Ibrahim-i-Kalbasi, fit de même et admonesta sévèrement ceux qui s'opposaient à Mulla Husayn pour cesser leur clameur et enquêter de manière dépassionné tout ce qu'il recommandait. Le gouverneur, Manuchihr Khan, le Mu-tamidu'd-Dawlih, déclina de manière semblable de se soucier de leurs critiques.

La première personne à Ispahan à embrasser la nouvelle foi était un jeune tamiseur de froment. Le Bab immortalise sa mémoire dans le Bayan Persan (88) :

"Ispahan, cette ville remarquable, est renommée pour la ferveur religieuse de ses habitants shi'ahs, pour le savoir de leur clergé et pour le fait que ses habitants, aussi bien les grands que les humbles, attendent avec impatience la venue imminente du Sahibu'z-Zaman. (89) Dans tous les quartiers de cette ville, des institutions religieuses ont été fondées. Et, malgré cela, lorsque le messager de Dieu fut rendu manifeste, ceux qui se prétendaient les dépositaires du savoir et les interprètes des mystères de la foi de Dieu rejetèrent son message. De tous les habitants de ce foyer de savoir, il n'y eût qu'un homme, un tamiseur de froment, pour reconnaître la Vérité et être revêtu de la robe de vertu divine ". (90)

D'autres finalement suivirent l'exemple de ce jeune (91). Parmi eux Mirza Muhammad-Aliy-i-Nahri et son frère, Mirza Hadi, qui étaient siyyids et grandement reespectés. Mulla Sadiq-i-Muqaddas-i-Khurasani fut un autre converti. Siyyid Kazim avait dit à Mulla Sadiq d'établir sa résidence à Ispahan et préparer le chemin pour la vennue du Qa'im. Cet homme d'un courage de fer (que nous allons rencontrer à nouveau au cours de cette histoire) rencontra Mulla Husayn dans la maison de Mirza Muhammad-Aliy-i-Nahri. Mulla Sadiq raconte lui-même :

"Je demandai à Mulla Husayn de divulguer le nom de celui qui se prétendait la Manifestation promise. Il me répondit ainsi : "Se renseigner sur ce nom et divulguer celui-ci sont toutes deux, choses interdites". Me serait-il possible, demandai-je, de chercher indépendamment, comme les Lettres du Vivant, la grâce du Très-Miséricordieux et, par la prière, de découvrir son identité".
La porte de sa grâce, répondit-il, n'est jamais fermée à la face de celui qui cherche à le découvrir". Je pris aussitôt congé de lui et je demandai à son hôte de me permettre d'occuper une chambre privée dans sa maison où je pourrais, seul et tranquille, communier avec Dieu. Au milieu de ma contemplation, je me rappelai soudain la face d'un jeune homme que j'avais souvent observé lors de mon séjour à Karbila, debout dans une attitude de prière, la face baignée de larmes, à l'entrée du tombeau de l'Imam Husayn. Cette image réapparut alors devant mes yeux. Dans ma vision, je semblais contempler ce même visage, ces mêmes traits exprimant une telle joie que je ne pourrais jamais la décrire. Il souriait tout en me regardant. J'allai vers lui, prêt à me jeter à ses pieds. Je m'inclinais vers le sol lorsque, soudain, cette radieuse figure disparut de ma vision.
Comblé de joie et de bonheur, je courus au dehors pour rencontrer Mulla Husayn, qui me reçut dans un transport de joie et m'assura que j'avais enfin atteint l'objet de mon désir. Il me pria cependant de réprimer mes sentiments. "Ne révélez votre vision à personne, me recommanda t-il, le temps n'en est pas encore venu. Vous avez récolté le fruit de votre patiente attente à Ispahan. Vous devez à présent vous rendre à Kirman pour mettre Haji Mirza Karim Khan au courant de ce message (92). De là, vous devrez partir pour Chiraz et vous efforcer de tirer les habitants de cette ville de leur sommeil de négligence. J'espère vous rejoindre à Chiraz et partager avec vous les bénédictions d'une joyeuse réunion avec notre Bien-Aimé". (93)

A Kashan, Mulla Husayn trouva un coeur qui réagit bien et désireux dans un marchand bien connu de cette ville, nommé Haji Mirza Jani. (94) Il figure aussi bien en vue dans l'histoire du Bab. La prochaine étape dans le voyage de Mulla Husayn fut la ville de Qum, où le tombeau de Ma'sumih, la soeur de l'Imam Rida, le 8ème Imam, est situé. Il ne trouva aucune attentive à Qum. Puis arriva l'étape cruciale de son voyage, lorsqu'il entra dans la ville capitale de l'Iran, car là-bas git le "Mystère" que la Bab avait cité.

A Téhéran Mulla Husayn prit une chambre dans une institution théologique appelée la madrisih (école) de Mirza Salih, avec comme alternative la madrisih de Paminar. (95) Le directeur de l'institution, Haji Mirza Muhammad-i-Khurasani, était le principal shaykh dans la capitale. Il refusa non seulement de faire attention à ce que Mulla Husayn communiquait, mais il lui fit des remontrances sévères et l'accusa d'avoir trahi la confiance de Siyyid Kazim. Haji Mirza Muhammad rendit clair que dans sa vision, la présence de Mulla Husayn à Téhéran posait une menace à la communauté shaykhie. Mulla Husayn répondit qu'il n'avait pas l'intention de rester longtemps à Téhéran, ni il n'allait faire ou dire quoi que ce soit qui diminue la position des fondateurs de l'école shaykhie.

Autant qu'il put, Mulla Husayn se tint écarté de la madrisih de Mirza Salih. Il sortait tôt le matin et retournait après le coucher du soleil. Mulla Muhammad-i-Mu'allim, (96) natif de la région de Nur dans le Mazindaran, a décrit comment Mulla Husayn accomplissait sa mission :

"En ce temps-là, je vivais dans la même école que Haji Mirza Muhammad et l'on me considérait comme l'un de ses disciples favoris. Ma chambre touchait la sienne et nous entretenions des relations très amicales. Le jour où il était occupé à discuter avec Mulla Husayn, je surpris leur conversation du début jusqu'à la fin, et je fus profondément touché par l'ardeur, la facilité de parole et le savoir de ce jeune étranger.
Je fus surpris des réponses évasives, de l'arrogance et du comportement dédaigneux de Haji Mirza Muhammad. Ce jour-là, je me sentis fortement attiré par le charme de ce jeune homme et profondément irrité par la conduite indécente de mon maître envers lui. Je dissimulai mes sentiments et prétendis ignorer ses discussions avec Mulla Husayn. Je fus pris par un désir passionné de rencontrer ce dernier et me hasardai à aller lui rendre visite vers minuit.
Il ne m'attendait pas, mais je frappai à sa porte et le trouvai éveillé, assis près de sa lampe. Il me reçut affectueusement et me parla avec une courtoisie et une tendresse extrêmes. Je m'allégeai le coeur et, pendant que je lui parlais, des larmes que je ne pouvais retenir, coulaient de mes yeux.
"Je puis voir à présent, dit-il, la raison pour laquelle j'ai choisi de demeurer ici. Votre maître a rejeté avec dédain ce message et a méprisé son auteur. Mon espoir est que son élève puisse, contrairement à son maître, reconnaître la vérité. Comment vous appelez-vous et dans quelle ville résidez-vous?"
"Je m'appelle Mulla Muhammad, répondis-je, et mon nom de famille est Mu'allim. Ma maison se trouve à Nur dans la province de Mazindaran."
"Dites moi, demanda-t-il, y a-t-il de nos jours parmi la famille de feu Mirza Buzurg-i-Nuri, qui était si connu pour son caractère, son charme, ses talents artistiques et intellectuels, quelqu'un qui se soit montré capable de préserver les hautes traditions de cette illustre maison?
- Oui, répondis-je, parmi ses fils encore en vie, l'un s'est distingué par les mêmes traits qui caractérisaient son père. Par sa vie vertueuse, ses grandes connaissances, sa bonté et sa libéralité, il s'est montre le noble descendant d'un noble père.
- Quelles sont ses occupations? me demanda-t-il.
- Il réconforte les inconsolables et nourrit les affamés, répondis-je.
- Que savez-vous de son rang et de sa position?
- Il n'en a pas, dis-je, si ce n'est qu'il secourt les pauvres et les étrangers.
- Comment s'appelle-t-il?
- Husayn 'Ali.
- Dans laquelle des écritures de son père excelle-t-il? (97)
- Son écriture favorite est le shikastih-nasta'liq.
- A quoi occupe-t-il son temps?
- Il se promène à travers bois et se complaît à admirer les beautés de la campagne.
- Quel âge a-t-il?
- Vingt-huit ans."
La curiosité avec laquelle Mulla Husayn m'interrogeait et le sentiment de plaisir qu'il ressentait à entendre chaque détail que je lui donnais, me surprit grandement.
Se tournant vers moi, avec un visage rayonnant de joie et de satisfaction, il s'enquit une fois de plus:
"Je présume que vous le rencontrez souvent?
- Je me rends fréquemment chez lui, répondis-je.
- Voulez-vous, dit-il, lui remettre, en mains propres, un dépôt de ma part?
- Très certainement, répondis-je.
Il me donna alors un parchemin enveloppé dans une pièce de toile et me demanda de le lui remettre le lendemain à l'aube.
"S'il daignait me répondre, ajouta-t-il, auriez-vous l'amabilité de me faire connaître sa réponse?" Je pris le parchemin et, au lever du jour, me levai pour exaucer son désir.
"Comme j'approchais de la maison de Baha'u'llah, je reconnus son frère Mirza Musa qui se tenait à la porte et à qui je fis savoir l'objet de ma visite. Il entra dans la maison et réapparut peu après portant un message de bienvenue. On m'introduisit auprès de Baha'u'llah ; je présentai le rouleau à Mirza Musa, qui le déposa devant Baha'u'llah.
Celui-ci nous pria de nous asseoir. Dépliant le rouleau, il jeta un coup d'oeil sur son contenu et commença à nous lire à haute voix certains de ses passages. Je restai assis, ravi par le son de sa voix douce et mélodieuse. Il avait lu une page du rouleau lorsque, se tournant vers son frère, il dit: "Musa, qu'en dis-tu? En vérité je le dis, celui qui croit au Qur'an, reconnaît son caractère divin, et malgré cela hésite, ne fût-ce qu'un instant, à admettre que ces paroles émouvantes sont dotées du même pouvoir régénérateur, s'est assurément trompé dans son jugement et a dévié loin du sentier de justice." Puis il se tut.
En me congédiant, il me chargea de rapporter à Mulla Husayn, comme cadeau de sa part, un pain de sucre russe et un paquet de thé, (4.10) et il me pria de lui transmettre l'expression de son amour et de sa reconnaissance.
"Je me levai et, rempli de joie, me hâtai de retourner auprès de Mulla Husayn pour lui remettre le cadeau et le message de Baha'u'llah. Avec quelle joie et quelle exultation les reçut-il de ma main! Les paroles me manquent pour décrire l'intensité de son émotion.
Il se mit debout, reçut, tête baissée, le cadeau et l'embrassa avec ferveur. Il me prit alors dans ses bras, me baisa les yeux et dit: "Ami chèrement aimé! Je prie pour que, de même que vous m avez réjoui le coeur, de même Dieu vous fasse don d'une éternelle félicité et vous inonde le coeur d'un bonheur impérissable."
Je fus stupéfié par la conduite de Mulla Husayn. Quelle pouvait être, pensai-je en moi même, la nature du lien qui unissait ces deux âmes? Qu'est-ce qui pouvait avoir suscité en leurs coeurs une aussi ardente amitié? Pourquoi Mulla Husayn, aux yeux de qui la pompe et l'apparat de la royauté n'étaient que pure futilité, devait-il manifester un tel bonheur à la vue d'un cadeau aussi insignifiant de la part de Baha'u'llah? Cette pensée m'intriguait et je ne pouvais en découvrir le mystère.
"Quelques jours plus tard, Mulla Husayn partit pour le Khurasan. Au moment de notre séparation, il dit: "Ne soufflez mot à personne de ce que vous avez entendu et vu. Faites que ceci reste un secret caché en votre sein. Ne divulguez pas son nom, car ceux qui envient sa position se lèveraient alors pour lui nuire. Dans vos moments de méditation, priez le Tout-Puissant de le protéger afin que, par lui, il puisse exalter les opprimés, enrichir les pauvres et racheter les pécheurs. Le secret des choses reste caché à nos yeux. Il est de notre devoir de lancer l'appel du nouveau jour et de proclamer ce divin message à tous les hommes. Bien des âmes dans cette ville verseront leur sang sur ce sentier. Ce sang irriguera l'Arbre de Dieu, lui permettra de fleurir et d'abriter sous son ombre l'humanité tout entière." (98)

De Mashhad, la ville sainte qui à en son sein le tombeau du 8ème Imam, Mulla Husayn adressa sa première lettre au Bab. Il donna, comme ordonné par lui, les complets détails de son voyage de Chiraz au Khurasan. Il présenta la liste des noms de ceux qui avaient répondu à l'appel de la nouvelle théophanie : une liste qui était devenue plus enrichie dans le Khurasan par l'enrôlement de Mirza Ahmad-i-Azghandi, le plus érudit des prêtres de cette province renommée; Mulla Mirza Muhammad-i-Furughi, un autre prêtre d'un immense savoir; Mirza Muhammad-Baqir-i-Qa'ini, dont la maison à Mashhad allait gagner la distinction d'être connue comme la Babiyyih, depuis que ses portes seraient toujours ouvertes à ceux qui recherchaient Mulla Husayn et à tous les babis; Mulla Ahmad-i-Mu'allim, qui avait été tuteur des fils de Siyyid Kazim; et Mulla Shaykh Ali à qui le Bab donna le titre de "Azim" (Grand) mais par dessus tout, Mulla Husayn raconta ce qui avait transpiré à Téhéran, culminant dans la gracieuse réponse d'un noble de Nur. Il envoya sa lettre, de nouveau ordonné par le Bab, à tabas (une ville dans la province du Khurasan) où des agents de Haji Mirza Siyyid Ali la reçue et l'expédia à Yazd, d'où elle atteint Chiraz. L'arrivée de la lettre de Mulla Husayn et les joyeuses nouvelles qu'elle amena apporta une joie sans limite au Bab. Peu après, au mois de septembre, il quitta Chiraz, accompagné de Quddus, et le fidèle serviteur éthiopien, Mubarak.

De Bushihr, tandis qu'il attendait de prendre le bateau pour Jiddah (Jaddah), le Bab écrivit sa première lettre à sa femme. (99) (100) Elle s'ouvre avec ces mots émouvants :

"Au nom de Dieu, exalté soit-Il. Mon doux amour, puisse Dieu le préserver. "Dieu est mon témoin", continua t-il, "que depuis le temps de la séparation, la tristesse avait été si intense qu'elle ne peut être décrite", et ajoute son espoir que Dieu "le Seigneur du monde" puisse faciliter le voyage de retour de la meilleur manière". Deux jours auparavant, il avait atteint Bushihr et informe sa femme que "le temps est excessivement chaud, mais Dieu, le Seigneur du monde, est le Protecteur". "Le bateau, semblait-il, voyagerait le même mois; Dieu, le Seigneur du monde, fournira la protection par sa Grâce". Il n'avait pas été en mesure de voir sa mère au moment de son départ, et demande à sa femme de lui donner ses salutations (salam) et de demander des prières. Il écrirait de Bombay pour les biens requis. Et la lettre finit ainsi : "Dieu veuille que ce qui est décrété vienne à passer. Paix soit sur vous et la miséricorde de Dieu et de ses bénédictions".

Le bateau, amenant les pèlerins à Jiddah, arriva le 19 jour de Ramadan 1260 – 2 octobre 1844. (101)


Chapitre 4: Le premier martyr

"Le monde tourne et le monde change,
Mais une chose ne change pas.
De tous mes yeux, une chose ne change pas.
Cependant vous la distinguez, cette chose ne change pas :
le combat perpétuel du bien et du mal". (102)
- T. S. Eliot

Lady Sheil, dont le mari était l'envoyé britannique à Téhéran (103), déclare dans son livre Glimpses of Life and Manners in Persia que le Bab déclara sa mission à Kazimayn, près de Bagdad et que "encensé de ce blasphème, les autorités turques publièrent des ordres pour son exécution, mais il fut revendiqué par le consul persan comme sujet du Shah et envoyé à son endroit natal. (104) Manifestement Lady Sheil était désorientée. Elle avait entendu parler de l'arrestation de Mulla Aliy-i-Bastami en Iraq et de son emprisonnement. Elle le prit pour le Bab.

Mulla Ali, comme nous avons vu, fut dirigé en Iraq par le Bab, et emporta avec lui une copie du Qayyumu'l-Asma, le commentaire sur la surih de Joseph. Les nouvelles et le message qu'il donna leva un intérêt passionné et une réponse rapide de ses auditeurs. Mais une réaction hostile fut aussi rapide. Ce fut Mulla Ali qui, à Karbila, informa Qurratu'l-Ayn de l'avènement du Bab. Il n'était pas en liberté pour citer son nom. Nous ne savons pas si, en prévision du fait que Qurratu'l-Ayn avait été élevée à la position haute et honorée d'une Lettre du Vivant, Mulla Ali lui donna quelque information autre que les joyeuses nouvelles de l'apparition du Bab. Les élèves de Siyyid Kazim étaient dans une position beaucoup plus forte là-bas qu'à Najaf, en dépit du fait qu'à Karbila ils avaient un adversaire redoutable en la personne de Siyyid Ibrahim-i-Qazvini. Là-bas à Karbila, Mulla Ali resta sain et sauf. Mais l'histoire fut différente à Najaf. Nabil-i-Azim écrit :

"En présence de Shaykh Muhammad Hasan, l'un des membres éminents du clergé de l'islam shi'ah, et devant une assemblée distinguée de ses disciples, Mulla 'Ali annonça avec intrépidité la manifestation du Bab, la Porte dont ils attendaient impatiemment la venue. "Sa preuve, déclara-t-il, est sa parole; son témoignage n'est autre que celui à l'aide duquel l'islam cherche à justifier sa vérité. De la plume de ce jeune Hashimi de Perse, qui n'a point fréquenté l'école, a jailli, en l'espace de quarante-huit heures, un nombre de versets, de prières, d'homélies et de traités scientifiques dont le volume total équivaudrait à celui de tout le Qur'an, que Muhammad, le prophète de Dieu, mit vingt-trois ans à révéler!"
Ce chef, fier et fanatique, au lieu d'accueillir favorablement, en une époque où dominaient l'obscurité et le préjugé, ces preuves vivifiantes d'une révélation nouvelle, déclara aussitôt Mulla 'Ali hérétique et l'expulsa de l'assemblée. Ses disciples et ses compagnons, même les shaykhis, qui avaient déjà témoigné de la piété, de la sincérité et du savoir de Mulla 'Ali, approuvèrent, sans la moindre hésitation, le jugement rendu contre lui. Prêtant main forte à leurs adversaires, les disciples de Shaykh Muhammad-Hasan accablèrent Mulla 'Ali d'indignités indicibles.
Ils le livrèrent finalement, les mains liées par des chaînes, à un fonctionnaire du gouvernement ottoman, le traitant d'hérétique, de calomniateur du Prophète, d'instigateur de désordre, de honte pour la foi, et d'homme digne de la peine de mort. On l'emmena à Baghdad sous l'escorte de fonctionnaires, et le gouverneur de cette ville le fit jeter en prison. (105)

Aqa Muhammad-Mustafay-i-Baghdad (106) dans une courte autobiographie qu'il écrivit sur la demande de Mirza Abu'l-Fadl, décrit l'arrivée de Mulla Ali en Iraq et les événements qui s'ensuivirent :

"Le messager Mulla Ali al-Bastami (107) parvint à Kufih dans l'année a.h. 1260 [a.d. 1844] et distribua des livres, des traités et des tablettes parmi les prêtres. Du à cela, un corps de prêtres à Najaf et à Karbila furent capturés avec consternation. Ils se levèrent en opposition et excitèrent eux-mêmes à une dénonciation vociférante. Le gouvernement, entendant ce qui avait transpiré, devint inquiet de peur que les désordres puissent suivre, et estima diplomatique d'emprisonner le messager, de confisquer les livres et les tablettes en sa possession et de le envoyer au siège de la province qui est Bagdad. Le vali, à cette époque, était Najib Pasha, le même homme qui captura Karbila... (108)

Lorsque le messager atteignit Bagdad, le vali le garda en prison et plaça les livres et les traités dans la chambre du conseil. Mon père, Shaykh Muhammad, visita le messager chaque jour en prison, et entendit le Verbe de Dieu de lui pendant trois mois. Tout ce qu'il entendait, il le communiquait à ceux qui étaient chercheurs afin que durant cette courte période, un grand nombre de personnes en viennent à croire. Shaykh Bashir un najafi était l'un d'eux, un mujtahid de 75 ans. Puis là-bas il y avaient Shaykh Sultan al-Karbila et un groupe avec lui à Karbila; Siyyid Muhammad-Ja'far, Siyyid Hasan Ja'far, et Siyyid Ali Bishr et un groupe avec lui dans la ville de Kazimayn; Shaykh Muhammad Shibl [le père de l'auteur], Siyyid Muhsin al-Kazimi, Shaykh Salib al-Karimi et un groupe avec eux de villageois comme Shaykh Abbas, Mulla Mahmud, Abdu'l-Hadi et Mihdi.

Lorsque le gouvernement remarqua que la Cause était en train de gagner du terrain jour après jour, le précité vali, Najib Pasha, ordonna aux prêtres de toutes les régions de venir à Bagdad... (109) Ils convoquèrent mon père, Shaykh Muhammad de se présenter lui-même. Mais mon père quitta Bagdad en déguisement, car il avait apprit que le vali avait l'intention de lui faire porter témoignage contre la Cause du Jour du Jugement. ILs amenèrent le messager à cette terrible assemblée et lui demandèrent qui était le Seigneur de la Cause. Il répondit : "l'Esprit attendu de la Vérité est venu. Il est Celui promis dans les livres de Dieu". Puis il leur lit certains versets et prières et les appela à croire. Cela allait dur avec eux pour qu'ils acceptent la Cause. Ils se levèrent pour renier et la rejeter, rempli de hautaineté. ILs se mirent d'accord pour dénoncer le messager comme hérétique et passèrent la sentence de mort sur lui et ainsi finit cette réunion de mauvaise augure. Le vali envoya le récit de cette séance à la Sublime Porte, d'où des ordres vinrent que le messager puisse être envoyé enchaîné, avec tous ses livres, dans la capitale. Le messager languit pendant 6 mois dans la prison de Bagdad et fut ensuite expédié vers la Sublime Porte sous escorte par le chemin de Mosul. La célébrité de la Cause faisait du bruit à l'étranger dans Mosul et lorsqu'il passa Mosul, rien ne fut plus entendu de lui". (110)

Les circonstances de l'arrestation de Mulla Ali furent également notées par le Major Henry Rawlinson (111) alors agent britannique à Bagdad qui, le 8 janvier 1845 rapporta à Sir Stratford Canning, l'ambassadeur à Istanbul :

"J’ai l’honneur de rapporter pour l’information de Vôtre excellence les circonstances suivantes qui à présent causent beaucoup d’excitation à cet endroit, et qui menacent dans leurs conséquences de donner une augmentation de l’incompréhension renouvelée entre les gouvernements persan et turc.

Il y a trois mois, un prêtre subalterne de Chiraz apparut à Kerbela, porteur d’une copie du Coran, qu’il déclara lui avoir été délivré par le précurseur de l’Imam Mehdi en témoignage de son avènement prochain. Le livre se révéla, après examen, avoir été altéré et interpolé dans nombre de passages essentiels, l’objet étant de préparer le monde musulman pour la manifestation immédiate de l’Imam, et d’identifier l’individu de qui les corrections se déclarent avoir été révélées en tant que son vrai précurseur inspiré. Il a été en conséquence prononcé par une partie des religieux shiite de Nejef et Kerbila d’être une production blasphématoire, et le prêtre de Chiraz fut averti par eux du danger qu’il encourait en donnant cours à ses contenus - mais une partie néanmoins considérable des Chiites de Nejef, qui sont le nom d’Usulis ou "Transcendalistes", s’étaient levés plus tard par intérêt en tant que disciples du grand prêtre Sheikh Kazem, et qui dans l’espoir avoué de l’avènement rapide de l’Imam, adoptaient les lectures proposées, et se déclaraient eux-mêmes prêts à rejoindre le Précurseur, dès qu’il apparaîtra parmi eux.
Ces groupes dues à des dissensions locales furent dénoncés après coup au gouvernement par les shiites orthodoxes en tant qu’hérétiques, et l’attention étant ainsi porté à la copie pervertie du Coran, sur lequel reposait leur foi, le volume fut pris et son porteur étant amené à Bagdad, fût jeté en prison en tant que blasphémateur contre l’Islam et comme un perturbateur de la paix publique". (112) (113)

Mulla Ali fut le premier martyr de la foi babie. Bien que son arrestation et ses souffrances durèrent seulement quelques mois, il fut le centre de conjecture, le sujet de rapports officiels et la cause de la rancoeur croissante entre les sectes sunnites et shi'ahs et les gouvernements ottomans et iraniens. Les fonctionnaires européens qui furent entraînés dans ce drame obscur comprenaient le Major Rawlinson, qui soumis fréquemment de longs rapports à Sir Stratford Canning à Istanbul et le Lieutenant-Colonel Sheil à Téhéran, et reçut leurs conseils et leurs instructions; Monsieur de Titow, l'envoyé russe à Istanbul qui rejoignit Canning en conseillant la Sublime Porte d'empêcher Najib Pasha de mettre "le prêtre persan" à mort, et à la place de lui infliger seulement " la punition la plus douce en logique avec la tranquillité publique"; et Lord Aberdeen, le secrétaire des Affaires Etrangères britannique à Londres, qui eût connaissance du résultat final.

Bien que les dépêches du Major Rawlinson sont sur certains aspects sujets à de sérieuses réserves, car sa connaissance était parfois maigre et d'un autre côté, même inexactes, elles font le portrait de l'agitation, de la confusion et de l'opposition créée par la revendication du Bab et l'enseignement de Mulla Ali. Ainsi il écrit à Canning :

"Le clergé sunnite a fait monter le cas dans un esprit rancunier, de bigoterie, et leur incurabilité a recruté les sympathies de la secte shiite entière en faveur du persan emprisonné; la question est maintenant devenue celle d’une contestation virulente entre les sectes sunnite et shiite, ou quelle est la meilleure chose de cette partie de l’empire ottoman entre la population turque et persane... (114)

Ce fut le gouverneur (vali) de Bagdad, Najib Pasha, qui portait la responsabilité de controler ces passions; mais étant lui-même un sunnite fanatique, il était résolu ce que les shi'ahs se soumettraient à l'autorité sunnite, et déterminé à exclure toute intrusion des persans dans les affaires de son pachalik. (115) Néanmoins, comme rapporté par Rawlinson :

"Dans le même temps, Najib Pasha, pour donner tout fait formel à ses actes, et pour revêtir l’affaire de l’apparence d’une simple persécution sectaire, avait amené les prêtres principaux de Nejef et de Kerbela, pour tenir une Cour d’inquisition solennelle en relation avec les chefs de la religion sunnite à Bagdad, mais je n’anticipe pas beaucoup de bénéfice de cet ordre et plus d’assistance involontaire des différentes parties. Ils feront probablement un effort pour sauver la vie de leur infortuné compatriote, proposant le bannissement du messager et du chef de la secte Usuli, comme la méthode la plus simple de supprimer l’hérésie, mais ils seront intimidés et rejetés... (116)

En fait, une telle Cour difficile à manier de prêtres sunnites et shi'ahs en arriva à aucun accord au sujet de la punition de Mulla Ali. Le 16 janvier 1845, Rawlinson écrit à Sheil à Téhéran :

"La Cour d’Inquisition réunit pour le jugement du prêtre persan s’est tenue lundi dernier, présidé par Son Excellence Nejib Pasha, et Mulla Abdu’l Aziz étant aussi présent de permettre son visage d’être accusé. La copie pervertie du Coran, produit à la Cour, fût à l’unanimité condamnée comme une production blasphématoire, et les parties avouant une croyance dans les lectures, s’il est continuait, serait déclaré punissable de mort. Puis il fût discuté que oui ou non le Chirazi avait ainsi avoué sa croyance dans une production blasphématoire - il répudiait lui-même distinctement la charge, et bien que les témoins s’avançèrent qui déclarèrent qu’il avait en leur présence déclaré son adoption du texte fallacieux dont il était le porteur, pourtant encore il y avait raison de suspecter la fidélité de leur évidence, les prêtres shiites étaient disposés à lui donner le bénéfice de son désaveu actuel. Après beaucoup de discussion, les officiers de la loi sunnite adjugèrent le coupable d’être convaincu de blasphème et passèrent la sentence de mort sur lui selon, tandis que les shiites retournaient un verdict en disant qu’il était seulement coupable de la dissémination de blasphème, et sujet par conséquent à aucune punition trop lourde que l’emprisonnement ou le bannissement...

A cela Rawlinson ajouta :

"Je comprends qu'une inquiétude considérable est en train de commencer à s'afficher elle-même à Karbila et à Najaf en regard de la manifestation espérée de l'Imam, et j'appréhende que les mesures maintenant en marche augmenteront plutôt qu'elles apaiseront l'excitation". (117) (118)

L'intervention personnelle de Najib Pasha avait servi aussi à influencer le cours des événements d'une autre manière. En rapportant l'affaire à la Sublime Porte, il empêcha l'extradition du prisonnier persan dans sa terre natale, comme demandé par le Premier Ministre iranien, Haji Mirza Aqasi.

Une demande similaire pour le transfert de Mulla Ali vers la juridiction persane fut faite au Major Rawlinson par le gouverneur de Kirmanshah, Muhibb-Ali Khan, car, comme il écrit :

"Tout d’abord, il est impropre d’arrêter et d’emprisonner quiconque sur une simple accusation, qu’elle soit vraie ou fausse, - et deuxièmement, en supposant qu’il (le Chirazi) soit coupable; en tant que sujet du gouvernement exalté de Perse, il ne dois pas être sujet à l’arrestation - si son crime se révèle avéré, sa punition devra être celle d’ un bannissement du territoire turc.
J’ai par conséquent considéré nécessaire de présenter cette affaire à vous, mon ami, et de demander que, comme un plus grand souhait de la préservation de l ’amitié entre les deux gouvernements, Vous communiquerez avec Son Excellence Nejib Pasha sur le sujet, et lui suggérerez, que si la culpabilité du persan doit être pleinement fournie, il doit être envoyé à Kermanshah dans le but que je puisse le transférer à Tihran pour la punition - et si d’un autre côté, les accusations contre lui se révèlent être malicieuses et sans fondement, il pourrait être alors libéré et remis en liberté.
Sous toutes circonstances, son emprisonnement continuel est inconvenant et contraire (à la coutume)." (119)

Cette demande fut soumise dûment par Rawlinson à Najib Pasha mais, comme le gouverneur avait déjà référé la chose à la Sublime Porte après l'examen de la cour religieuse, le prisonnier resta sous bonne garde turque.

Ce fut le 15 avril que Rawlinson rapporta à Canning que "Najib Pasha reçut des ordres par le courrier d'hier de transmettre à Constantinople le prêtre persan qui avait été en prison pendant les 3 derniers mois à Bagdad... Son Excellence, est prête à obéir à ces instructions avec toute dépêche disponible". Il dit aussi dans la même lettre :

"[le] plus le fait que ces mujtahids (120) sont dégradés par le gouvernement turc, le plus complet, je pense, sera leur ascendance sur les esprits de leurs disciples et le seul résultat par conséquent, qui sont probables d'assister à l'interdiction de leurs devoirs publics, sont l'isolation la plus complète de la communauté persane de cette province, et une augmentation de la rancoeur ressenti avec ce que les sunnites dominant est regardé". (121)

Le dernier jour d'avril, Rawlinson écrit une fois de plus à Canning :

"J'ai pris l'opportunité de rapporter que le prêtre persan de Chiraz si longtemps détenu en prison à cet endroit, fut envoyé comme prisonnier à Constantinople en compagnie d'un Tartare (122) qui expédia le dernier courrier de Bagdad". (123)

Pendant ce temps, aussi tôt que début février, le Major Rawlinson en vint à une conclusion erronée au sujet du Bab, que les événements suivants démentent. Il écrivit à Canning le 18 :

"L’excitation religieuse qui a prévalut pendant quelques temps parmi les Shiites de ce quartier a commencé progressivement à se calmer, l’imposteur qui personnifie le caractère du précurseur de l’Imam Mehdi, et qui était attendu se déclarer lui-même à Kerbila durant l’actuel mois de son retour de La Mecque, ayant été empêché par un sentiment de danger personnel d’essayer toute agitation supplémentaire, qu'il alla à pied à Kerbila en automne sur son passage de la Perse à La Mecque". (124)

Il fait aussi une erreur en déclarant à Sheil, dix jours plus tard, que "l'imposteur... se joignit comme un individu privé à la caravane de pèlerins qui était en train de voyager en perse par la route de Damas et d'Alep". (125)

En considérant cet épisode de l'arrestation, de l'emprisonnement et du bannissement du premier martyr babi, il y a 4 aspects qui méritent une note spéciale. Tout d'abord le fait que pendant que les babis à Chiraz étaient en train d'être punis par Husayn Khan, le gouverneur de la province du Fars, le gouvernement persan était en train d'essayer de secourir Mulla Ali à Bagdad. Deuxièmement, dès lors que les prêtres shi'ahs étaient en train de demander une punition légère, les sunnites étaient en train de réclamer la peine de mort. Un troisième point, importants aux élèves de la foi baha'ie, est que dès les premières étapes de son histoire, les rumeurs et la désinformation au sujet du Bab abondèrent. C'est aussi d'un intérêt considérable que cet épisode fut rapporté à Lord Aberdeen, le secrétaire des Affaires Etrangères britannique à Londres.

Comme pour Mulla Ali, ce qui s'était réellement passé, comment et où il mourut et où il fur enterré, sont tous restés des mystères. Il a été dit qu'il mourut dans la prison de Karkuk, mais aucune preuve définitive n'existe. Il fut le premier du concours des martyrs dont le nombre allaient bientôt grossir par milliers et par millions.


Chapitre 5: Pèlerinage à La Mecque et la maison de la Ka'bah

"Ne te vante pas toi-même, o toi qui amène les pèlerins sur leur chemin, ce que vous voyez est la Maison, et ce que je vois est le Seigneur de cette Maison".
- Hafiz (126)

Le Bab embarqua pour Jiddah, probablement sur un vapeur arabe nommé Futuh-ar-Rasul - victoires du messager. Si c'est ainsi, Il avait comme passager l'oncle maternel de Muhammed Shah, Muhammad-baqir Khan, le Biglarbag (127) de Téhéran, qui était assisté par Shukru'llah Khan-i-Nuri, un fonctionnaire important de la province du Fars. Nous savons pour certain que 2 de ses concitoyens sur le bateau étaient Haji Abu'l-Hasan qui poursuivit le même commerce que le père du Bab, et Shaykh Abu-Hashim, le frère de Shaykh Abu-Turab, l'Imam-Jumih de Chiraz. Ce dernier fut captivé par le charme et le port sublime de son compatriote, le jeune siyyid duquel il était inconscient de sa revendication, et il lui donna l'allégeance sans la plus petite hésitation lorsqu'il apprit sa revendication. Shaykh Abu-Hashim, cependant, était déjà jaloux du respect imposé par le Bab et devint son ennemi implacable, même bien que son frère, l'Imam-Jumih, servit les intérêts du Bab du mieux de sa capacité. (128)

Haji Abu'l-Hasan a raconté (129) que durant le voyage, Shaykh Abu-Hashim devenait chaque jour plus arrogant et querelleur, molestant les passagers et faisant du jeune siyyid une cible particulière pour ses invectives. Lorsque le capitaine arabe ne put plus longtemps tolérer son comportement insolent, il ordonna qu'il soit capturé et jeté dans la mer. Selon Haji Abu'l-Hasan, ce fut le Bab qui intervint pour intercéder pour lui. Cependant le capitaine était déterminé à se débarrasser du gênant shaykh. Et lorsque le Bab remarqua que les marins étaient en train de jeter Shaykh Abu-Hashim par dessus bord, il se jeta Lui-Même sur lui, l'attrapa en le tenant et demanda sincèrement au capitaine de pardonner au pêcheur. Le capitaine arabe fut étonné, car c'était le jeune siyyid qui avait souffert le plus de la malice du shaykh. Mais le Bab répondit que, depuis que les personnes qui se comportaient de cette manière se faisaient seulement du mal à eux-mêmes, on se devait d'être tolérant et de pardonner.

Les rites du Hajj (pèlerinage à La Mecque) allaient avoir lieu le 9ème et 10ème jour du mois de Dhi'l-Hijjah, le derneir mois du calendrier lunaire musulman. Le 10 ème jour, le id-al-Adha (la fête des sacrifices) est célébrée à travers le monde musulman. (130) Elle commémore le sacrifice offert par Abraham de son fils. Lorsque le Id-al-Adha tombe un vendredi, le Hajj de cette année se terminait par le Hajj-i-Akbar (le plus grand pèlerinage). Dans l'année 1260, le 10ème de Dhi'l-Hijjah était un vendredi (20 décembre 1844) et par conséquent le nombre de pèlerins était incommensurablement plus grand. Une tradition islamique montre l'apparition du Qa'im dans l'année du Hajj-i-Akbar.

Un autre pèlerin notable en cette année 1260 était un prêtre de haute réputation, Siyyid Ja'far-i-Kashti, dont le fils Siyyid Yahya (plus tard connu comme Vahid) allait devenir l'un des disciples les plus distingués du Bab.

Le voyage pour Jiddah fut long, ennuyeux et fatiguant. La mer était grosse et les tempêtes fréquentes. Un bateau à vapeur arabe ne permettait pas beaucoup de confort. "Pendant des jours, nous souffrîmes de la pénurie d'eau. J'eus à me contenter moi-même de jus de citron doux", écrit le Bab dans le Bayan Persan. (131) Haji Abu'l-Hasan raconte :

"Pendant toute la durée du voyage, soit environ deux mois, affirma-t-il, du jour où nous nous embarquâmes à Bushihr jusqu'à celui où nous débarquâmes à Jaddih, le port du Hijaz, chaque fois que, de nuit ou de jour, j'eus l'occasion de rencontrer soit le Bab, soit Quddus,je les trouvai invariablement ensemble, absorbés tous deux par leur travail. Le Bab semblait dicter, et Quddus était occupé à prendre note de toutes les paroles qui tombaient de ses lèvres. Même au moment où a panique semblait s'être emparée des passagers de ce voilier ballotté par la tempête, on les voyait poursuivre leurs travaux avec une confiance et un calme imperturbables. Ni la violence des éléments, ni le tumulte des gens qui les entouraient ne pouvaient troubler la sérénité de leur expression, ni les détourner de leur but." (132)

A Jiddah, le Bab et ses compagnons mirent l'Ihram, (133) le vêtement du pèlerin. Ils voyagèrent à La Mecque sur un chameau, mais Quddus ne voulait pas monter et marcha tout le temps, marchant de pair avec lui. Le 10ème jour de Dhi'l-Hijjah, le Bab offrit le sacrifice prescrit. La viande du 19ème agneau qu'il acheta fut entièrement donnée aux pauvres et aux nécessiteux du voisinage; 9 des animaux furent sacrifiés de son propre chef, 7 de la part de Quddus et 3 de Mubarak. (134)

Haji Mirza Habibu'llah-i-Afnan, citant Haji Abu'l-Hasan, raconte dans sa chronique qu'après la fin des rites du Hajj, à une époque où la Cour de la maison de Ka'bah et les toits des maisons avoisinantes grouillaient de pèlerins, le Bab se trouvait contre la structure de la Ka'bah, se tint à la périphérie de sa porte et répéta 3 fois dans une voix claire :

"Je suis le Qa'im dont vous avez attendu l'avènement".

Haji Abu'l-Hasan se rappela plusieurs années plus tard qu'un soudain silence tomba sur l'assistance. La complète implication de ces mots très importants doit à ce moment avoir échappé à ce vaste concours de personnes. Mais les nouvelles de la revendication du jeune siyyid se propagèrent bientôt dans un cercle à jamais élargi.

Un jour à La Mecque, le Bab vint face à face avec Mirza Muhammad-Husayni-i-Kirmani, connu comme Muhit. (135) Ils arrivèrent à se rencontrer tout près de la Pierre Noire sacrée (Hajr-al-Aswad). Le Bab prit la main de Muhit, disant :

"O Muhit! Vous vous considérez comme l'une des figures les plus marquantes de la communauté shaykhie et comme un éminent interprète de ses enseignements. Dans votre coeur, vous prétendez même être l'un des successeurs directs et l'un des héritiers légitimes de ces deux grandes Lumières, ces Etoiles qui ont annoncé l'aube de la direction divine. Regardez, nous sommes tous deux à présent debout à l'intérieur de ce mausolée très sacré. A l'intérieur de son enceinte sanctifiée, celui dont l'esprit demeure en ce lieu peut immédiatement faire connaître la Vérité, la distinguer de l'erreur, et séparer la droiture de l'égarement. En vérité, je le déclare, personne à part moi en ce jour, ni à l'Est ni à l'Ouest, ne peut prétendre être la Porte qui mène les hommes à la connaissance de Dieu. Ma preuve n'est autre que celle par laquelle la vérité du Prophète a été établie. Demandez-moi tout ce qu'il vous plaît; maintenant, à cet instant même, je m'engage à révéler des versets tels qu'ils pourront démontrer la vérité de ma mission. Vous devez choisir entre la soumission sans réserve à ma cause et le rejet total de celle-ci. Vous n'avez pas d'autre alternative. Si vous décidez de répudier mon message, je n'abandonnerai pas votre main avant que vous ayez donné votre parole de déclarer publiquement votre reniement de la vérité que j'ai proclamée. Ainsi, celui qui dit la vérité sera-t-il connu, et celui qui proclame l'erreur sera-t-il condamné à la misère et à la honte éternelles. Alors la voie de la vérité sera révélée et manifestée à tous les hommes".

Muhit fut pris par surprise et fut submergé. Il répondit au Bab :

"Mon seigneur, mon maître!
Depuis le jour où mes yeux vous ont contemplé à Karbila, il me semble que j'ai enfin trouvé et reconnu celui qui avait été l'objet de ma recherche. Je renonce à quiconque a omis de vous reconnaître et méprise celui dans le coeur duquel réside encore le moindre doute quant à votre pureté et à votre sainteté. Je vous prie de ne pas considérer ma faiblesse et vous supplie de me guider dans la perplexité où je rue trouve. Plût à Dieu que je puisse, en ce lieu même, dans l'enceinte de ce tombeau sacré, jurer ma loyauté envers vous et me lever pour faire triompher votre cause. Si je devais ne pas être sincère dans ma déclaration, si je devais, dans mon coeur, désavouer ce que ma bouche proclame, je me sentirais complètement indigne de la grâce du Prophète de Dieu et considérerais mon acte comme un geste manifeste de déloyauté envers 'Ali, son successeur élu."

Le Bab savait bien combien Muhit était vacillant et répondit :

"En vérité je le dis, la Vérité est désormais connue et distinguée de l'erreur. Ô tombeau du Prophète de Dieu, et toi, ô Quddus, qui avez cru en moi! Je vous prends tous deux, en cette heure, pour mes témoins. Vous avez vu et entendu ce qui vient de se passer entre moi et lui. Je fais appel à vous deux pour en témoigner, et Dieu en vérité, est, au-delà et au-dessus de vous, mon témoin sûr et ultime. Il est celui qui voit tout, qui sait tout, le Très-Sage. Ô Muhit! Exposez tout ce qui trouble votre esprit et, avec l'aide de Dieu, je délierai ma langue et entreprendrai de résoudre vos problèmes afin que vous puissiez témoigner de l'excellence de mon verbe et réaliser que nul, à part moi, n'est capable de manifester ma sagesse". (136)

Muhit présenta ses questions et puis partit de manière précipitée pour Médine. Le Bab, en réponse à eux, révéla la Sahifiy-i-Baynu'l-Haramayn qui, lorsque son nom "L'Epître entre les 2 tombeaux" indique, fut composée sur la route de la ville du prophète (Médine). Muhit, contrairement à sa promesse, ne resta pas longtemps à Médine, mais reçut le traité du Bab. Vers la fin de ses jours, Muhit fut changeant et irrésolu, et la direction de la communauté shaykhie ne vint pas à lui, mais à haji Muhammad-Karim Khan-i-Kirmani.

Le dernier acte du Bab à La Mecque fut d'adresser une tablette au shérif de La Mecque, dans la quelle il proclama son avènement et son mandat divin. Quddus le délivra avec un volume des Ecrits du Bab? Mais le Sharif était préoccupé et ignora la communication remis dans ses mains. Haji Niyaz-i-Baghdadi raconte :

"En l'an 1267 après l'hégire, j'entrepris un pèlerinage en cette ville sainte, où j'eus le privilège da rencontrer le sharaf. Au cours de notre conversation, celui-ci me mit: "Je me souviens qu'en l'an 60, pendant la saison du pèlerinage, un jeune homme vint me rendre visite. Il me présenta un livre cacheté que j'acceptai volontiers mais que je ne pus lire, car j'étais alors trop occupé.
Quelques jours plus tard, je rencontrai à nouveau ce même jeune homme, qui me demanda si j'avais une réponse à donner à son offre. Le poids du travail m'avait de nouveau empêché d'examiner le contenu de ce livre. Je ne pus, en conséquence, lui donner une réponse satisfaisante.
Lorsque la saison du pèlerinage fut terminée, un jour, alors que je triais mes lettres, mon regard tomba par hasard sur ce livre. Je l'ouvris et trouvai, dans ses pages d'introduction, une homélie touchante et superbement écrite, qui était suivie de versets dont le ton et le langage ressemblaient, de manière frappante, à ceux du Qur'an. Tout ce que je déduisis de la lecture du livre, c'est que, d'entre les habitants de la Perse, un homme de la descendance de Fatimih et de la famille de Hashim avait lancé un nouvel appel et annonçait à tous les hommes l'apparition du Qa'im promis. J'ignorais toujours, cependant, le nom de l'auteur de ce livre et les circonstances qui avaient marqué cet appel."
"Une grande agitation, remarquai-je, s'est en effet emparée de ce pays au cours des dernières années. Un jeune homme, descendant du Prophète et commerçant de profession, a prétendu que ses paroles étaient la voix de l'inspiration divine. Il a publiquement affirmé qu'en l'espace de quelques jours, pouvaient jaillir de ses lèvres des versets en si grand nombre et d'une excellence telle qu'ils surpasseraient en volume et en beauté, le Qur'an lui-même, oeuvre à la révélation de laquelle
Muhammad avait mis non moins de vingt-trois ans. Une foule de personnes, des grands comme des humbles, des civils comme des ecclésiastiques, d'entre les habitants de la Perse se sont ralliées autour de son étendard et se sont volontairement sacrifiées sur son sentier. Ce jeune homme, durant l'année écoulée, dans les derniers jours du mois de sha'ban, endura le martyre à Tabriz, dans la province d'Adhirbayjan. Ceux qui le persécutèrent avaient cherché par ce moyen à éteindre la lumière qu'il avait allumée dans ce pays. Depuis son martyre, cependant, son influence s'est étendue à toutes les classes de la société."
Le sharaf, qui écoutait attentivement, exprima son indignation devant le comportement de ceux qui avaient persécuté le Bab. "Que la malédiction de Dieu soit sur ces viles personnes, s'exclama-t-il, qui, dans le passé, traitèrent de la même façon nos saints et illustres ancêtres!" Par ces paroles, le sharaf mit fin à notre entretien." (137)

Le Bab atteignit Médine le premier jour de l'année a.h. 1261 : vendredi 10 janvier 1845. (138) C'était le premier jour de Muharram et le jour de sa naissance. De Médine il continua à Jiddah, où il prit un bateau en direction du port de Bushihr.


Chapitre 6: Les forces d'opposition se réunissent

"Mais l'homme, l'homme fier, revêtu dans une petite et courte autorité, très ignorant de ce qu'il lui assure le plus, son essence vitreuse, comme une colère de grand singe, joue de tels fantastiques tours devant le haut paradis comme que les anges pleurent...
- Shakespeare (139)

Le Times de Londres du mercredi 19 novembre 1845, porta son attention sur des nouvelles sur la troisième page, extraites de la Literary Gazette du dimanche précédant :

Schisme musulman. - Une nouvelle secte s'est récemment installée en Perse, à la tête de laquelle un marchand qui est revenu d'un pèlerinage à La Mecque et qui se proclama lui-même un successeur du prophète. Le moyen qu'ils traitent de telles affaires à Chiraz apparaît dans le récit suivant (23 juin) : - 4 personnes étant entendues, répétant leur profession de foi selon la forme prescrite par l'imposteur, furent appréhendés, mis en procès et trouvés coupables de blasphème impardonnable. Ils furent condamnés à avoir leurs barbes brûlées. La punition fut mise à exécution avec tout le zèle et le tout le fanatisme pour qui devient un vrai croyant en Mahomet. N'estimant pas la perte de leurs barbes une punition suffisante, ils furent ensuite condamnés le jour suivant à avoir leurs visages noircis et exposés à travers la ville. Chacun d'eux fut mené par un mirgazab (140) (bourreau), qui avait fait un trou dans leur nez et avait passé à travers celui-ci une corde, qu'il tirait parfois avec une telle violence que les malheureuses personnes hurlaient alternativement pour la miséricorde du bourreau et pour la vengeance du paradis. C'est la coutume en Perse qu'en de telles occasions, les bourreaux rassemblent de l'argent des spectateurs et en particulier des commerçants du bazar. Le soir lorsque les poches des bourreaux sont remplies d'argent, ils amenèrent les malheureux bougres dans la porte de la ville et là les abandonnèrent. Après quoi les mullas à Chiraz envoyèrent des hommes à Bushihr avec le pouvoir de capturer l'imposteur et de le ramener à Chiraz, où, en étant testé, il renia sagement l'accusation d'apostasie tenue contre lui et ainsi échappa à la punition".

Un trimestriel américain, le Ecclectic Magazine of Foreign Literature, Science and Art (141) dans sa publication de janvier-avril 1846, reproduit le même article de nouvelles qui avait été extrait en entier de la Literary Gazette de Londres. Aussi loin que l'on sache, ce furent les références les plus anciennes à la foi du Bab dans toute publication occidentale. Des marchands britanniques, qui alors se trouvaient être à Chiraz, furent responsables de ce rapport qui, comme nous allons le voir, bien que correct dans ses grandes lignes, n'était pas dénué d'erreur.

Le Bab, de retour de son pèlerinage à La Mecque, arriva à Bushihr quelque part dans le mois de Safar 1261a.h. (février- mars 1845). Là-bas, il se sépara de Quddus, disant :

"Les jours de notre association tirent à leur fin, dit-il. L'heure de la séparation a sonné, une séparation qui ne sera suivie d'aucune réunion si ce n'est dans le royaume de Dieu, en présence du Roi de gloire". (142)

Quddus partit pour Chiraz et emmena avec lui une lettre du Bab adressée à son oncle, Haji Mirza Siyyid Ali. Rencontrant Quddus et entendant tout ce qu'il avait à communiquer convainquit Haji Mirza Siyyid Ali de la vérité de la Cause de son neveu et il lui fit le voeu immédiat de son allégeance inconditionnelle.

Mulla Sadiq-i-Muqaddas parvint maintenant à Chiraz, accompagné de Mulla Ali-Akbar-i-Ardistani, qui était autrefois son élève à Ispahan. Mulla Sadiq s'établit lui-même dans une mosquée connue comme Baqir-Abad, où il menait la congrégation en prière. Mais dès qu'il reçut une tablette du Bab envoyée de Bushihr, il se déplaça à la mosquée adjacente à sa maison. Là-bas il exécuta l'instruction spécifique du Bab d'inclure à l'appel traditionnel islamique à la prière - le adhan- ces mots en plus : "Je porte témoignage que Celui dont le nom est "Ali Qabl-i-Muhammad [Ali précédant Muhammad, le Bab] est le serviteur de Baqiyyatu'llah [le Vestige de Dieu, Baha'u'llah]. (143)

Alors la tempête éclata. Shaykh Abu-Hashim, notoire pour son comportement sur le bateau de pèlerins, avait déjà écrit à ses compatriotes à Chiraz de soulever leur fureur. Maintenant les prêtres de cette ville, menés par Shaykh Husayn-i-Arab, (144) Haji Shaykh Mihdiy-i-Kujuri et Mulla Muhammad-i-Aliy-Mahalati, demandèrent le sang. Quddus, Muqaddas et Mulla Ali-Akbar furent arrêtés, traînés devant le gouverneur et battus sans merci, après quoi ils souffrirent les punitions et les indignités décrites dans le rapport de Londres déjà cité (voir page 76). Mais il y avait trois d'entre eux, non quatre. (145)

Le gouverneur général de la province du Fars était Husayn Khan, qui était appelé Ajudan-Bashi (le capitaine adjoint) et avait aussi les titres de Sahib-Ikhtyar et de Nizamu'd-Dawlih. Husayn Khan était natif de Maraghih en Adharbaïdjan et avait aussi servit comme envoyé persan à la fois à Londres et à Paris. A Londres en juin 1839, Lord Palmerston fut tout d'abord enclin à ne pas le rencontrer, mais il décida alors à le recevoir de manière non officielle. A cette époque, les relations entre la Grande-Bretagne et l'Iran avaient atteint un point bas. Le capitaine Hennell, l'agent politique britannique, avait été forcé de se retirer de Bushihr et dans le même temps une force navale britannique avait occupé l'île de Kharg (Karrack).
Palmerston tonna à Husayn Khan : "Si l'Amiral avait en arrivant à bord tourné ses canons sur la ville [Bushihr] et cogner à leurs oreilles, de mon opinion, il aurait été justifié de faire ainsi" (146).
Lorsque l'envoyé retourna chez lui, Muhammad Shah fut si déçu qu'il l'avait lui-même sévèrement battu. Ni la mission de Husayn Khan en France, semblerait-il, ait obtenu quelque succès, bien que certaines obscurités entourent ses relations avec la France. A Paris il engagea nombre d'officiers dans l'armée persane, et il y eût des irrégularités dans la manière de leurs dépenses de voyage. Mais de plus sérieuses publications furent impliquées, qui sont décrites par Sir Henry Layard (147) dans les passages suivants :

"Monsieur Boré (148) avec toute son érudition et son éclairage, était un religieux fanatique et profondément intolérant des hérétiques. Après avoir résidé avec lui pour une quinzaine de jours et ayant été traité par lui avec une grande gentillesse et une grande hospitalité, je me trouvais moi-même contraint, à ma grande tristesse, de quitter sa maison [en 1840] sous les circonstances suivantes. L'ambassade que le Roi de France (149) avait envoyé au Shah n'avait pas réussit à obtenir le but de sa mission, et avait quitté la Perse très irritée de son échec, qui fut principalement attribué par lui et le gouvernement français aux intrigues anglaises. La vérité était, je crois, qu'ils avaient été dupés par Hussein Khan, qui avait été envoyé comme ambassadeur à Paris. Le sujet fut déplaisant pour moi à discuter, et je l'évitai dans la conversation avec mon hôte.
Un jour cependant, au dîner, cela fut soulevé par Monsieur Flandin, (150) l'artiste français, qui dénonça mon pays et mes compatriotes en termes très excessifs, Monsieur Boré se joignant lui-même dans l'abus. Ils accusèrent le gouvernement britannique et les agents anglais d'avoir eût recours au poison pour empêcher les français de s'établir eux-mêmes et de gagner de l'influence en Perse, et d'avoir en réalité engagés des assassins pour assassiner Monsieur Outray, lorsque sur son chemin d'une mission diplomatique à Téhéran.. Je déniais avec indignation ces accusations ridicules et calomnieuses, et des mots doux s'étant ensuivis, je partais de la maison de Monsieur Boré à un bâtiment en ruine occupé par Monsieur de Burgess". (151) (152)

L'échec à Londres et le côté tortueux à Paris ne recommandaient pas eux-mêmes à Muhammad-Shah; et ainsi, pendant les quelques prochaines années Husayn Khan vécut sous une chape de plomb. Mais en 1845, nous le trouvons à cheval dans la province du Fars. Il avait reçu ce gouvernement car il était réputé être un homme sévère dans ses jugements, et le Fars avait besoin d'une main de fer.

En fait le Fars était dans une triste situation terrifiante. Les personnes de Chiraz, aussi bien les riches que les pauvres, avaient effectivement joué au chat et à la souris avec les gouverneurs envoyés de Téhéran pour les gouverner. Firaydun Mirza, beaucoup favorisé par Haji Mirza Aqasi et beaucoup détesté par les Chirazis, fut évincé par une combinaison des grands et la foule.

Mirza Nabi Khan-i-Qazvini, l'Amir-i-Divan (153) fut aussi évincé, pas une fois mais deux. A la seconde occasion, beaucoup de citoyens principaux - à la tête de Haji Qavamu'l-Mulla (154) et Muhammad-Quli Khan-i-Ilbagi, un chef puissant de la tribu des Qashqa - allèrent à Téhéran pour demander le rétablissement de Firaydun Mirza, qu'ils avaient précédemment défié et calomnié. Muhammad Shah les gardant en attente dans la capitale. Mirza Rida (Meerza Reza), l'agent britannique en place à Chiraz, rapporta le 7 août 1844 au capitaine Hennell à Bushihr :

"Le soir du 11 Rajab [28 juillet], l'un des courriers du Roi arriva à Chiraz, amenant 2 édits royaux qui ont été publiés à la demande de Son Excellence le colonel Sheil pour être publiés à Chiraz et Bushihr...
Un jour la population, consistant des habitants et marchands principaux et respectables, furent rassemblés dans la mosquée dans le but d'entendre l'édit de la chaire, lorsque les turbulents et les mals [sic] disposés se ruèrent de manière tumultueuse pour empêcher d'être lu car adressé à l'Amir [Amir, le gouverneur]; c'étaient des disciples de Haji Kuwaum [Haji Qavam]. Alors l'Amir donna le décret de Chiraz dans les mains de Resheed Khan, surteep [Rashid Khan-i-Sartip] qui l'emmena à la nouvelle mosquée dans le quartier de Naamutee (155) [Ni'mati-Khanih], où ce fut publié des chaires de lecture aux mullas assemblés, aux respectables habitants et aux marchands.
Le jour suivant, lorsque l'Ameer dirigea que le décret puisse être lu dans le Dewan Khaneh [Divan-Khanih - la Cour], les émeutiers pleinement armés se ruèrent à nouveau, impétueux. Syed Hussein Khan et Resheed Khan rassemblèrent alors leurs disciples et leurs topchees [tupchi : artilleurs], et se plaignant violemment, demandèrent la permission de les rencontrer... ce ne fut pas sans difficulté et beaucoup de persuasion que l'Ameer put les persuader de cesser d'être en attente d'instructions de la capitale.
Les 7 quartiers de Chiraz sont pour la plupart dans la querelle - vol et troubles sont en augmentation - L'Ameer n'a pas démissionné ni un nouveau gouvernement n'a été désigné". (156)

Et les choses allèrent de mal en pis. Le rapport de Mirza Rida à son chef, le 24 novembre suivant, fut un long catalogue des ennemis, non totalement dénué de points amusants :

"Vendredi dernier, des 10 quartiers de Hyedree [Haydari] et Naamutte [Ni'mati], une foule bondée fut à nouveau réunie dans la plaine ouverte qui n'avait jamais été la scène de leurs conflits pour le but de se battre. De midi jusqu'au coucher du soleil, ils combattirent avec des lance-pierres et des pierres, des batons et des armes... Alors que Meerza Mahomed Ali, le secrétaire de Hajee Kuwam [Haji Qavam], un beau jeune intelligent, était en train de quitter sa demeure vers midi vers quelques affaires, un bandit (157) éméché, sans raison apparente ou querelle antérieure, plongea une dague dans son côté droit... deux cousins, tous les deux jeunes, dans un état d'ébriété, étaient en train de se disputer en ce qui concerne une femme, aucune personne ni même la femme étant présente, lorsque l'un frappa une dague dans la cuisse de l'autre, qui expira deux jours plus tard... certains hommes de la tribu de Fehlee (158) étaient assis ensemble une nuit, parlant des événements de l'ancien temps, lorsque... un excellent cavalier fut tué sur le côté avec un pistolet et immédiatement perdit la vie". (159)

Qubad Khan, un neveu de l'Ilkhani (le chef suprême de la tribu Qashqa'i) qui gouverna Firuzabad au coeur du terrain des Qashqa'i avait, pour une considération financière, armé des hommes à la disposition de certains hommes forts du village de Maymand pour établir une vendetta - et ainsi l'histoire traîna.

Vers la fin de l'année 1844, Husayn Khan reçut l'administration du Fars, mais aussi tard que le 21 et le 24 décembre, Mirza Rida était encore en train de déverser des récits d'ennemis au capitaine Hennell à Bushihr. Les choses avaient atteint une telle hauteur, dit-il, que les personnes furent dépouillés nus dans la plaine de jour dans des voix publiques et si quelqu'un offrait de la résistance, il était à chaque fois tué; durant la nuit, tant de lieux étaient brûlés au hasard qu'aucun sommeil n'était possible, et en tout cas les gens devaient rester éveillés pour garder leurs maisons. L'expérience déplaisante et pourtant pleine d'humeur d'un médecin montre clairement la dépression de la loi à Chiraz à cette époque :

"... Certain des Alwat (160) amenèrent un cheval à la porte du dispensaire d'un médecin, dont l'équipement et les vêtements étaient du meilleur goût, disant "Nous avons un invalide qui est très malade, donnez-vous du mal pour venir à lui et nous vous assisterons". Le pauvre médecin partit pour la demeure du malade [sic] et ils l'amenèrent à travers 2 ou trois rues où ils désiraient qu'il mette pied à terre du cheval; il fit ainsi, et ils le déshabillèrent de la tête jusqu'aux pieds et ils s'en allèrent". (161)

Durant cette période d'anarchie, le Bab était en pèlerinage et absent de Chiraz. Husayn Khan arriva à son poste dès le début de 1845, lorsque le Bab était environ à mi-chemin du chemin de retour à sa terre natale. Le nouveau gouverneur attaqua toutes les dépêches pour donner aux Chirazis une leçon qui, il est certain, ils prendraient à coeur. Ils y eût des mutilations et des exécutions jusqu'à ce que finalement, l'ordre soit restauré. Mais en moins de 3 ans lorsque Muhammad Shah mourut, les Chirazis, commandé une nouvelle fois par l'astucieux Haji Qavamu'l-Mulk et la forte tête Muhammad Quli-Khan (le Ilbag (162) des Qashqa'is) se rebella et força la démission de Husayn Khan.

Husayn Khan fut le premier fonctionnaire en Perse à lever la main contre le Bab et ses disciples. Ayant infligé des punitions cruelles à Quddus et aux autres deux babis, et s'étant lui-même mis au courant de l'identité du Bab et assuré qu'Il arrivait à Bushihr, Husayn Khan commissionna un corps de cavaliers d'aller à ce port, d'arrêter le Bab et de l'amener à Chiraz. Dans le même temps, le Bab avait fini ses arrangements pour retourner dans sa ville natale.

A Dalaki, à quelques 40 milles au nord-est de Bushihr, où la plaine côtière finie et le plateau commence à s'élever, les cavaliers de Husayn Khan rencontrèrent le Bab. Il fut le premier à les remarquer et il envoya son serviteur éthiopien pour les appeler à venir. Ils étaient peu disposés à l'approcher, mais Aslan Khan, un homme plus âgé dans leurs rangs, accepta l'invitation. Cependant, à la requête du Bab en ce qui concerne le but de leur mission, ils répondirent de manière évasive que le gouverneur les avaient envoyé faire une enquête dans ce voisinage. Mais le Bab leur dit :

"Le gouverneur vous a envoyé m'arrêter. Me voici; faites de moi ce qu'il vous plaira. En venant à votre rencontre, j'ai écourté la longueur de votre trajet et j'ai facilité pour vous le fait de me trouver". (163)


Chapitre 7: Croyance et reniement

"Sachez alors vous-mêmes, ne présumez pas de scruter Dieu; l'étude propre de l'humanité est l'homme. Placé sur cet isthme d'un état milieu, un être tristement sage et rudement grand :
Crée à moitié pour se lever et à moitié pour chuter; le grand Seigneur de toutes choses, pourtant une proie de tous;
seul juge de la vérité, dans l'erreur infinie hurle:
la gloire, pour rire et énigme du monde!"
- le pape Alexandre (164)

Le Bab était maintenant captif et un prisonnier en dehors de quelques courts mois. Il le resta jusqu'à la fin. L'escorte, qui l'avait arrêté et emmené enchaîné dans la ville de sa naissance, fut soumise et respectueuse. Il montait à cheval presque en triomphe. Il aurait été faisable d'éviter les cavaliers de Husayn Khan et de rechercher une retraite sécurisée; mais il choisit lui-même de se révéler à aux ravisseurs. Même plus, il dit à leur porte-parole qui était passionné par son acte sans parallèle et qui le suppliait de prendre la route pour se sauver d'aller à Mashhad et de trouver refuge dans le tombeau du 8ème Imam :

"Puisse le Seigneur votre Dieu vous récompenser pour votre magnanimité et votre noble intention. Personne ne connaît le mystère de ma cause; personne ne peut en sonder les secrets. Jamais je ne me détournerai du décret de Dieu. Lui seul est ma forteresse sûre, mon séjour et mon refuge. Personne n'osera m'attaquer, nul ne pourra changer le plan du Tout-Puissant, avant que mon heure ait sonné. Et lorsque mon heure sera venue, quelle joie aurai-je à boire à la coupe du martyre en son nom! Me voici; livrez-moi aux mains de votre maître. N'ayez crainte, car personne ne vous blâmera." Je m'inclinai en signe de consentement et exauçai son désir." (165)

Lorsque l'identité du Bab devint connue, certains membres de sa famille se sentirent concernés, même inquiets de peur qu'un grand mal ne vienne sur lui et ils souffrirent eux-mêmes dans le processus. Seul un oncle, Haji Mirza Siyyid Ali, son ancien gardien, qui l'avait élevé et l'avait établit dans le monde du commerce, crût en sa Divine mission. Ainsi fit sa femme. Mais le reste, même sa mère, furent sceptiques et un ou deux furent définitivement adversaires.

Lorsque Muhammad, le prophète arabe, refusa de plier aux diktats de sa tribu, les aînés de Quraysh allèrent chez son oncle âgé Abu-Talibdans laquelle maison Il avait grandit jusqu'à la maturité et demandèrent que Muhammad soit mis sous restreinte. Abu-Talib conseilla son neveu d'être modéré, mais trouvant déterminé à poursuivre sa course, lui assura que sa protection ne vacillerait jamais. Les aînés de Quraysh décidèrent alors d'un stratagème pour éroder le soutien que Muhammad recevait de son clan - les Banu-Hashim. Un boycott fut ordonné, mais les descendants de Hashim, à la seule exception de Abu-Lahab (166), l'un de plusieurs oncles du prophète, se déplaça dans un quartier au coin de la ville et vécut pendant 3 ans dans un état de siège, en défense de Muhammad, bien que la plupart d'eux adoraient encore leurs anciennes idoles.

Les parents du Bab firent comme les parents de Muhammad firent avant eux. Quels que soient les doutes qu'ils puissent avoir eu, ils se tinrent près de lui.

Haji Mirza Siyyid Muhammad, un autre oncle maternel du Bab, ne vint pas à croire en son neveu comme le Qa'im de la maison de Muhammad jusqu'à plus d'une décennie plus tard, lorsqu'il présenta ses questions etses doutes à Baha'u'llah et reçut en réponse le Kitab-i-Iqan - Le Livre de La Certitude. Pourtant, telles furent les pouvoirs magnétiques du Bab que lorsqu'il atteint Bushihr et fut salué par cet oncle, ce dernier écrivit en ces termes à sa famille à Chiraz :

"Cela a réjouit nos coeurs que Son Honneur le Haji [le Bab] soit arrivé sain et sauf et en bonne santé. Je suis à son service et honoré d'être en sa compagnie. Il est estimé judicieux qu'il puisse rester ici pendant un moment. Dieu voudra par sa volonté, avant peu, honoré ces personnes de sa présence, soit assuré... Sa personne bénie est notre gloire. Soyez certain de sa cause et ne laisser pas les paroles de personnes négligentes causer des doutes s'immiscer dans les coeurs. Et n'ayez aucune crainte de quoi que ce soit. Le Seigneur du monde est Son protecteur et lui donne la victoire..."

A la fin de sa lettre, Haji Mirza Siyyid Muhammad envoya un message de la part de sa femme à la mère de la femme du Bab : "Vous avez un beau-fils qui est sans égal dans le monde. Tous les peuples du monde devraient lui obéir" (167)

Et dans une lettre écrite peu de temps après à Haji Mirza Muhammad-Ali, l'un de ses fils, le même Haji Mirza Siyyid Muhammad cita le Bab en disant : "Ma preuve est mon livre - laiseez celui qui peut produire les mêmes de ces versets.

De la même manière, Muhammad a dit dans le Qu'ran (168) :

"Dis : Apportez un livre de Dieu qui donne une meilleure guidance que celle-ci et suivez-le, si vous êtes de ceux qui disent vrai.
Alors si ils ne vous répondent pas, savez qu'ils suivent seulement leurs caprices; et qui s'égare davantage que celui qui suit ses caprices sans guidance de Dieu? Dieu ne guide certainement pas les peuples des mauvaises actions". (Coran XXVIII, 49-50)

"Ce sont en vérité les signes de Dieu que nous vous récitons; à quel sorte de discours alors, après Dieu et ses signes, croiront-ils?" (Coran XIV, 5)

L'entrée du Bab dans Chiraz fut vraiment majestueuse. Elle ne produisit aucune ressemblance aux conditions envisagées par le gouverneur. Il avait ordonné que le Bab soit emmené à Chiraz enchaîné. Au lieu de cela, il y avait le Bab à cheval, calme et serein, à la tête des cavaliers. Ils allèrent à la citadelle où le gouverneur résidait. Husayn Khan reçut le Bab avec une insolence autoritaire : "Réalisez-vous pas que vous m'avez créé de graves ennuis? Savez-vous que vous êtes devenu la honte de la sainte foi islamique et de l'auguste personne de votre souverain? N'êtes-vous pas celui qui se prétend l'auteur d'une nouvelle révélation qui annule les préceptes sacrés du Qu'ran? (169). Le Bab répondit calmement en ces termes du Qu'ran (170) :

"S'il vient à vous un pécheur porteur d'une nouvelle rendue claire (171) examinez aussitôt celle-ci de peur que, par ignorance, vous ne portiez tort à autrui et ne soyez bientôt contraint à vous repentir de ce que vous avez fait". (Coran XIIX, 6)

Husayn Khan se mit hors de lui de colère et ordonna qu'un assistant frappe le visage du Bab. Son turban tomba mais fut remis gentiment par Shaykh Abu-Turab, l'Imam-Jumih, qui traita le Bab avec respect et considération. D'un autre côté, Shaykh Husayn-i-Arab, le tyran, qui était aussi présent, suivant l'exemple crée par l'arrogant gouverneur du Fars, assaillit le Bab avec véhémence à la fois avec la main et la parole. Dans le même temps, les nouvelles avaient atteint la mère du Bab de ce comportement éhonté envers son fils. Emu par ses plaintes, Haji Mirza Siyyid Ali se précipita vers la citadelle pour demander la libération de son neveu. Husayn Khan fut d'accord de laisser le Bab aller chez lui si son oncle promettrait qu'en dehors des membres de sa famille, personne d'autre ne serait autorisé à le rencontrer. Haji Mirza Siyyid Ali protesta qu'il était lui-même un marchand bien connu de la ville, avec beaucoup de contacts et une foule d'amis et de relations, tous souhaiteraient rendre visite à son neveu, qui venait tou juste de revenir d'un pèlerinage dans les villes saintes de La Mecque et de Médine. Husayn Khan, réalisant qu'une interdiction immédiate n'était pas possible, établit une limite de 3 jours, après quoi le Bab serait gardé tenu au secret.

Les mois durant lesquels le Bab vécut sous surveillance dans sa ville natale vit la naissance de la communauté babie. Jusqu'ici, son identité était restée non révélée, et seuls des personnes, ici et là et sans lien de parenté les uns des autres, étaient babis. En dehors des tous premiers mois de son ministère, lorsque le corps des Lettres du Vivant furent progressivement formées, le Bab n'avait pas eu un groupe de disciples autour de lui. Même jusqu'alors, à cause de la condition que le Bab avait posé pour la réussite de ceux qui allaient être les premiers croyants (172), une cohésion comme un corps fermement soudé n'était pas faisable. Et dès que le nombre requis fut enrôlé, le Bab les envoya de par le monde pour propager les joyeuses nouvelles du Nouveau Jour. Mais, une nouvelle fois à Chiraz, en dépit des mesures oppressives de Husayn Khan, un nombre appréciable de babis vinrent en la présence du Bab, le fréquentant et recevant des instructions et des tablettes de lui. Apparaissant dans cet éclairage, l'épisode de Chiraz semblerait la période la plus féconde dans le court ministère du Bab.

Haji Siyyid Javad-i-Karbila qui, comme nous l'avons vu, avait connu le Bab depuis l'enfance, se précipita maintenant à Chiraz; et ensuite arriva un homme destiner à accomplir une grande réputation dans les rangs des "Briseurs de l'aube". Ce fut Siyyid Yahya de Darab, le fils du même grandement révéré Siyyid Ja'far-i-Kashfi, que nous notions auparavant comme un condisciple du Bab. Siyyid Yahya était un prêtre d'une grande érudition, et il pensait qu'il pourrait vaincre aisément le Bab par l'argument. Lorsqu'il vivait à Téhéran, près des cercles royaux, Muhammad Shah demanda à Siyyid Yahya d'aller à Chiraz et d'enquêter sur la revendication du Bab. A Chiraz, il fut l'invité du gouverneur. Haji Siyyid Javad-i-Karbila'i arangea une réunion entre le Bab et Siyyid Yahya dans la maison de Haji Mirza Siyyid Ali. A cette première rencontre, Siyyid Yahya, fière de sa vaste connaissance, amena un point abstrus après un autre du Qu'ran, des traditions, d'ouvrages érudits. A tous ces points, le Bab écouta calmement et donna des réponses concises et convaincantes. Siyyid Yahya fut soumis

, mais il chercha encore un test qui le libérerait de la nécessité de donnant son allégeance au Bab. Il dit à Haji Siyyid Javad-i-Karbila'i que si seulement le Bab accomplissait un miracle, ses doutes persistants s'évanouiraient, à quoi Haji Siyyid Javad répondit que de demander la performance d'un miracle, lorsqu'on est en face de la brillance du Soleil de Vérité, équivalait à rechercher la lumière d'une bougie vacillante. Siyyid Yahya a lui-même raconté :

"Je décidai alors de formuler en moi-même, au cours de ma troisième entrevue avec le Bab, une requête l'invitant à révéler pour moi un commentaire sur la surih de Kawthar (173). J'étais décidé à ne pas lui en souffler mot si, sans y être invité, il révélait ce commentaire dans un style qui, à mes yeux, se distinguerait aussitôt des normes prévalant parmi les commentateurs du Qur'an, je serais alors convaincu du caractère divin de sa mission et embrasserais sa cause. Sinon, je refuserais de le reconnaître.
A peine avais-je été introduit en sa présence qu'un sentiment de crainte, que je ne pouvais expliquer, s'empara soudain de moi. Mes membres se mirent à trembler lorsque je vis son visage. Moi qui, à maintes reprises, avais été introduit auprès du Shah et n'avais jamais découvert en moi-même la moindre trace de timidité, j'étais à présent si terrifié et bouleversé que je ne pouvais me tenir debout.
Le Bab, voyant mon état, se leva de son siège, s'avança vers moi et, me prenant par la main, me fit asseoir auprès de lui. "Demandez-moi, dit-il, ce que votre coeur désire. Je vous le révélerai aussitôt."
Je restai muet d'étonnement. Tel un nouveau-né qui ne peut ni comprendre, ni parler, je me sentis impuissant à donner une réponse. Il sourit en me regardant et dit: "Si je révélais pour vous le commentaire sur la surih de Kawthar, reconnaîtriez-vous que mes paroles sont nées de l'Esprit de Dieu? Admettriez-vous qu'elles ne peuvent être assimilées à de la sorcellerie ou à de la magie?"
Des larmes coulèrent de mes yeux lorsque je l'entendis prononcer ces mots. Tout ce que je fus capable de proférer fut ce verset du Qur'an: "O notre Seigneur, en nous-mêmes nous avons agi de manière injuste. Si tu ne nous pardonnes pas et si tu n'as pas pitié de nous, nous serons à coup sûr de ceux qui périssent."
"Il était encore tôt dans l'après-midi lorsque le Bab pria Haji Mirza Siyyid'Ali de lui apporter son plumier et du papier. Il commença alors à révéler son commentaire sur la surih de Kawthar.
Comment pourrais-je décrire cette scène d'une majesté inexprimable? Les versets coulaient de sa plume avec une rapidité qui était vraiment surprenante. L'incroyable célérité de son écriture, le murmure doux et aimable de sa voix, la force prodigieuse de son style m'étonnèrent et m'ébahirent. Il continua ainsi jusqu'au coucher du soleil. Il ne s'arrêta que lorsque le commentaire de la surih tout entier fut achevé. Il posa alors sa plume et fit apporter du thé. Peu après, il commença à lire à haute voix le texte révélé.
Mon coeur battait à une cadence folle lorsque je l'entendis exprimer, en des accents d'une douceur ineffable, les trésors enchâssés dans ce sublime commentaire. Je fus si ravi par sa beauté que, par trois fois, je faillis perdre connaissance. Il chercha à ranimer ma force défaillante avec quelques gouttes d'eau de rose dont il aspergea mon visage. Cela me rendit de la vigueur et me permit de suivre sa lecture jusqu'au bout". (174)

La conquête de Siyyid Yahya par le Bab fut totale. Cette nuit et les deux nuits suivantes, comme ordonné par le Bab, Siyyid Yahya resta l'hôte dans la maison de Haji Mirza Siyyid Ali, jusqu'à ce que lui-même et Mulla Abdu'l-Karim-i-Qazvini, le secrétaire (plus tard connu comme Mirza Ahamd-i-Katib), complétèrent la transcription du commentaire du Bab.

Siyyid Yahya a déclaré :

"Nous vérifiâmes toutes les traditions contenues dans le texte et les trouvâmes entièrement exactes. La certitude à laquelle j'étais parvenu était si évidente que, si toutes les puissances de la terre s'étaient liguées contre moi, elles auraient été incapables d'ébranler ma confiance en la grandeur de sa cause". (175)

Siyyid Yahya était resté absent pendant une période si longue de la résidence du gouverneur que les soupçons de Husayn Khan se levèrent. A ses recherches impatientes, Siyyid Yahya répondit :

"Personne, hormis Dieu qui, seul, peut transformer le coeur des hommes, répondis-je, n'est capable de captiver le coeur de Siyyid Yahya. Celui qui peut séduire son coeur vient de Dieu, et sa parole est, indubitablement, la voix de la vérité." (176)

Husayn Khan fut déconcerté et pour le moment pouvait seulement garder le silence; mais il écrivit avec amertume à Muhammad Shah pour dénoncer Siyyid Yahya. Nabil-i-A'zam déclare que Muhammad Shah réprimanda son gouverneur, répondant :

"Il est formellement interdit à chacun de nos sujets d'exprimer des paroles tendant à dénigrer le rang sublime de Siyyid Yahyay-i-Darabi. Il est de descendance noble, c'est un homme de rand savoir, de vertu parfaite et accomplie. En aucun cas il ne prêtera le à une cause, s'il ne la croit pas capable d'aider à l'avancement des meilleurs intérêts de notre royaume et au bon renom de la foi islamique." (177)

Nabil a aussi enregistré que:
"Muhammad Shah ... a rapporté avoir adressé ces mots à Haji Mirza Aqasi : Nous avons été dernièrement informé que Siyyid Yahyay-i-Darabi est devenu babi. Si c'est le cas, ils nous incombent de cesser de déprécier la cause de ce siyyid". (178)

Abdu'l-Baha a déclaré que Siyyyid Yahya :
"écrivit sans peur et sans crainte ou attention un récit détaillé de ses observations à Mirza Lutf-Ali, le chambellan dans le but que ce dernier puisse le soumettre à l'attention du feu roi, tandis qu'il voyagea lui-même dans toutes les régions de la Perse, et dans chaque ville et région appela les populations des hauts des chaires dans une telle sagesse que d'autres docteurs érudits décidèrent qu'il doit être insensé, diagnostiquant un cas d'ensorcellement". (179)

A la demande du Bab, Siyyid Yahya alla tout d'abord à Burujird dans la province du Luristan, où son père vécut, pour donner à ce prêtre très révéré les joyeuses nouvelles du Nouveau Jour. Le Bab lui dit expressément de traiter son père avec une grande gentillesse. Siyyid Ja'far-i-Kashf (180) ne se détourna pas complètement de la foi que son illustre fils était en train de professer et de recommander de manière si fervente, mais il ne montra aucun désir de s'identifier lui-même avec elle. Siyyid Yahya, comme ordonné par le Bab, ne chargea pas son père plus et continua son propre chemin qu'il avait joyeusement choisi- le chemin qui allait le mener au martyr. Siyyid Yahya est connu comme Vahid - l'Unique - une désignation reçue par lui du Bab. (181)

Les prêtres de Chiraz furent insistants que le Bab puissent assister à une réunion de vendredi dans l'un des mosquées et clarifie sa position. Ce qu'ils demandèrent réellement était la complète renonciation de toute revendication. Cette rencontre dans une mosquée le vendredi eût lieu, mais la date n'est pas connue.

Nabil-i-A'zam décrit ainsi l’appel du Bab dans la mosquée de Vakil (182):

"Le Bab, accompagné de Haji Mirza Siyyid'Ali, arriva à la mosquée au moment où l'Imam-jum'ih venait de monter au mihrab et se préparait à prononcer son sermon. Dès que le regard de celui-ci tomba sur le Bab, il lui souhaita publiquement la bienvenue, le pria de monter au mihrab pour s'adresser à l'assemblée des fidèles. Le Bab, répondant à son invitation, s'avança vers lui et debout sur la première marche, se prépara à s'adresser à la réunion. "Venez plus haut", observa l'Imam-jum'ih. Accédant à sa demande, le Bab gravit encore deux marches. Debout, sa tête cachait la poitrine de Shaykh Abu-Turab qui se trouvait tout en haut sur le mihrab. Il commença sa déclaration publique par quelques phrases introductives.
À peine eut-il prononcé les paroles d'ouverture: "Louange à Dieu qui a, en vérité créé le ciel et la terre", qu'un certain siyyid connu sous le nom de Siyyid-i-Shish-Pari, dont la fonction était de porter la masse devant l'Iman-jum'ih, s'écria avec insolence: "Assez de vain bavardage! Dis à présent, et immédiatement, ce que tu as l'intention de dire."
L'Imam-jum'ih fut fort irrité par la dureté de la remarque du siyyid: "Gardez votre calme, le réprimanda-t-il, vous devriez avoir honte de votre impertinence. Se tournant alors vers le Bab, il le pria d'être bref "car cela peut apaiser dit-il, l'excitation de la foule."
Le Bab, regardant l'assemblée, déclara:
"Que la malédiction de Dieu soit sur celui qui me considère comme le représentant de l'Imam ou comme l'intermédiaire entre celui-ci et les fidèles. Que la malédiction de Dieu soit aussi sur celui qui m'accuse d'avoir nié l'unité de Dieu et dénoncé le rang de Muhammad en tant que prophète, sceau des prophètes, d'avoir rejeté la vérité d'un quelconque messager du passé, ou d'avoir refusé de reconnaître le gardiennat d' 'Ali, le Commandeur de la foi ou de tout Imam qui lui a succédé."
Il monta alors sur la marche supérieure du mihrab, embrassa l'Imam-jum'ih puis redescendit et alla rejoindre les fidèles pour accomplir la prière du vendredi.
L'Imamjum'ih lui demanda, toutefois de se retirer. "Votre famille, dit-il, attend anxieusement votre retour. Tous ses membres craignent qu'il ne vous arrive malheur.
Retournez chez vous et faites là votre prière, ainsi votre mérite sera-t-il plus grand aux yeux de Dieu." Haji Mirza Siyyid 'Ali fut également prié par l'Imam-jum'ih d'accompagner son neveu chez-lui. Cette mesure de précaution, que Shaykh AbuTurab estima salutaire, fut motivée par la crainte de voir, après la dispersion des fidèles, certaines personnes mal intentionnées de parmi la foule essayer de nouveau de blesser la personne du Bab ou de mettre sa vie en péril. Saris la sagacité, la sympathie et l'attention bienveillante dont fit preuve l'Imam-jum'ih de façon si frappante en plusieurs occasions similaires, la foule furieuse aurait sans doute été amenée à satisfaire son plaisir barbare et aurait commis les excès les plus abominables. Shaykh Abu-Turab semblait avoir été l'instrument de la Main invisible désignée pour protéger aussi bien la personne que la mission de ce jeune homme" (183).

En ce qui concerne cette réunion dans la mosquée de Vakil, Abdu'l-Baha a écrit :

"Un jour ils le convoquèrent à la mosquée, lui conseillant et le contraignant à renier, mais il discouru de la chaire avec une telle sagesse que cela entraîna le silence et la soumission de ceux présents et d'établir et de renforcer ses disciples. Il fut alors supposé qu'il revendiqua être le moyen de grâce de Sa Sainteté le Seigneur de l'Age (184) (sur lui soit la Paix); mais ensuite il devint connu et évident que sa signification était la Porte [Babiyyat] d'une autre ville et l'instrument des grâces d'une autre personne dont les qualités et les attributs étaient contenus dans ses livres et ses traités". (185) (186)

Haji Mirza Habibu'llah-i-Afnan a ce document dans sa chronique :

"Le regretté Haji Mirza Muhammad-Sadiq-i-Mu'allim [enseignant], qui était un homme de bonne réputation, fut entrain de raconter l'histoire de ce jour pour le regretté "Andalib". Mon frère, Haji Mirza Buzurg et moi étions présents. C'est le résumé de ce qu'il fut dit : "J'avais environ 25 ans et était capable de juger une question. Il fut répandu à l'étranger que le gouverneur, à la demande des prêtres, avait ordonné que la population de Chiraz, de toutes les classes, se réunissent dans le Masjid-i-Vakil, alors que le Siyyid-i-Bab allait renoncer à sa revendication. J'allais aussi à la mosquée pour trouver une place près [la chaire] afin que je puisse entendre bien tout ce qu'Il avait à dire. Depuis le matin, les personnes, groupe par groupe, se pressaient autour de la mosquée.
Trois heures auparavant le coucher du soleil, il y avait une telle pression de personnes dans la mosquée que les cloîtres et la cour et les toits, même les minarets, étaient complètement bondés. Le gouverneur, les prêtres, les marchands et les notables étaient assis dans les cloîtres, près de la chaire en pierre. (C'est une chaire sculptée dans une pièce de marbre avec 14 marches). J'étais également assis près d'elle. Des voix s'entendirent dans la cour, disant : "Il arrive".
Il arriva par la porte, accompagné par 10 hommes à pieds et Abdu'l-Hamid Khan-i-Darughih [chef de la police] et il approcha de la chaire. Il avait son turban sur sa tête et un aba sur ses épaules. Il montrait un tel pouvoir et une telle dignité et son allure était si sublime que je ne peux les décrire de manière adéquate. Cette grande réunion ne semblait rien à lui. Il ne porta aucune attention à cette réunion de personnes.
Il s'adressa à Husayn Khan et aux prêtres : "Quelle est votre intention en me demandant de venir ici?". Ils répondirent : "L'intention est que vous descendiez de cette chaire et répudiez votre fausse revendication afi que cette commotion et cette agitation s'abaissent". Il ne dit rien et monta sur la troisième marche de la chaire.
Shaykh Husayn, le tyran, dit avec une véhémence la plus complète : "Aller en haut de la chaire afin que tous puissent vous voir et vous entendre". Le Bab gravit la chaire et s'assis au sommet. Soudainement, le silence tomba sur cette assemblée. Il semblait comme si il n'y avait pas une seule âme dans la mosquée. Toute la foule tendait l'oreille.
Il commença à réciter au début une homélie en arabe sur l'unité divine. Elle fut délivrée avec la plus complète éloquence, avec majesté et puissance. Cela dura environ une demi-heure et la foule, aussi bien petits et grands, érudits et illettrés, écoutèrent attentivement et furent fascinés.
Le silence des personnes mis en colère Shaykh Husayn qui se tourna vers le gouverneur et dit : "N'avez-vous pas amené ce siyyid ici, en présence de toutes ces personnes, pour prouver Sa Cause ou pour l'amener à renier et à renoncer à sa fausse revendication? Il gagnera bientôt avec ces mots toutes les personnes de son côté. Dites-Lui de dire ce qu'il a à dire. Que sont ces récits vains?
Husayn Khan, le Sahib-Ikhtyar, dit au Bab :
"O siyyid! dites ce que vous avez à dire. Quel est ce bavardage sans fondement?
Le Bab fut silencieux pendant un moment et puis Il s'adressa à la foule : "O Peuple! Sachez bien que je dis ce que mon grand-père, le Messager de Dieu, a parlé il y a 160 ans, et je ne parle pas de ce que mon Grand-Père n'a pas dit. Ce que Muhammad fit de légal reste légal dans le Jour de la Résurrection et ce qu'il a interdit reste interdit dans le Jour de la Résurrection, (187) et selon la tradition qui est descendue des Imams. "Quand le Qa'im se lève, cela sera le Jour de la Résurrection". Le Bab, ayant dit ces mots, descendit de la chaire. Certaines personnes, qui avaient été inamicales et hostiles, en ce jour jurèrent leur antagonisme. Mais lorsque le Bab vint face à face avec Shaykh Husayn, cet ennemi leva sa canne pour le frapper. Le regretté Mirza Abu'l-Hasan Khan, le Mushiru'l-Mulk, (188) qui était alors un jeune homme avança son épaule pour éviter l'attaque, et ce fut son épaule qui fut frappée".

"Ce Haji [Haji Mirza Muhammad-Sadiq], qui n'était pas croyant mais un admirateur, raconta cette histoire au regretté Andalib. Sa signification était que le Bab, en cette occasion, affirma sa cause et compléta sa preuve devant la foule de personnes".

Haji Mirza Habibu'llah continue de dire :
"Alors les prêtres se réunirent et passèrent une condamnation à mort envers le Bab. Ils recopièrent leur verdict et fixèrent des sceaux à celui-ci. L'instigateur de ce mouvement et la source de toute discorde était Shaykh Husayn, le tyran, qui portait le titre de Nazim'ush-Shariy'ih. Leurs nombres comprenaient Shaykh Abu-Hashim, Shaykh Asadu'llah, Shaykh Mihdiy-i-Kujuri et Mulla Muhammad-Aliy-i-Mahallati. Ensuite ils prirent ce qu'ils avaient écrit et scellé au regretté Shaykh Abu-Turab, l'Imam-Jumih, car il avait refusé de se soucier de leurs demandes et avait décliné d'assister à leur réunion.
Maintenant ils présentèrent le papier à l'Imam-Jumih et lui demandèrent de mettre son sceau sur celui-ci que "nous puissions en finir de ce siyyid".
Shaykh Abu-Turab, en lisant le verdict, devint très en colère, jeta ce morceau de papier sur le sol et dit "Avez-vous perdu l'esprit?".
Je ne mettrais jamais mon sceau sur ce papier, car je n'ai aucun doute sur la descendance, lintégrité, la piété, la noblesse et l'honnêteté de ce siyyid. Je vois que ce jeune homme possède toutes les vertus de l'Islam et de l'humanité et toutes les facultés de l'esprit.
Il peut y avoir seulement deux côtés à cette question : soit il dit la vérité ou soit c'est un menteur. Si il est véridique, je ne peux approuver un tel verdict d'un homme de vérité, et si c'est un menteur, comme vous le déclaré, ditez-moi qui de nous ici présent est si rigoureusement véridique pour établir un jugement sur ce siyyid. Allez- vous en, vous et vos vaines imaginations, allez-vous en!".
Quel que soit les efforts qu'ils tentèrent et de quelque manière qu'ils insistèrent, le regretté Shaykh Abu-Turab n'accèda pas à leurs souhaits; et car il déclina de mettre son sceau sur leur papier, leur plan fut réduit à néant et ils ne réussirent pas à accomplir leur objectif".

Selon Nicolas, Muhammad Shah demanda au Siyyid Yahyay-i-Darabi d'aller à Chiraz et d'enquêter sur la Cause du Bab, lorsque le récit de la réunion dans la mosquée de Vakil lui fut présenté. (189)

‘Abdu'l-Baha nous dit que lorsque les nouvelles des voyages de Siyyid Yahyay-i-Darabi et la colère provoqués par eux parvinrent à Zanjan, Mulla Muhammad Ali le prêtre, qui était un homme de marque possédé d'un discours pénétrant, envoya l'un de ceux sur qui il pourrait compter à Chiraz pour enquêter sur cette affaire. Cette personne, ayant eût connaissance elle-même des détails de ces événements dans une telle sagesse comme cela était nécessaire et convenable, retourna avec certains écrits [du Bab]. Lorsque le prêtre entendit comment les choses étaient et l'avait lui-même fait être au courant avec les écrits, en dépit du fait qu'il était un homme expert en connaissance et remarqué pour sa recherche approfondie, il devint fou et affolé comme cela était prédestiné : il réunit ses livres dans la salle de lecture en disant : "La saison du printemps et de la vigne est arrivée"., et prononca cette phrase : "Chercher la connaissance après avoir atteint le connu est coupable". Puis du sommet de la chaire, il appela et dirigea tous ses disciples [pour embrasser la doctrine] et écrivit au Bab sa propre déclaration et sa propre confession...

Bien que les docteurs de Zanjan se levèrent coeur et âme pour exhorter et admonester la population, ils ne purent réellement rien. Finalement ils furent contraints d'aller à Téhéran pour déposer leur plainte devant le feu roi Muhammad Shah, demandant que Mulla Muhammad Ali soit convoqué à Téhéran.

A présent lorsqu'il arriva à Téhéran, ils l'amenèrent devant un conclave de docteurs... après beaucoup de controverses et de disputes, rien ne fut réalisé avec lui dans cette assemblée. Le feu roi accorda par conséquent sur lui une équipe et 50 tumans pour ses dépenses et lui donna la permission de repartir". (190)

L'ami que Mulla Muhammad-Ali de Zanjan, mieux connu comme Hujjat (la Preuve) (191), envoyé à Chiraz pour enquêter sur la Cause du Bab fut nommé Mulla Iskandar. Nabil-i-A'zam décrit son retour :

"Il y parvint à un moment où tous les principaux 'ulamas de cette ville s'étaient réunis en présence de Hujjat. A peine était-il apparu que ce dernier lui demanda s'il croyait à cette nouvelle révélation ou s'il la rejetait. Mulla Iskandar lui remit les Ecrits du Bab qu'il avait apportés avec lui et affirma qu'il estimait de son devoir d'accepter le jugement de son maître, quel qu'il fût. "Quoi!", s'exclama Hujjat en colère. "S'il n'y avait pas cette assemblée distinguée, je vous aurais châtié sévèrement. Comment osez-vous considérer les problèmes de foi comme étant dépendants de l'approbation ou du rejet des autres?" Après avoir pris de la main de son messager la copie du Qayyumu'l-Asma', il en lut une page puis se prosterna aussitôt sur le sol en s'exclamant:
"Je témoigne que ces paroles que je viens de lire procèdent de la même source que le Qur'an. Quiconque a reconnu la vérité de ce Livre sacré doit forcément attester de l'origine divine de ces paroles et se soumettre aux préceptes inculqués par leur Auteur. Je vous prends à témoin, vous, membres de cette assemblée: je promets une obéissance telle à l'Auteur de cette révélation que, s'il venait jamais déclarer que la nuit est le jour et que le soleil est une ombre, je me soumettrais sans réserve à son jugement et je considérerais son verdict comme la voix de la Vérité. (192)

Mulla Muhammad Ali de Zanjan qui, comme le Siyyid Yahya de Darab, était destiné à devenir une brillante étoile dans le ciel babi, était un praticien de l'école (193) Akhbari, et cela l'avait placé parfois en désaccord avec les autres prêtres de son rang et de sa station. Au-delà de ce désaccord, Mulla Muhammad Ali était toujours très vigoureux et emphatique dans l'expression de ses opinions. Cette rigueur, soutenue par sa grande connaissance et un discours lucide, l'avait mené à de sérieuses disputes avec ses pairs. Maintes et maintes fois, la médiation de non moins qu'une personne que le roi lui-même n'avait sauvé la situation de la détérioration et de la violence. Il avait été autrefois convoqué à Téhéran où, en présence de Muhammad Shah, il avait fait perdre ses adversaires. Comme le langage commun a dit, ce n'était pas un homme qui mâchait ses mots.

Il y avait nombre de babis à Karbila désireux, dans l'attente de l'arrivée du Bab. Les nouvelles que le Bab avait changé sa route secouèrent la foi de certains d'entre eux. Comme ordonné par le Bab lui-même, ces babis quittèrent Karbila pour Ispahan. A Kangavar, situé entre Kirmanshah et Hamadan, ils rencontrèrent Mulla Husayn, le Babu'l-Bab, et son frère et son neveu, dont la destination était Karbila. Mais, en entendant ce qu'il s'était passé, Mulla Husayn décida de les accompagner à Ispahan. Là-bas, ils reçurent les nouvelles de Chiraz que le Bab était sous étroite surveillance. Ils se déterminèrent à continuer à Chiraz, accompagnés comme auparavant, par son frère et son neveu. Il enleva son turban et sa robe de prêtre et mis les accoutrements d'un cavalier de la tribu Hizarih dans le Khurasan. Il entra ainsi à la porte de Chiraz et atteignit la maison de Haji Mirza Siyyid Ali. Quelques jours plus tard, Mirza Muhammad-Aliy-i-Nahri avec son frère Mirza Hadi et Mulla Abdu'l-Karim-i-Qazvini arrivèrent à Chiraz et avec eux étaient Mulla Abdu'l-Aliy-i-Hirati et Mulla Javad-i-Baraghani, qui étaient volages et profondément jaloux de Mulla Husayn. En dépit du déguisement de Mulla Husayn, les ennemis du Bab lui reconnurent bientôt, et le cri monta, dénonçant sa présence à Chiraz. Alors le Bab dirigea Mulla Husayn à Yazd, d'où il alla dans le Khurasan. Il dit à d'autres de partir; seul Mulla Abdu'l-Karim resta pour être son secrétaire. Ceux qui avaient professés la foi du Bab pour parvenir à leurs propres fins, tels que Mulla Abdu'l-Aliy-i-Hirati, allèrent à Kirman et s'attachèrent eux-mêmes à Haji Muhammad-Karim Khan-i-Kirmani qui, à ce moment, assumait la direction de la communauté shaykhie.

Nombre d'autres babis, comme précédemment cités, se rendirent à Chiraz et atteignirent la présence du Bab. L'un d'entre eux était Mulla Shaykh Ali de Khurasan, que le Bab désigna comme Azira (194)(Grand). Il était encore à Chiraz lorsque Siyyid Yahyay-i-Darabi arriva pour faire son enquête. Shaykh Hasan-i-Zunuzi en était un autre. De plus, Chiraz elle-même avait à cette époque un groupe de babis natifs. Haji Abu'l-Hasan, le compatriote du Bab, était un autre; un autre était le neveu de Shaykh Abu-Turab, l'Imam-Jumih, un jeune nommé Shaykh Ali Mirza; un autre encore, Haji Muhammad-Bisat, un ami proche du même Imam-Jumih; et de nommer quelques autres; Mirza-Aqay-i-Rikab-Saz, destiné à tomber martyr, l'un de quelques uns qui burent la coupe du martyre à Chiraz elle-même; Lutf-Ali Mirza, un descendant des rois Afshar (1736-95), que nous rencontrerons dans un chapitre suivant; Aqa Muhammad-Karim, un marchand, qui fut finalement contraint par unhe persécution continue à abandonner sa ville natale; Mirza Rahim, un boulanger, qui devint un ardent enseignant de la foi; Mirza Abdu'l-Karim, qui avait la charge de gardien du tombeau connu comme Shah-Chiragh (195) (Roi de la Lampe) où Mir Ahmad, un frère du 8ème Imam, est enterré; Mashhadi Abu'l-Qasim-i-Labbaf et son fils Mirza Ali-Akbar. La plupart de ces babis natifs de Chiraz embrassèrent la foi après avoir entendu le Bab de la chaire de la mosquée de Vakil.

Durant l'été 1846, le Bab avait dégagé le chemin pour un autre chapitre dans le progrès de son Ministère. Il légua tous ses biens en commun à sa mère et à sa femme, qui allaient hériter par la suite de tout le domaine. (196)

Puis il mit sa résidence dans la maison de son oncle, Haji Mirza Siyyid Ali. Ce fut la maison où il était né et où il avait passé une bonne partie de son enfance. Du temps de son déménagement, il dit à ceux de ses disciples qui étaient venus de mettre leur maison à Chiraz pour aller à Ispahan. Compris dans ce groupe étaient Siyyid Husayni-i-Yazdi, une des Lettres du Vivant, qui devint plus tard le secrétaire du Bab, Shaykh Hasan-i-Zunuzi et Mulla Abdu'l-Karim-i-Qazvini, le secrétaire.

Un soir il fut rapporté au gouverneur qu'un grand nombre de babis s'étaient réunis dans la maison de Haji Mirza Siyyid Ali. Husayn Khan ordonna à Abdu'l-Hamid Khan, le darughih (chef comptable) de Chiraz, de se ruer dans la maison de l'oncle du Bab, de surprendre ses occupants et d'arrêter tout ceux qu'il trouvera là-bas. C'était apparemment l'intention de Husayn Khan d'exécuter les ordres du grand vizir cette nuit. Cependant, dans cette nuit, un choléra sévère balaya la ville (197), et Husayn Khan fuit précipitamment. Le chef comptable et ses hommes entrèrent dans la maison de Haji Mirza Siyyid Ali par le toit, mais ne trouvèrent personne avec le Bab, excepté son oncle et un disciple, Siyyid Kazim-i-Zanjani. Avec la fuite du gouverneur, le chef comptable décida de prendre le Bab dans sa propre maison. Atteignant sa maison, Abdu'l-Hamid Khan trouva, à son horreur et à sa détresse, qu'en quelques heures d'absence, ses fils avaient été frappés par le choléra. Il supplia le Bab pour leur guérison. C'était à présent l'aube et le Bab se préparait à dire sa prière du matin. Il donna à Abdu'l-Hamid Khan un peu de l'eau avec laquelle il avait fait ses ablutions et lui dit de l'amener à ses fils pour qu'ils la boivent; ils guérirent en fait et Abdu'l-Hamid Khan fut si submergé de joie et de gratitude qu'il alla voir le gouverneur et pria Husayn Khan de lui permettre de libérer le Bab. Abdu'l-Baha déclare dans A Traveller's Narrative que Husayn Khan consentit à condition que le Bab soit d'accord de partir de Chiraz. (198)

Note:
Lorsque ce livre avait atteint l'étape de preuves paginées, l'auteur reçut nombre de documents très importants, l'un de ceux-là est une découverte historique de première importance. C'est une lettre du Bab à son oncle, Haji Mirza Siyyid Ali, écrite à Kunar-Takhtih, une étape de plus de Dalaki, sur la route de Bushihr-Chiraz. Ce fut à Dalaki qu'il rencontra le cavalier envoyé pour l'arrêter. Il cite l'estime montrée sur lui par ces cavaliers. Mais l'importance de cette lettre tient dans le fait qu'elle est précisément datée : 24 du 2nd Jamadi 1261, qui correspond au 30 juin 1845. La date du départ du Bab de Bushihr n'avait été enregistrée nulle part et était restée inconnue. Cela a du lui prendre une autre semaine au moins pour atteindre Chiraz. Parti d'Ispahan dans les derniers jours de septembre 1846, son séjour dans sa ville natale dura ainsi moins de 15 mois.


Chapitre 8: La ville de Abbas le Grand

"Les guirlandes se flétrissent sur votre front, puis ils se vantent de vos actions puissantes; sur l'autel pourpre de la mort à présent voient où les victimes des victorieux gisent : vos têtes doivent aller dans la froide tombe; seuls les actes du juste sont parfumés et sont bénis dans la poussière".
- James Shirley (199)

L'automne était installé lorsque le Bab quitta la maison de Abdu'l-Hamid Khan, retourna à Chiraz et prit la route d'Ispahan. Il était assisté par Siyyid Kazim-i-Zanjani. (200) Aucune opportunité n'avait été pour lui de voir sa mère et sa femme, et ils ne se rencontrèrent jamais. Mais il dit adieu à son oncle, Haji Mirza Siyyid Ali.

Sa famille était dans une grande détresse et le gouverneur déconcerté et frustré se retourna vers elle pour donner libre cours à sa fureur. Tout d'abord il captura et châtia le vénérable Haji Mirza Siyyid Ali, puis avait emmené son homme casser dans la maison de Haji Mirza Abu'l-Qasim, le beau-frère du Bab, qui était dangereusement malade. Il fut tiré de son lit, emmené dans la résidence du gouverneur, menacé, insulté et condamné. Des porteurs le ramenèrent dans sa maison, le hissant sur leurs épaules depuis qu'il était incapable de marcher. La population de Chiraz était avertie que si une simple feuille de papier des Ecrits du Bab était trouvée en leur possession, elle serait sévèrement punie. Dans leur panique, un grand nombre détruisirent dans la maison de Haji Mirza Abu'l-Qa'sim des liasses d'écrits du Bab, tous écrits de sa propre main, les jetèrent dans le portique ouvert et les firent disparaître de peur qu'ils puissent être vus avec le matériel incriminé. Haji Mirza Siyyid Ali conseilla les membres de cette maison d'effacer l'encre et de brûler le papier trempé. (201)

Un jour ou deux avant que la maison de Haji Mirza Siyyid Ali fut investie, Haji Mirza Abu'l-Qa'sim écrivit à Haji Mirza Siyyid Muhammad, qui était encore à Bushihr, dans des tons de grande consternation : l'opposition était en train de monter, même un parent par mariage fut en train de dénoncer de manière vociférante le Bab (qu'il nomme comme Haji Mirza Ali-Muhammad à travers sa lettre) et Haji Mirza Siyyid Ali. Alors qu'il y avaient certaines affaires que Haji Mirza Siyyid Ali ne pouvait essayer par lui-même, il désirait que Haji Mirza Siyyid Muhammad vienne aussi vite que possible de Bushihr, pour faire tout ce qui était nécessaire pour établir leurs affaires. " Certaines personnes pouvaient se sentir honteuses et garder à l'intérieur de limites lorsqu'ils vous voit", écrit-il. Il voulait être dégagé de leurs engagements commerciaux afin qu'ils puissent emmener leur famille et quitter Chiraz pour éviter toute injustice ultérieure.

Ispahan, vers qui le Bab tourna son visage, était et est par excellence la ville de Abbas le Grand, le le plus célèbre de tous les monarques safavide (1501-1732), qui est mieux connu en Occident à cause de son association avec les frères Sherley et la Compagnie orientale de l'Inde, avec l'aide de qui il chassa les portugais du Golf Persique. C'est "La Grande Sophie" de Shakespeare. Ispahan avait été la capitale des Saljuqs (Seljucids) des siècles auparavant, mais elle avait souffert de négligence dans les années d'intervention. Shah Abbas déménagea sa capitale de Qazvin à Ispahan et commença à restaurer la ville qui allait être appelée pendant longtemps Nisf-i-Jahan - la moitié du monde. De magnifiques mosquées, des collèges et des pavillons, et les plus grands jardins publics du monde sont importants parmi ces grands ouvrages des grands souverains, et sont là-bas aujourd'hui pour inspirer émerveillement et admiration. Mais avec le déclin et la chute finale des safavides, Ispahan aussi déclina et rencontra diverses infortunes du temps des Qajars, qui démolirent ou peignirent sur les bâtiments safavides.

A l'automne 1846, le gouverneur général d'Ispahan était un eunuque géorgien : Manuchir Khan, le Mu'tamidu'd-Dawlih. Il avait été, écrit Layard:

"Vendu dans son enfance comme esclave, avait été élevé par un musulman et réduit à sa condition malheureuse. Comme beaucoup de son espèce, il était employé lorsqu'il était jeune dans le service public, et s'était par ses remarquables capacités élevé aux postes les plus élevés. Il avait pendant beaucoup d'années jouit de la confiance et de la faveur du Shah. Considéré comme le meilleur administrateur dans avec le royaume, il avait été envoyé pour gouverner la grande province d'Ispahan qui comprenait dans ses frontières les tribus sauvages et hors-la loi des Lurs et des Bakhtiyaris, généralement en rébellion, et la population semi indépendante arabe dans les plaines entre les montagnes du Luristan et de l'Euphrate. Il était haï et craint pour son cruauté, mais il était généralement admis qu'il gouvernait de manière juste, qu'il protégeait le faible de l'oppression du fort et où il était capable d'imposer son autorité, la vie et les biens étaient en sécurité". (202)

Layard établit une proche camaraderie avec Muhammad-Taqi Khan, le chef de tribude la partie Chahar-Long des bakhtiyaris. Manuchihr Khan captura le chef après des manoeuvres longues et l'envoya avec sa famille à Téhéran, où il mourut. Principalement pour cette raison, Layard n'est pas du tout flatteur dans ses abondants commentaires au sujet de Manuchihr Khan. Il n'y a aucun doute que le chef bakhtiyari était en rébellion contre le gouvernement central et même avait même l'intention de prendre lui-même le territoire en dehors de sa juridiction. La preuve est fournie par le fait qu'il envoya Henry Layard sur l'île de Kharg, alors occupée par les forces britanniques, pour sonner les autorités britanniques au soutien. Hennell dit à Layard que bien que la Grande-Bretagne soit dans un état en bordure de guerre avec l'Iran, elle n'approuvait pas ou n'encourageait pas l'insurrection ou la sécession.

En ne tenant aucun compte ds préjugés de Layard, le fait reste qu'une à preuve historique existe suffisamment pour prouver que Manuchihr Khan avait, en compagnie de ses pairs, sa part suffisante d'avarice et de cruauté. Il avait été un serviteur fidèle de Muhammad Shah, avait combattu pour lui pour sécuriser son trône et avait dans des rendez-vous successifs, pacifier une grande région du pays, s'étirant de Kirmanshah à l'ouest à Ispahan dans les régions centrales, et aux eaux du Golfe Persique au sud. Lorsqu'il servit comme vizir de la province du Fars, il réprima un soulèvement, amena quelques 70 à 80 prisonniers avec lui à Chiraz, et en dehors de la porte de Bagh-i-Shah, il avait érigé un tour avec leurs corps vivants qui étaient fermement tenus par un mortier.

Le Bab, alors qu'il approchait d'Ispahan, écrivit une lettre à Mannnuchihr Khan dans la quelle il demande un refuge. Siyyid Kazim-i-Zanjani amena la lettre au gouverneur qui, grandement impressionné par elle, l'envoya à Siyyid Muhammad, le sultanu'l-Ulama, l'Imam-Jumih d' Ispahan et demanda qu'un haut dignitaire ouvre sa porte au Bab. L'Imam-Jumih expédia nombre de personnes près de lui, parmi elles son frère (203), à quelques distances en dehors de la ville pour escorter le Bab à Ispahan, et aux limites de la ville, il salua lui-même le visiteur avec respect et révérence. Il alla au-delà des marques habituelles de cordiale hospitalité, même jusqu'au point de verser de l'eau d'une aiguière sur les mains du Bab, une tâche normalement faite par les assistants.

Il y avait à cette époque un nombre appréciable de babis à Ispahan, beaucoup d'eux natifs de la ville et certains dirigés par le Bab lui-même. Parmi le grand public, la célébrité du Bab se propagea rapidement. IL y eût une occasion où la population vint pour emporter l'eau qu'il avait utilisée pour ses ablutions, si grandement il l'évaluait. Son hôte fut passionné par le Bab. Un enuit, après le repas du soir, il demanda à son hôte d'écrire pour lui un commentaire sur la surih de V'al-Asr (après-midi - Qu'ran ciii), l'une des surih les plus courtes :

"Par l'après-midi! Sûrement l'homme est sur le chemin de perdition,
sauve ceux qui croient, et font des actes droits,
et conseillent les uns les autres vers la vérité,
et conseillent les uns les autres d'être ferme". (204)

Le Bab prit sa plume et écrivit son commentaire, sur le champ, à l'étonnement et au plaisir de tous ceux qui étaient présents. Il était minuit passé lorsque la réunion s'interrompit. Mulla Muhammad-Taqiy-i-Hirati, l'un des prêtres d'Ispahan, fut si vaincu par le pouvoir de la plume et de la voix du Bab qu'il dit avec une grande émotion :

"Uniques et incomparables, s'exclama-t-il, sont les paroles qui ont jailli de cette plume; pouvoir révéler, en un temps aussi court et dans une écriture aussi lisible, un si grand nombre de versets que l'ensemble équivaudrait au quart, que dis-je, au tiers du Qur'an, est en soi-même un exploit qu'aucun mortel ne pourrait espérer réaliser sans l'intervention de Dieu. (205) Ni le fait de fendre la lune ni celui d'animer les galets de l'océan ne peuvent se comparer à un acte aussi considérable."

Des personnes de tout rang affluaient dans la maison de l'Imam-Jumih. Manuchihr Khan visita là-bas pour renconter le Bab. C'était un homme fier et un gouverneur puissant, gouvernant sur une partie importante du royaume. Sa visite à un jeune siyyid, jusqu'ici inconnu, indique la mesure du changement en lui par une lettre qu'il avait reçu du Bab. En fait, Mannuchihr Khan allait devenir un homme changé sous l'influence du Bab, qui avait été fugitif et un exilé à sa porte. Il demanda à présent au Bab un traité sur le "Nubuvvat-i-Khassih" - la station et la mission spécifique du prophète Muhammad. Une nouvelle fois entouré par nombre de prêtres importants d'Ispahan, le Bab écrivit immédiatement le traité que le gouverneur désirait. En deux heures, il produisit une dissertation de 50 pages, superbement raisonnée, prouvant indiscutablement la revendication et l'accomplissement de l'Islam, et finissant son thème sur le sujet de l'avènement du Qa'im et le retour de l'Imam Husayn (Rij'at-i-Husayni). La réponse de Manuchihr Khan fut immédiate :

"Ecoutez-moi! s'exclama-t-il. O membres de cette honorable assemblée, je vous prends à témoin. Jamais, jusqu'à ce jour, je n'ai été dans mon coeur fermement convaincu de la vérité de l'islam. Je puis désormais, grâce à cet exposé rédigé par ce jeune homme, me déclarer un ferme croyant en la foi proclamée par l'Apôtre de Dieu.
J'affirme solennellement ma croyance en la réalité du pouvoir surhumain dont est doué ce jeune homme, un pouvoir qu'aucune somme de connaissances ne pourra jamais communiquer." (206)

Il fut inévitable que bientôt la jalousie du clergé aille se lever. Aqa Muhammad-Mihdi, (207) le fils du renommé Haji Muhammad-Ibrahim-i-Kalbasi, commencèrent à utiliser la chaire pour insulter et dénigrer le Bab. Lorsque Haji Mirza Aqasi entendit parler de la situation à Ispahan, il écrivit pour réprimander l'Imam-Jumih d'avoir hébergé le Bab.

Le grand vizir était effrayé que Manuchihr Khan, à cause de la confiance que Muhammad Shah reposait sur lui, puisse réussir à arranger une réunion entre le Bab et le roi. La prise que Haji Mirza Aqasi avait sur Muhammad-Shah était principalement due à la nature quasi-religieuse de leur relation. Il était le murshid (guide spirituel) et son roi était le murid (élève). L'Imam-Jumih, encore loyal, ne prit aucune démarche d'opposition, mais s'efforçait de réduire le nombre de visiteurs.

Alors que la clameur des adversaires augmentait, Manuchihr Khan pensa à un plan pour les réduire au silence. Il invita les prêtres importants à rencontrer le Bab à son domicile et discuter de leur cas. Haji Siyyid Asadu'llah, le fils du célèbre Haji Siyyid Muhammad-Baqir-i-Rashti, déclina l'invitation et conseilla aux autres de faire la même chose :

".J'ai cherché à m'excuser, leur dit-il et je vous exhorterai très certainement à faire de même. J'estime qu'il n'est pas sage de votre part de rencontrer le Siyyid-i-Bab en tête-à-tête. Il réaffirmera sans doute sa prétention et apportera, pour étayer ses arguments, toutes les preuves que vous pourriez lui demander et, sans la moindre hésitation, révélera, en signe de témoignage de la vérité dont il est porteur, des versets si nombreux qu'ils équivaudraient à la moitié du Qur'an.
A la fin, il vous lancera un défi en ces termes: "Faites-en de même, si vous êtes des hommes de vérité." Nous ne pouvons, en aucune façon, lui résister victorieusement. Si nous manquons de lui répondre, notre impuissance sera manifeste. Si, d'autre part, nous acceptons sa revendication, nous perdrons non seulement notre propre réputation, nos propres prérogatives et droits, mais nous nous serons engagés à reconnaître les revendications éventuelles qu'il se sentirait enclin à formuler à l'avenir." (208)

Seul Haji Muhammad-Ja'far-i-Abadi prit conseil de Haji Siyyid Asadu'llah et et partit. En la présence de Manuchihr Khan, Mirza Hasan-i-Nuri fut le premier à poser une question. Mirza Hasan était un disciple de l'école Ishraqi (platonisme) et sa question concernait certains éléments de la philosophie de Mulla Sadra contenus dans son ouvrage célèbre : le Hikmatu'l-Arshiyyah (céleste ou philosophie divine) (209). la réponse du Bab, même bien que posée en mots simples, furent au-delà de la compréhension de l'esprit de Mirza Hasan. "L'idiot de l'érudition" fut le prochain en face du Bab, et il commença à sonder des points de jurisprudence islamique. Incapable de résister à la force de l'exposé du Bab, il commença un assaut verbal que le gouverneur amena rapidement à sa fin. Sentant l'humeur du public, Manuchihr Khan estima prudent que le Bab puisse rester sous la protection de son toit et ne retourne pas dans la maison de l'Imam-Jumih, où il avait été un invité pendant 40 jours.

Le mouvement suivant vint des prêtres. Comme leurs compatriotes à Chiraz, ils se rassemblèrent ensemble et passèrent un verdict sur le Bab qui portait en lui la sentence de mort. A la fois Haji Siyyid Asadu'llah-i-Rashti et Haji Muhammad-Ja'far-i-Abadi refusèrent d'être identifiés avec celui-ci, mais l'Imam-Jumih, avec un oeil à sa position, écrivit :

"Je certifie qu'au cours de mes relations avec ce jeune homme, je n'ai pu découvrir un acte qui puisse en aucun cas trahir son rejet des doctrines de l'islam. Au contraire, j'ai vu en lui un homme pieux, loyal à l'islam et observant les préceptes de cette foi. Cependant, l'extravagance de ses revendications exagérées et son mépris des choses de ce monde m'incitent à croire qu'il est dépourvu de raison et de jugement." (210)

Muhammad Shah avait déjà ordonné à Manuchihr Khan d'envoyer le Bab à Téhéran. Le pouvoir transformateur du Bab pouvait maintenant être discerné. Manuchihr Khan avait servit la monarchie Qajare fidèlement de tout temps. Sa stratégie avait aidé à sécuriser la position de Muhammad Shah, mais, une fois conquis par le Bab et gagnant à sa Cause, Manuchihr Khan profita sans hésiter lui-même de l'ordre du Shah, non pas pour envoyer le Bab immédiatement à la capitale qui l'aurait mis à la merci de Haji Mirza Aqasi, mais pour le protéger de ses ennemis. Sous le regard du public, le Bab fut escorté en dehors d'Ispahan, gardé par 500 cavaliers. Nabil-i-A'zam écrit :

"Il avait donné des ordres formels pour qu'après chaque farsang, (211) cent hommes de cette escorte montée retournassent directement à Ispahan. Au chef du dernier contingent restant, un homme en qui il avait une Confiance absolue, le mu'tamid intima confidentiellement son désir de voir, à chaque maydan, (212) vingt des cent hommes restants recevoir l'ordre de retourner vers la ville. Quant aux vingt cavaliers restants, dix d'entre eux devaient être envoyés à Ardistan prélever les taxes imposées par le gouvernement et les dix autres, qui devaient tous être des hommes éprouvés et de confiance, devraient par un itinéraire peu fréquenté, ramener le Bab en cachette à Ispahan. Ils reçurent l'ordre, en outre, de régler leur marche de façon qu'avant l'aube du jour suivant, le Bab arrivât à Ispahan et fût confié à la garde du mu'tamid. Ce projet fut aussitôt entrepris et exécuté à la lettre. A une heure insoupçonnée, le Bab ayant regagné la ville, fut directement emmené à la résidence privée du mu'tamid, connue sous le nom d"Imarat-i-Khurshid et introduit, par une entrée latérale réservée au mu'tamid lui-même, dans les appartements privés de celui-ci. Le gouverneur prit lui-même soin du Bab, lui servit ses repas et pourvut à tout ce dont il avait besoin pour son confort et sa sécurité". (213)

Abdu'l-Baha déclare dans A Traveller's Narrative que Manuchihr Khan donna des ordres secrets pour le retour du Bab lorsque Lui et son escorte avaient atteint Murchih-Khar, à environ 35 milles au nord d'Ispahan. (214)

Des rumeurs sauvages commencèrent à circuler en ce qui concerne le sort du Bab. On crut qu'il avait été exécuté à Téhéran. Pour apaiser les craintes des babis d'Ispahan, le Bab autorisa Mulla Abdu'l-Karim-i-Qazvini, Siyyid Husayn-i-Yazdi et Shaykh Hasan-i-Zunuzi qu'il soit emmené pour Le rencontrer. Il leur confia la tâche de transcrire ses écrits. Peu de temps après, il leur ordonna de dire aux autres babis qui avaient bougé à Ispahan de quitter la ville et d'aller au nord, à Kashan, ou Qum ou Téhéran.

Peu de temps avant sa mort, Manuchihr Khan offrit au Bab toute son immense fortune (215) et les ressources de son armée qui étaient considérables, qu'ils pourraient marcher à Téhéran et approcher la personne de Muhammad Shah. Manuchihr Khan était certain que le roi, qui lui faisait complètement confiance, écouterait sa demande, reconnaîtrait la vérité de la Révélation du Bab, et amènerait de tout coeur son soutien à la promotion de la nouvelle foi. Et Manuchihr Khan regardait même au-delà des frontières de l'Iran, car il dit au Bab : ... j'espère être capable d'incliner les coeurs des souverains et des rois de la terre à cette très merveilleuse cause...". A cela le Bab répondit :

"Puisse Dieu vous récompenser pour vos nobles intentions, répondit le Bab. Vos jours et les miens sont cependant comptés; ils sont trop courts pour que vous puissiez réaliser vos souhaits et que, moi, je puisse en témoigner. Ce n'est pas par les moyens que vous imaginez que la toute-puissante Providence réalisera le triomphe de sa foi. C'est grâce aux pauvres et aux humbles de ce pays, par le sang qu'ils auront versé sur son sentier, que le Souverain omnipotent préservera et consolidera les fondements de sa cause. Ce même Dieu, posera sur votre tête, dans le monde à venir, la couronne de gloire immortelle et vous comblera de ses inestimables bénédictions. Le temps qui vous reste de votre vie terrestre n'est que de trois mois et neuf jours, après quoi vous vous hâterez avec foi et certitude, vers votre demeure éternelle." (216)

Le Bab, dans sa tablette adressée à Muhammad Shah, déclare qu'il prédit, dans une lettre à deux prêtres de Yazd, la date de la mort de Manuchihr Khan, 87 ans avant qu'elle n'arriva. Et il cite que Manuchihr Khan lui avait offert tout ce qu'il possédait, enlevant même ses anneaux et les plaçant devant lui.

Manuchihr Khan en vint à réaliser que sa richesse était le produit de l'oppression. le Bab accepta à la fois son repentir et sa richesse, puis lui redonna ses richesses pour son usage jusqu'à sa mort, qui eût lieu le mois de Rabi'u'l-Avval 1263 a.h. (février-mars 1847 a.d.).

Même bien que dans son testament Manuchihr Khan laissait tous ses biens au Bab, son neveu et son successeur, Gurgin Khan, s'appropria tout après sa mort, et informa Muhammad Shah que le Bab était à Ispahan, ayant été gardé bien protégé par le feu gouverneur dans la solitude de l'Imarat-i-Khurshid. La confiance de Muhammad Shah ne fut pas secouée. Il sentit certain que cet homme avisé et serviteur fidèle avait gardé le Bab contre mal possible jusqu'à ce qu'une opportunité arrive où une rencontre entre lui-même et le Bab pourrait être arrangée. Il exécuta des ordres pour le déplacement du Bab à la capitale avec une telle prudence qu'il ne puisse être reconnu en route.

Ces 4 mois dans la résidence privée du gouverneur d'Ispahan furent les plus calmes que le Bab eût à expérimenter durant son ministère. (217)


Chapitre 9: L'Antéchrist de la Révélation babie

"Non! Par le ciel, qu'il tient, et l'abysse et l'immensité des mondes de la vie, que je tiens avec lui - Non!
J'ai une victoire, vraie, mais pas de supériorité. IL rend hommage de tous, mais aucun de moi.
Je le combat contre lui, comme je me bat dans les plus hauts cieux. A travers toute l'éternité, et les gouffres qui n’ont pas été sondés de Hadès, et les royaumes interminables de l'espace, et l'infinité des âges sans fins, tout, tout, je disputerais. Et monde après monde, et étoile après étoile et univers après univers trembleront dans la balance, jusqu'à ce que le grand conflit cesse, si jamais il doit cesser..."
- Lucifer dans Cain par Lord Byron. (218)

Haji Mirza Aqasi, le grand vizir et le guide spirituel de Muhammad Shah, a été age appelé l'Antéchrist de la Révélation babie. (219) C'était un homme manquant d'idées et dépourvu de grâce. Natif d' Iravan (220) dans le Caucase, son vrai nom était Mirza Abbas. Du jour où il apprit l'avènement du Bab, il lui porta une inimitié intense qui ne se démentit jamais. Ce fut lui qui empêcha une rencontre entre le Bab et Muhammad Shah, lorsque, par l'ordre direct du Shah lui-même, le Bab fut déplacé d'Ispahan et il semblait que l'espoir chéri de Manuchihr Khan pour leur réunion serait enfin réalisée.

Suivant les instructions de Muhammad Shah, Gurgin Khan donna la garde du Bab à Muhammad Big--Chaparchi (le chef courrier). Muhammad Big appartenait à la secte de Ahl-i-Aqq (le peuple de la vérité), connu communément comme le "Aliyu'llahi, qui avait eu une longue tradition de tolérance, de libéralisme et de droiture. (221) Abdu'l-Baha déclare dans A Traveller's Narrative que les gardes qui escortèrent le Bab dans son voyage au nord, étaient des cavaliers nusayris. Les nusayris et les aliyu'llahis sont presque identiques.

La première ville sur leur chemin à la capitale fut Kashan. Haji Mirza Jani, le marchand babi de cette ville, avait rêvé qu'il contemplait le Bab approchant de Kashan par la porte Attar (droguiste-épicier). Faisant attention par cette porte, à la veille de Naw-Ruz, il vit son rêve accompli, car là était le Bab sur le dos d'un cheval arrivant en direction de Kashan. Alors qu'il avançait pour embrasser son étrier, le Bab lui dit : "Nous allons être votre invité pendant 3 nuits". (222)
C'était exactement ce qu'il avait entendu de ce que le Bab lui avait dit dans son rêve. Muhammad Big, remarquant la chaleur de leur salutation, pensa que le jeune siyyid à sa charge et le citoyen de Kashan étaient des amis de longue date, et il consentit volontiers à laisser le Bab rester dans la maison de Haji Mirza Jani. Un collègue cependant, refusa de donner son consentement; il avait été dit, dit-il, de ne pas permettre au Bab d'entrer dans quelque ville en route. Après un long argument, Muhammad Big réussit à persuader ce collègue à retirer son objection.
Haji Mirza Jani était prêt à inviter toute l'escorte pour être ses invités, mais le Bab ne le permis pas. Siyyid Husayn-i-Yazdi, qui avait déjà avancé à Kashan comme ordonné par le Bab, atteignit sa présence cette nuit. Tandis que le Bab était en train de dicter une tablette à Siyyid Husayn en l'honneur de Haji Mirza Jani, un ami du marchand kashani fut annoncé. Son nom était Siyyid Abdu'l-Baqi, et il était réputé pour son érudition; il s'assit et écouta le Bab, mais manqua d'être ému par ce qu'il entendait et remarquait. Quelques jours plus tard après que le Bab ait quitté Kashan, il apprit qui était ce jeune siyyid. Il fut chagriné de ne aps avoir reconnu les pouvoirs du Bab et se retira de la société pour le reste de sa vie.

Le second jour après Naw-Ruz, le Bab rejoignit son escorte en direction de Qum, (223) la ville suivante sur la route de Téhéran. Ils n'entrèrent pas à Qum mais continuèrent sur le village de Qumrud, où toute la population était ali-yu'llahie.Nabil-i-A'zam écrit :

"À l'invitation du chef du village, le Bab passa une nuit dans ce lieu et fut ému par la cordialité et la spontanéité de la réception que lui avait réservée ces gens dans leur simplicité. Avant de reprendre son voyage, il demanda en leur faveur les bénédictions du Tout-Puissant et réjouit leurs coeurs en les assurant de son appréciation et de son amour". (224)

Deux jours plus tard,dans l'après-midi du 28 mars, ils atteignirent la forteresse de Kinar-Gird, à seulement 45 kilomètres de Téhéran. Le long voyage d'Ispahan était presque terminé. Mais ici Haji Mirza Aqasi intervint et envoya des instructions à Muhammad Big pour amener le Bab au village de Kulayn, où le grand jurisconsulte shi'ah, Muhammad-i-Ya'Qub était né et était enterré. (225) livres de Haji Mirza Aqasi était lui-même le propriétaire de Kulayn, et une tente qui appartenait à lui, fut plantée en dehors du village pour accomoder le Bab. C'était un lieu délectable avec une végétation luxuriante, des orchidées et des ruisseaux s'écoulant. Le Bab fut ravi, mais les incertitudes du futur l'éclipsait. Les jours passèrent sans autre instruction supplémentaire de Téhéran. Siyyid Husayn-i-Yazdi et son frère Siyyid Hasan, aussi bien que Mulla Abdu'l-Karim -i-Qazvini et Shaykh Hasan-i-Zunuzi, arrivèrent à Kulayn pour assister le Bab. Et de Téhéran arriva Mulla Mihdiy-i-Khu'i accompagné par Mulla Muhammad-Mihdiy-i-Kindi, ce dernier porteur d'une lettre et des cadeaux de Baha'u'llah. Ce message apporta au Bab une joie indescriptible. (226)

Selon A Traveller's Narrative, le séjour du Bab à Kulayn dura 20 jours (227). Durant ce temps, un incident remarquable eût lieu que Mulla Abdu'l-Karim a relaté ainsi :

"Mes compagnons et moi étions profondément endormis près de la tente du Bab lorsque le galop d'un cheval nous tira soudain de notre sommeil. Nous apprîmes bientôt que la tente du Bab était vide et que ceux qui étaient sortis à sa recherche n'avaient pu le retrouver. Nous entendîmes Muhammad Big discuter avec ses gardes. "Pourquoi êtes-vous troublés? Soutenait-il. Ne vous a-t-il pas suffisamment prouvé la noblesse de son âme et sa magnanimité pour que vous doutiez encore de ce qu'il ne consentira jamais, pour son propre salut, à mettre les autres dans l'embarras? Il doit, sans aucun doute, s'être retiré, dans le silence de cette nuit éclairée par la lune, en un lieu où il peut chercher à communier en paix avec Dieu. Il reviendra à sa tente, cela ne fait aucun doute. Il ne nous abandonnera jamais." Dans son empressement à vouloir rassurer ses collègues, Muhammad Big partit à pied le long de la route menant à Tihran. Moi aussi, avec mes compagnons, je le suivis. Peu après, on vit le reste des gardes, tous à cheval, venir derrière nous. Nous avions à peine couvert un Maydan lorsqu'à la faible lueur de l'aube, nous discernâmes au loin la silhouette solitaire du Bab.
Il venait vers nous de la direction de Tihran. "Croyiez-vous que je m'étais échappé?" dit-il à Muhammad Big en s'approchant de lui. "Loin de moi de pareilles pensées", répondit aussitôt celui-ci en se jetant aux pieds du Bab. Muhammad Big était trop impressionné par la majesté sereine que manifestait cette face rayonnante ce matin-là, pour oser faire d'autres remarques. Une expression de confiance avait envahi le visage du Bab, ses paroles étaient dotées d'un pouvoir si transcendant qu'un sentiment de profonde révérence s'empara de nos âmes mêmes. Personne n'osa l'interroger sur le motif d'un changement aussi remarquable de son discours et de son attitude. Et il ne voulut pas, quant à lui, apaiser notre curiosité et notre émerveillement." (228)

Près de trois semaines avaient passé depuis son arrivée à Kulayn lorsque le Bab écrivit à Muhammad Shah pour lui demander une rencontre. Et maintenant Haji Mirza Aqasi fit le mouvement qui consigna le Bab en prison pour le reste de ses jours. Selon A Traveller's Narrative, il dit à Muhammad Shah de manière persuasive :

"La cavalcade royale est sur le point de démarrer et s'engager dans de telles choses alors à présent conduirait à la perturbation du royaume. Ni il ne fait aucun doute que le plus remarquable docteur de la capitale se conduise après la façon des docteurs d'Ispahan, que la chose sera la cause d'une explosion populaire, ou que, selon la religion de l'Imam immaculé, ils regarderont le sanga de ce siyyid comme d'aucune importance, oui, comme plus légal que le lait de le mère. Le train impérial est préparé pour voyager, ni il n'y a d'obstacles ou de barrage en vue. Il n'y a aucun doute que la présence du Bab sera la cause des troubles les plus graves et de la plus grande discorde. Par conséquent, sous l'impulsion du moment, le plan le plus sage est celui-ci : - placer cette personne dans le château de Maku durant la période d'absence du train royal du siège du trône impérial et reporter à plus tard l'obtention d'une audience au temps du retour". (229)

Mirza Abu'l-Fadl déclare que Haji Mirza Aqasi jouait sur les peurs de Muhammad Shah en insistant en particulier sur la rébellion dans le Khurasan de Muhammad-Hasan Khan, le salar, et le défi antérieur du gouvernement central par Hasan-Ali Khan, Aga Khan I. (230) Quels que soient les arguments que le grand vizir usa, il réussit à empêcher une rencontre entre le Bab et Muhammad Shah en ce printemps de 1847. Et elle n'eût jamais lieu.

En avril, le Shah envoya une réponse à la lettre du Bab qui, selon A Traveller's Narrative, était écrite en ces termes :

"Depuis que le cortège royal est sur le point de partir de Téhéran pour rencontrer d'une manière convenable est impossible. Allez à Maku et là-bas, patientez et rester pendant un moment, engagé dans la prière pour notre état victorieux; et nous arrangerons que sous toutes circonstances, il vous montre attention et respect. Lorsque nous retournerons de voyage, nous nous convoquerons mutuellement". (231)

Nabil-i-A'zam dans son récit, donne cette version du contenu de la lettre de Muhammad Shah :

"Malgré notre désir de vous rencontrer, nous nous trouvons dans l'impossibilité, vu notre départ imminent de la capitale, de vous recevoir, comme il convient, à Tihran. Nous avons fait connaître notre désir de vous voir emmené à Mah-Ku et nous avons transmis les instructions nécessaires à 'Ali Khan, le gardien de cette forteresse, afin qu'il vous traite avec respect et considération. Nous espérons et envisageons de vous convoquer ici à notre retour et, à ce moment-là, nous prononcerons notre jugement définitif. Nous espérons ne pas vous avoir causé de déception et souhaitons vous voir nous informer à tout moment et sans hésitation des injustices dont vous seriez éventuellement l'objet. Nous serions heureux que vous continuiez à prier pour notre bien-être et pour la prospérité de notre royaume". (232)

Husayn Khan, le gouverneur du Fars, était en train d'attendre le Shah dans la capitale dans le même temps où Haji Mirza Aqasi blqua la route du Bab et empêcha son entrée dans Téhéran.


Chapitre 10: Mah-Ku

"Où l'Aras coule.
Sur les rives de l'Aras, vous devriez, o zéphyr, passer embrasser la terre de cette vallée et rafraîchir de ton souffle de cette façon".
- Hafiz (233)

Mah-Ku, (234) une ville de la province de l'Azerbaïdjan, est dans l'extrême nord-ouest de l'Iran, près du point où les frontières russo-turques se rencontrent.
A une courte distance de la ville de Mah-Ku et sa forteresse désolée perchée sur un pic de montagne au-dessus, l'Aras coule, l'Araxes des grecs. Haji Mirza Aqasi s'arrangea pour avoir le Bab bannit à ce coin reculé du pays, éloigné de la capitale et éloigné des régions où sa foi était, née et avait grandie. Mais le chemin vers Mah-Ku était par Tabriz, le deuxième ville du royaume et le siège du prince de la Couronne.

Les mêmes cavaliers, encore sous le commandement de Muhammad Big, reçurent la tâche d'escorter le Bab à Tabriz. Ils étaient depuis devenus grandement dévoués à lui. Sa gentillesse totale associée avec sa majesté d'allure les avait totalement captivés. Deux des disciples du Bab furent autorisés à rester avec lui; Siyyid Husayn-i-Yazdi et son frère Siyyid Hasan.

Sur la route du nord, l'une des places de halte fut le village de Siyah-Dihan, près de Qazvin. Là-bas le Bab adressa une lettre au grand vizir et écrivit aussi à certains des prêtres importants de Qazvin, comprenant le père et l'oncle de Qurratu'l-Ayn. Nombre de babis atteignirent sa présence dans le village de Siyah-Dihan durant sa première nuit là-bas, et parmi eux était Mulla Iskandar de Zanjan, le même homme qui avait visité Chiraz comme émissaire de Hujjat pour apprendre ce qu'il pouvait au sujet du Bab. A présent, le Bab lui confia une lettre pour Haji Sulayman Khan-i-Afshar, qui se trouvait à Zanjan; il avait été un fervent supporter de Siyyid Kazim-i-Rashti. A lui le Bab écrivit :

"Celui dont feu Siyyid Kazim n'a cessé de chanter les louanges et à l'imminence de la révélation duquel il faisait continuellement allusion, s'est à présent manifesté. Je suis le Promis. Lève-toi et délivre-moi des mains de l'oppresseur." (235)

Haji Sulayman Khan reçut la lettre en trois jours, mais il n'y fit pas attention et partit pour la capitale.

A ce moment, Hujjat (236) était à Téhéran, gardé là-bas sous surveillance. Mais dès le moment où il entendit parler de la lettre du Bab à Sulayman Khan, il envoya un message aux babis de Zanjan pour sortir et secourir le Bab. Un nombre considérable de babis de la ville natale de Hujjat, de Qazvin et de Téhéran arrivèrent ensemble et entreprirent un effort concerté pour exécuter leur plan audacieux. A minuit, ils atteignirent le lieu où le Bab et son escorte bivouaquaient. Les gardes étaient endormis et il y avait une opportunité de s'échapper. Mais le Bab dit à ses soi-disant sauveteurs qu'il ne partirait pas. "Les montagnes de l'Ahirbayjan ont aussi leurs revendications". (237)

Avant que sa mission n’atteigne sa fin, Muhammad Big vint à croire au Bab. (238) Accablé de douleur, il alla vers le Bab et demanda à être pardonné : "Le voyage d'Ispahan a été long et difficile. J'ai manqué à mon devoir et à vous servir comme je le devrais. J'implore votre pardon et vous supplie de m'aacorder vos bénédictions".
A cela le Bab répondit : "Soyez assuré, je vous compte membre de ma suite. Ceux qui embrassent ma Cause vous bénirons et vous glorifierons éternellement, porterons aux nues votre conduite et exalteront votre nom. (239) Plus tard, Muhammad Big rencontrea Haji Mirza Jani une nouvelle fois, et lui raconta l'histoire de ce voyage à Tabriz. Le marchand kashani inclut l'histoire de Muhammad Big dans sa chronique, et Mirza Husayn-i-Hamdani, l'auteur de la Tarikh-i-Jadid (la Nouvelle histoire) en retour utilisa celle-ci dans son propre ouvrage :

"Nous arrivâmes à Milan (240), où beaucoup des habitants venaient voir Sa Sainteté et furent remplis d'émerveillement à la majesté et la dignité de ce Seigneur de l'humanité. Le matin, alors que nous étions partis de Milan, une vieille femme amena un enfant avec la gale, dont la tête était si couverte de croûtes qu'il était blanc jusqu'au nez, et elle supplia Sa Sainteté de le guérir. Les gardes l'auraient interdit, mais le Bab les en empêcha, et appela l'enfant à lui. Puis il déposa un mouchoir sur sa tête et répéta certains mots qu'il n'avait pas plutôt dits que l'enfant fut guérit. Et à cet endroit environ 200 personnes crurent et subirent une vraie et sincère conversion...
En quittant Milan, tandis que nous étions sur la route, Sa Sainteté conseilla soudain son cheval dans un galop si vif que tous les cavaliers composant l'escorte furent remplis d'étonnement, voyant que son coursier était le plus maigre de tous. Nous galopâmes après lui aussi acharnés que nous pouvions, mais nous fûmes incapables de se rapprocher de lui, bien que les cavaliers fussent pleins d'appréhension de peur qu'il puisse prendre la fuite. A présent, il tira sur la bride de son cheval de son propre accord et dès que nous vînmes à lui, il dit avec un sourire :
"Aurais-je désiré fuir que vous n'auriez pu m'en empêcher. Et en fait ce fut exactement comme il disait; aurait-il désiré fuir au plus petit degré, personne n'aurait pu l'en empêcher, et sous toutes circonstances, il se montra lui-même doté avec plus que de la force humaine. Par exemple nous étions tous des cavaliers rompus et entraînés à voyager, pourtant, en raison du froid et de notre fatigue, nous étions parfois à peine capable de tenir sur nos selles, tandis que lui d'un autre côté, durant toute la période ne montra aucun signe de faiblesse ou de fatigue, mais du moment où il monta jusqu'à ce qu'il descende à la fin de l'étape, ne changea pas tellement de fois sa position ou quitta son siège". (241)

L'étape au delà du village de Milan fut la ville de Tabriz elle-même. Alors que les nouvelles se propagèrent que le Bab était en train d'approcher de la ville, les babis là-bas essayèrent de sortir pour aller le voir, mais ils furent arrêtés et renvoyés. Seul un jeune essaya de passer à travers le cordon de gardes et de soldats. Nu-pieds, il courra plus d'un mille jusqu'à ce qu'il atteigne le Bab et son escorte. Tel état l'état de son extase qu'il se lança en direction dans l'allée de l'un des cavaliers, attrapa l'ourlet de son manteau et avec passion et ferveur embrassa son étrier. S'adressant à eux, il leur cria : "Nous sommes les compagnons de mon Bien-Aimé. Je vous chéris comme la prunelle de mes yeux". (242) Et lorsqu'il arriva en présence du Bab, il tomba à genoux sur le sol et pleura sans restriction. le Bab mis pied à terre, le leva, l'embrassa et sécha ses cheveux.

L'entrée du Bab à Tabriz, la scène trois ans plus tard de son martyr dans son jardin public, porte une similaire ressemblance à l'entrée de Jésus dans Jérusalem le dimanche des Rameaux, moins d'une semaine avant qu'il ne fut mené au Golgotha pour être crucifié.

"Et ceux qui marchaient devant et ceux qui suivaient criaient : Hosanna! Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur!
Béni soit le royaume qui vient de notre père David au nom du Seigneur! Hosanna au plus haut des cieux!". (243)

Ce fut comment Saint Marc raconta la joie du peuple qui donnait à Jésus une bienvenue royale dans Jérusalem.

Lorsque le Bab fut amené dans Tabriz, les rues étaient bondées, et parmi le flot d'êtres humains étaient des babis qui avaient été privés de venir près de leur Maître; mais un grand nombre étaient là-bas qui n'étaient pas ses disciples. Ces rues étroites résonnaient de l'écho de "Allah-u-Akbar" - Dieu est le plus Grand - la première ligne de l'adhan, l'appel à la prière que chaque pieux musulman répète plusieurs fois au cours de ses dévotions. Les fonctionnaires étaient alarmés par cette réception merveilleuse et sans précédent et ils envoyèrent des crieurs pour avertir la population contre la tentative de s'approcher du Siyyid-i-Bab.

Abdu'l-Baha déclare que le Bab fut emprisonné pendant 40 jours à Tabriz. (244) Durant ce temps, il fut strictement emprisonné et ses seuls visiteurs furent Haji Muhammad-Taqiy-i-Milani, un marchand bien connu et Haji Ali-Askar. (245) Lorsqu'ils approchèrent tout d'abord de la maison où le Bab était logé, les gardes les arrêtèrent, mais Siyyid Hasan affirma l'autorité du Bab et leur obtint l'admission. Après, plus personne n'essaya de leur barrer le passage et ils atteignirent la présence du Bab.

Enfin arrivèrent les ordres du déplacement du Bab à Mah-Ku (246). Cette ville était le lieu de naissance de Haji Mirza Aqasi, bien qu'elle soit généralement connue comme Iravani (247) car sa famille était originaire de là-bas. La grande majorité des habitants de Mah-Ku et de ses environs étaient des kurdes qui étaient sunnites par persuasion. Ali Khan, le gardien de la forteresse, était un kurde, simple, dur et fruste. Il était fermement arrogant au début de l'incarcération du Bab et ne permettait à aucun disciple du Bab de demeurer dans la ville, même pour une nuit. Lorsque Shaykh Hasan-i-Zunuzi atteignit Mah-Ku, il trouva que le seul refuge disponible pour lui était une mosquée en dehors de la ville. Mais il fut capable de rencontrer et d'échanger des lettres et des messages avec Siyyid Hasan, qui arriva dans la ville chaque jour avec un garde pour acheter des provisions et ainsi pendant un moment, il maintint un lien entre le Bab et ses disciples.

Mais un jour le Bab conseilla Siyyid Hasan que ces contacts secrets avec Shaykh Hasan finissent; il dirait lui-même à Ali Khan de permettre aux visiteurs de venir et d'aller en paix. Les deux hommes furent grandement étonnés car ils connaissainet le caractère et l'attitude du gardien, qui avait même essayé d'empêcher la population de Mah-Ku de venir aux pieds de la montagne pour obtenir un regard du Bab. A présent le Bab avait gagné l'amour et l'estime de ces frontaliers endurcis, qui avaient montré une telle marque d'hostilité lorsqu'il fut tout d'abord amené à leur forteresse, ni Ali Khan ne pouvait empêcher leur réunion journalière à la base de la montagne pour regarder vers le haut dans l'espoir de recevoir sa bénédiction.

A une heure avancée du matin suivant le conseil du Bab à Siyyid Hasan les pensionnaires du château furent très surpris par des coups à la porte incessants et agités. C'était Ali Khan, battant de manière péremptoire la porte et hurlant aux gardes l'admission. Un garde se rua pour dire que le gardien souhaitait venir immédiatement en la présence du Bab. Siyyid Husayn présenta la demande, et le Bab répondit qu'il recevrait Ali Khan tout de suite. Le gardien était visiblement choqué, manifestement attrapé par une émotion formidable.

Il se jeta lui-même aux pieds du Bab et le supplia d'être libéré de sa misère

"Libérez-moi, demanda-t-il, de ma perplexité. Je vous supplie, par le Prophète de Dieu, votre illustre ancêtre, de dissiper mes doutes, car leur poids m'a presque brisé le coeur. J'allais à cheval par des endroits inhabités et m'approchais de la porte de la ville lorsque soudain, à l'aube, je vous vis debout au bord de la rivière, occupé à faire votre prière. Les bras ouverts et les yeux levés, vous invoquiez le nom de Dieu. Je restai debout et vous observai. J'attendais la fin de votre prière pour m'approcher de vous et vous réprimander pour avoir osé quitter la forteresse sans mon autorisation.
Dans votre communion avec Dieu, vous étiez si absorbé dans l'adoration que vous étiez totalement oublieux de vous-même. Je m'approchai tranquillement de vous mais, dans votre état d'extase, vous ne vous aperçûtes même pas de ma présence. Je fus pris soudain d'une grande peur et reculai devant l'idée de vous tirer de votre extase. Je décidai de vous quitter et d'aller vers les gardes afin de les blâmer pour leur conduite négligente.
Je découvris peu après, à mon grand étonnement, que les portes extérieure et intérieure étaient toutes deux fermées. On les ouvrit à ma demande, on m'introduisit auprès de vous et, tout ébahi, je vous vois à présent assis devant moi. Je me sens totalement perdu. Je me demande si ma raison ne m'a pas abandonné."
Le Bab répondit: "Ce dont vous avez été témoin est authentique et indéniable. Vous avez sous-estimé cette révélation et dédaigné avec mépris son auteur. Dieu, le Très-Miséricordieux, ne voulant pas vous affliger de son châtiment, a bien voulu vous révéler la vérité. Par sa divine intervention, il a instillé dans votre coeur l'amour de son élu et vous a fait reconnaître le pouvoir irrésistible de sa foi." (248)

Toute l'arrogance du gardien l'avait quitté. Il était totalement conquis. IL devint humble. Les premiers mots qu'il prononça furent :

"Un pauvre homme, un shaykh, est désireux d'atteindre votre présence. Il vit dans une mosquée en dehors de la porte de Mah-Ku. Je vous supplie de m'autoriser à l'amener à cet endroit afin qu'il puisse vous rencontrer. Par cet acte j'espère que ces mauvais agissements pourront être pardonnés, que je pourrais être capable d'effacer les tâches de mon cruel comportement envers vos amis". (249)

Il partit et retourna avec Shaykh Hasan-i-Zunuzi.

Le changement de coeur et d'attitude d'Ali Khan changea de manière radicale la situation. Les portes de la prison ne barraient plus le Bab de ses disciples. Des babis vinrent de partout pour atteindre la présence de leur Seigneur, parmi eux Mulla Husayn, le Babu'l-Bab. Le Bab le reçut à la porte de la forteresse et célébra la fête de Naw-Ruz avec lui. Avant son départ, le Bab le dirigea pour visiter Tabriz et d'autres villes de la province de l'Adharbayjan et puis d'aller à Zanjan, Qazvin, Téhéran et finalement vers la provinde du Mazindaran.

Le dévouement de Ali Khan sur la personne du Bab augmentait de jour en jour. Il faisait tout son possible pour atténuer les rigueurs de la vie en prison. Chaque vendredi, il entrait dans la montagne pour offrir son hommage. Haji Mirza Aqasi fut alarmé par les nouvelles qui lui parvenaient de Téhéran, et également le Prince Dimitri Ivanovich Dolgoroukov. Dans des dépêches au Comte Nesselrode, le Ministre des Affaires Etrangères datée du 4 février et du 24 décembre 1848, il cite que dans les années précédentes, le Bab avait été déplacé des bords de la frontière russe à sa demande. (250) Cette affirmation est confirmée par une lettre de Mulla Ahmad-i-Ibdal, l'une des Lettres du Vivant, écrite lorsqu'il était à Kazimayn, près de Bagdad. IL n'est pas clair à qui la lettre est adressée, très probablement à l'un des oncles du Bab. (251) Mulla Ahmad écrit :

"Ces jours, par la volonté de Dieu, j'ai l'intention d'aller et d'atteindre la présence de mon Seigneur... En ces jours, des pèlerins arrivèrent ici d'Urumiyyih. Je recherchais par eux les nouvelles de mon Seigneur. Ils dirent qu'il était dans la région d'Urumiyyih, appelé Chihrum [Chihriq?]. Le gouverneur d'Urumiyyih souhaitait tout d'abord le garder dans la ville même, mais les prêtres avaient pris peur que des troubles puissent surgir et ils avaient refusé leur consentement; que les malédictions de Dieu reposent sur eux. On dit que le gouverneur est en train d'agir avec gentillesse, et des villes de l'Adharbayjan, des personnes arrivent en grands groupes, atteignent sa présence et retournent croyants. Selon ce qui a été dit, il y a un regain formidable où on dit qu'il y a beaucoup de personnes qui sont devenus dévoués à Lui...Et comme la raison du départ de Dhikr, sur Lui soit la paix de Mah-Ku, est que l'envoyé russe avait entendu qu'Il était à Mah-Ku, et étant effrayé des troubles, il dit au vizir Haji Mirza Aqasi : "Envoyez le Dhikr, sur lui soit la paix, dans une autre région de vos royaumes, car Mah-Ku est sur la frontière et proche de nos territoires, et nous craignions des troubles; il y a quelques années, un certain Mulla Sadiq revendiqua être l'adjoint [de l'Imam] et il réunit en un mois 30000 disciples autour de lui". Les russes en ont été témoins et cela les avait effrayés.

Abdu'l-Baha déclare que l'incarcération du Bab dans la forteresse de Mah-Ku dura 9 mois. Selon Nabil-i-A'zam, le 20 ième jour après Naw-Ruz (9 avril 1848), il quitta cette montagne rapidement des frontières russes et turques. (252)

A Mah-Ku, le Bab révéla le Dala'il-i-Sab'ih (Les 7 Preuves) et commenca la composition du Bayan Persan (253) (Exposé ou Appel). Nabil écrit :

"La voix du Bab, lorsqu'il dictait les enseignements et les principes de sa foi, pouvait être entendue avec netteté de ceux qui résidaient au pied de la montagne. La mélodie de sa récitation et le flot rythmé des versets qui jaillissaient de ses lèvres nous charmaient et pénétraient jusqu'au plus profond de notre âme. La montagne et la vallée retentissaient de la majesté de sa voix. Nos coeurs vibraient au plus profond d'eux-mêmes à l'appel de son verbe.". (254)


Chapitre 11: La montagne désolée

"Nos petits systèmes ont leurs jours; ils ont leurs jours et ils cessent d'être;
mais ils sont des lumières brisées de toi, et toi, O Seigneur, sont plus qu'eux".
- Alfred, Lord Tennyson. (255)

L'homme choisi par Haji Mirza Aqasi pour emporter le Bab de la forteresse de Mah-Ku fut Rida-Quli Khan-i-Afshar, un officier du rang de sartip (brigadier, en usage aujourd'hui). Il était le fils de Haji Sulayman Khan, le fonctionnaire qui à Zanjan, manqua de prendre soin du message du Bab à lui. Haji Sulayman Khan était intensément dévoué à Siyyid Kazim-i-Rashti, qui lui avait dit qu'il vivrait pour voir l'avènement du Qa'im; il exprimait souvent l'étonnement que le Qa'im ne lui était pas apparu pour qu'il le reconnaisse, en dépit de cette promesse sans équivoque. Bien qu'il rencontra le Bab à La Mecque, il s'attacha lui-même à Haji Muhammad-Karim Khan-i-Kirmani et refusa d'écouter les babis. Sa dévotion à Siyyid Kazim était d'un tel caractère qu'ayant obtenu la main d'une fille de Siyyid Kazim pour son fils, il commençait sa journée en donnant ses hommages en personne à sa belle-fille. Ce fut ce fils à qui fut confié la tâche de déplacer le Bab de Mah-Ku à Urumiyyih et Chihriq (256). Et bientôt il devint aussi captivé par le prisonnier à sa charge. Finalement, Rida-Quli Khan devint un babi avoué, zélé et il se détacha de son père qui persistait dans son hostilité envers le Bab.

Le château de Chihriq (257) est dans le voisinage d'Urumiyyih, connu aujourd'hui comme Rida'iyyih. Son gardien, Yahya Khan, était un chef de tribu kurde, dont la soeur était mariée à Muhammad Shah. Le fils de cet union fut appelé Abbas Mirza, après le propre père du Shah, et porta aussi son titre, Nayibu's-Saltanih (vice-roi ou régent). Parce que cet enfant était un tel favori de Muhammad Shah, la mère de l'héritier au trône, Nasiri'd-Din Shah, était excessivement jaloux de lui. Sa jalousie mis sa vie en danger après la mort de son père, mais l'intervention du colonel Farrant la sauva. (258) IL fut exilé à Qum, mais même alors, il n'était pas en sécurité car il fut accusé d'être en relation avec les babis. Mirza Husay-i-Mutavalli (Gardien) de Qum fut forcé, sous la torture, de signer une confession impliquant Abbas Mirza dans de faux complots babis. (259) Ce prince malheureux passa beaucoup d'années de sa vie en exil, en particulier en Iraq. Il fut finalement autorisé à retourner en Iran et reçut le tire de Mulk-Ara; mais il fut toujours proche de l'infortune et du danger.

Yahya Khan, le gardien de Chihriq, était dur et imprévisible, mais avant peu il se sentit incapable de garder les portes de son château fermées contre les babis. Le même pouvoir, qui avait maintenu Ali Khan de Mah-Ku envoûté, s'empara du coeur de Yahya Khan. Ainsi tant de babis arrivèrent à Chihriq qu'il fit impossible de les prendre et des chambres durent être trouvées pour eux dans Iski-Shahr, qui n'était pas très éloignée. De la nourriture et d'autres nécessités furent achetées à Iski-Shahr. Une fois du miel fut acheté là-bas pour le Bab, mais il trouva la qualité être inférieure et le prix exorbitant et il le retourna.

"On aurait certes pu acheter du miel de meilleure qualité à un prix inférieur. Moi qui suis votre exemple, j'ai été marchand de profession. Il vous incombe, dans toutes vos transactions, de suivre ma voie. Vous ne devez ni escroquer votre prochain, ni lui permettre de vous escroquer. Telle était la voie que suivait votre maître. L'homme le plus rusé et le plus capable ne pouvait le tromper; quant à lui, il n'agissait pas mesquinement à l'égard de la créature la plus nécessiteuse et la plus impuissante." (260)

Khuy était une autre ville de l'Adharbayjan qui n'était pas très éloignée de Chihriq. Peu de temps avait passé depuis l'arrivée du Bab à Chihriq lorsque Khuy devint conscient qu'un nombre de ses citoyens parmi les plus importants siyyids, prêtres et fonctionnaires étaient devenus babis. Mirza Asadu'llah, à qui le Bab conféra la désignation de Dayyan (261), était l'un d'entre eux. Dayyan signifie le conquérant ou le juge. Mirza Asadu'llah, un homme fier, élevé dans le service au gouvernement et un homme d'une grande érudition qui maniait une plume fluide, (262) avait pendant longtemps résister aux tentatives des babis de le convertir. Non seulement il refusa de céder du terrain sur eux, mais il se révéla aussi un adversaire vociférant. Alors il eût un rêve qui le poussa à écrire au Bab. Et lorsqu'il reçut la réponse à sa lettre, il donna son allégeance au Bab avec un zèle et une ferveur qui alarmèrent tout à fait son père, qui était un ami personnel du grand vizir. Il écrivit à Haji Mirza Aqasi, s'étendant sur l'ensorcellement de son fils et déplorant ses graves aberrations. (263)

Une nouvelle fois Haji Mirza Aqasi se retrouva lui-même contrecarré. La foi du Bab était en train de se propager et il ne pouvait la contenir. Et à présent le grand vizir avait l'inquiétude supplémentaire d'observer la rapide détérioration de la santé de Muhammad Shah. Le Roi avait seulement 40 ans, mais comme il souffrait de la goutte, sa maladie était en train de l'épuiser.

A Chihriq même, un derviche arriva de l'Inde. Qui il était vrai, personne ne connaissait et personne ne savait même aujourd'hui. Le Bab lui donna le nom de Qahru'llah (la Colère de Dieu). Tout ce que ce derviche dirait à son sujet fut :

"Au temps où j'occupais la sublime position d'un navvab en Inde, le Bab m'apparut en rêve. Il me regarda et gagna totalement mon coeur. Je me levai et avais commencé à le suivre lorsqu'il me fixa et dit: "Débarrassez-vous de vos habits somptueux, quittez votre pays natal et hâtez-vous de venir à pied me rencontrer en Adhirbayjan.
À Chihriq, vous atteindrez le désir de votre coeur." Je suivis ses directives et suis à présent parvenu à mon but." (264)

Le Bab lui ordonna de retourner dans son pays natal par le même chemin qu'il était venu comme derviche et à pied. Qahru'llah n'aurait aucun compagnon dans ce long voyage de retour. Son sort reste un mystère, tout comme le sort échu de Shaykh Sa'id, la Lettre du Vivant de l'Inde.

Le Bab avait été à Chihriq pendant 3 mois losque Haji Mirza Aqasi décida qu'il devrait être emmené une fois de plus à Tabriz. Avant que les convocations n'arrivent, le Bab renvoya ces babis qui s'étaient réunis dans et autour de Chihriq; parmi eux était le redoutable Azim (265). Dans le même temps, il commissionna Shaykh Hasan-i-Zunuzi de réunir les écrits qu'Il avait révélé dans les deux forteresses, et les remis en sécurité à Siyyid Ibrahim-i-Khalil qui résidait à Tabriz.

Lorsque le Bab parvint à Urumiyyih, sur la route vers Tabriz, le gouverneur, Malik Qasim Mirza, un descendant de Fath-Ali Shah, le reçut de manière révérencieuse. Néanmoins, il décida de poser un test pour son invité. Un vendredi, lorsque le Bab planifia d'aller au bain public, il chargea qu'un cheval particulièrement indiscipliné soit apporté pour lui obéir. Ceux qui eurent vent de ce plan attendirent la sortie en retenant leur souffle. Miraculeusement, le cheval se tint calme devant le Bab, qui montait et qui le conduisait au bain avec un contrôle parfait. Le prince gouverneur, éhonté et humilié, marchait à pied à côté du cheval du Bab près de sa destination, jusqu'à ce que le Bab lui demanda de retourner à sa maison. Les nouvelles se propagèrent et stupéfièrent la ville. Lorsque le Bab sortit du bain et monta à nouveau le même cheval, hommes, femmes et enfants se ruèrent pour prendre chaque goutte d'eau qu'Il avait utilisée.

Depuis lors, à la résidence du gouverneur se pressaient journalièrement des personnes qui souhaitaient rencontrer le Bab ou juste saisir un regard de lui. Durant ce temps, Aqa-Bala Big, le naqqash-Bashi, (peintre en chef) fit un portrait du Bab, le seul qu'il ne soit jamais d'être fait de Lui; son histoire est d'un intérêt formidable.

Aqa-Bala Big était natif de Shishvan, un village sur les rives du lac Urumiyyih. Comme des vingtaines d'autres, il fut attiré à la maison du gouvernement pour voir le Bab. Des années plus tard, il raconta son expérience à Varqa, le poète-martyr baha'i. Il avait remarqué que dès que les yeux du Bab se posaient sur lui, il arrangeait son aba avec soin et le regardait de manière intense. Cela arriva également le jour suivant, et Aqa-Bala Big réalisa que le Bab lui avait fait signe qu'il puisse faire son portrait. Le peintre fit un croquis brouillon sur le champ. Plus tard, il composa un portrait en noir et blanc. Lorsque Varqa informa Baha'u'lah de cela, il lui fut ordonné de demander au peintre de faire deux copies du portrait en couleur, l'une envoyé en terre sainte et l'autre gardée par Varqa lui-même. La copie envoyé en Terre sainte se trouve dans les Archives Internationales de la Foi Baha'ie. La copie que le poète-marytr tenait fut parmi ses biens, pillée du temps de son arrestation. Le portrait original en noir et blanc fut découvert des années plus tard par Siyyid Asadu'llah-i-Qumi, qui l'amena en Terre sainte et le présenta à Abdu'l-Baha. (266)

Le Bab dut avoir atteint Tabriz dans la dernière semaine de juillet 1848. La maladie de Muhammad Shah était alors en train de donner de l'inquiétude à Haji Mirza Aqasi, et le rusé vieux grand vizir, conscient de sa chute proche, était déjà en train de rechercher les moyens d'amortir le choc. Au cours des années, il avait grandit pour être un homme très riche, possédant des villages et des fermes et des propriétés urbaines. Il savait qu'avec la mort de Muhammad Shah, il perdrait non seulement sa position et son pouvoir, mais également son énorme richesse. Lorsque Muhammad Shah était en train de mourir, Haji Mirza Aqasi ne fut pas long à être vu dans les enceintes du palais, car ses puissants ennemis dans la Cour, qu'il n'avait pas été capable de détruire, (267) étaient prêts à sauter sur lui. Il se retira dans son village de Abbasabad. Là-bas son garde du corps, recruté de sa ville natale de Mah-Ku, se désintégra.
La population de Téhéran qui avait tant souffert de leurs mains trouvait maintenant l'opportunité de se venger eux-mêmes, et Haji Mirza Aqasi se retrouva lui-même à de telles extrémités qu'il se sentit contraint d'écrire au prince-garçon, Abbas Mirza, et à nombre de courtisans importants, pour plaider pour l'harmonie et l'amitié. Comme aucune réponse n'était en train de sortir de ces quartiers, il essaya de regagner sa résidence à Téhéran. Mais le général d'artillerie qui commandait la garde royale à la citadelle, lui fit savoir que son séjour à Téhéran était indésirable. Ainsi il essaya d'atteindre l'Adharbayjan, la province dans la quelle il avait exilé le Bab, pour prendre refuge avec les habitants de sa ville natale. Il n'était pas loin de la capitale lorsqu'il fit demi-tour. Abandonné et moqué, il n'avait d'autre recours ouvert que de chercher refuge dans le tombeau de Shah Abdu'l-Azim. Telle fut la fin de tout pouvoir pour Haji Mirza Aqasi, l'Antéchrist de la Révélation Babie.

A Tabriz, le Bab fut envoyé devant le prince de la couronne, Nasiri'd-Din Shah, qui avait seulement 17 ans et avait récemment reçu l'administration de l'Adharbayjan. Un panel des importants prêtres de Tabriz s'étaient réunis pour interroger le Bab. Les hommes principaux de ce panel étaient : Haji Mirza Mahmud, le Nizamu'l-Ulama, qui était le tuteur en chef du prince de la couronne; Mulla Muhammad-i-Mamaqani, un disciple de Siyyid Kazim et une figure remarquable parmi les shaykhis; Haji Murtida-Quli-i-Marandi, le Alamu'l-Huda; Haji Mirza Ali-Asghar, le shaykhu'l-Islam (268) et Mirza Ahmad, l'Imam-Jumih. Les procédures de ce haut tribunal furent frivoles du début jusqu'à la fin. Là se trouvaient les lumières brillantes de la hiérarchie religieuse de Tabriz, rassemblés pour apprendre d'un jeune siyyid, qui revendiquait être le porteur d'un message de Dieu, quelle était la nature de sa revendication et quelles preuves il pouvait apporter pour le justifier.
Qu'ils manquent de façon misérable d'être juste et d'appliquer à eux-mêmes le problème devant eux, n'a pas besoin d'être recherché dans la preuve des disciples du Bab. Deux des meilleures histoires persanes connues de cette époque fournissent pleinement cette preuve. Ce sont la Nasikhu't-Tavarikh par Muhammad-Taqi Khan de Kashan (269) et le supplément au Rawdatu's-Safa de Mirkhund (270) par Rida-Quli Khan-i-Hidayat; les deux ouvrages furent écrits durant le règne de Nasiri'd-Din Shah. De ces deux histoires, Edward Granville Browne prépara une version du procès-verbal de cet infame tribunal pour les appendices de sa traduction de A Traveller's Narrative. Il utilisa aussi un autre livre, le Qisasu'l-Ulama (chroniques des prêtres) écrites en 1873. Typiques sont ces deux questions, dites avoir été posées au Bab par le Nizamu'l-Ulama :

"Comme le prophète ou quelque autre homme sage a dit "La connaissance est double - connaissance des corps et connaissance des religions"; je demande alors en médecine qu'est ce qui se passe dans l'estomac lorsqu'une personne souffre d'indigestion? Pourquoi certains continuent vers une permanente dyspepsie ou syncope [évanouissement], ou finissent dans l'hypocondriaquerie?"

"La science des "applications" est élucidée du livre et du Code, et la compréhension du Livre et du Code [le Qu'ran et les traditions] dépendent de beaucoup de sciences, telles que la grammaire, la rhétorique et la logique. Etes-vous le Bab conjugue Kala? (271)

On prétendit que le Bab aurait répondu qu'Il n'avait appris aucun mot conjugué en arabe dans son enfance, mais qu'il avait oublié les lois. Cela est supposé être la réponse d'une personne qui avait révélé le Qayyumu'l-Asma, le commentaire sur la sourate de Joseph, le commentaire sur la sourate de V'al-Asr - toutes en arabe.

Lorsque le Bab déclara clairement : "Je suis la personne dont vous attendu l'apparition pendant un millier d'années",

le nizamu'l-Ulam répondit :
"C'est-à-dire que vous êtes le Mahdi, le Seigneur de la religion?
"Oui, répondit le Bab.
"Le même en personne ou de manière générique?".
"En personne".
"Quel est votre nom, et quels sont les noms de votre père et de votre mère? Quel est votre lieu de naissance? Et quel âge avez-vous?".

"Mon nom est Ali Muhammad", répondit le Bab. "Ma mère était nommée Khadija et mon père Mirza Riza le vendeur de selles; mon lieu de naissance est Chiraz; et de ma vie 35 ans se sont écoulés" (272).

"Le nom du Seigneur de la religion set Muhammad; son père fut nommé Hasan et sa mère Narjis; son lieu de naissance était Surra-man-Ra'a; et son âge est plus d'un millier d'années. C'est le plus complet désaccord. Et en particulier je ne vous envoie pas".

"Revendiquez-vous être Dieu", demanda le Bab?
"Un tel Imam est digne d'un tel Dieu", répondit Nizamu'l-Ulama.
"Je peux écrire en un jour 2000 versets. Qui d'autre peut faire cela?".
"Lorsque je résidais dans les tombeaux suprêmes, j'avais un secrétaire qui avait l'habitude d'écrire 2000 versets par jour. Finalement il devint aveugle. Vous devez certainement abandonner cette occupation, ou autrement vous deviendrez également aveugle". (273)

Même de ces quelques citations, l'absurdité de ce procès pourrait être vue.

Les auteurs de Nasikhu't-Tavarikh, le supplément au Rawdatu's-Safa et Qisasu'l-Ulam prirent leur documentation d'un tract écrit par le même Nizamu'l-Ulama qui présidait le tribunal à Tabriz. mais Shaykh Muhammad-Taqi, le fils de Mulla Muhammad-i-Mamaqani, et ni moins qu'un adversaire de la foi du Bab que son père, dans un livre spécifiquement écrit pour réfuter cette foi, prit à partie le Nizamu'l-Ulama d'avoir perverti la vérité. Shaykh Muhammad-Taqi était lui-même présent au tribunal; dans son livre il souligna, un par un, les dénaturations du Nizamu'l-Ulama; Son témoignage des pouvoirs du Bab, qu'il enregistra en dépit de son antagonisme avoué et acharné, a récemment été réimprimé. Finalement, le nizamu'l-Ulama réunit autant de copies qu'il put de son propre tract et les détruisit.

Nabil-i-A'zam déclare, sur l'autorité de Shaykh Hasan-i-i-Zunuzi, que la personne la plus insolente au cours de ce simulacre de procès, fut Mulla Muhammad-i-Mamaqani. (274) Le Bab était assis entre lui et le prince de la couronne, et lorsqu'il affirma qu'Il était le Qa'im dont ils espéraient l'avènement, Mulla Muhammad explosa de colère :

"Vous, misérable et immature jeune homme de Chiraz.

"Vous avez déjà causé des troubles et des subversions en 'Iraq; désirez-vous à présent soulever un tumulte semblable dans l'Adhirbayjan?

"Votre Honneur, répliqua le Bab, Je ne suis pas venu ici de mon propre chef. J'y ai été convoqué." "Gardez votre calme", rétorqua Mulla Muhammad furieux, "vous, disciple pervers et méprisable de Satan!" "Votre Honneur", répondit à nouveau le Bab, "je maintiens ce que j'ai déjà déclaré."

Mulla Muhammad, de manière encore plus hautaine et dédaigneuse, rétorqua : "vous, disciple pervers et méprisable de Satan!"

Et le Bab répondit calmement : "Vôtre Honneur, je maintiens ce que j'ai déjà déclaré".

Puis selon Nabil-i-A'zam, le Nizamu'l-Ulama posa ce challenge :

"La revendication que vous avez avancée, dit-il au Bab, est stupéfiante; elle doit être étayée par la preuve la plus irréfutable." "La preuve la plus convaincante et la plus puissante de la vérité de la mission du Prophète de Dieu, répondit le Bab, est, de l'aveu de tous, sa propre parole. Muhammad en personne affirme cette vérité en disant: "N'est-ce pas assez pour eux que nous ayons fait descendre sur toi le Livre ?" (275)

Le Nizamu'l-Ulama répliqua : "Décrivez oralement, si vous dites la vérité", demanda le Nizamu'l-`ulami, "les actes de cette assemblée dans un langage qui ressemble à la phraséologie du Qur'an, afin que le vali-'ahd et les théologiens assemblés puissent témoigner de l'authenticité de votre revendication." Le Bab accéda aussitôt à la demande du Nizamu'l'ulami'. A peine avait-il prononcé les paroles: "Au nom de Dieu, le Miséricordieux, le Compatissant, louange à celui qui a créé le ciel et la terre", que Mulla Muhammad-i-Mamaqani lui coupa la parole et attira son attention sur une infraction aux règles de grammaire. "Cette personne qui s'est désignée elle-même le Qa'im", s'écria-t-il avec un orgueilleux dédain, "a, dès le début de son allocution, trahi son ignorance des règles les plus élémentaires de la grammaire!"

"Le Qur'an lui-même, fit valoir le Bab, n'est nullement en accord avec les règles et les conventions en usage parmi les hommes. La parole de Dieu ne pourra jamais être sujette aux limitations de ses créatures. Que dis-je, les règles et les critères que les hommes ont adoptés proviennent du texte de la parole de Dieu et sont fondés sur celui-ci. Ces hommes ont découvert, dans les textes mêmes de ce Livre sacré, pas moins de trois cents exemples d'erreurs grammaticales semblables à celle que vous venez de critiquer. Etant donné que c'était la parole de Dieu, ils n'ont eu d'autre alternative que de se soumettre à sa volonté."

Mais Mulla Muhammad fit la sourde oreille au Bab et un autre prêtre interrompit avec une question absurde sur le temps d'un verbe. Alors le Bab parla de ce verset du Qu'ran :
"Loin de la gloire de ton Seigneur, le Seigneur de toute grandeur, soit ce qu'on lui impute, et paix sur ses apôtres! Louange à Dieu, le Seigneur des mondes !" Aussitôt après, il se leva et quitta la réunion." (276) (277)

Peu de temps après ces procédures, il fut décidé d'infliger une punition corporelle sur le Bab, et il fut emmené à la maison de Muhammad-Kazim Khan, le farrash-bachi. (278) Alors que les gardes refusaient d'exécuter la sentence, Mirza Ali-Asghar, le shaykhu'l-Islam, administra personnellement la bastonnade. Lorsque les nouvelles parvinrent à Urumiyyih que le Bab avait été soumis à une telle indignité, beaucoup de ceux qui avaient été attirés par sa foi l'abandonnèrent. A Tabriz, le Bab fut vu par le docteur Cormick, un médecin anglais, le seul occidental à jamais l'avoir rencontré. Le révérend Benjamin Labaree, D.D., de la mission presbytérienne américaine à Urumiyyih, demanda au docteur Cormick des particularités de sa visite. Le médecin anglais écrivit en réponse :

"Vous me demandez certains détails de mon entrevue avec le fondateur de la secte connue sous le nom de babie. Rien d’important n’a transpiré de cette entrevue étant donné que le Bab savait que j’avais été envoyé, en compagnie de deux autres docteurs persans pour voir s’il était sain d’esprit ou tout simplement fou, et trancher la question qui était de savoir s’il fallait l’exécuter. Sachant cela, il était peu disposé à répondre aux questions qu’on lui posait.
A toutes les demandes, il nous regardait simplement d’un regard doux tout en psalmodiant d’une voix basse et mélodieuse certains hymnes, je suppose. Deux autres Siyyids (C’étaient sans doute les deux frères Siyyid Hasan et Siyyid Husayn de Yazd, duquel le dernier était spécialement son secrétaire), qui étaient ses amis intimes, étaient également présents; ils devaient par la suite être exécutés avec lui. (279) (C’est une erreur, Siyyid Husayn fut mis à mort dans la grande persécution de 1852, deux ans après le Bab).
Il y avait aussi plusieurs officiels du gouvernement. Il daigna une seule fois me répondre et ce lorsque je lui dis que je n’étais pas musulman, que je voulais m’informer sur sa religion, et qu’il se pouvait que je me sentisse enclin à l’adopter. Il me regarda très attentivement à ce moment là, et répondit qu’il était certain que tous les Européens embrasseraient sa religion. Nôtre rapport au Shah, en ce temps là, fut de nature à lui épargner la vie. Il fut exécuté quelques temps après par ordre de l’Amir-Nizam Mirza Taqi Khan. A la suite de nôtre rapport, il reçut simplement quelques coups de bâton, opération au cours de laquelle, intentionnellement ou non, un farrash le frappa au visage au moyen du bâton qui devait servir à le frapper au pied; ce coup lui causa une grande blessure et une enflure au visage.
Lorsqu’on lui demanda si un médecin persan devait être appeler pour le traiter, il exprima le désir de me voir, et je le traitai donc pendant quelques jours mais, au cours des entrevues qui s’ensuivirent, je ne pus jamais avoir un entretien confidentiel avec lui, car des gens du gouvernement étaient toujours présents, l’homme étant un prisonnier.
Il me remercia beaucoup pour mes attentions envers lui. C’était un homme très doux, d’aspect délicat, plutôt petit et très beau pour un Persan; il avait une voix douce et mélodieuse qui me frappa beaucoup. Puisqu’il était Siyyid, il était vêtu de l’habit de cette secte, comme ses deux compagnons d’ailleurs. En fait, tout son aspect et son comportement lui faisiat gagner la sympathie de chacun. Je n’entendis rien de sa doctrine de sa propre bouche, quoique je susse qu’il y avait une certaine ressemblance entre sa religion et le Christianisme. Certains menuisiers arméniens, qui avaient été envoyés faire quelques réparations dans sa prison, le virent lire la Bible; il ne donna point la peine de cacher ce livre; bien au contraire, il leur en parla. Très certainement, le fanatisme musulman n’existe pas dans sa religion vis-à-vis des Chrétiens; il n’existe pas non plus une restriction des droits des femmes, comme c’est le cas de nos jours". (280)

Cela doit avoir été à un moment dans les premiers jours d'août 1848 que le Bab fut ramené à Chihriq. De là-bas, il adressa une lettre à Haji Mirza Aqasi :

"O toi qui a refusé de croire en Dieu, et qui t'es détourné de ses signes". (281)

Cette lettre, sévère et sans modération, est connue comme la Khutbiyi-i-Qahriyyih (sermon de la Colère). Le Bab l'envoya à Hujjat qui était encore à Téhéran, incapable de retourner dans sa ville natale, pour la donner en personne au grand vizir. Hujjat exécuta la tâche qui lui fut confiée. Depuis lors Haji Mirza Aqasi était tombé du pouvoir pour finir ses jours dans l'obscurité en Iraq.

Muhammad Shah mourut le 4 septembre 1848. (282) Moins d'une année plus tard, Haji Mirza Aqasi le suivit dans la tombe.


Chapitre 12: Ce midi d'été

(martyre du Bab)

"Etoile transcendante, hors du passé mortel, la gloire de votre vie à travers tous les globes, baigne l'éclaircie sans fin des années.
Le rayon de la lumière que vous apportez à l'homme a purifié à nouveau le coeur de la planète!
Votre sang fut versé sur son aridité comme la rosée, émanant du décret de Dieu, laisse chaque goutte enlevé, élève les nations, et les morts vivants, raviver la vision de la jeunesse de l'esprit : aurorale est la fontaine de ta vérité".
- Béatrice Irwin (283)

La mort de Muhammad Shah et la chute de Haji Mirza Aqasi furent des événements aux conséquences d'une grande portée. Le nouveau roi était très jeune et inexpérimenté, tandis que l'homme qui occupait à présent le siège laissé vacant par la disparition de Haji Mirza Aqasi était capable et incorruptible, mais opiniâtre et têtu. Mirza Taqi Khan, l'Amir-Nizam (mieux connu par son dernier titre Amir-i-Kabir), s'était lui-même, par une force violente de ses capacités, élevé d'origines humbles à une position de pouvoir. Son père avait été le cuisinier dans l'emploi du célèbre Qa'im-Maqam. Et il avait été ce grand ministre qui avait tout d'abord de grandes promesses dans le jeune Taqi. Bien que Nasiri'd-Din Shah régnait à présent sur l'Iran, ce fut Mirza Taqi Khan qui la gouvernait.

Une nouvelle fois, aux confins de Chihriq, le Bab avait interrompu la communication avec ses disciples. Mulla Adi Guzal, natif de Maraghih (Adharbaïjan), agit comme courrier, traversant souvent de grandes distances à pied. Des décennies plus tard, Abdu'l-Baha se rappela le jour où cet infatigable homme arriva à Téhéran, habillé comme un derviche et très fatigué par le voyage. Vahid, en apprenant qui il était et d'où il était venu, se courba et embrassa les pieds pleins de boue du courrier, car il avait été en la présence du Bien-Aimé.

L'un de ses voyages de coursier l'emmena à Quddus, avec le cadeau d'une plume précieuse et un turban vert envoyé par le Bab. Et lorsque Quddus et Mulla Husayn et leurs compagnons moururent comme martyrs dans le Mazindaran, le Bab choisit ce même fidèle coursier pour aller en pèlerinage à sa place dans la terre trempée de leur sang. Ainsi Mulla Adi Guzal fut le premier babi à porter les yeux des scènes du carnage. Il fut aussi pendant 2 mois, l'assistant personnel du Bab dans le château de Chihriq. (284)

Sulayman Khan, le fils de Yahya Khan de Tabriz, était l'un des importants disciples du Bab qui atteignit Sa présence dans ce château, après avoir fait le voyage déguisé. (285) Il n'avait aucun goût pour le service à la Cour, et était aller en Iraq pour vivre sous l'ombre du tombeau de l'Imam Husayn. Là-bas il se retrouva lui-même attiré par les enseignements de Siyyid Kazim et entendant plus tard de l'avènement du Bab, lui donna son allégeance. Les nouvelles de la triste situation de ses condisciples, qui étaient traqués et assiégés dans le Mazindaran, fit demi-tour dans son pays natal. Il atteignit Téhéran habillé comme un prêtre. Mirza taqi Khan cependant lui fit se débarrasser de son turban et de son long manteau et l'obligea à porter l'uniforme militaire. Mais il ne pouvait pas le persuader de rentrer au service du gouvernement. Le but premier de Sulayman Khan resta inaccompli; donner assistance à Quddus et au Babu'l-Bab se révéla impossible, mais son soudain départ de Karbila n'allait pas être en vain ou stérile de résultat significatif.

Un autre visiteur à Chihriq durant les derniers moments de la vie du bab fut son oncle, Haji Mirza Siyyid Ali. Sa vie aussi était proche de sa fin, pour être sacrifiée dans le chemin de son neveu. Deux ans avaient passés depuis le jour que son neveu lui avait dit adieu à Chiraz, et Haji Mirza Siyyid Ali ne pouvait supporter plus longtemps le tiraillement de la séparation. Il fit ses comptes, ferma ses livres et la route pour l'Adharbayjan. Ayant atteint le désir de son coeur, il écrivit à son frère, Haji Mirza Siyyid Muhammad pour l'aider à voir la vérité de la mission de leur neveu. Sa lettre fut écrite le 5ème jour de Jamadiu'l-Ula - l'anniversaire de la Déclaration du Bab.
"En un tel jour", dit-il à son frère, "la Lumière resplendissante de Dieu brille... C'est le Jour de la Résurrection... le jour de contempler le Visage de Dieu". (286)
Le Promis, espéré et attendu était en fait venu, affirmait-il, et en venu avec des versets constituant la preuve première de toutes les Manifestations de Dieu. Il désirerait que tous les membres de sa famille voient cette lettre. On ne peut que s'émerveiller de la qualité de la dévotion et de la certitude que cette lettre révèle.

Rencontrer, après un intervalle si long, l'oncle qui était resté ferme in loco parentis à lui lorsqu'il était orphelin, doit avoir donné au Bab une joie intense. Mais au cours des quelques mois (287) qui suivirent la visite de son oncle, les nouvelles arrivèrent qui Lui apportèrent une tristesse insupportable. A Shaykh Tabarsi dans le Mazindaran, un grand nombre de ses disciples avaient été massacrés, comprenant 9 de ses premiers disciples, le Lettres du Vivant; parmi eux étaient le Babu'l-Bab qui avait le premier crût en lu et Quddus, son compagnon dans le voyage en Hijaz, le bien-aimé disciple, dont la primauté était sans égale.

Selon Son secrétaire :

"Le Bab eut le coeur brisé lorsqu'il reçut cette dépêche inattendue", racontera par la suite son secrétaire, Siyyid Husayn-i-'Aziz. "Il était écrasé par le chagrin, un chagrin qui fit taire sa voix et sa plume. Durant neuf jours, il refusa de rencontrer ses amis. Même moi qui étais son assistant intime de toujours, je n'étais pas autorisé à aller le voir. Il refusa de toucher à quelque nourriture ou quelque boisson que nous lui offrions. Des larmes coulaient sans cesse de ses yeux et on ne l'entendait prononcer que des paroles d'angoisse. Je pouvais l'entendre de derrière les rideaux donner libre cours à ses sentiments de tristesse alors qu'il communiait avec son Bien-Aimé dans l'intimité de sa cellule. J'essayais de noter les effusions de son chagrin au fur et à mesure qu'elles débordaient de son coeur blessé. Soupçonnant mon intention de garder pour la postérité les lamentations qu'il exprimait, il me pria de détruire tout ce que j'avais relaté. Rien ne demeure des pleurs et des plaintes par lesquels ce coeur accablé cherchait à se libérer de la souffrance extrême qui l'avait envahi. Durant une période de cinq mois, il languit, plongé dans un océan de tristesse et d'abattement". (288)

Conscient que sa propre vie était proche de la fin, le Bab mis tous ses écrits, ses plumes, ses sceaux et ses anneaux dans une boite qu'Il confia à Mulla Baqir-i-Tabrizi, l'une des Lettres du Vivant, avec des instructions de les délivrer, à Mirza Ahmad-i-Katib :

"Mulla Baqir partit aussitôt pour Qazvin. Dix-huit jours plus tard, il atteignit cette ville et apprit que Mirza Ahmad était parti pour Qum. Il quitta aussitôt la ville pour cette destination où il arriva vers le milieu du mois de sha'ban. (289) Je me trouvais alors à Qum... J'habitais la même maison que Mirza Ahmad... En ce temps-là, Shaykh 'Azim, Siyyid Isma'il et quelques autres compagnons demeuraient avec nous dans cette maison. Mulla Baqir remit le dépôt entre les mains de Mirza Ahmad qui, sur l'insistance de Shaykh 'Azim, l'ouvrit devant nous. Nous nous émerveillâmes de voir, parmi les choses que contenait ce coffre, un parchemin en papier bleu, d'une texture des plus fines, sur lequel le Bab avait, de sa propre écriture dans le style d'un fin shikastih, écrit sous forme d'un pentacle quelque cinq cents versets constitués de dérivés du mot "Baha". (290) Ce parchemin était parfaitement conservé, absolument immaculé, et donnait l'impression, de prime abord, d'être une page imprimée plutôt qu'écrite. L'écriture était si fine et si enchevêtrée que, vu de loin, le texte apparaissait comme une seule tache d'encre sur le papier. Nous débordions d'admiration devant un chef-d'oeuvre qu'aucun calligraphe, croyions-nous, ne pouvait égaler. Ce parchemin fut replacé dans le coffret et remis à Mirza Ahmad qui, le jour même où il le reçut, partit pour Tihran. Avant de s'en aller, il nous informa que tout ce qu'il pouvait divulguer de cette lettre était l'injonction qu'elle contenait, selon laquelle le dépôt devait être remis aux mains de Jinab-i-Baha (291) à Tihran. (292)

Ce fut aussi durant les derniers quelques mois de sa vie que le Bab composa le bayan arabe qui, de l'avis de Nicolas, est le modèle des enseignements du Bab.

L'homme qui prit la décision d'avoir à exécuter le Bab était Mirza taqi Khan, le grand vizir de Nasiri'd-Din Shah. Sa nature opiniâtre ne libéra aucune opposition. Mirza Aqa Khan-i-Nuri, qui avait un poste ministériel, fit une protestation feinte, mais sa voix fut dédaignée. des ordres furent envoyés à Hamzih Mirza, le Hishmatu'd-Dawlih, gouverneur-général de l'Adharbayjan, d'amener le Bab à Tabriz. Lorsque ceux-ci furent exécutés, des ordres supplémentaires arrivèrent du grand vizir, apporta non moins comme personne que son frère, Mirza Hasan Khan, le Vazir-Nizam. Ils eurent comme effet que le Bab devrait être exécuté par un peloton d'exécution, en plein public.

Hishmatu'd-Dawlih refusa absolument d'être associé de quelque sorte que ce soit avec une telle action infamante. Sa réponse fut : "Je ne suis ni Ibn-i-Ziyad (293) ni Ibn-i-Sa'd pour qu'il fasse appel à moi pour exécuter un descendant du Prophète de Dieu aussi innocent que cet homme." (294)

Le grand vizir, en étant informé par Mirza Hasan Khan de ce refus, instruisit son frère d'exécuter les ordres sous sa propre autorité. Privé de son turban et de sa ceinture, les deux emblèmes de sa noble descendance, le Bab ainsi que Siyyid Husayn, son secrétaire, furent conduits vers une nouvelle prison qui, comme il le savait parfaitement, ne constituait qu'un pas en avant sur le chemin qui allait le mener vers le but qu'il s'était assigné. Sur le chemin de la citadelle, un jeune, pieds nus et hagard, se jeta lui-même aux pieds du Bab, le suppliant :

"Ne me renvoie pas, ô mon maître! Laisse-moi te suivre partout où tu vas." "Muhammad 'Ali, répondit le Bab, lève-toi, et sois certain que tu seras avec moi. Demain, tu témoigneras de ce que Dieu a décrété." (295)

Ce jeune, Mirza Muhammad-Aliy-i-Zunuzi, avait longtemps été dévoué au Bab, mais son beau-père (296) avait utilisé chaque subterfuge pour l'empêcher de rencontrer le Bab et de donner son allégeance, même allant jusqu'à l'extrémité de l'enfermer dans sa propre maison. Shaykh Hasan-i-Zunuzi allait relater à la famille et ainsi eût accès à Mirza Muhammad-Ali. Lui rendant visite un jour, Shaykh Hasan trouva le jeune transformé, ne s'apitoyant plus et ne déplorant plus sur son sort, mais heureux et en paix. "Les yeux de mon Bien-Aimé", dit-il à Shaykh Hasan", ont contemplé ce visage, et ces yeux ont contemplé sa contenance". Puis il raconta une expérience qu'il avait eue :

"Laissez-moi, ajouta-t-il, vous dire le secret de mon bonheur. Après le retour du Bab à Chihriq (297), un jour alors que je restais confiné dans ma cellule, je tournai mon coeur vers lui et le suppliai en ces termes: 'Tu vois, ô mon Bien-Aimé, ma captivité et mon impuissance, et tu sais avec quelle ardeur je languis de jeter un regard sur ton visage. Dissipe les ténèbres qui oppressent mon coeur par la lumière de ta face." Quelles larmes d'atroce douleur n'ai-je versées en cette heure-là! J'étais si écrasé par l'émotion que je semblais avoir perdu conscience. Soudain, j'entendis la voix du Bab, et voilà qu'il m'appelait. Il me pria de me lever. Je contemplais la majesté de ses traits lorsqu'il apparut devant moi. Il souriait en me regardant dans les yeux. Je me précipitai vers lui et me jetai à ses pieds. "Réjouissez-vous, dit-il; l'heure approche où, dans cette même ville, je serai pendu sous le regard de la foule et tomberai victime du feu de l'ennemi. Je ne choisirai personne d'autre que vous pour partager avec moi la coupe du martyre. Soyez assuré que cette promesse que je vous fais se Réalisera." (298)

Maintenant deux ans plus tard, dans un faubourg de Tabriz, Mirza Muhammad-Aliy-i-Zunuzi reçut la même promesse et assurance du Bab.

Cette nuit le Bab était joyeux. Il savait que le jour suivant il boirait la coupe du martyre. Il savait aussi que sa mission sur cette terre était totalement accomplie en dépit de l'opposition féroce montée par les prêtres et gouverneurs de la terre, et en dépit des tyrannies et indignités auxquelles il avait été soumis sans merci. Aucun pouvoir n'avait réussit à éteindre la flamme de la foi que Son Verbe avait allumé. Il avait en toute connaissance de cause sacrifié sa vie pour l'amour du Rédempteur promis dans toutes les croyances. Le proche avènement de "Celui que Dieu rendra manifeste" (Man-Yuzhiruhu'llah) avait été son thème constant. Il avait fait l'acceptation de Son propre Livre - le puissant Bayan - dépendant du bon plaisir de "Celui que Dieu rendra manifeste", à Qui il avait adressé dans les premiers jours de son Ministère :

"O Toi Vestige de Dieu! Je me suis sacrifié entièrement pour Toi; j'ai accepté les malheurs pour l'amour de Toi et je n'ai désiré rien d'autre que le martyr dans le sentier de Ton amour". (299)

Et maintenant en cette nuit - sa dernière sur la terre - il était heureux et content. Il dit aux disciples fidèles qui étaient avec Lui qu'il préférerait rencontrer la mort de la main d'un ami plutôt que de celles des ennemis, et les invita à accomplir son désir. Parmi ces hommes qui l'aimaient si tendrement, seul Mirza Muhammad-Ali osa entreprendre cette tâche redoutable, mais ses compagnons le retinrent. "Ce même jeune homme qui s'est levé pour se conformer à mon voeu", dit le Bab, subira avec moi le martyr. C'est lui que je choisirai pour en partager la couronne". Et il ajouta : "En vérité, Muhammad-Ali sera avec Nous dans le Paradis". (300)

Jésus fut crucifié avec deux criminels, et Saint Luc nous dit :

"Et l'un des malfaiteurs suspendus à la croix l'injuriait : "N'es-tu pas le Christ? Sauve-toi toi même, et nous aussi".
Mais l'autre, le reprenant, déclara : "Tu n'a même pas la crainte de Dieu, alors que tu subis la même peine! Pour nous, c'est justice, nous payons nos actes, mais lui n'a rien fait de mal".
Et il disait : "Jésus, souviens-toi de moi, lorsque tu viendras avec ton royaume". Et il lui dit : "En vérité, je te le dis, aujourd'hui tu seras avec moi dans le paradis". (301)

Le matin ils amenèrent le Bab aux domiciles des prêtres importants; Mulla Muhammad-i-Mamaqani, Mulla Murtida-Quly-i-Marandi et Mirza Baqir pour obtenir l'arrêt de mort. Ces hommes n'avaient besoin d'encouragement: ils avaient les arrêts écrits et scellés, prêts à être délivrés au farrash-bashi et ils ne daignèrent même pas montrer leurs visages au prisonnier.

A nouveau nous nous rappellerons de Saint Luc :

"Les hommes qui le gardaient le bafouaient et le battaient; ils lui voilaient le visage et l'interrogeaient en disant : "Fais le prophète! Qui est-ce qui t'a frappé?". Et ils proférèrent contre lui beaucoup d'autres injures.

Et quand il fit jour, le conseil des Anciens du peuple, s'assembla, grands prêtres et scribes. Ils l'amenèrent dans leur Sanhédrin et dirent : "Si tu es le Christ, dis-le nous". Il leur dit : Si je vous le dis, vous ne me croirez pas, et si je vous interroge, vous ne répondrez pas".

Mais désormais le Fils de l'homme siègera à la droite de la Puissance de Dieu! Tous dirent alors : "Tu es donc le Fils de Dieu"!. Il leur déclara : "Vous le dites : je le suis".

Et ils dirent : "Qu'avons-nous encore besoin de témoignage? Car nous-mêmes l'avons entendu de sa bouche!". (302)

Le beau-père de Mirza Muhammad-Ali fit maintenant un tentative pour le sauver. Siyyid Husayn-i-Yazdi et son frère, sur les instructions du Bab lui-même, s'étaient rétractés afin qu'ils puissent emmener aux disciples du Bab ses derniers mots et souhaits. Mirza Muhammad-Ali refusa toute flatterie, déclara son désir de mourir avec son Maître, et dit à Mulla Muhammad-i-Mamaqani : "Je ne suis pas fou, rétorqua-t-il. Une telle accusation devrait plutôt être portée contre vous, qui avez condamné à mort un homme aussi saint que le Qa'im promis. Celui qui a embrassé sa foi et désire ardemment verser son sang dans son sentier n'est pas un insensé." (303). Son jeune enfant lui fut apporté. Ils pensaient que par chance, la vue du garçon puisse adoucir son coeur. Mais la résolution de Mirza Muhammad-Ali resta inébranlable. Dieu fournirait pour son enfant et le protégerait.

Ainsi à midi ils amenèrent le Bab et son disciple dans le jardin en face de la citadelle de Tabriz. Sam Khan, le commandant du régiment arménien, détaché pour les exécuter, était mal à l'aise : Pour quel crime allaient-ils être mis à mort? Incapable de calmer la voix de sa conscience, Sam Khan approcha du Bab : "Je professe la foi chrétienne, expliqua-t-il au Bab, et ne nourris aucun mauvais désir contre vous. Si votre cause est celle de la vérité, permettez-moi de me libérer de l'obligation de répandre votre sang." "Suivez vos instructions, répondit le Bab, et si votre intention est sincère, le Tout-Puissant peut assurément vous libérer de votre embarras.". (304)

le Bab et son disciple furent suspendus par des cordes d'un clou dans le mur, la tête de Mirza Muhammad-Ali reposant sur la poitrine du Bab. 750 soldats furent positionnés en trois files. Les toits des bâtiments autour grouillaient de spectateurs.

Chaque rangée de soldats tira tout à tour. Dès que le nuage de fumée se fut dissipé, une multitude ébahie vit une scène à laquelle ses yeux pouvaient à peine croire. Devant elle, debout et indemne, se tenait le compagnon du Bab, alors que celui-ci avait disparu, sain et sauf, de sa vue.
Bien que les cordes au moyen desquelles ils étaient suspendus fussent déchiquetées par les balles, leurs corps avaient miraculeusement échappé à la salve. Même la tunique que portait Mirza Muhammad-'Ali était restée intacte en dépit de l'épaisseur de la fumée. "Le Siyyid-i-Bab a disparu de notre vue!" entendit-on crier la foule ébahie.

Une recherche frénétique s'ensuivit et on le trouva finalement assis dans la chambre même qu'il avait occupée la nuit précédente, en train de terminer sa conversation interrompue avec Siyyid Husayn. A présent il avait fini et il dit au farrash-bachi defaire son devoir. mais le farrash-bachi était terrorisé et s'enfuit, et il ne retourna jamais à son poste. Sam Khan, pour sa part, dit à ses supérieurs qu'il avait arrêté la tâche lui étant donnée; il n'essaierait pas une seconde fois. Ainsi Aqa jan Khan-i-Khamsih et son régiment Nasiri remplaça les arméniens, et le Bab et son disciple furent une nouvelle fois suspendus dans le même endroit.

A présent, le Bab s'adressa à la foule réunie pour le voir mourir :

"Si vous aviez cru en moi, ô génération rebelle", furent les dernières paroles qu'adressa le Bab à la foule qui le regardait alors que le régiment se préparait à tirer l'ultime salve, "chacun d'entre vous aurait suivi l'exemple de ce jeune homme qui était supérieur à la plupart d'entre vous quant au rang, et vous vous seriez volontairement sacrifiés dans mon sentier. Le jour viendra où vous me reconnaîtrez; ce jour-là, j'aurai cessé d'être parmi vous". (305)

Et Saint Luc raconte :

"Une grande masse du peuple le suivait, ainsi que des femmes qui se frappaient la poitrine et se lamentaient sur lui. Mais, se retournant vers elles, Jésus dit : "Filles de Jérusalem, ne pleurez pas sur moi! pleurez plutôt sur vous-mêmes et sur vos enfants! Car voici venir des jours où l'on dira : "Heureuses les femmes stériles, les entrailles qui n'ont pas enfanté, et les seins qui n'ont pas nourri!

Alors on se mettre à dire aux montagnes : "Tombez sur nous! et aux collines : Couvrez-nous!". (306)

Le régiment nasiri fit feu. Les corps du Bab et de son disciple furent déchiquetés, et leur chair était unie. Mais le visage du Bab était intact. Puis une tempête descendit sur Tabriz.Un tourbillon de poussière d'une incroyable épaisseur obscurcit la lumière du soleil et aveugla les gens. La cité tout entière resta enveloppée dans cette obscurité de midi jusqu'à la nuit.

"C'était déjà environ la sixième heure quand, le soleil s'éclipsant, l'obscurité se fit sur la terre jusqu'à la neuvième heure. Le voile du Sanctuaire se déchira par le milieu, et, jetant un grand cri, Jésus dit : "Père, en tes mains je remets mon esprit". Ayant dit cela, il expira". (307)

Ainsi à midi, par un midi d'été, dimanche 9 juillet 1850, (308)

- ils mirent à mort une Manifestation de Dieu, juste à midi, comme des siècles auparavant, une autre Manifestation de Dieu fut tuée.

Lorsque la nuit tomba, ils entraînèrent les corps à travers les rues de Tabriz, et les jetèrent au bord d'un fossé entourant la ville. Des soldats étaient stationnés là-bas pour les garder de peur que les babis n'essayent de récupérer les précieux restes. Pas très loin, deux babis, feignant la folie, firent la veille durant la nuit.

Le matin suivant, le consul russe prit un artiste avec lui pour faire une esquisse des restes du Bab.

Sulayman Khan, ce loyal disciple qui atteignit la présence du Bab à Chihriq, atteignit Tabriz le jour après Son martyr. Il avait l'intention de sauver son Maître. Mais ce ne fut pas. A présent, il alla directement vers le Haji Mirza Mihdi Khan, le Kalantar (Maire) de Tabriz, qui était un ami de longue date et lui dit qu'il avait décidé de tenter tout cette même nuit et de transporter les corps par une attaque surprise sur les soldats les gardant au bord du fossé. Le kalantar lui conseilla d'attendre et de suivre sa suggestion et lui assura qu'il y aurait un moyen plus sur et meilleur pour accomplir son but.

Il y avait à Tabriz un certain Haji Allah-Yar, un confident du kalantar, bien connu pour ses exploits. Instruit par le kalantar, Haji Allah-Yar utilisa de tels moyens qu'il connaissaient pour emmener les corps de dessous les yeux des soldats. Il délivra les restes à Sulayman Khan, qui les avaient déplacés dans l'usine de soie de Haji Ahmad, un babi de Milan. Là-bas ils furent recouverts et cachés sous les balles de soie. Le jour suivant, un cercueil fut fait pour les contenir, et ils furent emmenés en sécurité. Haji Allah-Yar refusa d'accepter quelque récompense pour son service. (309)

Pendant ce temps, les sentinelles cherchaient à se justifier de leur disparition en prétendant que, tandis qu'ils dormaient, des bêtes sauvages avaient emporté les corps. Et les prêtres donnèrent crédence à cette histoire et exultèrent de joie. Quelle meilleure preuve pouvait-il être montré combien le Siyyid-i-Bab était faux? Les bêtes ne pouvaient consommer les restes de l'Imam. (310)


Chapitre 13: Les briseurs d'aurores

"Savez-vous ce que les chercheurs de vie recherchent? la mort - et soumis, jettent leur vie au pieds du Bien-Aimé.
Celui qui dirige ses pas vers la Ka'aba, ne se soucie pas de l'épine blessante dans les déserts tristes".
- Azizu'llah Misbah. (311)

Le Bab apparut dans un pays renommé par un passé glorieux et envié; mais depuis le début du 19ème siècle, l'Iran avait décliné. La structure de l'Etat avait commencé à branler sous la dynastie safavide (1591-1732), jouissant seulement d'une brève reprise dans les deux règnes suivants. (312) Mais au milieu du 19ème siècle, la Perse était matériellement appauvrie, intellectuellement stagnante, spirituellement moribonde. La condition de la paysannerie était épouvantable. La corruption avait rongé en profondeur les forces vitales de la nation et l'oppression et la tyrannie étaient largement propagées. On dit que chaque homme a son prix; l'adage était particulièrement vrai des persans du milieu du 19ème siècle. les bureaux d'Etat et les gouvernements étaient honteusement achetés et vendus. Des taxes et des revenus de douane étaient produits. Les pots de vin, la spéculation et l'extorsion étaient légitimes sous le nom respectable de Madakhil (avantages). Les villes historiques et les bâtiments étaient tombés en ruine. Beaucoup de voyageurs ont remarqué de l'aspect magnifient de villes célèbres, bourgs et villages lorsque vues de loin, avec leurs dômes et leurs minarets, leurs citadelles et leurs portes, leurs bosquets et leurs orchidées; mais combien misérables et dilapidées elles se trouvèrent être en y entrant. Le bilan de la maladie, du manque de soins et de l'insécurité avaient réduit la population d'un pays avec une surface de la taille de l'Europe occidentale à bien au-dessous de 10 millions.

Le fardeau d'un Etat semi-féodal était en fait onéreux, et non moins lourd était le fardeau de la domination établie par les prêtres. Certainement, ils avaient dans leurs rangs des hommes du calibre et de la qualité de Shaykh Ahmad-i-Ahsa'i, Siyyid Kazim-i-Rashti, Haji Siyyid Muhammad-Baqir-i-Rashti (313) et Shaykh Murtiday-i-Ansari, des hommes qui avaient un regard élevé pour la vérité et la droiture; ils étaient tout aussi bien au service de l'Etat que des hommes d'une vision éclairée et d'une intégrité brillante. mais collectivement les prêtres abusaient du pouvoir qu'ils avaient obtenu avec l'avènement de la dynastie safavide.

La chute d'une nation du pinacle de l'accomplissement est plus marquée que le déclin de hauteurs moins grandes.



13.1. L'Appel d'un Nouveau Jour

L'Appel du Bab était un appel pour réveiller, une revendication qu'un Nouveau Jour était apparu. Mais la grandeur de cette revendication n'était pas réalisée facilement; l'une des premières à faire ainsi était Qurratu'l-Ayn. Lorsque Mula Aliy-i-Bastami fut condamné et emprisonné à Bagdad, elle était encore à Karbila. A cause des plaintes par les prêtres shiites, le gouvernement la renvoya à Bagdad, où elle demeura dans la maison de Shaykh Muhammad Shibl, le père de Aqa Muhammad Mustafay-i-Baghdadi, jusqu'à ce que le gouvernement la déplace dans la maison du mufti de Bagdad. (314) Elle était si franche dans ses déclarations publiques que certains de ses disciples de Kazimayn furent inquiets et selon Aqa Muhammad-Mustafa, s'agitèrent contre elle. Siyyid Ali Bishr, le plus érudit d'entre eux, écrivit une lettre de leur part au Bab, que Nawruz-Ali, autrefois assistant de Siyyid Kazim, emmena à Lui à Mah-Ku, revenant avec Sa réponse du rang de haute louange de Qurratu'l-Ayn. Cela causa à Siyyid Ali Bishr et à son groupe de Kazimayn (315) de se retirer de la foi qu'ils avaient auparavant épousé avec enthousiasme. Le Bab décrivait Qurrratu'l-Ayn, dans cet épître, comme Tahirih, la Pure, et Siddiqih, la Véridique, et posa une injonction sur ses disciples en Iraq d'accepter sans poser de questions tout ce qu'elle dirait, car ils n'étaient pas en position de comprendre et d'apprécier sa station. En ce temps-là, un grand nombre de babis s'étaient réunis à Bagdad et Qurratu'l-Ayn était constamment et ouvertement en train d'enseigner la foi. Elle avait reçu une copie du commentaire de la sourate du Kawthar, que le Bab avait révélé pour Vahid, et elle fit plein usage de celui-ci, conduisant les prêtres opposés au désespoir. Lorsqu'elle jeta un challenge à eux pour débattre de la question avec elle, leur seule réponse fut une dénonciation véhémente.

Najib Pasha était encore à son poste comme vali de Bagdad, mais il était à présent un homme assagi. De plus, les adversaires de Qurratu'l-Ayn étaient les prêtres shiites et Najib Pasha, étant sunnite, ne prenait aucune action pour les plaire, mais il rapporta à la Sublime Porte que Qurratu'l-Ayn les avaient défiés. Les autorités à Constantinople n'étaient également pas prêtes à donner un réconfort aux shiites en faisant un martyr de Qurratu'l-Ayn. Dans le même temps, ils n'avaient pas souhaité défendre sa cause. Ils dirent à Najib Pasha que, comme Qurratu'l-Ayn était persane, elle devrait se borner à défier les prêtres de sa terre natale; elle devrait être envoyée en Perse. Ainsi Qurratu'l-Ayn (316) (ou Tahirih comme nous l'appellerons), accompagnée par un nombre de babis (317) ardents et importants, quittèrent Bagdad et furent escortés à la frontière par Muhammad Aqa Yavar, un officier au service de Najib Pasha, qui devint attiré par la Cause qu'elle était en tain de recommander.

Des arrêts divers et mouvementés furent faits par Tahireh et ses compagnons dans leur voyage à travers la Perse pour Qazvin. Dans la petite ville de Kirand, son éloquence et la clareté de sa dissertation impressionnèrent tellement les chefs de cette région qu'ils offrirent de placer 12000 hommes sous son commandement, de la suivre partout où elle irait. La grande majorité (sinon tous) des habitants de Kirand et de son voisinage étaient Aliyu'llahis. Tahirih leur donna sa bénédiction, leur dit de rester dans leurs maisons, et partit pour Kirmanshah. Le défi qu'elle présenta à Aqa Abdu'llah-i-Bihbihani, le prêtre principal de cette ville, le déconfit entièrement. Avec la clameur populaire pour une réponse positive et le gouverneur traitant Tahirih avec grand respect, le prêtre acculé chercha à se libérer de son dilemme en écrivant à son père à Qazvin, lui demandant d'envoyer certains de se proches parents pour la ramener à Kiramnshah. Aqa Muhammad-Mustafa, lui-même un témoin oculaire, décrit de manière vivante comment 4 hommes arrivèrent de Qazvin, se joignirent aux forces avec un officier de Qazvin stationné à Kirmanshah, envahirent la maison où les compagnons de Tahirih se trouvaient, et les battirent et leur volèrent tout ce qu'ils possédaient. Lorsque le gouverneur appris ce qui s'était passé, il ordonna l'arrestation des coupables et redonna aux babis leurs biens. IL fut bientôt connu que Aqa Abdu'llah avait conspiré pour provoquer la situation.

De Kirmanshah, Tahirih et ses compagnons avancèrent vers de nouvelles scènes de triomphe dans la petite ville de Sahnih, avant d'atteindre Hamadan. Là-bas, ses frères arrivèrent de Qazvin pour la prier de retourner avec eux dans leur ville natale. Elle agréeait à la condition qu'elle puisse rester assez longtemps à Hamadan pour rendre le public instruit de la foi du Bab. Durant son séjour à Hamadan, elle posa un défi à Ra'isu'l-Ulama, le prêtre principal de la ville, dont la réponse fut d'avoir le porteur de son traité, Mulla Ibrahim-i-Mahallati, lui-même un prêtre distingué, battu et jeté de sa maison. Mulla Ibrahim oscilla entre la vie et la mort pendant quelques jours, et bien qu'il recouvra la santé, son martyr ne fut pas terminé. Ce revers fut contrebalancé par le succès de Tahirih en convertissant deux dames de la famille royale, mariées à des descendants de l'aristocratie de Hamadan, et même pus significatif furent ses discours avec deux des plus érudit rabbins juifs (318) qui menèrent à attirer des membres de la foi juive à la foi babie. (319) Hamadan, florissant sur le site de l'ancien Ecbatana, est la ville où les tombes d'Esther et de Mordochée sont situées.

Comme promis, Tahirih partit alors pour Qazvin en compagnie de ses frères. Avant de partir, elle demanda à la plupart des babis arabes qui étaient avec elle de retourner en Iraq. Seuls quelques uns restèrent en arrière pour la rejoindre plus tard à Qazvin, mais en un mois, elle demanda à tous ses condisciples, aussi bien arabes et persans, qui avaient voyagé avec elle, de quitter sa ville natale. De la grande compagnie qui était venue d'Iraq, la suivant et la soutenant, seuls Mulla Ibrahim-i-Mahallati et Shaykh Salih-al-Karimi restèrent avec elle à Qazvin.

Trois autres (320) allèrent à Téhéran, où ils rencontrèrent le Babu'l-Bab. En avril 1890, Edward Granville Browne, revenant de Akka, rencontra l'un d'entre eux, Aqa Muhammad-Mustafa à Beyrouth et se renseigna au sujet de cette réunion et de l'apparence de Mulla Husayn. Il apprit que le Babu'l-Bab était "maigre et fragile à regarder, mais aiguisé et brillant comme l'épée qui ne quitte jamais son fourreau. (321) Pour le reste, il n'avait pas plus de 30 à 35 ans, et son vêtement était blanc". (322)

A Qazvin, Tahirih refusa d'être réuni avec son mari et alla dans la maison de son père. Son oncle impétueux, Haji Mulla Taqi, se sentit grandement insulté et son courroux ne connut aucune limite. Sa dénonciation de ceux qu'il considérait être responsables de la rébellion de sa belle-fille devint plus féroce que jamais auparavant. Shaykh Ahmad et Siyyid Kazim furent les cibles particulières de son dénigrement. Puis, un matin à l'aube, il fut trouvé dans la mosquée, tué mortellement d'un coup de couteau. Immédiatement les babis furent accusés de son meurtre, et même Tahirih fut considéré coupable, fut gardé sous surveillance proche, et sa vie fut en danger. Bien qu'un Chirazi (323) confessa qu'il avait tué Haji Mulla Taqi à cause de son animosité féroce envers Shaykh Ahmad et Siyyid Kazim, trois babis, totalement innocents du crime, furent mis à mort - Shaykh Salih-al-Karimi à Téhéran, et Mulla Ibrahim-i-Mahallati et Mulla Tahir à Qazvin. Ces trois furent les premiers martyrs de la foi babie en Perse elle-même, et leurs morts constituèrent la première exécution publique de babis. (324)

Haji Asadu'llah, un marchand bien connu de la famille farhadi, fut aussi martyrisé pendant qu'il était en prison par des partisans du mari de Tahirih, l'Imam-Jumih de Qazvin, et un rapport circulait qu'il était mort de causes naturelles.

Tahirih était à présent totalement isolée. Baha'u'llah donna la tâche de la secourir à Mirza Hadi, le neveu du martyr Haji Asadu'llah. Ce jeune homme, qui avait quitté Qazvin au début de l'agitation contre les babis, retourna au péril de sa vie et accomplit victorieusement sa mission. Tahirih parvint à Téhéran en toute sécurité. Ainsi cela fut possible qu'elle puisse être à la conférence de Badasht, où elle lui rendit le service (most signal) de la foi du Bab.



13.2 La conférence de Badasht

La réunion des babis à Badasht coïncida avec le déplacement du Bab de la forteresse de Chihriq à Tabriz, pour son interrogation publique. Contrairement à certaines allégations, les babis ne se réunirent pas à Badasht pour concerter des plans pour le sauver. Ils vinrent là-bas, guidés par Baha'u'llah, pour établir une question vitale et cardinale : était-ce cette persuasion des leurs juste une ramification de l'Islam, ou c'était une foi indépendante? Jusqu'à présent, aucune revendication publique n'avait été faite que le Bab, comme Qa'im de la maison de Muhammad, était l'Inaugurateur d'une nouvelle théophanie. Il semble étrange, avec la perspective, que du temps où une décision allait être atteinte dans un petit hameau au bord du Khurasan, à des centaines de milles de la ville de Tabriz, le Bab était en train d'annoncer Sa station devant un tribunal réunis pour l'interroger. (325)

Abdu'l-Baha déclare que Baha'u'llah et Quddus s'étaient mis d'accord que le temps était venu de déclarer l'avènement d'une nouvelle Dispensation. (326) Cependant, ils y avaient des coeurs faibles dans les rangs babis, comme les événements allaient le révéler. Tahirih avait rencontré l'opposition de condisciples babis car elle avait toujours été assez hardie pour affirmer que c'était en fait un nouveau jour. Toute annonce à Badasht aurait à être emphatique et ouverte, pour produire un impact persuasif. Et cela le fut, d'une manière très spectaculaire.

Baha'u'llah avait loué 3 jardins à Badasht; Quddus vivait dans l'un, Tahirih dans le second, et Baha'u'llah avait une tente plantée dans le troisième. D'autres babis, parmi lesquels se trouvaient nombre de Lettres du Vivant telles que Mirza Muhammad-Ali, le beau-frère de Tahirih, et Mulla Baqir-Tabrizi, vivaient sous des tentes dans les terrains faisant face aux trois jardins. (327)

Durant les trois semaines de la conférence, argument et contre argument étaient mis en avant, et des différences de vues et d'approche s'élevèrent entre Quddus et Tahirih. Finalement ce fut le geste inouï de Tahirih, courageuse au-delà de toute croyance et de toute description, suivie par l'intervention décisive de Baha'u'llah, qui rendit clair à tous qu'une nouvelle Dispensation avait commencé. L'acte de bravoure de Tahirih fut de lever son voile. Des hommes furent choqués des profondeurs de leurs êtres de la voir ainsi. Certains fuirent avec horreur la scène. L'un de désespoir, essaya de se trancher la gorge. Alors que le tapage subsistait, Baha'u'llah demanda une copie du Qu'ran et dirigea un orateur à lire la sourate 65 al-Waqi'a. (328)

"Lorsque le jour inévitable du jugement arrivera soudainement, aucune âme ne pourrait prendre la prédiction de sa venue avec fausseté; elle humilia certains et exalta d'autres. Lorsque la terre sera secouée d'un choc violent; et les montagnes seront réduits en morceaux, et elles deviendront comme de la poussière éparpillée partout; et nous serons séparés en trois classes distinctes : les compagnons de la main droite (combien les compagnons de la main droite seront heureux), et les compagnons de la main gauche (combien misérables seront les compagnons de la main gauche) et ceux qui auront précédé les autres dans la foi les précéderont au paradis. Il y a ceux qui approcheront près de Dieu; ils demeureront dans les jardins de délices".

A Badasht, les coeurs feints chutèrent. Et lorsque ceux qui étaient restés fermes quittèrent le hameau, ce fut pour sortir dans un monde, pour eux, grandement changé Ce changement était dans un sens une réflexion de la transformation qu'ils avaient expérimenté. Ils étaient déterminés à affirmer leur liberté des chaînes du passé. Dans un pays bien habitué à l'aveuglement, l'orthodoxie rigide, la déportation de babis soulèverait une hostilité violente.
Ils y avaient des babis sans aucun doute qui dans leurs nouvelles consciences trouvées d'émancipation, commirent des excès repoussants, et ils méritèrent le rejet par leurs concitoyens. Mais pour la majorité, l'animosité dirigée à présent contre eux créait une situation qui était nouvelle, et en retour exigeait des contre-mesures pour s'assurer de leur vraie existence. L'opposition qu'ils avaient rencontré dans le passé était sporadique, et pas à l'échelle de la nation, dépendant de son caractère, de l'influence et du pouvoir des dirigeants, des directeurs et des instigateurs d'une telle opposition, dans quelque localité particulière. La bienvenue ouverte que le Bab avait reçu lorsqu'il parvint à Ispahan, suivit du traitement barbare qu'il avait souffert des mains du gouverneur général et des prêtres du Fars; l'enthousiasme et le désir avec lesquels la population l'avait, tout d'abord,salué à la fois à Tabriz et à Urumiyyih; la réception amicale que Quddus avait trouvé à Kirman, après avoir été humilié à Chiraz; la révérence montrée de manière évidente à Tahirih à Kirand et à Kirmanshah; le respect et l'attention amicale accordés au Babu'l-Bab par Hamzih Mirza, le gouverneur général du Khurasan (329)- Tout cela allaient devenir seulement des souvenirs, manquant tristement de contreparties dans l'Ere dont l'ouverture fut marquée par la déclaration publique du Bab de sa station comme le Qa'im promis durant son interrogatoire à Tabriz, l'affirmation répercutée de l'aube d'une nouvelle et indépendante Dispensation religieuse à la conférence de Badasht et par la mort de Muhammad Shah.

A peine la conférence de Badasht s'était terminée que la population de Niyala attaqua les babis. Nabil-i-A'zam raconte l'histoire de Baha'u'llah lui-même :

"Nous étions tous réunis dans le village de Niyala et nous reposions au pied d'une montagne, lorsqu'à l'aube nous fûmes soudain réveillés par les pierres que les gens du voisinage lançaient sur nous du sommet de la montagne.
La férocité de leur attaque incita nos compagnons à s'enfuir, terrifiés et consternés. J'habillai Quddus de mes propres vêtements et l'envoyai vers un endroit sûr où j'entendais le rejoindre. Lorsque j'y parvins, je découvris qu'il était parti. Personne parmi nos compagnons n'était resté à Niyala, hormis Tahirih et un jeune homme de Chiraz, Mirza 'Abdu'llah. La violence de l'attaque menée contre nous avait semé la désolation dans notre camp. Je ne trouvai personne à qui je puisse Confier Tahirih, personne à part ce jeune homme qui fit preuve à cette occasion d'un courage et d'une détermination vraiment surprenants. L'épée à la main, indompté malgré le sauvage assaut des habitants de ce village qui s'étaient rués pour piller nos biens, il bondissait en avant pour arrêter la main de l'assaillant. Bien qu'il fût lui-même blessé à plusieurs endroits du corps, il risqua sa vie pour protéger nos biens. Je le priai de renoncer à son acte. Lorsque le tumulte se fut apaisé, je m'approchai de quelques-uns des habitants du village et je pus les persuader de la cruauté et de l'ignominie de leur comportement. Je parvins ensuite à recouvrer une partie de nos biens pillés." (330)



13.3. L'épisode de Shaykh Tabarsi

On était au milieu du mois de juillet 1848 lorsque les babis furent mis en déroute par l'assaut des villageois de Niyala. Ils prirent différentes routes, mais beaucoup d'entre eux allèrent à nouveau ensemble. Baha'u'llah voyagea à Nur, son domicile dans le Mazindaran. Quddus fut arrêté et emmené dans la ville de Sari, également dans le Mazindaran, où il fut logé, sous restreinte, dans la maison de Mirza Muhammad-Taqi, le prêtre principal. Tahirih alla aussi dans la même province, et elle fut aussi arrêtée. PLus tard, elle fut envoyée à la capitale et fut donnée sous la responsabilité de Mahmud Khan, le kalantar (Maire) de Téhéran, qui la détint jusqu'à l'heure de son martyre en août 1852.

Mulla Husayn, dont la visite au camp de Hamzih Mirza l'avait empêché d'assister à la conférence de Badasht, était dans le même temps retourné à Mashhad, dans l'intention d'aller à Karbila. Mais un émissaire du Bab le dépassa avec un message urgent. Le Bab lui avait conféré le nom de Siyyid Ali, lui avait envoyé son propre turban à porter, et l'avait instruit d'aller à l'aide de Quddus avec l'Etendard Noir déployé devant lui - l'Etendard de qui le prophète Muhammad avait dit :

"Puisse vos yeux contempler les Etendards Noirs arrivant du Khurasan, hâtez-vous vers eux, quand bine même vous auriez à ramper dans la neige, dans la mesure où ils proclament l'avènement du Mihdi promis, le Vice-Roi de Dieu". (331)

Mulla Husayn commença sa longue marche dans le Mazindaran pour secourir Quddus, accompagnés par beaucoup de babis qui s'étaient dispersés après l'incident de Niyala, et certains des nouveaux convertis qui se rangèrent eux-mêmes derrière l'Etendard Noir. Leur nombre, en ce voyage, grossissait par centaines. Sur leur route ils élevèrent l'appel du Nouveau Jour, trouvant des supporters désireux, mais aussi une telle hostilité vénimeuse qu'ils ne pouvaient pas prendre résidence dans quelque ville ou village. Pourtant ils n'avaient pas l'intention d'engager le combat avec quiconque, de laisser tranquille les forces de l'Etat. Ils étaient seulement en train de démontrer leur foi et leur vision.

Alors qu'ils approchaient de Barfurush, son prêtre principal, Sa'idu'l-Ulama, fut si vitupérateur en dénonçant Mulla Husayn que toute la ville se leva pour s'opposer aux babis. Des heurts et des victimes étaient inévitables. Mulla Husayn lui-même, dans l'énervement, découpa le tronc d'un arbre et le canon d'un fusil par un seul coup de son épée, pour faire tomber un adversaire. (332) La population de Barfurush était au plus mal et demanda une trève, et à cause de leur agitation, leurs chefs prièrent Mulla Husayn de partir lelendemain pour Amul. Abbas-Quli Khan-i-Larijanni, que Nicolas nomme comme "le principal personnage militaire de la province", donna à Mulla Husayn une promesse solennelle, renforcée par un serment sur le Qu'ran, que Khursaw-i-Qadi-Kala'i et ses cavaliers escorteront les babis en sécurité à travers les forêts. Ce chef militaire pressa Khusraw du besoin de faire son devoir par Mulla Husayn et de lui montrer du respect et de la considération. Mais Sa'idu'l-Ulama corrompit Khusraw en lui disant qu'il accepterait personnellement la responsabilité devant Dieu et devant les hommes de toute blessure, ou même mort, qui pourrait être infligée sur les babis. Une fois dans les profondeurs de la forêt, Khusraw et ses hommes attaquèrent les babis. Il reçut son destin des mains d'un homme (333) d'érudition, pas un endurci de la troupe, qui à la première opportunité lui donna un coup de couteau et tua Khusraw avec une dague.

Le grand vizir fut particulièrement ennuyé et furieux que les babis puissent défaire et mettre en fuite sa force, bien que, pour la plupart, ils étaient mal entraînés dans les arts de la guerre. Vraiment, on pouvait trouver dans leurs rangs des hommes tels que Rida Khan-i-Turkaman (334), un jeune courtisan accompli, dont le père était le maître de la cavalerie dans l'établissement royal. Mais ce furent des exceptions. La grande majorité était des artisans, de petits commerçants, des étudiants en théologie, des prêtres.

La traîtrise et la mort de Khusraw, et les raids par des villageois hostiles sur les flancs exposés du camp babi, forcèrent Mulla Husayn à rechercher un endroit où les babis pourraient être logés en toute sécurité. Arrivant le 12 octobre 1848 au tombeau de Shaykh Ahmad Ibn-i-Abi-Talib-i-Tabarsi, à environ 14 milles au sud-est de Barfurush, il donna des ordres pour la construction d'une forteresse autour du tombeau, sous la supervision du constructeur du Babiyyih à Masshad. (voir page 56). Ils étaient harassés à chaque étape par des villageois voisins et avaient souvent à se défendre. Dès que leur ouvrage fut fini, ils reçurent une visite de Baha'u'llah, qui conseilla à Mulla Husayn de chercher la libération de Quddus, qu'il puisse être avec eux. Cette mission fut bientôt accomplie et vers la fin de cette année, Quddus les rejoignit dans la forteresse nouvellement construite pour être reconnu par Mulla Husayn comme au-dessus de lui en rang.

Le 30 janvier 1849, le lieutenant-colonel Farrant, alors chargé d'affaires à Téhéran, rapporta à Lord Palmerston que quelques 500 personnes, " les disciples d’un fanatique, qui s’appelle lui-même la porte, ou l’entrée de la vraie religion musulmane" se sont rassemblés dans le Mazindaran, que le combat avait éclaté et que Abbas-Quli Larijani avait été ordonné d'aller dans cette province et d'arrêter les chefs.

Les babis auraient heureusement vécu de manière paisible dans les 4 murs qu'ils avaient érigés autour du tombeau de Shaykh Tabarsi. Mais la clameur continue des prêtres, menée par Sa'idu'l-Ulama de Barfurush et la nature despotique, obstinée et hautaine du grand vizir, combinèrent à leur refuser la paix et la sécurité. Une armée après l'autre fut envoyée pour les écraser. En sorties de leurs forteresses, ils infligèrent des pertes sévères aux forces assiègeantes, provoquant aux commandants de fuire pour leurs vies. Certains des commandants (335), moururent sur le champ de bataille tandis que Quddus, durant l'une de ses sorties, reçut une balle dans la bouche.

Baha'u'llah, accompagné par son frère Mirza Yahya, avec Haji Mirza Jani de Kashan, et Mulla Baqir de Tabriz (l'une des Lettres du Vivant), partirent de Téhéran pour rejoindre les défenseurs de Shaykh Tabarsi, mais ils furent interceptés et emmenés à Amul. Baha'u'llah offrit de porter la punition à l'intention des autres, et il fut bastonné.

A l'aube du 2 février 1849, Mulla Husayn mena sa dernière sortie. Abbas-Quli Khan, en participant au commandement de forces du gouvernement, était monté sur un arbre et reconnaissant le visage de Mulla Husayn sur le dos d'un cheval, lui tira dans la poitrine. Il ne savait pas qu'il l'avait mortellement blessé jusqu'à ce qu'un timoré siyyid de Qum (336) se retourna en traître et l'informa. Mulla Husayn fut transporté par ses compagnons du fort, où il mourut et fut enterré à l'intérieur du tombeau. Il avait 35 ans. Baha'u'llah écrivit de lui dans le Livre de la Certitude : "Sans lui, Dieu ne se serait pas assis sur le siège de sa miséricorde, trône de sa gloire éternelle". (337)

Maintenant Mirza Muhammad-Baqir-i-Qa'ini remplaçait Mulla Husayn en menant les compagnons. Mais la fin ne pouvait être loin. Des 313 défenseurs de la forteresse, nombre étaient morts, beaucoup étaient blessés et quelques uns fuirent dans leur résolution. la pression des forces rassemblées contre eux augmentait. Les canons étaient dirigés contre eux. La nourriture devint peu abondante et ils mangèrent de l'herbe, des feuilles d'arbres, la peau et les restes cuits de leurs chevaux tués, le cuir bouilli de leurs selles. Abdu'l-Baha parle de leurs souffrances dans Mémorials of the Faithful :

"Pendant 18 jours, ils restèrent sans nourriture. Ils survivaient du cuir de leurs semelles. Cela fut également bientôt consommé, et ils n'eurent plus rien que de l'eau. Ils burent une gorgée chaque matin, et se retrouvaient affamés et exténués dans leur fort. Lorsqu'ils attaquaient cependant, ils sursautaient instantanément sur leurs pieds, et manifestaient à la face del'ennemi un courage magnifique et une résistance étonnante.... Sous de telles circonstances pour maintenir une foi inébranlable et une patience est extrêmement difficile et d'nedurer des afflictions si affreuses un phénomène rare". (338)

La fin ne vint pas à travers une reddition abjecte, mais à travers la perfidie de l'ennemi. Le prince Mihdi-Quli Khan, frère de Muhammad Shah, fit le serment solennel sur le Qu'ran que leurs vies et leurs biens seraient inviolés quand ils sortiraient de la forteresse et se disperseraient en paix. Un cheval fut envoyé pour Quddus pour l'emmener au camp du prince. Mais une fois que les compagnons eurent été attirés en dehors de la forteresse, le serment fut bien oublié. Les babis furent massacrés, la forteresse fut pillée et rasée jusqu'au sol. Des outrages hideux furent commis sur les corps des morts et une grande surface de la forêt éparpilla leurs restes; éventrés, taillés en pièces, brûlés. Les survivants été peu nombreux. Non plus de 3 ou 4 furent gardés pour être lourdement rançonnés. Quelques uns qui étaient laissés pour mort guérirent. Encore quelques autres furent vendus en esclavage et finalement trouvèrent leur chemin de retour dans la compagnie de leurs condisciples. Tous les morts étaient persans sauf deux arabes de Bagdad qui étaient sortis avec Tahirih de l'Iraq. (339)

Quddus fut emmené à Barfurush, sa ville natale, où le Sa'idu'l-Ulama, son ennemi impitoyable, l'attendait. Le prince Mihdi-Quli Mirza, oublieux de son engagement, abandonna Quddus et le remis entre les mains de ce prêtre sanguinaire. Des imprécations furent amoncelées sur la tête du prisonnier. Il lui fut fait de souffrir des tortures raffinées et des recherches d'agonies qu'un adversaire follement jaloux avait inventé pour lui. Au sommet de ses tourments, on l'entendit dire :

"Pardonne, ô mon Dieu, avait-il dit, les offenses de ce peuple. Sois miséricordieux envers lui car il ne sait pas ce que nous avons déjà découvert et chéri". (340)

Dans le jardin public de Barfurush (le Sabzih-Maydan), le Sa'idu'l-Ulama abattit Quddus avec une hache, et tout instrument qu'une foule frénétique pouvait tenir dans ses mains fut utilisé pour déchirer sa chair et le démembré. Puis ils jetèrent son corps éparpillé et mutilé dans un feu flamboyant allumé dans le jardin. Cette nuit, lorsque tout fut terminé, Haji Muhammad-Aliy-i-Hamzih, un prêtre, humain et avec compassion, universellement acclamé pour son intégrité, réunit des braises mourantes ce qui restait du corps du martyr et le brûla de manière révérencieuse.

Le martyr de Quddus eût lieu dans le mois de mai 1849, 7 mois après que ses disciples babis aient tout d'abord prirent refuge dans le fort de Shaykh Tabarsi. (341) Cela marqua la fin d'un épisode qui avait commencé 11 mois auparavant, avec la levée de l'Etendard Noir sur la plaine du Khurasan; durant des faits d'un incroyable héroïsme par quelques 300 babis, avaient étonné et humilié les forces d'opposition largement en plus grand nombre; qui avait été témoin de la mort de la moitié des Lettres du Vivant, comprenant la première, le Babu'l-Bab et Quddus, la dernière et la plus grande; et qui s'achevait avec des actes de traîtrise et de cruauté atroce. Les paroles que Quddus dit durant leur occupation du fort sont un commentaire approprié sur l'esprit de ceux qui le défendirent :

"Jamais... nous n'avons sous aucune circonstances essayer quelque attaque contre nos adversaires. Jusqu'à ce qu'ils déclenchent leur attaque sur nous, nous nous levions pour défendre nos vies. Aurions-nous chéri l'ambition de faire une guerre sainte contre eux, aurions-nous brandit la moindre intention d'accomplir une ascension à travers le pouvoir de nos bras sur les incroyants que nous ne serions pas restés jusqu'à ce jour, assiégés dans ces murs. La force de nos bras aurait à présent, comme ce fut le cas avec les compagnons de Muhammad dans les jours passés, convulsa les nations de la terre et les prépara pour l’acceptation de notre message. Tel n’est pas le chemin cependant que nous avons choisi de suivre. Jamais depuis que nous étions dans ce fort, notre seul, notre inaltérable but, n’a été la violence, mais nos actes et par notre facilité à verser notre sang dans le chemin de la foi, du caractère exalté de notre mission. L’heure approche rapidement où nous serons capables d’accomplir notre tache". (342)



13.4. L’année 1850

Tandis que Quddus et ses compagnons étant en train de se défendre eux-mêmes à Shaykh Tabarsi, des babis d’autres parties de la Perse furent de manière croissante les victimes de la persécution intense et systématique de la part à la fois des autorités civiles et ecclésiastiques. La raison ne fut pas loin à se demander et fut déclaré par Sheil, une fois de plus à son poste à Téhéran après une longue période d’absence, lorsqu’il s’adressa à Lord Palmerston le 12 février 1850 :

...Malheureusement les prosélytes sont tous de la foi musulmane, qui est inflexible dans la punition d’un musulman repenti. Ainsi à la fois les autorités temporaires et religieuses ont un intérêt dans l’extermination de cette secte.

Il est dans la conjoncture qu’à Téhéran, cette religion a acquis des partisans dans chaque classe, ni même n’excluant l’artillerie et l’infanterie régulière - leurs ombres dans cette ville, pourrait s’élever à environ 2000". (343)

Les dépêches de Sheil prirent note de 4 évènements en particulier dans l’année 1850 : l’exécution du Bab (344), l’épisode de Nayriz et de Zanjan et le martyr public de 7 babis à Téhéran.



13.5. L’épisode de Nayriz (345)

L’incomparable Vahid - Siyyid Yahyay-i-Darabi - l’émissaire de confiance que Muhammad Shah avait envoyé pour enquêter sur les revendications du Bab et qui avait retourné son soutien dévoué - était à yazd dans les premières semaines de 1850, proclamant sans peur l’avènement du Qa’im en la personne du Bab. Des actes peu sages par un prétendu condisciple mis sa vie en danger dans cette ville, et il fut forcé de partir secrètement pour Nayriz dans la province du Fars. En entendant parler de son arrivée, la population de son quartier natal de Chinar Sukhtih qui aimait et honorait Vahid, avec nombre de notables de Nayriz, sortirent pour le rencontrer, amenant ainsi sur leurs familles des menaces de punition affreuse par le gouverneur de Nayriz, Zaynu’l6abidin Khan, qui était craintif et désireux d’empêcher l’entrée de Vahid dans la ville". (346) Mais ces avertissmeents ne furent pas tenus compte; Vahid continua son voyage et en arrivant dans son quartier natal, se dirigea tout droit vers le Masjid-i-Jumih où, montant à la chaire, il s’adressa à une assemblée estimée avoir 1500 personnes. Il dit :

"Mon unique but en venant à Nayriz", est de proclamer la cause de Dieu. Je le remercie et le glorifie de m'avoir permis de toucher vos coeurs par son message. Il est inutile que je séjourne plus longtemps parmi vous car, d si je prolonge mon séjour, je crains que le gouverneur ne vous mal-traite à cause de moi. Il pourrait faire venir des renforts de Chiraz, détruire vos maisons et vous faire subir d'indicibles outrages." (347)

Mais le peuple refusa de le laisser aller, car ils étaient résolus et préparés, lui assuraient-ils, à affronter toute infortune et toute épreuve qui pourraient les dépassés.

Zaynu’l-Abidin Khan, contrecarré dans ses efforts pour empêcher l’entrée de Vahid dans Nayriz, et il se leva pour entrer en fureur par l’influence qu’il était en train d’exercer sur la population, complota de le prendre au piège et de l’arrêter. Pour ce but, il recruta un millier de soldats entraînés. Certains de ceux qui avaient rejoints Vahid à présent fuirent et l’abandonnèrent, ajoutant ainsi aux forces de ses adversaires. La menace posée par le gouvernement devint si sévère que Vahid ne pourrait trouver aucun moyen d’obtenir la sécurité de ses personnes et de lui-même, autrement qu’en prenant refuge avec 72 de ses compagnons dans le fort de Khajih en dehors de Nayriz. Le gouverneur envoya son frère, Ali-Asghar Khan, pour attaquer ce petit groupe avec la force qu’il avait réunie. Ils ne réussirent pas, mais son frère fut tué dans la bataille. Les babis vivaient à présent sous les conditions d’assiégés, et leur provision d’eau fut coupée. Ils construisirent une citerne d’eau, renforcèrent leur forteresse, et furent renforcés par des résidents supplémentaires de Nayriz. Pendant ce temps, des appels avaient été faits par Zaynu’l-Abidin Khan pour de l’aide de Chiraz, jusqu’à ce que le gouverneur-général du Fars, le prince Firuz Mirza (le Nusratu’l-Dawlih), qui avait ordonné l’extermination des assiégés babis, envoya une armée pour conclure l’affaire. (348) Même cette grande force ne pouvait vaincre la résistance des défenseurs de la forteresse. Non seulement la victoire leur fuit, mais de lourdes pertes furent souffertes. (349)

Ce qui s’était passé à Shaykh Tabarsi fut maintenant refait à Nayriz. Zaynu’l-Abidin Khan et ses associés recoururent à l’imposture pour vaincre les babis. Ils suspendirent leur attaque et envoyèrent un message à Vahid qui disait en substance :

"Jusqu'ici, étant donné que nous ignorions le vrai caractère de votre foi, nous nous sommes laissés convaincre par les fauteurs de troubles que chacun d'entre vous avait violé les préceptes sacrés de l'islam. C'est pour cela que nous nous sommes levés contre vous et que nous nous sommes efforcés d'exterminer votre foi. Durant ces derniers jours, nous nous sommes aperçus que vos activités ne comportent aucun motif politique, qu'aucun de vous ne nourrit l'espoir de renverser les fondements de l'Etat. Nous avons été convaincus également du fait que vos enseignements ne comportent aucune grave déviation des enseignements fondamentaux de l'islam.
Tout ce que vous semblez soutenir est l'affirmation qu'un homme est apparu, quelqu'un dont les paroles sont inspirées, dont le témoignage est sûr, et que tous les adeptes de l'islam doivent reconnaître et défendre. Nous ne pouvons, en aucune façon, être convaincus de la validité de cette revendication, à moins que vous ne consentiez à placer la plus grande confiance en notre sincérité et à accepter notre demande de permettre à quelques-uns de vos représentants de sortir du fort et de nous rencontrer dans ce camp où nous pourrions, en l'espace de quelques jours, vérifier le caractère de votre croyance. Si vous vous montrez capables de démontrer les véritables revendications de votre foi, nous aussi, nous embrasserons volontiers celle-ci, car nous ne sommes pas les ennemis de la vérité et aucun d'entre nous ne désire la rejeter.
Votre chef, nous l'avons toujours reconnu comme l'un des défenseurs les plus capables de l'islam, et nous le considérons comme notre guide et notre exemple.
Ce Qur'an, sur lequel nous apposons nos sceaux, est le témoignage de l'intégrité de notre but. Que ce Livre sacré décide si la revendication que vous avancez est vraie ou fausse. Que la malédiction de Dieu et de son Prophète nous frappe si nous essayons de vous tromper.
Votre acceptation de l'invitation que nous vous adressons sauvera toute une armée de la destruction, alors que votre refus la livrera au doute et à l'indécision. Nous donnons notre parole que, dès que nous serons convaincus de l'authenticité de votre message, nous nous efforcerons de montrer le même zèle et le même dévouement que vous avez déjà manifestés d'une manière si frappante. Vos amis seront nos amis et vos ennemis, nos ennemis. Nous nous engageons à obéir à tout ce qu'ordonnera votre chef.
D'autre part, si nous ne sommes pas convaincus de la véracité de votre revendication, nous promettons solennellement que nous n'empêcherons en aucun cas votre retour sain et sauf au fort, et reprendrons volontiers notre combat contre vous. (350)

Vahid était bine conscient de la malhonnêteté de ce message; néanmoins, il sortit en personne, avec 5 assistants, où il fut reçu pendant 3 jours avec grande cérémonie. Mais pendant tout ce temps, ils préparaient un plan pour vaincre les occupants de la forteresse. Sous la contrainte, ils obligèrent Vahid à écrire une lettre à ses amis, leur assurant qu’un accord avait été atteint, et qu’ils devraient abandonner la forteresse et retourner à leurs maisons. Vahid essaya d’avertir ses compagnons contre cette traîtrise dans une seconde lettre qui ne leur fut jamais délivrée. Ainsi, en un mois, les défenseurs du fort de Nayriz subirent le même sort que les défenseurs de Shaykh Tabarsi.

4 ans plus tard, un prêtre de Nayriz (351), un homme qui était juste, véridique et courageux, écrivit toute l’histoire de cet épisode en hauteur sur un mur intérieur de la Masjid-i-Jumih dans le quartier du bazar. Bien qu’il ait écrit avec prudence pour éviter d’être dénoncé, il composa son récit de telle manière que l’on pouvait sans difficulté lire plus de celui-ci entre les lignes. Son récit confirme le fait que vahid avait reçu des assurances solennelles, qu’il fut reçu avec une grande estime et une grande révérence, que ceux qui avaient fait la promesse brisèrent leur promesse, que le quartier de Chinar-Suktih qui était alors une forteresse des babis de Nayriz (352) et le quartier du bazar furent saccagés, que les maisons furent démolies, que des sommes énormes d’argent furent extorquées, et que Nayriz fut réduite à l’état de désolation.

Les circonstances du martyre de Vahid rappellent la tragédie de Karbila. Seul contre tous, il fut assailli dans les rues de Nayriz, comme l’Imam Husayn, dont il était descendant, avait été assailli sur les plaines de l’Euphrate. Là, le corps de l’Imam avait été piétiné dans la poussière par les sabots des chevaux et à Nayriz le corps de Vahid souffrit de similaires indignités. Lorsque l’armée victorieuse retourna à Chiraz, elle prit comme prisonniers femmes et enfants, avec les têtes des martyrs de Nayriz élevés en haïssent des lances. Damas avait été témoin de scène similaire de siècles auparavant, lorsque la famille du martyr Husayn, qui comprenait son seul fils survivant, fut traîné en parade dans ses rues pour être mené dans la cour du tyran Yazid, précédée par la tête de l’Imam et de celles de ses fils, frères et neveux - le fleuron de la maison de Muhammad.



13.6. Les 7 martyrs de Téhéran

Au début de l’année 1850, 7 babis furent arrêtés à Téhéran, accusés de complot et d’assassiner le grand vizir. Ils sont connus comme les 7 martyrs de Téhéran. L’accusation était visiblement fausse. Ils y avaient beaucoup de babis à Téhéran mieux armés pour s’engager dans un tel exercice. Mais plus significatif, tous les 7 étaient des hommes d’un caractère remarquable et réputés, et respectés par leurs concitoyens. La vraie raison de leur arrestation était leur embrassement de la foi du Bab. Bien que des efforts furent faits par des hommes de haut rang dans les professions qu’ils représentaient pour les persuader de renier du bout des lèvres leurs croyances les plus sacrées, ils refusèrent avec fermeté et furent décapités.

Le Gardien de la Foi Baha’ie a décrit de manière vivante la terrible scène qui eût lieu dans le jardin public de Téhéran (le Sabzih-Maydan) :

"Les réponses pleines de défi lancées à leurs persécuteurs, la joie extatique qui s'emparait d'eux à mesure qu'ils approchaient du théâtre de leur trépas, les transports de jubilation dont ils furent saisis devant leurs bourreaux, le caractère poignant des versets que récitèrent quelques-uns d'entre eux à leurs derniers moments, les appels et les défis qu'ils adressèrent à la foule des spectateurs qui les considéraient avec stupéfaction, l'ardeur avec laquelle chacune des trois dernières victimes, lutta pour être la première à sceller sa foi de son sang, et enfin les atrocités qu'un adversaire assoiffé de sang, se dégradant lui-même, fit subir à leurs corps inanimés qui demeurèrent sans sépulture, sur la Sabzih-maydàn, pendant trois jours et trois nuits au cours desquels des milliers de shi'ahs soi-disant très dévots leur lancèrent des coups de pied, les lapidèrent, crachèrent sur leurs visages, les maudirent, les tournèrent en dérision et entassèrent des ordures sur eux, telles sont les caractéristiques essentielles de la tragédie des Sept-Martyrs de Tihran, tragédie qui se détache comme l'un des plus sinistres épisodes observés au cours des premiers développements de la foi de Baha'u'llah. (353)

Haji Mirza Siyyid Ali, l’oncle du Bab, fut l’un de ces martyrs. Il était récemment retourné de sa visite au Bab à Chihriq (voir page 150) et aurait pu facilement quitter la capitale; lorsque des rumeurs sévirent suite aux événements du Mazindaran et de Yazd. Mais il resta sans peur, rejeta avec mépris tous les efforts faits pour l’obliger à se retracter, et il rencontra la mort avec joie dans le chemin de son neveu.

Les autres 6 personnes étaient : Mirza Qurban-Ali de Barfurush, Haji Mulla Isma’il-i-Qumi, Siyyid Husayn-i-Turnshizi, Haji Muhammad-Taqiy-i-Kirmani, Siyyid Murtaday-i-Zanjani et Aqa Muhammad-Husayn-i-Maraghi’i.

Mirza Qurban-Ali avait été un derviche ni’mutu’llahi, et une figure importante de cet ordre mystique. Il était bien connu dans les cercles gouvernants de la capitale et grandement respecté. Mirza Taqi Khan (le grand vizir) souhaitait particulièrement le sauver, mais la foi du derviche resta inébranlable. A son exécution, le premier coup de l’épée de son bourreau découpa seulement le turban sur sa tête lorsqu’il récita à voix haute :

"Heureux celui qui, intoxiqué de l’amour, s'est jeté aux pieds du Bien-Aimé, il jettera sa tête ou son turban". (354)

Haji Mulla Isma’il avait été un élève de Siyyid Kazim. Même au moment de son exécution, quelqu’un arriva à lui avec le message d’un ami, plaidant pour lui à se rétracter, mais sa réponse fut :

"Zéphyr, (prythee) m’apporte un message à cet Ismaël qui n’était pas tué, vivant de la rue du Bien-Aimé, et l’amour ne permets pas de revenir à nouveau". (355)

Haji Muhammad-Taqi et Siyyid Murtada étaient des marchands de renom, et Siyyid Husayn avait été un célèbre prêtre pour sa piété. Siyyid Murtada était un frère de ce siyyid-i-Zanjani qui assista le Bab durant son voyage à Ispahan et qui plus tomba martyr à Shaykh Tabarsi. Aqa Muhammad-Husayn avait été torturé pour trahir ses compagnons, mais il ne n’impliqua pas d’hommes innocents dans des complots fictifs.

Le Bab, de sa prison éloignée à Chihriq et déjà submergé par la calamité, fit l’éloge de ces hommes héroïques comme les "7 chèvres" de la tradition islamique, qui précédèrent le Qa’im promis, leur vrai berger, à Son propre martyr. (356)



13.7. L’épisode de Zanjan

La plus féroce et la plus dévastatrice des trois actions militaires contre les babis commença à Zanjan en mai 1850, après le retour de Hujjat de sa détention à Téhéran. (voir page 125). Bien qu’il avait jouit de la protection de Muhammad Shah dans sa défense de la foi du Bab, il était craint et haï comme infidèle par les prêtres de Zanjan. Avec la mort du Shah et l’accession au pouvoir de Mirza Taqi Khan sous le règne lui succédant, il fut l’objet d’une hostilité dissimulée de la part des autorités, tandis qu’il jouissait de la loyauté dévouée et de l’affection d’innombrables hommes et femmes de sa ville natale.

Une petite querelle entre enfants, dans laquelle Hujjat intervint pour sauver l’enfant babi, étincela en flammes l’animosité couvant contre Hujjat et un plan fut fait pour capturer et l’amener devant le gouverneur. Manquant en cela, ses adversaires soumirent l’un de ses compagnons à une blessure pénible et à la mort. Puis, par le décret du gouverneur, Zanjan fut coupée en deux camps opposés, un grand nombre d’hommes furent recrutés de villages environnants, et Hujjat et ses compagnons furent contraints de rechercher la sécurité dans le proche fort de Ali-Mardan Khan. Dénombrant des femmes et des enfants, environ 3000 soutiens de Hujjat entrèrent dans le fort, qu’ils tinrent contre des attaques répétées et un siège pendant presque 4 mois.

Edward Granville Browne, qui visita Zanjan près de 40 ans plus tard, ne put trouver des avantages naturels dans le fort pour réciter de leur "résistance désespérée offerte par les babis" et conclut que leur succès, en tenant tête aux régiments grandement supérieurs du Shah devraient "être attribué moins à la force de leur position qu’ils occupaient que l’extraordinaire bravoure avec laquelle ils défendirent le fort". (357) Ils furent soutenus dans leur cruelle épreuve par l’indomptable Hujjat, qu’aucune calamité ne pouvait vaincre, et par la ténacité de leur propre dévotion au Bab, leur Qa’im promis. Un observateur britannique dans le camp persan devant Zanjan rapporta à Sheil à Téhéran :

"Ils [les babis] combattirent d’une manière la plus obstinée et la plus spirituelle, même les femmes, desquelles plusieurs ont été tuées, s’engageant dans le combat - et ils y avaient des tireurs d’élite si excellents que jusqu’à présent, bon nombre sont tombés parmi les troupes du gouvernement". (358)

La plus célèbre des femmes était une fille du village, Zaynab, qui habillée comme un homme et qui durant 5 mois jusqu’à sa mort dans le combat, garda les ramparts avec les hommes. Hujjat lui donna le nom de Rustam-Ali.

Trouvant que tous les efforts pour défaire les babis étaient infructueux, le commandant se détermina à adopter les mêmes tactiques taîtres qui avaient réussies à Tabarsi et à Nayriz. Il établit une proposition de paix, assurant les défenseurs du pardon du Shah et plaidant sur une copie scellée du Coran de la sécurité de tout ceux qui quitterainet le fort. Hujjat, pleinement conscient de leurs intentions mais honorant le Coran, envoya une délégation de 9 jeunes enfants et d’hommes de plus de 80 ans au camp du commandant. Ils furent reçus de manière insolente et la plupart furent jetés dans un donjon. Ce fut le signal d’un long siège final d’un mois, dans lequel quelques 18 régiments furent mis en action, soumettant les babis à présent affamés et réduits à un bombardement constant de canon. Avec la blessure de Hujjat, le fort fut capturé mais ses occupants continuèrent leur combat de maisons proches, jetant l’armée d’opposition au désespoir. Puis la femme de Hujjat et le bébé furent tués et quelques jours plus tard il mourut lui-même de ses blessures. Là-bas furent laissés des babis seulement 200 hommes valides qui furent terrassés dans une féroce attasue. Alors que les survivants avaient été torturés de manière inhumaine, tués et leurs corps mutilés, le corps de Hujjat fut découvert et exposé pendant 3 jours au déshonneur dans le jardin public. Des mains inconnue’s le secourèrent et l’emportèrent. Déjà son fils de 18 ans avait été "littéralement coupé en petits morceaux" et les femmes et les filles des babis furent livrées aux soldats. (359)(360)

Jamais encore les martyrs de leur pays n’avaient cherché une guerre sainte, ni envisagés la déloyauté à leur pays et à leur souverain. Assaillis par des ennemis qui souhaitaient seulement leur destruction, ils s’étaient défendus avec courage eux-mêmes. L’esprit de leur défense brille dans ces mots de Hujjat dans ses derniers jours :

"Le jour où j'ai trouvé ton Bien-Aimé, ô mon Dieu, s'écria-t-il, et reconnu en lui la manifestation de ton éternel Esprit, je prévis les afflictions que j'aurais à subir pour toi... ! Eusse-je une myriade de vies, les richesses de toute la terre et toute sa gloire, je m'en passerais volontiers et avec joie sur ton sentier". (361)

Le 6 janvier 1851, Sheil finit ses rapports sur Zanjan :

"Pour le moment, les doctrines du Bab ont reçues un échec - dans chaque partie de la Perse, ses disciples ont été écrasés ou éparpillés - Mais bien qu’il y eût un arrêt de la promulgation ouverte de ses principes, on croit qu’en secret ils ne sont pas les moins chéris...". (362)

Les briseurs de l’aurore avaient payé chèrement de leurs vies pour que la foi du Bab puisse vivre. Et elle continua à vivre pour atteindre son épanouissement dans la Révélation de Baha’u’llah.



Epilogue

"Je suis le Premier Point duquel ont été généré toutes choses créées...Je suis la Lumière de Dieu dont la splendeur ne pourra jamais être obscurcie, la Lumière de Dieu dont le rayonnement ne pourra jamais diminuer...Je suis celui qui soutient les piliers du Premier Point de Dieu. Quiconque m’a reconnu a connut tout ce qui est vrai et juste, et a teint tout ce qui est bon et convenable".
- Le Bab. (363)

Le troisième jour après le martyr du Bab, Ses restes, inextricablement unis avec ceux de Son disciple héroïque, furent placés dans un cercueil et emmenés dans une localité qui était sur et en sécurité.

Ce qui advint, durant les 50 années suivantes, des restes du Bab ne peut être mieux résumé que des mots de Shoghi Effendi, le Gardien de la foi Baha’ie :

"Ultérieurement, selon les instructions de Baha'u'llah, ils furent conduits à Tihran et déposés dans le tombeau de l'Imàm-Zàdih-Hasan. Plus tard, on les transféra dans la demeure de Hàji Sulaymàn Khan (364) lui-même, dans le quartier Sar-Chashmih de cette ville, et de là au tombeau de l'Imàm-Zàdih-Ma'sùm. Ils y restèrent cachés jusqu'en 1284 A.H. (1867-1868), quand une tablette révélée par Baha'u'llah à Andrinople ordonna à Mullà 'Ali-Akbar-i-Shahmirzàdi (365)et à jamàl-i-Burùjirdi de les transférer sans délai en quelque autre endroit, ordre qui, vu la reconstruction ultérieure de ce tombeau, se révéla comme ayant été providentiel.

Ne pouvant trouver un emplacement convenable dans le faubourg de Shah-'Abdu'l-'Azim, Mullà 'Ali-Akbar et son compagnon continuèrent leurs recherches jusqu'à ce que, sur la route menant à Chashmih-'Ali*, ils tombent sur le Masjid-i-Mashà'u'llah abandonné et en ruines où ils déposèrent à l'intérieur d'un des murs, après la tombée de la nuit, leur précieux fardeau, non sans avoir d'abord réenveloppé les restes dans un linceul de soie dont ils s'étaient munis à dessein. Le jour suivant, s'apercevant, à leur grande consternation, que la cachette avait été découverte (366), ils transportèrent clandestinement le coffre, en passant par la porte de la ville, directement jusqu'à la maison d'un croyant, Mirza Hasan-i-Vazir, gendre de Hàji Mirza Siyyid 'Aliy-i-Tafrishi, le majdu'l-ashràf*, où il ne resta pas moins de quatorze mois (367). Le secret, longtemps gardé, de son emplacement s'étant répandu parmi les croyants, ceux-ci commencèrent à se rendre en si grand nombre dans cette maison que Mullà 'Ali-Akbar dut en informer Baha'u'llah et lui demander conseil à ce sujet. Hàji Shah Muhammad-i-Manshàdi, surnommé Aminu'l-Bayan, fut alors préposé à recevoir le dépôt des mains de Mullà 'Ali-Akbar et reçut l'ordre d'observer le plus grand secret en ce qui le concernait.

Aidé par un autre croyant, Hàji Shah Muhammad enterra le coffre sous le plancher du sanctuaire intérieur du tombeau de l'Imàm-Zàdih-Zayd; là, il passa inaperçu jusqu'à ce que Mirza Asadu'Ilàli-i-Isfàhàni soit informé de son emplacement exact par un plan que lui envoya Baha'u'llah. Chargé par celui-ci de le cacher ailleurs, il emporta d'abord les restes du Bab dans sa propre maison à Tihran. Ils furent ensuite déposés dans plusieurs lieux différents tels que la maison d'Husayn-'Aliy-i-Isfàhàni et celle de Muhammad-Karim-i-'Attàr où ils restèrent cachés jusqu'en 13 16 A.H. (1899). Cette année-là, conformément aux instructions données par Abdu'l-Baha, ce même Mirza Asadu'llàh les transporta, avec quelques autres croyants, à travers Isfàhàn, Kirmànshà, Balyhdàd et Damas jusqu'à Beyrouth, et de là, par mer, à 'Akka, arrivant à destination le 19 du mois de ramadan 1316 A.H. (31 janvier 1899), cinquante années lunaires après l'exécution du Bab à Tabriz. (368)

40 ans après le martyr du Bab, un jour de printemps, Baha’u’llah se tenant sous l’ombre d’un bouquet de cyprès sur les pentes du mont Carmel. En face de Lui s’étendait la courbe de la baie de Haïfa, au-delà duquel surgissait une vue sinistre, la citadelle lugubre de Akka - Son premier lieu lorsqu’Il fut amené en tant que prisonnier et exilé, en terre Sainte. Dans les jours sombres, Il avait dit à ses disciples de ne pas s’inquiéter, les portes de la prison s’ouvriraient et Il élèvera Sa tente sur la considérable montagne à travers la baie.

Celui qui était Celui dont le Bab avait annoncé l’avènement. Pour Lui - Celui que Dieu rendra manifeste - le jeune prophète martyr avait souffert des tribulations, avait sacrifié Sa vie. Dans sa Dispensation, la Dispensation de son précurseur avait trouvé son accomplissement, retrouvée sa splendeur. Et à présent comme Baha’u’llah - le Seigneur des Hôtes" regardait vers l’expansion de rocher au-dessous de ces cyprès (qui aujourd’hui se trouvent encore là, fermes et fiers), il dit à Son fils Abdu’l-Baha, qui exerça bientôt l’autorité en Son nom, qu’un mausolée soit élevé sur cette montagne massive pour recevoir les restes du Bab.

Une décennie passa avant que Abdu’l-Baha puisse exécuter cet ordre. les fils de Baha’u’llah, qui s’étaient écartés de Son Covenant, luttèrent de manière acharné pour bloquer l’entreprise. Mais enfin la terre fut sécurisée, l’accès à la route fut obtenu, la pierre de touche fut posée, et le travail de construction avait commencé. Alors la discorde forgée par ces briseurs du Covenant de Baha’u’llah menèrent à l’incarcération de Abdu’l-Baha dans les murs de Akka. Sa vie fut en péril, mais bien que, pendant un temps, toutes ses activités furent ou bien réduites ou bien arrêtées, le travail de construire ce mausolée sur le mont Carmel ne fut jamais autorisé à être arrêté.

Dns l’année 1908, le despotisme des gouverneurs ottomans vint à terme et Abdu’l-baha retrouva la liberté. L’année suivante le 21 mars - jour de Naw-Ruz - dans un caveau en-dessous du bâtiment qu’il avait élevé avec une résolution indomptable et avec du chagrin, Il déposa le caveau contenant les restes du Bab dans un sarcophage en marbre, le don des baha’is de Rangoon. Près de 40 ans plus tard, Shoghi Effendi, le Gardien de la Foi Baha’ie, entrepris d’orner le Mausolée du Bab d’une superstructure, à la fois solide et belle, couronné d’un dôme d’or. Aujourd’hui il brille de manière éblouissante au coeur du mont Carmel - la Montagne de Dieu - un lieu spirituel pour une communauté mondiale florissante et une balise d’espoir pour l’humanité toute entière.


Appendice 1: Le siège de Karbila

Le meilleur et le plus complet récit des soulèvements à Karbila est contenu dans une dépêche du lieutenant-colonel Farrant, le commissaire spécial britannique à Sir Stratford Canning (plus tard vicomte Stratford de Redcliffe), l’ambassadeur britannique à Istanbul (369). Sa description de la position et de la condition de Karbila est particulièrement digne d’intérêt :

"La ville de Kerbella est située à environ 4 heures de distance de la rive droite de l’Euphrate sur les confins du désert de Syrie, au sud sud-ouest de Bagdad à environ 55 milles de distance, et à environ 1 mille trois quart de circonférence, environnée par un mur de briques d’environ 24 pieds avec 29 bastions de chaque côté qui sont capables de contenir chacun un canon - elle contient 3400 maisons d’une description très inférieure; les maisons étroitement bondées ensemble s’approchent à 3 yards du mur - les rues sont très étroites, les toits des maisons sont entourés par un parapet en brique et on peut y faire feu sans s’exposer, il a 6 portes et trois d’entre elles sont très petite - la tombe de l’Imaum[sic] Hossein est un beau bâtiment qui se trouve près du centre de la ville, celui de son frère Abbas dans le sud-est du quartier à environ 250 yards de la porte de Najif. La ville est entourée par des jardins qui s’approchent près des murs, laissant seulement un petit sentier. Les jardins sont remplis d’énormes dattiers, mêlés de nombreux fossés, et s’étendent à une certaine distance de la ville qui n’est pas visible jusqu’à ce qu’on trouve près des murs. Sa force consiste en sa situation, mais il m’apparaît que quelques bonnes troupes devraient être capables de la prendre en une courte période. Les maisons appartenaient pour la plupart à des persans qui ont quitté leur pays et qui se sont établis depuis des générations. Beaucoup d’hommes riches en Perse ont des maisons et des terres là-bas, que dans le temps du besoin, ils puissent avoir un lieu sur d’asile, ou souhaitant dans leurs vieux jours se retirer dans un endroit tenue dans une telle vénération par eux -.

La population varie de 10000 à 20000 et 80000, elle est toujours fluctuante, et je fus informé que durant le temps où les pèlerins arrivent, les rues sont presque impassables - les maisons sont particulièrement divisées en plusieurs petites cours, occasionnellement 100 personnes sont regroupées dans l’une de ces maisons, qui en apparence de l’extérieur pourraient contenir sans difficulté la moitié de ce nombre - les pèlerins les plus pauvres établissent leur demeure dans les cours des mosquées -.

Les classes ouvrières à Kerbella, c’est-à-dire les boutiques des petits boulangers au quotidien étaient tous persans.

Najib Pasha avait averti les agents persans, britanniques et français qu’il avait l’intention d’attaquer Karbila. Dans une longue lettre adressée à l’agent persan à Bagdad datée du 16 Shavval 1258 (18 novembre 1842), il avait, après avoir détaillé l’histoire de la rébellion à Karbila et de ses conséquences, prononcé ce clair avertissement :

"Etant cependant près des tombeaux de Ali & Hossein [Husayn], je pensais qu’il est de mon devoir de leur rendre visite; avec cette détermination de bonne augure, j’avançais à l’intérieur, lorsque le rebelle cité ci-dessus [Ibrahim Za’farani] (370) déclara que si je venais avec des troupes, il ne permettrais pas mon entrée; et j’établis qu’il avait aussi préparé les moyens d’opposition. Pour résister à cette position d’affaires de mon but publiquement annoncé fut une démarche difficile; & devrait le rapport de cela être propagé, cela pourrait, Dieu me pardonne, affecter tout l’ordre du gouvernement, le rejet aussi des pétitions de sujets loyaux et souffrants, qui sont les accusations les plus sacrées de la divinité à nous, est contraire à toutes les règles & demandes de justice; je suis déterminé par conséquent à avancer, sous l’ombre impérial et l’aide du Tout-Puissant à la punition des rebelles, comme un exemple d’avertissement à ses pairs. & si, comme je l’entends, il est préparé pour une résistance, il se soumettra à mon entrée de force. Il y a beaucoup de sujets de l’Iran dans la ville y faisant allusion; laissons là-bas désormais être sans revendications, de la part de ce haut pouvoir, de la part de ces personnes; laissons-les sortir avec leurs enfants, leurs familles et leurs biens... en fait ils ne doivent plus être dans cette ville durant les hostilités, car c’est tout à fait incompatible avec l’état de la ville et de la place. Vous devez par conséquent, en conformité avec votre devoir dans de tels cas, sans délai informer tous ceux qui pourraient être concernés, de ces faits; car cette lettre est écrite et expédiée avec une aide amicale; et Dieu soit loué, vous agirez sans nul doute à la réception de celle-ci & et sans délai me favoriserez d’une réponse de la même nature". (371)

Cependant aucun avertissement ne fut donné aux persans de quitter Karbila comme le rapport de Farrant le rend clair : "Les mullas excitent aussi les sentiments religieux des populations, leur faisant croire que c’était une cause commune, une guerre religieuse, un siyyid persan qui était présent, me déclara que beaucoup des persans se battaient ou donnaient de l’aide, que parmi eux beaucoup ne quittèrent pas la ville, pensant qu’ils ne seraient pas emmenés, et des rumeurs se propagèrent que le Shah était en train d’envoyer une grande force à leur aide, il déclara aussi que ces persans qui étaient inaptes ou qui refusaient de porter les armes furent obligés de donner de l’argent... autrement ils se considéraient eux-mêmes en sécurité, alors que leur consul ne vint pas pour leur dire de partir".

Au lieu de cela, Farrant rapporte : "Le consul persan en réponse au pacha lui demanda de retarder son attaque prévue, que si la ville était prise d’assaut, beaucoup de personnes innocentes (sujets persans) souffriraient, qui à présent étaient incapables de fuir... que si il retardait son expédition de 4 à 6 mois pour donner aux persans le temps d’arranger leurs affaires, il arriverait à Karbila, et amènerait les persans dehors, et arrangerait tout pour eux.

"Trois jours après avoir reçu la lettre du pacha, le consul affirme qu’il écrivit de manière privé au prêtre principal Hajee Seid Kausem disant "nous avons entendu que le pacha continuera sur Karbila et si il est déterminé, il viendra sûrement, il n’est pas un Ali pacha - disent les persans qu’ils avaient mieux à partir". Après la réception de la lettre officielle du pacha, il écrivit de nouveau au prêtre principal [Siyyid Kazim] de la détermination résolue de Pacha, et lui demanda de dire à tous les persans de quitter la ville - Cette lettre, il l’envoya par une personne confidentielle, mais il apparaît qu’elle n’arriva jamais, bien qu’il lui demanda d’aller à Kerbella".

Farrant continue à dire : "Le pacha n’écoutait pas les propositions du consul - Sa Sainteté Royale. Le Zillu’s-Sultan (fils du feu Shah de Perse, un réfugié) accompagné par Haji Siyyid Kazim, le prêtre principal, Siyyid Wahab, gouverneur de Karbila, Siyyid Hussein et Siyyid Nasru’llah, des personnes influentes de Kerbella, vinrent au camp du pacha à Mossaib et restèrent 4 jours - le pacha leur dit qu’il ne souhaitait pas blesser la population, que Kerbella était en rébellion et appartenait au Sultan...". Cependant, il était désireux de faire des concessions, devrait la population de Karbila se soumettre à ssa loi et laisser les soldats être stationnés dans leur ville.

Farrant rapporte plus loin : "Le pacha dit à Sa Sainteté, le Zillu’s-Sultan et au prêtre principal, qu’avant de quiter le camp, d’avertir tous les persans de se séparer eux-mêmes des Geramees (et donna au prince un papier à cet effet) que si ils pouvaient ne pas quitter la ville, ils devraient se retirer tous dans un quartier de celle-ci, ou autrement avec leurs familles et leurs biens de chercher la protection dans les cours des tombes de Hussein et de Abbas, car il était déterminé à aller à des extrémités si les gens de Kerbella refusaient de se soumettre à ses ordres...".

Farrant rapporte une seconde excursion par Haji Siyyid Kazim et Ali-Shah, le Zillu’s-Sultan, de la part de la population de Karbila, cette fois au camp de Sa’du’llah Pasha, le colonel commissionné par Najib Pasha pour investir la ville.

"Vers le 1 janvier [1843]", écrit Farrant, "le consul persan accompagné par Siyyid Ibrahim-i-Qazvini (372), arrivèrent au camp de Najib pacha à Mossaib de Bagdad - l’armée était à présent à 11 jours avant Kerbella et beaucoup de combats avaient eût lieu, et beaucoup de personnes avaient été tués des deux côtés". Les récits que Mulla Abdu’l-Aziz (consul persan) et que Siyyid Ibrahim eût avec Najib pacha n’apporta aucun résultat et comme Farrant rapoprte : "Le consul et le prêtre principal retournèrent à Bagdad, ils étaient à 4 ou 5 jours du camp du pacha - le prêtre principal à Kerbella Haji Siyiyd Kazim il est dit (il m’a dit aussi la même chose) écrivit au consul persan et Siyyid Ibrahim Qazvini me demandant à ce dernier de venir à Kerbella, que "sa présence était nécessaire, c’était une heure de danger". Cette lettre fut recue par eux après qu’ils aient quitté le camp du pacha après 2 heures. Des rumeurs dans la ville étaient très répandues que le Shah de Perse était en train d’envoyer une armée de 20000 hommes à leur aide, ce qui donna une grande confiance aux persans à l’intérieur - des persans m’ont informé qu’ils entendirent ces rapports et beaucoup y crûrent, aussi ils m’avaient très positivement assurés que le consul n’écrivait jamais et ne communiquait pas avec eux, et en l’apprenant qu’il était retourné à Bagdad, ne considéra it pas qu’il y avait quelque danger. Le consul affirme qu’il écrivit au prêtre principal Haji Siyyid Kazim, que ce derneir dénie très formellement...

"... les murs étaient chaque jour bondés", écrit farrant, "par les habitants qui passaient leur colère sur les plus gros abus du sultan, et maudissaient les soldats et leur religion. La population principale dans Kerbella fit tout ce qui était en son pouvoir pour exciter les sentiments religieux des shiites contre les sunites, les prêtres furent également très actifs, j’ai entendu dire, et comme ils ne pouvaient se battre, réparaient les dommages que les murs pourraient recevoir. Ils prièrent aussi dans les mosquées, encourageant et excitant la population en leur disant que c’était une guerre religieuse".

Et puis vint l’assaut final. Farrant rapporte : Avant la lumière du jour le 13 janvier, les troupes d’assaut partient du camp, accompagnéees par le corps principal qui s’arrêta à la batterie, un soldat avança et grimpa sur la brèche, observant que les gardes avaient quitté leurs postes, et les quelques qui restaient étaient endormis au fond du mur autour d’un feu - il retourna au même lieu (seraskier) et rapporta ce qu’il avait vu -

"La troupe d’assaut fut alors ordonné d’avancer...".

Il y eût de la panique et un massacre. Farrant déclare que le sanctuaire de la tombe de Abbas fut violée, mais Sa’du’llah Pasha intervint personnellement pour empêcher la désécration du Tombeau de l’Imam Husayn. Les chefs vantards fuirent la ville et comme Farrant appuye : "La cause principale de la dernière affaire à Karbila pourrait être imputée aux chefs de cette place qui soutenaient les gerammees en opposition au gouvernement, et du temps du danger résistèrent avec les contestataires et laissèrent les inoncents et les sans-aides à la fureur des soldats".

"Beaucoup s’enfuirent eux-mêmes par-dessus les murs et furent mis en pièces", rapporta Farrant, "tandis que d’autres cherchèrent refuge dans les maisons de Sa Sainteté Royale, le Zillu’s-Sultan et Haji Siyyid Kazim, le prêtre principal, ce derneir me montra une cour dans sa maison où 66 personnes de tout âge et de tout sexe étaient en train de suffoquer, ou écrasées à mort de la furie des soldats...".

Farrant rapporte plus loin : "Aucun prince de sang royal ni aucun persan de sang ne furent [sic] tués, les souffrances furent toutes aux classes les plus pauvres, aux petits commerçants et aux manoeuvres, aussi à quelques hommes érudits - la femme du prince Holakoo Meerza [Hulaku Mirza] fut sévèrement blessée par un soldat (elle est reliée de près avec le Shah de Perse, étant une fille du feu Hussein Ali Mirza, le prince gouverneur du Fars)... le secrétaire de Siyyid Ibrahim Qazvini, le prêtre principal; Siyyd Muhammad-Aliy-i-Musavi fut capturé par les soldats et forcé de perpétrer en dehors des murs de la ville du pillage pour eux, il déclara qui il était, mais ce ne fut d’aucune utilité, en arrivant en dehors de la porte, ils coupèrent sa tête et l’amenèrent au caissier du Seraskier Pacha pour récompense - c’était un jeune homme très respecté... la maison de Ali-Virdi Khan (un oncle de l’actuel Shah) fut aussi pénétrée par les soldats, cette maison était défendue par les arabes. Le Khan sauta dans un puits pour sauver sa vie, l’un de es serviteurs partit et informa le seraskier qui immédiatement envoy des hommes à son secours - le Khan fut emmené par le seraskier presque mort de froid, qui l’envoya dans le tombeau de Hussein pour sa sécurité - pourquoi le Khan ne quitta pas la ville avant le siège est un mystère, on dit qu’il était très actif en conseillant les persans de rester dans la ville".

Les rapports exagérés de Mulla Abdu’l-Aziz, l’agent persan à Bagdad, avaient servit à amplifier la crise. Il avait apparemment été peu consciencieux dans l’exercice de ses fonctions et lorsque le siège fut terminé, alarmé par la grandeur du désastre, il s’efforça de faire une rapide fuite de Bagdad. Bien que le rapport suivant qu’il fit au Premier Ministre de l’Iran, Haji Mirza Aqasi, est peu fiable et haut en couleur, il est d’un intérêt suffisant pour être reproduit.

"En bref", écrit-il, "il n’y a aucune fuite à Kerbelah, et de ceux qui sont en vie, ils sont ou soit blessés, dénudés ou destitués de leurs biens. Selon ce qui a été décrit, environ 5000 personnes furent tués dans le tombeau de Abbas (373) et les biens pillés sont au-delà de toute estimation - personne n’a gardé quelque chose. Tout ce que la population possédait fut amené à cet endroit; après quoi il deviendra connu, quelle quantité de biens persans était là-bas.... Tout ce que Ali-Naqi Mirza et l’Imam-Virdi Mirza (fils de Fath-Ali Shah) possédaient fut pillé, même jusqu’au déshabillage de leurs femmes nues... les femmes des captifs qui ne furent pas tuées furent faites captives... Mulla Ali, une personne appartenant à Ali Pacha, qui est à présent au service de Muhammad Najib Pasha, intercéda pour les femmes - Sadoolah Pasha (colonel) répondit que "les troupes étant sans femme, elles doivent rester certaines nuits avec eux, après quoi nous les congédierons...".

"En dehors de ce que j’ai raconté, les deux tombeaux furent reconvertis en baraquements, et toutes les troupes qui sont dans Karbila ont été loger dans les deux tombeaux avec leurs chevaux et leur troupeau - ils ont attaché leur troupeau dans les appartements du tombeau et du collège, et les troupes ont fait leur propre quartier dans le couloir et dans les appartements privées, et deux fois par jour, leurs tambours et leur fanfare jouent dans le tombeau - sur toutes les personnes qu’ils souhaitent infliger une punition, cela est fait dans le tombeau de l’Imam Husayn... le reste des shiites, qui sont à Najaf, Hillah, Kazimayn et Bagdad sont découragés à un tel point qu’ils n’ont pas le courage de pleurer à cette calamité -

"Tous ceux qui étaient dans les appartements privés de Haji Siyyid Kazim (prêtre principal) et dans la maison de Ali Shah (Zillu’s-Sultan) restèrent en sécurité - tout au plus 200 personnes furent tués dans les appartements extérieurs de Haji Siyyid Kazim...

"Depuis le début jusqu’à la fin du siège, cela occupa 24 jours - et du jour que le pasha m’informa, qu’il enverrait des troupes contre Kerbella, jusqu’à ce qu’ils arrivent là-bas prit 15 jours, et malgré mes souhaits qu’il retarde le délai jusqu’à ce que la population de Perse puisse quitter Kerbelah, il ne donna ni aucun délai ni l’opportunité de faire ainsi...

"Un récit de ces circonstances, le séjour de votre serviteur dévoué à Bagdad est inutile - Alors que pourtant je n’avais pas reçu d’argent de Kirmanshah, si vous étiez gracieusement prêt à l’accorder, et d’écrire au Shoojah ood dooleh [Shuja’ud-Dawlih] de m’envoyer de l’argent rapidement à votre serviteur dévoué, de payer certaines de mes dettes, (374)

il est possible que je puisse être capable d’amener le Zillu’s-Sultan (375) avec moi". (376)

"Les derniers récits de Kerbella", écrivit le lieutenant-colonel Farrant à la fin de son long rapport sur le siège, "disent que la ville est parfaitement calme et que sa population augmente de jour en jour".


Appendice 2: Le Martyr du Bab

Le Martyr du Bab fut rapporté par le lieutenant-colonel Sheil à Lord Palmerston, le secrétaire des affaires étrangères britanniques, le 22 juillet 1850 :

"Le fondateur de cette secte a été exécuté à Tabriz Il a été tué par une grêle de balles de fusil, et sa mort était sur le point de donner à sa religion un lustre qui aurait grandement augmenté le nombre de ses prosélytes. Lorsque la fumée et la poussière se furent dissipées après la grêle de coups, le Bab n’était plus visible, et la population proclama qu’il était monté aux cieux - les balles avaient coupé les cordes auxquelles il était attaché, mais il fut traîné de l’alcôve, où après quelques recherches, il fut découvert et tué.

Sa mort, selon la croyance de ses disciples, ne ferait aucune différence, comme le Bab devra toujours exister". (377)

Au moment du martyr du Bab, R.W. Stevens, le consul britannique était absent de Tabriz et son frère George, était en charge du consulat. Ce dernier avait manqué de rapporter l’événement à Sheil. Le 24 juillet, R.W. Stevens, de retour à son poste, rectifia cet oubli et ajouta que le corps du Bab et de Son disciple avait été "jetés dans la douve de la ville où ils furent dévorés par les chiens". (378)

Sheil écrivit à Lord Palmerston le 15 août que "bien que de l’avis et des opinions des agents étrangers sont généralement désagréables au ministre persan, je pense néanmoins de mon devoir d’amener à votre observation tout abus flagrant ou outrage qui vinet à ma connaissance. Je me persuade moi-même qu’en de telles occasions, malgré l’absence de connaissances de la part de l’Amir-i-Nizam [Mirza Taqi Khan, le grand vizir], il pourrait peut-être prendre des mesures de manière privée pour appliquer un remède". Il continua à dire que le consul de Tabriz avait rapporté que le corps du Bab, "par ordre du frère de l’Amir-i-Nizam, fut jeté dans la douve de la ville pour être dévoré par les chiens, ce qui finalement se passa". (379)

Il inclut la copie d’une lettre qu’il avait écrite au grand vizir sur ce sujet. Voici ce qu’il écrivit à Mirza Taqi Khan :

"Votre Excellence est consciente de l’intérêt chaleureux pris par le gouvernement britannique dans tout ce qui concerne l’honneur, la respectabilité et le crédit de ce gouvernement et c’est sur ce récit que je vous fait part d’un événement récent à Tabriz qui peut être n’a pas été amené à la connaissance de Votre Excellence - l’exécution du prétendu Bab dans cette ville fut accompagnée d’une circonstance, que si elle était publiée dans les journaux en Europe, jetteraient le discrédit sur les ministres persans. Après que cette personne fus mise à mort, son corps, par ordre du vazir-i-Nizam fut jeté dans les douves de la ville pour être dévoré par les chiens, ce qui finalement arriva - Cet acte ressemble aux actes d’âges passés, et je ne peux croire que cela se passe dans quelque pays entre la Chine et l’Angleterre - se sentant satisfait que cela ne reçut pas la sanction de Votre Excellence, et sachant quels sentiments cela exciteraient en Europe, j’ai pensé qu’il convenait d’écrire cette communication amicale, de ne pas vous laisser dans l’ignorance de l’événement...". (380)
Palmerston répondit le 8 octobre : "... Le gouvernement de Sa Majesté approuve que vous ayez amené à l’attention de l’Amir-i-Nizam... la manière par laquelle le corps du Bab fut traité après son exécution à Tabriz". (381)


Appendice 3: L’incident de Yazd

Le 12 février 1850, le lieutenant-colonel Sheil, de retour à son poste à Téhéran après un long moment d’absence, rapporta à Lord Palmerston :

"... une sérieuse explosion eût lieu dernièrement à Yazd que cependant le gouverneur de cette ville avec l’aide du clergé réussit à réprimer.
Les excitateurs de l’insurrection étaient les partisans de la nouvelle secte appelée babee, qui rassemblés en un tel nombre comme pour forcer le gouvernement à prendre refuge dans la citadelle, dans la quelle ils font le siège - les mullas conscients que le progrès du babisme est le déclin de leur propre suprématie, les détermina à secourir le gouvernement, et appelant la population au nom de la religion à attaquer la nouvelle secte d’infidèles, les babis furent renversés et contraints à prendre la fuite dans la province avoisinante de Kirman...
Les principes de cette nouvelle religion semblent s’être propagés en Perse - le Bab, le fondateur, natif de Chiraz, qui a assumé ce nom fictif, est emprisonné en Azerbaïdjan, mais dans chaque grande ville, il a des disciples, qui avec le fanatisme ou la force, sont souvent vus parmi les adhérents de nouvelles doctrines, sont prêts à affronter la mort... Bab déclare lui-même être l’Imam Mihdi, le dernier Imam, qui disparut de la vue humaine mais est réapparut sur terre - Son décret supplante le Coran parmi ses disciples, qui non seulement le vénère comme le chef de leur foi, mais aussi lui obéissent en tant que souverain temporaire du monde, à qui tous les autres rois doivent se soumettre -.
En dehors de cette doctrine gênante, ils ont adopté d’autres principes pernicieux à la société...
La conversion par l’épée n’est pourtant pas avouée, l’argument et l’inspiration du paradis étant les moyens actuels d’instiller ou d’atteindre la foi dans la mission du Bab - Si il est laissé à leurs propres mérites les doctrines pas nouvelles de ce prêcheur sans aucun doute plongeront dans l’insignifiance, c’est seulement la persécution qui peut les sauver de la négligence et du mépris, et malheureusement les prosélytes sont tous de la foi musulmane, qui est inflexible dans la punition d’un musulman qui a rechuté - ainsi à la fois les autorités temporaires et religieuses ont intérêt dans l’extermination de cette secte.
Il est dans la conjoncture qu’à Téhéran, cette religion a acquis des partisans dans chaque classe, n’excluant même pas l’artillerie et l’infanterie régulière - leur nombre dans cette ville, dit-on, pourrait s’élever à environ 2000". (382) (383)

L’incident de Yazd, que le ministre britannique à rapporté au secrétaire des affaires étrangères, concernait les activités d’un homme nommé Muhmmad-Abdu’llah; qui professait croyance en la nouvelle Révélation. Vahid était à Yazd à ce moment-là, proclamant sans crainte l’avènement du Qa’im. Navvab-i-Radavi, un homme influent de la ville, qui haïssait Vahid autant que le Sa’idu’l-Ulama avait haï Quddus (384), était en train de comploter pour le détruire. En dépit de l’injonction de Vahid, Muhaamd-Abdu’llah mis en action ses propres plans qui résultèrent dans des clashs avec l’autorité civile, et sa propre mort. Vahid fut forcé de quitter Yazd à la tombée de la nuit, à pied. Sa maison à Yazd fut pillé, et son serviteur Hasan fut capturé et mis à mort. Tandis que les cavaliers envoyés par ses adversaires étaient en train de le chercher, il se cacha dans les montagnes; et par les pistes montagneuses, il fit son chemin vers Bavanat dans la province du Fars. Il y en avaient beaucoup dans cette région qui lui donnèrent leur soutien sans réserve, parmi eux le renommé Haji Siyyid Isma’il, le shayku’l-Islam de Bavanat. Puis via Faasa, il approcha de la ville de Nayriz.


Appendice 4: Les 7 martyrs de Téhéran

Au cours de 1849, le prince Dolgoroujov, le ministre russe à Téhéran, avait protesté au gouvernement persan que tandis qu’il était en la présence du Shah, il a avait été obligé d’être le témoin de la traînée des corps contorsionnés de 8 criminels, exécutés en face du Shah. Dolgoroukov considéra cela comme un affront pour lui, que l’envoyé du Tsar ait un tel spectacle. Sheil avait retourné la protestation de Dolgoroukov (385),et Palmerston avait en retour approuvé l’action de Sheil. Le 12 février 1850, le prince Dolgoroukov envoya ce rapport au comte Nesselrode à Saint Pétersbourg :

"Les esprits sont dans un état extraordinairement excités du à l’exécution qui vient juste d’avoir lieu dans le grand jardin de Téhéran. J’ai déjà exprimé une fois mon opinion que la méthode par laquelle les troupes du Shah, sous le commandement du prince Mahdi Quli Mirza exterminèrent les babis ne diminuerait pas leur fanatisme.
Au moment où le gouvernement a appris que Téhéran est plein de ces dangereux sectaires qui ne reconnaissent pas les statuts civils et qui prêchent la répartition des biens de ceux qui ne rejoignent pas leur doctrine. Devenant craintifs pour la paix sociale, les ministres de Perse décidèrent d’arrêter certains de ces sectaires et selon la version officielle, ayant reçu durant l’interrogatoire la confession de leur foi, ils les exécutèrent. Ces personnes, au nombre de 7 et arrêtés au hasard, depuis que les babis sont dénombrés par milliers dans toute la capitale, ne renièrent pas aucun moyen leur foi et rencontrèrent la mort avec une exultation qui pourrait seulement être expliquée comme du fanatisme amené à sa limite extrême. Le ministre assistant des affaires étrangères, Mirza Muhammad Ali, au contraire, affirme que ces personnes n’ont rien confessé et que leur silence fut interprété comme une preuve suffisante de leur culpabilité.
On peut seulement regretter l’aveuglement des autorités du Shah qui imagine que de telles mesures pourraient éteindre le fanatisme religieux, aussi bien que l’injustice qui guide leurs actions, lorsque des exemples de cruauté, avec lesquels ils ont essayé d’effrayer la population, sont commis sans distinction sur le premier venu qui tombe entre leurs mains...". (386)

10 jours plus tard (22 février 1850), Sheil écrivit à Palmerston que apparemment le conseil donné par le gouvernement de Sa Majesté que des criminels ne devraient pas être exécutés en présence du souverain avait eu quelque effet, car quelques jours plus tard, 7 babis, accusés de conspirer d’assassiner le grand vizir, avaient été mis à mort en public avec aucun incident fâcheux. Sheil affirma que ce fait prouvait la faisabilité d’exécutions publiques. Mirza Taqi Khan avait précédemment déclaré qu’avec des exécutions en public, il y avait le risque d’un malfaiteur spirituellement égaré. Sheil sentit cependant qu’en cette occasion, il y avait de la sympathie pour les exécutés, car l’histoire d’une conspiration pour assassiner le grand vizir n’était pas généralement crue. Il observa plus loin que les babis avaient offert leurs vies, qu’ils n’avaient pas renié leur foi, et qu’ils avaient refusé fermement de faire ainsi. Son propre commentaire au grand vizir avait été qu’exécuter les babis était le moyen le plus sur de propager leurs doctrines". (387)

Lord Palmerston, en réponse à Sheil, déclara que le gouvernement de Sa Majesté fut heureux d’apprendre que Nasiri’d-Din Shah avait agrée de l’avis de ne pas avoir d’exécutions publiques en sa présence, mais ajouta "la punition d’hommes pour la croyance religieuse, en dehors du fait d’être injuste et cruelle, est aussi une pratique fausse, et tend à encourager et propager la croyance qui est destinée à être supprimer". (388)


Appendice 5: L’épisode de Zanjan

L’épisode de Zanjan couvrit la période de mai à décembre 1850, et engagea beaucoup l’attention des envoyés britanniques et russes. Le 25 mai, Sheil rapporta à Palmerston :
"A Zanjan, une tentative d’insurrection fut faite par la secte des babis dont le chef est le prêtre principal de la ville - 5 heures après la réception de ces informations, un bataillon d’infanterie de 400 chevaux et 300 canons marchait vers Zanjan - c’est un cas sans pareil en Perse de vitesse militaire, qui peut-être ne serait pas surpassée dans beaucoup de pays en Europe. (389) Un mois plus tard, Sheil rapporta : "L’insurrection à Zanjan n’a pas été encore réprimée. Les babis de cette ville continuent à se défendre eux-mêmes avec le zèle des prosélytes et le mépris de la vie inculquée par leur foi... (390)

Le prince Dolgoroukov, le ministre russe, commenta le 31 juillet :
"Le gouvernement a épuisé tous les moyens possibles pour contraindre les babis à se soumettre volontairement. Muhammad Ali qui à la tête de 200 à 300 de ces fanatiques à Zanjan, s’est renforcé lui-même dans l’un des quartiers de la dite ville et terrifie les habitants. L’Amir fut finalement forcé de prendre des mesures énergiques, let l’ancien beglerbegi de Tabriz, Muhammad Khan, vient juste d’être envoyé contre eux avec une armée de 2000 hommes et 4 canons. (391)
Dolgoroukov avait grandement surestimé le nombre de babis (voir pages 185-6).

Sheil écrivit le 22 août :
"Les babis de Zanjan continuent encore de maintenir cette presque ville sans défense contre les troupes du Shah. (392) Le 5 septembre, il rapporta : "... ces fanatiques sont réduits à quelques centaines de combattants, ils continuent à maintenir une contestation désespérée avec une résolution indomptable, refusant la soumission de quelque manière que ce soit... (393)

Dolgoroukov rapporta le 14 septembre :
"Les babis qui sont engagés là-bas dans un combat à la vie à la mort contre les troupes du Shah, sont encore en train de résister aux attaques de Muhammad Khan, et on peut seulement s’émerveiller de l’acharnement avec lequel ils affrontent le danger de leur situation. Leur chef Mulla Muhammad Ali, a convoqué le ministre turc, Sami Effendi, et aussi le colonel Sheil pour leur médiation. Cependant, mon collègue anglais est de l’avis qu’il serait très difficile de forcer le gouvernement persan à une intervention étrangère en faveur des sectaires mentionnés ci-dessus. (394) Le 6 octobre, le ministre russe était d’une humeur irritable : "Je pense qu’il aurait été meilleur si ils [le gouvernement persan] avait porté une attention plus sérieuse aux affaires de Zanjan. Les babis ont combattu contre 6000 des meilleures troupes du Shah pendant presque 5 mois maintenant, et Muhammad Khan, qui est déjà maître de 3 quartiers de la ville, ne peut prendre le quartier qu’ils ont fortifié eux-mêmes et qu’ils sont en train de défendre... avec un héroïsme et une fureur exceptionnelles. (395) Dans sa dépêche du 9 novembre, Dolgoroukov écrivit : "De nouvelles unités militaires viennent juste d’être envoyées contre les babis de Zanjan. Cette fois, le gouverneur de cette ville, un frère de la mère du Shah, Amir Aslan Khan, est accusé de provoquer la résistance, que les babis offrent à l’armée du Shah, par son comportement imprudent". (396)

Et enfin, le 26 décembre, Dolgoroukov pouvait rapporter :
"Les troubles de Zanjan ont pris fin. Après un siège qui dura pendant presque 6 mois, les troupes du Shah ont détruit le centre de la rébellion. les babis qui se défendaient eux-mêmes jusqu’au derneir, et dont le nombre fut finalement réduit à 20 hommes, qui cherchèrent refuge dans une cave, furent mis en pièces. En plus de dépenses financières, ce combat a coûté à la Perse 1500 persans tués et handicapés". (397)

Pendant ce temps, Sheil avait rapporté le 25 septembre :
"Les disciples du Bab ont barricadé une partie de cette ville, de laquelle ils ne peuvent être expulsés sans une grande perte de vie que les assaillants semblent désireux de rencontrer". (398)
Et il écrivit le 25 octobre :
"Contrairement à toute attente rationnelle, la petite portion de Zanjan occupée par les babis continue de mettre au défi les efforts des troupes du Shah pour expulser cette secte".
Dans la même dépêche, il déclara que "le général Sir Henry Béthune, qui visita la scène des opérations, exprima la conviction que 3 heures avec des troupes ordinaires termineraient l’affaire... (399)
Béthune était l’homme qui avait aidé Muhammad Shah pour son trône. Sheil semble être devenu las de rapporter sur Zanjan, car le 23 novembre, il écrivit :
"Je continue à être incapable de faire quelque changement dans mes rapports en ce qui concerne Zanjan - les mêmes tentatives inefficaces et faibles d’assaut, les mêmes refoulements marquent encore le progrès du siège".

Puis il fit l’affirmation extraordinaire qu’il avait été affirmé que les défenseurs de Zanjan n’étaient pas babis du tout, qu’ils avaient été entendus proclamer des murs aux oreilles des troupes que "il n’y a pas d’autre Dieu que Dieu, et Mahomet est son prophète".

Ces hommes étaient en train de se battre, disait-on, à cause des énormités perpétrées par les troupes. Même plus extraordinaire est cette fausse et incroyable déclaration dans cette même dépêche du 23 novembre :
"Moolla Muhammad Ali, leur chef, a la réputation de s’être proclamer lui-même le vrai Bab, et que son prédécesseur avait été un imposteur". (400)

Le 16 décembre, Sheil écrivit à Palmerston :
"Le consul de Sa Majesté à Tabriz, m ’ayant informé que de grandes atrocités étaient commises à Zanjan par les soldats, en particulier par le traitement choquant de tant de femmes qui avaient été capturées, je rapportai les circonstances à la connaissance du ministre persan - l’Amir-i-Nizam me remercia pour l’information, et il dit qu’il prendrait des mesures immédiates pour empêcher de telles exactions barbnares, qui sont entièrement opposées à ses sentiments et à ses ressentis -" "... le moyen par lequel ma communication fut reçue par l’Amir-i-Nizam montre une amélioration dans son ton, et dans le températion avec laquelle il écoute les suggestions comme ci-dessus. (401)

Le 24 décembre, Sheil rapporta à Palmerston :
"Ce siège, si on peut appelé cela un siège, est inexplicable - Un gentleman anglais qui passa dernièrement par Zanjan m’informa il y a quelques jours que la partie de la ville occupée par les babis est confinée à 3 ou 4 maisons, et que leur nombre est complètement insignifiant - ils ont adopté un mode de défense qui semble excéder l’habileté militaire des commandants persans - l’espace tout entier compris dans ces maisons est miné ou creusé et relié par des passages. Là-bas les babis vivent en sécurité des tirs et des obus des assaillants, qui n’ont évidemment aucune prédilection pour un combat souterrain". (402)

Lord Palmerston le 11 février 1851 écrivit à Sheil que "... le gouvernement de Sa Majesté approuve de votre appel à l’attention de l’Amir-i-Nizam... aux actes de violence commis par les troupes persanes contre Zanjan". (403)

Et finalement, voici le dernier rapport de Sheil sur l’épisode de Zanjan. Il est daté du 6 janvier 1851 :
"J’ai l’honneur de rapporter à Votre Excellence que Zanjan a été enfin capturée - Moolla Mahohmed Ali, le chef de l’insurrection, a reçu une balle dans le bras, qui se finit par sa mort - ses disciples découragés par la perte de leur chef, cédèrent à l’assaut que leur relâche dans l’énergie de leur défense encouragea le commandant des troupes du Shah à faire - ce succès fut suivit par une grande atrocité - la pusillanimité des troupes, que les événements avaient rendu si notoires, fut égalée par leur férocité - tous les prisonniers furent passés par la baïonnette par les soldats de sang-froid, par vengeance... le crime de leur camarades - les haines religieuses pourraient avoir complotées avec les sentiments excités par une querelle sanguinaire, qui parmi les tribus sont très fortes, de causer cet acte impitoyable - 400 personnes sont dits avoir été tués de cette manière, parmi qui il est cru étaient des femmes et des enfants - du fait lui-même, il ne peut y avoir aucun doute, comme il est admis par le gouvernement dans ses remarques de la réduction de la ville, bien qu’il pourrait être supposé que le nombre ici est une exagération". (404)


Appendice 6: Les enquêtes de Lord Palmerston

Lord Palmerston écrivit à Sheil le 2 mai 1850 :
"Je vous ai informé de me fournir un récit plus détaillé que celui contenu dans votre dépêche n°20 du 12 février, de la différence entre les principes de la nouvelle secte du Bab et ceux de la religion établie de la Perse". (405)

Sheil répondit à Lord Palmerston le 21 juin :
"En conformité aux instructions de Votre Excellence, j’ai l’honneur de joindre un récit de la nouvelle secte du Bab - la déclaration contenue dans la pièce jointe numérotée 1 est extrait d’un récit qui m’a été donné par un disciple du Bab, et dont je n’ai aucun doute qu’il est exact. L’autre est extrait d’une lettre d’un prêtre principal à Yazd, et ne peut-être mis en doute -. Cela est la plus simple des religions. Ses principes sont résumés dans le matérialisme, le communisme, et la différence absolue du bien et du mal, et de toutes actions humaines". (406)

Malheureusement, les deux récits envoyés à Palmerston sont hautement inexacts. De plus, les propres commentaires de Sheil indiquent qu’il n’avait pas lui-même l’esprit ouvert. Manifestement, le récit qui lui a été donné, comme il a déclaré, "par un disciple du Bab", n’était pas mot pour mot rendu en anglais, mais une reconstruction avec des changements, comme le témoignaient ces deux phrases :
"Ils croyaient en Mahomeed comme prophète et dans l’origine divine du Coran : mais le Bab soutient que jusqu’a maintenant, seule la signification apparente du Coran fut comprise et qu’il est venu pour expliquer le vrai secret et l’essence divine du verbe de Dieu."
Mais on verra dans la partie de ce récit que les mots prophète et origine divine n’ont aucune signification. Une preuve supplémentaire est fournie par les notes approximatives de Sheil avec des ajouts marginaux (407) desquels le récit d’un babi est extrait.

Quel disciple du Bab dirait :
"les rapports sexuels sont presque sont rapprochés- il n’y a aucune forme de mariage; un homme et une femme vivent ensemble aussi longtemps qu’ils veulent et sans limites, et si un autre homme désire avoir la possession de cette femme, il reste avec elle, et non avec l’homme qui a été son mari, si il peut être dit ainsi: - un homme pourrait avoir plusieurs femmes sans limites; une femme à une même autorisation".

Ce babi, à moins que son récit ne soit embellit, était ou soit un nihiliste, ou totalement ignorant de ce que l’enseignement du Bab était.
Egalement extraordinaire, confus et contraire aux Ecrits du Bab dans le Bayan Persan et Arabe sont les lignes suivantes de ce récit par un babi :
"Il n’y a ni enfer ni paradis, par conséquent il n’y a pas d’au-delà, la mort est la demeure de l’homme en fait - lui avec toute chose vivante et consommable, en toute chose bref toute chose sera absorbé dans la Divinité - toute chose est Dieu et par conséquent Absornée, qui est la phrase des soufis, qui considère que toute chose est le reflet de Dieu - l’enfer est subi et le paradis est vécu dans ce monde; mais il n’y a de chose telle que le crime, ni de route de vertus, seulement lorsqu’elles concernent les relations de l’homme à l’homme dans ce monde. La volonté de l’homme est sa Loi en toutes choses..."

Le matérialisme le plus absolu semble former l’essence de leur croyance - Dieu est un - toute substance individuelle et toute particule, vivante ou non, est Dieu, et Dieu tout entier - et toute chose individuelle, était toujours, est toujours et sera toujours". (408)

Le récit du prêtre principal de Yazd, qui était une attaque au vitriol sur le Bab et sur Vahid, et que Sheil avait exclu dans sa lettre au secrétaire des affaires étrangères comme "n’étant pas digne de confiance", n’était pas différente, à certains égards, au récit par "un disciple du Bab".

Ces extraits rendent clair combien Lord Palmerston, le secrétaire des affaires étrangères britanniques était désinformé par les rapports de son représentant à Téhéran.


Appendice 7: Fabrication de mythes

Le volume d’écrit en Occident sur les fois babies et baha’ies n’est pas insignifiant. Il y a de nombreux ouvrages érudits sur le sujet en russe, en français et en anglais. Nous avons les travaux d’Alexander Toumansky, le Baron Victor Rosen, Mirza Kazem-Beg, le comte de Gobineau, A.L.M. Nicolas, et Edward Granville Browne. Nous avons auusi des attaques et des réfutations, mais ces dernières catégories appartiennent à des années plus récentes, lorsque la foi baha’ie faisait des progrès considérable dans le monde occidental.

Il y a un autre genre d’écrit qui mérite l’attention, seulement pour une raison négative. Ces écrits n’éclairent pas; ils créent des mythes. A proprement parlé, les remarques par des voyageurs et des visiteurs occasionnels en Iran tombent dans cette catégorie, mais ne sont en aucune façon limités à de tels écrivains.

Un livre assez considérable pourrait être compilé des remarques et des observations qui sont des fabrications de mythe. Ici nous devons nous contenter de seulement quelques extraits. Certains de ces déclarations solennelles sont hautement amusantes, comme le récit suivant qui est extrait d’un livre de Arthur Arnold (409)

"La mesure de l’injustice et de l’oppression que ces cours du Coran infligent aux chrétiens pourraient sembler douces en comparaison du traitement auquel ils répriment en non conformité au sein de leur propre communauté. Nous avons vu un exemple dans la phrase "une centaine de bâtons" que l’expression imprudente des vues libérales s’attire l’ami du Zillu’s-Sultan (410), qui ajoutait à de paroles libres la méchanceté de porter des pantalons de coupe européenne. Il y a cependant à Ispahan une hérésie qui survit, la plus notable en Perse qui, lorsqu’elle est prouvée contre un homme, est presque un arrêt de mort (411).
Tôt dans le siècle présent, un garçon était né à Chiraz, le fils d’un mercier, dont le nom n’a pas été préservé. Arrivée à l’âge adulte, le fils du mercier répandit son idée de religion même plus indulgente que celle de Mahommed. Il est connu par le nom de Bab (la Porte) et ses disciples sont appelés babis.
En 1850, le Bab a établit une certaine réputation en tant que prophète, et il était entouré par des disciples prêts à verser leur sang pour sa défense comme ceux qui formaient le corps de garde de Mahommed dans les premières années à Médine, où il avait gagné aucune célébrité dans le combat, et n’avait pas conçut le plan du Coran.
Le Bab fut attaqué en tant qu’ennemi de Dieu et de l’homme, et finalement emmené prisonnier par le gouvernement persan et condamné à mort. IL allait être tué. Ligoté à un poteau à Tabriz, il affronta le premier peloton d’exécution et attendit la mort. Les tirs des fusils fut entendu et le Bab se sentit lui-même blessé, mais en liberté. Il n’était pas sérieusement blessé, et les balles avaient coupé la corde qui l’attachait. Des nuages de fumée s’élevèrent sur le lieu où il se trouvait, et probablement il sentit un vent d’espoir qu’il puisse s’échapper lorsqu’il se rua du poteau à une salle de police voisine. Il avait une grande réputation, et très peu fut nécessaire pour faire croire aux soldats et à la population que sa vie avait été épargnée par un véritable miracle. La moitié de la population de la Perse serait devenue babie si le corps de police n’avait contenu l’entrée d’un endroit caché sécurisé. Mais il n’y avait rien de la sorte. Le pauvre misérable était seulement un homme, et les soldats virent qu’il n’avait absolument aucuns pouvoirs surnaturels.
Il fut traîné à nouveau au lieu de l’exécution et tué. Mais le dissentiment n’était pas supprimé par la punition, et naturellement le babisme ne mourut pas avec lui. Deux ans plus tard, lorsque l’actuel Shah était en train de jouir de son sport favori, et était quelque peu en avance sur ses disciples, 3 hommes se ruèrent sur sa Majesté et le blessèrent dans une tentative d’assassinat.
La vie de Nasirid-Din Shah, Kajar, fut sauvé par sa propre célérité et par l’arrivée de ses disciples, qui firent prisonniers tous les assassins. Ils se déclarèrent eux-mêmes babis, et se glorifièrent de leur tentative de venger la mort de leur chef et de propager leurs doctrines par le meurtre du Shah. Les criminels déconcertés furent mis à mort avec la cruauté que les offenses de cette secte essuyaient. Des bougies allumées furent insérées dans les ouvertures coupées de leurs corps vivants et après être restés dans une longue agonie, leurs corps torturés furent mis en pièces avec des hachettes.
Dans la plupart des pays, la théorie de la punition est que l’Etat, de la part de la communauté, doit prendre vengeance sur l’offenseur. Mais en Perse c’est autre chose. Là-bas, en accord avec l’enseignement du Coran, la théorie et la base de la punition est que les parents de la victime doivent se venger sur les assassins actuels ou présumés. En conformité avec cette idée, le valet de chambre du Shah exécute, de la part de Sa Majesté, l’un des conspirateurs. Pourtant les babis restent la terreur et le trouble du gouvernement d’Ispahan, où la secte est réputée avoir un nombre de disciple plus que tout autre part ailleurs en Perse. Mais beaucoup d’entre eux ont, à ce jour, transféré leur allégeance du Bab à Behar (sic), un homme qui fut dernièrement et qui pourrait être à présent emprisonné à Akka, en Arabie par le gouvernement turc.
Behar représente lui-même Dieu le Père dans une forme humaine et il déclare que le Bab occupe la même position, en regard à lui-même que Saint Jean Baptiste tient de Jésus-Christ. Nous étions assurés qu’il y avaient des familles respectables à Ispahan qui adoraient ce fanatique emprisonné, qui mettaient en danger leurs biens et leurs vies par une dévotion secrète qui si il est connuen leur apporteraient une destitution, et porbablement une mort cruelle". (412)

Notre second extrait provient d’un livre écrit par un diplomate américain, Monsieur S.G.W. Benjamin, le premier ministre des Etats-Unis accrédité en Iran (413)

"Mais la plus remarquable secte actuellement en Perse est probablement celle des babis ou disciples du Bab. Leur importance n’est pas tant du à leur nombre ou leur influence politique, comme au fait que la secte est de récente origine, pleinde de prosélytes zélés, et gangant des convertis chaque jour dans toutes les parties de la Perse, et dernièrement aussi en Turquie. Les babis présentent l’un des phénomènes les plus importants de cet âge. Il doit être admis cependant qu’il ressemble très fortement dans leurs visions communistes aux doctrines énoncées [sic] par le célèbre Mazdak qui fut exécuté par Chosroes Ier après avoir emmener l’empire au bord de la destruction par la propagation de ses principes anarchiques.
En 1810 naquit Seyed Alee Mohamed à Chiraz... Comme tous les fondateurs de religions orientales, il commença sa carrière avec une période de solitude et de méditation. Il accepta Mahomet et Ali dans la foi qu’il se considérait lui-même prédestinée à proclamer; mais il ajouta à cela la déclaration que leurs esprits étaient en retour entrés dans sa propre âme, et qu’il était par conséquent un grand prophète, - le Bab, qui allait apporter leur évangile à une conclusion légitime.
Cela devint sa mission par conséquent d’annocer que toutes les choses étaient divines et que lui, le Bab, était la représentation de la vie universelle. A cette doctrine fut ajouté un socialisme qui formulait l’égalité de tous, balayant les classes sociales et les distinctions, et ordonnant une communauté de biens et aussi tout d’abord de femmes.
Les nouvelles doctrines prirent corps dans le coeur des masses; des hommes et des femmes de tout rang se hâtèrent de proclamer leur désir pour quelque chose qui promettait d’améliorer leur condition, en embrassant les enseignements sauvages du Bab... le gouvernement ne pouvait plus longtemps rester aveugle aux résultats possibles si le mouvement serait autorisé à se propager sans contrôle.
Par conséquent, après plusieurs tumultes sérieux, le Bab fut capturé et exécuté à Tabriz. Cela servit seulement à ajouter de l’huile sur le feu. Une féroce persécution se déclara; mais les babis n’étaient pas désireux de se soumettre docilement à la répression...les babis sont à présent obligés de pratiquer leur foi en secret, chacun d’eux en Perse étant en apparence de la secte shiite. Mais leurs activités ne cessent pas, et leur nombre augmente rapidement. La secte s’est aussi étendue en Turquie. Le chef de la branche turque réside à Constantinople.
En Perse le titre de l’actuel chef de la secte est Subh-i-Azal. Comme sa croyance dans le Bab est un secret, son nom n’est pas mentionné dans cette connections... Jusqu’à présent, il ne semble y avoir aucune activité inhabituelle parmi les babis, des émissaires et des missionnaires ont secrètement envahi le pays, cherchant non seulement à faire des prosélytes mais aussi de présenter des modifications dans la croyance. La communauté des femmes n’est plus un principe pratiqué de la secte du Bab, tandis qu’il est proclamé avec une insistance croissante que le Bab n’est nul autre que Dieu lui-même rendue manifeste dans la chair". (414)

Le prochain extrait est d’un autre diplomate, le général Sir Thomas Edward Gordon, qui avait autrefois été l’attaché militaire et le secrétaire oriental de la légation de la Reine Victoria à Téhéran et qui écrivit son livre après une seconde visite en Iran :

"La secte babie des musulmans, regardés comme les successeurs de l’Islam, mais qui affirment leur revendication d’être seulement les avocats de la réforme de l’Eglise musulmane, sont enfin mieux compris et plus traités de manière indulgente - certainement à Téhéran. Ils ont été persécutés et punis de la manière la plus cruelle, même à la torture et à la mort, sous la croyance qu’ils étaient un corps dangereux dont le but était la subversion de l’Etat aussi bien que de l’Eglise. Mais
de meilleurs conseils prévalent à présent pour montrer que le temps est venu de cesser de persécuter ces sectaires qui, de tous les événements à ce jour, ne montrent aucune hostilité au gouvernement; et le gouvernement a probablement découvert la vérité babie disant, qu’un seul martyr fait beaucoup de prosélytes...
Une autorité reconnue du Bab, le fondateur de cette foi, a écrit qu’il "dirigeait les pensées et les espoirs de ses disciples à ce monde, pas à un monde invisible".
De cela il en fut déduit qu’il ne croyait pas en un état futur, ni en quelque chose au-delà de la vie. Naturellement, parmi les disciples de la nouvelle foi, libérale et large dans ses visions, continua de nouveaux développements de croyance doivent être attendus; et en référence à l’idée que les babis pensent qu’il n’y a pas un après, il fut dit qu’ils croyaient en la réincarnation de l’âme, le bon après la mort retournant à la vie et au bonheur, le mauvais au malheur.
Un babi, en parlant de la préexistence individuelle, m’a dit "Vous croyez dans un état futur; pourquoi alors, ne devriez-vous pas croire dans un état présent? L’éternité est sans commencement et sans fin. Cette de réincarnation, affectant généralement tous les babis est naturellement la réincarnation du Bab, et les 18 prophètes disciples qui composent le collège sacré de la secte...
La réforme babie manifeste une avancée importante sur tous les systèmes orientaux anciens modernes dans son traitement de la femme. La polygamie et le concubinage sont interdits, l’usage du voile est découragé, et l’égalité des sexes est si entièrement reconnue que la femme enfin, des prophètes souverains du 19ème siècle, doit toujours être une femme. C’est un retournement de la position de la femme dans la Perse ancienne, dans laquelle Malcolm parle lorsqu’il dit que Quintus Curtius dit à Alexandre de ne pas s’asseoir lui-même en présence de Sisygambbbis jusqu’à qu’il lui soit dit de faire ainsi par cette matrone, car il n’était pas de coutume en Perse pour les fils de s’asseoir en présence de leur mère". (415)

On doit dire que le long récit de Sir Thomas Gordon des babis (duquel seulement quelques passages sont extraits) est bien dans certains aspects; néanmoins, il perpétue des mythes.

Finalement voici deux extraits d’un livre (416) si hautement considéré que lorsqu’il fut publié en 1915, il fut mis sur une "liste secrète" du Ministère des Affaires Etrangères britannique, et gardé là-bas pendant plus d’une décennie :

"Une hérésie religieuse qui était destinée à produire des conséquences politiques sérieuses en Perse fit son apparition durant les dernières années de Muhammad Shah; c’était le babisme, la foi des babis ou disciples du Bab. Le fondateur était Saiyid Ali Muhammad, le fils d’un mercier de Chiraz qui, étant envoyé en tant que jeune pour représenter son père à Bushihr, quitta bientôt cet endroit pour un pèlerinage à La Mecque et ensuite en tant qu’étudiant sous l’autorité de Haji Saiyid Kazim, le plus grand mujtahid à ce jour à Karbila. A la mort de son professeur, il retourna à Bushihr, où il se proclama lui-même prophète, le 23 mai 1844 étant compté la date de sa manifestation dans ce personnage.

Il assumait à présent le titre du Bab, ou porte, à travers laquelle la connaissance du 12ème Imam Mahdi pouvait seule être atteinte. Ses prétentions devinrent sans aucun doute plus extravagantes alors que le temps passait, et il s’annonça lui-même comme le Mahdi, comme une réincarnation de Dieu lui-même (417) la foi babie était interdite religieusement à travers la Perse; et des massacres de ses adhérents, avec des contre assassinats de persécuteurs leaders, devint l’ordre du jour".

"La nouvelle religion en Perse, à laquelle l’institution pourrait être datée de 1844, l’année à laquelle Mirza Ali Muhammad, communément connu comme le Bab, déclara sa mission, n’apparaît pas avoir obtenu beaucoup de soutien sur la côte du Golfe persique, malgré que le Bab visita Bushihr à une étape précoce dans sa carrière publique. Il fut rapporté qu’à Bushihr, il y avait en 1905 seulement 50 babis, employés principalement dans le département des douanes ou dans l’artillerie; quelques autres furent trouvés aux ports de Bandar Abbas et de Linegh et probablement à Shehr-i-Viran dans la région du Liravi; mais à Bagdad, qui étaient les quartiers généraux de la religion babie de 1853 à 1864, il n’apparaît pas qu’ils y en avaient. Il est probable cependant que des babis se retrouvent dans des lieux où leur existence n’a pas été certifiés". (418)


Notes

1 Le Rukni’d-Dawlih.

2 Mashad (Meched) renferme le Tombeau de l’Imam Rida, le 8ème Imam.

3 Voir Sohrab Risaliy-i-Tis’a-Ashariyyih page 13 pour un récit des discours de Shaykh Ahmad. (cette source est discutée dans Balyuzi Abdu’l-Baha page 417).

4 Haji Muhammad-Isam’il-i-Gulpaygani.

5 Sohrab Risaliy-i-Tis’a-Ashariyyih page 14.

6 Le verset suivant dans le Coran (xvii,4) se réfère au Mi’raj :
Glorifié soit Celui, qui transporte Son serviteur de nuit de la Mosquée sainte à une Mosquée plus loin dans les enceintes de Celui que Nous avons béni, que Nous puissions lui montrer certains de Nos signes.
Il est le Celui qui entend tout et Celui qui voit tout.
(Arberry, Le Coran interprété)
La Mosquée sainte (Masjid-al-Haram) est la Ka’bah à La Mecque; la Mosquée ultérieure (Masjid-al-Aqsa) est à Jérusalem.

7 Voir la gravure page 16.

8 Abdu’l-Baha a raconté cette histoire des travaux de charité de Siyyid Kazim : Ali-Shah [le Zillu’s-Sultan, voir prologue II, page 10] réclamait le trône de l’Iran. Il montra une grande bienveillance envers les prêtres de Karbila et de Najaf, leur envoyait de l’argent et les défendait. Cependant, il échoua et se rendit lui-même à Karbila. Là-bas, il tomba sur des jours difficiles et il souffrit la pauvreté. Il espérait que les prêtres lui viennent en aide et l’appliquent à eux, un par un. Mais personne ne se soucia de lui. Une nuit, lui et sa famille allaient se coucher, affamés. A minuit, il entendit fraper à la porte. Lorsqu’il ouvrit, il trouva une personne qui avait relevé son "aba" au-dessus de sa tête comme pour cacher son visage. Cet homme mis un portefeuille avec de l’argent dans ses mains et il partit.
Le temps passa. L’indigence et le besoin réapparaissaient. Une nouvelle fois la même personne, recouverte par l’aba, vint à minuit, tendit une somme d’argent et partit sans un mot. A la question répétitive "Qui êtes-vous?", il ne donnait aucune réponse. Puis, cet homme vint une troisième fois avec un portefeuille rempli d’argent. Cette fois, Ali Shah le suivit et le vit entrer dans la maison de Haji Siyyid Kazim et il ferma la porte. Ali-Shah raconta cet événement dans beaucoup de réunions. Il avait l’habitude de dire : "O peuple! je ne suis pas shaykhi, mais cet acte est un travail de vertu. Personne à part un homme de vérité n’agirait de cette façon".
Voir note 1 au-dessus pages 19-20.

9 Probablement "Yaramaz", signifiant "bons à riens".

10 Archives Nationales 248/108 du 15 mai 1843, compris dans une lettre du 20 mai 1843 à Sheil.

11 The Dawn-Breakers page 33 (britannique), page 45 (USA)

12 Sheil servit comme ministre britannique à Téhéran d’août 1842 à février 1853, en dehors d’une période de vide de octobre 1847 à novembre 1849, lorsque le colonel Farrant le suppléa. Sheil fut fait chevalier en 1855.

13 Archives Nationales 248/113.

14 Pour d’autres aspects, l’auteur s’est référé à l’introduction de Nabil The Dawn-Breakers

15 Haji Ibrahim Khan (le I’timadu’d-Dawlih).

16 Cet incident est rapporté par Baha’u’llah dans sa Tablette à Nasiri’d-Din Shah.

17 Le Asafu’d-Dawlih, qui plus tard se leva en rébellion contre le gouvernement central durant le règne de Nasiri’d-Din Shah.

18 En réalité Ali Shah, le Zillu’s-Sultan, ne doit aps être confondu avec le prince Sultan Mas’ud Mirza, le gouverneur-général d’Ispahan, qui eût le même titre dans les années suivantes.

19 Les autres prétendants étaient Husayn-Ali Mirza, le farman-farma, gouverneur-général du Fars et Hasan-Ali Mirza, le Shuja’us-Saltanih, gouverneur-général de Kirman, tous les deux fils de Fath-Ali Shah. 3 des fils du farman-farma essayèrent d’aller eux-mêmes à Londres.

20 Voir Balyuzi Abdu’l-Baha page 373 et note.

21 Sir Henry Layard (1817-1894) fut le découvreur de l’ancienne ville de Nineveh. IL fut élu au Parlement britannique comme libéral et servit une période comme sous-secrétaire d’Etat pour le Ministère des Affaires Etrangères. En 1877, il fut désigné ambassadeur de Constantinople. Son récit est extrait de Early Adventures in Persia, Susiana, and Babylonia volume I, pages 257-61.

22 L’ambassadeur rappelé étaitSir John MacNeill et la querelle entre l’Iran et la Grande-Bretagne était sur la ville de Hirat. Cette belle ville avait toujours été considéré une partie intégrale de la province du Khurasan, mais depuis l’aassassinat de Nadir Shah, le roi Afshar en 1747, Hirant était passé en possession de gouverneurs afghans. Muhammad Shah avait l’intention de regagner Hirat, mais la rivalité anglo-russe et la peur britannique des desseins russes en Inde, jusqu’ici presque inexistantes, étaient devenues des facteurs dominants sur la scène internationale, devant assombrir la destinée de l’Iran; les britanniques croyaient que l’acquisition de Hirat par les persans bénéficierait, en majorité aux russes. Il sprirent des contre-mesures dans le Golfe Persique et occupèrent l’île de Kharg, près de Bushihr.

23 Archives Nationales 60/95 du 14 février 1843.

24 Ibidem.

25 Citation d’ouverture: Gertrude Lowthian Bell (1868-1926) Poems from the Divan of Hafiz, Wm. Heinemann Limited, Londres, 1897, n° xxx.

26 Browne A Year Amongst the Persians (édition 1926), page 284.

27 Un descendant du prophète Muhammad.

28 Les citations dans ce chapitre sans numéros référencés sont prises de Nabil The Dawn-Breakers chapitre III.

29 Coran xv, 46.

30 Une mosquée bien connue à Chiraz.

31 La fille du prophète Muhammad et la femme de Ali, le 1er Imam.

32 Sourate xii.

33 Aujourd’hui cette nuit et cette heure sont célébrées avec joie et révérence et gratitude partout dans le monde.

34 Le commentaire de la surih de Joseph.

35 Coran xxxvii, 180.

36 Appelé maintenant Babul.

37 Huruf-i-Hayy. Hayy (le Vivant) est un mot arabe, numériquement équivalent à 18.

38 Zarrin-Taj.

39 Curzon Persia and The Persian Question volume I, page 497, n°2.

40 Browne (éd.) A Traveller’s Narrative volume II, page 309.

41 Depuis qu’ils provenaient de la petite ville de Baraghan, ils furent connus comme Baraghani.

42 L’école de Shaykh Ahmad.

43 Les mots de Qurratu’l-Ayn sont cités dans The Dawn Breakers page 56 (Grande-Bretagne), pages 81-82 (USA); et sous forme de verset dans A Persian Anthology, traduit par E.G.Browne, édité par E. Denison Ross, Methuen et Co., Londres, 1927, page 72.

44 Nous verrons page 163 comment elle acquis ce nom.

45 Coran xxxvi, 65.

46 Coran lxxxix, 23.

47 Ibidem, xIvii.

48 Ibidem.

49 Coran.

50 Coran.

51 Ibidem, xxviii, 4.

52 Citation d’ouverture : T.K.Cheyne The Reconciliation of Races and Religions page 74.

53 Le père de Mir Muhammad-Rida était nommé Mir Nasru’llah, son grand-père Mir fathu’llah et son arrière grand-père Mir Ibrahim.

54 Il était le fils de Fatimih et de Ali.

55 Le père de Haji Mirza Habibu’llah, Aqa Mirza-Aqa, était un neveu de la femme du Bab, et son grand-père paternel, Aqa Mirza Zaynu’l-Abidin, était un cousin paternel du père du Bab. (voir avant-propos pour plus dé détails du manuscrit).

56 Browne (éd.) A Traveller’s Narrative, volume II, page 2.

57 Pour des détails de cette transaction édifiante, voir Kazemzadeh Russia and Britain in Persia 1864-1914, chapitre 4. Le contrat fut signé le 8 mars 1890.

58 Litéralement, "Le chef de vendredi" - l’Imam principal (celui qui mène la congrégation en prière) dans une ville.

59 Traduction Monsieur Balyuzi.

60 Ibidem.

61 Littéralement, la "Mer de toute connaissance".

62 Shaykh Muhammad était connu comme Shaykh Abid, et aussi comme Shaykhhuna et Shaykh-i-Anam. Que son vrai nom était Muhammad est attesté par ce verset du Bayan arabe, l’un des derniers ouvrages du Bab : "Dis, O Muhammad, Mon enseignant, ne me bat pas avant que mes années aient dépassées 5 ans".
Son école était dans le quartier appelé Bazar-i-Murgh (Marché à volailles), aménagée dans une structure comme une mosquée qui continua par le nom de Qahviy-i-Awliya. Elle était proche de la maison de haji Mirza Siyyid Ali, l’oncle-gardien du Bab. Dans sa cour étaient nombre de tombes : trois étaient particulièrement révérées comme ceux de personnages saints, l’un de ceux-là était appelé Awliya - bien que personne ne connaisse réellement à qui étaient les tombes.
Il est connu que Shaykh Abid écrivit un manographe sur l’enfance du Bab, mais le manuscrit a toujours été en possession de personnes mal disposées envers la foi du Bab et de Baha’u’llah, et ils ont refusé avec persistance de l’abandonner ou de divulguer son contenu. Shaykh Abid était aussi destiné des années plus tard à accepter la foi proclamé par son ancien élève.

63 Voir gravure page 48.

64 Voir gravures entre les pages 80 et 81.

65 Récit extrait d’écrits non publiés de Mirza Abu’l-Fadl

66 La loi islamique spécifie 15 ans comme l’âge de maturité.

67 Voir gravure de face page 49.

68 Nicolas Seyyed Ali Mohammed Dit le Bab pages 189-90.

69 Ecrit en plusieurs volumes durant le règne de Nasiri’d-Din Shah par Lisanu’l-Mulk de Kashan, dont le sobriquet était Siphihr.

70 Les villes saintes de l’Iraq sont : (1) Najaf et (2) Karbila (les deux déjà citées), qui ont dans leur sein les tombeaux du 1er et du 3ème Imam, respectivement; (3) Kazimayn, dans les environs proche de Bagdad, qui renferme les tombeaux de l’Imam Musa al-Kazim, le 7ème Imam et l’Imam Muhammad al-Taqi, le 9ème Imam; (4) Samarra, où les tombeaux du 10ème et du 11ème Imam, Ali an Naqi et Hasan al-Askari, sont situés.

71 Qu’ran lxxvi, 21.

72 "Siyyidu’sh-Shuhada" peut être traduit de manière variée comme la "Tête", le "chef", le "Maître" ou le "Prince des martyrs". Il est appliqué à l’Imam Husayn (le petit-fils du prophète Muhammad) qui était le 3ème Imam.

73 The Dawn-Breakers page 20-2 (GB), pages 25-9 (USA)

74 Hashim fut l’arrière grand-père du prophète Muhammad.

75 The Dawn-Breakers pages 22-3 (GB), page 30 (USA)

76 Le père de Haji Mirza Ali était nommé Mirza Abid.

77 Voir gravure de face page 80.

78 Par Dhikr, cela signifie Lui-Même.A maintes reprises dans le Qayyumu’l-Asma, le Bab se réfère à Lui-Même comme Dhikr, et fut connu de Ses disciples comme Dhikru’llah-al-A’zam (Mention de Dieu, le Très-Grand), ou Dhikru’llah-al-Akbar (Mention de Dieu, le Plus Grand), et parfois comme hadrat-i-Dhikr. "Hadrat" préfixé au nom d’une Manifestation de Dieu a été traduit comme "Sa Sainteté". Mais cette traduction en anglais est totalement inadéquate, car "Hadrat" n’a pas d’équivalent en anglais lorsqu’il est placé avant le nom d’une Manifestation de Dieu. Cela transmet aussi le sens de Son Honneur, Son Eminence, Son Excellence, et ainsi de suite.

79 La fille du prophète Muhammad.

80 Du Qayyumu’l-Asma traduit par H.M. Balyuzi.

81 Ibidem.

82 "Nuqtiy-i-Ula - le Bab.

83 Citations d’ouverture : Baha’u’lah, (1) Gleanings, LVI (2) Kitab-i-Iqan page 161 (GB), page 252 (US).

84 The Dawn-Breakers page 58 (GB), pages 86-7 (US).

85 Son nom était Mubarrak.

86 Pour lever l’Appel du Qa’im.

87 The Dawn-Breakers page 66 (GB), page 96 (US).

88 Deux ouvrages du Bab sont intitulés Bayan (Appel) : le plus grand est en persan, et l’autre qui est plus court est en arabe.

89 Le Seigneur des Ages.

90 The Dawn-Breakers page 69 (GB°, page 99 (US).

91 Il est habituellement connu comme Gandum-Pak-Kun (le tamiseur de froment); son nom était Mulla Ja’far. Il fut l’un des martyrs de Shaykh Tabarsi.

92 Haji Mirza Muhammad-Karim Khan-i-Kirmani se considérait lui-même être le successeur à Siyyid Kazim. Il éleva une opposition violente au Bab dans l’école shaykhie.

93 The Dawn-Breakers page 70 (GB), pages 100-1 (US).

94 Il fut le premier à essayer d’écrire une histoire de la nouvelle théophanie.

95 Pay-i-Minar, nommée après le quartier de la ville où elle était située.

96 Professeur ou tuteur.

97 Le père de Baha’u’llah était fameux pour sa calligraphie.

98 The Dawn-Breakers pages 71-4 (GB), pages 104-8 (US).

99 Voir le frontispice.

100 Voir avant-propos, paragraphe 4.

101 Shoghi Effendi God Passes By page 9.

102 Citation d’ouverture : T. S. Elliot, "Choeurs de Le Rock 1. "Les aigles remontent au sommet du paradis". Collected Poems 1909-1962 Faber &Faber Ltd, Londres, 1963.

103 Voir note 6, prologue.

104 Londres 1856, page 177.

105 The Dawn-Breakers pages 61-2 (GB), pages 90-1 (US).

106 A travers sa vie, Aqa Muhammad-Mustafa servit la foi qu’il avait embrassée, avec zèle et distinction. Il passa plusieurs années à Beyrouth où il assistait aux besoins et exigences des pèlerins. Son fils, Aqa Husayn Iqbal, fit la même chose dans les années suivantes avec un grand dévouement. Un autre fils, le docteur Zia Bagdadi (docteur Diya Baghdadi) résida aux Etats-Unis où ses services furent inestimables.

107 Aqa Muhammad-Mustafa écrit en arabe.

108 Voir prologue I.

109 Ils réunirent Shaykh Najaf, le fils de Shaykh Ja’far, et Shaykh Musa de Najf; Siyyid Ibrahim al-Qazvini de Karbila; Shaykh Muhammad-Hasan Yasin et Shaykh Hasan Asadu’llah de Kazimiyyah; Siyyid Muhammad al-Alusi et Siyyid Ali, le Naqib-al-Ashraf et Muhammad-Amin al-Wa’iz et Shaykh Muhammad-Sa’id, le shafi’i mufti de Bagdad. Ils y avaient d’autres aussi en dehors de ceux-là. (Aqa Muhammad- Mustafa-i-Baghdadi).

110 Traduit par Monsieur Balyuzi. L’autobiographie de Aqa Muhammad-Mustafay-i- par Baghdadi est non moins de 24 pages. C’est le second de deux brochures imprimées au Caire. Il n’y a aps de date de publication.

111 Le Major-général Sir Henry rawlinson (1810-1895) était l’une des figures européennes remarquables dans le 19ème siècle. C’était lui qui avait traduit les inscriptions cunéïformes sur les rochers de Bisitun dans l’Iran occidental, qui enregistre les accomplissements du grand Darius. Il découvrit la clé pour les déchiffrer. Comme Sir John Malcolm, il entra au service de la compagnie de l’Inde orientale à l’âge de 17 ans. Six ans plus tard, il alla avec deux autres officiers britanniques pour entraîner l’armée persane, mais après 2 années il fut congédié car Muhammad Shah avait commencé à se quereller avec les britanniques. Ensuite il servit à Qandahar. De son propre souhait, il fut transféré en Iraq, car il voulait être près de l’Iran occidental et continuer ses recherches. Il continua aussi le travail non terminé de Layard à Nineveh. Le British Museum a une richesse de fonds archéologiques donné par lui. De 1859-60, il occupa brièvement le poste de ministre britannique à Téhéran. Puis à la fin de sa vie, il servit au Conseil indien à Londres et dévoué son temps à l’écriture et aux recherches scientifiques. De 1870-84, les Trustees du British Museum publièrent 4 volumes d’inscriptions cunéiformes sous sa proche supervision.

112 Le major Rawlinson ne mentionne nulle part le nom du prêtre qui est prétendu avoir été le possesseur d’une version "fausse" du Coran. Il est évident que le prêtre, sur qui il était en train d’écrire, ne pouvait être nul autre que Mulla Aliy-i-Bastami, qu’il désigna faussement comme "Chirazi" pour la simple raison qu’il était venu de Chiraz. Ses références fréquentes aux disciples de Siyyid Kazim comme "Usuli" indique que sa connaissance de la question était maigre, car ses disciples étaient connus comme shaykhis. Le terme aurait été plus approprié appliqué aux adversaires de Siyyid Kazim. Eux et leurs homologues, les "Akhbaris", suivirent différentes méthodes d’interprétation dans le sein shiite. Pour une description de ces écoles de pensée, voir Browne A Literary History of Persia volume IV, pages 374-6.

113 Archives Nationales 248/114 du 8 janvier 1845, compris dans la lettre de Rawlinson à Sheil du 16 janvier 1845.

114 Ibidem.

115 Sa province.

116 Archives Nationales 248/114 du 8 janvier 1845, compris dans la lettre de Rawlinson à Sheil du 16 janvier 1845.

117 Archives Nationales 248/114 du 16 janvier 1845.

118 La lettre de Rawlinson à Sheil porte la déclaration que Mulla Ali abjura sa foi. En dehors de la preuve de la dévotion et de l’héroïsme des disciples du Bab, dont l’histoire fournit largement, plusieurs facteurs doivent être considérés. Le major rawlinson n’était pas présent à la réunion des prêtres, qu’il nomma "La Cour d’inquisition". Par conséquent son information et de seconde main. L’émergence de l’antagonisme sunnite-shiite a certainement obstrué la question. L’ "Avènement de l’Imam", mais pas nécessairement, n’a troublé la conscience sunnite, car les sunnites n’ont jamais cru dans l’Imamat et l’occultation du 12ème Imam. Plus loin, ce que Mulla Ali est supposé avoir rejeté, selon rawlinson, fut «une "copie pervertie du Coran". Aurait Mulla Ali à jamais eu une copie interpolée du Coran pour annoncer le message qu’il avait à donner, ou pour le prouver? Et puis la question doit aussi être posée : si Mulla Ali, l’homme qui apporta les nouvelles de l’avènement du Bab, s’était rétracté, combien est ce que ce "considérable malaise" serait devenu perceptible à Karbila et à najf, "en regard de la manifestation attendue de l’Imam"?.

119 Archives Nationales 248/114 (sans date). Traduit par Rawlinson, compris dans sa lettre à Sheil du 16 janvier 1845.

120 Prêtres shiites.

121 Archives Nationales 195/237 du 15 avril 1845.

122 Courrier officiel.

123 Archives Nationales 195/237 du 30 avril 1845.

124 Ibidem du 18 février 1845.

125 Archives Nationales 248/114 du 28 février 1845.

126 Citation d’ouverture : traduite par Monsieur Balyuzi.

127 L’officier principal responsable de l’ordre public dans une province ou une ville.

128 Son fils, Haji Shaykh Yahya, lui succéda comme Imam-Jumih, et il vécut jusqu’en 1919 à un âge avancé. Il étendit sa protection aux baha’is à chaque occasion possible.

129 Le récit de Haji Mirza Habibu’llah.

130 En Perse, cette fête est habituellement appelée "Id-i-Qurban.

131 The Dawn-Breakers page 91 (GB), page 131 (US).

132 Ibidem page 90-1 (GB), page 130(US).

133 Un tissu de vêtement, non cousu.

134 The Dawn-Breakers page 92 (GB), pages 132-3 (US).

135 Il avait des prétentions à la direction de l’école shaykhie après la mort de Siyyid Kazim.

136 The Dawn-Breakers pages 93-5 (GB), pages 134-6 (US).

137 Ibidem pages 96-7 (GB), pages 138-40 (US).

138 Ibidem pages 97 (GB), page 140 (US).

139 Citation d’ouverture: Isabella dans Measure for Measure, ActII, sc. II.

140 Mir-Ghadab.

141 Publié par Leavitt, Trow & CO., New York & Phhiladelphia.

142 The Dawn-Breakers page 99 (GB), page 142 (US).

143 Ibidem pages 100-1 (GB), page 144 (US).

144 Le Nazimu’sh-Shari’ih, qui gagna universellement l’épithète de "Zalim", le tyran.

145 Tarikh-Jadid (page 202) nomme une quatrième personne, un certain Mulla Abu-Talib, un ami de Mulla Sadiq-i-Muqaddas. Son identité est inconnue. Une lettre existe, écrite par Mulla Ali-Akbar-i-Ardistani au Bab, lorsqu’il était en train de chercher la permission de Lui rendre visite. Depuis leur châtiment, dit-il, il avait véçu ruiné en dehors de Chiraz. La lettre rend absolument certain qu’il était le seul qui était resté et que les deux, à la fois Quddus et Muqaddas étaient partis.

146 Cité dans Kelly Britain and the Persian Gulf page 310.

147 Voir note 9, prologue.

148 Monsieur Boré résidait à Julfa, Ispahan. C’était un laïc envoyé par le gouvernement français pour obtenir un pied à terre pour les français en iran. Plus tard, il devint prêtre jésuite, et fut à la tête d’un établissement jésuite à galata lorsque Layard le rencontra à Constantinople. Il est probable qu’il envoya de nombreuses copies à ses supérieurs au sujet du Bab et des babis.

149 Louis-Philippe.

150 Eugène -Napoléon Flandin (1809-76) était un archéologue et peintre digne d’attention. Lui et Coste, un architecte, furent membres de la suite de Monsieur Sercey, l’envoyé de Louis-Philippe à la cour de Muhammad Shah. Ils restèrent en Iran, après le départ de l’envoyé, pour dessiner ses anciens monuments. Le résultat de leurs travaux Voyage en Perse fut publié en 1851 par le gouvernement français.

151 Un marchand anglais à Tabriz.

152 Early Adventures in Persia volume I, pages 326-8.

153 Père de Mirza husayn Khan, le Mushiru’d-Dawlih et Sipahsalar, qui était l’ambassadeur persan à Constantinople en 1863, du temps del’exil de Baha’u’llah à Andrinople. Mirza Husay Khan se leva plus tard pour être le Sadr-i-A’zam (grand vizir).

154 Haji Mirza Ali-Akbar, le Qavamu’l-Mulk, était le fils le plus jeune de Haji Ibrrrahim Khan, le grand vizir qui conclut un traité avec Sir John Malcolm, et qui plus tard tomba en disgrâce et fut mis à mort de manière barbare par fath-Ali Shah. La plupart de sa famille périt avec lui. Cependant, le jeune Mirza Ali-Akbar survécut pour être ramener au pouvoir des années plus tard et reçut le titre de Qavamu’l-Mulk. Lui et ses descendants, sur plusieurs générations, influencèrent grandement les destinées des habitants du Fars.

155 Sartip était un haut rang en ces jours à la fois dans le pouvoir civil et militaire; aujourd’hui cela signifie brigadier. Le farman (firman) devait être lu dans le Masjid-i-Naw. Les quartiers d’une ville appartenaient soit au Ni’mati-Khanih soit au Haydari-Khanih.

156 Archives Nationales 248/113 du 7 août 1844, compris dans une lettre du 14 août 1844, de Hennell à Sheil.

157 Luti : (mobster, bravo).

158 Fayli : un clan des Qashqa’is.

159 Archhives Nationales 248/113 du 24 novembre 1844, compris dans la lettre de Hennell à Sheil du 11 décembre 1844.

160 "Alvat" : pluriel de "bandit".

161 Archives Nationales 248/113 du 24 décembre 1844, compris dans la lettre de Hennell à Sheil du 4 janvier 1845.

162 Le chef proche en rang de l’Ilkhani. Le gouvernement central faisait ces désignations.

163 The Dawn-Breakers page 104 (GB), pages 148-9 (US).

164 Citation d’ouverture : An Essai on Man Epître II.

165 The Dawn-Breakers page 105 (GB), pages 149-50 (US).

166 Tel était le verdict du Coran (cxi) sur Abu-Lahab :
"Que périssent les mains de Abu Lahab, et qu’il périsse!
Sa richesse ne lui profite pas, ni il l’a gagné;
il rôtira dans le feu de l’enfer et sa femme, le transporteur du bois de chauffage sur son cou une corde en fibre de palme. (Arberry, éd. The Koran interpreted).

167 Voir avant-propos, paragraphe 4.

168 Arberry (éd.) The Koran interpreted. De nombreux versets pour le premier extrait sont pages 49-50, bien que Arberry donne 50-1.

169 The Dawn-Breakers pages 105-6 (GB), page 150 (US).

170 Arberry(éd.) The Koran Interpreted

171 Rodwell traduit ceci comme tout de suite.

172 Ils avaient à Le trouver "de manière indépendante et de leur propre chef".

173 Coran,cviii. Kawthar est dit être une rivière du Paradis.

174 The Dawn-Breakers pages 125-6 (GB), pages 174-6 (US).

175 Ibidem page 126 (GB), page 176 (US).

176 Ibidem page 126-7 (GB), page 176 (US).

177 Ibidem page 127 (GB), page 177 (US).

178 Ibidem.

179 Browne A Traveller’s Narrative volume II, page 8.

180 "Le Révélateur" : il fut appelé "Kashfi" à cause des pouvoirs de divination qui lui étaient attribués.

181 Une lettre a survécu de l’écriture de Vahid, adressée à Haji Mirza Siyyid Muhammad, l’oncle du Bab. A l’intérieur, Vahid présente la preuve pour le convaincre de la vérité de la revendication de son neveu. Voir gravure de face page 81 pour un exemple de l’écriture de Vahid.

182 Masjid-i-Vakil : construit par Karim Khan-i-Vakil, la fondateur de la dynastie Zand.

183 The Dawn-Breakers pages 107-9 (GB), pages 153-4 (US).

184 Sahibu’z-Zaman, c’est-à-dire le Qa’im, le Mihdi (Mahdi).

185 Browne (éd.) A Traveller’s Narrative volume II, page 7.

186 Andalib (Rossignol) était le sobriquet de Mirza Ali-Ashraf de Lahijan dans la province caspienne de Gilan. Andalib était un poète d’un accomplissement superbe et un enseignant éloquent. Il rencontra Edouard Granville Browne à Yazd dans l’année 1888. Une très longue lettre existe, de sa propre main, adressée à Edouard Browne, dans laquelle il cite des preuves de la Bible, en soutien de la Foi Baha’ie, et encourage Browne à rendre visite à Baha’u’llah à Akka. On ne sait pas si une copie de cette lettre ne parvint jamais à Browne.

187 Le Bab était en train de citer une tradition musulmane.

188 Lui et son père, Mirza Muhammad-Ali, le premier Mushiru’l-Mulk, furent les vizirs du Fars, en succession, sur une période de 40 ans.

189 Nicolas Seyyed Ali Mohammed dit le Bab page 233.

190 Browne A Traveller’s Narrative volume II, pages 9-10.

191 Il fut appelé Hujjatu’l-Islam (la Preuve de l’Islam), une appellation donnée aux prêtres hauts placés et bien reconnus. Le Bab lui donna la désignation : Hujjat-i-Zanjani.

192 The Dawn-Breakers pages 128-9 (GB), page 179 (US).

193 Voir note en bas de page chapitre 4, page 62.

194 Azim est numériquement équivalent à Shaykh Ali.

195 Beaucoup des parents du Bab, comprenant son oncle, Haji Mirza Muhammad Ali, furent enterrés à l’intérieur de ce tombeau.

196 Voir gravure de face page 193.

197 Le 15 octobre 1846, le Major Hennell rapporta de Bushihr à Sheil de Téhéran que le choléra atteignait Chiraz le 22 septembre, et que "immédiatement le fait fut confirmé". Husayn Khan quitta Chiraz et fuit au loin. Du temps de son écrit, Hennelle déclare que le gouverneur était revenu à Bagh-i-Tasht, un jardin et un palais dans les hauteurs du nord surplombant Chiraz. Le 16 novfembre, Hennell rapporta que "le choléra a cessé ses ravages à Chiraz", qu’il s’est propagé aussi loin que fasa et Jahrum, qu’il n’y a eu aucun cas mortel à Bushihr, et que basrah et Bagdad dans les domaines turcs avaient souffert particulièrement, le nombre de victimes montant à 200 par jour. (Archives Nationales 268/113).

198 Browne (ed.) A Traveller’s Narrative voume II, page 11.

199 Citation d’ouverture: The Contention of Ajax and Ulysses 1659.

200 Il a été déclaré par un écrivain que Aqa Muhammad-Husayn-i-Ardistani était aussi avec le Bab sur ce voyage.

201 Le présent auteur se souvient avoir entendu de sa mère ses souvenirs de sa grand-mère paternelle, la femme de Haji Mirza Abu’l-Qasim, qui comprenait un récit des disparus Ecrits du Bab. D’énormes passoires en cuivre furent utilisés pour ce but. Le papier fut ou enterré ou jeté dans des puits.

202 Layard Early Adventures in Persia volume I, pages 311-12.

203 Cet homme dans les années futures se révéla si hostile, assoiffé de sang et avide que Baha’u’llah le désigna comme "Rasqha", le Serpent-Femelle".

204 Arberry (ed.) The Koran Interpreted.

205 The Dawn-Breakers page 145 (GB), page 202 (US).

206 Ibidem page 146 (GB), page 204 (US).

207 A cause de sa stupidité, Aqa Muhammad-Mihdi fut moqué et appelé Safihu’l-Ulama - l’idiot de l’érudition.

208 The Dawn-Breakers page 148 (GB), pages 205-7 (US).

209 Sadru’d6din Muhammad de Chiraz, qui mourut dans l’année 1050 a.h. (A.D. 1640-1) est généralement connu comme Mulla Sadra. Shaykh Ahmad-Ahsa’i écrivit des commentaires sur deux de ses ouvrages : Hikmatu’l-Arshiyyah (Philosophie divine) et Masha’ir (facultés).

210 The Dawn-Breakers page 150 (GB), page 209 (US).

211 Trois milles grossièrement d’un farsang ou farrash.

212 Maydan est un jardin public ou une arène; comme mesure de distance, c’était une subdivision indéterminée d’un farsang.

213 The Dawn-Breakers pages 150-1 (GB), page 2O9-11 (US).

214 Browne A Traveller’s Narrative volume II, page 13.

215 Selon Nicolas, l’envoyé français à Téhéran (Monsieur de Sartiges) écrivit au ministre des Affaires Etrangères à Paris le 4 mars 1847 que le Mu’tamidu’d-Dawlih, le gouverneur d’Ispahan était mort, laissant une fortune estimée à 40 millions de francs. Nicolas Seyyed Ali Mohammed Dit le Bab page 242, note 192.

216 The Dawn-Breakers page 152-3 (GB), page 213 (US).

217 Abdu’l-Baha déclare dans A traveller’s Narrative volume II, page 13, que le séjour du Bab dans la résidence privée de Manuchihr Khan dura 4 mois.

218 Citation d’ouverture: acte II, scène ii.

219 Voir Shoghi Effendi "God Passes By", page 164.

220 Yerevan ou Erivan, aujourd’hui la capitale de la république socialiste soviétique arménienne.

221 Dans les premiers jours de l’Islam, ces personnes étaient rangés dans ces groupes de fanatiques qui avaient gagné le terme générique de Ghulat (Extrémistes, ou " ceux qui exagèrent"). Ils identifiaient Ali, le premier Imam, avec Dieu. Abdu’llah Ibn Saba, un juif converti à l’Islam qui créa cette doctrine, fut mis à mort par Ali lui-même. Ali n’est pas Dieu mais n’est ni pas séparé de Lui" est une déclaration attribués à eux aujourd’hui.

222 The Dawn-Breakers page 156 (GB), page 217 (US).

223 Qum est la seconde ville sainte de l’Iran. Masshad qui renferme le tombeau de l’Imam Rida a la première place.

224 The Dawn-Breakers page 161 (GB), pages 224-5 (US).

225 Communément connu comme al-Kulayni, il mourut en 941a.d. IL était l’auteur de Usul-i-Kafi en usage persan), l’un des 4 livres de Ithna-Asharis ("Douze"). Ce sont les shiites qui croient dans la disparition majeure du 12 ème l’Imam, Muhammad ibn-i-Hasan al-Askari.

226 Le récit de ce voyage est donné dans The Dawn-Breakers pages 156-62 (GB), pages 217-27 (US).

227 Browne (ed.) A Traveller’s Narrative volume II, page 14.

228 The Dawn-Breakers pages 162-3 (GB), pages 228-9 (US).

229 Browne (ed.) A Traveller’s Narrative volume II, pages 14-15.

230 De l’opinion de l’auteur présent, la seconde révolte de l’Agha Khan en 1840, fut entièrement due aux politiques tortueuses et à la maladresse de Haji Mirza Aqasi lui-même.

231 Browne (ed.) A Traveller’s Narrative volume II, pages 15-16.

232 The Dawn-Breakers page 163 (GB), pages 230-31 (US).

233 Citation d’ouverture : traduite par Monsieur Balyuzi.

234 Aussi Maku ou Ma-Kuh.

235 The Dawn-Breakers page 166 (GB), page 236 (US).

236 Voir pages 100-102.

237 The Dawn-Breakers page 166 (GB), page 236 (US).

238 Le fils de Muhammad Big, nommé Ali-Akbar Big devint dans les années d’après, un disciple de Baha’u’llah. Mirza Abu’l-Fadl le rencontra à Téhéran et entendit de lui comment il arriva que son père en vint à accepter le Bab.

239 The Dawn-Breakers page 166 (GB), page 236 (US).

240 Un village dans le voisinage de Tabriz.

241 Browne (ed.) "The Tarikh-i-Jadid", pages 220-1.

242 The Dawn-Breakers page 167 (GB), page 238 (US).

243 Marc XI, 9-10.

244 Browne "A Traveller’s Narrative", volume II, page 16.

245 La persécution le força à abandonner Tabriz. Avec sa famille, il alla à Andrinople et fut exilé en compagnie de Baha’u’llah à Akka. Il figure dans Memorials of the Faithful par Abdu’l-Baha (pages 161-4).

246 Voir gravures de face page 160.

247 De Iravan. Voir page 117 et note.

248 The Dawn-Breakers pages 173-4 (GB), page 247 (US).

249 Ibidem page 174 (GB), pages 247-8 (US).

250 Dossier n°177, Téhéran, 1848, pages 49-50 et page 360. Voir appendice 5, numéro 2.

251 Voir avant-propos, paragraphe 4.

252 Browne (ed.) A Traveller’s Narrative volume II, page 16.

253 Une copie du Bayan Persan, de l’écriture de Siyyid Husaun-i-Yazdi, à qui il fut dicté, existe dans les Archives Internationales de la Foi Baha’ie.

254 The Dawn-Breakers page 175 (GB), page 249 (US).

255 Citation d’ouverture : In Memoriam A.H.H. (Prologue, v.5).

256 Le Bab nomma Chihriq "Jabal-i-Shadid" - la Montagne Désolée. "Shadid" est numériquement égal à Chihriq. Il appela Mah-Ku "Jabla-i-Basit" - la Montagne ouverte. "Basit" est numériquement égal à Mah-Ku.

257 Voir gravure de face page 161.

258 Abbas Mirza avait alors 9 ans. Farrant était le chargé d’affaires britannique en l’absence de Sheil.

259 Cet homme était dans la forteresse de Shaykh Tabarsi et trahit ses condisciples. Quelques années plus tard à Bagdad, il tomba sur des jours mauvais et Baha’u’llah lui donna une allocation mensuelle.

260 The Dawn-Breakers page 219 (GB), page 303 (US).

261 Après le martyr du bab, nombre de Ses disciples se tournèrent vers Dayyan pour la guidance. Ils étaient connus comme "dayyaniyyih". la plupart d’entre eux vivaient dans les provinces de l’Adherbayjan et Gilan. Dayyan alla jusqu’à revendiquer être "Celui que Dieu rendra manifeste", mais rencontrant Baha’u’llah en Iraq, il rétracta sa revendication. (Voir Balyuzi : Edward Granville Browne and the Baha’i Faith page 43 et note, page 44,79).

262 C’était un maître de persan, d’arabe, de turc, d’hébreu et de syriaque.

263 Le Bab révéla la Lawh-i-Hurufat (tablette des Lettres) en l’honneur de Mirza Asadu’llah. "N’aurait été le Point du bayan [Nuqtiy-i-Bayan], aucun autre témoignage avec qui établir sa vérité, déclare t-il, " cela serait suffisant - qu’Il révéla une Tablette telle que celle-ci, une Tablette telle qu’aucune somme d’érudition ne pourrait produire.". The Dawn-Breakers page 220 (GB), page 304 (US).

264 The Dawn-Breakers pages 21-2 (GB), page 305 (US).

265 Voir page 103.

266 L’auteur présent entendit ce récit de Vahiyu’llah Varqa, le fils du poète-martyre, qui avait le rrang d’une Main de la Cause par désignation du Gardien de la Foi Baha’ie.

267 Ils comprenaient des hommes tels que Mirza Yusuf, le Mustawfiu’l-Mamalik et Abbas-Quli Khan-i-Javanshir.

268 Comme l’Imam-Jumih, le Shaykhu’l-Islam était un prêtre important d’une ville, qui jouissait de certains privilèges. Bien que le souverain désignait le Shaykhu’l-Islam, il y eût beaucoup de cas où la position passait du père au fils.

269 Voir chapitre 2, numéro 7.

270 Aussi Mirkhwand. il mourut en 903 a.h., a.d. 1497-8.

271 Qala, la troisième personne du singulier de "dire".

272 Des critiques telles que Mirza Kazim Big (Kazem-Beg) ont observé que donnant l’âge du Bab comme 35 ans indique que tout le récit est faux. Par conséquent, ce n’est pas la mère du Bab qui fut nommé Khadijih, mais Sa femme.

273 Browne (ed.) A Traveller’s Narrative volume II, pages 278-89. Les questions et réponses sont extraites de ce très long rapport du procès.

274 Il est intéressant qu’un autre fils de Mulla Muhammad, nommé Mirza Isma’il, embrassa la nouvelle Révélation.

275 Coran xxix, 51.

276 The Dawn-Breakers pages 230-31 (GB), pages 316-19 (US). Les citations sont extraites de ces pages; une réponse du Bab est paraphrasée.

277 Une lettre non datée est venue à la lumière de l’écriture de Nasiri’d-DIn Shah, écrite durant le ministère de Baha’u’llah, et adressée à Alau’d-Dawlih, un gouverneur de Téhéran. le Shah ordonna au gouverneur de mettre certaines questions de babis arrêtés par l’Aminu’s-Suktan, comprenant Aqa jamal-i-Burujurdi, le seul qui est mentionner par le nom. Seuls Aminu’s-Sultan et Haji Aqa Muhammad, un prêtre, devaient être présents pour l’interrogatoire, ordonna t-il, et les réponses des babis devaient être enregistrées puis être présentées. Il pourrait alors, dit-il, avoir à rencontrer ces babis, pour déterminer exactement quels étaient leurs buts et leurs résolutions.
Le langage de Nasiri’d-Din Shah était abusif, mais deux points sont particulièrement dignes, notés dans cette longue tirade: tout d’abord, son acceptation que, devant le tribunal de Tabriz, le Bab s’en tint fermement à sa revendication qu’Il était le Qa’im; deuxièmement, son insistance qu’il voulait savoir quelles étaient les croyances et intentions des babis.
Durant le gouvernement de Alau’d-Dawlih, Aqa Najaf- Ali, un baha’i de Tabriz, fut arrêté, résultant de l’arrestation de nombre de babis à Téhéran. Aqa Najaf-Ali était récemment retourné de Akka et était le porteur d’un nombre de tablettes. Il perdit la vie mais les autres baha’is furent finalement libres.

278 Littéralement, "le chef licteur", un officier romain qui exécutait les punitions de délinquants.

279 C’est une erreur. Les deux frères, Siyyid hasan et Siyyid Husaynn ne furent pas mis à mort avec le Bab, contrairement à la note de Browne accompagnant ce récit.

280 Browne Materials for the Study of the Babi Religion pages 260-2.

281 The Dawn-Breakers page 234 (GB), page 323 (US).

282 IL y a un certain Haji Riday-i-Qasi (La fin de Haji Qasi fut triste. 17 ans plus tard, en dépit des assurances lui étant données, il fut étranglé sur la plateforme de Persépolis, et son corps fut laissé pendu là-bas, sur les ordres d’un oncle de Nasiri’d-DIn Shah, Haji Sultan Murad Mirza, le Hisamu’s-Saltanih, qui était sur le chemin pour prendre les rênes de l’administration de Chiraz.) de Chiraz, toujours prêt à démarrer une bagarre ou mener une révolte. Le présent auteur se rappelle qu’on lui a dit par sa grand-mère paternelle qu’un jour, à l’aube, Haji Qasi vint galopant devant leur porte, faisant cliqueter une longue baguette (ou une lance) dans le trou d’un mur, criant : "O maison des siyyids, puissiez-vous reposer en paix, Muhammad Shah est allé en enfer". Elle se souvint très bien de l’incident, bien qu’à cette époque, elle n’avait pas plus de 7 ou 8 ans.

283 Citation d’ouverture : Le Bab dans The Baha’i World volume VIII, page 945. Béatrice Irwin fut une baha’ie britannique de descendance irlandaise, qui vécut une bonne partie de sa vie aux Etats-Unis, mais voyagea à la fois pour son travail et en tant qu’enseignante baha’ie dans beaucoup parties du monde. Eduquée au collège Cheltenham et à Oxford, elle fut une pionnière dans le domaine de l’ingénierie des éclairs, et dédia aussi beaucoup de sa vie à faire avancer la cause de la paix mondiale. Ses écrits comprennent "The Gates of Light", "The New Science of Colour" et "Heralds of Peace".

284 Dans les années suivantes, il devint connu comme Mirza Aliy-i-Sayyah (voyageur), se maria à une fille de Shaykh Hasan-i-Zunuzi et élut domicile à Karbila. IL était l’un des 4 baha’is envoyés avec Subh-i-Azal à Chypre par le gouvernement ottoman. Il mourut le 4 août 1871.

285 Le père de Sulayman Khan fut un assistant de Abbas Mirza, et puis de son fils, Muhammad Shah.

286 Voir avant-propos, paragraphe 4.

287 Vers la fin de juin 1849.

288 The Dawn-Breakers page 314 (GB), pages 430-1 (US), Récit de Siyyid Husayn-i-Yazdi (ou Aziz).

289 Vers la fin de juin 1850.

290 Il y avait 360 dérivatifs. (Browne, ed., A Traveller’s Narrative volume II, page 42).

291 Baha’u’llah.

292 The Dawn-Breakers pages 370-1 (GB), page 505 (US).

293 Hommes responsables de la tragédie de Karbila et du martyre de l’Imam-Husayn.

294 Ibidem page 371 (GB), page 506 (US).

295 Ibidem page 372 (GB), page 507 (US).

296 Siyyid Aliy-i-Zunuzi.

297 Suite à son interrogatoire durant l’été 1848.

298 The Dawn-Breakers pages 223-4 (GB), pages 307-308 (US).

299 Cité dans Shoghi Effendi The World Order of Baha’u’llah page 101.

300 The Dawn-Breakers page 373 (GB), page 508 (US). et Sohrab Risaliy--Tis’a-Ashariyyih page 74.

301 xxiii, 39-43.

302 xxii, 63-71.

303 The Dawn-Breakers page 374 (GB), pages 509-10 (US).

304 Ibidem page 375 (GB), page 512 (US).

305 Ibidem page 376 (GB), page 514 (US).

306 xxiii, 27-30.

307 Luc xxiii, 44-6.

308 Sha’ban 28, 1266 A.H.

309 The Dawn-Breakers page 378 (GB), pages 518-9 (US).

310 Voir appendice 2 pour des extraits de documents britanniques officiels qui rapportent l’exécution et la disposition des corps.

311 Citation d’ouverture : Divan-i-Misbah. Azizu’llah Misbah (1876-1945), poète, éducateur, maître des belles-lettres, était un important baha’i de l’Iran. UN livre de sa prose : Munshi at-i-Misbah réimprimé plusieurs fois, devint un manuel scolaire en usage dans les écoles.

312 Afsharid Nadir Shah (1736-47) et le gouverneur de Zand, Karim Khan (1750-79).

313 Connus à la fois comme Rashti et Shafti.

314 Dans un livre que lemufti, Mahmud al-Alusi écrivit, il parla de Qurratu’l-Ayn avec une grande admiration.

315 Ceci comprenaient Siyyid Taha et Siyyid Muhammad-Ja’far.

316 Pourtant deux années auparavant, ils avaient refusé de livrer Mulla Ali au gouvernement persan pur qu’il puisse atteindre la sécurité.

317 Shaykh Muhammad Shibl et son fils Aqa Muhammad-Mustafa (alors âgé de 10 ans); Shaykh Sultan-i-Karbila’i; Siyyid Ahmad-i-Yazdi, le père de Siyyid Husayn (le secrétaire du Babà; Shaykh Salih-i-Karimi et Mulla Ibrahim-i-Mahallati étaient du nombre.

318 Mulla Ilyahu et Mulla Lalizar.

319 Le premier juif baha’i fut Hakim Masih, un docteur (plus tard, il devint médecin à la cour de Muhammad Shah) qui rencontra Tahirih à Bagdad, et qui fut profondément impressionnée par son éloquence et son exposé magistral. Des années plus tard, tandis qu’il attendait son fils, il rencontra Mulla Sadiq-i-Muqaddas, un survivant de Shaykh Tabarsi, à qui Baha’u’llah a donné la désignation de Ismu’llahu’l-Asdaq (le nom de Dieu, le Très-Véridique). Cette rencontre amena Hakim Masih à embrasser la foi baha’ie. Il fut le grand_père du docteur Lutfu’llah Hakim (Voir Balyuzi Abdu’l-Baha page 78n).

320 C’étaient Shaykh Muhammad-Shibl et son fils Aqa Muhammad-Mustafa, et Shaykh Sultan-i-Karbila’i.

321 L’épée de Mulla Husayn se trouve dans les Archives Internationales de la Foi Baha’ie.

322 Browne (ed.) A Traveller’s Narrative volume II, xliii.

323 Il fut nommé de diverses manières comme Mulla Abdu’llah, Mirza Salih et Mirza Tahir, le boulanger.

324 Il est intéressant que Shaykh Salih, martyrisé en Perse, fût natif de l’Iraq, tandis que le premier martyr de la foi babie, Mulla Aliy-i-Bastami, était un persan qui rencontra la mort en Iraq.

325 La station du Bab est discutée et définie par Shoghi Effendi, le Gardien de la foi baha’ie dans The Dispensation de Baha’u’llah réimprimé dans la collection de ses écrits The World Order of Baha’u’llah auquel l’auteur s’est référé.

326 Abdu’l-Baha Memorials of the Faithful page 201.

327 Mulla Husayn fut empêché d’atteindre Badasht.

328 Littéralement "l’Evènement". Le professeur Arberry l’a traduit comme "terreur" et George Sale comme "L’Inévitable". L’auteur présent préfère dans ce cas la traduction de la sourate complète de Sale à Arberry; versets 1-2 sont cités. L’incident est extrait de Abdu’l-Baha The Memorials of the Faithful page 201 et Cheyne The Reconciliation of Races and Religions pages 101-3.

329 Egalement connu comme Hishmatu’d-Dawlih, le frère de mUhammad Shah, à une date ultérieure, fut le gouverneur-général de l’Adharbaijan et refusa de diriger l’exécution du Bab.

330 The Dawn-Breakers pages 215-16 (GB), page 299 (US).

331 Ibidem page 253 (GB), page 351 (US).

332 La célébrité de cet acte se propagea en long et en large. Plus tard, lorsque le grand vizir réprimanda le Prince Mihdi-Quli Khan, commandant d’une armée envoyée contre les défenseurs de Shaykh Tabarsi, car il avait fuit devant eux, le prince lui envoya des morceaux du canon d’un fusil brisés en mille morceaux par l’épée de Mulla Husayn avec ce message : "Telle est la force méprisable d’un adversaire qui, avec un simple coup d’épée, a réduit en 6 morceaux l’arbre, le fusil et son détenteur. The Dawn-Breakers page 240 (GB), page 332 (US).

333 Mirza Muhammad-Taqiy-i-Juvayni.

334 Un martyr de Shaykh Tabarsi.

335 Tels que Abdu’llah Khan-i-Turkamna et Habibu’llah Khani-i-Afghan.

336 Mirza Husayn-i-Mutavalli.

337 Baha’u’llah Kitab-i-Iqan page 142 (GB), page 223 (US).

338 Cité dans The Dawn-Breakers page 284n (GB), page 395n (US). Aussi dans une autre traduction dans Abdu’l-Baha Memorials of the Faithful page 7.

339 Ils y avaient Al-Haj Muhammad al-Karradi et Sa’id al-Jabbawi. Haji Muhammad avait presque 80 ans. Dans ses jeunes années, il avait mené une centaine d’hommes à la guerre entre les ottomans et Ibrahim Pacha, fils du célébré Muhammad-Ali Pacha d’Egypte.

340 The Dawn-Breakers page 298 (GB), page 411 (US).

341 En 1970, l’auteur présent reçut, à travers les bons offices de son cousin, Abu’l-Qasim Afnan, la copie photocopiée produite d’un manuscrit décrivant l’épisode dans l’histoire babie. Il est de l’écriture de Aqa Muhammad-Baqir-i-Tihrani, un marchand, dont le frère Mushiru’t-Tujjar, fut l’un des "5 martyrs" de Sari. (Ces 5 personnes furent assassinés dans les premières années du mouvement constitutionnel en Perse : voir Balyuzi Edward Browne and the Baha’i Faith). Aqa Muhammad-Baqir déclare, dans une courte introduction, qu’il visita Barfurush à un moment dans l’année 1319 A.H. (20 avril 1901-9 avril 1902). où il eût la chance de tomber sur un manuscrit de l’histoire des babis à Shaykh Tabarsi, écrit par l’un d’entre eux, qu’il copia pour lui-même et pour le bénéfice des autres. Il ne cite pas le nom du propriétaire de l’original. Cette histoire commence avec un récit de l’auteur rejoignant Mulla Husayn; par cela il peut être identifié, bien que il ne soit nommé nulle part. Il n’y a aucun doute que c’était Mirza Lutf-Ali ou Lutf-Ali Mirza de Chiraz, un descendant des rois afsharidsau 18ème siècle A.D. Il fut l’un des quelques survivants de Shaykh Tabarsi qui essayèrent de s’échapper en compagnie de Mulla Sadiq-i-Muqaddas-i-Khurasani, mais dans l’holocauste d’août 1852 (voir Balyuzi Baha’u’llah page 18), il mourut comme martyr.
En recevant et en examinant cette chronique, l’auteur présent se rappela que Edward G. Browne mentionne dans son Materials for the Study of the Babi Religion une histoire manuscrite de l’épisode de Shaykh Tabarsi par Lutf-Ali Mirza, envoyé par lui par Mirza Mustafa, le scribe azali. Comme ce manuscrit est à présent dans la bibliothèque universitaire de Cambridge, une reproduction photostatique fut obtenue avec la gentillesse du bibliothécaire. Selon le secrétaire (dont le vrai nom était Isma’il-i-Sabbagh-i-Sidihi), le manuscrit qu’il copia pour le professeur Browne était défectueux, mais il n’en trouva pas d’autre pour comparaison.
La chronique de Lutf-Ali Mirza finit brutalement, et Aqa Muhammad-Baqir, le copiste, conclut de manière erronée que l’auteur a du mourir de famine, depuis que les dernières lignes de sa chronique décrivent l’état de famine causée par le siège.
L’auteur présent est actuellement engagé à collationner les deux manuscrits.

342 The Dawn-Breakers page 285 (GB), page 396 (US).

343 Archives Nationales 60/150, voir appendice 3.

344 voir chapitre 12.

345 Voir appendice 3. Vahid, comme homme d’influence, possédait des maisons à Yazd, Nayriz et sa ville natale de Darab.

346 Mulla Baqir, l’Imam du quartier Chinar-Sukhtih; Mirza Husayn-i-Qutb, le kad-khuda (chef) du quartier du bazar; et Haji Muhammad-Taqi, un important et riche marchand, qui plus tard gagna le surnom de Ayyub (Job) de Baha’u’llah, à cause de ses souffrances intenses, de sa patience dans l’épreuve et sa fermeté - il y avaient parmi les notables qui sortirent dans le village de Runiz dans la région de Fasa pour rencontrer Vahid.

347 The Dawn-Breakers pages 353-4 (GB), pages 479-80 (US).

348 Ils étaient commandés par Mihr-Ali Khan-i-Nuri, le Shuja’u’l-Mulk et Mustafa-Quli Khan-i-Qaraguzlu, le I’timadu’s-Saltanih.

349 Sheil, rapportant à Lord Palmerston le 22 juillet 1850, déclara que les défenseurs "repoussèrent les troupes du Shah" Archives Nationales 60/152.

350 The Dawn-Breakers pages 361-2 (GB), pages 488-9 (US).

351 Siyyid Ibrahim, le fils de Siyyid Husayn.

352 C’est peuplé aujourd’hui de baha’is.

353 Shoghi Effendi God Passes By page 47.

354 Browne The Tarih-i-Jadid page 255.

355 Ibidem page 253.

356 Voir appendice 4.

357 Browne A Year Amongst the Persians page 81 (édition de 1926).

358 Archives Nationales 60/153. La dépêche de K.W. Abbott du 30 août 1850, compris dans le rapport de Sheil du 5 septembre 1850 à Palmerston.

359 Voir appendice 5.

360 Archives Nationales 248/142 du 9 décembre 1850, R. W. Stevens, consul à Tabriz à Sheil.

361 The Dawn-Breakers page 419 (GB), page 572 (US).

362 Archives Nationales 60/158 du 6 janvier 1851.

363 Shoghi Effendi God passes By pages 273-4.

364 Il était, comme nous l’avons vu, un instrument pour sauver les restes du Bab.

365 Aussi connu généralement comme Haji Akhund. C’était une Main de la Cause, désignée par Baha’u’llah.

366 Des voleurs doivent avoir vu Haji Akhund et Jamal-i-Burujurdi placer le cercueil dans une niche et le murer. Qui qu’ils étaient, ils déplacèrent certaines des briques et ouvrirent le cercueil, mais trouvant qu’il ne contenait pas des valeurs, ils le laissèrent à l’abandon.

367 Dans la maison de Mirza Hasan-i-Vazir, les restes furent ou bien déposés dans un nouveau cercueil, ou le cercueil original fut mis à l’intérieur d’une plus grande. Certains morceaux de vêtements tâchées de sang et déchirés ont du tomber lorsque les restes furent mis en sûreté. Plusieurs années plus tard, le docteur Yunis Khan-i-Afrukhtih, au cours de l’assistance professionnelle sur la famille de Majdu’l-Ashraf, apprit qu’ils avaient en leur possession des morceaux de vêtements imbibés du sang du Bab. Le docteur Afrukhtih les persuada de se séparer de ces reliques précieuses. Ils sont à présent dans les Archives Internationales de la Foi Baha’ie.

368 Shoghi Effendi God Passes By pages 273-4.

369 Archives Nationales 248/108 du 15 mai 1848, compris dans la lettre de Farrant à Sheil du 20 mai 1843. Toutes les citations non identifiées par un nombre dans cet appendice sont extraites de ce document.

370 Dans la dépêche, son nom est épelé Ibrahim Zaffrance.

371 Archives Nationales 248/108 du 18 novembre 1842, compris dans la lettre de Farrant à Sheil le 2 mai 1843.

372 L’adversaire de Siyyid Kazim, qui avait quitté entièrement Karbila durant cette période turbulente.

373 Abbas était un frère de l’Imam Husayn.

374 Mulla Abdu’l-Aziz n’osa pas aller à Karbila car il craignait ses créditeurs. Siyyid Kazim lui conseilla de visiter la ville sainte.

375 Zillu’s-Sultan n’était pas dans une condition de détresse, et sa présence en Iran n’était pas la bienvenue.

376 Archives Nationales 60/95 (pad de date), compris dans une lettre de Sheil à Aberdeen du 4 février 1843.

377 Archives Nationales 60/152.

378 Archives nationales 248/142 du 24 juillet 1850.

379 Archives Nationales 60/153.

380 Archives Nationales 60/153 du 3 août 1850, traduit par Taylour Thompson.

381 Archives Nationales 248/140.

382 Une partie de ce passage est aussi cité page 178.

383 Archives Nationales 60/150 du 12 février 1850.

384 Voir page 176.

385 Archives Nationales 60/145 du 27 juillet 1849.

386 Dossier N°133, Téhéran 1850; pages 100-5. La traduction par le docteur Firuz Kazemzadeh dans "Extraits de dépêches écrites durant 1848-52 par le prince Dolgoroukov, le ministre russe en Perse; cité par l’aimable permission du World Order, un magazine baha’i, volume I, n°1, 1966. Les dépêches furent publiées comme appendice au livre de Monsieur Ivanov The Babi Uprisings in Iran.

387 Archives Nationales 60/150. Voir appendice 3.

388 Archives Nationales 248/140 du 2 mai 1850.

389 Archives Nationales 60/151 du 25 mai 1850.

390 Archives Nationales 60/152 du 25 juin 1850.

391 Dossier N° 133, Téhéran, 1850; pages 470-1. Voir appendice 4, note 2 pour des détails.

392 Archives Nationales 60/153.

393 Ibidem.

394 Dossier N° 134, Téhéran, 1850; page 562. Voir Appendice 4, note 2, pour des détails.

395 Dossier N° 133, Téhéran, 1850; page 582. Cité plus haut.

396 Dossier N°134, Téhéran, 1850, page 99/ Cité plus haut.

397 Dossier N°134, Téhéran, 1851; page 156. Cité plus haut.

398 Archives Nationales 60/153.

399 Ibidem.

400 Archives Nationales 60/154.

401 Ibidem du 16 décembre 1850.

402 Ibidem du 24 décembre 1850.

403 Archives Nationales 248/143.

404 Archives Nationanles 60/158.

405 Archives Nationales 248/140.

406 Archives Nationales 60/152.

407 Archives Nationales 248/141.

408 Archives Nationales 60/152, compris dans la lettre de Sheil à Palmerston.

409 1833-1902, un politicien radical et écrivain. M.P. pour Salford et éditeur de Echo.

410 Le prince Sultan Mas’ud Mirza, le fils aîné de Nasiri’d-Din Shah, le gouverneur général d’Ispahan et des provinces environnantes.

411 Du temps de la visite d’Arnold, Mirza Asadu’llah Khan, un baha’i, était le vizir d’Ispahan.

412 Arnold Through Persia by Caravan volume II, pages 32-5.

413 Durant l’hiver 1882-83, l’auteur fut désigné par le président Arthur à la légation de Perse, crée juste par l’Acte du Congrès. En 188(, avec l’accession du parti démocrate au pouvoir, il retourna à la vie privée, en accord avec l’usage du service diplomatique des Etats-Unis Benjamin Persia and the Persians préface.

414 Benjamin Persia and the Persians pages 353-5.

415 Gordon Persia Revisited pages 81-91.

416 Lorimer Gazetter of the Persian Gulf. Gordon Lorimer était l’un des membres les plus capable du département politique de l’Inde, et il tint divers postes dans la région du golfe Persique. En 1904, il fut commissionné par le gouvernement de l’Inde pour préparer l’index géographique. A la fin de 1913, Lorimer remplaça Sir percy Z.Cox en tant que consul général à Bushihr et résident politique dans le Golfe Persique. En février, une mésaventure avec un revolver causa sa mort finale. L’auteur actuel se souvient bien de l’événement. L’index géographique fut rendu prêt pour la publication par le capitaine R.L. Birdwood.

417 Curzon Persia and the Persian Question volume I, page 497.

418 Lorimer Gazetteer of the Persian Gulf volume I, partie 2, pages 1966-7 et 2384.

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