Médiathèque baha'ie

Article de presse du journal
Actualité des Religions
source: avril 2002 n°37 (p. 23 et 48)

Des religions et des élections : Bahaisme
et
Rites et rituels : Ridvan, la reine des fêtes



Des religions et des élections : Bahaisme
Par D. Kareh Tager, F. Clemenceau

Chaque année, dans le monde entier, le 21 avril est journée électorale pour les fidèles de la foi baha'ie. Une journée qui a pour particularité de ne pas être précédée par une campagne électorale... pour la simple raison qu'il n'y a pas de candidats à ces élections. Ce jour-là, tous les baha'is, hommes et femmes de plus de vingt et un ans, se réunissent donc à l'échelle locale : pour eux, il s'agit d'un devoir sacré. Après des prières, chacun dépose dans l'urne un papier sur lequel il a inscrit neuf noms, choisis parmi les membres de la communauté, tout électeur étant aussi éligible. Le cumul des voix permet de désigner les neuf membres de l'Assemblée spirituelle locale qui, durant un an, gérera les affaires courantes : les problèmes administratifs, les relations avec les autorités, la participation à la vie de la cité, voire le règlement des conflits entre fidèles.

Et ce n'est pas tout. Dans les dix jours qui suivent ces élections locales, les baha'is de chaque pays organisent l'élection de leur Assemblée spirituelle nationale, également formée de neuf membres... lesquels ne se portent pas candidats à cette fonction. "A l'échelle locale, nous nous connaissons tous au sein de la communauté", souligne Brenda Abrar, "élue " niçoise pour l'exercice 2001-2002. "A l'échelle nationale, chaque pays est découpé en unités (trente-neuf pour la France), et chaque unité choisit un ou deux délégués qui participent à la convention nationale. Avant le scrutin, ils dialoguent beaucoup, proposent des " candidats " reconnus pour leur loyauté, leur dévouement, leur désintéressement, leurs qualités spirituelles. L'Assemblée nationale ainsi élue dispose d'un pouvoir exécutif et législatif, mais elle n'a pas les pleins pouvoirs : tout fidèle peut contester ses décisions, et il existe des recours pour cela. "

Enfin, à l'échelon supérieur, des délégués du monde entier se réunissent à Haïfa, en Israël, pour élire les neuf membres de la Maison universelle de justice, sorte d'assemblée spirituelle internationale. Ces derniers ont pour mission de légiférer, en se référant toujours aux écrits de Baha'u'llah, le fondateur de leur religion. Les fidèles restent libres d'appliquer ces décisions, selon leur conscience. Et puis, au bout de cinq ans, la Maison universelle est renouvelée. Ses anciens membres retournent à leur place : celle de fidèles engagés dans la vie de la communauté…

D. Kareh Tager, F. Clemenceau,
N. Revise, B. Sauvaget, G. de Turckheim
Nota: Article en même temps que les élections présidentielles 2002 en France




Rites et rituels : Ridvan, la reine des fêtes
Par Maryline Guitton

Le 22 avril 1863, un homme condamné à l'exil quitte Bagdad, en Irak, acclamé par la foule, en compagnie de sa famille et de quelques compagnons et serviteurs autorisés à le suivre. Il s'arrête en chemin, aux alentours de la ville, dans un jardin enchanteur qu'embaument des roses et où chantent les rossignols. Situé sur les rives du Tigre, il est surnommé Jardin de Ridvan - qui signifie " paradis " en persan.

Notre homme, Baha'u'llah, fondateur de la foi baha'ie, ainsi que ses proches y prennent leurs quartiers pour douze jours. Baha'u'llah reçoit ses disciples venus lui rendre un dernier hommage. Le neuvième jour après son arrivée, il déclare à son entourage qu'il est investi d'une mission divine... il révèle les fondements de sa doctrine et en particulier interdit l'usage de l'épée pour défendre sa religion - c'est-à-dire le djihad.

Comme Abraham, Moïse, Zoroastre, Bouddha, Jésus-Christ ou Mahomet, il est une manifestation du Dieu unique, transmettant le même message divin. Un message d'amour et de respect, que chaque prophète a adapté à son contexte socioculturel. Il insiste sur l'unité de toutes les religions et la nécessaire unité des hommes pour atteindre la paix sur terre.

Six millions de baha'is dans cent quatre-vingt-deux pays commémorent chaque année, du 21 avril au 2 mai, cet " acte de naissance " de la foi baha'ie. Ridvan, qualifiée de " reine des fêtes ", comprend trois jours chômés : le 21 avril, premier jour de Ridvan où les baha'is du monde entier élisent leurs assemblées spirituelles ; le 29 avril, neuvième jour de Ridvan ; et le 2 mai, douzième jour célébrant le départ de Baha'u'llah.

La foi baha'ie se caractérise par l'originalité de son organisation, démocratique et collégiale. Les élections, annuelles, des assemblées spirituelles locales et nationales prennent un caractère sacré. Le vote s'effectue à bulletin secret dans un esprit de prière et de recueillement, sans propagande ni candidature. Tous les votants, âgés d'au moins 21 ans, sont éligibles.

Les rites baha'is sont peu codifiés. "Nous insistons davantage sur l'état d'esprit que sur la forme. Le geste doit être dépassé", témoigne Saïd. Cela permet aux cultures locales de s'exprimer : percussions en Afrique, chants d'influence musulmane en Iran… "Parler de syncrétisme, c'est manquer l'essentiel, s'exclame Jean-Marc. Toute fête baha'ie est la célébration d'un mystère : la parole de Dieu". Lectures des écrits du fondateur, de récits liés à Ridvan et prières rythment la cérémonie. La célébration se poursuit autour d'une collation, où l'on fête la joie des retrouvailles.

Maryline Guitton

En Bref :
En 1844, Siyyid Ali Muhammed, musulman chiite iranien, se déclare " Bab", la " porte" par laquelle Dieu communique avec l'humanité. Malgré la répression des autorités, le babisme gagne des fidèles. Avant son exécution, en 1850, le Bab prédit la venue d'un nouveau prophète. Pour les baha'is, cette prédiction s'est réalisée en Baha'u'llah, qui signifie "Splendeur de Dieu".
De son vrai nom Mirza Ali, Baha'u'llah, né en 1817 dans une riche famille Persane, est disciple du Bab. Après l'exécution de ce dernier, il est jeté en prison, où il a la révélation mystique de sa mission. A sa libération, en 1853, i1 est exilé à Bagdad. Sans révéler l'origine divine de sa mission, Baha'u'llah y devient un personnage considérable auprès des babis et des musulmans. Les autorités, qui voient cela d'un mauvais oeil, prononcent en 1863 un nouvel ordre d'exil, pour Constantinople.

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