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Dernières
Nouvelles d'Alsace
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30 janvier 2000
Le
XXIe siècle sera spirituel
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Le XXIe siècle sera spirituel
Article
de Lucien CREVEL
Chef d'entreprise
et membre de la communauté baha'ie alsacienne, Lucien
Crevel nous livre ici sa vision de l'évolution de la société
humaine dans le siècle à venir, et ce à l'heure de la mondialisation
et à l'aube d'un nouveau millénaire où nombreux sont ceux
qui s'interrogent sur le devenir de l'humanité.
Pour certains nous nous engageons sur une voie sans issue pendant que d'autres
entrevoient un âge d'or. Le phénomène de la mondialisation
est ainsi perçu par une partie de la population comme une terrible menace
sur les emplois, engendrée par les délocalisations et un risque
majeur d'uniformisation et de perte d'identité culturelle. Alors que
la prise de conscience de l'interdépendance planétaire chaque
jour plus évidente et le développement des moyens de communication
enthousiasme certains autres qui discernent de grandes opportunités au-delà
des difficultés présentes à surmonter.
Une
période noire pour l'humanité
Le siècle
qui s'achève peut être considéré comme l'une des périodes
les plus noires de l'histoire de l'humanité avec deux guerres mondiales
et une multitude de conflits ethniques dont certains continuent de ravager des
populations entières. Les historiens retiendront l'extermination
délibérée de millions d'êtres humains sans défense,
l'invention et l'utilisation de la bombe atomique, les dommages causés
à
l'environnement et les catastrophes écologiques en découlant.
Ajoutons encore le mal subi par des générations d'enfants à
qui l'on a inculqué la recherche éperdue d'une soi-disant liberté
individuelle dans le matérialisme, la violence et l'égoïsme.
Mais il faut également noter dans la même période l'émergence
d'une prise de conscience à une responsabilité collective mondiale.
Le
défi de l'effet de serre
Les problèmes
que l'humanité aura à résoudre dans les années à
venir apparaissent titanesques. Ainsi face à l'effet de serre qui nous
menace tous, l'espèce humaine doit s'attaquer à un défi gigantesque
et sans précédent : modifier les conditions climatiques au niveau
planétaire en réduisant les émissions de gaz carbonique.
Il est évident qu'aucun État « nation » fût-il
très riche et puissant n'est en mesure de réussir seul une telle
prouesse.
Libérer
la conscience humaine
« La question
spirituelle essentielle qui se pose à tous les peuples, indépendamment
de leur nationalité, leur appartenance religieuse, ou leur origine ethnique,
déclare Baha'u'llah, c'est de savoir comment jeter les fondements d'une
société planétaire qui reflète l'unicité de
la nature humaine. L'unification des habitants du monde ne relève ni d'une
vision utopique lointaine, ni, en définitive, d'un choix. C'est la prochaine
étape, inévitable, de l'évolution sociale vers laquelle tendent
toutes les réalisations du passé et du présent. Tant que
cette question n'est pas posée ni résolue, aucun des maux qui affligent
notre planète ne trouvera de solution, car tous les défis essentiels
de l'époque qui s'ouvre à nous sont d'ordre mondial et universel,
et non particulier ou régional ». Voilà le vrai grand
défi du XXIe siècle à relever en priorité. Il nous
incite à voir dans les souffrances et les ruptures de notre époque
l'oeuvre de forces capables de libérer la conscience humaine pour lui faire
franchir une étape nouvelle de son évolution.
Fondements
d'un ordre mondial
Sur le plan politique,
des avancées considérables sont déjà discernables.
Au lendemain de la deuxième guerre mondiale, des dirigeants clairvoyants
ont estimé enfin possible de commencer à consolider, par le biais
de l'Organisation des Nations Unies, les fondements d'un ordre mondial.
Un système international encore balbutiant du maintien de la paix a peu
a peu fait ses preuves. Ce processus s'est accompagné de l'expansion constante,
d'institutions démocratiques de gestion des affaires publiques. Si
les effets pratiques de ces institutions restent décevants, ils ne diminuent
en rien le caractère historique et irréversible du changement de
cap ainsi opéré dans l'organisation des affaires humaines.
Nous comptons dans cet ordre d'idées la construction de l'Union Européenne,
la mise en place du TPI (Tribunal Pénal International) ou encore la tenue
du Sommet de la Terre à Rio.
Le
poids de la société civile
Il convient également
de mettre l'accent sur l'influence grandissante dans les relations internationales
de la société civile. Aujourd'hui doté des moyens et des
compétences nécessaires, un nombre croissant d'organisations non
gouvernementales ( ONG) s'emploie à faire reconnaître la Déclaration
Universelle des Droits de l'Homme comme fondement des règles normatives
internationales et à veiller à son application. Dans cette
optique, les conflits ethniques qui continuent de ravager de nombreuses parties
du monde sont considérées comme des aberrations délibérées,
auxquelles la communauté internationale se doit de mettre un terme. Nous
passons de la règle de non ingérence à celle du devoir d'ingérence.
La
spiritualisation ou le chaos
Face à la
crise morale généralisée qui sévit actuellement, toutes
les composantes de la société sont en recherche de sens et de repères.
Aucun domaine n'y échappe. Les excès et les dérives de la
société matérialiste occidentale apparaissent à ce
titre tout aussi insupportables que ceux engendrés par l'intégrisme
fondamentaliste qui sévit dans d'autres régions du monde.
Pour les Baha'is cette évolution du cours de l'histoire n'est pas le fait
du hasard. Ils sont en cela confortés par les théories de la relativité
et de la mécanique quantique qui amènent les scientifiques à
penser que la nature de l'univers et son fonctionnement pourraient en fait obéir
à un dessein et à une intelligence intrinsèques. A
mesure que la société souscrira à cette nouvelle forme de
spiritualité planétaire et aux principes moraux qui lui sont liés,
le rôle le plus important qu'elle pourra offrir à l'individu sera
de servir autrui. L'un des paradoxes de l'être humain tient en effet
à ce que son épanouissement passe essentiellement par son engagement
dans de nobles causes, où il peut s'oublier ne serait-ce que temporairement.
Lucien
CREVEL
©
Dernières Nouvelles D'Alsace, Dimanche 30 Janvier 2000
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