Médiathèque baha'ie

Article de presse du journal
Phosphore
source: février-mars 1999

Comment les baha'is
oeuvrent pour la paix


Comment les baha'is oeuvrent pour la paix
Article de Phosphore

La paix à tout prix

Apparue au milieu du XIX° siècle en Iran, forte de 6 millions de fidèles de toutes origines répartis dans plus de 200 pays, la jeune religion baha'ie n'est guère connue. Qui sait qu’elle fête ses 100 ans de présence en France ? S’agirait-il d'une de ces sectes qui aime le secret ? Non, simplement, les baha'is ont pour principe et pour horizon la paix à tout prix. Le maître mot de leur foi est l'unité : unicité de Dieu, unité de l'humanité, unité des religions. Pas question pour eux de se compromettre avec quelque violence que ce soit. Les Baha'is considèrent les grandes religions universelles comme les chapitres d'une révélation unique et progressive. Pour eux, Moïse, Bouddha, le Christ, Mahomet ont été les messagers de Dieu. Le dernier en date étant Baha’u’llah, né en Iran en 1817.


Pas de désobéissance civile

Le baha'isme est issu de l'islam chiite. Comme les Juifs attendent la venue du Messie, les chiites attendent le retour du "Mahdi", successeur disparu de Mahomet. En 1844, un jeune iranien, appelé le Bab, annonce la création d'une nouvelle religion et la venue prochaine du Promis. Il entraîne de nombreux disciples. Dans le pays, la répression est terrible. Plus de 20 000 « babis » périssent massacrés. Le Bab lui-même est exécuté en 1850. Trois ans après, du fond de son cachot, un de ses anciens disciples reçoit la révélation : il est le Promis, Baha'u'llah (la gloire de Dieu). Banni d'Iran, il passe les 24 dernières années de sa vie prisonnier des autorités ottomanes à Haïfa. Il y meurt en 1892, laissant des « révélations », reprises et développées par son fils et son petit-fils.

Au coeur des textes saints baha’is, le souci de l'unité et de la paix se décline dans tous les domaines : l'unité de l'humanité par la mise en place progressive d'institutions mondiales, la tolérance religieuse, l'égalité homme-femme, l'accès de tous à l'éducation, la justice économique, l'accord science-religion. Toutes choses prophétisées par Baha'u'llah au milieu du XIX° siècle et qui se sont accomplies, remarquent les Baha'is. Leur mission ? Promouvoir l'unité par l'éducation et par la paix collective et intérieure. « Celui qui désire servir la cause du seul vrai Dieu doit la soutenir de sa plume et de sa parole plutôt que de recourir à l'épée ou à la violence», insiste Baha'u'llah. Cette non-violence se distingue de celle de Gandhi ou de Martin Luther King. « Nous voulons agir par l'affirmation de conscience plutôt que par des actes de boycott ou de désobéissance civile », explique Thierry Hamy, baha'i. Baha'u'llah demande à ses disciples d'obéir loyalement aux gouvernements sous lesquels ils vivent. Une limite à cette obéissance confiante : l'abjuration de la foi, même au prix de la vie. En témoigne le lourd tribut payé par les Baha'is d'Iran : la dernière exécution rapportée par les médias occidentaux date d'août 1998. Cette obéissance s'appuie sur la foi que le progrès est en marche la réalisation de « la Grande Paix », âge d'or de l'humanité, prendra forcément du temps.

Le souci de la paix et de l'unité rapprochent sans conteste les Bah'ais des chrétiens. A Assise en 1986, Jean-Paul Il a fait de l'engagement au service de la paix l'enjeu central de la rencontre entre les grandes religions. Reste que pour l'Eglise, la paix et l'unité ne peuvent être dissociées du service de la vérité. La libération de la violence destructrice qui mine l'humanité ne se décrète pas. Elle n'est pas non plus simplement le fruit d'un progrès naturel continu. Pour les chrétiens, la paix de Dieu entre dans le monde et dans le coeur des hommes par  une  rupture,  une  forme  de  violence même. « Pensez-vous que je sois venu pour établir la paix sur la terre ? Non, je vous le dis, mais bien la division », dit Jésus qui ne cesse pour autant de répéter « la paix soit avec vous ». « C'est ma paix que je vous donne ; je ne vous la donne pas comme le monde la donne », dit-il dans l'évangile de Jean. Dans le Nouveau comme dans l'Ancien Testament, la parole de Dieu est comme un glaive tranchant. Elle sépare le mensonge de la vérité au coeur de celui qui l'écoute. Elle tourne l'homme vers un autre que lui-même. Oui, il y a une violence de l'amour de Dieu, comme il y a une violence de l'amour quand il nous déroute. La violence créatrice de l'Esprit sauve l'homme du repli sur lui. Dieu ouvre une brèche dans les coeurs endurcis pour donner et redonner la vie.

 

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