Médiathèque baha'ie |
Article de presse du journal Science et conscience source: 19 septembre 2002 - n° 6 La foi baha'ie |
Le message de la Foi Baha'ie :
l'accomplissement de l'unité de l'humanité
"Tous les peuples du monde, à quelque race ou religion qu'ils appartiennent,
tirent leur inspiration d'une même source et sont sujets d'un seul Dieu."
"L'essence de la Foi de Dieu et de sa religion réside, en ce jour, dans le principe
que la diversité des confessions et des croyances religieuses ne doit être à
aucun prix, parmi les Hommes, une cause de discorde. Ces règles et observances,
ces puissants systèmes religieux si fermement établis, procèdent d'une même
Source et sont les rayons d'une seule Lumière. Le fait qu'ils diffèrent doit
être tout entier rapporté à la diversité des besoins que présentaient les âges
où ils furent promulgués." (Extraits des Ecrits de Baha'u'llah)
Apparue au milieu du XIXe siècle en Iran, la Foi Baha'ie compte aujourd'hui
dans le monde plus de six millions de fidèles de toutes origines culturelles,
religieuses et sociales, répartis dans plus de 200 pays. Ses textes ont été
traduits, au moins en partie, dans plus de 800 langues.
Depuis 1948, la Communauté internationale baha'ie est accréditée à l'ONU en
tant qu'organisation non-gouvernementale et développe activement des programmes
éducatifs et socio-économiques au service de la paix, de la promotion des droits
humains, de la protection de l'environnement et de la réduction des inégalités
sociales.
La France, qui regroupe à présent près de 4000 croyants, répartis à travers
tout le territoire dans 500 localités, est le premier pays à partir duquel la
présence baha'ie commença à se développer en Europe, il y a un peu plus d'un
siècle.
Reconnue comme religion indépendante et à vocation universelle, la Foi Baha'ie
est la plus récente des religions monothéistes s'inscrivant dans la lignée d'Abraham.
Les enseignements qu'elle professe, parmi lesquels, pour n'en citer que quelques-uns,
l'unicité de Dieu et du genre humain, la révélation progressive de la réalité
divine, la relativité de la vérité (y compris la vérité religieuse), la compatibilité
de la science et de la religion, l'égalité en droits de l'homme et de la femme,
l'éducation obligatoire et universelle, l'abolition de toutes formes de préjugés
et de racisme, la justice sociale, l'établissement d'un ordre mondial au service
des intérêts de l'ensemble de la planète… appellent à une lecture en dynamique
de l'histoire de l'Humanité et à l'adoption d'une vision globale prenant en
compte les interdépendances entre les personnes et les activités humaines à
travers la planète, devenues criantes aujourd'hui.
"La Terre n'est qu'un seul pays et tous les hommes en sont les citoyens"
déclarait déjà Baha'u'llah, le fondateur de la Foi Baha'ie, à une époque et
dans un contexte où le terme même de mondialisation n'était même pas concevable
! Cette phrase devient le credo des baha'is. Elle résume de façon explicite
la vision baha'ie, le projet phare qui les unit : transformer la planète en
une Fédération mondiale. Cet ordre mondial organisé prendra en charge les problèmes
de dimension planétaire, et sera en interaction permanente avec d'autres niveaux
décisionnels situés sur le plan national, régional ou local. Animé par le principe
de justice sociale et économique et reposant sur des structures de dimension
planétaire telles qu'un Tribunal Pénal International, une armée internationale…
il sera le garant de la paix civile. Cette fédéralisation du monde, loin de
toute idée d'uniformisation ou de centralisation reposera sur le principe, bien
connu aujourd'hui, de "l'unité dans la diversité", et donnera à l'homme,
personne humaine libre et responsable, une place prédominante, exaltant l'esprit
de service dans toutes les activités entreprises et faisant des singularités
et diversités culturelles ou autres des sources d'enrichissement et d'apprentissage.
C'est dire le caractère novateur - et à tout le moins surprenant si on se replace
dans le contexte historique et religieux de son émergence-, de ce nouveau message
religieux !
Rappelons brièvement les conditions dans lesquelles il prit naissance
L'acte fondateur est une déclaration faite le 23 mai 1844, à Shiraz, en Perse,
par Sayyed Ali Mohammed, (1819-1850) dit le Bab (la porte, en arabe, comprendre
: la porte qui ouvre la voie à une nouvelle ère…) qui proclame Sa révélation.
Il est le Mihdi (Celui qui est guidé par Dieu), Celui que les musulmans attendent,
il est messager de Dieu et annonciateur de quelqu'un de plus grand que lui-même.
Sa mission est donc, d'ouvrir la voie à "Celui que Dieu rendra manifeste",
quelqu'un qui inaugurera une ère nouvelle pour la civilisation humaine .
Il fustige le fanatisme religieux et la corruption, abroge certaines lois islamiques
et décrète l'égalité des sexes. Perçu comme un dangereux révolutionnaire par
les pouvoirs en place, le Bab sera exécuté le 9 juillet 1850 après plusieurs
années de terribles persécutions.
L'un de ses jeunes et actifs adeptes, Mirza Hussayn-' Ali, bien que croupissant
dans la Fosse Noire - la redoutable prison de Téhéran- affligé de chaînes qui
lui tailladaient le cou et les jambes prend la relève spirituelle du Bab.
Né en 1817 dans une famille noble de Téhéran, il avait refusé de suivre la prestigieuse
carrière politique à laquelle le destinait son père pour se consacrer au service
des pauvres.
Son adhésion aux thèses novatrices du Bab lui vaudra emprisonnement, puis bannissement
et exil pendant tout le restant de sa vie.
C'est en 1863, au cours de son exil à Bagdad et juste avant son départ forcé
pour Constantinople ( Istanbul) qu'il déclare être le messager annoncé par le
Bab. Il prend le nom de Baha'u'llah ( la Gloire de Dieu) et ses compagnons s'appelleront
plus tard les baha'is.
Son rayonnement et son influence spirituelle sont tels que les conversions à
la nouvelle religion se multiplient et que les autorités, accusées par Baha'u'llah
de fanatisme et de despotisme en sont alarmées et le condamnent sans répit à
l'exil et la prison.
C'est le 28 mai 1892 qu'il décède à Saint-Jean d'Acre, après avoir désigné son
fils
'Abdu'l-Baha ( Serviteur de Dieu ) comme "Centre du Covenant", "Celui vers qui
tous doivent se tourner pour recevoir instructions et conseils", son interprète
autorisé et celui qui toute sa vie, sera un exemple, un guide et un maître pour
les baha'is. Dès que les circonstances historiques le lui permettent, il parcourt
les continents, infatigable enseignant du nouveau Message divin révélé par son
père.
De nombreux textes rédigés par Baha'u'llah explicitent les principes de la révélation
baha'ie.
Par exemple :
* Dans "Le Livre le Plus Saint : Kitab i-Aqdas", Baha'u'llah expose tout
à la fois des considérations métaphysiques et des conseils pratiques.
* Dans "Le Livre de la certitude : Kitab i-Iqan", il pose les bases doctrinales
de la nouvelle religion et présente la conception baha'ie de la relativité et
de la progressivité du message divin à travers l'histoire, s'opposant à tout
absolutisme et à tout intégrisme religieux, quelle qu'en soit la forme.
Au coeur de la pensée de Baha'u'llah, se trouve le principe de la quête personnelle
et indépendante de la Vérité. Aucune croyance ne doit être considérée de façon
statique ni comme définitive en ce jour, enseigne-t-il. Aucun dogme ne doit
emprisonner notre conscience. La lecture des écrits saints de toutes les religions,
comme celle du monde environnant à travers la connaissance cumulée apportée
par toutes les disciplines scientifiques, apparaît comme essentielle à notre
élévation mais seulement si elle est considérée comme toujours inachevée, à
reconsidérer en permanence. Le croyant est un chercheur, mené au dépassement
constant de soi par une aspiration inépuisable à la transcendance.
Baha'u'llah appelle à voir dans les livres saints de toutes les religions une
source commune d'inspiration : le Dieu unique à jamais inaccessible mais dont
les Messagers nous permettent de nous rapprocher, en nous révélant petit à petit,
à la mesure de nos efforts, en fonction de notre degré de compréhension et de
nos besoins, une part de la Vérité. La Vérité est ainsi loin d'être une donnée,
que certains pourraient prétendre s'approprier. Se dévoilant progressivement
à une humanité qui tend vers elle sans jamais l'atteindre, elle est un concept
dynamique en constante évolution.
Ainsi, d'après Baha'u'llah, la religion n'est pas une idéologie ni une fin en
soi, elle doit être l'expression d'une relation authentique entre Dieu et l'Homme
d'une part, et entre les êtres humains, d'autre part. Elle doit être un moyen
de tisser les liens d'une véritable fraternité entre tous les êtres humains
puisque tous s'abreuvent à la même source, tous sont créés "de la même poussière".
C'est à sa capacité à promouvoir l'amour et l'unité entre tous les hommes, quelles
que soient leurs origines, que devra être jugée une religion :
"L'appel de Baha'u'llah est en premier lieu dirigé contre toute forme d'esprit
de clocher, d'étroitesse d'esprit et de préjugés. Si des idéaux longtemps chéris,
si des institutions vénérées, si certains postulats sociaux et certaines formules
religieuses ont cessé de promouvoir le bien-être de la grande majorité des hommes,
s'ils ne contribuent plus aux besoins d'une humanité en développement continuel,
alors, qu'ils soient balayés et relégués aux oubliettes des doctrines abandonnées
et dépassées (…) L'humanité n'a pas à être crucifiée pour préserver l'intégrité
d'une loi ou d'une doctrine particulière" (Shoghi Effendi, arrière-petit
-fils de Baha'u'llah, 1937)
169 ans plus tard, cet appel de Baha'u'llah continue à inspirer les baha'is
à travers le monde dans leur recherche de ce qui constitue le tronc commun de
toutes les religions et leur inlassable engagement pour que cessent les fanatismes
religieux qui, on le voit bien aujourd'hui, alors que reculent tant de préjugés
liés au sexe ou à l'origine nationale ou culturelle, continuent de plonger le
monde dans l'obscurantisme et les maux les plus violents. Depuis quelques mois,
dans tous les pays et localités, les baha'is délivrent des messages invitant
à une coopération étroite entre les responsables des religions pour que soient
enseignées non seulement les valeurs de tolérance et de dialogue sincère entre
les religions, mais que surtout celles-ci appellent à, et travaillent ensemble
pour, la reconnaissance mutuelle de la source fondatrice commune et de l'essence
unique du message divin : la paix et l'unité.
"Le bien-être de l'humanité, sa paix et sa sécurité ne pourront être obtenus
tant que son unité n'est pas fermement établie" affirme Baha'u'llah.
Cette unification des habitants de la planète ne relève ni d'une vision utopique
lointaine, ni même d'ailleurs, d'un choix. Elle est tout simplement l'étape
inévitable vers laquelle arrivera l'humanité après toutes les évolutions et
les vicissitudes de son histoire. Tant que la voie de cette unification n'est
pas adoptée, aucun des maux qui affligent notre planète ne pourra être résolu
car nous sommes entrés dans une ère peuplée de défis de dimension universelle
et non pus particulière ou régionale, nous sommes entrés dans une ère d'interdépendances
telles que le bien-être des uns ne peut plus reposer sur l'appauvrissement des
autres, mais sur un système équilibré et équitable de développement humain.
Certaines convictions profondément ancrées dans les esprits sont donc à remettre
en cause, comme celle de croire que l'unité serait un idéal lointain et inaccessible
car les conflits seraient intrinsèques à la nature humaine. Baha'u'llah nous
invite à suivre une autre voie, considérant que les conflits sont le résultat
d'un ensemble d'attitudes et d'habitudes acquises et rappelant que l'homme se
distingue par sa nature fondamentalement spirituelle et sa faculté à collaborer
avec les autres. En des temps et dans des sociétés variées, des progrès n'ont
pu être obtenus que lorsque des actions ont été menées dans un esprit d'unité.
Si inéluctable soit-elle, cette unité ne se produira pas aisément. Les Baha'is
ne se complaisent pas dans l'illusion et la rêvasserie. L'histoire montre que
des changements profonds dans des habitudes et convictions enracinées depuis
des siècles ne se produisent pas spontanément mais sont souvent le résultat
de longs et lents processus de maturation accompagnés de souffrances et crises.
Il dépend de chacun que cette douloureuse période de transition et d'incertitudes
soit plus ou moins longue.
"Le monde s'achemine vers sa destinée. L'interdépendance des peuples et des
nations du globe, quoique puissent dire ou faire les meneurs des forces de division
est déjà un fait accompli. Son unité sur le plan économique est maintenant comprise
et admise. Le bien-être des uns signifie le bien-être de la totalité, et la
misère de quelques-uns est celle de tous." ( Shoghi Effendi, 1941)
L'épanouissement individuel et collectif nécessite que l'on redonne du sens
à nos vies. Ni le matérialisme effréné, ni l'hédonisme ne peuvent entretenir
plus avant l'humanité dans l'illusion d'un bonheur dont personne ne peut encore
pour longtemps demeurer dupe .
Face à la crise morale qui n'épargne aucun habitant de notre planète, la responsabilité
des dirigeants spirituels et religieux est immense. N'est-ce pas à la religion
d'apporter à la civilisation un souffle vivifiant et refondateur ?
"Ô, fils de l'homme !
A l'arbre de gloire resplendissante,
J'ai accroché pour toi les fruits du meilleur choix
Pourquoi t'en es-tu détourné pour te contenter de moins bons ?
Reviens donc vers ce qui est préférable pour toi dans le royaume céleste"
(Extrait des Paroles Cachées de Baha'u'llah)
Quelques ouvrages de référence :
- Baha'u'llah : Le livre de la certitude ,
traduction française d'Hippolyte Dreyfus, Presses Universitaires de France,
Paris, 1987
- Baha'u'llah : Les paroles cachées,
Maison d'éditions baha'ies, Bruxelles
- 'Abdu'l-Baha : Les causeries d'Abdu'l-Baha à Paris
Maison d'éditions baha'ies, Bruxelles - 3ième édition 1987, ISBN 2-87203-006-9
- Colette Gouvion et Philippe Jouvion : Les Jardiniers de Dieu
Tacor International / Berg International, Versailles / Paris, 1989
- William Hatcher et Douglas Martin : La Foi Baha'ie, l'émergence d'une religion
mondiale
Maison d'éditions baha'ies, Bruxelles, 1998