Mercredi 04 juillet 2001


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LES BAHÀ'Is
Une religion pas comme les autres

Lili Marin — Canoë
Plus de 1200 jeunes se sont réunis en congrès international à Sherbrooke. (photo )
Pour eux, la paix mondiale est une fatalité. Ils prônent l'abolition des classes sociales et des frontières, sont en faveur de l'égalité de la femme, mais considèrent le mariage comme une institution sacrée. Des illuminés? Des trotskistes? Des féministes réactionnaires? Nenni. Ce sont des bahà'is, et ils sont plus de 5 millions à travers le monde à croire les enseignements du prophète Baha'u'llah.
 
 «La paix mondiale n'est pas seulement possible, elle est inévitable. C'est expliqué dans les écritures», assure d'une voix posée Anne Claude Thivierge, agente d'information de la communauté bahà'ie, à la veille d'un congrès international réunissant plus de 1200 jeunes à Sherbrooke. Du 28 juin au 1er juillet, ils ont échangé sur la façon dont ils peuvent contribuer personnellement à la réalisation d'un avenir paisible pour l'humanité. Beau programme.
 
 Pas de porte-à-porte
 

Montréal, ville privilégiée

En 1912, la ville aux cent clochers a reçu la visite du fils du prophète fondateur de la foi bahà'ie, 'Abdu'l-Bahà. Il a alors résidé au 1543, rue des Pins Ouest. Cette maison est désormais comme un lieu sacré. Un peu plus à l'est, sur la même rue, se situe le centre bahà'i. L'Assemblée spirituelle nationale des bahà'is du Canada, telle qu'elle existe aujourd'hui, a été incorporée par un acte du parlement fédéral en 1949.

 

 
 Religion indépendante présente dans 235 pays et regroupant des gens de 2100 ethnies, races et tribus, le bahaïsme compte 30 000 fidèles au Canada, mais seulement 2000 au Québec. «La culture catholique des Québécois explique leur réaction par rapport à la religion. Ils ne sont pas très réceptifs au religieux, mais le sont au spirituel. Par opposition, les protestants montrent plus d'ouverture. Il faut dire que la couverture de la foi bahà'ie est plus beaucoup importante dans la presse anglophone», indique Anne Claude Thivierge. Mais les bahà'is ne répandent pas pour autant la bonne nouvelle de porte en porte, comme le font les témoins de Jéhovah, puisque c'est interdit dans leur religion. Pour partager leur foi, les bahà'is vont rendre service à la communauté, le travail s'élevant au rang de prière.
 
 Encore la persécution
 
 Quoi qu'il en soit, le bahaïsme a ses adeptes au pays depuis la fin du XIXe siècle, soit à peu près depuis sa fondation. C'est en 1844, dans l'Iran chiite, plus précisément dans la ville perse de Shiraz, qu'est né ce mouvement progressiste. Trois figures emblématiques l'ont construit. Il y eut le précurseur 'Ali-Muhammad Shirazi (1819-1850), surnommé le Bab, ce qui signifie la porte (vers une nouvelle ère). Au début, 18 disciples suivent ses enseignements. Ils sont juifs, chrétien, zoroastriens et, en majorité, musulmans. Il faut dire que le prophète reconnaît la validité des grandes religions. Abraham, Moïse, Zoroastre, Bouddha, Krishna, le Christ et Mahomet sont pour lui les messagers d'un seul Dieu, qui lui ont ouvert la voie.
 
 
 

Le chiffre 19 est sacré pour les bahà'is, parce qu'il représente le Bab et ses 18 disciples. L'année bahà'ie s'articule d'ailleurs autour d'un calendrier de 19 mois. Chacun d'entre eux représente un attribut de Dieu, par exemple la miséricorde.
  Le calendrier bahà'i comporte neuf jours saints. Ce sont les dates anniversaires de naissance, de déclaration et de décès des trois prophètes. De plus, dans les villes où résident plus de neuf fidèles, on célèbre le premier jour de chaque mois.

 

 Il devient de plus en plus populaire, mais meurt massacré par les autorités religieuses et politiques du pays, qui acceptent mal qu'il brise le cadre traditionnel de l'intégrisme islamique. Puis, en 1863, Mirza Husayn-'Ali (1817-1892) prend le titre de Baha'u'llah (la Gloire de Dieu) et déclare être "Celui par qui Dieu se manifestera". Il complète la mission du Bab et commence la rédaction de plusieurs écrits. La foi bahà'ie n'est plus seulement une réforme de l'islam, mais bien une religion à part entière, dont le but est de tisser des liens de fraternité véritable entre tous les êtres humains.
 
 L'égalité pour tous
 
 Pour parvenir à l'unification de la famille humaine et à l'édification d'une société mondiale pacifique, il prône:
 
 
Le centre mondial de la foi bahà'ie à Haïfa, en Israël (photo Bahai World News)
Pas étonnant, en terres musulmanes, que Baha'u'llah, et ensuite son fils 'Abdu'l-Baha (le Serviteur de Dieu, 1844-1921), aient eu la vie dure! Selon eux, toute idéologie, qu'elle ait ou non une base religieuse, est une forme d'idolâtrie dangereuse parce qu'accordant plus d'importance aux idées qu'à l'homme. Évidemment, la foi bahà'ie sera combattue par les bolcheviques russes et proscrite en Allemagne nazie. «Encore aujourd'hui, elle doit se faire plus discrète dans certains pays, notamment en Iran (l'université libre établie par les bahà'is a été fermée en 1998), affirme Anne Claude Thivierge. Cependant, dans la plupart des pays, même s'il reste des préjugés sur la race, le sexe ou la classe sociale, le discours public est clair et va dans le sens de l'ouverture.» Comme l'écrivait en 1931 l'arrière petit-fils de Baha'u'llah et interprète désigné de la foi, Shoghi Effendi: «L'appel de Baha'u'llah est, en premier lieu, dirigé contre toute forme d'esprit de clocher, d'étroitesse d'esprit et de préjugés.»
 
 Un rôle important
 
 C'est probablement pourquoi la Communauté internationale bahà'ie jouit du statut consultatif aux Nations unies, où elle agit à titre d'organisation non gouvernementale. Le rôle grandissant de l'ONU sur la scène internationale constitue d'ailleurs une preuve que l'humanité est en marche vers l'unité mondiale, de dire Anne Claude Thivierge. «On est en train de modifier le cours des choses.» Les bahà'is se gardent toutefois de militer pour des enjeux qui sont très politisés, comme la mondialisation.
 
 Cela ne les a pas empêché de se rendre par milliers, en mai dernier, à Haïfa, en Israël, pour l'inauguration du centre mondial de la foi bahà'ie. Il s'agit d'un projet grandiose: une série de 19 jardins suspendus, «la confirmation que l'humanité dans toute sa diversité est capable de grandes réalisations communes».




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