Médiathèque baha'ie |
Article de presse du journal La voix du nord Source: 12 septembre 2002 Les baha’is: une bonne foi pour toutes |
Les baha’is : une bonne foi pour toutes
(article source: http://www.lavoixdunord.fr/vdn/journal/2002/09/12/LILLE/ART21.shtml
)
par Stéphane AUBOUARD (textes) et Jean-Philippe ROUSSEILLE (photo)
Les baha’is de Lille forment sans doute la plus petite communauté religieuse
de la ville. Chahpar Badkoubé, une de ses représentantes, nous en rappelle l’histoire.
QUAND on parle de monothéisme, il semble que l’inconscient collectif ait lié
ce mot à une sacro-sainte Trinité composée des divers judaïsme, christianisme
et islam. Pourtant, force est de constater qu’un quatrième « larron » semble
avoir pointé le bout de son nez au cours des dernières années : la foi baha’ie,
une religion, née il y a quelque 150 ans, à Shiraz, dans l’actuel Iran.
Antiprosélyte, aux tendances universelles, cette religion, dont le message repose
essentiellement sur l’idée que toutes les religions déjà révélées sont valables
et que Dieu seul continue à choisir l’instant propice pour envoyer ses prophètes,
n’est peu ou pas connue du grand public.
Deuxième rang Pourtant, elle se situe à l’heure actuelle au deuxième rang des
religions les plus implantées dans le monde, juste derrière le christianisme.
Six millions de baha’is sont donc aujourd’hui répartis dans plus de 200 pays
à travers la planète, la France y compris. Une démographie bien éloignée des
autres monothéismes mais qui prouvent une vitalité certaine. Pour la seule France,
le nombre des membres est passé de 2 000 à 4 000 au cours des dix dernières
années.
A Lille aussi, une communauté existe. Il suffit de se rendre au 53 de la rue
de Philadelphie pour s’en rendre compte. C’est ici, dans une maison simple,
que Chahpar et son mari Fereydoun Badkoubé, deux membres de l’assemblée baha’ie
de Lille, habitent avec leurs deux enfants. « Nous sommes arrivés ici il y a
23 ans en provenance d’Ispahan. Nous avons dû fuir le régime des Mollahs qui
interdisait la pratique de notre foi considérée comme schismatique d’avec celle
de l’islam chiite, religion dominante en Iran, explique Chahpar. Mais avant
que notre communauté soit reconnue, il a fallu attendre 1982 ». Plusieurs raisons
à cela, liées à quelques-unes des règles de vie des baha’is. « Nous avions 18
ans et nous voulions étudier en France. Après avoir écrit à plusieurs universités,
le hasard a fait que la première à nous répondre a été celle de Lille. Immédiatement,
nous nous sommes renseignés auprès de notre Maison universelle en Iran pour
avoir le numéro de téléphone de ce que nous appelons l’Assemblée nationale des
baha’is de France. Une fois sur place, nous en avons contacté les membres qui
nous ont mis en relation avec les baha’is déjà présents à Lille. » En tout,
trois-quatre personnes disséminées ça et là dans la ville. Insuffisant pour
former une vraie communauté.
« En effet, reprend Chahpar, selon les préceptes de notre prophète Baha’u'llah,
il faut être au moins neuf adultes pour pouvoir former une assemblée. Quant
à l’âge de la majorité, il se situe à 21 ans. A notre arrivée en 1979, les deux
conditions pour former une assemblée baha’ie n’étaient donc pas réunies ». Trois
ans suffiront pour rassembler les éléments manquants. « D’une part, nous avions
atteint l’âge adulte, et puis surtout, quatre autres personnes nous ont rejoints.
» La première communauté baha’ie de Lille venait de naître. « Je me souviens,
reprend Chahpar, que les premiers membres étaient à l’image de la communauté
mondiale des Baha’is : un vrai patchwork de cultures et de nationalités. Il
y avait un couple d’Américains, un Anglais, des Iraniens bien sûr, quelques
Français et même un Laotien ! » Depuis, la communauté baha’ie perdure tranquillement.
Ni églises, ni prêtres « Les gens qui adhèrent à cette foi le font au hasard
des rencontres. Nous ne faisons aucun prosélytisme. Dans notre religion, il
n’y a ni églises, ni prêtres. Selon les préceptes de notre prophète, nous devons
juste nous réunir tous les 19 jours chez les uns et les autres pour ce que nous
appelons nos fêtes de fin de mois - une année baha’ie se compose de 19 mois
de 19 jours. Ici, les neuf membres de l’assemblée élue démocratiquement chaque
année dirigent les réunions qui portent sur l’aspect administratif de la communauté
d’une part ; sur l’aspect spirituel, d’autre part.
Par ailleurs, des fêtes plus importantes comme la naissance de notre prophète
sont autant de rendez-vous majeurs dans la vie de la communauté. » Une communauté
qui, 23 ans après l’arrivée de Chahpar et de son mari, comptent aujourd’hui
15 membres à Lille et 25 sur la métropole. Soit environ un nouveau membre par
an... « Et puis, nous avons pour vocation de nous ouvrir aux autres. Des membres
de notre communauté participent régulièrement aux rencontres interreligieuses
initiées par d’autres confessions. Cette ouverture est un des messages-clé de
notre prophète pour qui l’unité des peuples est primordiale. » Tout un programme
en ces temps de triste commémoration...
Deuxième article:
Trois figures pour une seule foi
(article source: http://www.lavoixdunord.fr/vdn/journal/2002/09/12/LILLE/ART25.shtml
)
ECLAIRAGE:
Le principe de base de la religion baha’ie est que le Bâb (chef religieux iranien
qui s’était proclamé en 1844 comme étant le fameux imam caché de la tradition
musulmane chiite duodécimaine), ainsi que Baha’u'llah, le prophète qui apparut
deux ans après l’exécution du Bâb en 1850, sont des manifestations de Dieu.
Le troisième grand personnage du bahaïsme est Abdu'l-Baha, le fils aîné de Baha’u'llah
considéré par celui-ci comme le seul interprète infaillible de son enseignement.
Les écrits et les paroles de ces trois figures forment la littérature sacrée
de cette religion qui appelle à l’instauration d’une foi universelle fondée
sur le dépassement des conflits raciaux, religieux et sociaux. A ses débuts,
Baha’u'llah ne recruta ses adeptes qu’en Iran. Mais très vite, sa pensée infiltra
l’occident dès 1890 et les Etats-Unis dès 1920. De nos jours, cette religion
a des fidèles un peu partout dans le monde, dont un grand centre à Haïfa, en
Israël, qui fait office de pèlerinage pour les croyants puisque les tombeaux
des trois personnages précités s’y trouvent.