Table des matières
1. ALLOCUTIONS PUBLIQUES
1.1. Le temple de la cité: introduction
1.2. Allocution donnée par 'Abdu'l-Baha au temple de la cité
1.3. Eglise de Saint Jean à Westminster: introduction
1.4. Discours de 'Abdu'l-Baha à l'église de Saint Jean à Westminster
1.5. La société théosophique: introduction
1.6. Discours donné par 'Abdu'l-Baha au siège théosophique
1.7. La réception d'adieu: introduction
1.8. Réunion d'adieu à 'Abdu'l-Baha
1.9. Allocution d'adieu de 'Abdu'l-Baha
1.10. Dix Cheniston Gardens, Londres Ouest
1.11. Un message de 'Abdu'l-Baha écrit pour The Christian Commonwealth
1.12. Discours donné à la fête de l'unité chez Mademoiselle E.J.Rosenberg
1.13. Discours chez Madame Thornburgh-Cropper
1.14. Discours de 'Abdu'l-Baha donné à la fête de l'unité chez
Mesdemoiselles Jack et Herrick
2. NOTES DE CONVERSATIONS
2.1. L'arrivée à Londres
2.2. Londres
2.3. Les différends
2.4. La religion
2.5. Discours à
une assemblée de théosophes
2.6. Les préjugés
2.7. La théosophie
2.8. La paix
2.9. Les Manifestations
divines
2.10. Le bouddhisme
2.11. La foi
2.12. La guérison
2.13. Les oeuvres
philanthropiques
2.14. La connaissance
de Dieu et des mondes de l'au-delà par l'homme
2.15. Les Manifestations
divines
2.16. Notes d'une
conversation avec 'Abdu'l-Baha
2.17. Les idéaux
de l'Est et de l'Ouest
2.18. La science
et la foi
2.19. Les relations
avec des personnes décédées
2.20. Les superstitions
sont-elles utiles?
2.21. La vie après
la mort
2.22. La relation
spirituelle
2.23. Un mariage
baha'i
2.24. La visite
à Bristol
2.25. À Byfleet
2.26. La captivité
de l'homme
2.27. Le pouvoir
de Dieu
2.28. Les Messagers
inspirés
2.29. L'éducation
2.30. Le changement
du coeur
2.31. Christ et
Baha'u'llah
2.32. L'art
2.33. Les symboles
2.34. L'espéranto
2.35. Tolstoï
2.36. La guérison
2.37. La mort
2.38. Un vrai baha'i
2.39. Propager
l'enseignement
2.40. À Brooklands
2.41. Les journées
à Londres
2.42. Le travail
des femmes
2.43. Zenobie
2.44. Le vrai baha'i
2.45. La venue
de la paix
2.46. Le coeur
pur
2.47. La vraie
spiritualité
2.48. La connaissance
doit se concrétiser par l'action
2.49. La visite
au Lord Maire
2.50. Quelques
caractéristiques personnelles
2.51. L'adieu
3. Article tiré d'une
entrevue accordée par 'Abdu'l-Baha au Weekly Budget
4. Salutations d'adieu
pleines d'affection
5. Salutations de
'Abdu'l-Baha envoyées de Paris à Londres
6. Message aux baha'is
de Londres pour le jour de 'Abdu'l-Baha
7. Chronologie des
voyages de 'Abdu'l-Baha de 1908 à 1913
Notes
Remerciements
du traducteur
Notes de traduction
Préface de la
traduction française
Texte en prose
datant de l'édition anglaise de 1912
Préface de
l'édition anglaise de 1987
Introduction
de l'édition anglaise de 1912
1. ALLOCUTIONS PUBLIQUES
1.1. LE TEMPLE DE LA CITÉ: INTRODUCTION
Le 10 septembre 1911, le premier dimanche après son arrivée en Angleterre, répondant
au souhait du pasteur, le révérend R.J. Campbell, 'Abdu'l-Baha parla, du haut
de la chaire du temple de la cité lors de l'assemblée du soir.
Bien que la venue de 'Abdu'l-Baha n'ait pas été annoncée, l'église était pleine
à craquer. Peu oublieront l'image de cette figure vénérable vêtue de son habit
oriental, montant les marches de la chaire pour la première allocution de sa vie
lors d'une réunion publique. Que ce fut dans un lieu de culte chrétien en Occident
avait en soi une profonde signification. Le révérend Campbell présenta le visiteur
en ces quelques mots simples: 'Nous, en tant que disciples du Seigneur Jésus-Christ,
qui est pour nous et sera toujours la lumière du monde, voyons avec sympathie
et respect chaque mouvement de l'Esprit de Dieu dans le champ de l'humanité, et
donc nous saluons 'Abdu'l-Baha au nom de tous ceux qui partagent l'Esprit de notre
Seigneur, et essaient de vivre leur vie dans cet Esprit. Le mouvement baha'i est
très ressemblant, je pense que je pourrais dire identique, au dessein spirituel
de la Chrétienté'.
Avant de quitter l'église, 'Abdu'l-Baha écrivit, dans l'ancienne Bible utilisée
par des générations de prêcheurs, en persan, sa propre langue maternelle, les
mots suivants dont voici la traduction:
Inscription dans l'ancienne Bible
Ecrite en persan par 'Abdu'l-Baha
"Ce livre est le Livre Saint de Dieu, d'inspiration céleste. C'est la Bible du
Salut, le noble Evangile. C'est le mystère du Royaume et sa lumière. C'est la
bonté divine, le signe de la guidance de Dieu". 'Abdu'l-Baha 'Abbas.
1.2. ALLOCUTION DONNÉE PAR 'ABDU'L-BAHA AU TEMPLE DE
LA CITÉ
Dimanche 10 septembre 1911
"Ô nobles amis, vous qui êtes dans la quête de Dieu!
Louange soit à Dieu!
Aujourd'hui la lumière de Vérité brille en abondance sur le monde; les brises
du jardin céleste soufflent sur toutes les régions; l'appel du Royaume s'entend
dans toutes les contrées, et tous les coeurs fidèles ressentent le souffle du
Saint-Esprit. L'Esprit de Dieu donne la vie éternelle. En cet âge merveilleux
l'Est est illuminé, l'Ouest est embaumé, et partout l'âme respire le saint parfum.
La mer de l'unité de l'humanité soulève ses vagues avec joie, car il existe une
réelle communication entre les coeurs et les esprits des hommes. La bannière du
Saint-Esprit a été hissée, et les hommes la voient, et sont réconfortés de savoir
que c'est un jour nouveau.
C'est un nouveau cycle du pouvoir humain. Tous les horizons du monde sont lumineux,
et le monde deviendra en vérité pareil à un jardin et à un paradis. C'est l'heure
de l'unité des fils des hommes et du rassemblement de toutes les races et de toutes
les classes. Vous êtes délivrés des anciennes superstitions qui ont maintenu les
hommes dans l'ignorance, détruisant les fondations de la véritable humanité.
Le don de Dieu en cet âge illuminé est la connaissance de l'unicité de l'humanité
et de l'unicité fondamentale de la religion. La guerre cessera entre les nations,
et par la volonté de Dieu, la Plus Grande Paix viendra; le monde sera perçu comme
un nouveau monde, et tous les hommes vivront comme des frères.
Jadis, un instinct belliqueux s'était développé dans la lutte contre les animaux
sauvages; ce n'est plus nécessaire; au contraire, on reconnaît que la coopération
et la compréhension mutuelles concourent à rendre l'humanité plus prospère. L'inimitié
n'est maintenant que le résultat du préjugé.
Dans les Paroles cachées, Baha'u'llah dit: 'Ce que j'aime par-dessus tout est
la Justice' (1).
Louange à Dieu, dans ce pays le niveau de la justice s'est élevé; un grand effort
est fait pour donner en toute équité une véritable place à toutes les âmes. C'est
le désir de toutes les natures nobles; c'est aujourd'hui l'enseignement pour l'Est
et pour l'Ouest; ainsi, l'Est et l'Ouest se comprendront, se respecteront, et
s'embrasseront comme des amoureux longtemps séparés qui se sont retrouvés.
Il n'y a qu'un Dieu; l'humanité est une; les fondements de la religion sont un.
Adorons-Le et rendons grâce pour tous Ses grands Prophètes et Messagers qui ont
manifesté Son éclat et Sa gloire.
Que la bénédiction de l'Eternel soit avec vous dans toute sa richesse, et que
chaque âme puisse la recevoir librement et selon sa capacité. Amen."
Allocution donnée en persan par 'Abdu'l-Baha du haut de la chaire du temple de
la cité; la traduction anglaise fut lue à l'assemblée par Monsieur W. Tudor-Pole.
Cette allocution a été imprimée avec l'aimable autorisation de The Christian Commonwealth
du 13 septembre 1911.
1.3. ÉGLISE DE SAINT JEAN A WESTMINSTER: INTRODUCTION
Le 17 septembre, à la demande de l'Archidiacre de Westminster, 'Abdu'l-Baha donna
une allocution après le service du soir, devant une assemblée de paroissiens de
l'église de Saint Jean le Divin (2).
Par quelques mots chaleureux caractéristiques de toute son attitude, l'archidiacre
Wilberforce présenta le révérend messager de l'Est, qui avait traversé terres
et mers afin d'accomplir la mission de paix et d'unité pour laquelle il avait
souffert quarante années de captivité et de persécution. L'archidiacre avait fait
placer la chaire de l'évêque pour son invité sur les marches du choeur, et se
tenant à ses côtés il lut lui-même la traduction de l'allocution de 'Abdu'l-Baha.
L'assemblée fut profondément émue, et suivant l'exemple de l'archidiacre, s'agenouilla
pour recevoir la bénédiction du Serviteur de Dieu, qui se tenait debout, bras
grands ouverts, sa voix merveilleuse s'élevant et retombant dans le silence avec
toute la puissance de son invocation. L'archidiacre prononça ces mots: 'En vérité,
l'Est et l'Ouest se sont rencontrés ce soir en ce lieu sacré'. L'hymne 'O Dieu
notre aide dans les temps passés' fut chanté debout par l'assistance entière,
alors que 'Abdu'l-Baha et l'archidiacre descendaient les bas-côtés main dans la
main en direction de la sacristie.
A l'extérieur de l'église, les membres de l'Armée du Salut tenaient une réunion
et 'Abdu'l-Baha fut très impressionné et touché à la vue de ces hommes, de ces
femmes et de ces enfants rassemblés dans la nuit, au coin de la rue, priant et
chantant.
1.4. DISCOURS DE 'ABDU'L-BAHA A L'ÉGLISE DE SAINT JEAN
A WESTMINSTER
Dimanche 17 septembre 1911
"Ô nobles amis! Ô vous qui êtes en quête du Royaume de Dieu!
Les hommes partout dans le monde cherchent Dieu. Tout ce qui existe est Dieu;
mais la réalité de la Divinité est sainte, au-delà de toute compréhension.
Les images de la Divinité qui viennent à notre esprit sont le produit de notre
fantaisie; elles existent dans le royaume de notre imagination. Elles ne sont
pas conformes à la vérité; la vérité dans son essence ne peut être mise sous forme
de mots.
La Divinité ne peut être comprise car c'est Elle qui comprend.
L'homme, qui a aussi une existence réelle, est compris de Dieu; ainsi, ce n'est
qu'une partie de la Divinité que l'homme peut comprendre, et non la totalité.
La Divinité est la Vérité même et la véritable existence, et non une quelconque
représentation de celle-ci. La Divinité elle-même contient tout, elle n'est pas
contenue.
Bien que le minéral, le végétal, l'animal et l'homme aient une existence réelle,
le minéral n'a cependant aucune connaissance du végétal. Il ne peut pas l'appréhender.
Il ne peut pas l'imaginer ni le comprendre.
Il en est de même pour le végétal. Quels que soient les progrès qu'il puisse accomplir
et quel que soit le degré de développement qu'il puisse atteindre, il n'appréhendera
jamais l'animal, ni ne le comprendra. Il restera pour ainsi dire 'sans information
sur lui'. Il n'a ni ouïe, ni vue, ni entendement.
Il en est de même pour l'animal. Aussi loin qu'il puisse progresser dans son propre
règne, aussi affinés que deviennent ses sens, il n'aura aucune notion réelle du
monde de l'homme ou des facultés intellectuelles spécifiques à l'homme.
L'animal ne peut comprendre que la terre est ronde, ni son mouvement dans l'espace,
ni la position centrale du soleil, il ne peut imaginer une chose telle que l'infini
du ciel.
Bien que le minéral, le végétal, l'animal et l'homme soient des êtres réels, la
différence entre leurs règnes empêche les membres d'un degré inférieur de comprendre
l'essence et la nature de ceux d'un degré supérieur. Cela étant, comment le temporel
et le phénoménal pourraient-ils comprendre le Seigneur des armées célestes?
Il est clair que c'est impossible!
Mais l'Essence de la Divinité, le Soleil de vérité, brille sur tous les horizons
et rayonne sur toutes les choses. Chaque créature est le réceptacle d'une certaine
quantité de ce pouvoir, et l'homme, qui possède la perfection du minéral, du végétal
et de l'animal, ainsi que ses propres qualités spécifiques, est devenu le plus
noble des êtres créés. Il est écrit qu'il a été fait à l'image de Dieu. Les mystères
qui étaient cachés, il les découvre, et les secrets qui étaient enfouis, il les
porte à la lumière. Par la science et au moyen de l'art il introduit dans le domaine
du monde visible des pouvoirs jusqu'ici cachés. L'homme perçoit la loi cachée
dans les choses créées et travaille avec elle.
Enfin, l'homme parfait, le Prophète, est celui qui est transfiguré, celui qui
a la pureté et la clarté d'un miroir parfait, celui qui réfléchit le Soleil de
Vérité. D'un tel être, d'un tel Prophète et Messager, nous pouvons dire que la
lumière de la Divinité demeure en lui avec les perfections célestes.
Si nous prétendons que le soleil se voit dans le miroir, nous ne voulons pas dire
que le soleil lui-même est descendu des saintes hauteurs de son paradis et est
entré dans le miroir! C'est impossible. La nature divine se voit dans les Manifestations
et Sa lumière et Sa splendeur y sont visibles au plus haut degré de la gloire.
Ainsi, les Prophètes de Dieu ont toujours enseigné et guidé les hommes. Les Prophètes
de Dieu sont les Médiateurs de Dieu. Tous les Prophètes et tous les Messagers
sont venus d'un unique Saint-Esprit et portent le message de Dieu, adapté à l'âge
dans lequel ils apparaissent. La même lumière est en eux et ils sont Un. Mais
l'Eternel ne devient pas phénoménal; tout comme le phénoménal ne peut devenir
Eternel.
Saint Paul, le grand apôtre, a dit (3):
'Et nous tous qui, le visage dévoilé, reflétons la gloire du Seigneur, nous sommes
transfigurés en cette même image, avec une gloire toujours plus grande, par le
Seigneur, qui est Esprit'.
O Dieu Celui qui pardonne! O Educateur céleste!
Cette assemblée est parée de la mention de ton saint Nom. Tes enfants tournent
leur visage vers ton Royaume, les coeurs sont rendus heureux et les âmes sont
réconfortées.
Dieu Miséricordieux! Fais que nous nous repentissions de nos défauts! Accepte-nous
dans Ton Royaume céleste et donne-nous une demeure dans laquelle il n'y aura pas
d'erreur. Donne-nous la paix, donne-nous la connaissance et ouvre-nous les portes
de Ton paradis.
Tu es Celui qui donne tout! Tu es Celui qui pardonne! Tu es le Miséricordieux!
Amen."
1.5. LA SOCIETÉ THÉOSOPHIQUE: INTRODUCTION
Le 30 septembre, 'Abdu'l-Baha rencontra la Société théosophique à son nouveau
siège, à la demande expresse de sa présidente Madame Annie Besant. Après un aperçu
historique du mouvement et les mots chaleureux de bienvenue de Monsieur A.P. Sinnet,
'Abdu'l-Baha se leva et donna à un très vaste auditoire une allocution sur les
signes distinctifs de l'enseignement baha'i, faisant chaleureusement l'éloge de
l'ardeur de la Société dans sa quête de la vérité.
1.6. DISCOURS DONNÉ PAR 'ABDU'L-BAHA AU SIÈGE THÉOSOPHIQUE
Samedi 30 septembre 1911
"O Assemblée digne de respect! O amis de la vérité!
La nature inhérente du feu est de brûler, la nature inhérente de l'électricité
est de donner la lumière, la nature inhérente du soleil est de briller, et la
nature inhérente de la terre organique est le pouvoir de croissance.
Il est impossible de dissocier une chose et ses qualités inhérentes.
C'est la nature inhérente des choses de cette terre de changer; ainsi voyons-nous
autour de nous le changement des saisons. Chaque printemps est suivi d'un été
et chaque automne apporte un hiver, chaque jour une nuit et chaque soir un matin.
Il existe une séquence en toutes choses.
Ainsi quand la haine et l'animosité, le combat, le massacre, et une grande froideur
de coeur gouvernaient le monde, et que l'obscurité avait enveloppé les nations,
Baha'u'llah, telle une étoile brillante, s'éleva à l'horizon de la Perse et brilla
de sa grande lumière de direction, donnant un rayonnement céleste et établissant
un nouvel enseignement.
Il énonça les principales vertus humaines. Il manifesta les pouvoirs spirituels,
et mit ceux-ci en pratique dans le monde qui L'entourait.
Premièrement, Il mit l'accent sur la recherche de la vérité. C'est très important,
parce que les hommes sont trop facilement menés par la tradition. C'est à cause
de cela qu'il y a souvent des antagonismes et des disputes parmi eux.
Mais l'apparition de la vérité perce à travers l'obscurité et devient la cause
de l'unicité de la foi et de la croyance: car la vérité ne peut être double! Cela
n'est pas possible.
Deuxièmement, Baha'u'llah enseigna l'unicité de l'humanité; cela revient à dire
que tous les enfants des hommes sont sous la miséricorde de ce grand Dieu. Ils
sont les enfants d'un seul Dieu; ils sont éduqués par Dieu. Il a placé la couronne
de l'humanité sur la tête de chacun des serviteurs de Dieu. C'est pourquoi toutes
les nations et tous les peuples doivent se considérer comme frères. Ils sont tous
les descendants d'Adam. Ils sont les branches, les feuilles, les fleurs et les
fruits d'un seul arbre. Ils sont les perles d'un seul coquillage. Mais les enfants
des hommes sont en manque d'éducation et de civilisation, et ils ont besoin d'être
polis jusqu'à ce qu'ils deviennent éclatants et brillants.
L'homme et la femme devraient être tous deux également éduqués et également considérés.
Ce sont les préjugés raciaux, nationalistes, religieux et les préjugés de classe
qui ont été la cause de la destruction de l'humanité.
Troisièmement, Baha'u'llah enseigna que la religion est le fondement principal
de l'amour et de l'unité, et la cause de l'unicité. Si une religion devient cause
de haine et de désaccord, il vaudrait mieux qu'elle n'existât point. Vivre sans
une telle religion est préférable.
Quatrièmement, la religion et la science sont entrelacées et ne peuvent pas être
séparées. Ce sont les deux ailes avec lesquelles l'humanité doit voler. Une seule
aile n'est pas suffisante. Toute religion qui ne se sent pas concernée par la
science est une simple tradition, et cela n'est pas l'essentiel. C'est pourquoi
la science, l'éducation et la civilisation sont une nécessité impérieuse pour
une vie religieuse pleine.
Cinquièmement, la réalité des religions divines est une, car la réalité est une
et ne peut être double. Tous les Prophètes sont unis et constants dans leur message.
Ils sont comme le soleil: de saisons en saisons ils s'élèvent de différents points
de l'horizon. C'est pourquoi chaque Prophète dans le passé a annoncé la bonne
nouvelle de Celui qui viendra, et chaque nouveau Prophète a accepté ceux du passé.
Sixièmement, l'égalité et la fraternité doivent être établies parmi tous les membres
de l'humanité, cela est conforme à la justice. Les droits généraux de l'humanité
doivent être garantis et préservés.
Tous les hommes doivent être également traités. Ceci est inhérent à la nature
même de l'humanité.
Septièmement, les dispositions prises quant aux conditions de vie du peuple doivent
être telles que la pauvreté disparaisse, et que chacun autant que possible, et
en fonction de sa position et de son rang, bénéficie d'un certain confort. A l'instar
des nobles et des autres personnes de haut rang qui vivent dans l'aisance, les
pauvres aussi devraient pouvoir recevoir leur nourriture quotidienne et ne pas
être réduits à souffrir de la faim.
Huitièmement, Baha'u'llah annonça la venue de la Plus Grande Paix. Toutes les
nations et tous les peuples se rassembleront à l'ombre de la tente de la Grande
Paix et de la Grande Harmonie; ce qui revient à dire qu'un grand Conseil d'Arbitrage
sera établi lors d'une élection générale afin de régler tous les différends et
toutes les querelles entre les puissances, pour que les conflits ne finissent
pas en guerre.
Neuvièmement, Baha'u'llah enseigna que les coeurs doivent recevoir la bonté du
Saint-Esprit afin que la civilisation spirituelle soit établie. Car la civilisation
matérielle ne peut satisfaire les besoins de l'humanité et ne peut être la source
de son bonheur. La civilisation matérielle est comme le corps et la civilisation
spirituelle comme l'âme. Le corps ne peut vivre sans l'âme.
Cela est un bref résumé des enseignements de Baha'u'llah. Pour les énoncer, Baha'u'llah
endura maintes peines et difficultés. Il fut constamment emprisonné et endura
une grande persécution. Mais dans la forteresse (de 'Akka (4)),
Il édifia un palais spirituel, et de l'obscurité de Sa prison Il fit rayonner
une grande lumière sur le monde.
C'est l'ardent désir des baha'is de mettre en pratique ces enseignements et ils
s'efforceront de tout leur coeur et de toute leur âme de consacrer leur vie à
cet idéal, jusqu'à ce que la lumière céleste éclaire le monde entier.
Je suis très heureux d'avoir pu parler avec vous lors de cette rencontre et j'espère
que ma profonde conviction vous est acceptable.
Je prie pour vous afin que vous puissiez réussir dans vos aspirations et que les
bontés du Royaume puissent vous combler."
1.7. LA RÉCEPTION D'ADIEU: INTRODUCTION
Le soir de la Saint Michel, une grande réception d'adieu fut organisée en l'honneur
de 'Abdu'l-Baha, dans la salle comble de l'établissement Passmore Edwards (5)
avec des représentants de toutes les confessions, certains venant de loin.
Sur l'estrade des hommes de différentes sensibilités de pensée entouraient 'Abdu'l-Baha.
Ils étaient présents pour exprimer toute leur sympathie pour le travail et la
mission de leur grand visiteur. Le Professeur Michael E. Sadler présidait la soirée.
La réunion débuta par la prière du Notre Père récitée par l'assistance tout entière,
suivie de la prière pour l'Unité de Baha'u'llah et d'une prière du cinquième siècle
attribuée au Pape Gélase (6).
Ensuite le Professeur Sadler s'exprima d'une manière telle que, quiconque l'ayant
écouté, ne pourra oublier les mots qu'il prononça. Dans son allocution il énonça
un passage d'une prière universelle qui avait été soumise à 'Abdu'l-Baha par un
baha'i fervent, l'année précédente en Egypte, et que 'Abdu'l-Baha avait complétée
et approuvée pour que les croyants de toutes religions puissent la réciter aussi
bien dans l'Est que dans l'Ouest.
Le Président de séance fut suivi par Sir Richard Stapley, Monsieur Eric Hammond,
Monsieur Claude Montefiore, Madame Stannard d'Egypte et bien d'autres encore.
Alors que 'Abdu'l-Baha quittait la salle, les pauvres gens du voisinage se pressèrent
sur le trottoir pour le voir et une petite fille au regard avide, estropiée et
portant des béquilles, lui fut présentée.
1.8. RÉUNION D'ADIEU À 'ABDU'L-BAHA
Vendredi 29 septembre 1911
Reproduit avec l'aimable autorisation de The Christian Commonwealth du 4 octobre
1911.
Sur invitation de Madame Thornburgh-Cropper environ quatre cent soixante personnes
de tout milieu se rassemblèrent dans la salle de l'établissement Passmore Edwards,
sur la Place Tavistock, le dernier vendredi au soir, pour dire adieu à 'Abdu'l-Baha
'Abbas la veille de son départ pour Paris.
Etant arrivé à Londres le lundi 4 septembre au soir, il venait de passer parmi
nous quatre semaines heureuses et bien remplies. A l'exception d'une courte visite
à Bristol la semaine précédente, il demeura au 97 Cadogan Gardens (7).
Le plus clair de son temps consistait en entretiens avec les personnes qui désiraient
le rencontrer. Il y a avait de nombreux membres de grandes familles de ce pays,
et certains avaient parcouru de longs trajets pour le voir.
Un merveilleux esprit régnait ce vendredi soir. L'atmosphère était très différente
de celle d'une réunion ordinaire ou d'un simple rassemblement religieux. Tous
ceux présents se sentirent enrichis par le caractère élevé et spirituel du déroulement
de la soirée; les propos tenus furent tous empreints de fraternité, d'unité et
de paix. Bien que leur compte rendu n'eût donné qu'une idée imprécise de l'effet
produit, ces discours furent tellement bien conçus, si sincères et si exquisement
prononcés qu'ils étaient dignes d'être reproduits. Parmi d'autres Amir 'Ali Siyyid
écrivit pour exprimer son regret de ne pouvoir être présent et l'Archidiacre Wilberforce
envoya ses salutations affectueuses.
Après la prière du Notre Père et les prières pour l'Unité de Baha'u'llah et de
Gélase (8)
(cinquième siècle), le Professeur Michael Sadler prit la parole dans les termes
suivants.
Discours du Professeur Michael Sadler
'Nous nous sommes rassemblés pour dire adieu à 'Abdu'l-Baha, et rendre grâce à
Dieu pour son exemple et son enseignement, et pour le pouvoir de ses prières qui
apportent la lumière aux pensées confuses, l'espoir là où réside la crainte, la
foi là où le doute régnait, et, aux coeurs troublés, l'amour qui domine la quête
du moi et la peur.
Bien que nous tous, dans notre allégeance pleine de dévotion, ayons nos propres
convictions individuelles, 'Abdu'l-Baha nous a apporté et nous apporte à tous
un message d'unité, de sympathie, et de paix. Il nous invite tous à être vrais
et sincères dans notre profession de foi, et à préserver par-dessus tout l'esprit
au-delà de la lettre. Avec lui nous nous inclinons devant le Nom Caché, devant
ce qui est en chaque vie la Vie Intérieure. Il nous invite à prier en conservant
une loyauté sans faille à l'égard de notre propre foi, mais en en aspirant encore
plus à l'union, la fraternité, et l'amour, et en nous tournant de tout notre coeur
vers l'Esprit, afin que nous soyons mieux pénétrés de l'Esprit de Dieu, qui est
au-dessus de toute classe, au-dessus de toute race et au-delà du temps.'
Le Professeur Sadler conclut avec une magnifique prière de James Martineau.
Monsieur Eric Hammond expliqua que le mouvement baha'i travaillait pour l'unité;
un seul Dieu, un seul peuple; une myriade d'âmes manifestant l'unité divine, une
unité tellement complète qu'aucune différence de couleur ou de croyance ne pourrait
différencier une Manifestation de Dieu d'une autre, et une sympathie si vaste
qu'elle inclut le plus humble, le plus insignifiant, le plus pauvre des hommes;
l'unité, la sympathie et la fraternité menant à la concorde universelle. Il conclut
avec une parole de Baha'u'llah selon laquelle la cause divine du bien universel
ne pouvait se limiter ni à l'Est ni à l'Ouest.
Mademoiselle Alice Buckton déclara que nous étions aux prémices d'un des printemps
du monde, et que l'influence de cette assemblée de personnes qui incarnent la
pensée, le travail et l'amour se répandrait tout autour du monde, contribuant
à l'unité et à la fraternité. L'égalité totale entre les hommes et les femmes
est l'un des points clefs de l'enseignement baha'i.
Sir Richard Stapley remarqua que l'unité ne devait pas se rechercher dans les
formes et les signes extérieurs de la religion, mais dans l'esprit intérieur.
En Perse il y avait eu une telle impulsion vers la véritable unité que c'en était
une leçon pour ce pays dit 'chrétien'.
Monsieur Claude Montefiore, en tant que juif, se réjouit de voir grandir cet esprit
d'unité, et cette réunion lui parut la prophétie d'un temps meilleur à venir,
et en quelque sorte l'accomplissement de l'idée exprimée par Sir Thomas More,
qui tomba martyr de la foi Catholique Romaine (9),
après avoir écrit sur la grande Eglise des Utopistes (10),
où sont rassemblées toutes sortes de croyances et où le service et la liturgie
expriment l'unité la plus grande tout en tolérant des engagements particuliers.
Madame Stannard insista sur ce que signifiaient pour l'Est cette réunion et les
sentiments exprimés ici, spécialement pour les femmes, dont la condition était
difficile à comprendre pour l'Occident.
Tammaddun'ul-Mulk témoigna de l'effet unificateur que le mouvement baha'i avait
eu en Perse, et de la merveilleuse façon dont il s'était répandu en Amérique et
dans d'autres pays.
Enfin, 'Abdu'l-Baha se leva pour donner une allocution en guise d'adieu. Avec
une figure impressionnante, le visage plutôt fatigué, mais le regard animé, il
resta debout pendant environ quinze minutes, parlant un persan doux et mélodieux.
Les bras tendus, les paumes vers le haut, il termina par une prière.
1.9. ALLOCUTION D'ADIEU DE 'ABDU'L-BAHA
"O nobles amis et vous qui êtes en quête du Royaume de Dieu!
Il y a environ soixante ans, au temps où le feu de la guerre embrasait les nations
du monde, et où le sang versé était considéré comme un honneur pour l'humanité,
au temps où le carnage de milliers d'êtres déshonorait la terre, où les enfants
étaient rendus orphelins, où les pères étaient privés de fils et les mères se
consumaient en sanglots, où l'obscurité de la haine et de l'animosité interraciales
semblait envelopper l'humanité et masquer la lumière divine, où la brise du souffle
saint de Dieu semblait avoir été coupée, en ce temps-là, Baha'u'llah se leva comme
une étoile brillante à l'horizon de la Perse, inspiré par un message de paix et
de fraternité pour les hommes.
Il apporta la lumière de direction au monde. Il alluma le feu de l'amour et révéla
la grande réalité du véritable Bien-aimé. Il chercha à détruire les fondements
des préjugés de religion, de race et de rivalité politique.
Il compara le monde de l'humanité à un arbre, toutes les nations aux branches,
et les hommes aux feuilles, aux bourgeons et aux fruits.
Sa mission était de changer le fanatisme ignorant en amour universel, d'établir
dans l'esprit de ses disciples la base de l'unité de l'humanité et de mettre en
pratique l'égalité en son sein. Il déclara que tous les hommes étaient égaux devant
la miséricorde et la bonté de Dieu.
C'est alors que la porte du Royaume s'ouvrit largement et que la lumière d'un
nouveau paradis sur terre se révéla aux yeux de ceux qui voient.
Cependant Baha'u'llah connût de grandes épreuves et une tyrannie cruelle tout
au long de sa vie. En Perse Il fut jeté en prison, enchaîné, et vécut constamment
sous la menace de l'épée. Il fut méprisé et flagellé.
Quand Il eut environ trente ans Il fut exilé à Baghdad, et de Baghdad à Constantinople
(11), et de
là à Andrinople (12)
et finalement à la prison de 'Akka (13).
Enchaîné, de Sa cellule, Il réussit néanmoins à répandre Sa Cause, et à élever
la bannière de l'unicité de l'humanité.
Maintenant, Dieu soit loué, nous voyons la lumière de l'amour brillant à l'Est
et à l'Ouest; et la tente de l'amitié est dressée parmi tous les peuples afin
de rassembler tous les coeurs et toutes les âmes.
L'appel du Royaume a retenti, et l'annonce du besoin de Paix Universelle a éclairé
la conscience du monde.
Mon espoir est que grâce au zèle et à l'ardeur de la pureté du coeur, l'obscurité
de la haine et des différends soit entièrement dissipée, et que la lumière de
l'amour et de l'unité brille, que ce monde devienne un monde nouveau, que les
choses matérielles deviennent le miroir de la Divinité, que les coeurs humains
se rencontrent et s'étreignent, que le monde entier devienne la patrie de l'homme
et que les différentes races se confondent en une seule.
Alors les disputes et les différends disparaîtront, et le divin Bien-aimé sera
révélé sur cette terre.
De même que l'Est et l'Ouest sont illuminés par un seul soleil, de même toutes
les races, toutes les nations et toutes les croyances seront considérées comme
les serviteurs d'un seul Dieu. La terre entière est un seul foyer, et tous les
peuples - si seulement ils en avaient conscience - baignent dans l'unicité de
la miséricorde de Dieu. Dieu a tout créé. Il accorde la subsistance à tous. Il
les guide et les éduque tous à l'ombre de Sa bonté. Nous devons suivre l'exemple
que Dieu nous donne, et laisser de côté toutes les disputes et toutes les querelles.
Louange soit à Dieu! Les signes de l'amitié apparaissent, et en guise de preuve,
moi qui vient aujourd'hui de l'Est, j'ai rencontré ici à Londres, en Occident,
beaucoup d'amabilité, d'attention et d'amour, et j'en suis profondément reconnaissant
et heureux. Je n'oublierai jamais ce temps passé en votre compagnie.
J'ai souffert pendant quarante ans dans une prison turque. Puis, en 1908 les jeunes
Turcs du 'Comité Union et Progrès' ébranlèrent les portes du despotisme et libérèrent
tous les prisonniers, moi parmi eux. Je prie pour qu'une bénédiction soit sur
tous ceux qui travaillent pour l'union et le progrès.
Dans le futur, de faux rapports seront répandus concernant Baha'u'llah dans le
but d'empêcher l'expansion de la vérité. Je vous dis cela, afin que votre attention
soit éveillée et que vous soyez préparés.
Je vous quitte avec pour prière que toute la beauté du Royaume soit vôtre. Regrettant
profondément notre séparation, je vous dis au revoir."
* * *
La traduction de l'allocution d'adieu ayant été lue par le Professeur Sadler,
'Abdu'l-Baha termina la réunion en donnant sa bénédiction d'un ton très mélodieux.
Avant que ces lignes ne soient publiées 'Abdu'l-Baha 'Abbas aura quitté nos rivages,
mais le souvenir de sa personnalité pleine de grâce restera vivace en nous. Son
influence sera ressentie longtemps encore. Elle a déjà beaucoup contribué à promouvoir
cette union de l'Est et de l'Ouest à laquelle tant ont tellement aspiré.
1.10. DIX CHENISTON GARDENS, LONDRES OUEST
Les notes qui suivent sont extraites de The Quarterly Record of Higher Thought
Work, novembre 1911.
L'un des événements les plus intéressants et les plus significatifs qui eurent
lieu fut la visite de 'Abdu'l-Baha à Londres. Le mage persan dont la vie, passée
en prison, a été de promouvoir la paix et l'unité par une méthode infaillible
qui consiste à aider au développement spirituel individuel, doit avoir au sens
propre "senti le labeur de son âme et en avoir été satisfait". Non seulement presque
tous les vrais chercheurs de vérité et meneurs d'opinions de Londres lui rendirent
une visite privée, mais son message fut aussi porté à la connaissance de milliers
de gens qui avaient à peine entendu son nom auparavant.
Le centre de la 'Higher Thought' était bien connu de 'Abdu'l-Baha en tant que
lieu où les baha'is tenaient leurs réunions hebdomadaires sous la direction de
Mademoiselle Rosenberg, et il accepta une invitation à ce centre deux jours avant
son départ. Par l'intermédiaire de son interprète, 'Abdu'l-Baha salua aimablement
l'assistance et donna une courte et émouvante allocution, insistant sur les bénédictions
d'une telle assemblée réunie dans un esprit d'unité et d'aspiration spirituelle.
Il conclut par une fervente prière récitée d'une voix grave dans sa propre langue,
et par une bénédiction qui toucha véritablement tous ceux présents.
Le jour suivant 'Abdu'l-Baha fit transmettre au centre un message dans lequel
il exprimait son entière appréciation de toute l'amabilité déployée à l'égard
des baha'is et qui se terminait par ces mots: "Peu importe le nom que chacun se
donne, le grand travail est unique.
Le Christ est pour toujours dans le monde de l'existence. Il n'a jamais disparu...
Soyez assurés que le Christ est présent. La beauté spirituelle que nous voyons
autour de nous aujourd'hui émane du souffle du Christ."
1.11. UN MESSAGE DE 'ABDU'L-BAHA ECRIT POUR THE CHRISTIAN
COMMONWEALTH
Publié le 29 septembre 1911
"Dieu envoie des Prophètes pour l'éducation des hommes et le progrès de l'humanité.
Chacune de ces Manifestations de Dieu a élevé l'humanité. Elles servent le monde
entier par la bonté de Dieu. La preuve certaine qu'elles sont des Manifestations
de Dieu réside dans le progrès et l'éducation des hommes. Les juifs étaient au
plus bas degré de l'ignorance et captifs du Pharaon quand Moïse apparut et les
éleva à un haut degré de civilisation. Ainsi vint le règne de Salomon, et l'humanité
connut les sciences et les arts. Les philosophes grecs eux-mêmes étudièrent l'enseignement
de Salomon. Il fut donc prouvé que Moïse était un Prophète.
Avec le temps les Israélites dépérirent, et devinrent les sujets des Romains et
des Grecs. Alors la brillante étoile de Jésus s'éleva à l'horizon sur les Israélites,
illuminant le monde, jusqu'à ce que la beauté de l'unité soit enseignée à toutes
les sectes, croyances et nations. Il ne peut y avoir de meilleure preuve que Jésus
fut le Verbe de Dieu.
Il en fut de même pour les nations arabes qui, n'étant pas civilisées, subissaient
l'oppression des gouvernements perses et grecs. Quand la lumière de Muhammad brilla,
toute l'Arabie fut illuminée. Ces peuples opprimés et avilis devinrent éclairés
et cultivés, à tel point en effet que les autres nations s'imprégnèrent de la
civilisation des Arabes. Ce fut la preuve de la mission divine de Muhammad.
Tout l'enseignement des Prophètes est un, une seule foi, une seule lumière divine
brillant à travers le monde. Maintenant, sous la bannière de l'unicité de l'humanité
tous les peuples de toutes les croyances devraient se détourner des préjugés,
devenir amis et croire en tous les Prophètes. Tout comme les chrétiens croient
en Moïse, les juifs devraient croire en Jésus. Tout comme les musulmans croient
dans le Christ et en Moïse, de même les juifs et les chrétiens devraient croire
en Muhammad. Alors tous les conflits disparaîtraient, et tous seraient unis. Baha'u'llah
est venu dans ce dessein. Il a fait de trois religions une seule. Il a levé au
centre du monde l'étendard de l'unicité de la foi et de l'honneur de l'humanité.
Aujourd'hui nous devons nous rassembler autour de cet étendard, et essayer de
tout notre coeur et de toute notre âme d'établir l'unité du genre humain."
1.12. DISCOURS DONNÉ A LA FÊTE DE L'UNITÉ CHEZ MADEMOISELLE
E.J.ROSENBERG (14)
Vendredi 8 septembre 1911
"Louange soit à Dieu, qu'une réunion empreinte de tant pureté et de fermeté soit
tenue à Londres. Les coeurs de ceux qui sont présents sont purs et sont tournés
vers le Royaume de Dieu. J'espère que tout ce qui est contenu et établi dans les
livres saints de Dieu se réalise en vous. Les Messagers de Dieu sont les principaux
et les premiers éducateurs. A chaque fois que ce monde deviendra obscur, divisé
dans ses opinions, et indifférent, Dieu enverra l'un de Ses saints Messagers.
Moïse vint dans un temps d'obscurité, quand l'ignorance et l'infantilisme régnaient
parmi les hommes et que leur foi chancelait. Moïse fut un éducateur divin. Il
donna des enseignements de sainteté et éduqua les Israélites. Il sortit le peuple
de son avilissement et lui fit recevoir de grands honneurs. Il leur enseigna les
sciences et les arts, Il les conduisit à la civilisation et Il développa leurs
vertus humaines. Quelque temps après, alors qu'ils avaient oublié ce qu'ils avaient
ainsi reçu de Dieu, la voie était prête pour le retour du mal et le monde fut
opprimé par la tyrannie.
Alors la lumière de réalité se répandit à nouveau et le souffle du Saint-Esprit
réapparut. Une nuée de bonté se déversa et la lumière de direction brilla sur
la terre. Le monde revêtit un nouvel habit, le peuple devint un nouveau peuple,
l'unicité de l'humanité fut proclamée. La grande unité de pensée transforma l'humanité
et créa un monde nouveau. Puis, tout fut encore oublié par les hommes. Les enseignements
de Dieu n'influençaient plus leur vie. Ses prophéties et ses commandements perdirent
de leur force et s'effacèrent de leur coeur, la tyrannie et l'irréflexion prévalurent
une fois de plus.
C'est alors que vint Baha'u'llah pour renouveler une fois de plus le fondement
de la foi. Il rappela les enseignements de Dieu et comment ils étaient mis en
pratique au temps du Christ. Il désaltéra les assoiffés, Il réveilla les négligents
et attira l'attention des insouciants sur les secrets divins. Il déclara l'unité
de l'humanité, et répandit de tous côtés son enseignement sur l'égalité des hommes.
Voilà pourquoi, vous tous devriez de tout votre coeur et avec tout votre esprit
vous comporter de manière à conquérir les hommes avec amabilité, afin que cette
grande unité s'établisse, que les superstitions infantiles disparaissent et que
tous deviennent un."
1.13. DISCOURS CHEZ MADAME THORNBURGH-CROPPER
(15)
Mercredi 13 septembre 1911
'Abdu'l-Baha dit:
"Grâce soit rendue à Dieu, c'est une bonne réunion; elle est très illuminée; elle
est spirituelle. Un poète persan a écrit: 'L'univers céleste est ainsi formé que
le monde inférieur réfléchit le monde supérieur'. Cela revient à dire que ce monde
phénoménal réfléchit tout ce qui existe au paradis. Maintenant, louange soit à
Dieu, cette réunion est un reflet du concours céleste, c'est comme si nous avions
pris un miroir pour nous y regarder. Ce reflet du concours céleste, c'est l'amour.
Parce que l'amour céleste existe dans le concours suprême, il se reflète ici.
Le concours suprême est plein de désir envers Dieu, rendons grâce à Dieu, ce désir
est aussi présent ici.
Voilà pourquoi, si nous disons que cette réunion est céleste, c'est vrai. Pourquoi?
Parce que nous n'avons nul autre désir que celui qui vient de Dieu. Nous n'avons
nul autre but que la mention de Dieu.
Des hommes sur terre rêvent de conquêtes; certains aspirent au repos et à l'aisance;
d'autres désirent une haute position; d'autres encore souhaitent devenir célèbres.
Grâce à Dieu, notre désir est la spiritualité et l'union avec Dieu.
Maintenant que nous sommes rassemblés ici, notre souhait est de hisser la bannière
de l'unité de Dieu, de répandre la lumière de Dieu, de faire en sorte que le coeur
des hommes se tourne vers le Royaume. En conséquence, je rends grâce Dieu de nous
confier cette mission importante.
Je prie pour vous tous, que vous deveniez des guerriers célestes, que vous répandiez
partout l'unité de Dieu et illuminiez l'Est et l'Ouest, et que vous communiquiez
à tous les coeurs l'amour de Dieu. C'est mon plus cher désir, et je prie Dieu
que votre désir soit identique.
Je suis très heureux d'être avec vous. J'apprécie votre Roi d'Angleterre, votre
gouvernement et votre peuple.
Puisiez-vous rendre grâce à Dieu d'êtres libres dans cette contrée. Vous ne savez
pas combien la liberté manque à l'Est. Quiconque vient dans ce pays y est heureux.
Je souhaite pour tous la protection de Dieu. Au revoir à tous."
1.14. DISCOURS DE 'ABDU'L-BAHA DONNÉ À LA FÊTE DE L'UNITÉ
CHEZ MESDEMOISELLES JACK ET HERRICK
Vendredi 22 septembre 1911
"C'est un jour froid et triste mais comme j'avais envie de vous voir je suis venu.
Pour un homme qui a de l'amour, l'effort est un repos. Il parcourra n'importe
quelle distance pour rendre visite à ses amis.
Rendons grâce à Dieu car je vous vois spirituels et reposés; je vous transmets
ce message de Dieu: 'Tournez-vous vers Lui'. Louange à Dieu: 'Soyez près de Lui!'
Les choses sans valeur de ce monde ne vous ont pas détournés de la recherche du
monde de l'Esprit. Quand vous êtes en harmonie avec le monde de l'Esprit, vous
ne portez pas attention aux choses qui périssent; votre désir est pour ce qui
ne meurt jamais et le Royaume s'ouvre devant vous. J'espère que l'enseignement
de Dieu se répandra à travers le monde, et fera que tous soient unis.
Au temps de Jésus-Christ, il y eut d'Est en Ouest un déversement de lumière qui
rassembla les hommes sous la bannière céleste et les illumina de la pénétration
divine. Les contrées de l'Ouest ont été éclairées par la lumière du Christ. Je
prie vivement qu'en cet âge avancé la lumière illumine à ce point le monde que
tous se rassemblent sous la bannière de l'unité et reçoivent une éducation spirituelle.
Alors ces problèmes qui sont la cause de différends parmi les peuples de la terre
disparaîtront, car en vérité ils n'ont pas lieu d'être. Vous êtes tous les vagues
d'une même mer, les miroirs d'une même source lumineuse.
En ces jours, les pays d'Europe sont en paix; l'éducation s'est largement répandue.
La lumière de la liberté est la lumière de l'Ouest, et l'intention des gouvernements
est de travailler pour la vérité et la justice dans les pays occidentaux. Mais
la lumière de la spiritualité commence toujours par briller à l'Est. En cet âge,
cette lumière s'est estompée; la religion est devenue une question de forme et
de cérémonie et l'aspiration à l'amour de Dieu s'est perdue.
En ce temps de grande obscurité spirituelle, une lumière est apparue à l'Est.
Ainsi, une fois de plus la lumière des enseignements de Dieu est venue à vous.
De la même façon que l'éducation et le progrès se répandent d'Ouest en Est, le
feu spirituel se propage d'Est en Ouest.
J'espère que les peuples de l'Ouest seront éclairés par la lumière de Dieu, que
le Royaume viendra à eux, qu'ils trouveront la vie éternelle, que l'Esprit de
Dieu se propagera tel un feu parmi eux, qu'ils seront baptisés de l'eau de la
Vie et qu'ils trouveront une nouvelle naissance.
Tel est mon désir; j'espère que par sa volonté Dieu vous l'accordera et vous rendra
heureux.
De la même manière que vous bénéficiez de l'éducation et du progrès matériel,
puisse la lumière de Dieu vous être donnée.
Que Dieu vous garde tous en sécurité."
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