Au cours des années qui suivirent l'arrivée de Baha'u'llah à Andrinople, sa révélation
atteignit, selon les paroles de Shoghi Effendi, "l'apogée de sa gloire" dans la
proclamation du message de son auteur aux rois et dirigeants du monde. Pendant
cette période relativement brève, mais combien agitée, de l'histoire de la Foi
et durant les premières années de son exil dès 1868 dans la ville-prison d'Acre,
il lança un appel collectif aux monarques de l'Orient et de l'Occident et individuel
à certains d'entre eux pour qu'ils acceptent le Jour de Dieu et reconnaissent
celui que promettent les Écritures des religions professées par les destinataires
de son appel. "Jamais depuis le commencement du monde", déclare Baha'u'llah, "un
message n'a été si ouvertement proclamé".
Le présent volume propose la traduction française de la première collection normative
en langue anglaise de tous ces écrits importants. Parmi ceux-ci figure le texte
complet de la Suriy-i-Haykal, la Sourate du Temple, une des oeuvres des plus audacieuse
de Baha'u'llah. À l'origine, elle fut révélée lors de son exil à Andrinople et
remaniée plus tard après son arrivée à Acre, pour comprendre les messages individuels
à des potentats : le Pape Pie IX, Napoléon III, le Tsar Alexandre II, la reine
Victoria et Nasiri'd-Din Shah.
C'est cette oeuvre composite qui fut, selon les instructions de Baha'u'llah, présentée
sous la forme d'un pentacle symbolisant le temple humain. Baha'u'llah y ajouta
en guise de conclusion ce que Shoghi Effendi décrivit comme : "des paroles qui
dénotent l'importance qu'il attachait à ces messages et indiquent leurs liens
directs aux prophéties de l'Ancien Testament" :
"Ainsi avons-nous bâti le Temple des mains de puissance et de pouvoir, si vous
pouviez le savoir. C'est le Temple que le Livre vous a promis. Approchez-vous
! C'est ce qui vous sera profitable, si seulement vous pouviez le comprendre.
Soyez justes, ô peuples de la terre ! Qu'est-ce qui est préférable, ceci ou un
temple construit d'argile ? Tournez vos visages vers lui. Voilà ce que vous ordonne
Dieu, le Secours, l'Absolu."
Pendant les dernières années de son ministère, Baha'u'llah prit des dispositions
pour faire publier pour la première fois la version définitive de quelques-uns
de ses écrits les plus importants. La Suriy-i-Haykal y a une place prééminente.
Parmi les écrits qui composent la Suriy-i-Haykal, il faut en mentionner un plus
particulièrement. La Lawh-i-Sultan, l'épître à Nasiri'Din Shah qui est la plus
longue des épîtres adressées par Baha'u'llah à un souverain individuel, fut révélée
au cours des semaines qui précédèrent son exil à Acre. Elle fut effectivement
remise plus tard au souverain par Badi, un jeune homme de dix-sept ans qui avait
supplié Baha'u'llah de lui octroyer l'honneur d'un service. Cet acte lui valut
la couronne du martyre et immortalisa son nom. L'épître contient le passage bien
connu qui décrit les circonstances dans lesquelles l'appel divin fut transmis
à Baha'u'llah et l'effet qu'il produisit. Nous y trouvons également son offre
sans équivoque de rencontrer le clergé musulman en présence du Chah, et de fournir
toute preuve de sa révélation que ce clergé aurait à accepter définitivement,
un test d'intégrité spirituelle auquel les gardiens du message du Coran échouèrent
lamentablement.
Cet ensemble comprend également une traduction complète, pour la première fois
de manière normative, de la Suriy-i-Muluk, la Sourate aux rois, que Shoghi Effendi
décrit comme "la plus capitale des épîtres révélées par Baha'u'llah, dans laquelle,
pour la première fois, il s'adresse collectivement à l'ensemble des monarques
de l'Orient et de l'Occident". Elle expose à la fois le caractère de sa mission
et les normes de justice qui doivent présider à l'exercice de leur pouvoir en
ce Jour de Dieu :
"Ne négligez pas la crainte de Dieu, ô rois de la terre, et veillez à ne pas transgresser
les limites fixées par le Tout-Puissant. Obéissez aux injonctions de son livre,
et gardez-vous d'en outrepasser les limites. Veillez à n'être injustes envers
personne, ne fût-ce que dans la mesure d'un grain de moutarde. Suivez le sentier
de la justice, car c'est là, en vérité, le droit sentier."
L'épître inaugure quelques-uns des grands thèmes qui allaient prendre une place
prééminente dans les écrits de Baha'u'llah au cours des deux décennies et demie
qui suivraient : l'obligation de promouvoir le règne de la justice pour ceux dans
les mains de qui Dieu a remis l'autorité civile, la nécessité de réduire les armements,
de résoudre les conflits entre nations et de mettre fin aux dépenses excessives
qui appauvrissent les sujets des dirigeants.
Dans son étude du contenu de cet appel majestueux de Baha'u'llah aux rois et dirigeants
du monde, Shoghi Effendi a écrit :
"L'ampleur et la diversité du thème, la puissance de l'argument, la sublimité
et l'audace du langage retiennent l'attention et étonnent l'esprit. Empereurs,
rois et princes, présidents et ministres, le Pape lui-même, prêtres, moines et
philosophes, dispensateurs de savoir, parlementaires et députés, riches de la
terre, adeptes des religions, et le peuple de Baha, tous sont interpellés par
l'auteur de ces messages et reçoivent, chacun selon sa condition, les conseils
et admonestations qu'ils méritent. La diversité des sujets abordés dans ces épîtres
n'en est pas moins étonnante. La majesté transcendante et l'unité d'un Dieu inconnaissable
et inabordable est affirmée, l'unité de ses messagers proclamée et soulignée.
Le caractère exceptionnel, l'universalité et les potentialités de la foi baha'ie
sont mis en évidence, et le but ainsi que le caractère de la Révélation babie
sont dévoilés."
Le contenu met en lumière le jugement irréductible de Baha'u'llah sur les conditions
d'une société humaine dont les dirigeants sont tenus responsables au premier chef
:
"Sont racontés des épisodes, à la fois émouvants et merveilleux, au cours des
différentes phases de son ministère ; est catégoriquement affirmé le caractère
passager de la pompe humaine, de la renommée, de la richesse et de la souveraineté
; sont lancés avec force et insistance, des appels à l'application des principes
les plus nobles dans les relations humaines et internationales ; est enjoint l'abandon
d'usages indignes, de pratiques nuisibles au bonheur, à la croissance, à la prospérité
et à l'unité du genre humain. Des rois sont critiqués, des ecclésiastiques accusés,
des ministres et parlementaires condamnés. L'assimilation de son avènement avec
la venue du Père lui-même est évoquée de manière catégorique et proclamée à plusieurs
reprises. La chute violente de quelques-uns de ces rois et empereurs est prophétisée,
deux d'entre eux sont mis en cause sans le moindre doute, la plupart sont mis
en garde, tous sont appelés et exhortés."
Dans une épître dont l'original est perdu, Baha'u'llah avait déjà condamné très
sévèrement la mauvaise administration du sultan 'Abdu'l-'Aziz. Le présent volume
contient trois autres épîtres interpellant deux ministres du sultan, dont l'influence
égoïste et peu scrupuleuse joua un rôle important dans les exils successifs de
Baha'u'llah. La Suriy-i-Ra'is qui interpelle 'Ali Pasha, le Premier Ministre ottoman,
fut révélée en août 1868, alors que les exilés se déplaçaient d'Andrinople à Gallipoli,
elle expose magistralement les abus de pouvoir civil commis par le ministre. La
Lawh-i-Ra'is qui contient des passages adressés à 'Ali-Pasha, fut révélée peu
après l'incarcération de Baha'u'llah dans la forteresse d'Acre et contient une
terrible dénonciation du caractère du ministre. La troisième épître, Lawh-i-Fu'ad,
fut révélée en 1869, peu après le décès de Fu'ad Pasha, le ministre ottoman dont
elle dénonce les machinations. Elle décrit les conséquences de l'abus de pouvoir
et prédit la chute imminente de son collègue, 'Ali Pasha, ainsi que le renversement
du sultan lui-même - prophéties qui circulèrent abondamment et dont les réalisations
dramatiques ajoutèrent grandement au prestige de leur auteur.
Il nous paraît particulièrement opportun, alors que l'influence de Baha'u'llah
pénètre de plus en plus dans la société à travers le monde, de mettre à la disposition
des lecteurs le texte intégral de ces grandes épîtres. Nous exprimons aux comités
qui reçurent la tâche d'entreprendre et de revoir ces traductions, la gratitude
que nous éprouvons pour le soin et la sensibilité qu'ils ont apportés à ce travail.
Les baha'is reconnaîtront les passages importants déjà mis à la disposition de
l'Occident par Shoghi Effendi. Ses traductions en anglais des Textes sacrés baha'is
fournissent un modèle à ceux qui relèvent le défi de préparer des transpositions
adéquates en anglais de ces trésors de la foi.
LA MAISON UNIVERSELLE DE JUSTICE
SURIY-I-HAYKAL
Sourate du Temple
Voici la sourate du Temple que Dieu a choisi pour être le miroir de ses Noms entre
les cieux et la terre, et le signe de son souvenir parmi les peuples du monde.
Il est le Très-Merveilleux, le Très-Glorieux !
1. Gloire à celui qui révèle ses versets à ceux qui comprennent. Gloire à celui
qui envoie ses versets à ceux qui perçoivent. Gloire à celui qui guide en son
sentier qui il lui plaît. Dis : En vérité, je suis le Sentier de Dieu pour tous
ceux qui sont au ciel et sur la terre. Bonheur à ceux qui se hâtent de le suivre
!
2. Gloire à celui qui envoie ses versets à ceux qui comprennent. Gloire à celui
qui parle du royaume de sa révélation et qui reste inconnu de tous sauf de ses
serviteurs honorés. Gloire à celui qui éveille quiconque il veut en vertu de sa
parole "Sois", et cela est ! Gloire à celui qui fait monter quiconque il veut
vers les cieux de grâce et qui envoie de là ce qu'il désire selon une mesure prescrite.
3. Béni celui qui fait ce qu'il veut par une parole de son ordre. Il est, en vérité,
le Véritable, le Connaisseur des choses invisibles. Béni celui qui inspire quiconque
il veut selon son irrésistible et inscrutable commandement. Béni celui qui aide
quiconque il désire par les armées de l'invisible. Sa puissance, en vérité, est
à la hauteur de son but et il est vraiment le Très-Glorieux, l'Absolu. Béni celui
qui exalte quiconque il veut par le pouvoir de sa puissance souveraine et confirme
quiconque il choisit selon son bon plaisir. Bonheur à ceux qui comprennent !
4. Béni celui qui, dans une Tablette préservée, a prescrit à toutes choses une
mesure fixée. Béni celui qui a révélé à son Serviteur ce qui illuminera le coeur
et l'esprit des hommes. Béni celui qui a envoyé sur son Serviteur ces tribulations
qui ont fait fondre le coeur de ceux qui habitent au sein du Tabernacle d'éternité
et les âmes de ceux qui se sont approchés de leur Seigneur. Béni celui qui, des
nuées de son décret, a décoché sur son Serviteur les flèches du chagrin, et qui
m'a vu les supporter avec patience et endurance. Béni celui qui a décrété pour
son Serviteur ce qu'il n'a destiné à aucune autre âme. Il est, en vérité, l'Unique,
l'Incomparable, l'Absolu.
5. Béni celui qui, des nuées de la haine, a fait se déverser sur son Serviteur
livré aux mains du peuple du déni, les traits des épreuves et des tribulations,
et qui pourtant, voit notre coeur empli de gratitude. Béni celui qui a fait reposer
sur les épaules de son Serviteur le poids des cieux et de la terre - un poids
dont nous lui rendons grâce, bien que personne ne puisse le comprendre sauf ceux
doués de compréhension. Gloire à celui qui a remis l'incarnation de sa Beauté
entre les griffes des envieux et des méchants - un destin auquel nous nous sommes
complètement résigné, bien que personne ne puisse en percevoir la raison sauf
ceux qui sont dotés d'intuition. Gloire à celui qui a laissé Husayn demeurer au
milieu de l'armée de ses ennemis, et exposer chaque souffle de son corps aux pointes
de la haine et de la colère. Pourtant, nous le remercions pour tout ce qu'il a
décrété pour son Serviteur qui a recours à lui dans son chagrin et son affliction.
6. Alors que j'étais cerné par les tribulations, j'entendis une voix des plus
merveilleuses, des plus douces, appelant au-dessus de ma tête. Tournant mon visage,
je vis, suspendue dans les airs devant moi, une vierge, incarnation du souvenir
du nom de mon Seigneur. Son âme était si réjouie que son visage resplendissait
de l'ornement du bon plaisir de Dieu, et ses joues luisaient de la splendeur du
Très-Miséricordieux. Entre le ciel et la terre, elle lançait un appel qui captivait
le coeur et l'esprit des hommes. Elle faisait part, tant à mon être intérieur
qu'à mon être extérieur, de joyeuses nouvelles qui réjouissaient mon âme et les
âmes des serviteurs honorés par Dieu.
7. Pointant son index vers moi, elle s'adressa à tous dans le ciel et sur la terre,
disant : Par Dieu ! voici le Bien-aimé des mondes et cependant vous ne comprenez
pas. Voici la Beauté de Dieu et le pouvoir de sa souveraineté parmi vous, si vous
pouviez comprendre. C'est le Mystère de Dieu et son trésor, la Cause de Dieu et
sa gloire pour tous ceux qui sont dans les royaumes de la révélation et de la
création, si vous êtes de ceux qui perçoivent. Voici celui dont la présence est
l'ardent désir des habitants du royaume d'éternité et de ceux qui vivent dans
le Tabernacle de gloire ; pourtant, vous vous détournez de sa Beauté.
8. Ô peuple du Bayan, si vous ne l'aidez pas, Dieu assurément l'assistera des
pouvoirs de la terre et du ciel et le soutiendra par les armées de l'invisible,
grâce à son ordre "Sois", et cela est ! Le jour est proche où Dieu aura suscité,
par un acte de sa volonté, une race d'hommes dont la nature est insaisissable
à tous sauf à lui, le Tout-Puissant, l'Absolu. Il les purifiera de la souillure
des imaginations futiles et des désirs corrompus, il les élèvera jusqu'aux hauteurs
de sainteté et il les fera manifester les signes de sa souveraineté et de sa puissance
sur terre. Ainsi en a-t-il été décrété par Dieu, le Très-Glorieux, le Très-Bon.
9. Ô peuple du Bayan, renieriez-vous celui dont la présence est l'objet même de
votre création, tandis que vous vous réjouissez avec indolence sur votre couche
? Iriez-vous jusqu'à la raillerie et le mépris, vous opposeriez-vous à celui dont
un seul cheveu surpasse, aux yeux de Dieu, tous les habitants du ciel et de la
terre ? Ô peuple du Bayan, produisez donc les preuves que vous possédez afin que
je puisse connaître celle qui vous a porté à croire jusqu'ici dans les Manifestations
de sa cause, et pour quelle raison vous devenez à présent si dédaigneux !
10. Je le jure par celui qui m'a créé de la lumière de sa propre Beauté ! Je n'ai
jamais vu quelqu'un qui vous surpasse dans l'insouciance ou l'ignorance. Vous
cherchez à prouver votre foi en Dieu par ces épîtres sacrées que vous possédez.
Mais lorsque les versets de Dieu sont révélés et sa lampe allumée, vous vous détournez
de celui dont la plume elle-même a fixé la destinée de toutes choses dans la Tablette
préservée. Vous récitez les versets sacrés et pourtant vous reniez celui qui est
leur source et leur révélateur. Ainsi Dieu a-t-il aveuglé vos yeux en punition
de vos actes, si vous pouviez le comprendre. Jour et nuit, vous transcrivez les
versets de Dieu, et cependant, vous restez séparés, comme par un voile, de celui
qui les a révélés.
11. En ce jour, l'Assemblée céleste vous regarde perpétrer vos méfaits et se détourne
de votre compagnie, et pourtant vous ne vous en rendez pas compte. Ils se demandent
les uns les autres : Quelles sont les paroles que prononcent ces fous, et dans
quelle vallée ont-ils l'habitude de paître ? Renient-ils ce que leur âme même
atteste, et ferment-ils les yeux à ce qu'ils voient clairement ? Je le jure par
Dieu, ô peuple ! Ceux qui habitent les cités des Noms de Dieu sont déconcertés
par vos actions, tandis que vous errez, sans but et inconscients, sur une terre
stérile et aride.
12. Ô Plume du Très-Haut, écoute l'appel de ton Seigneur, lancé par l'Arbre divin
depuis ce Lieu sacré et lumineux afin que les doux accents de ton Seigneur, le
Très-Miséricordieux, emplissent ton âme de joie et de ferveur, et que les brises
qui émanent de mon nom, le Magnanime, dissipent tes soucis et tes chagrins. De
ce Temple, élève donc les temples de l'unité de Dieu afin qu'ils fassent part,
dans les royaumes de la création, des joyeuses nouvelles de leur Seigneur, le
Très-Exalté, le Très-Glorieux, et qu'ils soient de ceux qui sont illuminés par
sa lumière.
13. Nous avons, en vérité, décrété que ce Temple soit la source de toute existence
dans cette nouvelle création afin que tous tiennent pour certain mon pouvoir d'accomplir
mon dessein par ma parole " Sois", et cela est ! À l'ombre de chaque lettre de
ce Temple, nous avons suscité un peuple dont personne ne peut compter le nombre
sauf Dieu, le Secours, l'Absolu. Sous peu, Dieu fera sortir de son Temple ces
âmes qui demeureront imperturbables face aux insinuations des rebelles, et boiront
à tout moment de cette coupe qui est la vie même. Ceux-là sont, en vérité, parmi
les bienheureux.
14. Voici les serviteurs qui demeurent à l'abri de la tendre miséricorde de leur
Seigneur et restent impassibles face à ceux qui cherchent à obstruer leur sentier.
Sur leur visage, on peut voir la lumière resplendissante du Très-Miséricordieux
et de leur coeur, on peut entendre le souvenir de mon Nom très glorieux et inaccessible.
S'ils déliaient leur langue pour louer leur Seigneur, les habitants du ciel et
de la terre se joindraient à eux dans leurs chants de louange - et pourtant, si
peu nombreux sont ceux qui entendent ! Et s'ils exaltaient leur Seigneur, toutes
les choses créées les accompagneraient dans leurs hymnes de gloire. Ainsi Dieu
les a-t-il glorifiés au-dessus du reste de sa création, et pourtant le peuple
reste inconscient !
15. Ce sont eux qui gravitent autour de la cause de Dieu, comme les ombres tournent
autour du soleil. Ouvrez alors vos yeux, ô peuple du Bayan afin que vous puissiez
les contempler ! C'est en vertu de leur mouvement que toutes les choses sont mues
et en vertu de leur immobilité que toutes les choses sont amenées à s'arrêter,
si vous pouviez en avoir la certitude ! Par eux, les croyants en l'unité divine
se sont tournés vers celui qui est l'objet de l'adoration de l'ensemble de la
création, et par eux le coeur des justes a trouvé le repos et la sérénité, si
seulement vous pouviez le savoir ! Par eux, la terre a été créée, les nuées ont
déversé leur générosité et le pain de la connaissance est descendu du ciel de
grâce, si seulement vous pouviez le comprendre !
16. Ces âmes sont les protectrices de la cause de Dieu sur terre ; elles préserveront
sa beauté de la noire poussière des désirs futiles et des vaines imaginations.
Dans le sentier de leur Seigneur, elles ne craindront pas pour leur vie ; plutôt
sacrifieront-elles tous leurs biens, dans leur enthousiasme à contempler la face
de leur Bien-aimé, dès qu'il apparaîtra en ce Nom, le Tout-Puissant, l'Omnipotent,
le Très-Glorieux, le Plus-Saint.
17. Ô Temple vivant, lève-toi par le pouvoir de ton Moi, de telle manière que
toutes les choses créées soient mises en mouvement pour se lever avec toi. Aide
ainsi ton Seigneur par cette ascendance et ce pouvoir que nous t'avons accordés.
Prends garde de crainte de faillir en ce jour où toutes les choses créées sont
consternées. Sois plutôt le révélateur de mon nom, le Secours, l'Absolu. Assiste
ton Seigneur au mieux de tes capacités et ne prête pas attention aux peuples du
monde, car ce qui sort de leur bouche est comparable au bourdonnement d'un moustique
dans une vallée sans fin. Bois l'eau de la vie en mon nom, le Très-Miséricordieux,
et invite ceux qui sont proches parmi les habitants de ce rang éminent à se détacher
de tous les noms et à se placer sous cette ombre bénie et universelle.
18. Ô Temple vivant, par toi, nous avons rassemblé toutes les choses créées, qu'elles
soient sur la terre ou dans le ciel, et nous les avons appelées à reconnaître
ce dont nous étions convenu avec elles avant la fondation du monde. Pourtant voyez,
à part quelques visages radieux et quelques langues éloquentes, nous avons trouvé
que la plupart des gens étaient confus, leurs yeux figés par la peur. Grâce aux
premiers, nous avons engendré la création de tout ce qui a été et sera. C'est
leur visage que Dieu a miséricordieusement détourné de la face des incroyants,
et qu'il a abrité sous l'arbre de son propre Etre. C'est à leur coeur qu'il a
accordé le don de paix et de tranquillité, et c'est ce coeur qu'il a renforcé
et assisté par les armées du visible et de l'invisible.
19. Ô regard de ce Temple, ne considère pas les cieux et ce qu'ils contiennent,
ni la terre et ceux qui l'habitent, car nous t'avons créé pour contempler notre
seule Beauté : Vois ! Elle est à présent devant toi ! Ne détourne pas ton regard
d'elle, et ne te prive pas de la beauté de ton Seigneur, le Très-Glorieux, le
Bien-aimé. Sous peu, nous créerons à travers toi des yeux perçants et pénétrants
qui contempleront les signes multiples de leur créateur et se détourneront de
tout ce qui est perçu par les peuples du monde. Par toi, nous accorderons le pouvoir
de la vision à quiconque nous désirerons, et nous nous saisirons de ceux qui se
sont privés de cette générosité. Ceux-là, en vérité, ont bu à la coupe des illusions,
bien qu'ils ne le sachent pas.
20. Ô oreilles de ce Temple, purifiez-vous de toute clameur inutile et écoutez
la voix de votre Seigneur. Du Trône de gloire, il révèle, en vérité, qu'il n'est
pas d'autre Dieu que moi, le Très-Glorieux, le Tout-Puissant, le Secours, l'Absolu.
Sous peu, nous créerons par vous des oreilles pures de toute souillure qui seront
attentives à la Parole de Dieu et à ce qui découle du Jour de la parole de ton
Seigneur, le Très-Miséricordieux. Assurément, elles percevront les doux accents
de la divine révélation qui proviennent de cet enclos béni et sacré.
21. Ô langue de ce Temple, en vérité, nous t'avons créée par notre nom, le Très-Miséricordieux,
nous t'avons enseigné ce qui était resté caché dans le Bayan, et t'avons accordé
le pouvoir de la parole afin que tu fasses mention de mon être exalté parmi mes
créatures. Proclame alors ce souvenir puissant et merveilleux et ne crains pas
les manifestations du Mal. Tu fus appelée à l'existence dans ce but même, en vertu
de mon ordre transcendant et irrésistible. Par toi, nous avons libéré la langue
de la parole pour expliquer tout ce qui a été, et nous le ferons encore par notre
pouvoir souverain afin qu'elle parle de ce qui doit encore advenir. Sous peu,
nous créerons par toi des langues éloquentes qui nous loueront et nous glorifieront
au sein de l'Assemblée céleste et parmi les peuples du monde. Ainsi sont révélés
les versets de Dieu, et en est-il décrété par le Seigneur de tous les noms et
attributs. Ton Seigneur, en vérité, est le Véritable, celui qui connaît les choses
invisibles. Rien n'empêchera ces langues de magnifier leur créateur. Par elles,
toutes les choses créées se lèveront pour exalter le Seigneur des noms et attester
qu'il n'est pas d'autre Dieu que moi, le Tout-Puissant, le Très-Glorieux, le Bien-aimé.
Ceux qui font mention de moi ne s'exprimeront que s'ils sont inspirés par cette
Langue éminente. Rare, cependant, sont ceux qui comprennent ! Il n'y a pas de
langue qui ne fasse l'éloge de son Seigneur ni ne mentionne son Nom. Parmi le
peuple, pourtant, il s'en trouve qui comprennent et chantent des louanges, et
d'autres qui chantent des louanges mais pourtant ne comprennent pas.
22. Ô Vierge des significations intérieures, sors de la chambre de la parole avec
la permission de Dieu, le Seigneur des cieux et de la terre. Révèle-toi parée
du vêtement du royaume céleste et propose de tes mains de rubis, le vin de la
souveraineté céleste afin que les habitants de ce monde puissent percevoir la
lumière qui resplendit du royaume de Dieu lorsque l'Etoile du jour de l'éternité
apparaît au-dessus de l'horizon de gloire. Par chance, il se peut qu'ils se lèvent
devant les habitants du ciel et de la terre pour chanter et magnifier cet Adolescent
qui s'est établi au coeur du paradis, sur le trône de son nom, le Secours suprême,
dont le visage resplendit de l'éclat du Très-Miséricordieux, dans les yeux duquel
apparaît le regard du Très-Glorieux, et dont les manières révèlent les signes
et les preuves de Dieu, le Protecteur omnipotent, le Tout-Puissant, le Très-Bon.
23. Ne t'afflige point si nul ne se trouve pour accepter le vin vermeil offert
par ta blanche main et pour le déguster au nom de ton Seigneur, le Très-Exalté,
le Très-Haut, celui qui est apparu à nouveau en son nom, le Très-Glorieux. Abandonne
ces gens à eux-mêmes et retire-toi dans le tabernacle de majesté et de gloire,
là où tu rencontreras un peuple dont le visage resplendit autant que le soleil
à son zénith, un peuple qui loue et chante son Seigneur en ce Nom qui s'est levé
dans la plénitude de la puissance et du pouvoir pour occuper le trône de la souveraineté
indépendante. De leurs lèvres, tu n'entendras que les accents de ma glorification
et de ma louange. De ceci ton Seigneur me porte témoignage. L'existence de ces
gens, cependant, est restée cachée aux yeux de tous ceux qui, de toujours, ont
été créés par la Parole de Dieu. Ainsi avons-nous rendu explicite notre signification
et mis en avant nos versets pour que les hommes réfléchissent sur les signes et
les preuves de leur Seigneur.
24. Voici ceux qui, en vérité, ne furent pas enjoints de se prosterner devant
Adam [1]. Ils ne se sont jamais détournés de la face de ton Seigneur, et ils prennent
leur part à chaque instant des dons et des délices de la sainteté. Ainsi la plume
du Très-Miséricordieux a-t-elle établi les secrets de toutes choses, qu'ils soient
du passé ou de l'avenir. Si le monde pouvait comprendre ! Sous peu, Dieu rendra
manifeste sur terre ce peuple, et par lui, il exaltera son nom, diffusera ses
signes, soutiendra ses paroles et proclamera ses versets, en dépit de ceux qui
ont renié sa vérité, contredit sa souveraineté et ergoté sur ses signes.
[1] Cf. Coran 2 :30-34, 38 :71-75. Les citations sont tirées de la traduction
de D. Masson, La pléiade, Paris, Gallimard 1967
25. O Beauté du Très-Glorieux, si par hasard tu devais te trouver en présence
de ce peuple relate-lui ce que cet Adolescent t'a raconté sur lui ainsi que les
choses qui lui sont advenues afin qu'il soit amené à connaître ce qui a été inscrit
sur la Tablette préservée. Familiarise-le avec les joyeuses nouvelles de cet Adolescent,
et avec les épreuves et les tribulations qu'il a endurées, pour qu'il prenne conscience
de mes afflictions et être de ceux qui comprennent. Alors, dis-lui la façon dont
nous avons choisi d'accorder notre faveur à l'un de nos frères [1]. La manière
dont nous lui avons accordé une goutte de rosée de cet océan sans fin de la connaissance,
dont nous l'avons revêtu de l'habit de l'un de nos Noms, dont nous l'avons glorifié
à un tel rang que tous furent incités à chanter ses louanges, et dont nous l'avons
protégé de la méchanceté des malveillants pour désarmer même le plus puissant
d'entre eux.
[1] Mirza Yahya
26. Nous nous sommes levé devant les peuples de la terre et du ciel à un moment
où tous avaient résolu de nous tuer. Alors que nous habitions parmi eux, nous
avons continuellement fait mention du Seigneur et chanté ses louanges. Nous sommes
resté ferme en sa Cause, jusqu'à ce qu'enfin la Parole de Dieu fût justifiée parmi
ses créatures, ses signes répandus à l'extérieur, son pouvoir exalté et sa souveraineté
révélée à l'apogée de son éclat. De ceci, ses serviteurs honorés en témoignent.
Pourtant, lorsque mon frère vit la renommée grandissante de la Cause, il se gonfla
d'arrogance et d'orgueil. Il sortit alors de derrière le voile de la dissimulation,
se dressa contre moi, argumenta sur mes versets, renia mon témoignage et répudia
mes signes. Sa faim n'aurait connu d'apaisement que s'il avait pu dévorer ma chair
et boire mon sang. En attestent ces serviteurs de Dieu qui l'accompagnèrent en
exil, ainsi que ceux qui le côtoient.
27. À cette fin, il s'entretint avec l'un de mes serviteurs [1] et chercha à le
gagner à ses propres vues. Mais le Seigneur m'envoya l'aide des armées du visible
et de l'invisible, me protégea par le pouvoir de la vérité et envoya sur moi ce
qui contrecarra son projet. Ainsi furent déjoués les complots de ceux qui ne croient
pas aux versets du Très-Miséricordieux. En vérité, ils forment un peuple réprouvé.
Lorsque se répandit la nouvelle des actes de mon frère, que les pulsions de son
ego avaient poussé à perpétrer, et lorsque nos compagnons d'exil eurent vent de
ses plans infâmes, la voix de leur indignation et de leur chagrin s'éleva et faillit
se répandre dans toute la ville. Nous avons interdit, cependant, ces récriminations
et leur avons enjoint la patience afin qu'ils soient de ceux qui supportent avec
fermeté.
[1] Ustad Muhammad -'Aliy-i-Salmani. Voir Dieu passe près de nous, MEB, Bruxelles,
1976, pages 158-159, pour un récit des événements auxquels Baha'u'llah fait allusion
dans ce paragraphe et les suivants.
28. Par Dieu, aux côtés duquel il n'est pas d'autre Dieu, nous avons supporté
toutes ces épreuves avec endurance, et avons enjoint aux serviteurs de Dieu de
faire preuve de patience et de courage. Nous nous sommes retiré de leur présence
et nous sommes allé vivre dans une autre demeure afin que la flamme de l'envie
s'éteigne dans le coeur de notre frère, et qu'il soit guidé dans le droit chemin.
Nous ne nous sommes pas opposé à lui, ni ne l'avons revu par la suite. Au contraire,
nous sommes resté chez nous, plaçant nos espoirs en la miséricorde de Dieu, le
Secours, l'Absolu. Lorsque pourtant, il comprit que ses actions avaient été dévoilées,
il saisit la plume de la calomnie et écrivit aux serviteurs de Dieu, attribuant
à ma propre Beauté, à la fois incomparable et lésée, ce qu'il avait lui-même commis.
Il n'avait d'autre but que de semer la discorde parmi les serviteurs de Dieu et
d'instiller la haine dans le coeur de ceux qui avaient cru en Dieu, le Très-Glorieux,
le Très-Bon.
29. Par celui qui tient mon âme en sa main, nous avons été consterné par sa malhonnêteté
- que dis-je, accablées furent toutes les choses visibles et invisibles. Ce qu'il
abritait en son sein ne lui laissa pas de répit jusqu'à ce qu'il commît ce qu'aucune
plume n'ose décrire, et ce par quoi il dégrada la dignité de mon rang et profana
la sainteté de Dieu, le Tout-Puissant, le Très-Glorieux, le Très-Loué. Si Dieu
devait changer tous les océans de la terre en encre et toutes les choses créées
en plumes, cela ne me suffirait pas pour faire la liste complète de ses méfaits.
Ainsi nous relatons ce qui nous est advenu afin que vous puissiez être de ceux
qui comprennent.
30. Ô Plume d'éternité, ne t'afflige pas des choses qui te sont advenues car,
sous peu, Dieu suscitera un peuple qui verra par ses propres yeux et se souviendra
de tes tribulations. Retiens ta plume de mentionner tes ennemis, et encourage-la
dans la louange du Roi éternel. Renonce à toutes les choses créées et bois le
vin scellé de mon souvenir. Crains de ne te préoccuper que de la mention de ceux
dont on ne perçoit que les saveurs putrides de l'inimitié, de ceux qui sont tellement
esclaves de leur appétit de pouvoir qu'ils n'hésiteraient pas à se détruire dans
leur désir d'asseoir leur renommée et de perpétuer leur nom. Dieu a noté ces âmes
dans la Tablette préservée comme simples adorateurs des noms. Narre alors ce que
tu as conçu pour ce Temple afin que ses signes et preuves soient rendus manifestes
sur terre, et que l'éclat de cette Lumière illumine l'horizon du monde et purifie
la terre de la souillure des mécréants. Ainsi avons-nous établi les versets de
Dieu et donné l'explication à ceux qui comprennent.
31. Ô Temple vivant, étends ta main sur tous ceux qui sont sur la terre et dans
le ciel, et que ta volonté saisisse les rênes du commandement. En vérité, nous
avons placé dans ta main droite l'empire sur toutes choses. Agis selon ta volonté
et ne crains pas les ignorants. Empare-toi de la Tablette qui s'est levée au-dessus
de l'horizon de la plume de ton Seigneur, et saisis-toi d'elle avec une telle
force que, par ton intermédiaire, les mains de tous les habitants de la terre
soient capables de s'en emparer. C'est, en vérité, ce qui te convient si tu es
de ceux qui comprennent. Par l'élévation de ta main vers le ciel de ma grâce,
les mains de toutes les choses créées seront élevées vers leur Seigneur, le Puissant,
le Gracieux. Sous peu, nous susciterons, à l'aide de ta main, d'autres mains dotées
de pouvoir, de force et de puissance, et nous établirons par elles notre empire
sur tout ce qui vit dans les royaumes de la révélation et de la création. Ainsi
les serviteurs de Dieu reconnaîtront la vérité selon laquelle il n'est d'autre
Dieu que moi, le Secours, l'Absolu. C'est aussi par ces mains que nous donnerons
et nous reprendrons, mais personne ne peut le comprendre, sauf ceux qui voient
par l'oeil spirituel.
32. Dis : Ô peuple, pouvez-vous jamais espérer échapper au pouvoir souverain de
votre Seigneur ? Par la rectitude de Dieu, vous ne trouverez aucun refuge en ce
jour ni personne pour vous protéger, sauf si vous êtes de ceux à qui Dieu a accordé
la faveur de sa miséricorde. Il est, en vérité, celui qui toujours pardonne, le
Très-Compatissant. Dis : Ô peuple, renoncez à tout ce que vous possédez, et entrez
à l'ombre de votre Seigneur, le Très-Miséricordieux. Cela vaut mieux pour vous
que toutes vos oeuvres passées et futures. Craignez Dieu et ne vous privez pas
des douces saveurs dispensées lors des jours du Seigneur de tous les noms et attributs.
Prenez garde de peur d'altérer ou de pervertir le texte de la Parole de Dieu.
Marchez dans la crainte de Dieu et soyez du nombre des justes.
33. Dis : Ô peuple, voici la Main de Dieu qui a toujours été au-dessus de vos
propres mains, si vous pouviez comprendre. Entre ses mains, nous avons ordonné
tout le bien du ciel et de la terre afin que seul soit rendu manifeste le bien
qui en découle. Ainsi en avons-nous fait la source et le trésor de tout bien,
par le passé et à l'avenir. Dis : Les rivières de la sagesse et de la parole divines
qui s'écoulent des Tablettes de Dieu ont rejoint ce plus grand Océan, si seulement
vous pouviez le percevoir, et tout ce qui a été établi dans ses Livres a atteint
sa consommation finale dans cette Parole la plus exaltée, une Parole resplendissant
au-dessus de l'horizon de la volonté du Très-Glorieux dans cette révélation qui
a rempli de délices toutes les choses visibles et invisibles.
34. Sous peu Dieu tirera, du sein du pouvoir, les mains de l'ascendance et de
la puissance. Il suscitera un peuple qui se lèvera pour remporter la victoire
pour cet Adolescent et purgera l'humanité de la souillure des proscrits et des
impies. Ces mains se mobiliseront pour se faire les champions de la foi de Dieu
et, en mon nom, l'Absolu, le Puissant, elles subjugueront les peuples et les tribus
de la terre. Elles entreront dans les villes et inspireront la crainte dans le
coeur de tous leurs habitants. Voici les preuves de la puissance de Dieu ! Terrible
et véhémente est la puissance de Dieu, et il la manie avec justesse ! En vérité,
il règne et transcende tous ceux qui sont dans le ciel et sur la terre et il révèle
ce qu'il désire selon une mesure prescrite.
35. Si, parmi ce peuple, une personne était appelée à affronter toutes les armées
de la création, assurément elle prévaudrait par l'ascendance de ma volonté. En
vérité, c'est une preuve de mon pouvoir, bien que mes créatures ne le saisissent
pas. En vérité, c'est un signe de ma souveraineté, bien que mes sujets ne le comprennent
pas. En vérité, c'est un gage de mon commandement, bien que mes serviteurs ne
le perçoivent pas. En vérité, c'est une preuve de mon ascendance, bien que personne
n'en soit véritablement reconnaissant, sauf ceux dont Dieu a illuminé les yeux
par la lumière de son savoir, dont il a fait les coeurs un réceptacle de sa révélation
et sur les épaules desquels il a placé le poids de sa Cause. Ceux-là inhaleront
les parfums du Très-Miséricordieux, exhalés par le vêtement de son Nom et, à chaque
instant, ils se réjouiront des signes et des versets de leur Seigneur. Quant à
ceux qui ne croient pas en Dieu et lui donnent des associés, ils encourront sa
colère, ils seront jetés au feu, et contraints de demeurer dans ses profondeurs,
emplis d'effroi et de désarroi. Ainsi expliquons-nous nos versets et clarifions
la vérité par des preuves évidentes afin que le peuple puisse réfléchir aux signes
de leur Seigneur.
36. Ô Temple vivant, par notre parole "Sois", et cela est, nous t'avons désigné
pour être le signe de notre majesté parmi tout ce qui a été et tout ce qui sera,
et nous t'avons suscité pour être l'emblème de notre Cause entre le ciel et la
terre.
37. Ô première lettre de ce Temple, exprimant l'essence de Divinité [1]. Nous
avons fait de toi le trésor de notre Volonté et le récipiendaire de notre Dessein
pour tous ceux qui sont dans les royaumes de la révélation et de la création.
Ce n'est qu'un gage de la grâce de celui qui est le Secours, l'Absolu.
[1] Le mot Haykal (Temple) est composé en arabe des quatre lettres Ha', Ya', Kaf
et Lam (HYKL). Sa première lettre symbolise le mot Huviyyah (Essence de Divinité)
; sa deuxième lettre pour le mot Qadir (Tout-Puissant), dont Ya' est la troisième
lettre ; sa troisième lettre pour le mot Karim (Très-Généreux) ; et sa quatrième
lettre pour le mot Fadl (Grâce), dont Lam est la troisième lettre.
38. Ô deuxième lettre de ce Temple, exprimant mon nom, le Tout-Puissant ! Nous
avons fait de toi la manifestation de notre souveraineté et l'aube de nos Noms.
Puissant je suis pour accomplir ce que ma langue profère.
39. Ô troisième lettre de ce Temple, exprimant mon nom, le Très-Généreux ! Nous
avons fait de toi l'aube de notre bonté parmi nos créatures et la source de notre
générosité parmi notre peuple. Puissant je suis en mon empire. Rien de ce qui
a été créé dans les cieux ou sur la terre ne peut échapper à notre connaissance
et je suis le seul Vrai, celui qui connaît les choses invisibles.
40. Ô Plume, envoie des nuées de ta générosité ce qui enrichira toutes les choses
créées, et ne retire pas tes faveurs du monde de l'existence. Tu es en vérité,
le Très-Généreux dans le ciel de ton éternité et le Seigneur de grâce infinie
pour tous ceux qui habitent le royaume des noms. Ne regarde pas les gens et les
choses qu'ils possèdent. Considère plutôt les merveilles de tes dons et de tes
faveurs. Rassemble alors tes serviteurs sous ton ombre qui recouvre toute l'humanité.
Étends la main de la générosité sur toute la création et les doigts de la faveur
sur toute existence. C'est, en vérité, ce qui te convient, bien que le peuple
ne le comprenne pas. Quiconque tourne son visage vers toi, le fait par ta grâce,
et quant à celui qui se détourne de toi, ton Seigneur est vraiment indépendant
de toutes choses créées. De cela témoignent ses serviteurs véritables et dévoués.
41. Sous peu Dieu suscitera, par ton intermédiaire, ceux qui, armés de la main
de force indomptable et des bras de puissance invincible, surgiront de derrière
les voiles, rendront victorieux le Très-Miséricordieux parmi les peuples du monde.
Il poussera un cri si puissant qu'il en fera trembler de peur tous les coeurs.
Ainsi en a-t-il décrété dans une Tablette écrite. Tel sera l'ascendant dont feront
preuve ces âmes, que la consternation et l'effarement saisiront tous les habitants
de la terre.
42. Prenez garde de ne verser le sang de personne. Sortez l'épée de votre langue
du fourreau de la parole, car c'est ainsi que l'on conquiert la citadelle du coeur
des hommes. Nous avons aboli la loi de la guerre sainte les uns contre les autres.
En vérité, la miséricorde de Dieu a embrassé toutes les choses créées, si vous
êtes de ceux qui comprennent. Aidez votre Seigneur, le Dieu de Miséricorde, avec
l'épée de la compréhension. Plus tranchante est-elle, en effet, et plus finement
aiguisée que celle de la langue, si vous réfléchissiez aux paroles de votre Seigneur.
Ainsi les armées de la révélation divine sont-elles envoyées par Dieu, le Secours,
l'Absolu. Ainsi les troupes de l'inspiration divine sont-elles déployées par la
Source de commandement, comme ordonné par Dieu, le Très-Glorieux, le Bien-aimé.
43. Dis : Ce Temple, caché et manifeste à la fois, est la mesure de toute la création
; en lui est enchâssée la connaissance du ciel et de la terre, et de toutes les
choses passées et futures. Le doigt de l'oeuvre de Dieu a gravé sur cette Tablette
ce que les hommes les plus sages et les plus érudits ne peuvent comprendre. Il
y a créé des temples que personne ne peut scruter, sauf son propre Soi [1], si
vous pouviez saisir cette vérité. Béni est celui qui la lit, qui médite son contenu
et qui est du nombre de ceux qui comprennent !
[1] NDT. Le Soi de Dieu est sa Manifestation, en l'occurrence Baha'u'llah.
44. Dis : On ne peut voir dans mon temple que le Temple de Dieu, et dans ma beauté
que sa Beauté, et dans mon être que son être, et dans mon moi que son Moi, et
dans mon mouvement que son Mouvement, et dans mon consentement que son Consentement,
et dans ma plume que sa Plume. Il est le Tout-Puissant, le Très-Loué. Il n'y a
en mon âme que la Vérité, et l'on ne peut voir en moi rien d'autre que Dieu.
45. Prenez garde de parler de dualité en ce qui concerne ma nature, car tous les
atomes de la terre proclament qu'il n'est d'autre Dieu que lui, l'Unique, le Seul,
le Puissant, l'Aimant. Depuis le commencement qui n'a pas de commencement, je
proclame, du royaume de l'éternité, que je suis Dieu, qu'il n'est pas d'autre
Dieu que moi, le Secours, l'Absolu. Et jusqu'à la fin qui n'a pas de fin, je proclamerai,
parmi le royaume des noms, que je suis Dieu, qu'il n'est d'autre Dieu que moi,
le Très-Glorieux, le Bien-aimé. Dis : Mon Nom est "souveraineté" d'où j'ai créé
des manifestations dans le monde de l'existence, tandis que nous restions nous-même
sanctifié au-dessus d'elles, si vous pouviez méditer cette vérité. Et mon Nom
est "divinité" d'où nous avons tiré des interprètes dont le pouvoir embrassera
le peuple de la terre et fera d'eux de véritables adorateurs de Dieu, si vous
pouviez le reconnaître. Ainsi devriez-vous considérer l'ensemble de nos Noms,
si vous êtes dotés d'intuition.
46. Ô quatrième lettre de ce Temple, exprimant l'attribut de la Grâce ! Nous avons
fait de toi la manifestation de la grâce entre le ciel et la terre. De toi, nous
avons engendré toute grâce dans le monde contingent et à toi, nous ferons en sorte
qu'elle retourne. Et de toi, nous la manifesterons encore par une parole de notre
commandement. Puissant suis-je pour accomplir ce que je désire par ma parole "Sois",
et cela est ! Chaque grâce qui apparaît dans le monde de l'existence trouve son
origine en toi, et à toi elle retournera. C'est, en vérité, ce qui est décrété
dans une Tablette que nous avons préservée derrière le voile de gloire et cachée
aux yeux des mortels. Bonheur à ceux qui ne se privent pas de cette grâce manifeste
et intarissable.
47. Dis : En ce jour, les vents fécondants de la grâce de Dieu passent sur toutes
choses. Chaque créature est dotée de toutes les potentialités qu'elle peut porter.
Et pourtant, les peuples du monde ont renié cette grâce. Chaque arbre est doté
des fruits les plus choisis, chaque océan enrichi des gemmes les plus lumineuses.
L'être humain lui-même est investi des dons de la compréhension et de la connaissance.
L'ensemble de la création est devenu le réceptacle de la révélation du Très-Miséricordieux,
et la terre, la dépositaire de choses imperceptibles à tous sauf à Dieu, le Vrai,
celui qui connaît les choses invisibles. Le temps approche où chaque chose créée
aura rejeté son fardeau. Glorifié soit Dieu qui a accordé cette grâce qui embrasse
toutes choses, visibles ou invisibles ! Ainsi avons-nous recréé toute la terre
en ce jour, pourtant la plupart des gens manquent de le percevoir. Dis : La grâce
de Dieu ne peut jamais être comprise de manière adéquate. Combien moins encore
peut être saisi son propre Soi, le Secours, l'Absolu !
48. Ô Temple de la cause, ne t'afflige pas si tu ne trouves personne prêt à recevoir
tes dons. Tu as été créé pour moi ; en conséquence, occupe-toi de me louer parmi
mes serviteurs. C'est ce qui est décrété pour toi dans la Tablette préservée.
Ayant trouvé sur terre plus d'une main souillée, nous avons sanctifié l'ourlet
de ton vêtement de l'impiété de leur atteinte et l'avons placé hors de la portée
des impies. Sois patient dans la cause de ton Seigneur, car sous peu il suscitera
des âmes dotées d'un coeur sanctifié et d'yeux illuminés qui de partout, se précipiteront
vers ta grâce universelle et sans limites.
49. Ô Temple de Dieu, les armées de la révélation divine étaient-elles à peine
envoyées par le Seigneur de tous les noms et attributs, brandissant les bannières
de ses signes, qu'étaient mis en déroute les interprètes du doute et de l'imagination.
Ils ne crurent pas aux preuves évidentes de Dieu, le Secours, l'Absolu, et ils
se dressèrent contre lui avec inimitié et opposition. Parmi eux se trouvent ceux
qui proclament : Ces versets ne viennent évidemment pas de Dieu, pas plus qu'ils
ne proviennent d'une nature innée et spontanée. Ainsi les incroyants cherchent-ils
à remédier au mal de leur coeur, insouciants au point de se faire maudire de tous
ceux qui vivent au ciel et sur la terre.
50. Dis : L'Esprit-Saint lui-même a été engendré par l'action d'une seule lettre
révélée par ce très grand Esprit, si vous pouviez être de ceux qui saisissent.
Et cette nature innée et spontanée dans son essence est appelée à l'existence
par les versets de Dieu, le Secours, le Très-Glorieux, le Bien-aimé. Dis : Cette
nature tire orgueil de cette relation à notre Vérité transcendante. Nous, pour
notre part, ne tirons gloire ni de cela ni de rien d'autre, car tout, à part moi,
est créé par la puissance de ma parole, si vous pouviez le comprendre.
51. Dis : Nous avons révélé nos versets en neuf styles [1]. Chacun d'eux parle
de la souveraineté de Dieu, le Secours, l'Absolu. Un seul d'entre eux suffit comme
preuve devant tous, au ciel et sur la terre. Pourtant le peuple, dans sa majorité,
persiste dans son insouciance. Si telle était notre souhait, nous les révélerions
en d'innombrables autres styles.
[1] Ces styles ont été définis par définis par Jinab-i-Fadl-i-Mazindarani, voir
Adib Taherzadeh, The Revelation of Baha'u'llah, Volume I, p.43
52. Dis : Ô peuple, craignez Dieu et ne laissez pas votre langue prononcer, dans
sa duplicité, ce qui lui déplaît. Soyez humbles devant celui qui, vous le savez,
vous a créés d'une goutte d'eau [1]. Dis : Nous avons créé tous ceux qui sont
dans les cieux et sur la terre dans la nature façonnée par Dieu. Quiconque se
tourne vers ce Visage béni, manifestera les potentialités de cette nature innée,
et quiconque en reste séparé par un voile, sera privé de cette grâce invisible
et universelle. En vérité, il n'y a rien qui n'ait bénéficié de notre faveur dans
la mesure où nous avons agi équitablement en les créant tous et chacun, et, par
une parole issue de notre bouche, nous leur avons offert le don de notre amour.
Ceux qui l'ont accepté sont, en effet, en sécurité et ne sont pas affectés par
les terreurs de ce Jour. Quant à ceux qui l'ont rejeté, ils n'ont pas cru en Dieu,
le Secours, l'Absolu. Ainsi distinguons-nous entre les gens et prononçons sur
eux le jugement. Assurément, nous avons le pouvoir de faire la différence.
[1] Cf. Coran: 21:30 ; 24:45 ; 25:54
53. Dis : La Parole de Dieu ne peut jamais être confondue avec les paroles de
ses créatures. Il est le Roi de la parole, car, en vérité, il est le Seigneur
souverain de tout, et sa Cause transcende tout ce qui fut et tout ce qui sera.
Pénètre, ô peuple, dans la Cité de la certitude où est établi le trône de ton
Seigneur, le Très-Miséricordieux. Ainsi vous l'ordonne la Plume du Très-Glorieux,
en gage de sa grâce intarissable. Puissiez-vous faire en sorte que sa révélation
ne soit pas une cause de dissension entre vous.
54. Parmi les infidèles, se trouvent ceux qui répudient son Soi, s'opposent à
sa Cause, et proclament que ces divins versets sont inventés. C'étaient aussi
les objections des détracteurs de jadis, qui à présent supplient que le feu de
l'enfer leur soit évité. Dis : Que l'affliction soit sur vous pour les vaines
paroles qui sortent de votre bouche ! Si ces versets sont inventés, par quelle
preuve croyez-vous en Dieu ? Produisez-la, si vous être des hommes d'entendement
! Lorsque nous leur révélâmes nos versets évidents, ils les rejetèrent, et lorsqu'ils
virent ce que les forces combinées de la terre sont impuissantes à produire, ils
déclarèrent que c'était de la sorcellerie.
55. De quoi souffre ce peuple pour parler de ce qu'il ne comprend pas ? Ils soulèvent
les mêmes objections que les disciples du Coran lorsque leur Seigneur vint à eux
avec sa Cause. En vérité, ils forment un peuple réprouvé. Ils en empêchèrent d'autres
de paraître devant celui qui est la Beauté ancienne, et de partager le pain de
ses Bien-aimés. "N'approche pas d'eux", entendit-on même dire, "car ils jettent
un sort sur les gens et les éloignent du sentier de Dieu, le Secours, l'Absolu."
Par la rectitude du seul vrai Dieu, celui qui est incapable de parler en notre
présence a proféré des paroles que personne, parmi les précédentes générations,
n'avait jamais prononcées, et a commis des actes qu'aucun des croyants des âges
anciens n'avait jamais commis.
56. Les paroles et les actes de ces hommes témoignent avec éloquence de la vérité
de mes paroles, si vous êtes de ceux qui jugent avec équité. Quiconque attribue
les versets de Dieu à de la sorcellerie, ne croit en aucun de ses Messagers, vit
et oeuvre inutilement et fait partie de ceux qui parlent de ce qu'ils ne connaissent
pas. Dis : Ô serviteur, crains Dieu, ton Créateur et ton Façonneur, et ne pêche
pas contre lui, mais juge avec équité et agis avec justice. Ceux que le Seigneur
a dotés de la connaissance trouveront dans les objections soulevées par les incroyants,
des preuves concluantes pour invalider leurs prétentions et justifier la vérité
de cette Lumière manifeste. Dis : Répèteriez-vous ce que les incroyants profèrent
quand un Message leur vient de leur Seigneur ? Que l'affliction soit sur vous,
ô assemblée d'insensés, et que vos oeuvres soient flétries !
57. Ô Beauté ancienne, détourne-toi des incroyants et de ce qu'ils possèdent,
et répands au-dessus de toutes les choses créées les doux parfums du souvenir
de ton Bien-aimé, l'Exalté, le Grand. Ce souvenir éveille le monde de l'existence
et renouvelle le temple de toutes les choses créées. Dis : Il s'est, en vérité,
assis sur le Trône de puissance et de gloire. Désires-tu contempler son visage
? Vois, il se tient devant toi ! Béni soit le Seigneur qui s'est révélé dans cette
Beauté lumineuse et éclatante. Désires-tu écouter ses mélodies ? Écoute, tu les
entends s'élever de ses lèvres resplendissantes et merveilleuses ! Et à ceux qui
désirent être illuminés par les splendeurs de sa lumière, dis : Recherchez la
cour de sa présence, car Dieu vous a, en vérité, accordé la permission de l'approcher,
en gage de sa grâce envers toute l'humanité.
58. Dis : Ô peuple, nous vous poserons une question en toute véracité, prenant
Dieu à témoin entre vous et nous. Il est, en vérité, le défenseur des justes.
Comparaissez devant son Trône de gloire et répondez avec justice et équité. Est-ce
Dieu qui a le pouvoir de parvenir à ses fins, ou bien est-ce vous qui bénéficiez
d'une telle autorité ? Est-ce lui qui est véritablement libre, comme vous l'affirmez
lorsque vous dites qu'il fait ce qu'il lui plaît et qu'il ne lui sera pas demandé
compte de ses actes, ou bien est-ce vous qui exercez le pouvoir, et qui avancez
de telles assertions par imitation aveugle, comme le firent vos ancêtres à l'apparition
de chaque autre Messager de Dieu ?
59. S'il est véritablement libre, regardez alors la manière dont il a envoyé la
Manifestation de sa cause avec des versets auxquels personne au ciel ni sur la
terre ne peut s'opposer. La manière dont ces versets furent révélés n'a rien de
semblable ni de comparable dans le monde de l'existence, comme vous l'avez vu
et entendu lorsque le Soleil du monde a resplendi au-dessus de l'horizon de l'Irak,
avec un pouvoir évident. Toutes les choses atteignent leur consommation dans les
versets divins, car ils sont les versets de Dieu, le Seigneur souverain, le Secours,
le Très-Glorieux, le Tout-Puissant. De plus, il a été confirmé comme le porteur
d'une Cause dont la puissance souveraine est reconnue par toutes les choses créées.
Cela, personne ne peut le nier sauf les pécheurs et les impies.
60. Ô peuple, est-ce votre souhait de cacher la beauté du Soleil derrière les
voiles de vos propres désirs, ou d'empêcher l'Esprit de lancer ses mélodies du
sein de cette poitrine sanctifiée et lumineuse ? Craignez Dieu, et ne rivalisez
pas avec celui qui représente la Divinité. Ne vous disputez pas avec celui sur
l'ordre duquel la lettre "S" fut créée et associée à son puissant pilier [1].
Croyez en eux, les Messagers de Dieu, croyez au pouvoir souverain de Dieu, en
son Soi et en sa majesté. Ne suivez pas ceux qui répudient ce qu'ils ont cru autrefois
et qui cherchent pour eux-mêmes un rang d'après leurs propres imaginations. En
vérité, ils font partie des impies. Attestez de ce que Dieu lui-même atteste afin
que la compagnie de ses élus soit illuminée par les paroles qui sortent de vos
lèvres. Dis : En vérité, nous croyons en ce qui fut révélé aux Apôtres d'autrefois,
en ce qui a été révélé à 'Ali [2], par le pouvoir de la vérité, et en ce qui est
à présent révélé depuis son Trône de gloire. Ainsi votre Seigneur vous instruit-il,
en signe de sa faveur et en gage de sa grâce qui embrasse tous les mondes.
[1] C'est-à-dire la lettre "Kaf". Dans tous les exemples où sont mentionnées,
dans les Écrits, les lettres "Kaf" et "Nun", ce sont les deux consonnes arabes
qui forment le mot "Kun", qui est l'impératif du verbe "être" en arabe. "Sois"
dans la traduction française, d'où la lettre "S". Le puissant pilier est constitué
par les Manifestations dont la parole est créatrice.
[2] Le Bab.
61. Ô pieds de ce Temple, en vérité, nous vous avons fait d'acier. Restez fermes
en la cause de votre Seigneur avec une constance qui affermira les pieds des âmes
chancelantes dans le sentier de Dieu, le Tout-Puissant, le Très-Sage. Évitez que
les tempêtes de l'inimitié et de la haine, ou les foudres des artisans d'iniquité
ne vous fassent chanceler. Soyez inébranlables en la foi de Dieu, et ne vacillez
pas. En vérité, nous vous avons suscités en vertu de ce Nom qui est la source
de toute fermeté, et par la grâce de chacun de nos Noms les plus excellents qui
sont révélés à tous, sur la terre et au ciel. Sous peu, nous appellerons à l'existence,
grâce à vous, d'autres pieds, fermes et loyaux, qui marcheront impavides en notre
sentier, alors même qu'ils seraient attaqués par des armées aussi formidables
que les forces combinées des générations anciennes et nouvelles. Oui, nous tenons
toute grâce au creux de notre main, et l'accordons comme il nous plaît à nos serviteurs
préférés. Encore et encore, nous vous avons offert nos faveurs afin que vous soyez
si reconnaissants envers votre Seigneur, que toutes choses créées chantent mes
louanges, à moi, le Très-Miséricordieux, le Très-Compatissant.
62. Ô Temple vivant, lève-toi pour servir cette Cause grâce à une puissance et
un pouvoir issus de nous. Divulgue aux serviteurs de Dieu tout ce que t'a transmis
l'Esprit de Dieu, le Seigneur souverain, l'Incomparable, le Très-Glorieux, le
Très-Sage. Dis : Ô peuple, vous détourneriez-vous de celui qui est la Vérité éternelle,
et choisiriez-vous à la place celui que nous avons créé d'une simple poignée de
glaise ? Agir ainsi, c'est vous infliger une grave injustice, si vous êtes de
ceux qui méditent sur les versets de votre Seigneur. Dis : Ô peuple, purifiez
votre coeur et vos yeux afin que vous puissiez reconnaître votre créateur dans
ces habits saints et lumineux. Dis : L'Adolescent céleste est monté sur le Trône
de gloire, a rendu manifeste sa souveraineté indépendante et maintenant il lance
entre terre et ciel, en accents doux et merveilleux, cet appel : "Ô peuples de
la terre, pour quelle raison avez-vous cessé de croire en votre Seigneur, le Très-Miséricordieux,
et vous êtes-vous détournés de celui qui est la Beauté du Très-Glorieux ? Par
la justice de Dieu ! Voici son secret caché, qui s'est levé à l'aurore de la création.
Et voici sa Beauté adorée, qui resplendit au-dessus de l'horizon de ce rang exalté,
investie de la souveraineté de Dieu, le Secours, le Très-Glorieux, le Conquérant,
le Tout-Puissant."
63. Ô Temple de sainteté, en vérité, nous avons purifié ta poitrine des murmures
du peuple et l'avons sanctifiée des allusions terrestres afin que la lumière de
ma beauté y apparaisse et se reflète dans les miroirs de tous les mondes. Ainsi
t'avons-nous distingué au-dessus de tout ce qui fut créé dans le ciel et sur la
terre, et au-dessus de tout ce qui fut décrété dans les royaumes de la révélation
et de la création. Nous t'avons choisi comme notre propre Moi. Ce n'est qu'une
preuve de la bonté que Dieu t'a accordée, une bonté qui durera jusqu'au Jour qui
n'a pas de fin en ce monde contingent. Il perdurera aussi longtemps que perdurera
Dieu, le Roi suprême, le Secours, le Puissant, le Sage. Car le jour de Dieu n'est
autre que son propre Soi, apparu avec le pouvoir de la vérité. Voici le Jour qui
ne sera pas suivi par la nuit, pas plus qu'il ne sera limité par quelque louange,
si vous êtes de ceux qui peuvent comprendre !
64. Ô coeur de ce Temple, en vérité, nous avons fait en sorte que toutes les choses
reflètent ta réalité, et nous avons fait de toi un miroir de notre propre Moi.
Jette sur le coeur de toutes choses créées, les splendeurs de la lumière de ton
Seigneur afin qu'il soit libéré de toutes allusions et limitations. Ainsi resplendit
le Soleil de la sagesse, au-dessus de l'horizon de la plume du Roi éternel. Bénis
ceux qui le perçoivent ! Par toi, nous avons créé d'autres coeurs sanctifiés,
et nous les ferons retourner à toi, en gage de notre grâce pour toi et pour nos
serviteurs préférés. Par toi, nous appellerons sous peu à l'existence, des hommes
au coeur sanctifié et illuminé, qui n'attesteront que de ma beauté et ne montreront
que la lumière resplendissante de mon visage. Ceux-ci seront, en vérité, les miroirs
de mes Noms parmi toutes les choses créées.
65. Ô Temple de sainteté, en vérité, nous avons fait du tréfonds de ton coeur
le trésor de toute la connaissance des âges passés et futurs, et le lieu d'où
pointe l'aurore de notre savoir que nous avons ordonné pour les habitants de la
terre et du ciel afin que toute la création prenne sa part des générosités de
ta grâce et parvienne, par les merveilles de ta science, à la reconnaissance de
Dieu, l'Exalté, le Puissant, le Grand. En vérité, ce savoir qui appartient à ma
propre essence, est tel que personne ne l'a jamais compris ou n'en saisira jamais
le poids, et aucun coeur ne sera capable de le porter. Si nous devions divulguer
ne serait-ce qu'une seule parole de ce savoir, les hommes seraient consternés,
les fondations de toutes choses s'écrouleraient et le pied des plus sages en trébucherait.
66. Au coeur du trésor de notre sagesse, réside, celé, un savoir dont une seule
parole, si nous choisissions de la divulguer à l'humanité, ferait reconnaître
par chaque être humain la Manifestation de Dieu et admettre son omniscience ;
elle permettrait à chacun de découvrir les secrets de toutes les sciences, et
d'atteindre un rang si élevé, qu'il se trouverait totalement indépendant de tout
savoir passé et futur. Nous possédons aussi d'autres savoirs, dont nous ne pouvons
divulguer une seule lettre, pas plus que nous trouvons l'humanité apte à entendre
la plus simple référence à leur signification. Ainsi t'avons-nous informé de la
science de Dieu, l'Omniscient, le Très-Sage. Si nous trouvions des vases dignes,
nous déposerions en eux les trésors des sens cachés et leur transmettrions un
savoir, dont une seule lettre embrasserait toutes les choses créées.
67. Ô saint des saints de ce Temple, nous avons fait de toi l'aurore de notre
connaissance et de notre sagesse pour tous ceux qui sont au ciel et sur la terre.
De toi, nous avons fait naître toutes les sciences, et à toi nous les ferons retourner.
Et de toi, nous les susciterons une deuxième fois. Telle est, en effet, notre
promesse, et puissant sommes-nous pour accomplir notre dessein. Par toi, nous
appellerons sous peu à l'existence, des interprètes de sciences nouvelles et merveilleuses,
d'arts puissants et créatifs, et par eux, nous rendrons manifeste ce que n'a encore
conçu le coeur d'aucun de nos serviteurs. Ainsi, nous accordons à qui nous voulons
ce que nous désirons, et nous reprenons de qui nous voulons ce que nous avons
donné autrefois. Ainsi par notre ordre, décrétons-nous ce qui nous plaît.
68. Dis : Choisir, à un moment, de jeter les rayons de notre tendre providence
sur les miroirs de toutes choses, et à un autre, de soustraire d'eux les splendeurs
de notre lumière, est véritablement en notre pouvoir, et personne n'a le droit
de demander "pourquoi ?" ou "pour quelle raison ?". Car nous sommes puissant pour
réaliser notre dessein, et n'avons pas à rendre compte de ce que nous provoquons.
Personne ne peut argumenter sur ce point sauf ceux qui donnent des partenaires
à Dieu et doutent de sa vérité. Dis : Rien ne peut résister au pouvoir de notre
puissance ou interrompre le cours de notre volonté. Nous exaltons qui nous plaît
dans le royaume de puissance et de gloire céleste, et, si nous le désirons, nous
le jetons dans les abîmes les plus profonds de la dégradation.
69. Ô habitants de la terre, prétendriez-vous que si nous élevons une âme jusqu'au
Sadratu'l-Muntaha [1], elle cesserait d'être soumise au pouvoir de notre souveraineté
et de notre empire ? Non, par mon propre Moi ! Si tel était notre voeu, nous la
rendrions à la poussière plus rapidement qu'un clin d'oeil. Voyez un arbre. Regardez
comment nous le plantons dans un jardin, et comment nous le nourrissons des eaux
de notre tendre attention. Et considérez comment, lorsqu'il est devenu grand et
mature, qu'il a donné des feuilles et de bons fruits, nous lui envoyons les vents
impétueux de notre décret, nous le déracinons et nous le laissons se prosterner
face contre terre. Ainsi avons-nous procédé avec toutes choses, et ainsi en est-il
en ce jour. Telles sont, en vérité, les merveilles incomparables de notre méthode
immuable, une méthode qui a toujours gouverné et gouverne toujours toutes choses,
si vous êtes de ceux qui perçoivent. Nul, cependant, n'en connaît la sagesse,
si ce n'est Dieu, l'Omnipotent, le Tout-Puissant, le Très-Sage.
[1] "L'arbre au-delà duquel il n'y a pas de passage", est une référence au rang
de la Manifestation de Dieu.
70. Réfuteriez-vous, ô peuple, ce que voient vos yeux ? Malheur à vous, ô assemblée
de détracteurs ! Seul est exempt du changement, son propre Soi, le Très-Miséricordieux,
le Très-Compatissant, si vous voyiez avec les yeux de l'intuition, tandis que
tout ce qui est autre que lui peut être altéré par un acte de sa volonté. En vérité,
il est l'Omnipotent, le Tout-Puissant, le Très-Sage.
71. Ô peuple, ne disputez pas de ma Cause, car vous ne saisirez jamais la sagesse
multiple de votre Seigneur, pas plus que vous ne mesurerez jamais la connaissance
de celui qui est le Très-Glorieux, le Dominateur. Quiconque affirme avoir connu
son essence figure sans aucun doute parmi le plus ignorant de tout le peuple Chaque
atome dans l'univers accuserait d'imposture un tel individu, et de ceci porte
témoignage ma langue, laquelle ne dit que la vérité. Magnifiez ma cause, promulguez
mes enseignements et mes commandements, car aucune autre voie ne vous conviendra
et aucun autre sentier ne mènera jamais à lui. Puissiez-vous seulement suivre
notre conseil !
72. Ô Temple vivant, nous avons fait de toi la source de chacun de nos titres
excellents, l'aube de chacun de nos plus augustes attributs et la fontaine de
chacune de nos multiples vertus pour les habitants de la terre et du ciel. Par
la suite, nous t'avons élevé à notre propre image entre le ciel et la terre, et
avons décrété que tu sois le signe de notre gloire pour tous ceux qui sont dans
les royaumes de la révélation et de la création afin que mes serviteurs puissent
suivre tes traces et être de ceux qui sont bien guidés. Nous t'avons désigné pour
être l'Arbre de grâce et de bonté pour les habitants à la fois des cieux et de
la terre. Bonheur à ceux qui recherchent l'abri de ton ombre et qui s'approchent
de ton Soi, le Protecteur omnipotent des mondes.
73. Dis : Nous avons fait de chacun de nos Noms une source qui fait jaillir et
s'écouler les torrents de la sagesse et de la compréhension divines dans le jardin
de notre Cause, des torrents que personne ne peut dénombrer, si ce n'est ton Seigneur,
le Très-Saint, l'Omnipotent, l'Omniscient, le Très-Sage. Dis : Nous avons engendré
toutes les Lettres à partir du Point et nous les avons fait retourner à lui. Nous
l'avons de nouveau envoyé sous la forme d'un temple humain. Toute gloire soit
à l'Auteur de cet ouvrage incomparable et merveilleux ! Sous peu, nous le dévoilerons
et l'expliquerons encore, en notre nom, le Très-Glorieux. C'est en effet un gage
de notre grâce, et je suis, en vérité, le Très-Généreux, l'Ancien des Jours.
74. Nous avons engendré toutes les Lumières à partir de l'Orbe de notre nom, le
Véritable et les y avons renvoyées, et nous les rendrons de nouveau manifestes
sous la forme d'un temple humain. Toute gloire soit au Seigneur de force, de puissance
et de pouvoir ! Personne ne peut s'opposer à l'opération de ma volonté ni à l'exercice
de ma puissance. Je suis celui qui a créé toutes les créatures par une parole
sortie de ma bouche et mon pouvoir est, en vérité, égal à mon dessein.
75. Dis : Il est en notre pouvoir, si nous le souhaitons, de faire expirer en
un instant toutes les créatures et, l'instant d'après, de leur redonner vie. La
connaissance en reste, cependant, avec Dieu seul, l'Omniscient, le Très-Informé.
Il est en notre pouvoir, si nous le souhaitons, de permettre à un grain de poussière
en suspension dans l'air, d'engendrer, plus rapidement qu'en un clin d'oeil, des
soleils d'une splendeur infinie, inimaginable, de faire d'une goutte de rosée,
des océans vastes et innombrables, d'infuser en chaque lettre une force telle
qu'elle pourrait dévoiler toute la connaissance des âges passés et futurs. C'est,
en vérité, une chose simple à réaliser. Telles sont les preuves de mon pouvoir,
du commencement qui n'a pas de commencement jusqu'à la fin qui n'a pas de fin.
Mes créatures, pourtant, se montrent négligentes envers mon pouvoir, elles répudient
ma souveraineté et rivalisent avec mon propre Moi, l'Omniscient, le Très-Sage.
76. Dis : Rien de ce qui réside entre le ciel et la terre ne peut se mouvoir sans
ma permission, et personne ne peut accéder à mon royaume sans mon ordre. Pourtant,
ma puissance et ma souveraineté restent voilées aux yeux de mes créatures qui
sont comptées parmi les insouciants. Dis : Rien n'est visible en ma révélation
que la révélation de Dieu, et en ma puissance, que sa puissance, si vous pouviez
le savoir. Dis : Mes créatures sont comme les feuilles d'un arbre. Elles proviennent
de l'arbre et dépendent de lui pour leur existence, pourtant elles demeurent inconscientes
de leur racine et de leur origine. Nous établissons ces comparaisons pour le bien
de nos serviteurs perspicaces afin qu'ils puissent dépasser le simple niveau d'existence
du végétal et parvenir à la véritable maturité en cette Cause irrésistible et
ferme. Dis : Mes créatures sont comme les poissons de l'océan. Leur vie dépend
de l'eau et pourtant, ils restent inconscients de ce qui, par la grâce d'un Seigneur
omniscient et omnipotent, pourvoit à leur existence. Leur inconscience est telle,
que si on leur posait des questions concernant l'eau et ses propriétés, ils s'avèreraient
complètement ignorants. Ainsi, établissons-nous des comparaisons et des similitudes
afin que le peuple se tourne vers celui qui est l'objet de l'adoration de l'ensemble
de la création.
77. Ô peuple, craignez Dieu et croyez en celui dont la grâce a enveloppé toutes
choses, dont la miséricorde a pénétré le monde contingent et dont la Cause souveraine
et puissante embrasse votre être à la fois intérieur et extérieur, votre commencement
et votre fin. Demeurez dans la crainte du Seigneur, et soyez de ceux qui agissent
avec rectitude. Prenez garde d'être au nombre de ceux qui permettent aux versets
de leur Seigneur de passer près d'eux sans être entendus ni reconnus ; ceux-là,
en vérité, figurent parmi les entêtés.
78. Dis : Vénéreriez-vous celui qui n'entend ni ne voit, et qui est véritablement
le plus abject, le plus abominable des serviteurs de Dieu ? Pour quelle raison
avez-vous refusé de suivre celui qui est venu vers vous de la Source du commandement
divin, porteur des nouvelles de Dieu, le plus Exalté, le plus Grand ? Ô peuple,
ne soyez pas comme ceux qui se présentent devant notre trône, et qui pourtant
n'ont pas su percevoir ni comprendre. Ceux-là sont en effet un peuple méprisable.
Nous leur avons récité des versets qui captiveraient les habitants de l'Empyrée
céleste et ceux du royaume d'en haut, et pourtant, ils s'en sont éloignés en se
voilant la face et ont préféré écouter la voix de celui qui n'est qu'un serviteur
de Dieu et une simple création de sa volonté. Ainsi vous transmettons-nous ce
qui vous guidera vers le sentier des favoris de Dieu.
79. Nombreux sont ceux qui entrèrent dans la demeure paradisiaque, siège où est
établi le trône de Dieu et se tinrent devant leur Seigneur, le plus Exalté, le
plus Grand, dans le seul but de s'enquérir des quatre Portes ou de quelque Imam
de la foi de l'islam ! [1]. C'était l'état de ces âmes, si vous êtes de ceux qui
comprennent. C'est exactement ce dont vous êtes aujourd'hui témoins : Ceux qui
n'ont pas cru en Dieu et lui ont donné des associés, s'accrochent à un seul de
nos Noms, et sont empêchés de reconnaître celui qui est le Créateur de tous les
Noms. Nous attestons que ces hommes appartiennent véritablement au peuple du Feu.
Ils demandent au soleil d'expliquer les paroles de l'ombre, et au seul Véritable
d'expliquer les paroles de ses créatures, si vous pouviez le percevoir ! Dis :
Ô peuple, le soleil n'offre que le rayonnement de sa propre lumière et de ce qui
en est visible, tandis que tout le reste recherche l'éclairage de ses rayons.
Craignez Dieu, et ne soyez pas du nombre des ignorants ! Parmi eux figurent ceux
qui interrogèrent l'obscurité au sujet de la lumière. Dis : Ouvre les yeux afin
de pouvoir regarder l'éclat qui a visiblement enveloppé la terre. C'est, en vérité,
une lumière qui s'est levée et resplendit d'un rayonnement évident au-dessus de
l'horizon de l'Aube de la connaissance divine. Demanderiez-vous aux Juifs si Jésus
était le seul vrai envoyé de Dieu, ou aux idoles si Muhammad était un apôtre de
son Seigneur ? Interrogeriez-vous le peuple du Coran au sujet de celui qui était
le Souvenir de Dieu, le Plus Exalté, le Plus Grand ?
[1] Ce sont des exemples du type de questions posées au Bab. D'après les enseignements
de l'islam chi'ite, la direction de la communauté musulmane appartenait de droit,
après le décès du Prophète Muhammad, à une lignée de douze successeurs, descendants
de sa fille Fatimih, connus sous le nom de "Imams". Cette lignée fut, en fait,
interrompue par "l'occultation" du douzième Imam. La communication avec celui-ci
fut maintenue pendant un certain temps par une succession de quatre intermédiaires
connus sous le nom de "Portes".
80. Dis : Ô peuple, devant les splendeurs de cette révélation, détachez-vous de
ce que vous possédez, et adhérez à ce que Dieu vous a prescrit d'observer. Tel
est son commandement envers vous, et il est, en vérité, le mieux à même de commander.
Par ma Beauté ! Mon dessein, en révélant ces paroles, consiste à rapprocher les
hommes de Dieu, le Très-Glorieux, le Très-Loué. Prenez garde d'agir avec moi comme
vous avez agi avec mon Héraut. N'ergotez pas, lorsque les versets de Dieu vous
sont envoyés de la cour de ma générosité, en disant : ils ne proviennent pas d'une
nature innée et spontanée, car cette nature même est créée par ma parole et gravite
autour de moi, si vous êtes de ceux qui saisissent cette vérité. Inhalez l'arôme
des paroles de votre Seigneur, le Très-Miséricordieux et la douce odeur du vêtement
des significations intérieures, qui se diffuse dans toute la création et répand
ses parfums sur toutes les choses créées. Heureux sont ceux qui le perçoivent
et se hâtent vers Dieu d'un coeur radieux.
81. Ô Temple vivant, en vérité, nous avons fait de toi un miroir pour le royaume
des noms afin que tu sois, parmi les hommes, un signe de ma souveraineté, un héraut
de ma présence, un rassembleur devant ma beauté et un guide en mon droit et clair
sentier. Don de notre présence, nous avons exalté ton Nom parmi nos serviteurs.
Je suis, en vérité, le Très-Généreux, l'Ancien des jours. Nous t'avons, de plus,
paré du vêtement de notre propre Moi, et t'avons transmis notre Parole pour ordonner
dans ce monde contingent ce que tu veux et accomplir ce qu'il te plaît. Nous t'avons
destiné tout le bien des cieux et de la terre, et décrété que personne ne pourra
y prendre part, à moins d'entrer sous ton ombre, ainsi que l'a voulu ton Seigneur,
l'Omniscient, le Très-Informé. Nous t'avons octroyé le bâton de l'autorité et
le pouvoir d'assigner en jugement pour te permettre d'éprouver la sagesse de chaque
commandement. Nous avons fait jaillir de ton coeur les océans de l'explication
et du sens intérieur, en souvenir de ton Seigneur, le Dieu de miséricorde afin
que tu lui rendes grâce et le loues, et que tu sois de ceux qui sont véritablement
reconnaissants. Nous t'avons distingué parmi toutes nos créatures, et t'avons
désigné comme la manifestation de notre propre Moi pour tous ceux qui sont sur
la terre et dans le ciel.
82. Avec notre permission, amène à l'existence des miroirs éclatants et des lettres
exaltées qui attesteront de ta souveraineté et de ton empire, témoigneront de
ta puissance et de ta gloire, et seront les manifestations de tes Noms parmi l'humanité.
Nous avons fait encore en sorte que tu sois l'origine et le créateur de tous les
miroirs, de même que, de toi, nous les avions engendrés auparavant. Et nous te
ferons revenir à notre propre Moi, comme nous t'avons appelé au commencement.
Ton Seigneur, en vérité, est l'Indépendant, le Tout-Puissant, l'Irrésistible.
Mets en garde ces miroirs, dès qu'ils sont désignés, de peur qu'ils ne s'enflent
d'orgueil devant leur Créateur, leur Façonneur lorsqu'il apparaît au milieu d'eux,
ou qu'ils ne laissent les pièges du pouvoir les tromper et les empêcher de se
courber devant Dieu, le Tout-Puissant, le Très-Généreux.
83. Dis : Ô assemblée de miroirs, vous n'êtes qu'une création de ma volonté et
vous êtes venus à l'existence par vertu de mon commandement. Prenez garde de renier
les versets de mon Seigneur, de faire partie des artisans d'iniquité et d'être
comptés au nombre des égarés. Prenez garde de vous accrocher à ce que vous possédez,
ou de vous enorgueillir de votre renommée et de votre prestige. Ce qui vous est
nécessaire, c'est de vous détacher entièrement de tout ce qui est au ciel et sur
terre. Ainsi en est-il décrété par celui qui est le Tout-Puissant, l'Omnipotent.
84. Ô Temple de ma cause ! Dis : Si je souhaitais transformer, en un seul instant,
toutes choses en miroirs de mes Noms, ce serait sans le moindre doute en mon pouvoir,
et combien plus en celui de mon Seigneur, celui qui m'a appelé à l'existence par
son commandement absolu et inscrutable. Et si je choisissais de révolutionner
en un clin d'oeil la création entière cela me serait assurément possible, et combien
plus pour ce souverain dessein enchâssé dans la volonté de Dieu, mon Seigneur
et le Seigneur de tous les mondes.
85. Dis : Ô vous les manifestations de mes Noms, si vous offriez tout ce que vous
possédez, vos vies mêmes, dans le sentier de Dieu, si vous l'invoquiez aussi souvent
qu'il y a de grains de sable, de gouttes de pluie et de vagues de la mer tout
en vous opposant à la Manifestation de sa cause au moment de son apparition, vos
oeuvres ne seraient en aucune façon mentionnées devant Dieu. Si vous négligiez
toutes les oeuvres justes et choisissiez cependant de croire en lui en ces jours,
Dieu remettra peut-être vos péchés. Il est, en vérité, le Très-Glorieux, le Très-Généreux.
Ainsi le Seigneur vous informe de son dessein afin que vous ne vous enorgueillissiez
pas devant celui qui a confirmé tout ce qui est révélé de toute éternité. Heureux
celui qui s'approche de cette très sublime Vision et malheur à ceux qui s'en détournent
!
86. Combien nombreux sont ceux qui dépensent toute leur richesse dans le sentier
de Dieu, et que nous trouvons, à l'heure de sa révélation, parmi les rebelles
et les impudents ! Combien sont ceux qui jeûnent le jour, uniquement pour protester
contre celui par ordre de qui a été établie l'ordonnance du jeûne ! Ces hommes
sont, en vérité, au nombre des ignorants. Et combien sont ceux qui mangent du
pain le plus grossier, n'ont pour siège que l'herbe des champs et endurent toutes
sortes de difficultés, simplement pour entretenir leur supériorité aux yeux des
hommes ! Ainsi révélons-nous leurs actes afin que cela serve d'avertissement aux
autres. Ceux-là se soumettent à toutes sortes de privations sous le regard des
autres, dans l'espoir de perpétuer leurs noms, tandis qu'en réalité, il ne restera
aucun souvenir d'eux, sauf dans les malédictions et les imprécations des habitants
de la terre et du ciel.
87. Dis : Cela vous serait-il le moins du monde profitable si, comme vous vous
plaisez à l'imaginer, vos noms devaient perdurer ? Non, par le Seigneur de tous
les mondes ! Est-ce que l'idole 'Uzza [1] en a été rendue plus grande, parce que
son nom a vécu parmi les adorateurs des noms ? Non, par celui qui est le Soi de
Dieu, le Très-Glorieux, l'Irrésistible ! Si vos noms devaient s'effacer de tout
esprit mortel, mais que Dieu soit satisfait de vous, vous seriez comptés au nombre
des trésors de son nom, le plus Caché. Ainsi avons-nous envoyé nos versets afin
qu'ils vous attirent vers la Source de toutes lumières, et vous familiarisent
avec le dessein de votre Seigneur, l'Omniscient, le Très-Sage. Abstenez-vous donc
de tout ce qui est interdit dans le Livre, et mangez des choses licites que Dieu
a données pour votre subsistance. Ne vous privez pas de ses dons appréciables,
car il est, en vérité, le Très-Généreux, le Seigneur de grâce abondante. Ne vous
soumettez pas à des épreuves excessives, mais suivez le chemin évident que nous
avons tracé pour vous grâce à nos versets lumineux et nos preuves explicites,
et ne soyez pas négligents.
[1] Une des trois divinités de l'Arabie, dont le culte fut aboli par le Prophète
Muhammad
88. Ô assemblée de religieux, il ne vous sied pas de vous vanter de vous abstenir
de boire du vin, et de vous interdire d'autres transgressions similaires qui vous
sont prohibées dans le Livre, car si vous commettiez de tels actes, la dignité
de votre rang serait entachée aux yeux du peuple, vos affaires connaîtraient des
difficultés et votre nom serait disgracié et déshonoré. Non, votre gloire véritable
et pérenne réside en la soumission à la parole de celui qui est la Vérité éternelle
et en votre détachement à la fois intérieur et extérieur de tout autre chose que
Dieu, l'Absolu, le Tout-Puissant. Grande est la béatitude de ce religieux qui
n'a pas permis au savoir de tirer un voile entre lui et celui qui est l'objet
de toute connaissance, et qui, lorsque l'Absolu est apparu, s'est tourné vers
lui avec un visage rayonnant. Il est, en vérité, au nombre des savants. Les habitants
du paradis recherchent la bénédiction de son souffle, et sa lampe illumine tous
ceux qui sont au ciel et sur la terre. Il est, en vérité, compté parmi les héritiers
des Prophètes. Celui qui pose son regard sur lui, en vérité, a contemplé le Véritable,
et celui qui s'est tourné vers lui, en vérité, s'est tourné vers Dieu, le Tout-Puissant,
le Très-Sage.
89. Ô vous qui êtes les aurores de la connaissance, prenez garde de ne pas tolérer
qu'on vous change, car si vous changez, la plupart des hommes changeront de même.
Ce serait, en vérité, une injustice envers vous-mêmes et les autres. De ceci atteste
tout homme de discernement et d'intuition. Vous êtes semblables à une source.
Si elle est changée, les ruisseaux qui en découlent le seront aussi. Craignez
Dieu, et soyez du nombre des pieux. De la même façon, si le coeur de l'homme est
corrompu, ses membres le seront aussi. Et si les racines d'un arbre sont pourries,
ses branches et ses boutures, ses feuilles et ses fruits le seront également.
Ainsi avons-nous établi des similitudes pour votre instruction afin que vos possessions
ne vous empêchent d'atteindre ce qui vous est destiné par celui qui est le Très-Glorieux,
le Très Généreux.
90. Il est, en effet, en notre pouvoir de prendre une poignée de poussière et
de la parer du vêtement de nos Noms. Ce ne serait, cependant, qu'un signe de notre
faveur et non une indication d'un quelconque mérite qu'elle aurait possédé par
nature, ainsi que le révèle celui qui est le souverain Révélateur, l'Omniscient.
Considère la Pierre noire [1] dont Dieu a fait un point autour duquel tous les
hommes gravitent en adoration. Cette bonté lui a-t-elle été conférée en vertu
de son excellence naturelle ? Non, par mon propre Moi ! Cette distinction trouve-t-elle
son origine dans sa valeur intrinsèque ? Non, par ma propre existence, dont l'essence
a échappé même aux plus sages et aux plus sagaces des hommes !
[1] Un petit rocher situé en bas de l'angle est de la Kaaba.
91. Regarde aussi la Mosquée d'Aqsa et les autres lieux dont nous avons fait des
sanctuaires dans chaque pays et chaque région. L'honneur et la distinction dont
ils jouissent ne sont dus en aucune manière à leur propre mérite, mais trouvent
leur origine dans leur relation avec nos Manifestations, que nous avons choisies
pour être les sources de notre révélation parmi l'humanité, si vous êtes de ceux
qui comprennent. En ceci réside une sagesse inscrutable pour tous sauf Dieu. Demandez
afin qu'il puisse gracieusement vous expliquer son dessein. Son savoir, en vérité,
embrasse toutes choses. Ô peuple, détachez-vous du monde et de ses vanités, et
ne prêtez pas attention à l'appel de ceux qui n'ont pas cru en Dieu et lui ont
donné des associés. Levez-vous au-dessus de l'horizon de la parole pour chanter
et louer votre Seigneur, le Très-Miséricordieux. Voici ce que Dieu vous a destiné.
Bonheur à ceux qui le perçoivent.
92. Dis : ô peuple, nous vous avons ordonné dans nos Tablettes de vous efforcer,
au moment de la révélation promise, de sanctifier votre âme de tous noms, et de
la purifier de tout ce qui a été créé dans le ciel ou sur la terre afin qu'y apparaissent
les splendeurs du Soleil de vérité brillant au-dessus de l'horizon de la volonté
de votre Seigneur, le Tout-Puissant, le Très-Grand. Nous vous avons, de plus,
ordonné d'épurer votre coeur de toute trace de l'amour ou de la haine des peuples
du monde, de peur qu'ils ne vous détournent d'une direction ou vous dirigent vers
une autre. C'est en vérité, l'un des conseils des plus important que je vous donne
dans le Livre explicite, car quiconque s'attache à l'un ou à l'autre, ne pourra
parvenir à une compréhension correcte de notre Cause. De ceci atteste chaque âme
juste et clairvoyante.
93. Cependant, vous avez rompu l'Alliance de Dieu, oublié son Pacte, et enfin,
vous vous êtes détournés de celui dont la venue a consolé les yeux de chaque véritable
croyant en l'unité divine. Levez les voiles et les coiffes qui obscurcissent votre
vision, et considérez les témoignages des Prophètes et des Messagers afin de pouvoir
reconnaître la cause de Dieu en ces jours où le Promis est venu, investi d'une
souveraineté puissante. Craignez Dieu, et ne vous privez pas de celui qui est
la source de ses signes. Cela, en vérité, ne profitera qu'à vous-mêmes. Car votre
Seigneur, en vérité, peut se permettre de se passer de toutes les créatures. De
toute éternité il est seul, il n'y a personne d'autre que lui. C'est en son nom
que l'étendard de l'unité divine est hissé sur le Sinaï des mondes visibles et
invisibles, proclamant qu'il n'est pas d'autre Dieu que moi, l'Inégalable, le
Glorieux, l'Incomparable.
94. Voyez, cependant, comment ceux qui ne sont qu'une création de sa volonté et
de son commandement, se détournent de lui et se donnent un seigneur et un maître
aux côtés de Dieu. En vérité, ils sont au nombre des entêtés. La mention du Très-Miséricordieux
a de tout temps été sur leurs lèvres et pourtant, lorsque celui-ci leur fut manifesté
par le pouvoir de la vérité, ils se sont dressés contre lui. Vile, en effet, est
la condition de ceux qui ont brisé l'Alliance de leur Seigneur lorsque le Luminaire
du monde resplendit au-dessus de l'horizon de la volonté de Dieu, le Très-Saint,
l'Omniscient, le Très-Sage. Contre Dieu, ils dégainèrent les épées de l'inimitié
et de la haine, et pourtant, ils ne le perçoivent pas. Ils demeurent morts et
enterrés dans la tombe de leurs désirs égoïstes, bien que les brises de Dieu aient
soufflé sur toutes les régions. Ils sont, en vérité, enveloppés dans un voile
épais et honteux. Et aussi souvent que les versets de Dieu leur sont répétés,
ils persistent dans un dédain orgueilleux. C'est comme s'ils étaient dénués de
toute compréhension, ou n'avaient jamais entendu l'appel de Dieu, le Très-Exalté,
l'Omniscient.
95. Dis : Hélas pour vous ! Comment pouvez-vous vous affirmer croyants, quand
vous reniez les versets de Dieu, le Tout-Puissant, le Très-Sage ? Dis : ô peuple,
tournez votre visage vers votre Seigneur, le Très-Miséricordieux. Craignez d'être
voilé par ce qui est révélé dans le Bayan. Celui-ci, en vérité, n'a été révélé
que pour faire mention de moi, le Tout-Puissant, le Très-Haut, et n'avait d'autre
objet que ma Beauté. Le monde entier est rempli de mon témoignage, si vous êtes
de ceux qui jugent avec équité.
96. Si le Point premier avait été quelqu'un d'autre que moi, comme vous le proclamez,
et s'il était parvenu en ma présence, jamais il ne se serait permis d'être séparé
de moi ; nous aurions plutôt éprouvé ensemble un plaisir mutuel en mes Jours.
En vérité, il a pleuré de douleur dans son éloignement de moi. Il m'a précédé
afin de pouvoir appeler le peuple à mon royaume, comme établi dans les Tablettes,
si vous pouviez le percevoir ! Oh, si l'on pouvait trouver des hommes capables
d'entendre la voix de ses lamentations s'apitoyer dans le Bayan sur ce qui m'est
advenu aux mains de ces âmes inconscientes, gémir sur sa séparation d'avec moi
et dire son désir d'être uni avec moi, le Puissant, l'Incomparable. Il regarde,
en vérité, en ce moment même, son Bien-aimé au milieu de ceux qui furent créés
pour atteindre son Jour et se prosterner devant lui, et qui pourtant, dans leur
malfaisance, lui infligèrent une humiliation telle que la plume confesse son incapacité
à la décrire.
97. Dis : Ô peuple, en vérité, nous vous avons appelés, dans notre précédente
révélation, à cette Scène de gloire transcendante, ce Siège de sainteté immaculée,
et nous vous avons annoncé l'avènement des Jours de Dieu. Pourtant, lorsque ce
très grand voile s'est déchiré, et que la Beauté ancienne vint à vous dans les
nuées du décret de Dieu, vous avez renié celui en qui vous aviez cru auparavant.
Le malheur soit sur vous, ô compagnie d'infidèles ! Craignez Dieu, et n'invalidez
pas la vérité à cause de ce que vous possédez. Lorsque le luminaire des divins
versets se lève sur vous à l'horizon de la plume du Roi de tous les noms et attributs,
prosternez-vous devant Dieu, le Seigneur de tous les mondes. Car s'incliner en
adoration au seuil de sa porte est meilleur pour vous que le culte de deux mondes,
et vous soumettre à sa révélation vous est plus profitable que tout ce qui a été
créé dans les cieux et sur la terre.
98. Dis : Ô peuple, je ne vous exhorte que pour l'amour de Dieu, et n'attends
de vous aucune rétribution. Car la compagnie de Dieu sera ma récompense, lui qui
m'a amené à l'existence, m'a élevé par le pouvoir de la vérité et a fait de moi
la Source de son souvenir parmi ses créatures. Hâtez-vous de contempler cette
Image divine et glorieuse, le lieu où Dieu a établi son siège. Ne suivez pas ce
que le Malin vous murmure dans le coeur, car en vérité, il vous incite à courir
après vos appétits et vos désirs avides, et il vous empêche d'emprunter le sentier
droit qu'a ouvert cette Cause universelle et irrésistible.
99. Dis : Le Malin est apparu d'une manière que l'oeil de la création n'a jamais
vue. Celui qui est la Beauté du Très-Miséricordieux a de même été manifesté, paré
d'une façon jamais attestée par le passé. L'appel du Très-Miséricordieux a été
lancé et ensuite l'appel de Satan. Bonheur à ceux qui écoutent la Voix de Dieu
et tournent leur visage vers son trône pour contempler une image éminemment sainte
et bénie. Car quiconque chérit en son coeur l'amour de tout autre que moi, ne
serait-ce que dans la mesure d'un grain de moutarde, sera incapable d'entrer dans
mon royaume. De ceci porte témoignage ce qui orne le préambule du Livre de l'existence,
si vous pouviez le percevoir. Dis : Voici le Jour où la très grande faveur de
Dieu a été rendue manifeste. La voix de tous au plus haut des cieux et ici-bas
sur la terre proclame mon Nom et chante mes louanges, si vous pouviez l'entendre
!
100. Ô Temple de la révélation divine, sonne la trompette en mon Nom ! Ô Temple
des divins mystères, lance le clair appel de ton Seigneur, l'Inconditionné, l'Indépendant
! Ô Vierge du paradis, sors des chambres du paradis et annonce au peuple du monde
: Par la rectitude de Dieu, il est désormais venu celui qui est le Bien-aimé des
mondes, lui qui a toujours été le désir de chaque coeur perspicace, l'objet de
l'adoration de tous ceux qui sont au ciel et sur la terre et le phare des générations
anciennes et nouvelles
101. Prenez garde, de peur d'hésiter à reconnaître cette resplendissante Beauté
une fois qu'elle est apparue dans la plénitude de sa puissance et de sa majesté
souveraine. En vérité, il est le Véritable ; tout autre que lui n'est rien face
à un seul de ses serviteurs et n'est que néant face à la révélation de ses splendeurs.
Hâtez-vous donc de parvenir aux eaux vivifiantes de sa grâce et ne soyez pas du
nombre des négligents. Quant à celui qui hésite, même pour moins qu'un instant,
Dieu, en vérité, réduira ses oeuvres à néant et le renverra vers le siège de colère.
Misérable est, en effet, le séjour de ceux qui s'attardent !
Pape Pie IX
102. Ô Pape, déchire les voiles : le Seigneur des Seigneurs est venu à l'ombre
des nuées, et Dieu, le Tout-Puissant, l'Indépendant, a tenu sa promesse. Disperse
les brumes par le pouvoir de ton Seigneur et élève-toi jusqu'au royaume de ses
noms et de ses attributs. Ainsi te commande la Plume du Très-Haut sur l'ordre
de ton Seigneur, le Tout-Puissant, l'Irrésistible. Oui, il est venu du ciel comme
il en vint la première fois. Garde-toi d'argumenter avec lui comme le firent les
pharisiens, sans aucun signe ni preuve évidente. À sa droite coulent les eaux
vives de sa grâce, et à sa gauche le vin choisi de la justice, tandis que devant
lui, porteurs des bannières de ses signes, marchent les anges du paradis. Prends
garde qu'un nom ne te cache Dieu, le créateur de la terre et du ciel. Oublie le
monde pour te tourner vers ton Seigneur, par qui la terre tout entière fut illuminée.
103. De notre nom, le Très-Glorieux, nous avons décoré le Royaume. Ainsi en a
décrété Dieu, qui façonne tout. Prends garde que tes vaines imaginations ne te
retiennent, maintenant que le Soleil de certitude s'est levé à l'horizon de la
parole de ton Seigneur, le Puissant, le Bienveillant. Peux-tu vivre dans des palais,
alors que celui qui est le Roi de la révélation habite la plus délabrée des demeures
? Laisse ces imaginations à ceux qui les désirent, et avec joie et ravissement,
tourne ton visage vers le Royaume.
104. Dis : Ô peuples de la terre, détruisez les demeures de négligence par les
mains du pouvoir et de l'assurance puis, au creux de votre coeur, construisez
les palais du vrai savoir afin que le Très-Miséricordieux les inonde de la radiance
de sa lumière. Cela vaut mieux pour vous que tout ce qui est sous le soleil comme
en témoigne celui qui tient en sa main l'ultime décret. Lors de l'avènement du
Désiré dans toute sa gloire, la brise de Dieu a soufflé sur le monde et chaque
pierre, chaque motte de terre s'est exclamée : Voici le Promis ! le royaume est
à Dieu, le Puissant, le Généreux, l'Indulgent.
105. Prends soin que la sagesse humaine ne t'éloigne de celui qui est l'objet
suprême de toute connaissance ou que le monde ne te détourne de celui qui l'a
créé et l'a mis en mouvement. Lève-toi au milieu des peuples du monde, au nom
de ton Seigneur, le Dieu de miséricorde, et prends avec confiance la coupe de
vie. Bois-en d'abord puis offres-en à ceux qui, parmi toutes les croyances, se
tournent vers elle. Ainsi la lune de la parole se lève à l'horizon de la sagesse
et de la compréhension.
106. Déchire le voile de la connaissance humaine de crainte qu'il ne te retienne
loin de celui qui est mon nom, l'Absolu. Souviens-toi de celui qui était l'Esprit.
Lorsqu'il vint, les plus érudits le condamnèrent en son propre pays alors qu'un
simple pêcheur crut en lui. Prenez exemple, hommes au coeur éclairé. Tu es, en
vérité, un des soleils du firmament de ses noms. Redoute que le voile des ténèbres
ne s'étende sur toi et ne te prive de sa lumière. Médite sur ce qui fut révélé
dans le Livre par ton Seigneur, le Puissant, le Très-Généreux.
107. Dis : immobilisez vos plumes, ô assemblée de prêtres, car voici que le crissement
de la Plume de gloire s'élève entre le ciel et la terre. Rejetez tout ce que vous
possédez et saisissez fermement ce que nous vous avons révélé avec puissance et
autorité. L'heure occultée dans la connaissance de Dieu a sonné et tous les atomes
de la terre proclament : L'Ancien des jours est venu dans sa grande gloire ! D'un
coeur humble et contrit, hâtez-vous vers lui, ô peuples de la terre. Dis : En
vérité, nous nous sommes offert en rançon pour vos vies. Hélas, lorsque nous revînmes,
nous vous vîmes fuyant loin de nous et les yeux de ma tendre générosité pleurèrent
amèrement sur mon peuple. Craignez Dieu, ô vous qui savez voir.
108. Considère ceux qui s'opposèrent au Fils quand il vint vers eux avec son souverain
pouvoir. Combien de pharisiens attendaient sa venue et se lamentaient d'être séparés
de lui ! Et pourtant lorsque leur parvint le parfum de sa présence et que sa beauté
se dévoila, ils se détournèrent et entrèrent en contestation avec lui. Ainsi te
rappelons-nous ce qui est écrit dans les Livres et les Écritures. Personne ne
se tourna vers lui, sauf quelques-uns, dénués de tout pouvoir. Et cependant, aujourd'hui,
tout homme doté de puissance et d'autorité s'enorgueillit de son Nom ! De même,
considère combien sont nombreux aujourd'hui ces moines qui se cloîtrent dans leurs
églises en se revendiquant de mon Nom ; ils ne nous reconnurent pas lorsqu'arriva
le temps prévu pour dévoiler notre beauté alors qu'ils nous invoquaient soir et
matin. Nous les voyons accrochés à mon Nom mais se détournant de moi. Quelle chose
vraiment étrange !
109. Dis : Ne laissez pas vos dévotions vous retenir loin de celui qui est l'objet
de toute dévotion, ni votre adoration vous éloigner de celui qui est l'objet de
toute adoration. Lacérez les voiles de vos folles imaginations ! Voici votre Seigneur,
le Puissant, l'Omniscient, qui vient revivifier le monde et unir tous ceux qui
vivent sur terre. Tournez-vous vers la source de la révélation, ô peuple, et ne
tardez pas, fut-ce d'un battement de paupière. Lisez-vous l'Évangile tout en refusant
de reconnaître le Seigneur très glorieux ? Ceci ne vous convient pas, ô assemblée
de savants !
110. Dis : Si vous reniez cette révélation, sur quelle preuve croyez-vous en Dieu
? Produisez-la. Ainsi l'appel pressant de votre Seigneur est révélé par la Plume
du Très-Haut, sur l'ordre de ton Seigneur, le Très-Glorieux, dans cette épître
à l'horizon de laquelle brille la splendeur de sa lumière. Nombreux sont nos serviteurs
dont les actes, voiles entre eux et leur être propre, les ont retenus loin de
Dieu, celui qui fait souffler les vents.
111. Ô assemblée de moines, la création embaume la fragrance du Très-Miséricordieux.
Béni celui qui oublie ses désirs et se cramponne à cet avis. Il est de ceux qui
atteignent la présence de Dieu en ce jour où les habitants de la terre sont traumatisés
et où tous sont désespérés à l'exception de ceux que Dieu protège, lui qui fait
ployer le cou des hommes.
112. Alors qu'aux mains des êtres de négation, le manteau de Dieu est taché du
sang de la haine, vous ornez vos corps ! Sortez de vos habitations et appelez
le peuple à pénétrer dans le royaume de Dieu, le Seigneur du jour du jugement.
La parole cachée par le Fils est rendue manifeste. Elle est révélée en ce jour
sous la forme du temple humain. Béni soit le Seigneur qui est le Père ! Il vient
vers les nations dans sa grande majesté. Tournez-vous vers lui, ô assemblée de
justes !
113. Ô disciples de toutes les religions, nous vous voyons errer, perdus dans
la solitude de l'erreur. Vous êtes les poissons de cet océan ; pourquoi vous éloigner
de ce qui vous fait vivre ? Voyez : il s'enfle devant vous. Depuis toutes les
collines, hâtez-vous vers lui. Voici le jour où le Rocher crie, s'exclame et célèbre
la louange de son Seigneur, le Très-Haut, le Possesseur de toutes choses ; il
dit : "Voyez ! le Père est venu et ce qui vous fut promis dans le Royaume est
accompli !" Cette parole, préservée derrière le voile de grandeur, répand, avec
évidence, sa lumière à l'horizon de la volonté divine, lorsque la promesse s'accomplit.
114. Mon corps supporte l'emprisonnement afin que vos âmes soient libérées de
leurs chaînes et nous consentons à être abaissé afin que vous soyez exaltés. Écoutez
le Seigneur de gloire et de puissance plutôt que n'importe quel oppresseur impie.
Mon corps désire ardemment la croix et ma tête espère le coup de lance dans le
sentier du Très-Miséricordieux, pour que le monde soit purifié de ses transgressions.
Ainsi le soleil de l'autorité divine brille à l'horizon de la révélation de celui
qui est le possesseur de tous les noms et attributs.
115. Le peuple du Coran s'est rebellé contre nous et nous inflige de tels tourments
que l'Esprit saint se lamente, que l'orage tonne et que les nuages pleurent sur
nous. L'un de ces impies s'imagine que les calamités peuvent détourner Baha d'accomplir
le dessein de Dieu, le Créateur de tout. Dis : Par celui qui fait pleuvoir la
pluie, rien, absolument rien, ne peut l'empêcher de se souvenir de son Seigneur.
116. Par la droiture de Dieu ! Qu'ils le jettent dans une fournaise allumée sur
la terre et sa tête émergera au coeur de l'océan pour proclamer : Il est le Seigneur
de tous ceux qui sont au ciel et sur la terre ! Qu'ils le précipitent au fond
d'un puits ténébreux et ils le trouveront siégeant sur les plus hauts sommets,
proclamant d'une voix forte à toute l'humanité : Voici le Désir du monde, venu
dans sa majesté, sa souveraineté et son empire transcendant ! Qu'ils l'enterrent
au tréfonds de la terre et son Esprit, s'élevant au sommet du ciel, lancera cet
appel : Voyez la venue de la Gloire. Contemplez le royaume de Dieu, le Très-Saint,
le Très-Puissant ! Et qu'ils répandent son sang, chaque goutte s'époumonera en
invoquant Dieu en ce Nom par lequel les fragrances de son vêtement se diffusent
dans toutes les directions.
117. Menacé par l'épée de nos ennemis, nous appelons néanmoins toute l'humanité
à Dieu, qui créa la terre et le ciel ; l'aide que nous lui offrons ne peut être
perturbée ni par les armées de la tyrannie ni par le pouvoir des iniques. Dis
: Ô peuples de la terre, détruisez les idoles de vos vaines imaginations au nom
de votre Seigneur, le Très-Glorieux, l'Omniscient, et tournez-vous vers lui, en
ce jour que Dieu a fait le Roi des jours.
118. Ô souverain Pontife, tends l'oreille vers ce que te conseille celui qui ranime
les os tombés en poussière, par la voix de celui qui est son plus grand Nom. Vends
les somptueux vêtements que tu possèdes et dépenses-en le prix dans le chemin
de Dieu, celui qui assure le retour des jours et des nuits. Abandonne ton royaume
aux rois et, détaché du monde, le visage fixé sur le Royaume, sors de ta demeure
pour chanter entre le ciel et la terre les louanges de ton Seigneur. Ainsi te
l'ordonne, de la part de ton Seigneur, le Tout-Puissant, l'Omniscient, celui qui
est le possesseur des Noms. Exhorte les rois en ces termes : Conduisez-vous de
manière équitable avec les hommes. Veillez à ne pas transgresser les limites fixées
dans le Livre. Voilà ce qui te convient. Garde-toi de t'approprier les choses
de ce monde et ses richesses. Laisse-les à ceux qui les désirent et attache-toi
à ce que te prescrit celui qui est le Seigneur de la création. Quelqu'un t'offrirait-il
tous les trésors de la terre, refuse d'y jeter même un simple coup d'oeil. Agis
comme ton Seigneur a agi. Ainsi la Langue de révélation te transmet-elle les paroles
dont Dieu fait l'ornement du Livre de la création
119. Regarde une perle dont la nature est de briller. Un voile de soie suffit
à cacher son lustre et sa beauté. De même, la distinction de l'homme réside en
l'excellence de sa conduite, dans l'acquisition de ce qui convient à son état
et non dans la poursuite de jeux enfantins. Sache que l'ornement qui te convient
est l'amour de Dieu et le détachement de tout sauf de lui, et non le luxe que
tu possèdes. Abandonne celui-ci à ceux qui le recherchent et tourne-toi vers Dieu,
qui fait couler les fleuves.
120. Tout ce qui est sorti de la bouche du Fils fut révélé en paraboles, alors
que celui qui proclame en ce jour la Vérité ne s'en sert pas. Attention de ne
pas t'accrocher à la corde des vaines imaginations et que cela ne t'écarte de
ce qui est ordonné dans le royaume de Dieu, le Puissant, le Bienfaisant. Si tu
es grisé par le vin de mes versets, et décides de te présenter devant le trône
de ton Seigneur, le créateur du ciel et de la terre, revêts-toi de mon amour,
protège-toi avec mon souvenir et nourris-toi de la confiance en Dieu, qui dispense
tout pouvoir.
121. Ô disciples du Fils, nous vous avons de nouveau envoyé Jean qui, en vérité,
a crié dans le désert du Bayan : Ô peuples du monde, lavez vos yeux ! Voici qu'arrive
le jour où vous pourrez contempler le Promis et vous en approcher. Ô disciples
de l'Évangile, préparez la voie ! Le jour de l'avènement du Seigneur glorieux
est proche. Préparez-vous à entrer dans le royaume. Ainsi l'ordonne Dieu qui fait
se lever l'aurore.
122. Tendez l'oreille aux roucoulements de la Colombe d'éternité perchée sur les
branches de l'Arbre divin : Ô peuples de la terre, nous vous avons envoyé Jean
pour vous baptiser avec de l'eau afin que vos corps soient purifiés dans l'attente
de l'apparition du Messie. Celui-ci, à son tour, vous purifia du feu de l'amour
et de l'eau de l'esprit dans l'attente de ces jours prévus par le Très-Miséricordieux
pour vous purifier avec l'eau de la vie, des mains de sa généreuse bonté. Voici
le Père annoncé par Isaïe, le Consolateur que l'Esprit vous a promis. Ouvrez les
yeux, ô assemblée d'évêques, afin de contempler votre Seigneur trônant sur le
siège de puissance et de gloire.
123. Ô membres de toutes les religions, ne marchez pas dans les pas de ceux qui
suivirent les pharisiens et s'écartèrent ainsi de l'Esprit. Ils se sont vraiment
égarés dans l'erreur. La Beauté ancienne est venue dans son plus grand Nom et
elle désire accueillir toute l'humanité dans son très saint royaume. Les coeurs
purs contemplent le royaume de Dieu dévoilé devant sa Face. Hâtez-vous vers lui
et ne suivez pas l'infidèle et l'impie. Si ton oeil s'y oppose, arrache-le [1].
Ainsi l'a décrété la Plume de l'Ancien des jours sur l'ordre du Seigneur de toute
la création. Certes, il est venu de nouveau pour vous sauver, ô peuples de la
terre ! Allez-vous assassiner celui qui désire vous offrir la vie éternelle ?
Craignez Dieu, ô vous qui comprenez !
[1] cf. Matthieu 5 : 29, Marc 9 : 47
124. Ô peuple, écoutez ce qui vous est révélé par votre Seigneur très glorieux
et tournez vos visages vers Dieu, le Seigneur de ce monde et du monde à venir.
Ainsi vous commande celui qui est l'Orient du soleil de l'inspiration divine selon
l'ordre du Façonneur de toute l'humanité. Certes, nous vous avons créés pour la
lumière et nous ne désirons pas vous abandonner au feu. Émergez de l'ombre, ô
peuple, par la grâce de ce Soleil qui brille à l'horizon de la providence divine
et tournez-vous vers lui, le coeur sanctifié, l'âme assurée, l'oeil attentif et
la face éclairée. L'Ordonnateur suprême vous le conseille depuis le lieu de sa
gloire transcendante, afin qu'ainsi vous soyez attirés vers le royaume de ses
noms.
125. Béni celui qui reste fidèle à l'Alliance de Dieu et malheur à celui qui la
brise et qui ne croit pas en lui, le Détenteur des secrets. Dis : Voici le jour
des bénédictions ! Empressez-vous afin que je fasse de vous des rois dans les
royaumes de mon empire. Suivez-moi, et vous contemplerez ce qui vous fut promis
; je ferais de vous mes compagnons dans le domaine de ma majesté et les intimes
de ma beauté au ciel de mon pouvoir, à jamais. Si vous vous rebellez contre moi,
dans ma clémence, je le supporterai patiemment espérant que vous vous éveillerez
et vous lèverez de la couche de la négligence. Ainsi ma miséricorde vous entoure-t-elle.
Craignez Dieu et ne suivez pas ceux qui se sont détournés de sa Face alors qu'ils
invoquent son nom jour et nuit.
126. Le jour de la moisson est certes venu et toutes choses sont séparées. Le
Moissonneur a engrangé dans les greniers de la justice ce qu'il a choisi, et jeté
au feu ce qui en est digne. Tel est, en ce jour promis, le décret de votre Seigneur,
le Puissant, le Dieu d'amour. En vérité, Il ordonne ce qui lui plaît. Il n'est
pas d'autre Dieu que lui, le Tout-Puissant, l'Irrésistible. Le désir du divin
moissonneur est d'engranger toute bonne chose pour Moi. Il n'a parlé que pour
vous faire connaître ma Cause et vous guider vers le chemin de celui dont la mention
orne tous les Livres sacrés.
127. Dis : Ô assemblée de chrétiens, nous nous sommes déjà révélé à vous en une
occasion précédente et vous ne nous avez pas reconnu. Voici qu'une autre occasion
vous est offerte. Voici le jour de Dieu. Tournez-vous vers lui. Il est descendu
du ciel comme il le fit la première fois et il désire vous abriter à l'ombre de
sa miséricorde. Il est, en vérité, l'Éminent, le Puissant, l'Aide suprême. Le
Bien-aimé n'aime pas vous voir consumés par le feu de vos désirs. Si un voile
vous sépare de lui, ce n'est qu'en raison de votre égarement et de votre ignorance.
Vous me mentionnez sans me connaître. Vous faites appel à moi, mais rejetez ma
révélation bien que je sois venu vers vous dans ma gloire depuis le ciel de la
préexistence. En mon Nom et par le pouvoir de ma souveraineté, déchirez les voiles
pour découvrir un chemin vers votre Seigneur.
128. Depuis la tente de majesté et de grandeur, le roi de gloire proclame et dit
: Ô peuple de l'Évangile, ceux qui n'étaient pas dans le royaume y sont maintenant
entrés alors que nous vous voyons, en ce jour, vous attarder à la porte. Déchirez
les voiles par le pouvoir de votre Seigneur, le Puissant, le Très-Généreux et,
en mon Nom, entrez dans mon royaume. Ainsi vous le demande celui qui désire pour
vous la vie éternelle. Il a, en vérité, pouvoir sur toutes choses. Bénis ceux
qui ont reconnu la lumière et se hâtent vers elle. En vérité, ils résident dans
le royaume et partagent la nourriture et la boisson des élus de Dieu.
129. Ô enfants du royaume, nous voyons que vous êtes dans l'ombre. Cela ne vous
convient pas. Vos actes vous rendent-ils craintifs face à la Lumière ? Dirigez-vous
vers lui. Les pas de votre Seigneur très glorieux ont béni les pays qu'ils ont
foulés. Ainsi nous aplanissons pour vous le chemin de celui que l'Esprit a prophétisé.
Je témoigne de lui comme il a témoigné de moi. Il a dit, en vérité : "Suivez-moi
et je ferai de vous des pêcheurs d'hommes". Mais en ce jour nous disons : Suivez-moi
et je ferai de vous des vivificateurs de l'humanité. Ainsi la Plume de la révélation
a inscrit ce décret dans cette épître.
130. Ô Plume du Très-Haut, remue-toi en pensant à d'autres rois cités dans ce
Livre lumineux et béni afin qu'ils se lèvent de la couche de négligence, écoutent
les chants du Rossignol niché sur les branches de l'Arbre divin et se hâtent vers
Dieu dans cette merveilleuse et sublime révélation.
Napoléon III
131. Ô roi de Paris [1], dis aux prêtres de ne plus faire sonner les cloches.
Par Dieu, le Vrai, celui qui est le plus grand Nom lance l'appel le plus puissant
et les doigts de la volonté de ton Seigneur, le Très-Élevé, le Sublime, le font
résonner en son Nom au ciel d'immortalité. Ainsi, une fois encore descendent sur
toi les versets puissants de ton Seigneur, afin que tu te lèves pour mentionner
Dieu, le créateur de la terre et du ciel, en ces jours où gémissent tous les peuples
de la terre, où sont ébranlées les colonnes des cités, et où la poussière de l'irréligion
enveloppe tous les hommes sauf ceux qu'il a plu à Dieu, le Savant, le Sage, d'épargner.
Dis : Celui qui est l'Inconditionné est venu, entouré de nuées de lumière, pour
vivifier toutes choses créées par la brise de son Nom, le Très-Miséricordieux,
pour unifier le monde et pour rassembler tous les hommes autour de cette table
descendue du ciel. Garde-toi de refuser la grâce de Dieu alors qu'il te l'a envoyée.
Meilleure est-elle pour toi que tout ce que tu possèdes car disparaît ce qui est
tien, alors que perdure ce qui est à Dieu. En vérité, il ordonne ce qui lui plaît.
Oui, elles se lèvent les brises du pardon dispensées par ton Seigneur, le Dieu
de miséricorde. Qui se tourne vers elles est purifié de ses péchés, de toute souffrance
et de toute maladie. Heureux celui qui s'expose à ces brises et malheur à qui
s'en protège.
[1] Il s'agit de la seconde épître adressée par Baha'u'llah à l'empereur des Français.
Une première épître avait été révélée à Andrinople
132. Si tu tendais ton ouïe intérieure vers toutes choses créées, tu entendrais
: L'Ancien des Jours est apparu dans sa grande gloire ! Tout célèbre la gloire
du Seigneur. Certains ont connu Dieu et le mentionnent, d'autres le mentionnent
sans le connaître. Aussi avons-nous consigné notre décret sur une tablette évidente.
133. Ô Souverain, écoute la voix du feu allumé dans cet arbre verdoyant, sur ce
Sinaï élevé en ce lieu sacré et nivéen, par-delà la Cité éternelle : Certes, il
n'est pas d'autre Dieu que moi, le Clément, le Très-Miséricordieux. En vérité,
nous envoyons celui que nous soutenons par le Saint-Esprit afin qu'il vous annonce
cette lumière qui brille de l'horizon de la volonté de votre Seigneur, le Sublime,
le Très-Glorieux et dont les signes se manifestent en Occident. Tournez vos visages
vers lui en ce jour que Dieu exalte au-dessus de tous les autres jours, et où
le Très-Miséricordieux répand la splendeur de sa gloire rayonnante sur tous ceux
qui sont au ciel et sur la terre. Lève-toi pour servir Dieu et soutenir sa cause.
Il t'aidera vraiment par les armées du visible et de l'invisible et fera de toi
le roi de tout ce qu'éclaire le soleil. Ton Seigneur est vraiment le Tout-Puissant,
l'Omnipotent.
134. Les brises du Très-Miséricordieux soufflent sur toutes choses créées ; heureux
l'homme qui découvre leur parfum et qui d'un coeur pur se dirige vers elles. Orne
ton temple de la parure de mon nom, ta parole de mon souvenir et ton coeur de
ton amour pour moi, le Tout-Puissant, le Très-Haut. Nous ne désirons pour toi
que le meilleur, meilleur que ce que tu possèdes et que tous les trésors de la
terre. Ton Seigneur est réellement celui qui sait, il est informé de tout. Lève-toi
en mon Nom parmi mes serviteurs et dis : Ô peuples de la terre, tournez-vous vers
celui qui se tourne vers vous. Il est en vérité le visage de Dieu parmi vous,
son témoin et son guide pour vous. Il vient vers vous avec des signes qu'il est
seul à présenter. La voix du Buisson ardent retentit au centre du monde et le
Saint-Esprit annonce aux nations : Voyez ! Le Promis est venu avec un pouvoir
évident.
135. Ô Roi, elles sont tombées, les étoiles du ciel du savoir : celles qui cherchent
à établir la vérité de ma cause par leurs propres moyens et font mention de Dieu
en mon Nom. Et cependant quand je suis venu vers elles dans toute ma gloire, elles
se sont détournées de moi. Elles sont, certes, parmi les déchues. Voilà ce que
l'esprit de Dieu annonça quand il vint avec la vérité parmi vous, lui que les
docteurs juifs contestèrent jusqu'à commettre ce qui provoqua les lamentations
du Saint-Esprit et les larmes de ceux qui sont proches de Dieu. Pense à ce pharisien
qui adora Dieu pendant soixante-dix ans et rejeta le Fils lorsqu'il apparut alors
que fut admis dans le Royaume quelqu'un qui avait commis l'adultère. Ainsi te
conseille la Plume, selon l'ordre du Roi éternel, pour que tu saches ce qu'il
advint dans le passé et que tu sois compté, en ce jour, parmi ceux qui croient
sincèrement.
136. Dis : ô assemblée de moines, ne vous enfermez pas dans vos églises et vos
cloîtres. Avec ma permission, sortez et travaillez à ce qui vous profitera et
profitera aux autres. Ainsi vous ordonne celui qui est le Seigneur du jour de
la résurrection. Enfermez-vous dans la forteresse de mon amour. Voici vraiment
la réclusion qui vous convient si vous pouviez le savoir. Celui qui s'enferme
chez lui est comme mort. Il convient à l'homme de produire ce qui bénéficie à
l'humanité. Celui qui ne produit pas de fruit est destiné au feu. Ainsi vous conseille
votre Seigneur. En vérité, il est le Fort, le Généreux. Mariez-vous afin que de
vous naisse quelqu'un pour prendre votre place. Certes, nous interdisons la lubricité,
mais pas ce qui favorise la fidélité. Etes-vous esclaves des inclinaisons de votre
nature et rejetez-vous les lois de Dieu ? Craignez Dieu et ne soyez pas insensés.
Si ce n'est l'homme, qui sur ma terre se souviendrait de moi, comment mes Noms
et attributs pourraient-ils être connus ? Réfléchissez et ne soyez pas de ceux
qui se cachent de lui derrière un voile et s'enfoncent rapidement dans le sommeil.
Celui qui ne se maria pas [1] ne trouva aucune place pour demeurer ou pour poser
sa tête à cause de ce qu'accomplirent les traîtres. Sa Sainteté ne consistait
pas en ce que vous pensez ou imaginez, mais plutôt en ce que nous possédons. Demandez
à appréhender son rang qui est exalté au-dessus des imaginations vaines de tous
les peuples. Bénis ceux qui comprennent.
[1] Jésus
137. Ô Roi ! Nous avons entendu la réponse que tu adressas au tsar de Russie concernant
ta décision au sujet de la guerre [1]. Certes, ton Seigneur sait, il est informé.
Tu dis : J'étais endormi sur ma couche et fus réveillé par les cris des malheureux
qu'on noyait dans la Mer Noire. Voilà ce que nous t'avons entendu dire, et ton
Seigneur est vraiment le témoin de mes paroles. Nous affirmons que ce ne sont
pas leurs cris qui t'ont réveillé mais l'aiguillon de tes propres passions, car
nous t'avons mis à l'épreuve et nous t'avons pris en défaut. Comprends le sens
de mes propos et sois perspicace. Nous ne souhaitons pas t'adresser de blâme en
raison du haut rang que nous t'avons conféré en ce monde mortel. Nous préférons
la courtoisie dont nous avons fait le signe distinctif de ceux qui sont proches
de lui. La courtoisie est réellement le vêtement qui sied à tous les hommes, jeunes
ou vieux. Heureux celui qui s'en pare et malheur à celui qui se prive de cette
magnificence. Si ton discours avait été sincère, tu n'aurais pas rejeté le Livre
de Dieu, lorsque le Tout-Puissant, le Très-Sage te l'a envoyé. Ainsi t'avons-nous
éprouvé et nous ne t'avons pas trouvé tel que tu te prétendais. Lève-toi et fais
amende honorable pour ce qui t'a échappé. Avant peu, le monde, et avec lui tout
ce que tu possèdes, périra mais le Royaume appartiendra toujours à Dieu, ton Seigneur,
le Seigneur de tes pères. Il ne te convient pas de gérer tes affaires selon les
exigences de tes désirs. Redoute les soupirs de cet opprimé et protège le contre
les traits des fauteurs d'injustice.
[1] Guerre de Crimée 1853-1856.
138. Pour ce que tu as fait et en punition de ce que tu as tramé, ton empire s'échappera
de tes mains et ton royaume sera jeté dans le chaos [1]. Tu comprendras alors
à quel point tu t'es trompé. Dans ton pays, l'agitation s'emparera du peuple,
à moins que tu ne te décides à soutenir cette cause et à suivre dans ce droit
chemin celui qui est l'Esprit de Dieu. Ton faste t'a-t-il enorgueilli ? Par ma
vie, il ne durera guère et sera bientôt anéanti, à moins que tu ne t'accroches
fermement à cette corde solide. Nous voyons l'humiliation à tes trousses aussi
longtemps que tu seras compté parmi les insouciants. Alors que tu entends sa voix
venant du siège de gloire, il t'appartient d'abandonner tout ce que tu possèdes
et de t'écrier : Me voici, ô Seigneur de tout ce qui est au ciel et sur la terre.
[1] Napoléon III fut vaincu à la bataille de Sedan (1870) et envoyé en exil.
139. Ô, Roi, nous étions en Irak quand vint l'heure de la séparation [1]. Sur
l'ordre du roi de l'islam [2], nous nous dirigeâmes vers son pays. Là, il nous
advint de la part des méchants ce que les livres ne pourront jamais raconter,
dont se lamentent les habitants du paradis et ceux qui demeurent dans les retraites
sacrées ; et malgré cela, les gens sont toujours enveloppés d'un voile épais.
Dis : Contestez-vous celui qui vient vers vous, porteur du seing de Dieu et de
ses preuves, du témoignage de Dieu et de ses signes ? Ces choses ne sont pas de
lui, mais de celui qui lui a ordonné de se lever, l'a envoyé avec le pouvoir de
la vérité et en a fait une lampe pour l'humanité tout entière.
[1] Lorsque Baha’u’llah reçut l’ordre de se rendre à Constantinople.
[2] Le sultan de Turquie.
140. De jour en jour, que dis-je !, d'heure en heure, notre déplorable situation
s'aggrava jusqu'à ce qu'on nous fit sortir de notre prison pour nous enfermer,
avec une injustice flagrante, dans la plus grande Prison. Et si on leur demande
: "Pour quels crimes les avez-vous emprisonnés ?", ils répondent : "Ils ont voulu
remplacer la Foi par une nouvelle religion." Si vous préférez ce qui est ancien,
pourquoi avez-vous rejeté ce qui a été révélé dans la Thora ou dans l'Évangile.
Soyez clairs, ô peuple ! Par ma vie ! il n'y a pas de refuge pour vous en ce jour.
Si mon crime est cela, Muhammad, l'apôtre de Dieu, l'a commis avant moi ; avant
lui, celui qui est l'esprit de Dieu ; et précédemment encore, celui qui fut l'interlocuteur
de Dieu. Si mon péché est d'avoir exalté la parole de Dieu et d'avoir révélé sa
cause, alors je suis le plus grand des pécheurs. Un tel péché, je ne l'échangerai
pas pour les royaumes du ciel et de la terre.
141. Dès notre arrivée dans cette prison, nous décidâmes d'adresser aux rois les
messages de leur Seigneur, le Fort, le Loué. Bien que nous leur ayons transmis,
en plusieurs épîtres, ce qui nous fut ordonné, nous le faisons une fois de plus
en signe de la grâce de Dieu. Peut-être reconnaîtront-ils le Seigneur venu sur
les nuages avec une souveraineté évidente.
142. À mesure que mes tribulations augmentaient, croissait mon amour pour Dieu
et pour sa cause au point que ne pouvait me détourner de mon but tout ce qui m'advenait
des mains des armées des récalcitrants. Me cacheraient-ils dans les profondeurs
de la terre qu'ils me trouveraient chevauchant les nuages et lançant l'appel de
Dieu, le Seigneur de force et de puissance. Je me suis offert en sacrifice dans
le chemin de Dieu, et j'aspire aux tribulations dans mon amour pour lui et par
égard à son bon plaisir. En témoignent les malheurs qui m'ont affligé et qui n'ont
rien de comparable à ce que d'autres ont souffert. Chaque cheveu de ma tête fait
retentir l'appel que le Buisson ardent a lancé sur le Sinaï et chaque veine de
mon corps invoque Dieu en disant : Puis-je mourir dans ton sentier pour que bouge
le monde et que s'unissent ses peuples ! Ainsi en a-t-il été décrété par celui
qui est l'Omniscient, l'Informé.
143. Sachez que vos sujets sont un dépôt que Dieu vous a confié. Aussi, veillez
sur eux comme sur vous-mêmes. Attention à ne pas laisser les loups devenir les
bergers du troupeau, et que l'orgueil et la vanité ne vous empêchent pas de vous
occuper des pauvres et des affligés. Si tu pouvais boire le vin mystique de la
vie éternelle au calice des paroles de ton Seigneur, le Magnanime, tu serais capable
d'abandonner tout ce que tu possèdes et de proclamer mon Nom à toute l'humanité.
Purifie donc ton âme par les eaux du détachement. En vérité, il est le Souvenir
qui luit au-dessus de l'horizon de la création, il lavera ton âme de la poussière
du monde. Abandonne tes palais aux peuples des tombeaux et ton empire à qui le
désire. Puis tourne-toi vers le Royaume. C'est cela que Dieu a vraiment choisi
pour toi, si tu étais de ceux qui se tournent vers lui. Ils sont comme privés
de vie ceux qui ont manqué de se tourner vers la face de Dieu en cette révélation.
Ils agissent sous l'impulsion de leurs désirs égoïstes : en réalité, ils appartiennent
aux morts. Mais si tu souhaites porter le poids de ta souveraineté, fais le pour
venir en aide à la cause de ton Seigneur. Glorifié soit ce rang ! Celui qui y
parvient reçoit toutes les faveurs que dispense l'Omniscient, le Très-Sage.
144. Lève-toi, en mon Nom, au-dessus de l'horizon du renoncement et au commandement
de ton Seigneur, le Fort, le Puissant, tourne ta face vers le Royaume. Par le
pouvoir de ma souveraineté, dresse-toi devant les habitants du monde et dis :
Ô peuple, le Jour est venu et les bénédictions de Dieu se répandent sur la création
tout entière. Ceux qui se sont détournés de son visage sont les victimes impuissantes
de leurs inclinations corrompues. Ils se sont vraiment égarés.
145. Pare le corps de ton royaume du vêtement de mon Nom, et lève-toi pour enseigner
ma cause. Cela vaut mieux pour toi que tout ce que tu possèdes. Alors Dieu exaltera
ton nom devant tous les rois. Il a pouvoir sur toutes choses. Au nom de Dieu,
avance parmi les hommes, et par son pouvoir et sa puissance, fais connaître ses
signes aux peuples. Brûle de la flamme du feu éternel que le Magnanime a allumé
au coeur de la création afin que, par toi, la chaleur de son amour réchauffe le
coeur de ses élus. Suis mon chemin et ravis le coeur des hommes par le souvenir
de moi, le Tout-Puissant, le Très-Exalté.
146. Dis : Celui qui, en ce jour, n'a pas diffusé les doux parfums du souvenir
de son Seigneur est vraiment indigne du rang d'homme. En vérité, il appartient
à ceux qui suivent leurs désirs et se trouvera avant peu dans un profond désarroi.
Pouvez-vous vous réclamer de celui qui est le Dieu de miséricorde et commettre
ce que commet le Malin ? Par la beauté du Très-Glorifié, cela ne se peut, si vous
pouviez le savoir. Purifiez vos coeurs de l'attrait du monde, vos langues de la
calomnie et vos membres de tout ce qui vous empêche d'approcher Dieu, le Fort,
le Loué. Dis : Par le monde, on entend ce qui vous tient éloigné de celui qui
est l'aurore de la révélation et vous incline vers ce qui ne vous profite en rien.
En vérité, ce qui, en ce jour, vous tient à l'écart de Dieu, est essentiellement
l'amour du monde. Rejetez-le et approchez-vous de cette vision sublime, de ce
siège lumineux et resplendissant. Béni est celui qui ne permet à rien de s'interposer
entre lui et son Seigneur. Assurément, rien ne peut lui arriver s'il goûte avec
justice aux avantages de ce monde car nous avons créé toutes choses pour ceux
de nos serviteurs qui croient sincèrement en Dieu.
147. Ô peuple, si vos paroles diffèrent de vos actes, qu'est-ce qui vous différenciera
de ceux qui, tout en professant leur foi en leur Seigneur, leur Dieu, le rejettent
lorsqu'il vient vers eux, entouré des nuages et font montre d'orgueil devant Dieu,
l'Incomparable, l'Omniscient ? Ne répandez le sang de personne, ô peuple, et ne
portez de jugement injuste envers personne. Ainsi vous commande celui qui sait
et connaît toute chose. Ceux qui sèment le désordre dans le pays lorsque l'ordre
est bien établi outrepassent les limites fixées dans le Livre. Misérable sera
le séjour des transgresseurs !
148. Dieu prescrit à chacun d'enseigner sa cause. Qui se lève pour accomplir ce
devoir doit, avant de proclamer son message, s'orner d'un caractère empreint de
droiture et digne de louange pour que ses paroles captivent le coeur de ceux qui
entendent son appel. Sans cela, il n'a aucun espoir d'influencer ses auditeurs.
Ainsi vous en instruit Dieu. En vérité, il est le Magnanime, le Très-Compatissant.
149. Ceux qui exhortent les autres à pratiquer la justice, alors qu'eux-mêmes
commettent des iniquités, sont accusés de fausseté en raison de ce que leur langue
profère, par les habitants du Royaume et par ceux qui gravitent autour du trône
de leur Seigneur, le Puissant, le Bienveillant. Ne faites pas, ô peuple, ce qui
déshonore votre nom et la renommée de la cause parmi les hommes. Prenez garde
de ne pas toucher à ce qu'abhorre votre raison. Craignez Dieu et ne suivez pas
ceux qui s'égarent. Ne passez pas des accords trompeurs avec vos voisins. Soyez
dignes de confiance sur la terre et ne privez pas les pauvres de ce que Dieu,
dans sa bonté, vous a donné. En vérité, il vous gratifiera du double de ce que
vous possédez. Il est vraiment le Dieu de toute bonté, le Munificent.
150. Dis : Nous ordonnons d'enseigner notre cause par le pouvoir de la parole.
Prenez garde d'entrer en confrontation stérile avec quelqu'un. L'Esprit-Saint
fortifiera celui qui se lève pour enseigner sa cause uniquement par amour de son
Seigneur et lui inspirera ce qui illumine le coeur du monde et plus encore le
coeur de ceux qui le cherche. Ô peuple de Baha, partez à la conquête du coeur
des hommes, armés de l'épée de la sagesse et des paroles. Un voile épais enveloppe
vraiment ceux qui contestent, poussés par leurs désirs. Dis : L'épée de la sagesse
est plus brûlante que la chaleur de l'été et plus tranchante qu'une lame d'acier,
si vous êtes en mesure de comprendre. Tirez-la en mon nom et par la force de ma
puissance ; employez-la pour conquérir les cités du coeur de ceux qui se sont
retranchés dans la forteresse de leurs désirs corrompus. Ainsi vous en prie la
plume du Très-Glorieux, alors que les épées des rebelles sont suspendues au-dessus
de sa tête.
151. Si vous avez connaissance d'un péché commis par quelqu'un, taisez-le afin
que Dieu cache vos propres péchés. Il est l'oeil aveugle, le Seigneur de grâce
abondante. Ô vous, les riches de la terre, si vous croisez un pauvre sur votre
chemin, ne le traitez pas avec dédain. Pensez à ce dont vous fûtes créés. Tous
furent créés d'une goutte d'eau vile [1]. Il vous convient d'observer la sincérité
qui ornera vos temples, glorifiera votre nom, exaltera votre rang parmi les hommes
et vous assurera d'une récompense généreuse devant Dieu.
[1] Cf. Coran 32:8, 77:20
152. Ô peuples de la terre, écoutez ce que vous commande la plume du Seigneur
des nations. Sachez que les révélations du passé atteignent leur plus haute et
finale consécration dans la loi que ce très puissant Océan dispense. À notre commandement,
hâtez-vous de la connaître. En vérité, nous ordonnons ce qui nous plait. Considèrez
le monde comme le corps d'un homme affligé de maux divers, et dont la guérison
dépend de l'agencement harmonieux de toutes ses composantes. Rassemblez-vous autour
de ce que nous prescrivons et ne marchez pas sur les traces de ceux qui sèment
la dissension.
153. Toutes les fêtes reçoivent leur consécration dans les deux plus grandes fêtes
et dans deux autres fêtes qui tombent les jours jumeaux - La première de ces plus
grandes fêtes évoque ces jours où Dieu répandit la gloire resplendissante de son
Nom sublime sur tout ce qui est dans les cieux et sur la terre, et la seconde
est ce jour où nous avons fait se lever celui qui annonça la joyeuse nouvelle
de cette grande Proclamation [1]. Ainsi en a-t-il été décrété dans le Livre par
celui qui est le Fort, le Puissant. Les autres jours, vaquez à vos occupations
journalières et n'hésitez pas à vous consacrer à vos commerces et à vos métiers.
Voilà le commandement et la loi promulgués par celui qui est votre Seigneur, l'Omniscient,
le Très-Sage.
[1] Les deux plus grandes fêtes sont la Fête de Ridvan, au cours duquel Baha'u'llah
fit la première proclamation de sa mission, et la déclaration du Bab. Les "jours
jumeaux" se réfèrent aux naissances du Bab et de Baha'u'llah. Cf. Kitab-i-Aqdas,
§ 110.
154. Dis : Ô assemblée de prêtres et de moines, mangez ce que Dieu vous permet
et ne vous vous abstenez pas de nourriture. En signe de sa grâce, Dieu vous autorise
d'en user sauf pendant une brève période. En vérité, il est le Fort, le Bienfaisant.
Renoncez à ce que vous possédez et attachez-vous aux desseins de Dieu. Voilà ce
qui vous est profitable si vous êtes de ceux qui comprennent. Nous vous ordonnons
un jeûne de dix-neuf jours lors de la saison la plus tempérée et vous libérons,
en cette révélation resplendissante, de faire davantage. Ainsi, nous vous ordonnons
clairement ce qui doit être observé pour vous permettre de suivre les commandements
de Dieu et vous unir en ce que le Tout-Puissant, le Très-Sage vous a prescrit.
Celui qui est le Seigneur, le Très-Miséricordieux, chérit en son coeur de voir
l'espèce humaine unie en une seule âme et un seul corps. Hâtez-vous de prendre
votre part des bienfaits de Dieu et rendez grâce en ce jour qui éclipse tous les
autres jours. Grand est le bonheur de l'homme qui se détache de tout ce qu'il
a pour souhaiter obtenir ce qui est à Dieu. Un tel homme, nous en témoignons,
est compté parmi les élus de Dieu.
155. Ô Roi, témoigne de ce que Dieu a lui-même et pour lui-même témoigné avant
la création du ciel et de la terre : Il n'est d'autre Dieu que moi, l'Unique,
le Suprême, l'Incomparable, l'Inaccessible. Lève-toi résolument en faveur de la
cause de ton Seigneur, le Très-Glorieux. Ainsi t'en instruit cette épître merveilleuse.
En vérité, nous ne désirons rien d'autre pour toi que ce qui te bénéficiera plus
que tous les biens de la terre. En témoignent toutes les choses créées et plus
encore ce Livre explicite.
156. Méditez sur le monde et sur la condition de ses peuples. Celui pour lequel
fut créé le monde est emprisonné dans la plus désolée des cités [1] à cause de
ce qu'ont forgé les mains des égarés. De l'horizon de cette ville-prison, il appelle
les hommes à l'Aurore de Dieu, le Suprême, le Très-Haut. Te félicites-tu des trésors
en ta possession, tout en sachant qu'ils périront ? Te réjouis-tu de régner sur
un arpent de terre alors que le monde entier, pour les gens de Baha, n'a pas plus
de valeur que la noire prunelle d'une fourmi morte ? Abandonne-le à ceux qui le
chérissent et tourne-toi vers celui qui est le désir de l'univers. Que sont devenus
les orgueilleux et leurs palais ? Contemple leurs tombes et profite de cet exemple,
car nous en avons fait une leçon pour ceux qui observent. Si les brises de la
révélation te saisissent, tu fuiras le monde pour te diriger vers le Royaume et
tu dépenseras tout ce que tu possèdes pour te rapprocher de cette sublime vision.
[1] Acre.
157. Nous voyons la plupart des gens adorer des noms et s'exposer, comme tu le
constates, à de terribles périls dans le seul espoir de perpétuer leur nom, alors
que toute âme perspicace atteste qu'un nom ne servira en rien à son porteur, après
la mort de celui-ci, si ce nom n'exprime pas sa relation avec Dieu, le Tout-Puissant,
le Magnifié. Ainsi leurs vaines imaginations les rendent esclaves en punition
de ce que leurs mains ont forgé. Vois l'étroitesse d'esprit des hommes. Ils courent
furieusement après ce qui ne leur est d'aucun profit. Si tu leur demandais : "Y
a-t-il un quelconque avantage en ce que vous désirez ?", tu les verrais terriblement
perplexes. S'il se trouvait une âme impartiale, elle répondrait : "Non, par le
Seigneur des mondes !" Telle est la condition des hommes et de ce qu'ils possèdent.
Laisse-les à leur folie et tourne ton regard vers Dieu. En vérité, c'est cela
qui te convient. Hâte-toi de suivre le conseil de ton Seigneur et dis : Loué sois-tu,
ô Dieu de tout ce qui est au ciel et sur la terre.
Tsar Alexandre II
158. Ô tsar de Russie ! Prête l'oreille à la voix de Dieu, le Roi, le Très-Saint,
et tourne-toi vers le paradis où demeure celui qui, dans l'Assemblée suprême,
porte les titres les plus éminents et qui, dans le monde de la création est appelé
par le nom de Dieu, le Resplendissant, le Très-Glorieux. Prends garde que tes
désirs ne t'empêchent de te tourner vers la face de ton Seigneur, le Compatissant,
le Très-Miséricordieux. Nous avons entendu ce que tu as demandé à ton Seigneur
lorsque tu l'interpellais secrètement. Alors les brises de ma tendre bonté soufflèrent,
les vagues de ma miséricorde se soulevèrent, et nous t'avons répondu. Ton Seigneur
est certes l'Omniscient, le Très-Sage. Tandis que je languissais en prison, chargé
de chaînes et de fers, un de tes ministres me proposa son aide. C'est pourquoi
Dieu t'a assigné un rang dont nul sauf lui ne peut avoir connaissance. Prends
garde à ne pas aliéner cette sublime position. Ton Seigneur, certes, fait ce qu'il
veut. Dieu abrogera ou confirmera ce qui lui plaît, car la connaissance de toutes
choses est chez lui dans la Tablette préservée.
159. Crains que ta souveraineté ne te retienne loin de celui qui est le Souverain
suprême. En vérité, il est venu avec son Royaume, et tous les atomes proclament
: "Voyez ! Le Seigneur est apparu dans toute sa majesté". Celui qui est le Père
est venu, et le Fils, dans la sainte Vallée, s'écrie : "Me voici ô Seigneur, mon
Dieu, me voici !" tandis que le Sinaï gravite autour de la Demeure et que le Buisson
ardent annonce à haute voix : "Le Très-Généreux est venu sur les nuages ! Béni
est celui qui s'approche de lui et malheur à ceux qui se tiennent à l'écart."
160. Lève-toi parmi les hommes au nom de cette cause impérative, et appelle les
nations à Dieu, le Grand, le Suprême. Ne sois pas de ceux qui appellent Dieu par
l'un de ses Noms, puis lorsque paraît celui qui est l'essence de tous les Noms,
le renient, se détournent de lui et finalement le condamnent avec une injustice
évidente. Réfléchis et rappelle-toi les jours où l'Esprit de Dieu apparut, et
où Hérode rendit son verdict contre lui. Dieu le secourut cependant par les armées
de l'invisible ; il le protégea vraiment et l'envoya dans un autre pays, selon
sa promesse. En vérité, il ordonne ce qui lui plaît. Certes, ton Seigneur protège
qui il veut, qu'il soit au coeur de l'océan, dans la gueule du dragon ou sous
l'épée du tyran.
161. Béni soit le roi que les voiles de gloire n'ont pas empêché de se tourner
vers l'Aurore de beauté et qui a tout abandonné dans son désir d'obtenir ce qui
est à Dieu. En, vérité, il est, aux yeux de Dieu, compté parmi les hommes d'excellence
et loué par les habitants du paradis et par ceux qui gravitent jour et nuit autour
du Trône suprême.
162. Je dis encore : Ecoute ma voix qui de ma prison s'élève afin que je t'apprenne
ce que ma beauté a souffert aux mains de ceux qui sont les manifestations de ma
gloire, et afin que tu saches combien grande fut ma patience malgré mon pouvoir,
et combien immense ma longanimité malgré ma puissance. Sur ma vie ! Si seulement
tu savais ce qu'a révélé ma plume, si tu découvrais les trésors de ma cause, les
perles des mystères reposant au fond des mers de mes noms et dans les calices
de mes paroles, tu sacrifierais ta vie dans mon chemin dans la soif d'entrer dans
mon royaume sublime et glorieux, et pour l'amour de mon Nom. Sache que même si
mon corps se trouve sous les épées de mes ennemis et mes membres environnés d'innombrables
dangers, mon esprit est, malgré tout, rempli d'une allégresse sans nulle comparaison
avec les joies de la terre.
163. Tourne ton coeur vers celui qui est le centre d'adoration du monde et dis
: Ô peuples de la terre, avez-vous rejeté celui dans le sentier duquel le précurseur
de votre Seigneur, le Très-Élevé, le Sublime souffrit le martyre ? Dis : c'est
une nouvelle dont se sont réjouis les coeurs des prophètes et des messagers. C'est
celui dont se souvient l'âme de la création et qui est promis dans les Livres
de Dieu, le Puissant, le Très-Sage. Dans leur désir de me rencontrer, les messagers
ont levé leurs mains en supplication vers Dieu, le Puissant, le Glorifié. En témoigne
ce qu'a révélé dans les Écritures saintes celui qui est le Seigneur de force et
de puissance.
164. D'aucuns se sont lamentés d'être séparés de moi, d'autres ont supporté des
épreuves dans mon chemin, d'autres encore ont fait le sacrifice de leur vie pour
l'amour de ma beauté, puissiez-vous le savoir. Dis : Je n'ai certes pas cherché
à prôner ma personne, mais plutôt à louer Dieu lui-même, si vous jugiez équitablement.
On ne voit en moi rien d'autre que Dieu et sa cause, puissiez-vous le comprendre.
Je suis celui qu'Isaïe a célébré, celui dont le nom orne la Thora et l'Évangile.
Ainsi en est-il décrété dans les Écritures du Seigneur, le Magnanime. Il m'a,
en vérité, rendu témoignage comme je témoigne de lui. Et Dieu atteste la véracité
de mes paroles.
165. Dis : Les Livres n'ont été révélés que pour m'évoquer. Quiconque entendra
leur appel, en percevra les fragrances délicieuses de mon nom et de ma glorification
; et celui qui n'a pas fermé l'accès de son oreille à son coeur en entendra chaque
mot : Le Véridique est venu ! Il est, en vérité, le bien-aimé des mondes !
166. C'est par égard pour Dieu que ma langue te conseille et que ma plume se meut
pour te mentionner, car ni la malice ni le déni des habitants de la terre ne peuvent
me nuire, pas plus que l'allégeance de toute la création ne peut me profiter.
En fait, nous t'exhortons à accepter ce qui nous a été commandé et nous ne désirons
pour toi rien d'autre que te voir bénéficier de ce qui te profitera en ce monde
et dans l'autre. Dis : Ferez-vous périr celui qui vous somme d'accéder à la vie
éternelle ? Craignez Dieu et ne suivez pas les oppresseurs rebelles.
167. Ô prétentieux de la terre, croyez-vous pouvoir vivre dans des palais alors
que le Roi de la révélation habite le plus dévasté des lieux ? Non, par ma vie
! Des tombes sont vos demeures si vous pouviez comprendre. En vérité, celui qui,
en ces jours, échappe à la caresse de la brise divine est compté parmi les morts
aux yeux de celui qui est le Seigneur des noms et des attributs. Sortez donc des
tombes de l'ego et du désir et tournez-vous vers le royaume de Dieu, le Possesseur
du trône en haut et ici-bas afin de contempler ce que vous a promis de tout temps
votre Seigneur, l'Omniscient.
168. Pensez-vous profiter des choses que vous possédez ? Elles appartiendront
bientôt à d'autres et vous redeviendrez poussière sans personne pour vous aider
ou vous secourir. Où est l'avantage d'une vie que la mort peut rattraper, d'une
existence condamnée à la disparition ou d'une prospérité sujette au changement
? Détachez-vous des choses que vous possédez et tournez vos visages vers les faveurs
que Dieu a dispensées en ce Nom merveilleux.
169. Ainsi la Plume du Très-Haut te diffuse ses mélodies avec la permission de
ton Seigneur, le Très-Glorieux. Ecoute-les et chante-les : Loué sois-tu, ô Seigneur
des mondes, car tu m'as évoqué par la langue de celui qui est la manifestation
de toi-même alors qu'il croupissait dans la plus grande Prison pour que le monde
entier accède à la vraie liberté.
170. Béni soit le roi que sa souveraineté n'a pas écarté de son Souverain et qui,
de tout son coeur, s'est tourné vers Dieu. Il est, en vérité, de ceux qui ont
accompli la volonté de Dieu, le Puissant, le Très-Sage. Avant peu un tel roi sera
compté parmi les monarques des nations du Royaume. Ton Seigneur a vraiment la
suprématie sur toutes choses. À qui il veut, il donne ce qui lui plaît et, à qui
il veut, il le refuse. Il est certes le Tout-Puissant, le Fort.
Reine Victoria
171. Ô reine de Londres, prête l'oreille à la voix de ton Seigneur, le Seigneur
de l'humanité, qui appelle de l'arbre divin : En vérité, il n'est pas d'autre
Dieu que moi, le Tout-Puissant, le Très Sage ! Rejette loin de toi tout ce qui
est sur terre et pare la tête de ton royaume de la couronne du souvenir de ton
Seigneur, le Très-Glorieux. Il est certes venu en ce monde dans sa gloire suprême,
et tout ce qui est mentionné dans l'Évangile est accompli. La terre de Syrie est
honorée par les pas de son Seigneur, le Seigneur de tous les hommes, et le Nord
et le Sud sont tous deux enivrés du vin de sa présence. Béni est l'homme qui,
en cette aube resplendissante, respire l'effluve du Très-Miséricordieux et se
tourne vers l'Orient de sa beauté. La mosquée Aqsa frémit sous les brises de son
Seigneur, Le Très-Glorieux, tandis que Batha [1] tremble à la voix de Dieu, le
Très-Élevé, le Sublime. Aussi chacune de leurs pierres loue le Seigneur par ce
Nom majestueux.
[1] La Mecque.
172. Mets tes désirs de côté et tourne ton coeur vers ton Seigneur, l'Ancien des
jours. Nous faisons mention de toi pour l'amour de Dieu et nous désirons que ton
nom soit magnifié pour ta souvenance de Dieu, le créateur du ciel et de la terre.
En vérité, il est témoin de ce que je dis. Nous avons appris que tu as interdit
le commerce des esclaves, hommes et femmes. C'est précisément ce que Dieu recommande
dans cette merveilleuse révélation. Pour cela, Dieu te réserve une récompense
certaine. Il rétribue selon son dû l'auteur de toute bonne action, si tu agis
selon ce que t'envoie celui qui est l'Omniscient, l'Informé. Quant à celui qui
se détourne de Dieu et s'enfle d'orgueil après avoir reçu les témoignages évidents
de celui qui révèle les signes, Dieu réduira son oeuvre à néant. Certes il a pouvoir
sur toutes choses. Les actes d'un homme ne sont acceptables que s'il reconnaît
la Manifestation. Quiconque se détourne du Véridique est la plus aveugle de ses
créatures. Ainsi en a décrété celui qui est le Fort, le Tout-Puissant.
173. Nous avons appris également que tu as remis les rênes du gouvernement entre
les mains des représentants du peuple. Tu as certes bien agi car cela renforcera
les fondations de l'édifice de tes affaires et rassurera les coeurs de ceux qui
vivent sous ton ombre, riches ou pauvres. Il faut cependant qu'ils soient dignes
de la confiance des serviteurs de Dieu et qu'ils se considèrent comme les représentants
de tous ceux qui habitent sur terre. Voilà ce que leur conseille dans cette Tablette
celui qui est le Souverain, le Très-Sage. Quand l'un d'entre eux se dirige vers
l'Assemblée, qu'il tourne son regard vers l'Horizon suprême et dise : Ô mon Dieu,
par ton Nom le plus glorieux, je te demande de m'aider à faire prospérer les affaires
de tes serviteurs et fleurir tes cités. En vérité, tu as suprématie sur toutes
choses ! Béni celui qui entre dans l'Assemblée pour l'amour de Dieu et rend saine
justice entre les hommes. En vérité, il est compté parmi les bien-heureux.
174. Ô vous qui, en chaque pays, représentez les peuples ! Réunissez-vous pour
vous consulter et souciez-vous seulement de ce qui profite à l'humanité et en
améliore les conditions, si vous êtes de ceux qui sont scrupuleux. Considérez
le monde comme s'il était un corps humain qui, bien que créé complet et parfait,
souffre de désordres et de maladies graves pour beaucoup de raisons. Il n'est
pas un jour où il s'améliore ; au contraire, sa maladie croît en sévérité car
il est traité par des médecins ignorants qui donnent libre cours à leurs désirs
et errent cruellement. Et même si de temps à autre, un organe de ce corps est
guéri, les autres n'en restent pas moins affligés. Ainsi vous en informe l'Omniscient,
le Très-Sage.
175. Nous le trouvons aujourd'hui à la merci de dirigeants si imbus d'orgueil
qu'ils ne discernent même pas leurs propres avantages, encore moins une révélation
aussi déroutante et aussi provocatrice que celle-ci. Et si l'un d'entre eux s'efforce
d'améliorer sa condition, c'est par appât du gain, qu'il l'avoue ou non ; et l'indignité
de ses motifs limite sa capacité à guérir ou à soigner.
176. Le remède souverain et l'instrument tout puissant de la guérison du monde
entier est l'union de ses peuples en une cause universelle, une foi commune :
voilà ce qu'ordonne le Seigneur. Rien ne peut réaliser cela, sauf le pouvoir d'un
médecin habile, tout puissant et inspiré. Voilà la seule vérité, tout le reste
n'est qu'erreur. Chaque fois qu'est apparu cet Instrument tout puissant et que
l'Aurore ancienne a lui, des médecins ignorants l'en ont empêché et, comme des
nuages, se sont interposés entre lui et le monde. Celui-ci ne peut donc guérir
et sa maladie persiste jusqu'aujourd'hui. Ces médecins ne peuvent le protéger
ni le soigner alors que celui qui est la manifestation de puissance parmi les
hommes est empêché d'atteindre son but en raison de ce qu'ont forgé les mains
des médecins ignorants.
177. Considère ces jours pendant lesquels est venu la Beauté ancienne sous le
plus grand Nom pour vivifier le monde et unir ses peuples. Ceux-ci se sont cependant
dressés contre lui, brandissant des épées affûtées et ont commis ce qui a provoqué
les lamentations de l'Esprit de fidélité. Finalement, ils l'ont emprisonné dans
la plus désolée des cités et rompu le lien qui attachait les fidèles au pan de
son vêtement. Que quelqu'un leur dise : "Le Réformateur du monde est venu", ils
répondaient : "Il est prouvé qu'il est un semeur de discorde", et pourtant, ils
ne s'étaient associés à lui en aucune façon ni avaient compris qu'à aucun moment,
il avait cherché à se protéger. Il était en permanence à la merci des malfaiteurs.
D'abord, ils l'ont jeté en prison, puis ils l'ont banni et enfin ils l'ont ballotté
de pays en pays. Telle est la manière dont ils nous ont jugé et vraiment, Dieu
sait ce que je dis. De telles personnes, Dieu les tient pour les plus ignorantes
de ses créatures. Ils ont amputé leurs propres membres et ne le voient pas ; ils
se sont privés de ce qu'il leur convient le mieux et ne le savent pas. Ils ressemblent
à ces jeunes enfants qui ne distinguent pas le malfaiteur du réformateur, ni le
mauvais du bon. Nous les voyons aujourd'hui enveloppés dans un voile évident.
178. Ô dirigeants de la terre, Pourquoi obscurcir l'éclat du soleil et l'empêcher
de briller ? Écoutez le conseil que vous donne la Plume du Très-Haut afin d'atteindre,
vous et le pauvre, la paix et la tranquillité. Nous supplions Dieu d'aider les
rois à établir la paix sur la terre. En vérité, il fait ce qu'il veut.
179. Ô rois de la terre, nous vous voyons augmenter chaque jour vos dépenses et
en faire peser le fardeau sur vos sujets. Quelle honte et quelle injustice ! Craignez
les soupirs et les larmes de cet Opprimé, et n'imposez pas de charges trop lourdes
sur vos peuples. Ne les dépouillez pas pour vous construire des palais ; au contraire,
choisissez pour eux ce que vous choisissez pour vous-mêmes. Ainsi ouvrons-nous
vos yeux sur ce qui vous profite, si vous pouvez le voir. Vos peuples sont votre
trésor. Prenez garde de ne pas violer par vos décrets les commandements de Dieu
et de ne pas livrer vos États aux mains des voleurs. C'est par eux que vous régnez,
par eux que vous vous maintenez et avec leur aide que vous conquérez. Et pourtant
quel dédain dans le regard que vous leur jetez. Étrange, vraiment étrange !
180. Maintenant que vous refusez la très grande paix, attachez vous au moins à
promouvoir une moindre paix, afin d'améliorer votre condition et celle de vos
sujets.
181. Ô dirigeants de la terre, réconciliez-vous de manière à vous passer d'armements
sauf pour maintenir la sécurité de vos territoires et possessions. Faites attention
de ne pas méconnaître le conseil de l'Omniscient, du Fidèle.
182. Soyez unis, ô rois de la terre, pour apaiser la tempête de la discorde entre
vous et apporter la tranquillité à vos peuples, si vous pouvez le comprendre.
Si l'un de vous prend les armes contre un autre, levez-vous pour vous opposer
à lui, car ce n'est que justice évidente. Ainsi vous en avions-nous déjà adjurés
dans une tablette antérieure, [1] et vous sommons à nouveau de suivre ce qu'a
révélé celui qui est le Tout-Puissant, le Très-Sage. Si quelqu'un cherche refuge
auprès de vous, accordez-lui votre protection et ne le trahissez pas. Tel est
le conseil de la Plume du Très-Haut, que vous prodigue celui qui est l'Omniscient,
l'Informé.
[1] La Suriy-i-Muluk.
183. Prenez garde de ne pas agir comme le fit le roi de l'islam [1] lorsque nous
répondîmes à son invitation. Ses ministres prononcèrent contre nous un jugement
inique qui provoqua les lamentations de toute la création et consuma le coeur
de ceux qui sont proches de Dieu. Les vents de l'ego et de la passion les ont
ballottés à leur gré et nous les avons tous trouvés privés de constance. En vérité,
ils sont au nombre des égarés.
[1] Le Sultan de Turquie.
184. Donne-toi libre cours, ô Plume de l'Ancien des jours, et laisse les à eux-mêmes
car ils sont plongés dans leurs vaines imaginations. Invoque la reine pour qu'elle
dirige un coeur pur vers la scène de la gloire transcendante, n'empêche pas son
regard de se porter sur son Seigneur, l'Ordonnateur suprême et informe-toi de
ce qui est révélé dans les livres et tablettes du Créateur - lui qui jette son
ombre sur le soleil et éclipse la lune ; lui par qui l'appel est lancé entre ciel
et terre.
185. Tourne-toi vers Dieu et dis : O Seigneur, mon Roi, je ne suis pour toi qu'un
vassal et toi, en vérité, tu es le Roi des rois. Je tends des mains suppliantes
vers le ciel de ta grâce et de ta générosité. Fais descendre sur moi des nuées
de ta munificence ce qui me détachera de tout autre que toi et me rapprochera
de toi. Ô mon Seigneur, par ton nom que tu as fait le roi des noms et la manifestation
de toi-même pour tous ceux qui sont au ciel et sur terre, je te supplie de déchirer
les voiles qui s'interposent entre moi et la reconnaissance de l'Aurore de tes
signes, et de l'Aube de ta révélation. Tu es en vérité, le Tout-Puissant, l'Omnipotent,
le Très-Généreux. Ô mon Seigneur, ne me prive pas, en tes jours, des parfums suaves
du vêtement de ta clémence et écris pour moi ce que tu as écrit pour tes servantes
qui ont cru en toi et en tes signes, qui t'ont reconnu, et ont tourné leur coeur
vers l'horizon de ta cause. Tu es en vérité, le Seigneur des mondes et de ceux
dont a pitié le Magnanime. Ô mon Dieu, aide-moi à rappeler ton souvenir parmi
tes servantes et à soutenir ta cause sur la terre. Oublie ce qui m'a échappé lorsque
ta face rayonna de lumière. Certes, tu as pouvoir sur toutes choses. Que la gloire
soit sur toi, ô toi qui tiens dans ta main le royaume des cieux et de la terre
!
Nasiri'd-Din Shah / Lawh-i-Sultan
186. Ô roi terrestre, entends l'appel de ce vassal : En vérité, je suis un serviteur
qui croit en Dieu et en ses signes et qui s'est sacrifié en son chemin. En portent
témoignage les malheurs qui m'affligent, malheurs tels qu'aucun homme n'en a jamais
supportés. Mon Seigneur l'Omniscient témoigne de la vérité de mes paroles. Je
n'ai fait qu'appeler les hommes à Dieu, ton Seigneur et le Seigneur des mondes,
et par amour de lui j'ai enduré des afflictions telles que la création n'en avait
jamais vues. En témoignent ceux que les voiles de l'imagination humaine n'ont
pas empêché de se tourner vers la plus sublime vision et, au-delà d'eux celui
qui possède la connaissance de toute chose sur la Tablette préservée.
187. Chaque fois que les nuages de tribulations laissaient pleuvoir les flèches
de l'affliction sur le chemin de Dieu, le Seigneur de tous les noms, je me suis
hâté à leur rencontre, ainsi qu'en attestera tout âme juste et judicieuse. Nombreuses
furent les nuits pendant lesquelles les bêtes des champs reposaient dans leur
tanière et les oiseaux du ciel dans leurs nids alors que cet Adolescent languissait
dans ses chaînes et ses fers avec personne pour le secourir !
188. Souviens-toi de la miséricorde de Dieu ; comment, alors que tu étais emprisonné
avec d'autres, il te délivra et t'aida, par les milices du visible et de l'invisible,
jusqu'à ce que le roi t'envoie en Irak après que nous lui ayons montré que tu
ne faisais pas partie des fauteurs de troubles. Ceux qui suivent leurs désirs
corrompus et rejettent la crainte de Dieu font vraiment une grave erreur. Nous
nous tenons à l'écart de ceux qui mettent le désordre dans un pays, répandent
le sang des uns et s'approprient le bien des autres ; nous supplions Dieu de ne
pas nous associer avec eux, que ce soit dans ce monde ou dans le monde à venir,
sauf s'ils s'en repentaient devant lui. Il est vraiment le plus miséricordieux
des miséricordieux.
189. Quiconque se tourne vers Dieu doit se distinguer des autres par chacun de
ses actes et doit suivre ce que le Livre lui enjoint. Ainsi en est-il décrété
dans une tablette explicite. Quant à ceux qui rejettent les commandements de Dieu
et suivent les incitations de leurs propres désirs, ils font vraiment une erreur
grave.
190. Ô roi, par ton Seigneur, le Très-Miséricordieux, je te supplie de jeter un
regard généreux sur tes serviteurs et de les traiter avec justice, afin que Dieu
puisse te traiter avec miséricorde. Ton Seigneur a le pouvoir de faire ce qu'il
lui plaît. Le monde, ses humiliations et sa gloire passeront, mais la souveraineté
sera toujours à Dieu, le plus Loué, l'Omniscient.
191. Dis : Il alluma la lampe de la parole et la nourrit de l'huile de la sagesse
et de la compréhension. Ton Seigneur, le Très-Miséricordieux, est trop élevé pour
que quiconque dans l'univers résiste à sa Foi. Il révèle ce qu'il veut par le
pouvoir de sa souveraine puissance et protège sa révélation d'une armée de ses
anges préférés. Il est exalté au-dessus de ses serviteurs et exerce un pouvoir
indiscutable sur sa création. Il est, en vérité, l'Omniscient, le Très-Sage.
192. Ô roi, je n'étais qu'un homme comme tant d'autres, endormi sur ma couche,
lorsque soudain les brises de Très-Glorieux passèrent sur moi et m'enseignèrent
la science de tout ce qui fut. Ceci ne vient pas de moi mais de celui qui est
le Tout-Puissant et l'Omniscient. Il m'ordonna d'élever la voix entre la terre
et le ciel et, pour cela, il m'advint ce qui a fait couler les larmes de tout
homme de discernement. Les sciences répandues parmi les hommes, je ne les ai pas
étudiées ; leurs écoles, je ne les ai jamais fréquentées. Renseigne-toi dans la
ville où j'habitais pour t'assurer que je ne mens pas. Voici une simple feuille
qu'agitent les vents de la volonté de ton Seigneur, le Tout-Puissant, le Loué.
Peut-elle rester immobile alors qu'ils se déchaînent ? Par le Seigneur de tous
les noms et attributs, ils la déplacent à leur gré. L'éphémère n'est que néant
face à l'éternel. Son ordre irrésistible me parvint et me fit célébrer sa louange
parmi les peuples. En vérité, quand cet ordre me parvint j'étais comme mort ;
la main de la volonté de ton Seigneur, le Compatissant, le Miséricordieux, me
transforma. Par celui qui révéla les mystères éternels à la Plume, qui, sinon
celui qui fut fortifié par la grâce du Tout-Puissant, de l'Omnipotent, pourrait
de lui-même clamer ce que contesteront tous les hommes, grands et petits ?
193. La Plume du Très-Haut s'adressa à moi, disant : N'aie crainte ! Conte à sa
majesté le Shah ce qui t'est arrivé. En vérité, son coeur est entre les mains
de ton Seigneur, le Dieu de miséricorde, afin que brille le soleil de justice
et de générosité depuis l'horizon de son coeur. Ainsi le décret en fut irrévocablement
fixé par celui qui est le Très-Sage.
194. Ô roi, considère cet Adolescent avec justice puis porte un jugement impartial
sur ce qui lui est arrivé. En vérité, Dieu a fait de toi son ombre parmi les hommes
et le symbole de son pouvoir sur tous ceux qui vivent sur terre. Tranche entre
nous et ceux qui nous firent du mal sans preuve ni livre probants. Ceux qui t'entourent
ne t'aiment que par intérêt alors que cet Adolescent t'aime pour ton bien et n'a
d'autre désir que de t'attirer vers le siège de grâce et de te placer à la droite
de la justice. Ton seigneur témoigne de ce que je dis.
195. Ô roi, tends l'oreille vers le grincement de la plume de gloire et vers le
roucoulement de la Colombe d'éternité qui, sur les branches de l'arbre sacré au-delà
duquel nul ne passe, chante les louanges de Dieu, l'auteur de tous les noms, et
le créateur de la terre et du ciel. Alors tu t'élèveras en un lieu d'où tu ne
verras rien d'autre dans le monde de l'existence que l'éclat de l'Adoré, tu considéreras
ta souveraineté comme la plus méprisable de tes possessions l'abandonnant à quiconque
la convoiterait, et tu tourneras ton visage vers l'horizon éclairé de la lumière
de sa Face. Tu refuseras à jamais de supporter le poids du pouvoir sauf dans le
but d'aider ton Seigneur, l'Exalté, le Très-Haut. Béni seras-tu alors par l'Assemblée
céleste. Ô que cet état sublime est excellent, si tu peux y parvenir grâce au
pouvoir d'une souveraineté que l'on sait découler du Nom de Dieu !
196. Il en est qui affirment que cet Adolescent n'a d'autre but que de perpétuer
son nom, alors que d'autres prétendent qu'il recherche pour lui-même les vanités
terrestres, en dépit du fait que jamais, au cours de ma vie, je n'ai trouvé d'endroit
sûr, si petit soit-il. J'ai toujours été immergé dans une mer de tribulations
dont seul Dieu connaît l'ampleur. Il sait de quoi je parle. Combien de fois mes
bien-aimés furent-ils profondément choqués par mes afflictions, combien de nuits
mes proches ont-ils pleuré amèrement et se sont-ils lamentés en craignant pour
ma vie ! Qui peut nier cela si ce n'est un menteur ? Est-il concevable que celui
qui s'attend à perdre la vie à tout instant recherche les vanités terrestres ?
Quelles étranges idées ont ceux qui parlent poussés par leurs lubies et qui errent
dans le désert de l'égoïsme et des passions ! Avant peu, on leur demandera compte
de leurs paroles et alors ils ne trouveront aucun ami pour les aider.
197. Il en est d'autres qui prétendent qu'il ne croit pas en Dieu ; pourtant chaque
membre de mon corps témoigne qu'il n'est pas d'autre Dieu que lui ; que ceux qu'il
a élevés en vérité et envoyés au loin sous sa "guidance" sont les manifestations
de ses noms les plus excellents, les révélateurs de ses attributs très exaltés
et les dépositaires de sa révélation dans le royaume de sa création. Grâce à eux,
la preuve de Dieu se parfait pour tous sauf pour lui, l'étendard de l'unité divine
se dresse et le symbole de la sainteté devient manifeste ; par eux, chaque âme
trouve un chemin vers le Seigneur du trône céleste. Nous témoignons qu'il n'est
d'autre Dieu que lui, qu'éternellement il est seul, que personne n'est à ses côtés
et qu'il sera pour l'éternité ce qu'il a toujours été. Trop élevé est le Très-Miséricordieux
pour que le coeur de ceux qui l'ont reconnu appréhende sa vraie nature ou pour
que l'intelligence des hommes espère sonder son essence. Il est exalté au-dessus
de la compréhension de tous sauf de lui-même et sanctifié au-delà de la compréhension
de tout autre que lui. De toute éternité il est indépendant de la création tout
entière.
198. Souviens-toi des jours où le Soleil de Batha [1] brillait à l'horizon de
la volonté de ton Seigneur, l'Exalté, le Très-Haut ; rappelle-toi de quelle manière
les religieux de ce temps-là se détournèrent de lui, comment les érudits s'opposèrent
à lui, et tu auras peut-être une chance d'appréhender ce qui, en ce jour, reste
caché derrière les voiles de gloire. Son sort devint si terrible qu'il demanda
à ses compagnons de se disperser. Tel fut le décret manifesté par le ciel de la
gloire divine. Souviens-toi aussi que, lorsque l'un de ces mêmes compagnons arrivant
devant le roi d'Éthiopie, lui récita une sourate du Coran, celui-ci déclara à
ses serviteurs : En vérité, ceci a été révélé par celui qui est l'Omniscient,
le Très-Sage. Quiconque reconnaît la vérité et croit dans les enseignements de
Jésus, ne peut renier ce qui vient d'être récité. En vérité, nous témoignons de
son exactitude de même que nous témoignons qu'en vérité, nous possédons des Livres
de Dieu, le Secours, l'Absolu.
[1] Muhammad.
199. Ô roi, je le jure par Dieu ! Si tu tendais l'oreille aux mélodies de ce Rossignol
qui, selon l'ordre de ton Seigneur, le Très-Miséricordieux, module des chants
mélodieux dans le buisson mystique, tu renoncerais à ta souveraineté, tu te tournerais
vers cette scène de gloire transcendante, dont l'horizon s'illumine du Livre de
l'aurore [1] et tu dépenserais tout ce que tu possèdes dans ton ardeur à obtenir
ce qui est à Dieu. Tu te trouverais alors au sommet de l'exaltation et de la gloire,
au pinacle de la majesté et de l'indépendance. Le décret en est inscrit dans le
Livre-Mère par la plume du Très-Miséricordieux. À quoi sert ce que tu possèdes
aujourd'hui et qui demain sera à d'autres ? Choisis pour toi ce que Dieu a choisi
pour ses élus et Dieu t'accordera une puissante souveraineté dans son royaume.
Nous supplions Dieu d'aider Ta Majesté à entendre ce verbe dont la lumière enveloppe
le monde, et de te protéger de ceux qui sont loin de la cour de sa présence.
[1] cf. Coran 17:78
200. Gloire à toi, ô Seigneur, mon Dieu ! Nombreuses en ton sentier sont les têtes
dressées à la pointe des piques et nombreuses les poitrines qui sont la cible
des flèches pour ton bon plaisir ! Nombreux les coeurs lacérés pour l'exaltation
de ton Verbe et la promotion de ta cause, et innombrables les yeux qui pleurent
à chaudes larmes pour l'amour de toi ! Ô toi qui es le Roi des rois et qui as
pitié des humbles ! Par ton plus grand Nom dont tu as fait l'Aurore de tes noms
les plus excellents et l'Orient de tes attributs très exaltés, je t'implore de
supprimer les voiles qui s'interposent entre toi et tes créatures et de supprimer
ce qui les empêche de se tourner vers l'horizon de ta révélation. Ô mon Dieu,
par ton Nom très exalté, fais qu'ils se tournent de la gauche de l'oubli et de
l'illusion vers la droite de la connaissance et de la certitude, afin qu'ils comprennent
ce que ta générosité et ta grâce désirent pour eux et qu'ils dirigent leurs visages
vers celui qui est la Manifestation de ta cause et le Révélateur de tes signes.
201. Ô mon Dieu, tu es le Très-généreux dont la grâce est infinie. Ne retiens
pas tes serviteurs loin de l'océan très puissant où gisent les perles de ta connaissance
et de ta sagesse, et ne les détourne pas du portail que tu as largement ouvert
pour tous ceux qui sont au ciel et pour tous ceux qui sont sur la terre. Ô Seigneur,
ne les abandonne pas à eux-mêmes car ils ne comprennent rien et s'éloignent de
ce qui est meilleur pour eux que tout ce que tu as créé sur la terre. Ô mon Dieu,
jette sur eux un regard favorable et bienveillant, libère-les de l'égoïsme et
de la passion afin qu'ils se rapprochent de ton horizon très exalté, goûtent à
la douceur de ton souvenir et se régalent de ce pain que tu as fait descendre
du ciel de ta volonté et du firmament de ta grâce. De toute éternité, ta générosité
embrasse la création tout entière et ta miséricorde surpasse tout. Il n'est de
Dieu que toi, qui toujours pardonnes, le Très-Compatissant.
202. Sois glorifié, ô Seigneur, mon Dieu ! Tu sais que mon coeur fond pour ta
cause et que le feu de ton amour fait bouillir le sang dans mes veines à tel point
que chaque goutte proclame au plus profond de moi-même : Ô mon Seigneur, le Très-Haut,
laisse-moi me répandre sur le sol par amour de toi pour que de ce coeur jaillisse
ce que tu as décidé dans tes tablettes et que tu as caché aux yeux de tous à l'exception
de ceux de tes serviteurs qui ont goûté, des mains de ta grâce, au flot cristallin
de la connaissance, et qui ont bu, à la coupe de tes dons, l'eau fraîche de la
compréhension.
203. Ô mon Dieu, tu sais que dans toutes mes affaires, je n'ai cherché qu'à obéir
à ton ordre, que dans chacune de mes paroles je n'ai voulu que chanter tes louanges
et que dans tout ce qui est issu de ma plume je n'ai voulu que gagner ton bon
plaisir et révéler ce que tu m'as ordonné par ta souveraineté.
204. Ô mon Dieu, tu me vois perdu dans ton pays. Chaque fois que j'évoque ce que
tu m'as commandé de dire, tes créatures se moquent de moi. Et pourtant, si je
négligeais ce que tu m'as demandé d'observer, je mériterais la verge de ta colère
et serais éloigné des prairies de ton approche. Mais, par ta gloire ! j'ai tourné
mon visage vers ton bon plaisir et me suis détourné de ce en quoi tes serviteurs
ont placé leurs affections. J'ai pris tout ce qui est à toi en abandonnant tout
ce qui me conduirait loin des retraites de ta proximité et des hauteurs de ta
gloire. Je le jure par ton pouvoir ! Le coeur plein de ton amour, rien ne peut
m'alarmer et dans le chemin de ton bon plaisir toutes les afflictions du monde
ne peuvent me décourager. Mais tout ceci n'est dû qu'à ton pouvoir et à ta puissance,
à ta générosité et à ta grâce, et non à mon propre mérite.
205. Cette épître, ô mon Dieu, j'ai décidé de l'envoyer au roi. Tu sais que mon
seul souhait c'est qu'il soit juste envers tes serviteurs et qu'il étende ses
faveurs au peuple de ton royaume. Je ne désire pour moi que ce que tu désires,
et par ton aide, je ne souhaite que ce que tu souhaites. Périsse l'âme qui recherche
près de toi un autre que toi ! Je le jure par ta gloire ! Mon souhait le plus
cher est ton bon plaisir et ton dessein mon plus grand espoir. Ô mon Dieu, aie
pitié de cette pauvre créature qui s'accroche au pan du vêtement de tes richesses,
de cette âme suppliante qui te conjure par ces mots : Tu es en vérité le Seigneur
de puissance et de gloire ! Ô mon Dieu, aide Sa Majesté le Shah, à garder tes
lois parmi tes serviteurs et à manifester ta justice parmi tes créatures, afin
qu'il traite ces gens comme il traite les autres. Tu es, en vérité, le Dieu de
pouvoir, de gloire et de sagesse.
206. Avec la permission du roi de ce jour, ce serviteur voyagea du siège de la
souveraineté [1] jusqu'en Irak où il séjourna douze ans. Pendant toute cette période,
aucune explication sur notre situation ne fut présentée à la cour de ta présence
et aucun rapport ne fut envoyé aux Puissances étrangères. Plaçant toute notre
confiance en Dieu, nous restâmes dans ce pays jusqu'à l'arrivée d'un haut-fonctionnaire
[2] qui dès son arrivée entreprit le harassement de cette pauvre communauté d'exilés.
À l'instigation de quelques soi-disant érudits et d'autres individus, il créa,
jour après jour, des problèmes à ces serviteurs bien que ceux-ci n'aient jamais
commis aucun acte répréhensible contre l'État et ses peuples ou contraire aux
lois et coutumes des citoyens du royaume.
[1] Téhéran
[2] Mirza Buzurg Khan, consul-général persan à Bagdad.
207. Craignant que les actes de ces transgresseurs produisent des effets contraires
à ton jugement souverain, ce serviteur écrivit un bref récit de la situation à
Mirza Sa'id Khan [1] aux Affaires étrangères. Il aurait pu ainsi le soumettre
à la royale présence de sorte qu'aurait été respecté quoique ce soit que tu aies
décrété à ce sujet. Un long temps s'écoula, et aucun décret ne fut publié. Les
choses en arrivèrent à un point tel que d'imminentes luttes et tueries furent
à craindre. Le besoin de protéger les serviteurs de Dieu contraignit quelques-uns
d'entre eux à faire appel au gouverneur d'Irak.
[1] Le Mu'taminu'l-Mulk, Mirza Sa'id Khan-i-Ansari, ministre des Affaires étrangères.
208. Si tu regardais ces évènements avec équité, il serait clair et évident dans
le miroir de ton coeur que ce qui arriva était le résultat des circonstances et
qu'il n'y avait pas d'autre choix. Sa Majesté elle-même constate que dans toutes
les villes où réside un certain nombre de ces gens, l'hostilité de certains fonctionnaires
a allumé la flamme de la dispute et de la discorde. Cette âme humble, depuis son
arrivée en Irak, a interdit à tous de s'engager dans la lutte et les dissensions.
Les témoins de ce serviteur sont ses actes, et tous savent et peuvent témoigner
qu'en Irak, où vivent ces gens en nombre plus grand que nulle part ailleurs, jamais
aucun d'eux n'a outrepassé ses limites, ni agressé ses voisins. Fixant leur regard
sur Dieu et plaçant en lui toute leur confiance, ils vivent en paix maintenant
depuis plus de quinze ans et, dans tous les évènements qui leur sont arrivés ils
se sont montrés patients et résignés à la volonté de Dieu.
209. Après l'arrivée de ce serviteur en la cité d'Andrinople, quelques individus,
d'Irak et d'ailleurs, s'enquirent du sens de l'expression "porter assistance à
Dieu" qui est citée dans les Écritures saintes. On donna plusieurs réponses, dont
l'une est formulée dans ce texte, qui peut prouver clairement, en la cour de ta
présence, que ce serviteur n'a d'autre but que de promouvoir l'amélioration et
le bien-être du monde. Et si certaines des faveurs divines qui, aussi indigne
que je sois, me furent octroyées par le bon plaisir de Dieu ne sont pas évidentes
et manifestes, il sera au moins établi que dans sa miséricorde et sa grâce infinies,
il n'a pas privé mon coeur de l'ornement de la raison. Voici le passage concernant
le sens de "porter assistance à Dieu".
Il est Dieu. Que sa gloire soit exaltée !
210. Il est clair et évident que le seul vrai Dieu - glorifiée soit sa mention
! - est sanctifié au-delà du monde et de tout ce qu'il contient. Par "porter assistance
à Dieu" nous n'entendons pas qu'une âme doive se battre ou en affronter une autre.
Le souverain Seigneur qui fait ce qui lui plaît a confié le royaume de la création,
ses terres et ses mers, aux mains des rois qui sont, selon ce qu'il a décrété,
les manifestations de son pouvoir divin. S'ils s'abritent à l'ombre du Véridique,
ils seront considérés comme du parti de Dieu ; sinon, ton Seigneur sait vraiment
et remarque tout.
211. Ce que Dieu - que son nom soit glorifié - désire pour lui-même, c'est le
coeur de ses serviteurs, qui sont les trésors de son amour et de son souvenir
ainsi que les châsses de sa connaissance et de sa sagesse. C'est le voeu permanent
du Roi éternel de libérer le coeur de ses serviteurs des choses de ce monde et
de tout ce qui en dépend afin qu'ils deviennent les dignes bénéficiaires de la
splendeur de celui qui est le Roi de tous les noms et de tous les attributs. Ainsi,
aucun étranger ne doit être admis dans la cité du coeur afin que l'Ami incomparable
puisse entrer dans son foyer. Par là on entend la splendeur de ses noms et de
ses attributs, non pas son essence exaltée car ce Roi incomparable a toujours
été et sera toujours sanctifié de l'élévation et de l'abaissement.
212. Il s'ensuit que l'expression "porter assistance à Dieu" ne signifie pas,
en ce jour, affronter quelqu'un ou entrer en conflit avec lui. Loin de là ! ce
qui est préférable aux yeux de Dieu, c'est que les cités du coeur des hommes,
qui sont dirigées par les armées de l'égoïsme et de la passion, soient soumises
par l'épée de la parole, de la sagesse et de la compréhension. Ainsi, quiconque
cherche à aider Dieu doit, avant toute chose, conquérir par l'épée du sens spirituel
et de l'explication, la cité de son propre coeur, la protéger du souvenir de tout
sauf Dieu et ensuite seulement partir à la conquête des cités du coeur des autres.
213. C'est cela le vrai sens de l'expression "porter assistance à Dieu". La sédition
n'a jamais plu à Dieu, pas plus qu'il n'accepta les actes commis dans le passé
par certains sots. Sache qu'être tué dans la voie de son bon plaisir vaut mieux
pour toi que tuer. En ce jour, les bien-aimés du Seigneur doivent se conduire
parmi ses serviteurs, en sorte que leurs actes guident les hommes vers le paradis
du Très-Glorieux.
214. Par celui qui brille à l'orient de sainteté ! Les amis de Dieu ne placent
pas et ne placeront jamais leurs espoirs dans le monde et dans ses possessions
éphémères. Le seul vrai Dieu a toujours considéré que le coeur des hommes lui
appartient d'une manière exclusive. C'est aussi une expression de sa miséricorde
qui surpasse tout, afin qu'ainsi les âmes mortelles soient épurées et sanctifiées
de tout ce qui appartient au monde de poussière et entrent aux royaumes d'éternité.
Sinon, ce Roi idéal, en lui-même et par lui-même, se suffit à lui-même et est
indépendant de tout. L'amour de ses créatures ne saurait lui profiter et leur
malveillance ne saurait lui nuire. Tous viennent de la poussière, tous retourneront
à la poussière cependant que le vrai Dieu, le seul et l'unique, est établi sur
son trône, un trône qui est au-delà du temps et de l'espace, sanctifié au-delà
de toute parole ou expression, allusion, description et définition, exalté au-delà
de toute notion d'abaissement et de glorification. Cela nul ne le sait sauf lui
et ceux qui ont la connaissance du Livre. Il n'est de Dieu que lui, le Tout-Puissant,
le Bienfaisant.
215. Mais il revient à la bienveillance du souverain d'examiner tous les problèmes
avec l'oeil de la justice et de la miséricorde et de ne pas se contenter des accusations
sans fondements de certains individus. Nous supplions Dieu d'aider généreusement
le roi à accomplir ce qu'il lui plaît ; en vérité, ce qu'il désire devrait être
le désir de tous les mondes.
216. Plus tard, ce serviteur fut sommé de venir à Constantinople où nous arrivâmes
en compagnie de quelques pauvres exilés. Nous n'avons jamais cherché à rencontrer
quelqu'un puisque nous n'avions rien à demander et que notre seul but était de
démontrer à tous que ce serviteur n'avait pas l'esprit malfaisant et ne s'était
jamais associé à des semeurs de discorde. Par celui qui pousse la langue de tous
les êtres à chanter ses louanges, il fallut bien prendre des mesures pour protéger
certaines âmes puisque certaines circonstances rendaient difficile l'installation
dans n'importe quel quartier. Mon Seigneur sait ce qui est en moi et il témoigne
de la vérité de ce que je dis.
217. Un roi juste est l'ombre de Dieu sur la terre. Tous devraient chercher refuge
à l'ombre de sa justice et se reposer à l'abri de ses faveurs. Il ne s'agit pas
d'un sujet particulier ou limité dans ses perspectives, que l'on pourrait appliquer
à l'un ou à l'autre car l'ombre nous rappelle celui qui la projette. Dieu, glorifié
soit son souvenir, s'est appelé lui-même le Seigneur des mondes car il a nourri
et nourrit toujours tout le monde. Et glorifiée soit sa grâce qui précède toutes
choses créées et sa miséricorde qui surpasse les mondes.
218. Il est clair et évident que ceux qui se sont associés à cette Cause, qu'elle
soit considérée par les autres comme juste ou non, l'ont acceptée comme vraie
et qu'ils ont tout abandonné dans leur désir de participer aux choses divines.
Qu'ils montrent une telle renonciation dans la voie de l'amour du Très-Miséricordieux
est un témoignage fidèle et éloquent de la vérité de leurs convictions. A-t-on
jamais vu un homme de bon sens sacrifier sa vie sans motif ni raison ? Il est
tout aussi improbable de suggérer que ces gens ont perdu l'esprit, car une telle
attitude n'est pas l'apanage d'une ou deux personnes. Au contraire, une grande
multitude de gens venant de classes différentes burent leur content des eaux vivifiantes
de la connaissance divine et, intoxiqués, se précipitèrent coeur et âme vers le
champ du sacrifice dans la voie du Bien-aimé.
219. Si ces âmes, qui ont renoncé à tout sauf à Dieu par amour de lui et ont offert
leur vie dans son sentier, doivent être vues comme des imposteurs, qu'offrent
les autres pour prouver leurs assertions en ta présence ? Feu Haji Siyyid Muhammad
[1] - Que Dieu exalte son rang et le plonge dans l'océan de son pardon et de sa
miséricorde ! - fut l'un des clercs les plus érudits de son temps, l'un des hommes
les plus dévots et pieux. Il était si bien considéré que tous le louaient et reconnaissaient
sa droiture et sa piété. Pourtant, lors de la guerre avec la Russie [2] lui qui
avait signé le décret de la guerre sainte et qui, bannière au vent, avait quitté
son pays natal pour défendre sa foi, abandonna, après la violence d'une brève
échauffourée, toutes ses bonnes intentions et s'en retourna d'où il était venu.
Si seulement le voile pouvait se lever et les yeux des hommes découvrir ce qui
était jusqu'à présent caché !
[1] Aqa Siyyid Muhammad-i-Tabataba'iy-i-Isfahani, connu comme "Mujahid".
[2] La seconde guerre russo-persane de 1825-28.
220. Depuis plus de vingt ans, ces gens sont, jour et nuit, victimes du courroux
furieux du souverain et les orages impétueux de son déplaisir les ont disséminés
dans différents pays. Combien d'enfants devinrent orphelins et combien de pères
perdirent leurs fils ! Combien de mères n'eurent pas le courage, sous la peur
ou la menace, de pleurer leurs enfants assassinés ! Combien qui, riches et influents
le soir, se virent au matin destitués et profondément humiliés ! Il n'est pas
de pays dont le sol ne soit pas teinté de leur sang et nul endroit du ciel où
leurs soupirs ne soient pas montés. Au long des années, les flèches des tourments
n'ont cessé de pleuvoir des nuages de la volonté divine et malgré toutes ces calamités,
toutes ces tribulations, la flamme de l'amour divin brûle toujours dans leur coeur
au point que si l'on déchiquetait leurs corps, non seulement ils n'abandonneraient
pas leur amour de celui qui est le Bien-aimé des mondes, mais ils accueilleraient
de tout coeur ce qui peut leur advenir dans le chemin de Dieu.
221. Ô roi ! Les brises de la grâce du Très-Miséricordieux ont transformé ces
serviteurs et les ont attirés jusqu'à sa Cour sacrée. "Les preuves d'un vrai amour
se voient sur les manches de l'amant". Et pourtant, quelques soi-disant érudits
ont troublé le coeur lumineux du roi de ce jour, concernant ces âmes qui gravitent
autour de la tente du Très-Miséricordieux et cherchent à atteindre le sanctuaire
de la vraie connaissance. Si seulement Sa Majesté daignait décider que ce serviteur
soit mis face à face avec les religieux de ce temps afin qu'il produise des preuves
et des témoignages en présence de sa majesté le Shah ! Ce serviteur est prêt et
il place en Dieu son espoir que cette réunion sera organisée afin que la vérité
de cette question soit claire et évidente devant Sa Majesté le Shah. C'est à toi
d'ordonner et je me tiens prêt devant le trône de ta souveraineté. Décide donc,
pour ou contre moi.
222. Dans le Coran, son témoignage éternel à tous les peuples du monde, le Très-Miséricordieux
affirme : "Souhaitez la mort si vous êtes des hommes de vérité [1]" Vois comme
il a désigné le désir de la mort comme preuve de la sincérité ! Et ton jugement
lumineux sait clairement, sans aucun doute et avec évidence, lesquels ont choisi,
en ce jour, de donner leur vie dans le sentier du Bien-aimé des mondes. Si l'on
écrivait des livres exposant les croyances de ces gens avec le sang qu'ils ont
répandu dans le sentier de Dieu - exalté soit sa gloire ! - on pourrait déjà en
lire d'innombrables volumes.
[1] Coran 2:94 ; 62:6
223. Nous osons demander comment il est possible d'attaquer ces gens dont les
actes sont en conformité avec leurs paroles et de croire plutôt ceux qui refusent
d'abandonner un iota de leur autorité mondaine dans le chemin de celui qui est
l'Indépendant ? Quelques-uns des religieux qui ont déclaré infidèle ce serviteur
ne m'ont jamais rencontré. Sans m'avoir jamais vu, sans connaître mon dessein,
ils ont parlé et agi selon leur désir. Pourtant, chaque prétention exige une preuve
et pas seulement des mots et un étalage d'apparente piété.
224. À ce propos, plusieurs passages du Livre caché de Fatimih - que Dieu la bénisse
! - sont pertinents et seront cités en persan afin que certains sujets, jusqu'à
maintenant cachés, soient révélés en ta présence. Les personnes à qui s'adresse
ce livre, qu'on appelle aujourd'hui Les paroles cachées, sont celles qui, bien
que connues pour leurs apparentes connaissance et piété, ne sont au fond d'eux-mêmes
qu'esclaves de l'égoïsme et de la passion.
225. Il dit : Ô vous qui êtes sots et cependant, passez pour sages ! Pourquoi
prenez-vous l'apparence de bergers alors qu'au fond, vous êtes devenus des loups
acharnés contre mon troupeau ? Vous êtes comme l'étoile qui précède l'aurore,
elle paraît brillante et lumineuse alors qu'elle égare les voyageurs de ma cité
sur les chemins de perdition.
226. De même, il dit : Ô vous qui paraissez justes, mais qui au fond êtes perfides
! Vous êtes comme une eau claire et amère apparemment pure comme du cristal, mais
le divin Dégustateur n'en accepte aucune goutte. Certes, le rayon du soleil tombe
sur la poussière comme sur le miroir, mais son reflet diffère comme diffère l'étoile
de la terre ; immense est la différence !
227 Il dit encore : Ô essence de désir ! Bien des fois, à l'aurore, depuis les
royaumes de l'infini, je suis venu vers ta demeure et t'ai trouvé sur la couche
de repos, occupé avec d'autres que moi. Aussi, tel l'éclair de l'esprit, je suis
retourné au royaume de gloire céleste et, dans mes retraites d'en-haut, je n'en
ai soufflé mot aux armées de sainteté
228 Et de nouveau, il dit : "Ô esclave du monde ! Que de fois, à l'aurore, la
brise de ma tendre bonté est passée sur toi et t'a trouvé profondément endormi.
Alors, pleurant sur ta condition, elle est repartie d'où elle était venue [1]"
[1] cf. Les paroles cachées en persan : 24, 25, 28 et 30
229. Ainsi, dans l'exercice de la justice royale, il n'est pas suffisant d'écouter
le seul plaignant. Dans le Coran, la balance qui distingue sans erreur le vrai
du faux, Dieu dit : "Ô vous qui croyez ! Si un méchant homme vous apporte une
nouvelle, vérifiez-la de suite, de peur que par ignorance vous ne fassiez du mal
à d'autres et que vous vous repentiez ensuite de ce que vous avez fait [1]". Les
saintes traditions contiennent en outre ce conseil : "Ne croyez pas le conteur
d'histoires" Certains des religieux qui ne nous ont jamais vu ont mal interprété
la nature de notre cause. Mais ceux qui nous ont rencontré témoigneront que ce
serviteur ne parle qu'en accord avec ce que Dieu commande dans le Livre et qu'il
a rappelé ce verset béni - qu'exaltée soit sa parole - : "Nous rejetez-vous seulement
parce que nous croyons en Dieu, en ce qu'il nous a révélé et en ce qu'il révéla
dans le passé ? [2].
[1] Coran 49:6
[2] Coran 5:59. "De quoi nous accusez-vous ? Sinon de croire en Dieu, à ce qui
est descendu vers nous et à ce qui était descendu auparavant ?"
230. Ô roi de ce temps, les yeux de ces réfugiés se tournent vers le Très-Miséricordieux
et comptent sur sa clémence. Il ne fait aucun doute que ces tribulations seront
suivies par une effusion de grâce divine et qu'à ces dures adversités succèdera
une prospérité abondante. Nous osons pourtant espérer que Sa Majesté, le Shah,
examinera lui-même ces questions et apportera de l'espoir au coeur. Ce que nous
soumettons à Ta Majesté n'est vraiment que pour ton plus grand bien. En vérité,
Dieu m'en est un témoin suffisant.
231. Glorifié sois-tu, ô Seigneur, mon Dieu ! Je témoigne que le coeur du roi
est vraiment entre les doigts de ton pouvoir. Si c'est ton souhait, ô mon Dieu,
incline le vers la charité et la miséricorde. Tu es, en vérité, le Tout-Puissant,
le Très-Exalté, le Très-Généreux. Il n'est de Dieu que toi, le Très-Glorieux,
celui dont tous recherchent le secours.
232. En ce qui concerne les qualités des érudits, il dit : "Si, un érudit reste
calme, défend sa foi, réfrène ses désirs et obéit aux commandements de son Seigneur,
tous se doivent de l'imiter... [1]" Si le roi de ce temps méditait cette affirmation,
sortie de la bouche de celui qui est l'Aurore de la révélation du Très-Miséricordieux,
il réaliserait que ceux qui sont ornés des attributs énumérés dans cette sainte
tradition sont plus rares que la pierre philosophale. Il s'ensuit que tout le
monde ne peut prétendre à un savoir digne d'être cru.
[1] Tradition attribuée au onzième Imam, Abu Muhammad al Hasan al-'Askari.
233. Concernant les religieux du temps de la fin, il dit encore : "Les docteurs
en religion de ces jours-là seront les religieux les plus vicieux qu'on ait vus
sous les cieux. D'eux sortira la malfaisance et vers eux elle retournera." Il
dit aussi : "Quand l'étendard de la vérité sera visible, les peuples de l'Orient
et de l'Occident le maudiront [1]" Si quelqu'un conteste ces traditions ce serviteur
entreprendra d'établir leur validité car, par souci de brièveté, on a omis de
citer les détails de leur transmission.
[1] Tradition attribuée au sixième Imam, Abu 'Abdu'llah Ja'far as-Sadiq.
234. Les théologiens qui ont bu à la coupe de la renonciation n'ont jamais fait
obstacle à ce serviteur. Ainsi, par exemple, Shaykh Murtada [1] - Que Dieu exalte
son rang et fasse qu'il repose à l'ombre de sa grâce ! - nous a traité avec bonté
lors de notre séjour en Irak et n'a jamais parlé de cette cause autrement que
selon ce que Dieu permet. Nous supplions Dieu d'aider généreusement chacun à faire
sa volonté et son bon-plaisir.
[1] Shaykh Mutaday-i-Ansari, un éminent mujtahid.
235. Pourtant, ils ont maintenant tous perdu de vue toute autre considération
et ils ne font que persécuter ces gens. Ainsi de certaines personnes qui, par
la grâce de leur Seigneur, reposent à l'ombre de ta royale miséricorde et jouissent
de faveurs innombrables, à qui l'on demanderait : "Quel service avez-vous rendu
en retour de ces faveurs royales, avez-vous, par une politique habile, annexé
un nouveau territoire au royaume, vous êtes-vous consacrés exclusivement à ce
qui assurerait le bien-être du peuple, la prospérité du royaume et la gloire durable
de l'État ?", la seule réponse est de désigner en ta royale présence un groupe
de gens comme étant, à tort ou à raison, babis et de pratiquer ensuite massacres
et pillage. À Tabriz par exemple, comme dans la ville égyptienne de Mansuriyyih,
plusieurs personnes furent ainsi rançonnées, de grandes sommes d'argent volées,
et pourtant aucun rapport ne fut fait sur ces évènements à la cour de ta présence.
236. Tout cela est arrivé parce que, trouvant ces infortunés sans protection,
leurs persécuteurs oublièrent les problèmes plus importants et consacrèrent leur
temps à harasser ces malheureux. Nombreuses sont les confessions et diverses sont
les croyances qui vivent en paix à l'ombre de ta souveraineté. Fais que ces gens
soient comptés parmi elles. Ceux qui servent le roi devraient être animés par
des buts si élevés et des intentions si sublimes qu'ils s'efforceraient constamment
de placer toutes les religions sous l'abri de son ombre et de les administrer
en parfaite justice.
237. Appliquer les lois de Dieu n'est que justice et c'est la source du bien-être
général. Bien mieux, les lois divines ont toujours été et seront toujours la cause
et l'instrument de la protection de l'humanité, ainsi qu'en témoignent ses paroles
exaltées : "Dans la punition, vous trouverez la vie, ô hommes de compréhension
! [1]" Mais il ne convient pas à la justice de Ta Majesté que tout un groupe soit
soumis à la verge de ton courroux pour la faute d'une seule âme. Le seul vrai
Dieu -glorifié soit son nom ! - dit : "Aucune ne portera le fardeau d'une autre
[2]". Il est clair et évident qu'en chaque communauté il y a toujours eu et il
y aura toujours l'érudit et l'ignorant, le sage et le sot, le débauché et le pieux.
Qu'une âme sage et réfléchie commette un acte odieux est très improbable car une
telle personne, soit recherche ce monde, soit le rejette. Dans le second cas,
elle ne regarderait rien d'autre que Dieu et la crainte de Dieu l'empêcherait
encore plus de commettre tout acte illégal ou répréhensible. Dans le premier cas,
elle éviterait certainement tout acte qui alarmerait et ferait peur aux gens,
il agirait de telle sorte qu'il gagnerait leur confiance. Il est donc évident
que des actes répréhensibles ont toujours été accomplis, et le seront toujours,
par des âmes sottes et ignorantes. Nous implorons Dieu d'empêcher ses serviteurs
de se tourner vers tout autre que lui et de les attirer vers sa présence. Son
pouvoir, en vérité, égale tout.
238. Loué sois-tu, ô Seigneur mon Dieu ! Tu entends la voix de mes lamentations,
tu vois ma condition, ma détresse, mon affliction. Tu sais tout ce qui est en
moi. Si je ne lance cet appel que par amour de toi, attire le coeur de tes créatures
vers le paradis de ta connaissance et le coeur du souverain vers la droite du
trône de ton nom, le Très-Miséricordieux. Ô mon Dieu, accorde-lui une part de
cette bonne nourriture qui vient du ciel de ta générosité et des nuages de ta
miséricorde afin qu'il renonce à tout et se tourne vers la cour de ta faveur.
Aide-le ô mon Dieu, à soutenir ta cause et à exalter ton verbe parmi tes créatures.
Renforce-le des armées visibles et invisibles afin qu'il conquière toutes les
villes en ton nom et domine, par ta souveraineté et ton pouvoir, tout ce qui vit
sur terre. Ô toi qui tiens entre tes mains le royaume de la création, tu es l'Ordonnateur
suprême du commencement à la fin. Il n'est de Dieu que toi, le Tout-Puissant,
le Très-Glorieux, le Très-Sage.
239. Notre cause a été si dénaturée en ta royale présence que chaque acte inconvenant
commis par l'un de ses adeptes, est présenté comme suscité par leurs croyances.
Par celui auprès de qui il n'est pas d'autre Dieu, ce serviteur a refusé de sanctionner
le fait de commettre des actions réprouvées, que dire alors de celles qui sont
explicitement interdites dans le Livre de Dieu.
240. Dieu interdit aux hommes de boire du vin et cette interdiction est révélée
et inscrite dans son Livre. Malgré tout et en dépit du fait que les érudits d'aujourd'hui
- que Dieu augmente leur nombre ! - ont interdit à tous cet acte misérable, quelques-uns
le font toujours. La punition qu'un tel acte appelle, ne doit pourtant s'appliquer
qu'aux négligents qui l'accomplissent alors que les nobles Manifestations de la
sainteté suprême sont sanctifiées et exemptes de tout blâme. En fait, toute la
création visible et invisible, témoigne de leur sainteté.
241. Ces serviteurs regardent le seul vrai Dieu comme étant celui qui "fait ce
qu'il veut [1]" et qui "ordonne ce qui lui plaît [2]". C'est pourquoi ils ne voient
pas comme impossible l'apparition continue dans le monde contingent des Manifestations
de son unité. Si quelqu'un croit le contraire, comment peut-il être différent
de ceux qui croient que Dieu est "enchaîné [3]" ? Et si le seul vrai Dieu - glorifiée
soit sa mention ! - doit être vraiment considéré comme libre, alors toute cause
qu'il plaît à cet ancien Roi de manifester depuis la source de son commandement,
doit être embrassée par tous. Il n'y a de refuge pour personne et nul abri où
se précipiter si ce n'est auprès de Dieu ; il n'y a de protection pour personne
et nul abri si ce n'est auprès de lui.
242. La condition essentielle de celui qui avance une prétention c'est de pouvoir
la prouver par des preuves et des témoignages évidents. Sinon, le rejet par les
hommes, qu'ils soient ignorants ou érudits, n'a et n'a jamais eu d'importance.
Les prophètes de Dieu, ces perles de l'océan de l'unité divine et dépositaires
de la révélation divine, ont toujours été rejetés et refusés par les hommes. Comme
il dit : "Chaque nation couvait de mauvais desseins contre son Messager pour s'en
saisir ; on disputait avec des mensonges pour détruire la vérité [1]" et aussi
: "Aucun messager n'est venu vers eux qu'ils ne l'eussent pris pour l'objet de
leurs railleries [2]".
[1] Coran 40:5
[2] Coran 36:30
243. Considère la révélation de celui qui est le Sceau des prophètes et le Roi
des élus - que les âmes de toute l'humanité soient offertes par amour de lui !
Le soleil de vérité s'étant élevé au-dessus de l'horizon du Hijaz, grandes furent
alors les cruautés que les tenants de l'erreur infligèrent à cette incomparable
manifestation du Très-Glorieux ! Leur irréflexion était telle qu'ils considéraient
chaque blessure infligée à cet être sacré comme un acte des plus louable, comme
un moyen d'arriver à Dieu, le Très-Haut. Car dans les premières années de sa mission,
les religieux de ce temps, qu'ils fussent juifs ou chrétiens, se détournaient
de ce Soleil du ciel de gloire et tous, grands ou petits, s'affairaient à éteindre
la lumière de cet Astre de l'horizon du sens spirituel. Le nom de ces religieux
sont mentionnés dans les livres anciens ; parmi eux on trouve Wahb Ibn-i-Rahib,
Ka'b Ibn-i-Ashraf, 'Abdu'llah-i-Ubayy et d'autres tout pareils.
244. Les choses en arrivèrent au point où ces hommes se réunirent et conspirèrent
pour répandre son sang pur, comme Dieu - glorifiée soit sa mention ! - le dit
: "Et souviens-toi quand les infidèles tramaient un complot contre toi, quand
ils voulaient te saisir, te tuer ou te chasser, Dieu, à son tour, complota contre
eux, et certes Dieu est le plus habile à nouer un complot [1]". Il dit aussi :
"Leur opposition te pèse ; certes, si tu le pouvais, tu désirerais pratiquer un
antre dans la terre ou une échelle pour monter au ciel, afin de leur montrer un
mirage. Si Dieu voulait, ils se réuniraient tous dans la direction du chemin droit.
Ne soit donc pas du nombre des ignorants [2]". Par Dieu ! Le coeur de ses favoris
se consume devant le sens de ces deux versets bénis. Ces faits, bien établis et
indiscutables, sont oubliés et plus personne, ni hier ni aujourd'hui, ne s'arrête
pour réfléchir à ce qui fit les hommes se détourner des Révélateurs de la lumière
de Dieu au temps de leur manifestation.
[1] Coran 8:30
[2] Coran 6:35
245. De même, avant l'apparition du Sceau des Prophètes, considère Jésus, fils
de Marie. Quand cette manifestation du Très-Miséricordieux se révéla, tous les
prêtres accusèrent cette quintessence de la foi d'impiété et de rébellion. Finalement,
avec la caution d'Anne, le plus érudit des prêtres de son temps et de Caïphe,
le grand-prêtre, sa personne bénie souffrit ce que la plume a honte de mentionner
et est impuissante à décrire. Le monde entier dans toute sa grandeur ne pouvait
plus le contenir et Dieu finit par l'élever jusqu'aux cieux.
246. Conter en détail l'histoire de tous les prophètes serait fastidieux. Les
docteurs de la Torah, par exemple, affirment qu'aucun prophète indépendant ne
viendra avec une nouvelle loi après Moïse. Ils affirment qu'un rejeton de la maison
de David sera manifesté, qui promulguera la loi de la Torah et contribuera à établir
et à appliquer ses commandements tant en Orient qu'en Occident.
247. Les disciples de l'Évangile tenaient aussi pour impossible qu'après Jésus,
fils de Marie - que la paix soit sur lui ! -, le porteur d'une nouvelle révélation
brille de nouveau à l'orient de la volonté de Dieu. Pour preuve de cette position,
ils s'appuient sur le verset suivant de l'Évangile : "Le ciel et la terre passeront,
mais les paroles du Fils de l'homme ne passeront pas [1]" Ils maintiennent qui
ni les enseignements ni les commandements de Jésus - Paix sur lui ! - ne peuvent
jamais être altérés.
[1] cf. Matthieu, 24:35, Marc 13:31, Luc 21:33
248. Il dit dans l'Évangile : "Je m'en vais et je reviendrai [1]" De même, dans
l'évangile de Jean, il prédit la venue d'un Consolateur qui viendra après lui
[2]. Dans l'Évangile de Luc aussi un certain nombre de signes et de prodiges sont
mentionnés. Certains religieux de cette religion ont pourtant interprété ces affirmations
selon leur fantaisie et n'ont pas réussi à comprendre leur vrai sens.
[1] Jean 14:28
[2] cf. Jean 14:16, 14:26, 15:26, 16:7
249. Ô Shah, si seulement tu pouvais me permettre de t'envoyer ce qui réjouirait
les yeux, calmerait les âmes et persuaderait toutes personnes équitables qu'il
a la connaissance du Livre. Certains, incapables de répondre aux objections élevées
par ses opposants, prétendent que la Torah et l'Évangile ont été corrompus ; en
réalité, les références à la corruption ne concernent que certains cas précis.
Sans le rejet des sots et la connivence des religieux, j'aurais prononcé un discours
qui aurait ravi les coeurs, les transportant jusqu'en un royaume d'où l'on perçoit
dans le murmure des vents : "Il n'est de Dieu que lui". Mais le temps n'est pas
encore venu, aussi la langue de mon éloquence est-elle immobile et le vin de l'explication
reste-t-il scellé jusqu'à ce que Dieu, par la force de son pouvoir, daigne le
décacheter. Il est le Tout-Puissant, l'Omnipotent.
250. Loué sois-tu, ô Seigneur mon Dieu ! Par ton Nom, par lequel tu soumets tous
ceux qui sont au ciel et sur la terre, je te demande de protéger la lampe de ta
cause au sein du globe de ton omnipotence et de ta généreuse faveur, de crainte
que ceux qui sont insouciants des mystères de ton nom, l'Indépendant, ne l'exposent
aux coups de la dénégation. Que l'huile de ta sagesse augmente alors la radiance
de sa lumière ! Tu as vraiment pouvoir sur tous les habitants de la terre et du
ciel.
251. Ô mon Seigneur, par ton Verbe très exalté qui frappe de terreur le coeur
de tous ceux qui sont au ciel et sur la terre, à l'exception de ceux qui tiennent
fermement ta poigne sûre, je t'implore de ne pas m'abandonner au milieu de tes
créatures. Élève-moi vers toi, fais-moi entrer à l'ombre de ta miséricorde et
donne-moi à boire du vin pur de ta providence afin que je vive sous la tente de
Ta Majesté, sous le dais de ta bienveillance. Tu as le pouvoir de faire ce qui
te plaît. Tu es vraiment le Secours, l'Absolu.
252. Ô roi, la lampe de la justice est éteinte et le feu de la tyrannie brûle
de tous côtés à tel point que mon peuple fut conduit captif de Zawra' [1] vers
Mosul, connue sous le nom de Hadba'. Ce n'est pas le premier outrage subi dans
la voie de Dieu. Chacun doit examiner ce qui est arrivé aux parents du Prophète
lorsqu'on les entraîna, captifs, jusqu'à Damas, connue sous le nom de Fayha'.
Parmi eux, on trouvait le prince des adorateurs de Dieu, le soutien de ceux qui
sont proches de lui, le sanctuaire de ceux qui recherchent sa présence - que la
vie de tous lui soit offerte en sacrifice ! [2]
[1] Bagdad.
[2] 'Ali Ibn Husayn, connu comme "Zaynu'l-Abidin", le deuxième fils de l'Imam
Husayn, qui devint le quatrième Imam.
253. On leur demanda : "Etes-vous du parti des Sortants ? [1]" Il répliqua : "Par
le Seigneur Tout-Puissant, nous sommes des serviteurs qui croient en Dieu et en
ses versets. Grâce à nous, le visage de la foi resplendit de joie. Grâce à nous
le signe du Très-Miséricordieux brille. À la mention de nos noms le désert de
Batha [2] se couvre d'eau et l'obscurité qui sépare le ciel et la terre s'évanouit.
[1] Coran 57:16
[2] La Mecque
254. On leur demanda : "Avez-vous interdit ce que Dieu a rendu légal, ou permis
ce qu'il a interdit ?" Il répondit : "Nous sommes les premiers à suivre les commandements
divins. Nous sommes la racine et l'origine de sa cause, le début de tout bien
et sa fin. Nous sommes le signe de l'Ancien des Jours et son souvenir parmi les
nations."
255. On leur demanda : "Avez-vous oublié le Coran ?" Il répondit : "C'est dans
notre maison que le Très-Miséricordieux le révéla. Nous sommes les brises du Très-Glorieux
parmi sa création. Nous sommes les eaux qui jaillissent du très grand Océan et
par lesquelles Dieu revivifie la terre, et la revivifiera encore après sa mort.
Grâce à nous ses signes se diffusent, ses preuves se révèlent, ses symboles se
dévoilent. Nous connaissons ses sens cachés et ses mystères inouïs."
256. On leur demanda : "Pour quel crime êtes-vous punis ?" Il répondit : "Pour
notre amour de Dieu et notre détachement de tout sauf de lui."
257. Que la paix soit sur lui ! Nous n'avons pas relaté ses paroles exactes, nous
avons plutôt dispensé quelques gouttes de cet océan de vie éternelle qui gît en
elles afin que ceux qui entendent soient ranimés et prennent conscience de ce
qui est arrivé aux fidèles de Dieu livrés aux mains d'une génération méchante
et égarée. Nous voyons aujourd'hui les gens blâmer les oppresseurs du passé alors
qu'eux-mêmes commettent des vilenies encore plus grandes et ne le savent pas !
258. Dieu m'est témoin que mon but n'est pas de fomenter la sédition mais de purifier
ses serviteurs de tout ce qui les empêche de s'approcher de lui, le Seigneur du
jour du jugement. J'étais endormi sur ma couche et voilà que les brises de mon
Seigneur, le Très-Miséricordieux, soufflèrent sur moi, me tirèrent de mon sommeil
et me forcèrent à élever la voix entre ciel et terre. Cela ne vient pas de moi,
mais de Dieu. En témoignent les habitants de son Empire et de son Royaume, ainsi
que les citoyens des villes de sa gloire impérissable. Par lui qui est la vérité,
je ne crains ni tribulation en son chemin, ni affliction en raison de mon amour
pour lui et dans le sentier de son bon plaisir. En vérité, Dieu a voulu que l'adversité
soit une rosée matinale pour son vert pâturage et une mèche pour sa lampe qui
éclaire le ciel et la terre.
259. La fortune d'un homme dure-t-elle toujours ? Peut-elle le protéger de celui
qui, avant peu, le saisira par les cheveux ? En contemplant ceux qui dorment dans
les tombes, couchés dans la poussière, peut-on distinguer le crâne effrité du
souverain des os désagrégés d'un de ses sujets ? Par celui qui est le Roi des
rois, peut-on faire la différence entre le suzerain et le vassal, entre le riche,
le nanti, et celui qui n'avait ni chaussures ni matelas ? Par Dieu ! toute distinction
est gommée sauf pour ceux qui défendirent le droit et gouvernèrent avec justice.
260. Où sont les érudits, les religieux, les potentats du passé ? Que sont devenues
leurs vues pénétrantes, leur perception sagace, leurs idées subtiles et leurs
sages décisions ? Où sont leurs coffres cachés, leurs ornements prétentieux, leurs
couches dorées, leurs tapis et leurs coussins éparpillés ? Disparue à jamais leur
génération ! Tous ont péri et, par décret de Dieu, rien ne reste d'eux que poussière
disséminée. Dissipée la richesse qu'ils avaient accumulée, dispersées les réserves
qu'ils avaient thésaurisées, épuisés les trésors qu'ils avaient cachés ! On ne
voit plus que leurs demeures désertes, leurs maisons sans toit, leurs arbres déracinés
et leur splendeur flétrie. Aucun homme perspicace ne laissera la richesse le distraire
de son objectif ultime, aucun homme de compréhension ne laissera la fortune l'empêcher
de se tourner vers celui qui possède tout, le Très-Haut.
261. Où est celui qui dominait partout où brille le soleil, qui vivait avec extravagance,
et recherchait les pompes de la terre et de tout ce qui s'y trouve ? Où est le
commandeur de la légion basanée qui portait haut l'étendard doré ? Où est le dirigeant
de Zawra' ? Où est le tyran de Fayha'? [1]. Où sont ceux dont la munificence faisait
honte aux trésors de la terre, dont les largesses et l'enflure orgueilleuse humiliaient
l'océan lui-même ? Où est celui qui leva le bras en signe de rébellion et se retourna
contre le Très-Miséricordieux ?
[1] Les Abassides dont la forteresse était Zawra'(Bagdad) étaient célèbres par
leur légion basanée tandis que les Omeyyades dont la forteresse était Fayha' (Damas)
avaient des étendards rouge et or.
262. Où sont ceux qui recherchèrent les plaisirs terrestres et les fruits des
désirs charnels ? Où se sont enfuies leurs belles et charmantes femmes ? Où sont
leurs arbres ondulants, leurs buissons verdoyants, leurs beaux manoirs, leurs
jardins bien dessinés ? Et qu'en est-il des délices de ces jardins : le sol meuble,
les brises fraîches, le murmure des ruisseaux, le chuchotement du vent, le roucoulement
des colombes et le bruissement des feuilles ? Où sont maintenant leurs matins
splendides et les sourires qui éclairaient leurs visages ? Hélas ! ils ont tous
péri et reposent maintenant sous un dais de poussière. Nul n'en parle ni ne les
mentionne, nul ne connaît leur histoire et rien ne reste de leurs traces.
263. Quoi ! Va-t-on contester ce dont on est témoin ? Va-t-on nier ce qu'on sait
être vrai ? Quelle confusion ! Ne voit-on pas qu'on est embarqué pour un voyage
dont on ne revient pas ? Va-t-on longtemps encore errer de montagne en vallée,
de colline en ravin ? "N'est-ce pas le temps, pour les croyants, d'humilier leur
coeur à la mention de Dieu ? [1]". Heureux celui qui a dit ou qui dira : "Oui,
par mon Seigneur ! voici que le temps est venu, que l'heure a sonné !" et qui,
ensuite, se détachera de tout ce qui fut et se donnera entièrement à celui qui
est le Possesseur de l'univers et le Seigneur de toute la création.
[1] Coran 57:16
264. Et pourtant, quelle espérance ! Car rien ne se récolte qui n'ait été semé,
et rien n'est relevé qui n'ait été couché [1] si ce n'est par la grâce et les
dons du Seigneur. Le monde a-t-il déjà conçu dans son sein celui dont les voiles
de gloire ne l'empêchent pas de monter jusqu'au royaume de son Seigneur, le Très-Glorieux,
le Très-Haut ? Nous appartient-il encore d'accomplir ces actes qui dissipent nos
afflictions et nous rapprochent de celui qui est la Cause des causes ? Nous supplions
Dieu de nous traiter avec générosité, non avec justice, et de nous accorder d'être
de ceux qui se sont tournés vers leur Seigneur et se sont détachés de tout le
reste.
[1] cf. Luc 19:21
265. Ô Shah, j'ai subi dans le sentier de Dieu ce qu'aucun oeil n'a vu et aucune
oreille entendu. Mes connaissances m'ont répudié et mes chemins se sont rétrécis.
La fontaine du bien-être s'est asséchée et la demeure confortable est tombée en
ruine. Nombreuses sont les épreuves qui ont plu et pleuvront bientôt sur moi !
Je m'avance, le visage tourné vers le Tout-Puissant, le Très Généreux, tandis
que derrière moi rampe le serpent. Mes yeux ont tant pleuré que mes larmes ont
trempé ma couche.
266. Mais ce n'est pas sur moi que je m'attriste. Par Dieu ! ma tête désire ardemment
la lance pour l'amour de son Dieu. Je ne suis jamais passé près d'un arbre sans
que mon coeur ne lui dise : "Ô ! puisses-tu être abattu en mon nom pour que mon
corps soit crucifié sur toi, dans le chemin de son Seigneur !" car je vois les
gens errer dans l'affliction et inconscients dans leur stupeur éthylique. Ils
adorent leurs passions et ont détrôné leur Dieu. Peut-être ont-ils pris sa cause
pour une plaisanterie et la considèrent-ils comme un jouet ou un passe-temps,
tout en pensant qu'ils font le bien et vivent en sécurité dans la citadelle de
sûreté. Cependant les choses ne sont pas ce qu'ils aiment imaginer ; ils découvriront
demain ce qu'aujourd'hui ils nient.
267. Avant peu les riches et les puissants nous banniront du pays d'Andrinople
vers la ville d'Acre. On raconte que c'est la plus désolée des villes du monde,
la plus désagréable en apparence, au climat le plus détestable et à l'eau la plus
immonde. Elle ressemble à une ville de hiboux dans l'enceinte de laquelle on n'entend
que leur cri. C'est là qu'ils ont décidé d'emprisonner cet Adolescent, de nous
refuser l'accès au bien-être et au confort et de nous priver de tous les bienfaits
terrestres pour le reste de nos jours.
268. Par Dieu ! La fatigue m'abat, la faim m'épuise, la roche nue me sert de lit
et les bêtes sauvages sont mes compagnons, mais je ne me plaindrai pas, je le
supporterai patiemment comme tant d'autres l'ont supporté avec patience, constance
et fermeté par le pouvoir de Dieu, l'éternel Souverain, le Créateur des nations.
Et je rendrai grâce à Dieu en toutes circonstances. Nous prions pour que, dans
sa bonté, Dieu - loué soit-il - délivre, par cet emprisonnement, les hommes des
chaînes et des fers, et leur permette de se tourner, avec sincérité, vers la face
de celui qui est le Tout-Puissant, le Généreux. Il est prêt à répondre à quiconque
l'invoque et il est proche de celui qui communie avec lui. Nous le supplions aussi
de faire de cette sombre épreuve un bouclier pour le temple de sa cause et de
la protéger des assauts des épées aiguisées et des poignards affûtés. L'adversité
a toujours donné lieu à l'élévation de sa cause et à la glorification de son nom.
Telle est la méthode de Dieu depuis des siècles et des âges. Ce qu'aujourd'hui
les gens ne peuvent comprendre, ils le découvriront bientôt, le jour où leur monture
trébuchera, où leurs atours seront repliés, leurs lames émoussées et où leurs
pieds achopperont.
269. Je ne sais pas pendant combien de temps ils éperonneront le destrier de l'ego
et des passions pour se perdre dans le désert de l'erreur et de la négligence.
La pompe du puissant ou le malheur de l'humilié dureront-ils ? Celui qui repose
sur le siège le plus élevé, au pinacle de la gloire et de la puissance, y restera-t-il
toujours ? Non ! par mon Seigneur, le Très-Miséricordieux. Tout ce qui est sur
la terre passera. Seule restera la face de Dieu, le Très-Glorieux, le Très-Généreux
[1].
[1] cf. Coran 55:26
270. Quelle armure n'est pas percée par la flèche de destruction et quel front
royal n'est pas dépouillé par la main du destin ? Quelle forteresse résiste à
l'approche du messager de la mort, quel trône n'est pas réduit en pièces, quel
palais changé en ruines ? Si ces gens goûtaient au vin choisi par la miséricorde
de son Seigneur, le Tout-Puissant, l'Omniscient, et mis en réserve pour eux dans
l'au-delà, ils arrêteraient leur censure et ne rechercheraient que le bon plaisir
de cet Adolescent. Pourtant, ils m'ont caché derrière un voile de noirceur tissé
par les mains des désirs oiseux et des vaines imaginations. Avant peu, la main
nivéenne de Dieu déchirera la noirceur de cette nuit et ouvrira un grand portail
dans cette ville. Alors ils y pénétreront par troupes en proclamant ce que les
accusateurs proclamaient dans le passé [1], ainsi sera manifeste à la fin ce qui
apparu au commencement.
[1] cf. Coran 12:31
271. Désirent-ils s'attarder ici alors qu'ils ont déjà un pied dans l'étrier ?
Veulent-ils revenir alors qu'ils s'en sont allés ? Non, par celui qui est le Seigneur
des seigneurs ! pas avant le jour du jugement, le jour où les hommes sortiront
de leurs tombes et devront rendre compte. Bienheureux celui qui ne sera pas écrasé
par son fardeau ce jour-là, le jour où les montagnes disparaîtront et où tous
seront réunis pour être interrogés en présence de Dieu, le Très-exalté. Sévère
est-il dans ses punitions !
272. Nous supplions Dieu de purger le coeur de certains religieux de l'inimitié
et de l'hostilité afin qu'ils regardent les choses d'un oeil dégagé de mépris.
Puisse-t-il les élever jusqu'à un état où ni l'attrait du monde ni la fascination
pour le pouvoir ne parviendront à détourner leur regard de l'horizon suprême et
où ni les bienfaits terrestres ni les désirs charnels ne les empêcheront d'arriver
à ce jour où les montagnes seront réduites en poussière. Ils se réjouissent aujourd'hui
des malheurs qui nous atteignent mais bientôt viendra le temps où ils se lamenteront
et pleureront. Par mon Seigneur ! si je pouvais choisir entre, d'une part, la
richesse et l'opulence, le confort et l'aisance, les honneurs et la gloire qu'ils
connaissent et, d'autre part, les adversités et les épreuves qui sont miennes,
je choisirais sans hésiter ma présente condition et je refuserais d'échanger un
seul atome de ces malheurs contre tout ce qui fut créé dans le monde de l'être.
273. Si ce n'était pour les épreuves que j'ai subies dans le chemin de Dieu, la
vie n'aurait pour moi aucune douceur et mon existence ne m'aurait pas profité.
Pour ceux qui sont dotés de discernement et dont les yeux sont fixés sur cette
vision sublime, ce n'est pas un secret que je fus, pendant presque toute ma vie,
comme un esclave assis sous une épée suspendue par un fil, ne sachant pas si elle
tomberait ou non sur moi. Et néanmoins nous remercions Dieu, le Seigneur des mondes
et nous le louons toujours et en toutes conditions. En vérité, il est témoin de
tout.
274. Nous supplions Dieu d'étendre largement son ombre afin que le vrai croyant
et l'amoureux sincère s'y abritent. Puisse-t-il offrir aux hommes les fleurs de
sa bonté et les étoiles du ciel de sa providence. Nous prions Dieu, de plus, d'aider
avec bienveillance le roi à faire Sa volonté et Son bon plaisir et de le confirmer
dans ce qui le rapprochera de la Source des noms de Dieu les plus excellents.
Ainsi il ne cèdera pas à l'injustice à laquelle il assiste, il verra ses sujets
avec des yeux pleins de tendresse et il les protègera de l'oppression. Nous supplions
encore Dieu, exalté soit-il, de réunir toute l'humanité autour du golf de ce très
grand Océan dont chaque goutte proclame qu'il est le messager de joie pour le
monde et le vivificateur de tous ses peuples. Loué soit Dieu, le Seigneur du jour
du jugement.
275. Enfin nous supplions Dieu, exaltée soit sa gloire, de te permettre d'aider
sa Foi et de te tourner vers sa justice afin que tu juges entre les gens comme
tu jugerais entre les membres de ta famille, afin que tu choisisses pour eux ce
que tu choisirais pour toi-même. Il est le Tout-Puissant, le Très-Exalté, le Secours,
l'Absolu.
276. Ainsi, des mains du pouvoir et de la puissance, avons-nous construit le Temple,
si tu le savais. C'est lui le Temple qui t'est promis dans le Livre. Approches-en.
C'est ce qui te sera profitable, si tu pouvais le comprendre. Soyez justes, ô
peuples de la terre ! Lequel est préférable, ce Temple ou un temple d'argile ?
Tournez-vous vers lui. Ainsi vous l'ordonne Dieu, le Secours, l'Absolu. Suivez
ses commandements et louez Dieu, votre Seigneur, pour les dons qu'il vous a faits.
Il est la Vérité. Il n'est de Dieu que lui. Il révèle ce qui lui plaît par ses
mots "sois et c'est".
SURIY-I-RA'IS
En son nom, le Très-Glorieux.
1. Ô chef, [1], écoute la voix de Dieu, le Souverain, le Secours, l'Absolu. En
vérité, il lance son appel entre le ciel et la terre et il appelle toute l'humanité
à découvrir sa gloire transcendante. Ni les grognements, ni les aboiements de
ceux qui t'entourent, ni l'opposition des armées du monde ne peuvent empêcher
le Tout-Puissant d'atteindre son but. La terre entière est enflammée par le Verbe
de ton Seigneur, le Très-Glorieux, Verbe qui est plus doux que la brise matinale.
Il se manifeste sous la forme d'un temple humain par lequel Dieu vivifie l'âme
de ses serviteurs sincères. En son essence, ce verbe est l'eau-de-vie par laquelle
Dieu purifie le coeur de ceux qui se tournent vers lui en oubliant tout autre
mention, et par laquelle il les attire vers le siège de son puissant Nom. Nous
en avons aspergé le peuple des tombes et vois : ils se lèvent les yeux fixés sur
la beauté éblouissante et resplendissante de leur Seigneur.
[1] Cette épître fut révélée en arabe en l'honneur de Haji Muhammad Isma'il-i-Kashani,
surnommé Dhabih (Sacrifice) et Anis Compagnon) par Baha'u'llah. Elle interpelle
'Ali Pasha, le premier Ministre ottoman, appelé ici Ra'is (Chef ou Dirigeant).
2. Ô chef, tu as commis ce qui fait se lamenter Muhammad, l'Apôtre de Dieu dans
le Paradis le plus sublime. Le monde t'a rendu si fier que tu t'es détourné de
la face qui illumine l'Assemblée céleste. Bientôt tu te trouveras en plein désarroi.
Tu as conspiré avec l'ambassadeur persan pour me nuire bien que je sois allé vers
toi venant de la source de majesté et de grandeur, porteur d'une Révélation qui
console les yeux des aimés de Dieu.
3. Par Dieu ! en ce jour, toutes choses créées ne cessent de lancer le cri du
Buisson ardent : "Le Bien-aimé des mondes est venu !" et un Moïse se tient devant
toute chose à l'écoute du Verbe de ton Seigneur, le Tout-Puissant, l'Omniscient.
Si nous nous dépouillions du vêtement mortel que nous avons revêtu en considération
de votre faiblesse, tous ceux qui sont au ciel et sur la terre offriraient leur
âme pour moi. Le Seigneur lui-même en témoigne. Et pourtant, nul ne peut le comprendre
à l'exception de ceux qui se sont détachés de tout par amour pour leur Seigneur
le Tout-Puissant, l'Omnipotent.
4. T'imagines-tu capable d'étouffer le feu allumé par Dieu au coeur de la création
? Par celui qui est la vérité éternelle, si tu pouvais seulement le savoir, c'est
au contraire ce que tes mains commirent qui le fait brûler plus haut et plus fort.
Avant peu il s'étendra sur toute la terre et tout ce qui y vit. Ainsi en a décrété
Dieu et les puissances de la terre et du ciel sont incapables d'étouffer son dessein.
5. Proche est le jour où le Pays du mystère [1] et ses environs seront transformés.
Ils échapperont des mains du roi et seront ébranlés ; la voix des lamentations
s'élèvera, les preuves des méfaits seront visibles de toutes parts, la confusion
sera partout en raison du sort que les armées de l'oppression ont infligé à ces
prisonniers. Le cours des choses sera changé, les conditions deviendront si dramatiques
que le sable même des collines désolées gémira, les arbres sur les montagnes sangloteront
et le sang jaillira de toutes choses. Tu verras alors le peuple dans une profonde
détresse [2].
[1] Andrinople.
[2] Le sultan 'Abdu'l-Aziz perdit son trône et sa vie en 1876. Pendant la guerre
avec la Russie qui s'en suivit (1877-1878), l'ennemi occupa Andrinople et les
Turcs connurent un violent bain de sang.
6. Ô Chef, nous nous sommes déjà révélé à toi sur le mont Tina, puis sur le mont
Zayta [1], puis une fois encore en ce lieu sacré. Pourtant, suivant tes tendances
corrompues, tu n'as pas su répondre et tu fus compté parmi les égarés. Souviens-toi
du temps où Muhammad apparut chargé de preuves évidentes venant de celui qui est
le Tout-Puissant, l'Omniscient. Le peuple lui lançait des pierres, tantôt en se
cachant, tantôt ouvertement sur les places publiques et rejetait les signes de
Dieu, ton Seigneur et le Seigneur de tes pères. Les religieux le renièrent aussi,
ainsi que leurs disciples, et les rois du monde firent de même comme tu l'as entendu
dire dans les contes du passé. Parmi ces rois, Chosroes [2]. En vérité, ton Seigneur
connaît tout. Pourtant, motivé par ses désirs mauvais et corrompus, Chosroes se
conduisit avec arrogance devant Dieu et déchira l'épître. Il fait partie des habitants
du feu abyssal.
[1] Littéralement, "Mont des Figues" et "Mont des Oliviers". Cf. Coran 95:1
[2] Chosroes II, le monarque sassanide qui régnait en Perse au temps de Muhammad
reçut une épître bénie envoyée par Muhammad, l'appelant à Dieu et lui enjoignant
de ne pas être infidèle.
7. Alors qu'il imposait ses caprices sur le pays et faisait partie des transgresseurs,
Pharaon avait-il le pouvoir d'empêcher la main de Dieu d'exercer sa souveraineté
? C'est de sa maisonnée et contre sa volonté que nous fîmes sortir celui qui conversait
avec Dieu. Nous atteignons toujours notre but. Souviens-toi aussi comment Nimrod
alluma le feu de l'impiété afin que ses flammes consument Abraham, l'Ami de Dieu.
Mais par le pouvoir de la vérité, nous l'en avons délivré et nous avons saisi
Nimrod dans la furie de notre colère. Dis : l'oppresseur [1] met à mort le Bien-aimé
des mondes [2] afin d'éteindre la lumière de Dieu parmi les hommes et de les empêcher
d'approcher de la source de la vie éternelle, aux jours de ton Seigneur, le Généreux,
le Très-Miséricordieux.
[1] Muhammad Shah.
[2] Le Bab.
8. Nous aussi avons révélé la cause de Dieu dans ses cités et dressé haut son
souvenir parmi ceux qui croient vraiment en lui. Dis : Cet Adolescent vient pour
vivifier le monde et pour unir tous ses peuples. Le jour approche où se réalisera
ce que Dieu a prévu et où tu verras la terre devenir le paradis très-glorieux.
C'est ce qu'a écrit la Plume de la révélation en cette puissante épître.
9. Ô Plume, cesse de mentionner ce chef et souviens-toi d'Anis, cet intime de
l'amour de Dieu, qui s'est séparé de l'égaré et de l'infidèle. Il déchira les
voiles de telle sorte que les habitants du paradis purent l'entendre. Glorifié
soit Dieu, le Souverain, le Puissant, l'Omniscient, le Très-Sage.
10. Ô Rossignol, tends l'oreille vers la voix du Très-Glorieux en cette nuit où
des troupes armées nous encerclent alors que nous sommes dans un état de joie
extrême. Ô ! que notre sang soit répandu sur la terre et que nos corps soient
jetés dans la poussière sur le chemin de Dieu ! Oui ! c'est là mon désir et le
désir de quiconque me cherche et atteint mon merveilleux et incomparable royaume.
11. Ô serviteur, sache qu'un jour, au réveil, nous trouvâmes les bien-aimés de
Dieu à la merci de nos adversaires. Des sentinelles étaient postées à chaque porte
et l'on ne pouvait ni entrer ni sortir. Ils commirent vraiment une grave injustice,
car les aimés de Dieu et leur famille furent laissés sans nourriture la première
nuit. Voilà le sort de ceux pour qui le monde et tout ce qu'il contient a été
créé. Malheur à ceux qui le perpétrèrent et à ceux qui les guidèrent vers une
telle ignominie. Bientôt Dieu consumera leur âme dans le feu. Il est en vérité
le plus féroce des vengeurs.
12. La foule entourait la maison ; musulmans et chrétiens pleuraient sur notre
sort, et devant ce qu'accomplissait la main des oppresseurs les lamentations s'élevaient
entre la terre et le ciel. Nous remarquâmes que les sanglots du peuple du Fils
étaient plus forts que ceux des autres - un signe qui fait réfléchir.
13. L'un de mes compagnons offrit sa vie, se tranchant la gorge de sa propre main
pour l'amour de Dieu, acte inouï dans les siècles passés et que Dieu a mis en
exergue dans cette révélation, preuve du pouvoir de sa puissance [1] ; on l'empêcha
à temps de mettre fin à sa vie. Il est, en vérité, le Libre, le Conquérant. Quant
à celui [2] qui, en Irak, s'est tué de la même manière, il est le roi et le bien-aimé
des martyrs et son acte est un témoignage de Dieu pour les peuples du monde. De
telles âmes sont influencées par le Verbe de Dieu, goûtent à la douceur de son
souvenir et sont transportées par la brise de la réunion à tel point que, se détachant
de tout ce qui est sur la terre, elles se tournent vers la Face divine, le visage
rayonnant. Leur acte est interdit par Dieu, mais il leur a néanmoins pardonné,
en gage de sa miséricorde. Oui ! il est celui qui toujours pardonne, le Très-Miséricordieux.
Ces âmes étaient si captivées par celui qui s'impose à tous que les rênes de la
volonté glissèrent de leurs mains, qu'ils montèrent jusqu'à la demeure de l'Invisible
et entrèrent en présence de Dieu, le Tout-Puissant, l'Omniscient.
[1] Haji Ja'far-i-Tabrizi.
[2] Siyyid Isma'il de Zavarih.
14. Dis : En quittant ce pays cet Adolescent a laissé sous chaque arbre et chaque
pierre un souvenir qu'avant peu Dieu fera fructifier par le pouvoir de la vérité.
Ainsi vint le Véritable et fut accompli l'ordre de celui qui est l'Ordonnateur,
le Très-Sage. Les armées de la terre et du ciel sont incapables de résister à
sa cause et les rois et les dirigeants du monde ne peuvent pas détourner son dessein.
Dis : L'adversité est l'huile qui nourrit la lampe et augmente sa lumière, si
vous le saviez. Certes, le rejet par l'obstiné ne sert qu'à proclamer cette Foi
et à répandre la cause de Dieu et sa révélation de par le monde.
15. Grande est votre bénédiction pour avoir abandonné vos foyers, errant dans
le pays de l'amour de votre Seigneur, le Tout-Puissant, l'Ancien des jours, jusqu'à
entrer dans le pays du Mystère alors que le feu de l'oppression y faisait rage
et qu'on y entendait le croassement des corbeaux de la discorde. Vous êtes mes
partenaires de tribulations puisque vous étiez présents avec nous pendant cette
sombre nuit durant laquelle fut perturbé le coeur de ceux qui témoignent de l'unité
de Dieu. C'est par amour de nous que vous êtes entrés dans ce pays et en êtes
sortis sur notre commandement. Par la droiture de Dieu, grâce à vous la terre
est plus glorieuse que le ciel ! Excellente est cette bénédiction sublime, glorieuse
et exaltée ! Vous avez été privés de votre nid, ô oiseaux d'éternité, pour l'amour
de votre Seigneur, l'Indépendant, mais votre vraie résidence est à l'ombre des
ailes de la grâce du Très-Miséricordieux. Bénis soient ceux qui comprennent.
16. Ô mon Dhabih, que l'esprit souffle sur toi et sur ceux qui cherchent à communier
avec toi, qui respirent sur toi le doux parfum de ma présence et écoutent ce qui
sanctifie le coeur du vrai chercheur. Remercie Dieu d'avoir atteint le rivage
de ce très grand Océan et entends les atomes mêmes de la terre qui proclament
: "Voici le Bien-aimé des mondes !" Les habitants de la terre lui ont fait du
tort et n'ont pas su reconnaître celui dont ils invoquent sans cesse le nom. Ils
sont perdus les insouciants qui se sont opposés à celui dont les aimés méritent
qu'on offre sa vie pour eux ; et combien plus convient-il de l'offrir pour sa
beauté lumineuse et resplendissante !
17. Sois patient, même si ton coeur se consume d'être séparé de Dieu, parce qu'il
t'a accordé en sa présence une position si exaltée qu'on peut dire que dès maintenant
tu es devant sa Face et que nous t'offrons, par la langue de pouvoir et de puissance,
ces mots que même les oreilles des sincères n'ont pas eu le droit d'entendre.
Dis : S'il ne disait qu'un mot, ce seul mot dépasserait en douceur tout ce qu'ont
jamais dit les hommes.
18. Si Muhammad, l'Apôtre de Dieu, vivait en ce jour, il s'exclamerait : "En vérité,
je te reconnais, ô Désir des messagers divins !" Si Abraham vivait en ce jour,
lui aussi, dans son humilité totale, se prosternerait sur le sol, et devant le
Seigneur son Dieu, il s'écrierait : "Mon coeur est en paix, ô Seigneur de tout
ce qui est au ciel et sur terre ! Je témoigne que tu as dévoilé devant mes yeux
toute la gloire de ta puissance et la pleine majesté de ta loi ! Je témoigne de
plus que ta révélation a rassuré le coeur des fidèles et les a satisfaits." Si
Moïse avait vécu maintenant, il aurait lui aussi élevé la voix, disant : "Toutes
louanges à toi qui m'a éclairé par ta face et m'a enrôlé parmi ceux qui ont le
privilège de contempler ton visage !"
19. Vois dans quelles conditions sont ces gens. Pense à ce que leurs lèvres ont
prononcé et à ce que leurs mains ont forgé en ce jour trois fois béni et incomparable.
Ceux qui ont terni le beau nom de la cause de Dieu et se sont tournés vers le
Méchant sont maudits par toutes les créatures et sont comptés au nombre des habitants
du feu. En vérité, quiconque entend mon appel restera imperturbable sous les clameurs
de tous ceux qui sont sur la Terre, et quiconque est influencé par les paroles
de tout autre que moi n'a jamais entendu mon appel. Par Dieu ! un tel homme est
empêché d'entrer dans mon royaume, interdit dans les domaines de ma majesté et
de mon pouvoir ; il est de ceux qui sont complètement perdus.
20. Ne t'afflige pas de ce qui t'arrive. Tu as supporté, pour l'amour de moi,
ce que la plupart des gens n'ont jamais enduré. Ton Seigneur le sait, il est informé
de tout. Il était avec toi dans ces réunions et ces assemblées, et il entendit
ce qui coula de la source de ton coeur en souvenir de ton Seigneur, le Très-Miséricordieux.
C'est vraiment un témoignage de son abondante générosité.
21. Avant peu, Dieu fera se dresser parmi les rois celui qui aidera ses bien-aimés.
En vérité, il embrasse toutes choses. Il insufflera dans les coeurs l'amour pour
ses bien-aimés. Irrévocable est le décret de celui qui est le Tout-Puissant, le
Bienveillant.
22. Nous supplions Dieu que ton appel réjouisse le coeur de ses serviteurs, que
tu sois un étendard de direction dans ses contrées, et que tu apportes l'aide
divine à ceux qui furent abaissés. Ne te préoccupe pas de celui qui protesta violemment
ni de celui qui proteste aujourd'hui. Que ton Seigneur, Celui qui toujours pardonne,
le Très-Généreux, te suffise ! Rapporte à mes bien-aimés ce que tu as vu et appris
de l'histoire de cet Adolescent et transmet leur ce que nous t'avons donné. En
vérité, ton Seigneur t'aide et te protège en tous temps et en toutes circonstances.
Les bénédictions de l'Assemblée céleste t'environnent, les membres et les feuilles
de la sainte famille qui gravitent en priant autour de l'Arbre céleste parlent
de toi et te louent avec émerveillement.
23. Ô plume de la révélation, souviens-toi de celui [1] dont la lettre nous parvint
au cours de cette sombre nuit. C'était lui qui errait de région en région jusqu'à
ce qu'il entre dans la Ville [2], recherchant le refuge de la miséricorde de son
Seigneur, le Tout-Puissant, le Très-Haut. Espérant ardemment les bienfaits de
son Seigneur, il résida ici une nuit puis s'en alla le matin suivant selon la
volonté de Dieu, remplissant de chagrin le coeur de cet Adolescent. Le Tout-Puissant
lui-même en porte témoignage.
[1] Anis.
[2] Andrinople
24. Grande est ta bénédiction, car tu reçus des mains du Très-Miséricordieux,
le vin de la parole, tu fus si captivé par les doux parfums du Bien-Aimé que tu
renonças à ton confort et fus de ceux qui se pressèrent vers son paradis, l'orient
des signes de ton Seigneur, le Gracieux, l'Incomparable. Heureux qui boit le vin
du mystère caché offert par le visage de son Seigneur et qui s'enivre de cette
gorgée pure comme du cristal. Par Dieu ! grâce à lui tout croyant sincère s'élève
jusqu'au ciel de majesté et de grandeur et par lui le doute devient certitude.
25. Ne t'afflige pas de ce qui t'est arrivé, place ton entière confiance en Dieu,
le Tout-Puissant, l'Omniscient, le Sage. Bâtis ta maison sur les solides fondations
de la parole divine et loue ton Seigneur. En vérité, il te suffira plus que tous
les peuples de la terre.
26. En vérité, Dieu a inscrit tes noms sur une tablette qui contient les secrets
cachés de tout ce qui fut. Avant peu, les fidèles évoqueront ton exil et tes voyages
en son chemin. Il aime profondément ceux qui l'aiment et il aide les sincères.
Par la droiture de Dieu, les regards de l'Assemblée céleste sont fixés sur toi
et leurs doigts te désignent. Ainsi t'enveloppe la générosité de ton Seigneur.
Si seulement ils pouvaient reconnaître ce qui leur a échappé pendant les jours
de Dieu, le Très-Glorieux, le Loué.
27. Remercie Dieu de t'avoir aidé à le reconnaître et à pénétrer dans les parages
de sa cour alors que les mécréants entouraient la famille de ton Seigneur et ses
bien-aimés et les expulsaient de leurs foyers avec une évidente cruauté, voulant
nous séparer sur le rivage de la mer. Oui, ton Seigneur sait ce qui se cache dans
le coeur des incroyants. Dis : Même si vous tailliez notre corps en pièces, vous
ne pourriez bannir de notre coeur l'amour de Dieu. Nous avons, en vérité, été
créés pour nous sacrifier et nous en sommes fiers devant toute la création.
28. Ô toi qu'illumines le feu de l'amour de Dieu, sache que ta lettre est arrivée
jusqu'à nous et que nous en avons découvert le contenu. Nous supplions Dieu de
te confirmer dans son amour et dans son bon-plaisir, de t'aider dans la promotion
de sa cause et de te compter parmi ceux qui se sont levés pour le triomphe de
sa foi.
29. Quant à ta question concernant l'âme, sache que d'innombrables traités et
de nombreux points de vue concernant ses états circulent parmi les gens. Parmi
ceux-ci, on évoque l'âme du royaume, l'âme de l'empirée, l'âme céleste, l'âme
divine, l'âme sanctifiée, ainsi que l'âme bienveillante, l'âme satisfaite, l'âme
qui plaît à Dieu, l'âme inspirée, l'âme irascible et l'âme concupiscente. Chaque
groupe avance ses propres conceptions concernant l'âme et nous n'avons pas envie
de nous pencher sur les affirmations du passé. En vérité, la connaissance des
générations passées et à venir appartient à ton Seigneur.
30. Si tu pouvais être présent devant notre trône tu pourrais entendre de la langue
de grandeur elle-même ce que tu désires et atteindre les hauteurs les plus élevées
de la connaissance par la grâce de celui qui est l'Omniscient, le Très-Sage !
Mais les impies se sont interposés entre nous. Surtout, n'en sois pas affligé.
Contente-toi de ce qui fut ordonné par un décret irrévocable et sois de ceux qui
endurent avec patience.
31. Sache que l'âme qui est commune à tous les hommes est issue du mélange des
choses après leur maturation, comme tu peux l'observer dans le germe ; une fois
que ce mélange a atteint son état prédestiné, Dieu manifeste l'âme qui est latente
en lui. Ton Seigneur fait ce qu'il veut et ordonne ce qu'il lui plaît.
32. Quant à l'âme dont il est question, elle a vraiment été générée par le Verbe
de Dieu et elle est faite en sorte que si elle est enflammée par l'amour de son
Seigneur, ni les eaux de l'opposition ni les océans du monde ne peuvent l'éteindre
Cette âme est un feu allumé dans l'arbre de l'homme qui proclame : "Il n'est de
dieu que Dieu !" Quiconque entend son appel est en réalité de ceux qui sont en
sa présence. Et lorsqu'elle abandonne sa forme terrestre, Dieu la relève dans
la forme la plus excellente et la fait entrer dans un paradis sublime. Ton Seigneur
a vraiment pouvoir sur toutes choses.
33. Apprends, de plus, que la vie de l'homme procède de l'esprit et que l'esprit
se dirige là où l'âme le conduit. Réfléchis sur ce que nous t'avons révélé afin
que tu reconnaisses l'Âme de Dieu qui est apparue, investie de souveraineté manifeste,
à l'orient de la générosité.
34. Sache aussi que l'âme est dotée de deux ailes. Qu'elle s'envole dans l'atmosphère
de l'amour et du contentement et elle sera reliée au Très-Miséricordieux ; qu'elle
s'envole dans l'atmosphère de l'ego et du désir et elle appartiendra au Mauvais.
Que Dieu nous en protège et vous en protège, ô vous qui comprenez ! Que l'âme
s'embrasse du feu de l'amour de Dieu et elle sera appelée bienveillante et plaisant
à Dieu, mais qu'elle se consume du feu de la passion et elle sera connue comme
l'âme concupiscente. Nous t'exposons ainsi ce sujet afin que tu en aies une compréhension
claire.
35. Ô plume du Très-Haut, expose à celui qui s'est tourné vers ton Seigneur, le
Très-Glorieux, ce qui lui permettra de se passer des affirmations humaines. Dis
: L'esprit, l'intelligence, l'âme, la vue et l'ouïe ne sont qu'une seule réalité
qui se manifeste différemment selon les divers instruments qu'elle utilise. Tu
observes que la capacité de l'homme de comprendre, de se bouger, de parler, d'entendre
et de voir dérive toujours de ce signe de son Seigneur qui est en lui. Il est
unique en son essence et diversifie par ses nombreux instruments. Ceci est une
vérité évidente. Par exemple, s'il dirige son attention vers les moyens pour entendre,
alors l'ouïe et ses attributs apparaissent. De même, s'il se tourne vers les moyens
pour voir, un attribut et un effet différents apparaissent. Réfléchis sur ce sujet
afin de comprendre le sens profond de ce qui se dit, de devenir indépendant des
dires des hommes et d'être de ceux qui ont la certitude. De même, lorsque ce signe
de Dieu se tourne vers le cerveau, la tête et d'autres instruments semblables,
les pouvoirs de l'intelligence et de l'âme deviennent clairs. En vérité, ton Seigneur
a le pouvoir de faire ce qu'il lui plaît.
36. Tout ce dont nous venons de parler est déjà élucidé dans les épîtres que nous
avons révélées en réponse aux questions concernant les lettres séparées du Coran
Étudie-les afin de comprendre ce qui fut révélé depuis le royaume de celui qui
est le Tout-Puissant, le Très-Loué. C'est pourquoi nous avons choisi d'être concis
dans cette épître. Nous supplions Dieu de te faire comprendre, grâce à ce bref
exposé, ce que les mots ne pourront jamais espérer épuiser. Qu'il te donne à boire
dans cette coupe de ses océans sans limites ! En vérité, ton Seigneur est le Très-Généreux
et son pouvoir est invincible.
37. Ô Plume de l'Ancien des Jours, souviens-toi de 'Ali qui fut avec toi en Irak
jusqu'à ce que le Soleil du monde quitte ce pays. Il abandonna son foyer pour
atteindre la cour de ta présence alors que nous étions captif aux mains de ceux
qui sont privés des douces saveurs du Très-Miséricordieux. Ne te lamente pas de
ce qui nous arrive à tous deux dans le sentier de Dieu. Reste ferme et persévère.
En vérité, il rendra victorieux ceux qui l'aiment et son pouvoir égale toutes
choses. Quiconque se tourne vers lui réjouit par là l'Assemblée céleste, et Dieu
lui-même en est mon témoin.
38. Dis : ô peuple, t'imagines-tu qu'après avoir rejeté celui par qui les religions
du monde furent manifestées, tu portes toujours allégeance à la foi de Dieu ?
Par la droiture divine ! vous êtes comptés parmi les habitants du Feu. Le décret
en est inscrit dans les Tablettes par la Plume de Dieu. Dis : L'aboiement des
chiens n'empêchera jamais le Rossignol de lancer ses mélodies. Méditez quelque
temps afin de découvrir peut-être un sentier menant à la Vérité éternelle.
39. Dis : Magnifié sois-tu, O Seigneur mon Dieu ! Par les larmes que tes aimés
versent dans leur désir de toi, par les cris passionnés de ceux qui sont séparés
de toi et par ton Bien-aimé tombé aux mains de tes adversaires, je te supplie
de bien vouloir aider ceux qui ont cherché refuge sous les ailes protectrices
de ta faveur et de ta tendre bonté, ne désirant d'autre Seigneur que toi !
40. Ô Seigneur, dans notre précipitation à te rencontrer et dans notre désir d'être
unis à toi, nous avons abandonné nos demeures. Nous avons traversé terre et mer
pour atteindre la cour de ta présence et pour entendre tes versets. Pourtant,
en arrivant aux rives de la mer, nous fûmes retenus loin de toi par des mécréants
qui s'interposèrent entre nous et l'éclat de ton visage.
41. Ô Seigneur, nous sommes assoiffés et c'est toi qui dispenses les douces eaux
de la vie éternelle. Tu as le pouvoir de faire ce qu'il te plaît. Ne nous refuse
pas l'objet de notre quête. Écris pour nous la récompense promise à ceux de tes
serviteurs qui jouissent de ta proximité et se soumettent complètement à ta volonté.
Rends nous si fermes en ton amour que rien ne saura nous retenir loin de toi ni
ne pourra nous empêcher de t'adorer. Tu as le pouvoir de faire selon ton bon plaisir.
Tu es vraiment le Tout-Puissant, le Très-Généreux.
LAWH-I-RA'IS
Il est, de plein droit, le Seigneur suprême !
1. La plume du Très-Haut proclame : Ô toi qui crois être le plus important des
hommes et qui considères comme la plus misérable des créatures cet Adolescent
divin qui fit briller et rayonner les yeux de l'Assemblée céleste ! Cet Adolescent
ne te demande rien, ni à toi ni à ceux qui te ressemblent. De temps immémorial,
chaque fois que les Manifestations du Très-Miséricordieux, interprètes de sa gloire
éternelle, apparaissant du royaume d'éternité dans ce monde mortel, se révèlent
pour ressusciter les morts, des hommes comme toi considérèrent ces âmes saintes,
temples de l'unité divine dont dépend la réhabilitation des peuples de la terre,
comme des fauteurs de troubles méritant le blâme. Ces hommes sont maintenant retournés
à la poussière. Toi aussi, avant longtemps, tu y retourneras et tu subiras une
grande déchéance.
2. Même si tu es convaincu que ce donneur de vie, réformateur du monde, est coupable
de sédition et de troubles, quel crime ont bien pu commettre un groupe de femmes,
d'enfants et de mères nourricières pour mériter d'être affligés par la verge de
ta colère ? Aucune religion n'a jamais considéré les enfants comme responsables.
La plume du commandement divin les a épargnés et pourtant le feu de ta tyrannie
et de ton oppression les a enveloppés. Si tu es fidèle à une religion quelle qu'elle
soit, tu devrais savoir que selon tous les Livres saints, toutes les Écritures
probantes et inspirées, les enfants ne sont jamais tenus pour responsables. Cela
dit, même ceux qui ne croient pas en Dieu n'ont jamais accompli des actes aussi
inconvenants. Puisque chaque acte produit un effet, ce que personne ne peut nier
sauf ceux qui sont privés de raison et de compréhension, il est certain que les
gémissements de ces enfants et les cris de ces persécutés auront leur conséquence
inéluctable.
3. Tu as pillé et injustement dépouillé un groupe de personnes qui, loin de se
rebeller tout en vivant sur tes terres ou de désobéir à ton gouvernement, s'occupaient
de leurs affaires en priant Dieu jour et nuit. Lorsque plus tard l'ordre fut donné
de bannir cet Adolescent, tous furent emplis d'angoisse. Mais les officiers chargés
de mon expulsion déclarèrent : "Ceux-là ne sont accusés d'aucun délit et ne sont
pas expulsés par le gouvernement. S'ils désirent vous accompagner, personne ne
s'y opposera." Ces âmes démunies payèrent donc leurs propres dépenses, abandonnèrent
tous leurs biens et, se contentant de notre présence, plaçant toute leur confiance
en Dieu, voyagèrent encore une fois avec nous jusqu'à ce que la forteresse d'Acre
devînt la prison de Baha.
4. À notre arrivée, entourés de gardes nous fûmes emprisonnés ensemble, hommes
et femmes, jeunes et vieux, dans une caserne. La première nuit nous fûmes privés
de nourriture et de boisson car les sentinelles qui gardaient le portail de la
caserne ne permirent à personne de sortir. Nul ne se préoccupa du sort de ces
opprimés. Même l'eau qu'ils mendièrent leur fut refusée.
5. Le temps passa et nous restâmes confinés dans ces casernes en dépit du fait
que pendant les cinq années que nous vécûmes à Andrinople, tous ses habitants,
instruits ou ignorants, riches ou pauvres, témoignèrent de la pureté et de la
sainteté de ces serviteurs. Lorsque cet Adolescent quitta Andrinople, un des bien-aimés
de Dieu tenta de mettre fin à sa vie tant lui était insupportable la vue de cet
opprimé aux mains de ses oppresseurs. Durant ce voyage, nous fûmes contraints
de changer trois fois de navire et la souffrance que les enfants en ressentirent
est évidente. En débarquant, quatre des croyants furent séparés et empêchés de
nous accompagner. Au moment du départ de cet Adolescent, l'un des quatre, nommé
'Abdu'l-Ghaffar, se jeta dans la mer et nul ne sait ce qu'il advint de lui par
la suite.
6. Tout cela n'est qu'une goutte de l'océan des épreuves qui nous furent infligées
et tu n'es toujours pas satisfait ! Les fonctionnaires appliquent chaque jour
un nouveau décret et l'on ne voit pas la fin de leur tyrannie. Nuit et jour ils
conçoivent de nouveaux plans. Les trois pains, ration journalière venant des réserves
gouvernementales accordée à chaque prisonnier, sont immangeables. On n'a jamais
vu ni entendu une telle cruauté depuis la fondation du monde.
7. Par la droiture de celui qui fait parler Baha devant tous ceux qui sont au
ciel et sur la terre, vous n'avez ni rang ni mention parmi ceux qui ont offert
leur âme, leur corps et leur être pour l'amour de Dieu, le Puissant, l'Irrésistible,
le Tout-Puissant. Une poignée d'argile a plus de valeur aux yeux de Dieu que tous
vos domaines et votre souveraineté, votre puissance et votre fortune. Si c'était
son désir, il vous disséminerait dans la poussière. Bientôt, il vous saisira en
sa terrible colère, la sédition règnera parmi vous et vos domaines seront perturbés.
Alors vous vous lamenterez et gémirez, et vous ne trouverez personne pour vous
aider ou vous secourir.
8. Nous ne mentionnons pas ce qui précède dans le dessein de vous éveiller de
votre sommeil, car la fureur de la colère de Dieu vous a tellement submergés que
vous n'entendrez jamais nos avertissements. Il n'est pas non plus dans notre intention
de faire la liste des iniquités que subirent ces âmes pures et bénies, car elles
étaient tellement intoxiquées par le vin du Très-Miséricordieux et tellement bouleversées
par l'effet enivrant des eaux vivifiantes de sa tendre providence que, même si
elles subissaient toutes les cruautés du monde par amour de lui, elles resteraient
sereines et lui rendraient grâce. Ces âmes n'ont jamais prononcé et ne prononceront
jamais aucune doléance. Au contraire, elles ne cessent d'implorer et de supplier
le Seigneur des mondes pour que leur sang soit répandu dans la poussière de son
chemin et leur tête espère être brandie à la pointe de piques par amour du Bien-aimé
des coeurs et des âmes.
9. Plusieurs calamités vous ont déjà affligés, mais vous n'en avez pas pris conscience.
L'une d'elles fut l'embrasement dont les flammes de justice dévorèrent la plus
grande partie de la ville. Vous êtes pourtant restés indifférents. La peste frappa
à son tour et vous êtes toujours restés insensibles ! Pourtant, soyez prêts car
la colère de Dieu est sur le point de vous submerger. Avant peu, vous serez témoins
de ce que révèle la plume de mon commandement.
10. Vous seriez-vous laissé aller à imaginer que votre gloire est impérissable
et votre pouvoir éternel ? Par celui qui est le Très-Miséricordieux, votre gloire
sera d'aussi courte durée que mon abaissement. Un tel abaissement est considéré
par un homme véritable comme le plus précieux des honneurs.
11. J'étais encore un enfant, n'ayant pas atteint l'âge de la maturité, lorsque
mon père organisa à Téhéran le mariage d'un de mes grands frères et, comme c'est
la coutume en cette ville, les réjouissances durèrent sept jours et sept nuits.
C'est lors du dernier jour qu'on annonça la représentation de la pièce intitulée
"Le Shah Sultan Salim". Un grand nombre de princes, de dignitaires et de notables
de la capitale étaient présents pour l'occasion. Assis dans l'une des pièces supérieures
du bâtiment, j'observais la scène. Une tente était dressée dans la cour et bientôt,
sortant de cette tente, de petits personnages de forme humaine, ne semblant pas
plus grands qu'une main, annoncèrent : "Sa majesté arrive ! Préparez immédiatement
les sièges !" D'autres personnages apparurent, certains s'occupant à balayer,
d'autres aspergeant le sol d'eau. Puis l'annonceur officiel de la ville, élevant
la voix, demanda aux gens de s'avancer pour obtenir une audience du roi. Alors,
plusieurs groupes de personnages apparurent et prirent place, certains portant
chapeaux et écharpes en ceintures à la mode persane, d'autres brandissant des
haches de guerre ; un troisième groupe était formé de soldats et de bourreaux
portant le matériel pour la bastonnade. Enfin, souverain et majestueux, couronné
d'un diadème éblouissant, un personnage royal, se comportant d'une manière hautaine
et arrogante, s'avança puis s'arrêta dans sa progression, alla s'asseoir sur le
trône avec solennité, dignité et assurance.
12. Soudain, des coups de feu furent tirés, les trompettes sonnèrent, le roi et
la tente furent enveloppés dans un nuage de fumée qui, en se dégageant, découvrit
le roi bien installé sur son trône, entouré de sa cour de ministres, de princes
et de dignitaires de l'État, chacun attentif à sa place. Un voleur fut amené en
présence du roi qui donna l'ordre de le décapiter. Sans attendre, le chef-bourreau
coupa la tête du voleur d'où jaillit un flot de liquide rouge sang. Puis le roi
tint audience avec ses courtisans, on reçut des informations sur une rébellion
qui avait éclaté aux frontières, le roi passa alors ses troupes en revue et envoya
plusieurs régiments soutenir l'artillerie et étouffer la rébellion. On entendit
les coups de canon dans les coulisses derrière la tente, la bataille était engagée.
13. Le jeune garçon que j'étais, découvrait ce spectacle surprenant. L'audience
royale prit fin et le rideau tomba. Après vingt minutes environ, un homme sortit
de derrière la tente en portant une boîte sous le bras.
14. Je lui demandai : "Quelle est cette boîte, et quel est le sens de ce spectacle
?"
15. Il répondit : "Toutes ces splendeurs et toutes ces inventions raffinées, le
roi, les princes et les ministres, leurs pompes et leur gloire, leur puissance
et leur pouvoir, tout ce que tu as vu est maintenant enfermé dans cette boîte."
16. Je le jure par mon Seigneur qui, d'un mot de ses lèvres, créa tout ce qui
est créé ! Depuis ce jour, toutes les apparences du monde sont aux yeux de cet
Adolescent identiques à ce spectacle. Elles n'ont jamais eu, et n'auront jamais,
aucune importance, aucun poids, fut-ce celui d'un grain de moutarde. Quel étonnement
de voir des hommes se glorifier de telles naïvetés alors que ceux qui sont perspicaces
perçoivent avec certitude le déclin inévitable de toute gloire humaine quels qu'en
soient ses signes. "Je n'ai jamais rien regardé sans y percevoir d'abord sa disparition,
et Dieu est vraiment un témoin suffisant."
17. Il convient à chacun de traverser ce bref pan de vie avec sincérité et équité.
Même si on ne reconnaît pas celui qui est l'éternelle Vérité, qu'on se conduise
au moins avec raison et justice. Avant peu, ces apparences trompeuses, ces trésors
matériels, ces vanités terrestres, ces armées déployées, ces habits décorés, ces
êtres fiers et outrecuidants, tout finira entre les parois d'une tombe, comme
dans cette boîte. Aux yeux de ceux qui savent voir, tous ces conflits, ces querelles,
ces vanités, sont et seront toujours identiques aux jeux et distractions des enfants.
Soyez attentifs et ne soyez pas de ceux qui voient et pourtant nient.
18. Ce n'est ni pour nous ni pour les aimés de Dieu que nous en appelons à toi,
car nous sommes déjà éprouvés, emprisonnés et n'attendons rien d'hommes tels que
toi. Notre but est de t'inciter à te lever de la couche de l'insouciance, à secouer
le sommeil de la négligence et à cesser de faire obstacle aux serviteurs de Dieu.
Aussi longtemps que durent ton pouvoir et ta puissance, efforces-toi de soulager
la souffrance des opprimés. Si tu jugeais avec équité et observais de l'oeil du
discernement les conflits et les affaires de ce monde éphémère tu admettrais immédiatement
qu'ils sont comme cette pièce que nous avons décrite.
19. Écoute les paroles du Dieu vrai et ne te glorifie pas des choses de ce monde.
Que sont devenus ceux qui, comme toi, prétendirent régner sur la terre et qui
cherchèrent à étouffer la lumière de Dieu en son pays ainsi qu'à détruire la fondation
de son puissant édifice dans ses cités ? Où peut-on les rencontrer aujourd'hui
? Sois juste en ton jugement et retourne à Dieu pour qu'il efface peut-être les
transgressions de ta vie inutile. Hélas, nous savons que tu n'y arriveras jamais
car ta cruauté est telle qu'elle attise les flammes de l'enfer, qu'elle secoue
les piliers du trône, que l'Esprit se lamente et que le coeur des fidèles en tremble.
20. Ô peuples de la terre, tendez l'oreille à l'appel de cet Opprimé et pensez
à l'histoire que nous venons de vous conter. Peut-être ne serez-vous pas consumés
par le feu de l'ego et des passions et ne laisserez-vous pas les choses vaines
et sans valeur de ce bas monde vous retenir loin de lui, qui est la Vérité éternelle.
Gloire et humiliation, richesse et pauvreté, tranquillité et tribulations, tout
passera et avant peu, tous les peuples de la terre seront couchés dans leurs tombes.
Il convient donc à tout homme de discernement de fixer son regard sur le but éternel,
afin d'atteindre, par la grâce de celui qui est l'ancien Roi, le royaume immortel
et de s'abriter à l'ombre de l'arbre de sa révélation.
21. Tout imprégné d'illusions et de duperies qu'il soit, ce monde ne cesse néanmoins
d'avertir tous les hommes de leur fin imminente. La mort du père annonce au fils
qu'il mourra aussi. Si seulement les habitants du monde, qui ont accumulé des
richesses et se sont éloignés du seul Vrai, pouvaient savoir entre les mains de
qui leurs trésors finiront par échouer ! Mais, par la vie de Baha, nul ne le sait
sauf Dieu, exaltée soit sa gloire.
22. Sana'i, le poète, sur qui soit la miséricorde de Dieu, dit : "Soyez attentifs,
ô vous dont la conduite inconvenante a noirci le visage ! Soyez attentifs, ô vous
dont l'âge a blanchi la barbe !" Hélas ! la plupart des hommes sont profondément
endormis. Ils sont comme cet homme qui, dans son ivresse, fut attiré par un chien,
le prit dans ses bras et en fit son jouet. Mais lorsque l'aube du discernement
se leva et que la lumière du soleil éclaira l'horizon, il réalisa que l'objet
de son affection n'était qu'un chien. Alors, honteux et empli de remords, il rentra
chez lui.
23. Ne crois pas que tu puisses abaisser cet Adolescent ni le dominer. La moindre
créature a prise sur toi et tu ne t'en aperçois pas. Tu es manipulé par ce qu'il
y a de plus bas, de plus abjecte et par ce qui fut toujours condamnable : l'égoïsme
et les passions. Si ce n'était la sagesse accomplie de Dieu, tu pourrais clairement
voir ta propre impuissance et celle de tous ceux qui vivent sur la terre. Certes,
notre abaissement est la gloire de sa cause, si tu pouvais le comprendre.
24. Cet Adolescent s'est toujours refusé à prononcer des paroles contraires à
la courtoisie, car la courtoisie est notre vêtement dont nous avons orné le temple
de nos serviteurs favoris. Sinon, certains des actes que tu crois ignorés auraient
été exposés dans cette épître.
25. Ô détenteurs de la puissance et du pouvoir, ces jeunes enfants et ces pauvres
en Dieu n'avaient pas besoin d'être accompagnés par des officiers et des soldats.
À notre arrivée à Gallipoli, un major du nom de 'Umar vint à notre rencontre.
Dieu sait ce qu'il nous dit. En quelques mots, son innocence et ta culpabilité
furent évoquées et nous déclarâmes : "Dès le commencement, il aurait fallu réunir
une assemblée de sages qui auraient pu rencontrer cet Adolescent et lui signifier
le crime commis par ces serviteurs. Maintenant, cette affaire est allée trop loin
et par ta propre assertion, tu es accusé de nous avoir incarcéré dans la plus
désolée des cités. Si c'est possible, demande à sa majesté le Sultan de rencontrer
cet Adolescent pendant dix minutes et de préciser ce qu'il veut comme témoignage
suffisant et comme preuve de la véracité de celui qui est la vérité. Et si Dieu
nous permet de l'apporter, alors, qu'il relâche ces opprimés et les laisse en
paix."
26 Il promit de transmettre ce message et de nous donner la réponse. Mais nous
n'avons plus jamais eu de ses nouvelles. Il ne convient pas à celui qui est la
Vérité de se présenter devant quelqu'un, puisque tous furent créés pour lui obéir,
néanmoins, devant les conditions subies par ces petits enfants et le grand nombre
de femmes éloignées de leurs amis et de leur pays, nous avions accepté de le faire.
Mais rien n'en est sorti. 'Umar est en vie et accessible. Pose lui la question
afin de connaître la vérité.
27. La plupart de nos compagnons gisent aujourd'hui malades dans cette prison
et nul ne sait ce qui nous advint, si ce n'est Dieu, le Tout-Puissant, l'Omniscient.
Dans les jours qui suivirent notre arrivée, deux de ces serviteurs rejoignirent
rapidement le royaume céleste. Pendant toute une journée, les gardes refusèrent
que ces corps bénis soient transportés, parce qu'ils n'avaient rien reçu pour
les linceuls et l'enterrement, alors qu'aucune aide ne leur avait été demandée.
Privé de tout bien terrestre, nous les avons suppliés de nous laisser nous en
occuper et de nous permettre de transporter les corps, mais ils refusèrent. Enfin,
un tapis vendu au bazar nous permit de donner de l'argent aux gardes. Nous avons
appris plus tard qu'ils avaient simplement creusé une tombe peu profonde dans
laquelle ils placèrent ces deux corps bénis alors qu'ils avaient demandé deux
fois le prix normal pour des linceuls et un enterrement.
28. La plume et la langue sont incapables de décrire les épreuves que nous subîmes
mais l'amertume de ces tribulations est plus douce pour moi que le miel. Je voudrais
qu'à chaque instant, dans le chemin de Dieu et par amour de lui, tous les malheurs
du monde soient infligés à cette âme évanescente qui est immergée dans l'océan
de la connaissance divine !
29. Nous demandons à Dieu patience et indulgence, car tu n'es qu'une faible créature
privée de compréhension. Si tu t'éveillais et respirais le parfum des brises qui
soufflent depuis les retraites éternelles, tu abandonnerais immédiatement tout
ce que tu possèdes et dont tu profites pour venir habiter dans l'une des pièces
délabrées de la plus grande Prison. Supplie Dieu de t'accorder cette compréhension
réfléchie qui te permettra de distinguer entre les actions louables et celles
qui méritent le blâme. Paix sur celui qui suit la voie de la direction
LAWH-I-FU'AD
Il est le Très-Saint, le Très-Glorieux !
1. Kaf Za' [1]. Nous t'appelons d'au-delà de l'océan de grandeur, depuis la terre
cramoisie, au-dessus de l'horizon des tribulations. En vérité, il n'est pas d'autre
Dieu que lui, le Tout-Puissant, le Très-Généreux. Marche avec constance en ma
cause et ne suis pas les voies de ceux qui renièrent Dieu, le Seigneur des Seigneurs,
en atteignant l'objet de leur désir. Avant peu il fera peser sur eux sa colère
et, en vérité, il est le Tout-puissant, le Conquérant.
[1] Lawh-i-Fu'ad s'adresse à Shaykh Kaz_im-i-Samandar de Qazvin, un des apôtres
de Baha'u'llah. Son objet concerne l'ancien homme d'état ottoman, Fu'ad Pasha,
décédé en France en 1869. Les noms des lettres Kaf et Za se réfèrent aux K et
Z de Kazim.
2. Sache que par le pouvoir de sa souveraine puissance Dieu s'est emparé de celui
qui était le plus important parmi ceux qui prononcèrent un jugement contre nous.
Voyant approcher son tourment il s'enfuit à Paris à la recherche d'un médecin.
3. "N'y a-t-il personne pour m'aider ?", demanda-t-il.
4. La réponse arriva, cinglante : "Il n'y a pas d'échappatoire ! [1]"
[1] cf. Coran 38:3
5. Il se tourna vers l'ange de la colère, il faillit mourir de peur et supplia
: "Je possède une maison pleine de richesses, un palais sur le Bosphore sous lequel
coulent les rivières."
6. L'ange répliqua : "En ce jour, nous n'accepterons aucune rançon de toi quand
bien même tu proposerais toutes les choses visibles et invisibles. N'entends-tu
pas les soupirs des enfants de Dieu que tu jetas en prison sans la moindre preuve,
sans le moindre témoignage ? Devant un tel acte, les habitants du Paradis et ceux
qui tournent autour du trône suprême se lamentent. La colère de ton Seigneur est
sur toi ; terrible est son châtiment ! [1]"
[1] cf. Coran 13:13.
7. Il répondit : "Je commande au peuple, voici le mandat qui me donne autorité."
8. "Calme-toi, ô toi qui nies le jour du jugement ! [1]"
[1] cf. Coran 40:32
9. Il implora : "Un répit est-il possible afin que je fasse venir ma famille ?"
10. "C'est impossible, ô toi qui renies les versets de Dieu !"
11. Les gardiens de l'abysse insondable lui lancèrent alors leur appel : "Les
portes de l'enfer sont grandes ouvertes pour te recevoir, ô toi qui t'es détourné
de ton Seigneur, l'Indépendant. Rejoins ce feu car il languit après toi. Aurais-tu
oublié, ô toi qui es banni, comment ta tyrannie éclipsa les cruautés mêmes de
Pharaon, le Maître des pieux [1], alors que tu étais le Nimrod de ton époque.
Par Dieu ! ton iniquité déchira le voile de la sainteté et fit trembler les colonnes
du paradis. Où peux-tu trouver un refuge, maintenant ? Qui te protègera du terrifiant
châtiment de ton Seigneur, l'Irrésistible ? Il n'est pas d'abri pour toi en ce
jour, ô sceptique impie !" Alors l'agonie de la mort le saisit et il perdit la
vue. Notre colère l'empoigna, et sévère est ton Seigneur dans sa punition.
[1] cf. Coran 38:12 ; 89:10. Kasimirski écrit que "cette épithète est donnée ici
à Pharaon à cause des châtiments qu'il infligeait aux coupables, et qui consistaient
à les faire attacher à quatre pieux et à leur faire subir divers tourments" (Le
Coran, Flammarion, Paris, 1970. (NDT)
12. Puis l'ange à droite du Trône l'appela : "Vois l'ange de l'affliction. Où
fuir si ce n'est en enfer où cuit le coeur ? [1]" Et l'ange du châtiment recueillit
son âme pendant qu'une voix s'exclamait : "Plonge dans le puits sans fond qui
est promis dans le Livre et dont tu nies l'existence jour et nuit !"
[1] "Coeur" est la traduction de "fu'ad", le nom donné au ministre ottoman.
13. Nous renverrons bientôt celui qui lui ressemble [1] et nous saisirons leur
chef qui dirige ce pays [2]. En vérité, je suis le Tout-Puissant, l'Irrésistible.
Sois ferme dans la Cause de Dieu et loue ton Seigneur, soir et matin. Que les
calomnies de celui qui fut si aveuglé par notre générosité [3] qu'il se détourna
de Dieu, le Seigneur de tous les noms, n'étouffent pas la flamme de ton âme !
Il inspira ses dévots fidèles comme le Méchant l'inspira. Avant peu, tu verras
sa perte évidente, dans ce monde et dans l'autre. Il est vraiment de ceux qu'un
tourment douloureux attend. Il envoya à quelqu'un dans ce pays une lettre rédigée
par les fauteurs d'iniquité dans laquelle il se moquait de Dieu et décrivait ce
qui épouvanta toutes créatures. Dis : Peux-tu trouver quelqu'un pour te protéger
lorsque te frappera la vengeance de Dieu, le Tout-Puissant, l'Indépendant ?
[1] 'Ali Pasha.
[2] Sultan 'Abdu'l-Aziz.
[3] Mirza Yahya.
14. Ainsi t'avons-nous informé de ce qui est caché dans le coeur des hommes. Ton
Seigneur est vraiment le Tout-Puissant, l'Omniscient. Lève-toi pour le triomphe
de cette Cause et réunis mes bien-aimés. Aide-les à voir la vérité en ce Jour
où le pied des hommes a glissé. Dis : Il convient à chaque vrai croyant d'aider
son Seigneur. Oui, il est votre aide, alors que les autres n'ont personne vers
qui se tourner.
15. Puis nous saisîmes Mihdi [1] à qui nous avions promis le châtiment divin dans
nos Livres et nos Écritures. Écrasé par notre majesté terrible, il supplia : "Ne
puis-je faire marche arrière ?"
[1] Mirza Mihdiy-i-Rashti, un juge à Constantinople, partisan de Mirza Yahya.
16. Une voix répondit : "Malheur à toi qui ne crois pas au jour de la résurrection
! Voici le feu de l'enfer dont les flammes ne brûlent que pour toi. Dans ta vie
futile et vaine, tu as évité tous les actes vertueux et maintenant rien ne peut
te protéger de Dieu. Tu es vraiment celui par qui tous les coeurs se consument
et qui fait se lamenter l'Esprit-Saint."
17. Il plaida : "N'y a-t-il plus de refuge pour moi ?"
18."Non, par mon Seigneur, même en utilisant tous les moyens possibles !"
19. Ses cris exprimèrent alors une détresse telle que le peuple des ténèbres en
trembla. Alors la main du pouvoir invincible le saisit et une voix s'exclama :
"Retourne où siège la colère dans le feu de l'enfer. Que ta demeure soit misérable
et pitoyable !".
20. Ainsi nous nous saisîmes de lui comme nous le fîmes de ceux qui le précédèrent.
Leurs demeures appartiennent aux araignées ; réfléchissez, vous qui êtes dotés
de compréhension. Il s'opposa à Dieu et pour lui furent révélés dans le Livre
les versets de la colère. Heureux celui qui les lit et qui réfléchit à ce qu'ils
contiennent, car l'attend, en vérité, une fin heureuse.
21. Ainsi t'avons-nous conté l'histoire des méchants, afin que tes yeux soient
consolés. Toi, seule une fin bienheureuse t'attend.
SURIY-I-MULUK
Il est le Tout-Puissant !
1. Voici une épître adressée par ce serviteur, appelé Husayn dans le royaume des
noms, à tous les rois de la terre. Puissent-ils la recevoir sans préjugés, découvrir
dans son message les mystères de la providence divine, et compter parmi ceux qui
en saisissent le sens ; peut-être alors pourront-ils renoncer à tout ce qu'ils
possèdent, se tourner vers les retraites de sainteté et s'approcher de Dieu, le
Très-Glorieux, l'Incomparable.
2. Ô rois de la terre, prêtez l'oreille à la voix de Dieu vous appelant de l'Arbre
sublime, chargé de fruits, qui a poussé sur la colline vermeille de la sainte
plaine. Elle proclame : "Il n'est pas d'autre Dieu que lui, le Fort, le Très-Puissant,
le Très-Sage." Dieu a sanctifié ce lieu pour tous ceux qui s'en approchent ; un
lieu d'où il fait entendre sa voix depuis l'arbre céleste de sainteté. Craignez
Dieu, ô assemblée de rois, et ne tolérez pas d'être privés de cette très sublime
grâce. Rejetez tous vos biens, et tenez-vous fermement à la corde de Dieu, l'Éminent,
le Grand. Tournez vos coeurs vers la Face de Dieu et abandonnez ce que vos désirs
vous ont incités à rechercher ; ne soyez pas de ceux qui périssent.
3. Raconte-leur, ô serviteur, ce qui advint à 'Ali [1], lorsqu'il vint vers eux,
avec sincérité, portant son Livre glorieux et puissant, tenant dans sa main le
témoignage de Dieu, sa preuve et ses signes bénis et saints. Cependant, ô rois,
vous n'avez pas su prêter attention au Souvenir de Dieu [2] quand son jour est
venu, ni vous laisser guider par la lumière qui s'est levée et brille au-dessus
de l'horizon du ciel resplendissant. Vous n'avez pas examiné sa cause ; pourtant
cela aurait mieux valu pour vous que tout ce que le soleil éclaire, puissiez-vous
le comprendre ! Vous êtes demeurés indifférents même quand les membres du clergé
de Perse - ces hommes cruels - le condamnèrent injustement et le mirent à mort.
Son esprit s'éleva vers Dieu, et cette cruauté arracha de douloureuses larmes
aux habitants du paradis et aux anges qui sont près de Dieu. Gardez-vous désormais
d'être aussi négligents que vous le fûtes jusqu'à présent. Retournez donc vers
Dieu, votre créateur, et ne soyez pas de ceux qui sont insouciants.
[1] Le Bab.
[2] NDT : Nom pris par le Bab.
4. Dis : Le Soleil de la vice-royauté s'est levé, le Point du savoir et de la
sagesse est clairement désigné, et le Témoin de Dieu, le Tout-Puissant, le Très-Sage,
est rendu manifeste. Dis : La lune éternelle a atteint son point culminant et
sa lumière illumine les habitants du royaume céleste. Dégagée de ses voiles, ma
face répand son rayonnement sur tout ce qui existe sur la terre et dans les cieux,
et cependant, vous ne vous êtes pas tournés vers elle bien que vous soyez créés
pour elle, ô assemblée de rois ! Suivez donc mes conseils, écoutez-les de tout
votre coeur et ne soyez pas de ceux qui se détournent. Car ce n'est pas de votre
souveraineté qu'il convient de vous glorifier, mais plutôt d'être proches de Dieu
et d'observer ses commandements, tels qu'ils vous ont été envoyés dans ses saintes
tablettes préservées. S'il advenait que l'un de vous régnât sur la terre entière
et sur ce qui vit en son sein et à sa surface, sur ses mers, ses contrées, ses
montagnes et ses plaines, mais que Dieu ne se souvint pas de lui, rien de tout
cela ne lui serait d'aucun profit, puissiez-vous le comprendre.
5. Sachez que la gloire du serviteur consiste à être proche de Dieu et, à moins
de l'approcher, ce serviteur n'en tirera aucun profit, dût-il tenir sous son emprise
la création tout entière. Dis : La brise de Dieu souffle sur vous des retraites
du Paradis, mais vous l'ignorez et choisissez de continuer à n'en faire qu'à votre
tête. Les conseils de Dieu vous sont parvenus, mais vous négligez de les suivre,
préférant en rejeter la vérité. La lampe de Dieu est allumée dans la niche de
sa cause, mais vous négligez de rechercher l'éclat de sa gloire et de vous approcher
de sa lumière. Et vous continuez à sommeiller sur le lit de l'insouciance !
6. Levez-vous donc, affermissez vos pas, faites réparation pour ce qui vous a
échappé et dirigez-vous vers sa cour sacrée, sur les rivages de son puissant Océan,
afin que vous soient révélées les perles de savoir et de sagesse déposées par
Dieu dans l'écrin de son coeur radieux. Voilà le conseil qui vous sera le plus
utile ; faites-en votre règle afin d'être de ceux qui suivent le droit chemin.
N'empêchez pas la brise de Dieu de souffler sur vos coeurs, cette brise qui vivifie
les coeurs de ceux qui se sont tournés vers lui. Prêtez l'oreille aux admonitions
sans équivoque que nous vous avons révélées dans cette épître, afin que Dieu puisse
à son tour vous prêter l'oreille et dévoiler à vos yeux les portes de sa miséricorde.
Il est, en vérité, le Compatissant, le Miséricordieux.
7. Ne négligez pas la crainte de Dieu, ô rois de la terre, et prenez garde de
ne pas transgresser les limites fixées par le Tout-Puissant. Obéissez aux injonctions
de son Livre, et gardez-vous d'en outrepasser les limites. Veillez à n'être injustes
envers personne, ne fût-ce que dans la mesure d'un grain de moutarde. Suivez le
sentier de la justice, car c'est là, en vérité, le droit sentier.
8. Résolvez vos différends et réduisez vos armements, afin d'alléger le fardeau
de vos dépenses, et que vos esprits et vos coeurs soient apaisés. Réglez les discordes
qui vous divisent, et vous n'aurez point besoin d'armements excepté pour la protection
de vos villes et territoires. Craignez Dieu, et gardez-vous d'outrepasser les
bornes de la modération et d'être comptés parmi les extravagants.
9. Nous avons appris que vous augmentez chaque année vos dépenses et que vous
en faites peser le fardeau sur vos sujets. En vérité, c'est plus qu'ils ne peuvent
supporter et cela constitue une grave injustice. Tranchez avec justice entre les
hommes, ô rois, et soyez parmi eux l'emblème de la justice. C'est là, si vous
jugez avec discernement, ce qui vous incombe et convient à votre rang.
10. Gardez-vous de traiter injustement celui qui en appelle à vous et se place
sous votre protection. Vivez dans la crainte de Dieu, et soyez de ceux qui mènent
une vie pieuse. Ne vous reposez jamais sur votre pouvoir, vos armées et vos trésors.
Placez votre foi et votre confiance en Dieu qui vous a créés, et dans toutes vos
affaires sollicitez son aide. Le secours ne vient que de lui et il le donne à
qui il veut, grâce aux armées du ciel et de la terre.
11. Sachez que Dieu vous a confié les pauvres. Veillez à ne pas trahir sa confiance
en les traitant injustement, et à ne pas suivre la voie des perfides. Vous serez
certainement appelés à rendre compte de ce qui vous a été confié le jour où sera
établie la balance de la justice, le jour où chacun recevra son dû, où les actes
de tous, riches ou pauvres, seront rigoureusement pesés.
12. Si vous ne prenez garde aux conseils qu'en un clair et incomparable langage
nous vous révélons dans cette épître, le châtiment de Dieu fondra sur vous de
toutes parts, et la sentence de sa justice sera prononcée contre vous. Vous n'aurez,
ce jour-là, aucun pouvoir de lui résister, et vous reconnaîtrez votre propre impuissance.
Ayez pitié de vous-mêmes et de vos sujets. Jugez entre eux selon les préceptes
édictés par Dieu dans sa sainte et sublime épître, une épître dans laquelle il
assigne à toute chose les limites fixées pour chacune d'elles et dans laquelle
il donne une claire explication de toutes choses, une épître qui constitue en
elle-même une admonition pour tous ceux qui croient en lui.
13. Examinez notre cause, informez-vous de ce qui nous est advenu, tranchez avec
justice entre nous et nos ennemis, et soyez de ceux qui agissent équitablement
envers leur prochain. Si vous ne retenez pas la main de l'oppresseur, si vous
ne protégez pas les droits de l'opprimé, de quoi pouvez-vous vous glorifier parmi
les hommes ? De quoi au juste pouvez-vous être fiers ? Vous ferez-vous gloire
de ce que vous mangez et buvez, des richesses que vous amassez, du prix et de
la variété des ornements dont vous vous parez ? Si la vraie gloire consistait
en la possession de ces choses périssables, la terre sur laquelle vous marchez
devrait alors se vanter de vous être supérieure, car c'est elle qui, par décret
du Tout-Puissant, vous fournit et vous accorde ces choses. Ses entrailles renferment,
selon ce que Dieu a ordonné, tout ce que vous possédez. D'elle, en signe de sa
miséricorde, vous tirez toutes vos richesses. Considérez donc votre condition,
ce dont vous vous enorgueillissez ! Puissiez-vous en prendre conscience !
14. Non, par celui qui tient en sa main le royaume tout entier de la création
! Votre gloire constante et véritable ne réside que dans votre ferme adhésion
aux préceptes de Dieu, dans votre observance sincère de ses lois, dans votre résolution
de veiller à leur application et de suivre fermement le droit chemin.
15. Ô rois de la chrétienté, n'avez-vous pas entendu la parole de Jésus, l'Esprit
de Dieu : "Je m'en vais mais je vous reviendrai [1]" ? Lorsqu'il vous est revenu
dans les nuées, vous ne vous êtes pas approchés de lui pour contempler son visage,
vous n'avez pas atteint sa présence. Pourquoi cette défaillance ? Dans un autre
passage, il dit : "Lorsque celui qui est l'Esprit de vérité viendra, il vous conduira
à toute la vérité [2]." Et pourtant, voyez comment, lorsqu'il vous a apporté la
vérité, vous avez refusé de tourner vos visages vers lui et continué de vous vautrer
dans vos loisirs et vos caprices. Vous ne l'avez pas accueilli ni n'avez recherché
sa présence pour entendre les versets de Dieu coulant de ses propres lèvres et
goûter à la sagesse infinie du Tout-Puissant, le Très-Glorieux, le Très-Sage.
En raison de votre échec, vous avez empêché le souffle de Dieu de passer sur vous
et privé vos âmes de la douceur de son parfum. Vous continuez à errer avec délices
dans la vallée de vos désirs corrompus. Par Dieu ! vous êtes vous-mêmes, ainsi
que tout ce que vous possédez, appelés à disparaître. Vous allez assurément retourner
à Dieu, et vous aurez à répondre de vos actes en présence de celui qui rassemblera
la création tout entière.
[1] Jean 14:28
[2] Jean 16:13
16. De plus, ne savez-vous pas ce qui est écrit dans l'Évangile au sujet de "Ceux-là
ne sont pas nés du sang, ni d'un vouloir de chair, ni d'un vouloir d'homme, mais
de Dieu [1]" c'est-à-dire ceux qui ont été rendus manifestes par le pouvoir de
Dieu ? Pour cette raison, il apparaît évident que se manifeste dans le monde de
la création un être réellement issu de Dieu, le Tout-Puissant, l'Omniscient, le
Très-Sage. Pourquoi alors, lorsque vous parvint la nouvelle de notre cause, avez-vous
refusé de vous informer auprès de nous, afin de distinguer la vérité de l'erreur,
de découvrir notre but et nos intentions et d'apprendre les afflictions dont nous
avons souffert aux mains d'une génération malveillante et rebelle.
[1] Jean 1:13
17. Ô ministre du roi de Paris [1], aurais-tu oublié la déclaration contenue dans
l'Évangile selon saint Jean concernant le Verbe et ceux qui en sont les manifestations
? Et aurais-tu choisi de fermer les yeux sur les conseils de l'Esprit [2] concernant
les manifestations du Verbe, pour ensuite compter parmi les insouciants ? Si ce
n'est pas le cas, pourquoi as-tu conspiré avec le ministre de Perse [3] pour nous
faire subir ce qui a fait fondre le coeur des hommes de discernement et d'entendement,
couler les larmes des habitants du royaume éternel et se lamenter les âmes de
ceux qui sont proches de Dieu ? Tout cela, tu l'as fait sans chercher à examiner
notre cause ou à discerner sa vérité. Car n'est-il pas manifestement de ton devoir
d'examiner cette cause, de t'informer de ce qui nous est advenu, de juger équitablement
et de t'en tenir à la justice ?
[1] L'ambassadeur de la France à Constantinople.
[2] Jésus.
[3] L'ambassadeur de la Perse à Constantinople.
18. Tes jours sont comptés, ton pouvoir prendra fin et tes possessions se réduiront
jusqu'à disparaître. Alors, en présence du Roi tout-puissant, tu seras appelé
à répondre de ce que tes mains ont forgé. Combien de ministres sont passés avant
toi dans ce monde, des hommes dont le pouvoir surpassait le tien, dont le rang
dépassait le tien, dont les richesses excédaient les tiennes ? Pourtant ils sont
redevenus poussière, ne laissant sur cette terre ni nom ni trace, et sont à présent
affligés d'un remords cruel. Parmi eux se trouvent ceux qui ont manqué à leur
devoir envers Dieu, ont suivi leurs propres désirs et choisi le chemin de la convoitise
et de la méchanceté. Parmi eux se trouvent aussi ceux qui ont observé ce qui a
été prescrit dans les versets de Dieu et qui, ayant jugé avec équité sous la protection
de la divine providence, ont trouvé refuge à l'abri de la miséricorde de leur
Seigneur.
19. Je t'exhorte, toi et ceux qui te ressemblent, à n'agir envers personne comme
tu as agi envers nous. Prends garde de ne pas suivre les pas du Malin ni de marcher
dans les traces des injustes. Ne puise dans ce monde que selon la mesure de tes
besoins, et renonce au superflu. Sois équitable dans tous tes jugements, ne transgresse
point les limites de la justice et ne sois pas de ceux qui dévient de son chemin.
20. Ô rois, vingt années se sont écoulées durant lesquelles nous avons été soumis,
chaque jour, à l'agonie d'une tribulation nouvelle. Aucun de ceux qui nous ont
précédé n'a enduré ce que nous avons souffert. Puissiez-vous le comprendre ! Ceux
qui se sont levés contre nous, nous ont mis à mort, ont répandu notre sang, pillé
nos biens et violé notre honneur. Bien qu'informés de la plupart de nos maux,
vous n'avez jamais arrêté la main de l'agresseur. N'est-ce pas cependant votre
devoir le plus clair que de refréner la tyrannie de l'oppresseur et de traiter
équitablement vos sujets, afin que soit pleinement démontré à toute l'humanité
votre haut sens de la justice.
21. Dieu a remis entre vos mains les rênes du gouvernement du peuple pour que
vous le gouverniez avec équité, que vous sauvegardiez les droits des opprimés
et punissiez les malfaiteurs. Si vous négligez les devoirs que Dieu vous a imposés
dans son Livre, vos noms seront comptés parmi les noms de ceux qui sont injustes
à ses yeux. Grave, en fait, serait votre erreur. Vous attachez-vous à ce que votre
imagination a conçu, et rejetez-vous les commandements de Dieu, le Très-Loué,
l'Inaccessible, l'Irrésistible, le Tout-Puissant ? Rejetez ce que vous possédez
et attachez-vous à ce que Dieu vous ordonne d'observer. Sollicitez sa grâce, car
celui qui la sollicite marche dans son droit chemin.
22. Considérez l'état auquel nous sommes réduit, voyez les maux et tribulations
qui nous accablent. Ne vous désintéressez pas de notre cas, ne fût-ce qu'un instant,
et jugez avec équité entre nous et nos ennemis. Cela sera pour vous un avantage
manifeste. Nous vous faisons ce récit et nous vous rapportons ce qui nous est
advenu, afin que vous puissiez nous délivrer de nos maux et alléger notre fardeau.
Que celui qui le veut nous libère de nos épreuves ; quant à celui qui s'y refuse,
mon Seigneur est assurément le meilleur des secours.
23. Avertis le peuple, ô Serviteur, et informe-le de ce que nous t'avons envoyé
; ne te laisse effrayer par rien ni personne et ne sois pas de ceux qui hésitent.
Le jour approche où Dieu exaltera sa cause et magnifiera sa preuve aux yeux de
tous ceux qui sont sur la terre et dans les cieux. En toute circonstance, place
en Dieu ton entière confiance, fixe sur lui ton regard et détourne-toi de ceux
qui répudient sa vérité. Que Dieu, ton Seigneur, soit ta seule aide, ton unique
secours. Nous nous sommes engagé à assurer ton triomphe sur la terre et à exalter
notre cause au-dessus de tous les hommes, bien qu'il ne se soit trouvé aucun roi
pour se tourner vers toi.
24. Rappelle-toi ton arrivée dans la ville [1], et comment les ministres du sultan,
te jugeant étranger à tout ce qui constituait leurs lois et règlements, te jugèrent
ignorant. Dis : En vérité, par mon Seigneur, je suis ignorant de toutes choses,
à l'exception de celles qu'il a plu à Dieu, dans sa bonté, de m'enseigner. Cela,
je l'atteste et le confesse sans aucune hésitation.
[1] Constantinople
25. Dis : Si les lois et les règlements auxquels vous vous attachez sont votre
oeuvre, nous ne nous y conformerons en aucune manière. Telles sont les instructions
que nous avons reçues de celui qui est le Très-Sage, l'Omniscient. Telle fut dans
le passé notre attitude et telle elle restera dans l'avenir, par le pouvoir de
Dieu et sa puissance. C'est là le vrai et droit chemin. Mais si ces lois viennent
de Dieu, alors fournissez-en la preuve, si vous êtes de ceux qui disent la vérité.
Dis : Nous avons consigné dans un livre où sont enregistrées les actions de tout
homme, aussi insignifiantes soient-elles, tout ce qu'ils t'ont imputé et tout
ce qu'ils t'ont fait.
26. Dis : Il vous sied, ô ministres d'État, de respecter les préceptes de Dieu,
de renoncer à vos propres lois et règlements, et d'être de ceux qui sont bien
guidés. Cela vaudrait mieux pour vous que tout ce que vous possédez, puissiez-vous
le savoir. Si vous transgressez le commandement de Dieu, pas un iota de vos oeuvres
ne trouvera grâce devant lui. Avant peu, vous découvrirez les conséquences de
ce que vous avez fait dans cette vaine existence, et vous en recevrez le juste
salaire. Telle est la vérité, l'indubitable vérité.
27. Bien des hommes ont commis dans le passé ce que vous avez commis et bien que
d'un rang supérieur au vôtre, sont finalement retournés à la poussière, livrés
à leur sort ! Si seulement vous pouviez méditer sur la cause de Dieu ! Pourtant
vous marcherez sur leurs traces, et vous entrerez dans une demeure où vous ne
trouverez ni amitié ni aide d'aucune sorte. Il vous sera demandé compte de vos
actes, de tous vos manquements envers la cause de Dieu et du dédain avec lequel
vous avez rejeté ses amis qui venaient à vous en toute sincérité.
28. C'est vous qui, après avoir délibéré entre vous sur leur cas, avez préféré
suivre l'impulsion de vos mauvais désirs et négligé le commandement de Dieu, le
Secours, le Tout-Puissant.
29. Dis : Rejetterez-vous les préceptes de Dieu pour vous attacher à vos propres
élucubrations ? C'est à vous-mêmes, autant qu'aux autres, que vous faites ainsi
tort, puissiez-vous le comprendre. Dis : Si vos règles et principes se fondent
sur la justice, comment se fait-il que vous suiviez ceux qui s'accordent avec
vos inclinations corrompues et rejetiez ceux qui les contrarient ? De quel droit
prétendez-vous juger équitablement entre les hommes ? Est-ce au nom de ces principes
et de ces règles que vous avez repoussé celui qui, sur votre ordre, s'était présenté
devant vous ? Est-ce pour vous y conformer que vous le persécutez, que vous lui
infligez tous les jours de si indignes traitements ? Vous a-t-il jamais désobéi
, ne fût-ce qu'un instant? Tous les habitants d'Irak et, avec eux, tous les observateurs
pourvus de discernement témoigneront de la vérité de mes paroles.
30. Soyez équitables en votre jugement, ô ministres d'État ! Qu'avons-nous commis
qui justifie notre exil ? Quelle offense motive notre bannissement ? C'est nous
qui avons cherché à vous rencontrer. Et voyez, cependant, comment vous avez refusé
de nous recevoir ! Par Dieu ! c'est là une grave injustice que vous avez commise,
une injustice que n'égale aucune autre injustice commise sur la terre. De cela
est témoin le Tout-Puissant lui-même.
31. Ai-je jamais transgressé vos lois ou désobéi à aucun de vos ministres en Irak
? Informez-vous auprès d'eux afin de pouvoir agir envers nous avec discernement
et d'être comptés parmi ceux qui sont bien informés. Quelqu'un leur a-t-il jamais
présenté une plainte contre nous ? L'un d'eux a-t-il jamais entendu de notre part
une parole contraire à ce que Dieu a révélé dans son Livre ? Avancez donc vos
preuves, que nous puissions approuver vos actions et reconnaître vos prétentions.
32. Si vous aviez voulu agir envers nous selon vos critères et principes, il aurait
été de votre devoir de nous respecter et de nous honorer puisque nous nous sommes
soumis à vos ordres et avons suivi ce qu'il vous a plu de décréter. En outre,
il aurait été judicieux que vous remboursiez les dettes que nous avons contractées
en Irak pour accomplir vos désirs. Vous auriez alors dû tendre l'oreille, écouter
le récit de nos malheurs et juger avec équité, comme vous le feriez pour vous-mêmes.
Vous n'auriez pas dû souhaiter pour nous ce que vous ne souhaitez pas pour vous-mêmes
; vous auriez plutôt dû choisir de vous montrer généreux. Par Dieu ! vous n'avez
agi envers nous ni selon vos propres critères et principes ni selon ceux de tout
être humain, mais plutôt selon vos passions néfastes et capricieuses, ô assemblée
d'insoumis et d'arrogants.
33. Ô Oiseau de sainteté, envole-toi vers le ciel de la communion avec moi et
informe les hommes de ce que nous t'avons dévoilé dans les océans tumultueux de
l'immortalité au-delà du mont de la gloire. Ne crains personne, place ta confiance
en Dieu, le Tout-Puissant, le Bienfaisant. En vérité, nous te protégerons de ceux
qui t'ont fait grand tort sans détenir une preuve manifeste de Dieu ni l'éclairage
d'un Livre.
34. Dis : Dieu m'est témoin, ô assemblée de négligents ! Nous ne sommes pas venu
parmi vous pour répandre le désordre dans vos contrées ni pour semer la dissension
parmi vos peuples. Non, nous sommes plutôt venu afin d'obéir au commandement du
souverain, et d'exalter votre autorité, de vous instruire dans la voie de notre
sagesse et de vous rappeler ce que vous aviez oublié, ainsi qu'il le dit vraiment
: "Avertis-les hommes car le rappel est utile aux croyants [1]". Mais vous n'avez
pas prêté l'oreille aux douces mélodies de l'Esprit et, sans discernement, vous
avez écouté nos ennemis, ceux qui suivent l'appel de leurs inclinations corrompues,
ceux qui, poussés par le malin, estiment leurs actions équitables et dont la langue
profère des calomnies contre nous. N'avez-vous pas entendu ce qui a été révélé
dans son Livre infaillible et très glorieux : "Si un homme méchant vient vous
apporter une nouvelle, vérifiez-la sur le champ [2] " ? Pourquoi donc avez-vous
rejeté loin de vous les commandements de Dieu et suivi les pas des fauteurs de
trouble ?
[1] Coran 51:55
[2] Coran 49:6. " Si un homme pervers vient vous apporter une nouvelle, faites
attention ".
35. Nous avons appris que l'un de ces calomniateurs a allégué que ce Serviteur
a pratiqué l'usure durant son séjour en Irak, et qu'il était occupé à amasser
des richesses. Dis : Comment pouvez-vous porter un jugement sur une affaire dont
vous ne savez rien ? Comment pouvez-vous proférer des calomnies contre les serviteurs
de Dieu et nourrir des soupçons si injurieux ? Et comment cette accusation peut-elle
être justifiée, puisque Dieu interdit cette pratique à ses serviteurs dans le
Livre très saint et bien préservé, révélé à Muhammad, l'Apôtre de Dieu et le Sceau
des prophètes, Livre qui selon son décret constitue son témoignage éternel, ses
directives et son avertissement à toute l'humanité ? Ce n'est là qu'un des points
sur lesquels nous nous sommes opposé aux membres du clergé en Perse, car nous
avons, conformément au texte du Livre, interdit à tous la pratique de l'usure.
Dieu lui-même est témoin de la vérité de mes paroles. "Je ne m'innocente pas,
l'âme est instigatrice du mal [1]." Notre seule intention est de vous faire part
de la vérité, afin que vous en soyez informés et que vous soyez de ceux qui mènent
une vie pieuse. Veillez à ne pas prêter l'oreille aux paroles de ceux dont on
peut discerner l'odeur fétide de la méchanceté et de la jalousie ; ne leur prêtez
aucune attention, et soyez les défenseurs de la droiture.
[1] Coran 12:53
36. Sachez que le monde et ses vanités passeront. Rien ne durera sauf le royaume
de Dieu qui n'appartient qu'à lui, le souverain Seigneur de toutes choses, le
Secours, le Très-Glorieux, le Tout-Puissant. Les jours de votre vie s'écouleront,
toutes les choses périront qui maintenant vous occupent et flattent votre vanité
; par une milice de ses anges, vous serez sommés à comparaître en ce lieu où la
création sera saisie de crainte et de tremblement et où la chair de tout oppresseur
frémira. Il vous sera demandé compte de tout ce que vos mains auront forgé en
votre vaine existence, et vous en recevrez le juste salaire. Voici le jour qui,
inéluctablement, s'abattra sur vous, voici l'heure que nul ne pourra différer.
De cela porte témoignage la langue de celui qui dit la vérité et qui est l'Omniscient.
37. Craignez Dieu, habitants de la cité [1], et ne semez point les germes de la
discorde parmi les hommes. Ne suivez pas les sentiers du Malin. Marchez plutôt,
durant les quelques jours qui vous restent à vivre, dans les voies du seul vrai
Dieu. Vos jours passeront comme ont passé les jours de ceux qui vous ont précédés,
et vous retournerez à la poussière comme vos pères y sont retournés.
[1] Constantinople.
38. Sachez que je n'ai peur de personne d'autre que de Dieu, qu'en nul autre que
lui je n'ai placé ma confiance, que je ne suis attaché qu'à lui seul et que je
ne désire rien d'autre que ce qu'il a désiré pour moi. Tel est, en vérité, le
voeu de mon coeur, puissiez-vous le savoir. J'ai offert mon âme et mon corps en
sacrifice à Dieu, le Seigneur de tous les mondes. Quiconque a connu Dieu ne connaîtra
jamais que lui, et quiconque a craint Dieu, n'aura point d'autre crainte, alors
même que toutes les puissances de la terre se dresseraient contre lui. Je ne parle
que sur son ordre et, par le pouvoir de Dieu et par sa puissance, je ne me conforme
qu'à sa vérité. En vérité, je vous le dis, il récompensera les coeurs sincères.
39. Conte, ô serviteur, ce dont tu fus témoin lors de ton arrivée dans la ville,
afin que ton témoignage demeure parmi les hommes et serve d'avertissement à ceux
qui croient. À notre arrivée dans la cité, nous avons trouvé les dirigeants et
les anciens tels des enfants s'amusant ensemble dans le sable. Nous n'en avons
trouvé aucun ayant une maturité d'esprit suffisante pour recevoir de nous les
vérités que nous tenons de Dieu ni qui soit prêt à entendre nos merveilleuses
paroles de sagesse. Notre coeur a pleuré sur eux et sur leurs transgressions,
ainsi que sur leur ignorance des raisons de leur création. Voilà ce que nous avons
observé dans cette cité et ce que nous avons voulu noter dans notre livre en guise
d'avertissement pour eux et pour le reste de l'humanité.
40. Dis : Si vous aspirez aux vanités de ce monde, pourquoi ne les avoir point
cherchées alors que vous étiez dans le sein de votre mère, car alors vous ne cessiez
de vous en approcher, puissiez-vous le comprendre. Mais depuis que vous êtes nés
et avez atteint l'âge adulte, vous n'avez fait que vous distancer du monde et
vous rapprocher de la poussière. Pourquoi donc cette avidité à amasser les trésors
de la terre, alors que vos jours sont comptés et que vos chances sont presque
nulles ? Ne vous déciderez-vous pas, ô négligents, à sortir de votre sommeil ?
41. Prêtez l'oreille aux conseils que, pour l'amour de Dieu, ce serviteur vous
donne. Il n'attend de vous, en vérité, aucune récompense et, entièrement soumis
à la volonté de Dieu, il est résigné à ce que cette volonté lui réserve.
42. Les jours de votre vie sont déjà largement dépensés, ô peuple, et votre fin
approche à grands pas. Renoncez donc à ces vaines entreprises qui vous retiennent
encore et attachez-vous aux préceptes de Dieu, afin d'obtenir ce qu'il vous a
destiné et d'être de ceux qui suivent le droit chemin. Ne vous délectez point
des choses de ce monde et de ses vains ornements, et ne placez point vos espérances
en eux. Que votre confiance repose tout entière dans le souvenir de Dieu, le Suprême
et le Très-Grand. Avant peu, il réduira à néant tout ce que vous possédez. Craignez-le
donc, n'oubliez pas l'alliance qu'il a faite avec vous, et ne soyez point de ceux
qu'un voile sépare de lui.
43. Gardez-vous de vous gonfler d'orgueil devant Dieu et de repousser ceux qu'il
aime. Suivez plutôt en toute humilité ceux qui sont fidèles, qui ont cru en lui
et en ses signes, dont les coeurs témoignent de son unité, dont les bouches proclament
son unicité, et qui ne parlent qu'avec sa permission. Nous vous exhortons ainsi
au nom de la justice, et nous vous avertissons, au nom de la vérité, pour vous
tirer, si possible, de votre sommeil.
44. Ne faites peser sur aucune âme un poids dont vous ne voudriez point que la
vôtre fût chargée, et ne souhaitez à personne ce que vous ne souhaitez pas pour
vous-mêmes. Tel est le meilleur conseil que je puisse vous donner, puissiez-vous
le suivre.
45. Respectez parmi vous les religieux et les savants, ceux dont la conduite s'accorde
avec ce qu'ils professent, qui ne transgressent point les limites fixées par Dieu,
et dont les jugements sont conformes aux commandements révélés dans son Livre.
Sachez qu'ils sont des lampes destinées à guider les habitants des cieux et de
la terre. Ceux qui dédaignent et négligent les religieux et les savants qui vivent
parmi eux ont en fait altéré la grâce que Dieu leur avait accordée.
46. Dis : Attendez-vous que Dieu vous ait retiré sa faveur ? Rien ne lui échappe.
Il connaît les secrets des cieux et de la terre. Sa science embrasse toutes choses.
Ne vous réjouissez pas de ce que vous avez fait ni de ce que vous ferez, et ne
vous félicitez point de la souffrance que vous nous avez infligée, car ce n'est
pas ainsi que vous exalterez votre condition, si vous pouviez juger vos actions
avec discernement. De même, serez-vous incapables de porter atteinte à la noblesse
de notre condition. Non, Dieu accroîtra la récompense qu'il nous destine pour
avoir enduré patiemment les tribulations que nous avons subies. En vérité, il
récompense toujours davantage ceux qui endurent avec constance.
47. Sachez que, de temps immémorial, épreuves et tribulations sont le lot des
élus de Dieu et de ses bien-aimés, de ses serviteurs détachés de tout sauf de
lui, de ceux qu'aucun commerce ni négoce ne détournent du souvenir du Tout-Puissant,
qui ne parlent que lorsqu'il a parlé et observent ses commandements. Telle fut
dans le passé la méthode de Dieu, telle elle restera dans l'avenir. Bénis ceux
qui souffrent avec longanimité, restent patients dans les peines et dans les privations,
ne se lamentent point de ce qui leur advient et marchent dans le sentier de la
résignation.
48. Ce qui nous est advenu a déjà été vécu dans le passé. Nous ne sommes pas le
premier en terre d'islam dont la coupe est brisée, comme ce n'est pas la première
fois que de tels intrigants complotent contre les bien-aimés du Seigneur. Les
tribulations que nous avons subies sont semblables aux épreuves qu'a connues autrefois
l'Imam Husayn. Car des messagers envoyés par des conspirateurs malveillants et
mal intentionnés l'invitèrent à sortir de la cité et quand il vint vers eux, en
compagnie de sa famille, ils usèrent de toute leur force pour l'assaillir et finalement
le tuer ainsi que ses fils et ses frères, et capturer le reste de sa famille.
Voilà ce qui s'est produit en ces temps anciens et, en vérité, Dieu est témoin
de mes paroles. De tous ses descendants, jeunes ou vieux, aucun ne survécut à
part son fils 'Ali-al-Awsat, connu sous le nom de Zaynu'l-'Abidin.
49. Ô vous, insouciants, voyez avec quel éclat le feu de l'amour de Dieu a flambé
jadis dans le coeur de Husayn, si vous êtes de ceux qui réfléchissent. Si intense
était sa flamme que la ferveur et le désir lui arrachèrent finalement les rênes
de la patience, et l'amour de celui qui est l'Irrésistible ravit tellement son
coeur qu'il abandonna son âme, son esprit, son corps et son être entier dans la
voie de Dieu, le Seigneur des mondes. Par Dieu ! cet état était plus doux à ses
yeux que la domination totale de la terre et du ciel. Car l'amant véritable ne
désire rien d'autre que la compagnie du bien-aimé et le chercheur n'a d'autre
but que d'atteindre l'objet de sa quête. Leurs coeurs aspirent à la réunion comme
le corps se languit de l'esprit. Que dis-je ! Leur désir est plus ardent encore,
si seulement vous pouviez le percevoir.
50. Dis : Ce même feu brûle maintenant dans ma poitrine, et mon souhait est que
cet Husayn [1] puisse faire le même sacrifice de sa vie dans l'espoir d'atteindre
un rang aussi auguste et aussi sublime, où le serviteur meurt à lui-même et vit
en Dieu, le Tout-Puissant, le Glorifié, le Grand. Si je devais vous dévoiler les
mystères qui sont enchâssés par Dieu dans un tel rang, vous chercheriez, en vérité,
à sacrifier vos vies dans son sentier, à renoncer à vos richesses et à délaisser
tout ce que vous possédez, afin d'atteindre cette condition transcendante et glorieuse.
Mais Dieu a couvert vos coeurs d'un voile et obscurci votre vision de crainte
que vous ne saisissiez ses mystères et en compreniez la portée.
[1] Baha'u'llah
51. Dis : L'âme sincère aspire à se rapprocher de Dieu comme le nourrisson recherche
le sein de sa mère. Que dis-je ! Bien plus ardent encore est ce désir, puissiez-vous
le savoir ! Il est semblable à celui de l'assoiffé qui recherche ardemment les
eaux vivifiantes, ou du pécheur qui souhaite de tout coeur le pardon et la miséricorde.
C'est pourquoi nous vous exposons les mystères de la Cause et vous transmettons
ce qui vous rendra indépendants de tout ce qui vous a préoccupés jusqu'ici, afin
que vous ayez une chance d'accéder à la cour de sainteté, au sein de ce paradis
exalté. Je jure par Dieu ! Quiconque y pénètre ne quittera jamais cette enceinte
et quiconque y pose son regard jamais ne s'en détournera, même si les épées des
infidèles et des obstinés s'acharnent contre lui. Ainsi, nous vous avons rapporté
ce qui est advenu à Husayn, et nous supplions Dieu de nous réserver le même sort.
Il est, en vérité, le Munificent, le Très-Généreux.
52. Par la justice de Dieu ! grâce à ses actes, les parfums de sainteté se sont
répandus sur toutes choses, la preuve de Dieu est complète et manifeste aux yeux
de tous. Et après sa disparition, Dieu a suscité un peuple qui a vengé sa mort,
tué ses ennemis et l'a pleuré à l'aube comme au crépuscule. Dis : Dieu promet
dans son Livre de se saisir de tous les tyrans et de renverser les fauteurs de
trouble. Sache que ces gestes saints exercent par eux-mêmes un grand pouvoir sur
le monde de l'existence, un pouvoir qui demeure cependant impénétrable, sauf pour
ceux dont Dieu a ouvert les yeux, libéré les coeurs des voiles qui obscurcissent
la vue et guidé l'âme dans le droit chemin.
53. Le jour approche où Dieu suscitera un peuple qui se souviendra de nos jours,
fera le récit de nos épreuves et exigera, de ceux qui sans la moindre preuve nous
ont traité avec une indéniable injustice, la restitution de nos droits. Dieu assurément
a tout pouvoir sur la vie de ceux qui nous ont fait du tort, et il connaît toutes
leurs actions. Nul doute qu'en raison de leurs péchés, son bras se saisira d'eux.
Il est, en vérité, le plus terrible des vengeurs.
54. Nous vous avons ainsi entretenus des affaires du seul vrai Dieu, vous faisant
connaître les choses qu'il a pré-ordonnées, afin que vous sollicitiez son pardon,
lui reveniez animés d'un sincère repentir, preniez conscience de vos fautes et
secouiez votre torpeur, que vous quittiez votre insouciance, expiiez tous vos
méfaits et vous résolviez à faire le bien. Que celui qui le veut, reconnaisse
la vérité de mes paroles. Quant à celui qui s'y refuse, qu'il s'en détourne. Mon
unique tâche est de vous rappeler que vous avez failli à votre devoir envers la
cause de Dieu, si vous prenez garde à mes avertissements. Écoutez-les donc, repentez-vous
et retournez à Dieu afin que, par sa grâce, il ait pitié de vous, vous lave de
vos péchés et vous pardonne vos offenses. La grandeur de sa miséricorde dépasse
la violence de sa colère, et sa grâce embrasse ceux qui, de tous temps, sont appelés
à l'existence et sont parés du vêtement de la vie.
55. Ô assemblée de ministres d'État, croyez-vous sincèrement que nous soyons venu
vous dépouiller de vos possessions terrestres et de votre orgueil ? Non, par celui
qui tient mon âme dans sa main ! Notre intention est de vous démontrer que nous
ne sommes pas opposé aux ordres du souverain, et ne comptons pas parmi les rebelles.
Soyez assurés que tous les trésors de la terre, tout l'or, l'argent et les pierres
rares et précieuses sont, pour Dieu, pour ses élus et ses bien-aimés, aussi dépourvus
de valeur qu'une poignée de poussière. Car avant peu, tout ce qui est sur la terre
périra, et le Royaume demeurera à Dieu, le Tout-Puissant, l'Incomparable. Tout
ce qui périt ne peut nous être d'aucun profit, et il en est de même pour vous,
si vous pouviez y songer.
56. Par la justice de Dieu ! je ne mens pas et ne prononce que ce qui m'est ordonné
par Dieu. Les paroles mêmes de cette épître en portent témoignage, si vous prenez
la peine d'y réfléchir. Ne succombez pas à vos propres désirs, et n'écoutez pas
les chuchotements du Malin en vos âmes. Suivez plutôt la cause de Dieu, aussi
bien dans votre vie sociale que dans votre vie intérieure et ne soyez pas parmi
les négligents. Cela vaut mieux pour vous que tout ce que vous avez amassé dans
vos maisons et tout ce que, jour et nuit, vous avez désiré.
57. Le monde disparaîtra, et avec lui tout ce qui réjouit votre coeur ou dont
vous tirez orgueil devant les hommes. Purifiez le miroir de votre coeur de la
poussière de ce monde et de tout ce qu'il contient, afin qu'il puisse refléter
la lumière resplendissante de Dieu. Cela vous permettra, en vérité, de vous passer
de tout sauf de Dieu et d'atteindre le bon plaisir de votre Seigneur, le Très-Bienfaisant,
l'Omniscient, le Très-Sage. Nous avons, en vérité, étalé sous vos yeux ce qui
vous sera profitable tant dans ce monde que dans le royaume de la foi, et vous
mènera vers le chemin du salut. Puissiez-vous regarder dans cette direction !
58. Écoute, ô Roi [1], le discours de celui qui ne dit que la vérité, qui ne te
demande pas en récompense les choses que Dieu t'a accordée et qui jamais ne s'écarte
du droit chemin. C'est lui qui t'appelle à Dieu, ton Seigneur, qui te montre le
droit chemin conduisant au vrai bonheur, afin que tu rejoignes ce pour qui tout
ira bien.
[1] Le sultan Abdu'l-'Aziz.
59. Garde-toi, ô Roi, de t'entourer de ministres qui suivent leurs inclinations
corrompues, négligent ce qui leur est confié et manifestement trahissent leur
mission. Sois bienveillant envers les autres comme Dieu l'est envers toi, et ne
laisse pas les intérêts de ton peuple à la merci de tels ministres. Ne méconnais
pas la crainte de Dieu, et sois de ceux qui agissent avec droiture. Entoure-toi
de ministres qui exhalent le parfum de la foi et de la justice, sollicite leur
avis, retiens ce qui te semblera le mieux, et sois de ceux qui agissent avec générosité.
60. Tiens pour certain que quiconque ne croit pas en Dieu n'est ni digne de confiance
ni véridique. Telle est, en effet, la vérité, l'indubitable vérité. Celui qui
trahit Dieu trahit aussi son roi. Rien ne peut le détourner du mal, rien ne peut
l'empêcher de trahir son voisin, rien ne peut l'amener à agir avec droiture.
61. Prends soin de ne pas remettre aux mains d'autrui les rênes des affaires de
ton État, n'accorde pas ta confiance à des ministres qui ne la méritent point,
ne sois pas de ceux qui vivent dans l'insouciance. Évite ceux dont le coeur se
détourne de toi, ne leur accorde pas ta confiance, et ne les charge point de tes
affaires ni des affaires de ceux qui professent ta foi. Assure-toi de ne pas laisser
le loup devenir le berger du troupeau de Dieu, et ne laisse pas à la merci des
méchants le sort de ceux qu'il aime. N'attends pas de ceux qui violent les commandements
de Dieu qu'ils soient dignes de quelque confiance, ou qu'ils puissent être sincères
dans la foi qu'ils professent. Évite-les donc, et protège-toi soigneusement, de
peur d'être victime de leurs ruses et de leurs méfaits. Détourne-toi d'eux, fixe
ton regard sur Dieu, ton Seigneur, le Très-Glorieux, le Très-Bienfaisant. Dieu
sera assurément avec celui qui se donne entièrement à lui ; il préservera de tout
mal celui qui place toute sa confiance en lui et le protègera contre les complots
des méchants.
62. Si tu prêtes l'oreille à mes discours et suis mes conseils, Dieu t'élèvera
à un rang si éminent qu'aucun dessein humain ne pourra t'atteindre ni te nuire.
Ô Roi, observe de tout ton coeur et de toutes tes forces, les commandements de
Dieu, et ne marche pas dans les sentiers de l'oppresseur. Saisis-toi des rênes
du gouvernement de ton peuple et tiens-les fermement, examine personnellement
tout ce qui s'y rapporte. Que rien ne t'échappe, car c'est là le bien le plus
grand.
63. Rends grâces à Dieu de t'avoir choisi entre tous comme chef suprême de ceux
qui professent ta foi. Il te convient, en effet, d'apprécier les bienfaits dont
Dieu t'a gratifié et de sans cesse magnifier son nom. La meilleure louange que
tu puisses lui adresser est d'aimer ceux qu'il aime, de sauvegarder les intérêts
de ses serviteurs, de les protéger contre les traîtres et de faire en sorte qu'ils
ne soient plus opprimés. Tu dois, en outre, faire respecter parmi eux la loi de
Dieu, afin d'être toi-même du nombre de ceux qui sont fermement établis dans cette
loi.
64. Si, par toi, les rivières de la justice venaient à répandre leurs eaux sur
tes sujets, Dieu assurément t'assisterait des armées de l'invisible et du visible,
et te fortifierait dans tes affaires. Il n'est d'autre Dieu que lui. La création
est sienne, avec tout son empire. À lui retourneront les oeuvres des fidèles.
65. Ne place pas ta confiance dans tes trésors. Place-la plutôt dans la grâce
de Dieu, ton Seigneur. Compte sur lui en tout ce que tu fais, et sois de ceux
qui se soumettent à sa volonté. Laisse-le t'aider et t'enrichir de ses trésors
car c'est à lui qu'appartiennent tous les trésors de la terre et du ciel. Il les
accorde à qui lui plaît, et les retire à qui il veut. Il n'est pas d'autre Dieu
que lui, le Possesseur de toutes choses, le Très-Loué. Tous sont pauvres au seuil
de sa miséricorde ; tous sont impuissants devant la révélation de sa souveraineté
et implorent ses faveurs.
66. Ne franchis jamais les bornes de la modération et traite équitablement ceux
qui te servent. Donne-leur selon leurs besoins, mais pas dans une mesure qui leur
permettrait d'entasser pour eux-mêmes des trésors, de parer leur personne, d'embellir
leur foyer, d'acquérir ce qui ne leur serait d'aucun profit et les ferait compter
au nombre des extravagants. Exerce envers eux une indéfectible justice, de sorte
que nul d'entre eux ne soit dans le besoin ni ne regorge de richesses. Ce n'est
là que justice manifeste.
67. Ne permets pas que l'abject domine ceux qui sont nobles et dignes d'honneur,
et ne souffre point que le juste soit à la merci du vil et du méprisable, car
c'est ce que nous avons constaté lors de notre arrivée dans la cité [1], et nous
en témoignons. Parmi ses habitants, nous en avons vu qui possédaient d'immenses
fortunes et vivaient dans une richesse excessive, alors que d'autres vivaient
dans une noire misère et une extrême pauvreté. Cela ne saurait convenir à ta souveraineté
ni être digne de ton rang.
[1] Constantinople.
68. Accueille donc mes avis et efforce-toi de gouverner avec équité, afin que
Dieu exalte ton nom et répande dans le monde entier la renommée de ta justice.
Veille à ne pas favoriser tes ministres aux dépens de tes sujets. Crains les soupirs
du pauvre et du juste qui, à chaque aurore, se lamentent sur leur triste sort,
et sois pour eux un souverain bienveillant. Ils sont, en vérité, tes trésors sur
la terre. Il t'appartient donc de mettre tes trésors à l'abri des assauts de ceux
qui voudraient te les dérober. Enquiers-toi de leurs affaires et inquiète-toi
chaque année, chaque mois même, de leur condition. Ne sois pas de ceux qui négligent
leur devoir.
69. Garde les yeux rivés sur l'infaillible balance de Dieu et tel celui qui se
tient en sa présence, pèse sur tes actions chaque jour, en chaque instant de ta
vie. Fais ton examen de conscience chaque jour avant d'y être convié au jour du
jugement, jour où personne n'aura la force de se tenir debout par crainte de Dieu,
jour où le coeur des négligents se mettra à trembler.
70. Il incombe à tout roi d'être aussi bienveillant que le soleil qui assure la
croissance de tous les êtres et donne à chacun son dû, et dont les bienfaits ne
proviennent pas de lui-même, mais de la volonté du Tout-Puissant, de l'Omnipotent.
Un roi doit être aussi généreux, aussi libéral dans sa grâce que les nuages dont
les ondées bienfaisantes arrosent tous les pays sur l'ordre de celui qui est l'Ordonnateur
suprême, l'Omniscient.
71. Prends soin de ne pas t'en remettre entièrement à d'autres pour les affaires
de l'État. Nul mieux que toi-même ne pourrait remplir tes fonctions. Ainsi avec
clarté, nous te donnons nos sages avis, nous t'envoyons ce qui te permettra de
passer de la main gauche de l'oppression à la main droite de la justice et de
t'approcher du resplendissant océan des faveurs de Dieu. Telle est la voie que
suivirent, avant toi, les rois qui gouvernèrent avec équité et suivirent le droit
chemin de la justice.
72. Tu es l'ombre de Dieu sur la terre. Efforce-toi donc d'agir de la manière
qui convient à un rang aussi éminent et aussi majestueux. Tu ne saurais, sans
déroger à un honneur aussi grand et inestimable, t'abstenir de suivre les enseignements
qui, par nous, te sont envoyés du ciel. Retourne donc à Dieu, attache-toi fermement
à lui, purifie ton coeur du monde et de ses vanités, et ne souffre pas que l'amour
d'un étranger y pénètre pour s'y établir. Et tant que tu n'auras pas purifié ton
coeur des traces d'un tel amour, l'éclat de la lumière divine n'y pourra briller
car Dieu n'a donné à chacun qu'un seul coeur. Tel est, en vérité, le décret divin
enregistré dans son livre antique. Et puisque le coeur humain, tel que Dieu l'a
façonné, est un et entier, il t'incombe de veiller à ce que ses affections soient
elles aussi unes et entières. Attache-toi donc, avec toute la tendresse de ton
coeur, à l'amour de Dieu et renonce à tout autre amour afin qu'il t'aide à te
plonger ainsi dans l'océan de son unité et à devenir un vrai défenseur de son
unicité. Dieu m'en est témoin : Je n'ai, en te révélant ces paroles, d'autre objet
que de te détacher des choses éphémères de la terre, et de t'aider à entrer dans
le royaume de la gloire éternelle, afin qu'avec la permission de Dieu, tu sois
de ceux qui l'habitent et y règnent.
73. Ô Roi, as-tu appris combien nous avons souffert aux mains de tes ministres
et comment ils nous ont traité, ou comptes-tu parmi les négligents ?. Si tu es
effectivement informé de ces actes, pourquoi n'as-tu pas interdit à tes ministres
de les commettre ? Comment as-tu pu désirer, pour celui qui s'est plié à tes ordres
et a obéi à ton décret, ce que nul roi ne désirerait pour aucun de ses sujets
? Et si tu n'en es point informé, c'est là une erreur plus grave encore si tu
es de ceux qui craignent Dieu. C'est pourquoi je vais te conter ce que nous avons
enduré aux mains de ces oppresseurs.
74. Sache donc que nous sommes venu dans ta ville sur ton ordre. Entré avec tous
les honneurs, ils nous en ont pourtant expulsé en nous humiliant comme jamais
personne ne le fut, si tu es de ceux qui sont informés. Ils nous ont forcé à voyager
jusqu'à ce lieu [1] où nul ne pénètre hormis ceux qui se révoltent contre l'autorité
du souverain et comptent parmi les transgresseurs. Et tout cela en dépit du fait
que jamais nous ne t'avions désobéi, pas même pour un instant, car dès que nous
avons pris connaissance de tes ordres, nous les avons suivis et nous sommes soumis
à ta volonté. Tes ministres, par contre, ont agi envers nous sans se soucier des
règles et des commandements de Dieu, ni tenir compte de ce qui a été révélé aux
prophètes et aux messagers. Ils nous ont traité sans pitié et nous ont infligé
ce que nul fidèle n'inflige à ses pairs, ni aucun croyant à un infidèle. Dieu
sait et il est témoin de la vérité de nos paroles.
[1] Andrinople.
75. Lorsqu'ils nous expulsèrent de ta ville, ils nous placèrent dans des chariots
normalement réservés au transport de bagages ou autres objets. Tel fut le traitement
qu'ils nous réservèrent, si tu désires connaître la vérité. C'est ainsi qu'ils
nous firent prendre la route et nous conduisirent vers la ville qu'ils considèrent
comme la demeure des rebelles. À notre arrivée, nous ne pûmes trouver de logement
et fûmes obligés de demeurer dans un endroit où nul n'accepterait de pénétrer
sauf le plus démuni des étrangers. Nous y logeâmes pendant quelque temps ; après
quoi, souffrant de plus en plus du manque d'espace, nous louâmes des logements
que les occupants avaient quittés en raison du froid extrême. Ainsi, nous fûmes
contraints de vivre, au coeur de l'hiver, dans des maisons où nul n'habite sauf
dans la chaleur de l'été. Ni ma famille ni mes compagnons n'avaient les vêtements
nécessaires pour se protéger de ce froid glacial.
76. Si seulement tes ministres nous avaient traité selon les principes qu'ils
observent entre eux ! Par Dieu, ils ne nous ont traité ni selon les commandements
de Dieu, ni selon les pratiques auxquelles ils souscrivent, ni selon les règles
habituelles des hommes ; même le pauvre reçoit mieux un voyageur. Voilà le récit
de ce qu'ils nous ont fait endurer, et que nous te rapportons dans un langage
véridique et sincère.
77. Tout cela m'est advenu alors que je me suis présenté chez eux sur leurs ordres
et ne me suis pas opposé à leur autorité dérivée de la tienne. Ainsi, nous avons
accepté et suivi leur injonction. Eux, par contre, semblent avoir oublié ce que
Dieu a commandé. Il dit, et sa parole est vérité : "Agissez avec humilité envers
les croyants [1]. Ils n'avaient d'autre souci que leur propre confort et leur
tranquillité et leurs oreilles étaient sourdes aux soupirs des pauvres et aux
cris des opprimés. Ils semblent croire qu'ils sont créés de pure lumière, alors
que les autres ont été façonnés dans l'argile. Quelle pitoyable illusion ! Ne
vous avons-nous pas créés d'une eau vile [2].
[1] Coran 15:88. "Abaisse ton aile sur les croyants"
[2] Coran 77:20 ; "il lui a suscité une descendance à partir d'une goutte d'eau
vile." ; 32:8.
78. Par Dieu, je le jure, ô Roi ! je n'ai point dessein de me plaindre auprès
de toi de ceux qui me persécutent. C'est à Dieu que j'expose mes griefs et mon
chagrin, à Dieu qui m'a créé et qui les a créés, qui connaît bien notre situation,
et qui veille sur toutes choses. Je veux seulement les mettre en garde contre
les conséquences de leurs actions, dans l'espoir qu'ils s'abstiendront d'en traiter
d'autres comme ils m'ont traité moi-même, et se rangeront finalement parmi ceux
qui suivent mes avertissements.
79. Les tribulations qui nous accablent, le dénuement dont nous souffrons, les
tourments divers qui de toutes parts nous assaillent, tout cela passera comme
passeront les plaisirs dont se délectent nos ennemis et l'abondance dont ils jouissent.
Telle est la vérité qu'aucun homme ne peut rejeter. Bientôt prendront fin les
jours où nous aurons été abaissé dans la poussière, comme se termineront avant
peu leurs jours de gloire. Dieu, assurément, jugera entre nous et eux, et il est,
en vérité, le meilleur des juges.
80. Nous rendons grâces à Dieu pour tout ce qui nous est advenu, et nous endurons
patiemment ce qu'il a ordonné dans le passé et ordonnera dans le futur. En lui
je place ma confiance, et entre ses mains, je remets ma cause. Il ne saurait manquer
de récompenser qui souffre sans se plaindre et place en lui sa confiance. La création
est sienne, avec tout son empire. Il exalte qui il veut, et abaisse qui bon lui
semble. Il ne lui sera point demandé compte de ses actes. Il est, en vérité, le
Très-Glorieux, le Tout-Puissant.
81. Que ton oreille, ô Roi, soit attentive aux paroles que nous t'adressons. Contrains
l'oppresseur à renoncer à sa tyrannie, et sépare les artisans d'iniquité de ceux
qui professent ta foi. Par la justice de Dieu ! l'angoisse ne peut que submerger
celui qui relate les tribulations que nous avons subies. En supporter le récit
dépasse d'ailleurs les forces de tout croyant en l'unité de Dieu et de tout défenseur
de celle-ci. Si grandes sont nos souffrances que même nos ennemis pleurent sur
nous ainsi que tout être doué de discernement. Et toutes ces épreuves nous ont
été infligées bien que nous allions vers toi, et que nous ayons invité le peuple
à se placer sous ta protection afin que tu sois une forteresse pour ceux qui croient
en l'unité de Dieu et la soutiennent.
82.T'ai-je jamais désobéi, ô Roi ? Ai-je jamais transgressé une de tes lois ?
Un de tes ambassadeurs en Irak peut-il établir contre moi la preuve du moindre
manquement à ma loyauté envers toi ? Par celui qui est le Seigneur de tous les
mondes ! pas un moment nous ne nous sommes rebellé contre toi ni contre aucun
de tes ministres. Et jamais, à Dieu ne plaise, nous ne le ferons à l'avenir, dussions-nous
être soumis à des épreuves plus cruelles que celles qu'on nous a infligées dans
le passé.
83. Jour et nuit, soir et matin, nous avons prié Dieu pour toi, le suppliant de
te rendre obéissant à sa loi, et de te garder des assauts des méchants. Agis selon
ton bon plaisir, et traite-nous comme il convient à ton état et comme il sied
à ta souveraineté. En tout ce que tu désires ou désireras accomplir, n'oublie
jamais la loi de Dieu. Dis : Louange à Dieu, le Seigneur de tous les mondes.
84. Ô Ministre du Shah en la cité [1], imagines-tu que je tienne en ma main le
sort définitif de la cause de Dieu ? Crois-tu que son cours puisse être détourné
par mon emprisonnement, par la honte qui m'a été infligée ou même par ma mort
et mon annihilation ? Misérable est ce qui naît dans ton coeur ! Tu es, en vérité,
de ceux qui suivent les vaines imaginations de leur coeur. Il n'est d'autre Dieu
que lui. Il a le pouvoir d'exalter son témoignage, de réaliser la moindre de ses
volontés, de manifester sa Cause et d'élever celle-ci à une position si éminente
que ni tes actions ni les actions de ceux qui se sont détournés de lui ne pourront
la toucher ou lui nuire.
[1] Constantinople.
85. Crois-tu pouvoir faire échec à sa volonté, l'empêcher d'exécuter son jugement
ou d'exercer sa souveraineté ? Prétends-tu que quelque chose dans le ciel ou sur
la terre puisse résister à sa Foi ? Par celui qui est la Vérité éternelle ! Rien
dans toute la création ne peut contrecarrer son dessein. Renonce donc à ce qui
n'est chez toi que pure suffisance, car jamais l'orgueil n'a pu tenir lieu de
vérité. Sois de ceux qui se repentent sincèrement et retournent à Dieu, le Dieu
qui t'a créé, qui t'a nourri et a fait de toi un ministre parmi ceux qui professent
ta Foi.
86. Sache, de plus, que c'est lui qui, par son ordre, a créé tout ce qui est dans
les cieux et sur la terre. Comment ce qui a été créé sur son ordre pourrait-il
prévaloir sur lui ? Dieu est infiniment loué au-dessus de ce que vous imaginez
de lui, ô peuple malveillant ! Si cette Cause est la cause de Dieu, il n'est point
d'homme qui puisse prévaloir sur elle ; et si elle n'est pas de Dieu, vos prêtres
parmi vous, ainsi que ceux qui suivent leurs désirs corrompus et ceux qui se sont
révoltés contre lui n'auront aucune peine à la renverser.
87. N'as-tu pas entendu conter ce qu'un croyant de la famille de Pharaon a dit,
il y a longtemps, et que Dieu révéla à l'Apôtre qu'il avait choisi entre tous
pour lui confier son message et faire de lui la source de sa miséricorde envers
tous ceux qui habitent sur la terre ? Il a dit, et ce qu'il dit est vérité : "Tuerez-vous
un homme parce qu'il a dit mon Seigneur est Dieu, alors qu'il vous a apporté des
preuves évidentes de la part de votre Seigneur ? S'il est un menteur, son mensonge
retombera sur lui, s'il dit la vérité, ce dont il vous menace vous atteindra [1]".
Voilà ce que Dieu a révélé à son Bien-aimé, dans son Livre infaillible.
[1] Coran 40:28
88. Et pourtant, vous n'avez pas prêté l'oreille à son injonction, vous avez dédaigné
sa loi, rejeté le conseil donné dans son Livre et vous êtes comptés parmi ceux
qui errent loin de lui. Combien d'hommes, chaque année, chaque mois même, ont
été mis à mort à cause de vous ! Combien d'injustices avez-vous perpétrées, d'une
iniquité telle que l'oeil de la création n'en avait jamais vu de semblables ni
aucune chronique rapporté de pareilles ! Ô êtres injustes, combien de nourrissons
et de petits enfants sont, par votre cruauté, devenus orphelins, combien de pères
pleurent leurs fils, combien de soeurs languissent dans le deuil d'un frère, combien
d'épouses se lamentent sur la mort d'un mari, leur unique soutien !
89. Votre iniquité s'est accrue chaque jour jusqu'à ce que vous en arriviez à
tuer celui qui n'avait jamais détaché son regard de la face de Dieu, le Suprême,
le Très-Grand [1]. Si seulement vous l'aviez mis à mort comme les hommes le font
habituellement pour se détruire les uns les autres ! Mais vous l'avez tué dans
des circonstances telles qu'on n'en a jamais vu de semblables. Les cieux ont versé
sur lui des larmes amères, et les âmes de ceux qui sont près de Dieu ont pleuré
sur ses malheurs. N'était-il pas un descendant de l'ancienne maison de votre prophète
? Le fait qu'il était un descendant direct de l'Apôtre n'était-il pas connu de
vous ? Pourquoi donc lui avez-vous infligé ce que, de temps immémorial, nul homme
n'avait jamais infligé à un autre homme ? Par Dieu ! la création n'a jamais vu
votre pareil. Vous avez mis à mort un fils de la maison de votre prophète, et
sur vos sièges d'honneur, vous continuez de vous réjouir et de vous divertir.
Vous prononcez des imprécations contre ceux qui, avant vous, perpétrèrent les
crimes que vous avez perpétrés et demeurez toujours inconscients de vos atrocités.
[1] Le Bab.
90. Soyez équitables en votre jugement. Ceux que vous maudissez et sur qui vous
appelez la vengeance du ciel, ont-ils agi différemment de vous ? N'ont-ils pas
mis à mort le descendant de leur prophète [1], comme vous avez mis à mort le descendant
du vôtre ? Votre conduite n'est-elle pas semblable à la leur ? Comment donc osez-vous
prétendre vous différencier d'eux, ô semeurs de discorde parmi les hommes ?
[1] L'Imam Husayn.
91.Et quand vous lui eûtes enlevé la vie, un de ses fidèles se leva pour venger
sa mort. C'était un inconnu, et nul ne connaissait son dessein. Il accomplit finalement
ce qui avait été pré-ordonné. Il vous appartient donc de n'accuser que vous-mêmes
des crimes que vous avez perpétrés, si seulement vous jugez avec impartialité.
Qui sur terre a commis ce que vous avez commis ? Personne, par celui qui est le
Seigneur de tous les mondes !
92. Tous les dirigeants et rois de la terre honorent et révèrent les descendants
de leurs prophètes et de leurs saints, puissiez-vous le comprendre ! Vous êtes,
au contraire, responsables d'actes qu'aucun homme avant vous n'avait jamais accomplis,
et pour ces méfaits, les coeurs éclairés se sont consumés de chagrin. Cependant,
vous demeurez dans l'indolence, insouciants de la cruauté de vos actes.
93. Vous vous êtes obstinés jusqu'à vous lever contre nous, pourtant nous n'avions
rien fait qui justifie votre inimitié. N'avez-vous donc aucune crainte du Dieu
qui vous a créés et façonnés, à qui vous devez votre force et qui vous a comptés
parmi ceux qui s'en sont remis à lui [1]? Jusqu'à quand vous obstinerez-vous ?
Jusqu'à quand refuserez-vous de réfléchir ? Combien de temps vous faudra-t-il
pour sortir de votre sommeil et de votre insouciance ? Jusqu'à quand méconnaîtrez-vous
la vérité ?
[1] Les musulmans.
94. Médite en ton coeur. Ta conduite et ce que tes mains ont forgé t'ont-ils permis
d'étouffer le feu de Dieu ou d'éteindre la lumière de sa révélation, celle qui
a enveloppé de son éclat ceux qui sont plongés dans les océans tumultueux de l'immortalité
et attiré les âmes qui croient en son unité et la soutiennent ? Ne sais-tu pas
que la puissance de Dieu prévaut sur la tienne, que son décret l'emporte sur tous
tes stratagèmes ? Ne sais-tu pas qu'il domine ses serviteurs, qu'il est à la hauteur
de son dessein, qu'il fait ce qu'il veut, qu'il ne lui sera point demandé compte
de ce qu'il lui aura plu de faire, qu'il ordonne selon son bon plaisir, qu'il
est le Tout-Puissant, l'Omnipotent ? Et si tu crois que c'est là la vérité, que
ne cesses-tu alors de te tourmenter et que ne fais-tu la paix avec toi-même ?
95. Tu commets chaque jour une nouvelle injustice, et tu me traites comme tu m'as
traité dans le passé, encore que je ne me sois jamais immiscé dans tes affaires.
Jamais je ne suis entré en opposition avec toi, ni ne me suis rebellé contre tes
lois. Et vois comment finalement tu as fait de moi un prisonnier en cette terre
reculée ! Mais, quoi que vos mains ou les mains des infidèles aient forgé, sois
assuré que la cause de Dieu n'en sera pas affectée ni ses voies altérées, ainsi
qu'il en a toujours été.
96. Prêtez attention à mes avertissements, ô habitants de la Perse ! Si je péris
entre vos mains, Dieu en suscitera un autre qui occupera le siège que ma mort
aura rendu vacant, car telle est la manière dont Dieu a procédé dans le passé,
et vous ne constatez aucun changement dans cette méthode. Chercheriez-vous à éteindre
sa lumière qui brille sur sa terre ? Dieu lui-même s'y oppose. Il ne cessera de
rendre plus parfaite sa lumière, même si, dans le secret de vos coeurs, vous la
détestez.
97. Ô Ministre, réfléchis ne fût-ce qu'un instant et sois équitable en ton jugement.
Qu'avons-nous commis qui justifie que tu nous aies dénigré devant les ministres
du roi, suivant tes désirs, dénaturant la vérité et proférant des calomnies contre
nous ? Nous ne nous sommes jamais rencontrés, sinon dans la maison de ton père,
lors des commémorations du martyre de l'Imam Husayn. En ces rencontres, l'occasion
ne s'est jamais offerte à aucun de nous de faire connaître aux autres ses vues
et ses croyances, soit par des conversations, soit par des discours. Tu témoigneras
toi-même de la vérité de mes paroles, si tu es sincère. Je n'ai fréquenté aucune
autre assemblée où tu aurais pu, pas plus d'ailleurs que quiconque, connaître
mes pensées. Comment donc, sans m'avoir entendu, peux-tu me condamner ? Ne sais-tu
pas que Dieu, exaltée soit sa gloire, a dit : "Ne dites pas à celui qui vous offre
la paix : "Tu n'es pas croyant [1]" "Ne repousse pas ceux qui prient matin et
soir leur Seigneur et qui recherchent sa Face [2]." Tu as, en vérité, négligé
de suivre les prescriptions du Livre de Dieu, et cependant tu prétends être un
croyant !
[1] Coran 4:94
[2] Coran 6:52
98. En dépit de ce que tu as fait, et bien que toi et d'autres nous aient fait
subir des offenses qu'aucun croyant en l'unité de Dieu ne saurait supporter, je
ne nourris contre toi, ni contre qui que ce soit, aucune malveillance. Dieu m'en
est témoin ! ma cause est entre les mains de Dieu, et ma confiance n'est placée
en personne d'autre qu'en lui. Avant peu, vos jours passeront comme passeront
les jours de ceux qui, orgueilleusement, se croient aujourd'hui supérieurs à leur
voisin. Bientôt, rassemblés en la présence de Dieu, il vous sera demandé compte
de vos actions. Vous en recevrez le juste salaire, et misérable est la demeure
des malfaiteurs.
99. Par Dieu ! si tu prenais conscience de ce que tu as fait, il est certain que
tu pleurerais amèrement sur toi-même, chercherais en Dieu un refuge, languirais
et te lamenterais tous les jours de ta vie, jusqu'à ce que tu aies obtenu de Dieu
son pardon, car il est, en vérité, le Très-Généreux, le Munificent. Mais occupé
que tu es de tout ton coeur, de toute ton âme et de ton être le plus intime, par
les vanités de ce monde, tu persisteras dans l'insouciance jusqu'à l'heure de
ta mort. Et ce n'est qu'après avoir quitté ce monde que tu découvriras la vérité
de ce que nous t'avons révélé. Tu trouveras alors tes actions consignées dans
le Livre où sont inscrites les oeuvres de ceux qui sont sur la terre, qu'elles
soient d'un poids supérieur ou inférieur à celui d'un atome. Prête l'oreille à
mes conseils et du fond de ton coeur écoute mes discours, ne néglige aucune de
mes paroles, et ne sois pas de ceux qui rejettent ma vérité. Ne te fais point
gloire des choses qui t'ont été données. Ne quitte pas des yeux ce qui a été révélé
dans le livre du Seigneur, le Secours, le Très-Glorieux: "Lorsque ces gens eurent
oublié ce qui leur avait été rappelé, nous leur avons ouvert les portes de toutes
choses [1]", comme nous vous avons ouvert, à toi et à tes homologues, les portes
de cette terre et de tout ce qui l'orne. Attends-toi à ce qui a été promis dans
la seconde partie de ce verset sacré [2], car c'est la promesse du Tout-Puissant,
du Très-Sage, et ce n'est pas une vaine promesse.
[1] Coran 6:44
[2] La suite du verset est la suivante : "mais après qu'ils eurent joui des biens
qui leur avaient été accordés, nous les avons emportés brusquement et ils se trouvèrent
désespérés".
100. Je ne sais quel chemin vous avez choisi de fouler, ô vous qui me voulez du
mal ! Nous vous adjurons de vous tourner vers Dieu, nous vous rappelons son jour,
nous vous annonçons la nouvelle de votre rencontre avec lui, nous vous permettons
de vous approcher de sa cour, et nous faisons descendre sur vous les signes de
sa merveilleuse sagesse. Et pourtant voyez comment vous nous rejetez, comment
vous nous condamnez par les mensonges que vous proférez comme si nous étions un
infidèle, et comment vous ourdissez des complots contre nous ! Et quand nous manifestons
à vos yeux ce qu'en sa bonté Dieu nous a accordé, vous dites : "Ce n'est là que
pure magie !" Les mêmes objections furent soulevées par les générations qui vous
ont précédés et qui étaient toutes semblables à la vôtre, puissiez-vous le comprendre
! Vous vous êtes ainsi privés des bienfaits de Dieu et de sa grâce, et jamais
vous ne les obtiendrez avant le jour où il jugera entre nous et vous. Il est,
en vérité, le meilleur des juges.
101. Certains parmi vous disent : "Voilà celui qui a voulu se faire passer pour
Dieu !" Par Dieu lui-même ! C'est là une grossière calomnie. Je ne suis qu'un
serviteur de Dieu, qui a cru en lui et en ses signes, en ses prophètes et en ses
anges. Ma langue et mon coeur, tout mon être intime comme mon être extérieur,
attestent qu'il n'est point d'autre Dieu que lui, que tous les autres êtres furent
créés à son commandement et façonnés par l'opération de sa volonté. Il n'est d'autre
Dieu que lui, le Créateur, celui qui peut ressusciter les morts, qui donne la
vie à toutes choses et qui la leur retire à son gré. Je suis celui qui répand
au loin la nouvelle des bienfaits dont sa bonté m'a favorisé. Si c'est là une
transgression contre Dieu, je suis, en vérité, le plus grand des transgresseurs.
Nous sommes à votre merci, moi et les miens. Faites de nous ce qu'il vous plaira,
et surtout n'hésitez point, que je puisse retourner vers Dieu, mon Seigneur, là
où, enfin, je ne verrai plus vos visages. Tel est, en vérité, mon désir le plus
cher, mon voeu le plus ardent. Dieu, qui me voit, en sait assez long sur mon état.
102. Imagine-toi sous le regard de Dieu, ô Ministre du Shah ! Car si tu ne le
vois pas, lui te voit clairement. Examine et juge équitablement notre cause. Si
tu es juste, qu'avons-nous commis qui puisse ainsi te soulever contre nous, et
t'inciter à nous calomnier auprès du peuple ? Nous avons quitté Téhéran sur l'ordre
du roi [1] et, avec sa permission, nous avons transféré notre résidence en Irak.
Comment le roi nous aurait-il rendu la liberté s'il avait eu quelque chose à nous
reprocher ? Et si je suis innocent, pourquoi nous infliges-tu des tribulations
que n'a jamais souffertes aucun de ceux qui professent ta Foi ? Un seul de mes
actes, depuis mon arrivée en Irak, a-t-il contribué à la subversion de l'autorité
qui y est établie ? Qui pourrait prétendre avoir surpris en notre conduite quoi
que ce soit de répréhensible ? Fais toi-même une enquête auprès des habitants
de ce pays, afin d'être de ceux qui discernent la vérité.
[1] Nasiri'd-Din Shah.
103. Nous habitions ce pays depuis onze ans quand arriva, pour représenter ton
gouvernement, ce ministre [1] que notre plume se refuse à nommer, qui s'adonnait
au vin et à la débauche, suivait ses passions, commettait des iniquités, et qui,
corrompu, corrompit l'Irak. De cela porteront témoignage la plupart des habitants
de Bagdad, si tu es de ceux qui cherchent à connaître la vérité et si tu t'en
enquiers auprès d'eux. Au mépris de toute justice, il s'emparait du bien de son
prochain, violait tous les commandements de Dieu et commettait ce que Dieu réprouve.
Finalement, obéissant à ses penchants, il se leva contre nous et s'engagea dans
les voies de l'iniquité. Dans une lettre qu'il t'adressa, il lança ses accusations
et, bien qu'il n'apportât pas la moindre preuve contre nous, tu le crus sur parole
et tu abondas dans son sens. Tu ne demandas aucune explication, tu ne procédas
à aucune enquête, tu ne recherchas aucune preuve ni aucun témoignage dignes de
foi qui eussent pu t'aider à distinguer l'erreur de la vérité et à juger avec
discernement. Afin de découvrir quelle sorte d'homme il est, renseigne-toi personnellement,
tant auprès des ministres qui se trouvaient alors en Irak que du gouverneur de
la ville [2] et de son haut conseiller, afin que la vérité te soit connue et que
tu sois bien informé sur notre cas.
[1] Le consul général persan à Bagdad.
[2] Bagdad.
104. Dieu nous en est témoin, jamais, en aucune circonstance, nous ne lui avons
fait la moindre opposition, pas plus d'ailleurs qu'à d'autres. Nous n'avons jamais
fait que suivre, en toute circonstance, les préceptes de Dieu, nous gardant soigneusement
de nous ranger parmi les fauteurs de désordre. Lui-même en témoigne. Son intention
était de mettre la main sur nous et de nous renvoyer en Perse afin d'exalter par
là sa renommée. Tu as, aux mêmes fins, commis le même crime. Vous vous valez donc
tous deux aux yeux de Dieu, le souverain Seigneur de tous, l'Omniscient.
105. Nous ne cherchons point, en t'adressant ces paroles, à alléger le fardeau
de notre malheur ni à t'amener à intercéder pour nous auprès de quiconque. Non
certes, par celui qui est le Seigneur de tous les mondes ! Nous t'avons exposé
toute l'affaire pour que, prenant peut-être ainsi conscience de ce que tu as fait,
tu t'abstiennes désormais d'infliger à d'autres ce que tu nous as infligé et que,
sincèrement repentant devant Dieu qui t'a créé et qui a créé toutes choses, tu
agisses à l'avenir avec plus de discernement. Cela vaudra mieux pour toi que tout
ce que tu possèdes et que ton ministère dont les jours sont comptés.
106.Veille à ne point te faire le complice de l'injustice. Dirige résolument ton
coeur vers l'équité, n'altère pas la cause de Dieu, et sois de ceux qui fixent
leur regard sur les révélations de son Livre. Ne cède, en aucun cas, aux impulsions
de tes mauvais désirs. Observe la loi de Dieu, ton Seigneur, le Bienfaisant, l'Ancien
des jours. Tu retourneras certainement en poussière, et tu périras ainsi que toutes
les choses dont tu t'es délecté. Voilà ce que te dit la Langue de vérité et de
gloire.
107. Souviens-toi des avertissements de Dieu dans le passé, pour que tu sois de
ceux qui prêtent attention à son conseil ? Il a dit, et la vérité parle par sa
bouche : "De la terre, nous vous avons créés; en elle nous vous ramènerons et
d'elle nous vous ferons sortir une fois encore [1]". Voilà ce que Dieu a décrété
pour tous ceux, petits et grands, qui sont sur la terre. Il ne convient donc pas
à celui qui a été créé avec de la poussière, qui y retournera et qui en sera tiré
à nouveau, de s'enfler d'orgueil devant Dieu et devant ceux qu'aime celui-ci,
de les considérer avec mépris et d'être rempli d'une dédaigneuse arrogance. Ce
qui plutôt vous convient, à toi et à tes semblables, c'est de vous soumettre à
ceux qui sont les Manifestations de l'unité de Dieu, de vous incliner humblement
devant les fidèles qui ont tout quitté pour l'amour de lui et se sont détachés
de toutes les choses qui, absorbant l'attention des hommes, les détournent de
la voie du Seigneur, le Très-Glorieux, le Magnifié. Ainsi vous faisons-nous connaître
ce qui vous sera profitable, et ce qui profitera à ceux qui ont placé dans le
Seigneur toute leur confiance et tout leur espoir.
[1] Coran 20:55
108.Ô religieux de la cité, nous sommes venu à vous, apportant la vérité, et vous
ne vous en êtes pas souciés ! Vous êtes semblables à des morts, enveloppés dans
le vêtement de votre ego. Vous n'avez pas recherché notre présence, alors que
cela aurait été plus avantageux pour vous que tous vos actes. Sachez que le Soleil
de la vice-royauté est apparu en toute vérité, et pourtant vous vous en êtes détournés.
La Lune de la direction s'est levée dans les cieux et a atteint son zénith, et
pourtant vous êtes restés aveugles. L'Étoile de la générosité divine a brillé
au-dessus de l'horizon de l'éternelle sainteté, et pourtant, loin d'elle vous
vous êtes égarés.
109. Sachez-le ! Si vos maîtres, à qui vous devez allégeance, dont vous êtes si
fiers, dont vous parlez jour et nuit, et dans les traces de qui vous marchez,
avaient vécu en ces jours, ils auraient gravité autour de moi et n'auraient pas
voulu se séparer de moi, ni au crépuscule ni à l'aube. Et cependant, vous n'avez
pas tourné votre regard vers ma face, ne serait-ce qu'un instant ; vous vous êtes
enorgueillis et n'avez fait aucun cas de cet opprimé, qui a subi de telles afflictions
aux mains des hommes qui ont agi envers lui selon leur bon plaisir. Vous ne vous
êtes pas enquis de ma condition, ni ne vous êtes informés de ce qui m'est advenu.
Ainsi avez-vous retenu loin de vous les vents de la sainteté et les brises de
la générosité qui soufflent de ce lieu lumineux et clair.
110 Vous vous attachez aux choses extérieures et vous avez oublié les choses intérieures,
vous dites ce que vous ne faites pas. Vous êtes amoureux des noms, et semblez
vous être abandonnés à eux. C'est pourquoi vous faites mention des noms de vos
maîtres. Et si quelqu'un leur ressemblant ou leur étant supérieur venait à vous,
vous vous enfuiriez loin de lui. Grâce à leurs noms, vous vous êtes élevés et
avez assuré votre position ; vous vivez et prospérez. Mais s'ils devaient réapparaître,
vous ne renonceriez pas à votre autorité, vous n'iriez pas à leur rencontre, ni
ne tourneriez vos visages vers eux.
111. Nous vous avons trouvés, comme nous avons trouvé la plupart des hommes, adorant
des noms qu'ils mentionnent pendant les jours de leur vie et qui les occupent.
Cependant, les Porteurs de ces noms ne sont pas plutôt arrivés qu'ils les renient
et s'enfuient. C'est ainsi que nous vous avons trouvés, que nous avons jugé vos
actions et témoigné de tous vos actes en ce jour. Sachez qu'aujourd'hui, Dieu
n'acceptera ni vos pensées, ni vos invocations, ni vos prières, ni vos dévotions,
ni vos actes, à moins que vous ne renaissiez aux yeux de ce Serviteur, puissiez-vous
seulement le comprendre !
112. Par Dieu ! l'Arbre de la vice-royauté est planté, le Point de toute connaissance
est rendu manifeste, et la souveraineté de Dieu, le Secours, l'Absolu, est établie.
Craignez donc le Seigneur. Ne suivez pas l'appel de vos désirs pervers, mais observez
la loi de Dieu durant vos jours. Changez les règles qui régissent votre comportement
afin d'être guidés par la lumière et de vous hâter dans la voie du seul vrai Dieu.
113. Ô sages de cette Ville [1] et philosophes du monde, prenez garde que les
connaissances et la sagesse humaines ne vous poussent à vous gonfler d'orgueil
devant Dieu, le Secours, l'Absolu. Sachez que la sagesse véritable consiste à
craindre Dieu, à le connaître et à reconnaître ses Manifestations. Cette sagesse,
cependant, n'est accessible qu'à ceux qui se détachent du monde et suivent le
chemin du bon plaisir de leur Seigneur. Votre sagesse est-elle plus grande que
celle de celui qui a créé une lune qui se levait d'un puits et se couchait dans
un autre, et dont la lumière était visible à une distance de trois lieues [2]
Dieu a, en vérité, effacé toute trace de son oeuvre et l'a renvoyé à la poussière,
comme vous l'avez déjà appris ou en êtes maintenant informés.
[1] Constantinople.
[2] Al-Muqanna' de Khurasan (8e siècle)
114. Combien de sages et de philosophes l'ont égalé ou surpassé en connaissance
et en sagesse ! Et combien impressionnant le nombre de ceux qui vous égalent ou
vous surpassent, vous ! Certains d'entre eux croyaient en Dieu, d'autres n'y croyaient
pas et lui donnaient des partenaires. Ces derniers ont fini par être jetés au
feu où ils ont élu domicile, alors que les premiers sont revenus à la miséricorde
de leur Seigneur pour y demeurer à jamais. Car ce n'est pas de votre science que
Dieu s'enquiert, mais bien de votre foi et de votre conduite. Vous croyez-vous
plus sages que celui qui vous a donné la vie, qui a façonné les cieux et tout
ce qu'ils contiennent, la terre et tout ce qui y vit ? Dieu miséricordieux ! la
vraie sagesse lui appartient. La création et son empire lui appartiennent. Il
accorde sa sagesse à qui il choisit parmi les hommes, et la refuse à quiconque
il désire. Il est, en vérité, celui qui donne et qui retient, et certes, il est
le Très-Généreux, le Très-Sage.
115. Ô savants du monde, vous avez négligé de rechercher notre présence, afin
de pouvoir entendre les douces mélodies de l'Esprit et percevoir ce que Dieu,
dans sa générosité, a choisi de me conférer. En vérité, cette grâce vous a désormais
échappé, si seulement vous le saviez. Si vous aviez cherché notre présence, nous
vous aurions transmis un savoir qui vous aurait rendus indépendants de toute autre
chose. Mais vous avez omis de saisir cette chance ; par conséquent, le décret
de Dieu a été exécuté. Il m'est désormais interdit de le dévoiler, puisque nous
voici accusé de sorcellerie, si vous me comprenez bien. Les mêmes accusations
furent proférées par ceux qui nous renièrent dans le passé, ces hommes que la
mort a emportés depuis longtemps et qui sont à présent dans le feu, se lamentant
sur leur sort. Le même sort attend ceux qui, en ce jour, nous renient. Tel est
le décret irrévocable de celui qui est le Tout-Puissant, l'Absolu.
116. Je vous conseille, enfin, de ne pas outrepasser les limites assignées par
Dieu, et de ne pas tenir compte des us et coutumes des hommes, car ces dernières
ne peuvent "ni vous profiter ni apaiser votre faim". Fixez plutôt votre regard
sur les préceptes de Dieu. Que celui qui le désire accepte ce conseil comme un
sentier menant à son Seigneur, et que celui qui le désire retourne à ses vaines
imaginations. Mon Seigneur est, en vérité, indépendant de tous ceux qui sont au
ciel et sur la terre, et au-dessus de tout ce qu'ils peuvent dire ou faire.
117.Je conclus avec ces mots prononcés par Dieu, exaltée soit sa gloire : "Ne
dites pas à celui qui vous offre la paix : "Tu n'es pas croyant"[1]!"
[1] Coran 4:94
118.Que la paix soit avec vous, ô assemblée de fidèles, et loué soit Dieu, le
Seigneur des mondes.
INDEX
Les références se rapportent aux paragraphes de chacune des tablettes et dans
l'ordre où elles se présentent dans le livre. Par exemple, le thème mentionné
dans le deuxième paragraphe de la Suriy-i-Muluk est cité sous M2. Clé des abréviations :
Suriy-i-Haykal H
Suriy-i-Ra'is SR
Lawh-i-Ra'is LR
Lawh-i-Fu'aq F
Suriy-i-Muluk M
'Abdu'l-Aziz (Sultan de Turquie),
H139, 183 ; F13 ;
M56-83
maltraitance de Baha'u'llah, M73
perdra Andrinople, SR5
proposition d'une rencontre par
Baha'u'llah, LR25-26
'Abdu'l-Ghaffar, LR5
de foi, voir foi, actes de foi, M64
de l'ignorant, H176
enregistrés, M25, 99
guidant l'humanité, H213
jugement des, M15, 18, 27, 69, 98
méritoires, H189 ; LR29
recevabilité des, H172, M26
saints, M52
voir aussi conduite
Adam, H24
Adoration, H78, 87, 97, 109, 252
Adultère, H135
Adversité, voir Tests, épreuves
Alcool, H88, 240 ; M103
Alexandre II (Tsar de Russie),
H137, 158-170
rang élevé pour aide à
Baha'u'llah, H158
prière pour, H169
'Ali-Akbar-i-Naraqi, Mirza, SR37
'Ali Pasha (Ra'is), F13
actes de, LR24
appelé à se lever, LR29
appelé à être juste, LR18
impuissance de, LR23
insouciant des calamités, LR9
mortalité de, LR10
rejet de Baha'u'llah, SR2, 6
responsable de l'exil de
Baha'u'llah, LR123
tyrannie de, LR2-6
Alliance de Dieu, H18, 122, 125 ;
M42
Âme(s), H157, 197 ; F13 ; M15, 52
âme (personne) impartiale, juste,
H15, H187, 249
de Dieu, SR33
des croyants, M94
libérée, H114
même que esprit, raison, vision,
écoute
nature expliquée, SR29-35
purifiée, H143
sincère, M51
vivifiée par la parole de Dieu,
SR1, 32
Amour, H92, 99, 122, 194, 221 ; SR21,
34 ; M72
amant cherche réunion Bien-aimé,
M49
du monde, H146
Andrinople (Edirne), H27, 267 ;
SR5, 15, 23 ; LR5
; M74-75
Anges, H102, 191 ; F3-10, 12 ; M3
36, 101
Anis, voir Dhabih
Annas, H245
Aqsa (Mosquée), H91, 171
Armes, armements, H181 ; M8, 10
Artisanat, H67, 153
Ascétisme et austérité, H86-87, 136
Assemblée céleste, H21, 158, 195 ;
SR2, 22, 26, 37
éclairée par Baha'u'llah, LR1
rejetée par peuple du Bayan, H11
Assister Dieu, H209-214
Athées, M60
Avidité, M40
Azal, Subh-i, voir Yahya Mirza
Bab (Point ; Ali), H60, 73, 80
déclaration du H153
identique à Baha'u'llah, H96-97
martyre du, H163 ; SR7 ; M3, 89, 91
naissance du, H153
rejeté par les rois, M3
retour de Jean Baptiste, H121
Babis (peuple du Bayan)
attentat à la vie du shah, H188, M91
dénonciation de baha'is comme
Babis, H235
insouciance des, H10-11, 15
Babis
rejet de Baha'u'llah, H8-9
voilés par le Bayan, H95
Bagdad (Zawra'), H103, 252, 261
consul général persan à, voir
Buzurg Khan, Mirza
Baha'is (croyants, élus ; véritables
croyants, peuple de
foi)
actes inconvenants des, H239
âmes des, M94
cachent les péchés des autres,
H151
contemplent le Royaume, H123
courage des, H16
courtoisie des, LR24
dépendance de Dieu, H14, 32,
218, 274 ; SR1, 37
détachement des, H214 ; SR13
dévouement des, H212-213
emprisonnement des, LR18, 27 ;
F6
exécution des, M88
fermeté des, H13, 61 ; SR41
fidélité des, H14-16, 145, 218
humilité des, H263
illumination des, H12, 35, 48, 64
interdiction de luttes et de disputes,
H210-213
miroir des noms de Baha'u'llah,
H64, 82-84
nouvelle race d'hommes, H8, 13,
23-25, 30, 34, 41,
48, 61 64 ;
M53
objectifs des, H211-214 ; SR41 ;
F14
patience des, H27-28, 208
persécution des, H204, 206, 208,
215, 216, 220, 230,
235-236,
252 ; SR5, 11-15,
26-27, 39-
40 ; LR2-6, 8, 18
; M20
récompense des, SR41
rois devraient protéger, M63
sacrifice de leur vie, H16, 218-219,
222
sagesse des, H150
sanctifiés, H48, 240
sincérité des, H222-223
Baha'u'llah,
accusations (calomnies)
contre, H196-197
amour pour Dieu, H142
amour de, H52
anime la création, H57, 131
arrivée à Constantinople, M24
autorité de, H58, 81, 139
bienveillance de, H125, 158
bon plaisir de, H270
clémence de, H122 ; SR23
envers le Tsar, H158
confiance en Dieu, H251 ; M38, 80
connaissance de, H21, 43, 65-66
192 ; M24, 39
courage de, H193, 258 ; M23, 33,
38
déclaration de (Ridvan), H153
demeure de, H103, 167
maisons à Andrinople,
M75
dépositaire du dessein de Dieu, H37
désire retourner à Dieu, M101
désigné par Dieu, H63, 72, 81, 192
dessein de, H5, 13, 44, 64, 72, 81,
107, 114, 123, 164,
177, 186,
202, 209, 266, 268
; SR10, 27 ;
LR28 ; M38, 72
destin de, H5
dit la vérité, M56
droits de, M53
écrits (tablettes) de, H141 ; SR36
Paroles cachées, H224-228
Suriy-i-Haykal, H43,
110
Suriy-i-Muluk, H182
; M1, 6,
12,
56
Suriy-i-Ra'is, SR36
emprisonnement de, H114, 140-141
156, 158, 162, 167,
177, 188,
267-268 ; SR37 ; LR18,
27 ;
M95
enfance de, LR11-16
ennemis de, H5, 25-29, 117 ; M100
entouré de troupes, SR10 ; LR25
esprit (âme) de, H116, 162 ; M38
exil de, H139-141, 216, 267 ; SR11-
14, 39-40 ; M30, 74-75
famille de, H196 ; SR22, 27 ; LR11 ;
M75, 101
grâce de, H46-48, 52, 61, 65, 102
gratitude de, H5, 273 : M80
habits de, H48, 116 ; SR3
indépendance de, H23, 115, 166 ;
SR38 ; M25, 33, 55
innocence de, M102
jugement de, H52, 81 ; M111
loué par Isaïe, H164
lumière de, H57
naissance de, H153
obéissance de
à Dieu, H203
aux rois et dirigeants,
M31-32
34,
55, 82, 95, 102, 104
pas de demande aux
rois et
dirigeants,
H216 ; M105
pas d'intervention auprès des
Puissances étrangères,
H206
patience de, H4-5, 125, 162, 268 ;
M46, 80
Persécution de, H112, 115-116,
139-140, 150, 177,
204, 249
273 ; SR2, 16, 39-40
; M29, 33,
95, 97, 103
pouvoir de, H162
présence de, H57
preuves de, H221, 223 ; LR25
protégé par Dieu, H23, 27
rang de, H21, 23, 29, 62, 141, 144 ;
SR38 ; M101
rejet de, H49, 54, 60, 62, 80, 177 ;
M100
par babis, H8-11
par chrétiens, H108-109,
127-
128
par musulmans, H115
par Napoléon III,
H137
requête rencontre religieux, H221
requête rencontre sultan, LR25-26
retour Manifestations du passé
du Bab, H96-97
de Jésus Christ, H102,
113, 127
129,
159 ; M15
révélation de, H10, 120
modalités de, H51
voir aussi révélation
souffrances (tribulations ; adversité)
de, H4-5, 25, 29-30,
115, 142,
156, 162, 186-187,
192, 194
196, 204, 265, 272-273
;
SR14 ; LR18, 23, 27-28
; F1 ;
M16-17, 20, 22, 32,
46, 48,
53, 73-81, 84, 95,
98
titres de
Adolescent, H22, 25,
34, 62,
187,
194, 196, 267, 270 ;
SR8,
14, 22-23 ; LR1, 3
5,
16, 18, 23-25
Annonciateur de joie,
H274
Aurore de la révélation,
H146
Beauté ancienne, H55,
57, 97,
123,
177
Beauté de Dieu, H7
Bien-aimé, H7, 96,
100 ; SR3,
16,
39
Désiré (le) (Désiré
du monde),
H104,
116, 156, 134
Divin moissonneur,
H126
Donneur de vie, LR2
Face de Dieu, H143
Guide, H134
Jeune, voir adolescent
Jour de Dieu, H63,
127
Langue de grandeur,
SR30
Langue de révélation,
H118
Lune d'éternité, M4
Manifestation de puissance,
H176
Mystère de Dieu, H7
Oiseau de sainteté,
M33
Opprimé, H137, 179
; LR5,
20
; M109
Père, H112-113, 122
Plume, H24, 30, 53,
102, 107,
110,
123, 129, 130, 150,
152,
169, 178, 182, 184,
192,
193, 195, 199 ; SR8,
23,
35, 37, 38 ; LR1, 2
plus grand Nom, H118,
123,
131,
177, 200 ; M7
plus grand Océan,
H33, 152,
255,
274 ; SR16
plus puissant appel,
H131
Point d'adoration,
H163
Possesseur des Noms,
H118
Promis (le), H93,
104, 121
Réformateur du monde,
H177 ; LR2
Roi de gloire, H128
Rossignol, H130, 199
; SR38
Sentier de Dieu H1
Souvenir, H143
Souverain suprême,
H159
Temple, H12-13, 17-18,
31,
36,
43, 44, 48-49, 62-63,
65,
72, 81, 84, 100, 268,
276
Témoignage, H134 ;
M4
Trésor de Dieu, H7
Visage de Dieu, H134
Vivificateur, H274
unit le monde, H131
trahi par Mirza Yahya, H25-29
voix de, H192, 249 ; LR7
volonté de, H31, 58-59, 68, 74,
152, 276
Balance, H229 ; M11, 69
Batha (La Mecque), H171, 198, 253
Bayan, H21, 95-96, 121
peuple du, voir babis
Bible,
Évangile, H109, 140, 164
247-249 ; M16
voir aussi chrétiens ; juifs ; Torah
Bien, H33, 81, 126, 143, 172, 219, 230,
254 ; M54, 62
Bienveillance, H274
Voir aussi de Baha'u'llah ; du roi
Bosphore, F5
Buisson ardent, H133-134, 142, 159
voir aussi Moïse
Buzurg khan Mirza (Consul-général
persan à Bagdad), H206, M103
Caïphe, H245
Calumnies, H229 ; M34-35, 97, 102
Caractère (intégrité), H148
Célibat, H136
Certitude, H53, 103, 200
Chagrin (lamentations), H5, 27, 131,
220 ; M17, 78, 88,
92, 99
Charité, H231
Chercheurs, SR16 ; M40, 49
Chimères, voir vaines imaginations
Chosroes, SR6
Chrétiens, H122 ; M15-16
consolateur (père) attendu par
H112, 122, 248
moines, H108, 111, 136, 154
pas de messager après Jésus,
H247-248
pleurent l'exil de Baha'u'llah
SR12
refus reconnaître Baha'u'llah,
H188, 127-129
rejet de Muhammad, H243
rois (de la chrétienté), M15-16
Ciel, cieux, H2, 15, 19, 31, 40, 106,
116, 125, 131, 184,
185, 220 ;
LR27 ; M3
colonnes du, F11
de la communion avec Dieu, M33
échelle vers, H244
Jésus et Baha'u'llah descendent du,
H102, 127
Jésus retourné au, H245
larmes du, M89
ombre du, H233
secrets du, M46
terre plus glorieuse que, SR15
trésors du, M65
Colline vermeille, M2
Comportement, voir caractère, conduite,
Actes
Compréhension, voir connaissance et
sagesse
Conduite, H119, 218 ; LR22 ; M45
90, 94, 102, 114
voir aussi Actes
Connaissance et sagesse, H33, 42, 47,
65, 73, 75, 104, 135,
150, 158,
201-202, 212 ; SR30
; M6, 39,
114
Baha'is recherchent véritable, H221
coeurs, dépositaires de, H211
de Dieu, H65 ; M100, 114
divine, rend indépendant, H66 ;
M115
Dieu dispense, M114
prétendant à, pas toujours être
suivis, H232
reconnaissance de Baha'u'llah,
H66, 105-106
savants,
devraient reconnaître
Manifestations de Dieu, M113
devraient pas tenir
compte des
coutumes
des hommes,
M116
devraient savoir véritable
sagesse
est crainte de
Dieu,
M113
échouèrent à reconnaître
Baha'u'llah,
M115
ne peuvent rivaliser
avec
connaissance
de Dieu,
H43
mortalité des, H260
; M113
interdirent consommation
de
vin,
H240
ont troublé le roi
au sujet des
baha'is,
H221
pas plus sages que
Dieu, M114
peuvent croire ou
ne pas croire
M114
qualités des, H232
rejetèrent Jésus,
H135
rejetèrent Muhammad,
H198 ;
SR6
sont tombés, H135
voiles des, H88
Consolateur, H122, 248
Constance, voir fermeté
Constantinople (Istanbul), H216 ;
LR9 ; M24, 37, 39,
67, 74-75
84, 108, 113
incendie de, LR9
Contentement, SR30, 34
Coran, H229, 239, 255
lettres espacées, SR36
impressionne roi d'Éthiopie, H198
interdit usure, M35
interdit vin, H240
peuple du, voir musulmans
témoignage irréfutable, H222
Corruption, H8, 89, 144, 150, 188 ;
SR6 ; M15, 29, 34,
59, 86,
103,
des Textes sacrés, H249
Courtoisie, H137 ; LR24
Crainte, H34, 106 ; M36, 38
Voir aussi Dieu ; crainte de
Création (existence), H13, 40, 145,
158, 166 ; M114
appelée à reconnaître, H18
aux soins des rois, H210
bénédictions répandues sur, H144
coeur de, SR4
Dieu, indépendant de, H197
glorifie (loue) Dieu, H21, 132
livre de, H99, 118
oeil de, H99, 186, M88-89
peur de, H18
peuple peut partager les bienfaits
H171de,
réceptacle de révélation, H47
révolutionnée, H84
royaume de, H7, 12, 158, 197, 210
238
Cruauté, voir mal
Damas, (Fayha), H252, 261
David, H246
Dépenses, M8-9
Destinée (destin), H5, 270 ; SR11 ;
M61, 84
Désir (soif), H98, M18, 103
Détachement, H17, 80, 83, 88, 91-92,
107, 118-119, 138,
143, 156,
168, 171, 199, 263
; SR3 ;
M21, 40, 42, 47, 113
Devoir, H148 ; M17, 18, 20-21, 27,
54, 58
Dhabih (Haji Muhammad Isma'il-i-
Kashani ; Anis), SR9, 16, 20, 22
23, 28_
Dieu
acceptation par, dépend de
renaissance, H111
aide de, H3
alliance de, voir alliance
âme de, SR33
amour de, H204 ; SR26 ; M49
voir aussi amour de
Baha'u'llah
attributs de, H197, 211
autorité de, H58
avertissements de, M107
bon plaisir de, H3, 6, 203-205 ;
M113
crainte de, H32, 52, 56, 60, 76, 77,
79, 89, 93, 97, 107,
123, 125,
136, 149, 166, 189,
237 ; M2,
7, 8, 9, 10, 36, 38,
42, 59, 60,
69, 73, 93, 112, 113
colère de, H35, 204 ; SR7, 11 ;
LR7-8 ; F1, 6, 13
; M53-54
dessein de, M85
essence de, H37, 90, 211
inconnue, H65, 71,
197
grâce de, H46-48, 64, 77, 131, 154,
185, 201-202, 217,
221, 264 ;
SR15 : M54, 65, 100
guidance de, H1, 197
inconnaissable, H197
indépendance de, H197, 214 ;
F13 ; M116
jugement de, H111 ; F15 : M12,
79, 85, 87, 100
justice de, H205, 264
lumière de, H14, 22 ; SR7 ; M96
main de, H33, 241, 270 ; M94
miséricorde de, H14, 28, 32, 42,
77, 81, 105, 127,
131, 146,
158, 185, 188, 190,
193, 201,
205, 209, 214, 217,
219, 230,
231, 238, 251, 270
; SR13,
23 ; LR22 ; M6, 13,
18, 51,
54, 65, 87, 114
nom(s) de, H45, 250
obéissance à, H20
oeil de, M102
pardonne, H131, 219 ; SR13 ; M54
parle, H2
paroles de, voir Paroles
porter assistance à, H209-214
prescrit une mesure fixée, H4
présence de, SR13
preuve (signes) de, H19 ; M52
protège Jésus d'Hérode, H160
providence, H68, 124, 251, 274 ;
LR9 ; M1, 18
proximité de, H204 ; M4, 5, 51
puissance (pouvoir) de, H35, 39,
204, 238, 250 ; SR13
rassemble l'humanité, H274
99
réduit 'Ali Pasha en poussière,
LR7
révèle des versets, H1-2
sagesse de, LR23 ; M100, 114
voir aussi Connaissance
et
sagesse
sentier de, H1
seul, H93, 197, 214, 269
signe de, H22
souveraineté de, H35, 38-39, 62,
191 ; M85
unité (unicité) de, H45, 93, 155 ;
M43, 81
visage (contempler) de, H22, 269
voit tout, M102
voix de, SR1
volonté de, H3, 35, 58-59, 113,
126, 131, 158, 160,
170, 191,
210, 223, 236, 241
; SR31 ;
M80, 85, 94
Dirigeants, voir rois et dirigeants
Disputes, voir lutte ; guerre
Doutes, H49, 68 ; SR24 ; F11
Droiture, H15, 32, 58, 77, 112, 177 ; F16 ;
59, 60, 68
Dualité, H45
Lamentations, voir chagrin
La Mecque, H171, 198, 253
Lettre(s), H73
séparées, SR36
voir aussi Paroles ; Temple,
lettres du,
Liberté, H169
Livre(s), H155, 163, 194, 199, 214,
222, 276 ; M3, 31,
33, 45
52, 87-88, 97
anciens, M72
baha'is, H130, 184, 189 ; M39
voir aussi Baha'u'llah,
écrits de
sacrés des religions antérieures,
H106,
108, 126, 164-165 ;
LR2
; M34-35
voir aussi Bible,
Coran, Torah
Lois (commandements ; décrets ;
préceptes), H71, 87, 152-154, 179,
189, 237, 239, 246,
247, 254 ;
M14, 21, 26, 28-29,
47, 71, 74
76, 83, 88, 104, 106,
112, 116
humaines, M25
Lutte (conflit ; dispute, dissension ;
hostilité, etc.), H53, 147, 152, 188,
207-208, 213 ; LR17-18
; M8,
34, 37, 90
interdite pour aider Dieu, H210-214
Magie, voir sorcellerie
Mal (mauvais), H5, 229, 233 ; SR6,
11 ; M18, 35, 48,
60-61, 83,
90, 92, 103
actions, H11, 88 ; F16-21 ; M27,
34, 92
cachées par coutoisie
de
Baha'u'llah,
LR24
cause perte, SR19
jugées équitables,
M34
provoquant lamentations
du
paradis,
F6
appel de Satan, H99
désirs, H8, 60, 94, 98, 127, 137,
143, 146, 150, 157,
158, 161,
167, 172, 188-189,
195, 223,
227, 232, 262, 272
; SR6, 34 ;
M2, 15, 18, 28-29,
32, 56, 59,
86, 96, 97, 103, 106,
112
demeure du, F19
génération, M16
méchants, H21, 98-99, 146 ; SR19,
34 ; F13 ; M19, 34,
37, 56
ne doit pas être craint, H21
négateurs incapable de distinguer,
H177
Maladie (peste), H49, 131, 174-176 ; LR9
Manifestation(s) de Dieu, H66, 90-91,
93,197 ; M17, 113
aspirent à rencontrer Baha'u'llah,
H163-164 ; SR18
but des, H81
continue à apparaître, H241
ressuscitent les morts, LR1
rejet des, H242, 244 ; LR1
temples de l'unité divine, LR1
vérité des, M87
Mansuriyyih, H235
Mariage, LR11
des moines, du clergé, H136
Marionnettes, spectacle de, LR11-18
Martyre, H163, 200 ; SR10 ; M49
de l'Imam Husayn, M97
par suicide, SR13 ; LR5
Maturité, H69, 76 ; LR11, 29 ; M39, 40
Mauvais traitements, H28, 177, 216,
233 ; SR5 ; LR1 ;
M34, 52,
61, 63
Médecin(s), H174-176 ; F2
Mer Morte, H137
Messagers, voir Manifestation(s) de
Dieu
Messie, H122
voir aussi, Jésus
Christ
Meurtre, H188
interdit, H147
voir aussi guerre
Mihdiy-i-Rashti, Mirza, F15-20
Miséricorde, H215, 231, 235 ; M12,
59,
61, 67, 70, 74, 101
voir de Dieu, du roi
pécheurs demandent, M51
Ministres d'état, voir roi et dirigeants
Modération, M8, 19, 66
Moines, voir chrétiens, moines
Moïse, H246 ; SR3
aspirait à voir ces jours, SR18
de la maison de Pharaon, SR7
révéla une foi nouvelle, H140
Monde
liée au corps humain, H152, 174
voir aussi terre ; création
MontTina, SR6
Mont Zyta, SR6
Moralité, voir caractère ; conduite,
actes
Mort physique, H157, 168, 260-262 ;
LR1 ; F11 ; M27, 37,
88, 115
égalité devant, H259
inévitable, LR16-17, 20-21 ;
M107
messager de, H270
richesse ne protège pas, H259
son désir, gage de sincérité, H222
tombes de richesse (puissance),
H156
Mort spirituelle, H94, 136, 143, 167 ;
LR1 ; M27, 108
Mosul (Hadba), H252
Muhammad, H243-245, M87
aspirait à ce jour, SR18
coupable d'avoir révélé une foi
nouvelle, H140
descendants de (Siyyids), M89
famille de (emprisonnés à Damas)
H252-257
lamentations de, SR2
persécution de, SR6
rejet de, H198, 243
Muhammad Shah, SR 7
Mujahid, voir Haji Siyyid Muhammad
al-Muqanna' de Khurasan, M113
Musulmans, H79
chi'ites vengeant la mort
Husayn, M52
interrogés au sujet du Bab, H79 prétendent
Évangile et Torah
corrompus, H249
rejetant le Bab, H55, 79
pleurent lors de l'exil de
Baha'u'llah, SR12
traditions des, H243
Mystères (secrets), H66, 162, 192
198, 229 ; M50-51
cachés dans le coeur des hommes,
F14
connus de Dieu, H39 ; M46
connus des Imams, H255
de la providence divine, M1
des Noms de Dieu, H250
supplications secrètes du tsar, H158
vins des, SR24
Napoléon III (Empereur de France),
H131-157 : M17
décision au sujet guerre de Crimée
H137
doit abandonner royaume, palace,
richesses, H143
doit enseigner la cause, H145
doit reconnaître Dieu, H155
prophéties de Baha'u'llah à, H138
puissance de, H156
règnerait sur tout s'il aidait la
cause, H133
temple (corps) de, H134
Nasiri'd-Din Shah, H186-275
abandon de souveraineté, H199
amour de Baha'u'llah pour son
bien, H194
atteinte à la vie de, H188 ; M91
coeur de, entre les mains de Dieu,
H193
courtisant de, H194, 235
désire ce que Dieu désire, H215
devrait aider la foi baha'ie, H275
devrait être miséricordieux, H215
devrait rendre la justice, H190, 215
devrait réunir Baha'u'llah et
religieux, H221
devait reconnaître Baha'u'llah,
H195
doit décider pour ou contre
Baha'u'llah, H221
doit être juste envers les baha'is
H230
doit observer les commandements
de Dieu, H205
doit traiter ses sujets avec justice,
H274
exila Baha'u'llah, M102
exalté par foi et actes, H199
informé de la méconduite de ses
représentants, H207
libéra Baha'u'llah de prison, M102
miséricorde de Dieu pour, H188
ombre de Dieu (signe de sa
puissance), H194
persécuta les baha'is, H220
prière de Baha'u'llah pour, H238,
274
rang s'il croyait, H195
roi de l'époque, H206, 221, 230,
232
souverain de possessions
méprisables, H195
tenu ignorant de la condition de
Baha'u'llah, H206
Nation(s), H112, 134, 242, 254
appelées à Dieu, H160
Seigneur (créateur) des, H152, 268
Nature innée (spontanée), H49-50, 52, 80
Nimrod, SR7, F11
Nom(s), H17, 86, 87, 92, 168, 243 ;
SR26 ; M21
adorateur des, H30, 87 ; M110-111
ne doivent être un voile, H10
révélé par l'homme, H136
royaume des, H40, 45, 49, 81, 102,
124, 167 ; M1
Nourriture, SR11 ; LR4 ; M13
ne pas s'abstenir de, H154
Tablette(s) (épîtres), H31, 33, 43, 92,
96, 110, 129, 141,
155, 173,
182, 184, 202 ; SR26,
36, 38 ;
LR24 ; M1, 6, 12,
56
écrite, H41
évidente, H132
explicite, H189
de Muhammad, SR6
préservée, H4, 10, 25, 30, 46, 48,
158, 186 ; M4
puissante, SR8
Tabriz, H235
Téhéran, H206 ; LR11 ; M102
Temple, H43-44
coeur du, H64
langue du, H21
lettres du,
Fadl (grâce), H46
Huviyyah (essence
de
divinité),
H37
Karim (Très-Généreux),
H39
Qadir (Tout-Puissant),
H38
mains du, H31
oeil du, H19
oreilles du, H20
pieds du, H61
saint des saints du, H67
voir aussi Baha'u'llah, titres de
Terre (monde), H54, 167, 184-185, 214
272 ; LR16-21 ; M13
bas monde, LR20
comme la noire prunelle d'une
fourmi morte, H156
créée par les croyants, H15
enflammée par la parole de Dieu, SR1
état de, H156
humanité créée de, M107
joie de., inférieure à joie spirituelle, H162
malade, H152
menace homme d'une mort
imminente, LR21
passera, H190 ; M36, 40, 42, 55,
57, 79
peuple recherche le monde alors
qu'il est dans le
sein de sa
mère, M40
plus glorieuse que le ciel, SR15
possession de, n'a de valeur qu'en
se souvenant de Dieu,
M4
renouvelée, H47, 255 ; SR8
vanité de, H91, 196 ; LR16-17 ;
M36, 40, 55, 72, 99
vivifiée, H131 ; SR8
voir aussi création
Terre sainte, H129
Tests et épreuves, H226 ; SR14 ; LR28 ;
M47
Voir aussi baha'is, persécution des ;
Baha'u'llah, persécution
de ;
Baha'u'llah, souffrance
de
Torah, H140, 164, 246, 249
Travail, suspendu les jours saints,
H153
Tsar, voir Alexandre II, tsar de Russie
Turquie,
demande de nationalité par
baha'is, H207
ministre du gouvernement de,
H183, M24
Tyrannie (oppression), H96, 114, 117,
160, 252, 257, 261,
274 ; SR5,
7, 12, 15 ; LR2, 5,
6 ; F11 ;
M13, 20, 36, 52, 62,
63, 71,
73, 81
voir aussi rois et dirigeants,
tyrannie de
Union mystique, M49-50
Unité (unicité)
divine, H12, 15, 93, 197, 241,
242 ; SR15 ; LR1,
M43, 72,
81, 94, 98, 107
de l'humanité, H109, 142, 152,
177 ; SR8
des rois, H182
avec Dieu, SR40
voir aussi religion(s), unité des
Ustad Muhammad-'Aliy-i-Salmani,
H27
Usure (intérêt sur prêt), M35
'Uzza (idole mecquoise), H87
Vaines imaginations (chimères), H8,
16, 103, 109, 117,
120, 157,
184, 186, 270 ; M84,
116
Vérité (véracité), H151, 198, 218-219 ;
F14 ; M35, 38, 39,
60, 79, 87,
94, 97, 99, 108
aspiration à la mort démontre la, H222
contestation de, H242
de la mission du Bab, H163 ; M3
de la mission de Baha'u'llah,
H221 ; LR25
de la Cause, H135, 218 ; M17
Dieu est, H258, 276
distinguée de l'erreur, H229 ; M16
Esprit de, M15
étendard de, H233
langage de, M76
protection de, H160
puissance de, H139 ; SR7, 14
recherche de, M103
rejet de, M5, 23, 99
Versets, voir paroles de Dieu, de
Baha'u'llah
Vertus, H72
Viande, à ne pas rejeter, H154
Victoria (reine d'Angleterre), H171-185
appelée à abandonner les choses
terrestres, H171
appelée à se tourner vers Dieu, H172
interdit esclavage, H172
remet affaires entre mains
représentants, H173
sera récompensée, H172
Vie, H75, 76, 137, 168, 196, 237,
273 ; LR17, 19 ; F16 ; M26, 36, 37, 42, 54, 69, 91, 99, 111
éternelle, voir éternité
divine, M10, 35
procède de l'esprit, SR23
sacrifice de, H162, 218, 219 ;
SR13 ; LR5 ; M50
Vie après la mort (immortalité
au-delà), H131, 270
; M33, 94
voyage sans retour, H263
Vierge du ciel, H6-7, 22, 100
Vision, H19, 93, 98, 99, 156, 157, 265,
272, 273 ; SR35 ;
LR5 ; M57
intérieure, M39
même que âme, esprit, raison,
écoute, SR35
obscurcie, M50, 93
ouverte par Dieu, M52
pour reconnaître le Créateur, H19
voir aussi Temple, yeux du
Voix, voir paroles
Wahb Ibn-i-Rahib, H243
Yahya, Mirza (demi-frère de
Baha'u'llah, H25-29, 55