Loué et glorifié sois-tu, ô Seigneur, mon Dieu ! Comment saurais-je parler de
toi alors que, j'en suis convaincu, il n'est point de langue, aussi profonde qu'en
soit la sagesse, capable de magnifier dignement ton nom, ni de coeur qui puisse
espérer s'envoler jusqu'au ciel de ta science et de ta majesté, si ardente que
soit son aspiration vers toi ?
Si je te représente, ô mon Dieu, comme celui qui perçoit toutes choses, je me
trouve contraint d'admettre que ceux qui sont les plus hautes incarnations de
la perception ont été créés par la vertu de ton ordre. Et si je t'exalte comme
celui qui est le Très-Sage, je me vois aussi forcé de reconnaître que les sources
mêmes de la sagesse furent engendrées par l'opération de ta volonté. Et si je
proclame que tu es l'Incomparable, je découvre bientôt que ceux qui sont la plus
pure essence de l'unité furent envoyés par toi et ne sont que les manifestations
de ton oeuvre. Et si je t'acclame comme l'Omniscient, je dois confesser que ceux
qui sont la quintessence du savoir ne sont eux-mêmes que la création et les instruments
de ta Providence.
Exalté es-tu, immensément exalté, au-dessus des efforts de l'homme pour pénétrer
ton mystère, décrire ta gloire ou même faire allusion à la nature de ton essence
! Car ces efforts, produits de ton décret et fruits de ton oeuvre, ne peuvent,
quoiqu'ils puissent accomplir, donner des résultats dépassant les limites que
tu as assignées à tes créatures. Le sentiment le plus élevé que les plus saints
parmi les saints peuvent exprimer pour te louer, la plus profonde sagesse que
les plus savants des hommes exercent pour comprendre ta nature, gravitent tous
deux autour de ce Centre entièrement soumis à ta souveraineté, qui adore ta beauté
et que ta plume anime de son propre mouvement.
Et Dieu me garde d'avoir prononcé des mots qui impliqueraient nécessairement l'existence
de quelque lien direct entre la Plume de ta révélation et l'essence des choses
créées. Ceux qui te sont unis sont bien au-delà d'un tel concept ! Ni comparaison
ni ressemblance ne rendent justice à l'arbre de ta révélation et toute voie est
barrée à la compréhension de la Manifestation de toi-même et de l'Aurore de ta
beauté.
Ce que l'homme peut affirmer de toi, ou t'attribuer, et ces louanges par lesquelles
il te glorifie sont bien éloignées de ta gloire ! Le devoir prescrit à tes serviteurs
d'exalter à l'infini ta gloire et ta majesté est une preuve de ta grâce à leur
endroit afin de les rendre capables de s'élever à cet état de la connaissance
de soi accordé à leur être intime.
Nul autre que toi ne sondera jamais ton mystère ni n'exaltera convenablement ta
grandeur. Tu resteras à jamais impénétrable et très au-delà de la louange des
hommes. Il n'est de Dieu que toi, l'Inaccessible, l'Omnipotent, l'Omniscient,
le Saint des saints.
2. Aux amis baha'is
Le commencement de toutes choses est la connaissance de Dieu, et la fin de toutes
choses est la stricte observance de tout ce qui est envoyé de l'empyrée de la
volonté divine animant tout ce qui est dans le ciel et tout ce qui est sur la
terre.
3. À Ustad Muhammad 'Aliy-i-Salmani
La révélation qui, de temps immémorial, a été acclamée comme le dessein et la
promesse de tous les prophètes de Dieu ainsi que le plus cher désir de ses messagers,
est maintenant donnée aux hommes par la vertu de la volonté omniprésente du Tout-Puissant
et sur son commandement irrésistible. Toutes les Écritures saintes ont annoncé
l'avènement de cette révélation. Et voyez comment, en dépit d'une telle annonce,
l'humanité s'est écartée de son sentier et privée de sa gloire.
Dis: Ô vous, aimants du seul vrai Dieu, efforcez-vous de l'accepter, de le connaître
et de garder ses préceptes. Telle est cette révélation que si un homme versait
pour l'amour d'elle une goutte de son sang, des myriades d'océans seraient sa
récompense ! Ô amis ! veillez à ne pas perdre un bienfait si précieux, et à n'en
pas méconnaître le caractère sublime. Considérez la multitude de vies qui ont
été sacrifiées et le sont encore dans un monde abusé par le spectre des vaines
imaginations de ses peuples. Rendez grâces à Dieu d'avoir réalisé le désir de
votre coeur et d'être unis à celui qui est la promesse de toutes les nations.
Avec l'aide du seul vrai Dieu - exaltée soit sa gloire -, préservez l'intégrité
de l'état où vous êtes parvenus et attachez-vous fermement à tout ce qui peut
servir sa cause. Il vous prescrit, en vérité, ce qui est juste et propre à exalter
le rang de l'homme. Glorifié soit le Miséricordieux, l'Auteur de cette merveilleuse
tablette !
4. À Ghulam-Husayn
Voici le jour où Dieu a prodigué aux hommes les plus précieuses faveurs, le jour
où sa grâce puissante a imprégné toutes les choses créées. Il incombe à tous les
peuples du monde de concilier leurs différends et de demeurer unis dans la paix
la plus parfaite, à l'ombre de l'Arbre de sa providence et de sa tendre bonté.
Il leur faut s'attacher à tout ce qui peut, en ce jour, exalter leur condition
et servir leurs véritables intérêts. Heureux ceux dont la Plume glorieuse a rappelé
le souvenir, et bénis ces hommes dont nous avons préféré taire les noms, en vertu
de notre impénétrable décret !
Priez le seul vrai Dieu que sa grâce vous aide à accomplir ce qui est recevable
à nos yeux. Bientôt le présent ordre des choses sera révolu et un nouveau le remplacera.
Certes, ton Seigneur dit la vérité, il connaît les choses cachées.
5. À Jamal
Voici le jour où l'océan de la miséricorde de Dieu est manifesté aux hommes, le
jour où le Soleil de sa tendre bonté répand sur eux son éclat, le jour où les
nuées de sa grâce abondante enveloppe l'humanité tout entière. L'heure est maintenant
venue de réconforter les malheureux, de les ranimer au souffle de la brise vivifiante
de l'amour et de la fraternité, et par les eaux vives de l'amitié et de la charité.
Où qu'ils se réunissent et quelles que soient les personnes présentes, les bien-aimés
de Dieu doivent montrer dans leur attitude envers lui et dans leur façon de célébrer
sa louange une humilité et une soumission telles que les atomes de la poussière
foulée par leurs pieds attestent la profondeur de leur dévotion. Les propos de
ces âmes saintes doivent être animés d'une telle force que ces mêmes atomes en
viennent à vibrer sous leur influence. Elles doivent se conduire de telle sorte
que la terre qu'elles piétinent ne puisse jamais leur dire: "Je dois vous être
préférée. Car voyez avec quelle patience je supporte le fardeau que fait poser
sur moi le laboureur. Je suis l'instrument qui sans cesse dispense à tous les
êtres les bénédictions déposées en moi par celui qui est la source de toute grâce.
Malgré l'honneur qui m'a été ainsi conféré et les innombrables preuves de ma richesse
qui pourvoit aux besoins de toute la création, voyez le degré de mon humilité,
et avec quelle soumission je me laisse fouler par les pieds des hommes [...]"
Soyez indulgents et bienveillants, aimez-vous les uns les autres. S'il s'en trouve
parmi vous qui soient incapables de saisir quelque vérité ou qui doivent faire
effort pour la comprendre, entretenez-vous avec eux dans un esprit d'extrême bonté
et de parfaite bonne grâce. Aidez-les à voir et à reconnaître la vérité, sans
vous estimer le moins du monde supérieurs ou plus doués.
En ce jour, le seul devoir de l'homme est d'obtenir la part du flot de grâce que
Dieu lui destine. En conséquence, que personne ne s'attache à considérer la capacité
du récipient. La part des uns peut tenir dans le creux de la main, celle des autres
remplir une coupe ou même un tonneau.
En ce jour, chacun doit chercher ce qui servira le mieux la cause de Dieu. Celui
qui est l'éternelle vérité en répond pour moi ! Absolument rien, en ce jour, ne
peut nuire davantage à cette cause que la discorde, les dissensions, les disputes,
la désaffection et l'apathie chez les aimés de Dieu. Par son pouvoir et sa grâce
souveraine, évitez tout cela et efforcez-vous d'unir les coeurs des hommes, en
son nom, l'Unificateur, l'Omniscient, le Très-Sage.
Priez le seul vrai Dieu de vous permettre de goûter à la saveur des oeuvres accomplies
dans son chemin et de participer à la douceur de l'humilité et de la soumission
consenties pour l'amour de lui. Oubliez-vous et tournez vos regards vers votre
prochain. Tendez votre énergie vers ce qui sert l'éducation des hommes. Rien n'est
et ne peut être caché à Dieu. Si vous suivez sa voie, ses bénédictions innombrables
et impérissables pleuvront sur vous. Telle est la tablette lumineuse dont les
versets coulent de la plume de celui qui est le Seigneur de tous les mondes. Méditez-la
en votre coeur et soyez de ceux qui en observent les préceptes.
6. A un inconnu
Voyez comme les divers peuples et phratries de la terre ont attendu la venue du
Promis de Dieu. Et pourtant, celui qui est le Soleil de vérité ne s'était pas
plutôt manifesté, que tous se sont détournés de lui, à l'exception de ceux qu'il
plut à Dieu de guider. Nous n'osons, en ce jour, soulever le voile qui cache le
rang sublime que tout vrai croyant peut atteindre, car la joie suscitée par cette
révélation serait telle que quelques-uns en mourraient.
Celui qui est le coeur et le centre du Bayan a écrit: "Le germe où sont contenues
les potentialités de la révélation à venir est doué d'une puissance supérieure
aux forces combinées de tous ceux qui me suivent." Et il a dit encore: "De tous
les hommages que j'ai rendus à celui qui doit venir après moi, le plus grand est
cette déclaration écrite: je ne trouve point de mots pour le décrire convenablement,
et rien de ce que j'ai dit de lui dans mon livre le Bayan ne peut rendre justice
à sa cause."
Quiconque sonde les profondeurs des océans de sagesse cachés dans ces paroles
exaltées et pénètre leur signification, perçoit une lueur de la gloire ineffable
dont est dotée cette puissante, sublime et très sainte révélation. L'excellence
d'une si grande révélation permet d'imaginer l'honneur qui ne manque pas de rejaillir
sur ses fidèles disciples. Par la justice du seul vrai Dieu, le souffle même de
ces âmes est à lui seul plus riche que tous les trésors de la terre. Heureux l'homme
qui parvient à ce rang et malheur aux négligents.
7. À Jinab-i-Mirza Sadiq-i-Mushrif-i-Fawj
En vérité, je vous le dis, voici le jour où l'humanité peut contempler le visage
et entendre la voix du Promis. L'appel de Dieu se fait entendre et la lumière
de son visage se lève sur les hommes. Il convient à chacun d'effacer de la tablette
de son coeur toute trace de vaines paroles, et de considérer d'un esprit ouvert
et exempt de préjugés les signes de sa révélation, les preuves de sa mission et
les témoignages de sa gloire.
Grand, en vérité, est ce jour ! Les allusions qu'y font les saintes Écritures
en tant que jour de Dieu attestent sa grandeur. L'âme de chaque prophète de Dieu,
de chaque messager divin a eu soif de ce jour merveilleux. Et tous les peuples
de la terre ont aspiré à le vivre. Le Soleil de sa révélation ne s'était pas plutôt
manifesté dans le ciel de la volonté divine, que tous, à l'exception de ceux qu'il
plut au Tout-Puissant de guider, sont restés interdits et indifférents.
Ô toi qui te souviens de moi, le plus épais des voiles prive de sa gloire les
peuples de la terre et les empêche d'entendre son appel. Dieu veuille que la lumière
de l'unité enveloppe la terre entière et que le sceau "le royaume est à Dieu"
soit imprimé sur le front de ses habitants !
8. Suratu'l-Qamis, à Rada'r-Ruh
et aux amis baha'is
Par la justice de Dieu, voici les jours où Dieu met à l'épreuve les coeurs de
l'ensemble de ses messagers et prophètes et, par-delà, ceux qui veillent sur son
sanctuaire inviolable, les hôtes de la tente céleste et du tabernacle de gloire.
Terrible sera donc le châtiment de ceux qui donnent des associés à Dieu!
9. À Husayn
Considère, ô Husayn, l'impatience avec laquelle certains peuples et nations ont
attendu le retour de l'Imam Husayn, dont la venue, après l'apparition du Qa'im,
a été prophétisée par les élus de Dieu, exaltée soit sa gloire ! Ces âmes saintes
ont annoncé de plus que tous les prophètes et messagers, y compris le Qa'im, s'assembleront
à l'ombre de l'étendard sacré levé par le Promis, lorsque se manifestera celui
qui est l'aube de la multitude des grâces divines. Cette heure est venue. Le monde
est illuminé de la gloire resplendissante de son visage. Et cependant voyez comme
les peuples se sont écartés de son chemin. Personne n'a cru en lui, à l'exception
de ceux qui par la puissance du Seigneur des noms, ont brisé les idoles de leurs
vaines imaginations et de leurs désirs corrompus, et sont entrés dans la cité
de la certitude. En ce jour et en son nom, l'Indépendant, le sceau est rompu qui
scellait le vin choisi de sa révélation. Les effusions de sa grâce se déversent
à flots sur les hommes. Emplis ta coupe et bois en son nom, le Très-Saint, le
Magnifié.
10. Aux baha'is du Khurasan
Le temps fixé de toute éternité pour les peuples et familles de la terre est aujourd'hui
venu. Les promesses divines mentionnées dans les saintes Écritures sont toutes
accomplies. De Sion est sortie la loi de Dieu, et Jérusalem et ses collines, et
la terre qui l'environne sont remplies de la gloire de sa révélation. Heureux
l'homme qui pèse en son coeur ce qui a été révélé dans les livres de Dieu, le
Secours, l'Absolu. Méditez cela, ô bien-aimés de Dieu, et que votre oreille soit
attentive à sa parole ; ainsi, par sa grâce et sa miséricorde, vous étancherez
votre soif aux eaux cristallines de la fidélité et deviendrez aussi fermes et
inébranlables en sa cause que la montagne.
Il est écrit dans le livre d'Isaïe:
"Va dans les rochers, cache-toi dans la terre devant la terreur du Seigneur et
l'éclat de sa majesté."
Aucun homme, méditant ce verset, ne peut manquer de reconnaître la grandeur de
cette cause ni mettre en doute le caractère de ce jour qui est le jour de Dieu
lui-même.
Le dit verset est suivi de ces mots:
Et seul le Seigneur sera exalté en ce jour."
C'est, en effet, le jour glorifié par la Plume du Très-Haut dans toutes les Écritures
saintes. Pas un verset ne s'y trouve qui ne proclame la gloire de son saint Nom,
pas un livre qui ne témoigne de l'élévation de ce thème sublime. Si nous voulions
mentionner tout ce qui est dit sur cette révélation dans les Livres sacrés et
les Écritures saintes, cette tablette prendrait d'impossibles dimensions. En ce
jour, il incombe à tout homme de mettre sa confiance dans la multitude des bienfaits
de Dieu et de se lever pour diffuser les vérités de sa cause avec la plus grande
sagesse. Alors, mais alors seulement, la terre entière sera enveloppée de la lumière
matinale de sa révélation.
11. Tablette du Carmel
Gloire à ce jour, jour où les fragrances de la miséricorde sont répandues sur
toute la création, jour béni et sans rival dans les âges et les siècles passés,
jour où la face de l'Ancien des jours s'est tournée vers son siège sacré. Alors,
les voix de toutes choses créées et, au-delà, celles de l'Assemblée céleste, lancent
cet appel: "Hâte toi, ô Carmel, car voici que se lève sur toi la lumière de la
face de Dieu, le Souverain du royaume des noms et le Façonneur des cieux."
Sur quoi, transporté de joie et élevant la voix, il s'écrie: "Que ma vie te soit
offerte en sacrifice car tu as fixé sur moi ton regard, tu m'as accordé tes bienfaits
et tu as dirigé vers moi tes pas. Je me consumais d'être séparé de toi, ô Source
de vie éternelle, et mon éloignement de ta présence avait réduit mon âme en cendres.
Loué sois-tu pour m'avoir permis d'entendre ton appel, pour m'avoir honoré de
tes pas et pour avoir ranimé mon âme du parfum vivifiant de ton jour et du son
perçant de ta plume, son qui est, selon ta volonté, ton appel de trompette parmi
ton peuple. Et lorsque sonna l'heure où devait être manifestée ta foi irrésistible,
tu insufflas à ta Plume un souffle de ton Esprit et voici: la création tout entière,
ébranlée jusqu'en ses fondements, dévoile à l'humanité des mystères recelés dans
les trésors de celui qui possède toutes choses créées."
Dès que sa voix atteignit ce lieu très exalté, nous répondîmes: "Rends grâce à
ton Seigneur, ô Carmel. Le feu de notre séparation te consumait rapidement lorsque
l'océan de ma présence s'enflant devant toi, vint réjouir tes yeux et ceux de
toute la création, et remplir d'allégresse toutes choses visibles et invisibles.
Réjouis-toi, car en ce jour Dieu a établi son trône sur toi, a fait de toi l'Orient
de ses signes et l'aurore des preuves de sa révélation. Heureux celui qui gravite
autour de toi, proclame la révélation de ta gloire et relate ce que la générosité
du Seigneur ton Dieu a fait pleuvoir sur toi. Saisis le Calice d'immortalité au
nom de ton Seigneur, le Très-Glorieux, et rends-lui grâce d'avoir, en gage de
sa miséricorde, changé ta peine en allégresse, ton chagrin en béatitude. En vérité,
il chérit ce lieu devenu le siège de sa puissance, foulé de ses pas, honoré de
sa présence, d'où il a lancé son appel et sur lequel il a versé des larmes.
"Interpelle Sion, ô Carmel, et annonce la joyeuse nouvelle: celui qui était caché
aux yeux des mortels est venu ! Sa souveraineté conquérante est manifeste, son
universelle splendeur est révélée. Prends garde d'hésiter ou de t'arrêter. Empresse-toi
de circumambuler autour de la Cité de Dieu descendue du ciel, la céleste Kaaba,
autour de laquelle gravitaient les élus de Dieu, les coeurs purs et l'assemblée
des anges les plus glorieux. Oh ! comme j'ai hâte d'annoncer en chaque lieu de
la terre et d'apporter à chacune de ses cités la bonne nouvelle de cette révélation
qui charme le Sinaï et au nom de laquelle le Buisson ardent proclame: "C'est à
Dieu, le Seigneur des seigneurs, qu'appartiennent les royaumes du ciel et de la
terre". En vérité, voici le jour où la terre et la mer se réjouissent de cette
déclaration, jour pour lequel Dieu accumula ces choses destinées à être révélées,
par un effet de sa générosité inconcevable au coeur et à l'esprit humain.
Avant peu, Dieu fera voguer son arche sur toi et manifestera le peuple de Baha
mentionné dans le Livre des Noms."
Sanctifié soit le Seigneur de l'humanité. La mention de son nom fait vibrer tous
les atomes de la terre et incite la Langue de grandeur à dévoiler ce qui est enfoui
dans son savoir et dissimulé dans le trésor de sa puissance. Par la force de son
nom, le Tout-Puissant, le Très-Haut, il est, en vérité, le Souverain de tout ce
qui est dans les cieux et sur la terre.
12. Ridvanu'l-'Adl, à Siyyid Muhammad
Rida Shahmirzadi
Ô peuple, éveillez-vous en prévision des jours de la justice divine, car voici
venue l'heure promise. Craignez d'en méconnaître l'importance et d'être comptés
parmi les égarés.
13. Kitab-i-Iqan
Considère le passé. Ils sont nombreux ceux qui, de toutes conditions, souhaitaient
ardemment l'avènement des Manifestations de Dieu en la personne de ses élus. Ils
ont espéré sans cesse sa venue, priant sans répit que le souffle de la miséricorde
divine s'élève et que la Beauté promise sorte de sa retraite et soit révélée au
monde entier. Et chaque fois que s'ouvrent les portes de la grâce, qu'il pleut
des nuages de la munificence divine sur l'humanité et que la lumière de l'invisible
brille à l'horizon du pouvoir céleste, tous le renient et se détournent de sa
face, la face de Dieu lui-même [...]
Réfléchis à ce qui peut motiver de semblables actions et provoquer une telle attitude
envers ceux qui révèlent la beauté du Très-Glorieux. Quelle que fut la cause du
reniement et de l'opposition des peuples d'autrefois, elle conduit à la perversité
des peuples d'aujourd'hui.
Prétendre que le témoignage de la providence fut incomplet et causa l'incrédulité
des hommes, est un blasphème évident. Rien ne serait plus éloigné de la grâce
du Très-Généreux, de son affectueuse providence et de sa tendre bonté que de choisir
l'un d'entre les hommes pour guider ses créatures, de lui refuser la pleine mesure
de son divin témoignage et, ensuite, d'infliger à son peuple un châtiment sévère
pour s'être détourné de son élu ! En fait, le Seigneur de tous les êtres ne cesse
de répandre sur la terre et tout ce qu'elle contient la multitude de ses bienfaits
par l'intermédiaire des Manifestations de sa divine essence. Pas un instant il
ne retient sa grâce et les ondées de sa tendre bonté ne cessent de pleuvoir sur
l'humanité. Une telle conduite ne peut être attribuée qu'à la petitesse d'esprit
de ceux qui errent dans la vallée de l'arrogance et de l'orgueil, qui se perdent
dans le désert de l'éloignement, suivent le chemin de leurs vaines imaginations
et obéissent à la voix de leurs chefs spirituels. Leur unique souci est de faire
de l'opposition, leur seul désir d'ignorer la vérité. Il est évident à tout observateur
éclairé que si les hommes, à chaque époque des Manifestations du Soleil de vérité,
avaient purifié leurs yeux, leurs oreilles et leur coeur de ce qu'ils avaient
vu, entendu et ressenti, ils n'auraient certes pas été privés de contempler la
beauté de Dieu pour s'égarer loin des demeures de gloire. Parce qu'ils ont pesé
le témoignage de Dieu à la balance de leur propre savoir tiré des enseignements
des chefs religieux et qu'ils les ont trouvés en désaccord avec leur interprétation
limitée, ils ont perpétré des actes si répréhensibles [...]
Souviens-toi de Moïse ! Du Sinaï de lumière, armé de la verge du pouvoir céleste,
doté de la blanche main du savoir divin, descendant du Paran de l'amour de Dieu,
et brandissant le serpent de puissance et d'éternelle majesté, il rayonna sur
le monde. Il appela au royaume de l'éternité les peuples et phratries de la terre
et les invita à prendre une part du fruit de l'arbre de la fidélité. Tu sais combien
Pharaon et son peuple s'opposèrent violemment à lui et combien de pierres de vaines
imaginations les infidèles jetèrent sur cet Arbre béni. Ils allèrent jusqu'à se
lever pour éteindre le feu de cet Arbre sacré sous les eaux du mensonge et du
reniement, oubliant qu'aucune eau terrestre ne saurait étouffer les flammes de
la sagesse divine, ni aucun souffle mortel éteindre la lampe de l'éternelle souveraineté.
Au contraire, une telle eau ne peut qu'attiser la flamme, de tels souffles entretenir
la lampe. Tu le comprendras si tu regardes avec discernement et si tu marches
sur le chemin de la sainte volonté et du bon plaisir de Dieu...
Et lorsque le temps de Moïse fut passé, et que la lumière de Jésus, de l'Orient
de l'esprit, brilla sur le monde, tout le peuple d'Israël s'opposa à lui. Ils
prétendirent que le Promis de la Bible devait venir pour promouvoir et accomplir
les lois de Moïse, alors que ce jeune Nazaréen, qui revendiquait le rang de messie
divin, avait annulé la loi du divorce et le sabbat, les plus importantes des lois
de Moïse. Et d'ailleurs, qu'en est-il des signes de la Manifestation à venir ?
Le peuple d'Israël attend encore aujourd'hui la Manifestation promise par la Bible.
Combien de Manifestations de sainteté, combien de Révélateurs de la lumière éternelle
sont apparus depuis le temps de Moïse, et cependant Israël, enveloppé des voiles
les plus opaques de l'imagination satanique et des vaines chimères, attend toujours
que l'idole qu'il a créée apparaisse avec les signes qu'il a conçus. Ainsi Dieu
les a punis de leurs péchés, a éteint en eux l'esprit de la foi et les a tourmentés
par le feu de l'enfer. Et cela pour la seule raison qu'Israël refusa de comprendre
la signification des paroles de la Bible concernant les signes de la révélation
à venir. Parce qu'il n'a jamais saisi leur véritable signification et qu'en apparence
ces signes ne se produisirent pas, il se priva de reconnaître la beauté de Jésus
et de contempler la face de Dieu. Et il attend toujours sa venue. Depuis les temps
immémoriaux et jusqu'à ce jour, toutes les phratries et les peuples de la terre
adhèrent à des pensées aussi vaines qu'inconvenantes, se privant ainsi des eaux
claires jaillissant des sources de pureté et de sainteté [...]
Ceux qui sont doués de compréhension le savent clairement: lorsque la flamme d'amour
de Jésus eut consumé les voiles des limitations judaïques, que son autorité fut
évidente et partiellement établie, lui, le révélateur de la Beauté invisible,
parla un jour à ses disciples de sa disparition prochaine, allumant dans leur
coeur le feu de la séparation. "Je m'en vais et je vous reviendrai", leur dit-il.
Puis ailleurs: "Je m'en vais et un autre viendra, qui vous dira ce que je ne vous
ai pas dit et qui accomplira mes paroles." Si, avec l'intelligence divine, tu
médites sur les manifestations de l'unité de Dieu, ces deux propos n'ont qu'une
seule et même signification.
Tout observateur éclairé reconnaîtra que la révélation du Coran confirme et le
livre et la cause de Jésus. Pour ce qui est de la question des noms, Muhammad
lui-même déclara: "Je suis Jésus." Il reconnut la véracité des signes, des prophéties
et des paroles de Jésus, témoignant que tous venaient de Dieu. En ce sens, ni
la personne de Jésus ni ses Ecrits ne diffèrent de celle de Muhammad et de son
Livre saint, tous deux soutenant la cause de Dieu, exaltant sa louange et révélant
ses commandements. C'est ainsi que Jésus, lui-même, déclara: "Je m'en vais et
je vous reviendrai." Vois le soleil. S'il disait aujourd'hui "Je suis le soleil
d'hier", il dirait la vérité. Et si, tenant compte de l'écoulement du temps, il
prétendait être autre que ce soleil-là, ce serait toujours la vérité. De même,
il est correct de dire que tous les jours sont les mêmes, et tout aussi correct
de dire qu'ils diffèrent si l'on considère leurs noms particuliers. Car, tout
en les voyant identiques, on reconnaît en chacun une désignation distincte, un
attribut spécifique, un caractère propre. Conçois de la même manière les distinctions,
les différences et l'unité qui caractérisent toutes les Manifestations de sainteté
; tu comprendras ainsi les allusions que fait aux mystères de la pluralité et
de l'unité le Créateur de tous les noms et attributs ; de même, en réponse à ta
question, tu découvriras pourquoi l'éternelle Beauté s'est donné des noms et des
titres divers selon les époques [...]
Quand l'Invisible, l'Éternel, l'Essence divine, fit surgir le Soleil de Muhammad
à l'horizon de la connaissance, les théologiens juifs objectèrent qu'après Moïse
aucun autre prophète ne devait être envoyé par Dieu. Il est bien fait mention
dans les Écritures d'une âme qui doit se manifester pour propager la foi et favoriser
les intérêts du peuple de Moïse, de telle sorte que la loi mosaïque devienne universelle.
C'est ainsi que le Roi de gloire éternelle cite, dans son Livre, ces paroles prononcées
par ceux qui ont erré dans les vallées de l'éloignement et de l'erreur: "Les juifs
disent "La main de Dieu est enchaînée." Qu'enchaînées soient leurs propres mains
!" Et, pour ces paroles, ils ont été maudits. Au contraire, les deux mains de
Dieu sont toujours étendues ! Et encore: "La main de Dieu est au-dessus des leurs."
Les commentateurs du Coran ont diversement rapporté les circonstances accompagnant
la révélation de ce verset, tâche cependant d'en saisir l'esprit. Il dit: Combien
sont erronées les imaginations des juifs ! Comment pourrait être enchaînée et
liée la main de celui qui est en vérité le Roi, celui qui a manifesté Moïse et
l'a revêtu du manteau de la prophétie ? Comment concevoir son impuissance à susciter
après Moïse un autre messager ? Vois l'absurdité de leurs propos, combien de telles
paroles s'écartent du chemin de la connaissance et de l'entendement ! Et vois
aussi comment, en ce jour, tous ces gens ont repris à leur compte de pareilles
absurdités ! Depuis plus de mille ans, ils vont répétant ce verset, censurant
inconsciemment les juifs, et ne se doutant pas le moins du monde qu'ils professent,
publiquement et en eux-mêmes, les sentiments et les croyances du peuple juif.
Tu connais sans doute la thèse vaine qu'ils soutiennent: toute la révélation est
désormais close, les portes de la miséricorde divine sont fermées ; plus jamais
aucun soleil ne se lèvera à l'Orient d'éternelle sainteté ; l'océan de grâce éternelle
est gelé, et de la tente de l'ancienne gloire, aucun messager de Dieu ne sera
plus manifesté. Tel est le degré de compréhension de ces méprisables petits esprits.
Ils ont imaginé l'inimaginable: le flot de la grâce universelle et de l'immense
miséricorde de Dieu s'est tari. Ils se sont levés de toutes parts, endossant le
vêtement de la tyrannie, et s'efforcent d'étouffer la flamme du Buisson ardent
sous les eaux amères de leurs vaines imaginations, oubliant que dans sa puissante
forteresse, le globe du pouvoir abritera toujours la lampe de Dieu [...]
Vois comme aujourd'hui la souveraineté de Muhammad, le messager de Dieu, est apparente
et manifeste dans le peuple. Tu sais quel fut le sort de sa foi aux premiers jours
de sa dispensation, quelles terribles souffrances infligèrent à cette Essence
de l'esprit, à cet être pur et saint, les infidèles et les égarés, les religieux
de son temps et leurs partisans, et de quelles épines, de quelles ronces son chemin
fut semé ! De toute évidence, cette génération misérable, dans son imagination
perfide et diabolique, tenait tout dommage infligé à cet Être immortel pour un
moyen d'atteindre à l'éternelle félicité. En effet, les autorités spirituelles
reconnues en cet âge, telles que 'Abdu'llah-i-Ubayy, l'ermite Abu-'Amir, Ka'b-Ibn-i-Ashraf
et Nadr-Ibn-i-Harith le traitaient d'imposteur, le déclaraient fou et calomniateur.
Telles furent les accusations portées contre lui que Dieu, à leur récit, empêche
l'encre de couler, notre plume de se mouvoir et la page de les recueillir. Ces
perfides accusations incitèrent le peuple à se lever pour le tourmenter. Cruel
est ce tourment lorsque les religieux de l'époque sont ses principaux instigateurs,
lorsqu'ils le dénoncent à leurs disciples, le rejettent de leur sein et le déclarent
mécréant ! N'est-ce pas ce qui est advenu à ce Serviteur, ce dont tous sont témoins
?
Ce qui explique ce cri de Muhammad: "Aucun prophète de Dieu n'a souffert ce que
nous avons enduré !" Le Coran relate toutes les calomnies et tous les reproches
dont il fut l'objet, toutes les afflictions qui l'accablèrent. Reportez-vous-y
pour savoir ce qui advint de sa révélation. Tel fut son sort que, pour un temps,
tous cessèrent d'entretenir des relations avec lui ou avec ses compagnons. Et
quiconque le fréquentait était victime de l'implacable cruauté de ses ennemis
[...]
Mais vois aussi comme la situation est aujourd'hui retournée ! Vois combien de
souverains plient le genou devant son nom, et combien de nations, combien de royaumes
recherchent l'abri de son ombre, proclament leur allégeance à sa foi et s'en font
gloire ! Du haut des chaires s'élèvent aujourd'hui les paroles de louange qui
glorifient son nom béni dans une humilité profonde, et du haut des minarets résonne
l'appel invitant tout son peuple à l'adorer. Même les rois de la terre qui refusèrent
d'embrasser sa foi et de se dépouiller du vêtement de l'incroyance, confessent
maintenant et proclament la grandeur et la majesté souveraines de ce Soleil de
tendre bonté. Telle est aujourd'hui sa souveraineté terrestre que tu peux en voir
les signes en tous lieux. C'est cette souveraineté qui doit être révélée et établie,
soit du vivant de chaque Manifestation de Dieu, soit après son ascension vers
sa demeure véritable dans les royaumes célestes [...]
Il est évident que les changements apportés par chaque révélation forment les
sombres nuages qui s'interposent entre l'oeil de l'intelligence humaine et le
divin Flambeau qui brille à l'Orient de l'Essence divine. Vois comme les hommes,
depuis des générations, imitent aveuglément leurs pères et sont éduqués de manière
rigide selon les préceptes de leur foi. Lorsqu'ils découvrent tout à coup qu'un
homme, vivant parmi eux et leur égal dans les limites de la condition humaine,
se lève pour abolir ces préceptes, ils ne se trouvent guère préparés à reconnaître
sa vérité, d'autant moins qu'ils ont été, durant des siècles, entraînés à suivre
ces préceptes et tiennent pour infidèle, dépravé et pervers celui qui les rejette.
Ces croyances sont comme des "nuages" voilant les yeux de ceux qui, au plus profond
d'eux-mêmes, n'ont pas goûté au Salsabil du détachement ni bu les eaux du Kawthar
de la connaissance de Dieu. Dans ces circonstances, ces hommes sont si aveuglés
que, sans la moindre hésitation, ils déclarent infidèle la Manifestation de Dieu
et la condamnent à mort. Comme vous le savez, pareille chose s'est produite à
tous âges, et aujourd'hui encore vous en êtes témoins.
Il faut donc déployer tous nos efforts afin que, Dieu aidant, ces sombres voiles,
ces nuages, épreuves envoyées du ciel, ne nous empêchent pas de contempler la
beauté de son visage resplendissant et que nous puissions le reconnaître à sa
seule personne.
14. Tablette du Ridvan
Voici venu le printemps divin, ô Plume sublime, car la fête du Miséricordieux
approche à grands pas. Lève-toi donc pour magnifier le nom de Dieu devant la création
tout entière et célébrer sa louange de telle sorte que toutes choses créées en
soient régénérées et rénovées. Parle, et ne prends aucun repos. Le soleil de l'allégresse
brille à l'horizon de notre nom, le Bienheureux, car le nom de ton Seigneur, Créateur
des cieux, orne le royaume du nom de Dieu. Lève-toi face aux nations de la terre,
arme-toi du pouvoir de ce Plus-Grand-Nom, et ne traîne pas.
Pourquoi t'arrêtes-tu, ô Plume, et cesses-tu de courir sur ma tablette ? L'éclat
du visage divin t'aurait-il déconcertée, les vains discours des incroyants t'auraient-ils
à ce point remplie de tristesse que tes mouvements en sont paralysés ? Que rien
ne t'empêche d'exalter la grandeur de ce Jour où le doigt de majesté et de pouvoir
rompt le sceau du vin de la réunion et appelle tous les habitants des cieux et
de la terre. Tarderas-tu encore, alors que souffle déjà sur toi la brise qui annonce
le jour de Dieu, ou bien seras-tu de ceux qu'un voile sépare de lui ?
Ô Seigneur de tous les noms et Créateur des cieux, jamais aucun voile ne m'a empêchée
de reconnaître la gloire de ton Jour qui est le phare du monde entier, et qui,
devant tous ses habitants, témoigne de l'Ancien des jours. Mon silence a pour
cause les voiles qui te cachent aux yeux de tes créatures, et la raison de mon
mutisme est dans les obstacles qui privent ton peuple de reconnaître ta vérité.
Tu sais ce qui est en moi, mais j'ignore ce qui est en toi. Tu es l'Omniscient,
l'Informé. Par ton nom qui surpasse tous les noms ! si ton ordre impérieux et
irrésistible devait jamais m'atteindre, il me donnerait le pouvoir de revivifier
toutes les âmes par ta parole sublime que prononce la Langue de puissance en ton
royaume de gloire, comme je l'ai entendue. Il me permettrait d'annoncer la révélation
de ton visage resplendissant qui a manifesté en ton nom, le Perspicace, le Protecteur
souverain, l'Absolu, tout ce qui était caché aux yeux des hommes.
Ô Plume, peux-tu trouver autre que moi en ce jour ? Qu'est-il advenu de la création
et de ses manifestations ? Et les noms et leur royaume, que sont-ils devenus ?
Où sont passées toutes les choses créées, tant visibles qu'invisibles ? Et qu'en
est-il des secrets cachés et des révélations de l'univers ? Vois, la création
tout entière s'est éteinte ! Il ne reste que mon visage, l'Éternel, le Resplendissant,
le Très-Glorieux.
Voici le jour où seules se voient les splendeurs de la lumière qui rayonne de
la face de ton Seigneur, le Clément, le Généreux. En vérité, sur notre ordre irrésistible
et souverain, toutes les âmes ont expiré. Puis, nous avons appelé à l'être une
création nouvelle en signe de notre grâce envers les hommes. Je suis en vérité
le Très-Généreux, l'Ancien des jours.
Voici le jour où le monde invisible s'écrie: "Ô Terre, grande est ta bénédiction
car tu es devenue le marchepied de ton Dieu, et tu as été choisie pour être le
siège de son trône puissant", et le royaume de gloire s'exclame: "Que ma vie te
soit offerte en sacrifice, car le Bien-Aimé du Très-Miséricordieux a établi sur
toi sa souveraineté par le pouvoir de son nom promis à toutes choses, passées
et futures." Voici le jour où mon vêtement répand sur toute la création son parfum
qui imprègne toute chose embaumée. Voici le jour où les torrents de la vie éternelle
jaillissent de la volonté du Très-Miséricordieux. De tout votre coeur et de toute
votre âme, hâtez-vous d'y boire à satiété, ô Assemblée des royaumes célestes !
Dis: Il est la Manifestation de l'Inconnaissable, l'Invisible des invisibles,
puissiez-vous le comprendre. Il est celui qui découvre à vos yeux le précieux
Joyau caché, si vous êtes de ceux qui cherchent. Il est le Bien-Aimé de toutes
choses passées et futures. Que votre amour et votre espoir soient placés en lui
!
Ô Plume, ta supplique monte jusqu'à nous et nous excusons ton silence. Qu'est-ce
qui a pu te troubler à ce point ?
Ô Bien-Aimé de tous les mondes, l'ivresse de ta présence s'est emparée de moi.
Lève-toi et proclame devant toute la création que le Très-Miséricordieux a dirigé
ses pas vers le Ridvan et qu'il y est entré. Puis, guide le peuple jusqu'au jardin
de délices dont Dieu a fait le trône de son paradis. Nous t'avons élu pour être
notre très puissante Trompette dont la sonnerie doit annoncer la résurrection
de toute l'humanité.
Dis: Voici le paradis dont les frondaisons portent ce témoignage, inscrit par
le vin de la Parole: "Celui qui était caché aux yeux des hommes est révélé et
il est investi du pouvoir et de la souveraineté !" Voici le paradis dont le bruissement
des feuilles proclame: "Ô vous, habitants du ciel et de la terre ! vient d'apparaître
ce qui n'était jamais apparu. Celui qui, de toute éternité, avait caché sa face
à la vue de la création est maintenant venu." De la brise qui souffle dans ses
branches, s'élève le cri: "Le souverain Seigneur de toutes choses est aujourd'hui
manifeste. Le royaume est à Dieu", et de ses ruisseaux sourd le murmure: "Celui
que personne n'a contemplé, dont nul n'a encore pénétré le secret, soulève le
voile de gloire, découvre le visage de beauté, et tous les yeux sont réjouis."
Des plus hauts séjours de ce paradis, les vierges célestes s'écrient: "Réjouissez-vous,
habitants des royaumes d'en-haut, car au coeur même des cieux, la voix de l'Ancien
des jours lance le plus grand appel au nom du Très-Glorieux. La main de la munificence
passe à la ronde les coupes de vie éternelle. Approchez-vous et buvez à satiété.
Savourez ce breuvage vivifiant, ô vous qui incarnez l'attente ardente, ô vous
qui personnifiez le désir passionné !"
Voici le jour où le Révélateur des noms de Dieu sort du tabernacle de gloire et
proclame pour tous ceux qui sont au ciel et sur la terre: "Ecartez les coupes
du paradis avec les eaux vivifiantes qu'elles contiennent, car voici que le peuple
de Baha entre dans la demeure bénie de la Présence divine et boit le vin de la
réunion au calice de la beauté de son Seigneur, l'Omnipossédant, le Très-Haut".
Ô Plume, oublie le monde de la création et tourne-toi vers la face de ton Seigneur,
le Seigneur de tous les noms. Puis, pare le monde des faveurs de ton Seigneur,
le Roi des jours qui ne finissent point. Car nous respirons le parfum du jour
où le Désir de toutes les nations répand sur les royaumes de l'invisible et du
visible la lumière resplendissante de ses noms les plus excellents et les enveloppe
de l'éclat des flambeaux de ses faveurs les plus précieuses, faveurs que seul
peut compter l'omnipotent Protecteur de toute la création.
Ne vois les créatures de Dieu que par l'oeil de la bonté et de la miséricorde,
car notre tendre sollicitude pénètre toutes choses créées, et notre grâce embrasse
et la terre et les cieux. Voici le jour où les vrais serviteurs de Dieu partagent
les eaux vivifiantes de la réunion, le jour où ceux qui sont proches de lui peuvent
se désaltérer au fleuve tranquille de l'immortalité, où ceux qui croient en son
unité boivent le vin de sa présence par la simple reconnaissance de celui qui
est la fin suprême de tout ; en lui la Langue de majesté et de gloire lance cet
appel: "Le royaume est mien. Et moi, de mon propre droit, je suis son Souverain."
Par la voix de celui qui est l'unique Bien-Aimé, attire le coeur des hommes. Dis:
c'est la voix de Dieu, si vous pouvez l'entendre. C'est l'aurore de la révélation
de Dieu, si seulement vous le saviez. C'est l'aube de la cause de Dieu, si seulement
vous la reconnaissiez. C'est la source des commandements de Dieu, si seulement
vous en jugiez avec équité. C'est le secret manifeste et caché, puissiez-vous
le saisir. Ô peuples du monde, rejetez en mon nom, qui surpasse tous les autres
noms, tout ce que vous possédez et plongez-vous dans cet océan qui recèle dans
ses profondeurs les perles de la sagesse et de la parole et qui s'enfle en mon
nom, le Très-Miséricordieux. Ainsi vous instruit celui qui détient le Livre-Mère.
Le Bien-Aimé est venu, il tient dans la main droite le vin cacheté de son nom.
Heureux l'homme qui se tourne vers lui, qui boit à satiété et s'écrie: "Loué sois-tu,
ô Révélateur des signes de Dieu !" Par la vertu du Tout-Puissant ! toute chose
cachée est révélée par le pouvoir de la vérité. Toutes les faveurs de Dieu sont
dispensées en signe de sa miséricorde, et toutes les eaux de vie éternelle sont
offertes aux hommes. La main du Bien-Aimé fait passer chaque coupe à la ronde,
l'une après l'autre. Approche-toi, ne t'attarde pas, ne fût-ce qu'un instant.
Bénis ceux qui s'élèvent sur les ailes de l'abnégation et atteignent cet état
qui, sur l'ordre de Dieu, couvre de son ombre la création tout entière. Bénis
ceux que les vaines imaginations des savants et toutes les armées de la terre
ne peuvent détourner de sa cause ! Qui parmi vous, ô peuple, renoncera au monde
pour se rapprocher du Seigneur de tous les noms ? S'en trouvera-t-il un qui, armé
du pouvoir de mon nom qui surpasse toutes choses créées, rejettera les biens de
ce monde et s'attachera de toutes ses forces à ce que lui a prescrit d'observer
Dieu qui connaît toutes choses, tant visibles qu'invisibles ? Sa générosité est
dispensée à chacun, sa promesse est accomplie et sa preuve resplendit à l'horizon
de la miséricorde. Grande sera la récompense de celui qui croit et qui s'exclame:
"Loué sois-tu, ô Bien-Aimé de tous les mondes ! Magnifié soit ton nom, ô toi,
Désir de tout coeur éclairé !"
Ô peuple de Baha, réjouis-toi d'une joie sans pareille en évoquant ce Jour de
suprême félicité où s'exprima la Langue de l'Ancien des jours car il a quitté
sa demeure pour se rendre au lieu d'où il répandit sur la création tout entière
les splendeurs de son nom, le Très-Miséricordieux. Dieu est notre témoin. Si nous
révélions les secrets de ce jour, tous les habitants du ciel et de la terre s'évanouiraient
et mourraient à l'exception de ceux que préserverait Dieu, le Tout-Puissant, l'Omniscient,
le Très-Sage.
L'effet enivrant des paroles de Dieu sur le Révélateur de ses preuves indubitables
est tel que sa plume ne peut se mouvoir plus longtemps. Et de conclure sa tablette
par ces paroles: "Il n'est de Dieu que moi, le Sublime, le Tout-Puissant, l'Excellent,
l'Omniscient !"
15. À Jinab-i-Mirza Dhabih
La Plume de révélation s'écrie: "En ce jour, le royaume est à Dieu !" Et la Langue
de pouvoir proclame: "En ce jour, la souveraineté est très certainement à Dieu
!" De la branche immortelle, le Phénix des royaumes célestes s'écrie: "La gloire
de toute grandeur appartient à Dieu, l'Incomparable, l'Irrésistible !" De sa paisible
demeure, dans le paradis immortel, la Colombe mystique proclame: "En Dieu, l'Unique,
le Clément, se trouve en ce jour la source de toute grâce !" Dans sa retraite
de sainteté, l'Oiseau du trône chante sa mélodie: "L'autorité suprême ne peut
être attribuée en ce jour qu'à Dieu seul, lui qui n'a ni pair ni égal, le Tout-Puissant,
le Conquérant !" L'essence même de toutes choses témoigne en toutes choses: "Tout
pardon en ce jour vient de Dieu, celui à qui personne ne peut être comparé, à
qui nul partenaire ne peut être associé, le souverain Protecteur de tous les hommes,
Celui qui tait leurs péchés !" La Quintessence de gloire élève la voix au-dessus
de ma tête et, des sommets qu'aucune plume ni aucune langue ne sauraient décrire,
s'écrie: "Dieu m'en est témoin ! L'Ancien des jours éternels est venu, ceint de
puissance et de majesté. Il n'est d'autre Dieu que lui, le Très-Glorieux, le Tout-Puissant,
le Très-Haut, le Très-Sage, le Dominateur, le Clairvoyant, l'Omniscient, le Protecteur
souverain, la Source de lumière éternelle !"
Ô mon serviteur, toi qui cherches en toutes choses le bon plaisir de Dieu et qui
t'accroches à son amour, puisse Dieu, par sa grâce, t'offrir, en ce jour où tous
se détournent de lui à l'exception de quelques-uns doués de clairvoyance, une
récompense généreuse, incorruptible et éternelle pour l'avoir cherché le jour
où tous sont aveugles ! Sache-le: si nous te révélions ne seraient-ce que quelques
gouttes des torrents qui, des mains des envieux et des méchants, se sont déversés
sur nous selon la volonté de Dieu, tu éclaterais en longs sanglots et tu pleurerais
sur notre sort jour et nuit. Oh ! s'il se trouvait seulement une âme juste et
perspicace pour reconnaître en cette révélation les merveilles qui proclament
la souveraineté de Dieu et la grandeur de sa puissance ! Puisse un tel homme se
lever et, pour Dieu seul, exhorter ses semblables, publiquement et dans l'intimité,
à s'activer pour aider cet Opprimé que les artisans d'iniquité ont affligé si
cruellement.
Je crois entendre derrière moi la voix de l'Esprit saint: "Change de thème et
de ton, de peur d'attrister le coeur de celui qui a fixé son regard sur ta face.
Dis: Par la grâce de Dieu et par sa puissance, je n'ai cherché dans le passé d'autre
appui que le sien et je n'en chercherai jamais d'autre à l'avenir. C'est lui qui
m'assista par le pouvoir de la vérité au cours de mon exil en Irak. C'est lui
qui m'enveloppa de sa protection quand les enfants de la terre me contestaient.
C'est lui qui a permis que je quitte la ville, ceint d'une majesté que personne
ne peut ignorer sauf les négateurs et les méchants."
Dis: Mon armée est ma confiance en Dieu, mon peuple la force de ma foi en lui.
Mon amour est mon étendard, et mon compagnon le souvenir de Dieu, le souverain
Seigneur de tous, le Tout-Puissant, le Très-Glorieux, l'Indépendant !
Ô toi qui chemines dans le sentier de l'amour de Dieu, lève-toi pour soutenir
sa cause. Dis: Ô peuple, n'échange pas cet Adolescent pour les vanités de ce monde
ni pour les délices du ciel. Par la justice du seul vrai Dieu, un seul de ses
cheveux a plus de valeur que tout ce qui est dans les cieux et que tout ce qui
est sur la terre. Hommes, prenez garde ! Ne soyez pas tentés de vous séparer de
lui pour l'or et l'argent que vous possédez. Que son amour soit pour vos âmes
une mine de trésors le jour où rien d'autre que lui ne vous profitera, le jour
où tout pilier sera ébranlé, où tous les hommes frissonneront de peur, où tous
les yeux se dilateront de terreur. Dis: Ô peuple ! Craignez Dieu, ne rejetez pas
avec dédain sa révélation. Prosternez-vous devant lui face contre terre, et célébrez
sa louange de jour comme de nuit.
Que votre âme brille de la flamme de ce feu qui brûle au coeur du monde sans jamais
se consumer, de telle sorte que toutes les eaux de l'univers soient impuissantes
à en refroidir l'ardeur. Alors mentionnez votre Seigneur pour que vos paroles
admonestent les négligents parmi nos serviteurs et réjouissent le coeur des justes.
16. À Aqa Mirza Asadu'llah
Dis: Ô peuple, ce jour est sans égal. Que soit aussi sans égale la langue qui
célèbre la louange du Désiré des nations et sans égal l'acte qui cherche à être
acceptable à ses yeux. Toute l'humanité désire ardemment voir ce jour, dans l'espoir
qu'il apportera ce qui convient à sa condition et est digne de sa destinée. Béni
l'homme que les affaires du monde n'empêchent pas de le reconnaître, lui, le Seigneur
de toutes choses.
Tel est l'aveuglement du coeur humain que rien ne peut secouer sa torpeur, ni
la vue de la cité en ruines ou de l'effondrement de la montagne, ni même celle
de la terre qui se fend. Les allusions dans les Écritures sont dévoilées et révélés
les signes qu'elles contiennent, l'appel prophétique ne cesse de s'élever. Et
pourtant tous, à l'exception de ceux qu'il plait à Dieu de guider, s'égarent dans
l'ivresse de leur insouciance.
Voyez comme le monde est affligé chaque jour d'une calamité nouvelle. Ses tribulations
ne cessent de s'aggraver. Depuis la révélation de la Suriy-i-Ra'is jusqu'à aujourd'hui,
le monde n'a pas connu de tranquillité, ni le coeur de ses habitants de repos.
Tantôt il fut agité par des conflits et des disputes, tantôt il fut bouleversé
par des guerres ou en proie à des maladies implacables. Son état est presqu'au
stade du désespoir du fait qu'on empêche le vrai médecin d'administrer le remède
cependant que des praticiens incapables jouissent de la faveur publique et ont
toute liberté d'action [...] La poussière de la sédition a obscurci le coeur des
hommes et aveuglé leurs yeux. Avant peu, ils réaliseront les conséquences de ce
que leurs mains ont accompli au jour de Dieu. Ainsi vous en avertit l'Omniscient,
selon la volonté de celui qui est le Tout-Puissant, l'Omnipotent.
17. A un inconnu
Par lui, la grande Nouvelle ! Le Très-Miséricordieux est venu, investi d'une souveraineté
incontestable. La Balance est désignée et tous les habitants de la terre sont
rassemblés. La Trompette retentit, et voici que tous les yeux se remplissent de
terreur, que le coeur de tous ceux qui sont sur la terre et dans les cieux tressaille
excepté chez ceux qu'anime le souffle des versets de Dieu et qui se détachent
de toutes choses.
C'est le jour où la terre s'exprimera. Les artisans d'iniquité pèsent sur elle,
puissiez-vous le comprendre. La lune des vaines imaginations s'est fendue, et
du ciel s'élève une fumée visible. Nous voyons les hommes terrassés, terrifiés
dans la crainte de ton Seigneur, le Tout-Puissant, l'Omnipotent. Le Crieur se
fait entendre, et telle est la fureur de sa colère que les hommes sont déchiquetés.
Le peuple de la gauche gémit et se lamente. Le peuple de la droite réside dans
de nobles demeures: ils reçoivent des mains du Très-Miséricordieux le vin qui
est la vie même, ils sont en vérité les bienheureux.
La terre tremble, les montagnes s'effondrent et les anges apparaissent en rangs
serrés devant nous. La plupart des hommes, désorientés en leur ivresse, portent
sur leur visage les marques de la colère. Ainsi avons-nous rassemblé les artisans
d'iniquité. Nous les voyons se précipiter vers leur idole. Dis: Personne en ce
jour ne sera à l'abri du décret de Dieu. C'est, en vérité, un jour terrible. Nous
leur désignons ceux qui les ont égarés. Ils les voient et ne les reconnaissent
point. Leurs yeux sont ivres, ils sont vraiment aveugles. Leurs arguments sont
les calomnies qu'ils profèrent, elles sont condamnées par Dieu ces calomnies.
Il est le Secours, l'Absolu. Le Malin instille le mal dans leur coeur, et ils
connaissent un tourment que personne ne peut écarter. Ils se hâtent vers les méchants,
portant le registre des artisans d'iniquité. Tels sont leurs actes.
Dis: Les cieux ont été repliés, la terre est entre ses mains, les artisans de
corruption sont retenus par leur toupet, et ils ne comprennent toujours rien.
Ils s'abreuvent d'eau polluée et ne le savent pas. Dis: Le cri a retenti, les
hommes sortent de leurs tombeaux et se lèvent en regardant autour d'eux. Quelques-uns
se hâtent d'atteindre la cour du Dieu de miséricorde, d'autres sont précipités
dans le feu de l'enfer, d'autres encore sont frappés de stupeur. Les versets de
Dieu sont révélés, pourtant ils s'en détournent. Sa preuve est évidente, pourtant
ils n'en ont pas conscience. Et quand ils contemplent la face du Très-Miséricordieux,
leur visage s'attriste alors qu'ils se livrent à leurs divertissements. Ils se
précipitent vers le feu de l'enfer et le prennent pour la lumière. Loin de Dieu
ce qu'ils se plaisent à imaginer ! Dis: Que vous vous réjouissiez ou que vous
éclatiez de colère, les cieux se sont ouverts, et Dieu en est descendu, investi
d'une éclatante souveraineté. On entend toutes choses créées s'exclamer: "Le royaume
est à Dieu, le Tout-puissant, l'Omniscient, le Très-Sage !"
Sache, de plus, qu'en conséquence de ce que les mains des infidèles ont perpétré,
nous avons été jeté dans une prison douloureuse et sommes entouré des armées de
la tyrannie. Mais l'allégresse goûtée par cet Adolescent est telle qu'aucune joie
terrestre ne lui est comparable. Par Dieu ! le mal qu'il a souffert aux mains
de l'agresseur ne peut affliger son coeur pas plus que ne l'attriste le triomphe
de ceux qui ont rejeté sa vérité.
Dis: La tribulation est un horizon pour ma révélation, le soleil de grâce y resplendit
et répand une lumière que ne peuvent obscurcir ni les nuages des chimères des
hommes ni les vaines imaginations de l'agresseur.
Suis les pas de ton Seigneur, et souviens-toi de ses serviteurs comme il s'est
souvenu de toi, sans redouter la clameur des négligents ni les épées de l'ennemi
[...] Répands au loin les doux parfums de ton Seigneur et n'hésite pas, fût-ce
un seul instant, à servir sa cause. Le jour approche où sera proclamée la victoire
de ton Seigneur, le Clément, le Très-Généreux.
18. A un inconnu
Dis: Nous faisons couler de notre trône les fleuves de la parole divine, afin
que les herbes tendres de la sagesse et de la compréhension jaillissent du sol
de vos coeurs. N'aurez-vous aucune gratitude ? Ceux qui dédaignent d'adorer leur
Seigneur seront au nombre des réprouvés. Nos versets ont beau leur être répétés,
ils persistent dans leur dédain orgueilleux et leur violation monstrueuse de sa
loi, et ils ne le savent pas. Quant à ceux qui ont refusé de croire en lui, ils
seront entourés de ténèbres. "L'Heure" est venue alors qu'ils se livrent à leur
divertissement. Ils sont retenus par leur toupet, mais ne le savent pas.
Ce qui devait arriver est arrivé soudainement, voyez comme ils le fuient ! L'inévitable
s'est produit, voyez comme ils le rejettent derrière eux ! C'est le jour où tout
homme se fuira lui-même, les siens davantage encore, puissiez-vous le comprendre
! Dis: Par Dieu ! l'appel de la Trompette retentit et voici que l'humanité défaille
devant nous. Le Héraut s'exclame et le Convocateur dit en élevant la voix: "Le
royaume est à Dieu, le Tout-Puissant, le Secours, l'Absolu."
Voici le jour où tous les yeux se rempliront de terreur, le jour où le coeur des
habitants de la terre tressaillira, excepté chez ceux qu'il a plu au Seigneur
d'exempter, il est l'Omniscient, le Très-Sage. Tous les visages se sont noircis,
exceptés chez ceux à qui le Dieu de miséricorde a conféré un coeur radieux. Ivres
sont les yeux de ces hommes qui ont ouvertement refusé de contempler la face de
Dieu, le Très-Glorieux, le Loué.
Dis: N'avez-vous point parcouru le Coran ? Lisez-le, afin d'y trouver la vérité,
car ce Livre est vraiment le sentier droit. C'est le chemin de Dieu pour tous
ceux qui sont aux cieux et tous ceux qui sont sur la terre. Si vous ne vous souciez
pas du Coran, vous ne pourrez dire du Bayan qu'il est loin de vous. Voici qu'il
est ouvert devant vos yeux. Lisez ses versets, afin de pouvoir renoncer aux actes
qui font gémir et se lamenter les messagers de Dieu.
Sortez vite de vos tombeaux. Combien de temps resterez-vous endormis ? Le second
appel de la Trompette a retenti. Qui regardez-vous ? Voici votre Seigneur, le
Dieu de miséricorde. Voyez comme vous niez ses signes ? La terre est ébranlée
par une grande secousse et rejette ses fardeaux. Ne l'admettrez-vous pas ? Dis:
Ne reconnaîtrez-vous pas que les montagnes sont devenues semblables à des flocons
de laine, qu'un profond désarroi s'est emparé des hommes devant la terrible majesté
de la cause de Dieu ? Voyez: leurs maisons ne sont plus que des ruines vides,
et eux-mêmes une armée en déroute !
Voici le jour où le Très-Miséricordieux est descendu, enveloppé des nuées de la
connaissance et revêtu d'une souveraineté manifeste. Il connaît bien les actions
des hommes. Il est celui dont personne ne peut méconnaître la gloire, puissiez-vous
le comprendre ! Le ciel de toute religion est déchiré, la terre de la compréhension
humaine est fendue en deux, et l'on voit descendre les anges de Dieu. Dis: Voici
le jour du mensonge général, où donc fuyez-vous ? Les montagnes se sont effondrées,
les cieux se sont repliés et la terre entière est entre ses mains, puissiez-vous
le comprendre. Qui peut vous protéger ? Personne, par celui qui est le Très-Miséricordieux
! Personne, excepté Dieu, le Tout-Puissant, le Très-Glorieux, le Bienfaisant !
Toute femme avec un fardeau dans les entrailles l'a rejeté. Nous voyons les hommes
ivres en ce jour, ce jour où hommes et anges ont été réunis.
Dis: Y a-t-il le moindre doute concernant Dieu ? Voyez comme il descend du ciel
de sa grâce, ceint de puissance et investi de souveraineté. Y a-t-il le moindre
doute concernant ses signes ? Ouvrez les yeux et considérez sa preuve manifeste.
Le paradis est à votre droite, tout près de vous, cependant que flambe le feu
de l'enfer. Voyez ses flammes dévorantes. Hâtez-vous d'entrer au paradis, marque
de notre miséricorde à votre égard, et recevez des mains du Très-Miséricordieux
le vin qui est la vie même.
Buvez avec délices, ô peuple de Baha ! En vérité, vous êtes de ceux qui connaîtront
la félicité. C'est ce qu'atteignent ceux qui approchent Dieu. C'est l'eau vive
promise en récompense par votre Seigneur, le Dieu de miséricorde, dans le Coran
et plus tard dans le Bayan. Bénis ceux qui en boivent !
Ô mon serviteur, qui a tourné vers moi ta face ! Rends grâces à Dieu de t'avoir
envoyé cette tablette dans cette prison, pour que tu rappelles au peuple les jours
de ton Seigneur, le Très-Glorieux, l'Omniscient. Ainsi avons-nous établi pour
toi, par les eaux de notre sagesse et de nos paroles, les fondements de ta croyance.
C'est, en vérité, l'eau sur laquelle le trône de ton Seigneur a été élevé.
"Son trône a été établi sur les eaux." Pèse cela en ton coeur afin d'en comprendre
le sens. Dis: Louange à Dieu, le Seigneur de tous les mondes !
19. Kitab-i-Iqan, à Siyyid Muhammad-i-Khal-i-Akbar
Pour tout coeur perspicace et éclairé, il est évident que Dieu, l'Essence inconnaissable,
l'Être divin, est immensément exalté au-dessus de tout attribut humain, tels qu'existence
corporelle et faculté de monter et de descendre, d'entrer et de sortir. Il serait
tout à fait incompatible avec sa gloire que le langage des hommes puisse adéquatement
célébrer sa louange, ou que le coeur humain soit capable de pénétrer son insondable
mystère. Il est et a toujours été voilé dans l'éternité de son Essence, et son
Être restera éternellement caché aux yeux des hommes. "Nul regard ne peut le saisir,
mais lui saisit tout ; il est le Subtil, Celui qui perçoit tout."
La porte de toute connaissance de l'Ancien des jours se trouve ainsi fermée à
la face de tous les êtres, mais fidèle à la promesse qu'il a donnée par ces paroles:
"Sa grâce a surpassé toutes choses, ma grâce les a toutes embrassées", celui qui
est la Source de grâce infinie a fait surgir du royaume de l'esprit, sous la forme
du temple humain, ces gemmes lumineuses de sainteté, et il les a manifestées aux
hommes, pour qu'elles communiquent au monde les mystères de l'Être immuable et
lui expliquent les subtilités de son impérissable Essence.
Ces purs Miroirs, ces Aurores de gloire antique sont, tous sans exception, les
représentants sur la terre de celui qui est l'Orbe central de l'univers, son principe
et sa fin dernière. De lui procèdent leur science et leur puissance ; de lui procède
leur souveraineté. La beauté de leur visage n'est qu'un reflet de son image, et
leur révélation n'est qu'un signe de sa gloire immortelle. Ils sont les dépositaires
de la science divine et de la sagesse céleste. Par eux est transmise une grâce
infinie et révélée une lumière qui ne saurait faiblir. [...] Ces Tabernacles de
sainteté, ces Miroirs premiers qui reflètent la lumière d'impérissable gloire
ne sont que des expressions de celui qui est l'Invisible des invisibles. Par la
révélation de ces Gemmes de vertu divine, sont manifestés tous les noms et attributs
de Dieu, tels que savoir et pouvoir, souveraineté et puissance, miséricorde et
sagesse, gloire, grâce et générosité.
Ces attributs de Dieu ne sont pas accordés à certains prophètes à l'exclusion
des autres et ne l'ont jamais été. Tous les prophètes de Dieu, ses favoris, ses
élus, ses messagers choisis, sans aucune exception, portent ses noms et incarnent
ses attributs. Ils ne diffèrent entre eux que par l'intensité de leur révélation
et la puissance relative de leur lumière. Ainsi qu'il fut révélé: "Nous avons
permis que quelques apôtres se distinguent parmi les autres."
Il est par conséquent manifeste que la lumière des noms multiples de Dieu et de
ses sublimes attributs s'est reflétée dans les tabernacles que sont ces prophètes
et ces élus, encore que la clarté de certains des attributs de ces temples lumineux
n'apparaisse pas toujours aux yeux humains. Que tel attribut de Dieu ne semble
pas avoir été manifesté par ces Essences de détachement n'implique nullement que
ceux qui sont les aurores des attributs de Dieu et les dépositaires de ses saints
noms ne le possédaient pas. Ces âmes illuminées, ces figures de beauté ont donc,
toutes sans exception, reçu en partage tous les attributs de Dieu tels que souveraineté,
pouvoir et qualités semblables, même si elles semblent dépourvues, selon les apparences
extérieures, de toute majesté terrestre. [...]
20. À Muhammad Ibrahim-i-Khalil-i-Qazvini
(dit Muhalim, enseignant)
Sache, à n'en point douter, que l'invisible ne peut en aucune façon incarner son
essence et la révéler aux hommes. Il est et restera toujours infiniment au-dessus
de tout ce qui peut être perçu et exprimé. De sa retraite de gloire, sa voix toujours
proclame: "En vérité, je suis Dieu, il n'est pas d'autre Dieu que moi, l'Omniscient,
le Très-Sage. Je me suis manifesté aux hommes, et je leur ai envoyé celui qui
est l'Aurore des signes de ma révélation. Par lui, j'ai fait attester à toute
la création qu'il n'est d'autre Dieu que Dieu, l'Incomparable, l'Omniscient, le
Très-Sage." Celui qui, de toute éternité, est caché aux yeux des hommes ne peut
être connu que par sa Manifestation, et sa Manifestation ne peut apporter de plus
grande preuve de la vérité de sa mission que celle de sa personne elle-même.
21. Lawh-i-Salman, à Shaykh Salman
Hindijani
Ô Salman ! la porte de la connaissance de l'Éternel a toujours été et restera
à jamais fermée à la face des hommes. Aucune intelligence humaine n'accédera jamais
en sa sainte cour. Toutefois, en gage de sa miséricorde et en signe de sa tendre
bonté, il a manifesté aux hommes les Soleils de sa providence, les Symboles de
sa divine unité, et il a voulu que la science de ces Êtres sanctifiés soit identique
à sa propre science. Qui les reconnaît, reconnaît Dieu. Qui écoute leur voix,
écoute la voix de Dieu, et qui atteste la vérité de leur révélation, atteste la
vérité de Dieu lui-même. Quiconque se détourne d'eux se détourne de Dieu, et quiconque
ne croit pas en eux refuse de croire en Dieu. Chacun d'eux est la Voie divine
qui relie ce monde aux royaumes d'en haut. Chacun d'eux est l'étendard et la vérité
de Dieu pour tous les habitants du ciel et de la terre. Ils sont les manifestations
de Dieu parmi les hommes, les preuves de sa vérité et les signes de sa gloire.
22. Kitab-i-Iqan à Siyyid Muhammad-i-Khal-i-Akbar
C'est en tant que révélateurs d'une cause nouvelle, d'un nouveau message, que
les dépositaires de la parole de Dieu sont manifestés aux peuples de la terre.
Et comme ils sont envoyés du ciel de la volonté de Dieu pour proclamer sa foi
irrésistible, ces Oiseaux du trône céleste sont considérés comme étant une seule
et même personne. Car tous boivent à la coupe unique de l'amour divin et tous
partagent les fruits du même arbre d'unité.
Il y a deux façons de considérer les Manifestations de Dieu. La première consiste
à envisager leur condition abstraite, pure, la condition d'unité incomparable.
Dès lors, si tu les désignes toutes du même nom et leur assignes les mêmes attributs,
tu ne t'écartes pas de la vérité. Ainsi qu'il a révélé: "Nous ne faisons aucune
distinction entre ses divers messagers." Car toutes et chacune enjoignent aux
hommes de reconnaître l'unité de Dieu et leur annoncent le Kawthar de grâce et
de générosité infinies. Elles sont toutes revêtues du glorieux manteau de la prophétie.
C'est ainsi que Muhammad, le Point du Coran, a révélé: "Je suis tous les prophètes."
Et de même: "Je suis le premier Adam, Noé, Moïse et Jésus." L'Imam 'Ali a fait
des déclarations semblables, qui montrent l'unité essentielle de ces Révélateurs
de l'Un, qui émanent des Canaux de la parole immortelle de Dieu et des Joyaux
de la science divine ; ces déclarations sont rapportées dans les Écritures. Ces
Figures sont les récipiendaires du commandement divin et les orients de sa révélation,
révélation qui s'élève au-dessus des voiles de la pluralité et des exigences du
nombre. Ainsi qu'il a dit: "Notre cause est une." La cause étant une seule et
même cause, ceux qui en sont les Révélateurs ne doivent être qu'une seule et même
personne. Les Imams de la foi de Muhammad, ces lampes de certitude, ont dit aussi:
"Muhammad est notre premier, Muhammad est notre dernier, Muhammad est notre tout."
Il est clair pour toi que tous les prophètes sont les Temples de la cause de Dieu,
apparus sous des aspects différents. Si tu observes avec discernement, tu reconnaîtras
qu'ils habitent tous le même tabernacle, qu'ils planent dans le même ciel, qu'ils
siègent sur le même trône, qu'ils parlent le même langage et proclament la même
foi. Telle est l'unité de ces Essences de l'existence, de ces Astres d'infinie
et incommensurable splendeur ! En conséquence, si l'une de ces Manifestations
de sainteté s'exclamait: "Je suis le retour de tous les prophètes", elle dirait
sans aucun doute la vérité. De même, dans toute révélation suivante, le retour
de la révélation précédente est un fait dont la vérité est fermement établie.
[...]
L'autre condition du Prophète est celle de la particularité ; elle appartient
au monde de la création et, de ce fait, est soumise à des limites. De ce point
de vue, chaque Manifestation de Dieu a une individualité distincte, une mission
définie avec précision, une révélation prédestinée et des limites qui lui sont
propres. Chacune d'elles est connue par un nom différent et caractérisée par un
attribut spécial. Chacune d'elles remplit une mission définie et a la charge d'une
révélation particulière. Ainsi a-t-il dit: "Nous avons voulu que, parmi les apôtres,
certains soient plus éminents que d'autres. À quelques-uns, Dieu a parlé. Il en
a exalté d'autres. Et à Jésus, fils de Marie, nous avons donné des signes manifestes,
et nous l'avons fortifié du Saint-Esprit."
C'est à cause de cette différence de rang et de mission que les paroles qui coulent
de ces Sources de science divine semblent diverger et différer. Autrement, aux
yeux de ceux qui sont initiés aux mystères de la sagesse divine, tout ce qu'elles
disent n'est en fait que l'expression d'une même vérité. C'est faute de saisir
les différences dont nous venons de parler que la plupart des gens restent perplexes
et troublés devant les propos tenus par les Manifestations qui, en leur essence,
n'en sont qu'une.
Il est évident que ces divergences sont dues uniquement à des différences de rang.
Et si l'on considère ces Essences de l'existence du point de vue de leur unité
et de leur sublime détachement, les attributs d'être divin, de divinité, d'unité
suprême et de quintessence, leur furent et leur sont toujours applicables, puisqu'elles
sont établies sur le trône de la révélation divine, le siège du divin mystère.
Leur venue manifeste la révélation de Dieu, et leur personne dévoile la beauté
de Dieu. C'est ainsi que les voix de Dieu lui-même se font entendre par la bouche
de ces Manifestations de l'Être divin.
À les considérer sous leur second aspect, - celui de la distinction, de la différenciation,
des limites temporelles, des caractéristiques particulières et des degrés divers
- elles manifestent une absolue servitude, un entier dénuement et un complet effacement
de soi. Ainsi a-t-il dit: "Je suis le serviteur de Dieu. Je ne suis qu'un homme
comme vous." [...]
Si l'une de ces Manifestations universelles de Dieu venait à déclarer: "Je suis
Dieu", elle dirait sans aucun doute la vérité. Car il a été démontré à plusieurs
reprises que, par leur révélation, leurs attributs et leurs noms, les noms et
de les attributs de Dieu se manifestent au monde. Ainsi a-t-il révélé: "Ces dards
partent de Dieu, non de toi." Et il a dit aussi: "En vérité, ceux qui t'engagent
leur foi l'engagent à Dieu lui-même." Et si l'un d'eux disait: "Je suis le messager
de Dieu", il dirait encore, indubitablement, la vérité. Ainsi qu'il l'a déclaré:
"Muhammad n'est le père d'aucun de vous, mais il est le messager de Dieu". Considérés
sous ce jour, ils ne sont que les messagers de ce Roi idéal, de cette immuable
Essence. Que tous proclament: "Je suis le sceau des prophètes", sans l'ombre d'un
doute, ils disent la vérité. Car ils ne font qu'une seule personne, une seule
âme, un seul esprit, un seul être, une seule révélation. Ils sont tous la manifestation
du "Commencement" et de la "Fin", du "Premier" et du "Dernier", du "Visible" et
de l'"Invisible" - tous attributs qui appartiennent à celui qui est le plus profond
Esprit des esprits et l'éternelle Essence des essences. Et s'ils disent: "Nous
sommes les serviteurs de Dieu", ils énoncent encore un fait manifeste et indiscutable.
Car c'est dans l'état de servitude la plus absolue qu'ils ont été manifestés,
une servitude qu'aucun homme ne peut atteindre. Ainsi, lorsque ces Essences de
l'existence sont plongées au fin fond des océans de l'éternelle sainteté ou lorsqu'elles
planent aux plus hauts sommets des mystères divins, elles proclament hautement
que c'est la voix de la Divinité, l'appel de Dieu lui-même qui se fait entendre
par leur bouche.
Si l'on ouvrait l'oeil du discernement, on reconnaîtrait que, dans cette condition
précise, elles se voient elles-mêmes complètement effacées, inexistantes devant
celui qui est l'Omnipénétrant, l'Incorruptible. On peut dire qu'elles se considèrent
comme de purs néants et qu'elles jugent blasphématoire la mention de leur nom
dans ce parvis céleste, car la plus faible mention de soi-même, dans ces régions
sublimes, reviendrait à affirmer une existence propre et indépendante. Une telle
idée est, aux yeux de ceux qui pénètrent dans cette cour céleste, une grave transgression.
Plus grave encore serait de mentionner quoi que ce soit d'autre en cette Présence,
ou que le coeur de l'homme, sa langue, son esprit ou son âme aient souci de quelqu'un
d'autre que le Bien-Aimé, ou que ses yeux contemplent un autre visage que celui
de sa beauté, ou que ses oreilles se tendent vers une autre mélodie que celle
de sa voix ou que ses pieds foulent un autre sentier que son sentier. [...]
En vertu de ce rang, les Manifestations revendiquent pour elles-mêmes la voix
de la divinité, alors qu'en vertu de leur rang d'annonciateurs, elles se déclarent
les messagers de Dieu. Dans tous les cas, elles prononcent des paroles qui répondent
aux besoins particuliers du moment et s'attribuent toutes ces déclarations, que
celles-ci aillent du royaume de la révélation divine au royaume de la création,
du domaine de la divinité au domaine de l'existence terrestre. Ainsi, quelles
que soient leurs paroles, que celles-ci se réfèrent au royaume de la divinité,
de la souveraineté ou de la prophétie, qu'elles évoquent le messager, le gardien,
l'apôtre ou le serviteur, tout est vrai sans l'ombre d'un doute. En conséquence,
les citations que nous avons faites à l'appui de notre thèse doivent être attentivement
considérées, afin que les divergences que présentent dans leur message les Manifestations
de l'Invisible et les Aurores de la sainteté cessent d'agiter les âmes et de troubler
les esprits.
23. À 'Abbas Farrukh
Considère les générations qui nous ont précédé. Vois comment, chaque fois que
le Soleil de la générosité divine répand sur le monde la lumière de sa révélation,
ceux de son Jour se lèvent contre lui et répudient sa vérité. Ceux qui sont censés
diriger les hommes s'efforcent invariablement d'empêcher leurs disciples de se
tourner vers celui qui est l'Océan de la générosité sans limites.
Vois comment le peuple, obéissant au verdict prononcé par les religieux de son
époque, a jeté au feu Abraham, l'Ami de Dieu ; comment Moïse, qui conversait avec
le Tout-Puissant, fut dénoncé comme menteur et calomniateur ; comment Jésus, l'Esprit
de Dieu, fut traité par ses ennemis, en dépit de sa douceur ineffable et de sa
profonde tendresse de coeur. Si violente fut l'opposition à laquelle il dut faire
face, qu'il n'avait, lui, l'Essence de l'être et le Seigneur du visible et de
l'invisible, nulle place où reposer sa tête. Il errait de place en place, sans
demeure permanente. Médite encore sur ce qui advint à Muhammad, le Sceau des prophètes
- puisse toute vie lui être offerte en sacrifice ! Combien furent cruelles les
afflictions que les dirigeants du peuple juif et des idolâtres firent pleuvoir
sur celui qui est le souverain Seigneur de toutes choses, pour avoir proclamé
l'unité de Dieu et la vérité de son message ! Par la justice de ma cause ! ma
plume gémit et toutes choses créées éclatent en sanglots devant les malheurs qu'il
souffrit des mains de ceux qui avaient rompu l'alliance de Dieu, violé son pacte,
rejeté ses preuves et contesté ses signes. Nous te rapportons ainsi ce qui advint
dans les jours passés, afin que tu comprennes.
Tu as su combien cruelles furent les afflictions des prophètes de Dieu, de ses
messagers et de ses élus. Réfléchis un instant aux raisons d'une telle persécution.
Jamais, dans aucune révélation, les prophètes de Dieu n'échappèrent aux blasphèmes
de leurs ennemis, à la cruauté de leurs oppresseurs, aux dénonciations des savants
de leur temps qui prenaient l'apparence de la droiture et de la piété. Jour et
nuit ils passèrent par des souffrances telles que, seule, la science de Dieu -
exaltée soit sa gloire - est capable de les mesurer.
Considère cette innocente victime. Les preuves les plus éclatantes attestent la
vérité de notre cause ; les prophéties que nous fîmes dans le plus clair langage
sont toutes accomplies, encore que, n'étant pas compté parmi les savants, nous
n'ayons pas fréquenté d'école et n'ayons aucune expérience des disputes théologiques
ayant cours parmi les théologiens. Nous avons fait pleuvoir sur les hommes les
averses d'un savoir inspiré par Dieu. Et cependant vois comment, en dépit de cela,
cette génération rejette notre autorité et se rebelle contre nous. Nous avons,
pendant la plus grande partie de notre vie, enduré, des griffes de nos ennemis,
les plus cruelles épreuves, et nos souffrances ont maintenant atteint leur point
culminant dans cette affligeante prison, où nous ont si injustement jeté nos oppresseurs.
Dieu veuille que tu observes d'une vision pénétrante et d'un coeur radieux ce
qui est advenu dans le passé et qui advient encore aujourd'hui et que, le méditant
en toi-même, tu reconnaisses ce qui échappe à la plupart des hommes. S'il plaît
à Dieu, tu respireras le doux parfum de son Jour, tu auras part aux effusions
sans limites de sa grâce, tu boiras, par sa faveur bienveillante, ton content
du vaste océan qui s'enfle en ce jour au nom de l'antique Roi, et tu resteras
en sa cause aussi ferme et aussi immuable que la montagne !
Dis: Gloire à toi par qui tous les saints confessent leur faiblesse devant les
multiples révélations de ta puissance, et par qui chaque prophète reconnaît son
pur néant devant l'éclat de ta gloire immortelle. Je te supplie par ton nom qui
a ouvert les portes du ciel et rempli d'extase l'Assemblée céleste, de me rendre
capable de te servir en ce jour et de me fortifier dans l'observance de ce que
tu prescris en ton Livre. Ô mon Seigneur, tu sais, ce qui est en moi, mais j'ignore
ce qui est en toi. Tu es l'Omniscient, l'Informé.
24. Madinatu't-Tawhid (Bagdad),
à Shaykh Salman
Ô croyants en l'unité de Dieu, gardez-vous de distinguer entre les Manifestations
de sa cause, de faire à leur sujet quelque discrimination qui aille à l'encontre
des signes dont s'est accompagnée leur révélation et l'ont proclamée. Voilà le
sens réel de l'unité divine, si vous êtes de ceux qui peuvent comprendre cette
vérité et y croire. De plus, soyez assurés que non seulement les oeuvres et les
actes de toutes ces Manifestations de Dieu, mais aussi tout ce qui les concerne
et tout ce qu'elles pourront manifester à l'avenir, tout est d'ordre divin et
reflète la volonté et le dessein de Dieu. En effet, il refuse de croire en Dieu,
répudie ses signes et trahit la cause de ses messagers, celui qui fait la plus
légère différence entre leurs personnes, leurs paroles, leurs messages, leurs
actes et leurs façons d'agir.
25. A un inconnu
Tout âge dans lequel vit une Manifestation de Dieu est évidemment un âge d'ordre
divin et peut être, en ce sens, qualifié de jour désigné par Dieu. Ce jour, toutefois,
est un jour unique et doit être distingué de ceux qui l'ont précédé. L'appellation
"Sceau des Prophètes" révèle pleinement son rang élevé. En fait, le cycle prophétique
est clos. La Vérité éternelle est maintenant venue. Levant l'étendard de la puissance,
Dieu répand à présent sur le monde l'éclat sans nuage de sa révélation.
26. Lawh-i-Tawhid (Acre)
Loué soit Dieu, l'Omnipossédant, le Roi d'incomparable gloire, d'une louange infiniment
supérieure à la compréhension de tout ce qui est créé, hors de la portée des intelligences
humaines. Nul autre que lui n'a jamais été capable de célébrer convenablement
sa louange, et jamais aucun homme ne parviendra à donner la mesure de sa gloire.
Qui peut prétendre avoir atteint les sommets de sa sublime essence, et quelle
intelligence peut mesurer les profondeurs de son insondable mystère ? De chacune
des révélations émanées de la source de sa gloire, des preuves sans fin sont apparues,
toutes d'une splendeur inimaginable, et de chacune des manifestations de son invincible
puissance ont coulé des océans de lumière éternelle. Sublimes sont les merveilleux
témoignages de sa toute-puissante souveraineté dont une simple lueur, si elle
les atteignait, suffirait à consumer tous ceux qui sont dans le ciel et tous ceux
qui sont sur la terre ! Ineffables sont les gages de son pouvoir souverain, dont
un seul signe, si petit soit-il, dépasse la compréhension de tout ce qui a été
appelé à l'être depuis le commencement qui n'a pas de commencement, et de tout
ce qui sera créé dans l'avenir, jusqu'à la fin qui n'a pas de fin. Toutes les
incarnations de ses noms errent dans le désert de la recherche, altérées et avides
de découvrir son essence et, du Sinaï de sainteté, toutes les manifestations de
ses attributs l'implorent de les laisser pénétrer son mystère.
Une goutte du bouillonnant océan de sa miséricorde orne la création de la parure
de l'existence, et un souffle parti de son paradis incomparable revêt tous les
êtres du vêtement de sa gloire et de sa sainteté. Quelques gouttes de sa volonté
insondable, souveraine et universelle, appelle du néant à l'être une création
infinie dans son étendue et immortelle dans sa durée. Les merveilles de sa munificence
ne peuvent cesser, et le cours de sa grâce miséricordieuse ne peut jamais être
arrêté. Le processus de sa création n'a pas eu de commencement et ne peut avoir
de fin.
En tout âge et dans chaque cycle, par la lumière resplendissante des Manifestations
de sa merveilleuse essence, il a recréé toutes choses, afin que rien de ce qui
reflète les signes de sa gloire sur la terre et dans les cieux, ne soit privé
des torrents de sa miséricorde ni ne désespère de recevoir la pluie de ses faveurs.
Voyez comme les merveilles de sa grâce sans limites embrassent toutes choses,
comme elles imprègnent la création tout entière. Telle en est la vertu qu'il n'y
a pas dans l'univers un seul atome qui ne proclame la puissance de Dieu, qui ne
glorifie son saint nom, qui ne reflète la resplendissante lumière de son unité.
Si parfaite et si vaste est sa création qu'il n'est pas d'intelligence ni de coeur,
pour pénétrant ou pur qu'il soit, qui puisse saisir la nature essentielle de la
plus insignifiante de ses créatures, et moins encore pénétrer le mystère de celui
qui est le Soleil de vérité, l'invisible et inconnaissable Essence. Les conceptions
des plus dévots des mystiques, les oeuvres des plus accomplis parmi les hommes,
les plus hautes louanges que la plume ou la parole puissent exprimer, tout cela
est le produit de l'intelligence finie de l'homme et reste enfermé dans les limites
de cette intelligence. Dix mille prophètes, dont chacun est un Moïse, sont foudroyés
sur le Sinaï de leur quête, par cet arrêt terrifiant: "Jamais tu ne contempleras
ma face !", cependant qu'une myriade de messagers, tous aussi grands que Jésus,
demeurent consternés sur leur trône céleste devant l'interdiction: "Mon essence,
tu ne la comprendras jamais !" De temps immémorial, il est voilé dans la sainteté
ineffable de sa sublime Personne, et il restera à jamais enveloppé de l'impénétrable
mystère de son essence inconnaissable. Toute tentative pour comprendre son inaccessible
réalité a tourné à l'entière confusion de son auteur, et tout effort pour approcher
sa Personne sublime et se représenter son essence, a abouti à un échec désespéré.
Pour moi, tenter en mon insignifiance de sonder les profondeurs sacrées de ta
science, serait déconcertant ! Et futiles seraient mes efforts pour envisager
la grandeur de la puissance inhérente à ton oeuvre, par lequel se révèle ton pouvoir
créateur ! Comment mon oeil, qui n'a pas même la faculté de se percevoir lui-même,
pourrait-il se flatter d'avoir discerné ton essence, et comment mon coeur, déjà
impuissant à saisir le sens de ses propres potentialités, prétendrait-il avoir
compris ta nature ? Comment revendiquerais-je de t'avoir connu quand toute la
création est confondue par ton mystère, et comment, d'autre part, confesserais-je
ne point t'avoir connu, alors que l'univers entier proclame ta présence et atteste
ta vérité ? De toute éternité, les portails de ta grâce sont restés grands ouverts
; des voies se sont toujours offertes pour accéder à ta présence, et les révélations
de ta beauté sans égale n'ont cessé d'être imprimées sur l'essentielle réalité
de tous les êtres, tant visibles qu'invisibles. Et pourtant, en dépit de cette
suprême faveur, de ce don parfait, je suis poussé à attester que ta cour de gloire
et de sainteté est exaltée par-delà toute mesure au-dessus de la connaissance
de tout autre que toi, et que le mystère de ta présence est insondable pour tout
autre esprit que le tien. Personne, à l'exception de toi, ne peut pénétrer le
secret de ta nature et rien d'autre que ton essence transcendante ne saurait comprendre
la réalité de ton être inconnaissable. Nombreux sont ces êtres de gloire qui ont
erré à ta poursuite tous les jours de leur vie dans le désert de ton absence et
qui ne t'ont finalement jamais trouvé ! Grande est la multitude d'âmes saintes
et célèbres qui se perdirent à tenter de contempler ta face, dans le désert de
la recherche ! Par myriades, tes ardents adorateurs ont sombré et péri, consumés
du feu de ton absence, et innombrables sont les âmes fidèles qui ont volontairement
offert leur vie pour voir la lumière de ton visage. Les plaintes de ces coeurs
qui soupirent ardemment après toi ne peuvent atteindre ta cour sacrée, pas plus
que ne parviennent à ton siège de gloire les lamentations des voyageurs qui ont
soif de contempler ta face.
27. A un inconnu
Louange à l'unité de Dieu et honneur à l'incomparable et très glorieux Souverain
de l'univers qui, du pur néant, tire la réalité de toutes choses, qui de l'inexistence
appelle à l'être les éléments les plus raffinés et les plus subtils de sa création
et qui, relevant ses créatures de l'abaissement où les tenait l'éloignement de
sa présence et les sauvant de l'extinction finale, les reçoit dans son royaume
d'incorruptible gloire ! Rien de moins que sa grâce universelle et son omniprésente
miséricorde ne peut accomplir ce prodige. Comment, sans elles, le néant aurait-il
le mérite et la capacité de passer de l'état de non-existence au royaume de l'être
?
Ayant créé le monde et tout ce qui y vit et s'y meut, Dieu choisit, par l'opération
directe de sa volonté libre et souveraine, de conférer à l'homme la dignité et
la capacité uniques de le connaître et de l'aimer, capacité qui doit être regardée
comme la force créatrice et la raison d'être de toute la création. [...] Sur l'essentielle
réalité de toutes choses créées, il a répandu la lumière d'un de ses noms, et
de chacune d'elles il a fait le siège de la gloire d'un de ses attributs. Mais
sur la réalité de l'homme, il a concentré l'éclat de tous ses noms et attributs
et en a fait le miroir de son Être propre. Seul entre toutes choses créées, l'homme
a été choisi comme l'objet d'une faveur aussi grande et aussi permanente.
Mais ces énergies dont le soleil de la générosité divine, source de la direction
divine, a doté l'essentielle réalité de l'homme ne sont en lui que latentes, comme
est latente la flamme dans la bougie et comme les rayons de la lumière sont en
puissance dans la lampe. L'éclat de ces énergies peut être obscurci par les désirs
terrestres comme la lumière du soleil peut être cachée sous la poussière et les
impuretés qui recouvrent le miroir. Ni la lampe ni la bougie ne peuvent s'allumer
d'elles-mêmes, et le miroir ne pourrait davantage, par ses propres moyens, se
débarrasser de ses souillures. Il est évident que, si on ne l'allume pas, la lampe
n'éclairera pas et que, jusqu'à ce que soit enlevée la poussière qui le recouvre,
le miroir ne pourra montrer l'image du soleil, ni refléter sa lumière et sa gloire.
Et comme il ne put y avoir de lien direct entre le seul vrai Dieu et sa création,
et que rien de commun ne peut exister entre le transitoire et l'éternel, le contingent
et l'absolu, Dieu a ordonné qu'en tout âge et en chaque ère, une âme pure et sans
tache soit manifestée dans les royaumes du ciel et de la terre. À cet être subtil,
éthéré, mystérieux, il a attribué une double nature: l'une, physique, appartenant
au monde de la matière, l'autre, spirituelle, qui est née de la substance de Dieu
lui-même. Il lui a de plus conféré un double rang. Le premier, qui se relie à
sa réalité la plus profonde, le représente comme celui dont la voix est la voix
de Dieu lui-même. C'est ce que la tradition atteste par ces paroles: "Multiple
et mystérieuse est ma relation avec Dieu. Je suis lui, lui-même, et il est moi,
moi-même ; sauf que je suis ce que je suis et qu'il est ce qu'il est." Et de même:
"Lève-toi, ô Muhammad, car voici que l'Amant et le Bien-Aimé sont en toi réunis
et confondus." Il a dit pareillement: "Il n'y a aucune espèce de distinction entre
toi et eux, sauf qu'ils sont tes serviteurs." Le second rang, qu'illustrent les
versets qui suivent, est humain: "Je ne suis qu'un homme comme vous. ""Dis: Louange
à mon Seigneur ! Suis-je plus qu'un homme, plus qu'un apôtre ?" Ces Essences de
détachement, ces Réalités resplendissantes sont les canaux de la grâce universelle
de Dieu. Guidées par la lumière de l'infaillible direction et investies d'une
souveraineté suprême, elles ont pour mission, par l'inspiration de leurs paroles,
les effusions de leur grâce infaillible et la brise sanctifiante de leur révélation,
de débarrasser tout coeur assoiffé et tout esprit réceptif des impuretés et des
poussières dues aux soucis et aux limitations de la terre. Alors, et alors seulement,
le dépôt divin, latent dans la réalité de l'homme, émergera aussi resplendissant
que le soleil levant de la révélation divine, hors des voiles qui le cachaient,
et plantera à la cime du coeur des hommes, l'étendard de sa gloire dévoilée.
Des citations et références qui précèdent, il ressort clairement et indubitablement
que, dans les royaumes du ciel et de la terre, il faut de toute nécessité que
soit manifesté un Être, une Essence qui agira comme manifestation et véhicule
de la grâce de Dieu lui-même, le souverain Seigneur de toutes choses. Par les
enseignements de ce Soleil de vérité, tout homme progressera et se développera
jusqu'à ce qu'il parvienne à ce stade où il pourra manifester tout le potentiel
des forces dont son être intime et essentiel est doté. C'est dans ce but précis
qu'en tout âge et en chaque ère, les prophètes de Dieu et ses élus ont paru parmi
les hommes et montré un pouvoir tel qu'il ne peut venir que de Dieu et une puissance
telle que, seul, l'Éternel peut la révéler.
Celui qui juge sainement peut-il vraiment imaginer que, faute d'avoir compris
la signification de certaines paroles, les portes de la direction divine soient
à jamais fermées à la face des hommes ? Peut-il concevoir, pour ces divins Flambeaux,
ces resplendissantes Lumières, soit un commencement, soit une fin ? Quels torrents
pourraient être comparés au cours impétueux de sa grâce universelle, et quelle
bénédiction pourrait surpasser les manifestations d'une si grande et si pénétrante
miséricorde ? Il n'est pas douteux que si le flot de cette miséricorde et de cette
grâce se retirait du monde, ne fût-ce qu'un instant, celui-ci périrait aussitôt.
C'est pourquoi, depuis le commencement qui n'a pas de commencement, les portes
de la miséricorde divine ont été largement ouvertes à la face de tous les êtres
créés, et que, jusqu'à la fin qui n'a point de fin, les nuages de la vérité continueront
à déverser sur le sol de la capacité, de la réalité et de la personnalité humaines,
les pluies de leurs faveurs et de leurs bienfaits. Telle est la méthode suivie
par Dieu depuis toujours et à jamais.
28. Aux amis baha'is
Heureux l'homme qui se lève pour servir ma cause et glorifier mon nom merveilleux
! Par la puissance de mon pouvoir, saisis mon livre et attache-toi fermement à
tous les commandements qu'y prescrit ton Seigneur, l'Ordonnateur, le Très-Sage.
Ô Muhammad, vois comme les dires et les actes des disciples de l'islam chiite
ont assombri la joie et la ferveur de ses premiers jours, et terni l'éclat immaculé
de sa lumière. Au début, alors qu'ils adhéraient encore aux préceptes qui se confondent
avec le nom de leur prophète, le Seigneur de l'humanité, leur carrière fut marquée
par une suite ininterrompue de victoires et de triomphes. Mais à mesure qu'ils
s'écartaient du sentier de leur Maître idéal et se détournaient de la lumière
de Dieu, à mesure qu'ils corrompaient le principe de l'unité divine et qu'ils
concentraient davantage leur attention sur ceux qui n'étaient que les révélateurs
de la puissance de sa parole, leur force peu à peu se changea en faiblesse, leur
gloire en honte, leur courage en peur. Tu es témoin de ce à quoi ils en sont venus.
Vois comment ils ont donné des associés à celui qui est le Point où se concentre
l'unité divine. Vois comment leurs agissements coupables les ont empêchés de reconnaître,
au jour de la résurrection, la parole de vérité, exaltée soit la gloire de Dieu.
Nous chérissons l'espoir que ceux qui nous écoutent se garderont des vaines illusions
et des imaginations stériles, et qu'ils parviendront à une véritable compréhension
du sens de l'unité divine.
La Manifestation a toujours été le représentant et le porte-parole de Dieu. Elle
est, en vérité, la source des plus excellents titres de Dieu, et l'aurore de ses
glorieux attributs. Si d'aucuns prétendaient être ses égaux, s'ils étaient considérés
comme identiques à sa personne, comment serait-il possible de soutenir que l'Être
divin est un et incomparable, que son essence est indivisible et sans égale ?
Médite sur ce que nous t'avons révélé par le pouvoir de la vérité, et sois de
ceux qui en comprennent la signification.
29. A un inconnu
Le dessein de Dieu en créant l'homme a été et sera toujours de le rendre capable
de connaître son Créateur et d'accéder à sa présence. Tous les Livres sacrés,
les Écritures divinement révélées et de grande valeur attestent ce but excellent,
cet objectif suprême. Celui qui a reconnu la source de la direction divine et
est entré dans sa cour sainte, s'est approché de Dieu. Il a obtenu l'accès en
sa présence, paradis véritable dont les plus hautes demeures du ciel ne sont que
le symbole. Un tel homme est parvenu à la connaissance du rang de celui qui est
"à deux portées de flèche", qui se tient par-delà le Sadratu'l-Muntaha. Mais celui
qui n'a pas reconnu cette source s'est lui-même condamné à la misère de l'éloignement
de Dieu, éloignement qui n'est que pur néant, l'essence même du feu de l'enfer.
Tel est le sort de l'incroyant, encore qu'il semble occuper les plus hautes situations
de la terre et être établi sur le trône le plus glorieux.
Nul doute que celui qui est la Source de vérité ne soit pleinement capable de
sauver d'un tel éloignement les âmes égarées, de les rapprocher de sa cour et
de leur donner accès à sa présence. "S'il eût plu à Dieu, il eût sûrement fait
des hommes un seul peuple." Mais son dessein est de mettre ceux qui ont le coeur
pur et l'esprit détaché à même d'aborder, par la vertu même de leurs pouvoirs
innés, les rivages du très grand Océan, afin qu'ayant ainsi sincèrement et diligemment
cherché la beauté du Très-Glorieux, ils soient distingués et séparés des indociles
et des pervers. Ainsi en a-t-il été ordonné par la Plume toute-glorieuse et resplendissante.
[...]
Que, lors de leur apparition parmi les hommes, les Manifestations de la justice
divine, sources de la grâce céleste, aient été dépourvues de tout pouvoir terrestre
et privées de toute autorité en ce monde, doit être attribué à ce même principe
de distinction et de séparation qui anime le plan divin. Si l'éternelle Essence
manifestait tout ce qui est latent en elle, si elle resplendissait dans la plénitude
de sa gloire, nul ne songerait à mettre en doute sa puissance ni à répudier sa
vérité. D'ailleurs, toutes les choses créées seraient à ce point éblouies et écrasées
par l'évidence de sa lumière qu'elles en retourneraient au néant. Comment, en
de telles circonstances, l'indocile pourrait-il être distingué du croyant ?
Ce principe a joué dans chacune des révélations précédentes, et il en a été donné
d'abondantes preuves. [...] C'est ainsi qu'en tout âge, lorsqu'une nouvelle Manifestation
se produit et qu'une révélation nouvelle du pouvoir transcendant de Dieu est accordée
au monde, ceux qui ne croient pas en lui, abusés par l'apparence mortelle que
revêt l'éternelle Beauté, refusent de la reconnaître. Ils s'écartent de son chemin
et fuient la présence du symbole même de la proximité de Dieu. Ils vont jusqu'à
décimer ses fidèles, à exterminer ceux qui croient en lui.
Vois comment, en cet âge, vauriens et insensés voulurent croire que par les massacres,
le pillage et le bannissement, ils pourraient éteindre la lampe allumée par la
main du pouvoir divin ou éclipser le soleil de splendeur éternelle. Ils semblent
ignorer complètement que cette adversité même est l'huile qui nourrit la flamme
de cette lampe. Tel est le pouvoir divin de transmutation. Il change tout ce qu'il
lui plaît de changer. Il a en vérité pouvoir sur toutes choses. [...]
Considère en tout temps la souveraineté qu'exerce le Roi idéal et contemple les
preuves de sa toute-puissance. Purifie tes oreilles des vains bavardages de ceux
qui sont le symbole de l'incroyance et les représentants de la violence et de
la colère. L'heure approche où tu verras triompher sur toutes choses créées le
pouvoir du seul vrai Dieu, et les signes de sa souveraineté englober toute sa
création. En ce jour, tu découvriras que tout ce qui n'est pas lui est rentré
dans l'oubli et considéré comme pur néant.
Il ne faut cependant pas perdre de vue que Dieu et ses Manifestations ne sauraient
être, en aucun cas, dissociés de la grandeur et de la sublimité qui leur sont
inhérentes. Bien mieux, cette grandeur et cette sublimité sont elles-mêmes créées
par sa parole, si tu veux voir par mes yeux et non par les tiens.
30. À 'Aliy-i-Nur-i-Isfahani
Dieu atteste qu'il n'est pas d'autre Dieu que lui, le Bienveillant, le Bien-Aimé.
Toute grâce et tous bienfaits viennent de lui. Il donne à qui il veut ce qu'il
lui plaît de donner. Il est, en vérité, le Tout-Puissant, le Secours, l'Absolu.
Nous croyons en celui qui, en la personne du Bab, a été envoyé, par la volonté
du seul vrai Dieu, le Roi des rois, le Très-Loué. Nous jurons, de plus, fidélité
à celui qui est appelé à se manifester au temps de Mustaghath, aussi bien qu'à
ceux qui viendront après lui, jusqu'à la fin qui n'a point de fin. Nous reconnaissons
en chacun d'eux, aussi bien dans l'apparence que dans la réalité, la manifestation
de Dieu lui-même, si vous êtes de ceux qui comprennent. Chacun d'eux est un miroir
de Dieu, ne reflétant rien d'autre que son Soi, sa beauté, sa puissance, et sa
gloire, si vous pouvez comprendre. Tous les autres doivent être considérés comme
des miroirs capables de refléter la gloire de ces Manifestations qui sont, elles,
les premiers Miroirs de l'Être divin, si vous n'êtes pas dépourvus d'entendement.
Nul n'a jamais pu leur échapper et nul ne pourra les empêcher d'atteindre leur
but. Ces Miroirs continueront indéfiniment à se succéder et à refléter la lumière
de l'Ancien des jours. Et ceux qui reflètent leur gloire continueront de même
à exister à jamais, car la grâce de Dieu ne peut cesser d'affluer. C'est là une
vérité contre laquelle nul ne saurait s'élever.
31. Suratu'l-'Ibad (Acre), à Siyyid
Mihdi Dahajji
Contemple de ton oeil interne la chaîne des révélations successives qui relie
la manifestation d'Adam à celle du Bab. J'atteste devant Dieu que chacune fut
envoyée par l'opération de la volonté et du dessein divins, que chacune apporta
un message spécifique et qu'à chacune fut confié un Livre divinement révélé, avec
mission de dévoiler les mystères d'une puissante tablette. La mesure de la révélation
à laquelle chacune d'elles s'est identifiée avait été pré-ordonnée. Et cela est
un gage de notre faveur envers elles, si vous êtes de ceux qui peuvent comprendre
cette vérité. [...] Et quand ce processus de révélation progressive atteignit
son point culminant, le stade où devait être dévoilée aux yeux des hommes sa Face
très sacrée, sublime et sans égale, il décida de cacher sa véritable réalité sous
mille voiles, de peur que des yeux profanes ne découvrent sa gloire. Ainsi fit-il,
alors que pleuvaient sur lui, en nombre tel que seul peut les compter le Seigneur,
votre Dieu, Seigneur de tous les mondes, les signes et les gages d'une révélation
divine. Et quand le temps fixé pour le secret fut révolu, nous fîmes apparaître,
encore qu'enveloppée d'une myriade de voiles, une infinitésimale lueur de la gloire
resplendissante qui rayonnait de la face de cet Adolescent, et voici: tous les
habitants des royaumes célestes ressentirent une violente commotion, et tous les
favoris de Dieu tombèrent en adoration devant lui. Assurément, il a manifesté
une gloire dont la création n'avait jamais encore été témoin, car il s'est levé
en personne pour proclamer sa cause devant tous ceux qui sont dans le ciel et
sur la terre.
32. Lawh-i-Rida
Tout ce que tu as appris concernant Abraham, l'Ami du Très-Miséricordieux, est
vrai sans l'ombre d'un doute. La voix de Dieu lui ordonna d'offrir Ismaël en sacrifice,
afin que la fermeté de sa foi et son détachement de tout sauf de lui soient démontrés
aux hommes. Car Dieu voulait ce sacrifice en rançon des péchés et des iniquités
des peuples de la terre. L'honneur d'une telle rançon, Jésus, fils de Marie, le
sollicita pour lui du seul vrai Dieu, exaltée soit son nom et sa gloire ! Et Husayn
le connut à son tour quand il fut offert en sacrifice par Muhammad, l'Apôtre de
Dieu.
Nul ne peut prétendre avoir compris la nature de la grâce multiple et cachée de
Dieu ; nul ne peut pénétrer son infinie miséricorde. Telles ont été les transgressions
des hommes et leur perversité, et si cruelles les épreuves dont ils ont affligé
les prophètes de Dieu et leurs élus, que l'humanité tout entière mériterait de
souffrir et de périr. Mais dans le secret de sa tendre providence, et par des
moyens tant visibles qu'invisibles, Dieu lui a épargné et continuera de lui épargner
le châtiment dû à sa perversité. Médite cela en ton coeur, afin que la vérité
puisse t'être révélée et que tu restes ferme dans son chemin.
33. À Muhammad Ibrahim-i-Khalil
Nous avons décrété que le Verbe de Dieu, avec toutes les potentialités qu'il renferme,
sera manifesté aux hommes dans une stricte conformité avec les conditions préétablies
par celui qui est l'Omniscient, le Très-Sage. Nous avons, de plus, ordonné qu'il
ne soit caché que sous le voile de son Être même. Tel est, en vérité, le pouvoir
que nous avons d'en venir à nos fins. Si le Verbe libérait d'un seul coup les
énergies qui sont en lui latentes, il n'est point d'homme qui pourrait soutenir
le poids d'une si puissante révélation. Bien plus, tout ce qui est dans le ciel
et sur la terre fuirait devant lui, dans la plus profonde consternation.
Considère ce qui fut envoyé à Muhammad, l'Apôtre de Dieu. La mesure précise de
la révélation qu'il apportait avait été clairement préétablie par celui qui est
le Tout-Puissant. Ceux qui l'entendaient ne pouvaient le comprendre que dans la
mesure de leur capacité et de leur développement spirituels. Et lui-même, dosant
en conséquence sa révélation, ne découvrait le visage de la sagesse qu'à proportion
de la capacité qu'avaient ses auditeurs de soutenir le poids de son message. Mais
l'humanité n'eut pas plutôt atteint le stade de maturité, que le Verbe révéla
les énergies dont il avait été doté, et c'est dans la plénitude de leur gloire
qu'il les manifesta quand, en l'an 60, apparut la Beauté antique en la personne
de 'Ali-Muhammad, le Bab.
34. A un inconnu
Louange et gloire à Dieu qui, par le pouvoir de sa puissance, revêt du manteau
de la vie la nudité de la non-existence de sa création ! Entre toutes choses créées,
il a élu pour objet de sa faveur spéciale le joyau de l'essentielle réalité de
l'homme, en l'investissant de la capacité exclusive de le connaître et de refléter
la grandeur de sa gloire. Cette double distinction décape le coeur de l'homme
de la rouille des vains désirs, et elle le rend digne de la livrée dont son Créateur
a daigné le revêtir. Elle sauve son âme des ténèbres de l'ignorance.
Cet habit dont le corps et l'âme de l'homme sont ornés est le fondement même de
son bien-être et de son développement. Béni le jour où, avec l'aide de la grâce
et de la puissance du seul vrai Dieu, il se sera libéré de l'esclavage et de la
corruption du monde, et aura atteint le vrai et durable repos à l'ombre de l'arbre
de la connaissance !
Les chants qu'en son grand amour pour ses amis, l'oiseau de ton coeur modulait
ont atteint leurs oreilles, et ils me poussent à répondre à tes questions en te
révélant les secrets qu'il m'est permis de dévoiler. Tu demandes, en ta noble
lettre, lesquels des prophètes de Dieu doivent être tenus pour supérieurs aux
autres. Sache, à n'en point douter, que ces prophètes, en leur essence, ne font
qu'une seule et même personne. Leur unité est absolue. Dieu, le Créateur, dit:
Il n'y a aucune sorte de distinction entre les porteurs de mon message. Ils n'ont
tous qu'un seul et même objet, et le secret de l'un est le secret de l'autre.
Honorer l'un de préférence aux autres, en exalter certains au-dessus des autres
n'est permis en aucune façon. Tout vrai prophète a tenu son message pour foncièrement
le même que les messages des prophètes qui l'avaient précédé. Si, faute de comprendre
cette vérité, quelqu'un se laissait aller à de vaines et inconvenantes paroles,
il n'est personne d'esprit subtil et d'intelligence éclairée qui permettrait à
de si futiles propos de l'ébranler dans sa croyance.
Seule doit différer la mesure de la révélation apportée au monde par les prophètes
de Dieu. Chacun d'eux reçoit un message distinct, avec mission de se révéler d'une
certaine manière. C'est ainsi que semble varier leur grandeur. Leur révélation
peut être comparée à la lumière que la lune répand sur la terre. Bien que, chaque
fois qu'elle paraît, elle donne de son éclat une mesure nouvelle, sa splendeur
inhérente reste cependant la même et sa clarté ne peut s'éteindre.
Il en ressort avec évidence que toute apparente variation dans l'intensité de
la lumière apportée par les divers prophètes n'est pas inhérente à cette lumière
même, mais qu'elle doit être imputée à la réceptivité variable d'un monde en perpétuel
devenir. Chaque prophète que le tout-puissant Créateur décide d'envoyer aux peuples
de la terre reçoit avec son message la mission d'agir de la façon qui convient
le mieux au temps dans lequel il apparaît. Dieu, en lui confiant cette mission,
a un double objectif: Il se propose d'abord de libérer les enfants des hommes
des ténèbres de l'ignorance, de les guider vers la lumière de la vraie compréhension,
et ensuite d'assurer la paix et la tranquillité de l'humanité, en lui fournissant
tous les moyens par lesquels elles peuvent être établies.
Les prophètes de Dieu doivent être considérés comme des médecins dont la tâche
est d'accroître le bien-être du monde et de ses peuples, afin de guérir, par l'esprit
d'unité, la maladie d'une humanité divisée.
Personne n'a le droit de mettre en doute leurs paroles ni de discuter leur conduite,
car ils sont les seuls qui puissent prétendre avoir compris le patient et diagnostiqué
exactement sa maladie. Il n'est point d'homme, si intelligent soit-il, à qui il
soit permis d'atteindre les sommets où s'est élevée la sagesse du Médecin divin.
Rien d'étonnant, en conséquence, si ce Médecin prescrit aujourd'hui un remède
différent de celui qu'il a ordonné autrefois. Comment en pourrait-il être autrement,
alors que la maladie exige pour chacune de ses phases un traitement particulier
? De même, toutes les fois que les prophètes de Dieu illuminent le monde de l'éclat
resplendissant du soleil de la science divine, c'est invariablement par les moyens
les plus convenables à l'âge où ils apparaissent qu'ils appellent ses peuples
à embrasser la lumière de Dieu. Ils peuvent de la sorte dissiper les ténèbres
de l'ignorance et répandre sur le monde la gloire de leur science. Et comme, d'autre
part, leur seul et unique objet a toujours été, dans toutes les révélations, de
guider les égarés et d'apporter la paix aux affligés, c'est vers leur essence
intime que tout homme doué de discernement doit d'abord tourner ses regards. L'état
présent du monde n'est pas celui du triomphe et de la prospérité. L'humanité tout
entière est en proie à de multiples maladies. Qu'on s'efforce donc de lui sauver
la vie au moyen du remède bienfaisant préparé par la main toute-puissante de l'infaillible
Médecin.
Passons maintenant à ta question concernant la nature de la religion. Sache, pour
commencer, que ceux qui sont vraiment sages ont comparé le monde au temple humain.
Et de même que le corps de l'homme a besoin d'un habit pour le vêtir, de même
le corps de l'humanité doit être paré du manteau de la justice et de la sagesse.
Son vêtement est la révélation qui lui est envoyée de Dieu. Dès que ce vêtement
a rempli son objet, le Tout-Puissant le remplace. Car une mesure nouvelle de la
lumière de Dieu est nécessaire à chaque âge. Et chaque révélation divine a été
dispensée et dosée dans les conditions qui convenaient le mieux à l'âge où elle
apparaissait.
Pour ce qui est de ta question relative à ce qu'ont pu dire les dirigeants des
anciennes religions, tout homme sage écartera sans aucun doute un sujet aussi
vain. Le Créateur incomparable tire tous les hommes d'une même substance et exalte
leur réalité essentielle au-dessus de tout le reste de ses créatures. Succès ou
échec, gain ou perte dépendent en conséquence de leurs propres efforts. Plus grands
seront ces efforts, et plus ils progresseront. Nous voulons espérer que les ondées
printanières de la générosité divine feront jaillir de leurs coeurs les fleurs
de la véritable compréhension et les purifieront de toutes souillures terrestres.
35. A un inconnu
Réfléchis un instant. À chaque révélation, qu'est-ce qui pousse les peuples de
la terre à rejeter la Manifestation du Très-Miséricordieux ? Qu'est-ce qui les
incite à se détourner de lui et à récuser son autorité ? Si les hommes voulaient
méditer sur les paroles qui ont coulé de la plume du divin Ordonnateur des choses,
ils se hâteraient tous, sans exception, d'embrasser la vérité de ce don de Dieu
qu'est la révélation éternelle, et ils rendraient témoignage à ce qu'il a lui-même
solennellement affirmé. Mais aux jours des Manifestations de l'unité de Dieu et
des Sources de sa gloire éternelle, le voile des vaines imaginations s'interpose
entre elles et le reste de l'humanité, et il en sera toujours ainsi. Car en ces
jours-là, celui qui est l'éternelle Vérité se manifeste conformément à ce qu'il
a lui-même décidé, et non selon les désirs et les attentes des hommes. Ainsi qu'il
est révélé: "Parce que les apôtres viennent à vous, apportant ce qui va à l'encontre
de vos désirs, continuerez-vous à vous enfler d'orgueil, traitant les uns d'imposteurs
et massacrant les autres ?"
Il n'est pas douteux que si, dans les âges et cycles passés, ces apôtres eussent
répondu aux vaines idées que les hommes se faisaient d'eux, nul n'aurait répudié
la vérité apportée par ces êtres sanctifiés. Bien qu'invoquant jour et nuit le
seul vrai Dieu et profondément engagés dans la dévotion, de tels hommes ne surent
finalement pas reconnaître la grâce de ces Aurores des signes de Dieu, ces Manifestations
de ses preuves irréfutables. De cela, tu le sais parfaitement, les Écritures portent
témoignage.
Considère la révélation de Jésus-Christ. Vois comment les savants de cette génération,
bien qu'ils eussent ardemment souhaité la venue du Promis de Dieu, le renièrent.
Anne, le plus savant des religieux de son temps, comme Caïphe le grand-prêtre,
le dénoncèrent et prononcèrent contre lui la sentence de mort.
De même, quand apparut Muhammad, le Prophète de Dieu - puissent tous les hommes
s'offrir à lui en sacrifice, - les savants de La Mecque et de Médine, dès les
premiers jours de sa révélation, se rebellèrent et rejetèrent son message, tandis
que les humbles et les ignorants reconnaissaient et embrassaient sa foi. Réfléchis
un moment. Considère comment Balal, l'Éthiopien, tout illettré qu'il fut, s'éleva
jusqu'au ciel de la foi et de la certitude, cependant que 'Abdu'llah-Ubayy, un
des premiers parmi les savants, s'opposait malignement à lui. Admire comment un
simple berger, en entendant la parole divine, fut ravi d'une telle extase qu'il
en obtint l'accès à la demeure du Bien-Aimé et se trouva uni à celui qui est le
Seigneur de l'humanité, alors que ceux qui s'enorgueillissaient de leur science
et de leur sagesse s'écartaient de son chemin et restaient privés de sa grâce.
C'est pourquoi il est écrit: "Quiconque s'élève sera abaissé, et quiconque s'abaisse
sera élevé." On trouve des références à ce thème dans la plupart des Livres saints,
aussi bien que dans la tradition orale des prophètes et messagers de Dieu.
Je vous le dis, en vérité, telle est la grandeur de cette cause que le père fuit
son fils, et le fils fuit son père. Rappelez-vous l'histoire de Noé et de Canaan.
Dieu veuille qu'en ces jours de célestes délices, vous ne vous priviez pas des
douces saveurs du Très-Glorieux, et qu'en ce printemps spirituel, vous ayez votre
part des torrents de sa grâce. Levez-vous au nom de celui qui est l'objet de toute
connaissance et, dans un absolu détachement du savoir humain, élevez la voix pour
proclamer sa cause. Je le jure par le soleil de la révélation divine ! À l'instant
même, vous verrez jaillir de vos coeurs un flot de science divine et vous contemplerez
les merveilles de sa céleste sagesse qui, dans toute leur gloire, se dérouleront
à vos yeux. Si vous goûtiez à la douceur des paroles du Très-Miséricordieux, vous
n'hésiteriez pas à renoncer à vous-mêmes et à offrir vos vies pour l'amour du
Bien-Aimé.
Qui pourra jamais croire que ce serviteur de Dieu ait à aucun moment nourri dans
son coeur le désir de quelque honneur ou bénéfice terrestre ? La cause à laquelle
son nom est associé se trouve tellement au-dessus des choses transitoires de ce
monde ! Voyez-le dans cette Très-Grande-Prison, exilé, victime de la tyrannie,
assailli de toutes parts par ses ennemis qui le persécuteront jusqu'à la fin de
sa vie. Ainsi, ce qu'il vous dit est dit uniquement pour l'amour de Dieu afin
que les peuples de la terre purifient leurs coeurs de la souillure des désirs
mauvais, en déchirent le voile et parviennent ainsi à la connaissance du seul
vrai Dieu, qui constitue le rang le plus sublime auquel un homme puisse aspirer.
Qu'ils croient ou non en ma cause, cela ne saurait me profiter ou me nuire. C'est
uniquement pour l'amour de Dieu que nous les adjurons. Et Dieu, lui, n'a besoin
d'aucune de ses créatures.
36. À Fath-i-À'zam
Sache que lorsque le Fils de l'homme rendit son âme à Dieu, toute la création
fut secouée d'un long sanglot. Pourtant il avait, en se sacrifiant, insufflé dans
toutes choses créées une capacité nouvelle. Les preuves qu'ont eues de lui tous
les peuples de la terre sont aujourd'hui manifestes devant toi. La plus profonde
sagesse exprimée par les plus sages des hommes, les plus hautes connaissances
acquises par les plus savants d'entre eux, les arts produits par les mains les
plus habiles, l'influence exercée par les plus puissants des monarques ne sont
que des manifestations du pouvoir vivifiant libéré par son esprit transcendant,
omnipénétrant et resplendissant.
Nous attestons que lorsqu'il apparut au monde, il répandit sur toutes choses créées
la splendeur de sa gloire. Par lui, le lépreux guérit de la lèpre de l'ignorance
et de la perversité. Par lui, le débauché et le pervers furent purifiés. Par le
pouvoir qu'il tenait du Dieu Tout-Puissant, les yeux des aveugles s'ouvrirent
et l'âme des pécheurs fut sanctifiée.
Peut être qualifié de lèpre tout voile qui s'interpose entre l'homme et la reconnaissance
du Seigneur, son Dieu. Et quiconque s'exclut délibérément de Dieu est un lépreux
dont le souvenir ne sera point rappelé dans le royaume du Tout-Puissant, le Magnifié.
Nous attestons que, par le pouvoir du Verbe de Dieu, tout lépreux cessa d'être
impur, toute maladie fut guérie et toute infirmité humaine abolie. Il est celui
qui purifia le monde. Béni est l'homme qui se tourne vers lui avec un visage rayonnant
de lumière !
37. Kitab-i-Aqdas
Béni est l'homme qui professe la croyance en Dieu et en ses signes et qui reconnaît
"qu'il ne Lui sera pas demandé compte de ses actes". Dieu a fait de cette reconnaissance
l'ornement et le fondement même de toute croyance. C'est d'elle que dépend l'acceptation
de toute bonne action. Ne perdez point cela de vue, afin que les murmures du rebelle
ne vous fassent pas trébucher.
S'il décrétait licite ce qui fut interdit de temps immémorial et interdisait ce
qui fut depuis toujours considéré comme permis, nul n'aurait le droit de contester
son autorité. Quiconque hésiterait, ne serait-ce qu'un instant, devrait être considéré
comme transgresseur.
Quiconque ne reconnaît pas cette vérité sublime et fondamentale et ne peut atteindre
ce rang exalté sera agité par les vents du doute, et les propos des infidèles
troubleront son âme. Celui qui reconnaît ce principe sera doté de la plus parfaite
constance. Tout honneur va à ce rang très glorieux dont le souvenir orne chaque
tablette exaltée. Tel est l'enseignement que Dieu vous donne, qui vous délivrera
de toute espèce de doute et de perplexité, et qui vous permettra d'obtenir le
salut en ce monde et dans l'autre. Il est, en vérité, le Magnanime, le Très-Généreux.
38. À Muhammad Ibrahim-i-Khalil
Sache, à n'en point douter, qu'à chaque dispensation, la lumière de la révélation
divine est dosée aux hommes en raison directe de leur capacité spirituelle. Considère
le soleil. Combien faibles sont ses rayons quand il paraît à l'Orient, et comme
sa chaleur et sa puissance vont croissant à mesure qu'il approche de son zénith,
ménageant ainsi à toutes choses créées la possibilité de s'adapter à l'intensité
croissante de sa lumière. Et comme il décline graduellement jusqu'à ce qu'il atteigne
le point où il se couche. S'il manifestait tout d'un coup les énergies qui sont
en lui latentes, nul doute qu'il en résulterait un dommage pour toutes choses
créées. [...] De même, si dès les premiers stades de sa manifestation, le Soleil
de vérité révélait soudain la pleine mesure des forces dont l'a doté la providence
du Tout-puissant, la terre de l'intelligence humaine dépérirait et serait consumée,
car jamais le coeur des hommes ne pourrait soutenir l'intensité d'une telle révélation
ni, par conséquent, refléter l'éclat de sa lumière. Consternés et accablés, ils
cesseraient d'exister.
39. Suratu'd-Damm, à Muhammad-i-Zarandi
(Nabil-i-À'zam)
Loué sois-tu, ô Seigneur, mon Dieu, pour les merveilleuses révélations de ton
décret impénétrable et pour la multitude des maux et des épreuves que tu m'as
réservés. Tu m'as une fois livré aux mains de Nemrod, et tu as, une autre fois,
permis à Pharaon de me persécuter. Tu es seul à pouvoir estimer, par ta science
qui embrasse toutes choses et par l'opération de ta volonté, les afflictions incalculables
dont j'ai souffert en leurs mains. Tu m'as ensuite jeté dans la geôle réservée
aux impies, pour la seule raison que j'avais fait à l'oreille des habitants les
plus dignes de ton royaume une timide allusion à la vision que tu m'avais envoyée,
en m'en révélant par le pouvoir de ta puissance le sens intime et caché. Puis
tu as décrété que j'aurais la tête tranchée par l'épée des infidèles. Et j'ai
été de surcroît crucifié pour avoir dévoilé aux hommes les perles cachées de ta
glorieuse unité, et révélé à leurs yeux les signes merveilleux de ton pouvoir
souverain et éternel. Qu'amères furent plus tard les humiliations accumulées sur
ma tête dans la plaine de Karbila ! Quel fut, là, mon isolement au milieu de ton
peuple ! À quel état d'abandon y fus-je réduit ! Mais non contents de ces indignités,
mes persécuteurs me décapitèrent et, portant haut ma tête de pays en pays, ils
en firent parade devant la multitude des infidèles et la déposèrent en trophée
aux pieds des pervers et des mécréants. Ma poitrine fut, par la suite, offerte
en cible aux traits cruels de mes ennemis, mes membres criblés de balles, et tout
mon corps déchiré. Et vois comment, en ce jour, mes perfides ennemis se sont finalement
ligués contre moi et ne cessent de comploter en vue d'instiller dans l'âme de
tes serviteurs le venin de la malignité et de la haine. Ils font tout ce qui est
en leur pouvoir pour atteindre leur but. [...] Mais pour cruel que soit mon sort,
je te rends grâces, ô mon Dieu, et mon coeur est rempli de gratitude pour tout
ce qui m'est advenu dans le chemin de ton bon plaisir. Je suis heureux de tout
ce que tu as ordonné pour moi, et bienvenues me seront, si affligeantes qu'elles
puissent être, toutes les peines dont tu voudras encore m'accabler.
40. A un inconnu
Ô mon Bien-Aimé ! tu as insufflé en moi ton souffle, et tu m'as ainsi séparé de
moi-même. Puis, tu as décrété qu'au milieu des pervers et des envieux, il ne serait
laissé en moi qu'un faible reflet, un simple emblème de ta réalité. Vois comment,
trompés par cet emblème, ils se sont levés contre moi et ont amoncelé sur ma tête
leurs négations ! Découvre-toi donc, ô mon Bien-Aimé, et délivre-moi de mon malheureux
sort.
Alors une voix répondit: "J'aime, je chéris tendrement cet emblème. Comment pourrais-je
souffrir que mes yeux soient seuls à le voir, qu'aucun autre coeur que le mien
ne le reconnaisse ? Par ma beauté qui est la même que ta beauté, je voudrais plutôt
te cacher à mes propres yeux, et combien plus aux yeux des hommes !"
Je me préparais à répondre, quand soudain la tablette se trouva terminée, laissant
mon thème inachevé, et hors du collier la perle qui allait s'y ajouter.
41. À Abu'l-Hasan Fi'sh-Shin
Dieu m'est témoin, ô peuple ! J'étais endormi sur ma couche lorsque la brise divine,
passant sur moi, me tira de mon sommeil. Je me sentis ranimé par son esprit vivifiant
qui délia ma langue pour lancer son appel. Ne m'accusez pas d'avoir transgressé
l'ordre de Dieu. Ne me voyez pas par vos yeux, mais par les miens. Ainsi vous
adjure celui qui est le Très-Gracieux, l'Omniscient. Ô peuple, croyez-vous que
je revendique le pouvoir de contrôler la volonté et le dessein de Dieu ? Loin,
bien loin de moi pareille prétention ! Je l'atteste devant Dieu, le Tout-Puissant,
le Sublime, l'Omniscient, le Très-Sage: Le sort définitif de la foi divine eût-il
dépendu de moi seul, que je n'aurais jamais, de ma propre initiative, consenti
à me manifester devant vous ni permis qu'un seul mot tombât de mes lèvres. De
cela, Dieu lui-même m'est témoin.
42. Paroles cachées
Ô fils de justice ! À la nuit, la beauté de l'être immortel se rendit des hauteurs
émeraude de la fidélité au Sadratu'l-Muntaha et versa tant de larmes que l'assemblée
suprême et les habitants des royaumes célestes gémirent de ses lamentations. Et
comme on lui demandait: pourquoi ces pleurs et ces lamentations ? il répondit:
selon l'ordre reçu, j'attendais sur la colline de la loyauté, mais je n'ai pas
senti le parfum de la fidélité chez les habitants de la terre. Alors, invité à
repartir je regardais, et voilà que des colombes de sainteté étaient meurtries
entre les griffes des chiens de la terre. Sur ce, la Vierge céleste, sans voile
et resplendissante, se précipita hors de son palais mystique, demanda leurs noms
et tous furent donnés sauf un. Sur son insistance, la première lettre en fut prononcée.
Aussitôt, les habitants des retraites célestes s'élancèrent hors de leurs demeures
de gloire. Et tandis que la seconde lettre était énoncée, tous, sans exception,
se prosternèrent dans la poussière. Alors, sortant du saint des saints, une voix
se fit entendre: "jusque-là et pas plus loin !" En vérité, nous sommes témoins
de ce qu'ils ont fait et de ce qu'ils font encore.
43. Lawh-i-Dunya (Acre), à Mulla
'Ali Akbar-i-Ayadi et Abu'l-Hasan Amin
Ô Afnan, ô toi qui es issu de mon ancienne racine, sur toi demeurent à jamais
ma gloire et ma tendre bonté. Que vaste est le tabernacle de la cause de Dieu
! Il couvre de son ombre les peuples et les phratries de la terre, et le temps
n'est pas éloigné où il rassemblera sous sa protection l'humanité tout entière.
L'heure est maintenant venue pour toi de servir. D'innombrables tablettes attestent
les bienfaits dont tu fus gratifié. Lève-toi pour le triomphe de ma cause et,
par le pouvoir de ta parole, subjugue le coeur des hommes. Offre-leur ce qui doit
assurer la paix et le bien-être du pauvre et de l'opprimé, ceins tes reins en
vue de libérer le captif de ses chaînes et de le rendre capable d'atteindre à
la vraie liberté.
En ce jour, la justice se lamente sur son triste sort et l'équité gémit sous le
joug de l'oppression. Les épais nuages de la tyrannie assombrissent la face de
la terre et enveloppent tous ses peuples. Par le mouvement de notre plume de gloire,
nous avons, sur l'ordre du tout-puissant Ordonnateur des choses, insufflé dans
chaque être humain un renouveau de vie et instillé dans chaque mot une puissance
nouvelle. Toutes choses créées proclament les signes de cette régénération mondiale.
Telle est la grande, la joyeuse nouvelle qu'apporte à l'humanité la plume de cette
innocente victime. Pourquoi avez-vous peur, ô mes bien-aimés ? Qui pourrait vous
effrayer ? La moindre humidité suffit à dissoudre la glaise durcie dans laquelle
est modelée cette génération perverse. Le seul fait de vous rassembler suffit
à briser les forces de ces êtres méprisables et vains. [...]
Tout homme éclairé reconnaîtra volontiers en ce jour que les conseils révélés
par la plume de cet Opprimé constituent la puissance animatrice suprême pour l'évolution
du monde et l'exaltation de ses peuples. Ô peuples, levez-vous et, par le pouvoir
de la puissance de Dieu, prenez la résolution de vaincre votre ego, dans l'espoir
qu'un jour la terre entière soit sanctifiée et libérée de la servitude où la tiennent
les dieux de ses vaines chimères - dieux qui ont infligé de si grandes pertes
à leurs malheureux adorateurs et qui sont responsables de leur misère. Ces idoles
constituent l'obstacle qui freine l'homme dans ses efforts pour avancer dans la
voie de la perfection. Nous caressons l'espoir que la Main de la puissance divine
vienne en aide à l'humanité et la délivre de son état de profonde humiliation.
Dans une des tablettes, ces mots furent révélés: Ô peuple de Dieu ! oubliez vos
propres soucis ; que vos pensées soient fixées sur ce qui réhabilitera le destin
de l'humanité et sanctifiera le coeur et l'âme des hommes. La meilleure façon
d'y parvenir est de poser des actes purs et saints, de mener une vie vertueuse
et d'avoir un comportement noble. Des actes valeureux assureront le triomphe de
cette cause, et un saint caractère renforcera sa puissance. Attachez-vous à la
droiture, ô peuple de Baha ! Tel est, pour chacun d'entre vous, le commandement
que cet Opprimé vous donne et le choix premier de sa volonté incoercible.
Ô mes amis ! il vous appartient de rafraîchir et de raviver vos âmes par les gracieuses
faveurs qui pleuvent sur vous en cet émouvant printemps divin. Le soleil de sa
grande gloire a posé ses rayons sur vous et les nuages de sa grâce sans limite
vous couvrent de leur ombre. Quelle est prodigue la récompense de celui qui ne
se prive pas d'une si grande munificence, et qui ne manque pas de reconnaître,
en sa nouvelle parure, la beauté de son Bien-Aimé ! Veillez, car le Malin est
là, qui attend, prêt à vous prendre au piège. Protégez-vous de ses artifices perfides
et, guidés par la lumière du nom de Dieu, le Clairvoyant, sortez des ténèbres
qui vous environnent. Que votre vision soit universelle plutôt que confinée à
vous-mêmes. Le Malin est celui qui entrave l'essor et le progrès spirituel des
enfants des hommes.
En ce jour, il incombe à tout homme de s'attacher à ce qui est propre à servir
les intérêts et à exalter la condition de toutes les nations et de tout gouvernement
juste. Chacun des versets révélés par la Plume du Très-Haut a grand ouvert les
portes de l'amour et de l'unité à la face des hommes. Nous avons déjà déclaré
- et notre parole est la vérité: "Fréquentez les fidèles de toutes les religions
dans un esprit d'amitié et de camaraderie." Tout ce qui était une cause d'éloignement,
de trouble et de discorde entre les enfants des hommes est annulé et aboli par
la révélation de ces paroles. Le plus puissant instrument d'éducation de l'espèce
humaine a été envoyé du ciel de la volonté divine pour ennoblir le monde de l'existence
et élever l'âme et l'esprit des hommes. Et de ce ciel de la volonté du Dieu éternel
et tout-puissant, sont descendues, par cette puissante révélation, la plus pure
essence et l'expression la plus parfaite de tout ce qui a été dit ou écrit dans
le passé. Il a été jadis révélé: "L'amour de la patrie est un élément de la foi
en Dieu." Mais au jour de sa manifestation, la Langue de grandeur proclame: "La
gloire n'est pas pour celui qui aime son pays mais pour celui qui aime le monde
entier." Par la puissance que dégagent ces paroles sublimes, il a donné et imprimé
aux mouvements ailés du coeur de l'homme une impulsion et une orientation nouvelles,
et du même coup effacé du saint Livre de Dieu toute trace de restriction et de
limitation.
Ô peuple de justice ! brillez comme la lumière et resplendissez comme le feu qui
brûlait dans le Buisson ardent. L'éclat du feu de votre amour ne peut que réunir
et unifier les peuples et les familles de la terre qui s'affrontent, alors que
la fureur de la flamme de l'inimitié et de la haine ne peut qu'entraîner conflit
et ruine. Nous prions Dieu qu'il garde ses créatures des mauvais desseins de ses
ennemis. Il a, en vérité, pouvoir sur toutes choses.
Toute louange au seul vrai Dieu - exaltée soit sa gloire ! - pour avoir, par la
Plume du Très-Haut, ouvert la porte du coeur des hommes. Chacun des versets révélés
par cette Plume est un brillant portail qui montre les gloires d'une vie sainte
et pieuse, et d'actes purs et sans tache. Nos appels et notre message n'ont jamais
été destinés au bénéfice exclusif de tel pays ou de tel peuple. C'est toute l'humanité
qui doit adhérer fermement à ce qui lui a été révélé et octroyé. Alors, et alors
seulement, elle atteindra à la vraie liberté. Toute la terre est illuminée de
la gloire resplendissante de la révélation divine. Celui qui, en l'an soixante,
fut le héraut de la lumière de la direction divine - puisse toute la création
lui être offerte en sacrifice ! -, se leva pour annoncer une révélation nouvelle
de l'Esprit divin ; vingt ans plus tard, il fut suivi par l'arrivée de celui dont
la venue faisait du monde le bénéficiaire de cette gloire promise, de cette merveilleuse
faveur. Admirez comment toute l'humanité a été dotée de la capacité d'entendre
la parole sublime de Dieu, de laquelle dépendent le rassemblement et la résurrection
spirituelle de tous les hommes. [...]
Ouvrez vos coeurs, ô peuple de Dieu, aux conseils de votre véritable, votre incomparable
Ami. La parole de Dieu peut être comparée à un jeune arbre dont les racines plongent
dans le coeur des hommes. Il vous appartient de favoriser sa croissance par les
eaux vivifiantes de la sagesse, par des paroles saintes et sanctifiées, afin que
ses racines puissent s'ancrer fermement et ses branches se déployer aussi haut
que le ciel, et au-delà.
Ô vous qui vivez sur la terre ! le trait marquant du caractère prééminent de cette
révélation suprême est que nous avons, d'une part, effacé des pages du Livre saint
de Dieu tout ce qui était la cause de conflits, de malveillances et de troubles
parmi les enfants des hommes et que, d'autre part, nous avons posé les principes
essentiels de la concorde, de la compréhension, de l'unité complète et durable.
Heureux ceux qui observent mes ordonnances.
À maintes reprises, nous avons adjuré nos aimés d'éviter, mieux, de fuir tout
ce qui peut avoir des relents de discorde. Le monde est en désarroi et la dernière
confusion règne dans l'esprit de ses habitants. Nous implorons le Tout-Puissant
pour qu'il les illumine, par sa grâce, de la gloire de sa justice et leur permette
de découvrir ce qui leur sera profitable en tous temps et en toutes circonstances.
Il est en vérité l'Omnipossédant, le Très-Haut.
44. À Isma'il (de Zarqan)
Ne rejetez pas la crainte de Dieu, ô doctes du monde, et jugez avec équité la
cause de cet illettré dont tous les Livres de Dieu, le Protecteur, l'Absolu, se
sont portés garants. [...] La peur de déplaire à celui qui n'a ni pair ni égal
ne vous éveillera-t-elle point ? Jamais celui à qui l'on a fait tort ne s'est
mêlé à vous. Il n'a jamais étudié vos écrits, ni participé à vos disputes. Le
vêtement même qu'il porte, ses boucles flottantes, sa coiffure attestent la vérité
de ses paroles. Jusqu'à quand persisterez-vous dans votre injustice ? Voyez la
demeure imposée à celui qui est l'incarnation de la justice. Ouvrez les yeux,
considérez quel est son sort et méditez avec application sur ce que vos mains
ont accompli, afin de n'être pas privés de la lumière de son verbe divin, ni frustrés
de votre part de l'océan de sa science.
Certains parmi les grands de ce monde et parmi le bas peuple ont objecté que cet
Opprimé n'appartient pas à l'ordre ecclésiastique ni ne descend du prophète. Dis:
Ô vous qui vous dites justes ! réfléchissez un instant et vous reconnaîtrez que
son état est infiniment exalté au-dessus de celui que vous prétendez qu'il devrait
posséder. La volonté du Tout-Puissant a décrété que ce serait d'une maison entièrement
dépourvue de tout ce que possèdent les religieux, docteurs, sages et savants que
sa cause procéderait et se manifesterait.
Le souffle de l'Esprit divin l'ayant réveillé, lui ordonna de se lever pour proclamer
sa révélation. Et voici qu'à peine tiré de son sommeil, il éleva la voix et appela
à Dieu, le Seigneur des mondes, l'humanité tout entière. Nous avons été incité
à révéler ces paroles en considération de la faiblesse et de la fragilité des
hommes ; autrement, la cause que nous proclamons est telle qu'aucune plume ne
pourrait la décrire ni aucun esprit en concevoir la grandeur. De cela porte témoignage
celui qui possède le Livre Mère.
45. À Muhammad Qabl-i-Rida
Celui qui est la Beauté ancienne s'est laissé charger de chaînes pour que l'humanité
soit libérée de son esclavage, et il a accepté d'être emprisonné dans cette puissante
forteresse pour que le monde entier parvienne à la vraie liberté. Il a bu jusqu'à
la lie le calice du chagrin afin que tous les peuples de la terre atteignent à
la joie éternelle et soient remplis d'allégresse ; ceci est dû à la miséricorde
de votre Seigneur, le Compatissant, le Très-Miséricordieux. Nous avons, ô croyants
en l'unité de Dieu, accepté d'être abaissé pour que vous soyez exaltés, et nous
avons souffert une multitude d'afflictions pour que vous deveniez florissants
et prospères. Or, voyez comment ceux qui donnent des associés à Dieu ont forcé
d'habiter la plus désolée des cités celui-là même qui est venu reconstruire le
monde.
46. À Mirza 'Ali-Naqi
Je ne me plains pas du fardeau de mon emprisonnement, ni ne m'afflige de mon abaissement
ou de la souffrance que j'endure aux mains de mes ennemis. Par ma vie, c'est là
ma gloire, une gloire dont le Seigneur a orné son propre Soi, si vous le saviez
!
L'affront qu'on m'a fait subir a révélé la gloire dont la création est investie.
Et par les cruautés que j'ai subies, le soleil de la justice se manifeste et répand
sa splendeur sur les hommes.
J'ai de la peine pour ceux qui, s'abandonnant à leurs passions corrompues, prétendent
pourtant s'associer à la foi de Dieu, le Clément, le Loué.
Il convient au peuple de Baha de mourir au monde et à tout ce qu'il contient,
d'être si détaché des choses terrestres que les habitants du paradis respirent
sur leurs vêtements le délicieux parfum de la sainteté, et que tous les peuples
reconnaissent sur leurs visages l'éclat du Très-Miséricordieux ; ainsi, ils pourront
répandre au loin les signes de Dieu, le Tout-Puissant, le Très-Sage. Ils sont
manifestement dans l'erreur ceux qui, cédant aux inclinations de la chair, ont
terni le beau nom de la cause de Dieu.
47. A un inconnu
Ô juifs ! si vous voulez crucifier une seconde fois Jésus, l'Esprit de Dieu, mettez-moi
à mort, car il s'est, en ma personne, manifesté à vous une fois de plus. Traitez-moi
comme il vous plaira, car j'ai fait voeu de sacrifier ma vie dans le chemin de
Dieu. Je ne crains personne, même si toutes les puissances de la terre se liguent
contre moi. Et vous, disciples de l'Évangile, s'il vous plaît de tuer Muhammad,
l'Apôtre de Dieu, saisissez-vous de moi et mettez-moi à mort, car je suis lui
et ma personne est identique à sa personne. Traitez-moi selon votre bon plaisir,
car la plus profonde aspiration de mon coeur est d'accéder à la présence de mon
Bien-Aimé, dans son royaume de gloire. Tel est le divin décret, si vous voulez
le savoir. Et vous, disciples de Muhammad, si vous vous sentez le désir de cribler
de traits la poitrine de celui qui vous a révélé son livre, le Bayan, portez les
mains sur moi et persécutez-moi car je suis son Bien-Aimé, la manifestation de
sa propre personne, quoique mon nom ne soit pas son nom. Je suis venu enveloppé
des nuées de la gloire et Dieu m'a investi d'une souveraineté invincible. En vérité,
il est le Vrai, le Connaisseur des choses cachées. J'attends de vous le traitement
que vous avez accordé à celui qui est venu avant moi. De cela toutes choses portent
témoignage, si vous êtes de ceux qui écoutent. Et vous, enfin, disciples du Bayan,
si vous avez résolu de verser le sang de celui dont le Bab a proclamé la venue,
de qui Muhammad a prophétisé l'avènement après que Jésus-Christ lui-même en eut
annoncé la révélation, me voici devant vous, tout prêt et sans défense. Agissez
envers moi selon votre bon plaisir.
48. À Jinab-i-Mirza Dhabih
Dieu m'en est témoin ! Si je n'allais pas ainsi à l'encontre de ce qu'ont décrété
les tablettes divines, je baiserais volontiers les mains de quiconque voudrait
répandre mon sang dans le chemin du Bien-Aimé. De surcroît, je lui ferais don
d'une part des biens terrestres que Dieu m'a permis de posséder, bien que celui
qui accomplirait un tel acte provoquerait la colère divine, encourrait sa malédiction
et mériterait d'être tourmenté durant l'éternité de Dieu, l'Omnipossédant, l'Équitable,
le Très-Sage.
49. A un inconnu
Sachez, en vérité, que toutes les fois que cet Adolescent tourne les yeux vers
lui-même, il se juge l'être le plus insignifiant de toute la création. Mais lorsqu'il
contemple le resplendissant éclat qu'il a reçu le pouvoir de manifester, son être
se transfigure à ses yeux en une souveraine puissance imprégnant l'essence de
toutes choses, tant visibles qu'invisibles. Gloire à celui qui, par le pouvoir
de la vérité, a envoyé la manifestation de son propre Soi, et l'a chargée de porter
son message à toute l'humanité.
50. À 'Ali-Muhammad-i-Siraj
Ô nonchalants, sortez du sommeil de la négligence, pour contempler l'éclat que
sa gloire a répandu à travers le monde. Insensés, ceux qui jugent prématurée la
venue de sa lumière ! Ô aveugles, tardives ou précoces, les preuves de sa gloire
resplendissante sont maintenant manifestes. Il vous incombe seulement de vérifier
si cette lumière est, ou non, apparue. Il n'est ni en votre pouvoir ni au mien
de fixer l'heure de sa manifestation. La sagesse impénétrable de Dieu en a, d'avance,
déterminé le temps. Ô peuple, contentez-vous de ce que Dieu a voulu pour vous
et à quoi il vous a prédestinés. [...] Ô vous qui me voulez du mal ! le soleil
de la Voie éternelle m'est témoin que s'il n'eût dépendu que de moi, je n'aurais
jamais consenti à me distinguer parmi les hommes, car le nom que je porte dédaigne
totalement de se mêler à cette génération de langues souillées et de coeurs perfides.
Mais chaque fois que je voulus garder le silence et me tenir en paix, voilà que
j'entendis, à ma droite, l'appel de l'Esprit Saint et que l'Être suprême parut
devant moi ; Gabriel me couvrit de son ombre et l'Esprit de gloire, s'agitant
dans ma poitrine, m'ordonna de me lever et de rompre le silence. Si votre ouïe
était purifiée et vos oreilles attentives, vous sentiriez que tous les membres
de mon corps, que dis-je ! tous les atomes de mon être portent témoignage de la
vérité de cette proclamation: "Hormis Dieu, il n'est point d'autre Dieu, et celui
dont la beauté est aujourd'hui manifeste est le reflet de sa gloire aux yeux de
tous ceux qui sont au ciel et sur la terre."
51. À Aqa Siyyid Muhammad-i-Ard-i-Ya
Ô peuple, je le jure par le seul vrai Dieu ! Voici l'Océan d'où procèdent toutes
mers et auquel toutes mers seront finalement réunies. De lui, tous les soleils
furent engendrés, et à lui tous retourneront. Par sa puissance, les arbres de
la révélation divine ont donné leurs fruits, dont chacun fut envoyé en la personne
d'un prophète, porteur d'un message aux créatures de Dieu dans chacun des innombrables
mondes qu'en son universelle science, Dieu seul est capable de compter. Et tout
cela, il l'a accompli par le moyen d'une seule lettre de son Verbe, lettre révélée
par sa plume que dirigeait son doigt soutenu par le pouvoir de la divine vérité.
52. Lawh-i-Ashraf (Acre)
Dis: Ô peuple ! ne vous refusez pas la grâce de Dieu et sa miséricorde. Quiconque
les rejette en éprouve la perte cruelle. Quoi ! vous adorez la poussière et vous
vous détournez de votre Seigneur, le Clément, le Très-Généreux ! Craignez Dieu
et ne soyez pas de ceux qui périssent. Dis: Le livre de Dieu est envoyé en la
personne de cet Adolescent. Sanctifié soit Dieu, le plus excellent des Créateurs
! Gardez-vous, ô peuples du monde, de vous détourner de sa face. Au contraire,
hâtez-vous d'accéder à sa présence et d'être de ceux qui lui sont revenus. Implorez
le pardon pour avoir failli à votre devoir envers Dieu, pour avoir péché contre
sa cause, et ne soyez pas du nombre des insensés. C'est lui qui vous a créés,
lui qui a nourri vos âmes par sa Cause et qui vous a rendus capables de reconnaître
celui qui est le Tout-Puissant, l'Exalté, l'Informé. C'est lui encore qui a dévoilé
à vos yeux les trésors de sa science et vous a fait monter au ciel de la certitude
de sa foi irrésistible, irréfutable et sublime. Veillez à ne pas vous priver de
la grâce de Dieu, à ne pas réduire vos oeuvres à néant, à ne pas répudier cette
révélation évidente, noble, brillante et glorieuse. Jugez avec équité la cause
de Dieu, votre Créateur, voyez ce qui est envoyé du trône céleste, et méditez
d'un coeur sanctifié et innocent. Alors, la vérité de cette cause vous apparaîtra
aussi manifeste que la gloire du soleil en plein midi. Alors, vous serez du nombre
de ceux qui ont cru en lui.
Dis: La toute première preuve de sa vérité est sa propre personne. Vient ensuite
sa révélation. Et pour ceux qui ne reconnaissent ni l'une ni l'autre, il a choisi
les paroles qu'il a révélées en témoignage même de sa réalité et de sa vérité.
Voilà une manifestation de sa tendre miséricorde envers les hommes. Il a doté
toute âme de la capacité de reconnaître les signes de Dieu. Autrement, comment
eût-il tenu la promesse qu'il avait faite aux hommes ? Il n'est injuste envers
personne et ne charge aucune âme au-delà de ce qu'elle peut supporter. Il est,
en vérité, le Compatissant, le Très-Miséricordieux.
Dis: Si grande est la gloire de la cause de Dieu que même les aveugles peuvent
la percevoir, et à plus forte raison ceux-là dont la vue est aiguë et la vision
pure. Pour incapables qu'ils soient de percevoir la lumière du soleil, les aveugles
n'en sentent pas moins la chaleur qu'il dispense. Mais ceux qui, parmi les partisans
du Bayan, sont aveugles de coeur se trouvent incapables, aussi longtemps que le
soleil brille sur eux, de percevoir l'éclat de sa gloire et de sentir la chaleur
de ses rayons, et de cela Dieu m'est témoin.
Dis: Ô peuple du Bayan ! vous avez été choisis dans le monde pour connaître et
reconnaître notre Personne. Nous vous avons amenés du côté droit du paradis, tout
près du lieu sacré d'où, en de multiples accents, le feu immortel s'écrie: "Il
n'est pas d'autre Dieu que moi, le Tout-Puissant, le Très-Haut." Prenez garde
de ne pas vous fermer, comme par un voile, aux rayons de ce Soleil qui brille
au-dessus de l'Orient de la volonté de votre Seigneur, le Très-Miséricordieux,
et dont la lumière a tout ensemble embrassé les petits et les grands de la terre.
Clarifiez votre vue de telle sorte que vous puissiez percevoir sa gloire de vos
propres yeux, sans dépendre à cet égard d'aucun autre que de vous-même, car Dieu
n'a jamais chargé aucune âme au-delà de ce qu'elle pouvait supporter. Voilà ce
qui fut transmis aux prophètes et aux messagers de l'ancien temps et ce qui se
trouve rapporté dans les Écritures.
Efforcez-vous d'obtenir l'accès à cette immensité que Dieu a voulue sans commencement
ni fin, où sa voix s'élève et sur laquelle soufflent les brises délicieuses de
sainteté et de gloire. Ne vous dépouillez point du vêtement de grandeur, ne souffrez
pas que vos coeurs soient frustrés de ne pas se souvenir de votre Seigneur ni
que vos oreilles soient privées d'entendre les douces mélodies de sa voix claire
et persuasive.
53. Lawh-i-Nasir (Acre)
Ô Nasir, ô mon serviteur ! Dieu, l'éternelle Vérité, m'en est témoin. En ce jour,
le céleste Adolescent élève, au-dessus de la tête des hommes, le calice de l'immortalité.
Il se tient sur son siège dans l'attente, se demandant quel oeil reconnaîtra sa
gloire et quel bras résolu se tendra pour saisir, de sa main blanche comme la
neige, la coupe de vie pour y boire longuement. Un petit nombre seulement se sont
jusqu'ici désaltérés à cette douce et incomparable grâce de l'ancien Roi. Ceux-là
occupent les plus hautes demeures du paradis et sont fermement installés sur les
sièges d'autorité. Par la justice de Dieu ! ni les miroirs de sa gloire, ni les
révélateurs de ses noms, ni aucune chose créée, qui a été ou qui sera, ne pourront
jamais les dépasser. Puissiez-vous le comprendre !
Ô Nasir, l'excellence de ce jour dépasse immensément la compréhension des hommes,
si étendues que soient leurs connaissances et profond leur entendement ; et comme
elle dépasse encore plus les vaines imaginations de ceux qui se sont égarés loin
de sa lumière et ont été tenus éloignés de sa gloire ! Si tu déchirais le voile
qui t'aveugle grièvement, tu contemplerais une générosité que rien n'a égalé ni
n'égalera jamais et à quoi rien n'a ressemblé ni jamais ne ressemblera, depuis
le commencement qui n'a pas de commencement jusqu'à la fin qui n'a pas de fin.
Quel langage devrait parler l'interprète de Dieu pour que ceux qu'un voile sépare
de lui reconnaissent sa gloire ? Les justes qui habitent le royaume céleste boiront
en abondance le vin de sainteté en mon nom, le Très-Glorieux. Et nul autre qu'eux
n'aura part à ce bienfait.
54. À Q-Jinab-i-Muhammad
Par la droiture de Dieu, mon Bien-Aimé ! je n'ai jamais aspiré à aucun pouvoir
temporel. Mon seul objet est de donner aux hommes ce que je suis chargé de leur
remettre par Dieu, le Généreux, l'Incomparable, afin que cela les détache de tout
ce qui appartient à ce monde et les élève à des hauteurs que l'impie ne peut concevoir
ni l'obstiné imaginer.
55. Lawh-i-Ard-i-Ta (aux amis baha'is)
Souviens-toi, ô Terre de Ta [Téhéran], des jours anciens où ton Seigneur avait
fait de toi le siège de son trône et t'avait enveloppée de l'éclat de sa gloire.
Combien furent nombreux ces êtres sanctifiés, ces symboles de certitude qui, dans
leur grand amour, te sacrifièrent leur vie et tout ce qu'ils possédaient. Joie
pour toi, et bonheur pour ceux qui t'habitent ! Car de toi, je l'atteste, - et
tout coeur éclairé le sait bien - procède le souffle de vie de celui qui est le
Désir du monde. En toi, l'Invisible est révélé, et de toi est tiré au jour ce
qui était caché aux yeux des hommes. Parmi la multitude de tes bien-aimés qui
versèrent leur sang au-dedans de ton enceinte et dont la poussière repose en ton
sol, quel est celui dont nous rappellerons en ce jour le souvenir ? Les doux parfums
de Dieu n'ont cessé et ne cesseront jamais d'être répandus sur toi. Notre plume
se sent poussée à commémorer ton souvenir et à exalter les victimes de la tyrannie,
ces hommes et ces femmes qui dorment sous ton sol.
Parmi eux est notre propre soeur, dont nous rappelons aujourd'hui le souvenir
en signe de notre fidélité à sa mémoire, et en gage de la tendresse que nous lui
gardons. Que lamentable fut son sort ! Et avec quelle résignation elle retourna
à son Dieu ! Nous seul pouvons le savoir, de qui la connaissance embrasse toutes
choses.
Ô Terre de Ta, par la grâce de Dieu tu es encore un centre autour duquel s'assemblent
ses bien-aimés. Heureux sont-ils, heureux tous ceux qui, lors des souffrances
qu'ils endurent dans la voie de Dieu, le Seigneur de ce jour merveilleux, cherchent
en toi leur refuge ! Bénis ceux qui n'oublient pas le seul vrai Dieu, qui magnifient
son nom et s'efforcent de servir sa cause. C'est à de tels hommes que se réfèrent
les anciens Livres sacrés. C'est à eux que le Commandeur des fidèles a prodigué
sa louange en disant: "La bénédiction qui les attend dépasse la bénédiction dont
nous jouissons aujourd'hui.". Il a dit ainsi la vérité, et nous en portons témoignage.
Toutefois, la gloire de leur condition n'est pas encore dévoilée. Mais la main
du pouvoir divin lèvera certainement le voile et exposera à la vue des hommes
ce qui est propre à réjouir et à éclairer l'oeil du monde tout entier.
Rendez grâces à Dieu, l'éternelle Vérité - exaltée soit sa gloire ! - pour avoir
obtenu de lui une faveur si merveilleuse et vous trouver ainsi ornés de la parure
de sa louange. Appréciez tout le prix de ces jours, et attachez-vous à tout ce
qui convient à cette révélation. Il est, en vérité, le Conseiller, le Compatissant,
l'Omniscient.
56. Kitab-i-Aqdas
Que rien ne t'attriste, ô terre de Ta [Téhéran], car Dieu t'a choisie pour être
la source de joie de toute l'humanité. Si telle est sa volonté, il bénira ton
trône en la personne de celui qui gouvernera avec justice et rassemblera le troupeau
de Dieu dispersé par les loups. Un tel souverain se tournera dans la joie et l'allégresse
vers le peuple de Baha, et il étendra sur lui ses faveurs. En vérité, il est,
aux yeux de Dieu, comme un joyau parmi les hommes. Sur lui reposent pour toujours
la gloire de Dieu et la gloire de tous ceux qui demeurent dans le royaume de sa
révélation.
Que la joie t'inonde car Dieu, en faisant naître en tes murs la Manifestation
de sa gloire, a fait de toi "l'aube de sa lumière". Sois heureuse de ce nom qui
t'a été conféré, un nom, par lequel le Soleil de grâce répand sa splendeur, par
lequel la terre et le ciel sont illuminés.
Avant longtemps, l'état de tes affaires changera et les rênes du pouvoir passeront
aux mains du peuple. En vérité, ton Seigneur est l'Omniscient. Son autorité embrasse
toutes choses. Sois assurée de la bienveillante faveur de ton Seigneur. L'oeil
de sa tendre bonté est, pour l'éternité, fixé sur toi. Le jour approche où ton
agitation se transformera en paix et en tranquillité. Ainsi en est-il décrété
dans le Livre merveilleux.
57. Lawh-i-Hajj (Andrinople), à
Muhammad-i-Zarandi (Nabil-i-A'zam)
Après avoir quitté la cour de ma présence, dirige, ô Muhammad, tes pas vers ma
maison, [la maison de Bagdad] et visite-la de la part de ton Seigneur. Quand tu
en atteins le seuil, arrête-toi et dis: Ô toi, très grande maison de Dieu ! qu'est
devenue la Beauté antique, par qui tu devins, selon la volonté de Dieu, le point
central d'adoration du monde et qui t'a choisie comme le signe de son souvenir
pour tous ceux qui sont sur la terre et dans les cieux ? Oh ! ces jours d'autrefois
où toi, maison de Dieu, tu devins son marchepied, ces jours où tu résonnais des
accents ininterrompus de la mélodie du Très-Miséricordieux ! Qu'est-il advenu
de ton joyau dont la gloire irradiait toute la création ? Où sont les jours où
lui, l'ancien Roi, avait fait de toi le trône de sa gloire, les jours où il t'avait
choisie entre toutes pour être la lampe rédemptrice entre le ciel et la terre,
et pour répandre, à l'aube et le soir, le suave parfum du Très-Glorieux ?
Ô maison de Dieu, où est le Soleil de puissance et de majesté qui t'avait enveloppée
de l'éclat de sa présence ? Où est l'aube des tendres miséricordes de ton Seigneur,
l'Indépendant, qui avait établi son siège en ton enceinte ? Ô trône de Dieu, qu'est-ce
qui a pu ainsi altérer ton aspect et faire trembler tes piliers ? Qu'est-ce qui
a fermé ta porte à la face de ceux qui te cherchaient avidement ? Qu'est-ce qui
t'a réduite à une telle désolation ? T'aurait-on dit que le Bien-Aimé est en fuite
devant les épées de ses ennemis ? Que le Seigneur te bénisse et qu'il bénisse
la fidélité que tu lui as gardée en demeurant sa compagne à travers ses malheurs
et ses souffrances.
J'atteste que tu es le théâtre de sa gloire transcendante et sa plus sainte habitation.
De toi est parti ce souffle du Très-Glorieux qui a passé sur toute la création
et rempli de joie le coeur des croyants habitant les demeures du paradis. L'Assemblée
suprême et ceux qui occupent les cités des noms de Dieu pleurent sur toi et se
lamentent sur les malheurs qui te sont advenus.
Tu es toujours le symbole des noms et attributs du Tout-Puissant, le point où
se dirigent les regards du Seigneur de la terre et des cieux. Il t'est arrivé
ce qui arriva à l'arche d'alliance où le gage de sécurité donné par Dieu se trouvait
enfermé. Heureux qui saisit le sens de ces paroles et reconnaît le dessein de
celui qui est le Seigneur de toute la création.
Heureux ceux qui respirent les doux parfums du Miséricordieux se dégageant de
toi ! Heureux ceux qui reconnaissent ton éminence, sauvegardent ta sainteté et
révèrent en tout temps ta condition. Nous supplions le Tout-Puissant de permettre
à ceux qui se sont détournés de toi et ont ainsi été incapables d'apprécier ta
valeur, de finalement te reconnaître, ainsi que celui qui, par le pouvoir de la
vérité, t'a élevé à de si hauts sommets. En vérité, ils ne te voient pas et te
méconnaissent totalement en ce jour. Ton Seigneur est véritablement le Bienveillant,
le Clément.
J'atteste que, par toi, Dieu éprouve le coeur de ses serviteurs. Béni l'homme
qui dirige vers toi ses pas et te visite ! Et malheur à qui nie ton droit, se
détourne de toi, déshonore ton nom et profane ta sainteté.
Ne t'afflige pas, ô maison de Dieu, si le voile de ta sainteté est déchiré par
la main des infidèles. Dans le monde de la création, Dieu t'a ornée du joyau de
son souvenir. Et c'est là une parure qu'aucun homme ne pourra jamais profaner.
Vers toi, en toutes circonstances, les yeux de ton Seigneur resteront dirigés.
En vérité, il tendra l'oreille à la prière de tous ceux qui te visiteront, qui
graviteront autour de toi et l'appelleront en ton nom. Il est, en vérité, le Clément,
le Miséricordieux.
Ô mon Dieu, par cette maison qui a subi de si grands changements depuis ton départ,
se plaint d'être loin de ta présence et se lamente sur tes tribulations, je te
supplie de nous pardonner, à moi, à mes parents et à mes proches, ainsi qu'à tous
ceux de mes frères qui ont cru en toi. Ô toi qui es le Roi des noms, daigne, par
ta générosité, pourvoir à tous mes besoins. Tu es le plus Généreux d'entre les
généreux, le Seigneur de tous les mondes.
58. À Zaynu'l-Muqarrabin
Rappelle-toi ce qui fut révélé à Mihdi, notre serviteur, la première année de
notre exil en la Terre du mystère [Andrinople]. Nous lui prédîmes alors ce qui
devait arriver, dans les jours à venir, à notre maison de Bagdad, afin qu'il ne
se chagrinât point des actes de violence et de pillage dont elle avait déjà été
l'objet. En vérité, le Seigneur, ton Dieu, sait tout ce qui est dans les cieux
et tout ce qui est sur la terre.
Nous lui écrivîmes: "Ce n'est pas là la première humiliation infligée à ma maison.
Les indignités furent autrefois accumulées sur elle par la main de l'oppresseur.
Et elle sera, en vérité, dans le temps qui vient, si profanée que les larmes en
couleront de tous les yeux doués de discernement." Ainsi, te découvrons-nous des
choses cachées sous le voile et que peut seul connaître Dieu, le Tout-Puissant,
le Loué. Mais une fois les temps accomplis, Dieu, par le pouvoir de la vérité,
exaltera cette maison aux yeux des hommes. Il en fera l'étendard de son royaume,
le sanctuaire autour duquel se pressera la foule des fidèles. Ainsi parle le Seigneur,
ton Dieu, avant que n'arrive le jour des lamentations. Nous te donnons cette révélation
dans notre sainte tablette, afin que tu ne t'affliges pas de ce que les assauts
des ennemis ont fait subir à notre maison. Toute louange à Dieu, l'Omniscient,
le Très-Sage !
59. A un inconnu
Tout esprit exempt de préjugé admettra sans peine que depuis l'aube de sa révélation,
cet Opprimé invite toute l'humanité à se tourner vers l'Aurore de gloire et proscrit
la corruption, la haine, l'oppression et la cruauté. Et voyez cependant ce qu'ont
accompli les mains de l'oppresseur. Aucune plume n'oserait décrire sa tyrannie.
Bien que celui qui est l'éternelle Vérité ait voulu conférer à tous les hommes
la vie éternelle et assurer la sécurité et la paix, voyez comme ils se sont levés
pour répandre le sang de ceux qu'il aime et prononcer contre lui la sentence de
mort.
Les instigateurs de cette oppression sont ceux-là mêmes qui, bien qu'insensés,
sont réputés sages entre les sages. Tel est leur aveuglement qu'avec une grande
dureté ils le jetèrent dans cette désolante prison-forteresse, alors que le monde
est créé pour ceux qui servent à son seuil. Mais malgré ces derniers, et malgré
ceux qui ont répudié la vérité de cette "grande proclamation", le Tout-Puissant
a transformé pour nous cette prison en un sublime paradis, en vérité, le Paradis
des paradis.
Nous n'avons pas refusé les assistances d'ordre matériel qui pouvaient soulager
nos afflictions. Mais chacun de nos compagnons nous rendra ce témoignage que notre
cour sainte reste bien au-dessus de ces bienfaits matériels. Nous n'en avons pas
moins, en cette prison, accepté de nos amis ce dont les infidèles s'efforçaient
de nous priver. Et s'il se trouve un homme qui souhaite élever, en notre nom,
un temple d'or et d'argent pur, ou quelque maison sertie de pierres d'inestimable
valeur, nul doute que son désir ne s'accomplisse. En vérité, il fait ce qu'il
veut et ordonne ce qui lui plait. Libre, de plus, à qui le voudra, de construire
à travers ce pays de nobles et imposants édifices et de dédier au culte du seul
vrai Dieu - exaltée soit sa gloire ! - les territoires qui bordent et avoisinent
le Jourdain, en sorte que s'accomplissent les prophéties enregistrées dans les
saintes Écritures par la Plume du Très-Haut, et que le dessein de Dieu dans cette
sublime, puissante et merveilleuse révélation, soit rendu manifeste.
Nous avons jadis prononcé ces paroles: "Étends ton manteau, ô Jérusalem !". Méditez-les,
ô peuple de Baha, et rendez grâce à votre Seigneur, l'Exégète, l'Evidence même.
Si les mystères qui ne sont encore connus que de Dieu étaient dévoilés, toute
l'humanité contemplerait les preuves de la plus parfaite justice. Guidés par une
absolue certitude, tous les hommes s'attacheraient aux commandements divins et
les observeraient strictement. Nous avons, dans notre livre, décrété qu'une magnifique
récompense serait le prix de quiconque se détournerait du mal pour mener une vie
sainte et chaste. Il est, en vérité, le Donateur suprême, le Très-Généreux.
60. Lawh-i-Sahab (Acre)
Ma captivité n'a pour moi rien d'infamant. Par ma vie, elle me confère la gloire
. Ce qui peut me faire honte, c'est la conduite de ceux de mes disciples qui professent
qu'ils m'aiment, alors qu'en fait ils suivent le Malin. Ceux-là vraiment sont
du nombre des égarés.
Quand vint le temps fixé pour cette révélation et que celui qui est le Soleil
du monde apparut en Irak, il ordonna à ses fidèles d'observer ce qui était propre
à les purifier de toutes souillures terrestres. Mais tandis que les uns, ainsi
guidés dans la bonne direction, marchaient dans la voie de la justice, d'autres
préférèrent suivre leurs inclinations corrompues.
Dis: Il n'est pas du peuple de Baha celui qui cède aux désirs d'ordre terrestre
ou qui fixe son coeur sur les choses de ce monde. Il est mon vrai disciple celui
qui, passant par une vallée d'or pur, la traverse comme ferait un nuage, sans
s'arrêter ni revenir en arrière. Un tel homme est mien. Sur son vêtement, l'Assemblée
céleste peut respirer le parfum de la sainteté.. [...] Et s'il vient à rencontrer
la plus belle, la plus avenante et la plus séduisante des femmes, il ne ressentira
pas en son coeur l'ombre même d'un désir pour sa beauté. Celui-là est, en vérité,
l'incarnation de la plus pure chasteté. Ainsi vous instruit la plume de l'Ancien
des jours, sur l'ordre de votre Seigneur, le Tout-Puissant, le Très-Généreux.
61. À Muhammad Ibrahim-i-Khalil
Le monde est en travail, son agitation croît de jour en jour. Il est tourné vers
l'incroyance et la perversité. Tel sera son sort, que nous ne jugeons ni à propos,
ni convenable de le dévoiler maintenant. Il s'obstinera longtemps encore dans
sa perversité, et quand l'heure fixée sera venue, soudainement, apparaîtra ce
qui fera trembler les membres de l'humanité. Alors, et alors seulement, sera déployé
l'étendard divin ; alors, et alors seulement, le Rossignol du paradis fera entendre
sa pure mélodie.
62. A un inconnu
Rappelle-toi mes chagrins, mes soucis et mes anxiétés, mes malheurs et mes épreuves,
ma captivité et l'amertume de mon angoisse, et vois comment je suis aujourd'hui
prisonnier sur cette terre lointaine. Ô Mustafa, Dieu m'en est témoin, si le récit
t'était fait de ce qu'a subi la Beauté antique, tu fuirais dans le désert et tu
éclaterais en longs sanglots. Dans ton désespoir, tu te frapperais la tête et
tu pousserais des cris pareils aux hurlements de douleur qu'arrache la morsure
de la vipère à celui qui a été mordu. Rends donc grâces à Dieu de ce que nous
ayons refusé de te divulguer les décrets insondables qui nous furent envoyés du
ciel de la volonté de ton Seigneur, le Tout-Puissant.
Par la justice de Dieu ! tous les matins en me levant, je découvrais, massées
en troupe derrière ma porte, des afflictions sans nombre, et chaque soir en me
couchant, mon coeur était déchiré par les souffrances endurées tout le jour du
fait de la cruauté infernale de mes ennemis. Chaque morceau de pain que rompt
la Beauté antique s'accompagne de l'assaut d'une affliction nouvelle, et à chaque
goutte qu'elle boit se mêle l'amertume de la plus cruelle des épreuves. Elle ne
peut faire un pas que ne précède une armée de calamités imprévues, et des légions
d'horribles souffrances forment son arrière-garde.
Tel est mon sort, si tu veux y réfléchir. Pourtant, que ton âme ne s'attriste
pas de ce que Dieu a fait pleuvoir sur nous. Abandonne plutôt ta volonté à son
bon plaisir, car nous n'avons jamais désiré autre chose que l'accomplissement
de sa volonté, et chacun de ses décrets irrévocables a été pour nous le bienvenu.
Arme ton coeur de patience et ne te laisse pas effrayer. Ne suis pas la voie de
ceux qui sont gravement perturbés.
63. Aux amis
Ô toi, dont la face est tournée vers moi ! d'aussi loin que tu apercevras ma cité
natale [Téhéran], arrête toi et dis: Je suis venu à toi depuis la prison, ô Terre
de Ta, porteur de nouvelles de Dieu, le Protecteur dans le danger, l'Absolu. Ô
mère du monde et fontaine de lumière pour tous ses peuples, voici les tendres
miséricordes de ton Seigneur ; je te salue au nom de celui qui est la Vérité éternelle,
l'Omniscient. J'atteste que, dans tes murs, celui qui est le Nom caché fut révélé
et que fut découvert le trésor invisible. Par toi est révélé le secret de toutes
choses, tant passées qu'à venir.
O Terre de Ta ! celui qui est le Seigneur des noms, se souvient de toi, en son
rang glorieux. Tu as été l'aube de la cause de Dieu, la fontaine de sa révélation,
la manifestation de son plus grand Nom qui fait trembler le coeur et l'âme des
hommes. Nombreux furent ces hommes et ces femmes victimes de la tyrannie, qui,
dans tes murs, donnèrent leur vie dans le chemin de Dieu et furent ensevelis dans
ton sol avec une cruauté qui fait se lamenter sur leur sort tout digne serviteur
de Dieu !
64. Aux amis
Nous voulons nous souvenir de cette demeure de bonheur suprême [Téhéran], la cité
radieuse et sainte sur laquelle fut répandu le parfum du Bien-Aimé, où ses signes
furent propagés, les preuves de sa gloire révélées, ses étendards déployés, où
enfin son tabernacle fut établi, et proclamé chacun de ses décrets éclairés.
C'est de cette ville que se répandent les doux parfums de la réunion, c'est la
cité sainte qui rapproche de Dieu ses amis sincères et leur donne accès à la demeure
de beauté et de sainteté. Heureux le voyageur qui dirige ses pas vers cette cité
et qui, s'y étant fait admettre, boit le vin de la réunion par la grâce de son
Seigneur, le Bienveillant, le Loué.
Ô terre après laquelle soupirent tous les coeurs, je viens à toi, porteur des
nouvelles de Dieu, je t'annonce sa gracieuse faveur et sa miséricorde, et en son
nom je te salue et te magnifie. Il est, en vérité, d'une bonté et d'une générosité
sans bornes. Heureux l'homme qui se tourne vers toi, qui respire auprès de toi
le parfum de la présence de Dieu, le Seigneur de tous les mondes. Sa gloire est
sur toi et l'éclat de sa lumière t'enveloppe, car il a fait de toi un paradis
pour ses serviteurs, et proclamé que tu es la terre bénie et sacrée dont il a
lui-même parlé dans ses livres et que ses prophètes et messagers ont fait connaître.
Ô terre de gloire resplendissante, par toi est déployée la bannière portant ces
mots: "Il n'est pas d'autre Dieu que lui". Et par toi, l'étendard est hissé, qui
proclame: "Je suis la Vérité, celui qui connaît les choses invisibles." Il convient
que chacun de ceux qui te visitent soit fier de toi et de tes habitants qui sont
sortis de mon arbre et en sont les feuilles, qui sont les signes de ma gloire,
mes disciples et mes bien-aimés et qui, avec une ferme résolution, ont porté leur
regard vers ma condition glorieuse.
65. Suratu'l-Muluk (Andrinople)
Rappelle-toi ton arrivée dans la ville [de Constantinople], et comment les ministres
du sultan, te jugeant étranger à tout ce qui constituait leurs lois et règlements,
te jugèrent ignorant. Dis: En vérité, par mon Seigneur, je suis ignorant de toutes
choses, à l'exception de celles qu'il a plu à Dieu, dans sa bonté, de m'enseigner.
Cela, je l'atteste et le confesse sans aucune hésitation.
Dis: Si les lois et les règlements auxquels vous vous attachez sont votre oeuvre,
nous ne nous y conformerons en aucune manière. Telles sont les instructions que
nous avons reçues de celui qui est le Très-Sage, l'Omniscient. Telle fut dans
le passé notre attitude et telle elle restera dans l'avenir, par le pouvoir de
Dieu et sa puissance. C'est là le vrai et droit chemin. Mais si ces lois viennent
de Dieu, alors fournissez-en la preuve, si vous êtes de ceux qui disent la vérité.
Dis: Nous avons consigné dans un livre où sont enregistrées les actions de tout
homme, aussi insignifiantes soient-elles, tout ce qu'ils t'ont imputé et tout
ce qu'ils t'ont fait.
Dis: Il vous sied, ô ministres d'État, de respecter les préceptes de Dieu, de
renoncer à vos propres lois et règlements, et d'être de ceux qui sont bien guidés.
Cela vaudrait mieux pour vous que tout ce que vous possédez, puissiez-vous le
savoir. Si vous transgressez le commandement de Dieu, pas un iota de vos oeuvres
ne trouvera grâce devant lui. Avant peu, vous découvrirez les conséquences de
ce que vous avez fait dans cette vaine existence, et vous en recevrez le juste
salaire. Telle est la vérité, l'indubitable vérité.
Bien des hommes ont commis dans le passé ce que vous avez commis et bien que d'un
rang supérieur au vôtre, sont finalement retournés à la poussière, livrés à leur
sort. Si seulement vous pouviez méditer sur la cause de Dieu ! Pourtant vous marcherez
sur leurs traces, et vous entrerez dans une demeure où vous ne trouverez ni amitié
ni aide d'aucune sorte. Il vous sera demandé compte de vos actes, de tous vos
manquements envers la cause de Dieu et du dédain avec lequel vous avez rejeté
ses amis qui venaient à vous en toute sincérité.
C'est vous qui, après avoir délibéré entre vous sur leur cas, avez préféré suivre
l'impulsion de vos mauvais désirs et négligé le commandement de Dieu, le Secours,
le Tout-Puissant.
Dis ! Rejetterez-vous les préceptes de Dieu pour vous attacher à vos propres élucubrations
? C'est à vous-mêmes, autant qu'aux autres, que vous faites ainsi tort, puissiez-vous
le comprendre ! Dis: Si vos règles et principes se fondent sur la justice, comment
se fait-il que vous suiviez ceux qui s'accordent avec vos inclinations corrompues
et rejetiez ceux qui les contrarient ? De quel droit prétendez-vous juger équitablement
entre les hommes ? Est-ce au nom de ces principes et de ces règles que vous avez
repoussé celui qui, sur votre ordre, s'était présenté devant vous ? Est-ce pour
vous y conformer que vous le persécutez, que vous lui infligez tous les jours
de si indignes traitements ? Vous a-t-il jamais désobéi , ne fût-ce qu'un instant
? Tous les habitants d'Irak et, avec eux, tous les observateurs pourvus de discernement
témoigneront de la vérité de mes paroles.
Soyez équitables en votre jugement, ô ministres d'État ! Qu'avons-nous commis
qui justifie notre exil ? Quelle offense motive notre bannissement ? C'est nous
qui avons cherché à vous rencontrer. Et voyez, cependant, comment vous avez refusé
de nous recevoir ! Par Dieu ! c'est là une grave injustice que vous avez commise,
une injustice que n'égale aucune autre injustice commise sur la terre. De cela
est témoin le Tout-Puissant lui-même.. [...]
Sachez que le monde et ses vanités passeront. Rien ne durera sauf le royaume de
Dieu qui n'appartient qu'à lui, le souverain Seigneur de toutes choses, le Secours,
le Très-Glorieux, le Tout-Puissant. Les jours de votre vie s'écouleront, toutes
les choses périront qui maintenant vous occupent et flattent votre vanité ; par
une milice de ses anges, vous serez sommés à comparaître en ce lieu où la création
sera saisie de crainte et de tremblement, et où la chair de tout oppresseur frémira.
Il vous sera demandé compte de tout ce que vos mains auront forgé en votre vaine
existence, et vous en recevrez le juste salaire. Voici le jour qui, inéluctablement,
s'abattra sur vous, voici l'heure que nul ne pourra différer. De cela porte témoignage
la langue de celui qui dit la vérité et qui est l'Omniscient.
66. Suratu'l-Muluk (Andrinople)
Craignez Dieu, habitants de la cité [Constantinople], et ne semez point les germes
de la discorde parmi les hommes. Ne suivez pas les sentiers du Malin. Marchez
plutôt, durant les quelques jours qui vous restent à vivre, dans les voies du
seul vrai Dieu. Vos jours passeront comme ont passé les jours de ceux qui vous
ont précédés, et vous retournerez à la poussière comme vos pères y sont retournés.
Sachez que je n'ai peur de personne d'autre que de Dieu, qu'en nul autre que lui
je n'ai placé ma confiance, que je ne suis attaché qu'à lui seul et que je ne
désire rien d'autre que ce qu'il a désiré pour moi. Tel est, en vérité, le voeu
de mon coeur, puissiez-vous le savoir. J'ai offert mon âme et mon corps en sacrifice
à Dieu, le Seigneur de tous les mondes. Quiconque a connu Dieu ne connaîtra jamais
que lui, et quiconque a craint Dieu, n'aura point d'autre crainte, alors même
que toutes les puissances de la terre se dresseraient contre lui. Je ne parle
que sur son ordre et, par le pouvoir de Dieu et par sa puissance, je ne me conforme
qu'à sa vérité. En vérité, je vous le dis, il récompensera les coeurs sincères.
Conte, ô serviteur, ce dont tu fus témoin lors de ton arrivée dans la ville, afin
que ton témoignage demeure parmi les hommes et serve d'avertissement à ceux qui
croient. À notre arrivée dans la cité, nous avons trouvé les dirigeants et les
anciens tels des enfants s'amusant ensemble dans le sable. Nous n'en avons trouvé
aucun ayant une maturité d'esprit suffisante pour recevoir de nous les vérités
que nous tenons de Dieu, ni qui soit prêt à entendre nos merveilleuses paroles
de sagesse. Notre coeur a pleuré sur eux et sur leurs transgressions, ainsi que
sur leur ignorance des raisons de leur création. Voilà ce que nous avons observé
dans cette cité et ce que nous avons voulu noter dans notre Livre en guise d'avertissement
pour eux et pour le reste de l'humanité.
Dis: Si vous aspirez aux vanités de ce monde, pourquoi ne les avoir point cherchées
alors que vous étiez dans le sein de votre mère, car alors vous ne cessiez de
vous en approcher, puissiez-vous le comprendre. Mais depuis que vous êtes nés
et avez atteint l'âge adulte, vous n'avez fait que vous distancer du monde et
vous rapprocher de la poussière. Pourquoi donc cette avidité à amasser les trésors
de la terre, alors que vos jours sont comptés et que vos chances sont presque
nulles ? Ne vous déciderez-vous pas, ô négligents, à sortir de votre sommeil ?
Prêtez l'oreille aux conseils que, pour l'amour de Dieu, ce serviteur vous donne.
Il n'attend de vous, en vérité, aucune récompense et, entièrement soumis à la
volonté de Dieu, il est résigné à ce que cette volonté lui réserve.
Les jours de votre vie sont déjà largement dépensés, ô peuple, et votre fin approche
à grands pas. Renoncez donc à ces vaines entreprises qui vous retiennent encore
et attachez-vous aux préceptes de Dieu, afin d'obtenir ce qu'il vous a destiné
et d'être de ceux qui suivent le droit chemin. Ne vous délectez point des choses
de ce monde et de ses vains ornements, et ne placez point en eux vos espérances.
Que votre confiance repose tout entière dans le souvenir de Dieu, le Suprême et
le Très-Grand. Avant peu, il réduira à néant tout ce que vous possédez. Craignez-le
donc, n'oubliez pas l'alliance qu'il a faite avec vous, et ne soyez point de ceux
qu'un voile sépare de lui.
Gardez-vous de vous gonfler d'orgueil devant Dieu et de repousser ceux qu'il aime.
Suivez plutôt en toute humilité ceux qui sont fidèles, qui ont cru en lui et en
ses signes, dont les coeurs témoignent de son unité, dont les bouches proclament
son unicité, et qui ne parlent qu'avec sa permission. Nous vous exhortons ainsi
au nom de la justice, et nous vous avertissons, au nom de la vérité, pour vous
tirer, si possible, de votre sommeil.
Ne faites peser sur aucune âme un poids dont vous ne voudriez point que la vôtre
fût chargée, et ne souhaitez à personne ce que vous ne souhaitez pas pour vous-mêmes.
Tel est le meilleur conseil que je puisse vous donner, puissiez-vous le suivre.
Respectez parmi vous les religieux et les savants, ceux dont la conduite s'accorde
avec ce qu'ils professent, qui ne transgressent point les limites fixées par Dieu,
et dont les jugements sont conformes aux commandements révélés dans son Livre.
Sachez qu'ils sont des lampes destinées à guider les habitants des cieux et de
la terre. Ceux qui dédaignent et négligent les religieux et les savants qui vivent
parmi eux ont en fait altéré la grâce que Dieu leur avait accordée.
Dis: Attendez-vous que Dieu vous retire sa faveur. Rien ne lui échappe. Il connaît
les secrets des cieux et de la terre. Sa science embrasse toutes choses. Ne vous
réjouissez pas de ce que vous avez fait ni de ce que vous ferez, et ne vous félicitez
point de la souffrance que vous nous avez infligée, car ce n'est pas ainsi que
vous exalterez votre condition, si vous pouviez juger vos actions avec discernement.
De même, serez-vous incapables de porter atteinte à la noblesse de notre condition.
Non, Dieu accroîtra la récompense qu'il nous destine pour avoir enduré patiemment
les tribulations que nous avons subies. En vérité, il récompense toujours davantage
ceux qui endurent avec constance.
Sachez que, de temps immémorial, épreuves et tribulations sont le lot des élus
de Dieu et de ses bien-aimés, de ses serviteurs détachés de tout sauf de lui,
de ceux qu'aucun commerce ni négoce ne détournent du souvenir du Tout-Puissant,
qui ne parlent que lorsqu'il a parlé et observent ses commandements. Telle fut
dans le passé la méthode de Dieu, telle elle restera dans l'avenir. Bénis ceux
qui souffrent avec longanimité, restent patients dans les peines et dans les privations,
ne se lamentent point de ce qui leur advient et marchent dans le sentier de la
résignation. [...]
Le jour approche où Dieu suscitera un peuple qui se souviendra de nos jours, fera
le récit de nos épreuves et exigera, de ceux qui sans la moindre preuve nous ont
traité avec une indéniable injustice, la restitution de nos droits. Dieu assurément
a tout pouvoir sur la vie de ceux qui nous ont fait du tort, et il connaît toutes
leurs actions. Nul doute qu'en raison de leurs péchés, son bras se saisira d'eux.
Il est, en vérité, le plus terrible des vengeurs.
Nous vous avons ainsi entretenus des affaires du seul vrai Dieu, vous faisant
connaître les choses qu'il a pré-ordonnées, afin que vous sollicitiez son pardon,
lui reveniez animés d'un repentir sincère, preniez conscience de vos fautes et
secouiez votre torpeur, que vous quittiez votre insouciance, expiiez tous vos
méfaits et vous résolviez à faire le bien. Que celui qui le veut, reconnaisse
la vérité de mes paroles. Quant à celui qui s'y refuse, qu'il s'en détourne. Mon
unique tâche est de vous rappeler que vous avez failli à votre devoir envers la
cause de Dieu, si vous prenez garde à mes avertissements. Écoutez-les donc, repentez-vous
et retournez à Dieu afin que, par sa grâce, il ait pitié de vous, vous lave de
vos péchés et vous pardonne vos offenses. La grandeur de sa miséricorde dépasse
la violence de sa colère, et sa grâce embrasse ceux qui, de tous temps, sont appelés
à l'existence et sont parés du vêtement de la vie.
67. Lawh-i-Amr, à Mulla-'Aliy-i-Basami
En cette révélation est apparu ce qui n'était encore jamais apparu.. [...] Quant
aux infidèles qui furent témoins de ce qui est manifesté, ils murmurent et disent:
"En vérité, celui-là est un sorcier qui a forgé un mensonge contre Dieu." Ils
sont vraiment au nombre des réprouvés.
Ô plume de l'Ancien des jours, conte aux nations ce qui advint en Irak. Parle-leur
de ce messager qui nous fut délégué par la congrégation des religieux de ce pays
et qui, mis en notre présence, nous posa des questions sur certaines sciences
auxquelles nous répondîmes en vertu de la science infuse que nous possédons. Ton
Seigneur est, en vérité, celui qui connaît les choses cachées. Il dit: "Nous attestons
que ta science est telle que nul ne saurait rivaliser avec toi. Elle ne suffit
pourtant pas à justifier le rang élevé que le peuple t'attribue. Accomplis, si
tu dis la vérité, ce que ne sauraient produire les forces combinées des peuples
de la terre." Ainsi en avait-il été décrété à la cour de la présence de ton Seigneur,
le Très-Glorieux, l'Ami.
"Sois témoin ! Que vois-tu ?" Il resta interdit. Et quand il eut recouvré ses
esprits, il dit: "Je crois en Dieu, le Très-Glorieux, le Loué." "Va les trouver
et dis-leur: "Demandez ce que vous voulez. Il peut tout ce qu'il veut. Rien, ni
du passé ni de l'avenir, ne saurait frustrer sa volonté." Dis: Ô assemblée de
religieux, choisissez le sujet qu'il vous plaira et demandez à votre Seigneur,
le Dieu de miséricorde, de vous l'expliquer. S'il exauce votre désir par la vertu
de sa souveraineté, croyez en lui et ne soyez pas de ceux qui rejettent sa vérité."
Il dit alors: "L'aurore de l'intelligence s'est maintenant levée et la promesse
qu'avait faite le Très-Miséricordieux est accomplie." Sur quoi, s'étant levé,
il retourna vers ceux qui l'avaient envoyé, par ordre de Dieu, le Très-Glorieux,
le Bien-Aimé.
Les jours passèrent et il ne revint point. Finalement vint un autre messager qui
nous informa qu'on avait renoncé à ce qu'on avait d'abord décidé. De telles gens
sont, en vérité, méprisables. Voilà ce qui arriva en Irak, et de ce que je révèle
je fus moi-même témoin. Le bruit s'en répandit au loin, mais personne n'en comprit
la signification. Ainsi en avions-nous ordonné, puissiez-vous le savoir !
Par moi-même ! quiconque, dans les siècles passés, nous a demandé de produire
les signes de Dieu, nous ne les lui avions pas plutôt révélés qu'il rejetait la
vérité divine, cependant que la masse, dans sa majorité, restait insouciante.
Mais ceux qu'illumine la lumière de l'entendement goûteront la douceur du Miséricordieux
et embrasseront sa vérité. Ceux-là sont vraiment sincères.
68. A un inconnu
Ô toi qui es le fruit de mon arbre et qui en es la feuille, sur toi sont ma gloire
et ma miséricorde ! Que ton coeur ne s'afflige pas de ce qui t'est advenu. Scrute
plutôt les pages du livre de vie, tu y trouveras certainement de quoi dissiper
ton chagrin et faire fondre ton angoisse.
Sache, ô fruit de mon arbre, que les décrets du souverain Ordonnateur touchant
le destin et la prédestination sont de deux sortes. Il faut les accepter et leur
obéir. Les décrets de la première sorte sont irrévocables tandis que les autres
se trouvent, comme disent les hommes, en suspens. Aux premiers qui sont définitifs,
tous doivent se soumettre, sans réserve. Non que Dieu n'ait pas le pouvoir de
les changer ou repousser. Mais le mal qui résulterait de ce changement serait
pire que l'accomplissement du décret primitif, c'est pourquoi chacun doit acquiescer
de tout coeur à la volonté divine et s'y tenir en toute confiance.
Quant au décret en suspens, il est, celui-là, d'une nature telle que les prières
et les supplications peuvent le détourner.
Dieu veuille que toi, qui es le fruit de mon arbre, et ceux qui se joignent à
toi puissiez être préservés de ses mauvaises conséquences !
Dis: Ô Dieu, mon Dieu, tu m'as confié ce gage et selon ta volonté, tu as voulu
le rappeler à toi. Il ne m'appartient pas, à moi qui ne suis que ta servante,
de me dire: "D'où vient ceci ou pourquoi cela ?", car tu es glorifié en tous tes
actes, et selon ton décret tu dois être obéi. Ô mon Seigneur, ta servante place
ses espoirs en ta grâce et ta munificence. Accorde-lui ce qui la rapprochera de
toi et lui sera profitable dans chacun de tes mondes. Tu es le Clément, le Très-Généreux.
Il n'est d'autre Dieu que toi, l'Ordonnateur, l'Ancien des jours.
Accorde, ô Seigneur, mon Dieu, tes bénédictions à ceux qui ont, à la face des
hommes, bu à longs traits le vin de ton amour et qui, en dépit de tes ennemis,
ont reconnu et attesté ton unité, ont confessé leur croyance en ce qui a fait
trembler les membres des oppresseurs parmi tes créatures, et frissonner sur la
terre la chair des orgueilleux. J'atteste que ta souveraineté ne peut périr ni
ta volonté souffrir de changement. Ordonne pour ceux qui ont tourné vers toi leurs
visages, ainsi que pour tes servantes qui fermement ont tenu ta corde, ce qui
convient à l'océan de ta générosité et au ciel de ta grâce.
Ô mon Dieu, tu es celui qui s'est lui-même proclamé le Seigneur de la richesse
et qui a donné pour signes caractéristiques à ceux qui le servent la pauvreté
et le dénuement. Ainsi que tu l'as écrit: "Ô vous qui croyez ! vous n'êtes que
des pauvres êtres privés de Dieu, mais Dieu est l'Omnipossédant, le Loué." Ayant
ainsi avoué ma pauvreté et reconnu ta richesse, ne souffre pas que je sois privé
de la gloire de tes biens. Tu es en vérité le Protecteur suprême, l'Omniscient,
le Très-Sage.
69. A un inconnu
Souviens-toi de l'attitude de la mère d'Ashraf, quand ce dernier eut offert sa
vie en sacrifice sur la Terre de Za (Zanjan). Il est maintenant, sans aucun doute,
au séjour de la vérité, jouissant de la présence du Tout-Puissant, le Très-Haut.
Les infidèles ayant, contre toute justice, décidé de le mettre à mort, ils mandèrent
sa mère, dans l'espoir qu'elle l'adjurerait de renier sa foi et de marcher sur
les traces de ceux qui ont répudié la vérité de Dieu, le Seigneur de tous les
mondes.
Mais elle ne fut pas plutôt en présence de son fils qu'elle lui adressa des paroles
à faire pleurer d'attendrissement tous les amis de Dieu et, au-delà d'eux, les
membres de l'Assemblée céleste. En vérité, ton Seigneur sait ce que je dis et
porte lui-même témoignage de la vérité de mes paroles.
S'adressant donc à son fils, elle dit: " Mon fils, mon enfant, ne manque pas l'occasion
d'offrir ta vie dans le chemin de ton Seigneur. Garde-toi de trahir ta foi en
celui devant qui se prosternent en adoration tous ceux qui sont dans les cieux
et tous ceux qui sont sur la terre. Va de l'avant, ô mon fils, persévère dans
le chemin du Seigneur, ton Dieu. Hâte-toi d'accéder à la présence de celui qui
est le Bien-Aimé de tous les mondes."
Sur cette femme sont mes bénédictions et ma miséricorde, ma louange et ma gloire
! J'expierai moi-même pour la perte de ce fils qui habite maintenant le tabernacle
de ma majesté et de ma gloire, et dont la face rayonne d'une lumière qui enveloppe
de son éclat les vierges du ciel dans leurs célestes demeures et, au-delà d'elles,
les habitants de mon paradis et les hôtes de la cité sainte. Qui pourrait le voir
s'écrierait: "N'est-ce pas là un ange du ciel !"
70. Kitab-i-Aqdas
L'équilibre du monde a été bouleversé par l'influence vibrante de ce très grand,
de ce nouvel ordre mondial. La vie ordonnée de l'humanité a été révolutionnée
par l'action de cet unique et merveilleux système, dont les yeux des mortels n'ont
jamais vu l'équivalent.
Immergez-vous dans l'océan de mes paroles afin d'en pénétrer les secrets et de
découvrir toutes les perles de sagesse que recèlent ses profondeurs. Prenez garde
à ne pas vaciller dans votre détermination à embrasser la vérité de cette cause,
une cause par laquelle ont été révélées les potentialités de la puissance de Dieu
et sa souveraineté établie. Le visage rayonnant de joie, hâtez-vous vers lui.
C'est là la foi immuable de Dieu, éternelle dans le passé, éternelle dans le futur.
Que celui qui la cherche la trouve ; quant à celui qui se refuse à la chercher
- en vérité, Dieu se suffit à lui-même et n'a nul besoin de ses créatures.
Dis: Voici la balance infaillible que tient la main de Dieu, et dans laquelle
sont pesés tous ceux qui sont dans le ciel et tous ceux qui sont sur la terre,
et par laquelle leur sort est déterminé, si vous êtes de ceux qui croient et qui
reconnaissent cette vérité.. [...] Dis: Par elle, le pauvre est enrichi, le savant
est éclairé, et les chercheurs sont capables de s'élever jusqu'en la présence
de Dieu. Gardez-vous d'en faire une cause de dissensions parmi vous. Soyez fermes
et immuables comme une montagne dans la cause de votre Seigneur, le Puissant,
le Dieu d'amour.
71. Kitab-i-Aqdas
Ô peuples du monde ! ne soyez pas désemparés quand se couchera l'Astre de ma beauté
et que le ciel de mon tabernacle se dérobera à vos yeux. Levez-vous pour faire
avancer ma cause et pour exalter ma parole parmi les hommes. Nous sommes en tout
temps avec vous et nous vous fortifierons par le pouvoir de la vérité. Nous sommes,
en vérité, tout puissant. Quiconque m'a reconnu se lèvera et me servira avec une
telle résolution que les forces de la terre et du ciel seront incapables de faire
échouer son dessein.
Les peuples du monde sont profondément endormis. S'ils sortaient de leur sommeil,
ils s'empresseraient avec ardeur vers Dieu, l'Omniscient, le Très-Sage. Ils rejetteraient
tout ce qu'ils possèdent, fut-ce même tous les trésors de la terre, afin que leur
Seigneur se souvienne d'eux au point de leur adresser ne serait-ce qu'un mot.
Tel est le conseil que vous donne celui qui possède la connaissance des choses
cachées, dans une tablette que l'oeil de la création n'a point vue et qui n'est
révélée à personne d'autre qu'à lui-même, l'omnipotent Protecteur de tous les
mondes. Ils sont si désorientés par l'ivresse de leurs désirs mauvais qu'ils sont
impuissants à reconnaître le Seigneur de tout être, dont la voix clame de toutes
parts: "Il n'est pas d'autre Dieu que moi, le Puissant, le Très-Sage".
Dis: Ne vous réjouissez pas des choses que vous possédez. Ce soir, elles sont
à vous ; demain, d'autres les posséderont. Ainsi vous en avertit l'Omniscient,
Celui qui est informé de tout. Dis: Pouvez-vous affirmer que vos possessions sont
durables ou en sécurité ? Non ! Par moi-même, le Très-Miséricordieux, vous ne
le pouvez, si vous êtes de ceux qui jugent équitablement. Les jours de votre vie
s'enfuient comme un souffle de vent, et toute votre pompe et votre gloire seront
réduites à néant comme l'ont été la pompe et la gloire de ceux qui vous ont précédés.
Réfléchissez, ô peuple ! Qu'est-il advenu de vos jours passés et de vos siècles
perdus ? Heureux les jours consacrés au souvenir de Dieu, et bénies les heures
passées à louer celui qui est le Très-Sage. Par ma vie ! ni la pompe du puissant
ni la fortune du riche ni même l'ascendant pris par l'impie ne dureront. Sur un
mot de lui, tous périront. Il est, en vérité, l'Omnipotent, l'Irrésistible, le
Tout-Puissant. Quel avantage retirent les hommes des choses terrestres qu'ils
possèdent ? Ce qui leur profitera, ils l'ont complètement négligé. D'ici peu,
ils sortiront de leur sommeil et se découvriront incapables d'obtenir ce qui leur
a échappé aux jours de leur Seigneur, l'Omnipotent, le Magnifié. Si seulement
ils le savaient, ils renonceraient à tout leur avoir pour que leurs noms soient
mentionnés devant son trône. En vérité, ils sont comptés parmi les morts.
72. Kitab-i-Aqdas
Quand vous sera retirée la gloire de ma présence, quand cessera de s'agiter l'océan
de ma parole, que vos coeurs ne se troublent point. S'il est une sagesse en ma
présence parmi vous, il en est une autre en mon absence, encore que celle-ci reste
impénétrable à tout autre qu'à Dieu, l'Incomparable, l'Omniscient. Sachez qu'en
vérité, de notre royaume de gloire, nous suivons attentivement tous vos actes
et que celui qui se lèvera pour faire triompher notre cause, nous l'assisterons
des armées de l'Assemblée céleste et d'une milice choisie de nos anges.
Ô peuples de la terre ! Dieu, l'éternelle Vérité, m'est témoin qu'une eau fraîche
jaillit du rocher et s'épanche à travers la tendresse des paroles de votre Seigneur,
l'Indépendant, et cependant vous restez endormis ! Jetez ce que vous possédez,
et sur les ailes du détachement, élancez-vous au-delà de toutes choses créées.
Ainsi vous l'ordonne le Seigneur de la création qui, par le mouvement de sa plume,
révolutionne l'âme des hommes.
Soupçonnez-vous les hauteurs d'où votre Seigneur, le Très-Glorieux, vous appelle
? Pensez-vous avoir reconnu la plume avec laquelle votre Seigneur, le Seigneur
de tous les noms, vous donne ses ordres ? Non, par ma vie ! si vous le saviez,
vous renonceriez au monde et vous vous hâteriez de tout votre coeur d'accéder
à la présence du Bien-Aimé. Vos esprits seraient saisis d'un tel transport au
son de sa voix qu'une commotion s'en produirait dans le monde supérieur de l'au-delà.
Et combien plus en serait secoué votre misérable petit monde ! Ainsi, du ciel
de ma tendre bonté, les pluies de mes bienfaits s'abattent par torrents en gage
de ma grâce, afin que vous puissiez être de ceux qui rendent grâces.. [...]
Prenez garde que les désirs charnels et les inclinations corrompues ne créent
la discorde entre vous. Soyez comme les doigts d'une main, comme les membres d'un
même corps. Ainsi vous conseille la Plume de la révélation, si vous êtes du nombre
des croyants.
Considérez la miséricorde de Dieu et ses dons. Il ne vous prescrit que ce qui
vous est profitable, car lui, il peut bien se passer de toutes ses créatures.
Vos mauvaises actions ne peuvent pas plus nous nuire que ne peuvent nous profiter
vos bonnes oeuvres. Et c'est uniquement pour l'amour de Dieu que nous vous adjurons
de la sorte. De cela tout homme éclairé portera témoignage.
73. Lawh-i-Hadi
Lorsque auront été déchirés tous les voiles qui cachent les réalités des manifestations
des noms et attributs de Dieu, et plus encore de toutes choses créées, visibles
ou invisibles, il est évident que rien d'autre ne restera que ce signe de Dieu,
qu'il a mis lui-même au-dedans de toutes ces réalités. Ce signe existera aussi
longtemps qu'il plaira au Seigneur ton Dieu, Maître des cieux et de la terre.
Si telles sont les bénédictions répandues sur toutes choses créées, combien plus
enviable doit être la destinée du vrai croyant dont l'existence et la vie doivent
être considérées comme la raison première de toute la création. De même que la
foi, dans son principe, a existé depuis le commencement qui n'a pas de commencement
et durera jusqu'à la fin qui n'a point de fin, de même le vrai croyant existera
et durera éternellement. Son esprit ne cessera d'accomplir sa révolution dans
l'orbite de la volonté de Dieu. Il durera autant que durera Dieu lui-même. Il
est manifesté à travers la révélation de Dieu, et à son commandement il est caché.
Les plus hautes demeures du royaume de l'immortalité sont de toute évidence destinées
à ceux qui ont cru en Dieu et en ses signes. La mort ne pourra jamais envahir
ces lieux saints. Ainsi t'avons-nous confié les signes de ton Seigneur, pour que
tu puisses persévérer dans son amour et être de ceux qui comprennent cette vérité.
74. A un inconnu
Toute parole proférée par Dieu est douée d'une telle puissance qu'elle peut insuffler
dans tout être humain une vie nouvelle, si vous êtes de ceux qui comprennent cette
vérité. Les merveilleux ouvrages que vous contemplez en ce monde sont dus à sa
souveraine et sublime volonté et à l'exécution de son inflexible et prodigieux
dessein. De la seule révélation du nom "Modeleur", proclamant devant l'humanité
son pouvoir de façonner, se dégage une puissance telle qu'elle est capable d'engendrer,
dans le cours des âges, tous les arts que la main de l'homme peut produire. Voilà
une vérité certaine. Ce Nom resplendissant n'est pas plutôt prononcé que les énergies
qui l'animent, entrant en action au sein de toutes choses créées, fournissent
les moyens et les instruments par lesquels ces arts peuvent être mis au jour et
portés à leur perfection. Toutes les merveilleuses acquisitions humaines dont
vous êtes témoins sont la conséquence directe de la révélation de ce Nom. Dans
les jours à venir, vous verrez des choses dont vous n'aurez jamais jusque-là entendu
parler. Ainsi en est-il décrété dans les tablettes de Dieu, et nul ne peut le
comprendre sauf ceux dont la vue est pénétrante. De même, à l'instant où sortira
de ma bouche le nom exprimant mon attribut "l'Omniscient" toutes choses créées
se trouveront, selon leurs limites et capacités, investies du pouvoir de développer
la connaissance des sciences les plus merveilleuses et de les manifester dans
le cours du temps, selon l'ordre de celui qui est le Tout-Puissant, l'Omniscient.
Sache à n'en point douter que la révélation de tout autre nom s'accompagne d'une
semblable manifestation du pouvoir divin. Toute lettre qui sort de la bouche de
Dieu est, en vérité, une lettre-mère, comme chaque parole prononcée par celui
qui est la source de la révélation divine est une parole-mère et comme sa tablette
est une tablette-mère. Heureux qui saisit cette vérité.
75. Lawh-i-Nasir
Déchirez en mon nom les voiles qui, si fâcheusement, obscurcissent votre vision,
et par le pouvoir qu'engendre votre croyance en l'unité de Dieu, brisez les idoles
des vaines imitations. Entrez alors dans le saint paradis du bon plaisir du Très-Miséricordieux.
Purifiez vos âmes de tout ce qui n'est pas Dieu et goûtez la douceur du repos
au sein de son immense et puissante révélation, à l'ombre de sa suprême et infaillible
autorité. Ne souffrez pas de rester enveloppés des voiles épais de vos désirs
égoïstes. J'ai parfait en chacun de vous ma création, pour que l'excellence de
mon ouvrage soit pleinement révélée aux yeux des hommes. Ainsi l'homme a toujours
été et sera à jamais capable de sentir par lui-même la beauté de Dieu, le Glorifié.
S'il n'avait pas cette faculté, comment pourrait-il être rendu responsable de
ne l'avoir pas fait ? Si, au jour où tous les peuples de la terre seront rassemblés
devant Dieu, il était demandé à un homme: "Pourquoi n'as-tu pas cru en ma beauté
et t'es-tu détourné de moi ?" et que cet homme répondît: "Je n'ai fait ainsi que
suivre l'exemple des autres dont pas un seul ne s'est trouvé pour tourner sa face
vers la vérité et reconnaître la Beauté de l'Éternel", cette sorte de justification
serait assurément rejetée. Car la foi de tout homme ne dépend de personne autre
que lui-même.
C'est là une des vérités enchâssées dans ma précieuse révélation, une vérité que
j'ai révélée dans tous les Livres célestes, que j'ai fait proclamer par la Langue
de grandeur et inscrire par la Plume du pouvoir. Méditez-la pour que, de votre
vision interne et externe, vous puissiez percevoir les subtilités de la sagesse
divine, découvrir les perles de la science céleste qu'en un clair et puissant
langage, j'ai révélées dans cette sublime et incorruptible tablette, et éviter
ainsi d'errer loin du trône sublime, de l'arbre au-delà duquel il n'est point
de passage, de l'habitation de gloire et de puissance éternelles.
Les signes de Dieu brillent, aussi manifestes et resplendissants que le soleil,
parmi les oeuvres de ses créatures. Tout ce qui procède de lui est d'un ordre
différent et se distinguera toujours des inventions des hommes. De la source de
sa science se sont levées des étoiles innombrables de savoir et de sagesse et,
du paradis de sa plume, le souffle du Tout-Puissant n'a cessé d'animer les coeurs
et les âmes des hommes. Heureux ceux qui ont reconnu cette vérité.
76. À Ahmad-Quli-Khan
Prête l'oreille, ô mon serviteur, à ce qui t'a été envoyé du trône de ton Seigneur,
l'Inaccessible, le Très-Grand. Il n'y a d'autre Dieu que Lui. Il a appelé à la
vie ses créatures, afin qu'elles puissent connaître celui qui est le Compatissant,
le Très-Miséricordieux. Dans les cités de toutes les nations, il a envoyé ses
messagers, avec mission d'annoncer aux hommes la nouvelle du paradis de son bon
plaisir et de les conduire au port d'immuable sécurité, à la demeure d'éternelle
sainteté et de gloire transcendante.
Quelques-uns, guidés par la lumière de Dieu, ont été admis à la cour de sa présence
et ont bu à longs traits les eaux de vie éternelle que leur tendait la main de
la renonciation. Ils ont ainsi été comptés parmi ceux qui l'ont reconnu et qui
ont cru en lui. Mais d'autres se sont rebellés contre lui et ont rejeté les signes
de Dieu, le Tout-Puissant, l'Omnipotent, le Très-Sage.
Des ères se sont écoulées avant qu'elles n'atteignent leur couronnement en la
manifestation du Seigneur de l'âge, cet âge où le Soleil du Bayan a paru à l'horizon
de la miséricorde, où la beauté du Très-Glorieux a resplendi en la personne de
'Ali-Muhammad, le Bab. Mais il ne s'était pas plutôt révélé que tous déjà se soulevaient
contre lui. Certains l'accusaient d'avoir tenu des propos calomniateurs contre
Dieu, le Tout-Puissant, l'Ancien des jours. D'autres le tenaient pour un homme
frappé de folie, opinion que j'ai moi-même recueillie de la bouche d'un religieux.
D'autres contestaient sa prétention d'être le porte-parole de Dieu, l'accusant
même d'usurper à son profit la parole divine, d'en pervertir le sens, de vouloir
créer une équivoque en la mêlant à ses propres paroles. Et tandis qu'ils se complaisaient
sur leurs chaires, l'OEil de grandeur pleurait au ciel sur les choses que leurs
bouches avaient proférées.
Il disait:
"Dieu m'est témoin, ô peuple ! Je suis venu à vous, porteur d'une révélation du
Seigneur votre Dieu, le Seigneur de vos pères. N'attachez pas vos regards sur
les choses que vous possédez, mais plutôt sur celles que Dieu vous a envoyées.
Cela - puissiez-vous le sentir - sera meilleur pour vous que la création toute
entière. Regardez avec plus d'attention encore, ô peuple ! Considérez le témoignage
et les preuves de Dieu qui sont en votre possession et rapprochez-les de la révélation
qui vous est envoyée en ce jour, afin que la vérité, l'infaillible vérité, vous
soit indubitablement manifestée. Ne vous engagez point, ô peuple, dans les voies
du Malin, mais suivez la foi du miséricordieux, et soyez de ceux qui sont de vrais
croyants. De quoi bénéficierait un homme s'il échouait à reconnaître la révélation
de Dieu ? Absolument de rien. De cela, moi-même, l'Omnipotent, l'Omniscient, le
Très-Sage, je porte témoignage."
Mais plus il les exhortait, plus vive se faisait leur opposition, à tel point
que finalement ils le mirent à mort avec une honteuse cruauté. La malédiction
de Dieu soit sur les oppresseurs !
Un petit nombre ont cru en lui ; très peu, parmi nos serviteurs l'ont reconnu.
Ceux-là, il les adjurait dans ses tablettes - et même dans chaque passage de ses
merveilleux écrits - de ne point se consacrer, en ce jour de la révélation promise,
à quoi que ce soit, tant au ciel que sur la terre ; "Ô peuple !" disait-il, "je
me suis révélé en vue de sa [Note: Celui que Dieu rendra manifeste] manifestation,
et je ne vous ai envoyé mon livre, le Bayan, qu'à seule fin d'établir la vérité
de sa cause. Craignez Dieu et gardez-vous de le combattre comme m'ont combattu
le peuple du Coran. Bien au contraire, aussitôt qu'on vous parlera de lui, hâtez-vous
de vous tourner vers lui et attachez-vous à tout ce qu'il vous révélera. Rien
d'autre que lui ne peut vous être profitable, alors même que vous aligneriez,
du premier au dernier, les témoignages de tous ceux qui vous ont précédés."
Et quand, au bout de quelques années, s'est ouvert le ciel du divin décret, et
que dans les nuages des noms de Dieu est apparue - sous un vêtement nouveau -
la beauté du Bab, ces mêmes individus se sont levés avec malveillance contre lui,
lui dont la lumière embrasse toutes choses. Ils ont rompu son alliance et rejeté
sa vérité, disputant avec lui, contestant ses signes, taxant de faux son témoignage
et se joignant aux infidèles. Finalement, ils projetèrent de lui ôter la vie.
Voilà où en viennent ceux qui sont profondément enfoncés dans l'erreur.
Et lorsqu'ils se sont vus impuissants à atteindre leur but, ils ont ourdi des
complots contre lui. Voyez comment ils imaginent à chaque instant quelque nouveau
stratagème, afin de lui nuire et de déshonorer la cause de Dieu. Dis: Malheur
à vous ! Par Dieu ! vos machinations vous couvrent de honte. Votre Seigneur, le
Dieu de miséricorde, peut fort bien se passer de toutes ses créatures. Rien ne
saurait accroître ni diminuer ce qu'il possède. Si vous croyez, vous y trouverez
votre propre avantage, et si vous ne croyez pas, vous seuls en pâtirez. Jamais
la main de l'infidèle ne pourra profaner le bord de son vêtement.
Ô toi, mon serviteur qui crois en Dieu ! par la justice du Tout-Puissant, si je
te contais les choses qui me sont advenues, ni le coeur ni l'intelligence des
hommes ne pourraient en supporter le poids. Dieu lui-même m'en est témoin. Veille
sur toi et ne marche pas sur les traces de ces gens. Médite diligemment sur la
cause de ton Seigneur. Efforce-toi de le connaître par lui-même et non par les
autres. Car nul autre que lui ne peut t'être profitable. De cela, puisses-tu le
comprendre, toutes choses créées portent témoignage.
Sors de derrière le voile, avec l'assentiment de ton Seigneur, le Très-Glorieux,
l'Omnipotent, et sous les yeux de tous ceux qui sont dans le ciel et de tous ceux
qui sont sur la terre, saisis le calice de l'immortalité, au nom de ton Seigneur,
l'Inaccessible, le Très-Haut. Étanche ta soif et ne sois pas de ceux qui tardent.
Je le jure par Dieu ! Au moment où tes lèvres toucheront la coupe, l'Assemblée
céleste t'acclamera, disant: "Bois avec une saine délectation, ô toi qui crois
véritablement en Dieu !", et les habitants des cités immortelles s'écrieront:
"Que la joie soit ton partage, ô toi qui as épuisé la coupe de son amour !", et
la Langue de grandeur te saluera: "Grandes sont les bénédictions qui t'attendent,
ô mon serviteur, car tu as atteint ce que personne n'a atteint sinon ceux qui
se sont détachés de tout ce qui est dans les cieux et de tout ce qui est sur la
terre, et qui sont les emblèmes du vrai renoncement!"
77. À Khalil
Et maintenant, à propos de ta question touchant la création de l'homme, sache
que tous les hommes sont créés selon la volonté par Dieu, le Gardien, l'Absolu.
Il a attribué à chacun sa part, fixée d'avance selon le décret consigné sur ses
tablettes souveraines et préservées. Cependant, la manifestation du potentiel
dont vous êtes dotés dépend uniquement de l'exercice de votre propre volonté.
Vos actes mêmes témoignent de cette vérité. Considérez par exemple ce qui est
défendu aux hommes dans le Bayan. Dans ce livre, et par son commandement, Dieu
déclare permis ce qu'il lui plaît de décréter et, par le pouvoir de sa puissance
souveraine, il interdit tout ce qu'il choisit d'interdire. Le texte de ce livre
en témoigne. N'en témoignerez-vous pas vous-mêmes ? Mais les hommes ont sciemment
violé sa loi. Faut-il imputer cette conduite à Dieu ou à eux-mêmes ? Soyez équitables
en votre jugement. Le bien vient de Dieu, et le mal vient de vous. Ne voulez-vous
pas comprendre ?
Cette même vérité est révélée dans toutes les Écritures, si vous êtes de ceux
qui comprennent. Tout acte que vous méditez est aussi clair pour lui que s'il
était déjà accompli. Il n'est d'autre Dieu que lui. La création entière est sienne
et sous sa domination. Tout est déjà révélé à ses yeux, tout est enregistré dans
ses tablettes saintes et cachées. Mais cette prescience divine ne doit pas être
envisagée comme déterminant les actions humaines, pas plus que votre prémonition
d'un événement ou votre désir qu'il se produise ne peut en être la cause.
78. Lawh-i-'Abdu'r-Razzaq
Pour ce qui est de ta question concernant l'origine de la création, tiens pour
certain que la création de Dieu a existé de toute éternité et qu'elle ne cessera
jamais. Son commencement n'a pas eu de commencement, et sa fin n'aura point de
fin. Le nom de Dieu, le Créateur, suppose une création, de même que son titre,
le Seigneur des hommes, implique l'existence d'un serviteur.
Quant aux paroles attribuées aux prophètes de l'ancien temps: "Au commencement
était Dieu ; il n'y avait point de créature pour le connaître", et "le Seigneur
était seul, sans personne pour l'adorer", le sens en est clair et évident, et
semblables propositions ne devraient jamais donner lieu à malentendu. De cette
vérité portent témoignage ces paroles qu'il a révélées: "Dieu était seul, il n'y
avait personne autre que lui. À jamais il demeurera ce qu'il a toujours été."
Tout oeil doué de discernement percevra aisément que le Seigneur est maintenant
manifeste, encore qu'il n'y ait personne pour reconnaître sa gloire. Par quoi
il faut entendre que l'Être divin est établi dans une demeure qui se trouve hors
de la portée et de la connaissance de quiconque n'est pas lui. Tout ce qui, dans
le monde des contingences, peut être exprimé ou conçu reste enfermé dans les limites
inhérentes à la nature de ce monde. Dieu seul transcende ces limites. Il est,
en vérité, de toute éternité. Il n'a ni pair, ni associé ; personne ne peut lui
être associé. Aucun nom ne peut être comparé à son nom. Aucune plume ne peut dépeindre
sa nature ni aucune langue décrire sa gloire. Il sera à jamais immensément exalté
au-dessus de tout ce qui n'est pas lui.
Considère le moment où la Manifestation suprême de Dieu se révèle aux hommes.
Avant que cette heure n'arrive, l'Être éternel, qui est toujours inconnu des hommes
et n'a pas encore proféré la parole de Dieu, est l'Omniscient dans un monde où
pas un homme ne l'a connu. Il est, en vérité, le Créateur sans création. Car à
l'instant même qui précède sa révélation, toute créature doit rendre son âme à
Dieu. C'est là le jour dont il est écrit: "À qui appartient le royaume en ce jour
?" Et nul ne se trouve prêt à répondre.
79. Suriy-i-Vafa (Acre), à Muhammad
Husayn Fish-Shin
Quant à ta question concernant les mondes de Dieu, sache en vérité que leur nombre
est incalculable et leur étendue infinie. Personne ne peut les compter ni les
concevoir, si ce n'est Dieu, l'Omniscient, le très Sage. Considère ton état quand
tu es endormi. En vérité ce phénomène est le plus mystérieux des signes de Dieu
parmi les hommes, s'ils voulaient y réfléchir. Admire comment après un laps de
temps considérable, se réalise pleinement ce que tu as vu en rêve. Si le monde
où tu t'es trouvé dans ton rêve était identique à celui dans lequel tu vis à l'état
de veille, l'événement que tu as vu en songe se serait produit dans ce dernier
monde au moment même où tu l'as rêvé. Et toi-même, une fois réveillé, tu en aurais
été témoin. Comme tel n'est pas le cas, il faut nécessairement que le monde où
tu vis soit différent du monde dont tu as fait l'expérience dans ton rêve. Ce
dernier monde n'a ni commencement ni fin. Tu serais dans la vérité d'affirmer
qu'un tel monde se trouve, par le décret de Dieu, au-dedans de toi et enveloppé
dans ta personne. Et l'on serait également fondé à soutenir que ton esprit ayant
franchi les limites du sommeil, rompu les amarres qui l'attachaient à la terre,
a traversé, par décret divin, un royaume qui se trouve caché dans l'essentielle
réalité de ce monde. En vérité, je te le dis, la création de Dieu embrasse des
mondes indépendants de ce monde, et des créatures différentes de ces créatures.
Dans chacun de ces mondes, il prescrit des choses que personne ne peut pénétrer,
sauf lui, le Pénétrant, le Très-Sage. Médite les paroles que nous te révélons
afin de découvrir le dessein profond de Dieu, ton Seigneur, et le Seigneur de
tous les mondes. Car dans ces paroles sont précieusement gardés les mystères de
la sagesse divine. Nous nous sommes retenu d'insister sur ce sujet, à cause de
l'affliction que nous éprouvons de la conduite de ceux qui sont une création de
nos paroles, si vous êtes de ceux qui écoutent notre voix.
80. Lawh-i-'Abdu'r-Razzaq
Tu m'as demandé si, mis à part les prophètes de Dieu et ses élus, l'homme, après
sa mort physique, conserve les mêmes caractéristiques d'individualité, de personnalité,
de conscience et d'intelligence qu'il possédait de son vivant. S'il en est ainsi,
comment, observes-tu, la mort qui implique la décomposition de son corps et la
dissolution de ses éléments, est-elle impuissante à détruire en l'homme cette
intelligence et cette conscience dont suffit à le priver une grave maladie, ou
seulement quelque léger dommage infligé à ses facultés mentales tel qu'un simple
évanouissement ? Comment concevoir cette survie de la conscience et de la personnalité
alors qu'auront été entièrement désintégrés les instruments qui sont la condition
même de leur existence et de leur fonctionnement ?
Sache que l'âme humaine est exaltée au-dessus des infirmités du corps et de l'intelligence,
au point de s'en trouver complètement indépendante. Le fait qu'une personne malade
donne des signes de faiblesse est dû aux obstacles que la maladie interpose entre
son âme et son corps, car les indispositions du corps ne sauraient affecter l'âme
elle-même. Considère la lumière de la lampe. Encore que quelque objet puisse gêner
son rayonnement, cette lumière continue à briller sans rien perdre de sa puissance.
De même, toute maladie qui afflige le corps humain est un obstacle qui empêche
l'âme de manifester le pouvoir qui lui est inhérent. Elle n'en montrera pas moins,
à sa sortie du corps, une puissance et une influence qu'aucune force terrestre
ne peut égaler. Toute âme pure, évoluée et sanctifiée sera alors douée d'une puissance
irrésistible et connaîtra une joie sans pareille.
Considère la lampe cachée sous le boisseau. Encore qu'elle y brille, son éclat
est dérobé aux yeux des hommes. Considère de même le soleil qu'obscurcissent les
nuages. Vois comme sa splendeur paraît avoir diminué, alors qu'en réalité, la
source de cette splendeur n'a rien perdu de sa force. L'âme de l'homme peut être
comparée au soleil et toutes choses sur la terre considérées comme son corps.
Tant que ne s'interpose entre eux aucun obstacle extérieur, le corps reflète dans
son intégralité la lumière de l'âme dont la puissance le maintient en vie. Mais
aussitôt qu'un voile les sépare, l'éclat de la lumière semble s'atténuer.
Considère de nouveau le soleil quand les nuages le cachent entièrement. Bien que
la terre reste éclairée de sa lumière, la quantité qu'elle en reçoit est considérablement
réduite. Et jusqu'à ce que ces nuages aient disparu, le soleil ne pourra pas briller
dans la plénitude de sa gloire. Mais la présence des nuages ou leur absence ne
peuvent, en aucune façon, affecter la splendeur inhérente au soleil. L'âme de
l'homme est le soleil, son corps en est illuminé et il en tire sa subsistance.
C'est ainsi qu'il faut la regarder.
Considère, en outre, comment le fruit, avant d'être formé, réside en puissance
dans l'arbre. Mettrais-tu celui-ci en morceaux que tu n'y pourrais découvrir la
moindre trace de fruit. Et cependant vois avec quelle merveilleuse beauté, quelle
perfection de formes ce fruit se manifeste à son apparition. Certains même, comme
tu sais, n'atteignent leur complet développement qu'après avoir été séparés de
l'arbre.
81. Lawh-i-'Abdu'l-Vahhab (Acre)
Revenons maintenant à ta question relative à l'âme humaine et à sa survie après
la mort. Sache en vérité que l'âme, après sa séparation du corps, continue de
progresser jusqu'à accéder à la présence de Dieu, dans un état et dans des conditions
que ne sauraient changer ni les révolutions des âges et des siècles, ni les hasards
et vicissitudes de ce monde. Elle durera autant que dureront le royaume de Dieu,
sa souveraineté, son empire et sa puissance. Elle manifestera les signes et attributs
de Dieu et révélera sa tendre bonté et sa générosité. Ma plume s'arrête quand
elle tente de décrire de manière appropriée l'élévation et la gloire d'un si sublime
état. L'honneur que la Main de miséricorde conférera à l'âme humaine est tel qu'aucune
parole ne peut adéquatement le révéler ni aucun autre moyen terrestre le décrire.
Bénie l'âme qui, à l'heure où elle est séparée du corps, est purifiée des vaines
imaginations des peuples de ce monde ! Une telle âme vit et se meut selon la volonté
de son Créateur et parvient au paradis suprême. Les célestes houris, habitantes
des plus hautes demeures, s'assemblent autour d'elle, et les prophètes et élus
de Dieu recherchent sa compagnie. Elle entretient librement ces êtres célestes
de tout ce qu'elle a souffert dans le chemin vers Dieu, le Seigneur de tous les
mondes. Si l'homme savait ce qui est réservé à son âme dans les mondes de Dieu,
le Seigneur des cieux et de la terre, il se consumerait du désir d'atteindre un
si sublime, un si resplendissant état. [...]
La nature de l'âme après la mort ne peut jamais se décrire et il n'est ni opportun,
ni permis de révéler son véritable caractère aux yeux des hommes. L'unique mission
des prophètes et des messagers de Dieu est de guider l'humanité dans le droit
chemin de la vérité. L'objet de leur révélation est d'instruire tous les hommes
de telle sorte qu'à l'heure de leur mort, ils puissent, dans un état de pureté,
de sainteté et de parfait détachement, s'élever jusqu'au trône du Très-Haut. De
la lumière qui rayonne de ces âmes dépendent le progrès du monde et l'avancement
de ses peuples. Elles sont le levain qui fait lever le monde de l'être et elles
constituent les forces animatrices grâce auxquelles se manifestent les arts et
toutes les merveilles de ce monde. C'est par elles que les nuages déversent leur
eau bienfaisante et que la terre donne ses fruits. Tout phénomène nécessite une
cause, une force motrice ou un principe animateur. Ce sont donc ces âmes, ces
symboles d'abnégation qui ont toujours donné et qui continueront de donner l'impulsion
suprême au monde de l'être. Le monde de l'au-delà est aussi différent du monde
terrestre que celui-ci diffère du monde que connaît l'enfant dans le sein de sa
mère.
Quand l'âme sera en la Présence divine, elle prendra la forme la plus convenable
à son immortalité, la plus digne de son habitation céleste. Son existence, toutefois,
est contingente et non pas absolue, en tant que le contingent dépend d'une cause,
tandis que l'absolu en est affranchi. L'existence absolue est le privilège exclusif
de Dieu, exaltée soit sa gloire. Heureux celui qui saisit cette vérité. Si tu
méditais en ton coeur sur la conduite des prophètes de Dieu, tu reconnaîtrais
et attesterais qu'il doit y avoir d'autres mondes que celui-ci. Les sages et les
savants ont, en majorité, témoigné de la vérité des révélations des saintes Ecritures,
ainsi qu'il est rapporté par la Plume de gloire dans la Tablette de sagesse. Les
matérialistes, eux-mêmes ont, en leurs écrits, attesté la sagesse des messagers
divins et reconnu que leurs dires touchant l'enfer et le paradis, la récompense
et le châtiment futurs, était inspirés du désir d'éduquer et d'élever l'âme des
hommes. Vois donc comment la plupart des hommes, quelles que soient leurs croyances
ou leurs théories, ont reconnu l'excellence et admis la supériorité de ces prophètes
de Dieu. Certains ont salué en ces perles de détachement des incarnations de la
sagesse tandis que d'autres les tenaient pour les porte-parole de Dieu lui-même.
Et comment de telles âmes eussent-elles consenti à s'abandonner aux mains de leurs
ennemis si elles avaient cru que tous les mondes de Dieu se réduisent à cette
vie terrestre ? Auraient-elles, dans ces conditions, souffert de leur plein gré
des afflictions et des tourments que jamais aucun homme n'a subis, ni vus.
82. À Muhammad-'Ali
Tu m'as interrogé sur la nature de l'âme. Sache, en vérité, que l'âme est un signe
de Dieu, une gemme céleste dont la réalité a échappé aux plus savants des hommes
et dont aucun esprit, si pénétrant qu'il soit, ne peut espérer sonder le mystère.
Elle est, de toutes choses créées, la première à proclamer l'excellence de son
Créateur, à reconnaître sa gloire, à s'attacher à sa vérité et à se prosterner
en adoration devant lui. Si elle reste fidèle à Dieu, elle reflétera sa lumière
et, finalement, retournera à lui. Mais si elle manque à l'allégeance qu'elle lui
doit, elle succombera à l'égoïsme et aux passions et finira par sombrer dans leurs
abîmes.
Quiconque s'est, en ce jour, refusé à se laisser détourner de celui qui est la
Vérité éternelle, par les doutes et les vaines imaginations des hommes, et n'a
point permis au tumulte provoqué par les autorités ecclésiastiques et séculières
de l'empêcher de reconnaître son message, Dieu, le Seigneur de tous les hommes,
le tiendra pour un de ses puissants signes, et il le comptera au nombre de ceux
dont le nom est inscrit dans son livre par la Plume du Très-Haut. Béni celui qui
s'est rendu compte de la réelle grandeur d'une telle âme, qui a reconnu son rang
et découvert ses vertus.
Il a beaucoup été écrit dans les livres anciens sur les divers stades du développement
de l'âme telles que: concupiscence, irascibilité, inspiration, bienveillance,
contentement, bon plaisir divin, etc. La Plume du Très-Haut répugne cependant
à insister sur ce sujet. Toute âme qui, en ce jour, chemine humblement avec son
Dieu et s'attache à lui se trouvera honorée et glorifiée par toutes les qualifications
et par tous les rangs excellents.
Quand l'homme est endormi, son âme ne peut être en elle-même affectée par un objet
extérieur. L'état et le caractère d'origine de celle-ci ne sont susceptibles d'aucun
changement. Dans ses fonctions, toute variation doit être imputée à des causes
extérieures. C'est à ces influences extérieures que doivent être attribuées toutes
variations dans son environnement, sa compréhension et sa perception.
Considère l'oeil humain. Encore qu'il ait la faculté de percevoir toutes choses
créées, il suffit du plus léger obstacle pour obstruer sa vision au point de l'empêcher
de distinguer quelque objet que ce soit. Magnifié soit le nom de celui qui a créé
ces causes, et qui en est la cause, qui a ordonné que dépendent d'elles tout changement,
toute variation dans le monde de l'être. Toute chose créée n'est dans l'univers
qu'une porte ouverte sur la connaissance de Dieu, un signe de sa souveraineté,
une révélation de ses noms, un symbole de sa majesté, un gage de sa puissance,
un moyen pour être accepté dans son chemin droit. [...]
En vérité, je te le dis, l'âme humaine est, dans son essence, un des signes de
Dieu, un mystère parmi ses mystères. Elle est un des puissants signes du Tout-Puissant,
le héraut qui proclame la réalité de tous les mondes de Dieu. En elle se cache
ce que le monde est encore complètement incapable de comprendre. Réfléchis profondément
à la révélation de l'Âme de Dieu qui imprègne toutes ses lois, et vois le contraste
entre elle et cette nature basse et avide qui s'est rebellée contre lui, qui empêche
les hommes de se tourner vers le Seigneur des noms et les pousse à satisfaire
leur convoitiseet leur perversité. L'âme humaine qui s'abandonne à cette nature
s'est égarée fort avant dans le sentier de l'erreur. [...]
Tu m'as encore demandé ce que devient l'âme une fois qu'elle est séparée du corps.
Sache en vérité que si elle a suivi les voies de Dieu, elle retournera à Dieu,
et sera recueillie pour la gloire du Bien-Aimé. Par la justice de Dieu ! elle
sera élevée à un état que ne saurait peindre aucune plume, ni aucune langue décrire.
L'âme qui est restée fidèle à la cause de Dieu, qui s'est tenue fermement dans
son chemin sans en dévier jamais possédera, après son ascension, un tel pouvoir
que tous les mondes créés par le Tout-Puissant en bénéficieront. Une telle âme
fournit, par ordre du Roi de perfection, du divin Éducateur, le pur levain qui
fait lever le monde de l'être, et crée la puissance par laquelle se produisent
tous les arts et toutes les merveilles du monde. Considère combien, pour lever,
la farine a besoin de levain. Ces âmes, véritables symboles de renoncement, sont
le levain du monde. Médite ce sujet et sois de ceux qui rendent grâces.
Dans plusieurs de nos tablettes, nous avons abordé ce sujet et montré les divers
stades de développement de l'âme. En vérité, je te le dis, l'âme humaine est au-dessus
des lois qui régissent le mouvement. Elle reste immobile cependant qu'elle vole
; et elle se meut tout en restant immobile. Elle atteste, par elle-même, aussi
bien l'existence d'un monde qui est contingent que la réalité d'un monde qui n'a
ni commencement ni fin. Admire comment tes rêves se réalisent sous tes yeux, après
de longues années. Considère l'étrangeté du mystère de ce monde qui t'est apparu
dans tes rêves. Médite sur l'insondable sagesse de Dieu et la multitude de ses
révélations. [...]
Contemple les preuves évidentes de l'oeuvre divine et réfléchis à son caractère
et à sa portée. Celui qui est le Sceau des prophètes a dit: "Ô Dieu, accrois mon
émerveillement et mon ravissement devant toi !"
Pour ce qui est de ta question de savoir si le monde physique est assujetti à
certaines limites, sache que l'intelligence d'un pareil sujet dépend surtout de
l'observateur lui-même. Dans un sens, ce monde physique est limité, et dans un
autre, il est affranchi de toute borne. Le seul vrai Dieu a toujours existé et
ne cessera jamais d'être. De même la création n'a pas eu de commencement et n'aura
jamais de fin. Néanmoins, tout ce qui est créé se trouve précédé d'une cause.
Et voilà qui établit, sans l'ombre d'un doute, l'unité du Créateur.
Tu m'as, en outre, interrogé sur la nature des sphères célestes. Il faudrait,
pour comprendre leur nature, rechercher le sens des allusions qui ont été faites
dans les Livres anciens aux sphères célestes et aux cieux et découvrir leurs rapports
avec ce monde physique, et l'influence qu'elles exercent sur lui. Il n'est point
de coeur qui ne s'émerveille devant un si troublant sujet, ni d'esprit que son
mystère ne plonge dans la perplexité. Dieu seul peut en pénétrer le sens. Les
savants, qui ont fixé à plusieurs milliers d'années l'âge de la terre, n'ont pris
en considération, lors de leur longue période d'observation, ni l'âge ni le nombre
des autres planètes. Il faut aussi considérer les multiples divergences des théories
édifiées par ces savants. Sache du moins que toute étoile fixe a ses propres planètes,
et que chaque planète a ses propres créatures qu'aucun homme ne peut compter.
Ô toi qui as fixé les yeux sur mon visage, l'Aurore de gloire a en ce jour manifesté
son éclat, et la voix du Très-Haut appelle l'humanité. Nous avons autrefois prononcé
ces paroles: " Pour aucun homme ce n'est le jour d'interroger son Seigneur.
Que quiconque a entendu l'appel de Dieu, exprimé par celui qui est l'Aube de gloire,
se lève et s'écrie: "Me voici, Seigneur de tous les noms, me voici ; je suis là,
ô Créateur des cieux, je suis là ! J'atteste que, par ta révélation, les choses
cachées dans les livres de Dieu ont été révélées, et que tout ce qu'ont rapporté
tes messagers, dans les saintes Ecritures, est accompli.""
83. Lawh-i-Hadi
Considère la raison dont Dieu a doué l'âme de l'homme. Examine ta propre personne,
et vois comment te mouvoir et rester immobile, vouloir et décider, voir et entendre,
sentir et parler, enfin tout ce qui a trait à tes sens physiques et à tes perceptions
spirituelles ou les dépasse, procèdent de cette raison et lui doivent son existence.
Toutes ces fonctions dépendent si étroitement de cette faculté que la moindre
atteinte qui lui serait portée dans ses relations avec le corps humain entraînerait
un arrêt immédiat du fonctionnement de tous les sens et les priverait de pouvoir
manifester les signes de leur activité. Il est évident que le fonctionnement de
tous ces moyens que nous venons de mentionner dépend de la faculté de raisonner
qui doit être considérée comme un signe de la révélation de celui qui est le souverain
Seigneur de tous. C'est par sa manifestation qu'ont été révélés tous ces noms
et attributs et la suspension de son activité équivaudrait à leur complète destruction.
Il serait tout à fait inexact de prétendre que la raison se confond, par exemple,
avec le sens de la vue, car ce sens procède de la raison et fonctionne sous son
contrôle. Il serait également puéril de soutenir qu'elle s'identifie avec l'ouïe,
puisque ce sens en reçoit l'énergie nécessaire pour accomplir ses fonctions.
La même relation unit cette faculté à tout ce qui, dans le temple humain, est
le dépositaire de ces noms et attributs. Ceux-ci ont été engendrés par l'intermédiaire
de ce signe de Dieu. Ce signe est, en son essence, immensément exalté au-delà
de ces noms et attributs.
Que dire ! tout en dehors de lui s'évanouit en pur néant et devient chose oubliée,
comparé à sa gloire.
Méditerais-tu, depuis cet instant jusqu'à la fin qui n'a point de fin, et avec
toute l'intelligence qu'ont pu atteindre dans le passé ou qu'atteindront dans
l'avenir les plus grands esprits, sur cette subtile Réalité d'origine divine,
ce signe de la révélation de l'Éternel, le Très-Glorieux, que tu n'arriverais
pas à en comprendre le mystère ni évaluer ses mérites. Ayant donc reconnu ton
impuissance à atteindre une compréhension satisfaisante de cette Réalité qui force
le respect en toi, tu admettras aisément la futilité de toute tentative de ta
part, ou de la part de n'importe quel être créé, pour sonder le mystère du Dieu
vivant, le Soleil de gloire immortelle, l'Ancien des jours éternels. Cet aveu
d'impuissance qu'impose à tout esprit une mûre réflexion, représente l'apogée
de l'intelligence humaine et marque le point culminant du développement de l'homme.
84. A un inconnu
Considère le seul vrai Dieu comme distinct de toutes choses créées et immensément
exalté au-dessus d'elles. Tout l'univers reflète sa gloire, tandis que lui-même
reste toujours indépendant de ses créatures et les transcende. Telle est la vraie
signification de l'unité divine. Celui qui est la Vérité éternelle exerce sur
le monde de l'existence une souveraineté indiscutable, et son image se reflète
dans le miroir de la création. Toute existence dépend de lui, et c'est de lui
que toutes choses créées tirent leur subsistance. Voilà le sens de l'unité divine,
tel en est le principe fondamental.
D'aucuns, abusés par leurs vaines imaginations, ont perçu toutes choses créées
en associés et partenaires de Dieu, et ils se sont flattés d'être eux-mêmes les
tenants de son unité. Par celui qui est le seul vrai Dieu, ils sont et seront
toujours les victimes d'une imitation aveugle et il faut les compter parmi ceux
qui restreignent la notion de Dieu.
Il est un vrai croyant en l'unité de Dieu celui qui, loin de confondre unité et
dualité, ne permet à aucune notion de multiplicité d'obscurcir sa conception de
l'unité divine, et qui regarde l'Être divin comme affranchi, par sa nature même,
de toute limitation de nombres.
La croyance en l'unité de Dieu consiste essentiellement à considérer que celui
qui est la Manifestation de Dieu et celui qui est l'invisible, inaccessible et
inconnaissable Essence, ne sont qu'un. Il faut entendre par là que tout ce qui
appartient au premier, ses faits et gestes et quoi qu'il ordonne ou défende, en
tous aspects, en toutes circonstances et sans aucune exception, doit être tenu
pour conforme à la volonté de Dieu lui-même. Tel est l'état le plus haut auquel
un vrai croyant en l'unité de Dieu puisse espérer s'élever. Béni l'homme qui,
parvenu à cette condition, reste ferme dans sa croyance.
85. A un inconnu
Ô mes serviteurs, il convient de rafraîchir et de revivifier vos âmes par les
faveurs et les grâces dont vous êtes inondés en ce printemps divin qui enthousiasme
les coeurs. Le Soleil de sa grande gloire répand sur vous sa splendeur rayonnante,
et les nuages de sa grâce illimitée vous enveloppent de leur ombre. Quelle récompense
sublime pour celui qui ne se prive pas d'un si grand bienfait et ne manque pas
d'y reconnaître la beauté de son Bien-Aimé en son nouveau vêtement.
Dis: Ô peuple ! la lampe de Dieu est allumée. Prenez garde que les vents impétueux
de votre désobéissance n'en soufflent la lumière. Le temps est venu de vous lever
pour magnifier le Seigneur, votre Dieu. Ne recherchez point les conforts matériels,
et gardez vos coeurs purs et sans tache. Le Malin se tient en embuscade, prêt
à vous prendre au piège. Armez-vous contre ses perfides stratagèmes et, guidés
par la lumière du nom du seul vrai Dieu, dégagez-vous des ténèbres qui vous enveloppent.
Concentrez vos pensées sur le Bien-Aimé plutôt que sur vous-mêmes.
Dis: Ô vous qui vous êtes égarés, le messager divin, qui ne dit que la vérité,
vous a annoncé la venue du Bien-Aimé. Voyez, il est maintenant parmi vous. Aussi,
pourquoi êtes-vous tristes et abattus ? Pourquoi ce découragement, alors que le
Pur, le Caché est apparu sans voile au milieu de vous ? Celui qui est le Commencement
et la Fin, le Mouvement et l'Immobilité est maintenant manifeste à vos yeux. Voyez
comment, en ce jour, le commencement se reflète dans la fin et comment, de l'immobilité,
s'engendre le mouvement. Ce mouvement est suscité par les énergies puissantes
qui se dégagent, à travers la création, des paroles du Tout-Puissant. Celui qui
sent leur influence vivifiante sera porté par elles jusqu'à la cour du Bien-Aimé
; et celui qui s'y soustrait sombrera dans un désespoir irrémédiable. Vraiment
sage est celui que le monde et tout ce qu'il contient ne peuvent empêcher de reconnaître
la lumière de ce jour, et que le vain bavardage des hommes ne détourne pas du
droit chemin. Il est comme mort celui que l'aube merveilleuse de cette révélation
n'a pu stimuler de sa brise stimulante. En vérité, c'est un captif qui ne reconnaît
point le Rédempteur suprême, et souffre que son âme reste enchaînée dans les fers
de ses désirs, en proie à l'impuissance et au désespoir.
Ô mes serviteurs ! quiconque goûte aux eaux de cette fontaine parvient à la vie
éternelle, et quiconque refuse de s'y abreuver se rend semblable aux morts. Dis:
Ô artisans d'iniquité, la convoitise vous a jusqu'ici empêchés de prêter l'oreille
à la douce voix de celui qui suffit à tout. Chassez-la de votre coeur, afin que
son divin secret vous soit révélé. Voyez-le, aussi manifeste et resplendissant
que le soleil dans toute sa gloire.
Dis: Ô vous qui avez perdu la raison, une terrible épreuve vous menace, qui soudain
viendra vous frapper. Faites diligence pour qu'elle passe sans vous atteindre.
Reconnaissez le caractère sublime du nom du Seigneur, votre Dieu, venu à vous
dans la grandeur de sa gloire. Il est, en vérité, l'Omniscient, l'Omnipossédant,
le Protecteur suprême.
86. À Zaynu'l-Muqarrabin
Et maintenant, en ce qui concerne ta question de savoir si les âmes humaines,
après avoir été séparées du corps, restent conscientes les unes des autres, sache
que les âmes du peuple de Baha qui sont entrées et se sont établies dans l'Arche
vermeille communieront entre elles si intimement, qu'en toutes leurs aspirations,
tous leurs buts et tous leurs efforts, elles seront comme une seule et même âme.
Et voilà, en vérité, des âmes bien informées, clairvoyantes et douées d'entendement.
Ainsi en a décrété celui qui est l'Omniscient, le Très-Sage.
Le peuple de Baha, habitants de l'arche de Dieu, connaissent tous parfaitement
leurs états et conditions réciproques et ils sont unis entre eux par les liens
d'une intime communion. Une telle union, cependant, dépend de leur foi et de leur
conduite. Ceux qui sont de même niveau et de même condition connaissent parfaitement
leurs capacités, caractères, talents et mérites respectifs, alors que ceux qui
sont d'un niveau inférieur sont incapables de bien comprendre la condition de
ceux qui sont d'un rang supérieur ou d'apprécier leurs mérites. Chacun recevra
sa part de son Seigneur. Béni l'homme qui s'est tourné vers Dieu et a marché fermement
dans son amour, jusqu'à ce que son âme ait pris son essor vers Dieu, le souverain
Seigneur de tous, l'Omnipotent, le Clément, le Miséricordieux.
En revanche, les âmes des infidèles - et cela je l'atteste - au moment de rendre
à Dieu leur dernier souffle, prendront conscience de toutes les bonnes choses
qu'elles auront négligé d'acquérir. Elles se lamenteront sur leur sort et s'humilieront
devant Dieu, et elles continueront de le faire après avoir quitté leur corps.
Il est clair et évident qu'après leur mort physique, tous les hommes prendront
conscience de la valeur de leurs actes et comprendront pleinement ce que leurs
mains ont forgé. Je le jure par le Soleil qui brille à l'horizon de la puissance
divine ! Au moment où ils quitteront cette vie, les fidèles du seul vrai Dieu
éprouveront une joie et une allégresse impossibles à décrire, tandis que ceux
qui auront vécu dans l'erreur seront saisis de crainte et de tremblements et remplis
d'une consternation sans égale. Heureux celui qui aura bu le vin pur et limpide
de la foi, par la grâce et la multitude des bienfaits de celui qui est le Seigneur
de toutes les croyances. [...]
Le jour est venu où les aimés de Dieu doivent tenir leurs yeux fixés sur sa Manifestation,
et s'attacher à tout ce qu'il lui plaît de révéler. Certaines traditions des âges
anciens ne reposent sur aucun fondement, et les notions entretenues par les générations
passées et qui sont rapportées dans leurs livres, ont pour la plupart été influencées
par les désirs d'une inclination corrompue. Tu sais, toi-même, combien sont erronés
la plupart des commentaires et interprétations des paroles de Dieu ayant maintenant
cours parmi les hommes ; leur inexactitude a été parfois pleinement démasquée
lorsque les voiles ont été déchirés. Elles-mêmes ont reconnu leur incapacité à
saisir la signification d'une seule parole de Dieu.
Notre propos est de montrer que si les aimés de Dieu purifiaient leur coeur et
leurs oreilles des vains propos émis autrefois, et tournaient leur âme vers celui
qui est l'Aurore de sa révélation et vers tout ce qu'il a manifesté, leur attitude
serait jugée par Dieu hautement méritoire. [...]
Magnifie son nom et sois de ceux qui rendent grâces. Transmets mon salut à mes
bien-aimés que Dieu a distingués pour son amour et auxquels il a permis de réaliser
leurs aspirations. Et gloire à Dieu, le Seigneur de tous les mondes !
87. Lawh-i-'Abdu'r-Razzaq
Passons à ta question: "Comment ne reste-t-il aucune trace des prophètes qui précédèrent
Adam, le Père de l'humanité, ou des rois qui vivaient au temps de ces prophètes
?" Sache que l'absence de toute mention les concernant n'est pas une preuve que
ces rois et ces prophètes n'aient point existé. Le fait qu'aucun souvenir n'ait
été gardé d'eux tient à leur extrême éloignement dans le temps, aussi bien qu'aux
grands changements survenus dans le monde depuis leur époque.
De plus, les modes d'écriture qui ont cours aujourd'hui étaient inconnus des générations
pré-adamiques. Il fut même un temps où les hommes ignoraient complètement l'art
d'écrire et avaient adopté un système tout à fait différent de celui utilisé de
nos jours. De longues explications seraient nécessaires pour un exposé convenable
de la question.
Considère les changements qui se sont produits depuis les jours d'Adam. Les diverses
langues, si largement répandues, que parlent aujourd'hui les peuples de la terre,
étaient inconnues à l'origine, comme l'étaient d'ailleurs les lois et coutumes
actuellement en vigueur. Les peuples de ces époques parlaient une langue différente
de celles connues actuellement. La diversification du langage se produisit plus
tard dans un pays appelé Babel, lequel fut ainsi désigné parce que le terme "Babel"
signifie "lieu où se produisit la confusion des langues".
C'est ultérieurement que prévalut le syriaque, langue dans laquelle furent révélées
les Ecritures sacrées de l'ancien temps. Plus tard apparut Abraham, l'Ami de Dieu,
qui répandit sur le monde la lumière de la révélation divine. Le langage qu'il
employait lors de sa traversée du Jourdain prit le nom d'hébreu ('Ibrani) qui
signifie "langue de la traversée". Les livres de Dieu et les Ecritures sacrées
furent dès lors rédigés dans cette langue, et l'arabe ne devint la langue de la
révélation qu'après un laps de temps considérable. [...]
Vois donc le nombre et l'importance des changements survenus dans le langage écrit
et parlé depuis les jours d'Adam. Combien plus grands encore ont-ils dû être avant
lui !
Notre intention, en révélant ces paroles, est de montrer que le seul vrai Dieu,
en sa condition transcendante, se trouve et restera pour l'éternité, infiniment
exalté au-dessus de la louange et des conceptions de tout ce qui n'est pas lui.
Sa création a toujours existé et, de temps immémorial, des Manifestations de sa
gloire divine et des Aurores d'éternelle sainteté ont été envoyées avec mission
d'appeler l'humanité à reconnaître le seul vrai Dieu. Le fait que le nom de quelques-unes
d'entre elles soit oublié, et que toute trace de leur passage soit perdue, doit
être imputé aux troubles et aux changements qui ont frappé le monde.
Certains livres font mention d'un déluge où fut détruit tout ce qui existait,
souvenirs historiques aussi bien que le reste. D'autres cataclysmes effacèrent
aussi toute trace de nombreux événements. De plus, les récits d'ordre historique
qui subsistent aujourd'hui présentent entre eux des divergences de sorte que chaque
peuple a sa version de l'âge de la terre et de son histoire. Les uns font remonter
leur origine à huit mille ans, d'autres à douze mille. Pour qui a lu le livre
de Juk, il est clair que les récits des divers livres diffèrent largement.
Dieu veuille que, tournant les yeux vers la sublime Révélation, tu ne tiennes
absolument aucun compte de ces traditions et récits qui se contredisent les uns
les autres.
88. Ridvanu'Adl, à Siyyid Muhammad
Rida Shahmirzadi
Sachez que l'essence de justice et sa source sont incarnées dans les préceptes
prescrits par celui qui est la manifestation du Soi de Dieu parmi les hommes,
si vous êtes de ceux qui reconnaissent cette vérité. Il incarne véritablement
la norme infaillible et la plus élevée de la justice pour toute la création. Même
si sa loi devait semer l'épouvante dans le coeur de tous ceux qui sont dans le
ciel et sur la terre, cette loi ne serait encore que justice manifeste. Les troubles
et les peurs que la révélation de cette loi peut jeter dans les coeurs sont comparables
aux cris d'effroi du bébé privé du sein de sa mère, si vous êtes de ceux qui comprennent.
Si les hommes pouvaient pénétrer l'intention profonde de la révélation divine,
ils rejetteraient toute crainte, et leur coeur se remplirait d'allégresse et de
gratitude.
89. Tafsir-i-Suriy-i-Va'sh-Shams
(Acre), à Shaykh Mahmud Mufti
La parole de Dieu - exaltée soit sa gloire - dure éternellement, tu le crois avec
fermeté. De même, sache qu'il te faut croire d'une foi aussi ferme que jamais
la signification de cette parole ne saurait être épuisée. Seuls ceux qui en sont
les interprètes officiels, ceux dont le coeur est dépositaire de ses secrets ont
le pouvoir d'en comprendre toute la sagesse. Quiconque lit les Ecritures sacrées
et éprouve la tentation de choisir ce qui peut lui servir à récuser l'autorité
du Représentant de Dieu parmi les hommes, est en vérité semblable à un mort, bien
que, selon les apparences extérieures, il semble marcher, converser avec ses voisins,
partager leur nourriture et leur boisson.
Puisse le monde me croire ! Si tout ce qui se trouve enfermé dans le coeur de
Baha et tout ce que lui a enseigné le Seigneur, son Dieu, le Seigneur de tous
les noms, était dévoilé à l'humanité, il ne se trouverait pas un seul homme qui
n'en fût confondu.
Combien grande est la multitude des vérités que le vêtement des mots ne saurait
contenir ! Combien nombreuses sont ces vérités qu'aucune expression ne peut rendre
de façon adéquate, dont le sens ne pourra jamais être dévoilé, et auxquelles il
est impossible de faire l'allusion même la plus lointaine ! Combien de ces vérités
doivent rester inexprimées jusqu'à ce que soit venu le temps fixé pour leur révélation
! Ainsi qu'il a été dit: "Tout ce qu'un homme sait ne peut pas toujours être communiqué
; quant à tout ce qui peut être communiqué, il n'est pas toujours opportun de
le faire et tout ce qui pourrait être opportunément communiqué ne correspond pas
toujours à la réceptivité de ceux qui l'écoutent."
Parmi ces vérités, il en est qui ne peuvent être révélées que dans la mesure où
sont capables de les recevoir les dépositaires de la lumière de notre science
et ceux qui reçoivent notre grâce cachée. Nous prions Dieu de te fortifier de
sa puissance et de te rendre capable de reconnaître celui qui est la source de
toute science, afin que tu puisses te détacher de tout savoir humain. "Que servirait
en effet à un homme de courir après ce savoir, quand il a déjà trouvé et reconnu
celui qui est l'objet de toute connaissance ?" Attache-toi à la Racine du savoir
et à celui qui en est la source, afin de te rendre indépendant de tous ceux qui
se prétendent versés dans la science humaine, et dont ni revendication ni preuve
manifeste, pas plus que le témoignage d'un quelconque livre éclairé, ne peuvent
soutenir la prétention.
90. Kitab-i-Iqan
Tout ce qui est dans les cieux et sur la terre porte en soi la preuve directe
des attributs et des noms de Dieu, puisqu'en tout atome sont enchâssés des signes
qui portent un éloquent témoignage de la révélation de cette grande lumière. Il
me paraît même qu'aucun être ne pourrait exister sans la puissance de cette révélation.
Combien resplendissantes sont les lumières de connaissance qui brillent dans un
atome, et combien vastes les océans de sagesse qui s'enflent dans une goutte d'eau
! C'est d'autant plus vrai de l'homme qui, entre toutes choses créées, a été drapé
du vêtement d'un tel bienfait et choisi pour la gloire d'une telle distinction.
Car en lui sont virtuellement révélés, à un degré qu'aucune autre chose créée
ne saurait atteindre, tous les noms et attributs de Dieu. Tous ces noms et attributs
lui sont applicables. Ainsi a-t-il été dit:
"L'homme est mon mystère, et je suis son mystère." Multiples sont les versets
qu'ont révélés à plusieurs reprises les Livres célestes et les saintes Ecritures,
exposant ce thème subtil et sublime. De même a-t-il été révélé: "Nous leur montrerons
nos signes, à la fois dans le monde et en eux-mêmes." Et de nouveau: "Et aussi
en vous-mêmes, ne reconnaîtrez-vous pas les signes de Dieu ?" Et encore: "Et ne
soyez point du nombre de ceux qui ont oublié Dieu, et qu'il a rendus oublieux
d'eux-mêmes." À ce propos, celui qui est le Roi éternel - puissent les âmes de
tous ceux qui habitent le tabernacle mystique lui être offertes en sacrifice -
a déclaré: "Il a connu Dieu, celui-là qui s'est connu lui-même.". [...]
De tout ce qui vient d'être dit, il ressort avec évidence que toutes choses, en
leur réalité essentielle, portent témoignage de la révélation en elles des noms
et attributs de Dieu. Chacune, selon sa capacité, montre et exprime la connaissance
de Dieu. Cette révélation est si puissante et d'une telle universalité qu'elle
embrasse toutes choses, tant visibles qu'invisibles. Ainsi a-t-il été révélé:
"Existe-t-il en dehors de toi, un pouvoir de révélation qui aurait pu te manifester
?
Aveugle est l'oeil qui ne te voit point." De même le Roi éternel a dit: "Il n'y
a aucune chose que je perçoive sans y percevoir Dieu, Dieu avant, ou Dieu après."
Dans la tradition de Kumayl, il est encore écrit: "Vois: une lumière a brillé
du matin de l'éternité, et voilà que ses ondes ont pénétré la réalité essentielle
des hommes." C'est en l'homme, la plus noble et la plus parfaite de toutes les
choses créées, que se manifeste le mieux la force de cette révélation, et c'est
lui qui en exprime le plus complètement la gloire. Et de tous les hommes, les
plus parfaits, les plus éminents et les plus excellents sont les Manifestations
du Soleil de vérité. Bien mieux, ce n'est que par l'opération de la volonté de
ces Manifestations et par l'effusion de leur grâce que tous les autres vivent
et se meuvent.
91. Kitab-i-Iqan
Entre autres preuves de la vérité de cette révélation se trouve celle-ci: à tout
âge et dans chaque dispensation, toutes les fois que l'invisible Essence s'est
révélée dans la personne de sa Manifestation, des âmes humbles et dégagées de
toutes entraves terrestres ont cherché la lumière auprès du Soleil de la prophétie
et de la Lune de la direction divine, et ont ainsi trouvé accès à la divine Présence.
D'où le mépris et les sarcasmes dont les ont toujours accablés les prêtres et
les riches de leur temps. Ainsi qu'il l'a révélé au sujet de ceux qui errent:
"Nous ne voyons en toi qu'un homme comme nous, dirent alors les chefs de son peuple
qui n'ont pas cru. Et nous ne trouvons parmi tes disciples que des êtres bas et
dépourvus de jugement. Vraiment, nous ne voyons en vous tous, par rapport à nous,
d'excellence d'aucune sorte. Nous vous tenons pour des imposteurs." Ils chicanèrent
ces saintes Manifestations et protestèrent: "Nul ne vous a suivis que les plus
abjects d'entre nous, des gens qui ne méritent aucune attention." Ils voulaient
ainsi montrer que personne parmi les savants, les riches et les gens éminents
n'avait cru en eux. C'est par de semblables preuves qu'ils cherchaient à établir
la fausseté de celui qui, pourtant, ne disait que la vérité.
Mais lors de cette resplendissante révélation, nombre de prêtres éclairés, d'hommes
d'une science consommée, de docteurs d'une profonde sagesse ont accédé à sa cour,
bu à la coupe de sa présence divine et reçu l'honneur de ses bienfaits les plus
précieux. Ils ont, pour l'amour du Bien-Aimé, renoncé au monde et à tout ce qu'il
contient. [...]
Tous ceux-là ont été guidés par la lumière du Soleil de la révélation divine,
ont confessé et reconnu sa vérité. Leur foi fut telle que la plupart d'entre eux
ont abandonné leurs biens et leurs proches pour s'attacher au bon plaisir du Très-Glorieux.
Ils ont offert leur vie pour le Bien-Aimé et tout sacrifié pour suivre sa voie.
Leurs poitrines ont servi de cibles aux traits de l'ennemi et leurs têtes ont
orné les piques des infidèles. Il n'est point de terre qui n'ait bu le sang de
ces incarnations de renoncement, point d'épée qui n'ait meurtri leurs cous. Leurs
actes, à eux seuls, témoignent de la vérité de leurs paroles. Ce témoignage rendu
par ces âmes saintes dont le glorieux sacrifice a forcé l'admiration du monde
ne suffira-t-il pas à convaincre le peuple d'aujourd'hui ? Ne suffit-il pas à
confondre les traîtres qui ont, pour un denier, trahi leur foi, troqué l'immortalité
contre ce qui périt, renoncé pour des sources amères au Kawthar de la présence
divine, et qui ne songent qu'à usurper le bien d'autrui ? Tu vois toi-même comment,
tout occupés qu'ils sont des vanités de ce monde, ils errent loin de celui qui
est le Très-Haut.
Sois juste: n'est-il vraiment pas recevable le témoignage de ceux dont les actes
confirment les paroles et qui accordent leur conduite avec leurs pensées intimes
? La raison s'étonne de leurs actes et l'âme s'émerveille devant leur courage
moral et leur endurance physique. Et faut-il préférer le témoignage de ces êtres
sans foi qui ne respirent que l'égoïsme et qui sont les prisonniers de leurs vaines
imaginations ? Pareils à des oiseaux des ténèbres, ils ne lèvent la tête de l'oreiller
que pour courir après les choses transitoires de ce monde et ils n'ont de repos
qu'ils n'aient réussi à avancer leurs affaires sordides. Plongés dans leurs désirs
égoïstes, ils oublient totalement le décret divin. De toute leur âme, ils poursuivent,
le jour, des bénéfices matériels et emploient leurs nuits à satisfaire leurs désirs
charnels. De quelle loi, de quels principes peut-on se réclamer pour prendre en
considération le grossier refus de croire de ces esprits étroits et méprisables,
et ignorer la loi de ceux qui, pour l'amour du bon plaisir de Dieu, ont renoncé
à leur vie, à leurs biens, à leur réputation et à leur honneur ? [...]
Avec quel amour, quelle dévotion, quelle exultation, quels saints ravissements,
ils sacrifièrent leur vie dans le sentier du Très-Glorieux ! De cette vérité toutes
choses portent témoignage. Comment, après cela, rabaisser l'importance de cette
révélation ? Un autre âge a-t-il été témoin d'événements aussi considérables ?
Si de tels compagnons ne furent point de véritables serviteurs de Dieu, à qui
d'autre pourra-t-on donner ce nom ? Recherchèrent-ils jamais la gloire ou le pouvoir
? Aspirèrent-ils aux richesses ? Nourrirent-ils d'autre désir que celui de satisfaire
le bon plaisir de Dieu ? Et si de tels compagnons, avec leurs merveilleux témoignages
et leurs oeuvres admirables, furent dans l'erreur, qui pourra jamais se réclamer
de la vérité ? Je jure par Dieu ! Leurs actes sont une preuve suffisante et irréfutable
de la vérité de cette révélation pour tous les peuples de la terre, si les hommes
voulaient peser en leur coeur les mystères de la révélation divine. "Et ceux qui
agissent injustement connaîtront bientôt le sort qui leur a été réservé !"
Considère ces martyrs d'une indubitable sincérité, dont le Livre lui-même témoigne
de la droiture et qui, ainsi que tu en as toi-même été témoin, ont tous sacrifié
leur vie, leurs biens, leurs femmes, leurs enfants et tout ce qu'ils possédaient
pour s'élever jusqu'aux plus hautes demeures du paradis. Est-il juste de rejeter
le témoignage rendu à la vérité de cette prééminente et glorieuse révélation par
ces êtres sublimes, et de tenir pour recevables les accusations portées contre
cette resplendissante lumière par des gens sans foi ni loi qui, pour l'amour de
l'or et du pouvoir, ont renié leur croyance et rejeté celui qui est le Chef suprême
de l'humanité ? Maintenant que leur véritable caractère est connu de tous, qu'il
est aujourd'hui avéré qu'ils n'abandonneraient pas la moindre parcelle de leur
autorité terrestre pour l'amour de la sainte foi de Dieu, comment croire qu'ils
sacrifieraient leur vie, leurs biens et le reste !
92. A un inconnu
Le livre de Dieu est grand ouvert, et sa parole appelle à lui tous les hommes.
Mais il ne s'en est trouvé qu'une poignée pour adhérer à sa cause, ou pour s'employer
à la répandre. Ce petit nombre a reçu le divin élixir qui peut seul changer en
or pur l'écume du monde, en même temps que le pouvoir d'administrer l'infaillible
remède aux maux dont souffrent les enfants des hommes. Aucun homme ne peut parvenir
à la vérité éternelle sans avoir embrassé la vérité de cette inestimable, merveilleuse
et sublime révélation.
Ô amis de Dieu, tendez l'oreille à la voix de celui que le monde a si injustement
traité, et attachez-vous fermement à tout ce qui peut exalter sa cause. En vérité,
il guide qui lui plaît en son droit chemin. C'est là une révélation qui communique
de la force aux faibles et couvre de richesse les destitués.
Consultez-vous les uns les autres dans un esprit d'extrême amitié et de parfaite
fraternité et consacrez les jours précieux de votre vie à l'amélioration du sort
du monde et à l'avènement de la cause de celui qui est l'ancien et souverain Seigneur
de tous. Il ordonne aux hommes ce qui est juste, et il leur défend ce qui les
dégrade.
93. Lawh-i-Tafsir-i-Bayt-i-Sa'di,
à Shaykh Salman
Sache que toute chose créée est un signe de la révélation de Dieu. Chacune, selon
sa capacité, est et restera un symbole du Tout-Puissant. Ayant décidé, lui, le
souverain Seigneur de tous, de révéler sa souveraineté dans le domaine des noms
et attributs, il a, par un acte de sa volonté, fait de chaque chose créée un signe
de sa gloire. Si pénétrante et si répandue est cette révélation, qu'il n'y a rien
dans l'univers qui n'en reflète la splendeur. Dans ces conditions, s'efface toute
évocation d'éloignement ou de proximité. [...] Si la main du divin pouvoir retirait
aux choses créées ce don inestimable, l'univers en deviendrait vide et désolé.
Admire combien le Seigneur est infiniment exalté au-dessus de toutes choses créées.
Contemple sa majesté souveraine, son autorité, son pouvoir suprême. Si ces choses
qu'il a créées - exaltée soit sa gloire - et dont il a fait des manifestations
de ses noms et attributs, se trouvent, par la vertu de la grâce dont il les a
dotées, au-dessus de toutes conditions de proximité et d'éloignement, combien
plus élevée doit se trouver l'Essence divine qui les a appelées à l'existence
! [...]
Médite ce qu'a écrit le poète: "Ne t'étonne pas que mon Bien-Aimé soit plus près
de moi que je ne le suis moi-même ; étonne-toi plutôt qu'en dépit de sa proximité,
je reste, moi, si loin de lui". [...] Lorsque le poète se réfère à ce que Dieu
a révélé: "Nous sommes plus près de l'homme que la veine de son coeur", il a voulu
dire par ce verset que Dieu se trouve plus près de moi que la veine de mon coeur,
tout pénétré que soit mon être de la révélation de mon Bien-Aimé, malgré ma certitude
de la réalité de cette révélation et ma reconnaissance de ma condition. Il veut
dire par là que son coeur où siège le Miséricordieux et où trône la splendeur
de sa révélation est oublieux de son Créateur, s'est écarté de sa voie, privé
de sa gloire et a subi la souillure des désirs terrestres.
Il convient, à ce propos, de rappeler que le seul vrai Dieu est, en lui-même,
exalté au-delà et au-dessus des états d'éloignement et de proximité. Sa réalité
transcendante ne connaît pas de telles limitations. Sa relation avec ses créatures
ne connaît point de degrés. Que certaines d'entre elles soient proches et que
d'autres soient éloignées est dû aux Manifestations elles-mêmes.
Le fait que le coeur humain soit le siège de la révélation de Dieu, le Très-Miséricordieux,
est attesté par les saintes déclarations que nous avons autrefois révélées. Entre
autres, se trouve celle-ci: "La terre et le ciel ne me peuvent contenir ; seul,
peut me contenir le coeur de celui qui croit en moi et qui est fidèle à ma cause."
Le coeur humain, dépositaire de la lumière divine et siège de la révélation du
Miséricordieux, s'écarte si souvent de celui qui est la source de cette révélation
et de cette lumière. C'est l'indocilité du coeur qui l'éloigne de Dieu et le condamne
à être séparé de lui. Quant aux coeurs pleinement conscients de sa présence, ils
sont proches de lui et l'on peut dire qu'ils se sont approchés de son trône.
Considère, en outre, combien fréquemment l'homme est oublieux de lui-même, alors
que Dieu, par sa connaissance qui englobe toute chose, reste conscient de sa créature
et continue de répandre sur elle l'éclat manifeste de sa gloire. Il est donc évident
que, dans ces conditions, Dieu se trouve plus près de sa créature que celle-ci
ne l'est elle-même. Et il le demeurera à jamais, car tandis que le seul vrai Dieu
connaît, perçoit et embrasse toutes choses, l'homme est enclin à l'erreur et ignorant
des mystères qu'il porte au-dedans de lui-même.
Qu'on n'aille pas imaginer qu'en disant que toutes choses créées sont les signes
de la révélation de Dieu, nous entendions - Dieu nous en préserve - que tous les
hommes, bons ou mauvais, croyants ou mécréants, sont égaux devant Dieu. Cela n'implique
pas davantage que l'Être divin - magnifié soit son nom et exaltée sa gloire -
soit en aucune façon comparable aux hommes, ni qu'il puisse, en quelque manière,
être associé à ses créatures. Cette erreur est commise par quelques insensés qui,
tentant de se hausser jusqu'aux cieux de leurs vaines imaginations, ont prétendu
que l'unité divine signifiait que toutes choses créées sont des signes de Dieu,
et qu'il s'ensuivait qu'aucune distinction ne saurait être établie entre eux.
D'autres, les dépassant dans une telle erreur, vont jusqu'à prétendre que ces
signes ne sont rien de moins que les pairs et associés de Dieu lui-même. Juste
ciel ! il est, en vérité, un et indivisible, un dans son essence et un dans ses
attributs ! Tout ce qui n'est pas lui n'est rien en face de la resplendissante
révélation d'un seul de ses noms qui ne contient que la plus faible lueur de sa
gloire, et combien moins en face de Dieu lui-même !
Par la justice de mon nom, le Miséricordieux ! à la révélation de ces paroles,
la Plume du Très-Haut est agitée d'un tremblement douloureux. Combien chétive
et insignifiante est l'évanescente goutte d'eau auprès des lames et des vagues
houleuses de l'océan divin sans limite et sans fin, et combien méprisable, au
regard de l'ineffable gloire incréée de l'Éternel, apparaît tout ce qui est contingent
et périssable ! Pour ceux qui entretiennent de telles croyances et profèrent de
tels propos, nous implorons le pardon du Dieu tout-puissant. Dis: Ô peuple, comment
comparer l'Absolu à une pensée éphémère, et comment assimiler le Créateur à ses
créatures qui ne sont que les signes tracés par sa plume ? Que dis-je ! ce qui
sort de cette plume excelle toutes choses, est infiniment exalté au-dessus de
toute créature.
Considère encore dans leurs rapports mutuels les signes de la révélation de Dieu.
Le soleil, par exemple, qui n'est qu'un de ces signes, peut-il être mis au même
rang que les ténèbres ? Le seul vrai Dieu m'en rend témoignage ! Nul homme ne
le croira possible, à moins que son coeur ne soit desséché et ses yeux entièrement
abusés. Dites: Considérez votre propre personne. Vos ongles et vos yeux en font
partie. Leur attribuerez-vous même rang et même valeur ? Si vous acquiescez, alors
en vérité, vous accusez d'imposture le Seigneur, mon Dieu, le Très-Glorieux, car
vous coupez les uns et vous prenez soin des autres comme de votre propre vie.
Il n'est aucunement permis de transgresser les limites de son rang et de son état.
Ceux-ci doivent être maintenus dans leur parfaite intégrité. Autrement dit, toute
chose créée doit être considérée sous l'angle du rang qui lui a été assigné.
Il ne faut pas perdre de vue que lorsque la lumière de mon nom, l'Omnipénétrant,
répand son éclat sur le monde, toute chose créée est, selon un décret immuable,
douée de la capacité d'exercer une influence particulière, et mise en possession
d'une vertu distincte. Considère les effets du poison. Encore que mortel, il peut,
dans certaines conditions, exercer une influence bienfaisante. Le pouvoir dont
toute chose créée est imprégnée est la conséquence directe de la révélation de
ce nom béni. Gloire à celui qui est le Créateur de tous les noms et attributs
! Jetez au feu l'arbre pourri et desséché, restez à l'ombre de l'arbre vert et
florissant et prenez votre part de ses fruits.
La plupart de ceux qui vécurent aux jours des Manifestations de Dieu ont émis
ce genre de propos inconvenants. Ceux-ci sont recueillis en détails dans les Livres
révélés et les saintes Écritures.
Est vraiment croyant en l'unité de Dieu quiconque reconnaît en toutes choses créées
et en chacune d'elles, le signe de la révélation de celui qui est la Vérité éternelle,
et non pas celui qui maintient que la créature ne se distingue pas du Créateur.
Penche-toi, par exemple, sur la révélation de la lumière du nom de Dieu, l'Éducateur.
Vois comment se manifestent en toutes choses les preuves de cette révélation,
comment l'amélioration de tous les êtres en dépend. Cette éducation est de deux
sortes. L'une est universelle. Son influence pénètre toutes choses et entretient
leur existence. C'est pour cette raison que Dieu s'est donné le titre de "Seigneur
de tous les mondes". L'autre est réservée à ceux qui se sont mis à l'ombre de
ce nom et qui ont recherché l'abri de cette puissante révélation. Quant à ceux
qui l'ont dédaignée, ils se sont eux-mêmes frustrés de ce privilège et ne peuvent
bénéficier de la nourriture spirituelle envoyée par la grâce céleste de ce Plus-Grand-Nom.
Quel abîme sépare les uns des autres ! Si le voile était levé et qu'apparût dans
la plénitude de sa gloire la condition de ceux qui se sont résolument tournés
vers Dieu et qui, pour l'amour de lui, ont renoncé au monde, la création tout
entière en serait frappée de stupeur. Ainsi que cela a déjà été expliqué, le vrai
croyant en l'unité de Dieu verra dans le croyant et dans l'incroyant les signes
évidents de la révélation de ces deux noms. Si cette révélation était abolie,
tous périraient.
Penche-toi de même sur la révélation de la lumière du nom de Dieu, l'Incomparable.
Vois comment cette lumière a enveloppé toute la création, comment toutes les choses
créées manifestent les signes de son unité, attestent la réalité de celui qui
est la Vérité éternelle et proclament sa souveraineté, son unité et sa puissance.
Cette révélation est un gage de sa miséricorde qui a englobé toutes choses créées.
Ceux, toutefois, qui ont prêtés à Dieu des associés restent ignorants d'une telle
révélation. Ils sont privés de la foi par laquelle ils auraient pu s'approcher
de lui et s'unir à lui. Vois comment les divers peuples et phratries de la terre
témoignent de son unité. S'ils ne portaient pas en eux-mêmes le signe de cette
unité, ils n'eussent jamais reconnu la vérité des paroles: "Il n'est d'autre Dieu
que Dieu". Et pourtant, vois comme ils ont lamentablement erré, comme ils se sont
écartés de sa voie. En refusant de reconnaître la révélation souveraine, ils ont
cessé de compter parmi les vrais croyants en l'unité de Dieu.
En un sens, ce signe de la révélation de l'Être divin que portent en eux-mêmes
ceux qui ont donné à Dieu des associés, peut être considéré comme un reflet de
la gloire dont sont illuminés les fidèles. Mais c'est là une vérité accessible
à ceux-là seulement qui sont doués de compréhension. Ceux qui ont vraiment reconnu
l'unité de Dieu doivent être regardés comme les premiers à manifester ce nom.
Eux ont bu à longs traits dans la coupe que leur tendait la main de Dieu le vin
de l'unité divine, et ont tourné leur face vers lui. Quelle distance sépare ces
êtres sanctifiés de ces hommes qui errent si loin de Dieu ! [...]
Veuille le Seigneur que, d'un regard pénétrant, tu perçoives en toutes choses
le signe de la révélation de celui qui est l'ancien Roi et que tu reconnaisses
combien cet Être saint et sacré est exalté par-dessus toute la création. Telles
sont, en vérité, la racine et l'essence même de la croyance en l'unité divine.
"Dieu était seul ; il n'y avait personne autre que Lui." Il est maintenant ce
qu'il a toujours été. Il n'est d'autre Dieu que lui, l'Unique, l'Incomparable,
le Tout-Puissant, le Sublime, le Très-Grand.
94. À Jinab-i-Hashim
Passons maintenant à ce que tu as dit concernant l'existence de deux dieux. Prends
garde, prends bien garde d'être ainsi conduit à donner des associés au Seigneur,
ton Dieu. Il est, et a toujours été seul et unique, sans pair ni égal, éternel
dans le passé, éternel dans l'avenir, indépendant de toutes choses, sans limite,
immuable et absolu. Il ne s'est adjoint aucun associé dans son royaume, aucun
conseiller pour le guider, ni personne qui puisse lui être comparé et dont la
gloire puisse rivaliser avec sa gloire. De cela portent témoignage tous les atomes
de l'univers et, par-delà, les hôtes des royaumes célestes qui occupent les régions
les plus élevées et dont les noms sont rappelés devant le Trône de gloire.
Du fond du coeur, témoigne de cette déclaration faite par Dieu lui-même, et pour
lui-même, qu'il n'y a d'autre Dieu que lui, que tout ce qui n'est pas lui n'existe
que par son ordre, que tout a été façonné avec sa permission, est assujetti à
sa loi, rentre dans l'oubli lorsqu'on le compare aux preuves glorieuses de son
unité, et n'est que pur néant auprès des puissantes révélations de son unité.
De toute éternité, Dieu fut un dans son essence, un dans ses attributs, un dans
ses oeuvres. La comparaison n'est applicable qu'à ses créatures et l'idée d'association
est une notion qui n'appartient qu'à ceux qui le servent. Son essence est incommensurablement
exaltée au-dessus des descriptions que peuvent faire de lui ses créatures. Il
est seul à occuper le trône de majesté transcendante, de suprême et inaccessible
gloire. L'oiseau du coeur de l'homme, si haut qu'il plane, ne pourra atteindre
les sommets de son essence inconnaissable. C'est lui qui a appelé à l'être toute
la création, lui qui, par son ordre, a fait surgir du néant toute chose créée.
Et vraiment, cette créature née par la puissance de la parole que sa plume a révélée
et qu'a dirigée l'index de sa volonté, peut-elle lui être associée ou être tenue
pour une incarnation de Dieu lui-même ? Incompatibles avec sa gloire est la plume
ou la langue qui chercherait à faire allusion à son mystère ou le coeur humain
qui tenterait de concevoir son essence. Tous ceux qui ne sont pas lui se tiennent
à sa porte, pauvres et désolés, impuissants devant la grandeur de sa puissance,
simples esclaves en son royaume. Il est, en vérité, assez riche pour se passer
de toutes ses créatures.
Quant au lien de servitude qui unit l'adorateur à l'Adoré, la créature à son Créateur,
il n'est qu'un gage de pure faveur de la grâce divine, et en aucun cas l'indication
de quelque mérite que les hommes pourraient posséder. De cela tout vrai croyant
éclairé portera témoignage.
95. À Ni'matu'llah
Sache que, selon les décrets du livre de ton Seigneur, le Seigneur de tous les
hommes, les faveurs qu'il dispense à l'humanité sont, et demeurent à jamais, sans
limitation. Le don de l'intelligence vient en premier lieu parmi ces faveurs conférées
aux hommes par le Tout-Puissant. En accordant un tel don à sa créature, son intention
est avant tout de la rendre capable de connaître et d'accepter le seul vrai Dieu
- exaltée soit sa gloire. Ce don confère à l'homme le pouvoir de discerner la
vérité en toutes choses, le conduit à ce qui est juste et l'aide à découvrir les
secrets de la création. Vient ensuite le sens de la vue, principal instrument
qui permet à l'intelligence de fonctionner. L'ouïe, la sensibilité et les autres
sens sont également au nombre des bienfaits dont le corps humain est gratifié.
Immensément exalté est le Tout-Puissant qui a créé ces facultés et les révèle
dans le corps de l'homme.
Chacune d'elles est une preuve évidente de la majesté, de la puissance, de l'autorité
et de l'universelle science du seul vrai Dieu - exaltée soit sa gloire. Considère
le sens du toucher. Vois comme son pouvoir s'étend au corps humain tout entier.
Alors que l'ouïe et la vue sont chacune localisées en un point particulier, le
sens du toucher embrasse, lui, la totalité du corps. Glorifiée soit la puissance
de Dieu, et magnifiée sa souveraineté !
Ces dons sont inhérents à l'homme. Quant au don qui surpasse tous les autres,
est inaltérable dans sa nature et se rattache à Dieu lui-même, c'est le don de
la révélation divine. Tous les bienfaits accordés à l'homme par le Créateur, tant
matériels que spirituels, dépendent de ce don-là. Il est, en son essence et pour
toujours, le pain qui descend du ciel. Il est le suprême témoignage de Dieu, la
plus évidente manifestation de sa vérité, le signe de sa générosité parfaite,
le gage de sa miséricorde universelle, la preuve de sa tendre providence, le symbole
de sa grâce achevée. Et, en vérité, il a reçu sa part de ce don suprême de Dieu,
celui qui reconnaît sa Manifestation en ce jour.
Rends grâces à Dieu de t'avoir conféré un si grand bienfait. Élève la voix et
dis: Sois loué ! ô toi, Désir de tout coeur éclairé.
96. A un inconnu
La Plume du Très-Haut ne cesse d'appeler, et cependant, bien peu prêtent l'oreille
à sa voix ! Les habitants du royaume des noms s'attachent à l'aspect agréable
du monde, oublieux de la fugacité de ses couleurs qui est évidente pour tout homme
qui a des yeux pour voir et des oreilles pour entendre.
Une vie nouvelle anime en cet âge tous les peuples de la terre, mais personne
n'en a découvert la cause ni perçu la raison. Considère les peuples de l'Occident.
Vois comment, tout à leur poursuite de réalisations médiocres et vaines, ils sacrifient
encore et toujours d'innombrables existences pour en assurer l'établissement et
le développement ! Quant aux peuples de la Perse, ils sont découragés et plongés
dans une léthargie profonde, bien que dépositaires d'une révélation lumineuse
dont la renommée s'est répandue sur la terre entière.
Ô amis, ne négligez pas les vertus dont vous avez été doués, ne soyez pas indifférents
à votre haute destinée. Ne souffrez point que vos oeuvres soit perdues, à cause
des vaines imaginations conçues par quelques coeurs pervers. Vous êtes les étoiles
du ciel de la compréhension, la brise qui souffle au point du jour, les eaux tranquilles
dont dépend la vie même de tous les hommes, les lettres inscrites sur le rouleau
sacré de Dieu. Profondément unis, et dans un esprit de fraternité parfaite, efforcez-vous
d'être capables d'accomplir ce qui convient en ce jour de Dieu. En vérité, je
vous le dis, discorde, dissensions et tout ce qu'abhorre l'esprit humain sont
choses indignes de votre rang. Concentrez vos énergies sur la propagation de la
foi de Dieu. Que celui qui est digne de répondre à un si noble appel se lève pour
la répandre. Quant à celui qui ne peut le faire, qu'il délègue un autre pour proclamer
en ses lieu et place cette révélation dont la puissance ébranle dans leurs fondements
les plus solides édifices, réduit les montagnes en poussière et jette toutes les
âmes dans la confusion. Si la grandeur de ce jour était révélée dans sa plénitude,
chacun, pour avoir part à sa gloire, ne fût-ce qu'un instant, sacrifierait des
myriades d'existences et jusqu'à ce monde et ses trésors périssables !
Prenez la sagesse pour guide dans toutes vos actions et restez-lui assurément
fidèles. Dieu veuille vous fortifier pour accomplir sa volonté et vous faire apprécier
comme il convient le rang sublime auquel il a promu ses aimés qui se lèvent pour
le servir et magnifier son nom. Que sur eux soient la gloire de Dieu, la gloire
de tout ce qui existe sur la terre et dans le ciel, la gloire des hôtes du très
exalté paradis, au plus haut des cieux.
97. À 'Ali Muhammad-i-Siraj
Vois les doutes que ceux qui donnent des associés à Dieu ont semés dans le coeur
des habitants de ce pays. Ils demandent: "Est-il possible de changer le cuivre
en or ?" Dis: Certes, par mon Seigneur ! cela est possible. Mais ce secret gît
au coeur de notre science. Nous le révélerons à qui nous voudrons. Que quiconque
doute de notre pouvoir demande au Seigneur, son Dieu, de lui découvrir ce secret
et de l'assurer de sa vérité. Que le cuivre puisse être changé en or prouve que
l'or peut aussi être changé en cuivre, si vous êtes de ceux qui peuvent comprendre
cette vérité. À tout minéral on peut faire acquérir la densité, la forme et la
substance de chacun des autres minéraux. Cette science-là est nôtre dans le Livre
caché.
98. Kitab-i-Aqdas
Dis: Ô chefs religieux, ne pesez pas le Livre de Dieu selon les normes et les
connaissances qui ont cours parmi vous, car le Livre est lui-même la balance infaillible
établie parmi les hommes. Cette balance parfaite doit peser ce que possèdent tous
les peuples et les gens de la terre, tandis que son poids devrait être jaugé d'après
son propre étalon, puissiez-vous le savoir.
L'oeil de ma tendre bonté pleure douloureusement sur vous, car vous n'avez pas
su reconnaître celui que vous appeliez de jour comme de nuit, soir et matin. Ô
peuple, le visage blanc comme neige et le coeur radieux, avance vers le sanctuaire
cramoisi et béni, où le Sadratu'l-Muntaha s'écrie: "En vérité, il n'est pas d'autre
Dieu que moi, l'omnipotent Protecteur, l'Absolu !"
Ô chefs religieux, qui parmi vous peut rivaliser avec moi en perspicacité ou en
intuition ? Où est celui qui osera se prétendre mon égal en parole ou en sagesse
? Non, par mon Seigneur, le Très-Miséricordieux ! Tous sur terre passeront, et
voici le visage de votre Seigneur, le Tout-Puissant, le Bien-Aimé.
Ô peuple, nous avons décrété que la fin suprême et dernière de toute étude est
la reconnaissance de celui qui est l'objet de tout savoir ; et pourtant, voyez
comme vous avez laissé votre science vous dissimuler, comme par un voile, celui
qui est l'Aurore de cette lumière, par qui chaque chose cachée fut révélée. Si
seulement vous pouviez découvrir la source d'où se répand la splendeur de cette
parole, vous rejetteriez les peuples du monde et tout ce qu'ils possèdent, pour
vous approcher de ce siège de gloire suprêmement béni.
Dis: Voici en vérité le ciel où le Livre-Mère est précieusement gardé, si seulement
vous pouviez le comprendre. Il est celui qui a incité le Rocher à crier et le
Buisson ardent à élever la voix sur le mont dominant la Terre sainte et à proclamer:
"Le royaume est à Dieu, le souverain Seigneur de tous, le Tout-Puissant, l'Aimant
!"
Nous n'avons fréquenté aucune école ni lu aucun de vos travaux. Prêtez l'oreille
aux paroles de celui qui n'est pas érudit, paroles par lesquelles il vous appelle
à Dieu, l'Éternel. Cela vaut mieux pour vous que de posséder tous les trésors
de la terre, puissiez-vous le comprendre.
99. À Mulla 'Ali-Akbar-i-Ayadi
La croyance en Dieu se meurt dans tous les pays ; Son bienfaisant remède est seul
à pouvoir la rétablir. Une impiété corrosive ronge les forces vitales de la société:
quoi d'autre que l'élixir de cette puissante révélation pourrait la purifier et
lui rendre la vie ? Ô Hakim, l'homme a-t-il le pouvoir d'apporter aux éléments
constituant les particules infimes et indivisibles de la matière un changement
tel que cette matière soit transmuée en or pur ? Quelque troublant et difficile
que cela paraisse, le pouvoir nous a été donné d'accomplir la tâche bien plus
ardue de convertir les forces sataniques en puissances célestes. La force capable
d'une telle transformation l'emporte pour produire un changement si grand et d'une
telle portée.
100. Lawh-i-'Ali
Du trône de Dieu, la voix du Héraut divin déclare: Ô vous, mes bien-aimés, ne
souffrez point que la frange de mon vêtement sacré soit souillée de la boue des
choses de ce monde et ne cédez point aux impulsions de vos désirs corrompus. M'en
rend témoignage le Soleil de la révélation divine, qui brille dans la plénitude
de sa gloire au ciel de cette prison. Ceux dont le coeur est tourné vers celui
qui est l'objet de l'adoration de la création tout entière doivent, en ce jour,
s'éloigner et se détacher de toutes choses créées, tant visibles qu'invisibles.
Et s'ils se lèvent pour enseigner ma cause, il leur faut s'animer au souffle de
celui qui est l'Indépendant et la répandre résolument au loin sur la terre, d'un
esprit totalement centré sur lui, d'un coeur détaché de tout et d'une âme purifiée
du monde et de ses vanités. Qu'ils choisissent la confiance en Dieu comme meilleur
viatique pour les soutenir au cours de leur voyage et qu'ils se vêtent de l'amour
de leur Seigneur, le Très-Glorieux. Ainsi, leurs paroles toucheront leurs auditeurs.
Il est si large et si profond le fossé qui, en ce jour, nous sépare de ceux qui,
tout occupés de leurs passions mauvaises, ont mis leurs espérances dans les choses
de la terre et dans leur gloire fugitive ! Souvent, en effet, la cour du Miséricordieux
est apparue à ce point dépourvue des richesses de ce monde, que ceux qui vivaient
en étroite union avec lui se trouvèrent dans un cruel dénuement. Mais, en dépit
de leurs souffrances, la Plume du Très-Haut ne daigna jamais parler des choses
de ce monde et de ses trésors, ni même y faire la plus légère allusion. Et si
quelque présent lui fut parfois offert, il fut accepté en témoignage de sa grâce
envers le donateur. Bien entendu, s'il nous avait plu de nous approprier pour
notre usage personnel tous les trésors de la terre, nul n'eut été fondé à discuter
notre autorité ni à contester notre droit. Mais peut-on imaginer acte plus méprisable
que de solliciter, au nom du seul vrai Dieu, les richesses des hommes ?
Il t'incombe, comme il incombe à tout disciple de celui qui est la Vérité éternelle,
d'inviter les hommes à se purifier de tout attachement aux choses de la terre
et à se laver de toutes leurs souillures, afin que puisse, sur tous ceux qui l'aiment,
se respirer le parfum suave du vêtement du Très-Glorieux.
Quant à ceux qui possèdent la richesse, ils doivent aux pauvres les plus grands
égards, car grand est l'honneur que Dieu réserve aux indigents dont la patience
est inébranlable. Par ma vie ! aucun honneur ne saurait lui être comparé hormis
celui qu'il plait à Dieu de conférer. Grande est la bénédiction réservée au pauvre
qui tient son mal secret et l'endure avec patience, et heureux le riche qui prodigue
ses biens aux nécessiteux qu'il préfère à lui-même.
Quant à ces nécessiteux, Dieu veuille qu'ils s'efforcent de trouver des moyens
d'existence. C'est là un devoir qui, en cette grande révélation, est prescrit
à chacun, et dont Dieu tient l'accomplissement pour une bonne action. À qui s'en
acquitte fidèlement, l'aide de l'invisible ne fera jamais défaut. Dieu peut, par
sa grâce, enrichir qui lui plaît. Il a, en vérité, pouvoir sur toutes choses.
[...]
Ô 'Ali, explique aux aimés de Dieu que l'équité est la plus fondamentale des vertus
humaines. Elle doit être, en effet, le critère de l'évaluation de toutes choses
en ce monde. Médite un instant sur les malheurs et les afflictions que ce prisonnier
a soufferts. Tous les jours de mon existence, je me suis trouvé à la merci de
mes ennemis et tous les jours, j'ai enduré de nouvelles tribulations dans le chemin
de l'amour de Dieu. J'ai tout accepté avec patience jusqu'à ce que la cause de
Dieu soit largement répandue sur la terre. Et s'il se lève maintenant quelqu'un
qui, mû par ses vaines imaginations, s'efforce, ouvertement ou en secret, de répandre
les germes de la discorde parmi les hommes, pourra-t-on dire que la justice se
trouve de son côté ? Non, certes, par celui dont la puissance s'étend sur toutes
choses ! Par ma vie ! mon coeur gémit et mes yeux versent des larmes amères sur
la cause de Dieu et sur ceux qui ne comprennent pas ce qu'ils disent et imaginent
ce qu'ils ne peuvent pas comprendre.
En ce jour, il convient à tout homme de s'attacher fermement au Nom suprême et
d'oeuvrer pour l'unité de l'humanité. Nul endroit où fuir, nul abri à chercher
en dehors de lui. Si un homme venait à prononcer des paroles propres à détourner
ses semblables des rivages de l'océan sans limite de Dieu et à diriger leur coeur,
non vers cet Être manifeste et glorieux, mais vers quoi que ce soit ayant revêtu
une forme sujette aux limitations humaines - un tel homme, quelle que soit la
hauteur de son rang, serait aussitôt dénoncé par la création tout entière pour
s'être privé des douces saveurs du Très-Miséricordieux.
Dis: Soyez équitables en votre jugement, hommes dont le coeur est éclairé ! En
effet, qui ne l'est point est destitué de tout ce qui caractérise son rang d'homme.
Celui qui est la Vérité éternelle sait fort bien ce que les hommes recèlent en
leur coeur. Sa longue tolérance a enhardi ses créatures, car il ne déchirera pas
le voile avant que l'heure soit venue. Sa miséricorde a contenu la fureur de sa
colère et beaucoup ont pensé que le seul vrai Dieu ignorait ce qu'ils perpétraient
en secret. Par celui qui est l'Omniscient, l'Informé ! le miroir de sa science
ne cesse pas un instant de réfléchir toutes les actions des hommes, avec clarté,
précision et fidélité. Dis: Loué sois-tu, ô toi qui caches les péchés des faibles
et des abandonnés ! Magnifié soit ton nom, ô toi qui pardonnes leurs offenses
aux irréfléchis !
Nous avons défendu aux hommes de suivre les imaginations de leur coeur perverti,
afin qu'ils puissent reconnaître celui qui est à la fois l'objet et la source
souveraine de toute science, et accepter tout ce qu'il lui plaît de leur révéler.
Vois comme ils sont retenus dans les liens de leurs chimères et de leurs vaines
imaginations. Par ma vie ! ils sont les propres victimes des inventions de leur
coeur et ils ne le savent pas. Tout ce qui sort de leurs lèvres est vain et inutile,
et ils ne le comprennent pas.
Nous prions Dieu qu'il accorde sa grâce à tous les hommes et qu'il les rende capables
de le connaître et de se connaître eux-mêmes. Par ma vie ! qui le connaît s'élancera
dans l'immensité de son amour, détaché du monde et de tout ce qui lui appartient.
Rien sur la terre ne saura l'arrêter dans son essor, et moins que tous ceux qui,
mus par leurs vaines imaginations, disent ces choses que Dieu interdit.
Dis: Le jour est venu où toute oreille se doit d'être attentive à sa voix. Ecoutez
l'appel de cet Opprimé, magnifiez le nom du seul vrai Dieu, ornez-vous de la parure
de son souvenir et illuminez votre coeur de la lumière de son amour. C'est la
clé qui ouvre le coeur des hommes, le brillant qui polit l'âme de tous les êtres.
Qui néglige ce qu'a prescrit l'index impérieux de Dieu vit manifestement dans
l'erreur. La concorde et la droiture sont les marques de la véritable foi, plutôt
que la dissension et l'inconduite Proclame devant les hommes ce que t'a ordonné
d'observer celui qui dit la vérité et qui est porteur de la foi de Dieu. Ma gloire
est sur toi, ô toi qui as invoqué mon nom, dont les regards sont dirigés vers
ma cour et dont la langue célèbre la louange de ton Seigneur, le Bienfaisant.
101. À Ustad Shir Muhammad
Le but qui sous-tend la révélation de tout livre céleste, que dis-je ! de chaque
verset de la révélation divine, est d'ouvrir le coeur des hommes au sentiment
de la justice et d'éveiller en même temps leur intelligence, afin que la paix
et la tranquillité s'établissent fermement entre eux. Tout ce qui instille la
fermeté dans le coeur des hommes, tout ce qui exalte leur condition et accroît
leur contentement est recevable aux yeux de Dieu. Élevée serait la condition de
l'homme s'il se décidait à remplir sa haute destinée ; mais profond est l'avilissement
où il sombre, dans des abysses que les créatures les plus viles n'ont jamais atteintes.
Saisissez, ô amis, la chance que ce jour vous offre et ne vous privez point des
généreuses effusions de la grâce divine. Je prie le Seigneur qu'il rende chacun
de vous capable de s'orner, en ce jour béni, de la parure des oeuvres pures et
saintes. Il fait, en vérité, ce qu'il veut.
102. À Abu'l-Fadl Gulpayigani
Prête une oreille attentive, ô peuple, à ce qu'en vérité, je te dis. Le seul vrai
Dieu, exaltée soit sa gloire, a toujours considéré le coeur des hommes comme son
bien propre, sa propriété exclusive. Tout le reste, terre et mer, gloire et richesse,
il le donne en partage aux rois et princes de la terre. Depuis le commencement
qui n'a pas de commencement, l'étendard qui proclame "Il fait ce qu'il veut" a
toujours été déployé devant sa Manifestation. Obéir à ceux qui détiennent l'autorité
et tenir fermement la corde de la sagesse, tel est en ce jour le devoir de l'humanité.
Les instruments essentiels à la protection immédiate et à la sécurité du genre
humain ont été remis aux mains des dirigeants de la société humaine. Telle est
la volonté de Dieu, tel est son décret. [...] Nous caressons l'espoir qu'un des
rois de la terre se lèvera pour l'amour de Dieu, et assurera le triomphe de ce
peuple persécuté et opprimé. Ce roi sera à jamais exalté et glorifié. Dieu a prescrit
à ce peuple d'aider qui l'aidera, de servir ses intérêts et de lui témoigner une
fidélité constante. Ceux qui me suivent ont donc le devoir de servir, en toutes
circonstances, quiconque se lèvera pour le triomphe de ma cause et de lui prouver
en tout temps leur dévouement et leur fidélité. Heureux l'homme qui écoute mes
avis et les met en pratique ! Et malheur à qui manque de remplir mes voeux !
103. A un inconnu
Dieu dont la langue n'exprime que la vérité apporte dans toutes ses tablettes
le témoignage de ces paroles: "Je suis celui qui vit dans le glorieux royaume
d'Abha".
Par la justice de Dieu ! des hauteurs de cette condition sublime, sacrée, puissante
et transcendante, il voit tout, il entend tout et, en cette heure, il proclame:
Béni sois-tu, ô Javad, pour avoir atteint ce qu'aucun homme avant toi n'avait
atteint ! Je le jure par celui qui est l'éternelle Vérité ! Par toi, les yeux
des hôtes du paradis sublime se réjouissent. Le peuple, cependant, reste plongé
dans l'indifférence. Si nous révélions ton glorieux état, le coeur des hommes
en serait profondément troublé, ils perdraient pied ; ceux qui incarnent la vanité
en seraient confondus, ils tomberaient à terre et, de peur d'entendre, ils se
boucheraient les oreilles avec leurs doigts d'inconscience.
Ne t'attriste pas sur le sort de ceux qu'absorbent les choses de ce monde et qui
perdent le souvenir de Dieu, le Grandissime. Par celui qui est la Vérité éternelle
! le jour approche où s'abattra sur eux la colère du Tout-Puissant. Il est, en
vérité, l'Omnipotent, l'universel Conquérant, le Fort. Il purgera la terre des
souillures de leur corruption et il la donnera en héritage à ceux de ses serviteurs
qui lui sont proches.
Dis: Ô peuple ! la poussière emplit vos bouches et la cendre vous aveugle pour
avoir vendu au plus vil des prix, le divin Joseph. Quelle misère est la vôtre,
ô vous qui errez si loin de lui ! Vous êtes-vous imaginé que vous aviez le pouvoir
de le dépasser, lui et sa cause ? Bien loin de là ! Et de cela, lui-même, le Tout-Puissant,
le Très-Exalté, le Très-Grand, porte témoignage.
Bientôt vous sentirez passer sur vous les rafales de son châtiment et la poussière
de l'enfer vous recouvrira de son linceul. Ces hommes qui ont amassé les vanités
et les hochets de la terre se sont détournés de Dieu avec dédain, ils ont à la
fois perdu ce monde et le monde à venir. Avant peu, Dieu, de la main du pouvoir,
les privera de leurs possessions et les dépouillera du vêtement de sa munificence.
Cela, ils le verront bientôt, et toi aussi, tu en rendras témoignage.
Dis: Ô peuple, le monde, et tout ce qu'il renferme, est sous la puissante étreinte
de sa volonté: ne vous laissez pas décevoir par les illusions de cette vie. Il
dispense à qui il veut ses bienfaits, et à qui il lui plaît, il les retire. Il
agit, en vérité, selon son bon plaisir. Si le monde était à ses yeux de quelque
valeur, même celle d'un grain de moutarde, il n'en eût pas abandonné la possession
à ses ennemis. Mais il a permis que vous vous laissiez entraîner dans le tourbillon
des affaires du monde, à cause de ce que vos mains ont forgé contre sa cause.
C'est là, en vérité, un châtiment que vous vous êtes vous-mêmes délibérément infligé,
puissiez-vous le comprendre ! Continuerez-vous à faire vos délices de choses que
Dieu tient pour méprisables, et par lesquelles il a voulu mettre à l'épreuve le
coeur des hésitants ?
104. Paroles cachées.
Ô vous, peuples du monde ! sachez en vérité qu'une calamité imprévue vous poursuit
et qu'un châtiment douloureux vous attend. Ne croyez pas que vos actes soient
effacés de ma vue. Par ma beauté ! ma plume les a tous gravés en caractères explicites
sur des tablettes de chrysolite.
105. Kitab-i-Aqdas
Ô rois de la terre ! celui qui est le souverain Seigneur de tous est venu. Le
royaume est à Dieu, le Protecteur omnipotent, l'Absolu. N'adorez que Dieu et,
d'un coeur radieux, tournez votre visage vers votre Seigneur, le Seigneur de tous
les noms. Rien de ce que vous possédez ne pourra jamais se comparer à cette révélation,
puissiez-vous le savoir.
Nous vous voyons vous réjouir de ce que vous avez amassé pour d'autres et vous
exclure des mondes que seule ma Tablette préservée peut dénombrer. Les trésors
que vous entassez vous entraînent fort loin de votre objectif ultime. Cela ne
vous convient pas, puissiez-vous le comprendre. Purifiez vos coeurs de toute souillure
terrestre et hâtez-vous d'entrer dans le royaume de votre Seigneur, le créateur
de la terre et du ciel, qui fait trembler le monde et gémir tous ses peuples,
à l'exception de ceux qui renoncent à toutes choses et s'attachent à ce qu'ordonne
la Tablette cachée.
Voici le jour où celui qui conversait avec Dieu parvient à la lumière de l'Ancien
des jours, et boit à longs traits les eaux pures de la réunion dans cette Coupe
qui fait se gonfler les mers. Dis: Par le seul vrai Dieu ! le Sinaï gravite autour
de l'Aurore de la révélation, pendant que des hauteurs du royaume se fait entendre
la voix de l'Esprit de Dieu qui proclame: "Empressez-vous, ô vous les superbes
de la terre, et hâtez-vous vers lui !" En ce jour, le Carmel dans son adoration
languissante se hâte de rejoindre sa cour, tandis que du coeur de Sion retentit
ce cri: "La promesse est accomplie ! Ce qui avait été annoncé dans les saintes
Écritures de Dieu, le Suprême, le Tout-Puissant, le Bien-Aimé, est rendu manifeste."
Ô rois de la terre ! en ce lieu d'une transcendante splendeur, est révélée la
plus grande loi. Toute chose cachée est mise en lumière par la volonté de l'Ordonnateur
suprême, celui qui annonce la dernière heure, par qui la lune est fendue et tout
irrévocable décret exposé.
Vous n'êtes que des vassaux, ô rois de la terre ! Le Roi des rois est apparu dans
la plus merveilleuse parure de gloire, et il vous appelle à lui, le Secours, l'Absolu.
Prenez garde que l'orgueil vous empêche de reconnaître la Source de la révélation
et que les choses de ce monde vous voilent celui qui est le Créateur du ciel.
Levez-vous et servez celui qui est le Désir de toutes les nations, celui qui vous
a créés d'un mot et vous a désignés pour être en tout temps les emblèmes de sa
souveraineté.
Par la justice de Dieu ! nous n'avons pas l'intention de mettre la main sur vos
royaumes. Nous avons pour mission de conquérir le coeur des hommes. Sur eux est
fixé le regard de Baha. De ceci, le royaume des noms porte témoignage, puissiez-vous
le comprendre. Qui suit son Seigneur renoncera au monde et à tout ce qu'il contient
; et bien plus grand encore doit être le détachement de celui qui occupe un rang
si majestueux ! Abandonnez vos palais et hâtez-vous d'obtenir l'accès à son royaume.
Ceci, en vérité, vous sera profitable, à la fois dans ce monde et dans l'autre.
Le Seigneur du royaume des cieux s'en porte garant, si seulement vous pouviez
le savoir.
Grande est la félicité réservée au roi qui se lèvera pour servir ma cause en mon
royaume et se détachera de tout autre que moi ! Un tel roi sera compté parmi les
compagnons de cette arche vermeille, l'arche que Dieu a préparée pour le peuple
de Baha. Tous doivent glorifier son nom, vénérer son rang et l'aider à ouvrir
les portes des cités avec les clés de mon nom, l'omnipotent Protecteur de tous
les habitants des royaumes visibles et invisibles. Un tel roi est comme la prunelle
de l'humanité, la lumineuse parure ornant le front de la création, la source des
bénédictions pour le monde entier. Ô peuple de Baha, faites l'offrande de vos
biens, que dis-je ! de vos vies mêmes, pour le soutenir.
106. Lawh-i-Manikchi Sahib
L'omniscient Médecin tient sous son doigt le pouls de l'humanité. Il diagnostique
la maladie et, en son infaillible sagesse, il prescrit le remède. Tout âge a son
problème propre, toute âme son aspiration particulière. Le remède qui convient
aux afflictions du présent jour ne saurait être celui que réclameront les maux
d'un âge ultérieur. Enquérez-vous soigneusement des besoins de l'âge où vous vivez
et que toutes vos délibérations portent sur ce que cet âge requiert.
Nous sentons bien les innombrables et terribles afflictions qui accablent l'humanité.
Nous la voyons, sur son lit de douleur, languissante, cruellement éprouvée et
profondément désillusionnée. Mais ceux que l'orgueil empoisonne se sont interposés
entre la malade et l'infaillible Médecin divin. Voyez comment ils ont entraîné
tous les hommes, eux-mêmes y compris, dans les filets de leurs ruses. Ils ne peuvent
ni découvrir la cause de la maladie ni en trouver le remède. La droiture est pour
eux duplicité et ils prennent leur ami pour un ennemi.
Prêtez l'oreille à la douce mélodie de ce Prisonnier. Levez-vous ! Et haussez
la voix pour réveiller ceux qui sont endormis ! Dis: Ô vous qui êtes semblables
aux morts, la main de la générosité divine vous tend les eaux de vie. Hâtez-vous
d'y apaiser votre soif. Qui renaîtra en ce jour, ne mourra jamais ; qui restera
parmi les morts, plus jamais ne revivra.
107. Lawh-i-Napulyun III
Celui qui est le Seigneur, le Très-Miséricordieux, chérit en son coeur le désir
de voir l'espèce humaine unie en une seule âme et un seul corps. Hâtez-vous de
prendre votre part des bienfaits de Dieu et rendez grâces en ce jour qui éclipse
tous les autres jours. Grand est le bonheur de l'homme qui se détache de tout
ce qu'il a pour souhaiter obtenir ce qui est à Dieu. Un tel homme, nous en témoignons,
est compté parmi les élus de Dieu.
108. À Aqa Siyyid Yusuf Isfahani
Nous avons fixé pour vous un temps déterminé, ô peuples ! Si, quand cette heure
sonnera, vous négligez de vous tourner vers Dieu, il vous saisira avec violence
et suscitera de graves afflictions qui vous assailliront de toutes parts. Terrible,
en vérité, est le châtiment que le Seigneur vous infligera.
109. À Haji Mirza Kamali'd-Din
Ô Kamal, les sommets que l'homme mortel peut atteindre en ce jour, par la grâce
de Dieu, ne lui ont pas encore été révélés. Le monde de l'existence n'a jamais
possédé, et il ne possède toujours pas, la capacité de recevoir une telle révélation.
Le jour approche cependant où, par la vertu de son ordre, les hommes seront dotés
d'une si grande faveur. Bien que toutes les nations se dressent contre lui, et
que se liguent, pour miner sa cause, tous les rois de la terre, sa puissance restera
inébranlée. En vérité, il dit ce qui est et il convie l'humanité à marcher dans
la voie de celui qui est l'Incomparable, l'Informé.
Tous les hommes ont été créés pour travailler au développement incessant de la
civilisation. Le Tout-Puissant m'en rend témoignage: Agir ainsi que font les bêtes
des champs est indigne de l'homme. Les vertus qui conviennent à sa dignité sont
la tolérance, la compassion, la miséricorde, et une tendre bonté à l'égard de
tous les peuples et phratries de la terre. Dis: Ô amis, buvez abondamment de ces
eaux cristallines que fait couler la grâce de celui qui est le Seigneur des noms.
Laissez aussi les autres prendre, en mon nom, leur part de ces eaux de vie, afin
qu'en toute contrée ceux qui conduisent les hommes reconnaissent l'intention dans
laquelle la Vérité éternelle a été révélée, et la raison pour laquelle ils ont
eux-mêmes été créés.
110. Lawh-i-Maqsud (Acre)
Le grand Être dit: Ô vous, enfants des hommes ! le dessein fondamental qui anime
la foi de Dieu et sa religion, est de sauvegarder les intérêts du genre humain,
de promouvoir son unité, de stimuler l'esprit d'amour et de fraternité parmi les
hommes. N'acceptez pas qu'il devienne une source de dissension et de discorde,
de haine et d'inimitié. Voilà le droit chemin, la base fixe et inamovible. Les
changements et les fortunes du monde ne pourront jamais altérer la résistance
de ce qui est bâti sur cette fondation, pas plus que le passage de siècles innombrables
ne pourra en miner la structure.
Notre espoir est que les chefs religieux du monde et ses dirigeants se lèvent
conjointement pour réformer cette époque et corriger son destin. Qu'ils méditent
d'abord sur les besoins du moment, qu'ils tiennent conseil et, après avoir consciencieusement
et longuement délibéré, qu'ils administrent à un monde malade et cruellement atteint,
le remède qu'il requiert. [...] Il incombe à ceux qui détiennent l'autorité d'être
modérés en toutes choses. Tout ce qui dépasse les limites de la modération cessera
d'exercer une influence bénéfique. Considérez par exemple des choses telles que
la liberté, la civilisation et autres. Quelle que soit l'attention favorable que
leur portent des hommes intelligents, elles auront une influence pernicieuse sur
l'humanité, si elles sont portées à l'excès. [...] Plaise à Dieu que les efforts
importants fournis par les dirigeants, les sages et les savants parmi les hommes
les amènent à savoir où se trouvent leurs véritables intérêts !
Pendant combien de temps l'humanité persistera-t-elle dans son obstination ? Pendant
combien de temps l'injustice se perpétuera-t-elle ? Pendant combien de temps la
confusion et le chaos régneront-ils parmi les hommes ? Pendant combien de temps
encore la discorde agitera-t-elle la société ? Les vents du désespoir, hélas,
soufflent de tous côtés, et les différends qui divisent et affligent l'espèce
humaine s'aggravent de jour en jour. On discerne à présent les signes des bouleversements
et du chaos imminents, d'autant que l'ordre qui règne aujourd'hui s'avère lamentablement
déficient. Je supplie Dieu - exaltée soit sa gloire - de bien vouloir réveiller
les peuples du monde, leur accorder qu'à la fin leur attitude leur soit profitable
et les aider à accomplir ce qui convient à leur rang.
111. A Aqa Siyyid Asadu'llah,
Lawh-i-Ittihad (Acre)
Ô peuples et phratries de la terre qui êtes ennemis ! tournez-vous vers l'unité,
afin que brille sur vous l'éclat de sa lumière. Rassemblez-vous et, pour l'amour
de Dieu, prenez la résolution de déraciner tout ce qui est cause de lutte entre
vous. Alors la splendeur du Soleil enveloppera la terre entière et ses habitants
deviendront les citoyens d'une même cité, ils siégeront sur un seul et même trône.
Cet Opprimé, dès les premiers temps de sa vie, n'a nourri d'autre désir que celui-là,
et jamais il n'en aura d'autre. Il n'est point douteux, en effet, que tous les
peuples de la terre, à quelque race ou religion qu'ils appartiennent, tirent leur
inspiration d'une seule source céleste et sont les sujets d'un seul Dieu. La différence
entre les règles et ordonnances religieuses qui les régissent tient à la diversité
même des besoins et exigences propres aux âges où elles leur furent révélées.
À l'exception de quelques-unes inspirées par la perversité humaine, toutes viennent
de Dieu, toutes sont un reflet de sa volonté et de son dessein. Armés du pouvoir
de la foi, levez-vous pour briser les idoles de vos vaines imaginations qui sèment
la discorde parmi vous. Attachez-vous à ce qui vous rassemble et vous unit. C'est
là, en vérité, le sublime message qui vous a été transmis et révélé par le Livre-Mère.
De ceci, la Langue de grandeur, de sa demeure de gloire, rend témoignage.
112. Lawh-i-Maqsud
Vois les désordres dont la terre a été affligée durant de nombreuses années et
l'inquiétude qui s'est emparée de ses peuples. Elle a été soit ravagée par la
guerre, soit éprouvée par des calamités soudaines et imprévisibles. Bien que le
monde soit envahi par la misère et la détresse, personne n'a pris le temps de
réfléchir à ce qui pourrait en être la cause. Chaque fois que le véritable conseiller
prononçait un mot de remontrance, tous l'accusaient d'être un instigateur du mal
et rejetaient sa revendication. Quelle attitude étonnante ! Il n'est pas deux
hommes qui puissent se dire unis extérieurement et intérieurement. Les preuves
de la discorde et de la malveillance apparaissent de tous côtés alors que nous
étions tous faits pour l'harmonie et l'union. Le grand Être dit: Ô bien-aimés
! le tabernacle de l'unité est dressé ; ne vous considérez pas comme des étrangers.
Vous êtes les fruits d'un seul arbre, les feuilles d'une seule branche. Nous caressons
l'espoir que la lumière de la justice descende sur le monde et le purifie de la
tyrannie. Si les dirigeants et les rois de la terre, symboles du pouvoir de Dieu
- exaltée soit sa gloire - se lèvent et décident de se consacrer à tout ce qui
favorisera les intérêts les plus importants de l'humanité, le règne de la justice
sera assurément établi parmi les enfants des hommes et l'éclat de sa lumière inondera
la terre entière. Le grand Être dit: L'édifice de la stabilité et de l'ordre mondial
repose et continuera de reposer sur les piliers jumeaux que sont la récompense
et la punition. [...] Et dans un autre passage, il écrit: Prenez garde, ô vous
qui dirigez le monde, qu'il n'est sur la terre aucune force dont le pouvoir de
conquête égale celui que possède la force de la justice et de la sagesse [...]
Béni le roi qui s'avance, l'étendard de la sagesse déployé devant lui, et les
bataillons de la justice formant son arrière-garde. Un tel roi est, en vérité,
la parure qui orne le front de la paix et le visage de la sécurité. Nul doute
que si le soleil de la justice, que voilent les nuages de la tyrannie, venait
à répandre son éclat sur les hommes, la face de la terre en serait complètement
changée.
113. Suratu'l-Muluk (Andrinople)
Ô Ministre du chah en la cité [Note Constantinople], imagines-tu que je tienne
en ma main le sort définitif de la cause de Dieu ? Crois-tu que son cours puisse
être détourné par mon emprisonnement, par la honte qui m'a été infligée ou même
par ma mort et mon annihilation ? Misérable est ce qui naît dans ton coeur ! Tu
es, en vérité, de ceux qui suivent les vaines imaginations de leur coeur. Il n'est
d'autre Dieu que lui. Il a le pouvoir d'exalter son témoignage, de réaliser la
moindre de ses volontés, de manifester sa Cause et d'élever celle-ci à une position
si éminente que ni tes actions ni les actions de ceux qui se sont détournés de
lui ne pourront la toucher ou lui nuire.
Crois-tu pouvoir faire échec à sa volonté, l'empêcher d'exécuter son jugement
ou d'exercer sa souveraineté ? Prétends-tu que quelque chose dans le ciel ou sur
la terre puisse résister à sa Foi ? Par celui qui est la Vérité éternelle ! Rien
dans toute la création ne peut contrecarrer son dessein. Renonce donc à ce qui
n'est chez toi que pure suffisance, car jamais l'orgueil n'a pu tenir lieu de
vérité. Sois de ceux qui se repentent sincèrement et retournent à Dieu, le Dieu
qui t'a créé, qui t'a nourri et a fait de toi un ministre parmi ceux qui professent
ta foi.
Sache, de plus, que c'est lui qui, par son ordre, a créé tout ce qui est dans
les cieux et sur la terre. Comment ce qui a été créé sur son ordre pourrait-il
prévaloir sur lui ? Dieu est infiniment loué au-dessus de ce que vous imaginez
de lui, ô peuple malveillant ! Si cette Cause est la cause de Dieu, il n'est point
d'homme qui puisse prévaloir sur elle ; et si elle n'est pas de Dieu, vos prêtres
parmi vous, ainsi que ceux qui suivent leurs désirs corrompus et ceux qui se sont
révoltés contre lui n'auront aucune peine à la renverser.
N'as-tu pas entendu conter ce qu'un croyant de la famille de Pharaon a dit, il
y a longtemps, et que Dieu révéla à l'Apôtre qu'il avait choisi entre tous pour
lui confier son message et faire de lui la source de sa miséricorde envers tous
ceux qui habitent sur la terre ? Il a dit, et ce qu'il dit est vérité: "Tuerez-vous
un homme parce qu'il a dit mon Seigneur est Dieu, alors qu'il vous a apporté des
preuves évidentes de la part de votre Seigneur ? S'il est un menteur, son mensonge
retombera sur lui, s'il dit la vérité, ce dont il vous menace vous atteindra".
Voilà ce que Dieu a révélé à son bien-aimé, dans son Livre infaillible.
Et pourtant, vous n'avez pas prêté l'oreille à son injonction, vous avez dédaigné
sa loi, rejeté le conseil donné dans son Livre, et vous êtes comptés parmi ceux
qui errent loin de lui. Combien d'hommes, chaque année, chaque mois même, ont
été mis à mort à cause de vous ! Combien d'injustices avez-vous perpétrées, d'une
iniquité telle que l'oeil de la création n'en avait jamais vu de semblables ni
aucune chronique rapporté de pareilles ! Ô êtres injustes, combien de nourrissons
et de petits enfants sont, par votre cruauté, devenus orphelins, combien de pères
pleurent leurs fils, combien de soeurs languissent dans le deuil d'un frère, combien
d'épouses se lamentent sur la mort d'un mari, leur unique soutien !
Votre iniquité s'est accrue chaque jour jusqu'à ce que vous en arriviez à tuer
celui qui n'avait jamais détaché son regard de la face de Dieu, le Suprême, le
Très-Grand. Si seulement vous l'aviez mis à mort comme les hommes le font habituellement
pour se détruire les uns les autres ! Mais vous l'avez tué dans des circonstances
telles qu'on n'en a jamais vu de semblables. Les cieux ont versé sur lui des larmes
amères, et les âmes de ceux qui sont près de Dieu ont pleuré sur ses malheurs.
N'était-il pas un descendant de l'ancienne maison de votre prophète ? Le fait
qu'il était un descendant direct de l'Apôtre n'était - il pas connu de vous ?
Pourquoi donc lui avez-vous infligé ce que, de temps immémorial, nul homme n'avait
jamais infligé à un autre homme ? Par Dieu ! La création n'a jamais vu votre pareil.
Vous avez mis à mort un fils de la maison de votre prophète, et sur vos sièges
d'honneur, vous continuez de vous réjouir et de vous divertir ! Vous prononcez
des imprécations contre ceux qui, avant vous, perpétrèrent les crimes que vous
avez perpétrés et demeurez toujours inconscients de vos atrocités !
Soyez équitables en votre jugement. Ceux que vous maudissez, sur qui vous appelez
la vengeance du ciel, ont-ils agi différemment de vous ? N'ont-ils pas mis à mort
le descendant de leur prophète, comme vous avez mis à mort le descendant du vôtre
? Votre conduite n'est-elle pas semblable à la leur ? Comment donc osez-vous prétendre
vous différencier d'eux, ô semeurs de discorde parmi les hommes ?
Et quand vous lui eûtes enlevé la vie, un de ses fidèles se leva pour venger sa
mort. C'était un inconnu, et nul ne connaissait son dessein. Il accomplit finalement
ce qui avait été pré-ordonné. Il vous appartient donc de n'accuser que vous-mêmes
des crimes que vous avez perpétrés, si seulement vous jugez avec impartialité.
Qui sur terre a commis ce que vous avez commis ? Personne, par celui qui est le
Seigneur de tous les mondes !
Tous les dirigeants et rois de la terre honorent et révèrent les descendants de
leurs prophètes et de leurs saints, puissiez-vous le comprendre ! Vous êtes, au
contraire, responsables d'actes qu'aucun homme avant vous n'avait jamais accomplis,
et pour ces méfaits, les coeurs éclairés se sont consumés de chagrin. Cependant,
vous demeurez dans l'indolence, insouciants de la cruauté de vos actes.
Vous vous êtes obstinés jusqu'à vous lever contre nous, pourtant nous n'avions
rien fait qui justifie votre inimitié. N'avez-vous donc aucune crainte du Dieu
qui vous a créés et façonnés, à qui vous devez votre force et qui vous a comptés
parmi ceux qui s'en sont remis à lui [Note: les musulmans] ? Jusqu'à quand vous
obstinerez-vous ? Jusqu'à quand refuserez-vous de réfléchir ? Combien de temps
vous faudra-t-il pour sortir de votre sommeil et de votre insouciance ? Jusqu'à
quand méconnaîtrez-vous la vérité ?
Médite en ton coeur. Ta conduite et ce que tes mains ont forgé t'ont-ils permis
d'étouffer le feu de Dieu ou d'éteindre la lumière de sa révélation, celle qui
a enveloppé de son éclat ceux qui sont plongés dans les océans tumultueux de l'immortalité
et attiré les âmes qui croient en son unité et la soutiennent ? Ne sais-tu pas
que la puissance de Dieu prévaut sur la tienne, que son décret l'emporte sur tous
tes stratagèmes ? Ne sais-tu pas qu'il domine ses serviteurs, qu'il est à la hauteur
de son dessein, qu'il fait ce qu'il veut, qu'il ne lui sera point demandé compte
de ce qu'il lui aura plu de faire, qu'il ordonne selon son bon plaisir, qu'il
est le Tout-Puissant, l'Omnipotent ? Et si tu crois que c'est là la vérité, que
ne cesses-tu alors de te tourmenter et que ne fais-tu la paix avec toi-même ?
Tu commets chaque jour une nouvelle injustice, et tu me traites comme tu m'as
traité dans le passé, encore que je ne me sois jamais immiscé dans tes affaires.
Jamais je ne suis entré en opposition avec toi, ni ne me suis rebellé contre tes
lois. Et vois comment finalement tu as fait de moi un prisonnier en cette terre
reculée ! Mais, quoi que vos mains ou les mains des infidèles aient forgé, sois
assuré que la cause de Dieu n'en sera pas affectée, ni ses voies altérées, ainsi
qu'il a en toujours été.
Prêtez attention à mes avertissements, ô habitants de la Perse ! Si je péris entre
vos mains, Dieu en suscitera un autre qui occupera le siège que ma mort aura rendu
vacant, car telle fut la manière dont Dieu a procédé dans le passé, et tu ne constates
aucun changement dans cette méthode. Chercheriez-vous à éteindre sa lumière qui
brille sur sa terre ? Dieu lui-même s'y oppose. Il ne cessera de rendre plus parfaite
sa lumière, même si, dans le secret de vos coeurs, vous la détestez.
Ô Ministre, réfléchis, ne fût-ce qu'un instant, et sois équitable en ton jugement.
Qu'avons-nous commis qui justifie que tu nous aies dénigré devant les ministres
du roi, suivant tes désirs, dénaturant la vérité et proférant des calomnies contre
nous ? Nous ne nous sommes jamais rencontrés, sinon dans la maison de ton père,
lors des commémorations du martyre de l'Imam Husayn. En ces rencontres, l'occasion
ne s'est jamais offerte à aucun de nous de faire connaître aux autres ses vues
et ses croyances, soit par des conversations, soit par des discours. Tu témoigneras
toi-même de la vérité de mes paroles, si tu es sincère. Je n'ai fréquenté aucune
autre assemblée où tu aurais pu, pas plus d'ailleurs que quiconque, connaître
mes pensées. Comment donc, sans m'avoir entendu, peux-tu me condamner ? Ne sais-tu
pas que Dieu, exaltée soit sa gloire, a dit: "Ne dites pas à celui qui vous offre
la paix: "Tu n'es pas croyant"", "Ne repousse pas ceux qui prient matin et soir
leur Seigneur et qui recherchent sa Face". Tu as, en vérité, négligé de suivre
les prescriptions du Livre de Dieu, et cependant tu prétends être un croyant !
En dépit de ce que tu as fait, et bien que toi et d'autres nous aient fait subir
des offenses qu'aucun croyant en l'unité de Dieu ne saurait supporter, je ne nourris
contre toi, ni contre qui que ce soit, aucune malveillance. Dieu m'en est témoin
! Ma cause est entre les mains de Dieu, et ma confiance n'est placée en personne
d'autre qu'en lui. Avant peu, vos jours passeront comme passeront les jours de
ceux qui, orgueilleusement, se croient aujourd'hui supérieurs à leur voisin. Bientôt,
rassemblés en la présence de Dieu, il vous sera demandé compte de vos actions.
Vous en recevrez le juste salaire, et misérable est la demeure des malfaiteurs.
Par Dieu ! Si tu prenais conscience de ce que tu as fait, il est certain que tu
pleurerais amèrement sur toi-même, chercherais en Dieu un refuge, languirais et
te lamenterais tous les jours de ta vie, jusqu'à ce que tu aies obtenu de Dieu
son pardon, car il est, en vérité, le Très-Généreux, le Munificent. Mais occupé
que tu es de tout ton coeur, de toute ton âme et de ton être le plus intime, par
les vanités de ce monde, tu persisteras dans l'insouciance jusqu'à l'heure de
ta mort. Et ce n'est qu'après avoir quitté ce monde que tu découvriras la vérité
de ce que nous t'avons révélé. Tu trouveras alors tes actions consignées dans
le Livre où sont inscrites les oeuvres de ceux qui sont sur la terre, qu'elles
soient d'un poids supérieur ou inférieur à celui d'un atome. Prête l'oreille à
mes conseils et du fond de ton coeur écoute mes discours, ne néglige aucune de
mes paroles, et ne sois pas de ceux qui rejettent ma vérité. Ne te fais point
gloire des choses qui t'ont été données. Ne quitte pas des yeux ce qui a été révélé
dans le livre du Seigneur, le Secours, le Très-Glorieux: "Lorsque ces gens eurent
oublié ce qui leur avait été rappelé, nous leur avons ouvert les portes de toutes
choses", comme nous vous avons ouvert, à toi et à tes homologues, les portes de
cette terre et de tout ce qui l'orne. Attends-toi à ce qui a été promis dans la
seconde partie de ce verset sacré [Note NDT: Coran 6:44, la suite du verset est
la suivante: "mais après qu'ils eurent joui des biens qui leur avaient été accordés,
nous les avons emportés brusquement et ils se trouvèrent désespérés"], car c'est
la promesse du Tout-Puissant, du Très-Sage, et ce n'est pas une vaine promesse.
Je ne sais quel chemin vous avez choisi de fouler, ô vous qui me voulez du mal
! Nous vous adjurons de vous tourner vers Dieu, nous vous rappelons son jour,
nous vous annonçons la nouvelle de votre rencontre avec lui, nous vous permettons
de vous approcher de sa cour, et nous faisons descendre sur vous les signes de
sa merveilleuse sagesse. Et pourtant, voyez comment vous nous rejetez, comment
vous nous condamnez par les mensonges que vous proférez comme si nous étions un
infidèle, et comment vous ourdissez des complots contre nous ! Et quand nous manifestons
à vos yeux ce qu'en sa bonté Dieu nous a accordé, vous dites: "Ce n'est là que
pure magie !" Les mêmes objections furent soulevées par les générations qui vous
ont précédés et qui étaient toutes semblables à la vôtre, puissiez-vous le comprendre
! Vous vous êtes ainsi privés des bienfaits de Dieu et de sa grâce, et jamais
vous ne les obtiendrez avant le jour où il jugera entre nous et vous. Il est,
en vérité, le meilleur des juges.
Certains parmi vous disent: "Voilà celui qui a voulu se faire passer pour Dieu
!" Par Dieu lui-même ! C'est là une grossière calomnie: Je ne suis qu'un serviteur
de Dieu, qui a cru en lui et en ses signes, en ses prophètes et en ses anges.
Ma langue et mon coeur, tout mon être intime comme mon être extérieur, attestent
qu'il n'est point d'autre Dieu que lui, que tous les autres êtres furent créés
à son commandement et façonnés par l'opération de sa volonté. Il n'est d'autre
Dieu que lui, le Créateur, celui qui peut ressusciter les morts, qui donne la
vie à toutes choses, et qui la leur retire à son gré. Je suis celui qui répand
au loin la nouvelle des bienfaits dont sa bonté m'a favorisé. Si c'est là une
transgression contre Dieu, je suis, en vérité, le plus grand des transgresseurs.
Nous sommes à votre merci, moi et les miens. Faites de nous ce qu'il vous plaira,
et surtout n'hésitez point, que je puisse retourner vers Dieu, mon Seigneur, là
où, enfin, je ne verrai plus vos visages. Tel est, en vérité, mon désir le plus
cher, mon voeu le plus ardent. Dieu, qui me voit, en sait assez long sur mon état.
Imagine-toi sous le regard de Dieu, ô Ministre du chah ! Car si tu ne le vois
pas, lui te voit clairement. Examine et juge équitablement notre cause. Si tu
es juste, qu'avons-nous commis qui puisse ainsi te soulever contre nous, et t'inciter
à nous calomnier auprès du peuple ? Nous avons quitté Téhéran sur l'ordre du roi
et, avec sa permission, nous avons transféré notre résidence en Irak. Comment
le roi nous aurait-il rendu la liberté s'il avait eu quelque chose à nous reprocher
? Et si je suis innocent, pourquoi nous infliges-tu des tribulations comme n'en
a jamais souffert aucun de ceux qui professent ta foi ? Un seul de mes actes,
depuis mon arrivée en Irak, a-t-il contribué à la subversion de l'autorité qui
y est établie ? Qui pourrait prétendre avoir surpris en notre conduite quoi que
ce soit de répréhensible ? Fais toi-même une enquête auprès des habitants de ce
pays, afin d'être de ceux qui discernent la vérité.
Nous habitions ce pays depuis onze ans quand arriva, pour représenter ton gouvernement,
ce ministre que notre plume se refuse à nommer, qui s'adonnait au vin et à la
débauche, suivait ses passions, commettait des iniquités, et qui, corrompu, corrompit
l'Irak. De cela porteront témoignage la plupart des habitants de Bagdad, si tu
es de ceux qui cherchent à connaître la vérité et si tu t'en enquiers auprès d'eux.
Au mépris de toute justice, il s'emparait du bien de son prochain, violait tous
les commandements de Dieu et commettait ce que Dieu réprouve. Finalement, obéissant
à ses penchants, il se leva contre nous et s'engagea dans les voies de l'iniquité.
Dans une lettre qu'il t'adressa, il lança ses accusations et, bien qu'il n'apportât
pas la moindre preuve contre nous, tu le crus sur parole et tu abondas dans son
sens. Tu ne demandas aucune explication, tu ne procédas à aucune enquête, tu ne
recherchas aucune preuve ni aucun témoignage dignes de foi qui eussent pu t'aider
à distinguer l'erreur de la vérité et à juger avec discernement. Afin de découvrir
quelle sorte d'homme il est, renseigne-toi personnellement, tant auprès des ministres
qui se trouvaient alors en Irak que du gouverneur de la ville [Note: Bagdad] et
de son haut conseiller, afin que la vérité te soit connue et que tu sois bien
informé sur notre cas.
Dieu nous en est témoin ! jamais, en aucune circonstance, nous ne lui avons fait
la moindre opposition, pas plus d'ailleurs qu'à d'autres. Nous n'avons jamais
fait que suivre, en toute circonstance, les préceptes de Dieu, nous gardant soigneusement
de nous ranger parmi les fauteurs de désordre. Lui-même en témoigne. Son intention
était de mettre la main sur nous et de nous renvoyer en Perse afin d'exalter par
là sa renommée. Tu as, aux mêmes fins, commis le même crime. Vous vous valez donc
tous deux aux yeux de Dieu, le souverain Seigneur de tous, l'Omniscient.
Nous ne cherchons point, en t'adressant ces paroles, à alléger le fardeau de notre
malheur ni à t'amener à intercéder pour nous auprès de personne. Non certes, par
celui qui est le Seigneur de tous les mondes ! Nous t'avons exposé toute l'affaire
pour que, prenant peut-être ainsi conscience de ce que tu as fait, tu t'abstiennes
désormais d'infliger à d'autres ce que tu nous as infligé et que, sincèrement
repentant devant Dieu qui t'a créé et qui a créé toutes choses, tu agisses à l'avenir
avec plus de discernement. Cela vaudra mieux pour toi que tout ce que tu possèdes
et que ton ministère dont les jours sont comptés.
Veille à ne point te faire le complice de l'injustice. Dirige résolument ton coeur
vers l'équité, n'altère pas la cause de Dieu, et sois de ceux qui fixent leur
regard sur les révélations de son Livre. Ne cède, en aucun cas, aux impulsions
de tes mauvais désirs. Observe la loi de Dieu, ton Seigneur, le Bienfaisant, l'Ancien
des jours. Tu retourneras certainement en poussière, et tu périras ainsi que toutes
les choses dont tu t'es délecté. Voilà ce que te dit la Langue de vérité et de
gloire.
Souviens-toi des avertissements de Dieu dans le passé, pour que tu sois de ceux
qui prêtent attention à son conseil ? Il a dit, et la vérité parle par sa bouche:
"De la terre, nous vous avons créés ; en elle nous vous ramènerons et d'elle nous
vous ferons sortir une fois encore".
Voilà ce que Dieu a décrété pour tous ceux, petits et grands, qui sont sur la
terre. Il ne convient donc pas à celui qui a été créé avec de la poussière, qui
y retournera et qui en sera tiré à nouveau, de s'enfler d'orgueil devant Dieu
et devant ceux qu'aime celui-ci, de les considérer avec mépris et d'être rempli
d'une dédaigneuse arrogance. Ce qui vous convient plutôt, à toi et à tes semblables,
c'est de vous soumettre à ceux qui sont les Manifestations de l'unité de Dieu,
de vous incliner humblement devant les fidèles qui ont tout quitté pour l'amour
de lui et se sont détachés de toutes les choses qui, absorbant l'attention des
hommes, les détournent de la voie du Seigneur, le Très-Glorieux, le Magnifié.
Ainsi vous faisons-nous connaître ce qui vous sera profitable, et ce qui profitera
à ceux qui ont placé dans le Seigneur toute leur confiance et tout leur espoir.
114. Suratu'l-Muluk
Écoute, ô Roi [Note: le sultan 'Abdu'l-'Aziz], le discours de celui qui ne dit
que la vérité, qui ne te demande pas en récompense les choses que Dieu t'a accordées
et qui jamais ne s'écarte du droit chemin. C'est lui qui t'appelle à Dieu, ton
Seigneur, qui te montre le droit chemin conduisant au vrai bonheur, afin que tu
rejoignes ceux pour qui tout ira bien.
Garde-toi, ô Roi, de t'entourer de ministres qui suivent leurs inclinations corrompues,
négligent ce qui leur est confié et manifestement trahissent leur mission. Sois
bienveillant envers les autres comme Dieu l'est envers toi, et ne laisse pas les
intérêts de ton peuple à la merci de tels ministres. Ne méconnais pas la crainte
de Dieu, et sois de ceux qui agissent avec droiture. Entoure-toi de ministres
qui exhalent le parfum de la foi et de la justice, sollicite leur avis, retiens
ce qui te semblera le mieux, et sois de ceux qui agissent avec générosité.
Tiens pour certain que quiconque ne croit pas en Dieu n'est ni digne de confiance
ni véridique. Telle est, en effet, la vérité, l'indubitable vérité. Celui qui
trahit Dieu trahit aussi son roi. Rien ne peut le détourner du mal, rien ne peut
l'empêcher de trahir son voisin, rien ne peut l'amener à agir avec droiture.
Prends soin de ne pas remettre aux mains d'autrui les rênes des affaires de ton
État, n'accorde pas ta confiance à des ministres qui ne la méritent point, ne
sois pas de ceux qui vivent dans l'insouciance. Évite ceux dont le coeur se détourne
de toi, ne leur accorde pas ta confiance, et ne les charge pas de tes affaires
ni des affaires de ceux qui professent ta foi. Assure-toi de ne pas laisser le
loup devenir le berger du troupeau de Dieu, et ne laisse pas à la merci des méchants
le sort de ceux qu'il aime. N'attends pas de ceux qui violent les commandements
de Dieu qu'ils soient dignes de quelque confiance, ou qu'ils puissent être sincères
dans la foi qu'ils professent. Évite-les donc, et protège-toi soigneusement, de
peur d'être victime de leurs ruses et de leurs méfaits. Détourne-toi d'eux, fixe
ton regard sur Dieu, ton Seigneur, le Très-Glorieux, le Très-Bienfaisant. Dieu
sera assurément avec celui qui se donne entièrement à lui ; il préservera de tout
mal celui qui place toute sa confiance en lui et le protègera contre les complots
des méchants.
Si tu prêtes l'oreille à mes discours et suis mes conseils, Dieu t'élèvera à un
rang si éminent qu'aucun dessein humain ne pourra t'atteindre ni te nuire. Ô Roi,
observe de tout ton coeur et de toutes tes forces, les commandements de Dieu,
et ne marche pas dans les sentiers de l'oppresseur. Saisis-toi des rênes du gouvernement
de ton peuple et tiens-les fermement, examine personnellement tout ce qui s'y
rapporte. Que rien ne t'échappe, car c'est là le bien le plus grand.
Rends grâces à Dieu de t'avoir choisi entre tous comme chef suprême de ceux qui
professent ta foi. Il te convient, en effet, d'apprécier les bienfaits dont Dieu
t'a gratifié et de sans cesse magnifier son nom. La meilleure louange que tu puisses
lui adresser est d'aimer ceux qu'il aime, de sauvegarder les intérêts de ses serviteurs,
de les protéger contre les traîtres et de faire en sorte qu'ils ne soient plus
opprimés. Tu dois, en outre, faire respecter parmi eux la loi de Dieu, afin d'être
toi-même du nombre de ceux qui sont fermement établis dans cette loi.
Si, par toi, les rivières de la justice venaient à répandre leurs eaux sur tes
sujets, Dieu assurément t'assisterait des armées de l'invisible et du visible,
et te fortifierait dans tes affaires. Il n'est d'autre Dieu que lui. La création
est sienne, avec tout son empire. À lui retourneront les oeuvres des fidèles.
Ne place pas ta confiance dans tes trésors. Place-la plutôt dans la grâce de Dieu,
ton Seigneur. Compte sur lui en tout ce que tu fais, et sois de ceux qui se soumettent
à sa volonté. Laisse-le t'aider et t'enrichir de ses trésors car c'est à lui qu'appartiennent
tous les trésors de la terre et du ciel. Il les accorde à qui lui plaît, et les
retire à qui il veut. Il n'est pas d'autre Dieu que lui, le Possesseur de toutes
choses, le Très-Loué. Tous sont pauvres au seuil de sa miséricorde ; tous sont
impuissants devant la révélation de sa souveraineté et implorent ses faveurs.
Ne franchis jamais les bornes de la modération et traite équitablement ceux qui
te servent. Donne-leur selon leurs besoins, mais pas dans une mesure qui leur
permettrait d'entasser pour eux-mêmes des trésors, de parer leur personne, d'embellir
leur foyer, d'acquérir ce qui ne leur serait d'aucun profit et les ferait compter
au nombre des extravagants. Exerce envers eux une indéfectible justice, de sorte
que nul d'entre eux ne soit dans le besoin ni ne regorge de richesses. Ce n'est
là que justice manifeste.
Ne permets pas que l'abject domine ceux qui sont nobles et dignes d'honneur, et
ne souffre pas que le juste soit à la merci du vil et du méprisable, car c'est
ce que nous avons constaté lors de notre arrivée dans la cité [Note:Constantinople],
et nous en témoignons. Parmi ses habitants, nous en avons vu qui possédaient d'immenses
fortunes et vivaient dans une richesse excessive, alors que d'autres vivaient
dans une noire misère et une extrême pauvreté. Cela ne saurait convenir à ta souveraineté
ni être digne de ton rang.
Accueille donc mes avis et efforce-toi de gouverner avec équité, afin que Dieu
exalte ton nom et répande dans le monde entier la renommée de ta justice. Veille
à ne pas favoriser tes ministres aux dépens de tes sujets. Crains les soupirs
du pauvre et du juste qui, à chaque aurore, se lamentent sur leur triste sort,
et sois pour eux un souverain bienveillant. Ils sont, en vérité, tes trésors sur
la terre. Il t'appartient donc de mettre tes trésors à l'abri des assauts de ceux
qui voudraient te les dérober. Enquiers-toi de leurs affaires et inquiète-toi
chaque année, chaque mois même, de leur condition. Ne sois pas de ceux qui négligent
leur devoir.
Garde les yeux rivés sur l'infaillible balance de Dieu et tel celui qui se tient
en sa présence, pèse sur tes actions chaque jour, en chaque instant de ta vie.
Fais ton examen de conscience chaque jour avant d'y être convié au jour du jugement,
jour où personne n'aura la force de se tenir debout par crainte de Dieu, jour
où le coeur des négligents se mettra à trembler.
Il incombe à tout roi d'être aussi bienveillant que le soleil qui assure la croissance
de tous les êtres et donne à chacun son dû, et dont les bienfaits ne proviennent
pas de lui-même, mais de la volonté du Tout-Puissant, de l'Omnipotent. Un roi
doit être aussi généreux, aussi libéral dans sa grâce que les nuages dont les
ondées bienfaisantes arrosent tous les pays sur l'ordre de celui qui est l'Ordonnateur
suprême, l'Omniscient.
Prends soin de ne pas t'en remettre entièrement à d'autres pour les affaires de
l'État. Nul mieux que toi-même ne pourrait remplir tes fonctions. Ainsi avec clarté,
nous te donnons nos sages avis, nous t'envoyons ce qui te permettra de passer
de la main gauche de l'oppression à la main droite de la justice et de t'approcher
du resplendissant océan des faveurs de Dieu. Telle est la voie que suivirent,
avant toi, les rois qui gouvernèrent avec équité et suivirent le droit chemin
de la justice.
Tu es l'ombre de Dieu sur la terre. Efforce-toi donc d'agir de la manière qui
convient à un rang aussi éminent et aussi majestueux. Tu ne saurais, sans déroger
à un honneur aussi grand et inestimable, t'abstenir de suivre les enseignements
qui, par nous, te sont envoyés du ciel. Retourne donc à Dieu, attache-toi fermement
à lui, purifie ton coeur du monde et de ses vanités, et ne souffre pas que l'amour
d'un étranger y pénètre pour s'y établir. Et tant que tu n'auras pas purifié ton
coeur des traces d'un tel amour, l'éclat de la lumière divine n'y pourra briller
car Dieu n'a donné à chacun qu'un seul coeur. Tel est, en vérité, le décret divin
enregistré dans son livre antique. Et puisque le coeur humain, tel que Dieu l'a
façonné, est un et entier, il t'incombe de veiller à ce que ses affections soient
elles aussi unes et entières. Attache-toi donc, avec toute la tendresse de ton
coeur, à l'amour de Dieu et renonce à tout autre amour afin qu'il t'aide à te
plonger ainsi dans l'océan de son unité et à devenir un vrai défenseur de son
unicité. Dieu m'en est témoin: Je n'ai, en te révélant ces paroles, d'autre objet
que de te détacher des choses éphémères de la terre, et de t'aider à entrer dans
le royaume de la gloire éternelle, afin qu'avec la permission de Dieu, tu sois
de ceux qui l'habitent et y règnent. [...]
Par Dieu, je le jure, ô Roi: Je n'ai point dessein de me plaindre auprès de toi
de ceux qui me persécutent. C'est à Dieu que j'expose mes griefs et mon chagrin,
à Dieu qui m'a créé et qui les a créés, qui connaît bien notre situation, et qui
veille sur toutes choses. Je veux seulement les mettre en garde contre les conséquences
de leurs actions, dans l'espoir qu'ils s'abstiendront d'en traiter d'autres comme
ils m'ont traité moi-même, et se rangeront finalement parmi ceux qui suivent mes
avertissements.
Les tribulations qui nous accablent, le dénuement dont nous souffrons, les tourments
divers qui de toutes parts nous assaillent, tout cela passera comme passeront
les plaisirs dont se délectent nos ennemis et l'abondance dont ils jouissent.
Telle est la vérité qu'aucun homme ne peut rejeter. Bientôt prendront fin les
jours où nous aurons été abaissé dans la poussière, comme se termineront avant
peu leurs jours de gloire. Dieu, assurément, jugera entre nous et eux, et il est,
en vérité, le meilleur des juges.
Nous rendons grâces à Dieu pour tout ce qui nous est advenu, et nous endurons
patiemment ce qu'il a ordonné dans le passé et ordonnera dans le futur. En lui
je place ma confiance et entre ses mains, je remets ma cause. Il ne saurait manquer
de récompenser qui souffre sans se plaindre et place en lui sa confiance. La création
est sienne, avec tout son empire. Il exalte qui il veut, et abaisse qui bon lui
semble. Il ne lui sera point demandé compte de ses actes. Il est, en vérité, le
Très-Glorieux, le Tout-Puissant.
Que ton oreille, ô Roi, soit attentive aux paroles que nous t'adressons. Contrains
l'oppresseur à renoncer à sa tyrannie, et sépare les artisans d'iniquité de ceux
qui professent ta foi. Par la justice de Dieu ! L'angoisse ne peut que submerger
celui qui relate les tribulations que nous avons subies. En supporter le récit
dépasse d'ailleurs les forces de tout croyant en l'unité de Dieu et de tout défenseur
de celle-ci. Si grandes sont nos souffrances que même nos ennemis pleurent sur
nous ainsi que tout être doué de discernement. Et toutes ces épreuves nous ont
été infligées bien que nous allions vers toi, et que nous ayons invité le peuple
à se placer sous ta protection afin que tu sois une forteresse pour ceux qui croient
en l'unité de Dieu et la soutiennent.
T'ai-je jamais désobéi, ô Roi ? Ai-je jamais transgressé une de tes lois ? Un
de tes ambassadeurs en Irak peut-il établir contre moi la preuve du moindre manquement
à ma loyauté envers toi ? Par celui qui est le Seigneur de tous les mondes ! Pas
un moment nous ne nous sommes rebellé contre toi ni contre aucun de tes ministres.
Et jamais, à Dieu ne plaise, nous ne le ferons à l'avenir, dussions-nous être
soumis à des épreuves plus cruelles que celles qu'on nous a infligées dans le
passé.
Jour et nuit, soir et matin, nous avons prié Dieu pour toi, le suppliant de te
rendre obéissant à sa loi, et de te garder des assauts des méchants. Agis selon
ton bon plaisir, et traite-nous comme il convient à ton état et comme il sied
à ta souveraineté. En tout ce que tu désires ou désireras accomplir, n'oublie
jamais la loi de Dieu. Dis: Louange à Dieu, le Seigneur de tous les mondes !
115. Lawh-i-Dhabih
Ô Dhabih, dans la plupart des tablettes divinement révélées la plume de la révélation
a transcrit ces paroles: Nous avons recommandé aux aimés de Dieu de toujours veiller
à ce que le bord de notre vêtement sacré ne soit point souillé de la boue des
actions défendues ni taché de la poussière d'une conduite répréhensible. Nous
les avons en outre exhortés à tenir leurs regards fixés sur ce qui a été révélé
dans nos tablettes. Si leurs oreilles internes avaient été attentives aux divins
conseils provenant de l'aurore de la plume du Très-Miséricordieux et s'ils avaient
écouté sa voix, la plupart des peuples de la terre seraient maintenant ornés de
la parure de sa direction. Ce qui avait été pré-ordonné s'est cependant accompli.
Une fois encore, de cette prison, la plus grande des prisons, la Langue de grandeur
de l'Ancien des jours révèle ces paroles, enregistrées dans ce rouleau sacré,
d'une blancheur de neige: "Ô vous, les bien-aimés du seul vrai Dieu, sortez des
étroites retraites où vous confinent vos désirs corrompus, avancez hardiment dans
la vaste immensité du royaume de Dieu et dans les prairies du détachement et de
la sainteté établissez-vous
afin que, guidée par le parfum de vos oeuvres, l'humanité tout entière se dirige
vers l'océan de l'éternelle gloire de Dieu. Défendez - vous de tout attachement
aux affaires de ce monde et de toute ingérence dans les activités politiques de
ceux qui le dirigent.
Le seul vrai Dieu - exaltée soit sa gloire - a donné aux rois le gouvernement
de la terre, et nul n'a le droit d'aller à l'encontre des vues réfléchies de ceux
qui détiennent l'autorité. Dieu s'est réservé pour lui-même la cité du coeur des
hommes dont les clefs, en ce jour, sont représentées sur la terre par les amis
de celui qui est la Vérité souveraine. Que Dieu leur accorde, à tous et à chacun
d'entre eux, de déverrouiller, par la puissance du Plus-Grand-Nom, les portes
de ces cités. Voilà ce que veut dire "aider le seul vrai Dieu", - thème que celui
qui fait poindre l'aurore traite dans tous ses livres et ses tablettes.
Il convient, en outre, aux amis de Dieu d'être indulgents à l'égard de leur prochain,
d'observer envers toutes choses le plus parfait détachement, et de montrer en
toutes circonstances une sincérité et une droiture telles, que tous les peuples
de la terre reconnaissent en eux les représentants de Dieu parmi les hommes. Considère
à quelles hauteurs sublimes s'élèvent les injonctions du Tout-Puissant, et combien
abjectes sont les demeures où habitent maintenant ces âmes faibles. Heureux ceux
qui, sur les ailes de la certitude, s'envolent dans les cieux que leur ouvre la
plume de ton Seigneur, le Très-Miséricordieux.
Ô Dhabih, admire les oeuvres de Dieu, celui qui est la Vérité souveraine, et dis:
Si grande, si grandiose est la force de sa puissance qui embrasse tous les mondes
! Exalté, immensément exalté est son détachement au-delà de la portée et de la
connaissance de la création ! Glorifiée, glorifiée est sa douceur infinie qui
a fait fondre le coeur de tous ceux qui ont été mis en présence de Dieu.
En dépit des tribulations sans nombre que nous avons subies aux mains de nos ennemis,
nous n'avons cessé de proclamer devant les chefs d'État ce que Dieu voulait voir
proclamé, afin que toutes les nations sachent qu'aucune affliction ne peut empêcher
la Plume de l'Ancien des jours d'accomplir son dessein. Sa plume se meut par la
permission de celui qui modèle les os putréfiés et réduits en poussière.
En vue d'une si grande entreprise, il convient que tous ceux qui l'aiment ceignent
leurs reins et, au lieu de commettre des actions viles et méprisables, qu'ils
fixent toutes leurs pensées sur ce qui est propre à assurer le triomphe de la
cause de Dieu. Si tu considérais, ne fût-ce qu'un instant, les ouvrages visibles
et les actes de celui qui est la Vérité éternelle, tu te jetterais à terre et,
le front dans la poussière, tu t'écrierais: Ô toi qui es le Seigneur des seigneurs,
j'atteste que tu es le Seigneur de la création et l'Educateur souverain de tous
les êtres, tant visibles qu'invisibles ! J'atteste que ton pouvoir embrasse l'univers
tout entier et que les armées de la terre ne sauraient t'effrayer, pas plus que
ne sauraient t'empêcher d'accomplir ton dessein toutes les puissances conjuguées
des peuples et des nations du monde. Je confesse que tu n'as d'autre désir que
la régénération du monde, l'établissement de l'unité de ses peuples et le salut
de tous ses habitants.
Réfléchis un instant et considère la conduite que doivent tenir les amis de Dieu,
les hauteurs auxquelles ils doivent s'envoler. Prie à toute heure ton Seigneur,
le Dieu de miséricorde, de les aider à faire sa volonté. Il est, en vérité, le
Tout-Puissant, le Très-Glorieux, l'Informé.
L'emprisonnement que subit cet Opprimé, ô Dhabih, ne l'a pas affecté et ne le
pourra jamais, pas plus d'ailleurs que la perte de ses biens matériels ou son
exil, ou même son martyre, et les humiliations qui lui sont infligées ne peuvent
le blesser.
Mais ce qui le chagrine, ce sont les mauvaises actions que commettent les aimés
de Dieu, et qu'ils imputent à celui qui est la Vérité souveraine. Telle est, en
vérité, la cause de mon affliction, et celui qui a pouvoir sur toutes choses m'en
rend lui-même témoignage. Ce qui m'a cruellement peiné, ce sont les prétentions
chaque jour renouvelées du peuple du Bayan. Quelques-uns ont proclamé leur allégeance
à l'une de mes branches [Note : les fils de Baha'u'llah], tandis que d'autres,
guidés par leurs propres ambitions, ont avancé des prétentions personnelles.
Ô Dhabih, la Langue de grandeur dit: Par moi-même, qui dis la vérité ! toutes
les dispensations du passé atteignent dans cette très puissante révélation leur
consommation dernière. Quiconque, après lui, se prétend porteur d'une révélation
n'est qu'un vil imposteur. Puisse Dieu l'aider à répudier pareille prétention.
Nul doute, s'il se repent, que le Seigneur lui pardonne. Mais s'il s'obstine dans
son erreur, Dieu assurément enverra quelqu'un qui le traitera sans miséricorde.
Dieu est, en vérité, le Tout-Puissant, l'Omnipotent.
Vois comment le peuple du Bayan a été incapable de reconnaître que tout ce qu'a
révélé ma précédente manifestation, annonciatrice de ma beauté, n'avait d'autre
objet que de préparer ma révélation présente et la proclamation de ma cause. Jamais,
si ce n'est pour moi - et celui qui est la Vérité souveraine m'en rend témoignage
- elle n'aurait déclaré ce qu'elle a déclaré. Vois comment ces insensés ont considéré
comme un divertissement et un passe-temps la cause de celui qui est l'Omnipossédant,
l'Inaccessible. Ils inventent chaque jour un nouveau stratagème qui les oblige
à un nouveau repli. Mais si ce qu'ils disent était vrai, comment la stabilité
de la cause de Dieu pourrait-elle être établie ? Médite cela en toi-même, et sois
de ceux dont la vue est perçante, qui scrutent avec attention, qui restent fermes
dans leur dessein et confiants en leur croyance. Ta foi doit être telle que si
l'humanité tout entière venait à émettre des prétentions qu'aucun homme n'a jamais
élevées et qu'aucun esprit ne conçut jamais, tu les ignorerais entièrement et
les rejetterais résolument, pour te tourner vers celui qui est l'objet de l'adoration
des mondes.
Par la justice de ma propre personne ! grande, grandiose est cette cause ! Puissant,
inconcevablement puissant est ce jour ! Béni l'homme qui, en un tel jour, oublie
toutes choses et ne détache pas ses regards de celui dont la face rayonne sur
tous ceux qui sont dans les cieux et sur tous ceux qui sont sur la terre.
Il faut que ta vue soit perçante, ô Dhabih, que ton âme soit de diamant et tes
pieds d'airain, si tu veux rester inébranlable sous les assauts des désirs égoïstes
qui grondent sourdement dans le coeur des hommes. Telle est la ferme injonction
que t'adresse, mue par la volonté de l'ancien Roi, la plume du Plus-Grand-Nom.
Garde-la comme la prunelle de tes yeux et sois de ceux qui rendent grâces. Efforce-toi,
nuit et jour, de servir la cause de celui qui est la Vérité éternelle, et détache-toi
de tout ce qui n'est pas lui. Par moi-même ! Tout ce que tu vois en ce jour périra.
Et c'est à un état suprêmement élevé que tu parviendras toi-même si tu restes
ferme dans la cause de ton Seigneur. C'est à lui que doivent tendre tous les mouvements
de ton activité et en lui que tu trouveras ta dernière demeure.
116. Suratu'l-Muluk
Ô rois de la chrétienté, n'avez-vous pas entendu la parole de Jésus, l'Esprit
de Dieu: "Je m'en vais mais je vous reviendrai" ? Lorsqu'il vous est revenu dans
les nuées, vous ne vous êtes pas approchés de lui pour contempler son visage,
vous n'avez pas atteint sa présence. Pourquoi cette défaillance ? Dans un autre
passage, il dit: "Lorsque celui qui est l'Esprit de vérité viendra, il vous conduira
à toute la vérité." Et pourtant, voyez comment, lorsqu'il vous a apporté la vérité,
vous avez refusé de tourner vos visages vers lui et continué de vous vautrer dans
vos loisirs et vos caprices. Vous ne l'avez pas accueilli ni n'avez recherché
sa présence pour entendre les versets de Dieu coulant de ses propres lèvres et
goûter à la sagesse infinie du Tout-Puissant, le Très-Glorieux, le Très-Sage.
En raison de votre échec, vous avez empêché le souffle de Dieu de passer sur vous
et privé vos âmes de la douceur de son parfum. Vous continuez à errer avec délices
dans la vallée de vos désirs corrompus. Par Dieu ! Vous êtes vous-mêmes, ainsi
que tout ce que vous possédez, appelés à disparaître. Vous allez assurément retourner
à Dieu, et vous aurez à répondre de vos actes en présence de celui qui rassemblera
la création tout entière.
Vingt années se sont écoulées durant lesquelles nous avons été soumis, chaque
jour, à l'agonie d'une tribulation nouvelle. Aucun de ceux qui nous ont précédé
n'a enduré ce que nous avons souffert. Puissiez-vous le comprendre ! Ceux qui
se sont levés contre nous, nous ont mis à mort, ont répandu notre sang, pillé
nos biens et violé notre honneur. Bien qu'informés de la plupart de nos maux,
vous n'avez jamais arrêté la main de l'agresseur. N'est-ce pas cependant votre
devoir le plus clair que de refréner la tyrannie de l'oppresseur et de traiter
équitablement vos sujets, afin que soit pleinement démontré à toute l'humanité
votre haut sens de la justice.
Dieu a remis entre vos mains les rênes du gouvernement du peuple pour que vous
le gouverniez avec équité, que vous sauvegardiez les droits des opprimés et punissiez
les malfaiteurs. Si vous négligez les devoirs que Dieu vous a imposés dans son
Livre, vos noms seront comptés parmi les noms de ceux qui sont injustes à ses
yeux. Grave, en fait, serait votre erreur. Vous attachez-vous à ce que votre imagination
a conçu, et rejetez-vous les commandements de Dieu, le Très-Loué, l'Inaccessible,
l'Irrésistible, le Tout-Puissant ? Rejetez ce que vous possédez et attachez-vous
à ce que Dieu vous ordonne d'observer. Sollicitez sa grâce, car celui qui la sollicite
marche dans son droit chemin.
Considérez l'état auquel nous sommes réduit, voyez les maux et tribulations qui
nous accablent. Ne vous désintéressez pas de notre cas, ne fût-ce qu'un instant,
et jugez avec équité entre nous et nos ennemis. Cela sera pour vous un avantage
manifeste. Nous vous faisons ce récit et nous vous rapportons ce qui nous est
advenu, afin que vous puissiez nous délivrer de nos maux et alléger notre fardeau.
Que celui qui le veut nous libère de nos épreuves ; quant à celui qui s'y refuse,
mon Seigneur est assurément le meilleur des secours.
Avertis le peuple, ô Serviteur, et informe-le de ce que nous t'avons envoyé ;
ne te laisse effrayer par rien ni personne et ne sois pas de ceux qui hésitent.
Le jour approche où Dieu exaltera sa cause et magnifiera sa preuve aux yeux de
tous ceux qui sont sur la terre et dans les cieux. En toute circonstance, place
en Dieu ton entière confiance, fixe sur lui ton regard et détourne-toi de ceux
qui répudient sa vérité. Que Dieu, ton Seigneur, soit ta seule aide, ton unique
secours. Nous nous sommes engagé à assurer ton triomphe sur la terre et à exalter
notre cause au-dessus de tous les hommes, bien qu'il ne se soit trouvé aucun roi
pour se tourner vers toi.
117. Lawh-i-Maqsud (Acre)
Le grand Être, désireux de révéler les conditions nécessaires à la paix et à la
tranquillité du monde ainsi qu'au progrès de ses peuples, a écrit: Le temps viendra
où sera universellement reconnue la nécessité impérieuse d'une vaste assemblée
mondiale. Les rois et les dirigeants de la terre devront impérativement y assister,
prendre part à ses délibérations, et considérer les moyens de poser les fondations
de la grande paix parmi les hommes. Une telle paix nécessitera de la part des
grandes puissances la volonté de se réconcilier complètement pour assurer la tranquillité
des peuples de la terre. Et si un roi prenait les armes contre un autre, tous
conjointement devraient se lever et l'en empêcher. Quand cela se fera, les nations
du monde n'auront plus besoin d'autres armements que ceux qui sont nécessaires
pour préserver la sécurité de leur pays et maintenir l'ordre intérieur. Ceci assurera
la paix et la quiétude de tous les peuples, gouvernements et nations. Nous caressons
l'espoir que les rois et les dirigeants de la terre, miroirs du nom de Dieu tout-puissant
et magnanime, parviendront à ce rang et protègeront l'humanité des assauts de
la tyrannie. [...] Le jour approche où tous les peuples du monde adopteront une
langue universelle et une écriture commune. Quand ceci sera réalisé, tout voyageur,
dans quelque ville qu'il visite, aura l'impression d'entrer chez lui. Ce sont
là choses absolument essentielles et obligatoires. Il incombe à tout homme intelligent
et perspicace de faire passer ce qui est écrit dans la réalité et dans les faits.
[...] C'est être un homme aujourd'hui que de se consacrer au service du genre
humain. Le grand Être dit: Béni celui qui se lève pour servir les plus hauts intérêts
des peuples de la terre. Dans un autre passage, il proclame: Ce n'est point aimer
son propre pays dont il convient de se glorifier, c'est aimer le monde entier.
La terre est un seul pays et tous les hommes en sont les citoyens.
118. Suratu'l-Muluk
Ne négligez pas la crainte de Dieu, ô rois de la terre, et prenez garde de ne
pas transgresser les limites fixées par le Tout-Puissant. Obéissez aux injonctions
de son livre, et gardez-vous d'en outrepasser les limites. Veillez à n'être injustes
envers personne, ne fût-ce que dans la mesure d'un grain de moutarde. Suivez le
sentier de la justice, car c'est là, en vérité, le droit sentier.
Résolvez vos différends et réduisez vos armements, afin d'alléger le fardeau de
vos dépenses, et que vos esprits et vos coeurs soient apaisés. Réglez les discordes
qui vous divisent, et vous n'aurez point besoin d'armements excepté pour la protection
de vos villes et territoires. Craignez Dieu, et gardez-vous d'outrepasser les
bornes de la modération et d'être comptés parmi les extravagants.
Nous avons appris que vous augmentez chaque année vos dépenses et que vous en
faites peser le fardeau sur vos sujets. En vérité, c'est plus qu'ils ne peuvent
supporter et cela constitue une grave injustice. Tranchez avec justice entre les
hommes, ô rois, et soyez parmi eux l'emblème de la justice. C'est là, si vous
jugez avec discernement, ce qui vous incombe et convient à votre rang.
Gardez-vous de traiter injustement celui qui en appelle à vous et se place sous
votre protection. Vivez dans la crainte de Dieu, et soyez de ceux qui mènent une
vie pieuse. Ne vous reposez jamais sur votre pouvoir, vos armées et vos trésors.
Placez votre foi et votre confiance en Dieu qui vous a créés, et dans toutes vos
affaires sollicitez son aide. Le secours ne vient que de lui et il le donne à
qui il veut, grâce aux armées du ciel et de la terre.
Sachez que Dieu vous a confié les pauvres. Veillez à ne pas trahir sa confiance
en les traitant injustement, et à ne pas suivre la voie des perfides. Vous serez
certainement appelés à rendre compte de ce qui vous a été confié le jour où sera
établie la balance de la justice, le jour où chacun recevra son dû, où les actes
de tous, riches ou pauvres, seront rigoureusement pesés.
Si vous ne prenez garde aux conseils qu'en un clair et incomparable langage nous
vous révélons dans cette épître, le châtiment de Dieu fondra sur vous de toutes
parts, et la sentence de sa justice sera prononcée contre vous. Vous n'aurez,
ce jour-là, aucun pouvoir de lui résister, et vous reconnaîtrez votre propre impuissance.
Ayez pitié de vous-mêmes et de vos sujets. Jugez entre eux selon les préceptes
édictés par Dieu dans sa sainte et sublime épître, une épître dans laquelle il
assigne à toutes choses les limites fixées pour chacune d'elles et dans laquelle
il donne une claire explication de toutes choses, une épître qui constitue en
elle-même une admonition pour tous ceux qui croient en lui.
Examinez notre cause, informez-vous de ce qui nous est advenu, tranchez avec justice
entre nous et nos ennemis, et soyez de ceux qui agissent équitablement envers
leur prochain. Si vous ne retenez pas la main de l'oppresseur, si vous ne protégez
pas les droits de l'opprimé, de quoi pouvez-vous vous glorifier parmi les hommes
? De quoi au juste pouvez-vous être fiers ? Vous ferez-vous gloire de ce que vous
mangez et buvez, des richesses que vous amassez, du prix et de la variété des
ornements dont vous vous parez ? Si la vraie gloire consistait en la possession
de ces choses périssables, la terre sur laquelle vous marchez devrait alors se
vanter de vous être supérieure, car c'est elle qui, par décret du Tout-Puissant,
vous fournit et vous accorde ces choses. Ses entrailles renferment, selon ce que
Dieu a ordonné, tout ce que vous possédez. D'elle, en signe de sa miséricorde,
vous tirez toutes vos richesses. Considérez donc votre condition, ce dont vous
vous enorgueillissez ! Puissiez-vous en prendre conscience !
Non, par celui qui tient en sa main le royaume tout entier de la création ! Votre
gloire constante et véritable ne réside que dans votre ferme adhésion aux préceptes
de Dieu, dans votre observation sincère de ses lois, dans votre résolution de
veiller à leur application et de suivre fermement le droit chemin.
119. Lawh-i-Malikih (Reine Victoria)
Ô dirigeants de la terre, pourquoi obscurcir l'éclat du soleil et l'empêcher de
briller ? Écoutez le conseil que vous donne la Plume du Très-Haut afin d'atteindre,
vous et le pauvre, la paix et la tranquillité. Nous supplions Dieu d'aider les
rois à établir la paix sur la terre. En vérité, il fait ce qu'il veut.
Ô rois de la terre, nous vous voyons augmenter chaque jour vos dépenses et en
faire peser le fardeau sur vos sujets. Quelle honte et quelle injustice ! Craignez
les soupirs et les larmes de cet Opprimé, et n'imposez pas de charges trop lourdes
sur vos peuples. Ne les dépouillez pas pour vous construire des palais ; au contraire,
choisissez pour eux ce que vous choisissez pour vous-mêmes. Ainsi ouvrons-nous
vos yeux sur ce qui vous profite, si vous pouvez le voir. Vos peuples sont votre
trésor. Prenez garde de ne pas violer par vos décrets les commandements de Dieu
et de ne pas livrer vos états aux mains des voleurs. C'est par eux que vous régnez,
par eux que vous vous maintenez et avec leur aide que vous conquérez. Et pourtant
quel dédain dans le regard que vous leur jetez. Étrange, vraiment étrange !
Maintenant que vous refusez la très grande paix, attachez vous au moins à promouvoir
une moindre paix, afin d'améliorer votre condition et celle de vos sujets.
Ô dirigeants de la terre, réconciliez-vous de manière à vous passer d'armements
sauf pour maintenir la sécurité de vos territoires et possessions. Faites attention
de ne pas méconnaître le conseil de l'Omniscient, du Fidèle.
Soyez unis, ô rois de la terre, pour apaiser la tempête de la discorde entre vous
et apporter la tranquillité à vos peuples, si vous pouvez le comprendre. Si l'un
de vous prend les armes contre un autre, levez-vous pour vous opposer à lui, car
ce n'est que justice évidente.
120. Lawh-i-Malikih (Reine Victoria)
Ô vous qui, en chaque pays, représentez les peuples ! Réunissez-vous pour vous
consulter et souciez-vous seulement de ce qui profite à l'humanité et en améliore
les conditions, si vous êtes de ceux qui sont scrupuleux. Considérez le monde
comme s'il était un corps humain qui, bien que créé complet et parfait, souffre
de désordres et de maladies graves pour beaucoup de raisons. Il n'est pas un jour
où il s'améliore ; au contraire, sa maladie croît en sévérité car il est traité
par des médecins ignorants qui donnent libre cours à leurs désirs et errent cruellement.
Et même si de temps à autre, un organe de ce corps est guéri, les autres n'en
restent pas moins affligés.
Nous le trouvons aujourd'hui à la merci de dirigeants si imbus d'orgueil qu'ils
ne discernent même pas leurs propres avantages, encore moins une révélation aussi
déroutante et aussi provocatrice que celle-ci. Et si l'un d'entre eux s'efforce
d'améliorer sa condition, c'est par appât du gain, qu'il l'avoue ou non ; et l'indignité
de ses motifs limite sa capacité à guérir ou soigner.
Le remède souverain et l'instrument tout puissant de la guérison du monde entier
est l'union de ses peuples en une Cause universelle, une seule et même Foi: voilà
ce qu'ordonne le Seigneur. Rien ne peut réaliser cela, sauf le pouvoir d'un médecin
habile, tout puissant et inspiré. Voilà la seule vérité, tout le reste n'est qu'erreur.
121. Javad
Dis: Ô vous qui m'enviez et qui cherchez à me faire du mal ! que la fureur de
votre rage contre moi vous confonde ! Voici que se lève le Soleil de gloire à
l'horizon de ma révélation, enveloppant de son éclat toute l'humanité. Et voyez
pourtant comme vous vous dérobez à sa splendeur et êtes plongés dans une complète
indifférence ! Ayez pitié de vous-mêmes, ne rejetez pas l'appel de celui en qui
vous avez déjà reconnu la vérité. Ne soyez pas parmi les transgresseurs.
Par la justice du seul vrai Dieu, si vous rejetez cette révélation, vous deviendrez
un objet de mépris et de dérision pour toutes les nations de la terre, car c'est
vous qui, pour défendre la vérité de votre cause, avez proclamé à la face du monde
les témoignages de Dieu, le Protecteur souverain, le Tout-Puissant, le Très-Glorieux,
l'Omniscient. Et maintenant qu'il vous envoie sa révélation nouvelle, parée de
la gloire d'une irrésistible souveraineté, voilà que vous lui tournez le dos,
ô étourdis que vous êtes !
Pensez-vous vraiment, au fond de votre coeur, avoir le pouvoir d'éteindre l'éclat
du Soleil ou d'éclipser sa splendeur ? Par ma vie ! jamais, vous n'atteindrez
votre but, dussiez-vous appeler à votre aide tout ce qui vit sur la terre et dans
les cieux. Vivez dans la crainte de Dieu, et ne rendez pas vos oeuvres futiles.
Tendez l'oreille à ses paroles, et ne soyez pas de ceux qui sont séparés de lui
comme par un voile. Dis: Dieu m'en est témoin ! Je n'ai jamais rien souhaité pour
moi-même. Mon unique désir est la victoire de Dieu et le triomphe de sa cause.
Lui-même suffit à nous départager.
Si vous purifiez vos yeux, vous verriez aisément que mes actes témoignent de la
vérité de mes paroles, et que mes paroles guident toutes mes actions.
Aveugles sont vos yeux ! Ne percevez-vous pas la grandeur de la puissance et de
la souveraineté de Dieu ! Ne voyez-vous pas sa gloire et sa majesté ? Malheur
à vous, ramassis d'envieux et de méchants. Écoutez mes paroles et ne tardez pas,
fût-ce un instant. Voilà ce que vous enjoint celui qui est la beauté du Très-Miséricordieux,
afin que vous vous détachiez de ce que vous possédez et que vous montiez jusqu'aux
sommets d'où vous découvrirez, reposant à l'ombre de sa révélation, la création
tout entière.
Dis: Il n'est pour vous, en ce jour, ni abri ni refuge, ni personne qui puisse
vous protéger ou vous défendre de la fureur de sa colère ou de la force de son
pouvoir sauf si vous recherchez l'ombre de sa révélation. Et c'est cette révélation,
en vérité, qui s'est manifestée à vous en la personne de cet Adolescent. Que Dieu
soit donc glorifié pour une vision si resplendissante, si précieuse, si merveilleuse
!
Détachez-vous de ce qui n'est pas moi, et tournez vos visages vers ma face, car
cela sera meilleur pour vous que tout ce que vous possédez. Par ma parole même,
qui exprime la vérité et embrasse toutes choses, la Langue de grandeur porte témoignage
de la vérité de mes paroles.
Dis: Pensez-vous que votre allégeance à sa Cause puisse jamais lui profiter, ou
qu'en répudiant la vérité de celle-ci vous puissiez lui causer quelque dommage
? Certes non, par moi-même, le Victorieux, l'Inaccessible, le Très-Haut ! Déchirez
les voiles des noms et détruisez leur royaume. Par ma Beauté, il est maintenant
venu celui qui est le Monarque de tous les noms, celui sur l'ordre de qui, depuis
le commencement qui n'a pas de commencement, chacun de ces noms fut créé, lui
qui continuera d'en créer autant que bon lui semblera. Il est, en vérité, le Tout-Puissant,
le Très-Sage.
Gardez-vous de vous dépouiller du vêtement de la Providence divine. Étanchez votre
soif à la coupe que les Adolescents du ciel élèvent au-dessus de votre tête. Ainsi
vous l'ordonne celui qui vous témoigne plus de pitié que vous n'en avez vous-mêmes,
celui qui n'attend de vous ni récompense, ni gratitude. Sa récompense lui vient
de celui qui, par le pouvoir de la vérité, l'a envoyé vers vous, qui l'a distingué
et l'a désigné comme son propre témoignage devant la création tout entière. C'est
lui qui l'a investi du pouvoir de manifester tous ses signes. Écoutez mieux afin
de percevoir les choses auxquelles vous appelle la Voix de l'Ancien des jours
et d'être de ceux qui saisissent la vérité. Avez-vous jamais entendu dire par
vos ancêtres ou par les générations qui les ont précédés en remontant même jusqu'au
premier Adam, que quelqu'un pourrait vous apporter un message qui ne soit pas
de Dieu alors même qu'il est entouré du nimbe de la révélation, est investi d'une
souveraineté manifeste et transcendante, a le royaume de Dieu à sa droite et toute
la puissance et la gloire de son empire éternel à sa gauche, est précédé par les
armées de Dieu, le Tout-Puissant, l'Irrésistible, l'Omnipotent, et révèle sans
cesse des versets dont les esprits humains les plus savants et les plus sages
sont incapables de saisir la signification ? Soyez perspicace et dites la vérité,
toute la vérité, si vous avez la prétention d'être honnêtes et d'esprit noble.
Dis: Les versets que nous avons révélés sont aussi nombreux que ceux qui furent
envoyés au Bab dans la précédente révélation. Que celui qui doute des paroles
prononcées par l'Esprit de Dieu cherche la cour de notre présence, qu'il entende
nos versets divinement inspirés et qu'il constate de ses yeux les preuves évidentes
de notre revendication.
Dis: Par la justice du Tout-Puissant, la mesure des bienfaits de Dieu est comble,
sa parole est accomplie, la lumière de son visage est révélée. Sa souveraineté
embrasse la création tout entière, la gloire de sa révélation est manifeste et
ses largesses se répandent sur toute l'humanité.
122. Lawh-i-Maqsud
L'homme est le talisman suprême. Une éducation adéquate lui a cependant manqué
pour bénéficier de ce qu'il possède par nature.
D'un mot sorti de la bouche de Dieu, il fut appelé à l'existence ; d'un mot de
plus, il fut amené à reconnaître la Source de son éducation ; d'un autre mot encore,
son rang et sa destinée ont été assurés. Le grand Être dit: Considérez l'homme
comme une mine riche en pierres précieuses d'une valeur inestimable. Seule l'éducation
peut l'amener à en livrer les trésors et permettre à l'humanité d'en profiter.
Quiconque médite sur ce que révèlent les Écritures envoyées du ciel de la volonté
sacrée de Dieu reconnaîtra facilement que leur but est de voir tous les hommes
considérés comme une seule âme, pour que le sceau gravé des mots "Le royaume sera
à Dieu" soit imprimé sur chaque coeur et que la lumière de la générosité, de la
grâce et de la miséricorde divines enveloppe l'humanité entière.
Le seul vrai Dieu - exaltée soit sa gloire - n'a rien désiré pour lui-même. L'allégeance
des hommes ne lui est d'aucun profit, et leur perversité ne lui fait aucun tort.
L'Oiseau du royaume de la parole lance continuellement cet appel: "Toutes choses,
je les ai voulues pour toi, et toi, aussi, pour ton bien". Si les savants et les
sages d'aujourd'hui permettaient aux hommes de respirer le doux parfum de l'amitié
et de l'amour, tout coeur pénétrant percevrait la signification de la vraie liberté
et découvrirait le secret d'une paix permanente et d'un calme total. Si la terre
atteignait ce niveau et était illuminée de sa lumière, on pourrait vraiment dire
d'elle: "Tu n'y verras ni ondulation ni dépression."
123. A un inconnu
Où ont-elles fui les générations qui vous ont précédés ? Et ceux qu'entourait,
pendant leur vie, ce que le monde contenait de plus beau et de plus aimable, où
sont-ils maintenant ? Profitez du moins de la leçon, ô peuples, et ne soyez pas
de ceux qui dévient du droit chemin.
D'autres, avant peu, saisiront ce que vous possédez et occuperont vos demeures.
Prêtez l'oreille à mes paroles et ne soyez pas du nombre des insensés.
Pour chacun de vous, le devoir suprême est de choisir pour lui-même ce sur quoi
nul autre ne saurait empiéter et que personne ne pourrait usurper. Et cela, le
Tout-Puissant en porte témoignage, c'est l'amour de Dieu, puissiez-vous le comprendre
!
Bâtissez-vous des maisons que ni la pluie ni les inondations ne peuvent détruire,
et où vous serez à l'abri des changements et des hasards de cette vie. Telles
sont les instructions que vous donne celui que le monde a lésé et rejeté.
124. Lawh-i-Hadi
Combien merveilleuse est l'unité du Dieu vivant et éternel - une unité qui s'élève
au-dessus de toutes les limitations et dépasse la compréhension de toutes choses
créées. Il a, de toute éternité, résidé dans son inaccessible séjour de gloire
et de sainteté et, pour l'éternité, il continuera de siéger sur les sommets de
sa grandeur et de sa souveraineté particulières. Combien sublime est son Essence
incorruptible, entièrement indépendante de la connaissance qu'en peuvent avoir
toutes choses créées, et incommensurablement exaltée au-dessus de la louange de
tous les habitants des cieux et de la terre !
En vertu de sa faveur et de sa générosité, il a confié à toute chose créée un
signe de son savoir, puisé à la source sublime, afin qu'aucune d'elles ne soit
privée de sa part lorsqu'elles exprimeront ce savoir, chacune selon sa capacité
et son rang. Ce signe est le miroir de sa beauté dans le monde de la création.
Plus grand sera l'effort pour le purifier, plus ce noble et sublime miroir recevra
la capacité de réfléchir fidèlement la gloire des noms et attributs de Dieu, et
de révéler les merveilles de ses signes et de sa science. À chacune des choses
créées, il sera donné - tant est grand ce pouvoir de réflexion - de révéler le
potentiel de son état pré-ordonné, elles reconnaîtront leurs propres capacités
et limites, et témoigneront de cette vérité: "En vérité, il est Dieu ; il n'est
pas d'autre Dieu que lui." [...]
Il n'est pas douteux qu'en conséquence des efforts consentis par chaque homme,
et en raison de l'exercice de ses facultés spirituelles, ce miroir soit purifié
de toutes souillures terrestres et de toute insinuation satanique, au point de
pouvoir s'approcher des prairies de la sainteté et d'atteindre les cours de la
fraternité éternelle. Cependant, en vertu du principe qu'il est un temps pour
chaque chose et une saison pour chaque fruit, les énergies latentes d'une telle
générosité ne seront complètement libérées, et la gloire vernale d'un tel don
manifestée, qu'aux jours de Dieu. Bien que chaque jour ait sa part pré-établie
de la merveilleuse grâce divine, les jours associés à la présence de la Manifestation
de Dieu ont un caractère unique et un rang qui dépasse la compréhension de l'esprit
humain. La vertu qui leur est insufflée est telle que, si les coeurs de tous ceux
qui sont dans les cieux et sur la terre étaient, en ces jours d'éternelles délices,
mis en présence de ce Soleil de gloire inaltérable et accordés à sa volonté, chacun
d'eux se trouverait exalté au-dessus de toutes choses terrestres, rayonnant de
sa lumière et sanctifié par sa grâce. Louange à cette grâce qu'aucune bénédiction,
si grande soit-elle, ne saurait surpasser, et honneur à cette tendre bonté que
l'oeil de la création n'a jamais vue ! Incommensurablement exalté est-il au-dessus
de tout ce qu'on rapporte de lui ou de tout ce qu'on lui attribue.
C'est pourquoi, en ces jours, aucun homme n'aura besoin de son voisin. Il s'est
déjà amplement avéré qu'en ces temps fixés par Dieu, la majorité de ceux qui ont
cherché et atteint sa cour sacrée manifestent une science et une sagesse telles
qu'en dehors de ces saintes âmes, nulle autre n'en a jamais compris et n'en comprendra
jamais la moindre parcelle, malgré le temps passé à enseigner ou à étudier. C'est
en vertu de ce pouvoir qu'aux jours de la manifestation du Soleil de la vérité,
les bien-aimés de Dieu sont exaltés au-dessus de tout savoir humain et s'en détachent.
Bien mieux, de leurs coeurs et des sources de leurs pouvoirs innés jaillit, sans
discontinuer, la plus pure essence du savoir et de la sagesse humaine.
125. Kitab-i-Iqan
Ô mon frère ! Quand le vrai chercheur s'engage dans le sentier de la recherche
qui mène à la connaissance de l'Ancien des jours, il doit avant toute chose purifier
son coeur - siège de la révélation des mystères intimes de Dieu - de la noire
poussière de la science acquise et des insinuations sataniques. Il doit épurer
son sein - sanctuaire de l'amour éternel du Bien-aimé - de toute souillure terrestre
et détacher son âme de tout ce qui se rattache à l'eau et la boue, aux choses
éphémères et sans réalité. Il lui faut si bien épurer ses sentiments qu'il n'y
reste aucune trace d'amour ou de haine, afin qu'aveuglément l'amour ne l'incline
pas à l'erreur, ou que la haine ne le détourne pas de la vérité. En ce jour, ainsi
que tu en es témoin, nombreux sont ceux qui se privent par amour ou par haine
de contempler la Face immortelle, se détournent de ceux qui incarnent les mystères
divins et s'égarent sans guide dans le désert de l'erreur et de l'oubli.
Ce chercheur doit, à tout instant, mettre en Dieu seul toute sa confiance, renoncer
aux relations terrestres et se détacher de ce monde de poussière pour s'attacher
uniquement à celui qui est le Seigneur des seigneurs. Il ne doit jamais s'estimer
supérieur à qui que ce soit, mais effacer de la tablette de son coeur toute trace
d'orgueil et de vanité, pratiquer fermement la patience et la résignation, observer
le silence et s'abstenir de tout vain bavardage. Car la langue est un feu qui
couve, et l'abus des paroles est un poison mortel. Le feu matériel consume le
corps tandis que le feu de la langue dévore à la fois l'âme et le coeur. La force
du premier ne dure qu'un moment et les effets du second persistent durant un siècle.
Ce chercheur devrait aussi regarder la médisance comme un crime et s'en garder
à jamais, car elle éteint le feu du coeur et étouffe la vie de l'âme. Il devrait
se contenter de peu et s'affranchir de tout désir excessif. Il devrait chérir
la compagnie de ceux qui sont détachés des choses de ce monde et considérer comme
un bienfait la fuite loin des vaniteux et des mondains. Il devrait, à l'aurore
de chaque jour, communier avec Dieu et persévérer de toute son âme dans la quête
de son Bien-aimé. Il devrait consumer à la flamme de sa tendre évocation toute
pensée perverse et, avec la rapidité de l'éclair, s'écarter de tout ce qui n'est
pas lui. Il devrait encore secourir les pauvres et ne jamais refuser sa faveur
aux destitués. Il devrait se montrer bon envers les animaux, et plus encore à
l'égard de son prochain qui, lui, est doué du pouvoir de la parole. Il ne devrait
pas hésiter à offrir sa vie pour son Bien-aimé ni permettre au blâme des autres
de le détourner de la vérité. Ce qu'il ne désire pas pour lui-même, il ne devrait
pas le souhaiter aux autres ni ne jamais promettre au-delà de ce qu'il peut tenir.
Il devrait mettre tout son coeur à éviter la fréquentation des artisans d'iniquité,
et prier pour la rémission de leurs péchés. Il devrait pardonner au pécheur et
ne jamais mépriser sa condition misérable, car nul ne sait comment lui-même finira.
Il arrive bien souvent qu'un pécheur atteigne, à son heure dernière, l'essence
même de la foi, boive à la coupe de l'immortalité et prenne son envol vers l'Assemblée
céleste. Et à l'heure fixée pour l'ascension de son âme, combien de fois un croyant
dévot a-t-il subi un changement tel qu'il en est tombé dans les profondeurs de
l'enfer !
Nous révélons ces paroles éloquentes et sages dans l'intention de persuader le
chercheur qu'il devrait tenir pour transitoires et pour pur néant toutes choses
autres que Dieu, objet de toute adoration.
Voilà quelques-uns des attributs des âmes élevées, ils constituent la marque distinctive
de ceux dont l'esprit est porté aux choses spirituelles. Il en a déjà été fait
mention à propos des qualités requises pour les voyageurs engagés dans le sentier
de la connaissance positive. Lorsque le voyageur détaché, le chercheur sincère
remplit ces conditions essentielles, et seulement alors, on peut dire de lui qu'il
est un véritable chercheur. Quand il remplit les conditions comprises dans le
verset: "Quiconque fait des efforts à notre intention...", il jouit des faveurs
conférées par ces paroles: "Dans nos chemins, nous le guiderons en vérité" [Note:
Coran XXIX, 69: Oui, nous dirigeons sur nos chemin ceux qui auront combattu pour
nous, traduction de D. Masson, La Pléiade, Paris, Gallimard,1067].
Les ténèbres de l'erreur ne seront chassées de l'esprit du chercheur, les brumes
du doute et de la crainte n'en seront dissipées, et les lumières de la connaissance
et de la certitude n'envelopperont tout son être, que lorsque la brise de l'amour
divin aura soufflé sur son âme et qu'en son coeur aura été allumée la lampe de
la vraie quête de Dieu, c'est-à-dire de l'effort soutenu, du désir ardent, de
la dévotion passionnée, de l'amour fervent, du ravissement et de l'extase. À cet
instant, le Héraut mystique, resplendissant comme l'aurore au seuil de la cité
de Dieu, annoncera la joyeuse nouvelle de l'Esprit et, faisant retentir la trompette
du savoir, tirera du sommeil de l'insouciance les coeurs, les âmes et les esprits.
Alors la multitude des bienfaits du Tout-Puissant et les torrents de grâce de
l'Esprit saint insuffleront dans l'âme du chercheur sincère une vie si nouvelle
qu'il se découvrira des yeux nouveaux, des oreilles nouvelles, un coeur et un
esprit renouvelés. Il contemplera les signes manifestes de l'univers, et il pénétrera
les mystères cachés de l'âme. Voyant tout désormais avec l'oeil même de Dieu,
il percevra dans chaque atome une porte le menant aux régions de la certitude
absolue. En toutes choses, il découvrira les mystères de la révélation divine
et les preuves d'une manifestation perpétuelle.
Je le jure par Dieu ! S'il suit la voie et s'efforce de s'élever jusqu'aux sommets
de la vertu, il parviendra à ce sublime et glorieux état. Fût-il à mille lieues
de distance, il percevra le parfum de Dieu et verra apparaître, au-dessus de la
Source de toutes choses, l'aurore resplendissante de la providence divine. Toute
chose, si petite soit-elle, lui sera une révélation et le conduira à son Bien-aimé,
objet de sa quête. Si grand sera le discernement de ce chercheur qu'il distinguera
le vrai du faux comme il distingue le soleil de l'ombre. Du point le plus lointain
de l'Occident, il pourra reconnaître et respirer les parfums suaves que Dieu répand
dans les coins les plus reculés de l'Orient. De même pour tous les signes de Dieu
- ses paroles merveilleuses, ses oeuvres grandioses et ses actions puissantes
-, il les distinguera clairement des actes, des paroles et des manières des hommes,
tel l'orfèvre qui reconnaît une pierre précieuse d'un caillou ou l'homme qui distingue
le printemps de l'automne, la chaleur du froid. Quand son canal est dégagé de
l'obstacle des attaches terrestres, l'âme perçoit infailliblement le souffle du
Bien-aimé à des distances incommensurables et, guidée par son parfum, elle atteint
la cité de la certitude et y pénètre.
Là, il découvre les merveilles de l'antique sagesse du Bien-aimé et dans le bruissement
des feuilles de l'arbre qui fleurit dans cette Cité, il perçoit tous les enseignements
cachés. Il écoute de son oreille spirituelle et de son oreille physique les hymnes
de gloire et de louange qui montent de la poussière vers le Seigneur des seigneurs,
et de son oeil spirituel il découvre les mystères du "retour" et de la "résurrection".
Ineffable est la gloire des signes, témoignages, révélations et splendeurs réservés
à cette Cité par celui qui est le Roi des noms et des attributs. Qui l'atteint
peut, sans eau, étancher sa soif et, sans feu, s'embraser de l'amour de Dieu.
Dans chaque pousse d'herbe sont enfermés les mystères d'une impénétrable sagesse,
et de tous les buissons de roses, des myriades de rossignols en extase déversent
leur mélodie. Dans ses tulipes merveilleuses se déploie le mystère du feu qui
brûle sans fin dans le Buisson ardent, et de ses douces saveurs de sainteté se
dégage le parfum de l'esprit messianique. La richesse y est dispensée sans or,
et l'immortalité conférée sans mort. Dans chacun de ses feuillages sont amassées
des délices ineffables, et chacune de ses salles recèle d'innombrables mystères.
Quand ils auront atteint le parfait renoncement, ceux qui vaillamment se consacrent
à la quête de Dieu seront si attachés et unis à cette Cité que l'idée d'en être
séparés, ne fût-ce qu'un instant, leur sera tout à fait inconcevable. De la Jacinthe
de cette assemblée, ils entendront des preuves infaillibles et les témoignages
les plus sûrs de la beauté de sa Rose et de la mélodie de son Rossignol. Dans
mille ans environ, cette Cité sera renouvelée et ornée de nouveau. [...]
Cette Cité n'est autre que la parole de Dieu, révélée à chaque âge. Aux jours
de Moïse, ce fut le Pentateuque, aux jours de Jésus, l'Évangile, aux jours de
Muhammad, prophète de Dieu, le Coran. Aujourd'hui, c'est le Bayan. Et dans la
révélation de Celui-que-Dieu-manifestera, ce sera son propre livre auquel les
livres de toutes les révélations précédentes doivent nécessairement faire référence,
livre sublime et transcendant entre tous.
126. Mirza Haydar-'Ali
Quels que soient le lieu où l'on nous bannisse et la rigueur des tribulations
qu'on nous inflige, ceux qui forment le peuple de Dieu doivent, avec une ferme
résolution et la plus entière confiance, tenir les yeux fixés sur l'Orient de
gloire, et se consacrer à ce qui peut conduire à l'amélioration du monde et à
l'éducation de ses peuples. Tout ce qui nous est advenu dans le passé a servi
les intérêts de notre révélation et accru sa renommée: il en sera de même de tout
ce qui pourra nous advenir dans l'avenir. Attachez-vous du fond du coeur à la
cause de Dieu, une cause envoyée par celui qui est l'Ordonnateur, le Très-Sage.
Avec la plus parfaite bonté et la plus grande miséricorde, nous avons convié et
conduit les peuples et les nations à ce qui leur sera vraiment profitable.
Le Soleil de vérité qui brille dans toute sa gloire nous en rend témoignage !
Ceux qui forment le peuple de Dieu n'ont d'autre ambition que de revivifier le
monde, d'ennoblir sa vie et de régénérer ses peuples. Droiture et bon vouloir
ont été de tout temps la marque de leurs relations avec tous les hommes. Leur
conduite reflète leur vie intérieure, et celle-ci est un miroir de leur conduite.
Aucun voile ne cache ni n'obscurcit les vérités qui fondent leur foi. Ces vérités
ont été dévoilées aux yeux des hommes et seront immanquablement reconnues. Leurs
actes mêmes attestent la vérité de ces paroles.
Tout oeil capable de discernement peut, en ce jour, percevoir l'aube de la révélation
divine et toute oreille attentive reconnaîtra la voix qui sortit du Buisson ardent.
Telle est l'impétuosité du torrent de la miséricorde divine, que celui qui est
l'Aurore des signes de Dieu et le Révélateur des témoignages de sa gloire se tient
au milieu des peuples de la terre et converse familièrement avec eux sans qu'aucun
voile ne le cache à leurs yeux. Combien vinrent à nous d'un coeur enclin à la
malice et cependant nous quittèrent en amis loyaux et dévoués ! Les portes de
la grâce sont ouvertes toutes grandes à la face des hommes. En apparence dans
nos rapports avec eux, nous avons les mêmes égards pour le juste et pour le pécheur,
afin que celui qui a fait le mal ait une chance d'atteindre l'océan sans limites
du pardon divin. Notre nom, Celui qui ne dévoile pas, répand une telle lumière
sur les hommes que le pervers s'imagine qu'il pourra se ranger parmi les vertueux.
Aucun de ceux qui nous cherchent ne sera déçu, et l'accès de notre cour ne sera
point refusé à celui qui tourne sa face vers nous. [...]
Ô amis, par vos bonnes actions, par une conduite et un caractère qui trouvent
grâce à ses yeux, soutenez la cause du seul vrai Dieu, exaltée soit sa gloire
! Que celui qui, en ce jour, s'efforce d'aider Dieu, ferme les yeux à tout ce
qu'il possède pour les ouvrir aux choses de Dieu. Qu'il cesse de s'occuper de
ses intérêts et n'ait souci que de ce qui peut servir à exalter le nom irrésistible
du Tout-Puissant. Qu'il débarrasse son coeur de toute passion mauvaise et de toute
inclination corrompue, car la crainte de Dieu est l'épée qui lui donnera la victoire,
l'instrument primordial par lequel il réalisera son dessein. La crainte de Dieu
est le bouclier qui défend sa cause et rend son peuple victorieux. Elle est l'étendard
qu'aucun homme ne peut abattre, elle représente une force avec laquelle aucun
pouvoir terrestre ne saurait rivaliser. Par son aide et avec la permission du
Seigneur des armées, ceux qui se sont approchés de Dieu ont pu soumettre et conquérir
la citadelle du coeur des hommes.
127. À Muhammad Ibrahim-i-Khalil-i-Qazvini
(dit Muhalim, enseignant)
Ô peuple, si vous désirez connaître Dieu et découvrir la grandeur de sa puissance,
regardez-moi avec mes propres yeux et non avec les yeux d'un autre. Autrement
vous n'arriverez jamais à me reconnaître, alors même que vous méditeriez sur ma
cause aussi longtemps que durera mon royaume, et que vous réfléchiriez sur toutes
choses créées pendant l'éternité de Dieu, le souverain Seigneur de tous, l'Omnipotent,
l'Éternel, le Très-Sage. Ainsi avons-nous manifesté la vérité de notre révélation,
afin que les négligents sortent de leur torpeur et se rangent au nombre de ceux
qui comprennent.
Voyez la bassesse de ces hommes qui savent fort bien que je me suis offert avec
les miens dans le chemin de Dieu pour qu'ils gardent leur foi envers lui, de ces
hommes qui savent bien que mes ennemis m'ont assailli de toutes parts aux jours
où tous les coeurs étaient saisis de crainte et tremblaient, aux jours où eux-mêmes
se dérobaient aux yeux des amis de Dieu et de ses ennemis, pour ne s'assurer que
de leur propre sûreté et tranquillité.
Nous avons finalement réussi à manifester la cause de Dieu et nous avons même
porté si haut sa grandeur que tous ont reconnu la souveraineté de Dieu et la puissance
de son empire, excepté ceux qui, dans leur coeur, voulaient du mal à cet Adolescent
et ceux qui donnent des associés au Tout-Puissant. Et pourtant voyez comment les
fidèles du Bayan refusent de croire en moi et ne cessent de me combattre, en dépit
de cette révélation dont l'influence pénètre toutes choses créées et malgré l'éclat
de cette lumière sans précédent. Quelques-uns se sont détournés du chemin de Dieu,
ont rejeté l'autorité de celui en qui ils avaient d'abord cru et pris une attitude
insolente envers Dieu, le Tout-Puissant, le Protecteur suprême, le Sublime, le
Très-Grand. D'autres ont hésité et se sont arrêtés en son chemin, considérant
que la cause du Créateur ne serait valable, en sa vérité la plus profonde, qu'à
condition de recevoir l'approbation de celui qui fut créé par ma volonté. Ainsi
leurs oeuvres ont été réduites à néant, et ils ne l'ont pas compris. Parmi eux
se trouve celui qui, jaugeant Dieu à sa propre mesure, a méconnu les noms de Dieu
au point de se lever contre moi, de me condamner comme digne du dernier supplice,
et de m'imputer les offenses dont il s'est lui-même rendu coupable.
C'est pourquoi j'expose ma peine et ma souffrance à celui qui m'a créé et m'a
chargé de son message. À lui je rends grâces et louanges pour ce qu'il a voulu,
pour la solitude et l'angoisse dont j'ai souffert aux mains de ces hommes qui
errent si loin de lui. J'ai enduré patiemment et continuerai d'endurer les tribulations
qui m'assaillent et persisterai à mettre en Dieu mon entière confiance. Je lui
adresserai cette supplication: Ô mon Dieu, guide tes serviteurs jusqu'à la cour
de ta faveur et de ta générosité, et ne souffre point qu'ils soient privés des
merveilles de ta grâce et de la multitude de tes bénédictions. Car ils ne savent
pas ce que leur réserve ta miséricorde qui embrasse toute la création. Ô Seigneur,
ils paraissent faibles et impuissants, en fait ce ne sont que des orphelins. Tu
es le Généreux, le Munificent, le Sublime, le Très-Grand. Ô mon Dieu, ne déchaîne
pas contre eux la fureur de ton courroux ; fais-les attendre jusqu'à ce que soient
manifestées les merveilles de ta miséricorde afin qu'ils te reviennent et demandent
pardon des fautes qu'ils ont commises contre toi. Car tu es, en vérité, le Clément,
le Très-Miséricordieux.
128. Suratu'l-Bayan (Acre) Khalil
Dis: Convient-il à un homme de se dire le disciple de son Seigneur, le Tout-Puissant
et d'accomplir en même temps en son coeur les oeuvres du Malin ? Non, cela ne
convient pas ; celui qui est la Beauté du Très-Glorieux m'en rend témoignage.
Puissiez-vous le comprendre !
Purgez vos coeurs de l'amour des choses de ce monde, vos langues de tout souvenir
qui n'est point son souvenir, votre être tout entier de ce qui vous empêche de
contempler sa face ou vous incite à céder aux impulsions de vos désirs corrompus.
Que Dieu soit votre crainte, ô peuple, et rangez-vous parmi ceux qui suivent le
sentier de la justice.
Dis: Si votre conduite, ô peuple, est en opposition avec ce que vous professez,
comment pourrez-vous vous distinguer de ceux qui, tout en confessant leur foi
dans le Seigneur, leur Dieu, refusèrent de le reconnaître et répudièrent sa vérité,
lorsqu'il vint à eux, enveloppé des nuées de la sainteté ? Dépouillez-vous de
tout attachement au monde et à ses vanités. Prenez garde de les approcher dans
la mesure où ils vous incitent à la cupidité et vous empêchent de vous engager
dans le sentier droit et glorieux.
Sachez que, par "le monde", il faut entendre votre ignorance de celui qui est
votre Créateur et votre absorbation par tout ce qui n'est pas lui. La "vie à venir"
signifie, au contraire, ce qui vous rapproche sûrement de Dieu, le Très-Glorieux,
l'Incomparable. Ce qui, en ce jour, vous détourne de l'amour de Dieu n'est rien
d'autre que le monde. Fuyez-le donc afin d'être parmi ceux qui sont bénis. Si,
toutefois, un homme épris de la beauté des choses terrestres désire s'en parer
et prendre sa part des bienfaits que le monde procure, il peut le faire sans dommage,
à condition de ne permettre à quoi que ce soit de s'interposer entre Dieu et lui,
car Dieu a, en effet, créé pour ceux de ses serviteurs qui croient en lui, toutes
les bonnes choses de la terre et des cieux. Goûtez, ô peuple, à ces
bonnes choses que Dieu vous a accordées, et ne vous privez d'aucun de ses merveilleux
bienfaits. Sachez lui rendre grâces et louanges, et lui en être sincèrement reconnaissants.
Ô toi qui as fui ta demeure et as cherché Dieu, proclame devant les hommes le
message de ton Seigneur, afin qu'il les empêche de céder aux impulsions de leurs
désirs corrompus et les rapprochent du souvenir de leur Seigneur, le Sublime,
le Très-Grand. Dis: Craignez Dieu, ô peuple et défendez-vous de jamais répandre
le sang d'aucun de vos semblables. Ne vous disputez pas avec votre voisin, et
soyez de ceux qui font le bien. Gardez-vous de troubler l'ordre sur la terre lorsque
règne celui-ci, et ne suivez pas les traces de ceux qui s'égarent.
Quiconque parmi vous se lève pour enseigner la cause de son Seigneur doit d'abord
s'instruire lui-même afin que ses discours attirent le coeur de ceux qui l'écoutent.
S'il ne s'instruit pas lui-même, les paroles qui sortiront de sa bouche ne pourront
influencer le coeur du chercheur. Prenez garde, ô peuple, d'être du nombre de
ceux qui donnent aux autres de bons conseils qu'eux-mêmes oublient de suivre.
Leurs paroles, et par-delà ces paroles la réalité de toutes choses, et par-delà
cette réalité, les anges qui approchent Dieu, les accuseraient de mensonge.
Si toutefois, un de ces hommes réussissait jamais à influencer quelqu'un, ce succès
ne devrait pas lui être attribué, mais attribué plutôt à l'influence des paroles
de Dieu, ainsi qu'il a été décrété par celui qui est le Tout-Puissant, le Très-Sage.
Aux yeux de Dieu, il est considéré comme une lampe qui répand sa lumière et qui,
cependant, ne cesse de se consumer au-dedans d'elle-même.
Dis: Ô peuple, ne commettez pas ce qui attirerait sur vous la honte ou ce qui
déshonorerait la cause de Dieu devant les hommes, et ne soyez pas du nombre des
artisans d'iniquité. Évitez ce que votre esprit condamne. Fuyez le mal sous toutes
ses formes, selon le commandement qui vous en est fait dans le Livre que nul n'a
touché sauf celui que Dieu a lavé de toute trace de culpabilité et qu'il considère
comme pur.
Soyez équitables envers vous-mêmes et envers autrui, afin que vos actes manifestent
les signes de la justice parmi nos serviteurs fidèles. Gardez-vous de jamais empiéter
sur le bien de votre prochain. Montrez-vous dignes de sa confiance, et ne refusez
pas aux pauvres les bienfaits que la grâce de Dieu vous a accordés. En vérité,
il récompensera l'homme charitable et lui rendra le double de ce qu'il aura donné.
Il n'est pas d'autre Dieu que lui. La création toute entière lui appartient. Il
accorde ses bienfaits à qui il veut, et à qui il lui plaît, il les refuse. Il
est, en vérité, le grand Dispensateur, le Très-Généreux, le Bienveillant.
Dis: Enseignez la cause de Dieu, ô peuple de Baha, car Dieu a prescrit à chacun
la tâche de proclamer son message, et il tient cette proclamation pour l'acte
le plus méritoire de tous. Un tel acte n'est acceptable que lorsque celui qui
enseigne la cause croit lui-même fermement en Dieu, le Protecteur suprême, l'Indulgent,
le Tout-Puissant. Il a, de plus, ordonné que sa cause soit enseignée par la puissance
de la parole humaine et sans recours à la violence. Tel est le commandement envoyé
du royaume de celui qui est le Sublime, le Très-Sage.
Gardez-vous d'entrer en contestation avec qui que ce soit ; au contraire, efforcez-vous,
par vos manières affables et vos exhortations les plus convaincantes, de faire
pénétrer la vérité dans l'esprit de votre auditeur. Si celui-ci se laisse persuader,
ce sera pour son plus grand bien ; s'il n'en est rien, détournez-vous de lui et
tournez votre visage vers la cour sacrée de Dieu, la demeure de resplendissante
sainteté.
N'entrez en conflit avec personne concernant les biens et affaires de ce monde,
car Dieu les a abandonnés aux mains de ceux qui y cherchent leur bonheur. Parmi
tout ce qui existe dans le monde, il a choisi pour lui-même le coeur de l'homme,
ce coeur qui peut être conquis par les armées de la révélation et de la parole.
Ainsi que l'a prescrit le doigt de Baha, dans la tablette de l'irrévocable décret
de Dieu, selon le commandement de l'Ordonnateur suprême, l'Omniscient.
129. Suratu'l-Bayan (Acre) Khalil
Ô voyageur dans le chemin de Dieu, prends ta part de l'océan de sa grâce, ne te
prive pas des choses qui gisent cachées dans ses profondeurs. Sois de ceux qui
ont reçu leur part de ses trésors. Une seule goutte de cet océan, si elle était
versée sur tous ceux qui sont sur la terre et dans les cieux, suffirait à les
enrichir des bienfaits de Dieu, le Tout-Puissant, l'Omniscient, le Très-Sage.
Avec les mains du renoncement, puise dans ses eaux vivifiantes et répands-les
sur toutes choses créées, afin qu'ainsi purifiées et affranchies de toutes les
limitations humaines, elles accèdent à ce lieu saint et resplendissant du trône
puissant de Dieu.
Ne t'afflige point si tu te trouves seul à le faire. Que Dieu te suffise. Communie
intimement avec son esprit et sois de ceux qui rendent grâces. Proclame la cause
de ton Seigneur à tous ceux qui sont au ciel et sur la terre. Si quelqu'un répond
à ton appel, dévoile devant lui les perles de la sagesse du Seigneur, ton Dieu,
que son Esprit t'a envoyées, et sois de ceux qui croient sincèrement. Et si quelqu'un
d'autre rejette ton offre, détourne-toi de lui et mets ta confiance dans le Seigneur,
ton Dieu, le Seigneur de tous les mondes.
Par la justice de Dieu ! quiconque, en ce jour, ouvre les lèvres pour prononcer
le nom de son Seigneur verra les armées de l'inspiration divine descendre sur
lui du ciel de mon nom, l'Omniscient, le Très-Sage. Sur lui descendra aussi toute
l'Assemblée céleste, chacun portant haut un calice de pure lumière. Ainsi en est-il
pré-ordonné dans le royaume de la révélation de Dieu, au commandement de celui
qui est le Très-Glorieux, le Tout-Puissant.
Là se tient cachée sous le saint voile, prête à servir Dieu, une milice de ses
élus qui sera manifestée aux hommes, servira sa cause et n'aura peur de personne,
alors même que se lèverait pour lui faire la guerre l'espèce humaine tout entière.
Ce sont eux qui, aux regards des habitants de la terre et des citoyens du ciel,
se lèveront un jour pour acclamer à grands cris le nom du Tout-Puissant et appeler
les enfants des hommes dans le chemin de Dieu, le Très-Glorieux, le Loué. Suis-les
et n'aie peur de personne. Sois de ceux qui, si troublés soient-ils dans le sentier
du Créateur par le tumulte du monde, ne peuvent jamais s'attrister et dont la
résolution reste inébranlable sous le blâme de la critique.
Va de l'avant, armé de la tablette de Dieu et de ses signes, rejoins ceux qui
ont cru en moi et annonce-leur la nouvelle de notre très saint paradis. Avertis
ensuite ceux qui se prétendent ses pairs. Dis: Je viens à vous du trône de gloire,
ô peuple, porteur d'une déclaration de Dieu, le Tout-Puissant, le Sublime, le
Très-Grand. Dans ma main, je tiens le témoignage de Dieu, votre Seigneur et le
Seigneur de vos ancêtres. Pesez-le dans la balance juste que vous possédez, la
balance du témoignage des prophètes et messagers de Dieu. Si vous le trouvez fondé
et croyez qu'il vient de Dieu, prenez garde d'ergoter à son sujet, de rendre ainsi
vos oeuvres vaines et d'être comptés parmi les infidèles. Ce témoignage est vraiment
le signe de Dieu, envoyé par le pouvoir de la vérité. C'est par lui que la validité
de la cause de Dieu est démontrée aux hommes, et par lui que l'emblème de la pureté
est hissé entre la terre et le ciel.
Dis: C'est le rouleau mystique et scellé, dépositaire de l'irrévocable décret
de Dieu, portant les mots tracés par le Doigt de sainteté, enveloppé du voile
de l'impénétrable mystère et envoyé en gage de la grâce de celui qui est le Tout-Puissant,
l'Ancien des jours. Nous y avons décrété le destin de tous les habitants de la
terre et de tous les citoyens du ciel, et consigné la science de toutes choses,
de la première à la dernière. Rien de tout ce qui a été créé dans le passé ou
qui sera créé à l'avenir ne peut lui échapper ni le mettre en échec, puissiez-vous
le comprendre !
Dis: La révélation envoyée par Dieu s'est très certainement répétée, et la main
de notre puissance étendue sur la création a couvert de son ombre tous ceux qui
sont dans les cieux et tous ceux qui sont sur la terre. Par le pouvoir de la vérité
elle-même, nous avons fait apparaître une lueur infinitésimale de notre impénétrable
mystère, et voici qu'expirent ceux qui avaient reconnu l'éclat de la splendeur
du Sinaï à l'instant où ils entrevoient cette lumière vermeille enveloppant le
Sinaï de notre révélation. Ainsi est descendu, enveloppé des nuées de son témoignage,
celui qui est la Beauté du Très-Miséricordieux, et le décret se trouve accompli
par la vertu de la volonté de Dieu, le Très-Glorieux, le Très-Sage.
Dis: Sors de ta chambre sacrée, ô vierge céleste du paradis sublime ! Drape-toi,
comme il te convient, du vêtement de soie de l'immortalité, et revêts la tunique
de lumière, au nom du Très-Glorieux. Écoute ensuite les accents doux et merveilleux
de la voix qui vient du trône de ton Seigneur, l'Inaccessible, le Très-Haut. Dévoile
ta face, révèle la beauté de la demoiselle aux yeux noirs, et ne souffre pas que
les serviteurs de Dieu soient privés de la lumière de ton visage resplendissant.
Ne t'afflige pas des soupirs des habitants de la terre ni des lamentations des
citoyens du ciel. Laisse-les périr dans la poussière de l'extinction. Qu'ils rentrent
dans le néant puisque dans leur poitrine brûle la flamme de la haine ! Entonne
ensuite de ta voix la plus mélodieuse, à la face des peuples de la terre et du
ciel, l'hymne de louange en souvenir de celui qui est le Roi des noms et attributs
de Dieu. Telle est la destinée que nous t'avons fixée. Rien ne peut nous empêcher
d'accomplir notre dessein.
Ô toi, Essence de pureté, garde-toi de te dépouiller de ton manteau de gloire
resplendissante. Mieux, enrichis-toi sans cesse dans le royaume de la création,
en te parant des vêtements incorruptibles de ton Dieu, afin que par toi soit reflétée
dans toutes choses créées l'image sublime du Tout-Puissant et que la grâce de
ton Seigneur, dans la plénitude de sa puissance, soit insufflée dans toute la
création.
Si sur quelqu'un, tu respires le parfum de l'amour de ton Seigneur, sacrifie-toi
pour lui, car nous t'avons créé à cette fin, et de temps immémorial, en présence
de l'assemblée de nos élus, nous avons fait alliance avec toi dans ce but précis.
Ne perds pas patience lorsque ceux dont le coeur est aveuglé t'accablent des traits
de leurs vaines imaginations. Abandonnes-les à eux-mêmes, car ils obéissent aux
suggestions des malveillants.
Sous l'oeil attentif des habitants du ciel, écrie-toi: Je suis la Beauté céleste,
rejeton engendré de l'esprit de Baha. Mon habitation est la demeure de son nom,
le Très-Glorieux. Devant l'Assemblée céleste, je suis parée de l'ornement de ses
noms. Enveloppée du voile de l'inviolable sécurité, j'étais cachée aux yeux des
hommes. Il me sembla entendre une voix, d'une douceur divine incomparable, venant
de la droite du Dieu de miséricorde, et voici que le paradis tout entier se mit
à trembler devant moi, en son désir d'entendre ses accents et de contempler la
beauté de celui qui les émettait. Ainsi avons-nous révélé, dans le plus doux des
langages, en cette lumineuse tablette, les versets que proféra, dans le Quayyumu'l-Asma,
la Langue d'éternité.
Dis: Il ordonne ce que bon lui semble par la vertu de sa souveraineté, et d'un
seul commandement, il fait tout ce qu'il veut. Et il ne lui sera pas demandé compte
de ce qu'il lui aura plu d'ordonner. Il est, en vérité, l'Irréductible, le Tout-Puissant,
le Très-Sage.
Ceux qui ont refusé de croire en Dieu et se sont rebellés contre sa souveraineté
sont les victimes impuissantes de leurs inclinations et de leurs désirs corrompus.
Ils retourneront à leur demeure, dans le feu de l'enfer ; pitoyable est la demeure
des négateurs de la foi !
130. Abu-talib et les amis
Sois généreux dans la prospérité, et dans l'adversité ne cesse de rendre grâces.
Mérite la confiance de ton voisin, et ne lui montre jamais qu'un visage amical
et souriant. Sois le trésor du pauvre, admoneste le riche, réponds à la plainte
du nécessiteux et garde la sainteté de tes promesses. Sois équitable en ton jugement
et réservé dans tes paroles. Ne sois injuste envers personne, et montre à tous
une douceur parfaite. Sois une lampe pour ceux qui marchent dans les ténèbres,
une consolation pour les affligés, une mer pour ceux qui ont soif, un refuge pour
ceux qui sont dans la détresse, un soutien et un défenseur des victimes de l'oppression.
Que la droiture et l'intégrité marquent tous tes actes. Sois un foyer pour l'étranger,
un baume pour ceux qui souffrent, une forteresse pour le fugitif, des yeux pour
les aveugles, un phare pour les égarés. Sois une parure pour le visage de la vérité,
une couronne sur le front de la fidélité, un pilier du temple de la rectitude,
un souffle de vie pour le corps de l'humanité, un drapeau des armées de la justice,
un flambeau qui brille à l'horizon de la vertu, une rosée pour le sol desséché
du coeur humain, une arche sur l'océan de la connaissance, un soleil dans le ciel
de la générosité, une gemme au diadème de la sagesse, une lumière qui brille au
firmament de ta génération, un fruit de l'arbre d'humilité.
131. A un inconnu
La plume de l'ancien Roi n'a jamais cessé de rappeler le souvenir des aimés de
Dieu. Tantôt, des rivières de miséricorde coulent de sa plume, tantôt, par son
mouvement, le livre manifeste de Dieu est révélé. Il est celui qui ne souffre
aucune comparaison, dont la parole ne peut être égalée par aucun mortel. Il est,
de toute éternité, établi sur le trône de majesté et de puissance, ses lèvres
dispensent les avis qui comblent les besoins de toute l'humanité et les exhortations
qui lui sont profitables.
Le seul vrai Dieu m'en est témoin, et ses créatures attesteront que pas un seul
instant je ne me suis pas dérobé aux yeux des hommes ni n'ai consenti à protéger
ma personne de leurs coups. Je me suis levé aux yeux de tous les hommes et je
les ai priés d'accomplir mon bon plaisir. Je n'ai d'autre objet que d'améliorer
le monde et d'assurer la tranquillité de ses peuples. Le bien-être de l'humanité,
sa paix et sa sécurité ne pourront être obtenus que si son unité est fermement
établie. Et cette unité ne pourra être réalisée tant que seront négligés les conseils
révélés par la Plume du Très-Haut.
La puissance de ses paroles peut illuminer l'ensemble de l'humanité de la lumière
d'unité, et le souvenir de son nom a le pouvoir d'embraser le coeur des hommes
et de brûler tous les voiles qui leur cachent sa gloire. Une seule action juste
est douée d'une force capable de faire voler la poussière si haut qu'elle dépasse
les cieux. Elle peut rompre tous les liens et faire renaître la force qui s'est
consumée jusqu'à disparaître. [...]
Sois pur, ô peuple de Dieu, sois pur ; sois juste, sois juste. [...] Dis: O peuple
de Dieu ! tout ce qui peut assurer la victoire de celui qui est la Vérité éternelle,
de ses armées et ses auxiliaires sur la terre, est consigné, aussi clair et manifeste
que le soleil, dans les Livres sacrés et les Écritures. Ces armées ne sont autres
que les actions justes, la conduite et le caractère qui trouvent grâce devant
lui. Quiconque, en ce jour, se lève pour servir notre cause et appelle à son aide
les armées du caractère louable et de la bonne conduite, accomplit un acte dont
l'influence se fera très certainement sentir à travers le monde entier.
En se révélant aux hommes, l'intention du seul vrai Dieu, exaltée sois sa gloire,
est de faire apparaître les perles enfouies dans les profondeurs de leur être
intime. Qu'il ne soit jamais permis aux diverses confessions de la terre ni aux
multiples systèmes de croyances religieuses de susciter des sentiments d'animosité
parmi les hommes, telle est en ce jour l'essence de la foi de Dieu et de sa religion.
Ces principes et ces lois, ces systèmes fermement établis procèdent d'une même
source et sont les rayons d'une seule lumière. Il faut attribuer le fait qu'ils
diffèrent les uns des autres à la diversité des besoins que présentaient les âges
où ils furent promulgués.
Ô peuple de Baha, ceins tes reins et prépare-toi à l'effort, afin que s'apaise
le tumulte des luttes et des dissensions religieuses qui agitent les nations de
la terre et qu'il n'en reste aucune trace. Pour l'amour de Dieu et de ceux qui
le servent, lève-toi pour soutenir cette révélation capitale et sublime. La haine
et le fanatisme religieux sont un feu dévorant dont nul ne saurait étouffer la
violence. Seule, la main du pouvoir divin peut délivrer l'humanité de ce terrible
malheur. [...]
La parole de Dieu est une lampe dont la lumière tient dans ces mots: Vous êtes
les fruits d'un même arbre, les feuilles d'une même branche. Que vos relations
avec vos semblables soient toujours empreintes d'amour et d'harmonie, d'amitié
et de camaraderie. Celui qui est le Soleil de vérité m'en est témoin ! Si puissante
est la lumière de l'unité qu'elle peut illuminer toute la terre. Le seul vrai
Dieu, celui qui connaît toutes choses, témoigne de la vérité de ces paroles.
Efforcez-vous d'atteindre cet état transcendant et sublime qui assurera la protection
et la sécurité de l'humanité tout entière. Cet objectif dépasse tous les autres,
cette aspiration est la plus noble des aspirations. Mais, tant que ne seront pas
dissipés les épais nuages de l'oppression qui obscurcissent le soleil de la justice,
il sera difficile de dévoiler aux yeux des hommes la gloire de cet état. [...]
Fréquentez tous les hommes, ô peuple de Baha, dans un esprit amical et fraternel.
Si vous êtes conscients d'une certaine vérité, si vous possédez un joyau dont
les autres sont privés, partagez-le avec bonté et bonne grâce. S'il est accepté
et s'il accomplit son dessein, votre but est atteint. Si quelqu'un le refuse,
abandonnez-le à lui-même, et priez Dieu de le guider. Gardez-vous de toute rudesse
à son égard. Un langage bienveillant est l'aimant qui attire le coeur des hommes.
C'est le pain de l'esprit, il revêt les mots de signification, il est la source
de la lumière de sagesse et de compréhension. [...]
133. Shaykh Salman Hindijani
Les commandements de Dieu sont envoyés du ciel de sa très auguste révélation.
Chacun doit les observer diligemment. L'excellence de l'homme, son réel avancement
et sa victoire finale en dépendent et en dépendront toujours. Qui observe les
commandements de Dieu obtiendra la félicité éternelle.
Une double obligation s'impose à qui a reconnu l'Aurore de l'unité de Dieu et
professé la vérité de celui qui est la manifestation de son unité. La première
est la fermeté dans son amour, une fermeté telle que ni les clameurs de l'ennemi
ni les prétentions vaines de l'ambitieux ne le détournent de son attachement à
celui qui est la Vérité éternelle, une fermeté qui ne leur accorde aucune attention.
La seconde est la stricte observance des lois qu'il a prescrites, lois qu'il a
toujours ordonnées et continuera d'ordonner aux hommes, lois qui distinguent la
vérité de l'erreur.
134. A un inconnu
Le premier et principal devoir de l'homme, immédiatement après avoir reconnu celui
qui est la Vérité éternelle, est d'être ferme dans sa cause. Attachez-vous à ce
devoir, et soyez de ceux dont l'esprit est solidement ancré en Dieu. Il n'est
pas d'acte, si méritoire soit-il, qui lui soit comparable. Il est le roi des actes,
ainsi qu'en témoigne ton Seigneur, le Très-Haut, l'Omnipotent. [...]
Les vertus et attributs procédant de Dieu sont tous évidents et manifestes ; ils
se trouvent mentionnés et décrits dans tous les Livres célestes. Parmi eux sont
la droiture, la rectitude, la pureté du coeur dans la communion avec Dieu, la
longanimité, la résignation à tout ce que décrète le Tout-Puissant, l'acceptation
de ce que sa volonté accorde, la patience et même la gratitude dans les tribulations
et l'abandon complet à Dieu. Ils se rangent aux yeux de Dieu parmi les actes les
plus élevés et les plus louables. Tous les autres leur sont et leur seront toujours
subordonnés. [...]
L'esprit qui anime le coeur humain est la connaissance de Dieu, et son plus bel
ornement est la connaissance de cette vérité qu'"il fait ce qu'il veut et qu'il
ordonne ce que bon lui semble". Son vêtement est la crainte de Dieu et sa perfection
réside dans la fermeté en sa foi. C'est ainsi que Dieu instruit celui qui le cherche.
Il aime, en vérité, celui qui se tourne vers lui. Il n'est d'autre Dieu que lui,
le Clément, le Généreux. Toute louange à Dieu, le Seigneur de tous les mondes
!
135. Muhammad-Baqir (Lettre-du-Vivant)
Ô Lettre-du-Vivant, l'oreille de Dieu a entendu ton appel, et ses yeux ont lu
ta supplique. Il s'adresse à toi de son séjour de gloire, et te révèle les versets
envoyés par l'Absolu, le Secours.
Tu es bénie pour avoir entièrement aboli l'idole de l'ego et des vaines imaginations,
et pour avoir déchiré le voile des chimères par le pouvoir de la puissance de
ton Seigneur, le Protecteur suprême, le Tout-Puissant, l'unique Bien-Aimé. Tu
es, en vérité, de ces Lettres qui surpassent chacune des autres. C'est pourquoi
Dieu t'a élue, par la bouche de ton Seigneur, le Bab, dont le visage enveloppe
et enveloppera à jamais de son éclat la création tout entière. Rends grâces au
Tout-Puissant et magnifie son nom, pour t'avoir aidée à reconnaître une cause
qui fait trembler le coeur des habitants des cieux et de la terre, qui provoque
les cris de tous les hôtes des royaumes de la création et de la révélation, et
par laquelle les secrets intimes des hommes sont débusqués et mis à l'épreuve.
De son royaume de gloire, ton Seigneur, le Très-Élevé (le Bab) t'adresse ces paroles:
Grande est la bénédiction qui t'attend, ô Lettre du Vivant, pour avoir cru en
moi et refusé de m'humilier devant l'Assemblée céleste, pour avoir tenu ton engagement,
déchiré le voile des imaginations futiles et fixé tes regards sur le Seigneur,
ton Dieu, le Seigneur de l'invisible et du visible, le Seigneur du sanctuaire
assidûment fréquenté. Je suis content de toi, car au jour où tous les visages
devinrent mornes et sombres, j'ai trouvé le tien rayonnant de lumière.
Dis: Ô peuple du Bayan, dans toutes nos Tablettes et dans nos Écritures cachées,
ne vous avions-nous pas adjuré de ne point céder à vos passions mauvaises et à
vos inclinations corrompues, mais de tenir vos yeux fixés sur la scène de gloire
transcendante, au jour où serait dressée la Balance toute-puissante, et où les
douces mélodies de l'Esprit de Dieu couleraient à flots de la droite du trône
de votre Seigneur, le Protecteur omnipotent, le Tout-Puissant, le Saint des saints
? Ne vous avions-nous pas défendu tout attachement aux choses propres à vous séparer
de la manifestation de notre Beauté dans sa révélation ultérieure, ces choses
fussent-elles l'incarnation des noms de Dieu et leur gloire tout entière ou celles
qui révèlent ses attributs et leur pouvoir ? Voyez comment, à peine m'étais-je
révélé, vous avez rejeté ma vérité et vous vous êtes détournés de moi, pour vous
joindre à ceux qui considèrent les signes de Dieu comme un jeu et un passe-temps.
Par ma Beauté ! rien de vous, en ce jour, ne sera agréé, dussiez-vous continuer
à vous prosterner en adoration devant Dieu pendant l'éternité de son empire. Car
toute chose dépend de sa volonté, et la valeur de chaque acte est conditionnée
par son consentement et son bon plaisir. L'univers entier n'est qu'une poignée
d'argile en sa main. En ce jour, Dieu n'entendra pas le cri de celui qui ne l'aura
pas reconnu et aimé. Telle est l'essence de sa foi, si vous pouviez le savoir.
Vous contenterez-vous de ce qui n'est que brume dans la plaine, et renoncerez-vous
à l'Océan dont les eaux, par la vertu de la volonté de Dieu, rafraîchissent les
âmes des hommes ? Malheur à vous pour avoir répondu de façon si futile et si méprisable
à la générosité de votre Dieu ! Vous êtes, en vérité, de ceux qui m'ont rejeté
dans ma révélation précédente. Puissent vos coeurs le comprendre !
Levez-vous et, devant Dieu, faites pénitence pour vos manquements à votre devoir
envers lui. Telle est mon injonction, si vous pouvez l'entendre. Par mon propre
moi ! ni le peuple du Coran, ni celui de la Torah ou de l'Evangile, ni ceux d'aucun
autre Livre n'ont jamais commis ce que vos mains ont perpétré ! J'ai, moi-même,
consacré ma vie à la défense de la vérité de cette foi. J'ai, moi-même, annoncé
dans toutes mes tablettes l'avènement de sa révélation. Et pourtant, il ne s'était
pas plutôt manifesté dans sa révélation ultérieure, revêtu de la gloire de Baha
et paré du vêtement de sa grandeur, que vous vous rebelliez contre lui qui est
le Protecteur suprême, l'Absolu. Prenez garde, ô peuple ! Ayez honte de ce qui
m'est advenu par vos mains dans le chemin de Dieu. Veillez à ne pas être de ceux
qui rejettent ce qui leur est envoyé du ciel de la gloire transcendante de Dieu
!
Telles sont, ô Lettre-du-Vivant, les paroles que ton Seigneur prononce et qu'il
t'adresse des royaumes célestes. Proclame les paroles de ton Seigneur devant ses
serviteurs, afin qu'ils sortent de leur sommeil et demandent pardon à Dieu qui
les a façonnés et transmet-leur cette très resplendissante, très sainte et manifeste
révélation de sa beauté.
136. Ismu'llahi'l-Akhir
Dis: Ô peuple, libérez vos âmes des entraves de l'ego et purifiez-les de tout
attachement à ce qui n'est pas moi. Mon souvenir purifie toutes choses de la corruption,
puissiez-vous le comprendre. Dis: Si toutes les choses créées dépouillaient le
voile des vanités et désirs terrestres, la main de Dieu, en ce jour, les revêtirait,
toutes et chacune, de ce vêtement: "il fait ce qu'il lui plaît dans le royaume
de la création", afin que toutes, par là, manifestent sa souveraineté. Exalté
soit le souverain Seigneur de toutes choses, le Tout-Puissant, le Protecteur suprême,
le Très-Glorieux, l'Omnipotent.
Ô mon serviteur, entonne les versets que Dieu t'a envoyés, comme le font ceux
qu'il a attirés auprès de lui, et que la douceur de ta mélodie embrase ton âme
et gagne le coeur de tous ! Les anges annonciateurs du Tout-Puissant diffuseront
le parfum des paroles que prononcent les lèvres de celui qui récite dans l'intimité
les versets révélés par Dieu, et qui feront frémir le coeur de tout homme juste.
La vertu de la grâce qui lui est conférée exercera tôt ou tard une influence sur
son âme, même s'il est tout d'abord inconscient de son effet. Tels sont les mystères
de la révélation de Dieu, décrétés par la volonté de celui qui est la Source du
pouvoir et de la sagesse.
Ô Khalil, Dieu m'est témoin ! Bien que ma plume coure encore sur le papier, elle
pleure et s'afflige cruellement, au plus profond d'elle-même. La lampe, qui brûle
devant son trône, gémit et se lamente sur les souffrances infligées à la Beauté
antique par ceux qui n'existent que par sa volonté. Dieu connaît la vérité de
mes paroles et en témoigne. L'homme, sourd aux clameurs bruyantes des infidèles
et dont l'oreille se tend vers la voix de toutes choses créées, ne peut qu'entendre
les lamentations et les sanglots que leur arrachent les tribulations que nous
avons endurées de la part de ceux de nos serviteurs qui n'ont pas cru en nous
et se sont rebellés contre nous. Ainsi te faisons-nous entrevoir une parcelle
de ce qui nous advint pour que tu sois conscient de nos souffrances et que tu
endures tes afflictions avec patience.
Lève-toi pour aider ton Seigneur en tous temps et toutes circonstances et sois
de ceux qui le soutiennent. Invite alors le peuple à prêter une oreille attentive
aux paroles consignées dans cette radieuse et resplendissante tablette par l'esprit
de Dieu. Dis: Ô peuple, ne semez pas les germes de la discorde parmi les hommes,
ne vous querellez pas avec votre voisin. Soyez patients en toutes circonstances
et mettez votre entière confiance en Dieu. Servez votre Seigneur par l'épée de
la sagesse et de la parole. C'est là ce qui sied à la condition de l'homme. Se
départir d'une telle attitude est indigne de Dieu, le souverain Seigneur de tous,
le Glorifié. Cependant, le peuple conduit à l'égarement est plongé dans l'insouciance.
Ô peuple, ouvrez la porte du coeur des hommes, avec les clefs de la mémoire de
celui qui est le Souvenir de Dieu et la Source de la sagesse parmi vous. Dans
toute la création, il a choisi le coeur de ses serviteurs pour en faire le siège
de la révélation de sa gloire. Purifiez donc ces coeurs de toute souillure, afin
qu'y puisse être gravé ce pour quoi ils furent créés. C'est là, en vérité, un
gage de la bienfaisante faveur de Dieu.
Ô peuple, parez vos langues de sincérité et ornez vos âmes de la parure de l'honnêteté.
Ô peuple, gardez-vous d'agir traîtreusement envers qui que ce soit. Soyez les
représentants de Dieu parmi ses créatures, et les emblèmes de sa générosité au
milieu de son peuple. Ceux qui cèdent à leur convoitiseet à leurs inclinations
corrompues errent gravement et dispersent leurs efforts. Ils sont, en vérité,
du nombre des égarés. Ô peuple, efforcez-vous de diriger vos regards vers la miséricorde
de Dieu, afin que vos coeurs soient sensibles à son merveilleux souvenir, que
vos âmes s'appuient avec confiance sur sa grâce et sa générosité et que vos pieds
foulent le sentier de son bon plaisir. Tels sont les conseils que je vous lègue.
Puissiez-vous suivre mes conseils !
137. A un inconnu
Il en est qui tiennent pour permis d'empiéter sur le bien de leur prochain et
font peu de cas de l'injonction de Dieu, prescrite dans son Livre. Malheur à eux
! qu'ils soient frappés du châtiment de Dieu, le Tout-puissant, l'Omnipotent !
Par celui qui brille au-dessus de l'aurore de la sainteté, aucun de ceux qui se
sont élevés véritablement jusqu'au ciel de la foi n'aurait un regard pour la terre,
fût-elle convertie en or et en argent, et moins encore daignerait-il en saisir
et retenir la moindre parcelle. Nous avons déjà traité ce thème dans des passages
révélés en arabe, dans une langue d'une beauté exquise. Dieu nous en est témoin
! Celui qui goûte à la douceur de ces paroles ne consent jamais à dépasser les
bornes fixées par Dieu ni à tourner ses regards vers un autre que son Bien-Aimé.
De son regard spirituel, il reconnaît aisément la vanité et l'impermanence des
choses de ce monde et il place ses affections dans les choses d'en haut.
Dis: Honte à vous qui osez vous prétendre les amants de l'ancienne Beauté ! Que
les tribulations qu'elle a subies et le fardeau d'angoisse qu'elle a porté pour
l'amour de Dieu vous soient une leçon. Laissez s'ouvrir vos yeux ! À quoi serviront
ses oeuvres si les épreuves innombrables qu'elle a endurées n'aboutissent qu'à
une profession de foi si méprisable et à une conduite si pitoyable ? Aux jours
qui ont précédé ma révélation, le voleur, l'artisan d'iniquité a prononcé ces
mêmes paroles et accompli ces mêmes actes.
En vérité, je vous le dis: Tendez l'oreille aux doux accents de ma voix, et purifiez-vous
de la souillure de vos passions mauvaises et de vos désirs corrompus. Ceux qui
demeurent sous la tente de Dieu, qui sont installés sur le siège de gloire éternelle
refuseront, mourraient-ils de faim, de mettre la main sur les biens de leur voisin,
aussi vil et méprisable qu'il soit, et de se les approprier illégalement.
En se manifestant, l'intention du seul vrai Dieu est d'appeler les hommes à la
droiture et à la sincérité, à la piété et à la loyauté, à la résignation et à
la soumission à la volonté divine, à la patience et à la bonté, à la justice et
à la sagesse. Son dessein est de revêtir tout homme du manteau d'une nature sainte
et de le parer de l'ornement d'actes purs et irréprochables.
Dis: Ayez pitié de vous-mêmes et de vos semblables, et ne souffrez pas que la
cause de Dieu - une cause qui dépasse infiniment l'essence même de la sainteté
- soit souillée de la tache de vos vaines fantaisies et de vos imaginations inconvenantes
et corrompues.
138. Lawh-i-Siyam (jeûne) (Andrinople)
Ô toi, Dieu de miséricorde, toi dont la puissance pénètre toutes choses créées,
tu vois tes serviteurs, tes adorateurs, observer durant le jour et selon ton bon
plaisir, le jeûne que tu as prescrit. Tu les vois se lever dès l'aurore pour prononcer
ton nom et célébrer ta louange dans l'espoir d'obtenir leur part des choses admirables
précieusement conservées dans les coffres de ta grâce et de ta générosité. Ô toi
qui tiens dans tes mains les rênes de toute la création et sous ta poigne le royaume
tout entier de tes noms et de tes attributs, je te supplie de ne pas les priver
en ce jour des averses qui pleuvent des nuages de ta miséricorde ni de leur interdire
de prendre leur part de l'océan de ton bon plaisir.
Ô mon Seigneur, tous les atomes de la terre témoignent de la grandeur de ta puissance
et de ta souveraineté, et tous les signes de l'univers attestent la gloire de
ta majesté et de ton pouvoir. Ô toi qui es le souverain Seigneur de tous, le Roi
des jours qui n'ont point de fin, le Maître de toutes les nations, sois miséricordieux
pour tes serviteurs qui tiennent fermement la corde de tes commandements et qui
s'inclinent devant la révélation de tes lois, envoyées du ciel de ta volonté.
Tu vois, ô mon Seigneur, comme leurs yeux sont levés vers le ciel de ta tendre
bonté, comme leur coeur est tourné vers l'océan de tes bienfaits, comme leurs
voix s'effacent aux doux accents de ta voix qui les appelle des hauteurs de ta
condition sublime, en ton nom, le Très-Glorieux. Ô mon Seigneur, assiste tes bien-aimés
qui ont tout abandonné afin d'obtenir les choses que tu possèdes et qui sont accablés
d'épreuves et de tribulations pour avoir renoncé au monde et placé leurs affections
dans ton royaume de gloire. Protège-les, je t'en supplie, ô mon Seigneur, des
assauts de leurs passions mauvaises et de leurs désirs corrompus, et aide-les
à obtenir ce qui leur sera profitable en ce monde et dans l'autre.
Ô mon Seigneur, par ton nom, nom caché et précieux qui appelle à grands cris dans
le royaume de la création, qui convoque tous les peuples au séjour de gloire transcendante
sous l'arbre au-delà duquel il n'est point de passage, je te prie de faire pleuvoir
sur nous et sur tes serviteurs les torrents de ta miséricorde, afin qu'elle nous
purifie du souvenir de tout ce qui n'est pas toi et nous permette d'aborder aux
rivages de l'océan de ta grâce. Ô Seigneur, de ta plume sublime, ordonne ce qui
immortalisera nos âmes dans le séjour de gloire, perpétuera nos noms dans ton
royaume, abritera nos vies dans l'écrin de ta protection et nos corps dans la
forteresse de ta retraite inviolable. Ton pouvoir s'étend sur toutes choses passées
ou futures. Il n'est d'autre Dieu que toi, le Protecteur omnipotent, l'Absolu.
Ô Seigneur, tu vois nos mains suppliantes tendues vers le ciel de ta faveur et
de ta générosité. Permets qu'elles soient remplies des trésors de ta munificence
et de ta faveur généreuse. Pardonne-nous, pardonne à nos pères et à nos mères,
et accorde-nous ce que nous désirons de l'océan de ta grâce et de ta divine générosité.
Ô Bien-Aimé de nos coeurs, accepte ce que nous accomplissons dans ton chemin.
Tu es, en vérité, le Très-Puissant, le Sublime, l'Incomparable, l'Unique, le Clément,
le Bienveillant.
139. Nabil-A'zam (Muhammad-i-Zarandi)
Ô Nabil-i-A'zam, que ton oreille soit attentive à la voix de l'Ancien des jours
qui t'appelle à grands cris du royaume de son nom, le Très-Glorieux. Il est celui
qui maintenant proclame, depuis les royaumes célestes jusqu'à l'essence intime
de toutes choses créées: "Je suis Dieu, en vérité, et il n'est pas d'autre Dieu
que moi. Je suis celui qui depuis toujours fut la source de toute souveraineté,
de tout pouvoir, et qui, pour l'éternité, continuera d'exercer son pouvoir et
d'étendre sa protection sur toutes choses créées. La grandeur de mon pouvoir et
de ma souveraineté qui embrassent toute la création témoigne pour moi." [...]
Béni sois-tu, ô mon nom, d'être entré dans mon arche et, par le pouvoir de ma
souveraine et très sublime puissance, de te hâter sur l'océan de la grandeur et
d'être compté parmi mes favoris dont les noms sont inscrits par la main de Dieu.
Tu as vidé à longs traits la coupe de vie offerte par cet Adolescent autour de
qui gravitent les manifestations du Très-Glorieux et dont les Aurores de miséricorde
exaltent, jour et nuit, la présence radieuse.
Que sa gloire soit sur toi, car venu de Dieu, tu es retourné à Dieu, tu as franchi
l'enceinte de la cour de gloire impérissable, le lieu qu'un mortel ne peut jamais
décrire. Là, soulevée par la brise de sainteté imprégnée de l'amour de ton Seigneur,
ton âme s'est émue et les eaux de l'entendement ont effacé en toi toutes traces
d'éloignement et d'impiété. En reconnaissant, parmi les hommes celui qui est l'incarnation
du Souvenir de Dieu, tu as obtenu l'accès à son paradis.
Rends donc grâce à Dieu qui t'a fortifié dans la défense de sa cause, et a fait
éclore les fleurs de la connaissance et de l'entendement dans le jardin de ton
coeur. Ainsi, sa grâce t'a enveloppé et a enveloppé la création tout entière.
Prends garde d'être affligé par quoi que ce soit. Libère-toi de tout attachement
aux vaines insinuations des hommes et tourne le dos aux controverses stériles
et captieuses de ceux qu'un voile sépare de Dieu. Proclame ensuite ce que l'esprit
t'inspirera dans le service de la cause de ton Seigneur, afin de remuer profondément
l'âme des hommes et d'incliner leur coeur vers cette cour bénie et toute glorieuse.
[...]
Sache que nous avons aboli la loi de l'épée comme moyen d'aider notre cause et
que nous lui avons substitué le pouvoir né de la parole des hommes. Ainsi en avons-nous
décrété irrévocablement en vertu de notre grâce. Dis: Ô peuple, ne semez point
les germes de la discorde parmi les hommes et abstenez-vous de toute querelle
avec votre voisin, car le Seigneur a remis le monde et ses cités aux soins des
rois de la terre et il a fait d'eux des emblèmes de sa propre puissance, en vertu
de la souveraineté qu'il lui a plu de leur conférer. Il a refusé de garder pour
lui-même aucune part de cette domination du monde. Celui qui est la Vérité éternelle
en témoigne. Ce qu'il s'est réservé, c'est la cité du coeur des hommes, afin de
les purifier de toutes souillures terrestres et de les rendre capables d'approcher
le sanctuaire sacré que les mains des infidèles ne peuvent jamais profaner. Ô
peuple, ouvrez la cité du coeur humain avec les clefs de la parole. Ainsi vous
avons-nous prescrit votre devoir, selon un décret pré-établi.
Par la justice de Dieu ! le monde et ses vanités, et sa gloire, et tous les plaisirs
qu'il peut offrir sont aux yeux de Dieu d'aussi peu de valeur, que dis-je ! sont
aussi méprisables que la poussière et que les cendres. Puisse le coeur des hommes
le comprendre ! Ô peuple de Baha, purifiez-vous entièrement des souillures du
monde et de tout ce qui lui appartient. Dieu lui-même m'en rend témoignage. Les
choses de la terre ne sont pas dignes de vous, abandonnez-les à ceux qui les désirent,
et fixez vos yeux sur cette sainte et étincelante vision.
Ce qui vous convient, c'est l'amour de Dieu et de celui qui est la manifestation
de son Essence, ainsi que l'observance de tout ce qu'il lui a plu de vous prescrire,
puissiez-vous le savoir.
Dis: Que la droiture et la courtoisie soient votre parure. Ne vous dépouillez
jamais du vêtement de la justice et de la tolérance, afin que, de vos coeurs,
les doux parfums de la sainteté se répandent sur toutes choses créées. Dis: Gardez-vous,
ô peuple de Baha, de marcher dans les voies de ceux dont les actes démentent les
paroles. Évertuez-vous à manifester les signes de Dieu devant les peuples de la
terre et à être les miroirs de ses commandements. Que vos actes soient un guide
pour toute l'humanité, car la conduite de la plupart des hommes, qu'ils soient
de haute ou basse condition, diffère de ce qu'ils professent. C'est par vos actes
que vous vous distinguerez des autres et c'est grâce à eux que l'éclat de votre
lumière se répandra sur la terre. Heureux l'homme qui suit mes conseils et les
préceptes donnés par l'Omniscient, le Très-Sage !
140. Muhammad-'Ali
Ô Muhammad-'Ali, grande est la bénédiction qui t'attend pour avoir orné ton coeur
de la parure de l'amour de ton Seigneur, le Très-Glorieux, le Loué. Celui qui,
en ce jour, a atteint ce glorieux état, possède le bien souverain.
N'attache aucune importance à l'humiliation à laquelle les bien-aimés de Dieu
ont été soumis en ce jour. De cette humiliation découlent la fierté et la gloire
de tous les honneurs temporels et élévations terrestres. Comment imaginer plus
grand honneur que celui conféré par la langue de l'Ancien des jours quand il évoque
le souvenir de ses bien-aimés dans sa Prison suprême ? Le jour approche où les
nuages seront complètement dissipés et où la lumière de ces paroles "Tout honneur
appartient à Dieu et à ceux qui l'aiment" apparaîtra à l'horizon de la volonté
du Tout-Puissant, aussi manifeste que la lumière du soleil.
Tous les hommes, les puissants et les humbles, ont cherché et cherchent à atteindre
un honneur si grand. Et pourtant, aussitôt que le Soleil de vérité eut répandu
son rayonnement sur le monde, tous furent privés de ses bienfaits et séparés,
comme par un voile, de sa gloire resplendissante, à l'exception de ceux qui tinrent
fermement la corde de l'indéfectible providence du seul vrai Dieu et qui, détachés
de tout ce qui n'est pas lui, se tournèrent vers sa sainte cour.
Rends grâces à celui qui est le Désir de tous les hommes pour t'avoir accordé
ce grand honneur. Avant peu, le monde et tout ce qu'il contient seront choses
oubliées, et tout honneur appartiendra à ceux qu'aime ton Seigneur, le Très-Glorieux,
le Très-Généreux.
141. A un inconnu
En vérité, un Livre révélé aux hommes perspicaces ! Il prescrit d'observer la
justice et d'accomplir des oeuvres vertueuses et il défend de céder aux inclinations
corrompues et aux désirs charnels. Puissent les enfants des hommes être tirés
de leur sommeil !
Dis: Ô peuple, observez ce qui vous est prescrit dans nos épîtres et ne suivez
pas les machinations ourdies par ceux qui sèment la discorde, commettent le mal
et l'imputent à Dieu, le Très-Saint, le Très-Glorieux, le Sublime. Dis: Nous avons
accepté de subir toutes sortes de maux et de tourments pour que vous vous purifiiez
de toutes souillures terrestres. Pourquoi, alors, refusez-vous de peser notre
dessein en votre coeur ? Par la justice de Dieu ! celui qui médite sur les tribulations
que nous avons endurées, son âme assurément en fondra de douleur. Ton Seigneur
témoigne lui-même de la vérité de mes paroles. Nous avons supporté le poids de
toutes les calamités pour vous purifier de toute corruption terrestre, et pourtant
vous restez indifférents.
Dis: il convient à celui qui tient fermement le pan de notre manteau de ne pas
être sali par tout ce qui répugne à l'Assemblée céleste. Ainsi en a décrété ton
Seigneur, le Très-Glorieux, dans son épître manifeste. Dis: Rejetterez-vous mon
amour et commettrez-vous ce qui attriste mon coeur ? Qu'est-ce qui vous empêche
de comprendre ce qui vous est révélé par celui qui est l'Omniscient, le Très-Sage
?
Nous voyons parfaitement vos actions. Si nous y percevons le doux parfum de la
pureté et de la sainteté, nous ne manquerons pas de vous bénir. Alors, les habitants
du paradis chanteront votre louange et magnifieront votre nom avec le nom de ceux
qui sont près de Dieu.
Accroche-toi au pan du vêtement de Dieu et tiens-toi fermement à sa corde, une
corde que personne ne peut rompre. Prends garde que les vaines clameurs de ceux
qui ont répudié cette proclamation sublime t'empêchent d'accomplir ton dessein.
Annonce ce qui t'est prescrit dans cette épître, même si tous les peuples se lèvent
pour t'en empêcher. Ton Seigneur est, en vérité, l'Irrésistible, l'indéfectible
Protecteur.
Ma gloire soit sur toi et sur ceux de mes aimés qui se sont joints à toi. Ils
sont, en vérité, de ceux pour qui tout ira bien.
142. Muhammad-'Ali
Je jure par la beauté du Bien-Aimé ! Voici la miséricorde qui embrasse toute la
création, voici le jour où la grâce de Dieu imprègne et pénètre toutes choses.
Les eaux vives de ma clémence, ô 'Ali, se déversent en pluie torrentielle, et
mon propre coeur s'émeut sous la chaleur de ma tendresse et de mon amour. Jamais
je n'ai pu me résigner aux malheurs advenus à mes aimés ni aux peines qui pouvaient
assombrir la joie de leur coeur.
Chaque fois que mon nom le "Très-Miséricordieux" apprenait que l'un de mes aimés
avait prononcé une parole contraire à mon désir, il regagnait sa demeure, frappé
de douleur et de désolation. Et chaque fois que mon nom "Celui qui ne dévoile
point" découvrait qu'un de mes fidèles avait infligé à son prochain honte ou humiliation,
il s'en retournait de même vers sa retraite de gloire, triste et chagriné, pour
y pleurer et s'y affliger amèrement. Et quand il arrivait que mon nom "le Magnanime"
s'apercevait que l'un de mes amis avait désobéi, il jetait des cris de détresse
et, terrassé par l'angoisse, s'abattait dans la poussière d'où une milice d'anges
invisibles venait le relever pour le transporter dans son habitation des royaumes
célestes.
Ô 'Ali ! par moi-même, le Véritable, le feu qui embrase le coeur de Baha est plus
ardent que le feu qui brûle dans ton coeur, et sa plainte couvre le bruit de ta
lamentation. Toutes les fois qu'un péché commis par l'un d'entre eux était murmuré
à la cour de sa présence, la Beauté ancienne en était honteuse au point de vouloir
cacher aux yeux de tous les hommes la gloire de son visage, car elle n'avait,
à tout moment, qu'observé leur fidélité et ce qu'elle implique d'essentiel.
Les paroles que tu as écrites n'ont pas plutôt été lues en ma présence, que l'océan
de ma fidélité s'enfla en moi, la brise de mon pardon souffla sur ton âme, l'arbre
de ma tendre bonté te couvrit de son ombre et les nuages de ma générosité fit
pleuvoir sur toi leurs bienfaits. Je le jure par le Soleil qui brille à l'horizon
de l'éternité, je compatis à tes chagrins et pleure avec toi sur tes tribulations.
[...] Je porte témoignage des services que tu m'as rendus et des tourments que
tu as subis pour l'amour de moi. Tous les atomes de la terre proclament l'amour
que je te porte.
Ô 'Ali, l'appel que tu as lancé est hautement recevable à mes yeux. Proclame ma
cause à la fois par ta langue et par ta plume. Appelle à grands cris les hommes
auprès de celui qui est le souverain Seigneur de tous les mondes, avec tant de
zèle et de ferveur que tous en soient enflammés.
Dis: Ô mon Seigneur, mon Bien-Aimé, moteur souverain de tous mes actes, étoile,
guide de mon âme, voix qui crie au plus profond de mon être, objet de l'adoration
de mon coeur ! sois loué pour m'avoir permis de me tourner vers toi, pour avoir
enflammé mon âme à ton souvenir, pour m'avoir aidé à proclamer ton nom et à chanter
tes louanges.
Mon Dieu, mon Dieu ! si personne ne se trouvait qui s'écartât de ton sentier,
comment pourrait être hissé l'emblème de ta clémence et se déployer la bannière
de ta faveur généreuse ? Et si l'iniquité n'était point commise, comment pourrais-tu
être proclamé Celui qui cache les péchés des hommes, le Clément, l'Omniscient,
le Très-Sage ? Que ma vie soit offerte en sacrifice pour les offenses de ceux
qui pèchent contre toi, car sur ces offenses se répandent les doux effluves de
la tendre miséricorde de ton nom, le Compatissant, le Très-Miséricordieux. Que
ma vie soit sacrifiée pour les fautes de ceux qui te désobéissent, car par elles
le souffle de ta grâce et le parfum de ta tendre bonté se répandent parmi les
hommes. Que mon être intime soit offert pour les manquements de ceux qui ont péché
contre toi, car ils font briller à l'horizon de ta générosité le soleil de tes
faveurs sans nombre, et pleuvoir sur toutes choses créées les dons des nuages
de ton infaillible providence.
Ô mon Seigneur, je suis celui qui t'a confessé la multitude de ses méfaits, qui
reconnaît ce qu'aucun homme n'a jamais reconnu. Je me hâte vers l'océan de ton
pardon et cherche un refuge à l'ombre de ta gracieuse faveur. Ô toi qui es le
Roi éternel et le Protecteur souverain de tous les hommes, permets-moi, je t'en
supplie, de manifester ce qui soulèvera les âmes et les coeurs jusqu'à l'immensité
sans limite de ton amour, et les fera communier avec ton Esprit. Fortifie-moi
par le pouvoir de ta souveraineté, afin que je puisse aider toutes choses créées
à se tourner vers l'Aurore de ta manifestation et la Source de ta révélation.
Ô mon Seigneur, aide-moi à m'abandonner entièrement à ta volonté et à me lever
pour te servir, car j'affectionne cette vie terrestre dans la seule intention
d'atteindre le tabernacle de ta révélation et le séjour de ta gloire. Ô mon Dieu,
tu me vois détaché de tout ce qui n'est pas toi et humblement soumis à ta volonté.
Traite-moi selon ce qui te convient et comme il sied à ta grandeur et à ta gloire.
Ô 'Ali, les bienfaits de celui qui est le Seigneur de tous les mondes te sont
accordés depuis toujours. Arme-toi de sa force et de sa puissance et lève-toi
pour servir sa cause et magnifier son saint nom. Que ton ignorance du savoir humain,
ton incapacité de lire et d'écrire ne chagrinent point ton coeur. Le seul vrai
Dieu tient en ses mains puissantes les clefs des portes de sa grâce infinie, il
les ouvre depuis toujours devant tous ceux qui le servent. Je souhaite qu'en tout
temps cette brise de la douceur divine continue à souffler de la prairie de ton
coeur sur le monde entier, de telle sorte que ses effets se manifestent en tous
pays. Il est celui qui a pouvoir sur toutes choses. Il est, en vérité, le Tout-Puissant,
le Très-Glorieux, l'Omnipotent.
143. Jinab-i-Haji Faraj
Ô mon serviteur, sois béni pour avoir reconnu la vérité et rompu avec celui qui
répudia le Très-Miséricordieux et fut jugé mauvais dans la Tablette-Mère. Marche
fermement dans l'amour de Dieu, reste inébranlable en sa foi et soutiens sa cause
par le pouvoir de ta parole. Ainsi te commande le Très-Miséricordieux, prisonnier
aux mains de ses oppresseurs.
Si jamais des afflictions t'atteignent à cause de moi, rappelle-toi mes malheurs
et mes tourments, souviens-toi de mon emprisonnement et de mon exil. C'est pour
cela que nous te transmettons ce qui nous est advenu par la volonté du Très-Glorieux,
le Très-Sage.
Par mon Être même ! le jour approche où nous aurons enroulé le monde et tout ce
qu'il contient, et déployé à sa place un ordre nouveau. Il a, en vérité, pouvoir
sur toutes choses.
Purifie ton coeur afin de garder mon souvenir et ton oreille pour entendre mes
paroles. Tourne ensuite ton visage vers le sanctuaire où est édifié le trône de
ton Seigneur, le Dieu de miséricorde, et dis: Sois loué, ô mon Seigneur, pour
m'avoir permis de reconnaître la Manifestation de ton Être même et de tourner
mon coeur vers la cour de ta présence, objet de l'adoration de mon âme. Par ton
nom qui déchire les cieux et fend la terre, je te supplie d'ordonner pour moi
ce que tu ordonnes pour ceux qui se détournent de tout sauf de toi et dont les
coeurs te se sont fermement attachés. Permets-moi de m'établir en ta présence
sur le siège de vérité et dans la tente de gloire. Tu as le pouvoir de faire ce
que tu veux. Il n'est pas d'autre Dieu que toi, le Très-Glorieux, le Très-Sage.
144. A un inconnu
La Plume du Très-Haut a décrété pour chacun l'obligation d'enseigner cette cause.
[...] Dieu, sans aucun doute, inspirera quiconque se détache de tout ce qui n'est
pas lui, et de son coeur, il fera jaillir à profusion les eaux pures de la sagesse
et de la parole. En vérité, ton Seigneur, le Très-Miséricordieux, a le pouvoir
de faire ce qu'il lui plaît et d'ordonner ce que bon lui semble.
Si, considérant le monde, tu arrives à prendre conscience du caractère éphémère
des choses qui lui appartiennent, tu ne choisiras pas d'autre voie que de servir
la cause de ton Seigneur. Rien ne pourra te détourner de célébrer sa louange,
dussent tous les hommes se lever pour t'en empêcher.
Avance et persévère dans son service. Dis: Ô peuple, le jour est venu, qui vous
est promis dans toutes les Écritures. Craignez Dieu et ne vous refusez pas à reconnaître
celui pour qui vous fûtes créés. Hâtez-vous de le rejoindre. Cela est mieux pour
vous que le monde et tout ce qu'il contient. Puissiez-vous le comprendre !
145. Suratu'l-Bayan (Khalil)
Si tu rencontres le destitué ou l'opprimé, ne te détourne pas de lui avec dédain,
car le Roi de gloire veille sans cesse sur lui et l'entoure d'une tendresse dont,
seuls, peuvent se faire une idée ceux qui ont conformé leurs aspirations et leurs
désirs à la volonté de leur Seigneur, le Clément, le Très-Sage. Ô vous, les riches
de la terre, ne fuyez pas le pauvre qui gît dans la poussière ; au contraire,
traitez-le en ami et souffrez qu'il vous fasse le récit des malheurs dont l'impénétrable
décret de Dieu l'a affligé. Par la justice du Tout-Puissant ! tandis que vous
l'accueillez avec bonté, l'Assemblée céleste vous regarde, elle exalte votre nom
et glorifie votre action. Bénis les savants qui ne s'enorgueillissent pas de leur
réussite ; heureux les justes qui ne bafouent pas les pécheurs et cachent leurs
mauvaises actions, afin que leurs propres défauts ne soient point dévoilés aux
yeux des hommes.
146. Muhammad Mustafa Baghdadi
C'est notre souhait que chacun de vous devienne, pour les hommes, une source de
bonté et un exemple de droiture. Prenez garde à ne pas vous préférer à votre prochain.
Tenez vos regards fixés sur celui qui est le Temple de Dieu parmi les hommes.
Il a véritablement offert sa vie en rançon pour le salut du monde. Il est, en
vérité, le Très-Généreux, le Clément, le Très-Haut. Si quelque différend s'élève
entre vous, voyez, je me tiens devant vous, et par égard pour mon nom, en témoignage
de votre amour pour ma cause manifeste et resplendissante, fermez les yeux sur
vos fautes réciproques. Nous aimons vous voir vivre en tous temps dans l'amitié
et la concorde, au paradis de notre bon plaisir, et sentir se dégager de tous
vos actes un parfum de bienveillance et d'unité, de tendre bonté et de parfaite
fraternité. Ainsi vous conseille l'Omniscient, le Fidèle. Nous sommes toujours
avec vous, et si nous respirons au milieu de vous ce parfum d'amitié, notre coeur
se réjouit, car rien d'autre ne peut nous satisfaire. Tout homme perspicace en
témoigne.
147. A un inconnu
Quelle tristesse si les coeurs, en ce jour, devaient pencher vers les choses transitoires
de ce monde ! Levez-vous et attachez-vous fermement à la cause de Dieu. Aimez-vous
énormément les uns les autres. Tout à l'amour du Bien-Aimé, brûlez le voile de
l'ego à la flamme du feu inextinguible et fréquentez votre prochain, le visage
rayonnant de lumière et de joie. Vous avez pu observer tous les aspects de la
conduite de celui qui est la Parole de vérité au milieu de vous. Vous savez parfaitement
comme il est dur pour cet Adolescent de laisser, ne fût-ce qu'une nuit, le coeur
d'un aimé de Dieu s'attrister à cause de lui.
Le Verbe divin enflamme le coeur du monde ; quel regret si vous n'étiez pas embrasés
par sa flamme ! Plaise à Dieu ! regardez cette nuit bénie comme la nuit de l'unité,
unissez étroitement vos âmes, et prenez la détermination de vous parer des attributs
d'une nature bonne et méritoire. Que votre principal souci soit de sauver l'être
déchu du marécage de l'extinction imminente et de l'amener à embrasser l'ancienne
foi de Dieu. Votre conduite envers votre prochain doit être telle qu'elle manifeste
clairement les signes du seul vrai Dieu. Car, parmi les hommes, vous êtes les
premiers à être recréés par son Esprit, les premiers à l'adorer, à plier le genou
devant lui et à graviter autour de son trône de gloire. Je le jure par celui qui
m'a amené à révéler ce qui lui semble bon ! Les habitants du royaume céleste vous
connaissent mieux que vous ne vous connaissez vous-mêmes. Pensez-vous que ce soient
là paroles vides et vaines ? Si seulement vous aviez la capacité de percevoir
les choses que voit votre Seigneur, le Très-Miséricordieux - choses qui attestent
l'excellence de votre rang, qui témoignent de la grandeur de votre mérite, et
proclament la sublimité de votre condition ! Dieu veuille que vos désirs et vos
passions indomptées ne vous privent pas de ce qui vous est destiné !
Ô Salman, tout ce qu'ont pu dire ou écrire les sages et les mystiques n'a jamais
dépassé et n'a aucun espoir de jamais dépasser les limites strictement assignées
à l'esprit fini de l'homme. À quelque hauteur que s'élève l'esprit des hommes
les plus sublimes, et si grandes que soient les profondeurs où peuvent pénétrer
les coeurs détachés et perspicaces, ils ne pourront jamais aller au-delà des conceptions
qu'ils créent et des pensées qu'ils produisent. Les méditations des penseurs les
plus grands, les dévotions du plus saint d'entre les saints, les plus hautes expressions
de louange que la plume ou la parole peuvent énoncer ne sont jamais qu'un reflet
de ce qui est créé en eux par la révélation du Seigneur, leur Dieu. Qui médite
cette vérité admettra sans peine qu'il est certaines limites que ne pourra jamais
franchir l'être humain. Depuis le commencement qui n'a pas de commencement, toute
tentative d' imaginer et de connaître Dieu s'est heurtée aux limites dues aux
exigences de sa création, création qu'il a appelée à l'être par une opération
de sa volonté et qui n'a d'autre fin que son propre Soi. Il est incommensurablement
exalté au-dessus de tous les efforts de l'esprit humain pour comprendre son essence,
ou de toute langue pour décrire son mystère. Aucune relation directe ne peut jamais
le lier aux choses qu'il a créées, pas plus que ses créatures ne peuvent, par
les allusions les plus abstruses et les plus infimes, rendre justice à sa personne.
Par sa volonté omni-pénétrante, il a appelé à l'existence toutes les choses créées.
Il est depuis toujours voilé dans l'éternité de son Essence sublime et indivisible,
et il restera caché à jamais dans sa gloire et sa majesté inaccessibles. Tout
ce qui est dans le ciel et tout ce qui est sur la terre n'existe que par son ordre
et n'est passé du pur néant au royaume de l'être que par sa seule volonté. Comment
donc la créature ainsi formée par le Verbe de Dieu pourrait-elle comprendre la
nature de celui qui est l'Ancien des jours ?
149. A un inconnu
Quiconque se lève en ce jour, entièrement détaché de tout ce qui est dans les
cieux et sur la terre, et met ses affections en celui qui est l'Aurore de la sainte
révélation de Dieu, aura le pouvoir de soumettre toutes choses créées par la vertu
d'un des noms du Seigneur son Dieu, l'Omniscient, le Très-Sage. Sache, à n'en
point douter, que le Soleil de vérité répand, en ce jour, sur le monde un éclat
dont les âges passés n'ont jamais contemplé la splendeur. Ô peuple, laissez briller
sur vous la lumière de sa gloire, et ne soyez pas du nombre des négligents.
150. Isma'il-i-Sabbagh
Quand vient la victoire, tout homme s'affirme croyant et se hâte vers le refuge
de la foi de Dieu. Heureux ceux qui restent fermes dans la cause et refusent de
dévier tant soit peu de sa vérité dans les jours d'épreuves mondiales.
151. A un inconnu
Ô rossignols de Dieu, dégagez-vous des épines et des ronces de la misère et du
malheur, prenez votre essor vers le jardin de roses d'inaltérable splendeur. Ô
mes amis qui habitez la poussière, hâtez-vous vers votre habitation céleste. Annoncez-vous
la joyeuse nouvelle: "Il est venu celui qui est le Bien-Aimé ! Il s'est couronné
de la gloire de la révélation de Dieu et il a ouvert devant les hommes les portes
de son antique Paradis." Que les yeux se réjouissent et l'oreille jubile car le
temps est venu de contempler sa beauté et d'écouter sa voix. Proclamez à tous
les amants impatients: "Voyez, votre Bien-Aimé est venu parmi les hommes !", et
aux messagers du Monarque d'amour, apprenez la nouvelle: "Voici que l'Adoré est
apparu dans la plénitude de sa gloire !" Ô amants de sa beauté, que l'angoisse
de la séparation fasse place à la joie de l'éternelle réunion, et que la douceur
de sa présence dissipe l'amertume de l'éloignement de sa cour !
Voyez, des nuages de la gloire divine se déversent aujourd'hui sur le monde entier
les multiples grâces de Dieu. Tandis qu'aux jours passés, l'amant implorait et
cherchait son Bien-Aimé, en ce jour, c'est le Bien-Aimé lui-même qui appelle ses
amants et les invite en sa présence. Veillez à ne point perdre une faveur si précieuse,
gardez-vous de sous-estimer pareil gage de sa grâce. N'abandonnez pas les biens
incorruptibles pour vous satisfaire de ce qui périt. Levez le voile qui obscurcit
votre vision, dissipez l'obscurité qui l'enveloppe afin de contempler la beauté
dénudée du visage du Bien-Aimé, de voir ce qu'aucun oeil n'a vu et d'entendre
ce qu'aucune oreille n'a entendu.
Oiseaux mortels, entendez-moi ! Dans la roseraie de splendeur inaltérable, une
Fleur est sur le point d'éclore auprès de laquelle toute autre fleur n'est qu'une
épine et dont l'éclat glorieux fait pâlir et se flétrir l'essence même de la beauté.
Levez-vous et, de tout l'enthousiasme de votre coeur, de toute l'ardeur de votre
âme, de toute la ferveur de votre volonté et des efforts intenses de tout votre
être, efforcez-vous d'atteindre le paradis de sa présence, de respirer le parfum
de la Fleur incorruptible et les douces saveurs de sainteté, et d'obtenir une
part de cette fragrance de gloire céleste. Celui qui suit ce conseil brisera ses
chaînes, goûtera aux abandons de l'amour passionné, comblera le désir de son coeur
et remettra son âme entre les mains de son Aimé. Jaillissant de sa cage, tel l'oiseau
de l'esprit, il prendra son essor vers son nid éternel et sacré.
La nuit succède au jour et le jour à la nuit, les heures et les moments de votre
vie sont venus et sont passés, et pourtant aucun de vous n'a jamais encore consenti,
ne fût-ce qu'un instant, à se détacher de ce qui périt. Faites diligence afin
que les courts instants qui vous appartiennent encore ne soient pas dissipés et
perdus. Tel l'éclair, vos jours passeront et vos corps reposeront sous une couche
de poussière. Que pourrez-vous accomplir alors ? Comment pourrez-vous expier vos
fautes passées ?
Le Flambeau inextinguible brille dans la nudité de sa gloire. Voyez, il consume
tous les voiles mortels. Ô vous, papillons amoureux de sa lumière, bravez tout
danger et livrez vos âmes à sa flamme dévorante. Ô vous qui avez soif de lui,
libérez-vous de toute affection terrestre et hâtez-vous d'enlacer votre Bien-Aimé.
D'une ardeur sans égale, empressez-vous de le rejoindre. La Fleur jusqu'ici cachée
à la vue des hommes est dévoilée devant vos yeux. Elle se tient devant vous dans
le plein éclat de sa gloire. Sa voix convoque pour s'unir à lui tous les êtres
saints. Heureux qui répond à cet appel. Heureux qui parvient jusqu'à lui et contemple
la lumière d'un visage si merveilleux.
152. Lawh-i-Ahmad, en persan (Ahmad
Kashani)
Ton oeil est un dépôt qui m'appartient ; ne souffre pas que la poussière des vains
désirs en ternisse l'éclat. Ton oreille est un signe de ma munificence ; ne permets
pas que le tumulte des impulsions inconvenantes l'empêche d'entendre ma parole
qui pénètre toute la création. Ton coeur est mon trésor, ne laisse pas la main
traîtresse de l'ego dérober les perles que j'y ai amassées. Ta main est le symbole
de ma tendre bonté, ne l'empêche pas de tenir fermement mes tablettes saintes
et celées. [...] Sans que tu m'en aies prié, j'ai répandu sur toi ma grâce. Sans
que tu aies rien demandé, j'ai réalisé ton désir. Encore que tu en sois indigne,
j'ai choisi de t'offrir un nombre infini de mes faveurs les plus précieuses. [...]
Ô mes serviteurs, soyez aussi résignés et soumis que la terre, afin que du sol
de votre être fleurissent les jacinthes de ma connaissance, diaprées, saintes
et parfumées. Embrasez-vous tel le feu afin de consumer les voiles de l'insouciance
et d'enflammer par l'énergie vivifiante de l'amour de Dieu les coeurs glacés et
obstinés. Soyez libérés et légers telle la brise afin d'accéder aux abords de
ma cour et de mon inviolable sanctuaire.
153. Lawh-i-Ahmad, en persan (Ahmad
Kashani)
Ô fidèle ami victime de l'exil ! étanche la soif de l'insouciance par les saintes
eaux de ma grâce et dissipe les ténèbres de mon éloignement par la lumière matinale
de ma présence divine. Ne souffre pas que le lieu où demeure l'éternel amour que
je te porte soit détruit par la tyrannie des désirs cupides, et ne voile pas la
beauté de l'Adolescent céleste par la poussière des passions et de l'ego. Revêts-toi
de l'essence de la droiture et que ton coeur ne craigne que Dieu seul. Ne dissimule
pas la source lumineuse de ton âme sous les épines et les ronces des imaginations
vaines et immodérées, et ne perturbe pas le cours de l'eau vive de la fontaine
de ton coeur. Mets en Dieu toutes tes espérances et attache-toi fermement à son
infaillible miséricorde. Qui d'autre peut enrichir le destitué et relever le déchu
de son abaissement ?
Ô mes serviteurs, si vous pouviez découvrir les océans cachés, les océans sans
rivage de mon incorruptible richesse, vous tiendriez certainement pour rien le
monde et la création tout entière. Puisse la flamme de la recherche brûler en
vos coeurs d'une ardeur telle qu'elle vous permette d'atteindre votre but suprême
et glorieux, cet état glorieux où vous approcherez votre Bien-Aimé et lui serez
unis. [...]
Ô mes serviteurs, ne laissez pas vos espoirs vains et vos imaginations futiles
saper les fondements de votre croyance en Dieu, le Très-Glorieux, car de telles
chimères ne sont d'aucun profit pour les hommes et les empêchent de diriger leurs
pas sur le droit chemin. Ô mes serviteurs, pensez-vous que la main de ma souveraineté
universelle, tutélaire et transcendante soit enchaînée ? que le flot de mon antique
miséricorde, éternelle et pénétrante soit tari ? que les nuages de mes bienfaits
sublimes et incomparables cessent de déverser leurs présents sur les hommes ?
Pouvez-vous imaginer que les oeuvres merveilleuses qui proclament mon pouvoir
divin et irrésistible soient abolies ou que la puissance de ma volonté soit dissuadée
de présider aux destins de l'humanité ? S'il n'en est pas ainsi, pourquoi vous
efforcez-vous d'empêcher l'immortelle beauté de mon saint visage d'être dévoilée
aux yeux des hommes ? Pourquoi luttez-vous pour empêcher la Manifestation de cet
Être tout-puissant et glorieux de répandre sur la terre l'éclat de sa révélation
? Si vous étiez équitables en votre jugement, vous reconnaîtriez sans peine la
joie qui enivre la réalité essentielle de toutes choses créées devant cette révélation
nouvelle et merveilleuse, et la lumière que reçoivent de l'éclat de sa gloire
tous les atomes de la terre. Vaines et misérables sont vos imaginations !
Ô mes serviteurs, revenez sur vos pas et que vos coeurs s'inclinent devant la
Source de votre création. Libérez-vous de vos affections mauvaises et corrompues,
hâtez-vous d'étreindre la lumière du feu immortel qui brille au Sinaï de cette
révélation mystérieuse et transcendante. N'altérez pas le Verbe premier de Dieu,
Verbe saint et universel, et ne cherchez pas à le profaner ni à en rabaisser le
caractère sublime. Étourdis ! les merveilles de ma clémence embrassent toutes
choses créées, tant visibles qu'invisibles, et les révélations de ma grâce pénètrent
chaque atome de l'univers, pourtant, redoutable est la verge avec laquelle je
châtie les méchants et terrible le déchaînement de ma colère. D'une oreille purifiée
de toute gloriole et de tous désirs terrestres, écoutez les avis que je vous donne
dans ma bonté miséricordieuse et, de votre oeil spirituel et de votre oeil physique,
contemplez les preuves de ma révélation merveilleuse. [...]
Ô mes serviteurs, ne vous privez pas de l'éternelle et resplendissante lumière
qui brille dans la lampe de la gloire divine. Que la flamme éclatante de l'amour
divin éclaire votre coeur radieux. Nourrissez-la de l'huile de la providence divine
et que votre fidélité la protège. Sous le globe de la confiance et du détachement,
gardez-la de tout ce qui n'est pas Dieu, de peur que les murmures néfastes de
l'impie n'en éteignent la lumière. Ô mes serviteurs ! ma sainte révélation, ma
révélation d'ordre divin peut être comparée à un océan dont les profondeurs recèlent
d'innombrables perles d'un grand prix et d'un incomparable Orient. C'est le devoir
de tout chercheur de s'empresser d'atteindre les rivages de cet océan, afin qu'à
proportion de l'ardeur de sa recherche et des efforts qu'il déploie il participe
aux bienfaits pré-ordonnés dans les tablettes de Dieu, celées et irrévocables.
S'il ne s'en trouve aucun qui veuille diriger ses pas vers ces rivages, si personne
ne fait l'effort de se lever pour le trouver, peut-on dire que ces manquements
privent l'océan de sa puissance ou diminuent tant soit peu les trésors qu'il recèle
? Vaines et méprisables sont les imaginations que votre coeur a forgées et forgent
encore ! Ô mes serviteurs, le seul vrai Dieu m'en est témoin ! cet immense, cet
insondable océan est là qui déferle tout près, étonnamment près de vous. Voyez,
il est plus près de vous que la veine de votre coeur ! En un clin d'oeil, si vous
le voulez, vous pouvez l'atteindre et prendre votre part de cette impérissable
faveur, de cette grâce donnée par Dieu, de ce don incorruptible, de ce puissant
bienfait d'une gloire ineffable.
Ô mes serviteurs ! si vous pouviez concevoir les merveilles de munificence et
de générosité dont j'ai voulu faire de vos âmes les dépositaires, en vérité, vous
rompriez tout attachement aux choses créées et vous parviendriez ainsi à une connaissance
de vous-même qui équivaut à la compréhension de mon propre Être. Vous vous trouveriez
indépendants de tout ce qui n'est pas moi ; de votre oeil spirituel et de votre
oeil physique, vous verriez s'agiter au-dedans de vous les océans de ma tendre
bonté et de ma générosité, aussi manifestes que la révélation de mon nom resplendissant.
Ne souffrez pas que vos vains caprices, vos passions mauvaises, votre hypocrisie
et l'aveuglement de votre coeur ternissent l'éclat ou souillent la sainteté d'un
si sublime état. Vous êtes dans la situation de l'oiseau qui, de ses ailes puissantes,
plane dans l'immensité des cieux, avec joie et entière confiance, jusqu'au moment
où, sollicité par la faim, il fonce avidement sur l'eau et la boue de la terre,
et là, pris dans les rets de ses désirs, se trouve incapable de reprendre son
vol vers les royaumes d'où il vient. Impuissant à secouer le fardeau qui pèse
sur ses ailes souillées, cet oiseau, jusque-là hôte du paradis, doit maintenant
chercher une demeure dans la poussière. Ô mes serviteurs, ne polluez donc pas
vos ailes de la boue de l'entêtement et des vains désirs, et ne souffrez pas que
la poussière de l'envie et de la haine en ternisse le lustre, afin de pouvoir
vous envoler dans les cieux de mon divin savoir.
Ô mes serviteurs, par le pouvoir de Dieu, j'ai retiré du trésor de sa sagesse
et de sa science, pour vous les révéler, les perles que recelaient les profondeurs
de son éternel océan. J'ai appelé les célestes houris à sortir de derrière le
voile qui les cachait et je les ai vêtues de ces paroles qui sont les miennes,
paroles de pouvoir et de sagesse suprêmes. J'ai également, de la main du divin
pouvoir, descellé le vin choisi de ma révélation et j'en ai répandu sur toutes
choses créées le parfum sacré, caché et musqué. Qui d'autre que vous sera à blâmer
si vous vous privez délibérément de telles effusions de la grâce universelle et
transcendante de Dieu et de la révélation si éclatante de sa miséricorde resplendissante.
[...]
Ô mes serviteurs ! rien d'autre ne brille en mon coeur que l'immortelle lumière
de l'aurore de la Providence divine, et de ma bouche ne sort que l'essence de
la vérité révélée par le Seigneur, votre Dieu. Ne suivez donc pas vos désirs terrestres,
ne violez pas l'alliance de Dieu, ne rompez pas votre engagement envers lui. Résolument,
de tout votre coeur et de toute la force de vos paroles, tournez-vous vers lui
et ne marchez pas dans les voies de l'insensé. Le monde n'est qu'une parade, futile
et vide, un pur néant, une semblance de réalité. Ne mettez pas en lui vos affections.
Ne brisez pas le lien qui vous unit à votre Créateur, ne soyez pas de ceux qui
se sont écartés de ses sentiers pour errer loin de lui. En vérité, je vous le
dis, le monde est semblable à ces mirages du désert que le voyageur altéré prend
pour de l'eau et qu'il s'efforce d'atteindre jusqu'à s'apercevoir que c'est une
pure illusion au moment où il y parvient. Le monde peut être encore comparé au
portrait de la bien-aimée que l'amant trouve enfin après une longue quête et qui
se révèle, à sa grande déception, incapable de "satisfaire ou d'apaiser sa faim".
Ô mes serviteurs, ne vous attristez pas si, en ces jours et sur ce plan terrestre,
Dieu ordonne et manifeste des choses qui sont contraires à vos désirs, car des
jours de joie bénie et de délices célestes vous sont assurément réservés. Des
mondes sacrés, resplendissants de spiritualité, vous seront dévoilés. Dieu vous
appelle à participer, maintenant et plus tard, à leurs bienfaits, à en partager
les joies, à avoir votre part de leur grâce vivifiante. Vous atteindrez chacun
d'eux sans aucun doute.
154. Lawh-i-Salman (Acre) Shaykh
Salman Hindijani
Ô Salman, avertis les bien-aimés du seul vrai Dieu de ne pas voir d'un oeil trop
critique les dires et les écrits des hommes. Qu'ils les abordent plutôt dans un
esprit d'ouverture et de cordiale sympathie. Toutefois, ceux qui ont été amenés
à attaquer les enseignements de la cause de Dieu dans leurs écrits incendiaires
doivent être traités différemment. Il incombe à chacun de réfuter, selon sa capacité,
les arguments de ceux qui attaquent la foi de Dieu. Ainsi en décrète celui qui
est le Tout-Puissant, l'Omnipotent. Qui désire servir la cause du seul vrai Dieu
doit la soutenir de sa plume et de sa parole, sans recourir à l'épée ni à aucune
autre forme de violence. Nous avons déjà révélé cette injonction et nous la confirmons
aujourd'hui, si vous êtes de ceux qui comprennent. Par la justice de celui qui
crie en ce jour au coeur de toutes choses créées: "Dieu, il n'est pas d'autre
Dieu que moi !" tout homme qui se lève pour défendre par ses écrits la cause de
Dieu contre ses assaillants, recevra dans le monde à venir un si grand honneur
que sa gloire sera enviée par l'Assemblée céleste, si petite soit sa participation.
Il n'est pas de plume pour dépeindre l'élévation de son rang, pas de langue pour
décrire sa splendeur. Car qui reste inébranlable dans cette sainte et sublime
révélation recevra un tel pouvoir qu'il pourra résister à toutes les forces du
ciel et de la terre. Dieu lui-même en témoigne.
Ô bien-aimés de Dieu ! ne demeurez pas sur votre couche ; au contraire, dès que
vous reconnaissez votre Seigneur, le Créateur, et que vous entendez parler de
ce qui lui est advenu, levez-vous et empressez-vous de lui venir en aide. Déliez
vos langues pour proclamer sans cesse sa cause. Cela vaudra mieux pour vous que
tous les trésors tant passés que futurs, si vous êtes de ceux qui comprennent
cette vérité.
155. Kitab-i-Aqdas
Le premier devoir que Dieu prescrit à ses serviteurs est de reconnaître celui
qui est l'Aurore de sa révélation, la Fontaine de ses lois, et qui représente
la Divinité à la fois dans le royaume de sa cause et dans le monde de la création.
Quiconque accomplit ce devoir atteint au bien souverain et quiconque s'en prive
s'égare, même s'il accomplit toutes les bonnes actions possibles. Il convient
à tous ceux qui atteignent ce rang sublime, cette cime de gloire transcendante,
d'observer chaque ordonnance de celui qui est le Désir du monde. Ces devoirs jumeaux
sont inséparables. L'un est inacceptable sans l'autre. Ainsi en a décidé celui
qui est la Source de l'inspiration divine.
Ceux que Dieu a dotés de discernement reconnaîtront volontiers que les préceptes
qu'il a établis constituent les moyens suprêmes pour maintenir l'ordre dans le
monde et assurer la sécurité des peuples. Celui qui s'en détourne est compté parmi
les êtres misérables, les insensés. En vérité, nous vous avons commandé de ne
pas céder aux impulsions de vos passions mauvaises, de vos désirs corrompus, et
de ne pas dépasser les limites fixées par la Plume du Très-Haut, car elles sont
le souffle de vie pour toutes choses créées. Les océans de la sagesse et de la
parole divines s'agitent sous le souffle de la brise du Très-Miséricordieux. Hâtez-vous
d'étancher votre soif, ô hommes d'entendement. Ceux qui ont rompu l'alliance de
Dieu en violant ses commandements et qui ont tourné les talons, se sont gravement
trompés aux yeux de Dieu, le Possesseur de toutes choses, le Sublime.
Ô peuple du monde, sachez avec certitude que mes commandements sont les lampes
de mon affectueuse providence parmi mes serviteurs, les clés de ma miséricorde
pour mes créatures. Ainsi vous sont-ils envoyé du ciel de la volonté de votre
Seigneur, le Seigneur de la révélation. Si un homme goûtait à la douceur des paroles
que les lèvres du Très-Miséricordieux décident de prononcer, il renoncerait à
tous les trésors de la terre, s'il les possédait, pour pouvoir défendre la vérité
d'un seul de ces commandements qui brillent à l'Orient de sa généreuse sollicitude
et de sa tendre bonté.
Dis: De mes lois, s'élève le doux parfum de mon vêtement et, grâce à elles, les
étendards de la victoire seront plantés sur les cimes les plus élevées. Du ciel
de ma gloire omni-potente, la Langue de mon pouvoir adresse ces paroles à ma création:
"Observez mes commandements pour l'amour de ma beauté". Heureux l'adorateur qui
respire le divin parfum de son Bien-Aimé dans ces paroles imprégnées de l'arôme
d'une grâce qu'aucune langue ne peut décrire. Par ma vie ! celui qui boit le vin
choisi de l'équité, offert des mains de ma généreuse faveur, gravitera autour
de mes commandements brillant à l'aurore de ma création.
Ne croyez pas que nous vous avons révélé un simple code de lois. Nous avons plutôt
décacheté, avec les doigts du pouvoir, le vin de choix. De ceci porte témoignage
ce que dévoile la plume de la révélation. Méditez cela, ô hommes perspicaces.
[...]
Toutes les fois que mes lois apparaissent, tel le soleil, au ciel de ma parole,
elles doivent être fidèlement obéies de tous, alors même que se fendrait le ciel
de toutes les religions devant un tel décret. Il fait ce qu'il lui plaît. Il choisit,
et nul ne peut discuter son choix. En vérité est aimé tout ce que lui, le Bien-Aimé,
ordonne. Le Seigneur de toute la création en témoigne. Quiconque respire le parfum
suave du Très-Miséricordieux et reconnaît la source de cette parole, sera heureux
d'accueillir les flèches de l'ennemi afin d'établir la vérité des lois de Dieu
parmi les hommes. Heureux qui se tourne vers elles et comprend la signification
de son décret fondamental.
156. A un inconnu
De l'Orient de gloire, celui qui est la Vérité éternelle dirige son regard vers
le peuple de Baha et lui adresse ces paroles: "Appliquez-vous à développer parmi
les enfants des hommes le bien-être et la tranquillité. Que votre esprit et votre
volonté se consacrent à l'éducation des peuples et phratries de la terre, afin
que, par le pouvoir du Plus-Grand-Nom, disparaissent de sa surface toutes les
dissensions qui la divisent, et que les hommes soient les défenseurs d'un même
ordre et les habitants d'une même cité. Illuminez et sanctifiez votre coeur. Ne
permettez pas qu'il soit souillé par les épines de la haine et les ronces de la
méchanceté. Vous êtes les habitants d'un seul monde et vous avez été créés par
une seule volonté. Béni celui qui fréquente tous les hommes dans un esprit de
bonté et d'amour parfaits.
157. A un inconnu
L'esprit de fidélité fortifiera de son pouvoir ceux qui, pour enseigner notre
cause, abandonnent leur pays. Selon l'ordre donné par le Tout-Puissant, le Très-Sage,
une milice de nos anges élus les escortera. Grande est la bénédiction réservée
à celui qui a l'honneur de servir le Tout-Puissant ! Par ma vie, à l'exception
des actions ordonnées par Dieu, le Tout-Puissant, il n'est pas d'oeuvre, si grande
soit-elle, qui lui soit comparable. Un tel service est le prince de tous les actes
vertueux et la parure de toute bonne action. Ainsi l'ordonne le Révélateur souverain,
l'Ancien des jours.
Quiconque se lève pour enseigner notre cause doit se détacher des choses terrestres
et faire du triomphe de notre foi son objectif premier. Ainsi en est-il décrété
dans la Tablette préservée. Et lorsque, pour l'amour de la cause de son Seigneur,
il se résout à quitter sa maison, qu'il mette toute sa confiance en Dieu, meilleur
viatique pour son voyage, et qu'il revête le manteau de la vertu. Ainsi Dieu,
le Tout-Puissant, le Loué, en a-t-il décrété.
S'il est embrasé de son amour et s'il renonce à toutes choses créées, les paroles
qu'il prononcera enflammeront son auditoire. En vérité, ton Seigneur est l' 0mni-scient,
l'Informé. Heureux l'homme qui entend notre voix et répond à notre appel. Il est,
en vérité, de ceux qui nous sont proches.
158. Lawh-i-Malik-i-Paris (2ème
tablette à Napoléon III).
Dieu prescrit à chacun d'enseigner sa cause. Qui se lève pour accomplir ce devoir
doit, avant de proclamer son message, s'orner d'un caractère empreint de droiture
et digne de louange pour que ses paroles captivent le coeur de ceux qui entendent
son appel. Sans cela, il n'a aucune chance de toucher ses auditeurs.
159. Kitab-i-Aqdas
Considérez l'étroitesse d'esprit des hommes. Ils demandent ce qui leur est nuisible
et rejettent ce qui leur est profitable. Ils sont vraiment de ceux qui s'égarent.
Nous en trouvons quelques-uns qui désirent la liberté et s'en font gloire. De
tels hommes sont plongés dans les abîmes de l'ignorance.
À la fin, la liberté doit conduire à la sédition dont nul ne peut étouffer les
flammes. Ainsi vous prévient le Juge, l'Omniscient. Sachez que l'animal est l'incarnation
et le symbole de la liberté. Ce qui convient à l'homme, c'est de se soumettre
à ces contraintes qui le protégeront de sa propre ignorance et le garderont du
mal causé par les semeurs de discorde. La liberté pousse l'homme à dépasser les
limites de la bienséance et à porter atteinte à la dignité de sa condition. Elle
l'abaisse au dernier degré de la dépravation et de la méchanceté.
Considérez les hommes comme un troupeau de brebis qui a besoin d'un berger pour
le protéger. Voilà vraiment la vérité, l'indubitable vérité. Nous approuvons la
liberté dans certaines circonstances ; dans d'autres, nous refusons de l'approuver.
Nous sommes, en vérité, l'Omniscient.
Dis: Si peu que vous le sachiez, la vraie liberté pour l'homme consiste à se soumettre
à mes commandements. Si les hommes observaient ce que nous leur avons envoyé du
ciel de la révélation, ils atteindraient certainement à la liberté parfaite. Heureux
est l'homme qui a compris le dessein de Dieu dans tout ce qu'il a révélé du ciel
de sa volonté, laquelle imprègne toutes choses créées. Dis: La liberté qui vous
est profitable ne se trouve nulle part, si ce n'est dans la servitude complète
envers Dieu, l'éternelle Vérité. Quiconque a goûté à sa douceur refusera de l'échanger
pour tout l'empire de la terre et du ciel.
160. Lawh-i-Shaykh-i-Fani (Acre)
En ce jour, le vrai croyant en l'unité de Dieu le regarde comme immensément exalté
au-dessus de toutes les comparaisons et les images qu'en ont pu faire les hommes.
Il erre gravement celui qui confond ces images, ces comparaisons, avec Dieu lui-même.
Considérez la relation qui existe entre l'artisan et son ouvrage, entre le peintre
et sa peinture. Pourrait-on soutenir que l'oeuvre de leurs mains se confond avec
eux-mêmes ? Par celui qui est le Seigneur du trône exalté et de la terre ! on
ne saurait voir dans cette oeuvre qu'une illustration de l'excellence et de la
perfection de son auteur.
Ô Shaykh, toi qui as fait à Dieu l'abandon de ta volonté ! il faut entendre par
abandon et union perpétuelle à Dieu, que les hommes doivent fondre complètement
leur volonté dans la volonté de Dieu et considérer leurs propres désirs comme
pur néant devant son dessein. Quoi que commande le Créateur à ses créatures, elles
doivent se lever pour l'accomplir diligemment, avec la plus vive ardeur et la
plus parfaite allégresse. Elles ne doivent en aucune façon permettre à leur imagination
d'obscurcir leur jugement ni prendre leurs propres chimères pour la voix de l'Éternel.
Dans la prière du jeûne, nous avons révélé: "Si, par un décret de ta volonté,
tes lèvres leur adressaient ces paroles: "Observez le jeûne par amour pour ma
beauté, ô peuple, et ne fixez aucune limite à sa durée", je jure par la majesté
de ta gloire que chacun d'eux l'observerait fidèlement, qu'il s'abstiendrait de
tout ce qui viole ta loi et continuerait à le faire jusqu'à ce qu'il te rende
son âme." Voilà en quoi consiste le total abandon de sa volonté à la volonté de
Dieu. Médite ceci, afin de boire les eaux de vie éternelle qui s'écoulent des
paroles du Seigneur de toute l'humanité, et d'attester que le seul vrai Dieu a
toujours été immensément exalté au-dessus de ses créatures. Il est en vérité,
l'Incomparable, l'Éternel, l'Omniscient, le Très-Sage. L'état d'absolue soumission
transcende pour toujours tout autre rang.
Il est de ton devoir de consacrer ta vie à obéir à la volonté divine. Absolument
tout ce qui est révélé dans sa tablette est le reflet de sa volonté. Ton dévouement
doit être si complet que toute trace de désir terrestre en est bannie de ton coeur.
Voilà ce que la véritable unité signifie.
Implore l'aide de Dieu afin de rester inébranlable en ce chemin et de guider les
peuples du monde vers le Maître souverain et manifeste qui s'est révélé dans un
habit différent et proclame un message divin particulier. C'est là l'essence de
la foi et de la certitude. Ceux qui adorent l'idole sculptée par leurs imaginations
et l'appellent réalité intérieure, méritent d'être comptés parmi les idolâtres.
De cela le Très-Miséricordieux témoigne en ses tablettes. Il est en vérité l'Omniscient,
le Très-Sage.
161. Lawh-i-Tafsir-i-Bayt-i-Sa'di
(Shaykh Salman)
Ceins tes reins et prépare-toi à l'effort afin d'amener ton prochain à la loi
de Dieu, le Très-Miséricordieux. En vérité, un tel acte surpasse tous les autres
aux yeux de Dieu, l'Omnipossédant, le Très-Haut. Ta fermeté dans sa cause doit
être telle qu'aucune chose terrestre ne puisse te détourner de ton devoir. Tu
dois rester inébranlable, alors même que tous les pouvoirs de la terre se ligueraient
contre toi et que tous les hommes te combattraient.
Sois aussi libre que le vent lorsque tu transmets le message de celui qui fait
se lever le jour de la Providence divine. Vois comme le vent, fidèle aux ordres
qu'il reçoit de Dieu, souffle sur toutes les régions de la terre, même inhabitées
ou dévastées. Ni la vue de la désolation, ni les marques de la prospérité ne sauraient
le peiner ou le réjouir. Il souffle dans toutes les directions, selon l'ordre
de son Créateur. Ainsi doit se comporter quiconque prétend aimer le seul vrai
Dieu. Il lui faut fixer son regard sur les fondements de sa foi et travailler
assidûment à sa propagation. Que tout à l'amour de Dieu, il proclame son message
et accepte dans le même esprit l'écho qu'ont ses paroles auprès de son interlocuteur.
Qui accepte et croit reçoit sa récompense ; et qui se détourne ne reçoit rien
d'autre que son propre châtiment.
À la veille de notre départ d'Irak, nous avons averti nos fidèles qu'ils devaient
s'attendre à voir apparaître les oiseaux de ténèbres. Nul doute, en effet, que
ne s'élève dans certains pays le croassement du corbeau comme on l'a entendu ces
temps derniers. Quoi qu'il arrive, cherchez refuge dans le seul vrai Dieu, afin
qu'il vous protège des ruses de l'imposteur.
En vérité, je vous le dis, toutes les révélations du passé ont atteint leur ultime
et suprême consommation dans cette très puissante révélation. Ainsi vous en avise
votre Seigneur, l'Omniscient, le Très-Sage. Louange à Dieu, le Seigneur de tous
les mondes.
162. Zaynu'l-Muqarrabin
Le Très-Miséricordieux a conféré à l'homme la faculté de voir et l'a doué du pouvoir
d'entendre. D'aucuns l'ont appelé le "microcosme", alors qu'il doit être considéré
comme le "macrocosme". Les potentialités inhérentes à la condition de l'homme,
la pleine mesure de sa destinée sur la terre, l'excellence innée de sa réalité
essentielle doivent toutes être manifestées en ce jour promis de Dieu.
De tous temps et en toutes circonstances, la Plume du Très-Haut s'est souvenu
avec joie et tendresse de ses bien-aimés et les a engagés à marcher dans sa voie.
Heureux celui que les vicissitudes de ce monde n'ont pu détourner de reconnaître
l'Orient de l'unité de Dieu, et qui résolument, au nom de l'Absolu, a bu le vin
cacheté de sa révélation. Dans le livre de Dieu, Seigneur de tous les mondes,
un tel homme sera compté parmi les hôtes du paradis.
163. A un inconnu
Loué soit Dieu qui a orné le monde d'une parure et l'a revêtu d'un habit d'apparat
dont aucune puissance terrestre ne pourrait le dépouiller si forts que soient
ses bataillons, si grande sa richesse et si profonde son influence. Dis: L'essence
de tout pouvoir appartient à Dieu, but suprême de toute la création. La source
de toute majesté appartient à Dieu, objet de l'adoration de tout ce qui est sur
la terre et dans les cieux. Les forces qui ont leur origine dans ce monde de poussière
sont, en raison même de leur nature, indignes de toute considération.
Dis: Les fontaines qui soutiennent la vie de ces oiseaux ne sont pas de ce monde.
Leur source est hors de portée de la compréhension humaine. Se trouve-il quelqu'un
qui puisse éteindre la lumière allumée par la main nivéenne de Dieu ? Où est celui
qui étouffera le feu allumé par la puissance de ton Seigneur, le Tout-Puissant,
l'Irrésistible, l'Omnipotent ? C'est la main du pouvoir divin qui a éteint les
flammes de la dissension. Il a le pouvoir de faire ce qu'il veut. Il dit: Que
cela soit, et cela est. Dis: Les tempêtes furieuses, les tourbillons du monde
et ses habitants ne pourront jamais faire chanceler les fondations sur lesquelles
repose l'inébranlable stabilité de mes élus. Miséricorde ! par quoi ces gens furent-ils
incités à réduire en esclavage et à emprisonner les bien-aimés de celui qui est
la Vérité éternelle ? [...] Le jour approche cependant où les fidèles verront
la pleine splendeur du Soleil de justice briller à l'Orient de gloire. Ainsi t'instruit,
en sa prison cruelle, le Seigneur de tous les êtres.
164. A un inconnu
Membres du genre humain ! tenez-vous fermement à la corde que nul ne saurait rompre.
Tous les jours de votre vie, vous en tirerez profit car sa force vient de Dieu,
le Seigneur de tous les mondes. Attachez-vous à la justice et à l'équité, et détournez-vous
des murmures des insensés, ceux qui sont loin de Dieu, qui se parent des ornements
du savoir et condamnent à mort celui qui est la Fontaine de sagesse. Mon nom les
a placés à des niveaux élevés, et pourtant je ne m'étais pas plutôt manifesté
à leurs yeux, qu'au mépris de toute justice, ils prononçaient contre moi la sentence
de mort. Ainsi notre plume révèle la vérité, et cependant les gens restent plongés
dans l'insouciance.
Quiconque s'attache à la justice ne peut, en aucun cas, dépasser les bornes de
la modération. Guidé par le Clairvoyant, il discerne la vérité en toutes choses.
La civilisation, si souvent célébrée par les représentants érudits des arts et
des sciences, causera de grands maux à l'humanité, si on lui laisse franchir les
limites de la modération. Ainsi vous prévient celui qui est l'Omniscient. La civilisation,
portée à l'excès, se révèle une source aussi prolifique de mal qu'elle l'est de
bien lorsqu'elle reste modérée. Méditez ceci, ô peuples, et ne soyez pas du nombre
de ceux qui errent dans le désert de l'erreur. Le jour approche où elle dévorera
de ses flammes toutes les cités du monde, alors que la Langue de grandeur proclamera:
"Le royaume est à Dieu, le Tout-Puissant, le Loué !"
Toute chose est soumise à ce même principe de modération. Remercie ton Seigneur
qui se souvient de toi dans cette tablette merveilleuse. Loué soit Dieu, le Seigneur
du trône glorieux !
Tout homme qui examine en son coeur ce que révèle la Plume du Très-Haut et qui
en ressent la douceur, se trouvera assurément vidé, délivré de ses propres désirs,
et entièrement asservi à la volonté du Tout-Puissant. Heureux l'homme qui parvient
à cette condition élevée et ne se prive pas d'une faveur si précieuse !
En ce jour, nous ne pouvons ni approuver la conduite du timoré qui cherche à dissimuler
sa foi, ni sanctionner celle du croyant déclaré qui proclame bruyamment son allégeance
à cette cause. Tous deux devraient obéir à la voix de la sagesse et s'évertuer
diligemment à servir aux mieux les intérêts de la Foi.
Que chaque homme observe la conduite de cet Opprimé et médite. Depuis l'aube de
cette révélation jusqu'à maintenant, nous avons refusé de nous cacher de nos ennemis
ou de nous retirer de la société de nos amis. Bien qu'accablé d'une myriade d'afflictions
et de chagrins, nous avons appelé en toute confiance les peuples de la terre à
se tourner vers l'Orient de gloire. À ce sujet, la Plume du Très-Haut répugne
à faire le récit des malheurs qu'elle a endurés. Les révéler plongerait certainement
dans la douleur les meilleurs de nos fidèles, ceux qui sont les soutiens véritables
de l'unité de Dieu et sont entièrement dévoués à sa cause. Certes, il dit la vérité,
il est celui qui entend tout, l'Omniscient. Nous avons passé la plus grande partie
de notre existence au milieu de nos ennemis, et voyez comment nous vivons aujourd'hui
dans un nid de serpents.
Cette Terre sainte est mentionnée et louée dans toutes les saintes Écritures.
C'est en son sein que sont apparus les prophètes de Dieu et ses élus. Elle est
le désert dans lequel ont erré tous les messagers de Dieu et d'où s'est élevé
leur cri "Me voici, ô mon Dieu, me voici !" Elle est la Terre promise sur laquelle
celui qui est la révélation de Dieu était destiné à se manifester. Elle est la
vallée de l'insondable décret de Dieu, le lieu nivéen, la terre d'inaltérable
splendeur. Tout ce qui arrive en ce jour est prédit par les Écritures du passé,
ces mêmes Écritures qui, pourtant, ont unanimement condamné les habitants de cette
terre. À une époque, ils furent stigmatisés du nom de "génération de vipères".
Et voyez comment aujourd'hui, bien qu'entouré d'une "génération de vipères", cet
Opprimé appelle à grands cris tous les hommes vers celui qui est le Désir ultime
du monde, le Sommet et l'Orient de gloire. Heureux l'homme qui a écouté la voix
du Seigneur du royaume de la parole, et malheur aux négligents qui se sont écartés
loin de sa vérité.
165. La soeur de la femme du Bab
Sache que toute oreille capable d'entendre, lorsqu'elle reste pure et sans tache,
doit écouter, en tous temps et d'où qu'elle vienne, la voix qui prononce ces paroles
sacrées: "En vérité nous appartenons à Dieu, et à lui nous retournerons." Les
mystères de la mort physique de l'homme et de son retour n'ont pas été divulgués
et restent encore cachés. Par la justice de Dieu ! s'ils étaient révélés, ils
provoqueraient un tel effroi et un tel chagrin que certains périraient, tandis
que d'autres seraient saisis d'une telle joie qu'ils souhaiteraient mourir et
que, d'une ardeur incessante, ils supplieraient le seul vrai Dieu, exaltée soit
sa gloire, de hâter leur fin.
La mort tend à tout croyant sincère une coupe qui est la vraie vie. Elle dispense
la joie et apporte le bonheur. Elle confère le don de la vie éternelle.
Quant à ceux qui ont goûté au fruit de l'existence terrestre, qui est la reconnaissance
du seul vrai Dieu, exaltée soit sa gloire, leur existence dans l'au-delà sera
telle que nous ne pouvons la décrire. Dieu seul, le Seigneur de tous les mondes,
en a connaissance.
166. Kitab-i-Aqdas
Quiconque prétend à une révélation directe de Dieu avant l'expiration de mille
ans révolus est, assurément, un imposteur et un menteur. Nous prions Dieu de l'aider
par sa grâce à se rétracter et à désavouer pareille prétention. S'il se repent,
Dieu lui pardonnera sans nul doute. Si toutefois il s'obstine dans son erreur,
Dieu enverra certainement celui qui le traitera sans miséricorde. Certes, Dieu
est terrible dans son châtiment. Quiconque donne à ce verset une signification
autre que celle qu'il offre de toute évidence est privé de l'Esprit de Dieu, et
de sa miséricorde qui embrasse toutes choses créées. Craignez Dieu et ne suivez
pas vos vaines imaginations. Suivez plutôt le commandement de votre Seigneur,
le Tout-Puissant, le Très-Sage.