La
communauté mondiale baha'ie et son action
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7. Famille
7.1.
Introduction
La famille est en mutation, au même titre que le monde entier. Dans toutes les
cultures, la famille se désintègre, se divisant sous la pression de l'économie
et les bouleversements politiques et s'affaiblissant face à la confusion morale
et spirituelle.
"Les conditions entourant la famille entourent la nation. Ce qui arrive dans
la famille est ce qui arrive dans la vie de la nation."
Les baha'is voient ces difficultés comme les signes d'une lutte de l'humanité
en vue d'un âge nouveau de développement collectif, un âge de maturité. La famille,
en tant qu'unité de base la plus fondamentale de la société doit, dans ce processus,
être remodelée et revitalisée selon les principes mêmes qui redonnent forme
à la civilisation en tant que telle.
Le principe fondamental pour ce jour nouveau est l'unité de l'humanité. "Le
bien-être de l'humanité, sa paix et sa sécurité," déclara il y a un siècle le
fondateur de la Foi baha'ie, "ne peuvent être atteints à moins que son unité
ne soit fermement établie". L'acceptation de l'interrelation et de l'interdépendance
de tous les peuples suppose le renouvellement de toutes les institutions sociales
sur terre, y compris la famille.
(La famille dans une communauté mondiale)
7.2. Point de vue baha'i
7.2.1. LES BASES D'UNE FAMILLE SAINE
"Si l'amour et l'entente sont manifestes dans une famille, cette famille progressera,
deviendra éclairée et spirituelle."
L'approche baha'ie de l'unité de la famille mêle aux éléments de sagesse traditionnelle
des principes avancés et des outils pratiques. L'adhésion à ces enseignements
offre un rempart contre les forces de désintégration et un cadre pour la formation
de familles solides, saines et unies.
Une relation d'amour entre mari et femme forme la base et la condition sine
qua non d'une famille baha'ie. Le mariage, création divine, est là pour unir
un couple "à la fois physiquement et spirituellement, de façon à ce que chacun
améliore toujours la vie spirituelle de l'autre". Un homme et une femme, s'étant
choisis librement et ayant obtenu le consentement de leurs parents, se marient,
selon la loi baha'ie, en présence de témoins désignés par le corps constitué
élu de la communauté, l'Assemblée spirituelle locale. Par ces mots "En Vérité,
nous dépendons de la volonté de Dieu", récités à la fois par la mariée et le
marié, les deux s'engagent vis-à-vis de Dieu et par là même vis-à-vis l'un de
l'autre.
L'une des raisons d'être du mariage est la création d'une nouvelle génération
qui aimera Dieu et servira l'humanité. La tâche de la famille est alors d'établir
une relation d'amour respectueuse et harmonieuse entre parents et enfants.
L'harmonie et la coopération dans la famille, comme dans le monde, ne peuvent
être maintenues qu'en gardant un équilibre entre les droits et les responsabilités.
Tous les membres de la famille "ont des devoirs et des responsabilités à l'égard
des uns des autres et de la famille elle-même" qui "varient d'un membre à un
autre à cause des liens naturels".
Les enfants, par exemple, ont le devoir d'obéir à leurs parents. Ils ont aussi
le droit qu'on s'occupe d'eux, qu'on les éduque et les protège. Les mères, qui
mettent les enfants au monde et sont leurs premières éducatrices, sont en priorité,
sans que ce soit une exclusivité, responsables de leur éducation spirituelle
et de la création d'un foyer plein d'amour. Les pères ont en priorité, mais
là encore pas exclusivement, la responsabilité du confort financier de la famille
et de l'éducation formelle des enfants.
Les standards moraux individuels promus par les enseignements baha'is condamnent
beaucoup les agents qui contribuent à la destruction des familles. L'alcool
est interdit aux baha'is de même que tout produit aliénant l'esprit. Aucune
forme de violence ou d'abus au sein de la famille ne peut jamais être tolérée.
D'après les Écrits sacrés baha'is :
"L'intégrité des liens de la famille doit être constamment prise en considération
et les droits de chaque membre ne doivent pas être transgressés."
Bien que fermement dénoncé par Baha'u'llah, le divorce est permis lorsqu'il
y a antipathie entre le mari et la femme. Il ne peut être accordé qu'après une
année de patience pendant laquelle le couple vit séparément et cherche toutes
les possibilités d'aplanir leurs différents. Ainsi protégés de décisions rapides
et de réactions émotionnelles inconsidérées, bien des couples sont capables
de reconstruire leur mariage pendant cette année de réflexion. Si néanmoins,
une réconciliation s'avère impossible, le couple peut divorcer.
a) Égalité des sexes
Le principe de l'égalité de l'homme et de la femme transforme les relations
dans le mariage baha'i. Étant partenaires à part égale, statut inscrit dans
leurs voeux identiques au moment du mariage, ni le mari ni la femme ne domine.
La prise de décision doit être partagée.
L'atmosphère dans la famille et dans toute la communauté ne doit jamais "refléter
de pouvoir arbitraire, mais un esprit de consultation franche et amicale".
Les principes baha'is de la consultation sont des moyens de discuter ouvertement,
honnêtement et avec tact de tout problème soulevé au sein de la famille. Le
but est de permettre "à la vérité d'être révélée" de façon que le problème soit
résolu au bénéfice de tous. Quand on l'utilise dans un couple ou dans une famille,
la consultation est un moyen puissant de maintenir l'unité familiale.
La reconnaissance de l'égalité et l'utilisation de la consultation permettent
au mari et à la femme une flexibilité qui leur permet de répondre aux demandes
d'un monde en transformation rapide. Bien qu'hommes et femmes aient des capacités
et des fonctions complémentaires dans certains domaines, les rôles ne sont pas
définis de façon rigide et peuvent être ajustés, quand besoin est, pour répondre
aux besoins de chacun des membres de la famille et de la famille entière. Alors
que les femmes sont encouragées à poursuivre une carrière, il ne faut pas que
ce soit au détriment de leur rôle de mères. Et les pères ne sont pas exemptés
de tâches ménagères et des soins aux enfants.
Quand les relations au sein de la famille sont conduites dans le respect de
la justice, cette famille devient un facteur important pour amener la paix dans
le monde. Quand on refuse aux femmes l'égalité et le respect dans la famille,
les hommes et les jeunes gens développent des attitudes et des habitudes nuisibles
qu'ils transportent sur leurs lieux de travail, dans la vie politique et enfin
dans les relations internationales. Plus il y aura des enfants qui grandiront
dans des familles où les droits de tous les membres sont respectés et les problèmes
résolus grâce à la consultation, plus les perspectives de paix dans le monde
augmenteront.
b) Éducation et Famille
Bien que les enfants reçoivent une éducation formelle à l'école, c'est à la
maison qu'on développe le caractère et qu'on forme les attitudes morales et
spirituelles. Donc, "on doit enseigner toutes les vertus dans la famille". Patience,
loyauté, fidélité, justice, honnêteté de telles vertus constituant la pierre
angulaire de la personnalité. Les vertus citées dans toutes les traditions sacrées
comme des éléments communs à la spiritualité sont les reflets de la Divinité
en chaque individu.
Bien qu'encourageant les plus grandes qualités et valeurs en chacun des membres
de la famille, les parents doivent pourvoir au développement intégré des capacités
de leurs enfants qu'elles soient spirituelles, morales, intellectuelles, émotionelles
ou physiques. On doit donc éduquer filles et garçons selon les mêmes critères
de base. Si une limite dans les ressources devait amener à choisir, les filles,
enseignantes en puissance de la future génération, doivent avoir priorité dans
l'éducation par rapport aux fils.
c) Conclusion
Alors que les principes qui précèdent sont progressivement mis en pratique de
par le monde, les familles sont de plus en plus aptes à jouer un rôle dans la
construction d'une société mondiale unifiée. Car le lien, destinée à venir en
son temps, entre la famille, la nation, et une civilisation mondiale, est inéluctable.
"Comparez les nations du monde aux membres d'une famille. Une famille est une
nation en miniature. Élargissez simplement le cercle du foyer et vous avez une
nation. Élargissez le cercle des nations et vous avez l'humanité."
(La famille dans une communauté mondiale)
7.2.2. UNITÉ DE LA FAMILLE
Quand les familles sont fortes, tout va bien dans le monde. Dans le tendre giron
de la famille, nous pouvons développer au maximum notre potentiel en tant qu'individus.
La vie de famille est à l'origine de nos sentiments les plus tendres et les
plus heureux.
Les enseignements de la Foi baha'ie, aujourd'hui la seconde religion mondiale
la plus répandue, offrent un remède particulier contre les forces qui déchirent
les familles aujourd'hui.
Le message le plus important de la Foi baha'ie est l'unité et les baha'is à
travers le monde ont découvert qu'il est possible d'utiliser ce principe de
base, combinant valeurs traditionnelles et principes progressistes, comme rempart
contre les forces de désintégration dans notre époque moderne.
L'unité de la famille commence par le mariage, qui est une création divine.
Selon les lois baha'ies, un homme et une femme sont libres de choisir eux-mêmes
leurs conjoints, cependant ils doivent ensuite obtenir le consentement de leurs
parents. Bien que ceci puisse paraître trop traditionnel en Occident, les baha'is
trouvent que cette condition contribue à préserver l'unité de la famille élargie.
De plus, cette loi souligne l'importance du lien entre les parents et les enfants,
une leçon qui sera ensuite transmise à la génération suivante.
Les voeux de mariage baha'i sont prononcés devant des témoins de la communauté,
renforçant ainsi le réseau de la famille et des amis. Le voeu de mariage est
très simple, chaque conjoint doit répéter les paroles : "En vérité, nous dépendons
de la volonté de Dieu." Ceci fait part d'un engagement implicite non seulement
entre les deux conjoints, mais aussi envers Dieu.
Les baha'is pensent que le mari et la femme doivent faire de leur mieux pour
devenir des compagnons fidèles et affectueux, "unis physiquement et spirituellement,
pour pouvoir toujours améliorer la vie spirituelle l'un de l'autre".
Cet engagement est à la base d'un ménage heureux. Et puisque le but du mariage
est la création d'une nouvelle génération qui aimera Dieu et servira l'humanité,
les enfants grandiront dans une atmosphère propice à leur développement, avec
l'appui de toute la famille.
Ces idées sont, bien entendu, traditionnelles. Toutes les grandes religions
ont préconisé les mêmes principes essentiels concernant l'importance et le but
du mariage et de la vie de famille. Néanmoins, ces valeurs traditionnelles ont
été attaquées dans le monde moderne, beaucoup de familles se disloquant sous
les assauts. Quand ces valeurs sont équilibrées avec des principes progressistes,
il est toutefois possible de créer le genre de famille qui est en harmonie avec
le monde d'aujourd'hui.
Pour les baha'is, le facteur le plus important dans le maintien de l'unité au
sein de la famille est le respect du principe de l'égalité fondamentale entre
l'homme et la femme. Les Écrits baha'is disent : "Tant que l'égalité entre les
hommes et les femmes ne sera pas pleinement établie, le développement social
de l'humanité ne pourra pas s'accomplir."
La pratique de la consultation, une méthode de prise de décision qui évite les
conflits, donne un nouveau ressort à l'institution du mariage dans un monde
en pleine mutation. L'esprit de consultation permet au mari et à la femme la
flexibilité d'ajuster leur rôle, quand c'est nécessaire pour répondre aux besoins
de chaque membre de la famille, ainsi que de la famille elle-même.
La famille doit toujours encourager le développement des plus grandes qualités
et des plus hautes valeurs dans chacun de ses membres. Les parents doivent veiller
au développement des capacités de leurs enfants - spirituelles, morales, intellectuelles,
émotionnelles et physiques.
Par conséquent, les filles et les garçons doivent être instruits selon le même
programme. Si les ressources de la famille les obligent à faire un choix, les
filles, en tant qu'éducatrices de la génération suivante, doivent bénéficier
d'un "droit prioritaire à l'instruction".
Quand les femmes sont instruites, comme l'encouragent les Écrits baha'is, les
statistiques démontrent que les familles en profitent largement. Les revenues
de la famille augmentent et l'argent que les femmes gèrent est utilisé pour
les enfants.
L'instruction des filles est l'un des meilleurs moyens de limiter un accroissement
excessif de la population. Les femmes instruites ont tendance à avoir moins
d'enfants qui seront, par la suite, en meilleure santé, mieux nourris et mieux
instruits.
L'ensemble des relations au sein d'une famille doit toujours être imprégné des
plus hauts principes. L'unité, la justice, l'amour, la compassion, la confiance,
la courtoisie, l'honnêteté - ces qualités ont été enseignées à l'humanité par
les Fondateurs de toutes les grandes religions révélées et elles resteront toujours
la base du bonheur et du bien-être humain.
(One Country n°17, pp.2-3)
7.2.3. LA DROGUE : SUBSTITUT DE L'UNITÉ FAMILIALE
En 1989, le Dr. A.M. Ghadirian s'est rendu dans sept pays d'Amérique latine
afin de rencontrer des responsables des gouvernements et des services de santé
sur le thème de "La prévention de la toxicomanie et de l'alcoolisme : une vision
globale". Professeur de psychiatrie à l'université Mc Gill de Montréal, le Dr.
Ghadirian a travaillé avec des adolescents dans le cadre de programmes de prévention
de la toxicomanie au Canada.
ONE COUNTRY a interviewé le Dr. Ghadirian sur sa visite en Amérique latine et
ses opinions en matière de prévention de la toxicomanie.
...
Question : Et qu'en est-il au niveau de la famille ?
Dr. Ghadirian : Je pense que la famille joue un rôle crucial dans la prévention
de la toxicomanie. Aujourd'hui, dans de nombreux pays du monde, les parents
travaillent et il n'y a pas de grands-parents ou d'autres membres de la famille
pour s'occuper des enfants. En conséquence, ces derniers grandissent sans le
contact et la communication souhaitables avec leurs parents. Parfois, la drogue
devient un moyen séduisant de remédier à cette carence. Les enfants ont besoin
d'apprendre de leurs parents ce qu'ils peuvent attendre de la vie. Les parents
devraient constituer un exemple pour leurs enfants. De plus, lorsqu'une famille
est unie et soudée, cette unité apporte un sentiment de sécurité aux membres
de la famille. Dans mes contacts, j'ai noté que, bien souvent, l'une des raisons
pour lesquelles des parents ne parviennent pas à persuader leurs enfants d'éviter
la drogue, c'est parce qu'ils consomment eux-mêmes de l'alcool ou des drogues.
(One Country n°3, pp.12, 14)
7.3. Coopération
7.3.1. LANCEMENT DE L'ANNÉE INTERNATIONALE DE LA FAMILLE - MALTE
Pour lancer l'Année internationale de la famille 1994, les représentants des
Organisations non-gouvernementales (ONG) de presque 100 pays se sont réunis
à Malte du 28 novembre au 2 décembre 1993 pour promouvoir l'idée que des familles
saines sont essentielles au bien-être des individus et des sociétés.
"La Conférence était centrée sur l'Année de la famille, bien entendu, mais le
thème clé de ces réunions était la compréhension que la famille est une unité
de première importance pour la société", a dit Betty Benson, représentante de
la Communauté internationale baha'ie auprès de la Conférence. "Presque tout
le monde a répété qu'il est impossible d'ignorer la famille et d'avoir ensuite
une société convenable."
Le Forum s'est conclu par la signature d'une déclaration des ONG qui encourage
les gouvernements à développer une politique qui protège les familles, qui permet
la promotion de leur indépendance et qui encourage leur participation. "Dans
ce sens", souligne la déclaration, "une société qui respecte les familles, des
mesures économiques et écologiques spécifiques, la reconnaissance des contributions
des familles dans des domaines sociaux, culturels et économiques sont indispensables".
Les ONG se sont engagées à explorer les domaines où "des actions nouvelles et
créatives pourraient être développées pour renforcer la famille et soutenir
la vie familiale au profit de ses membres" et pour inaugurer "une nouvelle culture
de partenariat" et de coopération pour "réaliser nos fonctions vitales dans
l'intérêt des familles".
a) Les thèmes-clés
En plus de la déclaration finale du Forum, les participants ont déclaré qu'un
certain nombre de thèmes importants avaient été traités dans les discours et
dans les ateliers. Parmi ceux-ci on peut citer : la reconnaissance de la portée
de la famille comme pierre de touche de la société, l'importance de promouvoir
l'égalité entre les sexes et le rôle-clé de l'instruction pour les femmes.
La déclaration finale a souligné le fait que beaucoup de conférenciers ont demandé
aux gouvernements de prendre plus de mesures pour protéger les familles. En
même temps, le rôle-clé des ONG pour travailler à renforcer la famille a été
souligné de nombreuses fois.
Pour récompenser le travail des diverses organisations et personnes qui ont
contribué à promouvoir l'Année internationale de la famille, 100 "témoignages
d'estime" ont été distribués par le Secrétariat AIF dans une cérémonie qui a
eu lieu le 1er décembre 1993. Trois de ces "témoignages" ont été décernés à
la Communauté internationale baha'ie et à ces représentants : un à la Communauté
internationale baha'ie en tant qu'entité, un à Jenny Field pour son travail
pour le Comité des ONG pour la famille à New York et un à Bahia Ettehadieh pour
son travail en tant que représentant baha'i auprès du Comité des ONG pour la
famille à Vienne.
"Le témoignage était simplement une reconnaissance du fait que nous avons parlé
en public de la question de la famille et que nous avons déclaré notre engagement
à attirer l'attention du monde vers la famille", a déclaré Mme Field. "Nous
sommes vraiment très heureux d'avoir reçu ces prix et nous vous promettons de
continuer notre engagement à promouvoir les questions concernant la famille."
La délégation baha'ie à la Conférence était composée d'environ 23 personnes
venant de 13 pays. Ses membres étaient soit des représentants officiels de la
Communauté internationale baha'ie soit des membres des conseils nationaux baha'is,
soit des professionnels de la famille qui sont baha'is.
"Plusieurs des thèmes qui sont ressortis pendant la Conférence étaient des idées
que la Communauté baha'ie a mis en valeur pendant des années, comme le besoin
de former une alliance entre hommes et les femmes, qui serait un partenariat
entre égaux, l'importance d'assurer aux femmes et aux filles une instruction
semblable à celle des garçons et l'idée de base que la famille, comme pierre
angulaire de la société, doit être en bonne santé si la société veut l'être",
a souligné Mme Field.
(One Country n°17, pp.12-13)
7.3.2. ELIMINER LA VIOLENCE FAMILIALE
La violence familiale est un problème mondial et pernicieux. Pour relever le
défi que pose ce problème critique, des praticiens de la base, des universitaires,
des professionnels de la santé mentale et des représentants de plus de 30 Organisations
non gouvernementales (ONG) et de deux organisations des Nations unies ont tenu
un Symposium de deux jours en mai 1994. Ce symposium a été organisé à l'initiative
du Bureau pour l'avancement de la femme de la Communauté internationale baha'ie
en collaboration avec le Fonds des Nations unies pour l'enfance (UNICEF) et
le Fonds de développement des Nations unies pour la femme (UNIFEM), à l'occasion
de l'Année internationale de la famille.
Tirant parti de la diversité des cultures, professions, expériences et perspectives,
les participants, de la Chine aux Caraïbes, ont travaillé ensemble dans un climat
de confiance et de respect. Ils ont échangé des opinions et ont pris collectivement
l'engagement de multiplier les efforts pour faire en sorte que la famille soit
un lieu exempt de violence.
Les participants ont rappelé que la violence domestique revêt de nombreuses
formes, et touche tous les secteurs de la société et tous les aspects du développement
humain. Les liens entre la violence dans la famille et la violence sociale,
structurelle et politique sont incontournables. Les participants ont examiné
des stratégies et soulevé des questions portant sur la prévention et l'intervention.
Quel est le meilleur moyen de sensibiliser le public à l'ampleur et la gravité
de la violence familiale? Comment briser la spirale intergénérationnelle et
éviter que les enfants maltraités ne deviennent des adultes maltraités ou maltraitants?
Ils ont étudié des stratégies destinées à aider les épouses et les filles battues
à acquérir un sentiment d'estime de soi, leur permettant de dénoncer le mythe
historique et puissant de leur infériorité, et d'agir en leur propre nom. Après
deux jours d'ateliers et de débats, les participants ont été unanimes à souligner
qu'élaborer une approche globale et pluridisciplinaire du défi posé, à savoir
faire en sorte que la famille soit un lieu exempt de violence, était non seulement
une nécessité, mais aussi un objectif réalisable.
Pour être efficace, les efforts déployés pour faire de la famille un lieu exempt
de violence exigent un partenariat entre les hommes et les femmes, et la participation
active de tous les secteurs sociaux. les stratégies utilisées pour redresser
la situation et remédier au problème doivent être conçues de manière à y associer
la famille dans son ensemble, car la dynamique de la violence domestique touche
tous ses membres. Selon l'orateur principal, le Dr. Hossain Danesh, Directeur
de l'Institut pour l'éducation internationale et le développement, Wienacht,
Suisse, cet effort doit avoir pour point de départ une vision nouvelle de la
"famille". Quelle qu'en soit la taille ou la composition, a-t-il souligné, cette
famille doit se fonder sur "l'unité, l'égalité et le respect mutuel plutôt que
sur le pouvoir".
Cela exige différentes mesures, qui vont d'un réexamen des valeurs et des attitudes,
à la définition et la criminalisation des comportements violents. La sensibilisation,
l'intervention et la prévention doivent être des processus concomitants. "Éliminer
la violence au sein de la famille n'est pas une question de choix, d'esprit
chevaleresque, d'élégance ou de bienveillance", a déclaré Marjorie Thorpe, Directeur
adjoint d'UNIFEM, dans sa conclusion. "C'est une obligation et une responsabilité
que nous imposent notre humanité et notre interdépendance."
La violence domestique n'appartient pas au domaine de la vie privée. Elle est
devenue une pandémie que la communauté internationale ne peut ignorer ou laisser
à l'abri de l'intimité de la famille. C'est un fléau qui sévit dans toutes les
régions du monde, toutes les couches économiques et sociales, et tous les types
de famille. La famille est le lieu principal de la socialisation et du développement
humain. Si ce processus de développement est dénié ou déformé, les conséquences
néfastes peuvent être irréversibles. Les comportements acquis à l'intérieur
du foyer sont reproduits dans la société.
Il faut pousser les communautés et les gouvernements à agir. Pour éliminer la
violence domestique, les gouvernements doivent promulguer et appliquer des lois,
élaborer des politiques, des programmes adéquats et des mesures de protection
en faveur des victimes, dégager des ressources budgétaires, et engager de vastes
campagnes de sensibilisation publique.
Les participants au Symposium ont reconnu le caractère désespérant de la violence
domestique, un fléau mondial qui exige une solution mondiale. Ils ont été stimulés
et motivés par le fait qu'il constitue un sujet commun de préoccupation et par
le nombre des stratégies concrètes qui sont déjà poursuivies à l'échelon local.
Pour faire en sorte que la famille soit un lieu exempt de violence, la communauté
pour le développement doit définir des stratégies efficaces qui soient pluridisciplinaires,
se fondent sur la collaboration et tiennent compte des conditions culturelles
et sociales précises dans lesquelles la violence se produit.
(Faire en sorte que la famille soit un lieu exempt de violence, New York,
mai 1994)