La
communauté mondiale baha'ie et son action
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9. Environnement
9.1.
Introduction
Le monde d'aujourd'hui est confronté à beaucoup de crises - sociales, politiques,
économiques, de l'environnement - toutes entremêlées et chacune symptomatique
de maux spirituels sous-jacents. Une crise qui est moins évidente mais tout
aussi menaçante pour l'avenir de l'homme est celle de la conservation de la
nature. Les régions naturelles, qui couvraient autrefois la planète, subissent
une érosion constante sous les pressions d'une population croissante. Les riches
aussi bien que les pauvres contribuent au problème: les riches par leur course
effrénée vers le développement économique, et la masse des pauvres par leurs
efforts désespérés pour se faire une maigre pitance avec des ressources qui
sont de plus en plus rares.
Bien que l'humanité préfère fermer les yeux sur la situation, il est de plus
en plus évident que la survie de la race dépend de l'équilibre des systèmes
naturels de la biosphère. Il est aussi devenu très clair et alarmant qu'au rythme
actuel de destruction, l'essentiel de l'héritage naturel de la terre pourrait
être perdu à jamais dans les prochaines décennies.
Les enseignements baha'is situent ce problème et les autres problèmes graves
qui guettent le monde d'aujourd'hui dans une large perspective, qui à la fois
explique leur origine et propose des solutions pratiques. Le progrès technologique
a confronté les peuples et les institutions des États avec la réalité d'un monde
physiquement uni, mais les comportements et les valeurs doivent encore s'adapter
à ce changement fondamental. Pour les baha'is, le problème est donc essentiellement
spirituel: tous les peuples doivent arriver à l'acceptation de l'unité de la
race humaine comme "la première condition sine qua non de la réorganisation
et de l'administration du monde considéré comme un seul pays" (La Promesse de
la Paix Mondiale). Sans une telle solution spirituelle, toute autre mesure ne
peut être qu'un palliatif provisoire; il faut résoudre le problème spirituel
fondamental, et les difficultés du monde se résoudront d'elles-mêmes naturellement.
(La Pensée baha'ie, n°103, p.9)
9.2. Point de vue baha'i
9.2.1. CONCEPTION BAHA'IE DU MONDE
Une évaluation scientifique du problème de la conservation de la nature s'accorde
facilement avec la conception du monde exprimée dans les Écrits de Baha'u'llah
(1817-1892), le prophète fondateur de la Foi baha'ie, et dans ceux de son fils,
'Abdu'l-Baha (1844-1921), écrits qui reflètent l'harmonie fondamentale entre
la science et la religion.
Les origines de l'univers sont décrites dans des termes qui correspondent bien
aux théories scientifiques actuelles, bien que ces écrits soient antérieurs
au développement des théories physiques et chimiques modernes. "Ce monde de
l'existence, cet univers infini, n'a ni commencement ni fin." (Leçons de St-Jean-d'Acre,
p.186).
"A l'origine, la matière était une, et cette matière apparut sous différents
aspects dans chaque élément; ainsi furent produites les formes variées, et ces
aspects variés, une fois produits, devinrent permanents, et chaque élément se
spécialisa... Alors ces éléments se combinèrent, s'arrangèrent et se mélangèrent
dans des formes infinies... De la composition et de la combinaison des éléments,
de leur décomposition, de leur mesure, et de leur effet les uns sur les autres,
résultèrent des formes, des réalités à l'infini et des êtres innombrables."
(idem, p.187-188)
La nature est considérée comme soumise à des lois scientifiques qui sont elles-mêmes
l'expression d'une réalité divine. "La nature est la volonté de Dieu et son
expression dans et à travers le monde de l'existence." ( Tablettes de Baha'u'llah,
p.142) "Cette nature est soumise à une organisation absolue, à des lois déterminées,
à un ordre complet et à un plan parfait dont elle ne s'écarte jamais. A tel
point que, pour qui examine d'un regard minutieux et d'un oeil acéré, depuis
le plus petit atome existant jusqu'aux plus grands corps de l'univers, comme
le globe solaire ou les autres astres et corps lumineux, tout, soit au point
de vue de l'arrangement ou de la composition, soit sous le rapport de la forme
ou du mouvement, est absolument organisé; et tout est sous l'empire d'une loi
universelle, dont il n'y a pas moyen de s'écarter." (Leçons de St-Jean-d'Acre,
p.11)
Les écrits baha'is acceptent les preuves scientifiques appuyant la théorie de
l'évolution. Cependant, ils font la distinction entre, d'une part, le potentiel
de tous les types de créatures, potentiel inhérent à la matière et aux lois
de la création et qui a donc toujours existé, et d'autre part, le processus
par lequel ce potentiel est révélé.
"De même, la croissance et le développement de tous les êtres se font par degrés;
c'est la règle générale de Dieu et l'ordre de la nature... Toutes les créatures,
grandes ou petites, ont été créées, dès le début, complètes et parfaites; seulement
les perfections apparaissent en elles peu à peu. La loi de Dieu est une, l'évolution
de l'existence est une, l'ordre divin est un." (idem, p. 205)
Les concepts des processus écologiques fondamentaux et des "systèmes de soutien
à la vie" apparaissent également dans les écrits baha'is.
"Dans le monde matériel, tous les êtres se nourrissent et servent de nourriture
à la fois: la plante absorbe le minéral, l'animal mange la plante, l'homme se
nourrit de l'animal et le minéral absorbe le corps humain. Les corps physiques
sont transférés d'un règne à un autre, d'une vie à une autre, et tout est soumis
aux altérations et aux transformations, tout sauf la Cause de l'existence elle-même
- car elle est constante et immuable, et c'est sur elle que se fonde l'existence
de chaque espèce, de chaque réalité contingente à travers la création tout entière."
(Sélections des Écrits d''Abdu'l-Baha, p.156)
Dans la nature, une place particulière est assignée à l'homme. "Comme les animaux,
le corps humain est soumis aux lois de la nature. Mais l'homme est doté d'une
deuxième réalité, la réalité rationnelle ou intellectuelle; et la réalité intellectuelle
de l'homme prédomine la nature." (Les Bases de l'unité du monde, p.72)
"... Dieu a doué l'homme d'une puissance si merveilleuse qu'il est capable de
guider, maîtriser et contrôler la nature." (Causeries d''Abdu'l-Baha à Paris,
p.104)
Les extraits ci-dessus, tirés des écrits baha'is et dont les plus récents datent
des premières années de ce siècle, illustrent la conception baha'ie des origines
du monde naturel et de la place que l'homme y occupe. Le thème sous-jacent de
la corrélation entre toutes choses fournit un fondement naturel aux intérêts
et actions en matière de la préservation de la nature. Le fait que l'homme puisse
interférer dans le processus naturel et contrôler la nature lui donne également
la responsabilité de la maîtriser avec sagesse.
Cependant, les problèmes de préservation de la nature ne proviennent pas seulement
d'un manque de compréhension scientifique de la nature, mais résultent en grande
partie de problèmes sociaux ou structurels de la société actuelle. La Foi baha'ie
offre des perspectives sociales qui sont tout aussi importantes pour le problème
de la protection de la nature, que celles qui s'y rattachent directement.
(La Pensée baha'ie n°103 A.L. Dahl, pp.9-18)
9.2.2. UNE CIVILISATION EN CONSTANT PROGRÈS
La Foi baha'ie déclare: "Tous les hommes ont été créés pour travailler à l'établissement
et à l'amélioration croissante de la civilisation." (Extraits des Écrits de
Baha'u'llah, CIX, p.198) Cependant, la forme que prend ce progrès est à déterminer.
A une époque où la technologie a unifié physiquement tous les peuples du monde
et où l'unité de la biosphère est reconnue, des mesures doivent être prises
afin de réaliser une unité sociale et politique correspondante. Les injustices
qui maintiennent des extrêmes de richesse et de pauvreté et qui conduisent les
pauvres à détruire leurs ressources doivent être éliminées par une "alliance
d'élément spirituels, moraux et pratiques". (La Promesse de la Paix mondiale)
L'instruction universelle permettrait aux masses des peuples de comprendre et
de modifier leurs comportements. En même temps, la consommation immodérée des
ressources par les riches doit être contrôlée.
Baha'u'llah mit en garde il y a cent ans contre les dangers pour la planète
d'une civilisation matérialiste.
"La civilisation, tant vantée par les représentants les plus qualifiés des arts
et des sciences, apportera de grands maux à l'humanité si on lui laisse franchir
les limites de la modération." (Foi mondiale baha'ie, p.246)
Les changements nécessaires requièrent des modifications fondamentales dans
la structure de la société humaine.
"L'unité de la race humaine, telle que la conçoit Baha'u'llah, implique l'établissement
d'une communauté universelle où toutes les nations, races, classes et croyances
seront étroitement et définitivement unies ... Cette Communauté ... comportera
une législature universelle dont les membres, en tant que représentants de la
race humaine, auront le contrôle suprême de toutes les ressources des nations
qui la composeront, et édicteront les lois nécessaires pour régler la vie de
tous les peuples et de toutes le races, répondre à leurs besoins et harmoniser
leurs relations ..., toutes les sources de matières premières seront exploitées
à plein rendement, tous les marchés coordonnés et développés, et la distribution
des produits équitablement réglée.
Un système de fédération universelle qui régira la terre entière et exercera
sur ses ressources, d'une ampleur inimaginable, une autorité à l'abri de toute
discussion." (Programme baha'i de paix)
Remarquez qu'un tel système contrôlerait toutes les ressources de toutes les
nations, utiliserait au maximum les sources de matières premières et régulariserait
la distribution des produits. Il n'y a guère qu'un tel système qui puisse metmondiale
pour la préservation de la nature.
Un développement réfléchi serait essentiel pour une telle civilisation. Contrairement
à la confiance presque exclusive placée aujourd'hui dans les prévisions à court
terme, la vision de Baha'u'llah permet de jeter les bases d'un édifice solide
et durable. Dans une telle société, l'économie devrait fonctionner sur une base
tout à fait solide, utilisant des ressources renouvelables et recyclables et
visant à l'efficacité de leur utilisation.
(La Pensée baha'ie n°103, pp. 9-18)
9.2.3. ATTITUDE BAHA'IE VIS-À-VIS DE LA NATURE
Les baha'is ne considèrent pas la nature comme un objet de vénération et d'adoration
et n'y voient pas une fin en soi. Ils estiment cependant que la création reflète
les qualités et attributs de Dieu.
"IL n'est pas un atome parmi tous les atomes existants, pas une créature parmi
les créatures, qui ne célèbre ses louanges, ne déclame ses attributs et ses
noms, ne révèle la gloire de sa puissance et ne s'oriente vers son unicité et
sa miséricorde..."(Sélection des Écrits d''Abdu'l-Baha, pp.40-41)
La contemplation de la nature a donc une signification spirituelle pour les
baha'is. En fait, l'environnement spirituel, l'environnement social et l'environnement
physique de l'homme sont étroitement liés. "On ne peut pas séparer le coeur
de l'homme de l'environnement qui l'entoure et dire qu'une fois que l'un d'eux
aura changé, tout s'améliorera. L'homme est une partie organique du monde. Sa
vie intérieure façonne l'environnement et est elle-même profondément influencée
par lui."
La diversité génétique, qui est à la base de la richesse de la création, est
donc un reflet des qualités de Dieu. Les baha'is sont encouragés à apprécier
cette diversité, tant dans l'homme que dans le monde naturel.
"Considérez le monde des créatures: quelle diversité et quelle variété dans
leurs espèces, bien qu'elles aient une même origine ... Considérons ... la beauté
dans la diversité et l'harmonie et tirons une leçon du monde végétal. Si vous
regardez un jardin dont toutes les plantes présentent la même forme, la même
couleur et le même parfum, loin de vous sembler beau, il vous paraîtra plutôt
triste et monotone. Le jardin qui réjouit les yeux et le coeur est celui où
poussent côte à côte des fleurs de toutes couleurs, de toutes formes et de tous
parfums. C'est cet heureux contraste de couleurs qui en fait le charme et la
beauté." (Causeries d''Abdu'l-Baha à Paris, pp. 45-46)
Le respect de la nature et la modération dans l'utilisation de ses ressources
sont aussi reflétés dans l'interdiction baha'ie de la cruauté envers les animaux
et dans la mise en garde contre la chasse pratiquée à l'excès.
"En résumé, ce n'est pas seulement leurs semblables que les bien-aimés de Dieu
doivent traiter avec miséricorde et compassion; leur bienveillance doit se manifester
à l'égard de chaque créature vivante ... Les sentiments sont identiques - que
vous infligiez une douleur à un homme ou à une bête." (Sélections des Écrits
d''Abdu'l-Baha, p. 158)
Dans leur approche de la nature, les baha'is sont donc conscients de la relation
intime qui les unit au monde naturel ainsi que l'importance de toutes les ressources
mondiales pour la civilisation qu'ils construisent.
Les buts de la stratégie mondiale pour la préservation de la nature, qui sont
de maintenir les processus écologiques fondamentaux et les "systèmes de soutien
à la vie", de préserver la diversité générique et d'assurer l'utilisation considérée
des espèces et des écosystèmes, sont la base d'un développement réfléchi et
en parfait accord avec les enseignements de la Foi baha'ie. Mais comme il en
va de beaucoup d'entreprises à l'échelle du globe dans le monde fragmenté d'aujourd'hui,
la stratégie souffre d'un manque d'institutions universelles capables de la
faire appliquer. Des actions menées au niveau national ne seront jamais plus
qu'une solution partielle à des problèmes mondiaux. L'établissement d'une communauté
mondiale prévue dans les écrits baha'is rendra enfin possible le gouvernement
du monde et la préservation des ressources de la biosphère.
Lorsque les peuples auront été instruits de la nécessité d'une gestion sage
de leurs ressources, ils seront, grâce à la consultation, à même de planifier
et d'exécuter leurs propres activités de préservation de la nature.
Comme cet exposé l'a montré, les baha'is voient le problème de la préservation
de la nature dans une dimension spirituelle autant que matérielle. "Chaque problème
social peut être résolu à l'aide de principes spirituels ou de ce que certains
appellent des valeurs humaines ... Le mérite essentiel du principe spirituel
consiste non seulement à présenter une perspective concordant avec l'élément
immanent de la nature humaine, mais aussi à stimuler une attitude, une dynamique,
une volonté, une aspiration qui permettent la découverte et la mise en oeuvre
de mesures pratiques." (Promesse de la Paix mondiale)
(La Pensée baha'ie, n°103, pp.9-18)
9.2.4. ENVIRONNEMENT : BASE DE NOTRE AVENIR
La protection globale de l'environnement est un défi qui, jusqu'à nos jours,
n'avait encore jamais été une nécessité pour établir une civilisation paisible
sur tout le globe.
Des participants de 24 nations - de l'Australie à l'ex Union Soviétique, de
l'Amérique du Nord à la Chine, de la Suède au Swaziland - se sont réunis à l'académie
de Landegg en Suisse pour discuter le thème: "Protéger notre droit acquis à
la naissance". Ce symposium s'est concentré sur deux thèmes principaux: "le
droit du particulier à un environnement sain et naturel" et "la responsabilité
de l'humanité pour la préservation de ce droit fondamental pour les générations
futures". Nous considérons l'environnement comme un bien qui nous est confié
et dont la protection et la conservation sont sous la responsabilité de tous
les habitants de la terre.
Nous nous trouvons en pleine crise de l'environnement. La destruction des forêts
et de la couche d'ozone représentent deux des nombreux problèmes qui ont été
traités pendant le symposium, problèmes, qui par ailleurs, ont été analysés
en détail dans le rapport de la Commission mondiale de l'ONU pour l'environnement
et le développement sous le titre: "notre avenir commun". Des forêts sont détruites
par le feu en Amazonie, en Afrique on enlève le feuillage des arbres pour en
faire du fourrage pour le bétail, en Europe la forêt est détériorée par la pollution
de l'air. La mise en péril de la couche d'ozone - avant tout la conséquence
de l'emploi de carbonates de chlore et de fluor - est un problème sous-estimé
par bon nombre de personnes qui le jugent "éloigné".
Si les tendances actuelles continuent, le sort de nos enfants sera une vie raccourcie
dans un environnement empoisonné.
Cependant il y a aussi quelques signes positifs d'une sensibilité croissante
en ce qui concerne l'état de notre environnement - par exemple les efforts de
politiciens, la prise de conscience et l'intérêt public accru pour les questions
de l'environnement, l'augmentation du nombre des organisations pour l'environnement
et les efforts actifs et de longue haleine des Nations unies.
Puisque les systèmes économiques et politiques actuels persistent à s'orienter
vers le matérialisme, l'effet de ces activités est très limité. A la longue
cela mène au pessimisme et au désespoir. L'expérience prouve que le matérialisme
est une façon de voir les choses, incapable de proposer des solutions acceptables
pour traiter la sauvegarde de l'environnement et autres problèmes mondiaux.
Nous devons, tous ensemble, faire un effort pour adopter une éthique nouvelle
et globale basée sur des valeurs spirituelles et morales de manière à motiver
l'être humain jusqu'au fond de lui-même, car à elles seules, les explications
scientifiques et l'information ne suffisent pas.
Nous sommes vraisemblablement la dernière génération qui a encore la possibilité
de sauver l'équilibre écologique du monde et d'effectuer les changements qui
sont nécessaires à la réforme de notre société. Pour saisir cette chance et
pour réaliser cette possibilité, nous nous engageons à soutenir chacun des procédés,
sans lesquels aucune solution durable - c'est notre conviction - n'est possible.
Parce que notre environnement et le coeur humain sont intimement liés, il nous
faut concentrer nos efforts sur la transformation de l'être humain. Sans cette
transformation nous ne pouvons pas développer de civilisation qui mène à un
meilleur avenir. Il nous faut être prêts, de tout coeur, à collaborer - autant
comme personne individuelle qu'au sein de la communauté - il nous faut partout
réveiller fortement les consciences et agir résolument pour sauver l'environnement.
Nous exhortons les peuples du monde à penser et à agir, en tant qu'une seule
humanité dans l'intérêt de tous. Car "le bien-être de l'humanité, sa paix et
sa sécurité ne peuvent être atteints tant que sont unité n'est pas fermement
établie".
Nous faisons un urgent appel à la jeunesse du monde pour rompre les barrières
qui nous ont séparés les uns des autres, de même qu'elles nous ont séparés aussi
de la terre sur laquelle nous vivons, et pour développer le procédé de la vraie
consultation qui peut mener à l'unité en harmonie avec notre environnement.
Faisons de sorte que ce soit notre génération qui l'accomplisse!
(La Pensée baha'ie, n°113, p.41)
9.2.5. DÉCLARATION DE LA COMMUNAUTÉ INTERNATIONALE
BAHA'IE À RIO
Outre des questions techniques et politiques, comme celles de savoir quelles
limites imposer aux gaz à effet de serre, comment mettre en oeuvre l'objectif
du développement durable et qui va payer la note, la question fondamentale qui
était posée à la Conférence des Nations unies sur l'environnement et le développement
(CNUED) en juin 1992, était la suivante: l'humanité avec ses conflits permanents,
ses égoïsmes et son manque de perspective à long terme peut-elle s'engager dans
une coopération réfléchie et une planification à long terme à l'échelle mondiale
?
Le processus de la CNUED a mis en lumière à la fois la complexité et l'interdépendance
des problèmes auxquels l'humanité est confrontée. Aucun de ces problèmes - inégalités
criantes du développement, menaces apocalyptiques du réchauffement de l'atmosphère
et diminution de la couche d'ozone, oppression de la femme, abandon d'enfants
et d'individus marginalisés, pour n'en mentionner que quelques uns - ne peut
trouver de solution réaliste sans une prise en compte globale de tous les autres.
Aucun ne sera pleinement traité sans une coopération et une coordination à tous
les niveaux dépassant de loin tout ce qui constitue l'expérience collective
de l'humanité.
Toutefois, l'avilissement général des hommes ruine toute perspective de coopération.
Bien que rarement évoquées à propos des problèmes de l'environnement et du développement,
on observe aujourd'hui dans le monde certaines tendances qui détruisent la confiance
et sapent les bases d'une collaboration, à savoir : l'absence d'une discipline
morale généralisée, la glorification de la cupidité et des richesses matérielles,
la dislocation de la famille et de la communauté, la montée du crime et du désordre
social, la poussée du racisme et du chauvinisme, la priorité, enfin, aux intérêts
nationaux sur le bien-être de l'humanité. Il est impératif de renverser ces
tendances destructrices pour instaurer l'unité et la coopération. A cet effet,
essayons de mieux comprendre la nature humaine. Car si l'économie, la politique,
la sociologie et la science sont d'importants moyens pour nous aider à résoudre
les grandes crises de l'humanité, la solution véritable aux dangers qui nous
menacent passe par une prise en compte de la dimension spirituelle de l'homme
et la transformation de son c oeur. La dimension spirituelle de la nature humaine
peut se comprendre, concrètement, comme la source des qualités qui transcendent
l'égoïsme étriqué.
Bien que comportant certains aspects mystiques difficiles à expliquer, la dimension
spirituelle de la nature humaine peut se comprendre, concrètement, comme la
source des qualités qui transcendent l'égoïsme étriqué. Ces qualités sont notamment,
l'amour, la compassion, la tolérance, la loyauté, le courage, l'humilité, la
coopération et la capacité de se sacrifier pour le bien commun - autant de qualités
que doivent posséder des citoyens éclairés pour construire une civilisation
mondiale unifiée.
Les changements profonds et de grande portée, le renforcement sans précédent
de l'unité et de la coopération qu'il faut mettre en oeuvre pour préparer le
monde à un avenir viable et juste ne seront possibles que si l'on fait appel
à l'esprit humain, aux valeurs universelles qui seules peuvent donner aux individus
et aux peuples la capacité d'agir conformément aux intérêts à long terme de
la planète et de l'ensemble de l'humanité.
Lorsqu'il aura été exploité, ce moteur puissant et dynamique de l'action individuelle
et collective insufflera aux peuples un esprit d'union puissant et salutaire
auquel aucune force ne pourra résister. La vérité spirituelle fondamentale de
notre temps est l'unité des hommes.
La reconnaissance universelle de ce principe - avec tout ce qu'il implique sur
les plans de la justice économique et sociale, de la participation universelle
à des décisions fraternelles, de la paix et de la sécurité collective, de l'égalité
entre l'homme et la femme et de l'éducation universelle - permettra la réorganisation
et l'administration du monde qui ne sera plus qu'un seul pays, la patrie du
genre humain.
(One Country n°12, pp. 2-3)
9.2.6. UNE DÉCLARATION BAHA'IE SUR LA NATURE
En septembre 1986, la World Wildlife Fund for Nature (WWF) lança son Réseau
sur la Conservation et la Religion, mettant en relation les dirigeants représentant
les bouddhistes, chrétiens, hindouistes, juifs et musulmans avec les leaders
dans le domaine de l'environnement, à Assise, Italie.
Chacune des cinq religions qui y étaient représentées rédigea une déclaration
sur la nature. Depuis octobre 1987, les baha'is sont devenus la sixième religion
majeure à rejoindre cette nouvelle alliance et ont rédigé la déclaration suivante
en soutien aux objectifs du Réseau:
"La Nature dans son essence est l'incarnation de Mon nom, le Façonneur, le Créateur.
Des causes variées ont diversifié les manifestions de cette nature et cette
diversité recèle certains signes pour les hommes de discernement. La Nature
est la Volonté divine et en constitue l'expression à travers le monde contingent.
C'est une dispensation de la Providence prescrite par l'Ordonnateur, le Sage."
(Écrits baha'is)
En ces termes, Baha'u'llah, prophète-fondateur de la Foi baha'ie, souligne la
relation essentielle qui lie l'homme à l'environnement, à savoir que la grandeur
et la diversité du monde naturel reflètent la majesté et la bonté de Dieu. Pour
les baha'is, il en découle une compréhension implicite que la nature doit être
respectée et protégée, comme un don divin dont nous sommes les dépositaires.
Un tel thème, bien sûr, n'est pas l'apanage de la Foi baha'ie. Toutes les religions
majeures du monde affirment cette connexion fondamentale entre le Créateur et
sa Création. Comment pourrait-il en être autrement? Toutes les religions majeures
indépendantes tirent leur source des révélations d'un seul Dieu - un Dieu qui
a successivement envoyé ses messagers sur terre pour que l'humanité puisse être
éduquée selon Ses moyens et Sa volonté. Telle est l'essence de la croyance baha'ie.
En tant que la plus récente des révélations de Dieu, cependant, la Foi baha'ie
apporte des enseignements qui répondent de façon particulièrement adéquate aux
circonstances du jour présent, où la totalité de la nature est mise en danger
par des périls dus à l'homme, allant de la destruction totale des forêts humides
du monde au cauchemar final de l'annihilation nucléaire.
Un siècle auparavant, Baha'u'llah proclama que l'humanité est entrée dans un
nouvel âge. Promise par tous les messagers divins du passé, cette nouvelle époque
apportera en fin de compte la paix et l'illumination de l'humanité. Pour atteindre
ce stade, cependant, l'humanité doit reconnaître son unité fondamentale - aussi
bien que l'unité de Dieu et de la religion. Tant qu'il n'y a pas de reconnaissance
de cette interdépendance et de cette globalité, les problèmes de l'unité ne
feront que s'aggraver.
En ce jour, les défis majeurs que doit relever le mouvement pour l'environnement
reposent sur cet aspect. Les problèmes liés à la pollution des océans, à l'extinction
des espèces, aux pluies acides et à la déforestation - pour ne pas mentionner
le fléau ultime de la guerre nucléaire - ne connaissent aucune frontière. Tous
réclament une approche transnationale.
Les écrits religieux de la Foi baha'ie contiennent des prescriptions explicites
sur le type d'un nouvel ordre politique mondial qui offre la seule solution
à long terme face à de tels problèmes.
"Ce que le Seigneur a ordonné en tant que remède souverain et plus puissant
instrument pour la guérison du monde est l'union de tous ses peuples en une
Cause universelle..." écrivit Baha'u'llah.
Construit autour de l'idée d'une fédération mondiale de nations, avec un parlement
et un exécutif internationaux pour faire appliquer sa volonté, un tel nouvel
ordre politique doit aussi, selon les enseignements baha'is, être basé sur les
principes d'une justice économique, de l'égalité entre les races, de l'égalité
des droits des femmes et des hommes, et d'une éducation universelle. Tous ces
points sont étroitement liés à la tentative de protéger l'environnement mondial.
Le fait même que de tels principes doivent apparaître avec l'autorité de la
religion et non simplement de sources humaines, est une autre pièce à jouter
à la solution d'ensemble de nos problèmes d'environnement.
Il n'y a probablement pas d'impulsion plus puissante pour le changement social
que la religion. Baha'u'llah a dit:
"La religion est le plus grand de tous les moyens pour établir l'ordre dans
le monde et pour le bien-être de tous ceux qui l'habitent."
En essayant d'établir une nouvelle éthique écologique, les enseignements de
toutes les traditions religieuses peuvent jouer un rôle en aidant à inspirer
les adeptes.
Baha'u'llah a exprimé un amour et une appréciation ardents de la nature, insistant,
dans la théologie baha'ie, sur la relation entre l'environnement et le monde
spirituel. "La campagne est le monde de l'âme, la ville est le monde du corps",
disait Baha'u'llah.
Cette dichotomie entre la spiritualité et le matérialisme est une clé pour la
compréhension de l'humanité d'aujourd'hui. Du point de vue baha'i, les menaces
majeures vis-à-vis de notre environnement mondial, telles que la menace d'annihilation
nucléaire, sont les manifestions d'une maladie générale de l'esprit humain,
maladie qui se signale par une insistance excessive sur les biens terrestres
et un égocentrisme qui inhibe notre capacité de travailler ensemble en une communauté
globale. La Foi baha'ie recherche avant tout à revitaliser l'esprit humain et
à supprimer les barrières qui limitent une coopération fructueuse et harmonieuse
entre les hommes et les femmes, quelles que soient leurs origines nationales,
raciales ou religieuses.
Pour les baha'is, le but de l'existence est de faire progresser une civilisation
en constante évolution. Une telle civilisation ne peut être construite que sur
une terre qui peut se soutenir elle-même. L'engagement baha'i envers l'environnement
est fondamental pour notre foi.
(Pensée Baha'ie n°103, pp.5-8)
9.2.7. MODÈLE DE DÉVELOPPEMENT DURABLE
Il y a un peu plus de cent ans, Baha'u'llah, dans une série de lettres adressées
aux dirigeants de l'époque, annonça que l'humanité entrait dans une période
de son histoire qui exigerait une restructuration radicale de la vie sur la
planète. Il dit que des problèmes jamais envisagés auparavant allaient bientôt
surgir, auxquels même les ressources des nations les plus avancées ne permettraient
plus de faire face. Ces problèmes ne pourraient être surmontés que par un système
fédéral mondial dont l'organe central serait un parlement mondial représentatif
ayant plein pouvoir pour créer un code de lois international universellement
accepté et appliquable. "La terre n'est qu'un seul pays", affirma Baha'u'llah,
"et tous les hommes en sont les citoyens."
A mesure que l'immensité, la complexité et le caractère urgent des problèmes
liés à l'environnement s'imposent à l'attention du public, la logique de cette
injonction devient de plus en plus apparente. Les mécanismes et procédures juridiques
internationaux existants se révèlent inadaptés, essentiellement parce qu'ils
sont basés sur des lois gouvernant les États-nations. Il semble clair à la Communauté
internationale baha'ie qu'à moins d'adopter des mesures innovatrices pour la
restructuration de l'ordre international, la dégradation de l'environnement
à elle seule, avec ses conséquences à long terme sur le développement social
et économique, mènera inexorablement à un désastre aux proportions effrayantes.
Le processus actuel d'élaboration d'une réglementation internationale en matière
d'environnement, qui ne s'attaque qu'à un problème à la fois, est parcellaire
et non systématique. Il n'existe pas d'organisme unique responsable de proposer
une réglementation internationale sur l'environnement. Les nations n'ont pas
non plus convenu d'un ensemble de principes pouvant servir de base à une telle
réglementation. De plus, les pays signant les différents instruments juridiques
sont rarement les mêmes. De sorte qu'il est pratiquement impossible d'harmoniser
ou de combiner les accords.
La procédure législative internationale est connue pour être lente, coûteuse
et lourde. Nombre de pays, dotés d'un effectif limité de diplomates et d'experts,
ne peuvent s'engager dans des procédures si longues et coûteuses, d'autant plus
que les négociations se multiplient pour répondre aux problèmes pressants liés
à l'environnement mondial.
La procédure ad hoc actuelle pour la réglementation en matière d'environnement
ne peut que devenir plus difficile à manier. On a avancé de nombreuses propositions
visant à mettre en place des mécanismes globaux pour créer et soutenir un modèle
de développement durable.
Aussi bien intentionnées et utiles que soient ces propositions, il semble évident
pour la Communauté internationale baha'ie qu'élaborer un modèle de développement
durable est une tâche complexe aux ramifications multiples. A l'évidence, cela
demande un engagement renouvelé pour apporter des solutions à des problèmes
majeurs qui ne sont pas uniquement du domaine de l'environnement. Ces problèmes
comprennent la militarisation, les disparités excessives de richesse entre les
nations et à l'intérieur de chacune d'elles, le racisme, le manque d'accès à
l'éducation, le nationalisme effréné, et l'absence d'égalité entre les femmes
et les hommes. Plutôt que de mettre en oeuvre des actions ponctuelles conçues
pour répondre aux besoins des États-nations, il semble clairement préférable
d'adopter un accord-cadre à l'intérieur duquel des codes spécifiques internationaux
pourraient être promulgués.
Les solutions à long terme font appel à une nouvelle vision d'ensemble d'une
société globale, sous-tendue par des valeurs nouvelles. Aux yeux de la Communauté
internationale baha'ie, reconnaître l'unicité de l'humanité est la condition
première et fondamentale pour réorganiser et administrer le monde tel un pays
unique, foyer de la race humaine. La reconnaissance de ce principe n'implique
pas l'abandon des loyalismes légitimes, ni la suppression de la diversité culturelle
ou l'abolition de l'autonomie nationale. Ce principe demande un loyalisme plus
large, des aspirations bien plus élevées que celles qui ont animé les efforts
humains jusqu'à présent. Il subordonne clairement les intérêts et les penchants
nationaux aux exigences impératives d'un monde unifié. Il est incompatible avec
non seulement toute tentative d'imposer l'uniformité, mais aussi toute tendance
vers une centralisation excessive. Sa finalité peut être résumée par le concept
d' "unité dans la diversité".
Les écrits baha'is envisagent un système fédéral mondial "en faveur duquel toutes
les nations du globe devront abandonner de leur plein gré toute prétention à
faire la guerre, certains droits à lever des impôts, et tous droits à maintenir
des armements autres que ceux requis pour la sauvegarde de l'ordre à l'intérieur
de leurs territoires respectifs." Cette fédération mondiale sera dotée d'un
"corps législatif mondial dont les membres en tant que représentants de l'humanité
entière auront le contrôle suprême sur toutes les ressources des nations composantes;
corps qui édictera les lois requises pour régler la vie, satisfaire aux besoins,
et harmoniser les relations de tous les peuples et de toutes les races. Un exécutif
mondial s'appuyant sur une force internationale veillera à l'exécution des décisions
prises par ce corps législatif, appliquera les lois qu'il aura décrétées et
garantira l'unité organique de la communauté toute entière. Un tribunal mondial
jugera et rendra un verdict ultime et obligatoire dans tous les cas de différends
qui pourraient surgir entre les divers éléments faisant partie de ce système
universel." Dans ce système, "un code unique de droit international - issu du
jugement réfléchi des représentants fédérés du monde - disposera, pour ses sanctions,
de l'immédiate intervention coercitive des forces conjuguées des unités fédérées...".
En même temps, "l'autonomie des États membres, et la liberté personnelle ainsi
que l'initiative des individus qui les composent, seront complètement et pour
toujours sauvegardées."
Aucun changement véritable n'est possible sans une vision de l'avenir. La Charte
de la Terre pourrait contribuer de façon significative à dégager une vision
unificatrice de l'avenir, en énonçant avec audace le système de valeurs sur
lequel on doit bâtir le futur.
Nous avons la conviction que les gouvernements du monde, forts de la reconnaissance
universelle des dangers pesant sur la planète, peuvent décider d'agir avec courage
dans l'intérêt de la race humaine dans son ensemble. Le résultat pourrait non
seulement fournir la clef des problèmes d'environnement et de développement
auxquels nous sommes actuellement confrontés, mais représenter de plus un immense
pas en avant dans l'érection d'un système fédéral capable de relever les multiples
défis auxquels doit faire face une humanité en voie d'intégration rapide.
(Une réglementation internationale pour l'environnement et le développement)
9.2.8. NOUVEL ORDRE MONDIAL
Après des années d'inattention, le monde semble enfin s'éveiller à l'ampleur
des problèmes auxquels notre environnement est confronté. Le sérieux de cet
intérêt est favorablement accueilli.
Toutefois, dans la discussion générale sur les moyens de surmonter cette crise,
l'élément crucial est bien souvent absent. Or cet élément, un cadre international,
est nécessaire à la protection de l'environnement.
En matière d'environnement, les problèmes les plus urgents sont de nature internationale.
Qu'il s'agisse de la pollution des océans, de la surproduction des gaz à l'origine
de "l'effet de serre", de l'extinction des espèces ou du déboisement, tous ces
problèmes ignorent les frontières entre États. Toute solution réelle doit obligatoirement
impliquer une coopération internationale.
Cependant, les experts de l'environnement et les politiciens hésitent à aborder
le problème plus vaste d'un ordre mondial et de l'unité planétaire. Bien que
l'on parle souvent d'efforts "coordonnés" ou d'"approche mondiale", la plupart
des propositions en faveur de la préservation de l'environnement ne tiennent
pas compte de la nécessité d'une révision sérieuse de la charte politique du
monde.
Or une réflexion attentive sur l'étendue et la nature des menaces qui pèsent
sur l'environnement de la planète montre qu'une action globale d'une telle ampleur
est désormais indispensable.
De plus, les causes de ces diverses menaces sur l'environnement sont complexes
et revêtent divers aspects : social, technologique, politique, culturel et même
spirituel.
Examinons-en deux exemples :
Les forêts tropicales fournissent une grande partie de l'oxygène présent dans
le monde et contiennent toute une réserve d'espèces végétales et animales. Or
elles sont en cours de destruction rapide par des causes allant des pluies acides
au déboisement causé par des familles appauvries à la recherche de terres agricoles.
Ainsi, toute tentative visant à préserver les forêts doit aborder des problèmes
variés, depuis la politique industrielle jusqu'aux disparités entre riches et
pauvres. En fin de compte, les efforts tendant à réaliser une alphabétisation
universelle seront tout aussi importants que la création de réserves naturelles.
De même, la limitation de l'utilisation de combustibles fossiles exigera de
longues campagnes visant à éduquer les consommateurs. L'application de nouvelles
technologies doit s'effectuer à l'échelle mondiale. De nouvelles perspectives,
de nouveaux modes de vie sont essentiels.
L'accent mis sur l'environnement a suscité dans de nombreux pays, tout un courant
d'idéalisme et d'engagement envers sa protection. Or ce courant d'opinion ne
pourra s'amplifier que si l'étendue des dangers menaçant l'avenir de nos enfants
devient chaque jour plus manifeste. S'il s'accompagne d'une vision et d'une
direction effectives, il constituera une ressource sans précédent en vue d'une
transformation importante de la société humaine. Tel est le défi réel qui se
pose au mouvement en faveur de l'environnement.
Il y a plus d'un siècle, Baha'u'llah, le fondateur de la Foi baha'ie, a lancé
son appel en faveur de l'établissement d'un nouvel ordre mondial. Bâti autour
du concept d'une confédération des nations, avec un parlement et un gouvernement
mondiaux chargés d'exécuter sa volonté, ce nouvel ordre politique servirait
à englober et à unir toute l'humanité et à promouvoir l'éclosion d'une "civilisation
en constante évolution ".
Un tel ordre nouveau doit, par nécessité, être fondé sur les principes de justice
économique, d'égalité raciale, de droits égaux entre hommes et femmes, et d'éducation
universelle.
"Le bien-être du genre humain, sa paix et sa sécurité, sont irréalisables tant
que son unité n'est pas solidement établie," a écrit Baha'u'llah. "La terre
n'est qu'un seul pays, et tous les hommes en sont les citoyens".
Plus qu'aucun autre phénomène actuel, la crise de l'environnement, toujours
plus aiguë, a montré la véracité et la profondeur de ces paroles.
Bien que la notion de confédération des nations ait été largement débattue depuis
le début du siècle, en tant qu'instrument de la paix mondiale, il est de plus
en plus admis que la dégradation de l'environnement peut s'avérer aussi dévastratrice
qu'une guerre mondiale, et cela devrait amener les hommes et les femmes éclairés
à élargir le concept de sécurité collective, afin qu'il englobe également la
crise de l'environnement.
(One Country n°3, pp.2, 15)
9.3. Actions baha'ies
9.3.1. CENTRE D'ÉTUDES DOROTHY BAKER SUR L'ENVIRONNEMENT - BOLIVIE
|
M. Baker, fondateur de ce centre d'étude sur l'environnement, se tient
au bord d'un vivier expérimental de carpes, afin d'améliorer la teneur en
protéine du régime alimentaire des habitants des hauts plateaux de Bolivie.
|
M. Baker ne s'attend pas à connaître de son vivant une transformation aussi
importante. Mais cette sorte de vision à long terme fait partie intégrante de
la philosophie et de l'approche du Centre Dorothy Baker d'études sur l'environnement,
dont M. Baker est fondateur et directeur. Le Centre se consacre à examiner de
quelle manière les technologies appropriées, ainsi qu'une éducation appropriée,
peuvent améliorer la vie des Aymaras et des Quechuas qui survivent sur le rude
Altiplano bolivien.
Ainsi, par exemple, le Centre a adapté un modèle de serre solaire pour la culture
en haute altitude de fruits et de légumes, à peu de frais. Près de 30 communautés
utilisent ce modèle et plus de 120 serres ont été construites. D'autres efforts
du Centre sont axés sur le développement et la promotion des technologies de
reboisement et de conservation des sols qui conviennent à l'Altiplano, ainsi
que sur la conception d'un générateur de biogaz bon marché, qui fonctionnera
en dépit des températures extrêmes de la région.
Le Centre est cependant davantage qu'une simple station de recherche. Grâce
à un programme de communication et d'éducation, il met ces technologies directement
à la portée des communautés qu'il s'efforce de servir. Ainsi, le Centre patronne
un programme de formation pour adultes sur l'environnement rural et des classes
maternelles pour enfants. Ces cours de formation ont contribué de façon importante
à populariser des technologies nouvelles.
"Dans nos classes, on demande de rechercher la vérité par soi-même et de la
défendre ensuite", dit M. Baker. Et il ajoute : "Nous ne croyons pas qu'il soit
bon d'imposer nos connaissances. C'est ainsi que l'individu progresse. Et, lorsque
les individus progressent au sein d'une communauté, celle-ci peut déterminer
sa propre voie de développement."
Le climat et les conditions de l'Altiplano sont autant de défis à relever. La
Bolivie est le pays le plus pauvre d'Amérique Latine, en partie du fait de sa
géographie et de son climat. L'altitude du haut plateau des Andes varie entre
3.000 et 4.000 mètres. La région qui reçoit peu de pluie est sujette à de très
larges variations de températures, gelant presque la nuit et atteignant jusqu'à
20°C. le jour. En fait, l'Altiplano est un désert dans la montagne. Pourtant
la majorité des Boliviens vit sur cette plaine élevée et sèche, beaucoup d'entre
eux subsistant essentiellement d'un régime de pommes de terre et de graines
indigènes comme le cañawi et le quinoa. Moutons et lamas sont parmi les rares
animaux qui peuvent survivre grâce aux pâturages clairsemés qui poussent sur
l'Altiplano et ils produisent un peu de viande, de laine et de lait.
Environ 70% de la population est indigène, surtout d'origine aymara et quechua.
Bien qu'officiellement le degré d'alphabétisation soit de 75%, de nombreux Indiens
sont, cependant, pratiquement illettrés : capables de lire des mots espagnols
mais sans en comprendre le sens. C'est cet état de choses que le Centre tente
d'aborder spécifiquement. Selon M. Baker, les serres solaires ont été conçues
pour améliorer le régime alimentaire des gens vivant dans des communautés éloignées
de haute altitude. "Il est virtuellement impossible de faire pousser fruits
et légumes à l'air libre sur l'Altiplano", dit M. Baker. "C'est pourquoi l'alimentation
prédominante est pauvre en vitamines, minéraux et huiles apportés par les légumes
et les fruits."
Le Centre a mis au point un modèle peu coûteux qui peut être facilement construit
et entretenu par une seule famille, unité sociale de base sur l'Altiplano. Sur
des fondations en adobe, des tubes de plastique servent de montants pour tendre
une toile de polyéthylène transparent. A l'intérieur de ces serres, il fait
suffisamment chaud et humide pour faire pousser une grande diversité de légumes.
Le Centre assure la formation pour la construction des serres et fournit les
matériaux. On demande à chaque famille de payer 75 % du montant des tubes et
de la couverture plastique.
"Le revenu annuel moyen d'une famille dans la région est d'environ 900 FF.",
dit M. Baker. "Nous estimons que la valeur de la production d'une serre solaire
sur une année représente à peu près 750 FF., bien qu'une petite partie seulement
de cette production soit vendue, la plus grande étant consommée par la famille.
Le coût réel des matériaux n'est que d'environ 150 FF., le bénéfice économique
de ce programme est donc significatif pour une famille." De même, le Centre
étudie des techniques de reboisement, de gestion des ressources en eau et d'utilisation
du biogaz, qui soient appropriées à l'Altiplano. Les conditions du sol et les
conditions climatiques sont particulièrement dures pour les jeunes plants d'arbres.
Une tentative récente d'une autre organisation pour planter 7.000 eucalyptus
et queshuaras a échoué : dix arbres seulement ont survécu après la première
année car le sol n'avait pas été assez bien préparé.
M. Baker croit que le taux de survie des arbres peut être beaucoup plus élevé.
Actuellement le Centre travaille avec 12 communautés pour la mise en route et
le maintien de projets de plantation à petite échelle. Dans la communauté de
Cori Pata, par exemple, 3.000 queshuaras ont été plantés depuis deux ans. Le
queshuara, excellent pare-vent et combustible, pousse bien en haute altitude.
A première vue, la principale station de recherche du Centre n'est pas très
spectaculaire. Installée sur une parcelle de terrain de 2 hectares située dans
la banlieue de Cochabamba, elle se compose de plusieurs bâtiments bruts, en
adobe avec des toits de tôle galvanisée, un vivier et une citerne, et un certain
nombre de petits sites de démonstration. Mais cet endroit et ces constructions
sont tout à fait adéquats pour le développement et la promotion des technologies
appropriées qui constituent le but du Centre.
"Nombre d'autres organisations installent des serres solaires plus efficaces
et productives que les nôtres, mais elles ont tendance à coûter beaucoup plus
cher, de l'ordre de 18.000 à 24.000 FF., et elles réclament la participation
d'un village entier", dit M. Baker. "Malheureusement, les familles ici n'ont
que 300 à 360 FF. à investir dans ce genre de projet. C'est pourquoi nous essayons
de développer des projets et des technologies qui restent dans ces limites."
George Scharffenberger, président de la "Croisade de l'industrie alimentaire
contre la faim", organisation dont le siège est aux États-Unis et qui, ces trois
dernières années a octroyé une subvention annuelle de 150.000 FF. au Centre
Dorothy Baker, a souligné que la philosophie du Centre, de laisser les communautés
faire l'expérience de leur propre prise en charge, était sincèrement suivie.
"D'autres organisations construisent des serres un peu plus robustes et plus
productives", devait dire M. Scharffenberger après sa visite au Centre Dorothy
Baker ainsi qu'à quatre autres organisations similaires en Bolivie et au Pérou
l'an dernier. "Mais, je ne pense pas qu'il y ait le même sens de propriété de
la part des communautés elles-mêmes. Dans certaines serres du Centre Dorothy
Baker, il y a une véritable explosion de créativité dans le choix de ce que
l'on fait pousser. Dans une serre, alors qu'il neigeait dehors, ils cultivaient
des bananes. Je suppose que de ce fait ils cultivaient moins mais la serre était
réellement leur serre."
"Pour ce qui est du développement élémentaire des communautés, j'ai été très
impressionné", a-t-il ajouté. M. Baker pense que l'implication de la communauté
est la clé du succès pour l'introduction d'idées nouvelles sur l'Altiplano et
il ajoute qu'il est tout aussi important de démontrer le potentiel pour obtenir
des résultats.
Ainsi par exemple, sur le sîte de Cochabamba, un certain nombre de petits terrains
de démonstration présentent les avantages de l'utilisation du terreau et des
paillis en agriculture. Un vivier a également été construit, conçu pour montrer
comment la carpe peut se développer dans un système clos en utilisant l'engrais
animal pour nourriture.
Parmi les différentes serres solaires, l'une a été ajoutée à une maison traditionnelle
en adobe comportant deux pièces. Avec ce modèle M. Baker dit qu'il espère démontrer
comment une serre solaire peut, en plus des légumes, procurer une modeste quantité
de chaleur solaire à l'espace de vie familiale. Ainsi que nous l'avons déjà
noté, un système de gestion des ressources en eau et de contrôle de l'érosion,
constitué de petites digues, s'étend derrière le terrain de recherche. Ce système
canalise l'eau jusqu'au vivier et à la citerne, montrant de quelle manière les
rares pluies de la région peuvent être facilement collectées et utilisées.
M. Baker dit à propos du système de barrages : "Ce sont là des moyens bien évidents
pour contrôler l'érosion." Et il ajoute : "Mais les habitants de l'Altiplano
ne sont pas prêts à consacrer du temps à un projet, tant qu'ils n'ont pas la
conviction que cela va donner un résultat. Il ne faut pas les en blâmer. Ici
ils doivent constamment peiner de toutes leurs forces pour survivre. Avant de
consacrer beaucoup de temps à quelque chose ils veulent s'assurer du résultat."
M. Baker estime que la transformation de la Bolivie sera possible lorsque les
communautés de l'Altiplano auront reçu les outils technologiques et organisationnels
qui leur sont nécessaires pour gérer leur propre développement. Le Centre a
une relation de travail avec le FUNDESIB, Fondation pour le développement intégral
de la Bolivie, et, comme la sienne, sa philosophie directrice s'appuie sur les
principes de la Foi baha'ie. M. Baker est lui-même baha'i et il a donné au Centre
le nom de sa mère, Dorothy Baker, une figure marquante de la communauté baha'ie
dans les années 40 et 50. Selon M. Baker, le Centre s'efforce d'équilibrer,
dans son approche, les besoins de développement et la sensibilisation à l'environnement
en soulignant une compréhension spirituelle de la relation entre l'homme et
la nature.
"Nous sommes une création de Dieu, l'environnement également", dit-il. " Dans
ce sens, nous faisons partie de ce qui est créé, et nous devons nous considérer
comme une composante essentielle de l'environnement." Il affirme aussi qu'il
croit que Dieu a doté l'homme de la capacité unique de rationaliser et de réfléchir,
attribut que la nature ne possède pas. "Les êtres humains sont devenus la force
directrice dans l'équilibre entre le monde des hommes et le monde de la nature",
dit-il encore. "Nous sommes capables d'apprendre à améliorer notre environnement
ou bien de le détruire. Il ne nous reste donc qu'à apprendre à l'améliorer."
(One Country n°8, pp.1, 8-10, 14)
9.3.2. DIVERS PROJETS DE PRÉSERVATION DE LA NATURE
À TRAVERS LE MONDE
Entre 1984 et 1989, les baha'is ont eu plus de 50 projets de préservation de
la nature à travers le monde. Ces projets qui concernent plus de 30 pays vont
de la plantation sylvestre en cours et des efforts de reboisement à la fabrication
locale de poêles à haut rendement. En outre, l'éducation en matière d'environnement
est en train de devenir partie intégrante du programme des écoles baha'ies et
des centres d'apprentissage qui sont au nombre de plus de 600 dans le monde.
Les enseignements de base de la Foi baha'ie confirment le caractère sacré de
la nature et font clairement ressortir l'interconnexion de l'humanité et de
la nature. En outre les messages de la Foi sur l'interdépendance entre l'homme
et l'unité mondiale, formulés dès le 19ème siècle, illustrent bien l'importance
accordée aujourd'hui, au sein du mouvement écologique, à une approche globale
et coordonnée de ce problème.
a) Projets communautaires
Outre la promotion d'une approche unifiée et globale des questions relatives
à l'environnement, les baha'is ont aussi mis l'accent sur la nécessité d' oeuvrer
pour la préservation du milieu à l'échelon local. C'est pourquoi les projets
écologiques patronnés par les baha'is sont, pour la plupart, des projets locaux
exécutés à échelle réduite, et associés à des efforts en matière de développement
économique.
Au Kenya, une série de projets de cette nature ont été exécutés au cours de
la dernière décennie, et la communauté baha'ie de ce pays a participé à toute
une série d'efforts de reboisement, à des programmes d'éducation écologique,
et même à un projet portant sur la fabrication et la distribution de poêles
à bon rendement.
"L'un des projets les plus intéressants que nous ayons pu entreprendre au Kenya,
c'est l'élaboration d'un programme pour la "Journée mondiale de l'environnement"
qui a atteint les villages", a déclaré M. Donald Peden, un baha'i qui a vécu
au Kenya de 1978 à 1986 et qui travaille actuellement en qualité de conseiller
international en écologie. "Ils ont été en mesure d'élaborer des programmes
pour 10 000 - 12 000 élèves d'établissements d'enseignement supérieur. Selon
moi, ceci fut réellement exemplaire de leur capacité à éveiller les consciences
aux problèmes de l'environnement, et cela dans toutes les couches de la société.
Bien souvent, en effet, les efforts d'éducation dans ce domaine n'atteignent
guère que l'élite des populations urbaines."
Mairuth Sarsfield, qui servit au Kenya, de 1980 à 1983, en qualité de directeur
adjoint de l'information pour le Programme de l'environnement des Nations unies,
et qui a bien connu les projets baha'is au Kenya, a déclaré notamment: "Si je
devais évaluer l'apport baha'i à l'écologie et à la protection de l'environnement,
je dirais simplement que pour les baha'is, lorsqu'ils exécutent un projet, grâce
à leur capacité de s'identifier à la population, le problème ne se pose plus
en termes de "eux et moi", ou "eux et nous", mais "nous"...Il y a une ouverture,
une disponibilité dans l'éthique baha'ie qui réveille la conscience et incite
la population à collaborer avec les baha'is."
Les femmes ont joué un rôle particulier dans les projets de préservation de
la nature au Kenya. Le projet de fabrication de poêles fonctionnant au charbon
de bois, les "jikos," concerne une coopérative féminine. Lors de plusieurs conférences,
en 1984 et 1985, des femmes avaient reçu de jeunes plants à remporter dans leurs
villages et à planter.
En Inde, les projets baha'is sur l'environnement ont mis l'accent sur l'éducation
en matière de préservation de la nature et, tout particulièrement, sur ses effets
pratiques. En conséquence, les écoles baha'ies ont été le théâtre d'activités
intenses.
A l'école Rabbani (État de Madhya Pradesh), plus de 14 000 arbres ont été plantés
sur le campus et dans les villages voisins depuis l'établissement en 1985, d'une
pépinière sur le campus. Pendant la même période, un programme complémentaire
a aidé à l'établissement de quatre pépinières de village qui ont produit au
total plus de 30 000 jeunes arbres destinés à être utilisés dans les environs.
Depuis 1982, l'école a employé des poêles sans fumée d'un bon rendement.
En 1986, M. Rajiv Gandhi, Premier ministre de l'Inde, a remis à l'école Rabbani
le prix des "Amis des Arbres" décerné par le ministère de l'Environnement et
de la Sylviculture pour récompenser ces efforts et d'autres déployés en faveur
du reboisement. La communauté baha'ie de l'Inde a ainsi patronné plus d'une
douzaine de projets forestiers depuis 1984.
Les programmes de protection de l'environnement ont été également orientés vers
la technologie appropriée et vers les moyens de sa diffusion qui constituent
les conditions d'un changement durable.
En Bolivie, près de Cochabamba, sur les hauts plateaux où le bois est rare,
le Centre Dorothy Baker d'études sur l'environnement, géré par des baha'is,
a exploré les possibilités de production de biogaz à partir de déchets animaux
et d'utilisation de ce gaz pour la cuisine, le chauffage et l'éclairage, et
cela depuis 1985. D'autres technologies appropriées, relatives notamment à la
préservation de l'eau, à l'utilisation de l'énergie solaire et au développement
des sols, ont également fait l'objet de travaux de recherche et des matériels
de formation sont actuellement produits, en espagnol et en quechua, langue amérindienne
parlée au Pérou et en Bolivie.
b) Le thème de l'interdépendance
L'approche baha'ie des problèmes de préservation de la nature, c'est plus qu'une
série de projets, à l'échelle locale. A la base de ces activités, on trouve
les enseignements de la Foi baha'ie qui apportent à la fois une motivation et
une orientation. Richard St.Barbe Baker, dont l'intérêt pour les forêts à travers
le monde lui a valu le surnom d' "homme des arbres", était baha'i et attribuait
l'inspiration de son oeuvre, dans une large mesure, à la Foi baha'ie.
Baha'u'llah, le fondateur de la Foi baha'ie, fit des déclarations explicites,
vers la fin du dix-neuvième siècle, sur le caractère sacré de la nature, l'interdépendance
de l'humanité avec le monde de la nature et l'importance d'une approche unifiée
des problèmes mondiaux.
"Ce concept d'unité opère à plusieurs niveaux", a dit M. White (directeur de
recherche en écologie à l'université de Saskatchewan) "l'on s'accorde à reconnaître
que la planète est physiquement unifiée et que la destruction des forêts dans
un pays affecte également l'atmosphère et le climat dans d'autres pays. Et l'on
reconnaît aussi que l'unité entre les nations est nécessaire si nous voulons
collaborer à la solution des problèmes qui nous concernent tous".
(One Country n°1, pp.6-8)
9.3.3. ACTIVITÉS BAHA'IES AU "FORUM MONDIAL 92"
- RIO DE JANEIRO
|
Le monument de la paix sous forme d'un sablier de 5m de haut, érigé
par les baha'is à l'occasion du sommet de la terre, a reçu un échantillon
de terre de 40 nations différentes, symbolisant l'aggravation croissante
et notre responsabilité devant le problème mondial de l'environnement. |
Il y a cent ans, lorsque les délégations européennes venaient en Éthiopie, l'empereur
les distrayait et leur offrait des cadeaux. Toutefois, avant leur départ, il les
obligeait à se laver les pieds pour s'assurer qu'ils ne transportent pas hors
du pays la moindre trace de la terre éthiopienne considérée comme sacrée.
Les temps ont changé. Lors de la cérémonie de clôture bigarrée destinée à symboliser
le nouvel esprit de coopération mondiale inspiré par le Sommet de la Terre,
des prélèvements de terre éthiopienne et de plus de 40 autres nations ont été
déposés dans un sablier très particulier, le "monument à la paix" construit
à l'initiative de la Communauté internationale baha'ie.
Le projet était destiné à montrer la réalité de l'interdépendance humaine et
son symbolisme n'a pas échappé aux participants.
" Dans le passé, nous n'autorisions personne à emporter la terre de notre pays
", dit Zegeye Asfaw, ministre éthiopien de l'agriculture, de l'environnement
et du développement, lors d'une conférence de presse avant la cérémonie. " Cependant,
désireux avant tout de vivre sur une terre pacifique et prospère, nous avons
accepté d'offrir notre terre au monument. "
Ce projet de monument, qui a retenu l'attention des médias du Brésil et de la
communauté internationale, constitue l'une des nombreuses et discrètes contributions
de la Communauté internationale baha'ie et de ses représentants nationaux aux
réunions de Rio sur l'environnement et le développement.
Parmi les événements et activités parrainés par les baha'is, citons :
* La préparation et la production d'un livre de dessins et de textes d'enfants
du monde entier sur la nécessité d'une plus grande protection de l'environnement
et de la paix. Le livre intitulé : L'avenir appartient aux enfants sera offert
aux représentants de tous les gouvernements qui ont participé au Sommet de la
Terre.
* Colloque d'une journée organisée au Forum mondial 92 sur " les valeurs et
les institutions susceptibles de promouvoir une civilisation mondial durable
et en progrès constant ".
* Organisation d'une série de soirées musicales et culturelles dans le cadre
du Forum mondial 92. Les "Soirées du Parc" ont eu lieu chaque soir pendant le
Forum mondial dans l'amphithéâtre du parc Flamengo.
* Discours prononcé par la Communauté internationale baha'ie devant les délégations
gouvernementales à la séance plénière de la CNUED sur la nécessité d'une plus
grande coopération internationale et l'importance des valeurs spirituelles pour
changer les attitudes en vue de promouvoir un développement durable.
a) Monument pour la paix
Plus de 400 personnes ont assisté le 14 juin à l'inauguration du monument pour
la paix annoncée comme l'une des cérémonies de clôture de la CNUED et du Forum
mondial 92. Plus de 30 représentants des médias et au moins 7 représentants
des délégations gouvernementales présentes à la CNUED y ont assisté.
Une rangée d'enfants vêtus de costumes traditionnels de nombreux pays se sont
passés de main en main la terre de 42 pays déposée dans le monument. Celui-ci,
en béton et céramique et mesurant 5m. de haut, a été dessiné par le célèbre
artiste et sculpteur brésilien, Stiron Franco, et construit sous sa supervision.
Les deux pyramides qui la composent ont la forme d'un sablier symbolisant le
temps qui passe et qui échappe aux hommes s'ils ne s'unissent pas dans un nouvel
esprit de coopération mondiale.
Les échantillons de terre ont été prélevés sur des sites historiques ou sacrés.
Celui de l'Islande, par exemple, vient du lieu historique le plus sacré de ce
pays, le premier parlement fondé il y a 1 100 ans. La terre indienne a été prélevée
sur Shakti Sthal, site du monument érigé à la mémoire du défunt Premier ministre,
Mme Indira Gandhi, seul chef d'État à avoir assisté à la conférence de Stockholm
sur l'environnement en 1972.
Une citation de Baha'u'llah, fondateur de la Foi baha'ie, est gravée en quatre
langues sur les 4 côtés de la pyramide supérieure : " La terre n'est qu'un seul
pays et tous les hommes en sont les citoyens. " La citation figure en anglais,
portugais, chinois et terna, langue autochtone brésilienne.
Sur la partie inférieure du monument, les mots " paix mondiale " ont été gravés
en plus de 35 langues . Une bande de verre qui entoure le monument contient
des échantillons multicolores de terre des différentes nations.
Construit près de l'aéroport Santos Dumont au nord du parc Flamengo et du site
du Forum mondial 92, le monument restera le symbole du Sommet de la Terre et
du Forum mondial.
b) Le Livre des enfants
Le livre : L'avenir appartient aux enfants - contribution au Sommet de la Terre
92 présente les préoccupations des enfants de plus de 25 pays et donne un aperçu
intéressant de ce que le monde pourrait être si les peuples et les nations du
monde pouvaient apprendre à travailler ensemble à la construction d'un avenir
viable sur le plan écologique.
Édité par la Communauté internationale baha'ie, avec l'appui du Fonds des Nations
unies pour l'enfance (UNICEF) et l'Associaçao Masrour pelo Bem -Estar e Educaçao
da Familia (ASMA), le livre contient des oeuvres d'enfants originaires de presque
toutes les religions et les cultures.
Le livre a été publié officiellement à l'occasion du Forum mondial, le 12 juin.
1992 15 000 exemplaires ont été imprimés pour la première édition de ce livre
de 78 pages. La moitié a été donnée à l'UNICEF comme contribution aux programmes
des enfants sur l'environnement. Les autres exemplaires sont distribués à des
Organisations non gouvernementales, des délégations gouvernementales et des
chefs d'État.
" Les dessins et les textes présentés dans ce livre montrent les préoccupations
profondes des enfants de la planète face à un monde menacé par la pollution,
un développement inégal et un conflit politique persistant qui rend l'avenir
incertain ", dit Roberto Eghrari, Secrétaire général de la Communauté baha'ie
du Brésil qui a également contribué à la préparation et à la publication du
livre.
Les 80 dessins et textes sélectionnés ont été réalisés par des élèves d'écoles
primaires de 26 pays. Ils ont été choisis parmi des milliers de propositions.
c) Autres contributions
Les " Soirées du parc ", spectacles nocturnes musicaux et culturels, ont été
organisés dans le cadre du Forum mondial par la Communauté internationale baha'ie
qui, à cet effet, a délégué du personnel à temps complet au Bureau du Forum.
Ces soirées ont été en quelque sorte le coeur et l'âme du Forum mondial, à une
heure et dans un cadre accessibles à tous.
Selon les organisateurs du Forum, le but de ces soirées musicales était de "
montrer la diversité culturelle de la famille humaine en jouant des musiques
du monde entier ".
Ces spectacles ont attiré chaque soir entre 2 000 et 4 000 spectateurs. Le dernier
soir, le 13 juin, des acteurs baha'is ont joué une pièce en 6 actes intitulée
" La fête de l'unité ".
Les baha'is ont aussi participé à de nombreuses conférences et autres manifestations
organisées au sein du Forum mondial. Leurs représentants ont contribué à la
rédaction de plusieurs traités présentés par les ONG.
(One Country n°12, pp.12-14)
9.3.4. PRODUCTION D'UNE RADIO SOLAIRE - CHENGDU,
Chine
La plupart des employés de la Société de télévision et d'électricité de Chengdu,
au centre de la Chine, se rendent chaque jour à leur travail à bicyclette laquelle
est depuis longtemps reconnue comme le moyen de transport le plus efficace et
le plus salubre pour l'environnement.
Ces employés sont aujourd'hui engagés dans une nouvelle aventure de la technologie
verte : la production de masse d'une radio solaire bon marché et efficace.
Le projet entrepris en collaboration avec une fondation privée dirigée par les
baha'is, vise à promouvoir l'utilisation des radios à la fois pour aider les
villages dans leur développement et pour apporter une solution aux problèmes
de pollution posés par les piles.
"La fabrication des piles exige environ 80 fois plus d'énergie qu'elles n'en
emmagasinent. Et lorsqu'elles ont été jetées, elles continuent à polluer et
à contaminer le sol par des métaux lourds pendant des années," dit M. Dean Stephens,
qui a mis au point un circuit spécial qui, selon lui, permet à la radio d'être
plus efficace que n'importe quelle radio solaire conçue à ce jour.
"Ce que nous nous efforçons de faire, c'est de lancer une technologie moins
polluante," dit M. Stephens, également directeur du Vanguard Trust, fondation
sans but lucratif qui coordonne et soutient le projet.
"En ce qui concerne les pays en développement, le problème est que le coût des
piles est en fin de compte beaucoup plus élevé que le coût d'une radio et qu'elles
amputent considérablement le revenu des villageois," ajoute-t-il.
Bien que de petites radios solaires aient été produites auparavant, reprend
Dean Stephens, elles sont toutes restées au stade de la nouveauté, soit qu'elles
aient été trop coûteuses, soit qu'elles ne fonctionnaient que dans des conditions
idéales, par exemple sous un soleil brillant.
"Cette radio a un circuit complètement nouveau qui lui permet de fonctionner
même dans une lumière ambiante, à côté d'une fenêtre ou même près d'une lampe
à essence la nuit," dit-il.
a) Production à l'essai
Dean Stephens explique également que la radio est beaucoup moins coûteuse que
les fabrications précédentes. La modicité de son coût tient à l'efficacité de
l'appareil et à la décision de le fabriquer en Chine où la main-d'oeuvre est
moins chère.
"Le prix sera d'environ 90 Francs français ce qui représente le prix du seul
panneau solaire ailleurs," dit-il.
Cette grande efficacité alliée à un faible coût a intéressé un certain nombre
de sociétés de radiodiffusion et d'agences de développement. La BBC et la Radio
diffusion nationale danoise (Danicom) évaluent actuellement des prototypes de
la radio.
Les premiers modèles fabriqués en série, les Vanguardia SR- 2, utilisent des
cellules solaires à cristaux de silicium reliées à un panneau fixé derrière
la radio et qui constitue la source primaire d'énergie. La radio ne reçoit que
les ondes moyennes (AM). La FM ou les ondes courtes feraient inutilement monter
les prix.
b) Circuit novateur
Dean Stephens pense qu'il est important que la Chine participe à la production
de cette radio. "Le Groupe de télévision et d'électricité a fait preuve d'une
grande souplesse dans l'élaboration des détails finaux de conception et de fabrication,"
dit-il et ajoute : "Je suis très heureux de nos relations et puis dire que les
Chinois sont extrêmement intéressés par les principes qui animent la Fondation."
La première tranche de production, terminée en mai dernier, comportait 100 unités.
"C'était un essai," dit Dean Stephens. "La prochaine fois, nous porterons ce
chiffre à mille ou dix mille unités. Nous espérons intéresser un philanthrope
ou une agence de développement qui investirait dans l'achat ou la commande de
ces modèles afin que nous puissions les distribuer à grande échelle."
La Fondation a été créée pour mettre au point et promouvoir des technologies
utiles et appropriées à l'intention des pays en développement et l'un de ses
principaux soucis a été de créer une technologie abordable pour les systèmes
radio de village.
c) Un système radio de village
"Les expériences de mise au point d'installations radiophoniques dans les villages
ont connu des succès et les spécialistes du développement s'y intéressent beaucoup,"
dit M. Stephens. "L'idée est de créer une station de radio offrant au village
des programmes locaux."
"En d'autres termes, la radio de village est pour les villageois un instrument
servant à la consultation ou à la préservation des différentes traditions et
expressions culturelles. Et à une époque où l'information signifie le pouvoir,
la radio de village est aussi une forme de pouvoir local."
La Fondation Vanguard a récemment publié une brochure intitulée "Manuel à l'intention
du propriétaire d'une radio de village" qui précise à la fois la technologie
et l'organisation qui peut être utilisée pour créer une station radio de village.
La Fondation a largement expérimenté un petit système solaire conçu par M. Stephens
utilisé pour éclairer et réfrigérer un centre de formation baha'i à Porto Rico.
Un bulletin trimestriel, Vanguardia, décrit les activités de la Fondation et
donne des informations sur ces technologies.
Tant la Fondation que le bulletin tirent leur nom d'un passage des écrits baha'is
qui incitent les baha'is à être à "l'avant-garde" du progrès scientifique, dit
le Professeur Kenneth Kalantar, membre du conseil d'administration de Vanguard
à Porto Rico.
"Nous tenons tout particulièrement à faciliter le développement des technologies
dans les pays en développement," dit M. Kalantar, professeur associé de chimie
à l'université interaméricaine de San German à Porto Rico. "Bien que la Fondation
ait été créée par des baha'is, quiconque poursuit des objectifs similaires peut
en faire partie."
(One Country n°13, pp.12-13)
9.3.5. FABRICATION D'UN PRESSOIR À HUILE - MANZINI,
Swaziland
Remarquable inventeur, Crispin Pemberton- Pigott, avait sa calculatrice en main
alors qu'il nous faisait visiter son usine dans cette petite nation d'Afrique
australe. Bien qu'il l'ait toujours utilisée pour faire des calculs comme celui
de la résistance d'un tube en acier ou de la charge utile d'une brique en terre
cuite, M. Pemberton-Pigott est tout aussi compétent pour estimer la rentabilité
des machines que fabrique son entreprise.
Attirant notre attention sur un pressoir à huile, qui ressemble à quelque chose
près à un presse-ail géant, il nous explique que le pressoir permet à un seul
ouvrier d'extraire des graines de tournesol ou de l'huile de ménage de première
qualité pressée à froid.
"C'est un pressoir Bielenberg de conception radicalement nouvelle", dit-il en
consultant sa calculatrice. "Nous le vendons environ 6 600 FF et c'est un prix
très avantageux."
Les calculs de rentabilité sont la clé du succès de l'entreprise New Dawn dont
la réputation grandit dans la région pour ses idées novatrices, adaptées à la
situation du pays et sans nuire à l'environnement. La société fabrique environ
une douzaine de machines relativement bon marché, à forte proportion de main-d'oeuvre
et qui peuvent être utilisées par des petites entreprises fabriquant des produits
comme de l'huile de ménage, des clôtures métalliques ou des briques en terre
cuite.
L'entreprise a eu cette année l'honneur de figurer parmi les quatre finalistes
du Prix de sauvegarde de l'environnement en Afrique australe.
"Certes, toutes les sociétés qui ont participé au concours ont montré qu'elles
utilisaient des techniques appropriées, très nouvelles et sensibles pouvant
être utilisées par un grand nombre d'industries locales", dit le professeur
Brian Huntley, directeur administratif del'Institut botanique d'Afrique du Sud
et l'un des membres du jury du concours. "L'entreprise fabrique des machines
qui n'exigent pas de gros investissements et c'est ce qu'il nous faut dans cette
région du monde."
C'est précisément ce que veut M. Pemberton-Pigott, propriétaire et patron, avec
sa femme Margaret, de l'entreprise New Dawn: fabriquer des machines de qualité
qui mettent en valeur l'une des plus grandes ressources de l'Afrique: la main-d'oeuvre
- tout en respectant le mieux possible l'environnement.
Les Pemberton-Pigott ont créé New Dawn en 1984, alors qu'ils vivaient dans le
Transkei. En 1985, ils ont déménagé au Swaziland où le couple avait déjà vécu
pendant deux ans vers la fin des années 70 tout en s'occupant de l'installation
d'un système d'approvisionnement en eau pour les communautés rurales. Jusqu'en
juillet 1993, l'entreprise a vendu plus de 1 500 machines. Les plus demandées
sont celles qui fabriquent les clôtures métalliques qui représentent environ
75 pour cent des ventes. New Dawn produit du matériel pour la fabrication manuelle
de clôtures métalliques à mailles en losanges ou carrées, de fil de fer barbelé,
de grillage pour les élevages de porcs ou de poulets. L'entreprise a vendu également
plusieurs centaines de presses à briques et une centaine de pressoirs à huile.
"Nous construisons actuellement, à l'aide de l'une des machines Crispin, un
poulailler très bon marché", dit Arne Utemark, directeur de la Mission chrétienne
pour aveugles qui dirige le Réseau Ekululameni de rééducation des adultes à
Mzimpofu (Swaziland). "Ca marche à merveille. On a simplement besoin de terre
et d'un peu de ciment, ce qui réduit considérablement les dépenses."
M. et Mme Pemberton-Pigott sont tous les deux baha'is et avouent que leur foi
a beaucoup influencé la philosophie qui a inspiré leur entreprise.
"On peut lire dans les écrits baha'is - et je vais paraphraser ce passage -
que rien n'est plus noble que de participer à des projets ou à des activités
qui permettent d'aider une foule d'autres personnes à devenir autonomes", dit
M. Pemberton-Pigott. "Et c'est la philosophie que nous essayons d'appliquer
dans notre travail quotidien."
(One Country n°15, pp.12-14)
9.3.6. "PRIX FEUILLE VERTE" - SINGAPOUR
Quand Fatima Traazil va au marché, elle prend le même sac en tissu pour les
commissions qu'elle utilise depuis huit ans, ainsi que quelques récipients réutilisables
en plastique et en métal. Elle descend souvent à pieds les 17 étages de son
appartement pour économiser l'électricité. Et elle échange des recettes végétariennes
avec ses amies pour essayer de ne pas manger de la viande.
L'importance de telles activités quotidiennes pour aider à protéger l'environnement
vient petit à petit d'être appréciée par les habitants de cet état-cité asiatique,
une prise de conscience que Mme Traazil a aidé à faire progresser.
En 1992, elle a été l'une des deux personnes qui ont reçu "Le prix feuille verte"
du Ministère de l'environnement de Singapour. Le Ministère a reconnu "son énergie
et son enthousiasme pour propager le message de l'environnement".
Mme Traazil ajoute que c'était "mon amour pour mes enfants" qui l'a incitée
à entreprendre une campagne pour "commencer à nettoyer le fouillis que j'ai
contribué à faire". Elle a réalisé, disait-elle, que les enfants hériteraient
de tous les problèmes de l'environnement que l'humanité est en train de créer
aujourd'hui.
Sa campagne a commencé peu de temps après qu'elle soit devenue baha'ie. Mme
Traazil souligne qu'elle voyait un engagement envers l'environnement comme un
moyen de servir l'humanité en tant que baha'ie.
"Etre baha'i donne une vision du monde, et aide à voir les choses plus clairement",
dit-elle. "Je vois mon travail avec l'environnement comme faisant partie de
ma relation avec Dieu et avec Sa terre."
Après avoir reçu le "Prix feuille verte" en 1992, Mme Traazil a été nommée au
Conseil national de l'environnement, une organisation prestigieuse nommée par
le gouvernement dont les autres membres sont les PDG de McDonald, de la Banque
de Hong-Kong et Shanghai, ainsi que des membres du gouvernement de Singapour.
Mme Traazil est la seule femme et la seule "simple" citoyenne qui soit membre
du Conseil.
"Les autres membres du Conseil voient souvent les choses d'un point de vue industriel
et commercial. Et étant donné que les femmes sont maintenant les principaux
consommateurs, je pense que j'ai une certaine contribution à apporter", a déclaré
Mme Traazil.
(One Country n°16, pp.14-15)
9.3.7. PROGRAMMES DE PLANTATION D'ARBRES - NEW YORK
|
Depuis 1984, les baha'is ont lancé des projets écologiques dans plus
de 20 pays. Ces projets vont de la plantation d'arbres - tel cet effort
poursuivi près de Panchgani en Inde - à la fabrication de poêles consommant
peu d'énergie, des cours éducatifs sur l'écologie, et la coopération internationale
avec des organisations telles que le WWF (Fond mondial pour la nature).
|
La Communauté internationale baha'ie (CIB) a lancé en automne 1989 une nouvelle
et importante initiative en matière d'écologie, visant à promouvoir l'engagement
du monde baha'i en faveur de "la préservation de l'équilibre écologique du monde".
Des détails complets sur cette initiative, ainsi que le nom qu'elle portera,
ont été publiés en octobre 1989 lors d'un déjeuner à Londres commémorant le
100ème anniversaire de la naissance de feu Richard St Barbe Baker, un baha'i
célèbre dans le monde pour ses travaux clairvoyants dans les domaines du reboisement
et de la préservation de la nature.
L'administrateur du projet, M. Lawrence Arturo, spécialiste des communications
pour le développement en assure la coordination à partir du bureau de New York
de la CIB.
M. Arturo a déclaré que le projet est, en premier lieu, centré sur la plantation
d'arbres. Déjà, a-t-il ajouté, des communautés baha'ies participent, dans plus
de 20 pays, à des programmes consacrés à la plantation d'arbres. Le nouveau
projet en prendra le relais et favorisera une coopération plus vaste avec d'autres
organisations non gouvernementales s'intéressant à la préservation de l'environnement.
Selon M. Arturo, le projet promet d'être l'une des plus importantes campagnes
en matière d'environnement jamais entreprises par une communauté religieuse.
"Nous espérons encourager des initiatives à l'échelon local non seulement au
sein d'un grand nombre des 125 000 communautés baha'ies, mais aussi dans d'autres
communautés, grâce à notre coopération avec d'autres organisations."
M. Arturo dit également que le bureau de New York de la CIB aidera à la coordination
des activités à travers le monde et fera fonction de "catalyseur" pour favoriser
les activités au niveau local. Son action comprendra notamment la diffusion
de l'information technique et de celle des projets en cours, ainsi que l'établissement
d'une base de données sur les cas étudiés et les exemples recueillis sur le
terrain.
"Il n'est pas prévu que le bureau dirige des projets ou qu'il devienne une sorte
d'agent général du développement", a dit M. Arturo. "Nous espérons que les projets
locaux prendront des formes très variées, de la plantation d'arbres par des
jeunes pour freiner la désertification, aux foires éducatives, en passant par
des projets en agrosylviculture, les programmes d'espaces verts en milieu urbain
ainsi que l'introduction de modèles éducatifs en matière d'écologie dans certaines
écoles baha'ies et la diffusion, par des stations radio baha'ies, de programmes
consacrés à la préservation de l'environnement."
(One Country n°3, p.3)
9.3.8. JOURNÉE DE LA TERRE 1990 - NEW YORK
Des centaines de communautés baha'ies, venant de plus de 40 pays, ont participé
à la Journée de la terre 1990, par des activités allant de la plantation d'arbres
en Malaisie à la participation à un gala au siège des Nations unies à New York.
Cette Journée, qui s'est tenue le 22 avril 1990, a été célébrée par de nombreux
groupes et personnes, dans plus d'une centaines de pays. Cet événement d'une
journée a été conçu pour galvaniser les efforts de tous et pour engager une
action à long terme en vue de la "construction d'une planète sans danger, juste
et capable de subvenir à ses besoins".
De son côté, la Communauté internationale baha'ie a encouragé les communautés
baha'ies nationales et locales à participer aux activités de la Journée de la
terre dans les diverses régions du monde et à offrir leur appui aux organisateurs.
"Nous avons constaté que les communautés baha'ies, ont participé de façon enthousiaste",
a déclaré M. Lawrence Arturo, directeur du Bureau de l'environnement de la Communauté
internationale baha'ie, qui a aidé à coordonner les activités baha'ies de la
Journée de la terre.
"Bien que certains aient critiqué la Journée de la terre en disant que l'accent
était mis sur les relations publiques et sur les médias, nous avons constaté
que cette journée avait eu un effet galvanisateur sur un grand nombre de communautés
et qu'elle a entraîné des actions concrètes, telles la plantation d'arbres et
l'éducation en matière d'environnement, et nous espérons que ces activités se
poursuivront au-delà de cette célébration", a ajouté M. Arturo.
Au niveau international, la Communauté internationale baha'ie a prêté son concours
au Programme des Nations unies pour l'environnement (PNUE), pour l'organisation
d'un gala de célébration de la Journée de la terre 1990, qui s'est tenu dans
l'hémicycle de l'Assemblée générale des Nations unies. Les baha'is ont parrainé
cet événement avec l'Association des explorateurs de l'espace.
Sur le thème de "Une seule terre", plus de 1000 personnalités ont participé
à cette cérémonie qui présentait 40 astronautes et cosmonautes, une liaison
en direct avec la station spatiale soviétique Mir et un programme musical dirigé
par le célèbre chanteur pour enfants, Raffi.
Ailleurs aux États-Unis, les baha'is ont parrainé des centaines d'activités
locales relatives à la Journée de la terre 1990, ou y ont participé. Parmi elles,
citons des conférences publiques sur l'environnement et des cérémonies de plantation
d'arbres. De nombreuses communautés baha'ies étaient également présentes à des
foires ou à des festivals organisés par d'autres groupements ainsi qu' à des
services et activités interconfessionnels axés sur la préservation de l'environnement.
Certaines de ces actions ont été très novatrices. Par exemple, dans l'État de
Hawaii, un programme intitulé "Adoptez une autoroute" a été lancé ; des volontaires
ont accepté de nettoyer et d'embellir une section d'autoroute, et de l'entretenir
régulièrement.
Dans le monde entier, les communautés baha'ies nationales et locales se sont
souvent trouvées au premier plan des manifestations de la Journée de la terre.
En particulier dans les régions isolées, les baha'is ont parrainé l'unique programme
de la Journée de la terre. Selon M. Arturo, les célébrations suivantes représentent
quelques unes seulement des manifestations de la Journée de la terre 1990 auxquelles
ont participé les baha'is du monde :
• Au Kenya, où la communauté nationale baha'ie a toujours étroitement coopéré
avec le PNUE, les conseils administratif locaux baha'is ont été encouragés à
parrainer des activités pour permettre la réussite de la Journée de la terre
1990. Parmi elles, la plantation d'arbres, des conférences publiques et des
chants sur l'environnement composés par des musiciens locaux.
• Au Chili, la station de radio gérée par des baha'is, dans la région Sud, a
diffusé de brèves émissions éducatives à propos de la préservation de l'environnement.
A Santiago, l'école Colegio Nur a organisé un concours de dessin qui demandait
de montrer le rapport entre la spiritualité et la préservation de la nature
et de l'environnement. Les dessins ont été exposés lors de la Journée de la
terre.
• En Finlande, dans le village de Kolkontaipale, les baha'is ont planté des
arbres fruitiers dans le cadre d'un festival consacré à l'agriculture et à l'environnement.
D'autres communautés baha'ies notamment celles de Varkaus, Joensuu, Vaasa et
Angeli ont participé à des célébrations ou les ont organisées.
• En Malaisie, la communauté baha'ie a organisé un programme de sensibilisation
à l'environnement et a parrainé des activités telles qu'une excursion dans la
nature, la plantation d'arbres et divers exposés, dont un par la Société malaisienne
pour la protection de la nature.
• Au Bangladesh, la communauté baha'ie de Dakka a organisé une cérémonie de
plantation d'arbres ainsi qu'une soirée de discussions et prévu un programme
de plantation sur une année.
• A l'Ile Maurice, sur invitation du Ministère du logement, de la terre et de
l'environnement, les baha'is ont participé à l'organisation de la célébration
de la Journée mondiale de l'environnement, le 5 juin. Quatre rassemblements
régionaux ont eu lieu, ainsi que des exposés sur l'environnement.
Au cours des dernières années, les communautés locales baha'ies ont lancé de
nombreux programmes de préservation de l'environnement dans au moins 40 pays:
plantation d'arbres, efforts de reboisement, fabrication locale de poêles consommant
peu de combustible, centres de recherche ruraux s'intéressant à la mise en oeuvre
de technologies appropriées telles que le biogaz et l'énergie solaire, à la
préparation de programmes et sur la préservation de l'environnement pour les
écoles primaires et de travaux pratiques.
(One Country n°6, pp.10-11)
9.3.9. EXPOSITION : "ARTS EN FAVEUR DE LA NATURE" - SINGAPOUR
Deux cygnes prenant leur envol avec, en toile de fond, une forêt enneigée...
Un troupeau de zèbres dans un paysage africain, le tout enfermé dans une boîte
; sans doute un symbole des espèces en voie de disparition... Une fillette regardant
de sa fenêtre un oiseau en cage, tandis que des pigeons en liberté jouent sur
le toit...
Ces images, et quarante autres, faisaient partie d'une remarquable exposition
organisée à Singapour en juin 1990, avec pour thème central la nature et l'environnement.
Elle avait pour but d'éveiller les consciences à la nécessité de la préservation
de la nature.
Le thème assigné à l'exposition a permis aux peintures et sculptures présentées
à "Arts en faveur de la nature" d'être très diversifiées, allant des paysages
traditionnels de l'Orient, avec leur délicate interprétation de la beauté de
la nature, aux représentations abstraites des agressions perpétrées par l'homme
sur son environnement.
L'exposition, projet du comité baha'i de femmes de Singapour, a recueilli l'équivalent
de plus de 15 000 FF au bénéfice du programme malaisien du Fonds mondial pour
la nature (WWF), destiné à sauver une race de tortues menacée d'extinction,
et a contribué à promouvoir la cause de la nature.
Elle a également montré comment un petit groupe de personnes, lorsqu'elles s'engagent
pour une grande cause, sont capables d'accomplir plus de choses qu'elles ne
l'imaginaient.
"L'idée d'organiser cette exposition remonte au projet Arts en faveur de la
nature, réalisé à Londres en 1988, dans le cadre du WWF, avec la collaboration
de la Communauté internationale baha'ie. Nous avons été très impressionnés par
la brochure éditée à cette occasion, l'un de nous a dit que nous pouvions, nous
aussi, réaliser ce genre de manifestation et les autres ont approuvé", a déclaré
Linette Thomas, membre du comité.
L'idée paraissait assez simple. Inviter des artistes de la ville et de la région
à créer des oeuvres autour du thème de l'environnement, et les exposer le 5 juin
à l'occasion de la Journée mondiale de l'environnement. Ensuite vendre ces oeuvres
et faire don du produit de la vente à la cause de la préservation de la nature.
Tenue à l'Empress Place, récemment rénové, l'exposition a connu un grand succès
grâce à une large publicité et a reçu des centaines de visiteurs pendant la
semaine d'ouverture.
"Les oeuvres d'art peuvent toucher les coeurs comme aucun fait ni aucune statistique
ne peuvent le faire", a dit Mme Cheryl Hum qui présidait le comité pendant la
préparation de l'exposition. "A travers les arts, nous avons voulu non seulement
éveiller la conscience du public à la nécessité de protéger l'environnement,
mais aussi transmettre l'importance vitale d'une action immédiate."
Parallèlement à l'exposition elle-même, le comité et les firmes qui la parrainaient
ont produit une brochure attrayante de 36 pages destinée à commémorer l'événement.
Elle contenait des reproductions sur papier glacé des 43 oeuvres présentées et
des extraits des déclarations sur la nature publiées par les principales religions
dans le cadre du Réseau de WWF sur la conservation de la nature et la religion.
Le premier événement d'Arts en faveur de la nature eût lieu à Syon House, Londres,
le 26 octobre 1988. Réalisée grâce à la collaboration du WWF et de la Communauté
internationale baha'ie, la manifestation de Syon House, ainsi que l'exposition
elle-même, furent inaugurées officiellement par SAR le Prince Philip, au cours
d'un dîner de gala où se produisirent des artistes de renom. Des fonds furent
recueillis ce soir-là au profit d'un projet de sylviculture tropicale réalisé
au Cameroun par le WWF.
(One Country n°7, pp.22-23)
9.4. Coopération
9.4.1. CRÉATION DU BUREAU DE L'ENVIRONNEMENT - NEW YORK
Poursuivant son engagement croissant en faveur de la préservation de l'environnement,
la Communauté internationale baha'ie a officiellement annoncé la création d'un
Bureau de l'environnement.
Cet organisme, siégeant à proximité des Nations unies, cherche à créer un lien
entre l'expertise écologique à l'échelle internationale et l'ensemble des projets
de préservation gérés par les communautés locales à travers le monde.
En cette qualité, le Bureau de l'environnement crée un centre, dont l'objectif
est de recenser les ressources et de rassembler des informations concernant
des micro-projets locaux susceptibles d'intéresser divers groupes concernés
par la préservation de la nature.
Le bureau s'efforce également de favoriser les activités écologiques des quelque
20 000 communautés baha'ies existant de par le monde ainsi que de développer
les liens entre celles-ci et d'autres groupes.
"De nombreuses communautés baha'ies ont déjà acquis de l'expérience dans l'organisation
de programmes écologiques et de développement à petite échelle ; nombre d'entre
elles ont aussi l'habitude de collaborer avec d'autres organisations", à déclaré
M. L. Arturo, directeur du Bureau de l'environnement. "Nous espérons continuer
à soutenir et à promouvoir ce type d'activités."
La création du Bureau de l'environnement a été officiellement annoncée à Londres
en décembre 1989, lors d'un déjeuner commémorant le 100e anniversaire de la
naissance de Richard St. Barbe Baker, bien connu pour son travail de pionnier
en matière de plantation d'arbres, d'agro-sylviculture et de préservation de
la nature.
Organisé par le Bureau de l'environnement de la Communauté internationale baha'ie
en collaboration avec plusieurs groupements écologiques internationaux, ce déjeuner
faisait suite à une série d'autres rencontres similaires tenues annuellement,
dans les années 50 et 60, par M. Baker pour le corps diplomatique de Londres.
Lors de ces manifestations, appelées "World Forestry Charter Gathering" (les
réunions de la charte des forêts du monde), M. Baker présentait son évaluation
de la situation mondiale en matière de sylviculture.
Le déjeuner du 15 décembre1989, à l'instar de ceux qui l'avaient précédé, a
réuni des diplomates et de représentants de groupements écologiques en vue de
l'élaboration d'un rapport sur le statut de la sylviculture dans le monde, et
ce rapport a été présenté par M. Charles Lankester, principal conseiller technique
du Programme des Nations unies pour le développement (PNUD). Dans ce document,
M. Lankester lance un avertissement quant à la situation critique des forêts
à travers le monde.
Dans un premier temps, le Bureau de l'environnement s'occupe principalement
des arbres en tant qu'élément fondamental des activités de préservation de la
nature.
Le Bureau de l'environnement porte également son attention sur la promotion
de l'éducation et la formation écologiques à l'échelle de la communauté.
M. Arturo a encore déclaré que, si le Bureau de l'environnement a son siège
à New York, c'est précisément pour contribuer à développer les liens croissants
entre la communauté baha'ie et d'autres organisations écologiques internationales,
y compris divers programmes gérés par les Nations unies. Le Bureau de l'environnement
travaille également à l'organisation d'un réseau mondial de conseillers bénévoles
capables d'apporter une aide technique dans ce domaine.
Au cours des dernières années, les communautés locales baha'ies ont lancé plus
de 50 projets écologiques dans moins de 30 pays. Ces projets vont de la plantation
d'arbres et du reboisement à la fabrication locale de poêles consommant peu
d'énergie, de centres ruraux de recherche sur l'application de technologies
appropriées telles que le bio-gaz et l'énergie solaire, à l'introduction de
programmes écologiques dans certaines écoles primaires ou de travaux pratiques.
"Les baha'is envisagent la protection et la préservation de l'environnement
dans le sens le plus large possible", a dit M. Arturo. "Nous croyons que les
efforts visant à éliminer les barrières qui limitent la coopération fructueuse
et harmonieuse des hommes et des femmes, qu'il s'agisse du nationalisme, du
racisme, du sexisme, ou de préjugés en matière de religion et de classe sociale,
doivent être inclus en tant qu'éléments fondamentaux du mouvement écologique."
"Notre manière d'aborder le problème de préservation de l'environnement est
de nature holistique et se fonde sur une approche globale", a poursuivi M. Arturo.
"Elle repose sur une vision nouvelle de l'humanité et de l'environnement naturel
qui met en relief les valeurs spirituelles, l'unité dans l'effort et l'instauration
d'une civilisation autosuffisante et en progrès constant."
(One Country n°5, pp. 4-5)
9.4.2. PRÉPARATION DE LA CONFÉRENCE DES NATIONS
UNIES SUR L'ENVIRONNEMENT - NEW YORK
Les efforts de la Communauté internationale baha'ie pour la préparation de la
Conférence des Nations unies sur l'environnement et le développement (CNUED),
reflètent d'une certaine manière la portée et l'échelle de participation des
ONG au "Sommet de la terre" qui s'est tenu en juin 1992 au Brésil.
La Communauté internationale baha'ie (CIB), organisation internationale non-gouvernementale
incluant et représentant quelque cinq millions de membres de la Foi baha'ie
dans plus de 150 pays, s'est depuis longtemps sentie concernée par le développement
et l'environnement ainsi que par tout l'éventail des questions soulevées par
le processus de la CNUED, qui vont de l'égalité de la femme et de l'homme jusqu'à
l'ordre mondial.
La CIB, par l'intermédiaire de son Bureau de l'environnement, s'est attachée
à participer à la phase préparatoire de la CNUED, sur le plan international,
national et local.
Sur le plan international, les représentants baha'is ont assisté à toutes les
réunions de la Commission préparatoire de la CNUED ; ils y ont fait des déclarations
ou présenté des documents quant à leur position sur différents thèmes intéressant
la CNUED.
La CIB a rejoint également plusieurs réseaux d'ONG. Elle est partenaire actif
du Centre pour notre avenir commun, membre du Centre international de liaison
de l'environnement à Nairobi, membre du réseau WWF pour la conservation et la
religion, et l'un des responsables du Congrès mondial des femmes pour une planète
salubre qui a eu lieu en novembre 1991, à Miami en Floride. Elle est aussi membre
du Comité de planification des activités ONG en rapport avec la CNUED.
(One Country n°9, pp.14-15)
9.4.3. CONFÉRENCE ÉCOLOGIQUE : "UNE ACTION POUR
UN AVENIR COMMUN" - BERGEN, Norvège
Au cours de la conférence écologique tenue en mai 1990 à Bergen et intitulée
"une action pour un avenir commun", contrastant avec les débats politiques et
techniques souvent contestés parmi les représentants de gouvernements, trois
spécialistes de l'environnement exposent une vision de la conscience écologique
intégrant science, philosophie et spiritualité.
S'exprimant lors d'une table ronde organisée par les baha'is en marge de la
conférence, M. Ervin Laszlo, délégué de l'Italie, M. Arne Næss, de la Norvège
et M. Robert White, du Canada, ont déclaré que seul un changement radical dans
les attitudes de l'humanité en matière d'environnement peut éviter une catastrophe
écologique à l'échelle planétaire.
La conférence de Bergen, qui a rassemblé des ministres des gouvernements de
34 pays, des Organisations internationales non-gouvernementales (ONG) et des
représentants de groupements et mouvements écologiques du monde entier, était
organisée par le gouvernement norvégien en coopération avec la Commission économique
pour l'Europe et en consultation avec le Programme des Nations unies pour l'environnement.
Parallèlement à la conférence, la communauté baha'ie de Norvège et la Communauté
internationale baha'ie ont mis sur pied le séminaire sur "les limites internes",
ainsi que des réunions avec Messieurs Laszlo, Næss et White.
M. Næss avait forgé, en 1973, le terme d'"écologie profonde" et a, depuis lors,
été à l'avant-garde du mouvement de l'écologie profonde. Il a déclaré que l'humanité
doit rapidement définir des normes centrées sur un "développement global à long
terme, soutenable sur le plan écologique".
"Un pays ne se développe pas de manière durable si l'écologie n'est pas aussi
développée de manière durable", a dit cet ancien professeur de philosophie.
L'écologie profonde, au lieu de rechercher simplement des solutions techniques,
tente de pénétrer au coeur même des vues les plus profondes sur la nature et
de trouver un terrain commun entre les plus nobles idéaux de la civilisation
d'une part et, de l'autre, la beauté, la complexité et le mystère de la nature.
Le paradigme naissant d'une "conscience écologique" est fondé sur l'optique
d'une science et d'une technologie qui ne reposent pas sur l'exploitation et
ceci exige une transformation des consciences afin que, cessant de considérer
le monde comme un immense réservoir de ressources à exploiter et à consommer,
elles se mettent à regarder l'humanité comme une entité vivante faisant partie
de l'écosphère.
De son côté, M. Robert White, représentait le Bureau de l'environnement de la
Communauté internationale baha'ie. Il a montré la contribution de la Foi baha'ie
qui formule les bases spirituelles d'une société fondée sur l'équilibre écologique.
"La Foi baha'ie", a-t-il dit, "pourrait offrir un nouveau modèle de transformation
et de réorientation, à un moment où l'humanité recherche une nouvelle vision
qui soit compatible avec la durabilité."
"En mettant l'accent sur l'unité et la pensée évolutionniste, la Foi baha'ie
offre une vision de la nature qui reflète à la fois la sagesse animiste et la
notion écologique contemporaine", a-t-il ajouté.
Selon lui, l'humanité est appelée à devenir cynique et désespérée quant aux
perspectives humaines si elle ne se dote pas d'une vision d'intégralité pour
nous-mêmes et pour notre monde. "La Foi baha'ie offre une vision qui motive
chacun d'entre nous et favorise une transformation globale", a-t-il ajouté.
La clé d'une telle vision réside dans la reconnaissance que l'évolution culturelle
de l'homme est un processus délibéré et organique au sein de l'évolution vitale
sur cette terre.
"Les enseignements et les institutions de la Foi baha'ie peuvent être perçus
comme rien moins que la vision et le noyau d'un ordre mondial fondé sur le principe
spirituel central de l'unité", a conclu M. White. "Seule l'acceptation totale
de ce principe organique d'unité peut libérer l'énergie constructive et la volonté
requise pour opérer les changements d'une portée considérable qui demeurent
indispensables."
(One Country n°6, pp.12-13)
9.4.4. FORUM : "L'AFRIQUE - ENVIRONNEMENT ET DÉVELOPPEMENT"
Le 11 septembre 1989, le Club de Rome, conjointement avec le Bureau de liaison
des Nations unies avec les Organisations non-gouvernementales et la Communauté
internationale baha'ie ont organisé sous un patronage commun un forum intitulé
"L'Afrique - environnement et développement - perspectives des Organisations
non-gouvernementales pour la décennie 1990-2000".
Ainsi que son titre l'indique, cette réunion d'une journée avait pour but d'étudier
les liens qui peuvent exister entre le développement de l'Afrique et son environnement,
et au delà, l'influence que peuvent avoir ces rapports sur les conditions de
vie au niveau planétaire. Ce thème est appelé à rester longtemps un sujet particulièrement
sensible étant donné la concurrence accrue pour satisfaire les besoins en terre,
bois de charpente, faunes et autres, au fur et à mesure que l'Afrique s'avancera
sur la voie d'un plus grand développement.
Le forum a été caractérisé par la diversité de ses participants qui représentaient
une large gamme de disciplines, d'institutions, et d'organisations intéressées
par le sujet traité. On pouvait y rencontrer aussi bien les représentants d'importants
organismes occidentaux d'aide au développement, que des groupes actifs dans
le domaine de l'environnement tel que USAID et le WWF (Fonds mondial pour la
nature). On remarquait également des Organisations non-gouvernementales nées
d'initiatives associatives, tels que le Forum des organisations bénévoles pour
le développement de l'Afrique et la Fondation africaine pour le développement
ainsi que des institutions de réflexion comme l'Institut Nord-Sud ou le Club
de Rome.
Le forum commença avec les Africains à la tribune et les Occidentaux dans le
public. Puis, lors des séances d'atelier de l'après-midi, constituées par petits
groupes de discussion, on s'efforça de briser les vieilles hypothèses et les
relations traditionnelles. La journée prit fin par une conférence de M. Bertrand
Schneider, Secrétaire général du Club de Rome.
Le programme du forum offrit de nombreuses occasions pour des questions et réponses,
et les échanges dépassèrent largement les notions traditionnelles sur les liens
entre le développement et l'environnement. Le rôle de la dette et les questions
d'ajustement structurelles furent au coeur des discussions. On discuta, également
de façon intensive, de la tendance à demander une plus grande participation
de la population dans le processus de développement ainsi que de la nécessité
de repenser l'attitude générale quant aux méthodes de communication nécessaires
au développement.
Le forum s'est tenu dans les bureaux newyorkais de la Communauté internationale
baha'ie.
(One Country n°4, p.12)
9.4.5. CONTRIBUTION À LA CHARTRE DE LA TERRE
La Communauté internationale baha'ie se réjouit de la proposition du Secrétaire
général de la Conférence des Nations unies sur l'environnement et le développement
(CNUED) qu'une "Charte de la Terre" soit un des six principaux points à examiner
à la CNUED à Rio de Janeiro, au Brésil, en Juin 1992.
Nous sommes convaincus que tout appel en faveur d'une action mondiale pour l'environnement
et le développement doit s'inspirer de valeurs et de principes universellement
acceptés. De même, la recherche de solutions aux graves problèmes mondiaux liés
à l'environnement et au développement doit dépasser les propositions technico-utilitaires
pour s'attaquer aux causes profondes de la crise. Dans une perspective baha'ie,
les vraies solutions exigent une vision de l'avenir qui soit universellement
admise et fondée sur l'unité et la coopération spontanée entre les nations,
les races, les croyances et les classes de la famille humaine. Les éléments
suivant s'avèrent essentiels: l'engagement envers un modèle moral plus élevé,
l'égalité des femmes et des hommes, et le développement de l'art de la consultation
pour un fonctionnement efficace des groupes à tous les niveaux de la société.
De toute évidence, une déclaration de la CNUED ou une Charte de la Terre tirerait
profit d'une consultation élargie avec les organisations gouvernementales et
non gouvernementales. C'est donc avec plaisir que la Communauté internationale
baha'ie offre les éléments suivants pour être éventuellement insérés dans une
telle déclaration de principes.
Pour réorienter l'individu et la société vers un avenir durable, nous devons
réaliser que:
• L'unité est essentielle si des peuples différents doivent oeuvrer pour un
avenir commun. La Charte de la Terre devrait identifier les aspects de l'unité
qui constituent un préalable à la réussite d'un développement durable. Dans
une perspective baha'ie, "Le bien-être de l'humanité, sa paix et sa sécurité
sont inaccessibles à moins que, et jusqu'à ce que, son unité soit fermement
établie."
• L'exploitation effrénée des ressources naturelles n'est qu'un symptôme d'une
maladie générale de l'esprit humain. Aussi, toute solution à la crise de l'environnement
et du développement doit s'appuyer sur une approche favorisant l'équilibre et
l'harmonie spirituels dans le for intérieur de l'être humain, dans les relations
entre individus et dans les rapports de l'homme avec l'environnement dans son
ensemble. Le progrès matériel doit être au service non seulement du corps, mais
aussi de l'intellect et de l'esprit.
• Les transformations requises pour réorienter le monde vers un avenir durable
demandent un degré de sacrifice, d'intégration sociale, d'action désintéressée
et d'unité d'intention rarement atteint dans l'histoire de l'humanité. Ces qualités
ont pu atteindre leur plus haut degré de développement grâce au pouvoir transformateur
de la religion. C'est pourquoi les communautés religieuses mondiales ont un
rôle majeur à jouer en éveillant ces vertus chez l'individu, en libérant les
aptitudes latentes dans son esprit et en le poussant à agir dans l'intérêt de
la planète, de ses peuples et des générations futures.
• Rien, si ce n'est un système fédéral planétaire guidé par des lois universellement
acceptées et appliquées, ne permettra aux États-nations de gérer conjointement
un monde toujours plus interdépendant et en rapide mutation, garantissant ainsi
la paix et la justice sociale et économique pour tous.
• Le développement doit être décentralisé afin de permettre à toutes les communautés
de participer à la formulation et à la mise en oeuvre des décisions et des programmes
qui touchent leur vie. Une telle décentralisation n'exclut pas nécessairement
un système et une stratégie globaux. Au contraire, elle peut garantir l'adaptation
des processus de développement à la foisonnante diversité culturelle, géographique
et écologique de la planète.
• La confrontation et la domination doivent laisser place à la consultation,
afin que prévale la coopération au sein de la famille des nations lors de la
conception et de l'application de mesures qui préserveront l'équilibre écologique
de la terre.
• Ce n'est que lorsque les femmes seront les bienvenues dans tous les domaines
de l'activité humaine, environnement et développement compris, qu'un climat
moral et psychologique sera créé dans lequel pourra naître et prospérer une
civilisation pacifique, harmonieuse et durable.
• L'éducation universelle est une cause qui mérite d'être soutenue énergiquement
car aucune nation ne peut réussir sans que l'éducation soit accordée à tous
ses citoyens. Elle favoriserait la prise de conscience de l'unité du genre humain
et du lien primordial entre l'homme et la nature. Par la notion de citoyenneté
mondiale, elle peut préparer les jeunes du monde aux changements organiques
de la structure de la société qui découlent du principe d'unité.
La Communauté internationale baha'ie se tient prête à collaborer à l'élaboration
plus poussée et à la promotion d'une Charte de la Terre en consultation avec
d'autres organismes intéressés.
(Contribution à la Charte de la Terre)
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