La communauté mondiale baha'ie et son action
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9. Environnement

9.1. Introduction

Le monde d'aujourd'hui est confronté à beaucoup de crises - sociales, politiques, économiques, de l'environnement - toutes entremêlées et chacune symptomatique de maux spirituels sous-jacents. Une crise qui est moins évidente mais tout aussi menaçante pour l'avenir de l'homme est celle de la conservation de la nature. Les régions naturelles, qui couvraient autrefois la planète, subissent une érosion constante sous les pressions d'une population croissante. Les riches aussi bien que les pauvres contribuent au problème: les riches par leur course effrénée vers le développement économique, et la masse des pauvres par leurs efforts désespérés pour se faire une maigre pitance avec des ressources qui sont de plus en plus rares.

Bien que l'humanité préfère fermer les yeux sur la situation, il est de plus en plus évident que la survie de la race dépend de l'équilibre des systèmes naturels de la biosphère. Il est aussi devenu très clair et alarmant qu'au rythme actuel de destruction, l'essentiel de l'héritage naturel de la terre pourrait être perdu à jamais dans les prochaines décennies.

Les enseignements baha'is situent ce problème et les autres problèmes graves qui guettent le monde d'aujourd'hui dans une large perspective, qui à la fois explique leur origine et propose des solutions pratiques. Le progrès technologique a confronté les peuples et les institutions des États avec la réalité d'un monde physiquement uni, mais les comportements et les valeurs doivent encore s'adapter à ce changement fondamental. Pour les baha'is, le problème est donc essentiellement spirituel: tous les peuples doivent arriver à l'acceptation de l'unité de la race humaine comme "la première condition sine qua non de la réorganisation et de l'administration du monde considéré comme un seul pays" (La Promesse de la Paix Mondiale). Sans une telle solution spirituelle, toute autre mesure ne peut être qu'un palliatif provisoire; il faut résoudre le problème spirituel fondamental, et les difficultés du monde se résoudront d'elles-mêmes naturellement.

(La Pensée baha'ie, n°103, p.9)


9.2. Point de vue baha'i

9.2.1. CONCEPTION BAHA'IE DU MONDE


Une évaluation scientifique du problème de la conservation de la nature s'accorde facilement avec la conception du monde exprimée dans les Écrits de Baha'u'llah (1817-1892), le prophète fondateur de la Foi baha'ie, et dans ceux de son fils, 'Abdu'l-Baha (1844-1921), écrits qui reflètent l'harmonie fondamentale entre la science et la religion.

Les origines de l'univers sont décrites dans des termes qui correspondent bien aux théories scientifiques actuelles, bien que ces écrits soient antérieurs au développement des théories physiques et chimiques modernes. "Ce monde de l'existence, cet univers infini, n'a ni commencement ni fin." (Leçons de St-Jean-d'Acre, p.186).

"A l'origine, la matière était une, et cette matière apparut sous différents aspects dans chaque élément; ainsi furent produites les formes variées, et ces aspects variés, une fois produits, devinrent permanents, et chaque élément se spécialisa... Alors ces éléments se combinèrent, s'arrangèrent et se mélangèrent dans des formes infinies... De la composition et de la combinaison des éléments, de leur décomposition, de leur mesure, et de leur effet les uns sur les autres, résultèrent des formes, des réalités à l'infini et des êtres innombrables." (idem, p.187-188)

La nature est considérée comme soumise à des lois scientifiques qui sont elles-mêmes l'expression d'une réalité divine. "La nature est la volonté de Dieu et son expression dans et à travers le monde de l'existence." ( Tablettes de Baha'u'llah, p.142) "Cette nature est soumise à une organisation absolue, à des lois déterminées, à un ordre complet et à un plan parfait dont elle ne s'écarte jamais. A tel point que, pour qui examine d'un regard minutieux et d'un oeil acéré, depuis le plus petit atome existant jusqu'aux plus grands corps de l'univers, comme le globe solaire ou les autres astres et corps lumineux, tout, soit au point de vue de l'arrangement ou de la composition, soit sous le rapport de la forme ou du mouvement, est absolument organisé; et tout est sous l'empire d'une loi universelle, dont il n'y a pas moyen de s'écarter." (Leçons de St-Jean-d'Acre, p.11)

Les écrits baha'is acceptent les preuves scientifiques appuyant la théorie de l'évolution. Cependant, ils font la distinction entre, d'une part, le potentiel de tous les types de créatures, potentiel inhérent à la matière et aux lois de la création et qui a donc toujours existé, et d'autre part, le processus par lequel ce potentiel est révélé.

"De même, la croissance et le développement de tous les êtres se font par degrés; c'est la règle générale de Dieu et l'ordre de la nature... Toutes les créatures, grandes ou petites, ont été créées, dès le début, complètes et parfaites; seulement les perfections apparaissent en elles peu à peu. La loi de Dieu est une, l'évolution de l'existence est une, l'ordre divin est un." (idem, p. 205)

Les concepts des processus écologiques fondamentaux et des "systèmes de soutien à la vie" apparaissent également dans les écrits baha'is.

"Dans le monde matériel, tous les êtres se nourrissent et servent de nourriture à la fois: la plante absorbe le minéral, l'animal mange la plante, l'homme se nourrit de l'animal et le minéral absorbe le corps humain. Les corps physiques sont transférés d'un règne à un autre, d'une vie à une autre, et tout est soumis aux altérations et aux transformations, tout sauf la Cause de l'existence elle-même - car elle est constante et immuable, et c'est sur elle que se fonde l'existence de chaque espèce, de chaque réalité contingente à travers la création tout entière." (Sélections des Écrits d''Abdu'l-Baha, p.156)

Dans la nature, une place particulière est assignée à l'homme. "Comme les animaux, le corps humain est soumis aux lois de la nature. Mais l'homme est doté d'une deuxième réalité, la réalité rationnelle ou intellectuelle; et la réalité intellectuelle de l'homme prédomine la nature." (Les Bases de l'unité du monde, p.72)

"... Dieu a doué l'homme d'une puissance si merveilleuse qu'il est capable de guider, maîtriser et contrôler la nature." (Causeries d''Abdu'l-Baha à Paris, p.104)

Les extraits ci-dessus, tirés des écrits baha'is et dont les plus récents datent des premières années de ce siècle, illustrent la conception baha'ie des origines du monde naturel et de la place que l'homme y occupe. Le thème sous-jacent de la corrélation entre toutes choses fournit un fondement naturel aux intérêts et actions en matière de la préservation de la nature. Le fait que l'homme puisse interférer dans le processus naturel et contrôler la nature lui donne également la responsabilité de la maîtriser avec sagesse.

Cependant, les problèmes de préservation de la nature ne proviennent pas seulement d'un manque de compréhension scientifique de la nature, mais résultent en grande partie de problèmes sociaux ou structurels de la société actuelle. La Foi baha'ie offre des perspectives sociales qui sont tout aussi importantes pour le problème de la protection de la nature, que celles qui s'y rattachent directement.

(La Pensée baha'ie n°103 A.L. Dahl, pp.9-18)


9.2.2. UNE CIVILISATION EN CONSTANT PROGRÈS

La Foi baha'ie déclare: "Tous les hommes ont été créés pour travailler à l'établissement et à l'amélioration croissante de la civilisation." (Extraits des Écrits de Baha'u'llah, CIX, p.198) Cependant, la forme que prend ce progrès est à déterminer. A une époque où la technologie a unifié physiquement tous les peuples du monde et où l'unité de la biosphère est reconnue, des mesures doivent être prises afin de réaliser une unité sociale et politique correspondante. Les injustices qui maintiennent des extrêmes de richesse et de pauvreté et qui conduisent les pauvres à détruire leurs ressources doivent être éliminées par une "alliance d'élément spirituels, moraux et pratiques". (La Promesse de la Paix mondiale)

L'instruction universelle permettrait aux masses des peuples de comprendre et de modifier leurs comportements. En même temps, la consommation immodérée des ressources par les riches doit être contrôlée.

Baha'u'llah mit en garde il y a cent ans contre les dangers pour la planète d'une civilisation matérialiste.

"La civilisation, tant vantée par les représentants les plus qualifiés des arts et des sciences, apportera de grands maux à l'humanité si on lui laisse franchir les limites de la modération." (Foi mondiale baha'ie, p.246)

Les changements nécessaires requièrent des modifications fondamentales dans la structure de la société humaine.

"L'unité de la race humaine, telle que la conçoit Baha'u'llah, implique l'établissement d'une communauté universelle où toutes les nations, races, classes et croyances seront étroitement et définitivement unies ... Cette Communauté ... comportera une législature universelle dont les membres, en tant que représentants de la race humaine, auront le contrôle suprême de toutes les ressources des nations qui la composeront, et édicteront les lois nécessaires pour régler la vie de tous les peuples et de toutes le races, répondre à leurs besoins et harmoniser leurs relations ..., toutes les sources de matières premières seront exploitées à plein rendement, tous les marchés coordonnés et développés, et la distribution des produits équitablement réglée.

Un système de fédération universelle qui régira la terre entière et exercera sur ses ressources, d'une ampleur inimaginable, une autorité à l'abri de toute discussion." (Programme baha'i de paix)

Remarquez qu'un tel système contrôlerait toutes les ressources de toutes les nations, utiliserait au maximum les sources de matières premières et régulariserait la distribution des produits. Il n'y a guère qu'un tel système qui puisse metmondiale pour la préservation de la nature.

Un développement réfléchi serait essentiel pour une telle civilisation. Contrairement à la confiance presque exclusive placée aujourd'hui dans les prévisions à court terme, la vision de Baha'u'llah permet de jeter les bases d'un édifice solide et durable. Dans une telle société, l'économie devrait fonctionner sur une base tout à fait solide, utilisant des ressources renouvelables et recyclables et visant à l'efficacité de leur utilisation.

(La Pensée baha'ie n°103, pp. 9-18)


9.2.3. ATTITUDE BAHA'IE VIS-À-VIS DE LA NATURE

Les baha'is ne considèrent pas la nature comme un objet de vénération et d'adoration et n'y voient pas une fin en soi. Ils estiment cependant que la création reflète les qualités et attributs de Dieu.

"IL n'est pas un atome parmi tous les atomes existants, pas une créature parmi les créatures, qui ne célèbre ses louanges, ne déclame ses attributs et ses noms, ne révèle la gloire de sa puissance et ne s'oriente vers son unicité et sa miséricorde..."(Sélection des Écrits d''Abdu'l-Baha, pp.40-41)

La contemplation de la nature a donc une signification spirituelle pour les baha'is. En fait, l'environnement spirituel, l'environnement social et l'environnement physique de l'homme sont étroitement liés. "On ne peut pas séparer le coeur de l'homme de l'environnement qui l'entoure et dire qu'une fois que l'un d'eux aura changé, tout s'améliorera. L'homme est une partie organique du monde. Sa vie intérieure façonne l'environnement et est elle-même profondément influencée par lui."

La diversité génétique, qui est à la base de la richesse de la création, est donc un reflet des qualités de Dieu. Les baha'is sont encouragés à apprécier cette diversité, tant dans l'homme que dans le monde naturel.

"Considérez le monde des créatures: quelle diversité et quelle variété dans leurs espèces, bien qu'elles aient une même origine ... Considérons ... la beauté dans la diversité et l'harmonie et tirons une leçon du monde végétal. Si vous regardez un jardin dont toutes les plantes présentent la même forme, la même couleur et le même parfum, loin de vous sembler beau, il vous paraîtra plutôt triste et monotone. Le jardin qui réjouit les yeux et le coeur est celui où poussent côte à côte des fleurs de toutes couleurs, de toutes formes et de tous parfums. C'est cet heureux contraste de couleurs qui en fait le charme et la beauté." (Causeries d''Abdu'l-Baha à Paris, pp. 45-46)

Le respect de la nature et la modération dans l'utilisation de ses ressources sont aussi reflétés dans l'interdiction baha'ie de la cruauté envers les animaux et dans la mise en garde contre la chasse pratiquée à l'excès.

"En résumé, ce n'est pas seulement leurs semblables que les bien-aimés de Dieu doivent traiter avec miséricorde et compassion; leur bienveillance doit se manifester à l'égard de chaque créature vivante ... Les sentiments sont identiques - que vous infligiez une douleur à un homme ou à une bête." (Sélections des Écrits d''Abdu'l-Baha, p. 158)

Dans leur approche de la nature, les baha'is sont donc conscients de la relation intime qui les unit au monde naturel ainsi que l'importance de toutes les ressources mondiales pour la civilisation qu'ils construisent.

Les buts de la stratégie mondiale pour la préservation de la nature, qui sont de maintenir les processus écologiques fondamentaux et les "systèmes de soutien à la vie", de préserver la diversité générique et d'assurer l'utilisation considérée des espèces et des écosystèmes, sont la base d'un développement réfléchi et en parfait accord avec les enseignements de la Foi baha'ie. Mais comme il en va de beaucoup d'entreprises à l'échelle du globe dans le monde fragmenté d'aujourd'hui, la stratégie souffre d'un manque d'institutions universelles capables de la faire appliquer. Des actions menées au niveau national ne seront jamais plus qu'une solution partielle à des problèmes mondiaux. L'établissement d'une communauté mondiale prévue dans les écrits baha'is rendra enfin possible le gouvernement du monde et la préservation des ressources de la biosphère.

Lorsque les peuples auront été instruits de la nécessité d'une gestion sage de leurs ressources, ils seront, grâce à la consultation, à même de planifier et d'exécuter leurs propres activités de préservation de la nature.

Comme cet exposé l'a montré, les baha'is voient le problème de la préservation de la nature dans une dimension spirituelle autant que matérielle. "Chaque problème social peut être résolu à l'aide de principes spirituels ou de ce que certains appellent des valeurs humaines ... Le mérite essentiel du principe spirituel consiste non seulement à présenter une perspective concordant avec l'élément immanent de la nature humaine, mais aussi à stimuler une attitude, une dynamique, une volonté, une aspiration qui permettent la découverte et la mise en oeuvre de mesures pratiques." (Promesse de la Paix mondiale)

(La Pensée baha'ie, n°103, pp.9-18)


9.2.4. ENVIRONNEMENT : BASE DE NOTRE AVENIR


La protection globale de l'environnement est un défi qui, jusqu'à nos jours, n'avait encore jamais été une nécessité pour établir une civilisation paisible sur tout le globe.

Des participants de 24 nations - de l'Australie à l'ex Union Soviétique, de l'Amérique du Nord à la Chine, de la Suède au Swaziland - se sont réunis à l'académie de Landegg en Suisse pour discuter le thème: "Protéger notre droit acquis à la naissance". Ce symposium s'est concentré sur deux thèmes principaux: "le droit du particulier à un environnement sain et naturel" et "la responsabilité de l'humanité pour la préservation de ce droit fondamental pour les générations futures". Nous considérons l'environnement comme un bien qui nous est confié et dont la protection et la conservation sont sous la responsabilité de tous les habitants de la terre.

Nous nous trouvons en pleine crise de l'environnement. La destruction des forêts et de la couche d'ozone représentent deux des nombreux problèmes qui ont été traités pendant le symposium, problèmes, qui par ailleurs, ont été analysés en détail dans le rapport de la Commission mondiale de l'ONU pour l'environnement et le développement sous le titre: "notre avenir commun". Des forêts sont détruites par le feu en Amazonie, en Afrique on enlève le feuillage des arbres pour en faire du fourrage pour le bétail, en Europe la forêt est détériorée par la pollution de l'air. La mise en péril de la couche d'ozone - avant tout la conséquence de l'emploi de carbonates de chlore et de fluor - est un problème sous-estimé par bon nombre de personnes qui le jugent "éloigné".

Si les tendances actuelles continuent, le sort de nos enfants sera une vie raccourcie dans un environnement empoisonné.

Cependant il y a aussi quelques signes positifs d'une sensibilité croissante en ce qui concerne l'état de notre environnement - par exemple les efforts de politiciens, la prise de conscience et l'intérêt public accru pour les questions de l'environnement, l'augmentation du nombre des organisations pour l'environnement et les efforts actifs et de longue haleine des Nations unies.

Puisque les systèmes économiques et politiques actuels persistent à s'orienter vers le matérialisme, l'effet de ces activités est très limité. A la longue cela mène au pessimisme et au désespoir. L'expérience prouve que le matérialisme est une façon de voir les choses, incapable de proposer des solutions acceptables pour traiter la sauvegarde de l'environnement et autres problèmes mondiaux. Nous devons, tous ensemble, faire un effort pour adopter une éthique nouvelle et globale basée sur des valeurs spirituelles et morales de manière à motiver l'être humain jusqu'au fond de lui-même, car à elles seules, les explications scientifiques et l'information ne suffisent pas.

Nous sommes vraisemblablement la dernière génération qui a encore la possibilité de sauver l'équilibre écologique du monde et d'effectuer les changements qui sont nécessaires à la réforme de notre société. Pour saisir cette chance et pour réaliser cette possibilité, nous nous engageons à soutenir chacun des procédés, sans lesquels aucune solution durable - c'est notre conviction - n'est possible. Parce que notre environnement et le coeur humain sont intimement liés, il nous faut concentrer nos efforts sur la transformation de l'être humain. Sans cette transformation nous ne pouvons pas développer de civilisation qui mène à un meilleur avenir. Il nous faut être prêts, de tout coeur, à collaborer - autant comme personne individuelle qu'au sein de la communauté - il nous faut partout réveiller fortement les consciences et agir résolument pour sauver l'environnement.

Nous exhortons les peuples du monde à penser et à agir, en tant qu'une seule humanité dans l'intérêt de tous. Car "le bien-être de l'humanité, sa paix et sa sécurité ne peuvent être atteints tant que sont unité n'est pas fermement établie".

Nous faisons un urgent appel à la jeunesse du monde pour rompre les barrières qui nous ont séparés les uns des autres, de même qu'elles nous ont séparés aussi de la terre sur laquelle nous vivons, et pour développer le procédé de la vraie consultation qui peut mener à l'unité en harmonie avec notre environnement.

Faisons de sorte que ce soit notre génération qui l'accomplisse!

(La Pensée baha'ie, n°113, p.41)


9.2.5. DÉCLARATION DE LA COMMUNAUTÉ INTERNATIONALE BAHA'IE À RIO

Outre des questions techniques et politiques, comme celles de savoir quelles limites imposer aux gaz à effet de serre, comment mettre en oeuvre l'objectif du développement durable et qui va payer la note, la question fondamentale qui était posée à la Conférence des Nations unies sur l'environnement et le développement (CNUED) en juin 1992, était la suivante: l'humanité avec ses conflits permanents, ses égoïsmes et son manque de perspective à long terme peut-elle s'engager dans une coopération réfléchie et une planification à long terme à l'échelle mondiale ?

Le processus de la CNUED a mis en lumière à la fois la complexité et l'interdépendance des problèmes auxquels l'humanité est confrontée. Aucun de ces problèmes - inégalités criantes du développement, menaces apocalyptiques du réchauffement de l'atmosphère et diminution de la couche d'ozone, oppression de la femme, abandon d'enfants et d'individus marginalisés, pour n'en mentionner que quelques uns - ne peut trouver de solution réaliste sans une prise en compte globale de tous les autres. Aucun ne sera pleinement traité sans une coopération et une coordination à tous les niveaux dépassant de loin tout ce qui constitue l'expérience collective de l'humanité.

Toutefois, l'avilissement général des hommes ruine toute perspective de coopération. Bien que rarement évoquées à propos des problèmes de l'environnement et du développement, on observe aujourd'hui dans le monde certaines tendances qui détruisent la confiance et sapent les bases d'une collaboration, à savoir : l'absence d'une discipline morale généralisée, la glorification de la cupidité et des richesses matérielles, la dislocation de la famille et de la communauté, la montée du crime et du désordre social, la poussée du racisme et du chauvinisme, la priorité, enfin, aux intérêts nationaux sur le bien-être de l'humanité. Il est impératif de renverser ces tendances destructrices pour instaurer l'unité et la coopération. A cet effet, essayons de mieux comprendre la nature humaine. Car si l'économie, la politique, la sociologie et la science sont d'importants moyens pour nous aider à résoudre les grandes crises de l'humanité, la solution véritable aux dangers qui nous menacent passe par une prise en compte de la dimension spirituelle de l'homme et la transformation de son c oeur. La dimension spirituelle de la nature humaine peut se comprendre, concrètement, comme la source des qualités qui transcendent l'égoïsme étriqué.

Bien que comportant certains aspects mystiques difficiles à expliquer, la dimension spirituelle de la nature humaine peut se comprendre, concrètement, comme la source des qualités qui transcendent l'égoïsme étriqué. Ces qualités sont notamment, l'amour, la compassion, la tolérance, la loyauté, le courage, l'humilité, la coopération et la capacité de se sacrifier pour le bien commun - autant de qualités que doivent posséder des citoyens éclairés pour construire une civilisation mondiale unifiée.

Les changements profonds et de grande portée, le renforcement sans précédent de l'unité et de la coopération qu'il faut mettre en oeuvre pour préparer le monde à un avenir viable et juste ne seront possibles que si l'on fait appel à l'esprit humain, aux valeurs universelles qui seules peuvent donner aux individus et aux peuples la capacité d'agir conformément aux intérêts à long terme de la planète et de l'ensemble de l'humanité.

Lorsqu'il aura été exploité, ce moteur puissant et dynamique de l'action individuelle et collective insufflera aux peuples un esprit d'union puissant et salutaire auquel aucune force ne pourra résister. La vérité spirituelle fondamentale de notre temps est l'unité des hommes.

La reconnaissance universelle de ce principe - avec tout ce qu'il implique sur les plans de la justice économique et sociale, de la participation universelle à des décisions fraternelles, de la paix et de la sécurité collective, de l'égalité entre l'homme et la femme et de l'éducation universelle - permettra la réorganisation et l'administration du monde qui ne sera plus qu'un seul pays, la patrie du genre humain.

(One Country n°12, pp. 2-3)


9.2.6. UNE DÉCLARATION BAHA'IE SUR LA NATURE


En septembre 1986, la World Wildlife Fund for Nature (WWF) lança son Réseau sur la Conservation et la Religion, mettant en relation les dirigeants représentant les bouddhistes, chrétiens, hindouistes, juifs et musulmans avec les leaders dans le domaine de l'environnement, à Assise, Italie.

Chacune des cinq religions qui y étaient représentées rédigea une déclaration sur la nature. Depuis octobre 1987, les baha'is sont devenus la sixième religion majeure à rejoindre cette nouvelle alliance et ont rédigé la déclaration suivante en soutien aux objectifs du Réseau:

"La Nature dans son essence est l'incarnation de Mon nom, le Façonneur, le Créateur. Des causes variées ont diversifié les manifestions de cette nature et cette diversité recèle certains signes pour les hommes de discernement. La Nature est la Volonté divine et en constitue l'expression à travers le monde contingent. C'est une dispensation de la Providence prescrite par l'Ordonnateur, le Sage." (Écrits baha'is)

En ces termes, Baha'u'llah, prophète-fondateur de la Foi baha'ie, souligne la relation essentielle qui lie l'homme à l'environnement, à savoir que la grandeur et la diversité du monde naturel reflètent la majesté et la bonté de Dieu. Pour les baha'is, il en découle une compréhension implicite que la nature doit être respectée et protégée, comme un don divin dont nous sommes les dépositaires.

Un tel thème, bien sûr, n'est pas l'apanage de la Foi baha'ie. Toutes les religions majeures du monde affirment cette connexion fondamentale entre le Créateur et sa Création. Comment pourrait-il en être autrement? Toutes les religions majeures indépendantes tirent leur source des révélations d'un seul Dieu - un Dieu qui a successivement envoyé ses messagers sur terre pour que l'humanité puisse être éduquée selon Ses moyens et Sa volonté. Telle est l'essence de la croyance baha'ie.

En tant que la plus récente des révélations de Dieu, cependant, la Foi baha'ie apporte des enseignements qui répondent de façon particulièrement adéquate aux circonstances du jour présent, où la totalité de la nature est mise en danger par des périls dus à l'homme, allant de la destruction totale des forêts humides du monde au cauchemar final de l'annihilation nucléaire.

Un siècle auparavant, Baha'u'llah proclama que l'humanité est entrée dans un nouvel âge. Promise par tous les messagers divins du passé, cette nouvelle époque apportera en fin de compte la paix et l'illumination de l'humanité. Pour atteindre ce stade, cependant, l'humanité doit reconnaître son unité fondamentale - aussi bien que l'unité de Dieu et de la religion. Tant qu'il n'y a pas de reconnaissance de cette interdépendance et de cette globalité, les problèmes de l'unité ne feront que s'aggraver.

En ce jour, les défis majeurs que doit relever le mouvement pour l'environnement reposent sur cet aspect. Les problèmes liés à la pollution des océans, à l'extinction des espèces, aux pluies acides et à la déforestation - pour ne pas mentionner le fléau ultime de la guerre nucléaire - ne connaissent aucune frontière. Tous réclament une approche transnationale.

Les écrits religieux de la Foi baha'ie contiennent des prescriptions explicites sur le type d'un nouvel ordre politique mondial qui offre la seule solution à long terme face à de tels problèmes.

"Ce que le Seigneur a ordonné en tant que remède souverain et plus puissant instrument pour la guérison du monde est l'union de tous ses peuples en une Cause universelle..." écrivit Baha'u'llah.

Construit autour de l'idée d'une fédération mondiale de nations, avec un parlement et un exécutif internationaux pour faire appliquer sa volonté, un tel nouvel ordre politique doit aussi, selon les enseignements baha'is, être basé sur les principes d'une justice économique, de l'égalité entre les races, de l'égalité des droits des femmes et des hommes, et d'une éducation universelle. Tous ces points sont étroitement liés à la tentative de protéger l'environnement mondial.

Le fait même que de tels principes doivent apparaître avec l'autorité de la religion et non simplement de sources humaines, est une autre pièce à jouter à la solution d'ensemble de nos problèmes d'environnement.

Il n'y a probablement pas d'impulsion plus puissante pour le changement social que la religion. Baha'u'llah a dit:

"La religion est le plus grand de tous les moyens pour établir l'ordre dans le monde et pour le bien-être de tous ceux qui l'habitent."

En essayant d'établir une nouvelle éthique écologique, les enseignements de toutes les traditions religieuses peuvent jouer un rôle en aidant à inspirer les adeptes.

Baha'u'llah a exprimé un amour et une appréciation ardents de la nature, insistant, dans la théologie baha'ie, sur la relation entre l'environnement et le monde spirituel. "La campagne est le monde de l'âme, la ville est le monde du corps", disait Baha'u'llah.

Cette dichotomie entre la spiritualité et le matérialisme est une clé pour la compréhension de l'humanité d'aujourd'hui. Du point de vue baha'i, les menaces majeures vis-à-vis de notre environnement mondial, telles que la menace d'annihilation nucléaire, sont les manifestions d'une maladie générale de l'esprit humain, maladie qui se signale par une insistance excessive sur les biens terrestres et un égocentrisme qui inhibe notre capacité de travailler ensemble en une communauté globale. La Foi baha'ie recherche avant tout à revitaliser l'esprit humain et à supprimer les barrières qui limitent une coopération fructueuse et harmonieuse entre les hommes et les femmes, quelles que soient leurs origines nationales, raciales ou religieuses.

Pour les baha'is, le but de l'existence est de faire progresser une civilisation en constante évolution. Une telle civilisation ne peut être construite que sur une terre qui peut se soutenir elle-même. L'engagement baha'i envers l'environnement est fondamental pour notre foi.

(Pensée Baha'ie n°103, pp.5-8)


9.2.7. MODÈLE DE DÉVELOPPEMENT DURABLE

Il y a un peu plus de cent ans, Baha'u'llah, dans une série de lettres adressées aux dirigeants de l'époque, annonça que l'humanité entrait dans une période de son histoire qui exigerait une restructuration radicale de la vie sur la planète. Il dit que des problèmes jamais envisagés auparavant allaient bientôt surgir, auxquels même les ressources des nations les plus avancées ne permettraient plus de faire face. Ces problèmes ne pourraient être surmontés que par un système fédéral mondial dont l'organe central serait un parlement mondial représentatif ayant plein pouvoir pour créer un code de lois international universellement accepté et appliquable. "La terre n'est qu'un seul pays", affirma Baha'u'llah, "et tous les hommes en sont les citoyens."

A mesure que l'immensité, la complexité et le caractère urgent des problèmes liés à l'environnement s'imposent à l'attention du public, la logique de cette injonction devient de plus en plus apparente. Les mécanismes et procédures juridiques internationaux existants se révèlent inadaptés, essentiellement parce qu'ils sont basés sur des lois gouvernant les États-nations. Il semble clair à la Communauté internationale baha'ie qu'à moins d'adopter des mesures innovatrices pour la restructuration de l'ordre international, la dégradation de l'environnement à elle seule, avec ses conséquences à long terme sur le développement social et économique, mènera inexorablement à un désastre aux proportions effrayantes.

Le processus actuel d'élaboration d'une réglementation internationale en matière d'environnement, qui ne s'attaque qu'à un problème à la fois, est parcellaire et non systématique. Il n'existe pas d'organisme unique responsable de proposer une réglementation internationale sur l'environnement. Les nations n'ont pas non plus convenu d'un ensemble de principes pouvant servir de base à une telle réglementation. De plus, les pays signant les différents instruments juridiques sont rarement les mêmes. De sorte qu'il est pratiquement impossible d'harmoniser ou de combiner les accords.

La procédure législative internationale est connue pour être lente, coûteuse et lourde. Nombre de pays, dotés d'un effectif limité de diplomates et d'experts, ne peuvent s'engager dans des procédures si longues et coûteuses, d'autant plus que les négociations se multiplient pour répondre aux problèmes pressants liés à l'environnement mondial.

La procédure ad hoc actuelle pour la réglementation en matière d'environnement ne peut que devenir plus difficile à manier. On a avancé de nombreuses propositions visant à mettre en place des mécanismes globaux pour créer et soutenir un modèle de développement durable.

Aussi bien intentionnées et utiles que soient ces propositions, il semble évident pour la Communauté internationale baha'ie qu'élaborer un modèle de développement durable est une tâche complexe aux ramifications multiples. A l'évidence, cela demande un engagement renouvelé pour apporter des solutions à des problèmes majeurs qui ne sont pas uniquement du domaine de l'environnement. Ces problèmes comprennent la militarisation, les disparités excessives de richesse entre les nations et à l'intérieur de chacune d'elles, le racisme, le manque d'accès à l'éducation, le nationalisme effréné, et l'absence d'égalité entre les femmes et les hommes. Plutôt que de mettre en oeuvre des actions ponctuelles conçues pour répondre aux besoins des États-nations, il semble clairement préférable d'adopter un accord-cadre à l'intérieur duquel des codes spécifiques internationaux pourraient être promulgués.

Les solutions à long terme font appel à une nouvelle vision d'ensemble d'une société globale, sous-tendue par des valeurs nouvelles. Aux yeux de la Communauté internationale baha'ie, reconnaître l'unicité de l'humanité est la condition première et fondamentale pour réorganiser et administrer le monde tel un pays unique, foyer de la race humaine. La reconnaissance de ce principe n'implique pas l'abandon des loyalismes légitimes, ni la suppression de la diversité culturelle ou l'abolition de l'autonomie nationale. Ce principe demande un loyalisme plus large, des aspirations bien plus élevées que celles qui ont animé les efforts humains jusqu'à présent. Il subordonne clairement les intérêts et les penchants nationaux aux exigences impératives d'un monde unifié. Il est incompatible avec non seulement toute tentative d'imposer l'uniformité, mais aussi toute tendance vers une centralisation excessive. Sa finalité peut être résumée par le concept d' "unité dans la diversité".

Les écrits baha'is envisagent un système fédéral mondial "en faveur duquel toutes les nations du globe devront abandonner de leur plein gré toute prétention à faire la guerre, certains droits à lever des impôts, et tous droits à maintenir des armements autres que ceux requis pour la sauvegarde de l'ordre à l'intérieur de leurs territoires respectifs." Cette fédération mondiale sera dotée d'un "corps législatif mondial dont les membres en tant que représentants de l'humanité entière auront le contrôle suprême sur toutes les ressources des nations composantes; corps qui édictera les lois requises pour régler la vie, satisfaire aux besoins, et harmoniser les relations de tous les peuples et de toutes les races. Un exécutif mondial s'appuyant sur une force internationale veillera à l'exécution des décisions prises par ce corps législatif, appliquera les lois qu'il aura décrétées et garantira l'unité organique de la communauté toute entière. Un tribunal mondial jugera et rendra un verdict ultime et obligatoire dans tous les cas de différends qui pourraient surgir entre les divers éléments faisant partie de ce système universel." Dans ce système, "un code unique de droit international - issu du jugement réfléchi des représentants fédérés du monde - disposera, pour ses sanctions, de l'immédiate intervention coercitive des forces conjuguées des unités fédérées...". En même temps, "l'autonomie des États membres, et la liberté personnelle ainsi que l'initiative des individus qui les composent, seront complètement et pour toujours sauvegardées."

Aucun changement véritable n'est possible sans une vision de l'avenir. La Charte de la Terre pourrait contribuer de façon significative à dégager une vision unificatrice de l'avenir, en énonçant avec audace le système de valeurs sur lequel on doit bâtir le futur.

Nous avons la conviction que les gouvernements du monde, forts de la reconnaissance universelle des dangers pesant sur la planète, peuvent décider d'agir avec courage dans l'intérêt de la race humaine dans son ensemble. Le résultat pourrait non seulement fournir la clef des problèmes d'environnement et de développement auxquels nous sommes actuellement confrontés, mais représenter de plus un immense pas en avant dans l'érection d'un système fédéral capable de relever les multiples défis auxquels doit faire face une humanité en voie d'intégration rapide.

(Une réglementation internationale pour l'environnement et le développement)


9.2.8. NOUVEL ORDRE MONDIAL

Après des années d'inattention, le monde semble enfin s'éveiller à l'ampleur des problèmes auxquels notre environnement est confronté. Le sérieux de cet intérêt est favorablement accueilli.

Toutefois, dans la discussion générale sur les moyens de surmonter cette crise, l'élément crucial est bien souvent absent. Or cet élément, un cadre international, est nécessaire à la protection de l'environnement.

En matière d'environnement, les problèmes les plus urgents sont de nature internationale. Qu'il s'agisse de la pollution des océans, de la surproduction des gaz à l'origine de "l'effet de serre", de l'extinction des espèces ou du déboisement, tous ces problèmes ignorent les frontières entre États. Toute solution réelle doit obligatoirement impliquer une coopération internationale.

Cependant, les experts de l'environnement et les politiciens hésitent à aborder le problème plus vaste d'un ordre mondial et de l'unité planétaire. Bien que l'on parle souvent d'efforts "coordonnés" ou d'"approche mondiale", la plupart des propositions en faveur de la préservation de l'environnement ne tiennent pas compte de la nécessité d'une révision sérieuse de la charte politique du monde.

Or une réflexion attentive sur l'étendue et la nature des menaces qui pèsent sur l'environnement de la planète montre qu'une action globale d'une telle ampleur est désormais indispensable.

De plus, les causes de ces diverses menaces sur l'environnement sont complexes et revêtent divers aspects : social, technologique, politique, culturel et même spirituel.

Examinons-en deux exemples :

Les forêts tropicales fournissent une grande partie de l'oxygène présent dans le monde et contiennent toute une réserve d'espèces végétales et animales. Or elles sont en cours de destruction rapide par des causes allant des pluies acides au déboisement causé par des familles appauvries à la recherche de terres agricoles.

Ainsi, toute tentative visant à préserver les forêts doit aborder des problèmes variés, depuis la politique industrielle jusqu'aux disparités entre riches et pauvres. En fin de compte, les efforts tendant à réaliser une alphabétisation universelle seront tout aussi importants que la création de réserves naturelles.

De même, la limitation de l'utilisation de combustibles fossiles exigera de longues campagnes visant à éduquer les consommateurs. L'application de nouvelles technologies doit s'effectuer à l'échelle mondiale. De nouvelles perspectives, de nouveaux modes de vie sont essentiels.

L'accent mis sur l'environnement a suscité dans de nombreux pays, tout un courant d'idéalisme et d'engagement envers sa protection. Or ce courant d'opinion ne pourra s'amplifier que si l'étendue des dangers menaçant l'avenir de nos enfants devient chaque jour plus manifeste. S'il s'accompagne d'une vision et d'une direction effectives, il constituera une ressource sans précédent en vue d'une transformation importante de la société humaine. Tel est le défi réel qui se pose au mouvement en faveur de l'environnement.

Il y a plus d'un siècle, Baha'u'llah, le fondateur de la Foi baha'ie, a lancé son appel en faveur de l'établissement d'un nouvel ordre mondial. Bâti autour du concept d'une confédération des nations, avec un parlement et un gouvernement mondiaux chargés d'exécuter sa volonté, ce nouvel ordre politique servirait à englober et à unir toute l'humanité et à promouvoir l'éclosion d'une "civilisation en constante évolution ".

Un tel ordre nouveau doit, par nécessité, être fondé sur les principes de justice économique, d'égalité raciale, de droits égaux entre hommes et femmes, et d'éducation universelle.

"Le bien-être du genre humain, sa paix et sa sécurité, sont irréalisables tant que son unité n'est pas solidement établie," a écrit Baha'u'llah. "La terre n'est qu'un seul pays, et tous les hommes en sont les citoyens".

Plus qu'aucun autre phénomène actuel, la crise de l'environnement, toujours plus aiguë, a montré la véracité et la profondeur de ces paroles.

Bien que la notion de confédération des nations ait été largement débattue depuis le début du siècle, en tant qu'instrument de la paix mondiale, il est de plus en plus admis que la dégradation de l'environnement peut s'avérer aussi dévastratrice qu'une guerre mondiale, et cela devrait amener les hommes et les femmes éclairés à élargir le concept de sécurité collective, afin qu'il englobe également la crise de l'environnement.

(One Country n°3, pp.2, 15)


9.3. Actions baha'ies

9.3.1. CENTRE D'ÉTUDES DOROTHY BAKER SUR L'ENVIRONNEMENT - BOLIVIE


M. Baker, fondateur de ce centre d'étude sur l'environnement, se tient au bord d'un vivier expérimental de carpes, afin d'améliorer la teneur en protéine du régime alimentaire des habitants des hauts plateaux de Bolivie.

M. Baker ne s'attend pas à connaître de son vivant une transformation aussi importante. Mais cette sorte de vision à long terme fait partie intégrante de la philosophie et de l'approche du Centre Dorothy Baker d'études sur l'environnement, dont M. Baker est fondateur et directeur. Le Centre se consacre à examiner de quelle manière les technologies appropriées, ainsi qu'une éducation appropriée, peuvent améliorer la vie des Aymaras et des Quechuas qui survivent sur le rude Altiplano bolivien.

Ainsi, par exemple, le Centre a adapté un modèle de serre solaire pour la culture en haute altitude de fruits et de légumes, à peu de frais. Près de 30 communautés utilisent ce modèle et plus de 120 serres ont été construites. D'autres efforts du Centre sont axés sur le développement et la promotion des technologies de reboisement et de conservation des sols qui conviennent à l'Altiplano, ainsi que sur la conception d'un générateur de biogaz bon marché, qui fonctionnera en dépit des températures extrêmes de la région.

Le Centre est cependant davantage qu'une simple station de recherche. Grâce à un programme de communication et d'éducation, il met ces technologies directement à la portée des communautés qu'il s'efforce de servir. Ainsi, le Centre patronne un programme de formation pour adultes sur l'environnement rural et des classes maternelles pour enfants. Ces cours de formation ont contribué de façon importante à populariser des technologies nouvelles.

"Dans nos classes, on demande de rechercher la vérité par soi-même et de la défendre ensuite", dit M. Baker. Et il ajoute : "Nous ne croyons pas qu'il soit bon d'imposer nos connaissances. C'est ainsi que l'individu progresse. Et, lorsque les individus progressent au sein d'une communauté, celle-ci peut déterminer sa propre voie de développement."

Le climat et les conditions de l'Altiplano sont autant de défis à relever. La Bolivie est le pays le plus pauvre d'Amérique Latine, en partie du fait de sa géographie et de son climat. L'altitude du haut plateau des Andes varie entre 3.000 et 4.000 mètres. La région qui reçoit peu de pluie est sujette à de très larges variations de températures, gelant presque la nuit et atteignant jusqu'à 20°C. le jour. En fait, l'Altiplano est un désert dans la montagne. Pourtant la majorité des Boliviens vit sur cette plaine élevée et sèche, beaucoup d'entre eux subsistant essentiellement d'un régime de pommes de terre et de graines indigènes comme le cañawi et le quinoa. Moutons et lamas sont parmi les rares animaux qui peuvent survivre grâce aux pâturages clairsemés qui poussent sur l'Altiplano et ils produisent un peu de viande, de laine et de lait.

Environ 70% de la population est indigène, surtout d'origine aymara et quechua. Bien qu'officiellement le degré d'alphabétisation soit de 75%, de nombreux Indiens sont, cependant, pratiquement illettrés : capables de lire des mots espagnols mais sans en comprendre le sens. C'est cet état de choses que le Centre tente d'aborder spécifiquement. Selon M. Baker, les serres solaires ont été conçues pour améliorer le régime alimentaire des gens vivant dans des communautés éloignées de haute altitude. "Il est virtuellement impossible de faire pousser fruits et légumes à l'air libre sur l'Altiplano", dit M. Baker. "C'est pourquoi l'alimentation prédominante est pauvre en vitamines, minéraux et huiles apportés par les légumes et les fruits."

Le Centre a mis au point un modèle peu coûteux qui peut être facilement construit et entretenu par une seule famille, unité sociale de base sur l'Altiplano. Sur des fondations en adobe, des tubes de plastique servent de montants pour tendre une toile de polyéthylène transparent. A l'intérieur de ces serres, il fait suffisamment chaud et humide pour faire pousser une grande diversité de légumes. Le Centre assure la formation pour la construction des serres et fournit les matériaux. On demande à chaque famille de payer 75 % du montant des tubes et de la couverture plastique.

"Le revenu annuel moyen d'une famille dans la région est d'environ 900 FF.", dit M. Baker. "Nous estimons que la valeur de la production d'une serre solaire sur une année représente à peu près 750 FF., bien qu'une petite partie seulement de cette production soit vendue, la plus grande étant consommée par la famille. Le coût réel des matériaux n'est que d'environ 150 FF., le bénéfice économique de ce programme est donc significatif pour une famille." De même, le Centre étudie des techniques de reboisement, de gestion des ressources en eau et d'utilisation du biogaz, qui soient appropriées à l'Altiplano. Les conditions du sol et les conditions climatiques sont particulièrement dures pour les jeunes plants d'arbres. Une tentative récente d'une autre organisation pour planter 7.000 eucalyptus et queshuaras a échoué : dix arbres seulement ont survécu après la première année car le sol n'avait pas été assez bien préparé.

M. Baker croit que le taux de survie des arbres peut être beaucoup plus élevé. Actuellement le Centre travaille avec 12 communautés pour la mise en route et le maintien de projets de plantation à petite échelle. Dans la communauté de Cori Pata, par exemple, 3.000 queshuaras ont été plantés depuis deux ans. Le queshuara, excellent pare-vent et combustible, pousse bien en haute altitude.

A première vue, la principale station de recherche du Centre n'est pas très spectaculaire. Installée sur une parcelle de terrain de 2 hectares située dans la banlieue de Cochabamba, elle se compose de plusieurs bâtiments bruts, en adobe avec des toits de tôle galvanisée, un vivier et une citerne, et un certain nombre de petits sites de démonstration. Mais cet endroit et ces constructions sont tout à fait adéquats pour le développement et la promotion des technologies appropriées qui constituent le but du Centre.

"Nombre d'autres organisations installent des serres solaires plus efficaces et productives que les nôtres, mais elles ont tendance à coûter beaucoup plus cher, de l'ordre de 18.000 à 24.000 FF., et elles réclament la participation d'un village entier", dit M. Baker. "Malheureusement, les familles ici n'ont que 300 à 360 FF. à investir dans ce genre de projet. C'est pourquoi nous essayons de développer des projets et des technologies qui restent dans ces limites." George Scharffenberger, président de la "Croisade de l'industrie alimentaire contre la faim", organisation dont le siège est aux États-Unis et qui, ces trois dernières années a octroyé une subvention annuelle de 150.000 FF. au Centre Dorothy Baker, a souligné que la philosophie du Centre, de laisser les communautés faire l'expérience de leur propre prise en charge, était sincèrement suivie.

"D'autres organisations construisent des serres un peu plus robustes et plus productives", devait dire M. Scharffenberger après sa visite au Centre Dorothy Baker ainsi qu'à quatre autres organisations similaires en Bolivie et au Pérou l'an dernier. "Mais, je ne pense pas qu'il y ait le même sens de propriété de la part des communautés elles-mêmes. Dans certaines serres du Centre Dorothy Baker, il y a une véritable explosion de créativité dans le choix de ce que l'on fait pousser. Dans une serre, alors qu'il neigeait dehors, ils cultivaient des bananes. Je suppose que de ce fait ils cultivaient moins mais la serre était réellement leur serre."

"Pour ce qui est du développement élémentaire des communautés, j'ai été très impressionné", a-t-il ajouté. M. Baker pense que l'implication de la communauté est la clé du succès pour l'introduction d'idées nouvelles sur l'Altiplano et il ajoute qu'il est tout aussi important de démontrer le potentiel pour obtenir des résultats.

Ainsi par exemple, sur le sîte de Cochabamba, un certain nombre de petits terrains de démonstration présentent les avantages de l'utilisation du terreau et des paillis en agriculture. Un vivier a également été construit, conçu pour montrer comment la carpe peut se développer dans un système clos en utilisant l'engrais animal pour nourriture.

Parmi les différentes serres solaires, l'une a été ajoutée à une maison traditionnelle en adobe comportant deux pièces. Avec ce modèle M. Baker dit qu'il espère démontrer comment une serre solaire peut, en plus des légumes, procurer une modeste quantité de chaleur solaire à l'espace de vie familiale. Ainsi que nous l'avons déjà noté, un système de gestion des ressources en eau et de contrôle de l'érosion, constitué de petites digues, s'étend derrière le terrain de recherche. Ce système canalise l'eau jusqu'au vivier et à la citerne, montrant de quelle manière les rares pluies de la région peuvent être facilement collectées et utilisées.

M. Baker dit à propos du système de barrages : "Ce sont là des moyens bien évidents pour contrôler l'érosion." Et il ajoute : "Mais les habitants de l'Altiplano ne sont pas prêts à consacrer du temps à un projet, tant qu'ils n'ont pas la conviction que cela va donner un résultat. Il ne faut pas les en blâmer. Ici ils doivent constamment peiner de toutes leurs forces pour survivre. Avant de consacrer beaucoup de temps à quelque chose ils veulent s'assurer du résultat."

M. Baker estime que la transformation de la Bolivie sera possible lorsque les communautés de l'Altiplano auront reçu les outils technologiques et organisationnels qui leur sont nécessaires pour gérer leur propre développement. Le Centre a une relation de travail avec le FUNDESIB, Fondation pour le développement intégral de la Bolivie, et, comme la sienne, sa philosophie directrice s'appuie sur les principes de la Foi baha'ie. M. Baker est lui-même baha'i et il a donné au Centre le nom de sa mère, Dorothy Baker, une figure marquante de la communauté baha'ie dans les années 40 et 50. Selon M. Baker, le Centre s'efforce d'équilibrer, dans son approche, les besoins de développement et la sensibilisation à l'environnement en soulignant une compréhension spirituelle de la relation entre l'homme et la nature.

"Nous sommes une création de Dieu, l'environnement également", dit-il. " Dans ce sens, nous faisons partie de ce qui est créé, et nous devons nous considérer comme une composante essentielle de l'environnement." Il affirme aussi qu'il croit que Dieu a doté l'homme de la capacité unique de rationaliser et de réfléchir, attribut que la nature ne possède pas. "Les êtres humains sont devenus la force directrice dans l'équilibre entre le monde des hommes et le monde de la nature", dit-il encore. "Nous sommes capables d'apprendre à améliorer notre environnement ou bien de le détruire. Il ne nous reste donc qu'à apprendre à l'améliorer."

(One Country n°8, pp.1, 8-10, 14)


9.3.2. DIVERS PROJETS DE PRÉSERVATION DE LA NATURE À TRAVERS LE MONDE

Entre 1984 et 1989, les baha'is ont eu plus de 50 projets de préservation de la nature à travers le monde. Ces projets qui concernent plus de 30 pays vont de la plantation sylvestre en cours et des efforts de reboisement à la fabrication locale de poêles à haut rendement. En outre, l'éducation en matière d'environnement est en train de devenir partie intégrante du programme des écoles baha'ies et des centres d'apprentissage qui sont au nombre de plus de 600 dans le monde.

Les enseignements de base de la Foi baha'ie confirment le caractère sacré de la nature et font clairement ressortir l'interconnexion de l'humanité et de la nature. En outre les messages de la Foi sur l'interdépendance entre l'homme et l'unité mondiale, formulés dès le 19ème siècle, illustrent bien l'importance accordée aujourd'hui, au sein du mouvement écologique, à une approche globale et coordonnée de ce problème.

a) Projets communautaires

Outre la promotion d'une approche unifiée et globale des questions relatives à l'environnement, les baha'is ont aussi mis l'accent sur la nécessité d' oeuvrer pour la préservation du milieu à l'échelon local. C'est pourquoi les projets écologiques patronnés par les baha'is sont, pour la plupart, des projets locaux exécutés à échelle réduite, et associés à des efforts en matière de développement économique.

Au Kenya, une série de projets de cette nature ont été exécutés au cours de la dernière décennie, et la communauté baha'ie de ce pays a participé à toute une série d'efforts de reboisement, à des programmes d'éducation écologique, et même à un projet portant sur la fabrication et la distribution de poêles à bon rendement.

"L'un des projets les plus intéressants que nous ayons pu entreprendre au Kenya, c'est l'élaboration d'un programme pour la "Journée mondiale de l'environnement" qui a atteint les villages", a déclaré M. Donald Peden, un baha'i qui a vécu au Kenya de 1978 à 1986 et qui travaille actuellement en qualité de conseiller international en écologie. "Ils ont été en mesure d'élaborer des programmes pour 10 000 - 12 000 élèves d'établissements d'enseignement supérieur. Selon moi, ceci fut réellement exemplaire de leur capacité à éveiller les consciences aux problèmes de l'environnement, et cela dans toutes les couches de la société. Bien souvent, en effet, les efforts d'éducation dans ce domaine n'atteignent guère que l'élite des populations urbaines."

Mairuth Sarsfield, qui servit au Kenya, de 1980 à 1983, en qualité de directeur adjoint de l'information pour le Programme de l'environnement des Nations unies, et qui a bien connu les projets baha'is au Kenya, a déclaré notamment: "Si je devais évaluer l'apport baha'i à l'écologie et à la protection de l'environnement, je dirais simplement que pour les baha'is, lorsqu'ils exécutent un projet, grâce à leur capacité de s'identifier à la population, le problème ne se pose plus en termes de "eux et moi", ou "eux et nous", mais "nous"...Il y a une ouverture, une disponibilité dans l'éthique baha'ie qui réveille la conscience et incite la population à collaborer avec les baha'is."

Les femmes ont joué un rôle particulier dans les projets de préservation de la nature au Kenya. Le projet de fabrication de poêles fonctionnant au charbon de bois, les "jikos," concerne une coopérative féminine. Lors de plusieurs conférences, en 1984 et 1985, des femmes avaient reçu de jeunes plants à remporter dans leurs villages et à planter.

En Inde, les projets baha'is sur l'environnement ont mis l'accent sur l'éducation en matière de préservation de la nature et, tout particulièrement, sur ses effets pratiques. En conséquence, les écoles baha'ies ont été le théâtre d'activités intenses.

A l'école Rabbani (État de Madhya Pradesh), plus de 14 000 arbres ont été plantés sur le campus et dans les villages voisins depuis l'établissement en 1985, d'une pépinière sur le campus. Pendant la même période, un programme complémentaire a aidé à l'établissement de quatre pépinières de village qui ont produit au total plus de 30 000 jeunes arbres destinés à être utilisés dans les environs. Depuis 1982, l'école a employé des poêles sans fumée d'un bon rendement.

En 1986, M. Rajiv Gandhi, Premier ministre de l'Inde, a remis à l'école Rabbani le prix des "Amis des Arbres" décerné par le ministère de l'Environnement et de la Sylviculture pour récompenser ces efforts et d'autres déployés en faveur du reboisement. La communauté baha'ie de l'Inde a ainsi patronné plus d'une douzaine de projets forestiers depuis 1984.

Les programmes de protection de l'environnement ont été également orientés vers la technologie appropriée et vers les moyens de sa diffusion qui constituent les conditions d'un changement durable.

En Bolivie, près de Cochabamba, sur les hauts plateaux où le bois est rare, le Centre Dorothy Baker d'études sur l'environnement, géré par des baha'is, a exploré les possibilités de production de biogaz à partir de déchets animaux et d'utilisation de ce gaz pour la cuisine, le chauffage et l'éclairage, et cela depuis 1985. D'autres technologies appropriées, relatives notamment à la préservation de l'eau, à l'utilisation de l'énergie solaire et au développement des sols, ont également fait l'objet de travaux de recherche et des matériels de formation sont actuellement produits, en espagnol et en quechua, langue amérindienne parlée au Pérou et en Bolivie.

b) Le thème de l'interdépendance

L'approche baha'ie des problèmes de préservation de la nature, c'est plus qu'une série de projets, à l'échelle locale. A la base de ces activités, on trouve les enseignements de la Foi baha'ie qui apportent à la fois une motivation et une orientation. Richard St.Barbe Baker, dont l'intérêt pour les forêts à travers le monde lui a valu le surnom d' "homme des arbres", était baha'i et attribuait l'inspiration de son oeuvre, dans une large mesure, à la Foi baha'ie.

Baha'u'llah, le fondateur de la Foi baha'ie, fit des déclarations explicites, vers la fin du dix-neuvième siècle, sur le caractère sacré de la nature, l'interdépendance de l'humanité avec le monde de la nature et l'importance d'une approche unifiée des problèmes mondiaux.

"Ce concept d'unité opère à plusieurs niveaux", a dit M. White (directeur de recherche en écologie à l'université de Saskatchewan) "l'on s'accorde à reconnaître que la planète est physiquement unifiée et que la destruction des forêts dans un pays affecte également l'atmosphère et le climat dans d'autres pays. Et l'on reconnaît aussi que l'unité entre les nations est nécessaire si nous voulons collaborer à la solution des problèmes qui nous concernent tous".

(One Country n°1, pp.6-8)


9.3.3. ACTIVITÉS BAHA'IES AU "FORUM MONDIAL 92" - RIO DE JANEIRO

Le monument de la paix sous forme d'un sablier de 5m de haut, érigé par les baha'is à l'occasion du sommet de la terre, a reçu un échantillon de terre de 40 nations différentes, symbolisant l'aggravation croissante et notre responsabilité devant le problème mondial de l'environnement.

Il y a cent ans, lorsque les délégations européennes venaient en Éthiopie, l'empereur les distrayait et leur offrait des cadeaux. Toutefois, avant leur départ, il les obligeait à se laver les pieds pour s'assurer qu'ils ne transportent pas hors du pays la moindre trace de la terre éthiopienne considérée comme sacrée.

Les temps ont changé. Lors de la cérémonie de clôture bigarrée destinée à symboliser le nouvel esprit de coopération mondiale inspiré par le Sommet de la Terre, des prélèvements de terre éthiopienne et de plus de 40 autres nations ont été déposés dans un sablier très particulier, le "monument à la paix" construit à l'initiative de la Communauté internationale baha'ie.

Le projet était destiné à montrer la réalité de l'interdépendance humaine et son symbolisme n'a pas échappé aux participants.

" Dans le passé, nous n'autorisions personne à emporter la terre de notre pays ", dit Zegeye Asfaw, ministre éthiopien de l'agriculture, de l'environnement et du développement, lors d'une conférence de presse avant la cérémonie. " Cependant, désireux avant tout de vivre sur une terre pacifique et prospère, nous avons accepté d'offrir notre terre au monument. "

Ce projet de monument, qui a retenu l'attention des médias du Brésil et de la communauté internationale, constitue l'une des nombreuses et discrètes contributions de la Communauté internationale baha'ie et de ses représentants nationaux aux réunions de Rio sur l'environnement et le développement.

Parmi les événements et activités parrainés par les baha'is, citons :

* La préparation et la production d'un livre de dessins et de textes d'enfants du monde entier sur la nécessité d'une plus grande protection de l'environnement et de la paix. Le livre intitulé : L'avenir appartient aux enfants sera offert aux représentants de tous les gouvernements qui ont participé au Sommet de la Terre.

* Colloque d'une journée organisée au Forum mondial 92 sur " les valeurs et les institutions susceptibles de promouvoir une civilisation mondial durable et en progrès constant ".

* Organisation d'une série de soirées musicales et culturelles dans le cadre du Forum mondial 92. Les "Soirées du Parc" ont eu lieu chaque soir pendant le Forum mondial dans l'amphithéâtre du parc Flamengo.

* Discours prononcé par la Communauté internationale baha'ie devant les délégations gouvernementales à la séance plénière de la CNUED sur la nécessité d'une plus grande coopération internationale et l'importance des valeurs spirituelles pour changer les attitudes en vue de promouvoir un développement durable.

a) Monument pour la paix

Plus de 400 personnes ont assisté le 14 juin à l'inauguration du monument pour la paix annoncée comme l'une des cérémonies de clôture de la CNUED et du Forum mondial 92. Plus de 30 représentants des médias et au moins 7 représentants des délégations gouvernementales présentes à la CNUED y ont assisté.

Une rangée d'enfants vêtus de costumes traditionnels de nombreux pays se sont passés de main en main la terre de 42 pays déposée dans le monument. Celui-ci, en béton et céramique et mesurant 5m. de haut, a été dessiné par le célèbre artiste et sculpteur brésilien, Stiron Franco, et construit sous sa supervision. Les deux pyramides qui la composent ont la forme d'un sablier symbolisant le temps qui passe et qui échappe aux hommes s'ils ne s'unissent pas dans un nouvel esprit de coopération mondiale.

Les échantillons de terre ont été prélevés sur des sites historiques ou sacrés. Celui de l'Islande, par exemple, vient du lieu historique le plus sacré de ce pays, le premier parlement fondé il y a 1 100 ans. La terre indienne a été prélevée sur Shakti Sthal, site du monument érigé à la mémoire du défunt Premier ministre, Mme Indira Gandhi, seul chef d'État à avoir assisté à la conférence de Stockholm sur l'environnement en 1972.

Une citation de Baha'u'llah, fondateur de la Foi baha'ie, est gravée en quatre langues sur les 4 côtés de la pyramide supérieure : " La terre n'est qu'un seul pays et tous les hommes en sont les citoyens. " La citation figure en anglais, portugais, chinois et terna, langue autochtone brésilienne.

Sur la partie inférieure du monument, les mots " paix mondiale " ont été gravés en plus de 35 langues . Une bande de verre qui entoure le monument contient des échantillons multicolores de terre des différentes nations.

Construit près de l'aéroport Santos Dumont au nord du parc Flamengo et du site du Forum mondial 92, le monument restera le symbole du Sommet de la Terre et du Forum mondial.

b) Le Livre des enfants

Le livre : L'avenir appartient aux enfants - contribution au Sommet de la Terre 92 présente les préoccupations des enfants de plus de 25 pays et donne un aperçu intéressant de ce que le monde pourrait être si les peuples et les nations du monde pouvaient apprendre à travailler ensemble à la construction d'un avenir viable sur le plan écologique.

Édité par la Communauté internationale baha'ie, avec l'appui du Fonds des Nations unies pour l'enfance (UNICEF) et l'Associaçao Masrour pelo Bem -Estar e Educaçao da Familia (ASMA), le livre contient des oeuvres d'enfants originaires de presque toutes les religions et les cultures.

Le livre a été publié officiellement à l'occasion du Forum mondial, le 12 juin. 1992 15 000 exemplaires ont été imprimés pour la première édition de ce livre de 78 pages. La moitié a été donnée à l'UNICEF comme contribution aux programmes des enfants sur l'environnement. Les autres exemplaires sont distribués à des Organisations non gouvernementales, des délégations gouvernementales et des chefs d'État.

" Les dessins et les textes présentés dans ce livre montrent les préoccupations profondes des enfants de la planète face à un monde menacé par la pollution, un développement inégal et un conflit politique persistant qui rend l'avenir incertain ", dit Roberto Eghrari, Secrétaire général de la Communauté baha'ie du Brésil qui a également contribué à la préparation et à la publication du livre.

Les 80 dessins et textes sélectionnés ont été réalisés par des élèves d'écoles primaires de 26 pays. Ils ont été choisis parmi des milliers de propositions.

c) Autres contributions

Les " Soirées du parc ", spectacles nocturnes musicaux et culturels, ont été organisés dans le cadre du Forum mondial par la Communauté internationale baha'ie qui, à cet effet, a délégué du personnel à temps complet au Bureau du Forum. Ces soirées ont été en quelque sorte le coeur et l'âme du Forum mondial, à une heure et dans un cadre accessibles à tous.

Selon les organisateurs du Forum, le but de ces soirées musicales était de " montrer la diversité culturelle de la famille humaine en jouant des musiques du monde entier ".

Ces spectacles ont attiré chaque soir entre 2 000 et 4 000 spectateurs. Le dernier soir, le 13 juin, des acteurs baha'is ont joué une pièce en 6 actes intitulée " La fête de l'unité ".

Les baha'is ont aussi participé à de nombreuses conférences et autres manifestations organisées au sein du Forum mondial. Leurs représentants ont contribué à la rédaction de plusieurs traités présentés par les ONG.

(One Country n°12, pp.12-14)


9.3.4. PRODUCTION D'UNE RADIO SOLAIRE - CHENGDU, Chine

La plupart des employés de la Société de télévision et d'électricité de Chengdu, au centre de la Chine, se rendent chaque jour à leur travail à bicyclette laquelle est depuis longtemps reconnue comme le moyen de transport le plus efficace et le plus salubre pour l'environnement.

Ces employés sont aujourd'hui engagés dans une nouvelle aventure de la technologie verte : la production de masse d'une radio solaire bon marché et efficace.

Le projet entrepris en collaboration avec une fondation privée dirigée par les baha'is, vise à promouvoir l'utilisation des radios à la fois pour aider les villages dans leur développement et pour apporter une solution aux problèmes de pollution posés par les piles.

"La fabrication des piles exige environ 80 fois plus d'énergie qu'elles n'en emmagasinent. Et lorsqu'elles ont été jetées, elles continuent à polluer et à contaminer le sol par des métaux lourds pendant des années," dit M. Dean Stephens, qui a mis au point un circuit spécial qui, selon lui, permet à la radio d'être plus efficace que n'importe quelle radio solaire conçue à ce jour.

"Ce que nous nous efforçons de faire, c'est de lancer une technologie moins polluante," dit M. Stephens, également directeur du Vanguard Trust, fondation sans but lucratif qui coordonne et soutient le projet.

"En ce qui concerne les pays en développement, le problème est que le coût des piles est en fin de compte beaucoup plus élevé que le coût d'une radio et qu'elles amputent considérablement le revenu des villageois," ajoute-t-il.

Bien que de petites radios solaires aient été produites auparavant, reprend Dean Stephens, elles sont toutes restées au stade de la nouveauté, soit qu'elles aient été trop coûteuses, soit qu'elles ne fonctionnaient que dans des conditions idéales, par exemple sous un soleil brillant.

"Cette radio a un circuit complètement nouveau qui lui permet de fonctionner même dans une lumière ambiante, à côté d'une fenêtre ou même près d'une lampe à essence la nuit," dit-il.

a) Production à l'essai

Dean Stephens explique également que la radio est beaucoup moins coûteuse que les fabrications précédentes. La modicité de son coût tient à l'efficacité de l'appareil et à la décision de le fabriquer en Chine où la main-d'oeuvre est moins chère.

"Le prix sera d'environ 90 Francs français ce qui représente le prix du seul panneau solaire ailleurs," dit-il.

Cette grande efficacité alliée à un faible coût a intéressé un certain nombre de sociétés de radiodiffusion et d'agences de développement. La BBC et la Radio diffusion nationale danoise (Danicom) évaluent actuellement des prototypes de la radio.

Les premiers modèles fabriqués en série, les Vanguardia SR- 2, utilisent des cellules solaires à cristaux de silicium reliées à un panneau fixé derrière la radio et qui constitue la source primaire d'énergie. La radio ne reçoit que les ondes moyennes (AM). La FM ou les ondes courtes feraient inutilement monter les prix.

b) Circuit novateur

Dean Stephens pense qu'il est important que la Chine participe à la production de cette radio. "Le Groupe de télévision et d'électricité a fait preuve d'une grande souplesse dans l'élaboration des détails finaux de conception et de fabrication," dit-il et ajoute : "Je suis très heureux de nos relations et puis dire que les Chinois sont extrêmement intéressés par les principes qui animent la Fondation."

La première tranche de production, terminée en mai dernier, comportait 100 unités. "C'était un essai," dit Dean Stephens. "La prochaine fois, nous porterons ce chiffre à mille ou dix mille unités. Nous espérons intéresser un philanthrope ou une agence de développement qui investirait dans l'achat ou la commande de ces modèles afin que nous puissions les distribuer à grande échelle."

La Fondation a été créée pour mettre au point et promouvoir des technologies utiles et appropriées à l'intention des pays en développement et l'un de ses principaux soucis a été de créer une technologie abordable pour les systèmes radio de village.

c) Un système radio de village

"Les expériences de mise au point d'installations radiophoniques dans les villages ont connu des succès et les spécialistes du développement s'y intéressent beaucoup," dit M. Stephens. "L'idée est de créer une station de radio offrant au village des programmes locaux."

"En d'autres termes, la radio de village est pour les villageois un instrument servant à la consultation ou à la préservation des différentes traditions et expressions culturelles. Et à une époque où l'information signifie le pouvoir, la radio de village est aussi une forme de pouvoir local."

La Fondation Vanguard a récemment publié une brochure intitulée "Manuel à l'intention du propriétaire d'une radio de village" qui précise à la fois la technologie et l'organisation qui peut être utilisée pour créer une station radio de village. La Fondation a largement expérimenté un petit système solaire conçu par M. Stephens utilisé pour éclairer et réfrigérer un centre de formation baha'i à Porto Rico.

Un bulletin trimestriel, Vanguardia, décrit les activités de la Fondation et donne des informations sur ces technologies.

Tant la Fondation que le bulletin tirent leur nom d'un passage des écrits baha'is qui incitent les baha'is à être à "l'avant-garde" du progrès scientifique, dit le Professeur Kenneth Kalantar, membre du conseil d'administration de Vanguard à Porto Rico.

"Nous tenons tout particulièrement à faciliter le développement des technologies dans les pays en développement," dit M. Kalantar, professeur associé de chimie à l'université interaméricaine de San German à Porto Rico. "Bien que la Fondation ait été créée par des baha'is, quiconque poursuit des objectifs similaires peut en faire partie."

(One Country n°13, pp.12-13)


9.3.5. FABRICATION D'UN PRESSOIR À HUILE - MANZINI, Swaziland

Remarquable inventeur, Crispin Pemberton- Pigott, avait sa calculatrice en main alors qu'il nous faisait visiter son usine dans cette petite nation d'Afrique australe. Bien qu'il l'ait toujours utilisée pour faire des calculs comme celui de la résistance d'un tube en acier ou de la charge utile d'une brique en terre cuite, M. Pemberton-Pigott est tout aussi compétent pour estimer la rentabilité des machines que fabrique son entreprise.

Attirant notre attention sur un pressoir à huile, qui ressemble à quelque chose près à un presse-ail géant, il nous explique que le pressoir permet à un seul ouvrier d'extraire des graines de tournesol ou de l'huile de ménage de première qualité pressée à froid.

"C'est un pressoir Bielenberg de conception radicalement nouvelle", dit-il en consultant sa calculatrice. "Nous le vendons environ 6 600 FF et c'est un prix très avantageux."

Les calculs de rentabilité sont la clé du succès de l'entreprise New Dawn dont la réputation grandit dans la région pour ses idées novatrices, adaptées à la situation du pays et sans nuire à l'environnement. La société fabrique environ une douzaine de machines relativement bon marché, à forte proportion de main-d'oeuvre et qui peuvent être utilisées par des petites entreprises fabriquant des produits comme de l'huile de ménage, des clôtures métalliques ou des briques en terre cuite.

L'entreprise a eu cette année l'honneur de figurer parmi les quatre finalistes du Prix de sauvegarde de l'environnement en Afrique australe.

"Certes, toutes les sociétés qui ont participé au concours ont montré qu'elles utilisaient des techniques appropriées, très nouvelles et sensibles pouvant être utilisées par un grand nombre d'industries locales", dit le professeur Brian Huntley, directeur administratif del'Institut botanique d'Afrique du Sud et l'un des membres du jury du concours. "L'entreprise fabrique des machines qui n'exigent pas de gros investissements et c'est ce qu'il nous faut dans cette région du monde."

C'est précisément ce que veut M. Pemberton-Pigott, propriétaire et patron, avec sa femme Margaret, de l'entreprise New Dawn: fabriquer des machines de qualité qui mettent en valeur l'une des plus grandes ressources de l'Afrique: la main-d'oeuvre - tout en respectant le mieux possible l'environnement.

Les Pemberton-Pigott ont créé New Dawn en 1984, alors qu'ils vivaient dans le Transkei. En 1985, ils ont déménagé au Swaziland où le couple avait déjà vécu pendant deux ans vers la fin des années 70 tout en s'occupant de l'installation d'un système d'approvisionnement en eau pour les communautés rurales. Jusqu'en juillet 1993, l'entreprise a vendu plus de 1 500 machines. Les plus demandées sont celles qui fabriquent les clôtures métalliques qui représentent environ 75 pour cent des ventes. New Dawn produit du matériel pour la fabrication manuelle de clôtures métalliques à mailles en losanges ou carrées, de fil de fer barbelé, de grillage pour les élevages de porcs ou de poulets. L'entreprise a vendu également plusieurs centaines de presses à briques et une centaine de pressoirs à huile.

"Nous construisons actuellement, à l'aide de l'une des machines Crispin, un poulailler très bon marché", dit Arne Utemark, directeur de la Mission chrétienne pour aveugles qui dirige le Réseau Ekululameni de rééducation des adultes à Mzimpofu (Swaziland). "Ca marche à merveille. On a simplement besoin de terre et d'un peu de ciment, ce qui réduit considérablement les dépenses."

M. et Mme Pemberton-Pigott sont tous les deux baha'is et avouent que leur foi a beaucoup influencé la philosophie qui a inspiré leur entreprise.

"On peut lire dans les écrits baha'is - et je vais paraphraser ce passage - que rien n'est plus noble que de participer à des projets ou à des activités qui permettent d'aider une foule d'autres personnes à devenir autonomes", dit M. Pemberton-Pigott. "Et c'est la philosophie que nous essayons d'appliquer dans notre travail quotidien."

(One Country n°15, pp.12-14)


9.3.6. "PRIX FEUILLE VERTE" - SINGAPOUR

Quand Fatima Traazil va au marché, elle prend le même sac en tissu pour les commissions qu'elle utilise depuis huit ans, ainsi que quelques récipients réutilisables en plastique et en métal. Elle descend souvent à pieds les 17 étages de son appartement pour économiser l'électricité. Et elle échange des recettes végétariennes avec ses amies pour essayer de ne pas manger de la viande.

L'importance de telles activités quotidiennes pour aider à protéger l'environnement vient petit à petit d'être appréciée par les habitants de cet état-cité asiatique, une prise de conscience que Mme Traazil a aidé à faire progresser.

En 1992, elle a été l'une des deux personnes qui ont reçu "Le prix feuille verte" du Ministère de l'environnement de Singapour. Le Ministère a reconnu "son énergie et son enthousiasme pour propager le message de l'environnement".

Mme Traazil ajoute que c'était "mon amour pour mes enfants" qui l'a incitée à entreprendre une campagne pour "commencer à nettoyer le fouillis que j'ai contribué à faire". Elle a réalisé, disait-elle, que les enfants hériteraient de tous les problèmes de l'environnement que l'humanité est en train de créer aujourd'hui.

Sa campagne a commencé peu de temps après qu'elle soit devenue baha'ie. Mme Traazil souligne qu'elle voyait un engagement envers l'environnement comme un moyen de servir l'humanité en tant que baha'ie.

"Etre baha'i donne une vision du monde, et aide à voir les choses plus clairement", dit-elle. "Je vois mon travail avec l'environnement comme faisant partie de ma relation avec Dieu et avec Sa terre."

Après avoir reçu le "Prix feuille verte" en 1992, Mme Traazil a été nommée au Conseil national de l'environnement, une organisation prestigieuse nommée par le gouvernement dont les autres membres sont les PDG de McDonald, de la Banque de Hong-Kong et Shanghai, ainsi que des membres du gouvernement de Singapour. Mme Traazil est la seule femme et la seule "simple" citoyenne qui soit membre du Conseil.

"Les autres membres du Conseil voient souvent les choses d'un point de vue industriel et commercial. Et étant donné que les femmes sont maintenant les principaux consommateurs, je pense que j'ai une certaine contribution à apporter", a déclaré Mme Traazil.

(One Country n°16, pp.14-15)


9.3.7. PROGRAMMES DE PLANTATION D'ARBRES - NEW YORK

Depuis 1984, les baha'is ont lancé des projets écologiques dans plus de 20 pays. Ces projets vont de la plantation d'arbres - tel cet effort poursuivi près de Panchgani en Inde - à la fabrication de poêles consommant peu d'énergie, des cours éducatifs sur l'écologie, et la coopération internationale avec des organisations telles que le WWF (Fond mondial pour la nature).

La Communauté internationale baha'ie (CIB) a lancé en automne 1989 une nouvelle et importante initiative en matière d'écologie, visant à promouvoir l'engagement du monde baha'i en faveur de "la préservation de l'équilibre écologique du monde".

Des détails complets sur cette initiative, ainsi que le nom qu'elle portera, ont été publiés en octobre 1989 lors d'un déjeuner à Londres commémorant le 100ème anniversaire de la naissance de feu Richard St Barbe Baker, un baha'i célèbre dans le monde pour ses travaux clairvoyants dans les domaines du reboisement et de la préservation de la nature.

L'administrateur du projet, M. Lawrence Arturo, spécialiste des communications pour le développement en assure la coordination à partir du bureau de New York de la CIB.

M. Arturo a déclaré que le projet est, en premier lieu, centré sur la plantation d'arbres. Déjà, a-t-il ajouté, des communautés baha'ies participent, dans plus de 20 pays, à des programmes consacrés à la plantation d'arbres. Le nouveau projet en prendra le relais et favorisera une coopération plus vaste avec d'autres organisations non gouvernementales s'intéressant à la préservation de l'environnement.

Selon M. Arturo, le projet promet d'être l'une des plus importantes campagnes en matière d'environnement jamais entreprises par une communauté religieuse. "Nous espérons encourager des initiatives à l'échelon local non seulement au sein d'un grand nombre des 125 000 communautés baha'ies, mais aussi dans d'autres communautés, grâce à notre coopération avec d'autres organisations."

M. Arturo dit également que le bureau de New York de la CIB aidera à la coordination des activités à travers le monde et fera fonction de "catalyseur" pour favoriser les activités au niveau local. Son action comprendra notamment la diffusion de l'information technique et de celle des projets en cours, ainsi que l'établissement d'une base de données sur les cas étudiés et les exemples recueillis sur le terrain.

"Il n'est pas prévu que le bureau dirige des projets ou qu'il devienne une sorte d'agent général du développement", a dit M. Arturo. "Nous espérons que les projets locaux prendront des formes très variées, de la plantation d'arbres par des jeunes pour freiner la désertification, aux foires éducatives, en passant par des projets en agrosylviculture, les programmes d'espaces verts en milieu urbain ainsi que l'introduction de modèles éducatifs en matière d'écologie dans certaines écoles baha'ies et la diffusion, par des stations radio baha'ies, de programmes consacrés à la préservation de l'environnement."

(One Country n°3, p.3)


9.3.8. JOURNÉE DE LA TERRE 1990 - NEW YORK

Des centaines de communautés baha'ies, venant de plus de 40 pays, ont participé à la Journée de la terre 1990, par des activités allant de la plantation d'arbres en Malaisie à la participation à un gala au siège des Nations unies à New York.

Cette Journée, qui s'est tenue le 22 avril 1990, a été célébrée par de nombreux groupes et personnes, dans plus d'une centaines de pays. Cet événement d'une journée a été conçu pour galvaniser les efforts de tous et pour engager une action à long terme en vue de la "construction d'une planète sans danger, juste et capable de subvenir à ses besoins".

De son côté, la Communauté internationale baha'ie a encouragé les communautés baha'ies nationales et locales à participer aux activités de la Journée de la terre dans les diverses régions du monde et à offrir leur appui aux organisateurs.

"Nous avons constaté que les communautés baha'ies, ont participé de façon enthousiaste", a déclaré M. Lawrence Arturo, directeur du Bureau de l'environnement de la Communauté internationale baha'ie, qui a aidé à coordonner les activités baha'ies de la Journée de la terre.

"Bien que certains aient critiqué la Journée de la terre en disant que l'accent était mis sur les relations publiques et sur les médias, nous avons constaté que cette journée avait eu un effet galvanisateur sur un grand nombre de communautés et qu'elle a entraîné des actions concrètes, telles la plantation d'arbres et l'éducation en matière d'environnement, et nous espérons que ces activités se poursuivront au-delà de cette célébration", a ajouté M. Arturo.

Au niveau international, la Communauté internationale baha'ie a prêté son concours au Programme des Nations unies pour l'environnement (PNUE), pour l'organisation d'un gala de célébration de la Journée de la terre 1990, qui s'est tenu dans l'hémicycle de l'Assemblée générale des Nations unies. Les baha'is ont parrainé cet événement avec l'Association des explorateurs de l'espace.

Sur le thème de "Une seule terre", plus de 1000 personnalités ont participé à cette cérémonie qui présentait 40 astronautes et cosmonautes, une liaison en direct avec la station spatiale soviétique Mir et un programme musical dirigé par le célèbre chanteur pour enfants, Raffi.

Ailleurs aux États-Unis, les baha'is ont parrainé des centaines d'activités locales relatives à la Journée de la terre 1990, ou y ont participé. Parmi elles, citons des conférences publiques sur l'environnement et des cérémonies de plantation d'arbres. De nombreuses communautés baha'ies étaient également présentes à des foires ou à des festivals organisés par d'autres groupements ainsi qu' à des services et activités interconfessionnels axés sur la préservation de l'environnement.

Certaines de ces actions ont été très novatrices. Par exemple, dans l'État de Hawaii, un programme intitulé "Adoptez une autoroute" a été lancé ; des volontaires ont accepté de nettoyer et d'embellir une section d'autoroute, et de l'entretenir régulièrement.

Dans le monde entier, les communautés baha'ies nationales et locales se sont souvent trouvées au premier plan des manifestations de la Journée de la terre. En particulier dans les régions isolées, les baha'is ont parrainé l'unique programme de la Journée de la terre. Selon M. Arturo, les célébrations suivantes représentent quelques unes seulement des manifestations de la Journée de la terre 1990 auxquelles ont participé les baha'is du monde :

• Au Kenya, où la communauté nationale baha'ie a toujours étroitement coopéré avec le PNUE, les conseils administratif locaux baha'is ont été encouragés à parrainer des activités pour permettre la réussite de la Journée de la terre 1990. Parmi elles, la plantation d'arbres, des conférences publiques et des chants sur l'environnement composés par des musiciens locaux.

• Au Chili, la station de radio gérée par des baha'is, dans la région Sud, a diffusé de brèves émissions éducatives à propos de la préservation de l'environnement. A Santiago, l'école Colegio Nur a organisé un concours de dessin qui demandait de montrer le rapport entre la spiritualité et la préservation de la nature et de l'environnement. Les dessins ont été exposés lors de la Journée de la terre.

• En Finlande, dans le village de Kolkontaipale, les baha'is ont planté des arbres fruitiers dans le cadre d'un festival consacré à l'agriculture et à l'environnement. D'autres communautés baha'ies notamment celles de Varkaus, Joensuu, Vaasa et Angeli ont participé à des célébrations ou les ont organisées.

• En Malaisie, la communauté baha'ie a organisé un programme de sensibilisation à l'environnement et a parrainé des activités telles qu'une excursion dans la nature, la plantation d'arbres et divers exposés, dont un par la Société malaisienne pour la protection de la nature.

• Au Bangladesh, la communauté baha'ie de Dakka a organisé une cérémonie de plantation d'arbres ainsi qu'une soirée de discussions et prévu un programme de plantation sur une année.

• A l'Ile Maurice, sur invitation du Ministère du logement, de la terre et de l'environnement, les baha'is ont participé à l'organisation de la célébration de la Journée mondiale de l'environnement, le 5 juin. Quatre rassemblements régionaux ont eu lieu, ainsi que des exposés sur l'environnement.

Au cours des dernières années, les communautés locales baha'ies ont lancé de nombreux programmes de préservation de l'environnement dans au moins 40 pays: plantation d'arbres, efforts de reboisement, fabrication locale de poêles consommant peu de combustible, centres de recherche ruraux s'intéressant à la mise en oeuvre de technologies appropriées telles que le biogaz et l'énergie solaire, à la préparation de programmes et sur la préservation de l'environnement pour les écoles primaires et de travaux pratiques.

(One Country n°6, pp.10-11)


9.3.9. EXPOSITION : "ARTS EN FAVEUR DE LA NATURE" - SINGAPOUR


Deux cygnes prenant leur envol avec, en toile de fond, une forêt enneigée... Un troupeau de zèbres dans un paysage africain, le tout enfermé dans une boîte ; sans doute un symbole des espèces en voie de disparition... Une fillette regardant de sa fenêtre un oiseau en cage, tandis que des pigeons en liberté jouent sur le toit...

Ces images, et quarante autres, faisaient partie d'une remarquable exposition organisée à Singapour en juin 1990, avec pour thème central la nature et l'environnement. Elle avait pour but d'éveiller les consciences à la nécessité de la préservation de la nature.

Le thème assigné à l'exposition a permis aux peintures et sculptures présentées à "Arts en faveur de la nature" d'être très diversifiées, allant des paysages traditionnels de l'Orient, avec leur délicate interprétation de la beauté de la nature, aux représentations abstraites des agressions perpétrées par l'homme sur son environnement.

L'exposition, projet du comité baha'i de femmes de Singapour, a recueilli l'équivalent de plus de 15 000 FF au bénéfice du programme malaisien du Fonds mondial pour la nature (WWF), destiné à sauver une race de tortues menacée d'extinction, et a contribué à promouvoir la cause de la nature.

Elle a également montré comment un petit groupe de personnes, lorsqu'elles s'engagent pour une grande cause, sont capables d'accomplir plus de choses qu'elles ne l'imaginaient.

"L'idée d'organiser cette exposition remonte au projet Arts en faveur de la nature, réalisé à Londres en 1988, dans le cadre du WWF, avec la collaboration de la Communauté internationale baha'ie. Nous avons été très impressionnés par la brochure éditée à cette occasion, l'un de nous a dit que nous pouvions, nous aussi, réaliser ce genre de manifestation et les autres ont approuvé", a déclaré Linette Thomas, membre du comité.

L'idée paraissait assez simple. Inviter des artistes de la ville et de la région à créer des oeuvres autour du thème de l'environnement, et les exposer le 5 juin à l'occasion de la Journée mondiale de l'environnement. Ensuite vendre ces oeuvres et faire don du produit de la vente à la cause de la préservation de la nature.

Tenue à l'Empress Place, récemment rénové, l'exposition a connu un grand succès grâce à une large publicité et a reçu des centaines de visiteurs pendant la semaine d'ouverture.

"Les oeuvres d'art peuvent toucher les coeurs comme aucun fait ni aucune statistique ne peuvent le faire", a dit Mme Cheryl Hum qui présidait le comité pendant la préparation de l'exposition. "A travers les arts, nous avons voulu non seulement éveiller la conscience du public à la nécessité de protéger l'environnement, mais aussi transmettre l'importance vitale d'une action immédiate."

Parallèlement à l'exposition elle-même, le comité et les firmes qui la parrainaient ont produit une brochure attrayante de 36 pages destinée à commémorer l'événement. Elle contenait des reproductions sur papier glacé des 43 oeuvres présentées et des extraits des déclarations sur la nature publiées par les principales religions dans le cadre du Réseau de WWF sur la conservation de la nature et la religion.

Le premier événement d'Arts en faveur de la nature eût lieu à Syon House, Londres, le 26 octobre 1988. Réalisée grâce à la collaboration du WWF et de la Communauté internationale baha'ie, la manifestation de Syon House, ainsi que l'exposition elle-même, furent inaugurées officiellement par SAR le Prince Philip, au cours d'un dîner de gala où se produisirent des artistes de renom. Des fonds furent recueillis ce soir-là au profit d'un projet de sylviculture tropicale réalisé au Cameroun par le WWF.

(One Country n°7, pp.22-23)


9.4. Coopération

9.4.1. CRÉATION DU BUREAU DE L'ENVIRONNEMENT - NEW YORK


Poursuivant son engagement croissant en faveur de la préservation de l'environnement, la Communauté internationale baha'ie a officiellement annoncé la création d'un Bureau de l'environnement.

Cet organisme, siégeant à proximité des Nations unies, cherche à créer un lien entre l'expertise écologique à l'échelle internationale et l'ensemble des projets de préservation gérés par les communautés locales à travers le monde.

En cette qualité, le Bureau de l'environnement crée un centre, dont l'objectif est de recenser les ressources et de rassembler des informations concernant des micro-projets locaux susceptibles d'intéresser divers groupes concernés par la préservation de la nature.

Le bureau s'efforce également de favoriser les activités écologiques des quelque 20 000 communautés baha'ies existant de par le monde ainsi que de développer les liens entre celles-ci et d'autres groupes.

"De nombreuses communautés baha'ies ont déjà acquis de l'expérience dans l'organisation de programmes écologiques et de développement à petite échelle ; nombre d'entre elles ont aussi l'habitude de collaborer avec d'autres organisations", à déclaré M. L. Arturo, directeur du Bureau de l'environnement. "Nous espérons continuer à soutenir et à promouvoir ce type d'activités."

La création du Bureau de l'environnement a été officiellement annoncée à Londres en décembre 1989, lors d'un déjeuner commémorant le 100e anniversaire de la naissance de Richard St. Barbe Baker, bien connu pour son travail de pionnier en matière de plantation d'arbres, d'agro-sylviculture et de préservation de la nature.

Organisé par le Bureau de l'environnement de la Communauté internationale baha'ie en collaboration avec plusieurs groupements écologiques internationaux, ce déjeuner faisait suite à une série d'autres rencontres similaires tenues annuellement, dans les années 50 et 60, par M. Baker pour le corps diplomatique de Londres. Lors de ces manifestations, appelées "World Forestry Charter Gathering" (les réunions de la charte des forêts du monde), M. Baker présentait son évaluation de la situation mondiale en matière de sylviculture.

Le déjeuner du 15 décembre1989, à l'instar de ceux qui l'avaient précédé, a réuni des diplomates et de représentants de groupements écologiques en vue de l'élaboration d'un rapport sur le statut de la sylviculture dans le monde, et ce rapport a été présenté par M. Charles Lankester, principal conseiller technique du Programme des Nations unies pour le développement (PNUD). Dans ce document, M. Lankester lance un avertissement quant à la situation critique des forêts à travers le monde.

Dans un premier temps, le Bureau de l'environnement s'occupe principalement des arbres en tant qu'élément fondamental des activités de préservation de la nature.

Le Bureau de l'environnement porte également son attention sur la promotion de l'éducation et la formation écologiques à l'échelle de la communauté.

M. Arturo a encore déclaré que, si le Bureau de l'environnement a son siège à New York, c'est précisément pour contribuer à développer les liens croissants entre la communauté baha'ie et d'autres organisations écologiques internationales, y compris divers programmes gérés par les Nations unies. Le Bureau de l'environnement travaille également à l'organisation d'un réseau mondial de conseillers bénévoles capables d'apporter une aide technique dans ce domaine.

Au cours des dernières années, les communautés locales baha'ies ont lancé plus de 50 projets écologiques dans moins de 30 pays. Ces projets vont de la plantation d'arbres et du reboisement à la fabrication locale de poêles consommant peu d'énergie, de centres ruraux de recherche sur l'application de technologies appropriées telles que le bio-gaz et l'énergie solaire, à l'introduction de programmes écologiques dans certaines écoles primaires ou de travaux pratiques.

"Les baha'is envisagent la protection et la préservation de l'environnement dans le sens le plus large possible", a dit M. Arturo. "Nous croyons que les efforts visant à éliminer les barrières qui limitent la coopération fructueuse et harmonieuse des hommes et des femmes, qu'il s'agisse du nationalisme, du racisme, du sexisme, ou de préjugés en matière de religion et de classe sociale, doivent être inclus en tant qu'éléments fondamentaux du mouvement écologique."

"Notre manière d'aborder le problème de préservation de l'environnement est de nature holistique et se fonde sur une approche globale", a poursuivi M. Arturo. "Elle repose sur une vision nouvelle de l'humanité et de l'environnement naturel qui met en relief les valeurs spirituelles, l'unité dans l'effort et l'instauration d'une civilisation autosuffisante et en progrès constant."

(One Country n°5, pp. 4-5)


9.4.2. PRÉPARATION DE LA CONFÉRENCE DES NATIONS UNIES SUR L'ENVIRONNEMENT - NEW YORK

Les efforts de la Communauté internationale baha'ie pour la préparation de la Conférence des Nations unies sur l'environnement et le développement (CNUED), reflètent d'une certaine manière la portée et l'échelle de participation des ONG au "Sommet de la terre" qui s'est tenu en juin 1992 au Brésil.

La Communauté internationale baha'ie (CIB), organisation internationale non-gouvernementale incluant et représentant quelque cinq millions de membres de la Foi baha'ie dans plus de 150 pays, s'est depuis longtemps sentie concernée par le développement et l'environnement ainsi que par tout l'éventail des questions soulevées par le processus de la CNUED, qui vont de l'égalité de la femme et de l'homme jusqu'à l'ordre mondial.

La CIB, par l'intermédiaire de son Bureau de l'environnement, s'est attachée à participer à la phase préparatoire de la CNUED, sur le plan international, national et local.

Sur le plan international, les représentants baha'is ont assisté à toutes les réunions de la Commission préparatoire de la CNUED ; ils y ont fait des déclarations ou présenté des documents quant à leur position sur différents thèmes intéressant la CNUED.

La CIB a rejoint également plusieurs réseaux d'ONG. Elle est partenaire actif du Centre pour notre avenir commun, membre du Centre international de liaison de l'environnement à Nairobi, membre du réseau WWF pour la conservation et la religion, et l'un des responsables du Congrès mondial des femmes pour une planète salubre qui a eu lieu en novembre 1991, à Miami en Floride. Elle est aussi membre du Comité de planification des activités ONG en rapport avec la CNUED.

(One Country n°9, pp.14-15)


9.4.3. CONFÉRENCE ÉCOLOGIQUE : "UNE ACTION POUR UN AVENIR COMMUN" - BERGEN, Norvège

Au cours de la conférence écologique tenue en mai 1990 à Bergen et intitulée "une action pour un avenir commun", contrastant avec les débats politiques et techniques souvent contestés parmi les représentants de gouvernements, trois spécialistes de l'environnement exposent une vision de la conscience écologique intégrant science, philosophie et spiritualité.

S'exprimant lors d'une table ronde organisée par les baha'is en marge de la conférence, M. Ervin Laszlo, délégué de l'Italie, M. Arne Næss, de la Norvège et M. Robert White, du Canada, ont déclaré que seul un changement radical dans les attitudes de l'humanité en matière d'environnement peut éviter une catastrophe écologique à l'échelle planétaire.

La conférence de Bergen, qui a rassemblé des ministres des gouvernements de 34 pays, des Organisations internationales non-gouvernementales (ONG) et des représentants de groupements et mouvements écologiques du monde entier, était organisée par le gouvernement norvégien en coopération avec la Commission économique pour l'Europe et en consultation avec le Programme des Nations unies pour l'environnement.

Parallèlement à la conférence, la communauté baha'ie de Norvège et la Communauté internationale baha'ie ont mis sur pied le séminaire sur "les limites internes", ainsi que des réunions avec Messieurs Laszlo, Næss et White.

M. Næss avait forgé, en 1973, le terme d'"écologie profonde" et a, depuis lors, été à l'avant-garde du mouvement de l'écologie profonde. Il a déclaré que l'humanité doit rapidement définir des normes centrées sur un "développement global à long terme, soutenable sur le plan écologique".

"Un pays ne se développe pas de manière durable si l'écologie n'est pas aussi développée de manière durable", a dit cet ancien professeur de philosophie.

L'écologie profonde, au lieu de rechercher simplement des solutions techniques, tente de pénétrer au coeur même des vues les plus profondes sur la nature et de trouver un terrain commun entre les plus nobles idéaux de la civilisation d'une part et, de l'autre, la beauté, la complexité et le mystère de la nature.

Le paradigme naissant d'une "conscience écologique" est fondé sur l'optique d'une science et d'une technologie qui ne reposent pas sur l'exploitation et ceci exige une transformation des consciences afin que, cessant de considérer le monde comme un immense réservoir de ressources à exploiter et à consommer, elles se mettent à regarder l'humanité comme une entité vivante faisant partie de l'écosphère.

De son côté, M. Robert White, représentait le Bureau de l'environnement de la Communauté internationale baha'ie. Il a montré la contribution de la Foi baha'ie qui formule les bases spirituelles d'une société fondée sur l'équilibre écologique. "La Foi baha'ie", a-t-il dit, "pourrait offrir un nouveau modèle de transformation et de réorientation, à un moment où l'humanité recherche une nouvelle vision qui soit compatible avec la durabilité."

"En mettant l'accent sur l'unité et la pensée évolutionniste, la Foi baha'ie offre une vision de la nature qui reflète à la fois la sagesse animiste et la notion écologique contemporaine", a-t-il ajouté.

Selon lui, l'humanité est appelée à devenir cynique et désespérée quant aux perspectives humaines si elle ne se dote pas d'une vision d'intégralité pour nous-mêmes et pour notre monde. "La Foi baha'ie offre une vision qui motive chacun d'entre nous et favorise une transformation globale", a-t-il ajouté. La clé d'une telle vision réside dans la reconnaissance que l'évolution culturelle de l'homme est un processus délibéré et organique au sein de l'évolution vitale sur cette terre.

"Les enseignements et les institutions de la Foi baha'ie peuvent être perçus comme rien moins que la vision et le noyau d'un ordre mondial fondé sur le principe spirituel central de l'unité", a conclu M. White. "Seule l'acceptation totale de ce principe organique d'unité peut libérer l'énergie constructive et la volonté requise pour opérer les changements d'une portée considérable qui demeurent indispensables."

(One Country n°6, pp.12-13)


9.4.4. FORUM : "L'AFRIQUE - ENVIRONNEMENT ET DÉVELOPPEMENT"

Le 11 septembre 1989, le Club de Rome, conjointement avec le Bureau de liaison des Nations unies avec les Organisations non-gouvernementales et la Communauté internationale baha'ie ont organisé sous un patronage commun un forum intitulé "L'Afrique - environnement et développement - perspectives des Organisations non-gouvernementales pour la décennie 1990-2000".

Ainsi que son titre l'indique, cette réunion d'une journée avait pour but d'étudier les liens qui peuvent exister entre le développement de l'Afrique et son environnement, et au delà, l'influence que peuvent avoir ces rapports sur les conditions de vie au niveau planétaire. Ce thème est appelé à rester longtemps un sujet particulièrement sensible étant donné la concurrence accrue pour satisfaire les besoins en terre, bois de charpente, faunes et autres, au fur et à mesure que l'Afrique s'avancera sur la voie d'un plus grand développement.

Le forum a été caractérisé par la diversité de ses participants qui représentaient une large gamme de disciplines, d'institutions, et d'organisations intéressées par le sujet traité. On pouvait y rencontrer aussi bien les représentants d'importants organismes occidentaux d'aide au développement, que des groupes actifs dans le domaine de l'environnement tel que USAID et le WWF (Fonds mondial pour la nature). On remarquait également des Organisations non-gouvernementales nées d'initiatives associatives, tels que le Forum des organisations bénévoles pour le développement de l'Afrique et la Fondation africaine pour le développement ainsi que des institutions de réflexion comme l'Institut Nord-Sud ou le Club de Rome.

Le forum commença avec les Africains à la tribune et les Occidentaux dans le public. Puis, lors des séances d'atelier de l'après-midi, constituées par petits groupes de discussion, on s'efforça de briser les vieilles hypothèses et les relations traditionnelles. La journée prit fin par une conférence de M. Bertrand Schneider, Secrétaire général du Club de Rome.

Le programme du forum offrit de nombreuses occasions pour des questions et réponses, et les échanges dépassèrent largement les notions traditionnelles sur les liens entre le développement et l'environnement. Le rôle de la dette et les questions d'ajustement structurelles furent au coeur des discussions. On discuta, également de façon intensive, de la tendance à demander une plus grande participation de la population dans le processus de développement ainsi que de la nécessité de repenser l'attitude générale quant aux méthodes de communication nécessaires au développement.

Le forum s'est tenu dans les bureaux newyorkais de la Communauté internationale baha'ie.

(One Country n°4, p.12)


9.4.5. CONTRIBUTION À LA CHARTRE DE LA TERRE


La Communauté internationale baha'ie se réjouit de la proposition du Secrétaire général de la Conférence des Nations unies sur l'environnement et le développement (CNUED) qu'une "Charte de la Terre" soit un des six principaux points à examiner à la CNUED à Rio de Janeiro, au Brésil, en Juin 1992.

Nous sommes convaincus que tout appel en faveur d'une action mondiale pour l'environnement et le développement doit s'inspirer de valeurs et de principes universellement acceptés. De même, la recherche de solutions aux graves problèmes mondiaux liés à l'environnement et au développement doit dépasser les propositions technico-utilitaires pour s'attaquer aux causes profondes de la crise. Dans une perspective baha'ie, les vraies solutions exigent une vision de l'avenir qui soit universellement admise et fondée sur l'unité et la coopération spontanée entre les nations, les races, les croyances et les classes de la famille humaine. Les éléments suivant s'avèrent essentiels: l'engagement envers un modèle moral plus élevé, l'égalité des femmes et des hommes, et le développement de l'art de la consultation pour un fonctionnement efficace des groupes à tous les niveaux de la société.

De toute évidence, une déclaration de la CNUED ou une Charte de la Terre tirerait profit d'une consultation élargie avec les organisations gouvernementales et non gouvernementales. C'est donc avec plaisir que la Communauté internationale baha'ie offre les éléments suivants pour être éventuellement insérés dans une telle déclaration de principes.

Pour réorienter l'individu et la société vers un avenir durable, nous devons réaliser que:

• L'unité est essentielle si des peuples différents doivent oeuvrer pour un avenir commun. La Charte de la Terre devrait identifier les aspects de l'unité qui constituent un préalable à la réussite d'un développement durable. Dans une perspective baha'ie, "Le bien-être de l'humanité, sa paix et sa sécurité sont inaccessibles à moins que, et jusqu'à ce que, son unité soit fermement établie."

• L'exploitation effrénée des ressources naturelles n'est qu'un symptôme d'une maladie générale de l'esprit humain. Aussi, toute solution à la crise de l'environnement et du développement doit s'appuyer sur une approche favorisant l'équilibre et l'harmonie spirituels dans le for intérieur de l'être humain, dans les relations entre individus et dans les rapports de l'homme avec l'environnement dans son ensemble. Le progrès matériel doit être au service non seulement du corps, mais aussi de l'intellect et de l'esprit.

• Les transformations requises pour réorienter le monde vers un avenir durable demandent un degré de sacrifice, d'intégration sociale, d'action désintéressée et d'unité d'intention rarement atteint dans l'histoire de l'humanité. Ces qualités ont pu atteindre leur plus haut degré de développement grâce au pouvoir transformateur de la religion. C'est pourquoi les communautés religieuses mondiales ont un rôle majeur à jouer en éveillant ces vertus chez l'individu, en libérant les aptitudes latentes dans son esprit et en le poussant à agir dans l'intérêt de la planète, de ses peuples et des générations futures.

• Rien, si ce n'est un système fédéral planétaire guidé par des lois universellement acceptées et appliquées, ne permettra aux États-nations de gérer conjointement un monde toujours plus interdépendant et en rapide mutation, garantissant ainsi la paix et la justice sociale et économique pour tous.

• Le développement doit être décentralisé afin de permettre à toutes les communautés de participer à la formulation et à la mise en oeuvre des décisions et des programmes qui touchent leur vie. Une telle décentralisation n'exclut pas nécessairement un système et une stratégie globaux. Au contraire, elle peut garantir l'adaptation des processus de développement à la foisonnante diversité culturelle, géographique et écologique de la planète.

• La confrontation et la domination doivent laisser place à la consultation, afin que prévale la coopération au sein de la famille des nations lors de la conception et de l'application de mesures qui préserveront l'équilibre écologique de la terre.

• Ce n'est que lorsque les femmes seront les bienvenues dans tous les domaines de l'activité humaine, environnement et développement compris, qu'un climat moral et psychologique sera créé dans lequel pourra naître et prospérer une civilisation pacifique, harmonieuse et durable.

• L'éducation universelle est une cause qui mérite d'être soutenue énergiquement car aucune nation ne peut réussir sans que l'éducation soit accordée à tous ses citoyens. Elle favoriserait la prise de conscience de l'unité du genre humain et du lien primordial entre l'homme et la nature. Par la notion de citoyenneté mondiale, elle peut préparer les jeunes du monde aux changements organiques de la structure de la société qui découlent du principe d'unité.

La Communauté internationale baha'ie se tient prête à collaborer à l'élaboration plus poussée et à la promotion d'une Charte de la Terre en consultation avec d'autres organismes intéressés.

(Contribution à la Charte de la Terre)


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