La communauté mondiale baha'ie et son action
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10. Femmes

10.1. Introduction

Pour la première fois dans l'histoire, le Fondateur d'une grande religion a explicitement déclaré que les hommes et les femmes étaient égaux. Les écrits baha'is indiquent également que:

• Les filles devraient avoir la préférence sur les garçons lorsque les possibilités et ressources éducatives sont limitées.

• Dans un mariage baha'i, la voix du mari n'est pas plus prépondérante que celle de la femme.

• Toute inégalité apparente entre les capacités des femmes et des hommes est seulement due au manque de possibilités d'éducation offertes aux femmes.

(Les Baha'is p.27)


Reconnaître l'unité fondamentalede l'humanité est une condition préalable essentielle à l'évolution sociale et au bien-être futur de la terre et de ses peuples. Or, l'égalité des sexes fait partie intégrante de ce concept. Baha'u'llah, le fondateur de la Foi baha'ie, a clairement prôné les droits de la femme, affirmant sans ambages que ... " les femmes et les hommes ont été et seront toujours égaux aux yeux de Dieu. " L'âme rationelle n'a pas de genre, et les inégalités sociales qui ont pu être dictées par d'anciens impératifs de survie ne peuvent plus se justifier à une époque où les membres de la race humaine deviennent chaque jour plus interdépendants.

Le principe de l'égalité a de profondes incidences sur la définition du rôle des femmes et des hommes. Il pèse sur tous les aspects des relations humaines et fait partie intégrante de la vie familiale, économique et communautaire. L'application de ce principe doit forcément entraîner un changement dans de nombreuses coutumes et pratiques traditionnelles. Il rejette les définitions rigides des rôles, les môdèles de domination et les décisions arbitraires, et accueille les femmes dans un partenariat complet dans tous les domaines de l'entreprise humaine. Il permet de faire évoluer le rôle de l'homme et de la femme.

Ce principe d'égalité influe également sur la façon de promouvoir la condition de la femme. Selon les écrits baha'is, l'humanité est semblable à un oiseau dont une aile représente la femme et l'autre l'homme. Tant que ses deux ailes ne seront pas aussi fortes et aussi développées l'une que l'autre, l'oiseau ne pourra prendre son envol. Le développemnt de la femme est considéré comme vital au plein épanouissement de l'homme et comme préalable à la paix. Ainsi, les membres de la communauté baha'ie, hommes et femmes confondus, et ses conseils administratifs, démocratiquement élus partagent-ils l'engagement ferme de mettre en oeuvre le principe d'égalité, tant dans leur vie personnelle et au sein de leur famille, que dans tous les aspects de la vie sociale et civique. Individus et organismes sociaux collaborent pour encourager le développement et l'émancipation des femmes ainsi que l'élaboration et la mise en place de programmes propres à favoriser leur développement spirituel, social et économique.

La religion baha'ie accorde une place primordiale à l'éducation comme moyen de promouvoir la condition féminine. Non contente de soutenir le principe de l'éducation universelle, elle donne priorité à l'éducation des filles et des femmes là où les ressources sont limitées. En effet, seules des mères éduquées peuvent le mieux et le plus rapidement diffuser les bienfaits de la connaissance dans la société. Les baha'is préconisent l'adoption d'un même cursus scolaire pour filles et garçons, et encouragent les femmes à étudier les arts, les travaux manuels, les sciences et les métiers, et à accéder à tous les secteurs du monde du travail, y compris ceux qui sont traditionnellement réservés aux hommes.

(La grandeur qui pourrait être la leur pp. 8-9)


10.2. Point de vue baha'i

10.2.1. LE PARTENARIAT


Il devient de plus en plus évident que le thème du partenariat est la prochaine étape pour le mouvement des femmes dans le monde. Et aussi pour le nouveau mouvement des hommes. Parce que l'amélioration du statut de la femme n'est pas un problème des femmes - c'est un problème humain.

Dans le monde industrialisé, beaucoup de féministes se sont rendues compte qu'elles ont atteint la limite en ce qui concerne la prise de conscience des femmes, et qu'elles ne peuvent plus avancer tant que les attitudes des hommes ne sont pas transformées.

Dans le monde en voie de développement, où les statistiques démontrent que les femmes portent un fardeau plus grand de travail, de pauvreté, d'analphabétisme, de soins médicaux insuffisants, et d'exclusion de la prise de décision, le besoin de changement d'attitude est plus flagrant.

Bien que beaucoup de personnes dans le monde aujourd'hui se soient rendu compte que les femmes méritent des droits égaux, la triste vérité montre que ce principe n'a pas encore trouvé l'acceptation dans la plupart des coeurs humains. Il suffit de voir comment les femmes sont traitées par les hommes dans la vie quotidienne - que ce soit à la maison, dans la communauté, ou au travail - pour se rendre compte du chemin encore à parcourir. Et ceci est vrai partout dans le monde, même dans les endroits les plus évolués.

Le projet est construit autour d'un processus de trois étapes pour la transformation de la communauté : (1) la promotion des activités qui encouragent une analyse au niveau de la base de la situation entre les hommes et les femmes ; (2) l'utilisation de la consultation baha'ie et une compréhension approfondie de l'égalité de la femme comme principe moral pour aiguiser et concentrer l'analyse ; et (3) l'articulation et l'expression à travers des médias pour communiquer les résultats.

Ces trois étapes offrent un remède général qui peut être appliqué pratiquement partout - même dans les sociétés urbaines et hautement développées.

Il est important de tenir à l'esprit, néanmoins, que la clé pour la vraie transformation n'est pas seulement l'acceptation intellectuelle de l'égalité des femmes et des hommes comme étant une idée moderne et progressiste, mais la reconnaissance du fait que ceci est un principe spirituel, un des thèmes de base de notre époque.

Il y a plus de 100 ans, Baha'u'llah, le fondateur de la Foi baha'ie, a dit : "Tous devraient savoir et ainsi atteindre les splendeurs du soleil de la certitude, et en être éclairés: les femmes et les hommes ont toujours été et seront toujours égaux devant Dieu."

L'importance spirituelle d'une telle affirmation dans la transformation d'attitude ne peut pas être sous-estimée. A travers cette déclaration, et d'autres, la Foi baha'ie est devenue la première religion mondiale à proclamer explicitement l'égalité des femmes dans ses Écrits sacrés.

Ainsi les baha'is ont toujours cherché à promouvoir ce principe - et ils ont compris depuis longtemps que l'égalité pour les femmes ne peut pas naître dans une ambiance de conflit entre les sexes. Au contraire, il peut seulement être accompli si les hommes et les femmes sont partenaires.

Une telle association exige de nouvelles attitudes et responsabilités des deux cotés du gouffre entre les hommes et les femmes. Tandis que les femmes doivent s'efforcer de développer leurs capacités et de prendre un rôle actif dans toutes les activités, les hommes doivent les encourager et les soutenir. Ils doivent faire ceci en apprenant à apprécier les contributions des femmes et en faisant de la place pour elles dans les institutions de la société.

Une telle réévaluation et transformation des anciens comportements et attitudes est difficile et ne peut pas être accomplie uniquement par la législation, des réunions de comité ou par des impératifs idéologiques. Ce qui est nécessaire est une vraie transformation de conscience. Et cela veut dire que nous devons comprendre la dimension spirituelle de ce partenariat. Car c'est la dimension spirituelle de la vie qui nous force à chercher dans nous-mêmes ce que nous savons être la vérité et qui par la suite nous motive à entreprendre une vraie et sincère transformation.

(One Country n°16, p.2-3)


10.2.2. HOMME ET FEMME COMPÉTITION OU COOPÉRATION

Pour parler des relations homme-femme, on peut se référer d'abord à l'Histoire. Il nous a semblé que l'histoire de ces relations au cours des deux derniers siècles a passé à travers plusieurs phases marquées, chacune, par la coopération, la compétition, ou les deux à la fois.

La première phase a été celle qui se prolonge dans les pays islamiques et dans une bonne partie du tiers monde. Elle se définit par la prédomination des relations "domination-soumission" entre les deux sexes.

La seconde étape est celle qui a commencé vers la fin du 19ème siècle et a continué jusqu'à la Seconde Guerre mondiale. Durant cette période, de nouvelles relations se sont établies entre les deux sexes en raison de la lutte des femmes pour l'obtention des droits humains qui leur étaient refusés jusqu'alors.

La troisième étape a été marquée par des relations de coopération devenues inévitables à cause de la mobilisation des hommes sur les fronts et de la nécessité de faire marcher les rouages de la société en leur absence.

La quatrième étape fut celle de la contestation du pouvoir masculin et de la revendication de la liberté sans entrave pour les femmes (années 60-70). C'est à cette étape qu'on a vu la floraison des mouvements de libération féminine d'abord aux États-Unis d'Amérique et ensuite en Europe.

Avec l'essoufflement des mouvements de libération féminine depuis une dizaine d'années, on a l'impression qu'on est entré, depuis presque deux décennies, dans une nouvelle phase, la cinquième, marquée par une nouvelle prise de conscience de la complémentarité de l'homme et de la femme dans la famille comme dans la société, et par une attention plus grande aux données de la science concernant "le fait féminin", c'est-à-dire les spécificités physiques et mentales de la femme.

Il nous semble que la Foi baha'ie inaugure une nouvelle phase dans l'histoire des relations entre hommes et femmes. Elle recommande que l'on dépasse définitivement le stade de tension et de conflit entre les deux sexes et que l'on s'oriente vers une complémentarité des qualités et des capacités susceptible de transformer notre monde, essentiellement fondé sur le principe de force, en un monde de fraternité universelle.

Cette complémentarité signifie que chacun aide corps et âme à l'épanouissement maximal, à l'auto- réalisation de l'autre.

Il est intéressant de constater que c'est seulement depuis la décennie 70 que certains penseurs sont arrivés de manière indépendante à cette conclusion qu'une "féminisation" de la civilisation est nécessaire; autrement dit, les traits de caractère féminins devraient se refléter davantage dans nos sociétés à tendance éminemment masculines.

Nous aimerions répondre à la question concrète suivante: qu'est ce que la participation des femmes à la vie publique pourrait apporter au monde? Pour répondre à cette question tout à fait légitime, nous allons nous inspirer à la fois des écritures baha'ies et des expériences historiques.

Citons tout d'abord 'Abdu'l-Baha qui, dans l'une de ses lettres, nous a dit : "Là où la femme n'a pas participé aux affaires humaines, les résultats n'ont jamais atteint un état de parachèvement et de perfection". Il nous semble que les femmes peuvent apporter une contribution de valeur au moins sur neuf plans:

• Contribuer à l'harmonie dans la société comme dans la famille.

• Humaniser la vie politique en y introduisant la tendresse et la sensibilité " aux gens qui sont dans le besoin ou qui souffrent" et en remplaçant la violence par la recherche pacifique de la solution des conflits.

• Soutenir la paix. On lit dans les écrits baha'is que "la femme utilisera toute son influence contre la guerre", que la femme "est naturellement l'avocat le plus sûr et le plus dévoué de la paix internationale".

• Compléter le progrès social par son intuition et sa générosité naturelle.

• Porter une attention particulière à la qualité de la vie, des relations humaines et de l'environnement.

• Faire sortir le monde de son individualisme égocentrique.

• Spiritualiser le monde.

• Introduire la décence dans le monde.

• Faire face aux moments de danger et de crise par "les dons spécifiques que Dieu leur a donnés".

Puisque nous avons parlé de la coopération dans la complémentarité, disons aussi quelques mots à propos de la compétition. La compétition n'est pas toujours d'orientation conflictuelle et destructrice, elle peut aussi être positive et constructive lorsque la personne est encouragée à se dépasser et à se surpasser sur la voie de la perfection.

Un deuxième point sur lequel nous aimerions nous arrêter quelques instants est que cette compétition avec les hommes que l'on reproche aux femmes est loin d'être un fait universel. Elle a été limitée à certaines sociétés et certaines couches sociales. Elle n'a d'ailleurs pas modifié beaucoup les injustices dont les femmes ont toujours fait l'objet. Quelques chiffres pourront mieux confirmer nos propos: aujourd'hui encore, dans les pays les plus développés, les femmes reçoivent un salaire inférieur de 30% à celui des hommes pour un travail égal et elles ont rarement accès aux postes de gestion et de commande; les femmes composent la majorité (environ deux tiers) de tous les instituteurs, d'un autre côté, elles souffrent deux fois plus que les hommes du fléau de l'analphabétisme.

Tenant compte de ces faits, il nous semble qu'il est indispensable d'envisager non seulement l'égalité des sexes pour le plein épanouissement de l'humanité, mais aussi une discrimination positive en faveur des filles: par exemple, en accordant la priorité à l'éducation des filles par rapport aux garçons (la Foi baha'ie est favorable à une telle action). Il faudrait en plus que la société encourage les femmes à devancer les hommes dans tous ce qui apporte une contribution de valeur à l'avancement de la civilisation humaine.

Nous avons opté pour la coopération dans la complémentarité des fonctions et des qualités. Une telle thèse n'est point de condamner les femmes à rester enfermées chez elles ni à demeurer cloisonnées dans certaines activités et professions déterminées. On doit leur ouvrir toutes les portes pour enrichir les diverses sphères de la vie et de l'activité humaine avec ce qu'elles ont de meilleur, tout en leur réservant la tâche la plus essentielle qui ait jamais existé dans le monde, c'est-à-dire engendrer et développer la vie humaine, tâche que la Foi baha'ie considère comme l'acte de piété le plus méritoire, mais qui est malheureusement encore insuffisamment apprécié dans nos sociétés à tendance mercantile.

(Pensée baha'ie n°114, p.5-11)


10.2.3. RÔLE DE LA FEMME AU SEIN DE L'ENTREPRISE

L'attitude envers les femmes que l'on rencontre sur les lieux de travail est un facteur qui empêche de nombreuses organisations d'atteindre leur pleine efficacité. Les habitudes et les préjugés qui font que la grande majorité des femmes ne peut toujours pas contribuer, à sa façon, au succès de l'entreprise, sont tout à fait injustes et doivent être identifiés et corrigés.

Mais, au-delà de la mise en pratique de l'égalité entre les sexes, il devient nécessaire de créer le climat moral et psychologique dans lequel les vertus féminines pourront s'exprimer. Les écrits baha'is comparent l'être humain, sans ses éléments féminins et masculins, à un oiseau qui ne saurait voler sans le fonctionnement harmonieux de ses deux ailes. Toutes les organisations qui ont entrepris d'établir cet équilibre en ont reconnu les conséquences positives à la fois dans les réussites financières et humaines.

(Valeurs nouvelles pour une économie mondiale, p.8-9)


10.3. Actions baha'ies

10.3.1. INSTITUT PROFESSIONNEL DES FEMMES RURALES À INDORE - Inde


En Inde, la communauté nationale baha'ie a lancé divers projets de construction d'établissements scolaires et de développement. Parmi ces projets figure l'Institut professionnel baha'i pour les femmes rurales d'Indore, dans l'État du Madhya Pradesh, qui offre gratuitement des cours d'alphabétisation ainsi qu'une formation professionnelle aux jeunes femmes défavorisées de la région.

L'Institut accueille les femmes des villages pauvres, met l'accent sur la formation dans des domaines utiles et ouverts au marché local. Comme la plupart des projets parrainés par des baha'is, il intègre des éléments d'éducation morale et spirituelle, ce qui contribue pour une large part au succès global de l'Institut.

"Bien que l'alphabétisation, la formation professionnelle et l'éducation sanitaire soient essentielles, nous pensons que l'un des atouts de notre Institut est d'aider ces jeunes femmes à prendre conscience de leurs possibilités en tant qu'êtres humains", dit Janak Palta McGilligan, directeur de l'Institut. "C'est là que l'éducation morale entre en jeu."

Le programme d'éducation spirituelle et moral de l'Institut met l'accent sur l'égalité des femmes et des hommes, l'unité de l'humanité, et l'importance de la pureté du coeur et des intentions. Ces principes motivent à leur tour le changement des comportements et le développement personnel.

"Nous essayons de leur donner confiance en elles-mêmes de sorte qu'elles sachent qu'elles sont importantes en tant qu'individus et qu'elles peuvent jouer un rôle dans l'amélioration de leur environnement familial ainsi que dans la croissance et le développement de leurs villages", dit le Dr. Tahirih Vajdi, qui a contribué à la fondation de l'Institut et travaille également au Conseil national baha'i de l'Inde qui parraine le projet. "Nous avons constaté en effet que lorsque ces femmes retournent dans leurs villages, elles exercent une influence sur toutes leurs communautés. Elles apportent de nouvelles idées sur la santé et l'hygiène et montrent l'importance de l'éducation des enfants."

L'Institut a été gratifié, en juin 1992, par l'attribution du Prix "Global 500" offert par le programme des Nations unies pour l'environnement. Le prix était accompagné des mots suivants:

"Depuis 1987, l'Institut professionnel baha'i pour les femmes rurales a entrepris trois programmes dans le domaine de l'environnement destinés à apprendre aux villageois comment prévenir et éradiquer les vers de Guinée, maladie causée par la contamination de l'eau dans 302 villages du centre de l'Inde. Lorsque le programme a été lancé, 752 personnes étaient infestées et 211 813 autres étaient soumises au risque de contamination. Aujourd'hui, le district est complètement débarrassé des vers de Guinée."

(Les Baha'is, pp. 65-66)



10.3.2. MÉDIAS TRADITIONNELS COMME AGENT DE CHANGEMENT - BADAN, Province de l'Est, Cameroun

En tant que théâtre, les sketchs, présentés sur la place du village le jour du marché en juillet 1993 par les habitants de ce petit village de l'Afrique de l'Ouest, étaient assez rudimentaires.

Malgré la simplicité du sujet, le jeu peu professionnel des acteurs et l'absence de costumes ou de décors, cette pièce et d'autres du même genre ont eu un grand succès dans cette province lointaine et en voie de développement.

Parmi les fruits d'un projet pilote de deux ans pour trois pays du Fonds des Nations unies et de la Communauté internationale baha'ie pour l'avancement des femmes (UNIFEM), les pièces présentent des situations bien connues par les hommes et les femmes de ces régions. Ils se reconnaissent en elles.

Le projet a comme objectif de stimuler le développement social et économique de toute la communauté en élevant le statut des femmes à travers l'utilisation de médias traditionnels tels que le théâtre, les chansons et la danse.

"ll y a beaucoup de messages dans ce simple sketch", a dit Mona Grieser, directeur technique national du projet. "Il y a des messages concernant la responsabilité des pères, l'importance d'une bonne gestion des finances et l'importance du partenariat au sein de la famille. Mais la chose la plus importante est qu'il y a beaucoup d'hommes parmi les spectateurs. Et ce sont les hommes que nous espérons toucher."

Bien que l'expérience baha'ie/UNIFEM, qui a comme titre "Les médias traditionnels comme agents de changement", soit unique parce qu'elle intègre des idées bien acceptées concernant la communication du développement avec la promotion de l'égalité de la femme, sa particularité caractéristique est l'effort qu'elle fait pour impliquer les hommes autant que les femmes dans ce processus.

"Beaucoup de programmes pour aider les femmes n'engagent qu'elles. Les baha'is ont pensé que les changements se feraient plus facilement par un processus consultatif entre les femmes et les hommes", a dit Mme Brooke, consultante indépendante des communications du développement. "Autrement, nous finirions avec des groupes de femmes en colère assises dans un coin. Cela ne changerait rien ."

Avec des fonds fournis par l'UNIFEM, le projet a été commencé en même temps au Cameroun, en Bolivie et en Malaisie. Les communautés baha'ies nationales et locales, qui sont bien développées et organisées, ont fourni un réseau de bénévoles motivés ainsi que des ressources locales.

Le projet cherche surtout à changer des attitudes. Et malgré le fait qu'elles sont difficiles à mesurer à la différence d'une production agricole améliorée ou des meilleurs taux de vaccination, il y a néanmoins des signes évidents de succès - en termes statistiques et aussi anecdotiques.

Les changements les plus importants sont ceux qui ont eu lieu à Kampong Remun, un petit village éloigné dans le Sarawak, où le projet a donné naissance à plusieurs activités annexes. Utilisant les méthodes du programme pour identifier les problèmes de la communauté, les villageois ont planté un potager, construit des nouvelles latrines et commencé des classes d'alphabétisation pour les adultes. Ces classes ont été spécialement conçues pour les femmes, mais elles sont aussi ouvertes aux hommes.

L'importance d'inclure les femmes dans les actions de développement est de plus en plus reconnue dans le monde entier. Un certain nombre d'études et de statistiques démontrent que plus les femmes deviennent instruites, engagées et en meilleure santé, plus le bien-être de toute la famille s'améliore.

"Nous croyons que tout le monde en bénéficiera quand les femmes dans les pays en voie de développement obtiendront l'égalité et l'avancement économique et social", a dit Marjorie Thorpe, directeur adjoint d'UNIFEM. "Ceci améliorera la qualité de la vie non seulement pour les femmes, mais aussi pour les hommes et pour les enfants. Ainsi tout le monde en profitera."

Une approche caractéristique:

Le projet présente de nombreux aspects pour atteindre cet objectif. Bien que divers éléments aient déjà été utilisés ailleurs, tels que l'emploi des médias traditionnels pour communiquer des nouvelles idées, le programme est particulier, parce qu'il incorpore des idées venant d'un large éventail de sources, dont les enseignements baha'is.

Pour l'essentiel, le projet est construit autour des éléments suivants :

• Il essaie d'engager directement les gens dans l'analyse de leurs propres problèmes, en les formant, dans un premier temps, à l'utilisation des outils modernes analytiques, tels que les groupes de travail et les enquêtes, et aussi la consultation baha'ie.

• Dans un deuxième temps, il donne une direction aux analyses faites en soulignant l'importance d'un principe moral positif, dans ce cas précis, l'égalité de l'homme et de la femme.

• Finalement, il essaie de promouvoir le changement dans la communauté en communiquant le résultat de l'analyse à travers les médias traditionnels tels que le théâtre, les chansons et la danse, qui sont relativement non menaçants.

Bien que ces actions soient organisées par les communautés baha'ies dans chaque région, elles essaient de promouvoir des changements dans les attitudes de toute la population. "Un des avantages de travailler avec les baha'is est qu'ils ont des liens très forts avec la population ", ajoute Mme Thorpe quand elle expliquait pourquoi l'UNIFEM avait décidé de parrainer le projet. "Ce n'est pas une organisation qui est élitiste. Étant donné qu'il y a des baha'is parmi la population et une expérience de travail avec la base, ils ont été très efficaces et représentent un contact très utile pour nous."

Dans chaque pays, le projet a commencé avec des sessions de formation au niveau national pour aider les volontaires baha'is locaux à utiliser leurs compétences pour la formation de communautés comme la base de leur travail.

Dans un premier temps, un cours de soutien sur les principes de la consultation, méthode distinctive de prise de décision non conflictuelle employée par les communautés baha'ies à tous les niveaux, a eu lieu.

"La formation pour pratiquer la consultation baha'ie aide à apprendre le respect des opinions des autres, ceci étant très important pour les femmes", a dit Lee Lee Ludher, une consultante pour le développement en Malaisie, "parce que beaucoup de femmes ont l'impression que leur point de vue n'est pas très important".

Les volontaires ont aussi reçu une formation dans les techniques modernes de collecte de données, particulièrement pour les enquêtes de participation et dans l'utilisation de groupes de travail comme un moyen de découvrir les besoins de la communauté. Une formation dans l'évaluation, la constitution d'archives et l'organisation a aussi été donnée.

Les volontaires nouvellement formés ont ensuite été envoyés dans leurs communautés où ils ont organisé des cycles de formation au niveau local, similaire à celui qu'ils avaient reçu.

Le résultat a été la formation d'un groupe de base de volontaires pour le projet dans chaque village. Ce groupe de base était généralement constitué autour d'un conseil d'administration baha'i local, l'Assemblée spirituelle locale.

"Un outil diagnostique très simple qui a été utile pour aider ces communautés à s'analyser elles-mêmes était de leur demander de faire une liste de toutes les tâches quotidiennes d'une femme typique de la région", a dit M. Richard Grieser, un des premiers formateurs au Cameroun. M. Grieser est l'époux de Mona Grieser et a travaillé avec son épouse dans la plupart des étapes du projet.

"Ensuite nous leur avons demandé d'établir une liste des tâches quotidiennes d'un homme typique", a dit M. Grieser. "La différence dans les charges de travail était frappante. A vrai dire, les hommes ont souvent été gênés parce que leur liste ne représentait même pas la moitié de celle des femmes."

Dès que les problèmes locaux furent identifiés, les volontaires ont demandé à la communauté d'exprimer ses conclusions à travers ses médias locaux typiques, tels que les chansons, les danses, les contes et les pièces. Les artistes et les comédiens locaux ont été encouragés à participer. Ces contes, pièces, chansons et danses ont été ensuite présentés pour la communauté à divers festivals, programmes de soirées et autres rassemblements.

Les mêmes problèmes de base ont été identifiés par les participants au début du programme dans les trois sites. Les participants du projet, après s'être consultés sur les besoins de leurs communautés, ont donné la plus grande priorité à la résolution des trois problèmes de base : (1) l'analphabétisme parmi les femmes ; (2) la mauvaise gestion des finances de la famille par les hommes ; et (3) le fardeau peu équitable de travail supporté par les femmes.

"Les gens eux-mêmes sont en train de se rendre compte du fait que, non seulement les femmes ont des droits dans la société, mais qu'elles doivent contribuer à des choses importantes", a dit M. Tiati du Cameroun. "Par exemple, beaucoup d'hommes se rendent compte maintenant que les femmes sont capables de gérer l'argent beaucoup mieux que les hommes, qui souvent dépensent trop pour l'alcool. Par conséquent, un des résultats du projet est que, dans la plupart des familles qui y ont participé, la femme s'occupe maintenant de l'argent - ou au moins la famille se consulte sur la manière de le dépenser.

La totalité de la subvention de l'UNIFEM à la Communauté internationale baha'ie pour l'étape initiale du projet était de 205 000$ US - une somme relativement faible pour les milieux du financement pour le développement, surtout que le projet avait des sites dans trois pays différents et qu'il a duré deux ans.

La Communauté espère non seulement continuer le programme, mais aussi l'étendre à d'autres sites.

Effectivement, les communautés baha'ies du Nigéria et du Brésil ont lancé leur propre programme pilote : "Les médias traditionnels comme agents de changement", conjointement à l'effort parrainé par l'UNIFEM. De plus, les communautés baha'ies locales de Malaisie, voyant le succès de leurs voisins, ont lancé récemment leurs propres projets basés sur les médias pour l'avancement des femmes.

(One Country n°16, p.1, 4-8)


10.3.3. ACTIVITÉS DE DÉVELOPPEMENT ET ÉPANOUISSEMENT DES FEMMES

Il y a plus d'un siècle, Baha'u'llah déclarait que, les hommes et les femmes étant égaux en capacité, ils doivent aussi être tout à fait égaux en droits et en moyens. En conséquence, un thème majeur dans les activités de développement baha'i dès les premières années a été d'encourager les femmes à se réaliser pleinement. Dans certains villages, on a mis en place une forme de consultation au cours de laquelle les hommes baha'is assument occasionnellement les tâches ménagères pour permettre aux femmes de se réunir et de discuter des contributions particulières qu'elles peuvent apporter à la vie communautaire. L'efficacité des programmes d'éducation pour les femmes est grandement renforcée par le fait que, partout dans le monde, il y a des femmes qui servent dans les assemblées baha'ies, que ce soit au niveau local ou au niveau national. Du fait que les femmes ont joué un rôle remarquable dans l'histoire baha'ie, on ne manque pas de modèles du rôle féminin, tant dans le domaine de l'éducation que dans celui de l'administration.

(Développement économique et social)


10.3.4. PRIX DU PALMARÈS MONDIAL DES 500 - RIO DE JANEIRO

L'Institut professionel baha'i des femmes rurales, réalisation menée à Indore (Inde), a reçu le 5 juin 1992, parmi 74 individus et institutions, le " Palmarès mondial des 500 " du Programme des Nations unies pour l'environnement (PNUE).

" Depuis 1987, l'Institut professionnel baha'i des femmes rurales a mené à bien trois programmes destinés à éduquer les villageois dans le domaine de la prévention et l'éradication du filaire de Guinée dû à la contamination de l'eau dans 302 villages du centre de l'Inde. " Cité au tableau d'honneur du PNUE des réalisations dans le domaine de l'environnement.

" Les programmes éducation et formation, sensibilisation, mobilisation et motivation des fonctionnaires de la santé " ont été conçus autour des travaux entrepris par le gouvernement indien dans les domaines de la gestion de l'eau potable. " Au moment où le programme a été lancé, 752 personnes étaient infestées et 211 813 couraient un risque de contamination. Aujourd'hui, le district est complètement débarrassé des filaires de Guinée ", continue le texte de la citation.

Depuis 1987, le Palmarès mondial des 500 est destiné à " récompenser chaque année des personnes et des organisations qui dans leur action quotidienne et leur lutte en faveur de l'environnement cherchent à sauver la planète et à construire un développement durable ". (Communiqué du PNUE à propos du palmarès.)

Parmi d'autres lauréats du Palmarès, citons : Chico Mendes (Brésil); l'ancien président des États-Unis, Jimmy Carter ; et le célèbre océanographe, Jacques-Yves Cousteau.

L'Institut professionnel baha'i des femmes rurales est parrainé et géré par la communauté baha'ie indienne qui compte plus de 2 millions de membres.

(One Country n°12, p.3)


10.4. Coopération

10.4.1. QUATRIEME CONFERENCE REGIONALE DES FEMMES - SUVA, FIDJI


Plus de 200 femmes venant des 27 nations membres de la Commission du Pacifique Sud se sont réunies lors de la quatrième Conférence régionale des femmes en septembre 1988. Parmi elles figuraient 17 baha'ies représentant les communautés baha'ies de 13 nations du Pacifique.

Mary Power, représentante de la Communauté internationale baha'ie auprès des Nations unies et résidant à New York, participait à la conférence. Elle a déclaré que le fait que la Communauté internationale baha'ie ait décidé d'envoyer un tel nombre de participantes à la conférence permet de constater que cette Communauté s'intéresse de très près aux problèmes des femmes et du développement. "Nous y sommes allées parce que nous pensons que les femmes doivent participer pleinement aux processus de développement", a dit Mme Power au cours d'une récente interview. "Les baha'is, tout spécialement, essaient de construire une communauté où les femmes, aussi bien que les hommes, coopèrent dans tous les aspects du développement. Pour ce processus, il est vital que nous renforcions la part des femmes et que nous demandions leur participation."

La délégation baha'ie reflète la diversité de la région du Pacifique Sud, a déclaré Mme Power. Presque toutes les femmes membres de cette délégation venaient de pays où elles sont nées. Les professions des participantes allaient de l'infirmière à la spécialiste en nutrition, de l'administratrice d'enseignement au professeur du second degré et même à l'informaticienne.

La délégation baha'ie, ainsi que les membres d'un grand nombre d'autres Organisations non-gouvernementales de la région, a participé à une série de débats de groupe et d'ateliers, et cela du 17 au 23 septembre 1988. Sous les auspices de l'Office des ressources des femmes de la Commission du Pacifique Sud, ces activités se sont inscrites dans le cadre d'une conférence officielle de déléguées gouvernementales, les organismes non-gouvernementaux ayant le statut d'observateurs lors des séances plénières.

Mme Power a déclaré que "dans le monde entier, on se rassemble dans un esprit d'unité. Cela se fait en grande partie grâce à des associations et organismes non-gouvernementaux. Dans le Pacifique Sud, ce processus fait un grand bond en avant et la présente conférence en est un signe, puisque des femmes de toute la région - tant des déléguées gouvernementales que non-gouvernementales - se sont rassemblées pour mener des débats intensifs sur les questions sociales et sur leurs rôles respectifs".

Mme Power a déclaré que le point de vue baha'i sur ces questions se reflète davantage par l'expérience et la compréhension des 17 participantes que par une déclaration ou prise de position particulières. "Un grand nombre des femmes participant à la conférence s'occupent du développement économique et social au niveau local et, ainsi, connaissent les problèmes qui se posent dans leur propre pays."

L'expérience des baha'is a ensuite fait l'objet d'une déclaration remise aux délégués gouvernementaux lors de la Conférence annuelle de la Commission du Pacifique Sud, qui s'est tenue du 10 au 12 octobre à Rarotonga, dans les îles Cook.

"Dans les communautés baha'ies, les hommes comme les femmes s'engagent, à titre d'acte de foi, à mettre en oeuvre le principe de l'égalité", est-il écrit dans la déclaration. "Les hommes comme les femmes s'efforcent d'avoir des attitudes adéquates en vue d'un statut d'égalité pour les femmes. Les hommes, grâce à leur appartenance à une communauté baha'ie, apprennent par expérience que, lorsque les femmes s'intègrent pleinement à la vie de la communauté, tout le monde en tire profit."

Dans la déclaration remise aux délégués gouvernementaux de la Commission du Pacifique Sud, on signale également que, depuis longtemps, les femmes participent au processus électoral des institutions baha'ies et qu'elles prennent une part entière au pro-cessus de prise de décisions appelé "consultation" dans la communauté baha'ie.

Il est dit dans la déclaration qu' "une étape en vue d'une plus grande participation des femmes a été la constitution de groupes consultatifs de femmes". Dans ces groupes, les femmes, qui souvent sont isolées, peuvent partager leur expérience, pratiquer la consultation, s'encourager mutuellement et mettre au point des projets. Cette expérience les prépare à servir dans les conseils élus locaux et les encourage à exprimer leur point de vue. Ces groupes permettent également l'alphabétisation, le développement mental et intellectuel, les soins apportés aux enfants et d'autres informations pratiques.

(One Country n°1, pp.4-5, 10)


10.4.2. PROJET DESTINÉ À AMÉLIORER LE STATUT DES FEMMES RURALES - NEW YORK

Un projet sur deux ans destiné à améliorer le statut des femmes rurales grâce aux supports traditionnels, tels la musique et la danse, cherche à encourager un débat au niveau des villages sur le rôle des femmes. Il a été lancé par la Communauté internationale baha'ie (CIB) avec l'aide du Fonds de développement des Nations unies pour les femmes (FNUF).

Le projet, d'environ 800.000 FF., administré sur le plan international par les bureaux de la CIB à New York, sera entrepris par les communautés nationales baha'ies de trois pays : Bolivie, Cameroun et Malaisie. Des efforts similaires, entièrement à la charge des baha'is seront entrepris au Nigéria et au Brésil.

"Une caractéristique particulière à ce projet est qu'il tentera de promouvoir la participation des hommes dans les débats sur le statut des femmes", déclare Mary Power, agent de liaison de la CIB avec le FNUF. "Aussi insistons-nous sur l'utilisation des moyens traditionnels qui peuvent attirer tant les hommes que les femmes à ce débat dans le village et stimuler une discussion leur permettant peut-être de redéfinir ensemble les priorités du village et de la communauté."

Le but, à long terme, est d'améliorer le statut des femmes dans les communautés rurales et semi-rurales, essentiellement en rehaussant l'image qu'elles ont d'elles-mêmes et en encourageant leur participation dans la prise de décisions, de sorte qu'elles puissent contribuer positivement à la croissance de leur famille et de leur communauté.

A l'intérieur de chaque pays, des conseils baha'is locaux seront choisis pour gérer les activités communautaires du projet, entreprises dans au moins trois villages de chacun des cinq pays.

Le contrat du projet fut signé à New York, en septembre 1991. La CIB égalera les contributions du FNUF en réglant les frais généraux et les communications, ainsi que par l'apport de volontaires et par la formation.

"Les femmes n'adoptent pas de nouveaux comportements vis à vis de la santé parce que tel ou tel plan sanitaire le dicte", déclare Mona Griser, directeur du projet. "Elles le font, quand après une information suffisante, il leur est permis de considérer les causes de la maladie, ce qui arrive souvent lors de consultations avec les conseillers traditionnels de la santé, elles décident alors qu'il est raisonnable d'opter pour les pratiques nouvelles."

"Il en va de même lorsqu'il s'agit de changer leur propre regard sur elles-mêmes", ajoute Mona Greiser. "Un certain nombre d'informations et de discussions sont nécessaires. Le but du projet est de faciliter ce processus."

(One Country n°11, p.5)


10.4.3. LES DÉFENSEURS DE LA SÉCURITÉ EN AFRIQUE - NATIONS UNIES

Les Défenseurs de la sécurité alimentaire en Afrique utilisent de nouvelles méthodes pour réaliser leurs objectifs et donc offrent un exemple novateur à d'autres groupes et pour d'autres questions.

Se consacrant à défendre une prise de conscience internationale du rôle des femmes agriculteurs dans la production alimentaire en Afrique, les Défenseurs sont une coalition d'Organisations non-gouvernementales (ONG), d'organismes des Nations unies et d'organisations gouvernementales. Probablement unique au sein des Nations unies en raison de cette combinaison remarquable de membres, ce mélange leur donne une influence surprenante, malgré un budget quasiment inexistant et une structure fort souple.

"Les Défenseurs sont un exemple inhabituel" déclare Barbara Adams, conseillère auprès du Bureau de liaison des Nations unies avec les Organisations non-gouvernementales. "Les Défenseurs oeuvrent à la fois de l'intérieur et de l'extérieur, de sorte qu'ils surmontent les inconvénients de beaucoup d'Organisations non-gouvernementales car ils savent comment fonctionne réellement l'ONU. Beaucoup d'Organisations non-gouvernementales sont très intéressées par telle ou telle question, mais elles ne savent pas toujours comment se faire entendre."

Les ONG participant à ce groupe comprennent des groupements religieux tels que le Congrès mondial des églises pour la paix et l'Église romaine unifiée, ainsi que des groupements s'occupant du développement tels que Save the Children Foundation (Fondation pour la sauvegarde des enfants), la Coordination pour le développement (CODEL) et l'Institut Afrique-Amérique. La Communauté internationale baha'ie est membre du groupe depuis ses débuts.

Principale activité des Défenseurs : l'organisation annuelle, aux Nations unies, d'un forum sur le rôle des femmes agriculteurs d'Afrique. Mais ce groupe a également écrit et monté une pièce de théâtre qui conte la vie quotidienne des femmes agriculteurs, et a publié plusieurs dépliants et brochures.

Les Défenseurs sont très appréciés pour leur approche réaliste des problèmes du développement en Afrique. En effet, à leurs forums, ils invitent des femmes agriculteurs et des femmes experts dont ils mettent en avant les points de vue.

Et Mme Okwenje ajoute, "à bien des égards j'estime que l'influence est plus forte quand on voit une femme agriculteur d'Afrique raconter sa journée que lorsqu'on voit un Ministre des affaires étrangères se lever à l'Assemblée générale pour essayer de faire comprendre la réalité des problèmes de son pays".

Outre la diversité de ses membres, plusieurs autres facteurs ont aidé les Défenseurs à être beaucoup plus efficaces que ne l'implique leur nombre ou leur budget. Ruth Engo, l'une des fondatrices des Défenseurs, a déclaré lors du colloque annuel "un aspect important du groupe des Défenseurs est qu'il s'agit d'un organisme informel sans bureaucratie institutionnelle. Nous n'avons ni président ni directeur. Nous nous réunissons pour encourager les femmes agriculteurs et non pour promouvoir une institution, c'est cela notre force".

La Communauté internationale baha'ie participe largement au groupe des Défenseurs parce que ce groupe agit sur diverses questions qui intéressent de très près la communauté baha'ie mondiale : égalité des droits pour les femmes, sécurité de l'alimentation et développement de tous les peuples. Mary Power, qui, parmi d'autres, représente la Communauté internationale baha'ie auprès des Nations unies déclare : "Dans le cadre de notre action avec le groupe des Défenseurs, nous relions entre elles toutes ces questions."

Mme Engo, et d'autres personnalités, ont déclaré que le groupe des Défenseurs est efficace parce qu'il travaille sur un seul sujet : les femmes agriculteurs en Afrique, et laisse de côté d'autres aspects du problème de la faim, les questions propres aux femmes ou le développement du tiers-monde. Le groupe des Défenseurs pourrait servir de modèle à d'autres qui désirent porter au premier plan de la scène internationale un problème particulier.

(One Country n°4, pp.4-5, 8)


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