Point de vue de la Communauté International Baha'ie (CIB) -
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Pour les Baha'is, la discrimination raciale a son origine dans les préjugés de
race que seul un enseignement approprié peut arriver à supprimer. Les préjugés
sont un problème spirituel et il faut donc à notre avis que l'enseignement nécessaire
à l'abolition des préjugés soit de nature spirituelle. Cet enseignement doit viser
à promouvoir cet esprit d'analyse qui est le seul moyen de venir à bout des stéréotypes
raciaux, tout en cultivant dans le coeur et l'esprit des hommes la conscience
de l'unité organique du genre humain. Cet enseignement doit être dispensé à l'enfant
dès son plus jeune âge, avant même le début de sa scolarité; en outre cet éveil
spirituel doit être encouragé chez l'enfant non seulement à l'école mais aussi
dans sa cellule familiale, dans son foyer et dans sa communauté.
La communauté internationale Baha'ie estime qu'un premier pas important dans la
voie de l'établissement d'un enseignement spirituel et universel, consisterait
à élaborer et à appliquer dans chaque pays un programme universel, encore qu'adapté
à toutes les cultures, qui repose sur l'unité organique de l'humanité. Ce programme
doit être inspiré par la reconnaissance du fait que l'étude du problème de la
discrimination raciale n'est pas suffisante pour éliminer les préjugés raciaux;
la suppression de ces préjugés requiert en fait la prise de conscience, dès le
plus jeune âge, des liens humains et spirituels fondamentaux qui unissent les
peuples de race, couleur et origine ethnique différentes. l'aspect pratique de
ce programme tient au fait que ces liens ne sont pas seulement théoriques; il
s'agit de liens bien réels et ce programme peut intégrer le dernier état des connaissances
dans le domaine des sciences biologique, sociale , anthropologique, économique
et politique qui attestent la réalité de l'unité et de l'interdépendance des être
humains.
Concrètement ce programme modèle doit être consacré à l'étude des divers liens
qui unissent les êtres humains de toute race, couleur et origine ethnique et donc,
devrait porter notamment sur l'étude des aspects suivants :
1. L'unité biologique de la race humaine en tant qu'espèce humaine unique
Les récentes découvertes en matière de biologie, d'anthropologie et de sociologie,
ont établi que les différences physiques et intellectuelles entre les races s'expliquent
par des facteurs qui tiennent à l'évolution, à l'histoire et à l'environnement
étant donné que toutes les races possèdent les mêmes caractéristiques humaines
et biologiques fondamentales et les mêmes aptitudes inhérentes au progrès intellectuel.
2. Les besoins, les désirs et les émotions communs à
toute l'humanité
Il y a les besoins matériels, tels que le besoin de se nourrir, de se loger, de
se vêtir, et les besoins d'ordre émotionnel comme le besoin d'amour, de protection
et d'un sentiment d'appartenance. Tous les êtres humains ont ces besoins et manifestent
les mêmes types de sentiments : amour, peur, tristesse, joie, colère et compassion.
Le programme devrait faire ressortir l'universalité de ces besoins et de ces sentiments.
3. Le besoin universel d'une identité propre
Tout être humain aspire à tirer des satisfactions personnelles de sa vie et à
lui donner un sens, chacun se forgeant un caractère propre de façon unique. La
diversité des personnalités humaines peut être explorée dans une compilation qui
serait spécialement préparée aux fins du programme et qui regrouperait des opinions
émanant d'enfants du monde entier sur les intérêts et les sentiments qui leur
procurent des satisfactions personnelles.
4. L'institution universelle de la famille, cellule de base de la société
Dans le monde entier, les hommes s'organisent en familles. Ces familles, s'il
est vrai qu'elles fonctionnent selon des schémas différents dans des cultures
différentes, remplissent toutes néanmoins la même fonction essentielle, celle
de procurer à chaque membre un soutien et un sentiment d'appartenance, constituant
ainsi la pierre angulaire des relations humaines. Une étude des familles dans
différentes cultures permettrait de montrer la façon dont elles remplissent le
même rôle social fondamental .
5. L'aspiration universelle à la participation et l'appartenance
à une communauté plus vaste et le développent d'un sens de l'identité culturelle
Tout individu a besoin de relations sociales, ce dont témoigne l'existence de
divers types de communautés. Toutes les communautés ont leur propre schéma culturel,
mais leurs particularités attestent toutes des besoins sociaux communs, tels que
le besoin de communiquer, d'organiser et d'harmoniser la vie communautaire, le
besoin d'un système économique, d'une expression culturelle unique dans l'art,
la musique, la littérature et l'architecture et le besoin d'une identité culturelle
à travers le développement et le maintien de traditions et d'un mode de vie uniques.
Une étude des diverses communautés permettrait de montrer que ces différences
ne font qu'enrichir l'ensemble de la société.
6. L'interdépendance sociale, économique, culturelle
et politique de tous les peuples
Les nombreuses découvertes dans le domaine des sciences sociales, économiques
, anthropologiques et politiques attestant la réalité de l'interdépendance mondiale
peuvent être examinées.
7. Les aspirations et la quête spirituelle de chaque
être humain par la voie de la religion
Une étude de la diversité des formes que revêt l'expression religieuse encouragerait
l'appréciation des similitudes fondamentales qui existent entre toutes les grandes
religions, comme la croyance en une force créatrice suprême et l'attachement aux
principes d'amour et de justice, et établirai que tout être humain possède la
capacité de développer les nobles qualités de l'esprit que sont l'amour, la compassion
et la véracité. Une telle étude aiderait à la compréhension du fait que tous les
êtres humains adorent en réalité le même Dieu.
Pour l'examen de chacun de ces aspects, les différences culturelles peuvent être
analysées et considérées comme les diverses expressions et manifestations des
mêmes caractéristiques et besoins universels. Outre l'étude de ces questions de
fond le programme que nous proposons peut aussi inclure les thèmes suivants :
1. Le fait que les préjugés raciaux sont dus à l'incapacité de percevoir
les liens qui unissent tous les peuples;
2. L'importance des contacts avec les peuples de toutes les races en vue
de supprimer les préjugés et de faire comprendre les liens communs qui existent
entre les êtres humains;
3. Les différentes formes de manifestation des préjugés raciaux dans la
vie quotidienne; et
4. L'action entreprise par l'Organisation des Nations Unies et les normes
qu'elle a déjà adoptées dans le domaine des droits de l'homme.
Nous proposons que différentes versions du programme soient élaborées à l'intention
des divers groupes d'âges, pour l'enseignement préscolaire, élémentaire et secondaire.
Nous estimons toutefois, qu'il convient d'accorder une attention toute particulière
au programme s'adressant aux enfants n'ayant pas encore atteint l'âge de la scolarité
- tandis que se façonne la personnalité de l'enfant et où il est le plus réceptif
aux idées nouvelles.
Quant à l'examen de notre proposition, il nous semble que l'UNESCO est l'instance
la mieux indiquée pour élaborer un programme type de ce genre, étant donné les
efforts de cette organisation en vue de promouvoir des programmes pédagogiques
modèles et étant donné son mandat général d'éducation dans le domaine des droits
de l'homme. La mise au point d'un programme d'études modèle que chaque Etat pourra
par la suite adopter (et le cas échéant, adapter), permettrait de faire un progrès
réel et concret dans la voie de la lutte contre les préjugés et la promotion de
la compréhension entre les êtres humains, objectif maintes fois cité et réitéré
dans les résolutions de l'UNESCO et autres organes de l'Organisation des Nations
Unies.
La Communauté internationale Baha'ie est convaincue que la seule solution durable
au problème de la discrimination raciale se trouve dans la prise de conscience
par chaque individu, de l'unité du genre humain. Nous pouvons donc raisonnablement
espérer que l'élaboration et l'application d'un programme portant sur l'unité
de la race humaine et s'adressant aux enfants dès leur plus jeune âge, permettraient
d'éliminer les préjugés raciaux et de progresser dans la voie de la réalisation
des objectifs de la première Décennie de la lutte contre le racisme et la discrimination
raciale, objectifs qui doivent être reconsidère dans un esprit neuf et avec une
détermination nouvelle. Nous espérons sincèrement que la présente Conférence partagera
notre optimisme et notre détermination.
Communauté International Baha'ie
BIC - document #83-0320F
Déclaration de la CIB sur la tolérance
raciale
Genève (Suisse) - 21 mars 2002
Afin d'observer la Journée internationale pour l'élimination de la discrimination
raciale, commémorée chaque année le 21 mars, la Communauté Internationale Baha'ie
(CIB) a publié la déclaration suivante qui a été présentée à Mme Mary Robinson,
Haut Commissaire pour les droits de l'être humain :
"Le rassemblement des peuples du monde dans une relation harmonieuse et créative
est le besoin crucial de l'heure actuelle. Suite aux avancées des connaissances
humaines qui ont approfondi les liens d'interdépendance et contracté la planète,
la principale tâche qu'affronte maintenant tous ses habitants consiste à jeter
les bases d'une société mondiale capable de refléter l'unicité de la nature humaine.
La création d'une telle culture universelle de collaboration et de conciliation
nécessitera un retour à la conscience spirituelle et à la responsabilité.
Il y a plus d'un siècle, Baha'u'llah a affirmé que l'humanité entrait dans une
nouvelle ère de son histoire pendant laquelle les processus accélérateurs de l'unification
obligeraient tout le monde à reconnaître que l'humanité est un seul peuple avec
un destin commun. En faisant appel à l'humanité pour qu'elle accepte la vérité
centrale de son unicité, et mette de côté les barrières de race, de religion et
de nationalité qui ont été les principales causes des conflits au cours de l'histoire,
Baha'u'llah nous exhorte : "[...] ne vous regardez donc plus comme des étrangers.
Vous êtes les fruits d'un même arbre, les feuilles d'une même branche." Il n'y
a, dit-il, aucune possibilité de réaliser la paix mondiale tant que le principe
fondamental d'unité n'a pas été accepté et mis en pratique dans l'organisation
de la société :
"Le bien-être de l'humanité, sa paix et sa sécurité ne pourront être obtenus si
son unité n'est pas fermement établie." Et "Que vos relations avec vos semblables
soient toujours empreintes d'amour et d'harmonie, de l'esprit le plus amical et
le plus fraternel [...] Si puissante est la lumière d'unité qu'elle peut illuminer
toute la terre."
L'unité qui doit étayer un ordre social paisible et juste est une unité qui embrasse
et honore la diversité. L'unicité et la diversité se complètent et sont inséparables.
Le fait que la conscience humaine fonctionne obligatoirement à travers une diversité
infinie d'esprits et de motivations ne diminue en rien son unité essentielle.
En effet, c'est précisément une diversité inhérente qui distingue l'unité de l'homogénéité
ou de l'uniformité. L'acceptation du concept de l'unité dans la diversité implique
donc le développement d'une conscience globale, d'un sens de la citoyenneté mondiale,
et d'un amour pour toute l'humanité. Elle incite chaque individu à se rendre compte
que, étant donné que le corps de l'humanité est un et indivisible, chaque membre
de la race humaine est né dans le monde comme gage de l'ensemble. Elle suggère
d'ailleurs que, si une communauté internationale pacifique doit apparaître, alors
il y a lieu de permettre aux expressions culturelles complexes et variées de l'humanité
de se développer et de s'épanouir, aussi bien que d'interagir les unes avec les
autres dans des modèles de civilisation en constante transformation. "Les différences
au sein de la famille humaine devraient être la cause de l'amour et de l'harmonie,
de même qu'en musique, l'accord parfait résulte de la résonance simultanée d'un
grand nombre de notes différentes."
De ce principe fondamental de l'unité des peuples du monde sont nés presque tous
les concepts concernant la liberté et le bien-être humains. Si la race humaine
est une, il y a lieu de rejeter toute idée qu'un groupe racial, ethnique ou national
quelconque est d'une manière ou une autre supérieur au reste de l'humanité; la
société doit réorganiser sa vie pour donner une expression pratique au principe
d'égalité pour tous ses membres sans égard à la couleur, à la croyance ou au genre;
et il y a lieu d'accorder à tous les individus l'occasion de réaliser leur potentiel
inhérent et de contribuer ainsi à "l'amélioration de la civilisation".
Pendant trop longtemps dans l'histoire, le mal du racisme a violé la dignité humaine.
Son influence a retardé le développement de ses victimes, corrompu ses auteurs
et anéanti le progrès humain. Des efforts conscients, délibérés et soutenus seront
nécessaires pour surmonter ses effets dévastateurs. En effet, rien de moins qu'un
amour réel, une patience extrême, une vraie humilité et une réflexion dans une
attitude de prière réussiront à libérer les relations humaines de sa tache pernicieuse.
"Fermez vos yeux aux différences raciales et souhaitez la bienvenue à tous à la
lumière de l'unicité.", voici le conseil de Baha'u'llah.
Il est clair que la promotion de la tolérance et de l'entente réciproque parmi
les différents groupes humains ne constitue pas un simple exercice passif de rhétorique.
Il y a lieu d'affronter toutes les formes de provincialisme, toutes les étroitesses
d'esprit et tous les préjugés. La mise en application de mesures juridiques appropriées
qui protègent les droits et chances de tous, et l'adoption d'initiatives éducatives
qui favorisent la solidarité humaine et la citoyenneté mondiale devraient être
parmi les premières mesures pratiques adoptées par toutes les nations.
La direction morale qu'offrent les communautés religieuses devrait sans doute
être un élément-clé de tout effort de ce genre. Cependant, pour assurer un rôle
constructif à la religion, les adeptes de toutes les religions devraient reconnaître
les conflits et les souffrances causés par ceux qui se sont approprié les symboles
et instruments de la religion en vue de fins personnelles égoïstes. Le fanatisme
et les conflits empoisonnent les puits de la tolérance et représentent des expressions
corrompues des vraies valeurs religieuses. Le défi qu'affrontent tous les chefs
religieux consiste à contempler, le coeur rempli de compassion et de soif de vérité,
la situation critique de l'humanité, et à se demander si, en toute humilité devant
leur Créateur Tout-Puissant, ils ne pourraient pas effacer leurs différences théologiques
dans un esprit de tolérance réciproque afin de leur permettre de collaborer à
l'avancement de la justice sociale et à la paix. Dans son exhortation à "observer
la tolérance et la justice", Baha'u'llah affirme qu'il est possible à la fois
de croire en Dieu et d'être tolérant.
Le chemin conduisant à l'unité et à la réconciliation est le seul qui se présente
à la famille humaine. Un monde dans lequel toutes les nations, races, croyances
et classes sociales sont unies étroitement et de façon permanente n'est pas une
vision utopique mais une nécessité inévitable et vitale. "Illuminez et sanctifiez
vos coeurs." conseille Baha'u'llah, "Ne permettez pas qu'ils soient profanés par
les épines de la haine et les ronces de la malice. Vous êtes, tous, les habitants
d'un même monde et vous avez été créés d'une même volonté. Béni celui qui se mêle
à tous ses semblables dans un esprit de parfaite bonté et d'amour [...]."