Le courage d'aimer
Shoghi Ghadimi

3. L'amour et l'objectivité
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3.3. Recherche: L'homme, ce chercheur éternel

En parlant de la gratitude, nous avons dit que le commandement de Jésus " Cherchez et vous trouverez " s'applique dans beaucoup de domaines. Le domaine qui nous intéresse pour le moment c'est le domaine religieux où l'on cherche cette Vérité qui garantit le bien-être individuel et le bien-être général. Dans cette recherche, on arrive au but si l'on agit personnellement et indépendamment. Autrement, si on imite les autres, la conséquence est l'échec et le danger.

Une petite histoire illustre bien ce que j'entends par les termes échec et danger.

Un épais brouillard rendait la circulation difficile sur une route où circulait un automobiliste trop prudent.

Celui-ci, dans l'espoir d'éviter le moindre accident s'accroche aux feux arrières d'un autre automobiliste qui le précède.

Et quand le premier tourne, il tourne, quand le premier ralentit, il ralentit. Mais voici que brusquement le guide freine pile, le second automobiliste surpris enfonce l'arrière du véhicule du premier. Il sort de sa voiture

"Dites donc" - s'écrie-t-il - "vous n'êtes pas fou. Vous ne pouvez pas faire signe quand vous vous arrêtez brusquement?", "Dans mon garage? " demande le premier tout étonné.

Cette histoire illustre bien ce qui se passe quand dans la vie on imite les autres, ne cherchant nullement à voir le chemin qu'on doit choisir personnellement.

Quand aux accidents de l'histoire, j'entends par là surtout les guerres. Si on étudie bien les raisons dont elles sont la conséquence, on constate qu'à l'origine il y a toujours des malentendus provenant de ce que l'on a pris pour " vrai", les dires des autres sans aucun examen personnel, autrement dit de ce qu'on a imité les autres.

C'est surtout le cas des guerres de religion et plus particulièrement des croisades.

Les chrétiens ont entendu dire que Muhammad a prêché la guerre sainte contre les chrétiens et ils ont tenu pour vrais ces propos.

Les musulmans, de leur côté, ayant entendu que Muhammad a prêché la guerre sainte ont placé les chrétiens dans la catégorie des Arabes païens sauvages, contre qui cette guerre était prescrite. Les uns comme les autres ont cru à ce qu'ils ont entendu dire et sans la moindre investigation, et rien que par imitation se sont levés pour défendre ce qu'ils ont imaginé comme vérité. C'est ainsi qu'ont éclaté les guerres de religion.

Et pourtant si on étudie la vie de Muhammad, on voit qu'il n'a jamais fait de guerre contre les chrétiens, au contraire il a eu pour eux beaucoup d'égards et il leur a donné une liberté absolue. A Nadjan (Les Leçons de Saint-Jean d'Acre, pp. 25-26, aux P.U.F.) se trouvait une communauté chrétienne sous sa protection et sa garde.

Muhammad a dit:
"Quiconque commettra une injustice à leur encontre sera mon ennemi et je témoignerai contre lui au Jugement dernier devant Dieu."

Concernant les chrétiens, voilà ce que nous lisons dans le Qur'an :
"Et tu trouveras que ceux qui sont les plus proches des musulmans par amour sont les chrétiens (5 /85)"

On serait bien curieux de savoir quel est le chrétien ou le musulman qui a lu ce verset les présentant l'un à l'autre comme ami. Non, l'un comme l'autre a imité ses ancêtres mal informés.

Aujourd'hui quand l'instruction est généralisée, disent les baha'is, n'est-il pas temps qu'on lise les Écrits sacrés pour voir que les fondateurs des religions non seulement étaient des amis les uns pour les autres, mais qu'en plus ils ont présenté leurs adeptes respectifs comme amis les uns vis-à-vis des autres.

Malheureusement, la jungle des préoccupations matérielles ne nous laisse aucune liberté pour chercher et trouver la Vérité qui, étant une, est seule en mesure de nous unir. Chacun de nous imitant ses parents croit détenir seul la vérité et ferme les yeux à la vérité détenue par l'autre. Et l'on reste désuni et en désaccord sur des questions qu'ils estiment essentielles et qui ne sont que secondaires.

A ce propos, permettez-moi de vous parler d'une scène dont j'ai été témoin. Cela se passait il y a une vingtaine d'années, à l'époque où je travaillais au bureau technique du Ministère des Travaux publics à Tunis. Il y avait là trois dessinateurs dont l'un était juif, le second chrétien et le troisième musulman.

Un jour, je les entends se disputer. Le chrétien disait que Jésus en tant que Fils de Dieu n'est pas mort. Il est vrai qu'on l'a crucifié, mais il est ressuscité.

Le musulman l'interrompt:
"Allons donc, le Qur'an dit qu'on ne l'a pas tué, qu'on ne l'a pas crucifié et qu'on s'est trompé à son sujet (Voir Qur'an 4/156). Or le Qur'an est le seul livre qui est authentiquement la Parole de Dieu, les livres qui précèdent n'étant qu'un recueil des témoignages écrits très longtemps après les déclarations du Prophète. "Là-dessus c'est le juif qui ayant entendu ces controverses intervient: "Vous vous trompez tous les deux. Soyez logiques, les prêtres juifs qui avaient condamné Jésus à la crucifixion eux-mêmes affirment qu'il a été bel et bien crucifié et mort. S'il était ressuscité, on l'aurait crucifié de nouveau. Les Romains non plus ne contestent pas cette vérité. Comment l'un de vous prétend qu'il est ressuscité et l'autre affirme qu'on ne l'a pas tué du tout."

La discussion prenait un caractère peu conforme à l'ambiance d'un bureau technique. Finalement ils ont décidé de me demander ce qu'en pensent les baha'is.

J'ai dit que selon la foi baha'ie, par le terme Christ, il faut entendre l'esprit du Christ, manifesté par sa Parole, autrement dit le christianisme. Car c'est le christianisme que les juifs voulurent " tuer". Ils y sont parvenus apparemment pour trois jours pendant lesquels suite au reniement et à la perplexité des apôtres, il semble à tous que le christianisme était enterré. Mais, le troisième jour, les apôtres, revenus à la foi, le christianisme (la réalité du Christ) reprit vie.

Par conséquent, le Qur'an a raison en disant que, le Christ (Christianisme), n'a pas été tué, qu'on s'est trompé et le Nouveau Testament a également raison en disant que le Christ (Christianisme) est ressuscité le troisième jour.

Cette explication, tout le monde l'a admise comme vérité. Comment avais-je acquis la connaissance de cette vérité qui a mis d'accord ceux qui voulaient que la foi soit intelligible? J'ai acquis cette connaissance en me référant aux Écritures révélées pour le stade actuel de l'évolution de l'homme, je veux dire les Écritures baha'ies. Et il en est de même en ce qui concerne la vérité sur tous les points litigieux tels que l'histoire d'Adam et Ève, le péché originel, la création en six jours, le retour du Messager et ses signes, le paradis et l'enfer, etc., tant de questions sur lesquelles les avis sont tellement divisés et qui constituent une entrave pour l'union et la concorde.

Pour en trouver la véritable explication satisfaisant tout esprit impartial et juste, il faut se référer aux Écritures d'aujourd'hui, je veux dire les Écritures baha'ies.

A ce propos, remarquons qu'en principe il y a quatre moyens qui nous permettent d'acquérir la connaissance (Voir " Les Leçons de Saint-Jean d'Acre.")

1° Le recours à nos sens. Ce recours peut nous induire en erreur. Ainsi, par exemple, la vue prend le mirage pour un lac, le soleil comme petit astre tournant autour de la terre, etc.

2° Le deuxième critérium est la raison. Là encore, tout en étant une référence nécessaire, elle n'est pas infaillible, car c'est sur la base du raisonnement que les savants pendant plus de 1000 ans " démontraient " que c'est le soleil qui tourne autour de la terre (au moment où le Qur'an armait le contraire). Et ce n'est qu'un exemple parmi bien d'autres.

3° La troisième référence, c'est le texte des Écritures du passé, révélé pour l'enfance humaine et pris à la lettre.
Là encore ce n'est pas suffisant car chacun le comprend à sa façon en se basant sur sa raison qu'il estime comme critérium infaillible.

4° La quatrième référence, ce sont les Écritures révélées pour l'humanité d'aujourd'hui entrant dans le stade de sa maturité et qui, par conséquent, est en mesure de comprendre toute la vérité sur les points obscurs de la doctrine religieuse. J'ai déjà cité, à titre d'exemple, la question controversée de la résurrection du Christ.

Bien d'autres points demandent à être éclaircis, mais, je m'arrête là pour finir ce court exposé non pas par une conclusion, mais par une question.

N'est-il pas temps qu'on nous dise toute la vérité, seule capable de nous mettre d'accord et de nous unir? Les Messagers de Dieu ne nous l'ont ils pas promis? Jésus plus particulièrement n'a-t-il pas dit: "J'ai encore beaucoup de choses à vous dire, mais vous ne pouvez pas les porter maintenant. Quand le Consolateur sera venu, l'Esprit de Vérité, il vous conduira dans toute la vérité "? (Jean 16/12.)

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