LA FOI BAHA'IE
L'émergence d'une religion mondiale


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4. La succession

Avec le décès de Baha'u'llah, la foi baha'ie entre dans une nouvelle étape de son développement, qui marque l'apparition de ce que les baha'is considèrent comme le trait caractéristique de leur religion. C'est la transmission explicite par Baha'u'llah de son autorité en vue de l'établissement d'un système institutionnel destiné à guider, protéger et agrandir la communauté baha'ie naissante. C'est principalement en raison de ce système que la foi baha'ie a pu, seule de toutes les religions indépendantes, échapper aux schismes.

Ce système fut édifié à partir de tout un ensemble de documents qui se recoupaient et dans lesquels Baha'u'llah établissait une alliance, ou accord solennel, avec ses disciples. Cette alliance nommait son fils aîné, 'Abdu'l-Baha , seul interprète autorisé de ses enseignements et source d'autorité pour tout ce qui concernait les affaires de la foi. Ghusn-i-A`zam (la plus Grande Branche) fut l'un des titres qu'il donna à 'Abdu'l-Baha . Les documents de cette alliance établissent clairement que 'Abdu'l-Baha devait être considéré non pas comme un prophète ou un messager divin, mais plutôt comme le parfait exemple humain des enseignements de Baha'u'llah. La transmission de cette autorité était explicite et formelle :

" Quiconque se tourne vers lui s'est, en vérité, tourné vers Dieu, et quiconque se détourne de lui s'est détourné de ma beauté, a nié ma preuve et est de ceux qui transgressent. En vérité, il est le Souvenir de Dieu parmi vous, sa confiance parmi vous, sa manifestation parmi vous et son apparition parmi les proches serviteurs. Il m'a été ordonné de vous communiquer le message de Dieu, votre créateur; et je vous ai révélé ce qui me fut ordonné. "

[Nota: Pour avoir le texte dans son intégralité, voir à Baha'u'llah et 'Abdu'l-Baha , dans Baha'i World Faith, Selected Writings of Baha'u'llah and 'Abdu'l-Baha , pp. 204-210. Cette citation se trouve à la page 205.]

Baha'u'llah avait également pris soin de faire en sorte que la communauté baha'ie s'habitue progressivement, durant sa vie, au rôle qu'il destinait à 'Abdu'l-Baha après sa propre mort. 'Abdu'l-Baha s'occupait presque totalement des rapports entre la communauté baha'ie et les autorités civiles, ainsi que de ceux concernant la population de la Palestine en général. Les pèlerins venant de Perse étaient reçus habituellement par le Maître (autre titre que Baha'u'llah accordait exclusivement à son fils aîné), et les rencontres avec le fondateur de la foi étaient arrangées sous la supervision de 'Abdu'l-Baha . La nature de l'autorité conférée à 'Abdu'l-Baha et les exigences que requérait une communauté baha'ie grandissante lui fournirent l'occasion d'exercer des qualités personnelles étonnantes. Le professeur Browne, qui avait rencontré 'Abdu'l-Baha pour la première fois en 1890 et qui avait appris à bien le connaître par la suite, écrivit :

" J'ai rarement rencontré quelqu'un dont l'aspect extérieur m'ait autant impressionné. Un homme grand, de forte stature, se tenant droit comme une flèche, portant un turban et des vêtements blancs, ses longues boucles noires descendant presque sur les épaules, le front large et puissant, révélateur d'une grande intelligence et d'une volonté inébranlable, les yeux perçants comme ceux d'un aigle et les traits fortement marqués mais agréables - telle fut ma première impression de `Abbas Effendi, " le Maître " (Aqa) ainsi que l'appellent les babis. Les conversations que j'eus par la suite avec lui ne firent qu'accroître le respect que m'avait tout d'abord inspiré son apparence. Je ne pense pas que l'on eut pu trouver de personne dont le discours fut plus éloquent, l'argumentation plus aisée, les exemples plus pertinents, et aussi intimement versée dans les livres saints des juifs, des chrétiens et des musulmans, et ce, même au sein de la race éloquente, lettrée et raffinée à laquelle il appartenait. Ces qualités auxquelles s'ajoutait un port à la fois majestueux et bienveillant firent que je cessais de m'étonner de l'influence et de l'estime dont il jouissait même au-delà du cercle des disciples de son père. Personne ne pouvait douter de la grandeur de l'homme et de son pouvoir après l'avoir rencontré. "
[Nota: Browne, A Traveller's Narrative, p. xxxvi.]

Rétrospectivement, il est clair que 'Abdu'l-Baha considérait le ferme établissement de la foi baha'ie sur une très large échelle, de par l'Europe et l'Amérique du Nord, comme l'un des défis les plus importants auxquels il eut à faire face.

[Nota: Les détails relatifs à la vie de 'Abdu'l-Baha sont extraits de
 Ouvrir le livre Dieu passe près de nous, chap. XIV-XXI, ainsi que d'une biographie de H. M. Balyuzi intitulée 'Abdu'l-Baha , The Centre of the Covenant of Baha'u'llah.]

Les occasions se faisaient plus nombreuses, favorisées de manière significative par l'attention que l'épopée babie avait déjà attirée parmi les cercles intellectuels et artistiques, en particulier en Europe occidentale. En Amérique du Nord, la première référence publique enregistrée de la foi baha'ie fut faite lors du Parlement des religions qui eut lieu à l'occasion de la Foire Internationale de Chicago en 1893 : l'un des conférenciers chrétiens termina son discours par des paroles de Baha'u'llah, extraites d'une lettre qu'il avait adressée à Edward Browne trois années auparavant.

Vers la même époque, un commerçant syrien, Ibrahim Kheiralla, qui avait accepté la foi baha'ie au Caire, en Égypte, émigra aux États-Unis et débuta des cours à l'intention de chercheurs intéressés. Le premier baha'i américain fut un agent d'assurances du nom de Thornton Chase. En 1897, Kheiralla écrivait qu'il y avait des centaines de croyants baha'is dans les régions de Chicago, Kenosha et Wisconsin. Le fait que tous ces nouveaux déclarés étaient encouragés à écrire directement à 'Abdu'l-Baha en Terre sainte pour exprimer leur foi dans les enseignements de Baha'u'llah et rechercher les bénédictions du Maître se révéla important pour le développement ultérieur de la foi.

Les activités de Kheiralla étaient importantes non seulement en raison du grand nombre d'adhérents que ses efforts attiraient, mais aussi parce que parmi ces derniers se trouvaient plusieurs personnes qui devaient devenir d'éminents protagonistes de la foi en Occident. Parmi les nouveaux croyants occidentaux se trouvait une femme talentueuse et énergique du nom de Louisa Getsinger; elle entreprit de voyager à travers les États-Unis, faisant des conférences devant des audiences intéressées afin d'étendre l'influence de ce nouveau mouvement au-delà des régions immédiates de Chicago et de Kenosha.

Au cours de ses voyages elle rencontra une millionnaire philanthrope, Mme Phoebe Hearstet, et fut à l'origine de sa conversion. En 1898 cette dernière exprima le souhait de rencontrer 'Abdu'l-Baha et il accepta de la recevoir. Mme Hearst réunit alors un groupe d'une vingtaine de pèlerins dont les premiers arrivèrent à Saint-Jean-d'Acre le 10 décembre 1898. Mme Getsinger, son mari le Dr. Edward Getsinger et Ibrahim Kheiralla se trouvaient parmi eux. Les participants prirent, dans une certaine mesure, des risques personnels en entreprenant ce voyage en raison des tensions politiques continuelles dans le Proche-Orient. Dans de telles circonstances, l'arrivée inattendue d'un groupe d'Occidentaux éveilla bien évidemment les soupçons.

Malgré ces handicaps, cette courte visite s'avéra décisive en ces premiers temps du développement de la foi en Occident. L'impact de la pensée de 'Abdu'l-Baha et de sa chaleureuse personnalité fut immédiat et décisif sur les premiers disciples de Baha'u'llah en Occident. Ils crurent voir en lui l'esprit de Jésus-Christ revenu parmi les humains. En fait, dans leur enthousiasme, ils étaient prêts à l'élever bien au-delà des limites du rang que Baha'u'llah avait conféré à son fils. Certains, comme Mme Hearst, pensaient que 'Abdu'l-Baha était lui-même le Messie, le retour de Jésus-Christ.
[Nota: Extrait de
 Ouvrir le livre Dieu passe près de nous, de Shoghi Effendi, p. 247.]

Il est révélateur de noter les propres paroles de 'Abdu'l-Baha sur le sujet :

" ... que les prophéties, en mentionnant le " Seigneur des armées " et le " Christ promis ", ont voulu désigner la Perfection bénie (Baha'u'llah), et Sa Sainteté, l'Exalté (le Bab). Mon nom est 'Abdu'l-Baha . Ma qualité est 'Abdu'l-Baha . Ma réalité est 'Abdu'l-Baha . Ma louange est 'Abdu'l-Baha . L'assujettissement à la Perfection bénie est mon diadème glorieux et resplendissant et la servitude envers la race humaine tout entière... Je n'ai point de nom, de titre, de mention, de louange autre que 'Abdu'l-Baha , et je n'en aurai jamais d'autre. Ceci est mon ardent désir. Ceci est ma vie éternelle. Ceci est ma gloire sans fin. "
[Nota: Extrait de
 Ouvrir le livre L'Ordre mondial de Baha'u'llah, p. 131.]

Le sens de la relation entre 'Abdu'l-Baha et les disciples de son père en Occident est souligné dans un résumé du premier siècle de l'histoire babie-baha'ie, publié en 1944 :

" Les pèlerins ramenèrent avec eux l'atmosphère des premiers jours de la foi, lorsque les yeux des hommes pouvaient voir le prophète et les oreilles des hommes l'entendre, et lorsque le monde était plongé dans une extase pareille à la lumière dorée d'une aurore parfaite... Toutes les activités de la cause de Baha'u'llah en Amérique étaient entreprises par ces quelques dizaines d'âmes qui avaient atteint à `Akka et à Haïfa, entre les années 1894 et 1911, le but de toute recherche sur terre. "
[Nota: The Baha'i Centenary, 1844-1944, p. 139.]

La visite de Mme Hearst et de son groupe marqua le début de toute une série de visites de croyants européens et nord-américains qui s'étalèrent sur presque vingt-trois années et se poursuivirent jusqu'à la mort de 'Abdu'l-Baha en 1921, uniquement interrompues durant la Première Guerre mondiale.

Des communautés furent établies à travers les États-Unis et le Canada. Des réunions publiques et de petits groupes de discussion s'organisèrent, et une production modeste de livrets sur la foi débuta. Ces publications se composaient presque exclusivement d'extraits de tablettes de Baha'u'llah et de 'Abdu'l-Baha , ainsi que de courts récits de croyants nord-américains de retour de leur pèlerinage à Saint-Jean-d'Acre. Des groupes organisés firent aussi circuler de manière informelle des copies de manuscrits tapés à la machine et contenant des extraits plus conséquents de textes à méditer et de prières de Baha'u'llah, ainsi que des extraits de lettres que 'Abdu'l-Baha avaient adressées à des croyants individuellement.

Cette nouvelle étape dans le développement de la foi avait à peine débuté qu'elle fut soumise à une rude épreuve et à un nouveau revers de fortune qui ressemblait en plusieurs points à l'épisode concernant Yahya dans l'histoire babie. Un jeune demi-frère de 'Abdu'l-Baha , du nom de Muhammad-`Ali, commença à s'irriter de l'autorité conférée au nouveau dirigeant de la foi. Incapable de contester les termes spécifiques de l'alliance de son père, Muhammad-`Ali chercha d'abord à limiter l'exercice des fonctions de 'Abdu'l-Baha dans la communauté baha'ie. Après avoir échoué, il essaya d'avoir ses propres partisans à l'intérieur de la communauté. Ceci entraîna une rupture qui survint peu de temps avant l'arrivée du premier groupe de pèlerins occidentaux, et attira rapidement l'attention du Dr. Kheiralla.

Ce dernier se considérait en même temps comme l'enseignant de la foi le plus influent en Amérique du Nord et comme l'un des principaux interprètes de ses concepts fondamentaux. Browne publia ultérieurement des notes prises au cours des conférences de Kheiralla qui donnent un aperçu plutôt étonnant du genre de concepts que Kheiralla enseignait.

[Nota: Browne, Materials, pp. 115-150.]

Les seuls thèmes baha'is qui avaient survécu à leur migration depuis la Perse jusqu'en Amérique du Nord étaient la station de Baha'u'llah et l'idée de l'unité du genre humain. Ces deux concepts étaient présentés par le Dr. Kheiralla mêlés à des doctrines ésotériques qui n'avaient rien à voir avec les enseignements du fondateur de la foi baha'ie.

Au cours de sa visite à Saint-Jean-d'Acre en 1898, Kheiralla rechercha l'approbation de 'Abdu'l-Baha quant à sa présentation de la foi. À cette époque-là, 'Abdu'l-Baha corrigea un certain nombre des conceptions erronées de Kheiralla et l'encouragea à entreprendre une étude sérieuse des Écrits baha'is. Kheiralla s'y refusa et s'éloigna progressivement des enseignements de Baha'u'llah. Au cours de cette même visite, Muhammad-`Ali chercha à le gagner à sa cause; à son retour aux États-Unis, l'année suivante, Kheiralla stupéfia ses amis baha'is et ses étudiants en rejetant 'Abdu'l-Baha et en insistant sur son propre rôle d'arbitre de la destinée de la foi en Occident. Cependant ces efforts visant à usurper la direction de la foi échouèrent et Kheiralla retourna finalement en Syrie cruellement déçu. Avec son départ tout danger de schisme fut écarté, car Muhammad-`Ali ne parvint jamais à avoir ses propres partisans, à l'exception d'une petite poignée de membres de sa famille et de son entourage.

Cette crise et son issue furent critiques pour l'histoire baha'ie. À ce moment-là, la nouvelle foi adopta la seule ligne de conduite qui pouvait lui permettre de réaliser ses revendications, à savoir : représenter la naissance d'une religion mondiale indépendante. Il ne fait pratiquement aucun doute que, si Muhammad-`Ali et Kheiralla étaient parvenus à dominer le mouvement et à en contrôler la direction, il aurait rapidement été réduit au statut de culte.

Au lieu de cela, la communauté baha'ie d'Amérique du Nord, bien que réduite en nombre et souffrant du choc causé par ces attaques et contre-attaques, se tourna vers 'Abdu'l-Baha pour qu'il l'éclairât avec autorité sur les enseignements de son père. En conséquence de quoi il exposa avec plus de liberté et de vigueur qu'auparavant les principales caractéristiques de la révélation baha'ie. Décourageant toute spéculation métaphysique, il s'imposa la tâche d'expliquer au monde le message social de Baha'u'llah. Au travers d'innombrables lettres, de commentaires et d'entretiens avec des pèlerins, 'Abdu'l-Baha insista sur le fait que non seulement le coeur de l'individu, mais aussi l'ordre social tout entier doivent être transformés. Il mit l'accent sur l'authenticité de toutes les religions du monde, la nécessité d'abolir les préjugés de race, les implications de l'égalité de l'homme et de la femme, l'éducation universelle, la justice dans les systèmes sociaux et économiques, ainsi que sur toute une série de thèmes similaires. Il fit le lien entre les enseignements sociaux de Baha'u'llah et les besoins de la société contemporaine dont témoignaient les crises répétées qui secouaient le monde.

[Nota: Voir
 Ouvrir le livre Les leçons de Saint-Jean d'Acre, de 'Abdu'l-Baha , plus particulièrement les parties I et IV.]

Certains missionnaires chrétiens, opposés à la foi baha'ie, essayèrent de prouver que 'Abdu'l-Baha avait ajouté ces enseignements sociaux à la suite de son contact avec l'Occident. Toutefois, Browne avait déjà identifié la plupart d'entre eux dans les Écrits de Baha'u'llah dès les années 1880 [voir Browne, Babism, pp. 351-352.]

Depuis, la traduction et la publication d'une grande partie des Écrits de Baha'u'llah ont démontré, de manière convaincante, que 'Abdu'l-Baha extrayait ses thèmes de cette source même.

En 1908, la jeune révolution turque libéra tous les prisonniers politiques et religieux de l'Empire ottoman. En conséquence de quoi, 'Abdu'l-Baha fut soudain libre de quitter la Palestine et d'intervenir plus directement dans l'expansion et l'établissement de la foi de son père en Occident. Avant de se mettre en route, il put toutefois réaliser l'un des grands désirs de sa vie et s'acquitter de l'une des principales responsabilités que lui avait laissées Baha'u'llah. En 1909, en présence d'un groupe de croyants de l'Orient et de l'Occident, il déposa le petit coffre en bois contenant les restes de la dépouille mortelle du Bab dans un magnifique sarcophage en marbre offert par les baha'is de Burma. L'inhumation eut lieu dans un tombeau en pierre érigé sur les pentes du mont Carmel, à l'emplacement exact désigné par Baha'u'llah quelques années plus tôt et qu'il destinait à servir de pivot à l'ensemble des différentes institutions administratives, dont le Centre international de la foi baha'ie. La communauté baha'ie considère que le sang des martyrs babis représente la graine des institutions administratives préconisées par Baha'u'llah, que les baha'is commençaient à établir tout autour du monde sous les directives de 'Abdu'l-Baha . Ainsi, au coeur de la communauté baha'ie, le sacrifice du Bab était intimement lié aux institutions centrales de ce système religieux et symbolisait irrésistiblement l'unité historique essentielle des religions babie et baha'ie.

En 1910, 'Abdu'l-Baha estima que la situation en Terre sainte permettait le départ qu'il avait si longtemps attendu. Les rigueurs de son long emprisonnement avaient sérieusement entamé sa santé, et son voyage commença par une période de repos en Égypte. Puis, le 11 août 1911, accompagné d'un petit groupe, il fit voile vers Marseille à bord du S. S. Corsica, première étape d'un voyage de vingt-huit mois en Occident. Ce voyage allait comprendre deux séjours à Londres, à Paris et à Stuttgart, des visites plus courtes dans différents centres européens, ainsi qu'un voyage très éprouvant à travers l'Amérique du Nord.

Le 11 avril 1912, 'Abdu'l-Baha arriva à New-York. Au cours de sa tournée en Amérique du Nord, il se rendit dans une quarantaine de villes, d'une côte à l'autre des États-Unis. 'Abdu'l-Baha passa plus de temps à New-York que dans toute autre ville d'Amérique du Nord, et c'est là qu'il expliqua pour la première fois à des groupes de disciples, la signification de l'alliance que Baha'u'llah avait établie, et dont lui-même avait été nommé le Centre. Il visita encore d'autres centres importants, comme Chicago, où il posa la première pierre du bâtiment qui devait devenir le Temple-Mère de l'Occident. Il se rendit aussi à Eliot dans le Maine où Sarah Farmer, fondatrice de Green Acre, centre pour l'éducation des adultes, était devenue baha'ie et avait ouvert sa maison pour une présentation systématique du message baha'i.

[Nota: Green Acre servit de centre principal à la foi baha'ie en Amérique du Nord jusqu'à l'élection de la première assemblée spirituelle nationale en 1925. Cette assemblée s'établit alors à Wilmette, Illinois, faubourg de Chicago et site de la maison d'adoration inaugurée par 'Abdu'l-Baha .]

Au Canada, 'Abdu'l-Baha se rendit à Montréal où il fut l'hôte de l'architecte canadien, William Sutherland Maxwell, et de sa femme, May Bolles Maxwell. Mme Maxwell était devenue baha'ie alors qu'elle était très jeune et faisait partie du premier groupe de pèlerins, organisé par les Hearst, qui s'était rendu à Saint-Jean-d'Acre en 1898. La visite de 'Abdu'l-Baha à Montréal est à de nombreux égards typique des réceptions qu'il a reçues dans la plupart des centres occidentaux.

[Nota: Pour une description plus complète de sa visite au Canada et aux États-Unis et le contenu de ses discours et entrevues, voir 'Abdu'l-Baha in Canada; 'Abdu'l-Baha , de Balyuzi; et 239 Days: 'Abdu'l-Baha 's Journey in America, de Allan L. Ward.]

Il se rendit à la cathédrale Notre-Dame, fut invité à parler en l'église du Messie et en l'église St. James, prononça un discours devant un important groupe de syndicats ouvriers dans leur salle de réunion de St. Lawrence Street et conduisit plusieurs rencontres à la fois dans son appartement au Windsor Hotel et chez les Maxwells, où il fut l'hôte de la famille pendant la première partie de son séjour. Partout en Amérique du Nord et en Europe, les principaux journaux couvrirent largement sa visite, publiant aussi bien des articles hautement spéculatifs et porteurs de nouvelles à sensations, que des rapports sérieux d'entrevues avec le visiteur et de discours qu'il avait prononcés. La presse de Montréal fut particulièrement attentive au deuxième type d'écrits; c'est lors d'une entrevue avec le Montreal Star.

[Nota: Montreal Star, september 11, 1912. que 'Abdu'l-Baha aurait prédit deux événements particulièrement importants. Le premier était l'éclatement imminent d'une guerre en Europe (Cela n'a rien d'une prophétie, dit 'Abdu'l-Baha , ce n'est que le résultat d'un raisonnement). Le second était la paix internationale qui allait être établie avant la fin du siècle (Elle sera universelle au vingtième siècle. Toutes les nations seront forcées de s'y conformer).]

L'impact de ces tournées fut considérable. Les croyants occidentaux étaient directement en présence de celui qui dirigeait, qui était l'interprète reconnu de leur foi. Ils affluaient pour le rencontrer, lui demander conseil, et ils purent ainsi clarifier et approfondir leur compréhension des enseignements de la foi sur des questions d'ordre théologique, social et moral. Le public en Occident reçut une image particulièrement favorable de cette nouvelle religion, ce qui devait s'avérer être d'une grande importance pour ses disciples dans les efforts qu'ils firent par la suite pour encourager sa croissance. 'Abdu'l-Baha s'adressa non seulement à des congrégations religieuses, mais aussi à des mouvements pour la paix, à des syndicats, des départements universitaires ainsi qu'à toutes sortes de groupes oeuvrant pour une réforme sociale. À la fin de son voyage, le message social de Baha'u'llah avait été proclamé publiquement, et une nouvelle génération de baha'is appartenant à toutes les couches de la société occidentale avait été enrôlée.

[Nota: Les discours publics de 'Abdu'l-Baha en Amérique du Nord sont compilés sous le titre The Promulgation of Universal Peace, Talks Delivered By 'Abdu'l-Baha during His Visit to the United States and Canada in 1912.]

Pendant la première guerre mondiale, 'Abdu'l-Baha resta dans un isolement relatif chez lui à Haïfa, en Terre sainte. Ses rapports avec l'Occident et l'interprétation qu'en faisait son demi-frère Muhammad-`Ali avaient réussi une nouvelle fois à éveiller les soupçons des autorités ottomanes. On menaça de nouveau de l'exécuter, et la petite colonie baha'ie en Terre sainte fut dispersée et exilée. Ce danger fut cependant écarté avec la fin de la guerre en 1918 et la défaite des puissances de l'Europe centrale, les autorités turques ayant perdu toutes leurs colonies au Proche-Orient.

'Abdu'l-Baha remit alors en route les processus particulièrement importants qu'il avait lancés après sa libération de la prison de Saint-Jean-d'Acre en 1908 en vue de l'élaboration d'une communauté internationale qui refléterait les enseignements de Baha'u'llah. L'une des principales caractéristiques de son travail fut l'établissement des institutions administratives baha'ies. Ainsi que lui avait enjoint Baha'u'llah dans son alliance, 'Abdu'l-Baha encouragea l'établissement de ce qu'il appela des " assemblées spirituelles ", à la fois en Amérique du Nord et en Iran. Ces corps élus étaient autorisés à superviser des activités telles que la publication d'ouvrages, les programmes d'enseignement et les sessions de prières à un niveau local aussi bien que national. Ils devaient servir de précurseurs à ce que Baha'u'llah avait intitulé des " maisons de justice ".

En 1908, 'Abdu'l-Baha rédigea un Testament dans lequel il soulignait avec force détails la nature et les fonctions de ces institutions centrales conçues par Baha'u'llah pour diriger les affaires de sa cause. Les deux principales institutions nommées étaient le " Gardiennat et la Maison Universelle de Justice ". Le Gardiennat conférait exclusivement au petit-fils aîné de 'Abdu'l-Baha , Shoghi Effendi Rabbani, l'autorité pour interpréter les enseignements baha'is. Ainsi que cela avait été le cas dans l'alliance de Baha'u'llah avec la nomination de 'Abdu'l-Baha comme Centre et Interprète désigné, le Gardien fut désigné comme étant celui vers lequel tous les croyants devaient se tourner pour tout problème relatif aux croyances baha'ies. L'autre institution principale nommée dans le Testament était la Maison Universelle de Justice, destinée à devenir la principale autorité législative et administrative de la communauté baha'ie. Le Gardien de la foi devait être aidé par un groupe de croyants particulièrement qualifiés, choisis par lui et désignés sous le nom de " Mains de la cause de Dieu ". La Maison Universelle de Justice devait superviser l'ordre administratif international de la communauté baha'ie. En tant que corps administratif suprême de la communauté, ses membres élus devaient être choisis parmi les adultes baha'is du monde lors d'un congrès international réunissant toutes les assemblées spirituelles nationales.

Le Testament de 'Abdu'l-Baha ainsi que le Kitab-i-`Ahd (Livre de l'alliance) de Baha'u'llah furent les instruments qui permirent à l'alliance de Baha'u'llah de se concrétiser, et les dispositions qu'ils contenaient modelèrent la communauté baha'ie florissante après le décès de 'Abdu'l-Baha.

[Nota: La traduction anglaise de ce document est Will and Testament of 'Abdu'l-Baha (en français
 Ouvrir le livre Le testament d'Abdu'l-Baha ).]

Au cours de la Première Guerre mondiale, 'Abdu'l-Baha adressa toute une série de messages aux croyants nord-américains. Quatre de ces quatorze lettres étaient adressées à la fois aux baha'is des États-Unis et du Canada. Huit devaient guider plus spécifiquement les croyants de différentes régions des États-Unis, et les deux autres étaient destinées plus précisément aux baha'is du Canada. Les quatorze lettres avaient pour thème ce que 'Abdu'l-Baha appelait le Plan divin pour une proclamation à l'échelle internationale du message de Baha'u'llah à l'humanité. Il était demandé aux croyants américains et canadiens d'être les premiers à commencer à établir la foi dans toutes les régions du globe. 'Abdu'l-Baha les assurait qu'une réponse digne de ce défi leur conférerait, aux yeux d'une postérité reconnaissante, le premier rang spirituel parmi les communautés baha'ies du monde. Les différents plans internationaux d'enseignement que connut la communauté par la suite et par l'intermédiaire desquels le message et les enseignements de Baha'u'llah se répandirent dans tous les coins du monde témoignent de la réponse des baha'is de l'Amérique du Nord à l'appel contenu dans ces lettres.

[Nota: 'Abdu'l-Baha ,
 Ouvrir le livre Les tablettes du plan divin, révélées par 'Abdu'l-Baha aux baha'is de l'Amérique du Nord.]

Tôt dans la matinée du 28 novembre 1921, après une courte maladie, 'Abdu'l-Baha s'éteignit dans sa soixante-dix-huitième année. Le déroulement de ses funérailles indiquait que de profonds changements quant au statut de la foi baha'ie étaient survenus en Terre sainte en l'espace de quelques années. Treize années plus tôt seulement, exilé, impuissant, 'Abdu'l-Baha avait véritablement envisagé la possibilité d'être exécuté en public. À l'heure de sa mort cependant, il s'était fait une réputation sans égale comme sage et philanthrope, un homme saint en quelque sorte, que toutes les communautés religieuses en Palestine révéraient. La suppression des interdictions que lui avait imposées le gouvernement turc permit à cette réputation de s'épanouir. Toutes les couches de la population l'honoraient. Le titre de chevalier avait été décerné à 'Abdu'l-Baha en reconnaissance des services humanitaires rendus au peuple palestinien durant la famine qui suivit la Première Guerre mondiale.

Les funérailles qui se déroulèrent le 29 novembre n'avaient vraisemblablement jamais eu leur pareil dans l'histoire de la Palestine. Une foule importante d'environ dix mille personnes, dont des dignitaires des communautés musulmane, catholique, orthodoxe, juive et druse, ainsi que le représentant officiel du gouvernement britannique et les gouverneurs de Jérusalem et de la Phénicie, formait le cortège. Il est clair que, quelles que soient les vicissitudes dont aurait encore à souffrir la nouvelle foi dans différentes parties du monde, elle avait réussi, durant le ministère de 'Abdu'l-Baha , à établir son centre administratif sur les bases impressionnantes de la reconnaissance gouvernementale et de l'estime publique.

[Nota: Pour une description complète, voir le numéro spécial du World Order, vol. 6, n° 1 (1971) consacré à la commémoration de cet événement. Le flot d'amour déversé par le peuple palestinien est particulièrement significatif. Le régime chiite dans l'Iran d'aujourd'hui a cherché à faire passer l'élévation de 'Abdu'l-Baha à l'ordre de la chevalerie par les autorités britanniques pour un événement d'ordre politique. C'était en fait une reconnaissance tardive et officielle par les autorités britanniques d'une philanthropie qui avait déjà été reconnue par l'ensemble du public qui en bénéficiait.]

À ce stade de son histoire, la communauté baha'ie comprenait environ cent mille croyants qui étaient plus ou moins persécutés en Perse, ainsi que quelques petits groupes dans différents pays. À l'exception de la Perse, les deux principales régions du monde où l'on trouvait des communautés baha'ies étaient l'Inde et l'Amérique du Nord. Elles étaient peu organisées, possédaient peu de littérature et avaient des ressources financières limitées. Les efforts de 'Abdu'l-Baha et de certains de ses plus proches disciples avaient permis de faire connaître la foi sur une plus grande échelle, mais n'avaient pas permis une croissance significative de la communauté dans son ensemble. 'Abdu'l-Baha lui-même avait été largement reconnu par les autorités civiles, mais il fallait encore que cela se traduise par une reconnaissance officielle de la foi baha'ie en tant que système religieux viable.

Aujourd'hui, plus de soixante-dix ans plus tard, la situation a bien changé. La foi baha'ie est reconnue comme étant l'une des religions du monde qui se développe le plus rapidement, comprenant des adeptes de presque toutes les origines raciales, sociales, culturelles et nationales, et entreprenant des activités très diversifiées dans quelque 235 États souverains et dominions. Un système administratif complet a évolué aux niveaux local, national et international et a, dans la plupart des cas, été officiellement reconnu par les autorités civiles.

Les écrits de Baha'u'llah, du Bab et de 'Abdu'l-Baha , figures centrales de la révélation baha'ie, ont été traduits dans plus de 800 langues. Des maisons d'adoration, des écoles baha'ies, des centres administratifs et des centres communautaires ont été érigés de par le monde et des propriétés acquises pour des développements futurs encore plus ambitieux. Aux Nations Unies la communauté internationale baha'ie est reconnue comme membre du corps des organisations non gouvernementales et possède un statut consultatif auprès du Conseil Économique et de Social. À tous points de vue ces réalisations ont été extraordinaires. L'esprit qui animait et guidait cette expansion phénoménale fut Shoghi Effendi Rabbani, petit-fils de 'Abdu'l-Baha , qui fut nommé par ce dernier, Gardien de la foi de Baha'u'llah.

Cette institution du Gardiennat fut conçue par Baha'u'llah, mais ses fonctions plus spécifiques et son autorité furent définies dans le Testament de 'Abdu'l-Baha . Les deux principales fonctions du Gardiennat étaient, d'une part, d'interpréter les enseignements baha'is, d'autre part, de guider la communauté baha'ie. Ayant encore à l'esprit les efforts de Muhammad-`Ali pour tenter de s'emparer du contrôle de la communauté baha'ie, 'Abdu'l-Baha usa d'un langage énergique dans le but d'assurer à Shoghi Effendi les pleins pouvoirs lui permettant d'agir au mieux de son jugement en tout ce qui concernait la foi. S'opposer à ce dernier équivaudrait à s'opposer aux fondateurs de la foi :

" Ô vous les fidèles bien-aimés de 'Abdu'l-Baha !
Il vous incombe de prendre le plus grand soin de Shoghi Effendi, le Rameau issu des deux Arbres divins et bénis [Nota: Shoghi Effendi était un descendant direct de Baha'u'llah par sa mère et du Bab par son père], le fruit qu'ils ont donné, afin que nulle poussière de découragement ou de chagrin ne puisse ternir sa nature radieuse; que de jour en jour s'accroissent son bonheur, sa joie et sa spiritualité, et qu'il puisse devenir un arbre fécond.

Car après 'Abdu'l-Baha , il est le Gardien de la cause de Dieu. Les Afnan, les Mains [piliers] de la cause et les bien-aimés du Seigneur doivent lui obéir et se tourner vers lui. Quiconque ne lui obéit pas, n'a pas obéi à Dieu; quiconque se détourne de lui s'est détourné de Dieu, et quiconque le renie a renié le Véritable. Prenez garde que personne ne donne une interprétation erronée de ces paroles et, de même que ceux qui ont brisé l'alliance après le jour de l'ascension [de Baha'u'llah], ne trouve prétexte à élever l'étendard de la révolte, ne s'obstine et n'ouvre toute grande la porte aux fausses interprétations... "
[Nota:
 Ouvrir le livre Le testament d'Abdu'l-Baha , pp. 59-60.]

Dès le début de son Gardiennat, Shoghi Effendi établit clairement que la foi baha'ie était non seulement entrée dans une nouvelle étape de son développement, mais aussi, que l'autorité que lui conféraient les déclarations ci-dessus impliquait une fonction tout à fait différente de celle à caractère charismatique qui avait marqué le ministère de 'Abdu'l-Baha . Celle qu'il appela l'ère apostolique était révolue, l'ère de formation commençait.

[Nota: Pour une étude détaillée de l'oeuvre de Shoghi Effendi, voir La Perle inestimable de Ruhiyyih Rabbani. Voir aussi Shoghi Effendi, Recollections, de Ugo Giachery. M.Giachery a travaillé en étroite collaboration avec Shoghi Effendi sur le développement architectural du Centre mondial à Haïfa.]

Dans ce nouvel âge, c'était l'institution du Gardiennat qui devait susciter l'amour et la fidélité des croyants. La personnalité même du Gardien était totalement secondaire. Il était interdit aux croyants de commémorer quelque événement que ce soit de la vie du Gardien; l'usage de photographies était déconseillé; des représentants nommés étaient chargés de mener à bien toute cérémonie publique pour laquelle la présence du Gardien avait été sollicitée; et ses lourdes tâches administratives, interprétatives et épistolaires ne permettaient pas à Shoghi Effendi d'organiser des tournées du genre de celles entreprises par 'Abdu'l-Baha pendant son ministère.

Une seule exception cependant à ce refus d'avoir un rôle public : le Gardien consacrait, dans la mesure de ses disponibilités, un certain temps au flot continu de pèlerins orientaux et occidentaux qui venaient visiter le Centre mondial. Et ces rencontres elles-mêmes étaient limitées aux heures des repas dans la maison des pèlerins de Haïfa.

La période allant de 1921 à 1963 dans l'histoire baha'ie est facilement abordable si l'on considère les principaux projets entrepris par Shoghi Effendi pendant son Gardiennat. Quatre sphères d'activités se dégagent plus particulièrement : le développement du Centre mondial baha'i, la traduction et l'interprétation des Écrits baha'is, l'expansion de l'ordre administratif et la mise en oeuvre du Plan divin de 'Abdu'l-Baha .

Tout de suite après avoir assumé ses responsabilités et durant toute sa vie, Shoghi Effendi consacra une grande partie de son temps au développement du Centre international de la foi dans la région couvrant la baie de Haïfa. Du temps de Baha'u'llah et de 'Abdu'l-Baha , plusieurs parcelles de terrain avaient été acquises par la communauté d'exilés. Parmi celles-ci, les deux principales étaient le site du tombeau où reposait le corps de Baha'u'llah (avoisinant la demeure de Bahji, à l'extérieur de Saint-Jean-d'Acre), et le site du tombeau où reposaient les restes du Bab sur les pentes du mont Carmel, au-dessus de la ville de Haïfa. Grâce à la générosité de baha'is, à des legs et aux réponses à des appels spécifiques lancés par Shoghi Effendi, ces propriétés s'agrandirent considérablement durant le ministère du Gardien. De magnifiques jardins furent aménagés, le premier de toute une série de bâtiments monumentaux fut érigé et un plan grandiose établi pour le développement d'un centre spirituel et d'un complexe administratif qui couvriraient les besoins d'une communauté internationale - dont la croissance était rapide - et qui pourraient croître en même temps que cette dernière; complexe qui rivaliserait avec les plus beaux de ce monde. Cette communauté religieuse très dispersée aurait ainsi un centre de pèlerinage d'où émaneraient aussi les directives qui contribueraient largement à développer la conscience d'une identité commune.

Aux tout premiers rangs de la liste des priorités de tout système religieux arrivent la détermination du canon de ses écrits et l'application de ses textes saints à la vie individuelle et communautaire. Nommé dans le Testament de 'Abdu'l-Baha seul interprète des Écrits baha'is, Shoghi Effendi interpréta les événements internationaux à la lumière des Écrits baha'is et partagea avec la communauté baha'ie le résultat de ses analyses sous la forme de longues lettres adressées au monde baha'i.

[Nota: Baha'i Administration
 Ouvrir le livre Sommaire des compilations baha'ies ;  Ouvrir le livre L'avènement de la justice divine ;  Ouvrir le livre L'Ordre mondial de Baha'u'llah, Lettres sélectionnées; Messages to the Baha'i World, 1950-1957;  Ouvrir le livre Le Jour promis est venu ; Messages to Canada; et Citadel of Faith, Messages to America, 1947-1957.]

Dans le même temps, les communautés baha'ies naissantes faisaient pleuvoir sur Haïfa tout un déluge de questions sur toutes sortes de sujets des Écrits baha'is, et les réponses du Gardien à ces questions constituent également une importante part de l'interprétation de la révélation de Baha'u'llah. Au début des années 1940, Shoghi Effendi concentra son analyse sur les événements se rapportant à l'histoire baha'ie; et en 1944, pour commémorer le centenaire de la déclaration du Bab, il écrivit une étude très détaillée couvrant la totalité du siècle, depuis le moment où le Bab avait annoncé sa mission à Mulla Husayn jusqu'à la fin du premier Plan de sept ans.

[Nota: Shoghi Effendi,
 Ouvrir le livre Dieu passe près de nous. Pour une description des plans, voir ci-dessous.]

L'interprétation des Écrits baha'is par Shoghi Effendi fut considérablement facilitée par le fait qu'il pouvait lui-même servir de principal interprète des Écrits, du persan et de l'arabe en anglais.

[Nota:
 Ouvrir le livre Extraits des Ecrits de Baha'u'llah; Le Kitab-i-Iqan, (Le  Ouvrir le livre Livre de la certitude);  Ouvrir le livre Les paroles cachées;  Ouvrir le livre Les sept vallées et les Quatre Vallées; Épître au fils du Loup; Prayers and Meditations.  Ouvrir le livre Livre de prières ]

Il avait étudié l'anglais dès sa plus tendre enfance et, jeune homme, il poursuivit ses études à l'université américaine de Beyrouth, puis à l'université d'Oxford où il étudia jusqu'à l'ascension de 'Abdu'l-Baha en 1921. Étant donné que les principaux corps administratifs de la foi baha'ie pendant les premières décades critiques de son Gardiennat se trouvaient dans des pays anglophones, la capacité qu'avait Shoghi Effendi à exprimer et interpréter les concepts baha'is en langue anglaise facilita considérablement la compréhension de la nouvelle foi dans le monde occidental.

Son rôle en tant qu'interprète eut aussi une importance à long terme sur le développement de la communauté baha'ie. Il assura une unité de doctrine durant les premières années de l'expansion de la foi, réduisant ainsi considérablement la menace de schisme.

Parallèlement à ce travail de traduction et de développement du Centre mondial de la foi, Shoghi Effendi consacra une grande partie de son énergie à mettre en place le système d'institutions administratives conçues par Baha'u'llah et établies, dans leur forme embryonnaire, par 'Abdu'l-Baha . Toute localité comprenant neuf adultes baha'is ou plus était encouragée à élire une assemblée spirituelle locale pour gérer les affaires de la foi dans cette région. Dès que le nombre d'assemblées spirituelles locales dans un pays donné devenait suffisamment important, le Gardien encourageait fortement l'élection d'une assemblée spirituelle nationale investie de l'entière juridiction des affaires concernant la foi dans ce même pays.

Le flot continu de correspondance en provenance de Haïfa donnait à ces institutions naissantes les directives nécessaires concernant l'application des Écrits baha'is à la conduite de la vie communautaire. Des communications d'ordre plus général encourageaient tous les croyants à soutenir et à obéir sincèrement aux corps qu'ils élisaient. Les principes baha'is de la consultation furent reconnus et les assemblées encouragées à se former consciemment à la prise de décision en groupe.

En accord avec le Testament de 'Abdu'l-Baha , le Gardien nomma, entre les années 1951 et 1957, un certain nombre de croyants émérites Mains de la cause de Dieu, et les chargea de responsabilités particulières concernant l'enseignement de la foi ou la protection de ses institutions. L'institution de la Maison Universelle de Justice, conçue et nommée par Baha'u'llah, vint couronner cette structure administrative globale. Shoghi Effendi spécifia que, dès que le développement de la communauté baha'ie le permettrait, une maison universelle de justice serait élue par la totalité de la communauté internationale baha'ie agissant par l'intermédiaire de leurs assemblées spirituelles nationales.

Un mot doit être dit du rôle joué par la communauté nord-américaine, et particulièrement par les baha'is des États-Unis, dans ce processus de formation. 'Abdu'l-Baha avait prodigué ses louanges quant aux capacités spirituelles et aux services rendus par ses membres. Il avait aussi fait l'éloge de tout ce qui caractérisait les États-Unis en tant que nation. Et, plus important encore, il avait indiqué que l'Amérique servirait de berceau à l'ordre administratif que Baha'u'llah avait conçu. En raison de l'importance de ce tournant dans l'histoire de l'humanité, le jour approche où vous verrez comment ... l'Occident aura remplacé l'Orient, répandant la lumière de la direction divine.

[Nota: Cité dans Citadel of Faith, de Shoghi Effendi, p. 30.]

C'est pourquoi, lorsque Shoghi Effendi commença à établir l'ordre administratif, il se tourna vers les croyants américains en tant que principaux collaborateurs. Déjà un certain nombre d'entre eux étaient occupés à des projets d'enseignement baha'i par-delà leurs propres frontières, et l'une d'entre elles, Martha Root, membre d'une éminente famille américaine, avait réussi à conduire à la foi sa première tête couronnée, la reine Marie de Roumanie.

[Nota: Pour un récit de la conversion de la reine, voir La Perle inestimable, de Ruhiyyih Rabbani, chap. IV.]

Les baha'is américains étaient aussi les principaux exécuteurs du Testament de 'Abdu'l-Baha . Ce fut principalement par l'intermédiaire de cette correspondance avec l'Assemblée spirituelle nationale des baha'is des États-Unis et du Canada que Shoghi Effendi modela progressivement les institutions locales et nationales, afin qu'elles fonctionnent conformément aux principes des Écrits de la foi.

[Nota: Les deux communautés (États-Unis et du Canada ) se scindèrent en 1948 lorsque le Canada forma sa propre assemblée spirituelle nationale, qui fut enregistrée l'année suivante par un décret du Parlement.]

Il encourageait les communautés d'autres pays à suivre cet exemple. Bien que les différences culturelles puissent déterminer par la suite les sujets d'importance secondaire, l'ordre administratif devait, pour l'essentiel, être uniforme, ce qui nécessitait un modèle.

La communauté américaine devait fournir ce modèle, mais Shoghi Effendi mit ses membres en garde contre le fait que leur mandat n'avait rien à voir avec le système politique qui leur était familier. Bien au contraire : Baha'u'llah était venu de Perse non en raison d'une quelconque supériorité culturelle qu'aurait possédée cette nation, mais à cause de sa profonde dégradation morale. De même, son ordre administratif devait d'abord s'ériger dans un milieu social caractérisé par le matérialisme, l'anarchie et la corruption politique. Là, comme cela s'était déjà produit en Perse, Baha'u'llah démontrerait que seule la puissance de Dieu pouvait régénérer un peuple et une société.

[Nota: Shoghi Effendi,
 Ouvrir le livre L'avènement de la justice divine pp. 14-16.]

Les raisons qui poussèrent Shoghi Effendi à consacrer tant de temps et d'énergie au développement de l'ordre administratif baha'i devinrent rapidement apparentes. Les institutions administratives de la foi fournissaient les instruments nécessaires à la mise en oeuvre du Plan divin de 'Abdu'l-Baha destiné à répandre le message baha'i dans le monde entier. Avant que cette communauté très éparpillée ne pût entreprendre une telle tâche, il était nécessaire d'établir un corps administratif habilité à prendre des décisions et capable de mobiliser la main-d'oeuvre et les ressources nécessaires. Il était de plus indispensable d'accorder à ces institutions suffisamment de temps pour apprendre les rudiments de l'administration baha'ie et de la consultation.

En conséquence de quoi, ce ne fut pas avant 1937, seize ans après la mort de 'Abdu'l-Baha , que Shoghi Effendi commença à travailler systématiquement à la réalisation d'objectifs définis par 'Abdu'l-Baha dans une série de lettres adressées aux baha'is d'Amérique du Nord. En avril 1937 le Premier Plan de sept ans fut lancé, comportant trois objectifs principaux :

1) établir au moins une assemblée spirituelle locale dans chacun des États des États-Unis et dans chaque province du Canada;

2) s'assurer qu'au moins un enseignant baha'i résidait dans chaque république d'Amérique latine; et

3) achever l'extérieur de la première maison d'adoration baha'ie en Amérique du Nord - bâtiment dont 'Abdu'l-Baha avait posé la première pierre au cours de sa visite en 1912 et qui, sous de nombreux rapports, symbolisait la communauté internationale baha'ie elle-même.

En dépit des obstacles créés par la déclaration de la Seconde Guerre mondiale, ce plan fut achevé pour l'anniversaire de la déclaration du Bab en mai 1944.

Après un intervalle de deux ans, un second Plan de sept ans fut lancé en 1946. L'effort allait porter cette fois-ci sur l'Europe qui n'avait à l'époque que deux assemblées spirituelles nationales : celles de Grande Bretagne et d'Allemagne. Le plan prévoyait aussi la création d'assemblées spirituelles locales en Amérique latine et un accroissement important de celles d'Amérique du Nord. En 1953, le succès couronna la fin du plan qui coïncidait avec un important anniversaire baha'i, le centenaire du début de la mission de Baha'u'llah dans le Siyah-Chal. L'un des principaux buts de ce Plan de sept ans fut l'établissement d'une assemblée spirituelle nationale indépendante au Canada. Ce qui fut fait en 1948 et fut suivi en 1949 de son enregistrement par un décret du Parlement.
[Nota: Shoghi Effendi, Messages to Canada, pp. 12-13., fait que Shoghi Effendi souligna comme étant unique dans les annales de la foi, que ce soit en Orient ou en Occident.]

Les deux réalisations distinctes les plus impressionnantes de ce second Plan se rapportent tout particulièrement à la communauté baha'ie d'Amérique du Nord. Avril 1953 fut marqué par l'inauguration de la maison d'adoration de Wilmette dans l'Illinois, qui allait être la première d'une série d'édifices similaires devant être construits sur les cinq continents du globe. L'architecte était un Canadien français du nom de Jean-Louis Bourgeois. L'architecte italien Luigi Quaglino salua cette magnifique création en ces termes : " une nouvelle création qui révolutionnera l'architecture du monde ". Et il ajouta : " elle aura sa place dans l'histoire. "

[Nota: Louis J. Bourgeois, The Baha'i Temple : Press Comments, Symbolism, p. 7.]

L'autre important triomphe de ces années fut encore un édifice, un magnifique tombeau destiné à couronner le bâtiment de pierre construit par 'Abdu'l-Baha et servant de mausolée au Bab. L'architecte de ce tombeau était un autre Canadien, William Sutherland Maxwell, chez qui 'Abdu'l-Baha avait séjourné durant sa visite à Montréal. Cette élégante construction dont le dôme doré couronne des arcades de marbre blanc et des colonnes de granite rose, a embelli le Centre mondial baha'i de l'un des plus beaux monuments des rivages de la Méditerranée.

En 1953, sans perdre de temps, Shoghi Effendi lança la communauté baha'ie dans l'entreprise la plus ambitieuse de son histoire : un plan mondial auquel il donna le nom de Croisade de dix ans. Ce plan devait s'achever en 1963, anniversaire de la déclaration de Baha'u'llah dans les jardins du Ridvan. Cent trente-deux nouveaux pays et dominions devaient être ouverts à la foi, et les communautés existantes dans cent vingt pays et territoires devaient être développées. Des assemblées spirituelles nationales devaient être établies dans la plupart des pays d'Europe et d'Amérique latine, et il était demandé aux baha'is d'accroître sensiblement le nombre des assemblées, des croyants, des legs et dotations de biens. Ce plan, de même que les précédents, fut réalisé pour la date fixée (et même largement dépassé), mais dans des circonstances bien différentes de tout ce qu'aurait pu anticiper la communauté baha'ie.

Vers le début du mois de novembre 1957, alors qu'il se trouvait en Angleterre pour l'achat de fournitures destinées au bâtiment des archives sur le mont Carmel, Shoghi Effendi contracta une grippe asiatique. Le 4 novembre il mourut d'une attaque cardiaque, laissant le monde baha'i stupéfait et temporairement troublé, alors que seule une moitié du Plan de dix ans avait été achevée.

Le Gardiennat devait théoriquement être une continuité. Le Testament de 'Abdu'l-Baha autorisait le Gardien de la foi à nommer un successeur parmi les descendants directs de Baha'u'llah, tout en indiquant certaines des qualités que devait posséder ce successeur. Shoghi Effendi mourut sans désigner de successeur car, apparemment, aucun autre membre de la famille ne remplissait les qualités spirituelles requises dans l'alliance de Baha'u'llah et dans le Testament de 'Abdu'l-Baha . Il n'y aurait par conséquent pas de deuxième Gardien; la seule institution investie de l'autorité suffisante pour assurer la direction des affaires de la communauté était la Maison Universelle de Justice - un corps qui n'avait pas encore été élu.

[Nota: Voir Wellspring of Guidance,
 Ouvrir le livre Messages de la Maison Universelle de Justice , 1963-1986, n° 23 et 25.]

Trois facteurs en corrélation apportèrent une réponse au dilemme auquel était confronté le monde baha'i :

1) d'après certaines déclarations de Shoghi Effendi, il était clair qu'il prévoyait que les conditions seraient remplies pour l'élection de la Maison Universelle de Justice à la fin du Plan de dix ans;

2) entre-temps la communauté baha'ie puiserait les directives de base nécessaires dans le plan détaillé conçu par Shoghi Effendi; et

3) il avait, dans l'un de ses derniers messages au monde baha'i, nommé les Mains de la cause principaux régisseurs de la foi et les avait encouragées à collaborer étroitement avec les assemblées spirituelles nationales pour s'assurer que le Plan de dix ans serait mené à bien et que l'unité de la foi serait protégée.

[Nota: On trouvera un résumé des actions entreprises par les Mains de la cause entre 1957 et 1963, années où elles firent office d'intérimaire, ainsi que l'intégralité des déclarations faites lors de leurs congrès annuels dans The Baha'i World : An International Record, vol. 13, 1954-1963, pp. 333-378.]

Ranimées par ce dernier message, les Mains de la cause organisèrent leur travail autour d'une série d'assises annuelles. Ces consultations aboutirent à un certain nombre d'importantes déclarations dont une déclaration officielle confirmant que Shoghi Effendi n'avait nommé aucun successeur (assise de 1957) et l'annonce de l'élection de la Maison Universelle de Justice par les membres de toutes les assemblées spirituelles nationales du monde baha'i en 1963 (assise de 1959).

En avril 1961, vingt et une nouvelles assemblées spirituelles nationales furent établies en Amérique latine; et, une année plus tard, onze autres furent élues en Europe. Les buts restants du Plan de dix ans étaient donc soit atteints, soit même dépassés. Au printemps 1963, cent ans exactement après la déclaration de Baha'u'llah, à une poignée de ses disciples dans le jardin du Ridvan, les membres de cinquante-six assemblées spirituelles nationales de par le monde menèrent à bien l'élection de la première Maison Universelle de Justice. Dans un geste remarquable de renonciation, les Mains de la cause exclurent la possibilité d'être elles-mêmes élues au sein de cette institution administrative suprême de la communauté baha'ie.

Pour les baha'is, l'élection de la première Maison Universelle de Justice était un événement d'une importance capitale. Après plus d'un siècle de luttes, de persécutions et de crises internes récurrentes, et par le biais d'un processus électoral démocratique, la communauté baha'ie avait réussi à créer une institution permanente pour gérer toutes les affaires concernant la foi. De plus, son établissement avait été conçu par Baha'u'llah lui-même et strictement basé sur les principes établis dans ses Écrits et dans ceux de 'Abdu'l-Baha . L'hétérogénéité des nationalités des membres composant la première Maison Universelle de Justice semblait particulièrement appropriée à la nature et aux fonctions de cette institution : les neuf membres des quatre continents représentaient, de par leurs origines, les trois principales religions (juive, chrétienne et musulmane), ainsi que différentes ethnies.

[Nota: Des élections ultérieures de la Maison Universelle de Justice ont été organisées à cinq années d'intervalle à partir de 1963. Les élections se font pendant la période de célébration du Ridvan.]

Par-delà son importance institutionnelle, l'établissement de la Maison Universelle de Justice symbolisait l'élément que les baha'is considèrent comme l'essence même de leur foi : l'unité. L'émergence de la Maison Universelle de Justice en tant qu'autorité incontestée pour tout ce qui concernait les affaires de la communauté signifiait que la foi baha'ie était restée unie tout au long de la période la plus critique de l'histoire d'une religion, à savoir ce premier siècle vulnérable au cours duquel le schisme prend presque traditionnellement naissance.

Comme le démontrent amplement les histoires de Mirza Yahya, Muhammad-`Ali et Ibrahim Kheiralla, on essaya vainement, à plusieurs reprises, de diviser la communauté baha'ie pendant cette période critique. Que de tels efforts aient échoué est une preuve impressionnante de la fonction de dirigeant exercée successivement par Baha'u'llah, 'Abdu'l-Baha et Shoghi Effendi.

[Nota: Une nouvelle tentative pour créer un schisme se produisit en 1960, avant les élections de la première Maison Universelle de Justice. Une des Mains de la cause, Charles Mason Remey, un Américain de plus de quatre-vingts ans, avança soudain la revendication qu'il était, d'une manière inexpliquée, le successeur héréditaire de Shoghi Effendi. Agissant sous l'autorité qui leur avait été attribuée dans le Testament de 'Abdu'l-Baha , les autres Mains de la cause l'expulsèrent de la foi. La revendication de Remey souleva très peu d'intérêt et il mourut en 1974, ignoré par la poignée de personnes même qu'il avait attirée à l'origine.]

Avec l'établissement d'un corps permanent, reconnu et faisant autorité, auquel tous les croyants et tous les corps élus au niveau local et national à l'intérieur de la communauté baha'ie se soumettaient, l'unité de la communauté assumait une forme institutionnelle qui engageait directement chaque croyant.

[Nota: En 1973, en même temps que la publication du premier Synopsis et Codification du Kitab-i-Aqdas (Le Plus Saint Livre), la Maison Universelle de Justice promulgua sa constitution : La Constitution de la Maison Universelle de Justice.]

L'élection de la Maison Universelle de Justice permettait la reprise des deux principales activités entreprises par le Gardien, à savoir : premièrement, la création de nouvelles institutions et bureaux administratifs ainsi que l'exigeaient les besoins d'une foi qui se développait rapidement; et deuxièmement, l'élaboration de nouveaux plans généraux d'enseignement afin de poursuivre la vision de 'Abdu'l-Baha d'une conquête spirituelle de la planète.

En 1964, au cours de l'année qui suivit sa première élection, la Maison Universelle de Justice lança un Plan de neuf ans qui fut achevé en 1973, centenaire de l'anniversaire de la révélation du Kitab-i-Aqdas ou Le Plus Saint Livre par Baha'u'llah. Il fut immédiatement suivi d'un Plan de cinq ans qui s'acheva en 1979. Depuis lors, quatre plans internationaux ont été successivement achevés sous la direction de la Maison Universelle de Justice. Le Plan de quatre ans, en cours, lancé en 1996 a été programmé pour se terminer avec la fin du siècle.


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