BAHA'U'LLAH ET L'ÈRE NOUVELLE
Une introduction à la foi baha'ie


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6. LA PRIERE

"La prière est une échelle par laquelle chacun peut monter au ciel." (MUHAMMAD)

6.1. Conversation avec Dieu

La prière, dit 'Abdu'l-Baha, "est une conversation avec Dieu". Afin d'informer les hommes de son dessein et de sa volonté, il faut que Dieu leur parle un langage approprié et Il le fait par la bouche de ses saints prophètes. Aussi longtemps que ces prophètes vivent dans leur corps physique, ils s'adressent directement aux hommes, leur transmettant verbalement le message de Dieu. Lorsqu'ils disparaissent, le message continue d'influencer les esprits humains grâce aux paroles et aux Écrits qu'ils ont laissés. Mais ceci n'est pas le seul moyen par lequel Dieu parle aux hommes. Il existe encore un "langage de l'esprit", indépendant de la parole ou de l'écriture, par lequel Dieu peut communiquer avec ceux dont le coeur est en quête de vérité et les inspirer où qu'ils soient et quelles que soient leur race et leur langue maternelle. C'est par ce langage de l'esprit que, même après son départ du monde matériel, la manifestation divine continue à entretenir des rapports avec le croyant. Le Christ continua à converser avec ses disciples et à les inspirer après sa crucifixion. En fait, il les influença bien plus puissamment qu'auparavant; il en fut de même pour les autres prophètes. 'Abdu'l-Baha s'étend longuement sur ce langage spirituel. Il dit notamment:

"Nous devons parler dans le langage du ciel--le langage de l'esprit--car il existe un langage particulier à l'esprit et au coeur. Il est aussi différent du nôtre que l'est ce dernier de celui des animaux qui ne s'expriment que par des cris et des sons inarticulés.

C'est ce langage de l'esprit qui parle à Dieu. Quand, dans la prière, nous sommes libérés de toutes choses extérieures et que nous nous tournons vers Dieu, c'est alors comme si, en nous-mêmes, nous entendions la voix de Dieu. Sans paroles, nous parlons, nous communiquons, nous conversons avec Dieu et nous recevons la réponse... Tous, lorsque nous atteignons un état vraiment spirituel, nous pouvons entendre la voix de Dieu."
(Extrait d'une conversation relatée par Miss Ethel J. Rosenberg.)


Baha'u'llah déclare que les plus hautes vérités spirituelles ne peuvent être communiquées qu'au moyen du langage spirituel. La parole ou l'écriture sont tout à fait inadéquates. Dans un petit livre appelé Les Sept Vallées, où il décrit le voyage des pèlerins depuis leur demeure terrestre jusqu'au foyer divin, en citant les stades les plus avancés du voyage, il dit:

"La langue est incapable de les décrire et les paroles sont complètement insuffisantes. La plume ne fait que noircir en vain le papier... Seul, le coeur peut communiquer au coeur l'état de celui qui sait; ceci n'est point la tâche d'un messager et ne peut être expliqué par écrit."
(BAHA'U'LLAH, Les Sept Vallées.)
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6.2. Recueillement et prière

Parlant des moyens d'atteindre le niveau spirituel qui permet la conversation avec Dieu, 'Abdu'l-Baha dit:

"Nous devons nous efforcer de parvenir à cet état en nous isolant de tout et de tous, en nous tournant vers Dieu seul. L'homme éprouvera certaines difficultés à atteindre cet état, mais il devra s'y efforcer et lutter pour y parvenir. Nous pouvons y réussir en pensant moins aux choses matérielles, en nous détachant d'elles et en nous inquiétant davantage des choses spirituelles. Plus nous nous éloignons des unes, plus nous nous rapprochons des autres. Le choix dépend de nous.

Notre perception spirituelle, notre vue intérieure doivent s'ouvrir pour nous permettre de reconnaître en toutes choses les signes et les empreintes de l'Esprit de Dieu. Tout peut nous renvoyer la lumière de l'Esprit."
(Extrait d'une conversation relatée par Miss Ethel J. Rosenberg.)


Baha'u'llah a écrit:

"Que le chercheur... à chaque lever de l'aurore... communie avec Dieu et persévère de toute son âme dans la recherche de son Bien-Aimé. Que la flamme de sa mention ardente consume toute pensée perverse..."
(Extraits des Écrits de Baha'u'llah.)
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À ce même propos, 'Abdu'l-Baha déclare:

"Lorsque l'homme, par l'intermédiaire de son âme, permet à l'esprit d'éclairer sa compréhension, alors il embrasse toute la création... Mais d'autre part, s'il n'ouvre pas son esprit et son coeur aux bénédictions de l'esprit et s'il dirige son âme vers le monde matériel, vers ce qui satisfait le côté physique de sa nature, alors il déchoit de son rang élevé et devient inférieur aux animaux du règne le plus bas."
(Causeries de 'Abdu'l-Baha à Paris, p. 119.)
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Baha'u'llah dit encore:

"Ô peuples, libérez vos âmes des entraves de l'égoïsme et purifiez-vous de tout attachement en dehors de moi. Se souvenir de moi préserve toutes choses des souillures, si vous pouviez le comprendre... Élève ta voix, ô mon serviteur et chante les versets inspirés par Dieu afin que la douceur de ta mélodie puisse embraser ton âme et attirer à Lui les coeurs de tous les hommes. Les anges dispersés du Tout-Puissant répandront au loin les parfums des paroles prononcées par tes lèvres dans la solitude de ta chambre."
(Extraits des Écrits de Baha'u'llah, CXXXVI, éd. 1979, p. 194.)
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6.3. Nécessité d'un médiateur

Selon 'Abdu'l-Baha:

"Entre l'homme et le Créateur, il faut nécessairement un médiateur qui reçoive la pleine lumière de la splendeur divine pour l'irradier sur le monde humain, comme l'atmosphère terrestre reçoit et diffuse la chaleur des rayons du soleil."
(Divine Philosophy.)

"Si nous voulons prier, nous devons concentrer nos pensées sur un point défini. Si nous voulons nous approcher de Dieu, nous devons diriger nos coeurs vers un certain centre. Lorsque l'homme adore Dieu en dehors de sa manifestation, il doit nécessairement se former une conception de Dieu, et cette conception n'est autre que celle de sa propre imagination. Le fini ne pouvant comprendre l'infini, Dieu ne peut être compris de cette manière. L'homme comprend uniquement ce qu'il peut concevoir par son propre esprit; ce qu'il peut comprendre n'est pas Dieu. Cette conception de Dieu que l'homme se fait pour lui-même n'est que fiction, image, illusion, imagination. Il n'y a aucun rapport entre une telle conception et l'Être suprême.

Si un homme veut connaître Dieu, il doit le trouver dans un miroir parfait tel que le Christ ou Baha'u'llah. Dans l'un comme dans l'autre de ces miroirs, il verra se refléter le Soleil de la divinité.

De même que le soleil physique se révèle à nous par sa splendeur, sa lumière, sa chaleur, ainsi pouvons-nous connaître Dieu, le Soleil spirituel, qui nous apparaît et brille en la manifestation par ses attributs de perfection, par la beauté de ses vertus et de ses qualités et par la splendeur de sa lumière."
(Extrait d'une conversation avec Mr. Percy Woodcook à 'Akka, 1909.)


'Abdu'l-Baha dit encore:

"Sans l'intermédiaire du Saint-Esprit, il est impossible d'accéder directement aux grâces de Dieu. Ne néglige pas l'évidence même, car il est indéniable qu'un enfant ne peut être instruit sans maître, et le savoir est un des bienfaits de Dieu. Le sol ne se couvre pas d'herbe et de végétation sans la pluie des nuages; par conséquent, les nuages servent d'intermédiaires entre les bontés divines et le sol... La clarté provient d'un centre lumineux, et si on cherche à l'atteindre ailleurs qu'en son centre, on n'y parviendra jamais... Fixe ton attention sur l'époque du Christ; certains s'imaginaient qu'il était possible d'atteindre la vérité sans l'effusion messianique, mais cette chimère les priva de ses bienfaits."
(Tablets of 'Abdu'l-Baha, vol. III, pp. 391 et 392.)


Un homme qui tente d'adorer Dieu sans passer par l'intermédiaire de sa manifestation est comme un être prisonnier dans un sombre cachot qui compte sur son imagination pour lui révéler la gloire du soleil.


6.4. Obligation et nécessité de la prière

L'usage de la prière est recommandé aux baha'is en termes précis. Baha'u'llah dit dans le Kitab-i-Aqdas:

"Chantez ou récitez les versets de Dieu matin et soir. Celui qui omet de le faire n'est pas fidèle à l'alliance avec Dieu. Celui qui s'y refuse aujourd'hui est de ceux qui se détournent de Dieu. Craignez Dieu, ô mes serviteurs! Prenez garde que trop de lectures (des Écrits sacrés) ou trop d'activités de jour et de nuit ne vous rendent orgueilleux. Mieux vaut chanter un seul verset avec joie et sincérité que parcourir avec négligence toutes les révélations de Dieu! Chantez les Tablettes de Dieu dans la mesure où vous ne ressentez aucune fatigue ni dépression. Ne chargez aucune âme au point de l'accabler ou de l'épuiser, mais rafraîchissez-la plutôt, afin qu'elle puisse prendre son essor sur les ailes de la révélation et atteindre l'horizon où brillent les preuves. Cela vous rapprochera de Dieu, si vous êtes de ceux qui sont doués d'entendement."

'Abdu'l-Baha dit à un correspondant:

"Ô toi, ami spirituel!... Sache que la prière est nécessaire et obligatoire et que l'homme, sous aucun prétexte, n'en est dispensé sauf s'il en est incapable mentalement ou si un obstacle insurmontable l'en empêche."

Un autre correspondant demanda:
Pourquoi prier? Quelle en est l'utilité puisque Dieu a établi toutes choses, exécutant son dessein selon son bon vouloir? À quoi bon supplier, implorer, exposer ses difficultés et rechercher son aide?

'Abdu'l-Baha répondit:

"Sache, en vérité, qu'il sied au faible de solliciter l'aide du Fort et il convient à celui qui cherche la grâce de supplier le Glorieux, le Généreux. Lorsque quelqu'un implore son Seigneur, se tourne vers Lui et recherche les grâces de son océan, cette supplication apporte la clarté en son coeur, elle illumine sa vision, elle vivifie son âme et exalte son être.

Vois, lorsque tu implores Dieu et que tu récites: "Ton Nom est ma guérison...", combien ton coeur est réconforté, ton âme ravie par l'esprit et l'amour de Dieu, et comme tes pensées sont attirées vers le royaume divin! C'est par cette attraction que la capacité et l'habileté personnelles s'accroissent. Plus grand est le vase, plus il peut contenir d'eau et plus la soif est vive, plus la générosité du nuage est agréable au goût. Tel est le mystère de la supplication et la sagesse d'exposer ses désirs."
(D'une tablette à un croyant américain, traduite en anglais par 'Ali Quli Khan, octobre 1908.)


Baha'u'llah révéla trois prières journalières obligatoires. Le croyant peut choisir en toute liberté celle qu'il désire. Toutefois, il doit en réciter une chaque jour en tenant compte des indications prescrites par Baha'u'llah.


6.5. La prière en commun

Les prières journalières obligatoires données par Baha'u'llah doivent être récitées individuellement. C'est seulement pour la prière des morts qu'il a ordonné de prier en commun, à la seule condition que le croyant qui la lit à haute voix et tous les autres restent debout. Cette pratique diffère de la coutume islamique selon laquelle l'imam conduit la prière, tous les fidèles se trouvant en rangs derrière lui, ce qui est interdit dans la foi baha'ie. Ces ordonnances, en accord avec le principe de suppression du clergé professionnel, ne signifient pas que Baha'u'llah n'accorde aucune valeur aux réunions d'adoration. À propos de la valeur de la prière en commun, 'Abdu'l-Baha s'exprime ainsi:

L'homme peut dire: "Je peux prier Dieu quand je veux, quand les sentiments de mon coeur sont attirés vers Lui, que je sois dans la solitude, en ville ou n'importe où. Pourquoi devrais-je aller là ou d'autres se rassemblent à date fixe, à une heure particulière, pour joindre mes prières aux leurs, alors que mon état d'esprit ne s'y prête pas!"

"Une telle idée n'est que vaine imagination, car là où plusieurs sont rassemblés, la force dégagée est plus grande. Des soldats séparés, combattant seuls ou en formation isolée, ne déploient pas la force d'une armée homogène. Lorsque tous les soldats du combat spirituel se rassemblent, alors, par l'union de leurs sentiments spirituels, ils se renforcent les uns les autres et les prières ont plus d'effet."
(Extrait des notes de Miss Ethel J. Rosenberg.)



6.6. La prière, langage de l'amour

À un autre correspondant qui demandait si la prière est nécessaire, puisqu'il est à présumer que Dieu connaît les désirs de tous les coeurs, il répondit:

"Si un homme éprouve un réel amour pour son ami, il souhaite l'exprimer. Bien qu'il le sache informé de son affection, il désire la lui confirmer encore... Dieu connaît les désirs de tous les coeurs, mais l'impulsion de la prière est naturelle, elle jaillit de l'amour de l'homme pour son Dieu.

... Dans la prière, les mots ne sont pas nécessaires, mais la pensée et l'état de recueillement sont indispensables. Si cet élan et ce désir manquent, il est vain de chercher à les forcer. Les paroles dépourvues d'amour n'ont aucune portée. Si l'on vous parle en paraissant accomplir un devoir ennuyeux, sans affection, sans plaisir de vous rencontrer, avez-vous envie de prolonger cette conversation?"
(Extrait d'un article de Miss E.S. Stevens, dans la Fortnightly Review, janvier-juin 1911, p. 1076.)


Lors d'un autre entretien, 'Abdu'l-Baha dit:

"La prière la plus noble est celle où les êtres prient uniquement par amour pour Dieu, non parce qu'ils le craignent ou qu'ils redoutent l'enfer, ou encore parce qu'ils espèrent ses faveurs ou l'accès au paradis... Quand on s'éprend d'un être humain, on ne peut s'empêcher de murmurer son nom bien-aimé. Combien il est plus difficile encore de ne pas prononcer le nom vénéré de Dieu quand on s'est pris à l'aimer... L'homme spirituel ne trouve d'autre délice que dans la célébration de Dieu."
(Extrait des notes de Miss Alma Robertson et d'autres pèlerins, novembre et décembre 1900.)



6.7. Délivrance des calamités

Selon les enseignements des prophètes, la maladie et toutes les autres formes de calamités sont occasionnées par la désobéissance aux divins commandements. Selon 'Abdu'l-Baha, même les désastres dus aux inondations, aux cyclones et aux tremblements de terre sont une conséquence indirecte de cette désobéissance.

Toutefois, la souffrance qui suit l'erreur n'est nullement vengeresse, mais éducative et purificatrice. C'est la voix de Dieu avertissant les hommes qu'ils sont sortis du droit chemin. Si la souffrance est terrible, c'est que le danger de mal faire est plus terrible encore, car "la rétribution du péché est la mort."

Si les calamités sont dues à la désobéissance, la délivrance peut être obtenue par l'obéissance. Il n'y a ni hasard, ni incertitude à cet égard. "Se détourner" de Dieu entraîne inévitablement le malheur et se tourner vers Dieu apporte inévitablement des bénédictions.

Toutefois, l'humanité entière ne constituant qu'un seul organisme, le bien-être de chacun dépend non seulement de notre propre conduite, mais encore de celle des voisins. Si l'un agit mal, les autres en souffrent plus ou moins, et si l'un agit bien, tous en bénéficient.

Chacun doit, dans une certaine mesure, porter le fardeau de son semblable et les meilleurs des humains sont ceux qui portent le plus lourd fardeau. Les saints ont tous extrêmement souffert; les prophètes ont souffert au degré suprême. Baha'u'llah dit dans le "Kitab-i-Iqan":

"Vous avec certainement été informés des tribulations, de la pauvreté, des maladies et des dégradations qui ont assailli tous les prophètes de Dieu et leurs compagnons; de la manière dont les têtes de leurs disciples furent envoyées en guise de présent dans diverses cités...."
(Kitab-i-Iqan, p. 73.)
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Ce n'est point que les saints et les prophètes aient mérité d'être punis plus que d'autres. Non, mais ils souffrent souvent pour les péchés des autres et choisissent de souffrir pour leur salut. Ils sont soucieux du bien-être général, non pas du leur. Par la prière, celui qui aime vraiment l'humanité ne cherche pas à se préserver personnellement de la pauvreté, de la maladie ou des désastres, mais à obtenir pour le genre humain la délivrance de l'erreur, de l'ignorance et des maux qui en découlent inévitablement. S'il souhaite la santé et la richesse pour lui-même, c'est dans le but de servir le royaume, et si cela lui est refusé, il accepte son sort avec un "radieux acquiescement" et reste convaincu qu'il y a une sagesse immanente en tout ce qui lui échoit dans le chemin de Dieu.

'Abdu'l-Baha dit:

"Les chagrins et les afflictions ne nous atteignent pas par hasard: ils nous sont envoyés par la divine miséricorde pour notre perfectionnement. Quand il est heureux, il est possible que l'homme oublie son Dieu. Mais quand viennent les chagrins et les afflictions, il se souvient de son Père qui est au ciel et qui peut le délivrer de ses humiliations... Plus un homme est châtié, plus nombreuses seront les vertus spirituelles qu'il manifestera."
(Causeries de 'Abdu'l-Baha à Paris, p. 62.)
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À première vue, il peut sembler très injuste que l'enfant innocent doive souffrir pour le coupable, mais 'Abdu'l-Baha nous assure que cette injustice n'est qu'apparente et qu'en fin de compte la justice parfaite prévaut. Il écrit:

"À propos des enfants et des faibles qui souffrent aux mains des oppresseurs... pour ces âmes, une récompense est réservée dans l'autre monde... cette souffrance est la plus grande grâce de Dieu. En vérité, cette grâce du Seigneur est bien plus précieuse que tout le confort de ce monde, plus précieuse aussi que la croissance et le développement qui appartiennent à ce lieu de mortalité."
(Tablets of 'Abdu'l-Baha, vol. II, p. 337.)
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6.8. Prière et loi naturelle

Nombreux sont ceux qui se refusent à croire à l'efficacité de la prière parce que, selon eux, si elle était exaucée, cela impliquerait des dérogations arbitraires aux lois de la nature. Par analogie, on peut élucider ce problème. Si un aimant est présenté au-dessus d'un tas de limaille de fer, celle-ci se soulève et s'accroche à l'aimant, mais cela ne constitue en rien une dérogation à la loi de la gravitation. Le pouvoir d'attraction continue à agir sur la limaille tout comme auparavant. Ce qui s'est produit, c'est qu'une force supérieure est entrée en action, force dont le pouvoir est aussi régulier et contrôlable que celui de la gravitation. Les baha'is pensent que la prière déclenche des forces d'un ordre supérieur quoique peu connues encore; mais il semble qu'il n'y ait aucune raison de croire ces forces plus arbitraires dans leur action que ne le sont les énergies physiques. Ce qui les différencie, c'est qu'elles n'ont pas encore fait l'objet d'une étude et d'une expérimentation approfondies; leur action ne nous paraît mystérieuse et inexplicable qu'en raison de notre ignorance.

Un autre problème qui se pose pour certains est le fait que la prière paraît être une force trop insignifiante pour produire les grands résultats qui lui sont attribués. Par analogie, nous pouvons aussi éclaircir cette difficulté. Une force minime, appliquée à la vanne d'un réservoir, peut libérer et régler l'énorme écoulement d'une eau en surabondance; une force infime appliquée au gouvernail d'un immense paquebot peut en diriger la course. Selon le point de vue baha'i, le pouvoir qui exauce les prières est l'inépuisable puissance de Dieu. Le rôle du suppliant se borne à mettre en oeuvre la petite force nécessaire pour en libérer le flot ou pour orienter le cours de la grâce divine, toujours prête à combler ceux qui ont appris à y faire appel.


6.9. Prières baha'ies

Baha'u'llah et 'Abdu'l-Baha ont révélé d'innombrables prières à l'usage de leurs disciples, pour des heures diverses et des circonstances variées. La conception pleine de noblesse et le haut degré de spiritualité de ces versets doivent faire impression sur tout chercheur consciencieux, mais leur signification et leur pouvoir bienfaisant ne pourront être pleinement appréciés qu'en leur consacrant une part importante et régulière de notre vie quotidienne. Malheureusement, en raison de l'espace trop restreint, nous ne pouvons insérer ici que quelques-unes de ces prières. Le lecteur pourra se référer à une sélection de textes dans d'autres ouvrages.

"Ô mon Seigneur! Fais de ta beauté ma nourriture, de ta présence mon breuvage, de ton plaisir mon espoir, de ta louange mon action, de ton souvenir mon compagnon, de ta puissance souveraine mon secours, de ton habitation mon foyer, et fais que ma demeure soit le lieu que tu as purifié des limitations imposées à ceux qu'un voile sépare de toi. Tu es, en vérité, le Tout-Puissant, l'infiniment Glorieux, l'Omnipotent."
(BAHA'U'LLAH, Livre de prières, éd. 1973, p. 23.) Ouvrir le livre Livre de prières

"Je suis témoin, ô mon Dieu, que tu m'as créé pour te connaître et pour t'adorer. J'atteste, en cet instant, mon impuissance et ton pouvoir, ma pauvreté et ta richesse. Il n'est pas d'autre dieu que toi, celui qui secourt dans le danger, celui qui subsiste par Lui-même."
(BAHA'U'LLAH, Livre de prières, p. 86.) Ouvrir le livre Livre de prières

"Ô mon Dieu! Ô mon Dieu! Unis les coeurs de tes serviteurs et révèle-leur ton grand dessein. Puissent-ils suivre tes commandements et observer ta loi. Aide-les dans leurs efforts, ô mon Dieu, et accorde-leur la force de te servir.
Ô Dieu, ne les abandonne pas à eux-mêmes mais, par la lumière de ta connaissance, guide leurs pas et, par ton amour, réjouis leur coeur. En vérité, tu es leur Recours et leur Seigneur."
(BAHA'U'LLAH, Livre de prières, p. 167.) Ouvrir le livre Livre de prières

"Ô toi, Seigneur de bonté! Tu as créé toute l'humanité de la même substance. Tu as décrété que tous appartiendraient à la même famille. En ta sainte présence, tous sont tes serviteurs et toute l'humanité s'abrite dans ton tabernacle. Tous se sont rassemblés autour de ta table généreuse, tous sont éclairés par la lumière de ta providence.
Ô mon Dieu! Tu es bon envers tous, tu as pourvu chacun, tu as conféré la vie à tous, tu as doté chacun et tous de talents et de facultés, et tous sont plongés dans l'océan de ta miséricorde. Ô toi, Dieu de bonté, unis tous les êtres, fais que les religions s'accordent, que les nations deviennent une, afin que tous soient comme les membres d'une seule famille et considèrent la terre comme une seule patrie. Fais que tous vivent ensemble en parfaite harmonie.
Ô Seigneur! Élève au-dessus de tous la bannière de l'unité du genre humain! Ô Seigneur, établis la paix suprême! Ò Seigneur, cimente les coeurs ensemble. Ô Seigneur, Père très bon, Dieu! Réjouis nos coeurs du parfum de ton amour. Fais briller nos yeux de ta lumière qui nous guide. Charme nos oreilles par la mélodie de ta parole et abrite-nous dans la forteresse de ta providence!
Tu es le Tout-Puissant, tu es celui qui pardonne et tu es celui qui est indulgent aux faiblesses des hommes."
('ABDU'L-BAHA, Livre de prières, p. 144.) Ouvrir le livre Livre de prières

"Ô toi, le Tout-Puissant! Je suis un pécheur, mais tu es celui qui pardonne! Mes faiblesses sont innombrables, mais tu es le Compatissant! Je suis dans les ténèbres de l'erreur, mais tu es la Lumière du pardon!
Ô toi, Dieu bienveillant, pardonne mes péchés, accorde-moi tes dons, ferme les yeux sur mes fautes, sois pour moi un abri, immerge-moi dans la fontaine de ta patience et guéris-moi de toute souffrance et maladie!
Purifie-moi et accorde-moi la sanctification. Laisse-moi participer à l'effusion de ta sainteté, afin que mon chagrin et ma tristesse s'évanouissent et que, sur moi, descendent la joie et le bonheur, que le découragement et le désespoir soient changés en gaieté et en confiance et que le courage remplace l'inquiétude. En vérité, tu es celui qui pardonne, le Compatissant. Tu es le Généreux, le Bien-Aimé."
('ABDU'L-BAHA.) Ouvrir le livre Livre de prières

"Ô Dieu compatissant! Grâce te soit rendue, car tu m'as éveillé et rendu conscient. Tu m'as donné des yeux qui voient et des oreilles qui entendent. Tu m'as guidé vers ton chemin et tu m'as conduit vers ton royaume. Tu m'as montré la voie directe et tu m'as fait entrer dans l'arche de la délivrance. Ô Dieu! Fais que je reste constant, rends-moi ferme et dévoué. Préserve-moi des épreuves violentes, protège-moi et abrite-moi dans les citadelles solidement fortifiées de ton alliance et de ton testament. Tu es le Puissant, tu es celui qui voit et qui entend!
Ô toi, Dieu compatissant! Donne-moi un coeur qui puisse, comme le cristal, être éclairé par la lumière de ton amour et accorde-moi une pensée qui puisse, par la bonté spirituelle, changer ce monde en un jardin de roses.
Tu es le Compatissant, le Miséricordieux! Tu es le grand Dieu bienfaisant!"
('ABDU'L-BAHA, Livre de prières, p. 125.)
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Mais la prière baha'ie n'est pas limitée aux formules prescrites, si importantes soient-elles. Baha'u'llah enseigne que notre vie tout entière doit être un hommage à Dieu, que le travail accompli de tout coeur équivaut à un acte d'adoration, que toute pensée, toute parole, toute action dédiée à la gloire de Dieu et au bien de nos semblables est une prière au sens le plus exact du mot. [Au sujet de la prière d'intercession, voir chapitre 11.]


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