BAHA'U'LLAH ET L'ÈRE NOUVELLE
Une introduction à la foi baha'ie


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14. PROPHETIES DE BAHA'U'LLAH ET DE ABDU'L-BAHA

Peut-être diras-tu dans ton coeur: "Comment connaîtrons-nous la parole que l'Éternel n'aura point dite?" Quand ce que dira le prophète n'aura pas lieu et n'arrivera pas, ce sera une parole que l'Éternel n'aura point dite. C'est par audace que le prophète l'aura dite: n'aie pas peur de lui. (DEUT. XVIII, 21-22.)

14.1. Puissance créatrice de la parole de Dieu

Dieu, et Dieu seul, a le pouvoir de faire tout ce qui Lui plaît, et l'indice le plus marquant d'une manifestation de Dieu se trouve dans la puissance créatrice de sa parole, dans son pouvoir de transformer et de modifier toutes les contingences humaines, dans son triomphe remporté sur toutes les oppositions terrestres. C'est la parole des prophètes qui transmet à l'humanité la volonté de Dieu; et l'accomplissement immédiat ou ultérieur de cette parole est la preuve qui vient appuyer la proclamation du prophète et qui valide l'authenticité de son inspiration.

"Comme la pluie et la neige descendent des cieux et n'y retournent point sans avoir arrosé, fécondé la terre et fait germer les plantes, procuré de la semence au semeur et du pain à celui qui mange, ainsi en est-il de la parole qui sort de ma bouche; elle ne retourne pas à moi sans effet, sans avoir exécuté ma volonté et accompli mes desseins."
(ISAÏE LV, 10-11.)
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Quand les disciples de Jean-Baptiste vinrent poser à Jésus la question: "Êtes-vous celui qui doit venir, ou devons-nous en attendre un autre" ? la réponse de Jésus se borna à mettre en lumière les effets de ses paroles:

"Allez rapporter à Jean ce que vous entendez et ce que vous voyez: les aveugles recouvrent la vue, les boiteux marchent, les lépreux sont purifiés, les sourds entendent, les morts sont ressuscités et l'Évangile est annoncé aux pauvres. Heureux celui pour qui je ne serai pas une occasion de chute."
(MATTH. XI, 4-6.)
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Voyons maintenant quels sont les indices qui permettent de démontrer que les paroles de Baha'u'llah détiennent ce pouvoir créateur particulier à la parole de Dieu.

Baha'u'llah exhorta les chefs d'État à établir la paix universelle; mais la prolongation de leur politique guerrière eut d'abord pour conséquence, à partir des années 1869-1870, la disparition de plusieurs anciennes dynasties; on s'aperçut alors que les fruits de la victoire s'amenuisaient progressivement jusqu'à ce que la guerre de 1914-1918 mît en lumière le fait historique aberrant que la guerre était devenue aussi désastreuse pour le vainqueur que pour le vaincu [Cela a été mis à nouveau en évidence après la Seconde Guerre mondiale].

Baha'u'llah invita également les souverains à se considérer comme les protecteurs de leurs peuples et à consacrer leur autorité politique à la création d'une prospérité générale. Et l'on assiste, depuis lors, à une propension générale sans précédent vers une législation sociale.

Il ordonna d'abolir les excès de richesse et de pauvreté; depuis lors, une législation en faveur de l'établissement d'un minimum vital et d'un impôt progressif sur le revenu et les héritages a été de plus en plus adoptée. Il ordonna l'abolition de l'esclavage économique et de l'accaparement des biens. Dès ce moment, la tendance à l'émancipation n'a pas cessé de se manifester dans toutes les parties du monde.

Il ordonna l'égalité des droits et des responsabilités pour les femmes comme pour les hommes et, depuis lors, les entraves qui maintenaient depuis toujours les femmes en état d'infériorité se sont relâchées, et la femme conquiert rapidement sa place légitime d'égale et d'associée de l'homme.

Il proclama l'unité fondamentale des religions; et la période qui suivit cette déclaration a pu voir les esprits sincères de toutes les parties du monde s'efforcer résolument à l'établissement d'un plus haut degré de tolérance, de compréhension réciproque et de coopération universaliste. Partout, l'attitude sectaire fut désavouée et sa position historique est devenue de moins en moins défendable. Le fondement de l'exclusivisme en matière de religion a été détruit par ces mêmes forces qui ont ôté toutes chances de survie au nationalisme ou à l'autarcie.

Il ordonna l'éducation universelle et il a fait de la recherche personnelle et indépendante de la vérité une preuve de vitalité spirituelle. Et la civilisation a été stimulée jusqu'en ses fondements par ce nouveau levain. L'instruction obligatoire pour les enfants et l'extension des facilités d'étude pour les adultes sont devenues des éléments de première importance dans les politiques gouvernementales. Les nations qui ont délibérément tenté de restreindre la liberté de pensée et d'opinion des citoyens ont provoqué, par cette politique, la révolution à l'intérieur et la suspicion et la crainte à l'extérieur de leurs frontières.

Baha'u'llah a prescrit l'adoption d'une langue auxiliaire universelle, et le Dr Zamenhof ainsi que d'autres philologues répondirent à son appel, saisirent cette occasion et consacrèrent leur vie et leur génie à cette grande tâche.

Mais, par-dessus tout, Baha'u'llah a insufflé un esprit neuf dans le corps de l'humanité. Il a fait éclore, dans les coeurs et dans les âmes, de nouveaux désirs, et il a apporté à la société de nouveaux idéaux. Il n'est rien de plus dramatique et de plus impressionnant dans toute l'histoire du monde que le cours pris par les événements à partir de l'aube de l'ère baha'ie en 1844.

D'année en année, en effet, on a vu s'affaiblir le pouvoir d'un passé défunt dont les seuls soutiens ne consistaient plus qu'en idées périmées, en attitudes dépassées et en coutumes et institutions surannées, pour en arriver, actuellement, à ce que tout homme ou toute femme qui réfléchit réalise que l'humanité traverse sa crise la plus terrible.

D'une part, nous sommes témoins de la naissance d'une nouvelle création qui, à la lumière des enseignements de Baha'u'llah, emprunte la voie authentique de l'évolution; d'autre part, nous n'apercevons que désastres et frustrations partout où cette lumière a été repoussée ou ignorée.

Pour le baha'i sincère cependant, toutes ces évidences--auxquelles pourraient s'ajouter une quantité d'autres--, si impressionnantes
qu'elles soient, n'arrivent pas à donner la véritable mesure de la majesté spirituelle de Baha'u'llah. Sa vie sur la terre et la force
irrésistible de ses paroles inspirées demeurent comme l'incontestable preuve de l'immanence de la volonté divine.

Une étude plus détaillée des prophéties de Baha'u'llah et de leur accomplissement corroborera puissamment cette conviction. Voici quelques exemples des prédictions sur lesquelles il ne saurait y avoir de doute. Ces prévisions ont été largement répandues et publiées partout, bien avant leur accomplissement.

Ce sont les Épîtres que Baha'u'llah adressa aux souverains du monde qui contiennent la plupart de ces prophéties; elles ont été réunies
en un volume publié pour la première fois à Bombay, à la fin du dix-neuvième siècle. Plusieurs éditions ont paru depuis. Nous fournirons également quelques exemples des prophéties les plus remarquables de 'Abdu'l-Baha.


14.2. Napoléon III

En l'année 1869, Baha'u'llah écrivit à Napoléon III, le blâmant de son amour de la guerre et de son mépris à l'égard d'une lettre qu'il lui avait envoyée précédemment. L'Épître contient la grave mise en garde suivante:

"Pour avoir agi ainsi, et pour t'en punir, ton royaume sera jeté dans la confusion et ton empire t'échappera. Tu comprendras alors
à quel point tu t'es trompé. Des troubles violents se produiront parmi le peuple de ton pays, à moins que tu ne décides de soutenir cette cause et de suivre celui qui est l'Esprit de Dieu (Jésus-Christ) dans ce droit chemin. Ton faste t'a-t-il enorgueilli? Par ma vie! Il
ne durera pas; il sera bientôt anéanti, à moins que tu ne t'accroches fermement à cette corde solide. Nous voyons l'humiliation à tes trousses, alors que tu es dans l'insouciance."
(La Proclamation de Baha'u'llah, p. 24.)
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Inutile de préciser que Napoléon, alors au zénith de sa puissance, ne prêta aucune attention à cet avertissement. L'année suivante, il entra en guerre avec la Prusse, fermement convaincu que ses troupes pouvaient prendre Berlin d'assaut; mais la tragédie se déroula comme Baha'u'llah l'avait prévu. Il fut vaincu à Sarrebrück, à Wissembourg, à Metz et finalement écrasé à Sedan. Il fut alors emmené prisonnier en Prusse et termina son existence misérablement, deux ans plus tard, en Angleterre.


14.3. L'Allemagne

Par la suite, Baha'u'llah avertit, non moins solennellement, les vainqueurs de Napoléon qui, eux aussi, firent la sourde oreille et connurent le terrible accomplissement de ses prophéties. Dans le Livre de l'Aqdas, commencé à Andrinople et achevé durant les premières années de son emprisonnement à 'Akka, il s'adressa à l'empereur d'Allemagne dans les termes suivants:

"Ô Roi de Berlin!... Te souviens-tu de celui dont la puissance dépassait ta puissance (Napoléon III) et dont le rang surpassait ton
rang? Où est-il? Que sont devenus ses biens? Profite de cet avertissement et ne sois pas de ceux qui dorment profondément. C'est
lui qui jeta à terre la Tablette de Dieu lorsque nous lui fîmes savoir ce que les armées de la tyrannie nous avaient fait subir. Alors, l'humiliation le frappa de toutes parts et il s'écroula dans la poussière avec pertes et fracas. Ô Roi, songe à lui et à ceux qui, comme toi, ont conquis des villes et régné sur des hommes. De leur palais, le Très-Miséricordieux les fit descendre dans la tombe. Sois averti et sois de ceux qui méditent...

Ô rives du Rhin! Nous vous avons vues couvertes de sang, car les épées du châtiment étaient tirées contre vous. Et cela se produira encore. Et nous entendons les lamentations de Berlin bien que, en ce jour, sa gloire soit évidente."
(La Proclamation de Baha'u'llah, p. 41.)
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Pendant la période des succès allemands au cours de la Grande Guerre de 1914-1918, et particulièrement lors de la grande offensive allemande du printemps de 1918, cette prophétie bien connue fut rappelée partout en Iran par les adversaires de la cause baha'ie, dans l'espoir de discréditer Baha'u'llah; mais lorsque l'avance foudroyante des vainqueurs se transforma soudain en désastre complet et irrémédiable, les efforts des ennemis de la cause baha'ie se retournèrent contre eux, et la notoriété qu'ils avaient donnée à la prophétie contribua puissamment à renforcer la réputation de Baha'u'llah.


14.4. La Perse

[La Perse est l'Iran actuel]

Dans le Livre de l'Aqdas, écrit alors que le tyrannique Nasiri'd-Din shah était à l'apogée du pouvoir, Baha'u'llah bénit Tihran, sa ville natale, qui était la capitale de la Perse, en ces termes:

"Que rien ne t'attriste, ô pays de Ta (Tihran), car Dieu a fait de toi la source de la joie pour l'humanité. S'Il le veut, Il bénira ton trône en y plaçant quelqu'un qui sache gouverner avec justice et qui rassemblera les brebis de Dieu dispersées par les loups. Un tel chef de gouvernement se penchera sur le peuple de Baha et il lui accordera ses faveurs, de bonne grâce et avec joie. En vérité, il est, aux yeux de Dieu, un joyau parmi les hommes. Sur lui reposent à jamais la gloire de Dieu et la gloire de tous ceux qui habitent le royaume de sa révélation.

Réjouis-toi pleinement, car Dieu a fait de toi "la source de sa lumière", puisque c'est en tes murs que la manifestation de ta gloire est née. Sois heureux de ce nom qui t'a été conféré, nom par lequel l'étoile du matin de la grâce a répandu sa clarté et a illuminé le ciel et la terre. Les conditions actuelles seront bientôt changées et les rênes du pouvoir passeront aux mains du peuple. En vérité, ton Seigneur est l'Omnipotent. Son autorité s'étend sur toutes choses. Sois convaincu des bonnes grâces de ton Seigneur à ton égard. L'oeil de sa tendre sollicitude te suivra éternellement. Le jour approche où les troubles qui t'agitent feront place à la paix et à une paisible tranquillité. Ainsi en a-t-il été décrété dans le Livre merveilleux."
(Extraits des Écrits de Baha'u'llah, p. 74 n° LVI.)
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Jusqu'à présent (1920), l'Iran n'a fait que commencer à émerger de la période de confusion prédite par Baha'u'llah, mais déjà un gouvernement constitutionnel a été institué et les prémices d'une ère plus brillante se font largement entrevoir.


14.5. La Turquie

Baha'u'llah, enfermé dans une prison turque (1868), adressa les plus solennels et les plus graves avertissements au sultan de Turquie et à son Premier ministre 'Ali Pasha. Des casernes de 'Akka, il écrivit au sultan:

"Ô toi qui te crois le plus grand parmi les hommes... avant longtemps ton nom tombera dans l'oubli et tu connaîtras la déchéance. Selon ton opinion, le vivificateur et pacificateur du monde est coupable de sédition. Quel crime ont donc commis les femmes, les enfants et les malheureux nourrissons pour mériter ton courroux, ton oppression et ta haine? Tu as persécuté un grand nombre d'âmes qui n'avaient manifesté aucune opposition dans le pays ni fomenté aucune révolution contre le gouvernement mais qui, au contraire, étaient occupées jour et nuit à prier Dieu paisiblement. Tu as saccagé leurs propriétés et, par tes actes tyranniques, elles furent dépouillées de tout... Devant Dieu, une poignée de poussière a plus de valeur que ton royaume, ta gloire, ta souveraineté, ta domination et, s'Il le désire, Il peut t'éparpiller comme le sable du désert. Bientôt son courroux te frappera; des révolutions éclateront et tes territoires seront démembrés! Alors, tu pleureras et tu te lamenteras, et tu ne trouveras ni aide ni protection nulle part... Veille, car la colère de Dieu se prépare et bientôt tu verras ce qui est écrit par la plume du commandement."
(Star of the West, vol. II, p. 3.)
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Et à 'Ali Pasha, il écrivit:

"Ô Ra'is (chef), tu as commis ce qui, dans le paradis suprême, a fait gémir Muhammad, le prophète de Dieu. Le monde t'a rendu si orgueilleux que tu t'es détourné de la face dont la lumière a illuminé les peuples des armées célestes. Bientôt tu te retrouveras déchu. Tu t'es associé au souverain de la Perse pour me nuire, alors que je suis descendu vers vous de l'aurore du Tout-Puissant, du Suprême, en messager d'une cause qui a rafraîchi les yeux des favoris de Dieu...

Pensais-tu que tu pouvais éteindre le feu que Dieu a allumé dans l'univers? Non, je le déclare par son Esprit véridique, puisses-tu être de ceux qui comprennent. Bien plus, par ton opposition, le brasier a grandi et ses flammes se sont intensifiées. Bientôt, elles encercleront le monde entier et ses habitants... Le jour est proche où la Terre de Mystère (Andrinople) et ses alentours subiront des changements et seront enlevés des mains du souverain. Des commotions seront ressenties, des lamentations s'élèveront, des discordes se feront jour partout, et la confusion régnera à cause de ce qui fut infligé par les armées d'oppression à ces prisonniers (Baha'u'llah et ses compagnons). La situation changera et les circonstances seront si graves que les sables des collines désertées en gémiront, que les arbres des montagnes pleureront, que le sang coulera de toutes parts et que le peuple sera plongé dans la détresse...

Ainsi en a décidé le Maître suprême, le Sage; et les armées du ciel et de la terre ne peuvent résister à ses ordres, pas plus que tous les rois et dirigeants ne peuvent l'empêcher de faire ce qu'Il veut. Les calamités sont l'huile qui alimente cette lampe, et c'est par elles que sa lumière s'intensifie; puissiez-vous être de ceux qui savent. Toutes les oppositions manifestées par les oppresseurs sont en réalité comme des messagers pour cette foi et, par elles, la nouvelle de l'apparition de Dieu et de sa cause a été largement répandue dans le monde.
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À nouveau, dans le Livre de l'Aqdas, Baha'u'llah écrit:

"Ô Point situé sur le rivage des deux mers (Constantinople)! Sur toi s'est établi le trône de l'injustice et en toi s'est allumé le feu de la haine, à tel point que l'assemblée suprême et tous ceux qui évoluent autour du trône sublime se sont répandus en lamentations. Nous voyons en toi l'ignorant commander au sage et les ténèbres se glorifier devant la lumière. En vérité, tu es manifestement rempli d'orgueil. Serait-ce ton apparente splendeur qui te rend si vain? Par celui qui est le Seigneur de l'humanité, cette splendeur disparaîtra bientôt; et tes fils, tes veuves et tous tes habitants se lamenteront à leur tour. Ainsi t'avertit l'Omniscient, le Sage."
(Kitab-i-Aqdas.)
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Depuis la publication de ces avertissements, cet empire, qui fut grand jadis, s'est vu frappé de calamités successives qui ont fourni un commentaire éloquent sur leur caractère prophétique.


14.6. L'Amérique

Dans le Livre de l'Aqdas, révélé à 'Akka en 1873, Baha'u'llah adresse à l'Amérique l'appel suivant:

"Ô vous, dirigeants et présidents des républiques d'Amérique!... Prêtez l'oreille à ce qu'a fait entendre la Source de grandeur: en vérité, il n'y a pas d'autre dieu que moi, le Maître de la parole, l'Omniscient. Pansez les êtres meurtris avec les mains de la justice et, avec le sceptre des commandements de votre Seigneur, le Maître suprême, le Très-Sage, brisez l'oppresseur qui prospère."
(Kitab-i-Aqdas dans La Proclamation de Baha'u'llah, p. 63.)
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'Abdu'l-Baha, au cours de ses allocutions en Amérique et ailleurs, dit fréquemment son espoir, sa prière et sa conviction de voir l'étendard de la paix internationale s'élever d'abord en Amérique.

À Cincinnati (Ohio), le 5 novembre 1912, il parle en ces termes:

"L'Amérique est une noble nation, le porte-bannière de la paix à travers le monde, répandant sa lumière sur tous les pays. Les autres nations ne sont pas libres d'intrigues comme les États-Unis et elles ne peuvent amener la paix universelle. Mais l'Amérique, Dieu merci, est en paix avec le monde entier et elle est digne de brandir l'étendard de la fraternité et de la paix internationale. Quand les bases de la paix mondiale seront fournies par l'Amérique, le reste du globe s'écriera: "Oui! nous acceptons!" Les nations, sous tous les climats, s'allieront alors pour adopter les enseignements que Baha'u'llah a révélés au siècle passé. Dans ses Épîtres, il a demandé que les parlements des différentes nations délèguent leurs membres les plus qualifiés et les plus sages en un parlement international et mondial pour étudier toutes les questions concernant les peuples et établir la paix... alors nous aurons le Parlement de l'humanité que les prophètes ont entrevu."
(Star of the West, vol. VI, p. 81.)


Les États-Unis ont déjà, dans une large mesure, répondu aux appels de Baha'u'llah et de 'Abdu'l-Baha et, dans nul autre pays, les enseignements baha'is n'ont rencontré un accueil aussi empressé. Il est vrai que l'Amérique n'a pas encore rempli complètement sa tâche pacificatrice, mais les baha'is attendent avec intérêt les développements que l'avenir tient en réserve.
[Il est intéressant de noter que c'est à San Francisco que s'est tenue la réunion pour la création de la Charte des Nations Unies]


14.7. La Grande Guerre

Baha'u'llah et 'Abdu'l-Baha ont, à plusieurs reprises, prédit avec une exactitude étonnante l'approche de la Grande Guerre de 1914-1918. À Sacramento, en Californie, le 26 octobre 1912, 'Abdu'l-Baha a dit:

"Aujourd'hui, le continent européen est comme un arsenal, c'est une réserve d'explosifs prête pour la première étincelle. Une seule étincelle pourrait enflammer toute l'Europe, surtout en ce moment où la question des Balkans est en jeu."

Dans nombre de ses conférences en Amérique et en Europe, il a donné de semblables avertissements. Dans une autre causerie en Californie, en octobre 1912, 'Abdu'l-Baha a dit:

"Nous sommes à la veille de la bataille de Harmaguédon dont il est question au seizième chapitre de l'Apocalypse. Le temps viendra--dans deux ans--où une seule étincelle mettra l'Europe en flammes. L'agitation sociale de tous les pays et le scepticisme religieux grandissant qui caractérisent ce siècle enflammeront toute l'Europe, comme il est prophétisé au livre de Daniel et au livre de l'Apocalypse de saint Jean."

"En 1917, des royaumes tomberont et des cataclysmes ébranleront la terre". (Rapporté par Mme Corinne True dans North Shore Review du 26 septembre 1914, Chicago, U.S.A.)

À la veille du grand conflit, il a dit:

"Une mêlée générale des nations civilisées est en vue. Un conflit terrible est imminent. Le monde est au seuil d'une lutte des plus tragiques... De vastes armées--des millions d'hommes--sont mobilisées et massées aux frontières, se préparant pour l'effroyable bataille. La plus légère provocation va les conduire à un choc terrible et entraînera une conflagration sans précédent dans le cours de l'histoire de l'humanité."
(Haïfa, le 3 août 1914.) (Star of the West, vol. V, p. 163.)



14.8. Les troubles sociaux d'après-guerre

Baha'u'llah et 'Abdu'l-Baha ont, l'un et l'autre, annoncé une période de troubles sociaux, de conflits et de catastrophes, résultat inévitable de l'irréligion et des préjugés, de l'ignorance et de la superstition qui prévalent partout dans le monde. Le grand conflit belliciste international ne sera--selon eux--qu'une phase de cette période de bouleversements.

Dans une tablette datée de janvier 1920, 'Abdu'l-Baha a écrit:

"Ô vous qui chérissez la vérité! Ô vous, serviteurs de l'humanité! Tandis que le parfum suave de vos pensées et de vos nobles intentions souffle sur moi, je sens mon âme irrésistiblement entraînée à communiquer avec vous.

Que vos coeurs méditent sur la gravité du tumulte où le monde est plongé; à quel degré les nations de la terre sont souillées de sang humain; pire encore, le sol lui-même est imprégné de sang caillé. L'ardeur guerrière a causé une explosion d'une telle sauvagerie qu'à l'aurore des temps, au Moyen Âge ou aux Temps modernes, le monde n'avait jamais rien vu de semblable. La meule guerrière a broyé et écrasé bien des têtes humaines; que dis-je! le sort de ces victimes fut plus terrible encore. Des pays florissants furent réduits à la désolation, des villes rasées, de coquets villages ruinés. Des pères ont perdu leurs fils, tandis que des fils étaient privés de leur père. Des mères se lamentèrent, répandant des larmes de sang pour leurs jeunes garçons; de petits enfants devinrent orphelins, des femmes furent réduites à errer, privées de foyer. En un mot, l'humanité s'est dégradée en tous ses aspects. Les sanglots et les gémissements des orphelins retentissent avec force tandis que le ciel renvoie l'écho des poignantes lamentations des mères.

Les raisons primordiales de toutes ces épreuves sont dues aux préjugés raciaux, nationaux, religieux et politiques; et les racines de tous ces préjugés prennent naissance dans ces traditions usées et fermement établies, quelle que soit leur nature: religieuse, raciale, nationale ou politique. Tant que ces traditions resteront inchangées, les bases de l'édifice humain seront chancelantes et l'humanité elle-même exposée à un péril constant.

Aujourd'hui, en cet âge radieux, alors que l'essence de tous les êtres a été rendue manifeste, que le secret de toute chose créée s'est révélé, que l'aurore de la vérité a chassé l'obscurité de la terre en irradiant sa lumière, est-il digne et convenable qu'un carnage aussi effroyable, qui apporte une ruine irréparable dans le monde, puisse être perpétré? Par Dieu! Cela ne peut être.

Le Christ a convié tous les peuples à la paix et à la réconciliation. Il a commandé à Pierre de remettre son épée au fourreau. Tel fut son désir, tel fut le conseil qu'il donna; et cependant ceux qui portent son nom ont fait usage de leurs glaives. Quel contraste entre leurs actes et le texte explicite de l'Évangile!

Il y a soixante ans, Baha'u'llah [1817-1892--(Écrit en 1920.)], tel un soleil éclatant, brilla au firmament de la Perse; il déclara que le monde était enveloppé d'une obscurité lourde de conséquences désastreuses qui amèneraient une lutte effroyable. Du fond de la forteresse de 'Akka, en termes sans équivoque, il admonesta l'empereur d'Allemagne, lui prédisant qu'une guerre terrible éclaterait et que Berlin retentirait de gémissements et de lamentations. De même, retenu injustement en prison par le sultan de Turquie, dans la citadelle de 'Akka, il le prévint en termes clairs et énergiques que Constantinople serait en proie à des désordres si graves que les femmes et les enfants pousseraient des gémissements. Bref, il adressa des Épîtres à tous les principaux législateurs et souverains du monde, et tout ce qu'il prédit se réalisa. Sa plume de gloire déversait à flots des conseils pour empêcher la guerre, et ces enseignements se sont répandus de plus en plus largement.

Son premier principe est la recherche de la vérité. Toute imitation aveugle, déclare-t-il, tue l'esprit de l'homme, tandis que la recherche de la vérité libère le monde de l'obscurité et des préjugés.

Son second principe est l'unité de l'humanité. Tous les hommes font partie d'un seul et même troupeau et Dieu est leur Bon Pasteur. Il leur dispense sa miséricorde infinie; pour Lui, tous sont comme un seul. "Tu ne trouveras aucune différence entre les créatures de Dieu." Tous sont ses serviteurs et tous recherchent sa bonté.

Son troisième principe est que la religion constitue la forteresse la plus puissante. Elle doit conduire à l'unité et non pas à l'inimitié et à la haine. Si elle provoquait l'hostilité et la haine, il serait préférable qu'elle n'existât pas. Car on peut la comparer à la médecine: si elle aggravait la maladie, il serait préférable de l'abandonner.

De même, les préjugés religieux, raciaux, nationaux et politiques sapent les fondations de la société humaine; tous conduisent aux effusions de sang; tous accumulent des ruines dans l'humanité. Tant qu'il y aura des préjugés, la menace de guerre persistera. Le seul remède, c'est la paix universelle. Et ceci ne se réalisera que par l'établissement d'un tribunal suprême représentant tous les gouvernements et tous les peuples. Tous les problèmes nationaux et internationaux devront lui être soumis et, quelle que soit la décision prise, elle devra avoir force de loi. Si un gouvernement ou un peuple entrait en dissidence, le monde entier devrait s'unir contre lui.

Parmi ses enseignements se trouvent encore le principe de l'égalité des droits pour les femmes comme pour les hommes, et quantité d'autres enseignements de même nature révélés par sa plume.

Aujourd'hui, il est clair et évident que l'existence même du monde dépend de ces principes et qu'ils incarnent son véritable esprit. Désormais, vous qui êtes les serviteurs de l'humanité, vous devriez vous efforcer, corps et âme, de libérer le monde de l'obscurité, du matérialisme et des préjugés humains afin qu'il resplendisse des lumières de la cité de Dieu.

Loué soit Dieu! vous connaissez les différents principes, institutions et écoles du monde; aujourd'hui, rien, sinon les enseignements divins, ne pourra apporter la paix et la tranquillité à l'humanité. Sans ces principes, l'obscurité ne disparaîtra jamais; les maux persistants ne seront jamais guéris; au contraire, ils s'intensifieront de jour en jour. Les Balkans ne trouveront pas de repos; leur situation s'aggravera. Les pays vaincus ne s'apaiseront pas mais saisiront toutes les occasions de ranimer l'ardeur guerrière. Des mouvements nés récemment et de dimensions mondiales emploieront toutes leurs forces pour mener à bien leurs buts et leurs projets. Le glissement vers la gauche s'accentuera et son influence s'étendra.

Aussi, d'un coeur éclairé, d'un esprit noble, d'une force surhumaine, aidés par la grâce de Dieu, efforcez-vous désormais de répandre dans le monde le don bienfaisant de Dieu... le don du bien-être et de la sécurité pour toute l'humanité!"
('ABDU'L-BAHA.)


Au cours d'un entretien en novembre 1919, 'Abdu'l-Baha a dit:

"Baha'u'llah a souvent prédit une période où prévaudrait l'irréligion ainsi que l'anarchie qui en découlerait. Le chaos sera dû à la trop grande liberté accordée à des gens qui n'y sont pas préparés et, par conséquent, il faudra recourir temporairement à des gouvernements autoritaires dans l'intérêt même du peuple et pour pallier le désordre et les troubles.

Il est évident que chaque nation veut maintenant une autonomie et une liberté d'action complètes, mais certaines d'entre elles n'y sont pas préparées. L'état qui prévaut dans le monde est un état d'irréligion qui provoque forcément l'anarchie et la confusion. J'ai toujours dit que les propositions de paix qui ont suivi la Grande Guerre n'étaient qu'une lueur de l'aube et non le lever du soleil."



14.9. La venue du royaume de Dieu

Cependant, en dépit de ces temps difficiles, la cause de Dieu prospérera. Les calamités dues à l'égoïsme combatif des individus, pour leur propre existence ou pour des intérêts partisans, sectaires ou nationalistes, inciteront les humains à se tourner, en désespoir de cause, vers le remède offert par la parole de Dieu. À mesure que les fléaux se multiplieront, les peuples se tourneront vers l'unique remède salutaire. Dans son Épître au shah, Baha'u'llah dit:

"Dieu a fait que les afflictions soient comme une ondée matinale pour rafraîchir le pâturage et comme la mèche de sa lampe pour illuminer la terre et le ciel... C'est dans l'affliction que sa lumière a le mieux brillé et que sa louange a sans cesse étincelé; telle fut sa méthode au cours des siècles passés et dans les âges révolus."

Baha'u'llah et 'Abdu'l-Baha prédisent dans les termes les plus positifs le triomphe rapide du spiritualisme sur le matérialisme et l'établissement de la très grande paix qui en découlera.

'Abdu'l-Baha écrit en 1904:

"Sache que les misères et les infortunes croîtront de jour en jour et que l'humanité sera plongée dans la détresse. Les portes de la joie et du bonheur seront fermées partout. De terribles guerres éclateront. Les déceptions et la mort des espérances entoureront les peuples de toutes parts jusqu'à ce qu'ils soient forcés de se tourner vers Dieu. Alors, les feux d'une telle allégresse illumineront les horizons que le cri de "Ya Baha'u'l-Abha". [Ô toi la plus grande Gloire de Dieu!] jaillira de tous côtés."
(Tablette à I.D.B., citée dans: Compilation on War and peace, p. 187.)


Comme on lui demandait, en février 1914, si l'une des grandes nations deviendrait croyante, il répondit:

"Tous les peuples du monde deviendront croyants. Si vous comparez les débuts de la cause à ce qu'elle est aujourd'hui, vous verrez quelle influence rapide exerce la parole divine et que, dès à présent, la cause de Dieu embrasse le monde... Incontestablement, l'humanité entière viendra s'abriter sous son ombre."
(Star of the West, vol. IX, p. 31.)


Il déclara que l'établissement de l'unité mondiale serait réalisé durant ce siècle. Il écrivit dans une de ses tablettes:

"Tous les membres de la famille humaine (peuples ou gouvernements, villes ou villages) sont engagés dans une interdépendance croissante, et il n'est plus, aujourd'hui, personne qui puisse encore se suffire à soi-même. Des liens politiques unissent peuples et nations, tandis que les noeuds du commerce et de l'industrie, de l'agriculture et de l'éducation vont chaque jour en se resserrant. C'est pourquoi, aujourd'hui, l'unité de l'humanité peut être réalisée. En vérité, ceci n'est rien d'autre qu'une des merveilles de ce temps prodigieux et de ce siècle glorieux, merveille dont furent privés les âges du passé. Car ce siècle--le siècle de la lumière--a été doté d'une gloire unique et favorisé d'une illumination et d'un pouvoir sans précédent, d'où l'éclosion d'une nouvelle merveille renouvelée chaque jour. L'avenir montrera combien brillant sera ce flambeau dans les rassemblements humains."

Dans les deux derniers versets du livre de Prophéties de Daniel figurent ces phrases énigmatiques:

"Heureux celui qui attendra et qui arrivera jusqu'à mille trois cent trente-cinq jours! Et toi, poursuis ton chemin: car au bout, tu te reposeras et tu te relèveras pour ton héritage à la fin des jours."

Bien des savants ont multiplié les recherches pour découvrir le sens de ces mots. Un jour où l'auteur dînait à la table de 'Abdu'l-Baha, celui-ci indiqua que le point de départ de l'accomplissement de la prophétie de Daniel coïncide avec la date du début de l'ère musulmane. Dans ses tablettes, il apparaît clairement que cette prophétie concerne le centième anniversaire de la déclaration de Baha'u'llah à Baghdad, soit l'année 1963.

"Maintenant, dit-il, parlons du texte de Daniel dont vous demandez l'interprétation, à savoir: "Heureux celui qui attendra et qui atteindra mille trois cent trente-cinq jours." Ces jours doivent être interprétés comme des années solaires et non pas lunaires. D'après cette méthode de calcul, un siècle doit s'écouler après l'aurore du Soleil de Vérité; à ce moment, les enseignements de Dieu auront été établis fermement sur la terre et la lumière divine inondera le monde, de l'Orient jusqu'à l'Occident. En ce jour, le croyant se réjouira."


14.10. 'Akka et Haïfa

Mirza Ahmad Sohrab relate dans son journal la prophétie sur 'Akka et Haïfa, faite à Haïfa le 14 février 1914, par 'Abdu'l-Baha qui, ce jour-là, était assis devant la fenêtre de l'une des maisons des pèlerins:

"De cette maison des pèlerins la vue est très belle, spécialement là où elle embrasse le tombeau sacré de Baha'u'llah. Plus tard, l'immense étendue qui sépare 'Akka de Haïfa sera recouverte de bâtiments, les deux cités se rejoindront, se serrant les mains, formant les deux extrémités d'une puissante métropole. En regardant maintenant ce paysage, je vois très clairement qu'il deviendra l'un des premiers centres commerciaux du monde. Cette grande baie semi-circulaire sera transformée en une rade splendide où les vaisseaux de tous pays viendront chercher abri et refuge.

De grands navires venant de partout aborderont dans ce port, leurs ponts chargés de milliers et de milliers d'hommes et de femmes de toutes les parties du globe. La montagne et la plaine seront dotées de palais et d'édifices des plus modernes. Des industries s'y développeront et plusieurs institutions à caractère philanthropique y seront fondées. Les fleurs des diverses civilisations et des cultures de toutes les nations seront implantées ici pour y mêler leurs parfums et illuminer la voie de la fraternité humaine. Des vergers, des jardins, des bosquets et des parcs merveilleux seront aménagés partout. Pendant la nuit, la grande ville sera entièrement illuminée à l'électricité.

Le port de 'Akka à Haïfa formera une traînée lumineuse. Des phares puissants placés des deux côtés du mont Carmel guideront les navires dans la rade. Le mont Carmel lui-même sera submergé de haut en bas par un océan de lumière. Du sommet du mont Carmel et des ponts des paquebots qui s'en approcheront, on assistera au plus sublime et au plus majestueux spectacle du monde.

Des hauteurs de la montagne, la symphonie de louanges "Ya Baha'u'l-Abha" résonnera; et dès avant l'aurore, une musique pénétrant l'âme, accompagnée de voix mélodieuses, montera vers le trône du Tout-Puissant.

En vérité, les voies de Dieu sont mystérieuses et impénétrables. Quelle relation apparente existe-t-il entre Shiraz et Tihran, Baghdad et Constantinople, Andrinople, 'Akka et Haïfa? Dieu a travaillé patiemment, pas à pas, à travers ces diverses villes, selon son propre plan, précis et éternel, afin que s'accomplissent les prophéties et les prédictions des prophètes. Le fil d'or des promesses réservées au millénium messianique se déroule à travers toute la Bible, et il était écrit que Dieu le fît paraître à son heure. Pas un seul mot ne restera privé de sens ni d'accomplissement."



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