Premiers
récits occidentaux sur les religions Babies et Baha'ies de 1844 à
1944
Momen
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Section B - Le ministère du Bab (1844-53)
1. Récits du Bab et son martyre
C'est un fait remarquable qu'au
cours des deux années de la déclaration de la mission du Bab à
son premier disciple Mullà Husayn, à une époque où
même la plupart des persans étaient encore tout à fait inconscients
de sa revendication, le journal le plus en vue du monde occidental, le "Times"
de Londres fit un reportage sur l'avènement du nouveau mouvement religieux
et un récit de la première persécution qu'elle ait rencontré
sur le sol persan.
Le 1er novembre 1845, sous le titre "Persia", le "Times"
raconta le reportage suivant:
"Nous avons été
favorables avec la lettre suivante de Bushihr datée du 10 août:
un marchand persan qui vient dernièrement de retourner d'un pèlerinage
à La Mecque, s'était efforcé là-bas pendant un certain
temps de prouver qu'il était l'un des successeurs de Mahomet et par conséquent
qu'il avait le droit d'exiger de tous les vrais musulmans de le mentionner comme
tel dans leur profession de foi; il avait déjà réuni bon
nombre de fidèles qui l'aidaient à faire avancer ses vues. Le
soir du 23 juin dernier, j'ai été informé d'une source
sûre que quatre personnes étant entendues à Chiraz répétant
leur profession de foi selon la forme prescrite par le nouvel imposteur furent
appréhendés, mis à l'épreuve, et trouvés
coupables de blasphème impardonnable. Ils furent condamnés à
avoir leurs barbes brûlées en y mettant le feu. La condamnation
fut mise a exécution avec tout le zèle et le fanatisme convenant
à un vrai croyant en Mahomet. N'estimant pas la perte des barbes une
punition suffisante pour les fidèles de l'imposteur, ils furent plus
tard condamnés le jour suivant à avoir leurs visages noircis et
exposés à travers la ville. Chacun d'eux fut conduit par un bourreau
qui avait fait un trou dans son nez et qui avait passé à travers
celui-ci une corde qu'il tirait parfois avec une telle violence que les malheureux
hommes hurlaient à la fois pour la miséricorde de leur bourreau
et pour la vengeance dans le paradis. C'est la coutume en Perse en de telles
occasions de réunir de l'argent des spectateurs et en particulier des
commerçants dans le bazar. Le soir, lorsque les poches des bourreaux
furent bien remplis d'argent, ils menèrent les hommes infortunés
à la porte de la cité et là-bas ils leur dirent:
"Le monde était tout avant eux ou de choisir leur place de repos
et la Providence leur guide".
Après que les mullas à Chiraz envoyèrent des hommes à
Bushihr avec le pouvoir de capturer l'imposteur et ils l'amenèrent à
Chiraz où, en étant mis à l'épreuve, il renia très
sagement l'accusation d'apostasie tenue contre lui et ainsi il échappa
à la punition". (Le "Times", 1 novembre 1845, page 5,
colonne 3).
Cet article contient des références
claires à l'avancement de la revendication par le Bab, son pèlerinage
à La Mecque, le fait qu'il ait réunit des fidèles autour
de lui, l'arrestation de quatre de ses adhérents à Chiraz pour
lever l'appel à la prière (adhan) selon une nouvelle formule,
la punition et l'exil de ces babis de Chiraz par Husayn Khan, gouverneur du
Fars (voir pages 169-71), l'envoi d'hommes à Bushihr pour arrêter
le Bab, et le procès du Bab à Chiraz. Quant à la question
de savoir si il renia sa revendication, c'est un point qui a été
sujet à controverse (pour une discussion plus approfondie de ce point,
voir Balyuzi "Le Bab", pages 88-9 et 94-9, et Cadwalader, "Persia:
An Early Mention of the Bab".
Malheureusement, l'auteur de ce rapport n'est pas indiqué (le rédacteur
a fait des enquêtes aux Archives départementales du "Times"
et il apparaît que l'auteur de cette lettre ne peut être retrouvé
depuis que des enregistrements détaillés ne furent pas retournés
à cette date. Il est presque certain que l'auteur de ce rapport était
l'un de la colonie britannique à Bushihr qui consistait en une poignée
de marchands et de l'équipe de la résidence. Le résident
Samuel Hennell recevait des lettres régulières de l'agent britannique
à Chiraz, Mirza Mahmud. Toutes les lettres de Mirza Mahmud ne sont pas
dans les fichiers des Archives Nationales, et il est possible qu'il rapporta
cet épisode dans une lettre qui fut oublié des fichiers).
* La propagation de la religion du Bab:
A la suite de cet épisode, le Bab resta à Chiraz durant un peu plus d'une année. Après cela, il continua à Ispahan où le puissant gouverneur de cette ville, Manuchihr Khan, le Mu'tamadud-Dawlih (voir pages 167-9) devint son disciple. Avec la mort de Manuchihr Khan le 21 février 1847, cependant, le Bab fut déplacé, sur les ordres du Premier Ministre de Mohammed Shah, Haji Mirza Aqasi, à la prison forteresse de Mah-Ku dans un coin reculé du nord-ouest de la Perse. A cette époque de l'épisode ci-dessus à Chiraz jusqu'à son arrivée à Mah-Ku, il n'y a pas de références supplémentaires au Bab dans les documents occidentaux contemporains. Gobineau, écrivant au début des années 1860 et familier avec la Perse avec un séjour de cinq ans là-bas, écrivit:
"Ainsi voilà une religion
présentée, préconisée par un tout jeune homme. En
très peu d'années, c'est-à-dire de 1847à 1852, cette
religion s'est étendue dans presque toute la Perse, et y compte des zélateurs
innombrables. En cinq ans, une nation de dix à douze millions d'hommes,
occupant un territoire qui en a jadis nourri cinquante millions, une nation
qui ne possède pas ces moyens de publicité considérés
par nous comme si indispensables à la diffusion des idées, je
veux dire les journaux et les brochures, qui n'a même pas de service de
poste aux lettres, pas même une seule route carrossable dans toute l'étendue
de l'Empire; cette nation, dis-je, en cinq ans a été visitée
toute entière par la doctrine des Babys, et l'impression produite a été
telle que les plus graves évènements, ainsi que je l'ai raconté
plus haut, en sont résultés. Et ce n'est point une populace ignorante
qui s'est surtout émue; ce sont des membres éminents du clergé;
ce sont des gens riches et instruits, des femmes appartenant à des familles
importantes; ce sont, enfin, après les musulmans, des philosophes, des
soufys en grand nombre, beaucoup de Juifs, qui ont été conquis
tout à coup par la nouvelle révélation...
Ainsi, le bâbysme a pris une action considérable sur l'intelligence
de la nation persane, et, se répandant même au delà des
limites du territoire, il a débordé dans le pachalick de Bagdad,
et passé aussi dans l'Inde. Parmi les faits qui le concernent, on doit
noter comme un des plus curieux que, du vivant même du Bab, beaucoup de
docteurs de la religion nouvelle, beaucoup de ses sectateurs les plus convaincus,
les plus dévoués, n'ont jamais connu personnellement leur prophète,
et ne paraissent pas avoir attaché une importance de premier ordre à
recevoir ses instructions de sa propre bouche. Cependant ils lui rendaient complètement
et sans réserve aucune les honneurs et la vénération auxquels,
dans leur façon de voir, il avait certainement droit. On a vu plus haut
que l'Altesse Pure, la Consolation des Yeux (Tahereh) n'avait jamais rencontré
le Bab. Le chef mazindérany Moulla Mohammed-Ali Balfouroushy (Gobineau
est ici dans l'erreur car Muhammad- Aliy-i-Barfurushi, Quddus, rencontra le
Bab à Chiraz et l'accompagna dans son pèlerinage à La Mecque)
était dans le même cas; de même encore, Moulla Muhammad-Aly
Zendjany (Hujjat); de même enfin l'Altesse Eternelle (Mirza Yahya, Subh-Azal)...
Il résulte de cette observation que l'éloquence du novateur, sa
puissance personnelle de séduction, deux qualités qui étaient
certainement portées chez lui à un haut degré, ne furent
pas les causes principales du succès des ses doctrines, et que si quelques
uns de ses familiers intimes cédèrent surtout à ce mode
de persuasion, le plus grand nombre, et sans doute les plus éminents,
furent entraînés et convaincus par le fond même des dogmes."
(Gobineau: "Les Religions et les Philosophies dans l'Asie Centrale",
pages 276-8).
Le Prince Dolgoroukov, le Ministre russe, dans une dépêche du 7 mars 1849 remarqua aussi l'accroissement rapide dans le nombre des babis. Après avoir relaté le succès d'une rébellion dans le Khurasan par un prince Khadjar, il écrit:
"Cependant, peut importe combien
sérieuse cette question puisse-t-elle être, elle n'a pas jamais
autant préoccupé la société dans cette mesure depuis
que les sectaires du Bab ont apparemment eu la tendance à grandir dans
toutes les parties du royaume. L'Amir-Nizam me confessa que leur nombre peut-être
déjà dénombré au nombre de 100,000;qu'ils sont déjà
apparus dans les provinces du sud; qu'ils s'ent trouvent un grand nombre à
Téhéran elle-même, et que, finalement, leur présence
en Azerbaïdjan commence à l'inquiéter beaucoup. En vérité,
on dit qu'à Zanjan, ils sont apparus à 800 hommes forts, et que
par leur présence, ils menacent de troubler l'ordre public".
(Dolgoroukov à Nesselrode, dossier n° 177, Téhéran
1849, pages 80-81, extraits de dépêches page 19).
Ferrier, l'agent français remarqua aussi ce phénomène étonnant le 25 juillet 1850:
"Le gouvernement ne sait plus
comment empêcher la conversion de ces enthousiastes qui proclament eux-mêmes
bien plus par l'épée que par la parole; ils sont en augmentation
d'une manière effrayante de par le mécontentement refoulé
en Perse. L'Amir avait pensé combattre le mal à sa racine en se
montrant lui-même sans pitié envers eux; mais les exécutions
sanglantes qu'il avait ordonné n'avait pas arrêté le progrès
du mal. C'est en vain que les ministres d'Angleterre et de Russie avaient fait
remarquer que cette histoire était là-bas pour nous informer;
qu'une persécution religieuse n'a jamais été d'usage que
pour le désavantage du schisme persécuté. Il ne souhaite
pas entendre et continuer son système d'extermination. C'est vraiment
difficile de dire que c'est entièrement faux car il est impossible de
gouverner les persans comme on gouverne les européens; nous ne prenons
habituellement pas suffisamment compte de leurs moralités exceptionnelles
et de leurs préjugés profondément enracinés. Nous
souhaitons toujours les juger du point de vue de nôtre civilisation avec
le résultat que de temps en temps, nous sommes trompés dans nôtre
compréhension de ce qui se passe entre eux en Perse; le point de vue
qui domine tous les autres est celui de la force; c'est la loi souveraine -
la raison, l'humanité, le droit, les principes moraux disparaîtront
toujours devant elle et (he) qui est enclin à l'utiliser doit le faire
de manière si tyrannique"
(Ferrier à LaHitte, correspondance politique MD n° 24 (1833-56) page
348).
* Le Bab à Mah-Ku et à Chihriq:
En juillet 1847, le Bab fut emmené sur l'ordre du Premier Ministre Haji Mirza Aqasi à Mah-Ku. Sa présence à Mah-Ku perturba de manière évidente Dolgoroukov. Mah-Ku est près de la frontière russe et là-bas ont eut lieu récemment des troubles religieux dans la province avoisinante russe du Caucase (voir page 14n). Il parle de cela dans une dépêche du 16 février 1848:
"Pendant quelques temps à
présent, Téhéran a été sujet à l'influence
de prédictions sinistres. Un Siyyid, connu dans ce pays sous le nom du
Bab, qui avait été exilé d'Ispahan à cause d'une
rébellion qu'il avait causé là-bas, et qui l'année
dernière, sur ma demande, fut déplacé des environs de nos
frontières, auxquelles il avait été exilé par le
gouvernement persan, a récemment fait circulé une petite compilation
dans laquelle il prédit une invasion imminente par les Turcomans comme
résultat de quoi le Shah aurait à quitter sa capitale.
Ces prédictions ont produit un résultat inquiétant dans
une population d'un caractère si volatile qu'est le peuple persan..."
(Dolgoroukov à Nesselrode n°6, dossier n° 177, Téhéran
1848, pages 49-50, extraits de dépêches page 18 (dernière
phrase modifiée).
Cette dépêche présente deux problèmes. Bien que Dolgoroukov déclare que le déplacement du Bab eût lieu dans les années précédentes, selon les historiens baha'is il n'eût lieu pas avant avril 1848, après la date de cette dépêche. (il semblerait probable que Dolgoroukov ait soumis sa demande du déplacement du Bab dans l'année précédente et qu'il était sous l'impression que cela avait été exécuté, bien qu'elle n'avait pas encore été faite de manière effective par l'administration inefficace de la Perse).
Aussi, la compilation qui y est référée est quelque peu incompréhensible. Il n'y a aucun travail pareil parmi les écrits connus du Bab et son existence n'est citée ni dans les récits musulmans ni dans les récits baha'is du Bab.
La référence suivante au Bab dans les dépêches de Dolgoroukov ne présente pas de tels problèmes. Elle fut envoyée le 5 janvier 1849:
"J'ai déjà à plusieurs reprises informé le Ministre impérial du sectateur musulman qui est appelé le Bab. Ce fanatique qui, dus aux désordres qu'il essaya de produire dans diverses provinces de Perse, fut déménagé sur ma demande des frontières russes, est maintenant sous une stricte surveillance dans un village non loin d'Urumiyyih. Il se fait appeler lui-même le représentant (le nayib) du 12ème Imam" (Dolgoroukov à Nesselrode n° 94: dossier n° 177, Téhéran 1848, page 360, "extraits de dépêches", page 18).
Le village mentionné était naturellement Chihriq, où le Bab fut gardé emprisonné pendant plus de deux ans. De Chihriq, le Bab fut amené à Tabriz sur les ordres de Haji Mirza Aqasi pour être mis à l'épreuve. Nabil déclare qu'il fut considéré déconseillé de prendre la route directe à Tabriz via Khuy, ainsi le gardien du Bab l'emmena par la route la plus longue via Urumiyyih. Le séjour du Bab à Urumiyyih fut marqué par des scènes les plus remarquables. Même les missionnaires américains, dont les quartiers généraux étaient situés près d'Urumiyyih, ne manquèrent pas de prendre note de ces événements. Le docteur Austin Wright enregistra:
"Il fut... alors banni à Mah-Ku, une région éloignée à six jours de voyage d'Urumiyyih, sur les frontières de la Turquie. Là, il fut détenu sous bonne garde, mais quiconque voulait le voir était admis et il était permis de lui envoyer des lettres à ses amis qui étaient devenus assez nombreux dans diverses parties de la Perse. Il fut visité par plusieurs notables de la ville qui devinrent ses disciples. Il dictait à un scribe quelque chose qu'il appelait son Qu'ran (le Bayan) et les phrases en arabe s'écoulaient si rapidement de sa bouche que beaucoup des persans qui étaient témoins le crurent inspiré. On dit aussi de lui qu'il faisait des miracles et des masses entières de personnes donnèrent une croyance spontanée à cette rumeur depuis qu'il était connu qu'il vivait un vie d'extrême abstinence et qu'il passait la plus grande partie de son temps en prière. Ainsi, il fut amené sur les ordres du gouvernement à Tschari (Chihriq (sic) près de Salmas, à seulement deux jours de voyage d'Urumiyyih; là-bas, il fut complètement coupé du monde; pourtant il continua à écrire à ses amis des lettres qui se propagèrent comme les effusions de quelqu'un d'inspiré; je n'ai rien appris d'autre de plus sur celles-ci qui étaient incompréhensibles. Ses disciples devinrent de plus en plus nombreux, et dans certaines parties du pays, ils devinrent impliqués dans de féroces querelles avec le dénommé partie orthodoxe... L'affaire devint si sérieuse que le gouvernement donna des ordres pour que le fondateur de la secte soit amené à Tabriz pour recevoir la bastonnade, et que ses disciples devraient être arrêtés partout où on les trouverait, et de les punir avec des amendes et des corrections. Sur le chemin de Tabriz, le Bab fut amené à Urumiyyih, où le gouverneur le traita avec une considération spéciale et beaucoup de personnes reçurent la permission de lui rendre visite. En une occasion, une foule était avec lui, et comme le remarqua après le Gouverneur (Malik-Qasim Mirza), ils furent tous mystérieusement émus et ils fondirent en larmes" (Wright "Bab und seine Secte", page 384-5 - traduit de l'allemand).
Le Révérend J. H. Shedd fut un autre missionnaire américain qui fit une étude spéciale des babis (et dont le nom sera mentionné brièvement dans la relation avec le docteur Cormick). Il écrivit:
"Lorsque le Bab traversa Oroomiah (sic) en 1850 sur le chemin de son exécution, les missionnaires regardèrent l'excitation avec un grand intérêt. Les foules de personnes étaient prêtes à le recevoir en tant que l'Imam longtemps attendu, même l'eau dans lequel il s'était baigné fut regardé comme de l'eau sainte" (Shedd "Babism" page 901).
Finalement, concernant le Bab à
Urumiyyih, le passage suivant est celui d'un livre par le Révérend
le docteur Isaac Adams, un nestorien persan qui vivait depuis de nombreuses
années à Urumiyyih:
"Nous avons dit qu'un grand nombre affluait pour le voir, et même
le Gouverneur ne cacha pas sa sympathie avec le prisonnier avec de telles manières
aimables; la foule versait des larmes alors qu'elle observait le très
intéressant jeune homme, et plus de la moitié crurent qu'il pourrait
être le vrai "Imam Mahdi", le grand désir des nations
musulmanes. Des traditions au sujet de la ville racontent que lorsqu'il alla
au bain, les personnes emportèrent l'eau dans des récipients dans
laquelle il s'était baigné comme si elle était sacré"
(Adams "Persia by a Persian", page 456).
* Le récit du docteur Cormick:
Lorsque le Bab arriva à Tabriz, Il fut emmené à un procès devant le Prince couronné, Nasiru'd-Din-Shah (plus tard Nasiru'd-Din Shah). Le procès prit un tour quelque peu ridicule et à la fin les ulémas se réunirent pour décider la condamnation. Il apparaît que la sentence de mort avait été envisagé et c'était en rapport avec cela que le seul occidental à avoir eu un entretien avec le Bab, le docteur Cormick le rencontra. Il fut demandé au docteur Cormick d'examiner le Bab dans le but de déterminer sa santé, et il écrivit un récit de cela et d'une interview qui suivit avec le Bab après que ce dernier eut été bastonné, au Révérend Benjamin Labaree, un missionnaire américain. Le Révérend J. H. Shedd, un collègue de Labaree avec un intérêt en la religion babie, fit une copie du récit de Cormick et elle fut expédié à Browne par le fils de Shedd à la mort de son père. Voici le récit suivant de Cormick:
"Vous me demandez certains détails de mon entrevue avec le fondateur de la secte connue sous le nom de babie. Rien d'important n'a transpiré de cette entrevue étant donné que le Bab savait que j'avais été envoyé, en compagnie de deux autres docteurs persans pour voir s'il était sain d'esprit ou tout simplement fou, et trancher la question qui était de savoir s'il fallait l'exécuter. Sachant cela, il était peu disposé à répondre aux questions qu'on lui posait. A toutes les demandes, il nous regardait simplement d'un regard doux tout en psalmodiant d'une voix basse et mélodieuse certains hymnes, je suppose. Deux autres Siyyids (C'étaient sans doute les deux frères Siyyid Hasan et Siyyid Husayn de Yazd, duquel le dernier était spécialement son secrétaire), qui étaient ses amis intimes, étaient également présents; ils devaient par la suite être exécutés avec lui. (C'est une erreur. Siyyid Husayn fut mis à mort dans la grande persécution de 1852, deux ans après le Bab), Il y avait aussi plusieurs officiels du gouvernement. Il daigna une seule fois me répondre et ce lorsque je lui dis que je n'étais pas musulman, que je voulais m'informer sur sa religion, et qu'il se pouvait que je me sentisse enclin à l'adopter. Il me regarda très attentivement à ce moment là, et répondit qu'il était certain que tous les Européens embrasseraient sa religion. Nôtre rapport au Shah, en ce temps là, fut de nature à lui épargner la vie. Il fut exécuté quelques temps après par ordre de l'Amir-Nizam Mirza Taqi Khan. A la suite de nôtre rapport, il reçut simplement quelques coups de bâton, opération au cours de laquelle, intentionnellement ou non, un farrash le frappa au visage au moyen du bâton qui devait servir à le frapper au pied; ce coup lui causa une grande blessure et une enflure au visage. Lorsqu'on lui demanda si un médecin persan devait être appeler pour le traiter, il exprima le désir de me voir, et je le traitai donc pendant quelques jours mais, au cours des entrevues qui s'ensuivirent, je ne pus jamais avoir un entretien confidentiel avec lui, car des gens du gouvernement étaient toujours présents, l'homme étant un prisonnier. IL me remercia beaucoup pour mes attentions envers lui. C'était un homme très doux, d'aspect délicat, plutôt petit et très beau pour un Persan; il avait une voix douce et mélodieuse qui me frappa beaucoup. Puisqu'il était Siyyid, il était vêtu de l'habit de cette secte, comme ses deux compagnons d'ailleurs. En fait, tout son aspect et son comportement lui faisait gagner la sympathie de chacun. Je n'entendis rien de sa doctrine de sa propre bouche, quoique je susse qu'il y avait une certaine ressemblance entre sa religion et le Christianisme. Certains menuisiers arméniens, qui avaient été envoyés faire quelques réparations dans sa prison, le virent lire la Bible; il ne donna point la peine de cacher ce livre; bien au contraire, il leur en parla. Très certainement, le fanatisme musulman n'existe pas dans sa religion vis-à-vis des Chrétiens; il n'existe pas non plus une restriction des droits des femmes, comme c'est le cas de nos jours" (Browne, "Materials for the Study of the Babi Religion", pages 260-62, 264; "La Chronique de Nabil, pages 306-307).
Une autre description (early) du Bab, bien que n'étant pas d'une connaissance personnelle, vint de Lady Sheil: (Lady Sheil pourrait bien avoir obtenu cette description directement du docteur Cormick) "Le Bab possédait un visage doux et bienveillant, ses manières étaient calmes et dignes, son éloquence était impressionnante et il écrivait rapidement et bien" (Lady Sheil, "Life and Manners in Persia", page 456).
Selon Dolgoroukov, durant le soulèvement du Mazindaran en 1849, la question d'exécuter le Bab fut soulevée et en fait l'ordre fut délivré, mais le gouverneur de l'Adharbayjan refusa de s'y conformer. Cet évènement, qui n'est enregistré dans aucune autre source, est rapporté par Dolgoroukov dans une dépêche daté du 27 mars 1849:
"Il est maintenu que Malik Qasim Mirza a reçu un ordre secret d'exécuter le chef de ces fanatiques (le Bab), qui est incarcéré dans une forteresse près d'Urumiyyih. Mais le gouverneur de l'Adhirbayjan refusa de le faire, craignant de provoquer une rébellion dans la population. Il n'y a aucun doute (whatsoever) qu'une telle mesure les auraient rendu même plus audacieux et plus dangereux" (Dolgoroukov à Nesselrode n° 25, dossier n° 177, Téhéran 1849, pages 136-7, extraits de dépêches", page 19).
Mochenin, un élève à l'université de Saint Pétersbourg qui avait voyagé en Perse durant les soulèvements babis (la visite de Mochenin pourrait avoir eu un certain lien avec les activités de l'Intelligence russe, alors que Stevens, le Consul britannique, mentionne (26 juillet 1850) un rapport par Mochenin des dispositions des troupes turques le long de la frontière (Archives Nationales Britannique 60 153) apparaît avoir passé à travers Chihriq peu de temps avant le déplacement définitif du Bab de là-bas. Il dit:
"Durant le mois de juillet 1850, étant parvenu à Chihriq pour poursuivre mes affaires, je vis une chambre en hauteur duquel le Bab enseignait sa doctrine. L'affluence de personnes était si grande que la cour n'était pas assez grande pour contenir toute la foule; la majorité restait dans la rue et écoutait, absorbée par le nouveau Qu'ran. Quelque temps plus tard, le Bab était transféré à Tabriz dans le but de le condamner à mort" (Kazem-Beg, "Bab et les Babis", avril-mai 1866, page 371).
* Transfert du Bab à Tabriz:
Et ainsi, ce fut ce Mirza Taqi Khan, l'Amir-Nizam, témoin de son échec de contenir la propagation de la religion du Bab, qui détermina de combattre les racines du nouveau mouvement. Il décida de l'exécution du Bab. Des ordres furent par conséquent envoyés pour amener le Bab à Tabriz. George Alexander Stevens, qui était en charge au Consulat britannique à Tabriz en l'absence de son frère, enregistra l'arrivée du Bab là-bas dans une dépêche au vicomte Palmerston datée du 30 juin 1850:
"Le Bab, qui était prisonnier dans la forteresse de Tchehrik (sic) fut emmené hier à Tabriz et il a été établit d'être mis à mort en étant fusillé demain matin" (G. A. Stevens à Palmerston, n° 24, 30 juin 1850: Archives Nationales britanniques 60 155).
Il était naturellement incorrect dans sa dernière déclaration. Le gouvernement de l'Adharbayjan à cette époque était Hamzih Mirza, mais comme Richard Stevens, le Consul britannique à Tabriz le rapporte, le vrai pouvoir tenait dans d'autres mains:
"Nôtre Prince gouverneur n'est pas un homme méchamment disposé, du moins je n'ai pas entendu le contraire - mais son pouvoir est seulement nominal, le pouvoir est assigné dans le Vizir, Mehmed Reza Khan et dans Mirza Hasan Khan, le vizir-i-Nizam. Ce dernier est trop âgé et aussi trop dépendant à l'usage de l'opium pour remplir un tel poste avec un profit pour le pays - le dernier pense seulement accumuler de la richesse, ne portant qu'une faible attention sur la légalité des moyens qu'il utilise pour atteindre son objectif; les deux sont impopulaires, l'un pour son traitement dur et son langage indécent qu'il adresse à tous ceux qui l'approche dans les affaires - l'autre pour sa cruauté et son caractère arbitraire, des qualités suffisamment dangereuses dans ce pays, mais rendant plus lorsqu'elles sont jointes à ses habitudes immodérées" (R. Stevens à Sheil, 13 janvier 1850: Archives Nationales britanniques 248 142).
L'Amir-Nizam envoya un ordre par l'intermédiaire de son frère, Mirza Hasan Khan, le Vazir-Nizam, au gouverneur de l'Adharbayjan, Hamzih Mirza, pour rendre effective l'exécution du Bab. Mais Hamzih Mirza refusa de remplir cet ordre, ne souhaitant pas être l'instrument de la mort d'un descendant du prophète de Dieu, particulièrement de celui qui n'avait commis aucun crime. L'Amir-Nizam fut par conséquent contraint d'envoyer un second ordre ordonnant à son frère, le Vazir-Nizam, d'exécuter l'ordre lui-même. Ferrier, l'agent français, écrivant le 25 juin 1850, donne un récit du Bab qu'il conclut en référant au fait que l'Amir-Nizam fut contraint de transmettre ses instructions une seconde fois, bien qu'il déclare que cela ait été le fait de l'incompréhension de Hamzih Mirza des premières instructions:
"Le Bab, le fondateur de la nouvelle secte, fit son apparition il y a quatre ans. C'est un mulla de Chiraz si instruit que la plupart des docteurs shiite les plus érudits ont seulement été capables de trouver deux fautes dans le Qu'ran qui a été écrit par ses prosélytes. Mais ces deux fautes semblent suffisantes pour le prouver un imposteur des musulmans; Muhammad n'ayant pas fait quoique que ce soit lorsqu'il écrivit cela. Quoiqu'il en soit, le Bab fut arrêté en 1847 et emprisonné dans une petite forteresse située dans l'une des îles du lac Urumiyyih. Le Shah l'avait emmené de là-bas il y a trois semaines dans le but de le tuer en étant fusillé dans la caserne publique de Tabriz. L'ordre pour cette exécution ayant été incompris par le gouverneur d'Adharbayjan, n'a pas encore été exécuté, mais un second ordre, très urgent qu'il a laissé ces derniers jours afin qu'il ne soit pas retardé un instant supplémentaire. La vie du Bab devrait à présent prendre fin. Ses disciples ne sont pas chagrinés par cela, croyant qu'il s'élèvera dans le ciel et qu'il retournera sur terre en compagnie de l'Imam Mihdi" (Ferrier à LaHitte, 25 juillet 1850, n° 24 (1833-56), page 349).
Le Consul russe de Tabriz, Anitchkov, remarqua aussi l'arrivée du Bab à Tabriz. Le 5 juillet 1850, il écrivit à Dolgoroukov:
"Le Bab, qui est connu de vôtre Excellence, a été amené à Tabriz et il est à présent détenu dans l'arsenal. Nous sommes dans l'attente des ordres du premier Ministre sur ce qui doit être fait de lui" (Anitchkov à Dolgoroukov, n° 420, Nicolas: "Le dossier russo-anglais", page 358).
* Le martyre du Bab:
Le martyre du Bab eût lieu à Tabriz le 9 juillet 1850. Anitchkov, le Consul russe à Tabriz, envoya un récit de cela au Ministre russe des Affaires Etrangères le 15 juillet 1850. Malheureusement, Anitchkov ne donne pas des détails complets de l'évènement lui-même. On se demande si il pourrait avoir hésité d'envoyer un rapport complet des évènements paraissant miraculeux qui transpiraient de peur d'être ridicule auprès de ses supérieurs. Néanmoins, il donne une indication très ferme que l'affaire ne doit pas passer facilement, en faisant allusion à l'incapacité des soldats et le (turning) de la punition en une complète "torture".
Le récit d'Anitchkov est aussi important en cela qu'il porte témoignage de l'héroïsme et de la complète renonciation du compagnon du Bab, Mirza Muhammad-Aliy-i-Zunuzi:
"Le Bab a été
mis à mort à Tabriz. (Le Bab a subi le dernier supplice à
Tauris).L'un de ses principaux disciples, nommé Mirza Muhammad-Aliy,
a partagé son sort.
Durant cette exécution, aucun trouble ne vint grâce aux mesures
bien considérées prises par les autorités locales. Les
deux hommes condamnés faisaient face à la mort avec bravoure,
sans demander de quartier et sans se plaindre de leurs souffrances.
Muhammad-Ali montra une singulière fermeté de caractère.
Il était complètement inutile qu'il soit tenté quelque
chose en ce monde dans le but de sauver sa vie. En dépit de tout ce qui
lui était offert pour abandonner le Bab plutôt que de sauver sa
vie, il pria sincèrement d'avoir la permission de mourir aux pieds de
son maître. Il n'avait aucune envie d'entendre quelque discours de pardon.
Les deux furent tués par les soldats. Mais ces derniers, peu habitués
à agir de la sorte, transformèrent la punition en une torture
complète.
Les corps des victimes furent ensuite jetées en dehors des portes de
la ville et mangés par les chiens". (Anitchkov au Ministre russe
- département asiatique) n° 437, Nicolas: "Le dossier russo-anglais",
page 358).
Dolgoroukov cite le martyre du Bab dans une dépêche au Ministre des Affaires Etrangères russe le 15 juillet. Après avoir rapporté les progrès du soulèvement de Zanjan, il écrivit:
"Il est rapporté que le fondateur de cette secte qui est connu en tant que Bab et qui a été gardé sous bonne garde dans un bâtiment près d'Urumiyyih, a été exécuté par ordre du gouvernement de Tabriz" (Dolgoroukov à Séniavin, n° 53, dossier n° 133, Téhéran 1850, pages 434-5. "Chahardihi Shaykhi-gari, Babi-gari, page 280).
Le Consul britannique, Richard Stevens, ne fut malheureusement pas à Tabriz du temps du martyre du Bab (Il était sur une visite du nord-ouest de la Perse, nommé par le gouvernement persan). Son frère, George Alexander Stevens, fut en charge au Consulat et manqua de rapporter cet évènement.
Sheil doit par conséquent avoir obtenu son information d'autres sources depuis que le 22 juillet 1850, il rapporta à Lord Palmerston, le secrétaire britannique des Affaires Etrangères:
"Le fondateur de cette secte
a été exécuté à Tabriz. Il fut tué
par une grêle de fusils et sa mort était sur le point de donner
à sa religion un lustre qui aurait grandement augmenté ses prosélytes.
Lorsque la fumée et la poussière se dissipèrent après
la grêle, le Bab n'était pas visible, et la population proclama
qu'il était monté au ciel. Les balles avaient coupé les
cordes à laquelle il était ligoté, mais il fut traîné
du renfoncement où après quelques recherches, il fut découvert,
et il fut tué.
Sa mort, selon la croyance de ses disciples, ne ferait aucune différence,
en cela que le Bab doit toujours exister" (Sheil à Palmerston, n°
88: Archives Nationales Britanniques 60 152).
A son retour de Tabriz, Richard Stevens écrivit à Sheil le 24juillet 1850:
"Je trouve que mon frère
a omit de rapporter officiellement à vôtre Excellence l'arrivée
ici de Tchehrik (sic) du Bab et de son exécution publique ici le 8 courant
(bien que les histoires baha'ies donnent la date du martyre du Bab le 28 Sha'ban
1266, 9 juillet 1850, plusieurs sources comprennent celle-ci et le "Nasikhu't-i-Tavarikh"
donne la date précédente). Il fut tué dans les barraquements
avoisinants au palais à la fois avec l'un de ses fidèles, un beau-fils
de Agha Seyed Aly, l'un des mujtahids de Tabriz".
"Le Vizir Nizam provoqua que leurs corps soient jetés dans le fossé
de la ville où ils furent dévorés par des chiens".
(R. Stevens à Sheil, n° 68, Archives Nationales Britanniques 248
142).
En recevant le rapport ci-dessus, Sheil se sentit poussé à adresser une note à Mirza Taqi Khan, l'Amir-Nizam, en protestant sur le traitement du corps du Bab après l'exécution. La note, datée du 3 août 1850, dit:
"Vôtre Excellence est consciente de l'intérêt chaleureux pris par le gouvernement britannique dans tout ce qui concerne la respectabilité honorable et le crédit de ce gouvernement, et il est sur ce récit que je vous avait narré avec un évènement récent à Tabriz qui peut-être n'a pas été amené à la connaissance de Vôtre Excellence. L'exécution du prétendu Bab (par le terme "Prétendu", Sheil n'a pas nécessairement voulu dénigrer le Bab. La Grande Bretagne à cette époque venait tout juste d'émerger de l'Age géorgien, l'ère du "Vieux Prétendant" et le "Jeune Prétendant". Pour un Victorien, le mot signifie simplement "quelqu'un qui pose une revendication pour un titre ou une station" dans cette ville fut accompagné par une circonstance qui si elle était publiée dans les gazettes d'Europe, jetterait le plus extrême discrédit sur les ministres persans. Après que cette personne fut mise à mort, son corps sur ordre du Vezeer (sic)-i-Nizam fut jeté dans le fossé de la ville pour être dévoré par des chiens, ce qui finalement arriva. Cet acte ressemble aux faits d'un âge passé et je ne crois pas qu'il peut avoir lieu dans quelque pays entre la Chine et l'Angleterre. Me sentant satisfait qu'elle ne reçoive pas une sanction de vôtre Excellence et sachant quels sentiments cela exciteraient en Europe, j'ai pensé correct d'écrire cette amicale communication pour ne pas vous laisser dans l'ignorance". (Sheil à Palmerston inclut dans Sheil à Palmerston du 15 août 1850, n° 94, Archives Nationales Britanniques, 60 153).
Sheil expliqua ses actions dans une dépêche à Palmerston datée du 15 Août 1850:
"Bien que l'avis et les opinions
d'agents étrangers sont généralement désagréables
au Ministre persan, je pense néanmoins qu'il est de mon devoir d'amener
à vôtre observation quelque abus flagrant ou outrage qui atteint
ma connaissance. Je me persuade moi-même qu'en de telles occasions en
dépit de l'absence de connaissance de la part de l'Amir-Nizam, il pourrait
peut-être en son fort intérieur avoir pris les devants pour appliquer
un remède.
J'ai entendu plus tard du Consul de Sa Majesté à Tabriz qu'après
l'exécution du prétendu Bab, son corps, sur ordre du frère
de l'Amir-Nizam, fut jeté dans le fossé de la ville pour être
dévoré par des chiens, ce qui finalement arriva. Si révoltant
m'apparaît un acte pour mériter la réprobation, et j'adressai
par conséquent au Ministre persan une lettre de ce que j'ai l'honneur
de joindre une copie". (n° 94, 15 août 1850: Archives Nationales
Britanniques 248 140).
Palmerston écrivit à Sheil le 8 octobre 1850 en déclarant que:
"le gouvernement de Sa Majesté approuve de vôtre (having) appelé à l'attention de l'Amir-Nizam... de la manière dans laquelle le corps du prétendu Bab fut traité après son exécution à Tabriz (Le 9 août 1850, Sheil écrivit à Stevens l'informant de sa note sur Mirza Taqi Khan: "Je ne peux pas dire si Son Excellence transmet quelque blâme au Vazir-Nizam". Dans la même dépêche, Sheil cite le fait que: "Sur l'avis de Sa Majesté du gouvernement, le Shah a renoncé à la pratique barbare de créer aux criminels d'être exécutés... en sa présence (voir page 101), et il demande à Stevens "de s'efforcer d'effectuer un changement salutaire similaire avec référence au Prince gouverneur de l'Azerbizan (sic). (Archives Nationales Britanniques, 248 141). Le 4 septembre, Stevens répond qu'il n'a "pas été capable d'apprendre si quelque communication (concernant le corps du Bab) a été reçue de Téhéran par le Vizir-i-Nizam ou par d'autres autorités persanes à Tabriz". En plus, il déclare qu'il s'efforcerait d'amener à l'attention de Hamzih Mirza que le Shah changeait de pratique concernant l'exécutions de criminels et "s'efforcerait en offrant des conseils officieux au Prince Gouverneur d'effectuer un changement similaire à Tabriz" (Archives Nationales Britanniques, 248 142) (n° 88, 8 octobre 1850, Archives Nationales Britanniques 248 140).
Tous ces premiers récits du martyre du Bab déclarent que les corps du Bab et de son compagnon furent mangés par des animaux en dehors des murs de la ville. Ce ne fut pas avant les enquêtes du professeur Browne qu'il fut révélé aux lecteurs occidentaux que le corps du Bab avait été délivré de son sort et caché par les babis.
Wilfred Scawen Blunt, le célèbre poète anglais et voyageur oriental rencontra à Jeddah en 1881 un témoin du martyre du Bab. Dans son livre "The Future of Islam", il écrit:
"Parmi les plus respectables croyances shiites, cependant, il semble être une conviction générale en Perse qu'une réforme de l'Islam est toute proche et qu'un nouveau chef soit attendu d'un moment à l'autre et d'un (quarter) afin que ces enthousiastes soient constamment trouvés simulants les dons d'inspiration et touchant une mission divine. L'histoire des babites (sic), si bien décrite par Monsieur de Gobineau dans ses "Religions d'Asie" est un bon exemple, et de semblables évènements sont (by no means) rares en Perse. J'ai rencontré à Jeddah un homme persan hautement éduqué qui m'informa qu'il avait été lui-même témoin étant garçon d'un prodige religieux tristement célèbre, si je me rappelle bien, à Tabriz. A cette occasion, l'un de ces prophètes, étant condamné à mort par le gouvernement suprême, fut lié à une croix avec deux de ses compagnons et après être restés suspendus ainsi pendant plusieurs heures, il fut tué par les troupes royales. Il se passa alors que, tandis que les compagnons étaient tués à la premier grêle de tir, le prophète lui-même restait indemne et, c'est incroyable à dire, les cordes qui le ligotait furent coupés par les balles et il tomba au sol". (Blunt "The Future of Islam", page 38. Cité aussi dans Hughes "A Dictionnary of Islam", page 579 ).
Il n'y a pas beaucoup d'autres récits du martyre du Bab qui prétendent avoir des témoins oculaires. L'un de ceux-là se passe dans un livre appelé "Cairo to Persia and Back" par Owen Tweedy. Ce dernier avec Roy Shepheard Walwyn voyagèrent en Perse dans le début des années 1930. A Tabriz, ils trouvèrent un guide arménien pour les montrer autour de la ville. Après avoir visité la Mosquée Bleue, le groupe continua à la Citadelle. Tweedy continue:
"Mais mon gentil arménien
était beaucoup plus intéressé au sujet de la citadelle.
De cela aussi un peu reste la ruine émaciée de ses immenses murs
du Sud. Il nous escorta au sommet des mêmes escaliers auxquels, en d'autres
temps, des criminels étaient conduits à leur condamnation. Jusqu'à
relativement des temps récents, la forme régulière d'exécution
publique avait été de lancer les mécréants du sommet
pour être mis en pièces sur le terrain de manoeuvres huit pieds
plus bas. Derrière nous, au nord, il se déroulait êtr un
autre terrain de manoeuvres. Ses métamorphoses sont vraiment éloquentes
de la Nouvelle Perse. C'est à présent une imitation de foire d'un
"Luna Park" avec un grand café à ciel ouvert et des
sentiers, des baraques foraines, des terrasses et naturellement un kiosque à
musique.
Puis nôtre guide devint soudain sérieux. Au-dessous de nous était
l'endroit où il y a quelques 80 années Mirza Ali Mohamed, le fondateur
de la religion baha'ie avait été exécuté pour hérésie
et pour sédition. Il était natif de Chiraz et à l'âge
de 24 ans se déclara lui-même en tant que le "Bab" ou
la Porte par laquelle le monde pourrait entrer dans les joies de la Révélation
divine qui ont été accordées par lui. C'était une
religion d'amour et sa mission était celle d'un Saint Jean Baptiste pour
préparer le monde à recevoir une autre et une plus complète
démonstration de la miséricorde de Dieu. Elle gagna rapidement
des adhérents et gagna tout aussi rapidement l'hostilité de l'oligarchie
orthodoxe puissante dans le pays, qui persuada rapidement le Shah que le mouvement
était dangereux pour la dynastie et qu'il devait être supprimé.
Le Bab fut arrêté sur le champ et en temps utile, après
une comédie de procès, il fut condamné à mort.
Le grand-père de nôtre guide avait été à Tabriz
et il avait été témoin de l'exécution. Le Bab allait
être tué avec deux de ses disciples, mais ils offraient une opportunité
de se rétracter avant d'être ligotés. L'un céda à
la tentation et il fut libéré; mais le Bab et les autres restèrent
fermes et ils furent suspendus par les bras comme des carcasses de gibets en
face du peloton d'exécution. L'ordre fut donné et la grêle
de balles retentit; mais lorsque la fumée s'était dissipée,
l'ami du Bab était accroché mort sur ses cordes, mais le Bab lui-même
avait disparu. Les balles avaient coupé les cordes et il était
retombé indemne et il avait fuit dans la foule. Naturellement il fut
découvert presque immédiatement et une nouvelle fois il fut suspendu
au gibet. Mais le premier peloton d'exécution refusa de retirer et ce
fut seulement avec les plus grandes difficultés que d'autres soldats
furent trouvés pour prendre leurs places. "
Le rapport suivant enregistre le
sort qui arriva au régiment nasiriyyih qui perpétra l'exécution
du Bab. En avril 1855, ils se mutinèrent contre leur officier commandant,
Muhammad Aqa. (Ce n'était pas le même officier commandant qu'ils
avaient eu en ce jour néfaste de juillet 1850. IL allait connaître
une fin prématurée durant la guerre Anglo-Persane de 1856-7).
Keith-Abbott, le Consul britannique à Tabriz, rapporta un épisode
dans une dépêche à Monsieur Murray, l'envoyé britannique
à Téhéran datée du 28 mai 1855:
"Cet après-midi, un
massacre cruel des soldats du régiment de nassayri a eût lieu ici.
Ce régiment, lorsqu'il était à Khuy, s'était révolté
contre son colonel Mahomed Agha qu'il accusait de leur avoir privé de
leurs payes. Il est dit que les autres officiers de ce régiment les encouragèrent
à se révolter et puis les abandonnèrent pour prendre part
avec le colonel. Cependant il se pourrait bien que le régiment se détourna
de ses officiers et ils marchèrent de manière disciplinée
à Tabriz pour demander réparation. Ils campèrent en dehors
des murs et ils restèrent là-bas, j'imagine, pendant un mois sans
commettre quelque outrage ou faire offense au gens de la ville qui semblaient
avoir été amicalement disposés envers eux et de leur avoir
fournit de la nourriture.
Ayant trouvé un officier appartenant anciennement à leur régiment,
ils le placèrent au commandement sur eux bien que beaucoup contre sa
volonté car il craignait le ressentiment du gouvernement.
Une prétendue enquête sous la conduite des officiers fut instituée
mais elle fut perpétrée par ceux qui étaient intéressés
à maintenir le système d'injustice poursuivit envers les soldats
en général, naturellemment ce dernier fut condamné. Le
faible gouvernement laissé ici s'efforça de persuader le régiment
de se disperser et de retourner calmement à leurs foyers - mais soit
par méfiance des intentions du gouvernement envers eux ou espérant
une réparation ou une sécurité plus grande si ils restaient
unis, ils refusèrent d'obtempérer.
Les choses continuèrent dans cette position, la présence du régiment
fut presque oubliée, mais il était entendu que le Kaim Mekam (Qa'im-Maqam)
avait dirigé que l'affaire devait rester en suspens jusqu'à son
arrivée - personne ne regarda le massacre délibéré
de ces hommes.
Hier, le Qa'im-Maqam atteignit le Khalat Parshan distant de cinq milles et de
là dispersa deux régiments sous le commandement d'Ibrahim Agha
pour appeler les troupes mécontentes à se disperser. Ce dernier
apparaît avoir refusé qu'elles soient elles-mêmes dépossédées
de leurs armes. Ils demandèrent un firman pour un meilleur traitement
avant de se plaindre avec les sommations du Qa'im-Maqam à eux. Quelques
minutes après, ils furent tués, la première grêle
passa au-dessus de leurs têtes, une seconde et une troisième furent
tirées avec plus d'efficacité, beaucoup plus, je crains que plus
d'une centaine furent tués, les blessés sont probablement plus
nombreux, beaucoup s'enfuirent et d'autres furent capturés. Le camp de
ce malheureux régiment fut alors pillé par leurs lâches
camarades.
Les officiers, je dois dire, se sont efforcés de dissimuler le nombre
de morts. Les habitants de la place ont des jurons amoncelés sur le gouvernement
et Qa'im-Maqam" (Abbott à Murray, n° 54, 28 mai 1855; Archives
Nationales Britanniques 248 163)
Abbott ajoute dans une note jointe à la dépêche ci-dessus et datée du jour suivant, le 29 mai 1855:
"Un grand nombre de corps avaient
été secrètement enterrés durant la nuit dans divers
lieux. De pauvres hommes blessés se trouvaient dans toutes les directions
et des corps morts avaient été ramenés autour du pays.
Le massacre avait été grand, probablement entre 300 et 400 victimes
tués et blessés. Deux des femmes de soldats et deux ou trois des
spectateurs furent également tués". Cette fois, il n'y eût
pas d'erreur et le Bab mourût. Après quoi son corps fut sortit
clandestinement par ses amis et enterré dans une tombe secrète,
et même au quotidien personne sauf les chefs les plus hauts de la religion
baha'ie ne savaient où il était enterré".
(Il n'est pas clair dans quelle mesure ce sont les souvenirs du grand-père
de leur guide, mais ils sont pris comme tels, ils sont très proches des
récits donnés dans les histoires baha'ies. Les restes du Bab furent
amenés à Haïfa et enterrés dans un tombeau sur le
Mont Carmel sur les instructions de Baha'u'llah. Au temps du récit de
Tweedy, ce tombeau était un grand site bien connu à Haïfa
et visité par beaucoup de pèlerins).
"J'ajouterai que durant toute cette période où nous étions en Perse nous ne discutâmes jamais, sauf en cette occasion, du baha'isme avec quiconque - ou peut-être il serait plus juste de dire que personne ne discuta jamais avec lui. C'est encore une foi proscrite en Perse et bien qu'elle ait des dizaines de milliers d'adhérents partout dans le pays - de dire rien de son énorme suivi à l'étranger, particulièrement en Amérique - elle a été conduite en souterrain par une défaveur officielle et dans beaucoup de cas elle ressemble à une société secrète plus qu'à une religion" (Tweedy "Caïro to Persia and Back", pages 271-2).
Chapitre 2. La première persécution
La première personne à
qui le Bab déclara sa mission fut Mulla Husayn-i-Bushru'i. Cela se passa
le 23 mai 1844. Au cours de l'été 1844, le Bab réunit ses
premiers disciples, les Lettres du Vivant autour de lui à Chiraz. Il
leur communiqua sans aucun doute les principaux traits de sa mission qu'il allait
bientôt rendre publique. Puis le Bab envoya ses disciples dans diverses
parties de la Perse pour préparer les gens à la proclamation publique
de sa mission. Le premier de ses disciples à être envoyé
de Chiraz fut Mulla Aliy-i-Bastami. Il fut envoyé dans la province turque
en Iraq pour donner le message au Shi'ih-Uléma et aux disciples de feu
Siyyid Kazim-i-Rashti, le dirigeant shaykhi qui était mort à Karbila
l'année précédente.
A Karbila, Mulla Ali, qui avait été lui-même un élève
de Siyyid Kazim, fut capable de parler aux chefs shaykhis et il contacta pour
la première fois plusieurs personnes telles que Tahereh, Siyyid Javad-i-Karbila'i
et Shaykh Muhammad Shibl qui allaient jouer plus tard des rôles importants
dans la nouvelle religion.
Finalement cependant, le Shi'ih-Uléma se leva contre Mulla Ali et il
fut arrêté et envoyé à Bagdad. La-bas, Najib Pasha,
le gouverneur de la province, décida de réunir une cour consistant
à la fois de religieux sunnites et shiites.
Le Consul britannique à Bagdad était Henry Rawlinson qui dans les années suivantes accomplit une distinction à la fois en tant qu'archéologue et en tant qu'homme d'état. Le 8 janvier 1845, il écrivit à Sir Stratford Canning, l'ambassadeur britannique à Istanbul:
"J'ai l'honneur de rapporter pour l'information de Vôtre excellence les circonstances suivantes qui à présent causent beaucoup d'excitation à cet endroit, et qui menacent dans leurs conséquences de donner une augmentation de l'incompréhension renouvelée entre les gouvernements persan et turc.
Il y a trois mois, un prêtre subalterne de Chiraz (Mulla Ali n'était pas naturellement natif de Chiraz mais il avait voyagé de là-bas) apparut à Kerbela, porteur d'une copie du Coran qu'il déclara lui avoir été délivré par le précurseur de l'Imam Mehdi en témoignage de son avènement prochain (Mulla Ali était le porteur d'une copie du premier travail du Bab, le Qayyumu'l Asma. C'est probablement ce livre auquel il est référé ici. C'est un commentaire d'une sourate du Coran, la sourate de Joseph. Le livre est écrit dans un style similaire au Coran et il contient plusieurs phrases coraniques, par conséquent la référence à celui-ci apparaît être une copie du Coran avec des altérations et des interpolations).
Le livre se révéla,
après examen, avoir été altéré et interpolé
dans nombre de passages essentiels, l'objet étant de préparer
le monde musulman pour la manifestation immédiate de l'Imam, et d'identifier
l'individu de qui les corrections se déclarent avoir été
révélées en tant que son vrai précurseur inspiré.
Il a été en conséquence prononcé par une partie
des religieux shiite de Nejef et Kerbila d'être une production blasphématoire,
et le prêtre de Chiraz fut averti par eux du danger qu'il encourait en
donnant cours à ses contenus - mais une partie néanmoins considérable
des Chiites de Nejef, qui sont le nom d'Usulis (1) ou "Transcendalistes",
s'étaient levés plus tard (into notice) en tant que disciples
du grand prêtre Sheikh Kazem, et qui dans l'espoir avoué de l'avènement
rapide de l'Imam, adoptaient les lectures proposées, et se déclaraient
eux-mêmes prêts à rejoindre le Précurseur, dès
qu'il apparaîtra parmi eux.
(1) [nota: Concernant Usulis, Rawlinson fait ici une erreur: les croyants de
Siyyid Kazim sont connus en tant que shaykhis ou kashfis. Le terme usuli fut
appliqué à la majorité orthodoxe des shiites. Voir Balyuzi
"Le Bab", page 62, et Browne "Literary History of Persia",
volume 4, pages 374-6]
Ces (parties owing) à des dissensions locales furent dénoncés après coup au gouvernement par les shiites orthodoxes en tant qu'hérétiques, et l'attention étant ainsi porté à la copie pervertie du Coran, sur lequel reposait leur foi, le volume fut pris et son porteur étant amené à Bagdad, fut jeté en prison en tant que blasphémateur contre l'Islam et comme un perturbateur de la paix publique.
L'affaire ne créa aucune
grande sensation à cet moment-là et du langage modéré
que Nejib Pasha tint en parlant du sujet, je pense probable que le livre odieux
sera détruit, et que le porteur de celui-ci sera simplement banni des
territoires turcs - tel en fait était la punition extrême envisagée
par les shiites de Nejef, en dénoncant l'hérésie Usuli
au gouvernement, mais l'affaire a maintenant commencé à prendre
un caractère beaucoup plus sérieux.
Le clergé sunnite a (take up) le cas dans un esprit rancunier, de bigoterie,
et leur incurabilité a recruté les sympathies de la secte shiite
entière en faveur du persan emprisonné; au lieu en fait d'une
simple dispute entre deux écoles rivales dans la ville de Nejef, la question
est maintenant devenue celle d'une contestation virulente entre les sectes sunnite
et shiite, ou quelle est la meilleure chose de cette partie de l'empire ottoman
entre la population turque et persane. Nejib Pasha, dont les préjugés
sectaires sont particulièrement excitables s'est permis, je regrette
de le dire, d'adopter dans leur pleine étendue les visions des officiers
de loi sunnite, et je prévois qu'un effort déterminé sera
fait pour obtenir la condamnation et l'exécution de l'infortuné
Chirazi.
Cette personne, qui est timide, ignorant et je dirais entièrement innocent,
plaida sur sa première arrestation qu'il était un simple messager
irresponsable du contenu du volume confié à sa charge, et qu'une
telle défense lui vaudra probablement une cour de justice; mais pendant
son incarcération, il a été malheureusement séduit
dans le présence de témoins, subornés pour l'occasion par
le mufti sunnite, en déclarant sa croyance dans l'inspiration des passages
pervertis, et je crains par conséquent que selon la loi musulmane, aussi
bien interprétée par les shiites ou les sunnites, il soit convaincu
de blasphème.
Dans le même temps, Najib Pasha, pour donner tout fait formel à ses actes, et pour revêtir l'affaire de l'apparence d'une simple persécution sectaire, avait amené les prêtres principaux de Nejef et de Kerbela, pour tenir une Cour d'inquisition solennelle en relation avec les chefs de la religion sunnite à Bagdad, mais je n'anticipe pas beaucoup de bénéfice de cet ordre et plus d'assistance involontaire des (former) parties. Ils feront probablement un effort pour sauver la vie de leur infortuné compatriote, proposant le bannissement du messager et du chef de la secte Usuli, comme la méthode la plus simple de supprimer l'hérésie, mais ils seront intimidés et rejetés, et je crains fort que la sentence de mort sera enregistré contre le Chirazi par une majorité des membres de la cour, et contre tous ceux qui promulgueront et adopteront les lectures de son Coran apocryphe. Nejib Pasha m'a cependant assuré qu'il n'essayerait pas de mettre la sentence à exécution ni ici ni à Nejef, dans l'attente d'un renvoi à Constantinople, et Vôtre Excellence aura ainsi l'opportunité d'interposer les arguments à la fois humanitaires et politiques en faveur des parties condamnées.
Dans le présent état de sentiment irritable qui existe entre les gouvernements de Perse et de Turquie, je ne peux douter, mais c'est la punition capitale du Chirazi ou la persécution des "Transcendalistes" de Nejef, que ce sera examiné avec beaucoup d'exaspération par la Cour de Téhéran - car bien que le gouvernement persan, a lui même en plusieurs occasions soutenu l'inconvénient d'imposteurs qui professaient être les précurseurs de l'Imam Mihdi, et bien que cela doit être ainsi pleinement compétent de la nécessité de réprimer le début de tout mouvement populaire relié avec un telle affaire, en général la communauté shiite regardera encore leur coreligionnaire comme un martyre, pendant que son insignifiance personnel et l'absence de quelque chose d'un esprit insurrectionnel à Nejef, causera aussi son exécution d'être regardé comme l'effet sectaire ou bien d'une animosité nationale.
Le gouvernement de Kermanshah m'a déjà adressé une note sur le sujet, que j'ai dûment soumis à Nejib Pasha, et de qui j'ai l'honneur d'annexer une traduction, et il n'est pas improbable que je pense qu'une remontrance supplémentaire sera offerte par la Cour de Téhéran que l'agent persan (1) m'a transmis un rapport complet de l'affaire - mais son Excellence n'est pas disposé à écouter toute médiation étrangère ou interférence.
(1) [nota: son nom était Mulla Abdu'l-Aziz. Il avait déjà démontré son incapacité par son comportement au sac de Karbila en 1843 - voir Balyuzi "The Bab", pages 193-201 - mort à Bagdad le 9 décembre 1846]
En réponse à ma propre communication, il a observé que les sujets persans résidant en Turquie sont du ressort des affaires civiles, criminelles et religieuses, entièrement soumis à loi turque, et que ni le gouvernement persan ni les consuls de ce gouvernement, ni les grands prêtres de la secte shiite, n'ont d'autre privilège de protection supplémentaire que de celui de voir la justice dûment administré selon les formes en usage des tribunaux sunnites, mais que dans le cas présent de prévenir toute exception étant prise sur ce point, il a uni les autorités shiites et sunnites, et que les intérêts de l'Islam étant en jeu, la loi doit être permise de suivre son cours".
La pièce jointe dans la dépêche de Rawlinson était une note du Gouverneur de Kirmanshah, le rapace Muhibb-Ali Khan, (Muhhib-Ali Khan était l'une de plusieurs personnes de la ville de Mah-Ku de Haji Mirza Aqasi qui furent élevés à un haut poste durant la dernière administration. En ce qui concerne cet homme, Ferrier, qui passa par Kirmanshah à ce moment là (été 1845) écrivit: "L'Emir Mohib Ali Khan, le gouverneur de la province de Kermanshah, est le général dont l'ignorance et la lâcheté ont si souvent causées le manquement des armes persanes sous les murs de Hérat en 1838. Mais il appartient à la famille de Mah-Ku dont les membres sont intronisés par le Premier Ministre, et ainsi c'est aux yeux du Shah que ses vices sont transformés en vertus, qu'il a atteint l'un des postes militaires les plus hauts et qu'il gouverne l'une des provinces les plus belles de Perse. Le mal ne serait pas tout à fait insupportable si ce personnage se contentait lui-même de prendre le double ou même le triple du montant des taxes aux frais des habitants, mais il les a complètement dévalisés. La misère est affreuse partout où sa juridiction s'étend: la paysannerie a à peine du pain à manger et lorsque ils se plaignent de leurs griefs à la Cour et s'efforcèrent d'obtenir justice, ils furent traités comme des rebelles, condamnés à être bastonnés et Mohib Ali Khan reste leur gouverneur.
"Cette mauvaise politique a produit ses fruits; les trois-quarts de la population ont émigré; les citadins en Azerbaïdjan et les nomades en Turquie".
H. D. Seymour MP, qui édita la traduction du livre de Ferrier en anglais ajouta le commentaire suivant dans une note: "Le récit de Monsieur Ferrier n'est pas aussi vrai. Lorsque j'étais à Kirmanshah en 1846, j'ai été témoin du spectacle le plus pénible que je n'ai eu jamais à contempler. La province était affreusement oppressée par ce démon à forme humaine, Mohib Ali Khan, qui avait acheté son gouvernement de Haji Mirza Aqasi. Il avait capturé sans la moindre gêne tout ce que l'homme possédait et il avait fait partir leurs troupeaux et leurs (herds) dans son propre Etat à Mah-Ku près d'Ararat. Les gens ramassaient de l'herbe dans les champs pour manger et les enfants étaient nus et minces mis à part l'estomac qui était anormalement gonflé - un enfant à moitié affamé est une vison horrible. Dans une rue, je traversai la ville, les gens étaient allongés de chaque côté dans un dernier halètement de mort de faim. Je n'oublierai jamais une famille entière, le père, la mère et plusieurs enfants, allongés ensemble dans un (heap), incapables de bouger de l'inanition. J'écrivis un récit de cet état de choses à l'ambassade à Téhéran, mais je crois qu'aucun effort de quelque sorte que ce soit ne fut fait pour vérifier les atrocités commises". (Ferrier "Caravan Journeys", page 25), protestant au sujet de la détention de Mulla Ali:
"Mon ami - selon les récits
qui me sont parvenus de Bagdad, Son Excellence Nejib Pasha a arrêté
et emprisonné un prêtre (inferior) de Chiraz, qui est un sujet
du gouvernement exalté de Perse. Tout d'abord, il est impropre d'arrêter
et d'emprisonner quiconque sur une simple accusation, qu'elle soit vraie ou
fausse, - et deuxièmement, en supposant qu'il (le Chirazi) soit coupable;
en tant que sujet du gouvernement exalté de Perse, il ne dois pas être
sujet à l'arrestation - si son crime se révèle avéré,
sa punition devra être celle d'un bannissement du territoire turc.
J'ai par conséquent considéré nécessaire de présenter
cette affaire à vous, mon ami, et de demander que, comme un plus grand
souhait de la préservation de l 'amitié entre les deux gouvernements,
Vous communiquerez avec Son Excellence Nejib Pasha sur le sujet, et lui suggérerez,
que si la culpabilité du persan doit être pleinement fournie, il
doit être envoyé à Kermanshah dans le but que je puisse
le transférer à Téhéran pour la punition - et si
d'un autre côté, les accusations contre lui se révèlent
être malicieuses et sans fondement, il pourrait être alors libéré
et remis en liberté.
Sous toutes circonstances, son emprisonnement continuel est inconvenant et contraire
(à la coutume)." (Muhibb Ali Khan à Rawlinson, aucune date,
inclut dans Rawlinson à Sheil, n° 2, 16 Janvier 1845, Archives nationales
britanniques 248 114).
Dans une dépêche à Sheil à Téhéran datée du 16 janvier, Rawlinson décrivit le résultat des procès de la Cour que Najib Pasha avait réunit:
"La Cour d'Inquisition réunit
pour le jugement du prêtre persan s'est tenue lundi dernier, présidé
par Son Excellence Nejib Pasha, et Mulla Abdu'l Aziz étant aussi présent
de permettre son visage d'être accusé. La copie pervertie du Coran,
produit à la Cour, fut à l'unanimité condamnée comme
une production blasphématoire, et les parties avouant une croyance dans
les lectures, s'il est continuait, serait déclaré punissable de
mort. Il fut ensuite argumenté que oui ou non le Chirazi avait ainsi
avoué sa croyance dans une production blasphématoire - il répudiait
lui-même distinctement la charge, et bien que les témoins s'avancèrent
qui déclarèrent qu'il avait en leur présence déclaré
son adoption du texte fallacieux dont il était le porteur, pourtant encore
il y avait raison de suspecter la fidélité de leur évidence,
les prêtres shiites étaient disposés à lui donner
le bénéfice de son désaveu actuel. Après beaucoup
de discussion, les officiers de la loi sunnite adjugèrent le coupable
d'être convaincu de blasphème et passèrent la sentence de
mort sur lui selon, tandis que les shiites retournaient un verdict en disant
qu'il était seulement coupable de la dissémination de blasphème,
et sujet par conséquent à aucune punition trop lourde que l'emprisonnement
ou le bannissement. La criminalité d'autres personnes impliquées
dans l'affaire était alors discutée, et la même différence
d'opinion fut trouvée de régner entre les prêtres chiites
et sunnites - les derniers admettant l'importance d'adopter des mesures pour
la suppression de l'hérésie Usuli, et recommandèrent que
les personnes qui avouent ouvertement une croyance dans l'avènement attendu
de l'Imam, devraient être déplacées de Kerbela et Nejef,
tandis que les sunnites déclaraient à l'unanimité que toutes
les personnes étaient coupables de blasphème et sujet à
la peine de mort. Les différentes opinions avaient été
réellement enregistrées et attestées, et une référence
au sujet serait immédiatement fait à Constantinople par Son Excellence
Nejib Pasha, le prêtre persan restant en prison, dans l'attente de la
réception d'instructions comme à son dernier arrangement.
Je comprends qu'une considérable inquiétude commence à
s'afficher elle-même à Karbila et à Najaf relative à
la manifestation attendue de l'Imam et j'appréhende que les mesures maintenant
en progrès augmenteront plutôt que d'apaiser l'excitation."
(Rawlinson à Sheil, n° 2, 16 janvier 1845, Archives Nationales britanniques,
248 114).
En reportant les résultats du procès à Canning le 22 janvier, Rawlinson écrit:
"Les mesures de la Cour d'Inquisition
ont expédiées par la présente lettre à Constantinople,
et des instructions sont demandées par Son Excellence Nejib Pasha en
regard à l'arrangement du criminel.
Vôtre excellence observera que les prêtres chiites ont refusé
de s'entendre sur la sentence de mort passée sur les accusés par
les membres sunnites de la Cour, et j'imagine par conséquent que le risque
est parti de donner une offense supplémentaire à la Perse par
l'exécution publique de ses sujets". (n° 6, 22 janvier 1845,
Archives Nationales Britanniques, 195 237).
Il semble qu'il y avait un air général d'attente cette année et Rawlinson dans la dépêche (just) cita et continue de commenter du grand nombre inhabituels de pèlerins à Karbila pour Muharram: "l'affluence de pèlerins persans à Kerbela à la saison actuelle est immense - il est estimé qu'entre 20 et trente milliers de ces fidèles sont maintenant rassemblés au tombeau de Hussein". (Rawlinson à Sheil, n° 6, 22 janvier 1845).
Un mois plus tard, Rawlinson rapporta que l'excitation parmi les Shiites était en train de commencer à baisser particulièrement depuis que "l'imposteur" avait manqué d'apparaître à Karbila:
"J'ai l'honneur en conclusion
d'informer Vôtre excellence que l'excitation religieuse qui a prévalut
pendant quelques temps parmi les Shiites de ce quartier a commencé progressivement
à se calmer, l'imposteur qui personnifie le caractère du précurseur
de l'Imam Mehdi, et qui était attendu se déclarer lui-même
à Kerbila durant l'actuel mois de son retour de La Mecque, ayant été
empêché par un sentiment de danger personnel d'essayer toute agitation
supplémentaire, et s'étant par conséquent joint en tant
qu'individu privé à la caravane de pèlerins qui voyagent
en Perse par la route de Damas et d'Alep" (C'est une déclaration
quelque peu surprenante depuis que la route normale pour les pèlerins
persans de La Mecque par Damascus et Alep passe aussi par Bagdad. Le Bab naturellement,
voyagea par la route maritime par Juddah)."
(Rawlinson à Sheil, 28 Février 1845, Archives Nationales Britanniques,
248
114).
En fait, il est aussi indiqué dans les histoires baha'ies que le Bab avait l'intention de proclamer sa mission à Karbila après son retour de La Mecque et il avait convoqué ses disciples dans cette ville.("La Chronique de Nabil", Grande-Bretagne, pages 66 et 111, Etats-Unis, pages 96 et 157-8. Fadil "Zuhuru'l-Haqq, volume 3, page 235). Pour des raisons qui ne sont pas claires, mais qui pourraient être en rapport à la réception hostile accordée à Mulla Ali, le Bab changea d'avis.
Dans le même temps, Sir Stratford Canning à Constantinople avait pris une certaine action sur la question de Mulla Ali. Dès le début de 1845, il y eût une période particulièrement tendue pour les relations turcanos-perses. Peu de temps auparavant, le commissaire persan (La Commission s'était réunit elle-même pour essayer d'arranger plusieurs disputes entre la Turquie et la Perse comprenant des questions de frontière et l'affaire du massacre de Karbila en 1843) à Erzeroum, Mirza Taqi Khan (plus tard Premier Ministre) avait été attaqué et bientôt tué. Dans une dépêche au Secrétaire britannique des Affaires Etrangères, Lord Aberdeen (Canning à Aberdeen, 5 mars 1845, Archives Nationales Britanniques 78 595), Canning avança un mémorandum daté du 16 février qu'il avait envoyé au Ministre russe Monsieur Titow (anciennement le Consul-Général de Russie sur le Danube. Rappelé à Saint Pétersbourg en 1852) avec des suggestions pour une approche commune au gouvernement turc sur le sujet des relations turco-persanes. Parmi les points proposés dans ce mémorandum était: "de s'abstenir de mettre le prêtre persan à mort, en lui infligeant la punition la plus douce en logique avec la sécurité publique..." (Canning à De Titow, 16 Février 1845, inclut dans Canning à Aberdeen 5 mars 1845).
Dans une dépêche à Rawlinson datée du 26 février, Canning écrit qu'en lien avec le Ministre russe, des démarches ont été faites à la Sublime Porte (renvoyé dans une dépêche détaillée dans Rawlinson à Sheil, 28 février 1845).
Dans le même temps, Sheil écrit à Canning de Téhéran:
"La condamnation à mort d'un mullah persan à Bagdad pour hérésie n'a pas causé ici la sensation ou l'irritation qui pourrait être anticipée, se levant principalement, je le conçois, d'une incroyance que la sentence serait mis à exécution. Je crois si extrême une punition qu'elle ne sera pas pas infligée, car quelle que soit l'indifférence avec laquelle le gouvernement pourrait regarder son sort, comme ce prêtre appartient au clergé, cette classe fanatique et influente pourrait être capable de soulever une excitation gênante parmi la population persane".
Pendant ce temps à Bagdad, Mulla Ali était maintenu en prison en attendant l'arrivée d'instructions de Constantinople. Rawlinson écrivit à Canning le 5 mars 1845:
"Nejib Pasha m'informe qu'il est encore sans instructions de la Porte... sur le sujet... du prêtre persan condamné. Le dernier infortuné individu est encore en prison à Bagdad...".
Puis Rawlinson continua de faire une remarquable déclaration qui peut-être à elle seule démontre combien pauvres étaient ses sources d'informations sur le sujet. "... comme le vrai auteur du faux Coran [le Bab] a abjuré pour le moment sa prétendue mission (Il semblerait que l'échec du Bab d'apparaître à Karbila fut pris comme une abjuration. Cela causa certainement une grande consternation parmi ceux réunis à Karbila pour lui et quelques uns d'entre eux se retournèrent contre lui à cette époque) et l'imposture devint ainsi évidente pour tous, le cas du prisonnier n'excite à présent plus un grand intérêt ni de la commissération".
Le 19 mars, Rawlinson rapporta l'arrivée à Bagdad d'un messager qui avait des instructions de Haji Mirza Aqasi au Consul persan, Mulla Abdu'l-Aziz, orientant ce dernier à demander l'extradition de Mulla Ali en Perse. Depuis que Mulla Abdu'l-Aziz était parti à Karbila, l'agent le suivit là-bas (Rawlinson à Canning, 19 mars 1845). Le 3 avril, Rawlinson était capable de rapporter:
"J'ai été informé par Mulla Abdu'l Aziz, l'agent persan à cet endroit que des instructions l'ont atteint par un messager express de Son Excellence Haji Mirza Aqasi de demander la délivrance de ses propres mains du prêtre de Chiraz emprisonné pour blasphème, avec une vue de sa déportation en Perse. De ces instructions, il apparaît qu'il communiqua vraiment à Son Excellence Nejijb Pasha, mais il fut informé en réponse qu'aucun ordre n'avait encore atteint Bagdad en regard de l'arrangement du criminel, et que en l'absence de tels ordres, le persan ne pourrait être libéré de l'emprisonnement". (Rawlinson à Sheil n° 10).
Le 15 avril, Rawlinson rapporta que la veille, des instructions ont été reçues de Constantinople pour envoyer Mulla Ali là-bas. (Rawlinson à Canning ). Le 30 avril, Rawlinson déclara que Mulla Ali avait été envoyé à Constantinople avec le Tatar qui transportait l'ancienne poste de Bagdad. (Rawlinson à Canning). (Lady Sheil dans son livre "Life and Manners in Persia" (page 177) confond évidemment le Bab et Mulla Ali car elle déclare que le Bab fut condamné à mort à Bagdad par les autorités turques et mis en liberté à travers l'intervention du gouvernement perse).
Jusqu'à récemment, le sort ultime de Mulla Ali était resté obscur. Après son départ sous bonne garde à Istanbul, rien de plus ne fut entendu sur lui et il fut présumé par la plupart qu'il avait été tué ou bien sur le chemin ou en arrivant à Istanbul. Plus tard cependant des papiers ont été découverts dans les Archives d'Etat turques qui démontrent que Mulla Ali arriva en fait à Istanbul et qu'après une période de temps en détention, il fut condamné par le propre décret du Sultan pour travailler à vie dans les chantiers navals près d'Istanbul (voir l'ajout à ce chapitre). Il est évident de ces papiers que Mulla Ali n'avait ni abjuré ni il avait gardé le silence sur ses croyances comme suggérés dans les rapports de Rawlinson.
* Supplément:
Les documents suivants existent dans les Archives d'Etat turques:
1. Rapport de Najib Pasha à la Sublime Porte concernant le cas de Mulla Aliy-i-Bastami et le procès tenu à Bagdad (daté du 24 janvier 1845).
2. Lettre de Najib Pasha à la Sublime Porte suggérant que Mulla Ali soit envoyé à Istanbul (datée du 24 janvier 1845).
3. Fatva prononcé par l'uléma pour Mulla Aliy-i-Bastami.
4. Lettre de la Sublime Porte au Sultan demandant son approbation pour que Mulla Ali soit emmené à Istanbul et puis exilé dans l'une des îles (aucune date).
5. Lettre de la Sublime Porte au
Sultan après l'arrivée de Mulla Ali à Istanbul déclarant
que si Mulla Ali allait être exilé dans l'une des îles, il
serait difficile de contrôler ses activités et de l'empêcher
de propager ses idées fausses. Par conséquent, il devrait être
mis à un emprisonnement à un dur labeur dans les chantiers navals
de Sa Majesté (aucune date).
Il y a une note de ce document par le Sultan signifiant son approbation.
Chapitre 3. Le soulèvement du Mazindaran
à Shaykh Tabarsi (1848-9)
Le Ministre du Bab fut marqué par un nombre de grands soulèvements. Il est nécessaire de beaucoup de recherches dans leurs causes. Sans aucun doute parmi les facteurs responsables furent celles religieuses résultant du désaccord entre les ulémas orthodoxes et la nouvelle religion, aussi les accents politiques implicites dans la déclaration du Bab d'être le Mahdi (dans l'Islam shiite, toute l'autorité politique reste avec l'Imam Mahdi. Durant son absence (occultation), l'uléma détient l'autorité en son nom et en tant que suppléant pour lui, tandis que la position théologique d'un roi est même plus fragile et incertaine. Pour une discussion de l'attitude de l'autorité shiite, voir Algar "Religion and State in Iran", page 1, 10, 21-5) (tout d'abord rendu formel à son procès en juin 1848, et l'un des choses discutées à la Conférence de Badasht, juin juillet 1848), et d'autres facteurs surgissant des tensions économiques et sociales de cette période.
Le motif de chacun de ces soulèvements était grandement le même. Un groupe de babis qui étaient armés mais pour la plupart inexpérimentés pour faire la guerre, étant paysans, commerçants et mullas vinrent en conflit avec la population locale excitée par les ulémas. Des troupes vont être appelées et les babis assiégés par l'armée équipée d'armes à feux et de canons. Après une défense prolongée et héroïque, les défenseurs seront vaincus par traîtrise et massacrés.
Le premier et dans beaucoup de cas le plus significatif de ces soulèvements fut celui de Shaykh Tabarsi près de Barfurush dans le Mazindaran (octobre 1848- mai 1849). Ici, les deux disciples prééminents du Bab, Quddus et Mulla Husayn avec plus de 300 adhérents au Bab (toutes les sources baha'ies reconnaissent qu'il y avait 313 défenseurs au début du siège, mais un nombre de babis essayèrent de passer à travers les lignes de l'armée royale et de se joindre aux défenseurs. C'était probablement dans le but de diminuer l'humiliation de leurs pertes que les autorités persanes exagérèrent le nombre de babis dans les rapports qui s'ensuivirent. Le capitaine MacKenzie voir page 96) donne un chiffre plus exact), comprenant non moins que 7 autres Lettres du Vivant, furent encerclés dans un bâtiment utilisé comme tombeau et place de pèlerinage - mal approprié pour des buts défensifs. Ils érigèrent rapidement des fortifications et défendirent celles-ci pendant près de 7 mois. Des mots de Shoghi Effendi: "Elle a prouvée, sans l'ombre d'un doute, ce qu'un esprit indomptable pouvait faire accomplir à un groupe de 313 étudiants sédentaires, ni équipés ni entraînés, mais pourtant enivrés de l'amour de Dieu, pensionnaires pour la plupart, dans un collège ou enfermés au cloître, quand ils se trouvèrent au prise avec une armée entraînée, bien équipée, soutenue par les masses populaires, bénie par le clergé, dirigée par un prince de sang royal, armée financée par les ressources de l'Etat, agissant avec l'approbation enthousiaste de son souverain, et stimulée par les conseils inlassables d'un ministre résolu et tout-puissant". ("Dieu passe près de nous", page 36).
Shaykh Tabarsi était situé dans un lieu plutôt éloigné, en dehors des routes et des villes principales (contrairement aux soulèvements de Zanjan et de Nayriz qui eurent lieu à l'intérieur ou près de villes considérables. Par conséquent, ce fut peu remarqué par le chargé d'affaires britanniques, le Lieutenant-Colonel Farrant. Sa seule référence à lui se rencontre dans une dépêche datée du 30 janvier 1849:
"Des perturbations ont eût lieu dans le Mazanderan. Environ 500 hommes de différentes parties de Perse se sont rassemblés dans cette province, ils sont les disciples d'un fanatique, qui s'appelle lui-même la porte, ou l'entrée de la vraie religion musulmane et prétend être le précurseur, et l'agent de l'Imam perdu, le Mihdi, qui selon la tradition musulmane, va apparaître brièvement avant la fin du monde, et la cause d'une religion à être établi à travers l'univers. Ce fanatique a persuadé bon nombre de personnes de croire que ce qu'il prêche est la vraie doctrine de la foi musulmane, et que le Coran n'est ni complet ni correct. Les disciples ci-dessus de cet homme s'efforcèrent de s'attirer des croyants dans le Mazindaran, et finalement mettre à mort plusieurs personnes qui refusaient de le devenir, (C'est incorrect mais cela pourrait se référer à l'épisode de Khusraw-i-Qadi-Kala'i, qui planifia traîtreusement de mener les Babis dans une embuscade, (voir "La Chronique de Nabil", Grande-Bretagne pages 245-7, Etats-Unis pages 340-42) cela causa une querelle entre les habitants du Maziindaran, et les fanatiques, et certains combats prirent place, dans lesquels plusieurs hommes des deux côtés furent tués. Abbas Quli Khan Larajani (un chef local de la région d'Ask dans le Mazindaran qui était responsable de la mort de Mulla Husayn. Cet homme était un ami de Sheil (voir Lady Sheil "Life and Manners in Persia", pages 261-4) et le Lieutenant-Colonel Charles Stuart resta aussi avec lui (voir Stuart "Journal of a Residence", pages 284-5) a été ordonné par le gouvernement d'aller au Mazindaran, et de capturer les dirigeants de cette nouvelle secte. Il est supposé que leur vraie religion n'est en aucune manière en relation avec la religion, mais de créer un mouvement révolutionnaire contre le gouvernement". (Farrant à Palmerston).
Cependant, depuis que Shaykh Tabarsi était près de Bandar Gaz où les russes tenaient une base et dans une région dominée par les intérêts russes, le ministre russe était plus intéressé de ces développements. Ayant référé au déplacement du Bab de Mah-Ku (voir page 72), Dolgoroukov, écrivant le 5 janvier 1849, rapporta à Nesselrode, le Ministre russe des Affaires Etrangères:
"Ses doctrines nuisibles ont
trouvé nombres d'adhérents: et il y a trois ans, des nouvelles
arrivèrent que ce dernier avaient attaqué certains habitants du
Mazindaran entre Sari et Barfurush et qu'il avait tué 100 personnes,
parmi lesquelles le chef de cette ville nommé Mustafa Khan. (Selon la
plupart des récits, ce fut Abdu'llah Khan, le frère de Mustafa
Khan, qui a été tué).
Après plusieurs conférences qui eurent lieu entre l'Amir (Premier
Ministre) et les nobles les plus influents du Mazindaran, qui étaient
maintenant à Téhéran, il fut décidé d'utiliser
la force militaire contre les furieux sectaires, et il fut ordonné au
Prince Mahdi-Qasim Mirza de doubler sa vigilance envers le leader de ces nouveaux
perturbateurs de l'ordre public".
Ce rapport se réfère à l'engagement qui eût lieu le 21 décembre 1848. Comme résultat de cela, Nasiru'd-Din Shah instruit le nouveau Gouverneur du Mazindaran, Mihdi-Quli Mirza de réunir une armée et d'avancer vers Shaykh Tabarsi pour écraser les babis. L'expérience de Mihdi-Quli Mirza aux mains des babis fut même plus désastreuse, cependant; Dolgoroukov dans une dépêche du 5 février 1849 dit:
"L'état du Mazindaran
est devenue sérieux. Selon les informations qui me sont parvenus, environ
2000 personnes se sont rebellées contre le gouverneur du Mazindaran.
Et comme résultat de leur attaque, Mihdi-Quli Mirza, le gouverneur du
Mazindaran a fuit et deux princes, Davud Mirza, le fils de Zillu's-Sultan, et
Husayn-Sultan Mirza (nommé probablement plus correctement en tant que
Sultan-Husayn Mirza par Gobineau. Mackenzie l'appelle Sahib-Qiran Mirza), le
fils de Fath-Ali-Shah, furent tués dans une maison mis en flamme par
les Babis. De la même manière, le fils du Prince Malik Aqa, Abdu'llah
Mirza, fut tué.
Le commandant militaire, Abbas-Quli Khan-i-Larijani, qui avait été
chargé de la campagne contre cette secte, qui est en train de promouvoir
le communisme à travers la force des armes ("Ô Seigneur de
l'Age)", a été capable de prendre des mesures réelles
et a déclaré qu'avec les forces qu'il a sous son commandement
à présent, il n'est pas assez puissant face aux Babis".
A la suite de cette défaite, Abbas-Quli Khan-i-Larijani arriva dans les environs de Shaykh Tabarsi. Le 2 ou le 3 février, ses forces souffrirent également une défaite écrasante. Dans ce rendez-vous néanmoins, Mulla Husayn reçu la blessure qui amena sa mort. Dolgoroukov, le 22 février, rapporte:
"Les nouvelles du Mazindaran
sont même plus affreuses qu'auparavant. Les Babis, dont le nombre sont
en augmentations jour après jour dans l'Azerbaïdjan et Téhéran,
ont fait passer les tribus du Savad-Kuh et du Hizar-Jarib. Ils (les Babis) sont
l'épée à la main, et ils se sont préparé
eux-mêmes pour la mort, l'attaque, et ils commencent leur attaque avec
le cri "Yà Sahiba'z- Zaman" (Ô Seigneur de l'âge),
qui est le titre du 12ème Imam. Cela jette un froid extraordinaire dans
le peuple du Mazindaran...
J'ai entendu que Abbas-Quli Khan-i-Larijani a secrètement envoyé
un message aux Babis qu'il ne prépare pas pour une attaque future, depuis
qu'il est contraint d'obéir aux ordres du Shah, il apparaîtrait
seulement être engagé au combat avec eux. Mais le commandant Larijani
ne resta pas fidèle à ses paroles et lorsque les Babis réalisèrent
qu'il était en train de se battre avec eux, ils anticipèrent et
tuèrent plusieurs centaines d'hommes. Parmi ceux-ci, il y avaient plusieurs
personnes bien connus et deux de ses neveux".
Dans le reste de cette dépêche, Dolgoroukov rapporte que l'Amir-Nizam avait été sommé d'envoyer un fort détachement de soldats réguliers équipés de canons pour supprimer les babis (les forces déployées si loin étaient localement recrutées dans les milices).
Le 27 mars, Dolgoroukov expédia au ministre des Affaires Etrangères russes un rapport détaillé qui avait été écrit le 10 mars par le Consul russe à Astarabad, concernant les mesures à Shaykh Tabarsi. Ce récit, qui parle principalement des évènements déjà décrits au-dessus, ne seront pas reproduits ici en entier. La section qui décrit Mulla Husayn est cependant intéressante:
"Ayant fait leur chemin dans le Mazindaran, ils occupèrent plusieurs villages dans les environs de Barfurush et ils commencèrent à attirer dans leur secte les habitants du Mazindaran. Leur nombre, dès le départ, commençait rapidement à augmenter. Leur chef, Mulla Husayn de Bushrui, en qui l'absence de peur et l'entreprise sont joints à la ruse et l'efficacité, gère les affaires des sectaires avec un tel succès que dans une courte période, leur nombre augmenta à 1500 (une grosse exagération du nombre de défenseurs présents: voir une note page 91.Ni, comme la phrase suivante ne le déclare, les babis avait une grande quantité d'argent sur eux). Possédant des sommes importantes et étant en faveur auprès des habitants locaux, les Babis fortifiaient eux-mêmes leur demeure, creusent autour de leur retraite une profonde tranchée et stockent de la nourriture aussi bien que tout ce qui est nécessaire pour un siège de plusieurs mois".
Bien que Mulla Husayn fût
déjà mort lorsque ce récit fut écrit, le fait n'était
pas connu dans le camp des assaillants. En fait, les historiens baha'is déclarent
que Abbas-Quli Khan dissimula délibérément le fait, espérant
que les babis ayant été démoralisés seraient facilement
défaits et il pourrait revendiquer une grande victoire.
Dans une dépêche du 9 avril, Dolgoroukov rapporta l'envoi de Sulayman
Khan-i-Afshar pour prendre en mains les opérations. Mais dans une dépêche
du 3 mai, il fut contraint d'écrire:
"Dans un rapport politique,
je ne pourrais pas peindre une image moins triste. Selon les informations reçues
du Mazindaran, Sulayman Khan Afshar, qui était chargé de soumettre
les babis par des moyens pacifiques, a manqué à ses devoirs.
Attaqués par Sardar Abbas-Quli Khan Larijani et Sulayman Khan qui voulaient
prendre les fortifications par force, ces fanatiques, en dépit de l'infériorité
numérique par rapport aux attaquants, les repoussèrent; et le
Sardar lui-même reçu une blessure par balle dans son épaule".
La fin du siège est rapportée par Dolgoroukov dans une dépêche du 17 mai 1849. Il est naturellement exact dans sa spéculation comme dans la traîtrise utilisée pour amener un terme au siège:
"Selon les dernières
nouvelles reçues par le gouvernement du Shah, l'expédition contre
les babis dans le Mazindaran a mis un terme à ses inquiétudes.
Lorsque, d'après le Premier Ministre, ces fanatiques risquaient de quitter
la petite forteresse où ils s'étaient renforcés eux-mêmes,
les troupes de Abbas-Quli Khan Larijani et de Sulayman Khan Afshar les attaquèrent
dans un combat, en résultat de quoi 1300 hommes furent laissés
sur le champ de bataille. D'autres maintiennent, et leurs histoires sonnent
d'une manière moins douteuse à moi, que les babis furent invités
à laisser leurs fortifications dans le but d'arriver à un accord
à l'amiable; et lorsqu'ils sortirent, ils furent attaqués et massacrés
sans pitié par les troupes de Sulayman Khan.
Peut-être que vous, Vôtre Excellence, penserez que les succès
ainsi accomplis sont plus dignes de pitié que les défaites, car
l'indignation que ces succès éveillent où le fanatisme
religieux est suprême, excite l'esprit d'une nouvelle et même plus
dangereuse résistance".
Il y a aussi une autre référence de cet épisode parmi les rapports de l'agent français en Perse, Joseph Ferrier. En rapportant l'épisode des 7 martyres de Téhéran dans une lettre datée du 21 février 1850, il parle des traits principaux du soulèvement de Shaykh Tabarsi:
"Un autre symptôme d'agitation,
l'origine de ce qui revint dans les dernières années du règne
de Mohammed Shah eût lieu en 1849, un développement qui est la
cause de difficultés considérables au Shah. Selon les croyances
des shiites, le douzième Imam, des descendants d'Ali n'est pas mort mais
simplement caché aux yeux des hommes et il doit réapparaître
en une période déterminée pour régénérer
l'Islam et l'amener à sa perfection finale. Un derviche nommé
Bab, abusant de la crédulité des gens de l'Adharbayjan, annonca
il y a 4 ans qu'il était le précurseur de cet Imam. Le gouvernement
captura le Bab et il l'emprisonna mais sa doctrine qui libère l'Islam
de toutes les superstitions qui l'entoure et qui vraiment fait d'elle un déisme
avait déjà de nombreux prosélytes qui étaient dispersés
à travers le Gilan.
A l'ascension de Nasiru'd-Din-Shah sur le trône, quelques 1200 (encore
une exagération du nombre de babis présents: voir page 91) d'entre
eux se réunirent eux-mêmes en une armée et vinrent à
occuper une position fortifiée dans le Mazindaran, à quelques
4 farsangs au sud de Barfurush. Là-bas, ils décrétèrent
la chute de ladynastie Kadjar et la souveraineté du Bab, qu'ils avaient
délivré de sa prison. (une erreur fréquente dans plusieurs
récits du soulèvement de Shaykh Tabarsi est que le Bab lui-même
était présent là-bas). En une courte période, quasiment
toute la population de cette province avait adopté sa nouvelle doctrine.
Le danger devint imminent et le gouvernement persan fut obligé d'envoyer
10000 hommes pour les vaincre.
Soutenus par le fanatisme, les babis se retranchèrent eux-mêmes
et ils résistèrent pendant 9 mois à toutes les attaques,
faisant chaque jour les sorties les plus mortelles, qui avaient bientôt
réussit à parmi les assaillants un bon tiers de leur force totale.
Mais le renforcement arriva pour eux, le siège fut renouvelé avec
une vigueur nouvelle et après avoir mangé le cuir de leurs chaussures,
ils accédèrent au compromis qui leur avait été proposé
depuis le début des hostilités.
Le Prince Ali-Quli Mirza (Mihdi-Quli Mirza est cité), le Commandant en
chef de l'armée du Shah dans le Mazindaran, leur accorda la vie et la
liberté s'ils consentaient à abandonner leurs positions et à
rendre les armes et en augmentant la solennité de cet engagement, ils
jurèrent sur le Coran de s'en tenir religieusement à cela. Les
babis se rendirent, mais ils avaient à peine rendus les armes qu'ils
furent massacrés et seuls quelques uns d'entre eux réussirent
à fuir. Cette boucherie traître, au lieu d'arrêter le progrès
du babisme, servit seulement à le stimuler après, et en peu de
temps il avait de nombreux adhérents dans chaque province". (Ferrier
à LaHitte)
En 1858, le capitaine C. F. Mackenzie
fut désigné Premier Consul britannique à Rasht. Durant
l'été et le printemps de 1858-9, il entreprit un voyage de Rasht
à Astarabad et écrivit un rapport détaillé daté
du 18 juillet 1859 de ses observations. Lorsqu'il écrit au sujet de Barfurush,
il commente la profusion de princes kadjars, et les épreuves en conséquence
pour la population dont les labeurs étaient nécessaires pour maintenir
ces parasites dans leur vie de luxure. Selon une estimation de Asadu'llah Mirza,
lui-même, un Prince kadjar, il y aurait quelques 3700 d'entre eux en vie
à cette époque.
Mackenzie écrit: "Une désaffection universelle règne
en conséquence et j'ai entendu de source sûre que si les babees
(sic) avaient tué le Roi lorsqu'ils tentèrent de l'assassiner,
la loi kujjur (sic) en Perse se serait terminée.
Les babees (sic) n'ont pas disparu, bien qu'ils soient obligés de dissimuler
leurs opinions et je n'ai aucun doute qu'ils feront un sérieux tort à
la monarchie un jour où l'autre". (Mackenzie, rapport d'un voyage
de Rasht à Astarabad durant l'hiver et le printemps de 1858/9).
Puis Mackenzie continua à faire un récit du soulèvement à Shaykh Tabarsi qui est remarquablement exact en plusieurs points. Le professeur Browne reçut une copie de ce passage du rapport de Mackenzie de Monsieur H. L. Rabino, qui était pendant un moment Consul à Rasht. Browne a reproduit ce rapport en altérant l'orthographe des mots orientaux pour son propre système de translittération: (Ainsi, dans le rapport original, les noms se présentent comme "Sheikh Tubusee", "Ameer-i-Teberdar", "Agha Abdoollah Soortej", "Abbas Koolie Khan", "Hadji Mahomed Ali Barfuroshee", etc.).
"Durant cette révolte,
les babis adoptèrent une position fortifiée de 10 à 12
milles de Barfurush, au tombeau de Shaykh Tabarsi, près de la rivière
Talar; ils étaient quelques uns, mais déterminés et fanatiques
et après avoir mis à mort plusieurs envoyés de l'autorité,
ils se préparèrent pour un siège en réunissant des
provisions des pays voisins; partout ou les villageois hésitaient ou
refusaient de leur donner ce qu'ils exigeaient, leurs maisons étaient
brûlées ainsi que leurs oreilles.
Leur nombre augmentait graduellement de 40 ou 50 à 4 ou 500 et leurs
recrues étaient principalement des hommes du district de Sawadkuh (En
fait le nombre n'augmenta pas graduellement de 40 à 50 à de 400
à 500; Mulla Husayn arriva du Khurasan avec plus de 300 hommes. Ces hommes
furent extraits de tous les endroits de la Perse. Il est intéressant
que l'estimation de Mackenzie du nombre de babis présents soit beaucoup
plus exacte que celles des diplomates européens écrivant à
cette époque). L'un de ces derniers se faisait appeler Amir-i-Tabardar
car son arme favorite était le tabar, une hache duquel l'ancien nom de
la province Talaristan fut dérivé.
Les hostilités commencèrent par une attaque faite par Aqa Abdu'llah
Surtej avec 200 tufangchis (fusiliers). Son camp fut surpris par les babis le
jour après son arrivée et lui et 40 ou 50 de ses hommes furent
tués. Le reste fuit à Sari et sur la réception d'ordres
de Téhéran, une autre corps de troupes, fort de 500 hommes, fut
envoyé pour exterminer les babis. Leur commandant était Abbas-Quli
Khan, qui dans le premier combat tua Mulla Husayn, le chef des babis qui, avant
de mourir, légua son autorité à Haji Muhammad Ali Barfurushi
et exprima le désir d'être enterré avec ses armes. Après
sa mort, les babis firent une sortie désespérée et ils
mirent les assaillants à mort.
L'insurrection était maintenant devenue formidable et le Prince Mahdi-Quli
Mirza fut désigné pour les supprimer. Ses troupes étaient
2000 et il avait à la fois de l'artillerie et des mortiers.
Il établit ses quartiers à une place nommée Waskus à
environ 2 miles de Shaykh Tabarsi et durant la nuit son camp fut aussi envahit
par les babis qu'il eût à peine le temps de fuire par une fenêtre
et de se cacher lui-même dans la forêt.
Tout le village était en feu; deux Princes malchanceux, Dawud Mirza et
son oncle Sahib-Qiran Mirza périrent dans les flammes et un grand carnage
eût lieu parmi les troupes royales.
Mahdi-Quli Mirza, après avoir erré par peur pour sa vie, rencontra
heureusement l'un de ses propres serviteurs qui, bien que fugitif comme lui,
avait un cheval sur lequel le Prince monta et ainsi atteignit Aliabad (La seule
correction importante utile dans le récit de Mackenzie est que l'arrivée
d'Abbas-Quli Khan et la mort de Mulla Husayn eurent lieu après la nuit
de raid sur les positions de Mihdi-Quli Mirza à Vaskus).
Après avoir réunit les restes éparpillés de son
armée et d'avoir reçu un nombre d'infangchis et autres racailles,
il décida d'assiéger à nouveau les babis qui, bien que
pressés par la faim et mal fournis de munitions, résista pendant
encore deux mois.
A la fin de cette période, le Prince, voyant qu'il ne pouvait pas prendre
la place et qu'en conduisant les rebelles au désespoir, il (would run)
le risque d'être défait une seconde fois, leur proposa des conditions.
Il les informa que s'ils abandonnaient leur position et partaient calmement,
chaque homme dans son propre foyer, ils ne seraient pas molestés.
Les babis consentirent à cet arrangement et ils se présentèrent
à environ 200 combattants. Puis ils furent dépossédés
de leurs armes et le plus grand nombre avec le respect habituel pour les traîtrises,
furent massacrés sur place.
Certaines victimes, parmi lesquelles était le chef Haji Muhammad Ali,
furent réservées à une punition plus barbare. Ils furent
emmenés à Barfurush et ils furent brûlés vifs sur
le Sabzi Maydan (la plaine verte se trouvant entre la ville et le Bagh-i-Shah).
Ainsi finit la révolte babie dans le Mazindaran, après avoir coûté
1500 vies. (Browne "Materials", pages 241-3).
A la fin du récit originel,
Mackenzie ajoute: "Pour cette révolte partout et leur défense
prolongée et vaillante de la ville de Zingan (Zanjan), je renvois à
un appendice.
D'une note à la fin de ce rapport, il apparaît qu'il était
en train de préparer un appendice historique, qui il déclare,
il avancera plus tard depuis qu'il ne voulait pas retarder d'envoyer ce rapport.
Cet appendice ne peut pas être malheureusement trouvé parmi ses
papiers ultérieurs et ses dépêches dans les Archives Nationales.
Le professeur E. G. Browne fit un voyage spécial, "un pèlerinage" comme il l'appelle, pour visiter Shaykh Tabarsi de ce qui fut son dernier grand voyage en Perse en 1888. Voici le récit suivant de son voyage:
"Demain matin (mercredi 26
septembre) Haji Safar me réveilla vers 7 heures avec l'information opportune
qu'il avait trouvé un commerçant à Barfurush qui possédait
2 poneys qui était bien accoutumés avec la route pour Shaykh Tabarsi
où pour considération, il était prêt à me
guider. Pendant que je buvais mon thé, le dit guide, semblant honnête,
un homme de forte carrure, apparut en personne.
"Bien", dit-il. "J'ai entendu que vous voulez visiter Tabarsi;
pourquoi ce n'est pas une inquiétude pour moi, bien que pourquoi un farangui
(étranger) désirerait aller là-bas déconcerter ma
compréhension. Cependant, je suis prêt à vous prendre si
vous me donnez un cadeau convenable pour mes ennuis. Mais nous devons démarrer
tout de suite car il y a deux bons par sangs à là-bas sur le pire
des sols, et vous devez, comme je le comprends, arriver à Mashad-i-Sar
ce soir afin de pouvoir revenir ici deux ou trois heures avant le coucher du
soleil. Si vous n'aimez pas la fatigue et le travail dur, vous ferez mieux d'abandonner
l'idée. Qu'en dites-vous? Voudriez-vous y aller?".
Naturellement j'irais", répliquai-je; "pour quoi d'autre je
vous ai recherché?".
"Très bien", répondit mon guide en me tapotant sur l'épaule;
"alors partons sans tarder".
En quelques minutes, nous étions en selle, et nous déplaçant
rapidement le long de la grand-route pour Sari sur nos robustes et un peu maigres
poneys du Mazindaran. "Où allons-nous?", crièrent quelques
uns de mes (guide's acquaintance) alors que nous sortions de la ville. "Sheykh",
répondit-il de manière laconique; après quoi des expressions
de surprise et de curiosité, que nous ne nous arrêtions pas pour
répondre, brûlaient de nos interrogateurs. Bientôt nous quittâmes
la grand-route et (strike across) un large et herbeux terrain, nous entrâmes
dans des marais sans traces et des forêts dans lesquels mon guide, connaissant
bien le pays, était parfois mis en défaut; car l'eau (lay deep)
sur les rizières et seuls les paysans que nous rencontrâmes occasionnellement
nous dire si oui ou non un passage particulier était possible. Après
avoir traversé les rizières inondées, nous allâmes
dans des fourrés et dans les bois, entrecoupés par les sentiers
les plus étroits et les plus embourbés et envahis de branches
à travers lesquels nous nous frayions un passage sur nôtre chemin
difficile. Par conséquent, après avoir passer à gué
une rivière avec des bords imprégnés de vase, nous entrâmes
sur des terres ouvertes agréables et en traversant plusieurs petits taillis,
nous arrivâmes vers 10H30 du matin au tombeau isolé de Shaykh Ahmad
Ibn Abi Talib-i-Tabarsi (ainsi se tient le nom du saint inhumé inscrit
sur une tablette au moyen de paroles employées lors de sa "visitation",
la tablette étant accrochée à la grille entourant le tombeau),
rendue immortelle par la bravoure des insurgés babis, qui pendant 9 mois
(octobre 1848 à juillet 1849) contirent contre un nombre écrasant
de (regulars) et de volontaires.
Shaykh Tabarsi est une place d'une petite force naturelle; et des fortifications
élaborées dites par les historiens musulmans avoir été
construites par les babis, il ne reste aucune trace. Elle consiste à
présent une enceinte plate, herbeuse, entourée d'une haie, et
contenant, outre les bâtiments du tombeau et une autre construction près
de la porte (en face de laquelle, mais à l'extérieur de l'enceinte,
se trouve la maison du mutavalli, ou gardien du tombeau), seulement deux ou
trois orangers et quelques tombes couvertes de pierres plates, lieux de repos,
peut-être, de quelques défenseurs babis. Le bâtiment se trouvant
près de la porte, haut de deux étages, est traversé par
le passage donnant accès à l'enceinte, et couvert de tuiles. Les
bâtiments du tombeau, qui se trouvent à l'autre extrémité
de l'enceinte, sont plutôt mieux soignés. Leur plus grande longueur
(environ 20 pas) s'étend des côtés est et ouest; leur largeur
est d'environ dix pas; et, outre le portique couvert de l'entrée, ils
comprennent deux chambres faiblement éclairées par un grillage
en bois sur les portes. La tombe du shaykh, qui donne son nom au lieu, est entourée
d'une clôture en bois au centre de la chambre intérieure, à
laquelle on accède soit par une porte communiquant avec la chambre extérieure,
soit par une autre s'ouvrant vers l'extérieur dans l'enceinte.
Mon guide croyant sans doute que j'étais babi de coeur vint visiter les
tombes des martyres de ma religion, se retira de manière considérable
à la maison du mutawalli et me laissa à mes propres formules en
environ trois quart d'heures. J'étais encore engagé en faisant
des plans (rough) et des croquis de la place, cependant, lorsqu'il retourna
pour me rappeler que nous ne pouvions retarder plus longtemps. Ainsi, pas très
volontiers, encore grandement conforté en ayant successivement accompli
ce pèlerinage final, je remontai et nous repartîmes par le chemin
ou nous étions allé à Barfurush, où nous arrivâmes
vers 3 heures de l'après-midi. "Vous êtes un Haji à
présent", dit mon guide en riant, alors que nous approchions de
la ville, "et vous devriez me récompenser généreusement
pour ce jour de travail; car je vous dis qu'il y a des centaines de babis qui
vinrent ici pour visiter Shaykh Tabarsi et on ne peut trouver quiconque pour
les guider ici et ceux-ci donneraient presque leurs oreilles pour aller où
vous êtes aller et pour voir ce que vous avez vu". Ainsi lorsque
nous descendîmes vers un caravansérail près de sa maison,
je lui donnais une somme d'argent avec laquelle il parut très content,
et lui, en retour, mit du thé devant moi, et puis il vint et il s'assit
avec moi pendant un moment avec un certain amusement sur les étonnements
et les spéculations que ma visite à Shaykh Tabarsi avaient provoqué
parmi les habitants. "Certains disent que vous êtes un babi",
conclu-t-il, "mais beaucoup ont tendance à croire que vous avez
été là-bas pour un trésor caché, car",
disent-ils, "qui a jamais entendu parler d'un farangi qui porte attention
à la religion et en tout cas qu'à à faire un farangi avec
les babis ?" J'ai, pour ma part, fait de mon mieux pour les encourager
dans cette croyance; ce que vous (took you) à Tabarsi est (no business)
ni (of theirs) ou de moi". (Browne, "A Year amongst the Persians",
pages 616-19).
Chapitre 4. Les 7 martyres de Téhéran
1850 fut une année très
importante dans l'histoire baha'ie. Car elle vit non seulement les soulèvements
à Nayriz et à Zanjan mais aussi le martyre du Bab lui-même.
Elle fut commencée de mauvaise façon par l'exécution en
février de 7 babis qui allaient devenir connus comme les 7 martyres de
Téhéran:
- Haji Mirza Siyyid Ali, l'oncle du Bab, un marchand.
- Haji Mulla Isma'il-i-Qumi, un théologien érudit.
- Mirza Qurban-Ali, un derviche.
- Aqa Siyyid Husayn-i-Turshizi, un mujtahid.
- Haji Muhammad-Taqiy-i-Kirmani, un marchand.
- Siyyid Murtida, un marchand de Zanjan.
- Muhammad-Husayn-i-Maraghi'i, un fonctionnaire du gouvernement.
Très important est le point, fait par l'auteur de la "Tarikh-i-Jadid" et redit par Browne:
"Ils étaient des hommes représentant toutes les classes les plus importantes en Perse - théologiens, derviches, marchands, commerçants, et fonctionnaires du gouvernement; il y avaient des hommes qui avaient gagné le respect et la considération de tous; ils moururent sans peur, volontairement, presque avec impatience, déclinant de vendre leur vie par un simple reniement, qui, sous le nom de ketman ou takiya, est reconnu par les shiites comme un subterfuge parfaitement justifié en cas de danger; Ils ne conduisaient pas au désespoir de miséricorde comme étaient ceux qui moururent à Shaykh Tabarsi et à Zanjan; et ils scellèrent leur foi de leur sang dans le jardin public de la capitale perse dans lequel est la résidence des ambassadeurs étrangers accrédités à la Cour du Shah". (Browne "A Traveller's Narrative", page 216. Voir aussi "Tarikh-i-Jadid", pages 258-70).
Il y a de plus une intéressante histoire concernant la manière de l'exécution des 7 martyres. Cette histoire revint en juillet de l'année précédente lorsque le Ministre russe, Dolgoroukov, fit l'expérience d'un incident qui le contraria grandement. Il raconta au Lieutenant-Colonel Farrant, le britannique chargé d'affaires en l'absence de Sheil, qu'il était aller à l'un des palais royaux en dehors de Téhéran pour rendre visite au Shah et il lui avait demandé d'attendre dans une tente dans le jardin. Puis il avait entendu:
"Les plus grands troubles, des souffles lourds avec des (sticks) mêlées de cris de terreur, et soudain une immense ruée des personnes eût lieu qui renversa presque la tente dans laquelle il était assis. Peu de temps après, il fut conduit en la présence royale par l'un des chambellans et le Ministre des affaires étrangères, et qu'il avait avancé à mi-chemin du jardin, lorsque à son horreur et à sa déception, lui et le monsieur furent éjectés du chemin par les exécuteurs qui tiraient par les genoux les corps encore convulsés qu'ils venaient juste d'étrangler devant le Shah". (Farrant à Palmerston)
L'exécution de criminels en présence du Shah (ou l'un de ses gouverneurs dans les provinces) était la pratique normale de cette période, et il est même dit que beaucoup de Kadjars prenaient un grand plaisir à être témoin de ces scènes. Les exécutions publiques étaient presque inconnues.
Dolgoroukov fut "si choqué et si agité qu'en arrivant en la présence du roi, il pouvait à peine parler" (Farrant à Palmerston). Lorsqu'il retrouva sa voix, ce fut pour dire au Shah "dans un langage très véhément... que de telles pratiques barbares n'existaient même pas parmi les nations les plus sauvages, et que Sa Majesté devrait abolir une coutume si révoltante et si dégradante, que chaque nation européenne regarde avec horreur et dégoût". (Farrant à Palmerston).
Dolgoroukov alla aussi chez Mirza Taqi Khan, l'Amir-Nizam et il s'exprima de la même manière là-bas. A la fois Dolgoroukov et Farrant écrivirent des rapports détaillés du sujet à leurs gouvernements respectifs. En réponse au rapport de Farrant, Lord Palmerston, dans une dépêche datée du 5 octobre 1849, ordonna à Sheil, maintenant de retour après une absence, de transmettre au Ministre persan des Affaires Etrangères "que Sa Majesté du gouvernement partage pleinement et entièrement les sentiments exprimés par le Prince Dolgorouki et qu'ils espèrent sincèrement que le Shah abandonnera la pratique d'avoir des exécutions perpétrées en sa présence, une pratique, qui, jusqu'à la réception de la dépêche du Colonel Farrant, le gouvernement de Sa Majesté avait imaginé être confiné aux tribus barbares de noirs en Afrique". (Palmerston à Sheil, 5 octobre 1849). Palmerston ordonne plus tard à Sheil, dans la même dépêche, de "d'exhorter fortement le gouvernement persan à faire attention que personne ne soit mis à mort à moins qu'il ne soit convaincu, équitablement et ouvertement et par un procès public, de quelque crime atroce et que par la loi il soit rendu passible d'une telle punition extrême" (Palmerston à Sheil, 5 octobre 1849).
Le 15 janvier 1850, Sheil rapporta à Lord Palmerston que la recommandation contenue dans la dépêche de Sa Majesté, "que la pratique révoltante d'exécutions de criminels en la présence du Roi devrait être abandonnée", avait été transmis au Premier Ministre persan (Mirza Taqi Khan). Sheil déclare plus tard qu'il "s'efforcerait de prouver à Son Excellence, combien c'était indigne d'un souverain de présider un tel office qui ailleurs était échu aux classes les plus basses de l'humanité" (Sheil à Palmerston). L'Amir-Nizam avait répondu qu'il "ne pouvait faire de promesses qu'avec le temps", mais "qu'il s'efforcerait de réaliser l'interruption graduelle de cette ancienne coutume des rois de Perse". L'une des objections importantes que l'Amir avait élevée, cependant, était que la population préférerait interférer dans une exécution publique et arrachés les criminels des mains de la justice". (Sheil à Palmerston);
Le récit de Dolgoroukov des 7 martyres est donné dans une dépêche du 24 février 1850:
"Les esprits sont dans un état
extraordinairement excités dus à l'exécution (de plusieurs
babis) qui ont eût lieu dans le grand jardin de Téhéran.
J'ai déjà auparavant exprimer mon opinion que la méthode
avec laquelle l'année dernière les troupes du Shah sous le commandement
du Prince Mahdi Quli Mirza exterminèrent les babis ne diminuera pas leur
fanatisme.
Du temps où le gouvernement avait appris que Téhéran est
plein de ces dangereux sectaires qui ne reconnaissent pas les statuts civils
et qui prêchent le partage de la propriété de ceux qui n'ont
pas rejoints leurs doctrines (En regard à ce point, il y a en fait une
déclaration dans le "Bayan Persan" (Vahid 5, chapitre 5) permettant
cela. C'est un exemple de certaines des lois du Bab que Baha'u'llah ne continua
pas). Devenant effrayé pour la paix sociale, les ministres de Perse décidèrent
d'arrêter certains de ces sectaires et selon la version officielle, ayant
reçu durant l'interrogatoire la confession de leur foi, ils les exécutèrent.
Ces personnes, au nombre de 7, depuis que les babis sont déjà
comptés par milliers dans toute la capitale, ne renieraient par aucun
moyen leur foi et rencontraient la mort avec une exultation qui pourrait seulement
être expliqué comme du fanatisme amené à son extrême
limite. Le Ministre assistant des Affaires Etrangères, Mirza Muhammad
Ali, au contraire affirme que ces personnes n'ont rien confessé et que
leur silence fut interprété comme une preuve suffisante de leur
culpabilité.
On peut seulement regretté l'aveuglement des autorités du Shah
qui imagine que de telles mesures pourraient éteindre le fanatisme religieux,
aussi bien que l'injustice qui guide leurs actions avec les exemples de cruauté,
avec laquelle ils ont essayé d'effrayer les personnes, sont commises
sans distinction contre le premier passant qui tombe entre leurs mains...".
(Dolgoroukov à Nesselrode).
Ferreir rapporta aussi cet évènement brièvement à la fin d'une longue lettre datée du 21 février 1850, en décrivant le soulèvement de Shaykh Tabarsi: "20 d'entre eux [babis] ont été arrêtés dans la capitale, avant-hier, et déjà sept ont été publiquement exécutés". (Ferrier à LaHitte).
Ces récits permettent qu'une date approximative pour cet évènement soit fixée. Il apparaît que ces martyres eurent lieu le 19 ou le 20 février 1850. ("La Chronique de Nabil", Grande-Bretagne, page 326, USA page 445 insinue une date plus ancienne, après le 15 mars 1850. C'est clairement faux).
Il y a un autre récit ultérieur qui apparaît être de cet épisode. Le 5 juin 1874, Sir Mountstuart E. Grant était en train de dîner avec Sir Henry Rawlinson. Dans son journal, il enregistre la conversation qu'il a avec Monsieur Ronald Thomson:
"Je m'assis près de Monsieur Ronald Thompson de Téhéran et je lui parlais entre autre de l'extraordinaire histoire des babis, à laquelle Renan fait un emploi si frappant dans ses "Apôtres", et qui se déroule durant l'épisode plus tôt de la résidence de Monsieur Thompson à la Cour de Perse. Il me dit que 7 babis furent emmenés devant le Shah pour être interrogés. Le Shah dit, "Vous ne vous demandez rien, à part de prononcer cette formule "Il n'y a pas d'autre Dieu que Dieu et Mahomet est son prophète". Ceci fait, vous serez absolument libres et vous pourrez aller où bon vous semble, comme il vous plaira". Ils refusèrent. Puis le Shah les remit au Premier Ministre, lui disant qu'avant qu'ils soient mis à mort, une offre séparée de vie, et de permission d'aller où ils leur plaisaient, devrait être faite à chacun d'entre eux. L'offre fut faite à chacun en la présence de Monsieur Thompson et ils refusèrent tous". (Grant Duff "Notes from a Diary", 1873-1881, volume 1, pages 62-3).
Chapitre 5. Yazd et le premier soulèvement
de Nayriz
La figure centrale du soulèvement de Nayriz fut Siyyid Yahya-i-Darabi, surnommé par le Bab, Vahid. De la maison de Baha'u'llah à Téhéran, Vahid continua par Qazvin, Kashan et Ispahan pour Yazd, où il possédait une maison. A Yazd, il était le centre de beaucoup de controverses à cause de son prêche ouvert de la Foi babie. Finalement ses disciples se heurtèrent avec les habitants et des troubles eurent lieu comme résultat de cela. Vahid estima prudent de quitter Yazd. Il voyagea dans différentes villes et villages pour Nayriz, où l'opposition hostile du gouverneur et des ulémas l'obligèrent lui et ses fidèles à monter des positions défensives dans un proche fort. Là-bas s'ensuivit un soulèvement similaire à plusieurs égards à celui de Shaykh Tabarsi, culminant en traîtrise avec le martyre de beaucoup de ses défenseurs.
* L'épisode de Yazd:
Des dernières années du règne de Muhammad Shah, Yazd avait été dans un état de tumulte et de rébellion. A l'accession de Nasiru'd-Din-Shah, Haji Bizghan Khan-i-Gurji fut envoyé à Yazd en tant que gouverneur, mais il fut incapable de contrôler la situation et il fut retiré. A sa place, Muhammad-Hasan Khan-i-Sardar, connu en tant Khan Baba Khan, fut fait gouverneur. Khan Baba Khan fut envoyé à Yazd en tant que son adjoint Aqa Khan-i-Irvani. Les mésaventures qui arrivèrent à ce dernier sont décrites par Keith Abbott, le Consul britannique qui visita Yazd du 19 novembre au 7 décembre 1849 comme une partie de ce périple dans le sud de la Perse.
"L'état politique de la province du temps de ma visite pourrait être décrit en quelques mots. La ville s'était, il y a seulement quelques mois auparavant, redressé d'un état de rébellion et de confusion suite à la mort de Mohammed Shah, lorsque le gouverneur récemment désigné, Agha Khan, un homme ferme, mais d'un caractère très impopulaire se trouva lui-même assiégé par une portion des habitants, commandé par certains caractères notoires, et obligés après avoir essayé de défendre sa résidence de se retirer dans la Citadelle. Là, lui et ses quelques serviteurs se trouvèrent presque eux-mêmes dépourvus de provisions, mais avec 4 morceaux de (Ordnance), ils s'arrangèrent pendant quelques jours non seulement à tenir, mais sérieusement à ennuyer les habitants. Finalement, cependant, conduits à vouloir négocier, il fut décidé qu'ils leur fut permis d'avoir des provisions et des bêtes de somme pour être capable de quitter la place. Dès que ceux-ci furent admis et admis dans la citadelle, le gouverneur (comme il me relata à moi-même) ferma la porte et il refusa de se conformer aux conditions. Les chameaux et les ânes qui avaient été fournis furent alors tués et ils servirent de nourriture à la garnison, mais ils découvrirent que le pain qu'ils avaient reçu des habitants avait été empoisonné. Essuyant un feu fréquent sur la ville, que les habitants, étant sans artillerie, ne pouvaient retourner, des termes d'accommodement furent dans un deuxième temps approuvés et des troupes qui arrivaient au secours du gouverneur, il était à présent capable de quitter sa forteresse et il apparaît à nouveau dans la ville. Certains des rebelles furent à l'abri mais ce ne fut pas avant mon départ que le dirigeant principal, nommé Mahomed Abdoollah, fut pris et tué". (Abbott sur son voyage à travers la Perse du Sud 1849-50. Abbott reçu la permission d'avancer à Tabriz pour préparer son rapport; il voyagea à Tabriz en août 1850, et son rapport est daté du de mars 1851. Il y a aussi un rapport de son périple dans "Journal of the Royal Géo. Society", volume 25, 1855, pages 1-78, mais cela ne contient un récit de son séjour à Yazd).
Cet épisode n'avait rien
à voir avec les babis et Muhammad-Abdu'llah y réfère à
la fin de son rapport qui apparaît avoir été le chef des
mécontents, était allé se cacher du temps du séjour
d'Abbott à Yazd fin 1849. Il réapparut peu de temps plus tard
pressé par ses adversaires à Yazd. (Jahangir Mirza ("Tarikh-i-Naw",
page 34) déclare que ce Muhammad-Abdu'llah était le gardien d'un
caravansérail. Il s'était rendu lui-même le chef d'un groupe
de voyous de la ville et il défia les gouverneurs successifs. Il est
possible qu'il s'aligna lui-même avec Vahid seulement dans un effort de
rétablir sa position après l'épisode rapporté au-dessus
par Abbott). Nabil rapporte: "Il n'avait pas prononcé ces mots que
les nouvelles arrivèrent qu'un certain Muhammad-Abdu'llah, de qui personne
ne suspectait d'être encore en vie, avait soudain émergé
avec un nombre de ses camarades, qui avaient aussi disparus de vue et élevant
le cri de "Ya Sahibu'z-Zaman" avait volé eux-mêmes vers
leurs assaillants et ils dispersèrent leurs forces". ("La Chronique
de Nabil", Grande-Bretagne page 346, USA, pages 469-70).
Bien que conseillé par Vahid de cesser d'attaquer inutilement les forces
du gouverneur, Muhammad-Abdullah préféra les ignorer et le résultat
est rapporté par Sheil dans une dépêche de Téhéran
datée du 12 février 1850:
"J'ai l'honneur d'informer
Vôtre Majesté qu'une sérieuse attaque a eût lieu dernièrement
à Yazd, que cependant le gouverneur de cette ville avec l'aide des prêtres
réussit à réprimer.
Les excitateurs de l'insurrection furent les partisans de la nouvelle secte
appelée babie, qui se rassembla en un tel nombre comme pour forcer le
gouverneur à prendre refuge dans la citadelle, dans laquelle ils tinrent
un siège. Les Mollas conscient que le progrès du babisme est le
déclin de leur propre suprématie se déterminèrent
à secourir le gouverneur et sommant la population au nom de la religion
d'attaquer cette nouvelle secte d'infidèles, les babis furent renversés
et forcés de prendre la fuite dans la province avoisinante de Kerman.
J'ai vu une lettre du gouverneur de Yazd à l'un de ses amis à
Téhéran dans laquelle il appelle sincèrement pour de l'aide
et représente l'état de désorganisation dans son gouvernement
en termes forts; il a depuis démissionné de son poste et quitté
Yazd sans même attendre la permission de se retirer". (Sheil à
Palmerston).
Dolgoroukov rapporte aussi brièvement cet épisode dans la même dépêche dans laquelle il enregistre l'épisode des 7 martyres de Téhéran le 24 février 1850: "Un nombre de babis sous la direction de Siyyid Yahya, qui se nomme lui-même un disciple du Bab avec une foule de voyous de Yazd, produisit une sérieuse perturbation dans la ville de Yazd. Ces babis assaillirent la résidence du gouverneur et tuèrent 8 des soldats et en blessèrent plus de 26. Le gouverneur adjoint a fuit la ville et envoyé sa démission au gouvernement. (Dans cette même dépêche, Dolgoroukov relate longuement des troubles à Ispahan instigués par Siyyid Asadu'llah, le fils de Siyyid Muhammad-Baqir-i-Rashti et l'un principal uléma d'Ispahan. Bien que Dolgoroukov attribue cela aux babis, cela n'avait en fait rien à voir avec eux et c'était relatif aux troubles causés par Ahmad Mirza Safavi (voir Algar "Religion and State in Iran", pages 126-7). [Dolgoroukov à Nesselrode. Chahardihi "Shaykhi-gari, Babi-gari", pages 276-7).
Aqa Khan-Irvani ayant donné sa démission, Khan Baba Khan désigna son neveu, Shaykh Ali Khan d'être le gouverneur adjoint. Shaykh Ali Khan arriva à Yazd et il réussit en battant et en tuant Muhammad Abdu'llah.
Ferrier rapporte aussi cet épisode. Il y a cependant certaines divergences entre les dates. La dépêche de Sheil est datée du 12 février 1850, celle de Dolgoroukov fut envoyée le 24 février, mais le rapport de Ferrier est daté du 25 juin 1850 et il déclare que l'épisode eut lieu 6 semaines auparavant. Il n'y a aucune raison de douter cependant que Ferrier parle du même épisode. N'étant pas un représentant diplomatique accrédité, les sources d'information de Ferrier seraient plus faibles et elles pourraient avoir pris plus longtemps pour que les nouvelles de cet épisode l'atteignent.
"Les babis de Bafk, Kirman et Abarguh voyant que le gouvernement persan leur avait permis calmement de se réunir ensemble et de s'armer eux-mêmes sans les déranger, devinrent enhardis et vinrent, il y a 6 semaines d'attaquer la ville de Yazd. Mais les gens de diverses religions qui habitent cette ville émergea en masse des murs pour les repousser, une tâche que leur grande supériorité en nombre rendait facile. Les babis, après avoir été battus, retournèrent à Abarguh et Bafk, où elles attendaient une occasion plus favorable de reprendre leurs plans. (Ferrier à de LaHitte).
Il y a un désagrément supplémentaire entre les dates de ce soulèvement comme données par Sheil et Dolgoroukov (janvier-février 1850) et celles données dans "La Chronique de Nabil", Vahid ne quitta pas Téhéran jusqu'à l'arrivée là-bas de Mirza Aliy-i-Sayyah, le courrier du Bab. L'arrivée de Sayyah ne pouvait avoir eu lieu avant la première semaine de février car il était à Shaykh Tabarsi le 23 janvier. Ainsi, Nabil place Vahid à Téhéran dans le même temps que, selon Sheil et Dolgoroukov, l'épisode de Yazd, dans lequel Vahid fut impliqué, avait eut lieu.
Il y a une solution partielle possible à ce problème. Abdu'l-Baha, quand il était aux Etats-Unis raconte l'épisode de la réunion de Sayyah avec Vahid, de laquelle il était lui-même un témoin. (Balyuzi "Abu'l-Baha", page 284-5). Dans ce récit, Abdu'l-Baha déclare que Sayyah venait juste de Mah-Ku et non pas de Shaykh Tabarsi comme le rapporte Nabil. Ainsi, il se pourrait que Sayyah vienne à Téhéran avant d'arriver à Shaykh Tabarsi. Dans ce cas, la rencontre entre Vahid et Sayyah à Téhéran pourrait s'être déroulée en décembre 1849, donnant à Vahid suffisamment de temps d'être à Yazd vers la fin janvier. (Depuis que Mirza Aliy-i Sayyah agit comme courrier entre le Bab et la communauté babie, il se pourrait que cette réunion avec Vahid ait lieu une année auparavant, un autre de ses voyages de Mah-Ku. Mais ce n'est pas le seul problème avec la datation de tout l'épisode de Yazd. Par exemple, Nabil déclare concernant le voyage de Vahid de Yazd à Nayriz que Vahid quitta Yazd le 10 mai et qu'il arriva à Nayriz le 27 mai. Cela laisse seulement 17 jours pour le voyage, et selon la plupart des récits, Vahid resta dans plusieurs villes et villages sur le chemin, convertissant beaucoup de personnes et causant une agitation considérable. Le "Fars-Namih" de Hasan-i-Fasa'i met même la date du soulèvement de Yazd plus loin que les diplomates européens. Le départ de Vahid de Yazd est déclaré par cette source avoir eu lieu en novembre 1849. Le "Fars-Namih"donne par conséquent des détails très longs des activités de Vahid entre Yazd et Nayriz; des activités qui doivent avoir pris plus longtemps que les 17 jours de Nabil. Ainsi, il y a plusieurs problèmes associés avec les dates de cet épisode à Yazd, et pour une fois, les sources européennes ont seulement servi à ajouter à la confusion. Ce qui est utile serait une histoire locale sérieuse de Yazd durant cette période, ou certaines lettres datées ou des documents qui pourraient rendre capables à ces dates d'être fixées).
* Le premier soulèvement de Nayriz:
De Yazd, Vahid voyagea vers Chiraz. Sur le chemin, il resta à Bavanat-i-Fars, Fasa, Istahbanat, Runiz et finalement il arriva à Nayriz, où il possédait une maison. A chacunes de ces places, il prêcha ouvertement la religion du Bab jusqu'à ce que finalement l'attitude hostile du gouverneur là-bas causa à Vahid d'adopter des positions défensives dans un fort en dehors de la ville. Haji Zaynu'l-Abidin Khan, le gouverneur de Nayriz, demanda à Chiraz de l'aide. Firuz Mirza, Nusratu'd-Dawlih, venait juste d'être désigné comme le nouveau gouverneur du Fars et il était sur le chemin de Téhéran. En attendant son arrivée, la responsibilité pour le gouvernement de la province était sur le Vazir, Mirza Fadlu'llah, Nasiru'l-Mulk. L'agent britannique à Chiraz, Mirza Mahmud (Mirza Mahmud fut l'agent britannique à Chiraz jusqu'en novembre 1850, lorsqu'il fut démis de ses fonctions à la suite d'iirégularités sur les possessions de Monsieur Tasker, un sujet britannique qui mourut à Chiraz) se réfère au commencement du soulèvement dans son rapport pour la période du 24 mai au 5 juin 1850: "Syed Yahyah, un élève du Bab, qui était il y a quelques temps à Istahbanat, a t-il été dit, rassembla 1500 hommes et il est arrivé à Nereez (sic) où Zeynool Abedeen Khan souhaite le capturer. En dehors de la ville, il a érigé un fort et il est engagé dans des escarmouches. Selon ce qui est dit, le Khan a eu 80 de ses hommes tués. Lorsque ces nouvelles atteignirent Chiraz, le Nuseer-ool Mulk ordonna au régiment de Sirbaz avec deux canons d'aller à Nereez (Nayriz) dans le but de capturer Syed Yahyah". (3 rapports (24 mai- 5 juin- 20 juin et 23 juin- 3 juillet 1850) sont compris dans Lieutenant-Colonel Hennell (résident à Bushihr) à Sheil. Ce rapport du 1-16 juillet était dans la dépêche de Hennell n° 315, 14 août 1850. Toutes furent traduites par James Edwards, comptable à Bushihr).
Dans le même rapport, Mirza Mahmud enregistre: "Le 3 juin, Mehr Ally Khan (Haji Mihr-Ali Khan-i-Nuri, Shuja'u'l-Mulk) sur ordre de Nuseer-ool-Mulk, avec un régiment et 2 canons arrivèrent à Nayriz pour capturer Syed Yahyah.
Firuz Mirza, le nouveau gouverneur du Fars, arriva à Chiraz le 5 juin 1850. Une partie du rapport de Mirza Mahmud pour la période du 4 au 20 juin se lit comme suit:
"Je vous ai écrit dernièrement
que par ordre de H. R .H., un régiment de Sirbaz et 2 canons ont été
envoyés à Nereez (sic). Des renseignements ont été
maintenant reçus que les disciples du Bab firent une attaque de nuit
sur le régiment de Sirbaz et en tuèrent et en blessèrent
plusieurs. Le jour suivant, Moostuffa Gooly Khan Sirteep (Mustafa-Quli Khan,
L'timadu's-Saltanih, Sartip (Colonel) du régiment Qaraquzlu. Il obtint
une promotion pour sa part dans le soulèvement de Nayriz (dépêche
datée du 10 février 1851). Il fut envoyé contre Shaykh
Ubaudu'llah en 1880 et il mourut en 1881) commanda le régiment de Sirbaz
pour attaquer et pour prendre les babis et pour détruire la tour, dans
laquelle se trouvait Syed Yahyah. Ce dernier en entendant cela, sortit et ordonna
à ses disciples d'attaquer le Sirbaz. Selon l'engagement qui s'en suivit,
qui continua du matin jusqu'à midi, lorsque les babis dominaient et leSirbaz
fut défait. Des deux côtés, beaucoup furent tués
et blessés.
Lorsque H.R.H. entendit ces nouvelles, il commanda un régiment de Sirbaz
avec 50 cavaliers et deux canons sous les ordres de Mahomed Wulee Khan pour
arriver et renforcer Mehr Ally Khan et Moostuffa Ally Khan. Le 19, Mahomed Salah
Khan Yoozbashee avec 50 cavaliers arrivèrent à Nereez. Le 20,
Mahomed Wulee Khan Sirteep, avec deux canons et le régiment Sallakhoonee
suivit pour l'aide de Mehr Ally Khan. Le prince dit que 50 personnes furent
tués et 40 blessés des babis et de Sirbaz 30 furent tués
et 30 blessés... Le prince ayant ordonné que les chefs des tueurs
babis soient amenés, le 9 [juillet] (presque certainement le 9 juillet
est signifié ici. Il est curieux que Mirza mahmud ait soudainement sauté
ainsi dans son journal. Cela pourrait avoir eut lieu durant la traduction) Mehr
Ally Khan arriva avec 12 chefs. H.R.H commandait le Sirbaz pour parcourir les
rues avec ces chefs (on the point) de leurs baïonnettes. Cela fut fait
par conséquent avec des tambours battants. On dit cependant dans la ville
que ces chefs n'appartenaient pas aux babis mais aux Sirbaz. Après qu'ils
aient paradé dans les rues, les chefs furent suspendus à la Porte
d'Ispahan... le 23 juin, H.R.H recu une lettre de Mehr Ally Khan rapportant
que les babis avaient été défaits et que ce Syed Yahyah
et ses disciples seraient rapidement envoyés au prince.
Dans le rapport de Mahmud pour la période du 23 juin au 3 juillet, les évènements suivants sont notés:
"Le 24 juin, Mehr Ally Khan ayant envoyé à Chiraz 13 chefs babis, le Sirbaz les placa sur leurs baïonnettes et les porta au prince. H.R.H. ordonna qu'ils soient exhibés à travers les rues avec les tambours battants, et après à être suspendus à la Porte... le 26, deux ghoolams arrivèrent de Mehr Ally Khan avec des nouvelles de la capture de Syed Yahyah. H.R.H donna des tenus d'honneur aux deux. Il est rapporté que trouvant qu'il ne pouvait s'échapper, Syed Yahyah avec 4 de ses hommes se rendit au cours du 17 à Mehr Ally Khan. Il fit 4 requêtes:
1. que ses disciples soient autorisés
d'aller librement.
2. que s'ils sont condamnés à mort, son ravisseur intercèderait
avec le prince pour un répit de 3 jours.
3. que s'ils sont pris dans la ville, qu'ils ne soient pas escortés par
le Sirbaz.
4. qu'à la place du bourreau, l'un des moojtehids devrait le mettre à
mort après avoir recu ses dernières volontés.
Toutes ces requêtes furent refusées par Mehr Ally Khan qui dit qu'il attendait des ordres du prince pour sa disposition. Le 25, H.R.H envoya un bourreau avec 2 ferrashes pour le mettre [Syed Yahyah] à mort, mais avant leur arrivée, lui et ses croyants avaient été tués par le Sirbaz. Il est rapporté que le Sirbaz avait pillé Nayriz et pris toutes les femmes captives".
Mirza Mahmud, dans son rapport pour la période du 1 au 16 juillet 1850, dit:
"Le 8 juillet, Mehr Ally Khan envoya H.R.H 11 disciples du Bab qui avaient tous été emprisonnés le 10 juillet... Mehr Ally Khan et Moostufa Gooly Khan, qui avait été envoyé contre Syed Yahyah, était retourné à Chiraz en amenant avec eux 25 de la secte babie avec à sa tête le chef Syed Yahyah et 13 autres, comme une offrande à H.R.H (concernant cette offrande des chefs au prince gouverneur, browne a noté: "l'auteur du "Tarikh-i-Jadid" en concluant ce récit pris l'occasion de montrer comment fut littéralement accomplis dans ces évènements la prophétie contenue dans une tradition se référant aux signes qui marqueront l'apparition de l'Imam Mahdi: "En lui [ pourrait être] la perfection de Moïse, la valeur précieuse de Jésus, et la patience de Job; ses saints seront humiliés en ce temps et leurs têtes seront échangés comme présents, de la même façon que les têtes des Turcs et des Dalaymites furent échangés comme présents; ils seront tués et brûlés et ils seront effrayés, apeurés et consternés; la terre sera teintée de leur sang et les lamentations et les hurlements prévaudront parmi leurs femmes; ils sont en réalité mes saints; ("A Traveller's Narrative", page 259), qui ordonna que les prisonniers soient enfermés. Le prince avait reçu ces 2 Khans avec une grande faveur. Il apparaît que seul un Mahala (Mahallih signifie un district ou un quartier; dans ce cas, la référence est au quartier de Chinar-Suktihh où la plupart des babis vivaient) de Nayriz fut pillé et détruit. Le Sirbaz avait avec eux une bonne quantité de la propriété volée. Syed Yahyah est rapporté avoir eu 4 ou 5 récipients de sirop de grenades, une simple goutte de celle-ci était suffisante à faire un homme devenir un babi et les (join). Une bouteille fut bu par 4 Sirbaz qui instantanément (turned) les babis et se battirent contre leurs propres commandants. Ils dirent que ce sirop avait été amené au prince.
L'affaire du sirop de grenade est naturellement typique des histoires ridicules qui circulaient à propos des babis par leurs ennemis dans le but d'expliquer le succès des babis et leurs propres incompétences. Il y a une référence similaire dans le rapport de Ferrier de cet épisode daté du 25 juillet 1850:
"La secte des babis augmente chaque jour, et maintenant elle compte de nombreux adhérents en chaque province. Ils ont eu plus de succès que de revers au cours de ce mois. Leur position est bonne en Iraq, au Gilan, dans le Mazindaran, à Yazd et à Kirman, mais ils ont souffert un échec dans le Fars, lorsque Siyyid Yahya, l'un des chefs, qui avait pris possession de la forteresse de Nayriz située dans l'ouest de cette province, fut attaqué, défait et fait prisonnier par les troupes envoyées contre lui par Firuz Mirza... en adressant un rapport à Téhéran sur cette affaire, le gouverneur de Fars a aussi annoncé l'envoi d'un plat contenant un morceau de confiture trouvé à Nayriz et considéré par les babis comme étant une substance miraculeuse de laquelle il n'était pas possible de goûter même la plus petite somme sans devenir un babi. Firuz Mirza ajoute que trois soldats de la division du Fars, en ayant malheureusement mangé, ont en fait embrassé la nouvelle foi et que les ayant battu à mort, il ne fut pas capable d'extraire d'eux une rétraction. Le Shah est en train d'attendre cette poudre avec impatience, avec l'intention de tester ses propriétés sur plusieurs prisonniers d'état qui sont en ce moment détenus à Téhéran. Le persan ne peux rien dire ni ne peux faire quelque chose sans ajouter des miracles à cela. Mais ce qui est certain est que tous les sectaires qui ont été exécutés à ce jour ont porté leur punition avec un courage et une foi digne des temps héroïques des premiers martyres". (Ferrier à de LaHitte).
Sheil doit avoir reçu des informations concernant le commencement de l'épisode de Nayriz d'une source autre que celle de l'agent britannique à Chiraz. Car, le 25 juin 1850, avant qu'il ait reçu les rapports de Mirza Mahmud du Lieutenant-Colonel Hennell, le résident à Bushihr, il écrivit à Palmerston:
"Dans le Fars, les babis qui sous leur dirigeant Seyed Yaheeya avaient fuit de Yezd, avaient à nouveau commencé à attirer l'attention. Ils se sont approchés à une courte distance de Chiraz, où ils ont été avertis de ne pas entrer, mais (as yet) ils se sont abstenus de tout mouvement insurrectionnel dans la province ci-dessus". (Sheil à Palmerston).
Plus tard, dans la même dépêche à Palmerston lorsque le martyre du Bab fut rapporté, Sheil rapporte la fin de l'épisode de Nayriz: "Ses [le Bab] disciples dans le Fars avaient reçu un sévère échec. Syed Yaheeya qui fuit de Yezd à cette province avec un grand nombre de babis a été défait et capturé, ayant cependant auparavant deux fois repoussé les troupes du Shah". (Sheil à Palmerston).
Plus tard dans l'année, le passage suivant vint dans les rapports de Mirza Mahmud pour la période du 10 au 27 août 1850: "Le 20, Sa Sainteté royale convoqua 10 babis et leur ordonna de maudire Syed Yahiyeh ou de souffrir la mort; comme ils restaient silencieux, il fut conclut qu'ils étaient fermes dans leur foi. Le prince cependant leur accorda un répit d'une heure, lorsqu'ils se soumirent à la volonté de Sa Sainteté Royale. Certaines personnes intercédèrent alors pour eux et le prince leur pardonna... Le prince a été plutôt souffrant durant quelques jours passés, de ce récit, il est dit, il libérera tous les babis prisonniers". (Sheil à Palmerston).
Dans le rapport de Mahmud pour la
période du 23 septembre au 10 octobre 1850, le rapport suivant est rapporté
avoir été présenté le 6 octobre:
{"Le même jour, deux babis furent livrés par Mehr Ally Khan
à H.R.H. L'un d'eux était le bourreau, et l'autre un Sirdar de
Syed Yahyah. Les deux furent décapités"} (inclus dans Hennell
à Sheil 16 octobre 1850).
Deux épisodes ultérieurs décrits dans les rapports de Mirza Mahmud de 1850 devraient être notés. Dans les rapports du 27 avril au 12 mai, ce passage dit:
"Un élève de Mirza Ally Mahomed, le Bab, a été capturé par la population de Sheik Aboo Torab (Imam-Jumih de Chiraz), et envoyé par lui au Nuseer-ool Mulk. Sheik Mehdy le Moojtehid a reçu une fatwa [décret] pour son exécution. A présent, il est prisonnier dans la maison de Nuseer ool Mulk (rapport compris dans Hennell à Sheil, 15 juin 1850).
L'auteur a été incapable d'établir l'identité de cet individu. C'est probablement le même individu dont le sort est décrit dans le rapport de Mirza Mahmud du 23 juin 1850: "Le disciple du Bab qui fut envoyé par l'Imam Jumih à Nuseer ool Mulk a été exécuté devant H.R.H. (du rapport de Mahmud du 27 avril au 12 mai).
L'auteur a été aussi incapable d'établir la base pour la déclaration suivante dans les rapports de Mirza Mahmud du 23 juin au 3 juillet 1850: "Abbas Koolee Khan, le gouverneur de Cazeroon, a écrit au prince de l'effet que plusieurs des babis ont créé des troubles à Boronjoon. H.R.H. a envoyé des cavaliers pour les capturer".
En fait, il est possible que ce dernier épisode n'ait rien à faire avec les babis, alors que durant la période, tout trouble fut automatiquement attribué à eux.
Chapitre 6. Le soulèvement de Zanjan
(1850-51)
Le plus prolongé des soulèvements qui eurent lieu durant le ministère du Bab fut celle de Zanjan. Ici, l'un des ulémas local le plus influent, Mulla Muhammad Ali, connu comme Hujjat, épousa la cause du Bab et convertit une proportion considérable de la ville. Des tensions grandirent entre les babis et l'uléma shiite, et après quelques incidents, des troupes furent convoquées de Tabriz et Téhéran. Il est estimé qu'en tout quelques 20000 soldats entraînés ensemble avec au moins 19 pièces d'artillerie furent mis contre les 1500 ou 2000 défenseurs babis, qui occupaient la moitié est de la ville. Le siège dura 7 mois.
Il y a des récits occidentaux contemporains de cinq sources; le Ministre britannique, Sheil, le Ministre russe, Dolgoroukov, l'agent français Ferrier (dont les rapports semblent être les moins exacts), et les consuls britanniques et russe à Tabriz, respectivement R. W. Stevens et N. H. Anitchkov. Il y a au moins 43 références au soulèvement de Zanjan dans les dépêches de ces personnes et par conséquent de garder cette section du livre dans des limites raisonnables, il a été nécessaire de résumer beaucoup de ces dépêches et d'en oublier certaines.
La première référence à la force des babis à Zanjan se trouve dans une dépêche de Dolgoroukov le 7 mars 1849. Dans ce rapport, il déclare qu'" il y a des rumeurs qu'à Zanjan, ils sont apparus à une armée de 800, et que par leur présence, ils menaçaient de perturber l'ordre public. (Dolgoroukov à Nesselrode).
Dans une lettre datée du 21 février 1850, Ferrier, ayant parlé du soulèvement du Mazindaran et cité les 7 martyres de Téhéran, déclare:
"... 30 d'entre eux [babis]
arrivèrent à Téhéran de Zanjan en chaînes".
(Ferrier à de LaHitte). Il est difficile de relier cette déclaration
avec d'autres récits du soulèvement de Zanjan.
Peu de temps après, Dolgoroukov, dans un rapport de 14 mars 1850, mentionne
cela: "à Zanjan, qui est situé à mi-chemin entre Tabriz
et Téhéran, leur nombre atteint 2000 personnes et les idées
propagées par eux parmi la population incite un mécontentement
commun". (Dolgoroukov à Nesselrode).
Selon le récit de Nabil, la première effusion de sang dans le soulèvement de Zanjan fut le martyre de Shaykh Muhammad-i-Tub-Chi le 16 mai 1850: "La Chronique de Nabil", Grande-Bretagne, page 395, USA, page 542. Dans les jours qui s'ensuivirent, la ville fut plongé dans le tumulte et devint divisé en deux camps: Des nouvelles de ces évènements atteignirent Téhéran le 25 mai 1850 et dans une note écrite sur ce jour et annexée à son rapport principal, Ferrier rapporte: "Alors que j'étais sur le point de donner ma lettre au courrier, j'appris que la ville de Zanjan, située à mi-chemin entre Téhéran et Tabriz, s'est levée en rébellion, et a chassé son gouverneur et toutes les autorités établies par le Shah. Une batterie d'artillerie et des troupes sont sur le point de partir d'ici dans le but de remettre la ville en ordre. Zanjan est le centre principal du babisme.J.P.F. (Ferrier à de LaHitte).
Le Lieutenant-Colonel écrivant sur le même jour donne le rapport suivant:
"La plus grande partie de la Perse est dans un état de tranquillité tolérable. A Zanjan, une ville à mi-chemin entre Téhéran et Tabriz, une tentative d'insurrection fut faite par la secte des babis, dont le leader est le prêtre principal de la ville. 5 heures après, la réception de ses informations, un bataillon d'infanterie de 400 chevaux et trois canons marchèrent vers Zanjan. C'est un exemple sans précédent en Perse de célérité militaire, qui peut-être ne seraient pas surpassé dans beaucoup de pays en Europe. (Sheil à Palmerston).
Dans une dépêche datée du 30 mai 1850, Stevens rapporta l'explosion d'un "trouble sérieux" à Zanjan. Les babis restèrent en possession d'une grande partie de la ville" et environ 100 vies furent perdues. (Stevens à Palmerston).
Dolgoroukov notifie au ministre russe des Affaires Etrangères du commencement d'un sérieux conflit avec perte de vie à Zanjan dans une dépêche du 22 juin 1850. (Dolgoroukov à Nesselrode).
Le 25 juin 1850, Sheil rapporta le progrès du conflit:
"L'insurrection à Zanjan n'a pas encore été réprimée. Les babis de cette ville continuent de se défendre eux-mêmes avec le zèle de prosélytes et le mépris de la vie inculqué par leur foi et de maintenir la possession contre les troupes du Shah, de la partie de la ville originalement dans leur occupation. Le secours est dit atteindre les Babees (sic) des villages adjacents et des régions et beaucoup de vies sont perdus journalièrement des deux côtés; mais finalement naturellement les insurgés n'auraient d'autre choix que de céder à une force supérieure. Ce n'est pas un peu étrange qu'une ville insignifiante comme Zanjan, (within) atteint de toutes les ressources militaires de Téhéran et de l'Azerbaïdjan, devrait faire une tentative de révolte". (Sheil à Palmerston).
Le même jour, comme la dépêche ci-dessus de Sheil, Ferrier envoya un récit plus long, plus détaillé mais moins exact au Ministre des Affaires Etrangères. Dans ce récit, Ferrier déclare que les babis maintinrent le gouverneur assiégé dans son palais et que lorsque les troupes de Téhéran arrivèrent, les insurgés dirent: "qu'ils ne s'étaient pas révoltés du tout sur le compte de la religion, mais seulement contre la tyrannie de leur gouverneur, promettant de déposer les armes dès qu'ils auront donné l'autre". Ces déclarations furent montrées être incorrectes par des rapports ultérieurs, comme c'était son affirmation qu'il y avaient 6000 babis à Zanjan et trois fois plus dans les villages environnants. Les défenseurs babis à Zanjan étaient environ 1500 selon la plupart des sources. Son récit est intéressant en déclarant que les troupes envoyées de Téhéran consistaient en "3000 en infanterie, 1000 cavaliers et une batterie d'artillerie" et que"un corps similaire de troupes établit de Tabriz pour la même destination" (Ferrier à de LaHitte).
Le 30 juin 1850, George Alexander Stevens, qui était en charge du Consulat de Tabriz en l'absence de son père, rapporta à Palmerston que "les babis ont entière possession de la ville et de 200 chevaux irréguliers envoyés contre eux de Téhéran, ont été tué. (Stevens à Palmerston).
Il apparaît qu'à la mi-juillet 1850, Mulla Muhammad-Ali, Hujjat, fit un appel général pour la fin du combat (voir aussi Browne "Nuqtatu'l-Kaf", pages 233-4 et "Tarikh-i-Jadid", pages 372-3). Il écrivit des lettres à Sheil, à Sami Effendi (l'ambassadeur turc à Téhéran) et à George A. Stevens qui était en charge du Consulat britannique à Tabriz. Il est difficile de croire la déclaration de Sheil dans une dépêche datée du 22 juillet 1850 que dans la lettre de Hujjat à lui, Hujjat déclare qu'il a "été faussement accusé de babeeism" (Sheil à Palmerston). Car si Hujjat avait voulu renoncer à sa foi, le conflit à Zanjan se serait immédiatememt terminé. Si Sheil, de plus, croyait vraiment que Hujjat souhaitait renoncer au babisme, pourquoi continua t-il dans une dizaine de lettres ultérieures à appeler Hujjat et ses disciples Babis? En fait, dans une dépêche datée du 23 novembre 1850, Sheil fait une déclaration également incroyable que "Moolla Mahomed Ali", leur chef, a la réputation de s'être proclamé lui-même le vrai Bab, et son prédécesseur d'avoir été un imposteur" (Sheil à Palmerston). Anitchkov, également dans une dépêche du 22 juillet, répète l'allégation que Hujjat renie être babi. (Anitchkov au vice-roi du Caucase: Nicolas "Le Dossier russo-anglais", page 359. Nicolas, aussi, est étonné par cette déclaration, selon son agenda). Il apparaîtrait, par conséquent, qu'il y avait une tentative délibérée par les ennemis de Hujjat de le dénaturer. "La Chronique de Nabil" déclare que certaines des lettres de Hujjat furent interceptées par les forces du gouvernement et que des fausses lettres leur fut substituées. La lettre à Sheil pourrait avoir été une de celles-ci.
Sheil déclare que sa lettre de Hujjat contient comme pièce jointe: "une lettre de la même prétendu à l'Amir-Nizam. Le Ministre persan répondit à cette personne qu'il était prêt à accepter sa déclaration, mais en preuve de sa sincérité, il doit se présenter lui-même à la Cour du Shah. Aucune remarque n'ayant été prise de cette condition, un corps supplémentaire de troupes a été appelé pour poursuivre le siège. (Sheil à Palmerston).
Ce serait étrange en fait si Hujjat, ayant écrit les lettres originales, déclina alors d'accepter les propositions qui en résultaient, à moins que les lettres originales n'émanaient pas de lui. Une explication alternative pour cette remarquable déclaration attribuée à Hujjat est que dans sa lettre, Hujjat pourrait avoir demandé l'opportunité de prouver publiquement qu'il n'était pas coupable d'hérésie. Hujjat aurait, par une telle signification, avoir signifié prouver que la religion babie n'était pas une hérésie, mais Sheil pourrait avoir mal interprété cela être un déni de foi.
Dolgoroukov rapporte aussi ces lettres de Hujjat le 26 septembre:
"Les désordres de Zanjan ne sont pas encore arrivés à terme. Les babis, qui sont engagés là-bas dans une lutte à la vie à la mort contre les troupes du Shah, sont encore en train de résister aux attaques de Muhammad Khan, et on peut seulement se demander de la violence avec laquelle ils affrontent le danger de leur situation. Leur chef, Mulla Muhammad-Ali, a demandé au Ministre turc, Sami Effendi et aussi le Colonel Sheil pour leur médiation. Cependant, mon collègue anglais est de l'opinion que ce serait très difficile de forcer le gouvernement persan de consentir à une étrangère en faveur des sectateurs cités ci-dessus. (Dolgoroukov à Séniavin).
Anitchkov dans sa dépêche du 22 juillet déclare que dans sa lettre à George Stevens, Hujjat demande à ce dernier de (take up) son cas. Dans cette dépêche, Anitchkov rapporte aussi:
"Il y a quelques jours, les assiégeants ont creusé une mine et soufflé certaines maisons de babis. Mais le résultat fut contraire à ce qui était attendu. En effet, les babis firent alors une sortie et infligèrent un désastre complet aux forces impériales. Environ 60 de ces dernières furent tués et le reste mis au combat... à l'ordinaire pillage qui eut lieu autour de Zanjan et que j'ai rapporté à plusieurs reprises à Vôtre Excellence, pourrait maintenant être ajouté, selon les allégations de nos ghulams qui voyageaient le long de cette route, les blessures sur la grand route des soldats envoyés là-bas contre les babis". (Anitchkov au vice-roi du Caucase).
Les rapports suivants pourraient être résumés ainsi:
- 25 juillet; Ferrier:
"Les Babis sont maîtres de la ville et ils ont pris abri derrière un haut mur sur le sol protégé par un fossé asséché rempli aux trois-quart. C'est une scène de dévastation que 3000 troupes européennes (would flatten) en 48 heures... plus de 900 hommes ont péri devant ses murs depuis que le siège commenca et presque autant ont été blessés. C'est également un Mulla, nommé Muhammad-Ali, qui est le chef de la révolte dans la ville, et il est très remarquable que c'est toujours de cette classe de la population et ceux des Siyyids (descendants du prophète) que la majorité des recrues de la secte babie viennent". (Ferrier à LaHitte).
- 29 juillet; Anitchkov:
"Le 14 juin (26 juin), les babis de Zanjan furent une nouvelle fois attaqués. l'attaque fut repoussée avec de grandes pertes de la part des assaillants qui avaient plus de 200 blessés et au moins 40 morts. Les babis avaient pris possession des quatre principales portes de la ville, avaient construits des fortifications et avaient obtenu de considérables munitions.
Leur chef, Mulla Muhammad Ali, a capturé 4 habitants notables de la ville et ils les détient dans son camp. A présent, 3 régiments sont divisés près de Zanjan, desquels l'un est de Tabriz. Mais les babis résistent avec un courage splendide et un succès constant. Ils ont, dans le cas ou les ennemis occupent leurs fortifications, assemblèrent dans une place tous leurs biens et avaient placé là-bas des matériaux inflammables avec l'intention de détruire tout par le feu plutôt que de laisser tomber le butin aux soldats". (Anitchkov au Prince Vorontsov).
- 31 juillet; R. Stevens:
"(as fast as) l'artillerie
fit feu sur la ville, les balles sont ramassés et elles retournèrent
au camp en dehors du canon en bois relié de fer". (Stevens à
Palmerston).
L
e 11 août 1850, Dolgoroukov rapporte la dépêche de Muhammad
Khan ensemble avec 2000 hommes et quatre canons contre Zanjan". (Dolgoroukov
à Séniavin).
Le 22 Août, Sheil déclare que comme des renforts ont été envoyés contre les babis à Zanjan, il ne peux pas y avoir longtemps avant que la ville soit prise". (Sheil à Palmerston).
Le 5 septembre, Sheil avance un rapport du Consul britannique, Keith Abbott, qui sur le chemin à Tabriz, était passé par Zanjan (de la date de cette lettre, il apparaîtrait qu'Abbott était à Zanjan dans le même temps que "Aziz Khan et pourrait par conséquent, l'avoir accompagné à Tabriz). Sheil rapporte aussi la dépêche de "plusieurs fusils... à Zanjan... il y a quelques jours, qui ne peux pas manquer d'amener l'affaire à une conclusion rapide". (Sheil à Palmerston).
- Une lettre d'Abbott:
Camp persan devant Zanjan, 30 août
1850.
Cher Monsieur:
"Je trouve le Begler Beggee, Mahomed Khan, encore engagé devant
cette place. Les babis occupent un quart seulement de la ville et dans deux
récents assauts des troupes ont été conduits de leur poste
sur le mur nord à une certaine distance à l'intérieur de
lui. Ils occupent maintenant le côté sud-est de la ville et le
Begler Beggee a monté 4 canons sur les bastions qu'il a plus tard capturé
et il a avancé 4 ou 5 autres dans la ville. La résistance des
babis apparaît avoir été déterminé et conduit
avec beaucoup d'adresse. Ces personnes ont érigés des barricades
et ils ont fait des meurtrières dans toutes les maisons dans leur quartier,
afin que bien que leur nombre soient maintenant grandement réduits par
désertion et blessures et ils ont dit ne pas avoir plus que 300 combattants
sur le carreau, leur position est si forte que cela doit être sans doute
une affaire d'une considérable difficulté pour les déloger.
Ils combattent de la manière la plus obstinée et la plus spirituelle,
les femmes même, de laquelle plusieurs ont été tué,
s'engageant dans le combat, et ils ont des excellents tireurs d'élite
que jusqu'à cette période, une bonne partie sont tombés
des troupes du gouvernement. Sous ces circonstances, les approches avaient été
faites avec les difficultés les plus extrêmes, la moindre exposition
de l'homme étant instantanément pris avantage par les tireurs
d'élite ennemis. Les babis avaient aussi construits un duo de canons
par des barres de fer reliées ensemble, mais qui coûtaient du dommage
à chaque décharge. Un courrier venait juste d'arriver de Téhéran
avec des informations que six lourds canons et un supplément de munitions
avaient été distribués à l'intérieur. Le
Begler Beggee à l'intention cependant de faire un autre assaut demain
au point du jour par lequel il espère obtenir l'entière possession
de la place".
- 9 septembre ; Anitchlov:
"Muhammad Khan a réussit à capturer certaines des tours de la forteresse et il a monté des canons aux sommets de celles-ci. Cependant, les babis ont essayé de construire 2 canons et ont retourné les balles des canons tirés par leur ennemi". (Anitchkov au vice-roi du Caucase).
- 23 septembre; Anitchkov:
Environ 60 babis se sont rendus et ont été emprisonnés par Muhammad Khan. Lorsque Aziz Khan arriva, "ils furent libérés, reçurent des cadeaux et ils furent renvoyés à la ville pour persuader leurs coreligionnaires de se livrer, mais jusqu'à présent, ils ne sont pas retournés et leur population continue en résistant jusqu'au bout" (Anitchkov au vice-roi du Caucase).
L'arrivée de Aziz Khan-i-Mukri le 25 août 1850 marque un intervalle important dans les opérations du siège. Selon "La Chronique de Nabil",(Grande-Bretagne, page 406, USA, pages 556-7), Aziz Khan était en premier disposé à être amical aux babis mais l'arrestation par le farrash de l'Amir-Nizam de Siyyid Ali Khan (i-Firuzkuhi) qui était aussi amical, l'effraya et lui changea ses intentions initiales.
L'histoire derrière l'arrivée d'Aziz Khan à Zanjan est qu'en octobre 1850, le Prince russe de la Couronne, le Grand Duc Alexander Nicholaivich, visita le Caucase. Le 16 octobre, il devait être à Iravan. Le gouvernement persan envoya Aziz Khan (qui à ce moment possédait le titre Ajudan-Bashiy-i-Kull, et il était responsable de toutes les affaires militaires et directement respoonsable de l'Amir-Nizam) avec des cadeaux estimés par Sheil de valoir environ 6000 tumans pour saluer le prince russe. Il lui fut aussi ordonné de prendre la responsabilité des opérations de Zanjan sur son chemin pour l'Azerbaïdjan.
Un secrétaire de l'Ambassade russe, accompagnant Aziz Khan, envoya un rapport à Dolgoroukov qui fut expédié au Ministre des affaires Etrangères le 5 octobre 1850:
"A Qazvin, le fils du Vizir,
Mirza Musa, avec quelques cavaliers et le Kad-Khuda sortirent pour nous rencontrer,
et avec toute la cérémonie due à son [Aziz Khan] rang,
nous entrâmes dans la ville. Ce fut là-bas qu'un courrier de l'Amir
nous délivra un firman (décret) dans le sens qu'il était
nécessaire pour nous de prendre des mesures effectives pour amener un
terme à l'affaire de Zanjan, et que nous avions à rester dans
cet endroit jusqu'à ce que la tâche soit terminée. Lorsque
nous arrivâmes à Sultaniyyih, nous fûmes croisés par
des officiers supérieurs des forces militaires qui étaient basées
à Zanjan. Elles étaient pleines de plaintes au sujet de Muhammad
Khan, le gouverneur (en fait, il était le Biglar-Bigi de Tabriz) de Tabriz,
et étaient de l'avis que (were it not for him), l'affaire de Zanjan serait
terminée.
Le vendredi, le 13 du mois, nous continuâmes de Sultaniyyih et nous entrâmes
à Zanjan. Aslan Khan, le gouverneur de Zanjan, et le Biglar-Bigli de
Tabriz, Muhammad Khan, et les chefs militaires sortirent pour nous rencontrer.
Là, l'Ajudan-Bashi [ Aziz Khan] réprimanda les commandants et
leur demanda si ils n'étaient pas honteux que cinq mois aient passés,
qu'ils avaient été assiégés par un simple mulla
sans être capable de le capturer. Lui-même, il capturerait cet homme
le jour suivant. L'Ajudan-Bashi écrivit une lettre d'accusation à
Mulla Muhammad lui reprochant la rébellion contre le Shah et suggérant
qu'il retourne avec lui à Téhéran. Cette lettre fut délivré
par Najaf-Quli Khan d'Iravan mais Mulla Muhammad Ali déclina les suggestions
de l'Ajudan-Bashi Aziz Khan, et une seconde fois lui envoya le même messager
et le menaça que si il ne se rendait pas lui-même, toutes ses propriétés
et toutes ses femmes seraient donnés aux soldats du gouvernement. Mais
Mulla Muhammad-Ali répondit que lui-même était un roi et
que Aziz Khan pourrait essayer de faire ce qu'il voulait.
Le mercredi, (30 août. Noter que c'est aussi la date de la lettre d'Abbott,
voir page 118) l'Abujan-Bashi disposa ses troupes autour de Zanjan. Il demanda
une nouvelle fois à Mulla Muhammad-Ali de se rendre lui-même mais
cette action ne mena pas à un résultat utile. Finalement, (2 septembre)
le dimanche, Aziz Khan, après avoir exhorté les troupes aux actions
de valeur, ordonna une attaque et tous les canons commencèrent à
faire feu. Mais dès que les soldats s'approchèrent des fortifications,
10 d'entre eux furent tués et le reste s'enfuit. Aziz Khan ordonna une
seconde attaque, mais parce qu'il n'avait pas anticipé un bon résultat
de la bataille, il monta son cheval et ayant souligné aux soldats que
Zanjan devait être conquise en deux jours, il quitta la scène.
Après son départ, les soldats abandonnèrent l'idée
de continuer l'attaque (en dehors de tout danger). A ce moment-là, les
trois quart de la ville était occupée par les soldats et seul
un quart étaient dans les mains de Mulla Muhammad-Ali. Les maisons qui
sont dans les régions occupées par les soldats sont toutes en
ruines, et les planches en bois ont été enlevées d'elles
par les soldats pour vente.
De mes observations des troupes royales, il est clair que du temps de leur entrée
dans Zanjan jusqu'à présent, leurs pertes dépasse 500 morts
et 200 blessés. Il n'y a pas une tente dans laquelle il n'y ait pas un
soldat blessé. Tous les babis qui furent capturés, furent amenés
devant l'Ajudan-Bashi et les soldats les mirent à mort". (inclut
dans Dolgoroukov à Séniavin, 5 octobre 1850).
Les rapports sur les quelques mois à suivre pourraient se résumés ainsi:
- 25 septembre; Sheil:
"Les disciples du Bab ont barricadé une partie de la ville, de laquelle ils ne peuvent pas s'extraire sans une grande perte de vie que les assaillants semblent vouloir rencontrer. Une faible tentative d'un assaut fut faite plus tard, de lequel le seul résultat fut d'obliger les babis de se retirer à une courte distance dans leurs positions. (Sheil à Palmerston).
- 18 octobre; Dolgoroukov:
note que "les babis ont été combattus par 6000 des meilleures troupes du Shah pendant presque 5 mois jusqu'à présent..." et que Muhammad Khan "ne s'est pas distingué par un courage personnel et la démoralisation des troupes qu'il commande a atteint des proportions extrêmes". (Dolgoroukov à Séniavin).
- 25 octobre; Ferrier:
Notant "le manque du succès d'Aziz Khan à Zanjan". (Ferrier à LaHitte).
- 25 octobre; Sheil:
Note le siège continu de Zanjan, "contraire à toute attente rationnelle". Puis elle continue de rapporter: "en dépit des force puissantes employées dans le siège (sic), un sujet anglais qui arriva plus tard à Téhéran m'informa que les mesures de défense adoptées par les assiégés étaient si faibles qu'à peine présenter un semblant d'hostilités. Le Général Sir Henry Béthune, qui visita la scène des opérations, exprima une conviction que trois heures avec des troupes ordinaires finiraient l'affaire, et il déclara en particulier qu'il n'avait jamais été témoin d'une combinaison d'ignorance, d'incapacité et de retard mental si humiliants". (Sheil à Palmerston).
- 7 novembre; Dolgoroukov:
"Selon les rapports qui m'ont atteint, le Sartip [Colonel] Farrukh Khan, qui avait été commandé d'avancer de Kirmanshah et de rejoindre le Biglar-Bigli à Zanjan, tomba dans les mains des babis. Ces fanatiques l'avait brûlé. Le nombre de babis à Zanjan à présent est connu être d'environ 300 personnes". 2 régiments frais sous le commandement du fils d'Aziz Khan ont été dépêchés à Zanjan". (Dolgoroukov à Séniavin).
- 21 novembre; Dolgoroukov:
"de nouvelles unités militaires viennent juste d'être dépêchées contre les babis de Zanjan... le gouverneur de cette ville... Amir Aslan Khan est accusé de provoquer la résistance que les babis offrent... par son comportement inconsidéré". (Dolgoroukov à Séniavin).
- 23 novembre; Sheil:
"Trois nouveaux régiments et des mortiers ont été envoyés comme renforts". Le reste du rapport est quelque peu auto contradictoire comme d'un côté Sheil affirme que les défenseurs ne sont pas babis et puis que Mulla Muhammad-Ali s'est "proclamé lui-même être le vrai Bab, et son prédécesseur avoir été un imposteur" -à la fois ces deux déclarations sont fausses et probablement le résultat de rumeurs propagées par les troupes du gouvernement. "Un nombre de citoyens ayant laissé la ville avec un sauf-conduit, lorsque le groupe était divisé, ils furent assaillis par les soldats qui maltraitèrent leurs femmes et pillèrent leurs propriétés". (Sheil à Palmerston).
- 29 novembre; Stevens:
"un grand renfort est maintenant sur le chemin pour rejoindre les troupes assiégées... L'Amir-i-Nizam a autorisé, si nécessaire, la destruction de la ville et un massacre général". (Stevens à Palmerston).
Début décembre, Hujjat fut blessé. En entendant cela, ses compagnons posèrent leurs armes et se ruèrent de son côté. Le laps de temps dans les défenses permit aux forces royales l'opportunité de percer les fortifications. Ce jour là, selon "La Chronique de Nabil", environ 100 femmes et enfants furent capturés. Leur sort est décrit par Stevens dans une dépêche datée du 9 décembre 1850: "J'ai été informé par un marchand persan qui l'entendit d'un témoin que le fils de Mollah Mehmet Aly, Zenjaunee, un jeune de seulement 8 ans, fut littéralement coupé en petits morceaux par ordre de Mahomed Khan et que les femmes et les filles des partisans du Molla furent amenés au camp et offertes aux soldats. De telles cruautés n'appelle aucun commentaire". (On devrait dire que pendant sans aucun doute, des atrocités furent commises, il est peu probable que la victime de l'épisode ci-dessus fut en fait un fils de Hujjat. Un tel incident n'aurait pas manqué de venir à l'attention de l'un des babis ou d'historiens baha'is et pourtant il n'y a de mention dans aucun travail de ce sort survenu à un fils de Hujjat). (Stevens à Sheil).
Sheil en rapportant cela à Palmerston le 16 décembre déclare: "J'ai amené les circonstances à la connaissance du ministre persan. L'Amir-Nizam me remercie pour l'information et il dit qu'il prendrait des dispositions immédiates pour prévenir de tels procédés barbares, qui sont entièrement opposés à ses sentiments et ses sensations". (Sheil à Palmerston).
Le 23 décembre, les rapports Anitchkov rapporte l'état des affaires suivant la capture du fort: "Il semble que bien que les fortifications des rebelles aient été bien prises, la maison de leur chef reste debout. Dans cette maison, une foule de 70 hommes et autant de femmes sont réunis et repoussent les attaques de l'armée entière. Un régiment a été envoyé de Maraghih". (Anitchkov au vice-roi du Caucase).
Sheil, le 24 décembre, donna un rapport similaire:
"L'attente générale nourrie ici que les renforts envoyés à Zenjan après avoir fait leur premier assaut, imiterait l'apathie de leurs camarades, a été accomplie. Le régiment de Gerroos (Le Colonel de ce régiment était Hasan-Ali Khan-i-Garrusi), après avoir rejoint le camp, fit une attaque avec de la vigueur, dans laquelle beaucoup furent tués des deux cotés, la perte du côté des babis étaient très sévères. Depuis lors, le même sort de trêve tacite qui existait avant semble être à nouveau établi. Aucune opération active n'a été entreprise; les deux parties sont en alerte, et des balles sont tirées dès qu'un soldat ou un babi plus entreprenant que ses compagnons expose sa personne.
Ce siège prolongé, si cela peut être appelé un siège, est inexplicable. Un gentleman anglais qui traversa Zanjan plus tard m'informa il y a quelques jours que la partie de la ville occupée par les babis est confinée à 3 ou 4 maisons, et que leur nombre est complètement insignifiant. Ils ont adopté un mode de défense qui semble surpasser le talent militaire des commandants persans. L'espace tout entier inclus avec ces maisons est miné ou creusé et relié par des passages. Là les babis vivent en sécurité des tirs et des obus des assaillants, qui ont évidemment aucune prédilection pour des combats souterrains". (Sheil à Palmerston).
Finalement, cependant, à la suite de la mort de Hujjat, la résistance babie s'effrita. Le ministre russe donna la notification suivante à la fin du siège, le 7 janvier 1851:
"Les troubles de Zanjan sont finis. Après un siège qui dura presque 6 mois, les troupes du Shah avaient détruit le centre de la rébellion. Les babis qui se défendaient eux-mêmes à la fin, et dont le nombre était finalement réduit à 20 hommes, qui cherchaient refuge dans une cave, furent déchirés en petits morceaux. En plus des dépenses monétaires, ce combat a coûté 1500 tués et infirmes à la Perse". (Dolgoroukov à Séniavin).
Ferrier embellit son récit (daté du 24 janvier 1851) avec des erreurs diverses, mais il est important en cela qu'il donne une date pour la mort de Hujjat, qui même si elle n'est pas la date exacte, n'est pas loin de la vérité:
"Tandis que l'Amir était
considéré avoir abandonné le siège de Zanjan et
l'avoir repris au printemps, comme je l'ai mentionné dans ma dernière
lettre, les opérations militaires dirigées contre cette ville
accomplit l'un de ces succès imprévisibles dans lesquelles toutes
révolutions en Perse finissent habituellement. Mulla Muhammad Ali, chef
des babis, était l'âme et le nerf de la défense. Début
décembre, il avait coupé la gorge de sa femme car elle avait exprimé
la pensée de traverser le camp impérial, le Coran à la
main, et là-bas d'implorer la clémence des assiégeants".
(Cette histoire n'est pas correcte.
Après la fin du soulèvement de Zanjan, les survivants de la famille
de Hujjat furent envoyés, sur les ordres de Nasiru'd-Din-Shah, à
Chiraz. Là-bas, des années plus tard, Mirza Habibu'llah Afnan
rencontra la fille aînée de Hujjat, Bibi Raqiyyih, qui lui raconta
les détails de la famille de Hujjat. Selon cette source qui fait autorité,
Hujjat avait trois femmes: l'une était la mère de Bibi Raqiyyih
qui fut envoyée à Chiraz avec 6 de ses enfants après la
fin du soulèvement; une femme avait un garçon et les deux furent
tués par un boulet de canon dans les stades finaux du soulèvement;
la troisième n'avait pas d'enfant et fut aussi envoyé à
Chiraz. Ces détails sont enregistrés dans le récit narratif
de Mirza Habibu'llah de la foi baha'ie à Chiraz). Plusieurs avantages
gagnèrent ces derniers, durant le cours de la même année,
augmenta sa présomptuosité tant qu'il avait l'imprudence de se
retrouver seul, et armé d'une épée misérable, à
la poursuite de certaines troupes en retraite. Mais il fut blessé par
une balle au visage alors qu'il rentra dans sa forteresse (ce n'est pas la manière
dont Hujjat fut blessé, selon "La Chronique de Nabil") et il
mourut le 29 décembre après quelques jours de souffrance.
Privés de leur chef, les babis abandonnèrent le combat et atteignirent
la campagne (au moyen de leurs passages souterrains) où ils se dispersèrent
dans toutes les directions. Le Sirbaz, étonné par 24 heures de
silence de la part des assiégés, fut encouragé un peu et
tenta un nouvel assaut, mais ils cherchèrent partout sans trouver un
seul ennemi et prirent possession de la place sans un coup de feu tiré.
(C'est à nouveau incorrect: les survivants babis furent ou bien faits
prisonniers ou tués sur le lieu. Très peu fuirent, comme les récits
suivants le montre). Furieux de trouver que les babis lui avait échappé,
Sardar-Panjih, Muhammad Khan envoya ses cavaliers à leur poursuite. Mais
ils réussirent seulement à arrêter 30 inoffensifs et malheureux
paysans qui payèrent pour les vrais coupables, tous furent massacrés
sans pitié". (Ferrier à LaHitte).
Sheil donne ce qui pourrait être considéré comme le récit le plus exact de la fin du siège, daté du 6 janvier 1851:
"J'ai l'honneur de rapporter à Vôtre Excellence que Zanjan a été finalement capturée. Mulla Mahomed Ali, le chef des insurgés, a reçu une blessure au bras, qui s'acheva avec sa mort. Ses disciples découragés par la perte de leur chef, succombèrent à un assaut que leur relâche dans l'énergie de leur défense encouragea les troupes du commandant du Shah à faire. Ce succès fut suivit par une grande atrocité. La pusillanimité des troupes, que les évènements de ce siège avaient rendues si notoires, fut égalée par leur férocité. Tous les captifs furent passés à la baïonnette par les soldats de sang froid pour venger, selon la loi musulmane des représailles, le massacre de leurs camarades. Des haines religieuses pourraient avoir conspiré avec les sentiments excités par une querelle sanglante, qui parmi les tribus sont très fortes, pour causer cet acte impitoyable. 400 personnes sont dites avoir péri de cette manière, parmi lesquelles on pense qu'il y avait des femmes et des enfants. Du fait lui-même, il ne peut y avoir aucun doute, comme il est admis par le gouvernement dans son avis de la réduction de la ville, bien qu'il puisse être supposé qu'il y ait une exagération dans le nombre.
Pour le moment, les doctrines du Bab ont reçu un échec. Dans chaque partie de la Perse, ses disciples ont été écrasés ou dispersés. Mais bien qu'il y ait une cessation de la promulgation ouverte de ses principes, on croit qu'en secret, ils ne sont pas les moins chéris, particulièrement dans les provinces du Mazindaran, de Yezd, de Kerman et du Fars". (Sheil à Palmerston).
La fin du siège de Zanjan fut aussi rapportée au Vicomte Palmerston par Richard Stevens, le Consul britannique à Tabriz, le 25 janvier 1851: "J'ai l'honneur de rapporter à Vôtre excellence l'issue finale de l'insurrection de Zanjan.
Le leader Mollah Mehmet Aly mourut de ses blessures qui menèrent à la reddition de ses disciples. Les hommes furent massacrés par les troupes 12 Hajis et mullas qui furent tués de la bouche d'un canon. Les femmes furent envoyées à la maison du chef des prêtres". (Stevens à Palmerston) (Le Mujtahid, Mirza Abu'l-Qasim).
Binning, qui était à Ispahan lorsque des nouvelles de la fin de l'épisode de Zanjan lui parvinrent, raconte:
"Les babees ont dernièrement été défaits par les troupes du Shah à Zanjan et cette ville a été prise et démantelée. La petite troupe des babees qui la garnissait, se conduisit avec une grande détermination et un grand courage; et pendant plusieurs mois résista contre 6 régiments de l'armée royale jusqu'à ce qu'ils soient contraints de se rendre. Après que la ville ait succombé, les troupes, selon la coutume persane, commença à perpétrer une sauvage vengeance sur les vaincus, comme punition de leur courage et de leur résistance obstinée. Toute la population babie fut amenée dans la plaine en dehors de la ville et là, ils furent tous, hommes, femmes, enfants et bébés, délibérément passés à la baïonnette. Les soldats creusaient aussi les corps de certains qui étaient tombés au cours du siège et ils les taillèrent en pièces; se réjouissant de toutes les manières de barbaries sauvages, telles que seules les brutes les plus (veriest) et les lâches peuvent commettre. La persécution des babees continue encore; mais tempérée de miséricorde. Chacun de cette secte, lorsqu'il est arrêté, est invité à se rétracter et à retourner dans la (pale) de l'Islam, si il se conforme, il est immédiatement librement pardonné, mais en cas de refus, il est décapité sur le champ". (Binning "Two Year's Travel", volume 2, page 164).
Le 24 février 1851, Ferrier enregistra le retour des troupes de Zanjan à Téhéran "avec un grand nombre de blessés. Il est estimé que 4500 soldats ont été tués durant le siège de cette ville délabrée. (Ferrier à LaHitte).
Le 14 mars, Sheil rapporta l'exécution de 4 babis de Zanjan. Ces quatre étaient Mir Rida (appelé Sardar, le commandant des forces de Hujjat), Monsieur Jalil (le père de Siyyid Ashraf, le distingué martyre d'une génération plus tard), Ustad Sattar-i-Kulahduz et un autre. (selon Malik-Khusravi dans "Tarikh-i-Shuhaday-i-Amr", volume 3, pages 127-9). Ils furent martyrisés le 2 mars dans le Sabzih-Maydan à Téhéran.
"4 babees, prisonniers de Zengan, furent exécutés ici il y a quelques jours. Plusieurs autres membres de cette secte sont enfermés à Téhéran, certains d'entre eux sont extrêmement jeunes. J'envois un message aujourd'hui à l'Amir-Nizam, exprimant un espoir que les vies de ces personnes pourraient être épargnées. J'ai dis que l'abondance de sang, regardant que les babees simplement comme des rebelles, a été versée, et que ce n'est pas digne d'une personne de son aura d'interférer avec les spéculations simplement mentales de chaque classe.
L'Amir-Nizam m'envoie l'assurance que ces personnes ne seront pas privées de leurs vies et que c'était son intention de les disperser dans des directions diverses.
Depuis la soumission de Zanjan, les disciples du Bab ne se sont pas risqués à perturber la paix publique". (Sheil à Palmerston).
Dolgoroukov rapporte le 4 mars 1851 qu'un "grand nombre" de babis ont récemment été exécutés dans le Maydan-i-Ark (le jardin public de la citadelle). (Dolgoroukov à Nesselrode).
Gobineau visita Zanjan au cours de la décennie de ce soulèvement, en février 1858. Après avoir relaté les évènements de l'un des jours les plus féroces de la bataille, le 4 août (Gobineau donne par erreur la date du 5 Ramadan; c'était en fait le 25 Ramadan) 1850, Gobineau déclare:
"J'ai vu à Zanjan, les ruines de cette journée féroce; des sections entières de la ville n'avaient pas encore été reconstruites et peut-être ne le seront elles jamais. Certaines de celles qui prirent part dans cette tragédie m'ont, sur tout le lieu, relaté les incidents qui eurent lieu. Ils me firent un dessin, dans mon esprit, les babis montant et descendant les terrasses avec leurs canons dans leurs bras. Souvent le sol, qui était en terre battue, pas très solide, s'effondrait; le canon était alors soulevé et remonté à la force de leurs bras; le sol au-dessous serait étayé avec des poutres. Lorsque l'ennemi approcha, la foule entourait les canons avec enthousiasme, chaque bras fut étendu pour les soulever, et lorsque les porteurs tombaient sous la grêle du feu ennemi, il y avait une centaine de compétiteurs pour disputer l'honneur de les remplacer. Vraiment, telle était leur foi". (Gobineau "Religions et philosophies", page 220.
Le Comte de Rochechouart, le successeur de Gobineau à la Légation de France à Téhéran, écrivit un livre érudit et informatif sur la Perse intitulé "Souvenirs d'un voyage en Perse". Après avoir référé au soulèvement babi à Zanjan, il dit:" Cette petite ville ne s'est pas encore rétablit de ce terrible soulèvement et ce n'est plus qu'une pile de ruines. Le commerce et l'industrie là-bas sont presque inexistants et à part quelques bookmakers, on ne peut trouver absolument rien d'autre là-bas". (Comte de Rochechouart "Souvenirs d'un voyage en Perse", page 5).
Le Colonel Charles E. Stewart visita Zanjan en 1880 et rapporta: "Zenjan est célébré comme l'endroit où les babis, une secte religieuse, se défendirent eux-mêmes très bravement contre l'armée persane durant 9 mois. J'ai visité les ruines de la maison du chef des babis; les persans n'ont jamais permis la construction d'une maison sur ce site. Des contes merveilleux sont courants des babis ayant inventé une machine qui les rendaient capables de creuser des mines avec une vitesse incroyable". (Stewart "Through Persia in Disguise", page 210).
Le professeur E. G. Browne visita la scène de ce conflit en novembre 1887. Il donne le récit suivant de ses recherches:
"Nôtre prochaine étape nous amena à la ville considérable de Zanjan, si célébré pour sa défense obstinée par les babis contre les troupes royales en 1850. Elle s'étend dans une plaine entourée par des collines, et elle est située près, mais pas sur, de la rivière appelé Zanjan-ab, qui est à cet endroit entourée par des jardins. La ville n'a jamais retrouvé des effets de ce siège, car, en outre la blessure qu'elle soutint de la canonnade à laquelle elle fut exposée pendant plusieurs mois, une partie considérable fut brûlée par les assiégés en une occasion, lorsqu'ils furent durement pressés par l'ennemi pour créer une diversion. Nous entrâmes dans la ville par la porte ouest, en passant à nôtre droite un cimetière étendu, duquel deux Imamzadeh au dôme bleu constituent le trait le plus évident...
Nous restâmes à Zanjan durant le jour suivant, car j'étais anxieux d'examiner la ville et ses murs, avec une vue d'obtenir une idée plus claire de l'histoire du siège et les causes qui avaient été capables de permettre aux babis insurgés de tenir en échec les troupes royales si longtemps. Sir Henry Béthune, cité par Watson dans son "History of Persia under the Kajar Dynasty" dit que à son avis, la place doit avoir été soumis par une armée régulière en quelques jours et aussi loin que je puisse en juger, elle ne possède aucun avantage naturel comme une forteresse. Il est vrai qu'elle est entourée par un mur (maintenant détruit à certains endroits), mais bien que ses dimensions de 20 ou 25 pieds de hauteur, elle est construite que d'un matériau pas plus solide que de l'argile à découvert. La résistance désespérée que leur offrent les babis doit donc être attribué bien plus à l'extraordinaire vaillance avec laquelle ils se défendaient qu'à la force de la position qu'ils occupaient. Même les femmes prirent part à la défense, et j'ai entendu par la suite déclarer de bonne source que, semblables aux femmes de Carthage dans le passé, elles coupèrent leurs longs cheveux et les attachèrent autour des canons en mauvais état pour leur donner la résistance nécessaire. Le combat le plus féroce était des côtés nord et nord-ouest de la ville, par le cimetière et la porte de Tabriz. Malheureusement il n'y avait personne de qui je puisse obtenir des informations détaillées au sujet du siège. Cela, je le regrette beaucoup car j'étais convaincu que si je les avais trouvé, il doit y avoir eu beaucoup de personnes résidents à Zanjan qui ont été témoin si, où même prit part à elle. J'avais cependant, à cette époque, aucune indication pour me guider à ceux qui m'auraient probablement gardé la plupart des circonstances détaillées à ce sujet, c'est-à-dire les babis. Il n'y avait par conséquent rien pour me persuader à prolonger mon séjour et par conséquent, après un jour de halte, nous quittâmes Zanjan le 15 novembre pour Sultaniyyé". (Browne "A Year Amongst the Persians", pages 79-81).
Chapitre 7. "L'attentat sur la vie du
Shah"
Le 15 Août 1852, il se passa un évènement qui allait avoir des implications d'une grande portée pour la nouvelle religion. Non seulement elle mena à court terme au massacre des adeptes du Bab et l'exil de Baha'u'llah de sa terre natale, mais son ombre s'étendit sur la communauté baha'ie pour le reste du siècle, assurant l'hostilité du Shah et du gouvernement persan, et fournissant des munitions toutes prêtes pour ceux qui souhaitaient dénoncer la religion comme politiquement orientée, comme un mouvement révolutionnaire. Cela détruisit, quels que soient les espoirs qu'il y aurait pu avoir pour une réconciliation entre la nouvelle religion et le gouvernement à la suite du déplacement de l'obstiné Mirza Taqi Khan, l'Amir-Nizam (voir "Nabil's Narrative", Grande-Bretagne, pages 439-40, USA, pages 598-69). Cela confirma dans les esprits de la population commune les dénonciations de cette foi par les ulémas en tant qu'un mouvement subversif à l'Etat et à la religion de l'Islam. Cet évènement fut l'attentat sur la vie du Shah par quelques babis, un incident dans lequel la grande majorité des babis n'étaient pas complètement impliqués.
* Rapports dans les journaux de la tentative d'assassinat:
Les premières nouvelles à atteindre l'Occident sur l'attentat sur la vie du Shah fut à travers les rapports des journaux (voir pages 11-14). Le 7 octobre 1852, le paragraphe suivant apparut dans le "Sun" de Londres:
"Des lettres de Tauris [Tabriz] du 26 Août amena les nouvelles de l'attentat pour assassiner le Shah. Tandis qu'il chassait, quatre hommes approchèrent le roi sous la prétention de présenter une pétition qu'il refusa d'accepter. Deux des camarades saisirent alors la bride du cheval, tandis que leurs compagnons tirèrent avec deux pistolets à double barillet sur le Shah qui, bien que blessé à la cuisse et à la bouche, fut encore capable de quitter sa selle et d'écarter ses assaillants jusqu'à ce que la suite arriva. Deux des assassins furent littéralement taillés en pièce; les autres,qui étaient restés en vie, déclarèrent qu'ils n'avaient pas de complices, mais qu'ils appartenaient aux babis, qu'ils étaient déterminés à venger la mort de leur chef en assassinant le Shah. Le docteur Cloquet a extrait deux des balles, mais il n'a pas réussit avec une troisième. Il est ajouté que le Shah n'est pas supposé être en danger. Le choléra est en train de faire des ravages en Perse". ("Sun", 7 octobre 1852, 4 édition, page 4, colonne 3).
Le même jour, le "Standard" de Londres publia un récit qui diffère dans ses détails. Ce récit sous le titre "Tentative d'assassiner le Shah de Perse" était du papier d'un correspondant d'Istanbul, qui avait rapporté le 23 septembre:
"Le poste d'Erzeroum a apporté des lettres courant 9 de cette ville et du 28 août de Tabriz. Le 15 Août, une tentative d'assassiner le Shah de Perse avait eut lieu à Téhéran. Le Shah, accompagné par son Premier Ministre et par une suite nombreuse, avait quitté ce jour KasriMillak pour une excursion de chasse et il avait atteignit le faubourg d'un bois près de Maveranda, lorsque 6 persans mal habillés, avec des pétitions, approchèrent le Shah, qui tout de suite, tira dans les rênes de son cheval et prit les papiers offerts à lui. Il est habituel en Perse pour des excursions similaires que le souverain avance seul et garde ses ministres et ses serviteurs à une distance de plusieurs centaines de yards et lorsqu'il s'arrête, ils doivent faire de même. Les pétitionnaires étaient de la secte des babis, et après avoir délivré leurs papiers, deux s'emparèrent de la bride du cheval, et les 4 autres entourèrent le Shah et bruyamment, et avec des gestes menaçants, demandèrent réparation pour l'insulte faite à leur religion pour avoir mis leur chef à mort.
Le Shah courageusement les écarta, mais avant que sa suite n'arriva, deux des voyous fanatiques prirent leurs pistolets et firent feu sur lui, deux balles de ceux-ci firent effet; la première le blessa à la bouche, et la seconde érafla à peine sa cuisse. Immédiatement après cet attentat, ils prirent leurs jambes à leurs cous, poursuivit (hotly) par les serviteurs. 3 s'arrangèrent pour s'échapper dans la forêt, un fut découpé par le Multezin er Rikiah, et les deux autres furent capturés et amenés à Téhéran dans le but d'obtenir un indice de la conspiration. Les blessures du Shah étaient si minces que le jour suivant, il arriva en grande pompe à la mosquée dans le but d'offrir son action de grâce pour son échappée miraculeuse. A son retour au palais, les ministres et les ambassadeurs russes et anglais et le chargé d'Affaires de la Porte, en complets costumes, le félicitèrent. Des réjouissances publiques eurent aussi lieu et la ville de Téhéran fut illuminée à la nuit. Le 16 août, des informations avaient été reçues de la capture des 3 assassins qui avaient fait leur fuite et s'étaient dissimulées dans le bois. Ils furent découverts dans un puits et extraits et coupés en morceaux selon les ordres donné par le premier ministre". ("Standard", 7 octobre 1852, page 3, colonne 2).
"Le Constitutionnel" du 13 octobre 1852 contient un article qui donna encore un autre récit différent de l'attentat lui-même. Il est donné ici comme une traduction dans le "Morning Herald" du jour d'après:
"Une lettre de Constantinople donne des nouveaux détails de la tentative d'assassinat du Shah de Perse. Là-bas a existé en Perse durant les quelques dernières années une secte religieuse appelée les babis, qui croient en la transmigration des âmes et qui ne reconnaissent ni l'authenticité du Coran ou de Mahomet, ni celles des 12 Imams (sic) (voir page XXIV). Leur seule autorité est celle du 12ème Imam, Saheb Zeman, de qui le Bab, le chef de la secte, est le seul représentant. On prétend qu'ils professent une sorte de communisme et ont même une communauté de femmes. En conséquence de leur théorie de la transmigration des âmes, ils se pensent eux-mêmes immortels et ainsi n'accordent aucune valeur à la vie. Le nombre de ces babis est estimé à 50000. Ils ont été en révolte ouverte contre l'autorité du Shah de Perse et ils ont maintenu un siège de plusieurs mois (le soulèvement de Mazindaran; voir chapitre 3). 8 babis, qui avaient été amenés à Téhéran, refusèrent le pardon que le Shah leur offrait s'ils abandonnaient leurs doctrines. Chacun d'eux ne périt sans faire aucune concession. Le 15 août dernier, trois de ces babis, résolus de venger la mort de leur maître, le célèbre Bab, qui a déjà été la cause de plusieurs actions sanguinaires en Perse, tombèrent sur le Shah au moment il se préparait à monter à cheval pour aller à la chasse. Ils tirèrent deux coups de pistolets à bout portant, mais heureusement le blessèrent très légèrement. L'un des assassins fut immédiatement taillé en pièces par les gardes du Shah et les deux autres furent jetés en prison pour être jugés. Il est dit qu'ils ont 300 complices qui ont juré de prendre la vie du Shah. Cet attentat a plongé le pays dans une grande consternation. Plusieurs individus convaincus de complicité ont déjà été exécutés, mais toutes les ramifications du complot n'ont pas été encore découvertes". ("Morning Herald", 14 octobre 1852, pages 3-4).
* Les récits de Sheil et son intervention:
Le Ministre britannique, Justin Sheil, envoya le rapport suivant daté du 16 août 1852:
"Un violent attentat fut fait hier pour tuer le Shah. Sa Majesté résidait à son campement d'été à quelques milles de Téhéran. Il venait juste de monter sur son cheval pour aller à une excursion de chasse lorsque 3, où comme certains le disent à 6 hommes, vinrent près de lui comme pour présenter une pétition, selon l'usage de ce pays. L'un du groupe plaça sa main sur la robe du Shah et en étant repoussé, tira un pistolet de sa gaine, l'un de ses congénères au même moment captura les rênes du cheval du Shah. L'animal se trouvant lui-même maîtrisé, rua et le ministre des finances qui par chance était proche de sa main, tira le Shah de son cheval. En tombant, le tir arriva dans les côtes du Shah, mais le pistolet étant chargé avec seulement du plomb pour perdrix et quelques balles, la blessure a simplement effleurée la peau, et je suis assuré que par le talent du médecin français du Shah [docteur Cloquet], aucune moindre raison de s'alarmer n'existe. Si décidé était l'assassin d'effectuer son forfait qu'il tira immédiatement une formidable dague, et en dépit de plusieurs blessures épouvantables, persista en assaillant le Shah, déchira les entrailles de l'un des serviteurs, ni il ne cessa ses efforts jusqu'à ce qu'il fut mort. Deux de ses complices furent capturés, l'un étant sévèrement blessé. Dans la bataille, deux autres coups de feu furent tirés sur le Shah. Sa Majesté est dite s'être montrée calme et ferme dans cette scène pénible.
La première information de cet assaut fut accompagnée par l'annonce que le Shah avait été tué. Le Camp Royal commença à se disperser et la foule se rua vers Téhéran. Les magasins furent immédiatement fermés et en peu de temps le pain n'était plus disponible, chacun s'efforçant de s'approvisionner en réserve de nourriture pour les évènements à venir. Mais aucun pillage ou violence n'eut lieu. Aujourd'hui, pour rassurer les esprits de la population et les satisfaire de la réalité de la santé du Shah, des salves de 110 fusils avaient été tirées; le grand corps de troupe qui campait près de Téhéran avait été amené au Camp royal pour voir le Shah, aussi bien que le corps ecclésiastique, les autorités civiles et les bazars furent illuminés pendant plusieurs nuits.
Hier après-midi le ministre russe et moi attendions le Shah pour offrir des félicitations de son échappée. Nous le trouvâmes assis comme d'habitude en de telles occasions et sa Majesté ne présentait aucune apparence d'alarme ou d'agitation, mais il répéta souvent avec férocité que cet attentat avait eu des instigateurs.
Les expressions du Shah furent directement contre le Sardar (Le Sardar était Muhammad-Hasan Khan-i-Sardar, mieux connu comme Khan Baba Khan), dont la nomination au gouvernement de Kerman que j'ai rapporté il y a quelques jours, et l'opinion générale tout d'abord a accusé à ce sujet russe comme le dirigeant d'un complot pour changer la succession et se sauver lui-même de l'exil de la Cour.
Bien que, sur la rumeur du meurtrier du Shah, certains actes ouverts à la suspicion furent commis par le Sardar, je ne peux croire qu'il soit impliqué dans ce crime. Il est incroyable que les assassins se consacrent eux-mêmes à une mort certaine, à moins qu'à travers le fanatisme religieux, et il est affirmé et crût avec confiance que l'attentat sur la vie du Shah possède son origine à la vengeance des babis (Une nouvelle secte en Perse, dont la doctrine principale semble être une sorte de matérialisme, que chaque atome est Dieu et que l'univers est Dieu {noté par Sheil]. Les deux survivants se déclarent eux-mêmes appartenir à cette foi, qu'ils étaient prêts à mourir et qu'ils étaient venus pour chercher la mort et le paradis ou plutôt l'anéantissement. Le seul symptôme de conspiration fut la fuite de trois de ces assassins, qui était certainement une remarquable circonstance, comme le Shah en ces occasions est suivit par une escorte de plusieurs centaines de personnes qui l'entouraient de tous côtés.
On dit que le Shah sentit une profonde mortification qu'il devrait être engagé dans un combat de quelques minutes sans une ruée simultanée étant faite par ses servants sur les assassins. J'attribue ce retard mental à la panique et à la consternation, et l'étroitesse de la route où l'attentat se déroula...
P. S. Ayant entendu qu'il y avait une intention d'infliger une torture sur les 2 assassins qui furent capturés, mon collègue russe et moi-même adressèrent une note jointe au ministère des Affaires Etrangères, à qui j'ai l'honneur de joindre une copie pour l'information de Vôtre Altesse de recommander au gouvernement de ne pas avoir recours à cette pratique barbare. Avant que le gouvernement n'ait reçu cette note, la torture avait été infligée, mais depuis lors jusqu'à maintenant, il n'y a eu aucune répétition de cela". (Sheil à Malmesbury).
- Pièce jointe. - le Lieutenant Colonel Sheil et le Prince Dolgorouki à Meerza Saeed Khan (Mirza Sa'id Khan), Ministre des Affaires Etrangères; 17 août 1852:
"Je soussigné avoir
entendu avec la peine la plus profonde qu'une intention existe d'infliger une
torture, avant l'exécution des misérables qui étaient coupables
d'un attentat traître et horrible sur la personne de Sa Majesté,
avec le dessein d'extorquer une confession de leurs complices. Quelque infâmant
qu'ai été leur crime, le soussigné croit qu'un tel outrage
sur le bon sens ne serait pas permis d'avoir lieu. Si dans leurs agonies, ces
criminels prononcent les noms de certains individus, peut-on croire qu'ils trahiraient
leurs amis et leurs compagnons. Il n'est pas certain qu'ils accuseraient des
personnes totalement innocentes et qu'aucune finalité ne serait gagnée
sauf de remplir l'esprit de Sa Majesté le Shah de soupçon contre
des personnes irréprochables.
Sa Majesté fit preuve du plus grand courage et de la plus grande force
durant la scène pénible du jour avant hier. Laissez la même
magnanimité être maintenue et la tolérance du souverain
sera un exemple pour le royaume tout entier. Laissez les traîtres souffrir
de la punition qu'ils méritent, mais laissez les nations de l'Europe
apprendre que la monarchie de Perse a imbibée la civilisation de l'âge,
et que Sa Majesté Nasir: ood: deen (sic) Shah se révolta de l'affliction
de la torture m^me dans la défense de sa propre personne royale"
(inclut dans Sheil à Malmesbury, 16 août 1852).
Le 27 octobre 1852, le Secrétaire d'Etat des Affaires Etrangères, Earl Malmesbury, écrivit à Sheil: "Sa Majesté du gouvernement approuve entièrement des démarches prises par vous en lien avec le ministre russe, comme rapporté dans vôtre dépêche n° 99, pour dissuader le gouvernement persan de soumettre à la torture les groupes arrêtés sous l'accusation d'être impliqués dans ce crime, avec en vue de par conséquent de leur extraire une confession en regarda leurs complices". (Sheil à Malmesbury).
* Récits dans les journaux des exécutions des babis:
Une fois que la panique immédiate sur la tentative d'assassinat fut passée, la machinerie entière de la Cour et le gouvernement fut arrêtée de la (tracking down) et d'arrêter les babis si ils avaient été impliqués dans la tentative d'assassinat ou non. En une semaine, les exécutions avaient commencé. Le "Times" du 13 octobre 1852 cite les martyres de deux des plus importants babis: Haji Sulayman Khan et Qurratu'l-Ayn (Tahereh).
* Comment ils punissent la trahison en Perse:
"Nous citions il y a quelques jours depuis l'attentat contre le Shah de Perse. Nous apprenons maintenant que Hajee Suleiman Khan, accusé d'être l'instigateur du crime, fut capturé, son corps percé avec soin avec un couteau en parts qui ne lui causeraient pour le moment pas la mort; des bouts de chandelles furent alors introduites dans les trous et ainsi illuminé, il fut porté en procession à travers le bazar et finalement envoyé aux portes de la ville et là crevassé (in twain) comme un (fat ram). La Kurret-il-Ain, mieux connue comme la lieutenant du Bab, ou la prophétesse loyale de Qazvin, qui depuis la dernière explosion religieuse, avait été gardée une proche prisonnière de la capitale, a été exécutée avec douze autres personnes. Sa Majesté reçut trois blessures (slug) dans les épaules, mais toutes d'une nature très bénignes. ("The Times", 13 octobre 1852, page 4, colonne 4).
Peut-être le plus dramatiques de tous les récits de ces martyres se présenta d'une lettre du Capitaine Alfred von Gumoens qui fut publié dans "Osterreichischer Soldatenfreund" le 12 février 1852. E. G. Browne avait aussi avancé une copie du récit de Gumoens par la veuve du docteur Polak. La lettre de Von Gumoens, datée du 29 août 1852, se lit comme suit. (la traduction de Browne est donnée ici parce qu'elle est supérieure dans le style littéraire à celui du "Times" du 23 octobre - voir page 12):
"Cher ami, ma dernière
lettre courant 20 citait l'attentat contre le Roi. Je m'en vais à présent
te communiquer le résultat de l'interrogatoire auquel les deux criminels
ont été soumis. En dépit des terribles tortures qu'on leur
a infligées, l'interrogatoire ne leur a pas arraché de confession
compréhensible; la bouche des fanatiques est restée close, même
lorsqu'on a tenté, au moyen de pinces rougies au feu et de vis qui percent
les membres, de découvrir le nom des conspirateurs.
Tout ce qui transpira était qu'ils appartenaient à la secte babie.
Ces babis sont hérétiques; bien qu'ils prient le prophète
(sic!), pourtant ils diffèrent dans nombre d'usages des musulmans orthodoxes.
Cette secte fut fondée il y a 15 ans par un certain Bab, qui fut tué
par ordre du roi. Les plus fidèles de ses adeptes fuirent à Zanjan
où, il y a deux ans, ils furent réduits à néant
par les troupes royales et comme il était généralement
cru, furent exterminés sans regard de l'âge ou du sexe. Comme toute
intolérance religieuse, cette intolérance démesurée
produisit exactement le contraire des effets voulus. L'enseignement du Bab gagna
encore de plus en plus de terrain et il est à présent diffusé
à travers le pays tout entier. Depuis que le gouvernement se cramponne
avec obstination au système de persécution, les schismatiques
trouvèrent une occasion d'affermir leur résolution et de développer
des qualités qui, contrastant avec la luxure efféminée
de la religion d'état, contraint au respect.
Le prophète [le Bab] avait très habilement montré aux disciples
de son enseignement que le chemin du paradis passait à travers la chambre
de torture. Si il parlait sincèrement, alors l'actuel Shah a mérité
un grand merci, car il s'efforce de manière énergique aux personnes
de tous les royaumes des Saints avec les babis! Son dernier édit enjoint
encore aux serviteurs royaux l'annihilation de la secte. Si ces (simply) suivaient
l'ordre royal et se rendaient inoffensifs tels que les fanatiques qui sont arrêtés
en leur infligeant une mort rapide et légale, on est obligé, d'un
point de vue oriental, de l'approuver; mais la manière d'infliger la
punition, les circonstances qui précédent la fin, les douleurs
qui consument les corps des victimes jusqu'à ce que leurs vies soient
éteintes dans la dernière convulsion sont si horribles que le
sang caille dans mes veines si je m'efforce à présent de décrire
la scène pour vous, même en aperçu.
Des souffles innombrables avec des (sticks) qui tombaient lourdement sur le
dos et la plante des pieds, des marques de fer rouge dans diverses parties du
corps, sont des afflictions tellement habituelles que la victime qui subit seulement
de telles caresses doit être compté parmi les heureux. Mais suis-moi,
mon ami, toi qui prétends posséder un coeur et l'éthique
européenne, suis-moi pour voir les malheureux qui, les yeux exorbités,
doivent manger, sur la scène de l'acte, sans aucune sauce, leurs propres
oreilles amputées; ou bien ceux dont les dents sont arrachées
avec une violence inhumaine par la main du bourreau; ou bien ceux dont le crâne
nu est simplement écrasé par les coups d'un marteau; ou bien l'endroit
où le bazar est illuminé par de malheureuses victimes car, à
droite et à gauche, le peuple creuse de profonds trous dans leurs poitrines
et leurs épaules, et introduit des mèches brûlantes dans
leurs blessures. J'en ai vu quelques-uns traînés, enchaînés,
à travers le bazar, précédés par une bande de militaires,
et chez qui ces mèches avaient causé de si profondes brûlures
que la graisse moussait convulsivement dans la blessure à la manière
d'une lampe qu'on vient d'éteindre.
Il n'est pas rare de voir l'ingéniosité infatigable des Orientaux
découvrir de nouvelles tortures. Ils dépècent les plantes
des pieds des babis, plongent les blessures dans de l'huile bouillante, ferrent
les talons comme on le fait pour le sabot d'un cheval, et obligent la victime
à courir. Aucun cri ne s'échappe du sein de la victime; le tourment
est enduré dans un profond silence par le fanatique privé de sensation;
il doit alors courir; le corps ne peut endurer ce que l'âme a enduré;
il tombe. Donnez-lui le coup de grâce! Libérez-le de sa souffrance!
Non! Le bourreau fait siffler le fouet, et - j'ai du moi-même le voir
- la malheureuse victime de centaines de tortures court! C'est le début
de la fin. Quant à la fin elle-même, ils pendent les corps grillés
et perforés par les mains et les pieds à un arbre, la tête
vers le bas, et alors chaque Persan peut essayer à volonté sa
qualité de tireur, à partir d'une distance déterminée
mais non trop proche, sur la noble proie mise à sa disposition.
J'ai vu des corps criblés par près de cent cinquante balles. Les
plus heureux souffrent de la strangulation, de la lapidation ou de l'asphyxie:
ils sont attachés devant la bouche d'un canon, coupés avec des
épées ou tués avec des dagues enfoncées ou des coups
de marteaux et de (sticks). Non seulement les bourreaux et le peuple prenaient
part au massacre; parfois la justice présentait certains des babis malheureux
à divers dignitaires et le [Persian] bénéficiaire serait
bien content, estimant un honneur de (imbrue) ses propres mains dans le sang
de la victime ligotée et sans défense. L'infanterie, la cavalerie,
l'artillerie, les ghulams ou les gardes du Roi, et les associations de bouchers,
de boulangers, etc., tous prenaient leur part représentatif dans ces
actes sanguinaires. Un babi fut présenté aux coups des corps officiers
de la garnison; le général en chef porta le premier coup, et ensuite
chacun à son rang déterminé. Les troupes persanes sont
des bouchers, non des soldats. Un babi tomba de la part de l'Imam-Jumih, qui
le mis à mort. L'Islam ne connaît pas la charité!
Quand je relis ce que j'ai écrit, l'idée m'envahit que ceux qui
sont avec toi dans nôtre bien-aimée Autriche pourraient douter
de l'absolue vérité de l'image, et m'accuser d'exagération.
Plût à Dieu que je n'eusse pas vécu pour le voir! Mais,
de par les devoirs de ma profession, j'ai été malheureusement
souvent, trop souvent, témoin de ces abominations. A présent,
je ne quitte plus jamais ma maison, afin de ne pas assister à de nouvelles
scènes d'horreur. Après leur mort, les babis sont coupés
en deux et soit cloués à la porte de la ville, soit jetés
dans la plaine comme nourriture aux chiens et aux chacals. Ainsi, le châtiment
dépasse même les limites qui entourent ce monde cruel, car les
musulmans qui ne sont pas enterrés n'ont pas le droit d'entrer au paradis
du Prophète.
Puisque mon âme toute entière se révolte contre une telle
infamie, contre des abominations comme celles qui, selon l'avis de tous, ont
été récemment perpétrées, je ne resterai
plus en rapport avec la scène de tels crimes. (Browne, "Materials",
pages 268-271). [bien que (I were to be offered) des honneurs et de l'or ici,
je me languis de la civilisation européenne... J'ai déjà
demandé à être déchargé de mes fonctions,
mais je n'ai pas encore reçu de réponse; en Orient, tout est retardé,
seul la hache du bourreau bouge rapidement] (la partie entre crochets n'était
pas la traduction de Browne et a été traduite de l'original).
Le récit du "Journal de Constantinople" fut largement cité par les journaux européens. Il est important car il donne une estimation du nombre total de babis martyrisés à Téhéran dans cet épisode qui est sensiblement différent de celle donnée dans le rapport officiel du gouvernement persan (voir page 138-42) et citée par Lady Sheil et autres. Cependant, si le récit (voir page 144) doit être crut, alors le total doit avoir été plus élevé que les 26 nommés dans le rapport officiel. Le récit est donné ici comme il apparût dans le "Morning Post": "Des lettres de Tauris du 27 amène de nouvelles de Perse d'une certaine gravité. L'exécution à Téhéran d'environ 400 babis qui sont dits avoir été complices dans l'attentat contre le Shah de Perse, eût lieu d'une manière très cruelle. Ils furent soumis aux plus grandes tortures. On dit que le Shah a été beaucoup affecté suite à l'attentat commis sur lui par les babis..." ("Morning Post, 1 novembre 1852, page 5).
* Les récits de Sheil des exécutions:
Dans une dépêche datée du 22 août 1852, Sheil relate:
"On ne nourrit aucun doute
que le récent attentat sur la vie du Shah a été le résultat
d'un complot parmi les croyants du Bab. La conspiration apparaît avoir
plusieurs ramifications. Des arrestations à une échelle considérable
ont été faites à Téhéran, trois des principaux
chefs ont été arrêtés. Deux de ceux-ci sont des mullas
de haute réputation et le troisième, Suleiman Khan, est le fils
du Maître du cheval du grand-père du Shah. Ce dernier a été
mis à mort. La preuve fut donnée que les babis, au nombre de 40,
étaient dans l'habitude constante de se rassembler dans sa maison pour
concerter leurs plans, et des armes en quantité considérable de
toute description, comprenant nombre de fendoirs de bouchers, furent alors découverts
(voir introduction, pages xxv et xxvii).
Environ 10 personnes ont été exécutées, certaines
dans des circonstances d'une grande cruauté. Des bougies allumées
ont été enfoncées dans les corps de deux ou trois, et après
avoir été permis de survivre, ils ont été coupés
en deux avec une hachette alors qu'ils étaient encore en vie; d'autres
ont été soufflés par des mortiers; la liste des serviteurs
du Shah s'offraient pour tuer l'un des criminels avec leurs dagues, et l'intendant
de la maison agit en tant que représentant du Shah en éclatant
de ses propres mains les cerveaux de l'un des assassins, ou représailles
par de sang. Parmi ceux qui avaient souffert la mort, il y avait une jeune femme,
la fille du juriste dans le Mazindaran d'une grande renommée qui avait
été trois ans en prison à Téhéran. Elle était
vénérée comme une prophétesse par les babis, et
sa désignation parmi eux était "Koorat ool aïn (sic)
- "La Consolation des Yeux" (Tahirih, qui était connue comme
Qurratu'l-Ayn, qui signifie "Consolation des Yeux". Elle était
la fille d'un "enseignant de la loi" à Qazvin et non dans le
Mazindaran). Elle a été étranglée sur ordre du Shah.
Le Sedr Azim s'opposait à certains de ces actes, mais la colère
du Shah et le caractère vindicatif ne lui avait pas permis de porter
attention aux conseils.
Le Sadr Azim m'informaqu'en sa présence, et dans celle des mullas citées
au-dessus, la preuve fut donnée et non contredite, qu'après que
l'attaque sur le Shah ait échoué, ce mulla avait réunit
ses disciples et leur dit que le travail devait être achevé; que
lorsque le Shah entrerait dans la ville, il se débarrasserait de ses
armes et il avancerait avec son épée sur le Shah; que si il le
voyait allongé comme mort, il ne le croirait pas, car ce serait seulement
une apparence; qu'ils auraient à se battre et qu'il se lèverait
et serait parmi eux. (Shaykh Aliy-i-Turshizi, connu comme "Azim",
est probablement visé par ce récit plutôt fantaisiste. Nabil
fait allusion qu'Azim avait en fait comploté des actions contre l'Etat
("Nabil's Narrative", Grande-Bretagne, page 440, USA, page 599). Le
même auteur déclare que cette "confession d'Azim était
l'une des causes de la libération de Baha'u'llah du Siyah-Chal ("Nabil's
Narrative", Grande-Bretagne, page 466, USA, pages 636-7).
La ville de Téhéran est tranquille, bien que les esprits de la
population soient encore agités. L'incertitude comme dans quelle mesure
le Babeeisme (sic) pourrait s'être réellement propagé, et
la peur d'être dénoncé comme complice ou comme un prosélyte
contribuent à empêcher l'apaisement de l'excitation. Le Sedr Azim
sait bien que la persécution est le mode le plus certain de prosélytisme,
et que par conséquent recommande (lenity). Je lui ait conseillé
d'abandonner les exécutions arbitraires et d'instituer une sorte de cour
pour le jugement des criminels et des personnes suspectées". (Sheil
à Malmesbury, 22 août 1852).
Ainsi, il apparaît que les exécutions initiales, comprenant celles de Sulayman Khan, Tahirih et environ 8 autres, eurent lieu une semaine après l'attentat sur la vie du Shah et furent principalement perpétrées par les bourreaux publics officiels. Puis, comme Sheil le rapporte le 27 août 1852, se présenta à Mirza Aqa Khan la nouvelle idée de tourner le gouvernement entier et la Cour royale en bourreaux:
"Cette Cour a durant les quelques
derniers jours présentée l'extraordinaire et disgracieux spectacle
de tous les fonctionnaires principaux de l'Etat convertis en bourreaux. Chaque
département du gouvernement a eut une victime parmi les conspirateurs,
ou supposés conspirateurs contre la vie du Roi. Le Ministre des Affaires
Etrangères, le Ministre des finances, le fils du premier Ministre, l'adjudant
général de l'Armée, le maître de la Monnaie, chacun
tira la première salve, ou fit la première coupe avec un sabre
au coupable emmené à eux, qui était alors envoyé
aux subordonnés. L'artillerie, l'infanterie, la cavalerie, l'artillerie
(camel), chacun avait une victime, et je crois que les ecclésiastiques
ont aussi été assigné à avoir une part dans ces
transactions.
Mes remontrances avec le Sadr Azim contre la disgrâce qu'il amoncelait
sur la réputation du gouvernement persan et de la nation furent pris
(in very ill part). IL me demanda si je voulais placer la responsabilité
de tant d'exécutions sur lui seul et abattre la vengeance babi sur lui-même
et sa famille.
Cette formule a été adoptée par le Sadr Azim pour diviser
le danger, en faisant autant de participants que possible dans une vendetta
avec les babis. [ en continuant dans le même rapport, Sheil donne une
indication des rumeurs sauvages qui étaient en train de circuler et l'hystérie
qui était en train d'être générée: ] Quelques
meurtres, ou des tentatives de meurtres, ont été commis dans la
ville. Des personnes qui s'étaient prêtées en abus du babeeisme
(sic) ont été trouvées au matin mortes ou blessées.
Depuis la date de ma dernière dépêche sur ce sujet, environ
12 personnes ont été mises à mort, et j'ai entendu par
le Sedr Azam qu'il n'y aurait plus d'exécutions. Je crains que dans le
nombre de conspirateurs cités au-dessus (alone) contre la vie du Shah
ne soient pas compris, et que certaines personnes souffrirent la mort d'une
croyance simplement spéculative dans le babeeisme (sic) Tout ce que l'on
peut dire est que c'est seulement ce que la loi accorde comme le traitement
de la renonciation avouée du Mahométisme.
L'alarme du Shah l'a empêché de quitter son palais depuis le temps
que sa vie était menacée". (Sheil à Malmesbury, 27
août 1852).
Le 10 septembre, Sheil rapporte:
"La gazette de Téhéran
ayant contenu un récit de l'attaque sur le Shah et des exécutions
qui suivirent, je vous prie de joindre une traduction du contenu de l'article
(cet article est cité dans la prochaine section de ce chapitre).
En deux ou trois occasions, le plus coupable des criminels souffrit une mort
cruelle. J'ai exhorté le Premier Ministre de s'abstenir de l'affliction
de la torture; mais si grande était la terreur produite par l'attentat
sur la vie du Shah que ma remontrance n'avait pas beaucoup de résultat.
Vôtre Eminence pourrait juger de l'alarme qui prévaut lorsque je
cite que le Shah avec la Cour tout entière et la mission russe recherche
la sécurité dans les murs de la ville un mois avant la saison
habituelle, en dépit de l'insalubrité du climat. La mission anglaise
seule est restée dans la résidence habituelle, là-bas n'étant
aucune raison que je connaisse de craindre de quelque molestation des babis".
(Sheil à Malmesbury, 10 septembre 1852).
Lady Sheil, la femme du Premier Ministre, raconte l'épisode dans son livre. Ce récit donne une impression de l'horreur et de l'incertitude causées par l'attentat sur la vie du Shah et aussi certains extraits des réponses du gouvernement persan à cette occasion. Depuis que beaucoup de son récit soit identifié aux dépêches de son mari, le suivant est un extrait abrégé de son livre:
"Août 1852 - Goolanek
(un village dans le nord de Téhéran où la mission anglaise
campait) ressentit très lourdement lorsque nous y retournâmes de
nôtre charmant campement au "Sublime (Well)" (Chishmiy-i-A'la,
près du Damavand). Mon mari cependant, ne souhaitait pas être longtemps
absent du voisinage de la Cour, ainsi nous ne pourrions pas prolonger nôtre
séjour par ses eaux glacées. Quelques jours après nôtre
retour, lorsque nous étions assis dans la chambre la plus froide d'une
maison dans le village, la chaleur nous ayant amené en dehors de nos
tentes, Meerza Hoosein Koolee (sic), le premier secrétaire persan de
la mission entra dans la pièce de manière horrible et en halètant:
"Le Shah a été tué!", bredouilla le Meerza (sic),
qui lui-même avait l'habitude d'affirmer fréquemment qu'il était
l'homme le plus timide en Perse. "Nous serons tous tués", m'exclamai-je
immédiatement.
Nous étions tout à fait seuls en cet instant de profonde angoisse,
tous les membres de la mission étant justement allant à la ville
en ce jour, bien qu'en quelques minutes, deux ou trois princes vinrent à
nôtre camp, pensant que c'était l'endroit le plus sur dans une
telle crise. Nous avions, il est vrai, une garde de soldats persans, mais sur
eux aucune charge ne pouvait pas être placée; peut-être seraient-ils
les premiers à nous piller. Aucun temps ne fut perdu en expédiant
3 messagers; l'un au camp du Shah à deux milles de distance pour apprendre
l'état des choses; un autre à Téhéran pour acheter
des munitions et amener quelques 50 carabines et pistolets des magasins de la
mission; et un troisième fut expédié à un ami afghan,
un pensionnaire du gouvernement hindou, pour nous envoyer certains de ses compatriotes
pour résister aux maraudeurs qui feraient bientôt leur apparition.
En trois heures, 30 ou 40 cavaliers de confiance furent à nôtre
camp et nous étions promis à 150 avant la nuit.
Je ne sais pas que je n'ai expérimenté un plus grand soulagement
que lorsqu'une note arriva du Premier Ministre disant que le Shah avait été
seulement un peu blessé et que tout allait bien... Les deux missions,
anglaises et russes, allèrent immédiatement pour attendre le Shah
pour offrir leurs félicitations, qui furent assurément très
sincères. Malgré sa blessure, ils trouvèrent sa Majesté
assise comme d'habitude. Il était pâle, mais semblait plus en colère
qu'alarmé. Le Shah dit qu'une telle chose n'avait jamais été
entendu que comme l'attaque qu'il avait souffert. En se représentant
cet événement, il était facile, bien qu'à peine
approprié, de faire allusion à Nadir et au fondateur de sa propre
dynastie (les deux furent assassinés), ainsi sa Majesté se rappela
que des circonstances comme celles-ci n'étaient pas inhabituelles à
Saint-Pétersbourg, et que nôtre propre courtois souverain n'avait
pas été libre de tels attentats. Le Shah ne semblait pas, cependant,
tirer quelque consolation de compagnie dans son danger...
La panique à Shemeroon devint générale; personne ne se
pensait lui-même en sécurité à moins d'être
dans les murs de Téhéran. Chaque buisson avait un babi, ou en
dissimulait un. Shah, ministres, meerzas (sic), prêtres, marchands, tous
vinrent pêle-même dans Téhéran, bien qu'il restait
encore un mois de la saison d'été. La mission russe s'enfuit aussi,
afin qu'aucun être humain ne fut laissé dans Shemeroon à
part nous-mêmes,, ni une tente à part celle de nôtre camp.
Le Colonel Sheil déclara qu'il ne pensait pas honorable de prendre la
fuite, et qu'il resterait le temps convenu dans ses quartiers d'été;
par conséquent, si il y avait quelque danger, la mission anglaise serait
la dernière à subir des blessures...
Un nombre de conspirateurs avaient été capturés, dont il
était facile d'anticiper le sort. Le premier ministre se rappela qu'à
présent, c'était le temps pour un déploiement pratique
que la Perse avancée avait fait dans la civilisation, et que quelque
que soit la mort qui allait être infligée, elle devait l'être
sans ajout de torture. La peur n'a pas de miséricorde. Sa réponse
fut que ce n'était le moment de chicaner; et que la punition, bien que
sévère des criminels qui cherchaient à propager le massacre
et la spoliation à travers la Perse de long en large, n'allait pas être
désapprouvée, ou être compris sous la désignation
de torture, qui avait été définie être l'affliction
de souffrances pour extorquer une confession de culpabilité.
Environ 30 personnes furent mises à mort, et comme il est habituel dans
cette secte, ou peut-être dans toutes les nouvelles sectes, ils rencontrèrent
leur condamnation sans reculer. Suleiman Khan, le chef des conspirateurs, et
deux autres souffrirent la torture avant l'exécution. Les deux derniers
furent ou bien coupés en morceaux ou tués ou soufflés de
mortiers. Des trous furent percés dans diverses parties du corps de Suleiman
Khan, dans lequel des bougies allumées furent placées, et permirent
de brûler complètement dans la chair, et pendant qu'il était
encore en vie, il fut divisé en deux parties avec une hache. Pendant
ces horribles tortures, on dit qu'il a préservé son courage jusqu'à
la fin et avoir dansé à la place de l'exécution par défi
pour ses bourreaux, et de la douleur atroce causées par les bougies allumées...
Etrange fut la formule adoptée par le premier ministre pour éviter
le danger personnel à lui-même de tuer autant de babis fanatiques...
Son excellence décida de répartir l'exécution des victimes
entre les différents départements de l'état; l'unique personne
qu'il exempta fut lui-même... Même l'admirable médecin français
du Shah, feu et regretté docteur Cloquet, fut invité à
prouver sa loyauté en suivant l'exemple du reste de la cour. Il s'excusa
et dit avec enjouement qu'il tuait trop d'hommes de par sa profession pour pouvoir
se permettre d'en augmenter le nombre par un homicide volontaire. Il rappela
au sadr que ces procédés barbares et inouïs étaient
non seulement révoltants en soi, mais produisaient la plus grande horreur
et le plus grand dégoût en Europe. Là dessus, le sadr, demanda
avec colère: "Désirez-vous que la vengeance de tous les babis
s'accumule sur ma tête seule?"...
Aucun peuple n'aime rire et badiner plus que les persans. A Téhéran,
lorsque quelqu'un est installé dans un bureau, il est habituel pour ses
amis et ceux sous son autorité de lui envoyer (sheereenee), des confiseries,
comme une marque de félicitations. Lorsque ces exécutions furent
terminées, on dit que les bourreaux du Shah avaient présenté
des confiseries à tous les ministres d'état, comme une marque
de leur admission dans la fraternité. Le bourreau principal à
la Cour du Shah est un personnage très important. Haineux comme il est
avec tout le monde, il est curieux, entendis-je, d'observer la déférence
avec laquelle il est traité. Comme le plus grand des courtisans pourraient
un jour tombé dans ses griffes, et ses yeux ou ses pieds être en
danger, ils font le maximum pour le réconcilier à l'avance par
des civilités flatteuses, quelque chose sur le principe de l'adoration
des Indiens de son infernale majesté... (En ce qui concerne le martyre
de Tahirih, Lady Sheil écrit: "Ce fut un acte cruel et inutile".
On dit que l'impression générale produite sur les personnes par
toute cette effusion de sang n'était pas favorable. L'indignation de
l'attentat sur la vie du Shah fut perdue pour le sort de beaucoup de malades.
L'opinion commune était que les pauvres conspirateurs abusés de
faible condition, dont la pauvreté plus que tout autre sentiment de déloyauté
ou d'irreligion les avaient enrôlé dans les rangs du babéeisme,
pourraient avoir été épargnés. Il apparaît
ainsi que, même en Perse, un vague sentiment indéfini de libéralité
dans la religion est en train de prendre racine. (Lady Sheil, "Life and
Manners in Persia", pages 273-82, traduction partielle dans "La Chronique
de Nabil", page 603-604).
* D'autres récits persans:
Le récit du gouvernement persan de l'affaire apparaît dans la gazette officielle du gouvernement, le "Ruznamiy-i-Vadqayi-i-Ittafaqiyyih". Les commentaires suivants et la traduction de cet article apparaissent dans le livre "Queer Things about Persia" par Eustache de Lorey et Douglas Sladen. (L'ambassadeur français à Istanbul, le Marquis de la Valette, rapporta cet article au Ministère des Affaires Etrangères français dans une dépêche datée du 25 octobre 1852 et il fournit une traduction d'elle par J. B. Nicolas. Cette dépêche et sa traduction incluse sont reproduites dans le livre de Nicolas "Seyyed Ali Mohammed", qui est sans aucun doute de la source d'Eustache de Lorey et de Sladen. Ce même article fut cité par plusieurs journaux européens, voir page 12).
S. M. étant sortie de la
ville, se dirigeait avec sa suite ordinaire du côté du village
où elle avait l'habitude d'aller faire ses parties de chasse; ils y verront
comment ils se sont précipités sur le Roi, l'un après l'autre,
en tirant chacun un coup de pistolet presque à bout portant sur S. M.;
comment l'un deux fut immédiatement massacré par des gens d'un
zèle et d'un dévouement bien connus, tels que Assad-Oullad-Khan,
premier écuyer du Roi, Moustofi el Malmalek, Nizam ol Molk, le Kéchitchi
bachi et d'autres personnes qui se trouvaient auprès de S.M; comment
enfin les deux autres furent saisis et jetés dans les prisons de la ville.
On procéda immédiatement à une enquête dont furent
chargés l'adjudant bachi Hadjeb-ed-Dowleh, (Haji Ali Khan, Hajibu'd-Dawlih
de Maraghih) le Kelenter, ministre de la police, et les Ked Khodas de la ville
(sorte de conseillers municipaux). "Pour montrer la vengeance inquisitoriale
avec laquelle les malheureux babis ont été soumis, je ne peux
faire mieux que de donner une traduction d'un article qui apparut dans la gazette
officielle du gouvernement persan, relatif à l'attentat des babis sur
la vie du Shah.
Le récit, venant d'un ennemi des babis, essayent de les montrer dans
le pire, mais ces aveux naïfs servent seulement à faire ressortir
les idéaux élevés et l'héroïsme des babis martyres,
et la froide cruauté et bigoterie de leurs persécuteurs. L'article
reconnaît ses auteurs.
"Dans nôtre précédent numéro, en rendant sommairement
compte de l'attentat commis sur la personne du Roi, nous avions promis à
nos lecteurs de les entretenir des suites de cette épouvantable affaire,
et de leur faire connaître le résultat de l'enquête qui se
préparait pour découvrir le moteur de cette vaste conspiration
dirigée non seulement contre la vie de nôtre souverain bien-aimé,
mais encore contre la tranquillité publique, contre la propriété,
contre la vie des vrais musulmans, car, le véritable but de ces malfaiteurs
était, en se débarrassant de la personne du Roi, de s'emparer
du pouvoir, et, par ce moyen détestable, de faire enfin triompher leur
abominable cause en forçant, par les armes et la dévastation,
les bons musulmans à embrasser leur infâme religion qui est autre
que celle descendue du Ciel et qui ne s'accorde ni avec la philosophie ni avec
la raison humaine, qui est, enfin, la plus épouvantable hérésie
dont on ait jamais entendu parler, ainsi qu'il apparaît de plusieurs de
leurs ouvrages et écrits que nous avons pu nous procurer.
Le fondateur de cette abominable secte, qui a commencé à propager
ses détestables doctrines il y a quelques années seulement, et
qui, tombé entre les mains du pouvoir, fut immédiatement fusillé,
s'appelait Ali Mohammed et s'était donné le surnom du Bab, voulant
donner à entendre par là que les clefs du Paradis étaient
entre ses mains. Après la mort du Bab, ses disciples se réunirent
bientôt sous les ordres d'un autre chef, Cheikh Ali de Turchiz, qui se
faisait passer pour le Naïeb (vicaire) du Bab, et qui s'était imposé
le devoir de vivre dans la plus complète solitude, ne se montrant à
personne et n'accordant qu'à de rares intervalles quelques audiences
aux principaux de ses sectateurs, qui regardaient cette faveur comme la plus
grande que le Ciel pût leur accorder. Il s'était donné le
surnom de Hazrèt Azim. Parmi les personnes qui s'étaient attachées,
nous citerons en première ligne Hadji Soleïman Khan, fils de feu
Yahyah Khan de Tauris. C'est dans la maison de ce Soleïman Khan, située
à Téhéran, dans le quartier de Ser-è-Tchechmé
que se réunissaient les principaux babis pour délibérer
sur leurs détestables projets. Douze d'entre eux qui ont paru plus zélés
et plus déterminés que les autres furent choisis par Hazrèt-Azim
qui leur fit donner les armes nécessaires pour exécuter le grand
acte qu'il croyait immanquable. Pistolets, poignards, coutelas, rien ne fut
épargné et, armés de la sorte, il leur semblait impossible
de manquer leur coup.
Il leur fut recommandé de se tenir aux environs de Niavéran et
d'attendre un moment favorable. Nous nous bornerons ici à renvoyer nos
lecteurs à nôtre précédent numéro. Ils y verront
comment trois de ces insensés ont profité de la circonstance qui
s'est présentée le dimanche du 28 chavval, au moment où
Grâce au zèle et à l'activité qu'ils déployèrent
dans leurs persuisitions, ils ne tardèrent pas à apprendre que
la maison de Soleïman Khan servait de lieu de réunion à ces
misérables. Elle fut immédiatement cernée de tous côtés;
mais, soit négligence de la part des gens de Hadjeb-ed-Dowleh, soit manque
d'ensemble dans l'exécution de cette entreprise,, on ne parvint à
en saisir que 12, y compris Soleïman Khan. Les autres parvinrent à
se sauver, on ne sait trop comment, mais leurs complices, en ayant nommé
plusieurs, la police, il faut l'espérer, ne tardera pas à être
sur leurs traces.
Du reste, il ne se passait pas un jour sans que l'adjudant bachi, où
le kalanter, ou les ferraches du Roi ne se rendissent maîtres de trois,
quatre et même cinq babi qu'ils s'empressaient de faire comparaître
devant le divan Impérial, qui, en pareil occurrence, se tient en public.
Ils étaient interrogés sur le champ et condamnés sur leurs
propres dépositions ainsi que sur la dénonciation de leurs complices.
On procéda à ces interrogatoires selon l'usage et d'après
les formes exigées par la loi.
Nous ne devons pas omettre ici de rappeler l'immense service que Hadjeb-ed-Dowleh
a rendu à la Foi à l'Etat et à la religion en se rendant
maître de Molla Cheikh Ali, malgré tous les soins que celui-ci
prenait pour ne point se montrer en public, et malgré la vie retirée
et presque inconnue qu'il n'a cessé de mener jusqu'au moment de son arrestation.
En s'enfuyant de la ville, il avait cru se mettre à l'abri de toute poursuite
et s'était réfugié dans une petite maison à Evine
(Chimran).
Il y vivait, entouré de quelques-uns de ses fidèles disciples
qui, comme lui, étaient parvenus à se sauver de la maison de Soleïman
Khan au moment où on la cernait. C'est dans cette maison que Hadjeb-ed-Dowleh,
accompagné de ses gens alla les surprendre au moment où ils s'y
attendaient le moins. Ils furent tous saisis, garrottés et jetés
dans les prisons de la ville. S. E. le premier Ministre, Mirza Agha Khan, voulut
se donner la satisfaction d'interroger lui-même le chef d'une si détestable
secte.
Il le fit donc comparaître devant lui ainsi que ses disciples pris en
même temps que ce misérable et le questionna en leur présence.
Molla Cheikh Ali n'essaya pas de se défendre. Il avoua qu'il était
devenu le chef des babis depuis la mort du Bab, que c'était lui qui avait
donné l'ordre à ses disciples les plus dévoués de
tuer le Roi. Il déclara même que le nommé Mohammed Sadeq,
qui s'était précipité le premier sur le Roi, était
son serviteur de confiance et qu'il lui avait donné lui-même les
armes nécessaires pour exécuter ses projets régicides.
Le nombre de ces misérables tombés entre les mains de la justice
ne s'élève qu'au chiffre de trente-deux ; quant aux autres, la
police n'a pu les retrouver et l'on présume qu'ils auront franchi les
frontières de la Perse pour aller trainer leur misérable vie à
l'étranger.
Nous nous faisons un devoir de rendre compte à nos lecteurs de la conduite
admirable de S. E. M. le Ministre de Russie dans cette circonstance. Un de ces
misérables conspirateurs, Mirza Housseïn Ali (Baha'u'llah. En ce
qui concerne ceet incident, voir page 142-3) s'était réfugié
à Zerguendèh, résidence d'été de la Légation
de Russie. Le Prince Dolgorouki ayant appris que cet individu était au
nombre des conspirateurs s'empressa de le faire saisir par ses propres gens
et l'envoya aux Ministres de S. M. qui, touchés d'une action aussi conforme
aux bonnes relations qui existent entre la Perse et la Russie, lui en témoignèrent
leur profonde gratitude. S. M. elle-même lui en fit faire ses remerciements
et donna des ordres pour que les personnes qui avaient été chargées
d'amener le coupable, fussent dignement récompensées, ce qui fut
fait sans aucun retard.
Parmi les babis tombés aux mains de la justice, il y en a six dont la
culpabilité n'ayant pas été bien constatée, ont
été condamnés aux galères à perpétuité.
(Ces six noms sont: Mirza Husayn-i-Qumi, Mirza Husayn-Aliy-i-Nuri (Baha'u'llah),
Mirza Sulayman-Quli et son neveu Mirza Mahmud, Aqa Abdu'llah (le fils de Aqa
Muhammad-Ja'far) et Mirza Javad-i-Khurasani. Le récit original déclare
simplement qu'ils ont été condamnés par le Shah à
un emprisonnement perpétuel - condamnés aux galères est
une erreur fantaisite de J. B. Nicolas)Les autres furent tous massacrés
de la façon suivante:
Molla Cheikh Ali, le principal moteur de cette épouvantable conspiration
a été condamné à mort par les oulémas et
par eux mis à mort.
Seyyed Housseïn Khoraçani fut tué par les Princes du Sang
qui le massacrèrent à coups de pistolets, à coups de sabres,
à coups de coutelas et à coups de poignards.
Moustofi el Memalek se chargea de l'exécution de Molla Zeïne el
Abedine Yezdi, qu'il tua d'un coup de pistolet à bout portant. Après
quoi les Moustofi du Divan, se précipitant sur le cadavre le hachèrent
à coups de pistolets plusieurs fois répétés, à
coups de sabres, de poignards et autres instruments tranchants.
Molla Housseïn Khoraçani fut tué par Mirza Kazem Nizam el
Moulk et par Mirza Saïd Khan, ministre des Affaires Etrangères.
Mirza Kazem s'approcha le premier du condamné, lui lacha un coup de pistolet
à bout portant, puis Mirza Saïd Khan s'approcha à son tour
et lui tira un autre coup de pistolet. Enfin, les domestiques de ces deux hauts
fonctionnaires se jetèrent sur le cadavre qu'ils mirent en pièces
à coups de Qamahs et à coups de poignards.
Mirza Abd oul Véhhab de Chiraz, qui pendant son séjour à
Kazemeïn s'était déjà rendu coupable envers l'autorité
en exhortant à la révolte les paisibles habitants de cette ville,
a été mis à mort par Djaafer Kouli Khan, frère de
S. E. le premier Ministre, par zoulfékhar Khan, par Mouça Khan,
par Mirza Ali Khan, tous les trois fils du premier Ministre, par leurs employés
et leurs domestiques, par les fusilliers du Roi et par d'autres personnes présentes
à cette exécution: les unes faisant usage de pistolets, d'autres
de fusils, d'autres de qamahs, d'autres enfin de poignards de toute espèce.
Le cadavre de ce misérable ne tarda pas à être réduit
en petits morceaux.
Molla Fath Oullah, fils de Molla Ali le relieur, celui qui, tirant sur le Roi
avec un pistolet chargé à plomb avait légèrement
blessé S. M., eut le corps garni de chandelles allumées. Puis
Hadjeb ed Dowleh reçut l'ordre de le tuer d'un coup de pistolet, ce qu'il
fit en tirant juste à la partie du corps où S. M. avait été
atteinte. Il tomba raide mort. Alors les ferraches du Roi, se précipitant
à l'envie l'un de l'autre sur le cadavre le réduisirent bientôt
en lambeaux qu'ils couvrirent ensuite d'une grêle de pierres.
Cheikh Abbas de Téhéran a été expédié
au fond des enfers par les Khans et autres dignitaires de l'Empire qui le tuèrent
à coups de pistolets et à coups de sabres. (Muhammad-Baqir-i-Najafabadi
fut tué par les valets royaux et les chamberlains avec des dagues et
des couteaux).
Mohammed Taghi de Chiraz fut d'abord ferré comme un cheval par Aced Oullah
Khan, premier écuyer de S. M. et par les employés des écuries
impériales. Puis on les massacra à coups de massues, à
coups de ces grands clous en fer dont on se sert dans les écuries pour
fixer au sol les licous des chevaux. (Muhammad de Najafabad fut tué par
le Ishak-Aqasi-Bashi et d'autres fonctionnaires de la cour et Mirza Muhammad-i-Nayrizi
fut tué par les sentinelles royales et par les serviteurs).
Mohammed de Nedjef Abad fut livré aux artilleurs qui lui arrachèrent
d'abord un oeil. Ceci fait, ils l'attachèrent à la bouche d'un
mortier chargé à mitraille et le "soufflèrent".
Quant à Hadji Soleïman Khan, fils de Yahya Khan de Tabriz, et Hadji
Kassem, également de Tabriz (en fait de Nayriz), ils furent promenés
à travers toute la ville de Téhéran le corps garni de chandelles
allumées, accompagnés de danseurs, de la musique du soir qui se
compose de longuez trompettes et d'immenses tambours, et suivis d'une foule
de curieux tentés de les lapider, ce que le ferrach bachi eut beaucoup
de peine à empêcher.
Suleîman Khan, quand une de ses bougies tombait, il la ramassait et la
remettait à sa place. Quelqu'un lui ayant crié: "Tu chantes,
pourquoi ne danses-tu pas?". Suleiman obéit et se mis à danser.
(ce paragraphe n'est pas dans l'original et a été ajouté
par de Lorey et Sladen).
Une fois hors de la ville les ferraches, suivant l'ordre qui leur avait été
donné, partagèrent ces deux misérables en quatre morceaux
chacun, qu'ils suspendirent à chaque porte de la ville. (Siyyid Husayn
fut mis à mort par les épées de l'adjudant bachi et par
les colonels de l'armée impériale. Aqa Mehdi de Qachan fut livré
aux ferraches qui le hachèrent à coups de poignards.
Le corps de Sadiq-i-Zanjani qui fut tué le jour même de l'attentat,
fut coupé en morceaux qu'on suspendit aux portes de la ville.
Mirza Nébi Démavendi fut tué à coups de lances et
de sabres par les Professeurs de l'Ecole des Sciences.
Mirza Rafi de Nur fut tué à coup de pistolet et de sabre par une
compagnie de cavalerie régulière.
Mirza Mahmud de Qazvin fut livré aux Zembourektchis (arbalétriers)
qui, après avoir tiré sur lui plusieurs coups de zemboureks le
hachèrent à coups de sabres.
Husayn de Milan fut tué à coups de baïonnettes par un peloton
d'infanterie.
Mulla Abdu'l-Karim de Qazvin fut tué à coups de sabres par les
artilleurs commis à la garde du Roi.
Lutf-Ali de Chiraz, coureur du Roi, échut aux "chaters" qui
le poignardèrent puis le lapidèrent.
Nejef de Khamseh fut livré à la fureur de la populace qui le mit
en lambeaux à coups de poing, de pierres et de bâtons.
Haji Mirza Djani (Haji Mirza Djani, l'hôte du Bab à Kashan et l'auteur
d'une petite histoire de la foi babie), négociant de Kashan fut tué
par le Prévôt des marchands de Téhéran, assisté
par des marchands et des bouquetiers de Téhéran.
Hasan de Khamsih fut tué par Nasru'llah Khan, chef de l'arsenal et par
ses employés.
Muhammad-Baqir fut tué à coups de sabres par les Qajars.
* D'autres récits:
Lorsque la tentative d'assassinat eut lieu, Baha'ulllah se trouvait avec Ja'far-Quli Khan, un parent du premier Ministre. Il partit pour Niyavaran, où les quartiers de l'Armée Impériale étaient stationnés. Sur le chemin, il vint au village de Zarkandih, le siège de la Légation russe, où sa soeur vivait ("Nabil Narrative", Grande-Bretagne, page 442, USA, page 603).
Le Prince Dolgoroukov cite Baha'u'llah dans une dépêche du 23 août 1852:
"Comme il fut espéré,
le gouvernement, en réponse à l'attentat sur la vie du Shah, commença
à arrêter les personnes accusées d'appartenir à la
secte du Bab. Ni le massacre de Mazindaran, ni le carnage à Zanjan n'amoindrit
l'ardeur de ces sectaires, car récemment une découverte fâcheuse
fut faite que beaucoup d'entre eux se cachaient à Téhéran,
et que parmi les membres de cette secte, il y a des personnes de toutes classes,
incluant même des personnes les plus proches du trône.
Le gouvernement pense qu'ils ont une liste précise des participants dans
l'attentat du 3 août. (15 août). Ils apprirent que quatre d'entre
eux se cachaient dans le village de Zargandih pour le mois passé. Le
directeur du Ministre des Affaires Etrangères m'écrivit une lettre,
me demandant la permission de rechercher ce village. J'ordonnai immédiatement
au Ghulam-Bashi (serviteur principal) de la Légation de joindre les agents
du gouvernement persan pour observer leur recherche, et ils trouvèrent
l'une des personnes sur leur liste. Cette arrestation les mena à deux
autres hommes qui furent capturés par les ghulams (serviteurs) du Shah
dans une place appelée Ivin (Evin) localisée à une distance
d'un farsakh (environ 3.5 milles) de Zargandih. La quatrième personne
se révèle être un parent de Mirza de la Légation.
(C'était Baha'u'llah, dont la soeur Nisa Khanum, se maria à Mirza
Majid-i-Ahi, le Mirza (ou secrétaire persan) de la Légation russe).
Il est accusé de babisme, et étant un sujet persan dont le nom
n'est pas entré dans la liste de mes employés, il doit apparaître
devant les autorités.
Les deux personnes accusées arrêtées à Evin furent
transférées à Zargandih la même nuit et placées
dans la maison de l'un de mes serviteurs. Les ghulams du Shah ne voulaient pas
les mener à Niavaran tout de suite, disant qu'ils ne pourraient pas être
attaqués sur le chemin, mais j'insistai qu'ils soient transférés
immédiatement, et de leur donner une garde de 10 soldats et un officier
de bas rang du détachement qui garde le camp russe.
Pendant un long moment, là-bas a été emprisonnée
à Téhéran sous la surveillance de Mahmud Khan, chef de
la police, une femme babie (Tahereh). En dépit de cela, elle trouva apparemment
les moyens journaliers de réunir autour d'elle plusieurs membres de la
secte. Elle fut étranglée dans un jardin en la présence
de l'Ajudan-Bashi. Quatre autres furent coupés en deux. Des bougies allumées
furent insérées dans leurs chairs, et pendant qu'ils étaient
ainsi amenés à travers les rues de la ville, les pauvres êtres
maudissaient le Shah et exprimaient de la joie en mourant avec une telle pompe,
car une telle mort leur assurait la couronne du martyre.
Qui pourrait disputer le droit du gouvernement du Shah, où plutôt
du Shah lui-même, à administrer la justice? Cependant, ne faisant
aucune distinction entre les vrais complices des attentats et les milliers de
personnes professant le babisme, il excite même plus le fanatisme de ces
sectateurs et s'expose ainsi lui-même à un vrai sérieux
danger". (Dolgoroukov à Séniavin, 11 août 1852).
Dolgoroukov rapporta les dernières exécutions dans une dépêche du 24 août 1852:
"Il y a trois jours, le gouvernement
persan envoya un messager à Saint-Pétersbourg pour annoncer l'issue
heureuse de l'attentat sur la vie du Shah.
Les spectacles repoussants dont nous avons été témoins
depuis ce fatal évènement m'ont forcé à rendre visite
à Mirza Agha Khan et de personnellement lui laisser comprendre, dans
les intérêts de la Monarchie de Perse, la nécessité
de mettre un terme à cela, ou du moins de faire une distinction entre
les vrais complices du crime et des personnes qui professent les doctrines du
Bab. Je ne lui cachais pas du tout le danger auquel le Shah est en train de
s'exposer lui-même en manquant de limiter dans une certaine mesure les
exécutions publiques, et qu'il ne doit pas mourir juste parce qu'il est
libre de mettre à mort qui il lui plait.
Le Sadr-Azam (Premier Ministre) partage entièrement mon opinion, mais
dans le même temps, il me confia qu'il avait des difficultés à
lutter contre l'irritation du Shah et les provocations de ceux qui imprègnent
le Shah du désir de vengeance, à savoir sa mère (Malik-Jahan
Khanum, Mahd-i-Ulya) et ses farrash-bashi (Haji Ali Khan, Hajibu'd-Dawlih)...
Le nombre de personnes mentionnés ci-dessus à déjà
atteint 9; et il est programmé de distribuer parmi les personnages principaux
de la cour, de l'armée et du clergé, plusieurs babis, qu'ils tueront
de leurs propres mains.
Là, ils parleront de tout cela avec un air joyeux, essayant de faire
penser à la population que tous ces crimes ne sont qu'une chose commune
et naturelle". (Dolgoroukov à Séniavin, 24 août 1852).
Le récit du docteur Polak de l'holocauste de 1852 est particulièrement intéressant en ce que non seulement il était présent à Téhéran durant cette période, mais il déclare qu'il était même présent au martyre de Tahereh: "Je fus témoin de l'exécution de Qurratu'l-Ayn [Tahereh], le Ministre de la guerre et son adjudant le firent. Cette belle femme endura sa mort lente avec une force surhumaine". (Polak "Persien", volume 1, page 353).
Le récit de Gobineau de ces jours est très spectaculaire, et il est donné ici comme traduit par de Lorey et Sladen:
"On vit, on vit alors, on vit
ce jour-là, dans les rues et les bazars de Téhéran, un
spectacle que la population semble devoir n'oublier jamais. Quand la conversation,
encore aujourd'hui, se met sur cette matière, on peut juger de l'admiration
horrible que la foule éprouva et que les années n'ont pas diminuée.
On vit s'avancer, entre les bourreaux, des enfants et des femmes, les chairs
ouvertes sur tout le corps, avec des mèches allumées flambantes
fichées dans les blessures. On traînait les victimes par des cordes
et on les faisait marcher à coups de fouet. Enfants et femmes s'avançaient
en chantant un verset qui dit:
En vérité, nous venons de Dieu et nous retournons à Lui!".
Leurs voix s'élevaient éclatantes
au-dessus du silence profond de la foule, car la population téhérany
n'est ni méchante ni très croyante à l'Islam... Quelques
uns des enfants, expirèrent dans le trajet. Les bourreaux jetèrent
leurs corps sous les pieds de leurs pères et de leurs soeurs, qui marchèrent
fièrement dessus et ne leur donnèrent pas deux regards.
Quand on arriva au lieu d'exécution, près de la Porte-Neuve, on
proposa encore aux victimes la vie pour leur abjuration, et, ce qui semblait
difficile, on trouva même à leur appliquer des moyens d'intimidation.
Un bourreau imagina de dire à un père que, s'il ne cédait
pas, il couperait la gorge à ses deux fils sur sa poitrine. C'étaient
deux petits garçons dont l'aîné des enfants réclamant
avec emportement son droit d'aînesse, demanda à être égorgé
le premier. Il n'est pas impossible que le bourreau lui ait refusé cette
dernière satisfaction. Enfin, tout fut achevé; la nuit tomba sur
un amas de chairs informes; les têtes étaient attachées
en paquets au poteau de justice, et les chiens des faubourgs se dirigeaient
par troupes de ce côté. (Gobineau "Religions et Philosophies",
pages 248-9: traduit dans Lorey et sladen "Queer Things about Persia",
pages 315-16).
- Milan:
A Milan, un village près de Tabriz, un grand nombre des habitants avaient été convertis à la religion du Bab grâce aux efforts de Mulla Yusif-i-Ardibili, l'une des Lettres du Vivant, et grâce à la présence du Bab lui-même pour une nuit sur son chemin à Tabriz sous bonne garde. A la suite de l'attentat sur la vie du Shah, un groupe de serviteurs et de soldats du gouvernement arrivèrent à Tabriz et tombèrent sur les malheureux babis du village et saccagèrent leurs maisons. Un grand nombre souffrirent le martyre immédiatement tandis qu'un groupe supplémentaire fut pris à Tabriz.
Stevens rapporte l'arrivée des babis à Tabriz dans une dépêche à Sheil datée du 7 septembre 1852:
"Nombre de ra'yats que l'on
dit être 15, appartenant au village voisin de Milan, ont été
capturés et jetés en prison sur l'accusation d'être babis.
Comprenant qu'ils renient positivement le fait, j'ai appelé le Prince
gouverneur hier et exprimé mon espoir que ces hommes ne soient pas traités
injustement. J'ai dit qu'en matière de religion, leur reniement devrait
recevoir de la considération. Le Prince répondit qu'une liste
de leurs noms lui a été soumis par l'Imam-i-Jumih, et leur capture
par conséquent fut inévitable, mais que si le Akhond Mollah Mehmed
devait, après les avoir examiné, les déclarer non babis,
ils seraient immédiatement libérés.
Tandis que sur ce sujet, je mentionnerais que les récentes persécutions
religieuses et les exécutions à Téhéran ont même
crée un dégoût général là-bas. Les
personnes semblent penser que la colère du Roi l'a emmené bien
au-delà de ce qui était nécessaire (sic) pour produire
un bon effet, et que le contraire pourrait être le cas.
Je continuerai à regarder le cas des gens de Milan, ou d'autres qui pourraient
arriver, et je crois que mes nobles efforts d'empêcher, aussi loin que
cela soit en mon pouvoir, l'affliction de punition imméritée,
ou la répétition à Tabriz des scènes horribles qui
ont récemment eût lieu à Téhéran. Je pourrai
compter en recevant le soutien puissant de Vôtre Excellence. (Stevens
à Sheil).
- Nur:
Les répercussions de la tentative
d'assassinat du Shah furent ressenties avec une sévérité
particulière dans le village natal de Baha'u'llah, Takur à Nur.
Au moment où la tentative d'assassinat du Shah a été envisagé,
Mirza Yahya, Subh-i-Azal, était allé à takur dans le bur
d'exciter un soulèvement là-bas pour coïncider avec l'attentat.
Lorsque les nouvelles de cela atteignirent Téhéran, des troupes
furent détachées de la capitale sous le commandement de Mirza
Abù-Talib Khan, un parent à la fois du premier Ministre et de
Baha'u'llah. Ceux-ci arrivèrent à Takur et ne trouvant aucune
insurrection, tombèrent sur le village et le pillèrent, tuant
nombre de personnes innocentes.
Sheil rapporte cet épisode dans une dépêche au Comte de
Malmesbury datée du 2 octobre 1852:
"Bien que la plus grande tranquillité
pré vaille à Téhéran, il apparaît que dans
le Mazindaran, qui a toujours été la forteresse du babisme, les
disciples de cette foi ont assumé une attitude insurrectionnelle, probablement
en autodéfense. Un groupe d'environ 100 babis ont adopté une position
d'une force considérable, et des troupes ont été envoyées
d'où pour les réduire à l'obéissance. Les croyants
de la nouvelle foi se sont invariablement battus avec une résolution
indéfectible, et il pourrait par conséquent être anticipé
que le délogement et la capture du corps ci-dessus ne sera pas accomplie
sans troubles ni pertes.
Les ministres persans se sont souvent rappelés que les parasites et la
persécution sont les modes de propagation de la nouvelle doctrine la
plus efficace". (Sheil à Malmesbury, 2 octobre 1852).
Chapitre 8. Le second soulèvement de
Nayriz (1853)
Suite à la fin sanglante de l'épisode de Nayriz et du martyre de Vahid (voir chapitre 5) en 1850, la communauté babie à Nayriz, ainsi que d'autres parties de la Perse, dériva dans un état de confusion et sans chef. Le gouverneur de Nayriz, Haji Zaynu'l-Abidin Khan, continua à persécuter la communauté jusqu'à ce que finalement un groupe de cinq personnes, conduits à des mesures extrêmes, attaqua le Gouverneur dans les bains publics et le tuèrent le 26 mars 1853.
Comme dans le cas de l'attentat sur la vie du Shah l'année précédente, cette action n'amena à la communauté aucun soulagement et en fait mena à un soulèvement ultérieur. (Selon "La Chronique de Nabil", Grande-Bretagne, page 471, USA, page 643, ce fut la veuve de Haji Zaynu'l-Abidin Khan qui intima Mirza Na'im d'entreprendre une action contre les babis).
Mirza Na'im-i-Nuri, un cousin et un demi-frère du Premier Ministre, fut envoyé à Nayriz en tant que gouverneur avec des instructions spécifiques pour soumettre les babis. A l'approche de Mirza Na'im de Nayriz, Mirza Aliy-i-Sardar et plusieurs des chefs babis sortirent de la ville pour le rencontrer, espérant une réconciliation et des efforts pour éviter une effusion de sang. Peu après son arrivée, cependant, Mirza Na'im démontra ses vrais intentions lorsqu'il captura quelques 130 babis comprenant Mirza Aliy-i-Sardar.
Mirza Fadlu'llah (Mirza Fadlu'llah-i-Qazvini, l'agent britannique à Chiraz de juin 1852 à Mars 1854 lorsqu'il fut démis après que W. Taylour Thomson ait observé un rapport de lui sur l'état du Fars, dans la (girdle) du premier Ministre), l'agent britannique à Chiraz dans son rapport d'octobre pour 1853, déclare:
"Mirza Nacem ayant faussement accusé les personnes de Nayriz d'être babis, obtint un ordre du gouvernement de capturer 117 habitants, de les enchaîner et de les envoyer à Téhéran pour être punis. Ainsi autorisé, il alla à Nayriz avec nombre de personnes et là-bas il pilla et saccagea les maisons des personnes et commis toute sorte d'excès. Les Nayrizis fuirent, certains dans les montagnes et d'autres dans diverses places, et un grande masse d'eux prit refuge il y a quelques jours dans un tombe au en dehors de la ville. Mirza Nacem soudoya alors les caractères vains qui fréquentent la ville pour assister ses personnes à capturer les Nayrizis et de les chasser de leur place de sanctuaire, et à la nuit, il envoya ses gens ainsi aidés pour effectuer cela. Un tumulte épouvantable s'ensuivit et dans la confusion, un jeune garçon fut capturé et amené à la maison de Mirza Na'im, où il lui fut donné la bastonnade jusqu'à ce qu'il meurt. Haji Kavam (Haji Mirza Ali-Akbar, Qavamu'l-Mulk), le Vizir de Chiraz en apprenant cela, envoya des personnes pour empêcher la capture du reste des Nayrizis. En réalité, Mirza Na'im devrait être permis de rester ici, il conduira les personnes à la rébellion, car ils sont tout à fait ennuyés de la conduite du gouvernement en agissant de cette manière, à l'instigation d'un homme comme cela.
Alee Beg, qui avait été envoyé à Chiraz pour porter accusation du peuple ci-dessus accusé de babisme, étant arrivé à Nayriz où il commit toute sorte d'outrage, les personnes (returned) et ayant retiré leurs familles de la place, fuirent à nouveau dans les montagnes où ils avaient amené des provisions, assez pour les maintenir pendant trois ou quatre mois.
Mirza Nacem a demandé et reçu du nouveau gouverneur, qui ne connaît rien à l'affaire, une force s'élevant à 400 soldats, deux canons avec des artilleurs et des munitions, et il a commencé par l'objectif de capturer ces pauvres gens et de les envoyer à la capitale. Le gouverneur lui a aussi donné des ordres pour recevoir de l'aide des différents districts dans le voisinage. Mais le peuple de Nayriz s'était fixé sur une place très forte dans les montagnes pour leurs quartiers et il y a seulement une route pour cela, ainsi on croit que les troupes ne seront pas capables de les capturer. Ils firent une descente sur Nayriz et tuèrent ceux qui étaient restés là-bas et qui étaient hostiles à eux". (compris dans W. Taylour Thomson au Comte de Clarendon, 18 décembre 1853).
Dans un rapport ultérieur daté du 14 novembre, Mirza Fadlu'llah déclare:
"Le 1er Muharram, des nouvelles
atteignirent Chiraz en ce qui concerne le conflit de la population de Nayriz
dans les montagnes.
Je vous ai écrit un mot le mois dernier que Mirza Na'im avait avancé
avec des Sirbaz et des canons, et un corps de villageois pour exterminer les
Nayrizis. En atteignant le pied des montagnes, où l'ennemi se tenait,
Meerza Naeem incita et conseilla aux Sirbaz, aux villageois et à l'artillerie
de monter le seul col qui mène au coeur de la montagne.(le long de laquelle
les Nayrizis avaient érigé quelques tours, et dans chacune, on
positionna nombre d'hommes armés avec des (firelocks) et ayant atteint
l'intérieur, de mettre toutes les personnes en pièces. Succombant
aux importunités de Meerza Nacem, l'armée monta et , comme par
chance, ils atteignirent la première tour vers le lever du soleil - la
garnison (localisée à l'intérieur) furent parfaitement
calmes - pas un son ne fut entendu - ainsi firent (did) qu'ils restèrent
qu'un aurait pensé la tout déserte et vide: - les troupes gagnèrent
de la confiance se pressèrent en avant pour dénombrer deux tours,
où ils trouvèrent la même tranquillité qui prévalait,
et les ayant passé tous, ils entrèrent dans la montagne elle-même.
(ils n'avaient pas fait ainsi avant). Les Nayrizis, qui étaient dans
la caravane des troupes, firent marche arrière par ceux qui étaient
à l'arrière des tours, fondèrent et commencèrent
à massacrer les hommes de l'infortuné et malheureuse armée:
- là-bas n'étant aucun moyen de fuite, et le désastre étant
venu sur eux (thro) du mauvais management de leur commandant, les femmes de
Nayriz grimpèrent sur les rochers et battant leurs bouches avec leurs
mains, lancèrent des cris d'exultation. La nuit succéda au jour
- les troupes furent éparpillées dans les montagnes, et l'un de
leurs canon tomba dans les mains de l'ennemi.
Etant désireux qu'une si sévère calamité soit gardé
secrète, une histoire fut mise en circulation que deux des Gulpaeeganee
Sirbaz avaient été tués dans le combat, et certains, qui
s'étaient égarés dans les montagnes, reviendraient bientôt.
Des villageois qui accompagnaient les forces, cependant, il devint connu que
beaucoup furent tués, que les Nozairis avaient emportés les chevaux,
et que toute chose appartenait à l'armée; en bref que Mirza Na'im
et son armée avaient été honteusement défaite. Le
nouveau gouverneur propose d'envoyer un nouveau commandant avec des nouvelles
troupes. Un rapport a dit que Mirza Na'im a été dans deux ou trois
engagements avant (to this one), et dans l'un il fut complètement défait.
Nayriz eût à payer 5500 tomans de revenus: - les gouverneurs et
les collecteurs d'impôt eurent coutume dans les jours d'antan de lever
au moins 10000 tomans, mais si complètement a Mirza Na'im ruiné
le pays, et qu'aussi en dehors de tout motif égoïste, cette attente
de paiement d'impôt (hereafter) doit être en dehors de la question
complète. Les hôtes des habitants ont été tués
et beaucoup encore suivront...
Le 15 Muharram (18 octobre 1853), 600 des Sirbaz de Qashqa'i, une tribu du Fars),
200 sirbaz dz Chiraz et deux canons, avec un complément de canons et
de munitions, la totalité sous le commandemenr de Lutf-Ali Khan, Sartip
du régiment de Qasqa'i. Mirza Fadlu'llah dans son rapport de la fin de
cet épisode déclare: "Le 8 novembre 1853, H.R.H. écrivit
un mot au neveu de Lutf Alee Khan, "Maintenant les affaires des Nozairis
sont arrivés à un tel (pass), vous devez en aucune façon
retourner à Chiraz, mais aller au Laristan et le Sabaijat, et là-bas
attendre mon arrivée") furent dans les ordres d'aller aider Mirza
Na'im à Nayriz (compris dans Kemball à W. T. Thomson, 18 novembre
1853. Le rapport lui-même est daté du 14 novembre 1853 et est traduit
par H. F. Disbrowe, assistant à la résidence).
Le 18 novembre, le capitaine Arnold Burrowes Kemball, le résident britannique à Bushihr, en expédiant les deux rapports ci-dessus de l'agent de Chiraz à W. Taylor Thomson, le chargé d'affaires britannique, envoya son propre jugement de la situation:
"Les extraits inclus du rapport
mensuel de l'agent britannique à Chiraz, recu au cours du 14, communique
la déconfiture d'un petit corps des troupes du Roi envoyé contre
Nayriz, une région dans le voisinage, dont les habitants apparaissent
avoir été conduits à la rébellion par la conduite
oppressive et exorbitante de Mirza Na'im Nuri, un parent du Sadr-i-A'zam, premier
Ministre. Accusés par cet individu d'être babis, des ordres ont
été données par les ministres persans pour la traduction
d'un nombre de leurs principaux hommes à Téhéran, l'exécution
de ceux qu'il sont maintenant déterminés à résister
par la force des armes. Ces quelques croyants de la secte sont présents
dans cette partie du pays, semblent être généralement très
croyants; mais les mesures prises pour les supprimer ont été certainement
malheureuses, et pourraient donner une montée à des complications
plus sérieuses.
Tahmasb Mirza, fils de Muhammad-Ali Mirza, le fils de Fath Ali-Shah, gouverneur
du Fars 1853-8 et 1860-62. Ussher décrit ainsi un interview avec lui
en 1860: "Nous restâmes dans la pièce pendant quelques minutes
avant que quiconque apparaisse, conversant d'un ton bas avec le secrétaire,
lorsque enfin une porte s'ouvrit, et un homme petit, corpulent, d'un âge
moyen, portant le haut chapeau habituel en peau de chameau, entra dans la pièce
à la fin la plus éloigné de nous, et portant son siège
sur le fauteuil doré, pendant que son secrétaire et d'autres personnes
de sa maison se tenaient vers les murs, nous fit signe dans le même temps
de nous asseoir. Nous nous assîmes sur les fauteuils placés devant
nous, toute la longueur de la pièce intervenant ainsi entre nous et le
prince.
La conversation commença avec les interrogations habituelles sur nôtre
santé, qui, étant dûment répondues, furent suivis
par un sujet sur lequel le Shahzadeh montra une grande curiosité, c'est-à-dire
la géographie. Nombreuses et hautement élevées furent les
questions qu'il nous demanda au sujet des pays en Europe. Les moyens de transport,
l'extension et le pouvoir des différents royaumes. Il fit plusieurs enquêtes
sur les américains, mais il était évidemment au-delà
de son pouvoir de comprendre une république. Comment un homme au commande
d'une armée ne pourrait pas profiter lui-même de capturer le pouvoir
suprême pour lui-même, était une énigme qu'il ne pouvait
résoudre". (Ussher "Journey from London to Persepolis",
page 522).
Dans l'une de ses dépêches qui rapporte le second soulèvement
de Nayriz, Mirza Fadlu'llah déclare aussi: Courant 15 (18 octobre 1853),
nôtre nouveau gouverneur envoya son propre Peesh Khidmut, Nasr-oolah-Beg,
avec des lettres à la capitale; Il écrivit un mot au Roi et à
ses ministres que " l'administration de la province du Fars restait avec
4 personnes - le Eel Khanee, le Haji Kuwaum, le Nazim-ul-Mulk et la tribu Nurie
- continuerait les affaires ainsi, le Prince serait à peine capable de
gouverner le pays; il pria par conséquent qu'il (would either make him
supreme) ou l'appelle complètement), le nouveau gouverneur du Fars, est
cité par nôtre agent dénué du talent et de l'énergie
requis pour conduire ses responsabilités et pour garder en subordination
les plusieurs factions dans lesquelles les notables de la province sont divisés.
Il est accompagné aussi par un grand nombre de parents de qui l'emploi
et les émoluments pourraient seulement être fournis à la
(expence) de personnes influentes dont la perte de poste doit les rendre inamicaux
à leur administration.(Kemball à Thomson).
Comme avec le soulèvement de Nayriz de 1850 et en fait le soulèvement de Shaykh Tabarsi, les forces du gouvernement, désespérées du succès, eurent recours à la tricherie. Kemball, en transmettant les rapports de l'agent de Chiraz, fit la déclaration suivante dans une dépêche datée du 15 décembre 1853: "les détails du massacre de Nayriz sont confirmés dans une lettre d'un autre groupe. Les habitants - pour la plupart non babis - ayant reçu toutes les preuves exigées qu'ils n'appartenaient pas à la secte odieuse, furent persuadés par les protestations les plus solennelles de sécurité de se rendre eux-mêmes lorsque 100 des hommes furent impitoyablement tués et les femmes livrés aux soldats" (Kemball à Thomson).
Le rapport de Mirza Fadlu'llah donne plus de détails des circonstances de la fin de l'épisode:
"Le 7 novembre 1853, le Prince
gouverneur dépêcha Abdu'l Hassan Beg à la capitale avec
des lettres détaillants les mesures à Nayriz. Un rapport (hath
it) que Lutf Alee Khan et Mirza Na'im - les deux officiers de l'armée
envoyés contre Nayriz - s'arrangèrent par des moyens de promesses
et de serments de réconcilier le Nayrizis et de les persuader à
cesser le combat. Dès qu'ils devinrent cependant passifs, l'armée
(de manière traîtresse) tomba sur eux, coupa les têtes d'environ
100 hommes, jeunes et enfants et prirent 300 prisonniers masculins. Le Sirbaz
et les artilleurs avaient aussi fait prisonniers 300 femmes et jeunes filles
et les contraignirent violemment à devenir leurs femmes - tous les biens
et la propriété vinrent aux mains furent aussi pillés et
amenés...
Ma'sum-Aliy-i-Aynalu commandait les forces extraites de la tribu Aynalu qui
résidaient autour de Darab et Fasa), l'un de ceux qui avançait
vers Nayriz, déclara ce qui suit courant 9:
"Les Nayrizis sortirent de leurs défenses le 31 octobre 1853 et
crièrent: "Nous ne sommes pas babis" - malédiction sur
le Bab et toute chose appartenant au Bab (Cette déclaration que les Nayrizis
assiégés renièrent leur foi n'est corroborée par
aucune autre source) voyant que Mirza Na'im nous avait dépossédé
de tout ce que nous avions et, non satisfait de nos biens, a envoyé de
fausses accusations contre nous au Roi. De plus Alee Beg Furash est venu nous
enchaîner et nous amenés prisonniers, par conséquent, craignant
pour nos vies et effrayés du tyran Mirza Na'im, nous nous rendîmes
nous-mêmes à ces montagnes - étions nous assurés
que nos vies ne seraient pas en péril, nous ne combattîmes pas
ou ne résistâmes - laissant par conséquent l'une des personnes
de Lutf Alee Khan venir et nous promettre la vie sauve, nous cessions de rivaliser".
Des messagers de paix furent envoyés de chaque côté, et
après plusieurs serments et promesses de sécurité, les
nayrizis devinrent libérés de toute peur. A peine cependant les
promesses ci-dessus avaient été conciliées que l'armée
leur tomba dessus, coupa les têtes de 100 hommes et fit prisonniers quelques
300 femmes et jeunes filles.
Mirza Na'im arriva à Chiraz le 24 novembre, amenant avec lui les prisonniers
de Nayriz. 4 d'entre eux ayant dit avoir tué beaucoup de sirbaz, furent
passés par la baïonnette par ordre du Prince. Le reste des prisonniers
masculins, ils les enfermèrent dans les entrepôts. Des 300 femmes
et jeunes filles, toutes celles qui semblaient se débattre furent prises
par le sirbaz et les serviteurs du gouvernement. Le reste étant remise
en liberté fut dispersé dans la ville de Chiraz et elles gagnèrent
leur pain en mendiant. Les têtes d'une centaine massacrées dans
l'action ont aussi été gardées pour être transmises
à la capitale". (compris dans Kemball à Thompson du 15 décembre,
traduit par H.F. Disbrowe).
De Chiraz, les têtes des babis
ensemble avec quelques 60 prisonniers furent expédiées à
la capitale. Lorsque le groupe arriva à Abadih, des ordres furent reçus
de brûler les têtes. Ceux qui survécurent au voyage rigoureux
pour Téhéran au milieu de l'hiver furent jetés en prison.
Certains furent exécutés, certains moururent en prison, et certains,
après une longue période, furent libérés.
Nayriz fut visitée par le commandant B. Lovett des ingénieurs
royaux quelques deux décennies après ces deux soulèvements.
Il décrit la ville ainsi:
"Cette ville, qui est située à environ 12 milles des frontières de la Daryay-i-Namak, Mer Salée. Un grand lac qui est aussi souvent nommé Lac Nayriz, est d'une importance commerciale considérable. Ses exportations sont principalement des amandes et des figues, qui sont transportées en grande quantité par Bunder Abbas pour Bombay. On dit que la population compte environ 3500 personnes et l'impôt payé au gouvernement du Fars s'élève à 12000 tomans. C'est une grande ville avec beaucoup d'orchidées, de vignobles et de jardins avec de temps en temps des maisons construites de briques séchées au soleil. Elle est divisée en trois communes ou "malahehs"; qu'au sud, nommé le "Malaheh Bala" est bien connu être peuplé entièrement par des babis qui, bien qu'ils ne professent pas ouvertement leur foi dans les enseignements de Syud (sic) Ali Mohamed, le Bab, pratiquent encore les principes du communisme qu'il a inculqué. Il est certain cependant que la tolérance qui était l'un des principes principaux inculqué par le Bab est ici observé, car non seulement je fus invité à faire usage des bains publics si je l'exigeais, mais des quartiers me furent aussi assignés dans une madrisih". (Commandant B. Lovett " Surveys on the Road from Chiraz to Bam", page 203).
Chapitre 9. Quelques principaux personnages
et leur sort
Dans les pages suivantes, on trouvera des aperçus par des observateurs occidentaux de certains des principaux participants dans les évènements dramatiques de l'épisode du Bab. Ceux-ci ne signifient pas être des jugements historiques objectifs de ces personnes. Ils sont simplement les descriptions et les opinions de ceux qui vinrent en contact avec eux.
* Muhammad Shah:
Ce fut durant le règne de Muhammad Shah, le troisième de la dynastie Kadjar que le Ministère du Bab commença en 1844. Muhammad Shah accéda au trône en 1834 et l'un de ses premiers actes en tant que Roi fut d'ordonner la mort de sa talentueux premier Ministre, Mirza Abu'l-Qasim, le Qa'im-Maqam. Baha'ullah fit plus tard des reproches à Muhammad Shah pour cet acte aussi bien que pour son manquement d'amener le Bab à Téhéran et de le rencontrer.
Le lieutenant-colonel Charles Stuart, qui vint de la part de Sir Henry Ellis en mission en Perse en 1835, rencontra le Shah le 23 Novembre 1835 un peu en dehors des murs de Téhéran:
"Nous rencontrâmes le Roi près des murailles; il fit signe gracieusement à Ellis de s'approcher de lui, et alors que nous nous promenions près de lui derrière, j'avais une bonne opportunité d'observer sa Majesté. Il est petit et gros; apparemment environ 28 ans; son visage est pâle, son nez aquilin et son allure agréable, bien qu'à peine pouvant être considéré beau. Il est passionnément fondu de guerre, de laquelle il a vu quelque chose de pratique, à la fois dans la dernière guerre russe et dans le Khurasan et il n'a jamais une telle bonne humeur que lorsqu'il est avec ses troupes. Aujourd'hui il portait l'habituel costume de cavalier d'un gentleman persan. Cela consiste en une coiffe noire en peau d'agneau, pincée en une forme conique, qui est porté aussi bien par le prince que par le paysan.
Durant la dernière décennie
de sa vie, Muhammad Shah devint de manière croissante handicapé
par la goutte, de sorte que dans sa dernière année, il fut entièrement
paralysé. Des complications surgirent, et le 4 septembre 1848, Farrant,
qui était chargé d'affaires, rapporta: "Sa Majesté
le Roi endure une sévère maladie... Sa maladie, je comprends,
se leva dans le premier cas par une indigestion suivie par un érésipèle
dans le bras gauche, une grande excitation dans l'estomac, des vomissements
constants et des purges, une perte totale d'appétit et un grand accablement
au niveau de la force.
Le docteur Dickson, le médecin de la mission britannique, fut appelé
au palais royal par le médecin du Roi, le docteur Cloquet, et il rapporta
le même jour: "Le Roi est encore très faible... sa langue
est un peu mieux et il a moins de fièvre, mais l'état de débilité
est en fait très grand".
* Haji Mirza Aqasi:
L'activité de Haji Mirza Aqasi en tant que Premier Ministre de Perse sous Muhammad Shah fut une affaire remarquable. Si complet était son ascendant que cet ancien tuteur du Shah avait gagné son maître, que ce dernier était consentant à laisser toutes les affaires de l'état entre ses mains. Suspicieux et avare, ce caractère excentrique et obscur concentra tous les travaux de l'état en lui-même et la condition du pays se détériora graduellement.
Dès le début de la mission du Bab, Haji Mirza Aqasi, craignant une menace que cela pourrait poser pour sa propre position, fut son implacable ennemi. De l'une de ses lettres écrite par le Bab à Muhammad Shah, il apparaîtrait que dans les premières années de son ministère, il avait envoyé un messager (probablement Mulla Husayn) au Shah avec un livre. Cependant, le livre ne fut pas présenté et il fut presque assuré que c'est Haji Mirza Aqasi qui empêcha cela. (Une preuve supplémentaire que Mulla Husayn fut en fait le porteur d'un livre à Muhammad Shah est une déclaration à cet effet dans le "Nasikhu't-Tavarikh", bien que ce travail semble impliquer que le livre fut délivré). Plus tard, lorsque le Bab jouit de l'amitié du gouverneur d'Ispahan, Manuchihr Khan, Haki Mirza Aqasi incita le clergé de cette ville à agir contre lui. Beaucoup plus significatif fut le complot par lequel le premier Ministre essaya de prévenir l'intention du Shah de recevoir le Bab à Téhéran et avait consigné ce dernier à la frontière éloignée de la forteresse de Mah-Ku. (Bien qu'appartenant à une famille d'Iravan, Haji Mirza Aqasi était né à Mah-Ku fut élevé là-bas. A travers son administration, il fut habitué à favoriser les citoyens de cette ville et leur donna beaucoup de postes importants. Le fait qu'il consigna le Bab dans cette ville est une indication de comment il regarda de manière sérieuse la menace que le Bab posait). Ce fut également Haji Mirza Aqasi, qui s'arrangea du procès du Bab à Tabriz qui résulta de l'affliction de la bastonnade sur le Bab. Ainsi, le Bab se réfère à lui comme "Satan" et Shoghi Effendi le stigmatise en tant que "l'Antéchrist de la Révélation Babie".
Le lieutenant-colonel Stuart, qui rencontra Haji Mirza Aqasi le 23 novembre 1835, écrivit: "Du Shah, nous allâmes à son premier Ministre - comme, je suppose, Haji Mirza Aqasi pouvait être appelé à présent. C'est un vieil homme moqueur, avec un long nez; et son allure, bien que pas stupide, rend la bizarrerie et l'autosuffisance de son caractère. Il dit que c'est un lion dans le combat!".
* Eugène Flandin, l'archéologue distingué, rencontra Haji Mirza Aqasi lorsque ce dernier accompagna le Roi à Ispahan en 1841. Il décrit bien les bouffonneries du Premier Ministre:
"La visite au Premier Ministre
de Muhammad Shah fut suivit immédiatement par l'audience au roi. Laissant
la chambre du trône, nous arrivâmes aux quartiers du Vizir, Haji
Mirza Aqasi, qui avait une résidence dans les murs du palais. Il nous
reçut sans pompe et avec une simplicité qui avait choqué
l'ambassadeur...
Imaginez un nez, très long et courbé, au dessus d'une bouche édentée
et surmontée par des cheveux mal teints, avec des yeux vivants et spirituels
mais injectés de sang, une allure brutale, une apparence fine ou plutôt
rusé, et l'une a l'exact portrait de ce singulier personnage. Ce petit
vieil homme, encore vigoureux, était comme tous les persans, vaniteux
à l'excès...
Nôtre visite à Haji Mirza Aqasi fut courte; sa conversation fut
à peine de nature à détruire les préjugés,
peu favorables à sa personne, qui avaient été dans nos
esprits avant cette présentation. L'ignorance du mulla le trahissait
chaque fois qu'il divergeait des banalités de politesse et qu'il touchait
d'affaires un peu plus sérieuses. Nous pouvions à peine maintenir
nôtre sérieux (de comportement) en voyant ce petit homme ajoutés
ses mots par des gestes grotesques et fréquemment, touché son
chapeau avec un coup de poing, le mettant ainsi de travers d'une manière
ou d'une autre. Ce singulier pantomime signifiait colère ou admiration
selon le désir de ce personnage".
* Le lieutenant-colonel Farrant, rapportant de l'état désastreux de la Perse après quelques 13 années de mauvaise administration par Haji Mirza Aqasi, écrivit:
"Le béguin du Shah est
incroyable, aveuglé par le côté rusé de son ministre,
il apparaît content, mais il est ignorant de l'état réel
de son royaume. Son Excellence (Haji Mirza Aqasi) a persuadé Sa Majesté
que sa seule prévoyance, la Perse est restée calme (traitant les
troubles dans le Khurasan comme insignifiants), tandis que l'Europe toute entière
a été secouée par des révolutions et des débordements,
et que Sa Majesté doit lui faire confiance pour la sauvegarde de sa couronne
et la paix et le bien-être du royaume, il a rempli l'esprit royal de soupçon
et de méfiance pour ceux qui sont autorisés d'approcher la personne
royale - et la terreur du déplaisir de Son Excellence., d'être
accusé de trahison et d'être envoyé en exil, pénètre
les classes les plus élevées, car ils sentent que le Shah n'a
pas le courage de les supporter contre son ministre.
Il est merveilleux, Monseigneur, d'être témoin de l'extraordinaire
pouvoir du Premier Ministre exercé sur le Shah. On pourrait imaginer
que la bêtise de ses procédés, la sauvagerie de son langage
et l'absurdité de son raisonnement seraient suffisant pour développer
son vrai caractère à Sa Majesté; mais l'autorité
de Son Excellence est suprême et le Shah gouverne seulement par le nom.
La plupart des maux qui accablent ce pays pourraient être attribués
à l'âpre cupidité et l'amour du pouvoir du Premier Ministre...
Ce serait une tâche très difficile d'élever (le pays) de
l'état misérable dans lequel il a été plongé
depuis tant d'années par la mauvaise administration de Son Excellence".
(Farrant à Palmerston 31 août 1848)
* Sir Henry Layard, qui, en tant que jeune homme, rencontra Haji Mirza Aqasi en 1842, écrivit:
"Le Haji - le nom par lequel
il est familièrement connu, était par bien des récits,
un homme d'état rusé et fourbe, mais avec des capacités
limitées. Il était cruel et traître, fier et autoritaire,
bien qu'il affecte l'humilité d'un pieux mulla...
Le caractère religieux qu'il assumait le rendait intolérant et
bigot... Sa mauvaise gestion du gouvernement et la corruption et l'oppression
générale qui existait partout, avait amené la Perse au
bord de la ruine. La détresse, la misère et le mécontentement
prévalaient dans une mesure jamais connue. Il était universellement
exécré comme la cause des malheurs et de la misère dans
lesquels le peuple et l'état étaient en train de souffrir.
... C'était un homme de petite taille, avec (sharp) et quelque part des
traits vils et repoussants et une voix forte aiguë. Son accoutrement était
simple - presque pauvrement vêtu, comme devient un mulla et un homme dévoué
à une vie religieuse".
(Layard "Early Adventures", volume 1, page 257)
Haji Mirza Aqasi connu une fin ignominieuse. A la mort de Muhammad Shah, une grande partie des notables de Téhéran prirent refuge dans la légation britannique, déclarant que tandis qu'ils resteraient loyaux au nouveau Shah, ils ne toléreraient pas Haji Mirza Aqasi plus longtemps. Ce dernier, terrorisé, trouva refuge dans le sanctuaire de Shah Abdu'l-Azim près de Téhéran, tandis que la population exprima sa délectation d'être libéré de sa tyrannie en pillant tous ses biens aussi bien que celles de ses principaux fidèles et serviteurs. Dépossédés de ses gains mal acquis de la rapacité et de l'avarice qui marquèrent ses années de Premier Ministre, il fut expulsé de Perse et mourut, oublié, à Karbila (Charles Burgess écrivit le 31 mars 1849 sur Haji Mirza Aqasi: " L'ancien Premier Ministre à présent un exilé à Karbila, en est venu à certaines disputes théologiques avec les mullas de cet endroit et il a été lapidé par la population. Son énorme richesse a été confisquée par la couronne, du moins tout ce qui ne fut pas pillée par la population dans les troubles qui succédèrent à la mort du dernier Roi". (Burgess "Letters of Persia", page 106) l'année suivante (1 août 1849).
* Nasiru'd-Din Shah:
A la mort de Muhammad Shah, son fils accéda au trône comme Nasiru'd-Din Shah. IL apparaît qu'en tant enfant, Nasiru'd-Din Shah avait été extrêmement beau. Le Lieutenant-Colonel Stuart, qui le vit en octobre 1835, écrit: "Le Vali-Ahd, Prince couronné était, comme son oncle, assit vers une fenêtre ouverte. Je n'ai jamais vu un enfant si beau; l'expression de son allure est affligée et le pauvre être était évidemment timide. Nous fûmes reçus par des sorbets, des sucreries et du thé présentés par des serviteurs qui étaient agenouillés. Les ablutions du Vali-Ahd furent extrêmement accomplies après qu'il ait bu son thé. Il essuya son petit menton où "Dieu Merci", sa barbe aurait une gravité beaucoup plus digne". (Stuart "Journal of a Residence", page 136).
Cependant belle qu'ait puisse être son apparence, son tuteur Mirza Ibrahim, qui avait anciennement enseigné le persan au collège de Haileybury en Angleterre, désespérait de ces accomplissements intellectuels. Sheil, écrivant en mars 1846, dit: "Mirza Ibrahim, le tuteur du prince royal, représente la compréhension et les acquis du Prince être également déficients. Il est même initié de manière imparfaite avec la lecture et l'écriture dans sa propre langue et Mirza Ibrahim est si désespérée que son instruction soit de quelque service, du manque naturel d'esprit et de capacité dans le Prince que c'est seulement par ma recommandation qu'il a consentit à retenir sa charge de tuteur de Sa Sainteté royale". (Sheil à Aberdeen, 17 mars 1846).
En janvier 1848, Nasiru'd-Din Shah
fut désigné Gouverneur de l'Azerbaïdjan, où il resta
jusqu'à la mort de son père jusqu'à la fin de cette année.
Ce fut durant la periode qu'il agit en tant que président de la Cour
au procès du Bab, bien qu'il ne joua aucune part active au déroulement.
A la mort de Muhammad Shah, Nasiru'd-Din Shah alla de Tabriz à Téhéran.
Les quatre premières années de son règne sont marquées
par les plus féroces et les plus sanglantes des persécutions de
la religion du Bab et de Baha'u'llah. En fait, durant tout le règne de
Nasiru'd-Din Shah, il y eut des persécutions sporadiques et du moins
dans certains cas, il fut lui-même directement responsable de la mort
des martyres.
Binning, qui rencontra le Shah au début de l'année 1851, écrivit: "Le Shah est maintenant dans sa 22ème année et il parait plus âgé. Son aspect est très blafard et son air, bien que pas désagréable, ne peux être dit beau: il porte des moustaches, mais avec les rudiments d'une barbe. Il est clairement habillé dans une redingote de style européen, qui était un manteau de tissu de toile sombre garnis de zibeline, et sur sa tête, l'ordinaire chapeau noir en peau d'agneau". (Binning "Two Year's Travel", volume 2, page 236).
Ussher, qui visita la Perse en 1861 et qui rencontra le Shah; le décrivit ainsi :
"En entrant dans le salon, un petit appartement simplement décoré, nous trouvâmes le Shah debout seul devant une chaise peinte en verte et décorée de quelques émeraudes, placées en face du trône sur une petite plate-forme. Le Shah était habillé dans un costume à moitié européen et asiatique. Il portait un pantalon blanc et une redingote rose argentée boutonnée de grands boutons en diamant, chacun d'une seule pierre. Un ceinturon, la boucle de laquelle était posée avec le célèbre diamant Deriah Noor", ou "Mer de Lumière", encerclait sa taille, et de là était suspendu un poignard à la poignée en diamant, similaire à ceux en usage parmi les Circassiens. Sur la redingote était une étoffe rose dorée terminée avec de l'hermine, et sur sa tête, l'habituel manteau en fourrure en astrakan portée par toutes les classes. Il portait une grande moustache, mais sa barbe était coupée, non rasée, aussi près que possible, une coutume singulière de la tribu Kadjare, qui n'utilise jamais un rasoir, et qui est suivit par le présent roi. Les ciseaux n'étant qu'un substitut imparfait du rasoir, il avait un look mal rasé, sa barbe apparaissant sale et dense, n'améliorant d'aucune façon sa mauvaise expression naturelle de contenance. Il était de taille moyenne et plutôt brun; ses traits étaient bien, mais gâté par un regard furtif, dans lequel la médiocrité et la lâcheté semblaient se battre pour la domination". (Ussher "London to Persepolis", page 632).
Alors que le règne de Nasiru'd-Din Shah progressait, cependant, les opinions à son sujet exprimés par des européens s'amélioraient graduellement. Typique de ces dernières opinions est celle de Curzon (1889):
(On doit insister que ce récit de Nasiru'd-Din Shah a été considérablement atténué de la déclaration originelle de Curzon. En novembre 1891, alors que le livre était prêt à être imprimé, Curzon fut désigné sous-secrétaire d'Etat pour l'Inde. Avec Curzon comme à présent membre du gouvernement, Lord Salisbury, le Premier Ministre, se sentit obligé de corriger les contenus du livre et il trouva les déclarations de Curzon concernant le Shah être "plus sévères qu'il n'attendait" et considérait que "sans aucun doute, cela donnerait l'offense la plus profonde". Curzon fut contraint de soumettre l'expurgation de son texte. (Ronaldshay "The Life of Lord Curzon", volume 1, pages 154-5).
"Bien qu'âgé de
60 ans, le Shah est droit, actif et robuste, rendant le mieux d'une stature
moyenne et marchant avec une démarche lente et un mouvement particulièrement
désinvolte des hanches, qui a un certain air de distinction...
On dit qu'il est naturellement timide, qui pourrait se justifier d'une manière
quelque peu précipitée et nerveuse, et pour une élocution
lâchée dans des périodes courtes, incisives...
Appelé au trône dès l'âge de 17 ans, et entouré
par conséquent d'une jeunesse ambitieuse par les flagorneurs et les flatteurs
qui bourdonnent autour d'une couronne royale, il est surprenant que Nasiru'd-Din
Shah ait tourné si bien. Cet heureux développement qu'il doit
aux aptitudes considérablement au-dessus de la moyenne et à une
force de caractère décidée". (Curzon " Persia
and the Persian Question", volume 1, pages 394-5 et 397).
L'année 1896 marquait le 50 anniversaire de l'accession au trône de Nasiru'd-Din Shah (par calcul lunaire). Inspiré sans aucun doute par les grandes célébrations du Jubilé de la Reine Victoria en 1887, Nasiru'd-Din Shah n'épargna aucune dépense en planifiant une grande fête au début mai. Cela allait être une grande fête publique. Toutes les affaires et toutes les écoles allaient être fermées pendant une semaine, les bâtiments seraient décorés, les gouverneurs et les notables seraient convoqués de toute part de la Perse pour assister aux célébrations et des troupes convergeraient aussi sur la capitale pour prendre part à la parade. Une amnistie générale allait être déclarée et des prisonniers libérés. La ville allait être illuminée et les pauvres nourris. On disait même que le Shah avait l'intention de renoncer à ses pouvoirs despotiques et qu'il se proclamerait lui-même "un gentil père" pour tous ses habitants, tandis que les grands mujtahids suspendraient pendant un temps les persécutions "des babis et d'autres infidèles". Le point culminant des festivités, le 6 mai, allait être un jour auquel la Perse n'avait jamais été témoin. L'un des évènements préliminaires conduisant au 6 mai fut une visite par le Shah au tombeau de Shah Abdu'l-Azim, à quelques milles en dehors de Téhéran. Ce fut là le 1 mai 1896 qu'une foule de milliers de personnes, amenée de toute part de la Perse pour participer aux célébrations, fut en fait témoin de la fin du règne de Nasiru'd-Din Shah par assassinat. Le Ministre français, de Balloy, enregistre les évènements de ce jour dans une dépêche datée du 2 mai 1896:
"J'ai fait l'utilisation d'un
courrier russe qui est parti aujourd'hui dans le but de vous envoyer les détails
que j'ai reçu ce soir sur l'assassinat du Shah, les tristes nouvelles
auxquelles je vous avait déjà envoyé par mon télégramme
n°5.
Sa Majesté, avant d'aller faire ses dévotions de vendredi à
la Mosquée du Shah Abdu'l-Azim, qui est, comme Vôtre Excellence
le sait, à environ une douzaine de kilomètres de la ville, avait
le jour précédent donné congé pour ce jour au docteur
Schneider, qui prit avantage de cela pour aller visiter son campement à
Shimiran. Dans cette dernière interview avec nôtre médecin,
le Roi entendit pendant plus d'une demi-heure du mouvement socialiste de Paris
et, c'est assez à noter, de l'assassinat du président Carnot...
Ce fut environ vers 4 heures, nous reçûmes un mot de l'un des secrétaires,
Monsieur de Sermontovn disant qu'un attentat avait été commis
contre le Shah à Shah Abdu'l-Azim, que Sa Majesté avait été
blessé au genou... J'ai envoyé des cavaliers pour aller chercher
le docteur Schneider. J'ai déjà mis en chiffres pour Vôtre
Excellence les nouvelles que je vous ai relaté au-dessus, lorsque nôtre
médecin arrivait très excité. Les cavaliers du Shah l'ont
rencontré avant moi, et il était déjà retournant
du Palais où il avait trouvé le Shah mort. Voici ce qui s'est
passé. Sa Majesté était sur le point de quitter la mosquée
de Shah Abdu'l-Azim, où il était entouré par presque 3000
personnes, lorsqu'un individu l'approcha avec une pétition ouverte dans
sa main. Le Roi était en train de la prendre lorsqu'un tir se déclencha.
Ce misérable homme avait eu un revolver caché au-dessous du morceau
de papier et il fit feu à bout portant. La balle pénétra
le coeur par la 5ème surface intercostale.
Le Roi fit trois pas et tomba raide mort. Le Sadr-i-Azam le Premier Ministre,
Mirza Ali Asghar Khan, Aminu's-Sultan était à ses côtés,
aussi bien qu'un médecin persan, Shaykh Muhammad, qui réalisa
immédiatement que la mort avait eût lieu. Le Shah fut porté
à son attelage, qui était en train d'attendre à la porte,
et disant qu'il avait été seulement blessé, ils retournèrent
à la ville à toute vitesse. Son corps fut placé dans l'une
des chambres de réception pour éviter le désordre qui aurait
inévitablement eût lieu si il avait été transporté
à l'andéroun. (les quartiers des femmes) Le Sadr-Azam et le chargé
d'affaires russe, qui furent immédiatement convoqués au palais,
firent les démarches importantes avec un grand sang-froid et de la présence
d'esprit. Ils ordonnèrent que les portes soient fermées et convoquèrent
tout soldat éventuel et toute personne armée. Monsieur Steheglow
avait, dès les premières nouvelles, convoqué la brigade
cosaque persane et lui ordonna de mettre la brigade en patrouilles armées.
Le Vali-Ahd (héritier du trône, Muzaffaru'd-Din Shah, fut avisé
par télégraphe de quitter Tabriz immédiatement et d'arriver
à Téhéran aussi vite que possible. Dans le but de gagner
du temps, l'ordre fut donné de propager partout l'histoire que Sa Majesté
avait été seulement blessée au genou, qu'il était
très faible et qu'il serait bientôt rétablit. On demanda
à Nayibu's-Saltanih (Kamran Mirza, le troisième fils de Nasiru'd-Din
Shah) de quitter la palais et de retourner à son domicile.
Le meurtrier, qui fut immédiatement arrêté, serait un siyyid
ou un babi, ce n'est pas encore connu de manière exacte. On affirmait
qu'il avait déjà été mis en prison à plusieurs
reprises et il avait été récemment libéré
(de prison) par le Shah à la demande des mujtahids de Téhéran...
Le contraste entre les célébrations du jubilé, qui avaient
été préparées pour le 6 mai et cette tragique mort
est ... frappante...
- 10 heures.
Le meurtrier du Shah n'est ni un siyyid ni un babi comme on le crut en premier.
C'est un révolutionnaire nommé Mirza Muhammad-Rida Kirmani, un
associé de Siyyid Jamalu'd-Din et de Malkam Khan, ancien ministre de
Perse à Londres, les éditeurs du journal "Qanun", à
qui j'avais parlé en diverses occasions. Ce fut à la demande spéciale
de Mirza Hasan-i-Ashtiyani, le même mujtahid qui avait été
l'instigateur d'une attaque dirigée contre le palais du Shah au moi de
janvier 1892, que le meurtrier avait été remis en liberté
comme je l'ai indiqué au-dessus...
- 3 heures.
Je viens de retourner d'offrir mes condoléances à l'Aminu's-Sultan.
Sa Sainteté confirma tous les détails que j'avais donnés
ci-dessus et ajouta certains nouveaux faits. Ce fut lui qui réussit à
protéger l'assassin de la furie de la foule et en l'ayant emprisonné
sans avoir été beaucoup maltraité. Il avait, cependant,
eu une oreille arrachée dans la foule. Anticipant le sort qui l'attendait,
il s'était tiré une seconde balle de revolver à lui-même,
mais dans la mêlée qui suivit la première, le tir s'égara
dans l'air. Aminu's-Sultan avait télégraphié ce matin à
Constantinople de présenter une plainte contre Siyyid Jamalu'd-Din, qui
est là-bas, paraît-il en prison. (Balloy à Hanotaux, 2 mai
1896).
* Mirza Taqi Khan:
Mirza Taqi Khan fut le Premier Ministre de Nasiru'd-Din Shah. Ce fut durant son ministère et en partie comme résultat de ses ordres qu'eurent lieu les effusion de sang et les soulèvements qui marquèrent les années 1848 à 1850 - principalement les soulèvements de Shaykh Tabarsi et de Zanjan, le premier soulèvement de Nayriz et l'épisode des 7 martyres de Téhéran. Le sommet de son hostilité à la nouvelle religion fut son ordre d'exécuter le Bab (en dépit de cela, Abdu'l Baha parla ainsi de Mirza Taqi Khan: "En dépit du fait qu'il oppressa cette Cause autant que quiconque d'autre ne l'a fait, Mirza Taqi Khan, le premier Ministre, dans les affaires d'état et de politique, posa ce qui étaient vraiment la plus ferme des fondations, et ce bien qu'il n'ait jamais assisté à une école européenne. En fait, la vraie éducation promeut l'état de l'individu afin qu'il atteigne la sagesse, la conscience et les confirmations divines". (Zarqani "Bada'i'u'l-Athar", volume 2, page 144).
Mirza Taqi Khan est maintenant regardé par la plupart des historiens comme ayant été un grand réformateur et l'un des fondateurs de l'Iran moderne. Cependant, dans les premières années de son Ministère, ces européens qui étaient à Téhéran n'étaient pas si enthousiastes à son sujet. Ferrier, l'agent français, dans un article qu'il écrivit sur l'état de la Perse en 1851, est particulièrement sévère sur Mirza Taqi Khan "dont la vanité et l'ambition avaient augmenté plus loin le désordre et l'anarchie dans lesquels ce pays s'était battu pendant nombre d'années. (Ferrier "Situation de la Perse", page 141). Il accuse Mirza Taqi Khan de beaucoup de vices personnels aussi bien que d'avoir emmené le pays au bord de la ruine.
Les récits britanniques de Mirza Taqi Khan sont également défavorables dans ces premières années, bien qu'il soit probablement en partie du au fait que les britanniques le considérait sous l'influence russe. Le lieutenant-Colonel Farrant, qui fut chargé d'affaires en l'absence de Sheil, rapporta à Palmerston après 6 mois de l'administration de l'Amir :
"J'ai le regret de dire que l'Amir ne gagne aucune popularité, sa tenue hautaine et ses suppositions de tout le pouvoir exécutif, ajouté à laquelle ses réformes financières sont les causes principales du mécontentement de toutes les classes envers Son Excellence. Son caractère soupçonneux l'empêche d'ajouter de la stabilité au trône du Shah, il ne croit en personne, ni mêmes à ceux qui rendent les meilleurs services à l'état. Le Shah est complètement entre ses mains, (over whom) il exerce plus d'influence si possible que le Haji ne le fit sur son défunt père.
Il est évident que la présence des deux missions britanniques et russes ont (up alone) à ce moment soutenu l'autorité du Shah, mais le mécontentement augmentera au-dessus de tout contrôle, les finances sont épuisées et les affaires dans le Khurasan deviendront plus compliquées (et les rumeurs (rife) que la cause du Salar dans cette province a gagné une vigueur nouvelle), je ne suis pas sans crainte que le désordre puisse prendre racine dans chaque partie du royaume et la province de l'Azerbaïdjan sera la première à se déclarer elle-même indépendante... (Farrant à Palmerston, 29 mai 1849).
Sheil retourna à Téhéran en novembre 1849. A la mi-décembre, il adressa une longue dépêche au vicomte Palmerston informant ce dernier de l'état dans laquelle il trouva la Perse à son retour.
"Il semble désirable
d'essayer de transmettre à vôtre autorité une certaine idée
de la condition de ce gouvernement et de ce pays, que ma propre connaissance
antérieure et mes rapports depuis mon retour avec un nombre de personnes
de chaque classe, me justifie en considérant que je suis capable de constituer
une estimation correcte de cela.
Le Roi pourrait être préféré comme un chiffre dans
l'administration. Il a 20 ans, et bien que peut-être pas totalement dénué
d'intelligence, son éducation a été complètement
négligé, et il semble n'avoir aucun désir de participer
au gouvernement du Royaume. Le Premier Ministre encourage apparemment cette
disposition comme un moyen de rendre le Shah dépendant de lui-même,
et de perpétuer le pouvoir qu'il absorbe à présent. Le
Roi a le mérite de s'efforcer de remédiera son éducation
défectueuse en acquérant une connaissance orale de l'histoire
et de la géographie.
Le Premier Ministre m'apparaît être un homme d'un certain talent,
bien qu'à peine égal aux difficultés qu'il a à surmonter,
et rempli de préjugés et de suspicion. Il a un caractère
obstiné, qu'il est dit ne pas être toujours sous le contrôle
du bon sens. L'avarice qui est la passion nationale ne semble pas exercer une
influence absorbante sur lui, et il est l'un des quelques Persans de ma connaissance
qui apparaît être mis en marche par un désir du bien de leur
pays. Ses sentiments à présent sont défavorables à
la Russie, encore qu'on peut à peine dire qu'il est favorablement disposé
envers l'Angleterre, ou de croire pleinement dans les bons souhaits du gouvernement
britannique envers la Perse...
Il possède à peine un simple ami ou un supporter; par fierté
et autoritarisme et des manières des plus disgracieuses, et peut-être
par une certaine réduction de tout salaire et de toute pension, il a
excité personnellement contre lui-même un fort mécontentement
et antipathie de toutes classes à Téhéran et l'état
des provinces montre que ces sentiments ne sont pas confinés à
cette ville...
Je n'exagère pas lorsque j'affirme que ce mécontentement, si ce
n'est pas de la désaffection, envahit toutes les classes. Mon court séjour
ici m'a déjà donné des opportunités d'entendre les
plaintes de chaque rang de la société. dans les classes supérieures,
ce mécontentement est principalement égoïste, allant de l'angoisse
d'obtenir une place et des opportunités de corruption; mais parmi les
prêtres et les classes commerciales, le même mécontentement
prévaut, et les catégories les plus basses de la population imitent
naturellement l'exemple de leurs supérieurs. De tout côté,
on entend les renseignements raisonnables, de quel bénéfice a
été l'administration de l'Amir durant l'année et demie
où il a guidé le gouvernement; et il a soutenu, avec beaucoup
de conviction, que non seulement il n'y a aucune amélioration, mais que
la Perse est dans des conditions bien pires que lorsque L'Amir pris en mains
le gouvernement.
Cet extrait du premier Ministre comprend presque un extrait du gouvernement
tout entier, car comme Haji Mirza Aqasi, il a concentré tous les pouvoirs
dans ses mains. La seule excuse qui peut être offerte pour l'adoption
de l'exemple de son prédécesseur est sa peur déraisonnée
que s'il s'entoure lui-même d'hommes de talents, les efforts de chaque
individu seront dirigés au renversement de sa suprématie dans
l'espoir de succéder au poste de Premier Ministre. Le Ministre des finances
et l'ancien ministre de l'Armée, avec un ou deux fonctionnaires subordonnés,
sont presque les seules personnes de capacité sur lequel l'Amir peut
compter la coopération...
La conclusion où je veux en venir est cela; que bien que l'Amir ne soit
pas un homme de beaucoup de capacité, ou très éclairé
au niveau compréhension, et selon toute probabilité sera incapable
d'effectuer des réformes de beaucoup de valeurs, et bien qu'il soit un
homme d'un grande tempérament d'obstination, non déterminé
à écouter de bons conseils du gouvernement britannique et du Ministre
britannique, encore que son apparente détermination à résister
au progrès de la Russie, couvre beaucoup de fautes, et lui donne droit
sous les circonstances présentes à une épreuve à
un tel support comme je peux lui donner; le monopole dans sa propre personne,
de tout pouvoir et de toute place, au lieu de diviser les travaux du gouvernement,
et réserve pour lui-même la supervision et le contrôle des
affaires, à laquelle la dignité du grand vizir lui donne justement
droit". (Sheil à Palmerston, 15 décembre 1849).
La description de Binning de l'Amir-Nizam reflète beaucoup la même opinion.
"L'Amir, Mirza Taqi, est de basse extraction: son père était cuisinier et j'ai entendu qu'il était lui-même, dans sa jeunesse, un pehlavan ou un catcheur public; (Ce n'est pas vrai, aussi loin que l'auteur soit au courant) un rapport d'aucune manière démentit par sa grande corpulence athlétique. Il est incontestablement un homme capable et intelligent; mais il a beaucoup de défauts communs à toute personne à moitié éduquée, mal formé. Ignorant en grande partie du monde, et ne connaissant que peu de la condition et des pouvoirs des autres nations, tel qu'un ministre doit nécessairement être aussi souvent à la vue courte et errant dans sa politique. On dit qu'il est occasionnellement dur et cruel; et d'aucune façon libre des vices les plus importants de ses concitoyens. Son frère, qui est ministre de la guerre (Mirza Hasan Khan, le Vazir-Nizam, le frère de Mirza Taqi Khan, fut rendu personnellement responsable par son frère d'exécuter le martyre du Bab), est une brute sauvage et inhumaine, détesté universellement et à juste titre. Mirza Taqi est marié à la soeur du Shah, et cette union le maintiendra probablement et le renforcera dans la position toujours précaire de conseiller d'un despote capricieux et entêté. Avec tous ces défauts, il pourrait être (no easy matter) de trouver quiconque de ses compatriotes mieux qualifié pour convenir à la situation. (Binning " Two Year's Travel", volume 2, page 285).
Binning, cependant, fut impressionné par l'attitude personnelle de l'Amir-Nizam.
"En quittant le palais, nous allâmes à la tente du premier Ministre, Mirza Taqi, surnommé l'Amir atabek, qui habitait un petit jardin à quelques centaines de yards de la Kasri Kajar. Il nous reçut avec beaucoup de courtoisie; des chaises furent amenées pour tout le monde, et des kalyans et du thé furent passés. L'Amir est un homme grand, corpulent, de bonne apparence, avec un air très intelligent: il s'assit et nous parla pendant presque une demi-heure; et bien que sa conversation était principalement dirigée au Ministre britannique, il s'adressa un petit peu à chaque individu présent séparemment: le vrai moyen, selon Théodore Hook, de se rendre soi-même agréable. On dit qu'il est jaloux des européens en général; et il a persuadé le Shah de débarrasser plusieurs de son service: il est aussi particulièrement angoissé d'exclure tous les biens manufacturés étrangers de Perse, par le moyen d'encourager l'industrie locale - une politique à la vue courte, en aucune façon tendant à l'avancement du commerce ou de la civilisation. Nôtre visite étant finie, je pris le départ avec toute ma suite, laissant le ministre en conférence privée avec l'Amir". (Binning "Two Year's Travel", page 236-7).
L'opinion britannique de l'administration de Mirza Taqi Khan s'améliora avec le temps cependant. Typique des vues ultérieures est celle de Robert G. Watson, qui était attaché à la Légation britannique à Téhéran de 1857à 1859:
"Mirza Taqi Khan... possédait son élévation entièrement de ses talents et de ses services. C'était un homme en tout point d'une nature différente que celle de ses compatriotes en général. Belisarius ne domina pas plus sur les Romains dégénérés que ne le fit l'Amir-Nizam sur ses contemporains...
La race de persans modernes ne peu pas être dite tout à faite décadente, depuis que récemment elle a été capable de produire un homme tel que fut l'Amir-Nizam. Feraghan, près de Sultanabad en Iraq, eut l'honneur de lui donner naissance, qui peut être le seul de tous les chefs d'état et gouverneurs orientaux dont le nom apparaît dans l'histoire de la Perse moderne, aurait satisfait l'examen minutieux des diogènes, et qui eut pleinement le droit d'être considéré ce "plus noble travail de Dieu", un homme honnête". (Watson " History of Persia", page 364).
Et ayant reçu un récit de la mort de Mirza Taqi Khan, Watson écrivit: "Ainsi périt... l'homme qui avait donné tant pour régénérer la Perse: le seul homme qui possédait dans le même temps la capacité, le patriotisme, l'énergie et l'intégrité exigés pour être capable pour un ministre persan de conduire le vaisseau de l'état en sécurité, passés les bancs et les rochers qui se trouvent dans sa course". (Watson, "History of Persia", page 404).
Les deux ennemis les plus amers de l'Amir-Nizam furent la mère du Shah et Mirza Aqa Khan. Ces deux intriguèrent pour élever des soupçons dans l'esprit du Shah; chuchotant que l'Amir-Nizam était en train de concentrer beaucoup trop de pouvoir dans sa propre personne et que peut-être, il allait planifier de renverser la monarchie. Finalement, dans la nuit du 13 novembre 1851, Nasiru'd-Din-Shah fut poussé à agir de manière déterminé et décisive. Ayant convoqué quelques 500 de ses gardes du corps en sa présence, le Shah envoya un mot à l'Amir-Nizam qu'il était par conséquent seulement avec la responsabilité de l'armée.
Au début, le Shah avait seulement l'intention de réduire les pouvoirs de Mirza Taqi Khan et d'établir sa propre autorité plus fermement. Ainsi il écrivit les lettres suivantes à Mirza Taqi Khan que ce dernier communiqua de manière confidentielle à la Légation britannique:
"Le Shah de Perse au (late)
Mirza Taqi Khan (15 novembre 1851).
Vôtre Excellence l'Amir-Nizam.
Je le jure par Dieu, je le jure par Dieu, et je vous écris maintenant
avec la plus sincère vérité, que je vous aime passionnément,
et puisse le Tout-Puissant m'ôter la vie si j'essaye de vous abandonner
aussi longtemps que je vivrais, ou si je devais souhaiter d'amoindrir vôtre
dignité d'un cheveu.
Je vous traiterai et me conduit avec vous d'une manière q'une simple
âme ne pourra connaître ce qui a été le sujet; cela
ressemblera comme si vous étiez lassé de la multiplicité
des affaires, et ayant jeté 2 ou trois des départements sur mes
épaules. Tous les ordres et tous les firmans, à la fois militaires
et civils, qui avaient à être anciennement scellés et signés
par vous devront encore continuer à être scellés par vous
de la même manière; la seule différence sera que ce peuple
verra maintenant pour une courte période que je gère moi-même
les affaires qui ne sont pas reliées à l'armée. Je n'interfèrerai
pas d'aucune manière avec les affaires de l'armée, mais ferait
tout ce qui vous semblera convenable... (Compris dans Sheil à Palmerston,
16 janvier 1852).
- Une note autographe du Shah à l'Amir-Nizam (écrite le 15 ou le 16 novembre 1851):
Vôtre Excellence l'Amir-Nizam.
Je le jure par Dieu que j'étais honteux de vous voir aujourd'hui. Ce
que je dois faire, plaise à Dieu que je n'ai jamais été
Shah, et que ce n'était pas en mon pouvoir aussi de commettre un tel
acte. Je le jure par Dieu que pendant que j'écris, je pleure. Par le
Seigneur, par le Seigneur, mon coeur se languit de vous. Je vous aime. Si vous
ne me croyez pas, vous êtes injuste.
Le maire vint et j'ai réunit de tout ce qu'il disait que vous étiez
effrayé comment cela finirait. Qui est le (whoreson) qui pourrait pendant
un instant parler devant moi en vous dénigrant. Je le jure par Dieu aussi,
que si quelqu'un prononce un mot irrespectueux sur vous devant moi, ou devant
d'autres, je suis un pauvre type si je ne le souffle pas dans la bouche d'un
canon. Par le Seigneur, je n'ai aucune intention que vous et moi soyons unis,
et que nous gérions tous les deux les affaires. Sur ma tête, sur
ma tête, si vous deviez être peiné, par le Seigneur, je ne
pourrai supporter de vous voir peiné. Tant que vous vivrez et que je
vivrai, je ne vous abandonnerai jamais... (inclut dans Sheil à Palmerston,
16 janvier 1852).
Finalement, cependant, le Shah fut
persuadé d'ôter Mirza Taqi Khan de tout pouvoir et de l'exiler
à Kachan.
L'exil de l'Amir-Nizam à Kachan ne dura pas longtemps. Mirza Aqa Khan
ne pouvait pas se permettre qu'un tel adversaire puissant puisse rester dans
une position où un changement de l'esprit du Shah pourrait précipiter
un renversement des évènements. Des intrigues supplémentaires
s'ensuivirent, et finalement le Shah consentit à l'exécution de
l'Amir.
Sheil rapporte l'exécution ainsi, dans une dépêche au vicomte Palmerston daté du 16 janvier 1852:
"Je me lamente d'informer Vôtre
Excellence que le dit malheureux premier Ministre, Mirza Taqi Khan, a sur ordre
du Shah été assassiné à Kachan, où il a été
enfermé pendant les deux derniers mois. Ce crime a été
aggravé par les moyens cruels choisis pour l'accomplir.
Le meurtre fut perpétré de la manière suivante. Il eut
lieu le 9 courant, mais une quinzaine de jours auparavant, les gardes de l'Amir
adoptèrent l'usage de le convoquer hors de sa chambre sous le prétexte
d'établir qu'il n'avait pas fuit. En ces occasions, il était accompagné
par la princesse sa femme, la soeur du Shah, comme protection. Après
quelques jours, cette cérémonie apparaît être une
simple formalité, elle cessa de l'accompagner. Ce fut ce qui était
visé. Le ferrach Bashi, Haji Ali Khan, Hajibu'd-Dawlih, une sorte de
steward de la maison, fut dépêché pour surveiller l'exécution.
Lorsqu'il arriva, l'Amir fut convoqué et il apparut seul comme c'était
envisagé. Il fut capturé, bâillonné et traîné
dans une maison voisine, où il fut jeté à terre, déshabillé
et ligoté. Les veines à la fois de ses bras et de ses genoux furent
ouvertes. Il demeura dans cette douleur atroce trois ou quatre heures. Il est
dit qu'il a supporté son sort avec résignation et avoir donner
des directives concernant son enterrement...
Les principaux instigateurs furent la mère du Shah, la plus coupable
de tous; son frère; le ferrach-bachi; et le Sardar, Muhammad Hasan Khan,
Khan Baba Khan, qui est un sujet russe, marié à une soeur de ce
dernier Shah.
Je crains de ne pouvoir exonérer le Sadr Azim de connivence dans la tragédie.
Il avait promis de me donner à propos attention au danger, pourtant il
ne le fit que quelques heures après le départ du ferrasch-bachi,
le même jour où ma lettre fut délivré au Shah, et
même alors qu'il ne révéla pas le fait concluant ci-dessus...
Le Shah n'est pas également condamné. Sa jeunesse et l'influence
pernicieuse de sa mère, sont considérées une circonstance
atténuante du traitement indigne d'un homme qui lui avait conféré
beaucoup d'avantages...
Je ne devrai pas conclure cette dépêche sans une allusion à
l'admirable conduite de la femme de l'Amir. En dépit des remontrances
et des supplications de sa mère, cette princesse, qui est âgé
de 17 ans, insista pour accompagner l'Amir, pour protéger sa vie et de
vivre avec lui seule. Pour le sécuriser du poison, elle prenait part
invariablement tout d'abord de toute la nourriture et montrait une fermeté
et une décision de caractère, inouï de peut-être une
femme persane, loin de tous dans la tribu dissolue à laquelle elle appartenait".
(Sheil à Palmerston, 16 janvier 1852).
* Mirza Aqa Khan:
Mirza Nasru'llah-Khan-i-Nuri, connu
comme Mirza Aqa Khan, L'timadu'd-Dawlih, était le second Premier Ministre
de Nasiru'd-Din-Shah. Un homme d'une ambition sans borne et beaucoup disposé
à l'intrigue, son désir le plus en vue étant de devenir
Premier Ministre. Durant le règne de Muhammad Shah, il se querella avec
Haji Mirza Aqasi et fut exilé à Kachan, où il vint en contact
avec les babis. Ses expressions de sympathie pour la cause babie furent selon
toute probabilité feintes pour l'assurer lui-même contre la possibilité
des babis de venir au pouvoir.
A la mort de Muhammad Shah, il se précipita à Téhéran
espérant se présenter lui-même comme un candidat pour être
premier Ministre. Ses actions précipitées, cependant, mirent en
danger sa vie et Farrant, qui était chargé d'affaires à
la Légation britannique, trouva nécessaire d'intercéder
pour lui avec la nouvelle mère du Shah, qui était en charge du
gouvernement en attendant l'arrivée de Nasiru'd-Din-Shah de Tabriz. Plus
tard, craignant pour sa sécurité aux mains de Mirza Taqi Khan,
Mirza Aqa Khan fut placé sous la protection officielle britannique. Il
n'y a aucun doute que Mirza Taqi Khan conspira pour provoquer la chute de Mirza
Taqi Khan et en cela il reçut un soutien puissant de la mère du
Shah. A la chute de Mirza Taqi Khan en Novembre 1851, il fut désigné
Premier Ministre.
Son temps en tant que Premier Ministre
fut marqué par le revirement progressif des réformes initiées
par Mirza Taqi Khan et la désastreuse guerre anglo-persane de 1856-7.
En regard à la religion du Bab, il dirigea les persécutions qui
suivirent l'attentat sur la vie du Shah.
En août 1858, il fut démis de sa position, beaucoup de sa richesse
fut confisquée et lui et sa famille exilés à Sultanabad.
Pendant presque 7 ans, il erra de ville en ville, un homme brisé, suppliant
qu'il lui soit permis de retourner à Téhéran. Des maladies
diverses l'affligèrent de manière graduelle, l'amenant à
une dureté dans la poitrine, une douleur dans les yeux et une inflammation
de ses genoux. Finalement il mourut à Qum en mars 1865. Il fut enterré
à Karbila mais plus tard une route fut construite sur sa tombe qui est
à présent par conséquent perdue.
Le 22 octobre 1850, Sheil écrivit à Palmerston: "Il n'ya
aucun doute que Mirza Agha Khan était une personne vénale et beaucoup
disposé vers les intrigues". (Sheil à Palmerston).
Ce fut durant le ministère de Mirza Aqa Khan que la guerre anglo-persane
(1856-7) eût lieu. En fait, on peut dire que la guerre elle-même
pourrait avoir été causée par les intrigues de Mirza Aqa
Khan et l'opiniâtreté et la maladresse du Ministre britannique,
Charles Murray. Ainsi le mémorandum suivant par Murray devrait être
lu avec une grande opposition entre ces deux (in mind):
"Le Sadrazem Mirza Aqa Khan
avait à cette époque entre 45 et 50 ans; mais son long visage
avec un long chapeau persan sur le dessus et une longue barbe gracieuse au dessous,
lui donnait l'apparence d'être plus vieux qu'il ne l'était en réalité.
C'était un admirable spécimen du persan moderne de la classe la
plus élevée: sérieux et digne en apparence lorsqu'il était
en compagnie, encore que ses manières et sa conversation étaient
à la fois aisées et agréables en tête-à-tête.
Il avait beaucoup de drôlerie et d'esprit, bien que ce dernier tendait
à l'obscénité lorsqu'il n'était contrôlé
par la présence de quelqu'un devant qui il était obligé
de se reprendre. Je ne sais pas ce qui était le plus constant entre ses
lèvres, le mensonge ou son kalyan, qu'il fumait depuis tôt le matin
jusqu'à la nuit sans s'arrêter. Il était un adepte en toute
forme et en toute espèce de mensonge - le figuratif, l'implicite, le
circonstanciel et le direct; il disait tout cela avec de empressement, de la
fluidité et de la bonhomie qui étaient réellement charmants,
et il faisait attention que ce talent ne puisse se rouiller par manque de pratique.
Laissons une illustration de cela qui suffira, choisie parmi la centaine que
je pouvais enregistrer. Peu de semaines après mon arrivée, j'étais
parti lui rendre une visite et pour parler avec lui de quelque affaire un petit
moment. Pendant que nous fumions nos kalyans en tête-à-tête,
il saisit l'occasion de m'offrir certains conseils amicaux et d'avertissement
de la manière suivante: Comme vous n'êtes pas resté très
longtemps dans nôtre pays, laissez-moi vous donner cette information amicale
- que tous les persans sont naturellement et de manière habituelle des
menteurs. Vous ne devez pas croire un mot de ce qu'ils pourraient vous dire.
Tandis que vous restez ici, si jamais vous voulez vérifier l'information
sur quelque sujet que ce soit, venez toujours à moi; je ne vous dirais
rien d'autre que ce qui est strictement la vérité". Et alors
que j'exprimai moi-même vraiment reconnaissant pour ses bontés,
il ajouta une affirmation solennelle avec le poids et la solennité avec
laquelle aucun homme qui n'a été en Orient ne peut apprécier.
Passant sa main en caressant vers le bas sa barbe gracieuse noir comme du jais,
il dit:
"Souvenez-vous que pour chaque mensonge que je vous dirais pendant que
vous demeurez en Perse, je vous laisserai à donner de plumer un poil
de ma barbe".
[un jour, environ une année plus tard], je lui dis:
"Vous souvenez-vous ce que
Vôtre Excellence me dit après mon arrivée que je pourrai
toujours compter sur vôtre véracité et que vous me permettriez
de plumer de vôtre barbe un poil pour chaque mensonge que vous me direz
durant mon séjour en Perse?
Oui, je m'en souviens bien", me dit-il; et alors?
Seulement", répondis-je, " que si j'avais l'opportunité
d'avoir vôtre permission, vôtre Excellence n'aurait plus un poil
à sa barbe". (Maxwell "The Honourable Sir Charles Murray, page
278-83).
En ce qui concerne l'administration de Mirza Aqa Khan, Sheil écrivit le 22 février 1852:
"En dehors de la continuité de la tranquillité à travers le royaume en général, il y a peu à rapporter en faveur de l'administration du Sadr Azim. Le système de gouvernement mis en place par le dernier Premier Ministre fonctionne encore, mais personne ne s'autorise lui-même à croire à son endurance. Le Sadr Azim apparaît être incapable d'obtenir quelque contrôle sur le Shah, ou même d'exercer un propre degré d'influence sur ses collègues et sur les autres officiers de la Cour. Selon ses propres déclarations confidentielles, il est entièrement dénué de pouvoir; ses recommandations au Shah sont constamment contrecarrées par les relations maternelles de Sa Majesté, ou même par les obscurs officiers de sa maison, et on pourrait dire que le Shah gouverne son royaume directement, de sa propre personne. Cela offre une perspective morne pour l'avenir. Bien qu'il ne soit pas question de l'intelligence du Sadr Azim, il n'a pas fait preuve de la capacité qui fut anticipée, et il y a une conviction générale que précieux comme il l'était, comme second dans l'autorité au feu Amir Nizam, pourtant, qu'il ne possède pas la capacité suffisante pour entreprendre la charge et la responsabilité de Premier Ministre. Néanmoins, personne n'est capable de désigner son successeur. Il s'est plaint à moi de manière confidentielle de ses peurs d'embarras financiers sévères et de l'impôt n'étant pas égal pour couvrir les dépenses. Il attribue cela à l'extravagance personnelle du Shah et à sa propension à augmenter de manière gratuite les salaires des personnes qui ont accès à sa présence.
Certains symptômes légers de désorganisation sont apparus à Téhéran. des cambriolages, à laquelle même la mission de Sa Majesté n'a pas été exempte, sont perpétrées la nuit, et on craint que ces désordres ne s'étendent progressivement aux grand-routes et aux régions plus éloignées .Cela servira à amener à vôtre Excellence une idée de l'état instable de l'esprit des hommes, de citer que j'ai reçu dernièrement une lettre officielle d'un Prince gouvernant l'une des provinces principale de Perse, toute la prétention de ce qui était, qu'il avait cessé de se considérer lui-même un sujet du Shah et il avait transféré son allégeance et sa loyauté à l'Angleterre". (Sheil à Granville, 22 février 1852).
* Manuchihr Khan:
Manuchihr Khan, Mu'tamadu'd-Dawlih,
fut l'un des hommes les plus remarquables du 19ème siècle en Perse.
Amené par Agha Muhammad Khan-i-Qajar de Tiflis en Iran, il fut fait eunuque,
converti à l'Islam et il commença un travail dans le harem royal.
Sa capacité et son intelligence furent connues, et il reçut une
succession de positions importantes et responsables. Si grand était la
confiance à laquelle il était tenu qu'en 1828, à la suite
des campagnes désastreuses russes, le Traité de Turkumanchay fut
signé donnant à la Russie une indemnité de 5 millions de
tumans, Manuchihr Khan fut dépêché de Téhéran
avec la plus grande partie de l'argent. La même année, il reçut
le titre de Mu'tamadu'd-Dawlih (l'homme de confiance du gouvernement).
A la mort de Fath-Ali Shah en 1834, pendant que beaucoup attendaient de voir
comment les choses se résolvaient d'elles-mêmes, Manuchihr Khan
vint immédiatement à l'aide de Muhammad Shah avec de l'argent
et des troupes. Il arriva à Téhéran avec le Shah et il
fut envoyé contre les rebelles du sud, Shuja'u's-Saltanih et le farman-Farma.
En regard pour ses services, il fut fait gouverneur de Kirmanshah en 1836 et
gouverneur de l'importante province centrale d'Ispahan en 1838. Il pacifia cette
province turbulente et pendant les 9 années suivantes, il maintint une
loi sévère mais juste sur la région jusqu'à sa mort
le 21 février 1847. A sa mort, il était l'un des hommes les plus
riches de Perse.
En septembre 1846, le Bab quitta Chiraz après une période sous assignation à domicile sur les ordres de Husayn Khan, le gouverneur. A Ispahan, sa réception fut sensiblement différente de l'opposition montrée par Husayn Khan. Manuchihr Khan demanda à l'Imam-Jumih, Siyyid Muhammad, de recevoir le Bab dans sa maison. Avec une ouverture d'esprit et de la justice, caractéristiques du Mu'tamadu'd-Dawlih mais peu courant parmi les chefs du 19ème en Perse, il écouta le Bab et fut bientôt dénombré comme le plus important de ses adhérents. La mort de Manuchihr Khan marqua la fin d'une période de tranquillité pour le Bab et le commencement de l'emprisonnement et de l'opposition qui allait mener à son martyre.
Sir Henry Layard rencontra Manuchihr Khan en 1842 à Ispahan. Layard avait raison d'être inamical au gouverneur d'Ispahan, qui avait emprisonné son ami, le chef des rebelles bakhtiyari Muhammad-Taqi Khan. Layard décrit ainsi Manuchihr Khan:
"... Il fut employé étant jeune dans le service public et il avait ses capacités remarquables de s'élever aux postes les plus hauts. Il avait pendant des années gagné la confiance et la faveur du Shah. Considéré comme le meilleur administrateur dans le royaume, il avait été envoyé pour gouverner la grande province d'Ispahan, qui comprenait dans ses limites les tribus sauvages des Lurs et des Bakhtiyaris, généralement en rébellion, et la population arabe semi indépendante des plaines entre les montagnes du Louristan et l'Euphrate. Il était haï et craint pour sa cruauté, mais il fut généralement admis qu'il gouvernait de manière juste, qu'il protégeait le faible de l'oppression du fort, et que où il était capable d'appliquer son autorité, la vie et les biens étaient en sécurité. Il fut connu pour l'ingéniosité avec laquelle il avait inventé de nouvelles formes de punitions et de torture pour semer la terreur parmi les personnes infâmes". (Layard "Early Adventures", volume 1, page 311).
Comme pour l'apparence physique du Mu'tamadu'd-Dawlih, Layard écrivit:
"Le Matamet (sic) avait les caractéristiques habituelles de l'eunuque. Il était sans barbe, avait un visage (smooth) incolore, avec des joues pendantes et une voix faible, perçante et féminine. Il était petit et flasque et ses gestes étaient gauches et lents. Ses traits, qui étaient de type géorgien, avaient une apparence de lassitude et d'apathie, sans expression et sans vie. Il était habillé dans le costume persan habituel - sa tunique étant en cachemire le plus fin - et il portait une dague incurvée de (jewel-handled) dans le châle replié autour de sa taille. Il nous reçut de manière courtoise, dit quelque civilité à propos de la nation britannique". (Layard " Early Adventures", volume 1, page 311).
Deux personnes qui bénéficièrent de et qui louèrent grandement la justice de Manuchihr Khan furent les missionnaires Henry Stern et P. H. Sternchuss, qui visitèrent Ispahan en mars 1846:
"6 mars - Appel Muhammad I. Dowlah (Mu'tamadu'd-Dawlih), le gouverneur. Son Excellence nous reçoit très gentiment. Thé, café, fruits et une grande variété de sorbets furent servis. Nous restâmes quelque temps avec son Excellence, et pendant que nous prenions part à son hospitalité, il nous demanda une variété de questions, telles que la suivante: - il nous demanda si Muhammad fut prédit par Moïse et les prophètes? Qui fut référé dans le Deutéronome xviii.15? La signification de "Eli", Eli, lama Sabatchani? Et beaucoup d'autres questions que nous expliquâmes auxquelles nous répondîmes. Il considérait le Deutéronome xviii.15 plus applicable à Muhammad qu'au Christ; et pour soutenir son opinion, il fit usage de deux arguments. D'abord, il est dit: "De vos frères" qu'il pensait devait signifier Ismaël, le frère d'Isaac et la progéniture de Muhammad, et deuxièmement, car il dit, " comme vers moi", considérant que Jésus était plus grand que Moïse. Mais "au milieu d'eux", comme il est donné dans le texte, ne permettait pas la première interprétation; et le siège le plus élevé dans le paradis que Muhammad est supposé occuper que celui du Christ, serait au détriment de son second argument. Il disait qu'il serait heureux de converser avec nous sur ces sujets, lorsque nous pourrions parler de manière plus courante en persan. Nous lui demandâmes, si les juifs seraient sujet à la persécution si ils embrassaient le Christianisme?" Il répondit que personne n'oserait les molester sur ce récit. Il nous dit qu'il avait l'intention de rassembler les mullas juifs, que nous pourrions argumenter avec eux en sa présence". ("Jewish Intelligence", août 1846, page 299).
Ces deux missionnaires écrivirent des lettres à leurs quartiers généraux (Ministère de l'Eglise parmi les juifs, Londres) louant chaleureusement les qualités de Manuchihr Khan et suggérant que les quartiers généraux de leurs missions soient transférés à Ispahan sur ce récit. Cela fut agrée par leur comité central, mais leur retour à Ispahan l'année suivante n'allait pas être un épisode heureux. Ils arrivèrent quelques jours avant la mort de Manuchihr Khan et furent témoins du soulèvement qui s'ensuivit une fois que la ferme loi du Mu'tamadu'd-Dawlih ait été supprimée:
"Il est de nôtre pénible
devoir de vous informer de la perte que vous avez subie dans la mort du Mehommed-i-Dowleh,
gouverneur d'Ispahan; il avait été très gentil avec nous
lors de nôtre première visite là-bas, et nous avons assez
de raisons de le regretter en tant qu'ami et patron, bien qu'il fut un musulman.
Sa mort fut occasionnée par un sévère coup de froid. Lundi
dernier, le soir du 21, il expira. Il était gouverneur depuis 9 ans,
durant laquelle Ispahan jouissait d'une tranquillité à laquelle
la présente génération ne se rappelle pas. Les juifs et
les chrétiens ont raison de se lamenter de sa mort. La partie principale
de la population de cet endroit, consiste en une bande notoire mauvaise de personnes;
mais, par sa sagesse et une administration énergique de justice, il soumit
leur férocité. Ils ont maintenant pris les armes, et la partie
la plus honnête de la population, même les musulmans, ont juste
été la cause d'être plein d'appréhension. Les chrétiens
ont perdu un grand ami dans la mort de l'excellent gouverneur; ils n'avaient
pas jouit d'une telle paix depuis plusieurs années, comme ils l'eûrent
sous lui.
Nous ne sommes pas capables de déménager de nos maisons et nous
ne pouvons même pas envoyer un serviteur en ville pour nous procurer les
articles nécessaires de nourriture. Arméniens, dont les affaires
les obligent à aller en ville, retournent pillés et battus. La
nuit, les habitants de Julfa sont dans l'attente constante d'une attaque; certaines
maisons ont été éventrées et pillées, et
nous ne pouvons dire dans quelle mesure ces mauvais hommes réussiront
dans leurs outrages. Quelques gouverneurs ont été capable de garder
Ispahan en bon ordre; et même, un bon gouverneur serait-il désigné,
cela prendrait du temps jusqu'à ce que la paix soit restaurée
dans ce pays sans loi. (Lettre de Monsieur Sternschuss, 24 février 1847:
Jewish Intelligence, août 1847, page 294).
* Husayn Khan:
Hhusayn Khan, le Ajudan-Bashi, Nizamu'd-Dawlih, fut le premier à se lever en opposition au Bab. En tant que gouverneur de Chiraz, il causa la punition cruelle d'un groupe de croyants du Bab qui fut rapporté dans le "Times". En plus, il causa au Bab le fait d'être amené de Bushihr en état d'arrestation et étant déplu avec l'une des réponses du Bab, il ordonna qu'il soit frappé au visage par l'un de ses serviteurs.
Layard relate le récit suivant sur Husayn Khan:
"Je trouvai ensuite ce Hussein Khan avoir un très mauvais caractère. Il fut accusé de s'être approprié pour son propre usage des pensions de plusieurs officiers français, auxquels il avait persuadé lorsqu'il était à Paris, où il fut aussi envoyé en tant qu'ambassadeur, d'entrer aux services des troupes du Shah... Il chargea le gouvernement pour les dépenses de voyage à un haut coût, bien qu'il eût contraint les habitants des villes et des villages à travers lesquels il était passé de les approvisionner aà la fois avec des provisions et de l'équipage. Se trouvant lui-même grandement endetté à son retour de mission, à travers ses extravagances durant son voyage en Europe et sa résidence à Paris et à Londres, et le superintendant de son domaine immobilier n'étant pas capable de lui fournir l'argent qu'il exigeait. il l'accusa de l'avoir détourné. Il plaça le malheureux homme en prison et lui infligea les tortures les plus cruelles, contraignant même le fils de la victime, un garçon de seulement 6 ans, de brûler son père avec des fers brûlants, et de donner sa femme aux ferraches ou à des simples serviteurs. Il mourut sous le traitement auquel il fut soumis" (Layard "Early Adventures", volume 1, page 264).
Lorsque Muhammad Shah mourut en septembre 1848, Husayn Khan, dans son désir de gagner la faveur du nouveau régime, (put) lui-même en (debt) dans le but d'être l'un des premiers à expédier l'impôt dans la capitale. Mais cela ne lui profita pas .Car lorsque sur l'instigation de Haji Mirza Ali-Akbar, Qavamu'l-Mulk et Muhammad-Quli Khan (ilbagi des Qashqa'is), la population de Chiraz se leva contre lui et l'assiègere dans son palais, il reçut peu de soutien de la capitale. En fait, Mirza Taqi Khan semble avoir complètement ignoré la triste situation de Husayn Khan et en fait désigna un nouveau gouverneur à la place. Lorsque le nouveau gouverneur, Bahram Mirza (oncle de Nasiru-d-Din Shah) arriva, la province fut pacifiée, mais cela ne mit pas une fin aux problèmes de Husayn Khan - comme la dépêche suivante datée du 30 janvier 1849 de Farrant montre:
"Le Prince gouverneur Bahram Meerza accompagné par le Eelhanee du Fars, était arrivé à Chiraz, qui avait mis tout de suite fin à ces scènes d'anarchie et de désordre qui pendant un certain temps avaient régné dans cette ville. Le dernier gouverneur Husayn Khan (qui à travers les difficultés dans lesquelles il s'est mis) apparaît avoir conduit avec beaucoup de courage, avait été bien traité par le Prince, mais les troupes l'avait fait prisonnier en demandant leurs arriérés de paye. Ses responsabilités sont énormes et à moins que le gouverneur l'assiste en se rendant compte des impôts pour l'année passée qui lui sont dus, auxquels il a déjà tenu compte au gouvernement, sa ruine complète doit suivre, dans laquelle celle de beaucoup d'autres sera entraînée. Le gouvernement est (in justice) lié pour assister le Khan, car la plus grande partie des sommes qui lui sont dus, fut avancée par le dernier Premier Ministre pour le paiement des troupes, et d'autres dépenses du gouvernement, et qu'il emprunta à un énorme taux d'intérêt. Mais de certaines conversations que j'ai eu avec l'Amir, il m'apparaît que le gouvernement ait l'intention de rejeter sur Husayn Khan toutes les factures impayés du gouvernement qui avaient été rendues payables dans le Fars et de réunir et de s'approprier les revenus qui lui sont dus". (Farrant à Palmerston, n° 6, 30 janvier 1849).
Une complète ruine suivie pour Husayn Khan et il passa les années suivantes sans un sou et sans ami errant dans la Perse essayant de regagner la faveur. Ainsi, lorsqu'en 1851, Sheil tenta d'intercéder avec le gouvernement persan de la part d'un sujet britannique indien (Ce fut Haji Abdu'l-Karim; des détails complets de ce cas pourraient être trouvés dans A. K. Lambton " Le cas de Haji Abd al Karim", page 331-60) qui était redevable d'une grande somme d'argent par Husayn Khan, le consul britannique à Tabriz rapporta qu'il fut impossible d'obtenir l'argent de Husayn Khan, qui était complètement en faillite et extrêmement malade, tandis que le gouvernement persan déclina accepter la responsabilité ni pour les dettes qu'il avait contracté tandis que le gouverneur du Fars ou les billets à ordre qu'il tenait de Haji Mirza Aqasi. (Stevens à Sheil, 10 juillet 1851).
* Mahmud Khan, le Kalantar de Téhéran:
Mahmud Khan était le kalantar de Téhéran dans l'année fatale de 1852 lorsque l'attentat sur la vie du Shah fut fait. Il joua un rôle important dans l'arrestation et l'exécution de beaucoup de babis innocents et il est principalement évoqué pour son association avec la captivité et le martyre de Tahereh.
En 1860-61, une grande famine saisit Téhéran. Eastwick décrit de la manière suivante les évènements menant à la mort du Kalantar:
"La détresse à
Téhéran était maintenant à son point culminant,
les routes étant presque impraticables, les provisions de maïs ne
pouvant atteindre la ville. Les boulangeries furent assiégées
par des foules réclamant du pain. Dès qu'un européen se
montrait lui-même dans les rues, il était entouré par des
femmes affamées, suppliant de l'aide, qui n'étaient pas approcher
par quelques scrupules (of their own) ou des remontrances des hommes. Les choses
s'aggravaient évidemment très sérieusement et le 1er mars,
alors qu'Alison et moi-même étions assis chez Monsieur Dickson
en train d'examiner les cadeaux de Naw Ruz pour les serviteurs, le principal
secrétaire persan arriva, pâle et tremblant, disant qu'il y avait
une émeute et que le Kalantar, ou le maire de la ville, venait d'être
mis à mort et qu'ils avaient traîné son corps nu à
travers les bazars. Nous entendîmes à présent un grand tumulte,
et en allant aux fenêtres, nous vîmes les rues pleines de milliers
de personnes dans un état d'excitation, entourant le corps, qui avait
été traîné à la place de l'exécution,
où il fut accroché par les talons, dénudé pendant
trois jours.
En enquêtant, nous apprîmes que le 28 février (1861), le
Shah, en allant à la chasse, fut entouré après une foule
de plusieurs milliers de femmes, hurlant pour du pain, qui vidaient les boulangeries
de leur contenu, sous les yeux du Roi, et furent si violentes, que dès
que le Shah entra dans le palais, il ordonna que les portes de la citadelle
soient fermées.
Le jour suivant, le 1er mars, les troubles se renouvelèrent et en dépit
que les portes soient fermées, des milliers de femmes firent leur chemin
dans la citadelle et commencèrent à assaillir les gardes avec
des grandes pierres, étant conseillées par leurs parents mâles,
qui sous couvert de cette attaque, guettaient l'opportunité de faire
un soulèvement plus sérieux. Dans le même temps, le Shah
était monté sur la tour, de laquelle Haji Baba Zainab fut jetée,
et il regardait les émeutiers avec un télescope. Le Kalantar,
qui avait été vu avant d'entrer dans le palais, habillé
de manière splendide, avec une longue escorte de serviteurs, monta vers
le Shah et se tint devant le Shah, qui lui reprochait de souffrir qu'un tel
tumulte se soit levé. Sur ce, Le Kalantar déclara qu'il réprimerait
bientôt les émeutiers et allant parmi les femmes avec ses serviteurs,
il battrait lui-même plusieurs d'entre elles furieusement avec un grand
bâton. L'une de ces femmes ainsi assaillie aussi loin qu'a la mission
anglaise et vint en appelant de l'aide et lui montra des vêtements couverts
de sang. Sur les vociférations des femmes appelant à la justice,
et montrant leurs blessures, le Shah convoqua le Kalantar et dit "Si vous
êtes ainsi cruel envers mes sujets devant mes yeux, que doivent être
vos méfaits secrets". Puis se tournant vers ses assistants, le roi
dit: "Bastonnez-le, et coupez-lui la barbe". Et à nouveau,
tandis que la punition était en train d'être exécutée,
le Shah prononça ce mot terrible: "Tanab! Etranglez-le! En un instant,
le bourreau avait placé la corde autour du cou de l'infortuné
homme et en un instant de plus, ses pieds furent sur sa poitrine, trépignant
des derniers signes de vie. Dans le même temps, les kadkhudas ou les magistrats
de tous les quartiers de Téhéran furent soumis à la bastonnade
et au vue de ces punitions, la frénésie de la population fut apaisée
pour ce jour et Téhéran fut sauvée d'un cheveu d'une révolution".
(Eastwick "Three Year's Residence in Persia", volume 1, page 287-90).
Gobineau relate aussi le sort du Kalantar en rapport au martyre de Tahereh. Cet épisode eût lieu une année avant la seconde période de résidence de Gobineau en Perse. Après que les nouvelles qu'elle serait amenée à Niyavaran le jour suivant avaient été délivrées à Tahereh, Elle prédisait que ce serait en fait le jour de son martyre. Gobineau écrit alors:
"N'espérez pas", s'écria la Consolation-des-Yeux, d'un air plus grave, que je renie ma foi, même en apparence, même pour une minute et dans un but aussi puéril que celui de conserver quelques jours de plus une forme transitoire qui n'a pas de valeur. Non! si l'on m'interroge, et on le fera, j'aurai le bonheur de donner ma vie pour Dieu. Toi, Mahmoud-Khan, écoute maintenant ce que je vais te dire, et demain ma mort te servira de signe que je ne te trompe pas. Le maître que tu sers ne te récompensera pas de ton zèle; au contraire, tu périras, par son ordre, cruellement. Tâche, avant de mourir; d'avoir élevé ton âme à la connaissance de la vérité".
J'ai entendu raconter bien des fois cette prophétie et à des musulmans et à des babys. Personne ne doute qu'elle n'ait été faite; et voici, en effet, ce qui arriva plus tard: il y a quatre ans, une famine terrible ravagea Téhéran. On mourait de faim dans les rues. La population, poussée à bout par la souffrance, se souleva et se porta en foule sur la citadelle pour obtenir du roi justice, comme d'ordinaire; car, en pareil cas, tous les peuples du monde, en Orient et en Occident, s'acharnent à la même idée et accusent les accaparateurs de causer leurs maux. Le roi ordonna de fermer les portes; puis, ayant appris que le peuple accusait, entre autres personnages, le Kalantar, il le fit comparaître devant lui. Il fallait absolument trouver un coupable. Ce n'est pas que le magistrat incriminé eût aucunement commis le crime que l'on dénonçait; il avait seulement à se reprocher quelques concussions, que du reste il ne se reprochait guère, se tenant pour parfaitement innocent, car il avait, dans ce genre, beaucoup moins d'exploits sur la conscience que tels ou tels autres plus grands que lui. Cependant le roi était irrité, le tumulte à son comble; les femmes battaient la porte de la citadelle; on entendait leurs cris furieux. Le roi avait revêtu le manteau rouge, qu'on appelle le manteau de la colère, et qu'il porte lorsqu'il va ordonner des châtiments.
Mahmoud-Khan fut amené tremblant
devant le monarque. Au lieu de répondre, il perdit la tête et balbutia.
Le roi donna ordre de lui arracher la barbe; les bourreaux se jetèrent
sur lui; il se débattit et poussa des cris affreux. Le roi, s'excitant,
dit: " Frappez-le de verges!". On le frappa, et le roi, s'excitant
encore plus; dit: "Etranglez-le!". Et on l'étrangla. Ainsi
fut accomplie la prédiction de Qurratu'l-Ayn". (Gobineau "Religions
et philosophies dans l'Asie Centrale", page 242-243).