Premiers récits occidentaux sur les religions Babies et Baha'ies de 1844 à 1944

Momen
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Section C: Le ministère de Baha'u'llah (1853-92)


Chapitre 10: Baha’u’llah à Bagdad (1853-63)

L’implication de Baha’u’llah dans les évènements à la suite de l’attentat sur la vie du Shah en 1852, a déjà été notée. Emprisonné dans le Siyal-Chal à Téhéran pendant quatre mois, il fut ensuite exilé et il choisit d’aller à Bagdad, où il arriva le 8 avril 1853.

Le Révérend H. A. Stern, qui vécu à Bagdad de 1844 à 1850, décrit la ville d’un point de vue européen :

«De la plaine, la ville, entourée par un puissant mur de briques brûlées au four, fortifiée par plusieurs bastions, donne une apparence imposante; mais, comme toute ville orientale, l’illusion s’évanouit lorsque vous approchez. Lorsque j’observais Bagdad de nôtre campement, et que je voyais les bosquets de dattiers, intercalés par des rangées de maisons et de minarets bleus vernis en pointe, cela donnait un grand et imposant aspect; mais, comme dit le poète, «la distance prête enchantement à la vision»; car c’est dès que j’entrais dans ses rues sales et étroites que l’illusion s’évanouissait. En me faufilant à travers ses labyrinthes de ruelles et d’allées, mes yeux rencontraient partout la vue dégoûtante et répugnante de corps dénudés, d’enfants sordides, et d’hommes paresseux et oisifs; les premiers jouant et roulant dans la poussière des rues non pavées, et les derniers fumant de manière indolente ou dormant sous un chaume d’atelier que constitue la cafétéria. L’apparence extérieure des maisons n’est pas calculée pour transmettre quelque idée favorable de confort interne; un mur de briques, intercalé avec deux ou trois ouvertures, couvertes avec un travail treillissé pour admettre la lumière, est l’aspect uniforme des demeures à la fois des riches et des pauvres. Seules quelques maisons ont des fenêtres surplombant le chemin, où on voit généralement 4 ou 5 turcs se prélassant dans des coussins moelleux et fumants leur chibouks; ou, le maître étant sorti de la maison, les pensionnaires en cage de son harem pourraient être vus en train de montrer timidement les rues bondées avec un regard propice de leurs yeux sombres luisants.
Les bazars sont les lieux les plus attrayants et les plus fascinants de toutes les villes de l’Orient, mais en particulier celle de Bagdad, où l’on voit des personnes de toute nuance et de tous grade - des murs de Chine aux frontières de la Méditerranée, le turc hautain, l’arabe posé, le rapace bédouin, le kurde féroce, le gai persan, le malheureux juif, l’hindou sérieux, et l’africain souriant...
Selon les derniers recensements, elle compte dans ses murs 40000 musulmans, 1500 chrétiens et 16000 juifs. Les derniers, comme une illustration frappante de la détérioration du pouvoir musulman, de la richesse et de l’industrie, sont l’élément gouvernant de la place. Ils ont leurs boutiques dans chaque bazar, occupent tous les caravansérails principaux avec leurs marchandises et contrôlent entièrement les affaires de la banque et les monopoles. Ils sont tous strictement des juifs rabbins, superstitieux, bigots et intolérants». (Stern «Dawnings in the East», pages 35-6 et 46-7).

John Ussher visita Bagdad en décembre 1860, du temps où Baha’u’llah était là-bas. Il décrit la ville ainsi :

«Le désert s’approche de tous les murs de Bagdad. On entre dans la ville par trois portes; l’une d’elle, du côté est, ou du côté le plus éloigné de la rivière, est en brique, en conséquence de (its being) que par (which) le Sultan Muras entra dans la ville après qu’il ait capturé des persans. Cette coutume de (walling up) une porte à travers laquelle un grand personnage était passé en une occasion mémorable, est très répandue en Orient...
Les chacals viennent en groupes aux pieds des murs la nuit et se nourrissent des ordures et des saletés qui est jeté par dessus, se retirant dans leurs tanières et leurs caches durant le jour.
Au bord de la rivière, à quelques centaines de yards de l’eau, se trouvent des melons et des jardins de concombres bien irrigués et bien cultivés; mais le désert s’étend tout autour de l’arrière de la ville. Les autres portes sont fermées du lever au coucher du soleil et sont toujours gardées par un petit groupe de troupes régulières. Dans l’état présent déplorable du gouvernement, les pillages et les raids des bédouins, presque incontrôlés, vers tous les murs de la ville, et se vengent sur les malheureux habitants, des oppressions et des exactions qu’ils ont subi des mains de leurs gouverneurs turcs...
Les hivers à Bagdad sont parfois très sévères et bien que la neige ne tombe pas souvent, il y a souvent un rapide givre, et les vents qui balayent la surface du désert sont cruellement froids. Le capitaine Selby, le commandant de la «Comète», nous dit qu’il avait vu la glace d’un pouce d’épaisseur sur les (paddle-bocks) de son navire, durant le cours d’un hiver plutôt plus sévère que d’habitude. En été, la chaleur est intense, souvent s’élevant à 140 dégréé Fahrenheit à l’ombre. Lorsque c’est le cas, les habitants dorment à l’air libre, sur les toits qui sont entourés de murs de quelques pieds de hauteur pour le souci de la vie privée.
Nous avions, du sommet d’un minaret que nous montions pour ce but, une belle vue des villes anciennes et modernes, construites respectivement sur les rives est et ouest de la rivière et reliées par le pont rougie de bateaux. La vieille ville existe depuis le temps de Haroun al Raschid, qui construisit la ville plus récente à l’est de la rive droite du Tigre. Elle était aussi environnée par des murs hauts assiégés et des tours, au-delà duquel des banlieues semblaient s’étendre à une certaine distance. Les cimetières occupent un grand espace dans les murs, et il y avait aussi une grande proportion de sol jonchée de détritus et couvert de monceaux d’ordures et de ruines...
Un nombre de dattiers croissent dans les murs de la ville des deux côtés de la rivière, et donne un aspect particulier à la scène, le vert délicat des palmiers contrastant avec la blancheur neigeuse des toits qu’elle éclipse. Il y avaient aussi beaucoup de petits jardins dans lesquels des figuiers, des vignobles et des grenadiers étaient cultivés de manière attentionné, mais la saison étant si avancée, ils semblaient dénudés et à l’abandon. Les coupoles dorées de la grande mosquée de Kathimain, la place de cimetière des deux Imams de la secte shiite des musulmans, tukah et Moussa Kathim (Kazimayn, la place de cimetière de Musa al-Kazim et Muhammad at Taqi, respectivement le 7ème et le 9ème imam), ce dernier de qui il apparaît prendre son nom, scintillent sous les rayons du soleil, dominant les dattiers environnant. Les dômes de certaines autres mosquées, aucune d’elles n’était de grande taille ni d’une grande renommée, furent vues éparpillées à travers la ville. Le désert s’étendait de tous côtés sur une longue distance, la vue se perdant elle-même dans le lointain sans bornes». (Ussher «London to Persépolis», pages 449-51).

Lorsque Ussher visita Bagdad en décembre 1860, le gouverneur était Mustafa Nuri Pacha :

«Le dignitaire qui vivait dans cette manière plutôt simple, dépouillé de l’état qui est si cher à l’esprit d’un oriental, était un homme de 55 ou 60 ans, avec une expression extrêmement sévère et rusée de contenance. Il était entouré par quelques uns de ses secrétaires et employés, qui semblaient aussi avoir tout leur esprit sur eux. Pourtant c’était un personnage dont le pachalik s’étendait autrefois de celle de Diarbékir au Golf Persique, ainsi comprenant l’ancienne Assyrie et la Babylonie et dont l’autorité s’étendait pourtant du Zab à Bassora et de la frontière persane au désert, aussi loin que les tribus bédouines trouvaient commode ou bénéfique pour le moment de le reconnaître. Le salaire et les pensions de cet individu frugal égalaient ceux du gouvernement de l’Inde, sans citer les énormes sommes, que par les moyens les plus oppressifs, il arrachait des arabes et des villageois de la grande province sur laquelle il gouvernait.
... Ce pacha est très probablement déjà maintenant retourné à Constantinople avec les butins de son court bail de gouverneur, qui, si seulement une partie des histoires que nous entendîmes plus tard de ses exactions sont correctes, doivent avoir été énormes. Son nom est médiocre. Des dignitaires individuels de cette description se rappellent seulement par ceux qui ont soufferts certains actes de spoliation plus que finalement sévères. Les pachas, comme le remarque le capitaine Marryat, sont des êtres éphémères et sans particulariser quelque individu, c’est en général assez de dire avec lui de quelque membre d’une classe si éphémère et évanescente. Cela était un pacha».
(Ussher «London to Persépolis», page 443)

Seulement deux mois après le départ d’Ussher, Mustafa Nuri fut démis de son poste et en mai 1861, fut mis en procès pour barbarie et corruption. Mais il vint bientôt au grand jour que ces accusations venaient des complots de ses ennemis et il retrouva les bonnes grâces. Il quitta Istanbul e septembre 1861.

Durant le séjour de Baha’u’llah à Bagdad, il y eût plusieurs personnes qui intriguèrent contre lui. L’un des plus notables de ceux-ci fut Mirza Buzurg Khan, le consul-géneral persan de juillet 1860 à Février 1863. Shoghi Effendi le décrit comme «un homme de faible intelligence, pas sincère, sans prévoyance ni honneur, et un ivrogne confirmé». («Dieu passe près de nous», page ). Shoghi Effendi n’est pas le seul qui ait une basse opinion de lui. Lorsqu’en juillet 1865, il y eût une re-désignation de Mirza Buzurg Khan en tant que consul-général à Bagdad, Sir Henry Bulwer, le Ministre britannique à Istanbul, écrivit à son collègue à Téhéran, Charles Alison :

«Il a déjà causé beaucoup de troubles, et il serait dans l’intérêt de la paix si vous pouviez obtenir qu’une autre personne soit désignée à sa place». (Bulwer à Alison, 26 août 1865).

Et dans une autre dépêche : «Je le crois être un gredin, et... je le connais être un querelleur». (Bulwer à Allison», 26 août 1865).

Namiq Pasha fut gouverneur de Bagdad à la fin du séjour de Baha’u’llah là-bas. Shoghi Effendi déclare :

«Le pacha Namiq; alors gouverneur, impressionné par les nombreuses marques d’estime et de vénération dont il était l’objet, lui rendit visite afin de rendre un hommage personnel à celui qui avait déjà remporté une victoire aussi évidente sur les coeurs et les âmes de ceux qui l’avaient rencontré. Le respect que le gouverneur portait à celui qu’il considérait comme une des lumières de cet âge était si profond, qu’il attendit trois mois, au cours desquels il reçut cinq ordres réitérés du pacha Ali, avant de se résoudre à informer Baha’u’llah que le désir du gouvernement turc était de le voir partir pour la capitale». (Shoghi Effendi, «Dieu passe près de Nous», page 125)

F. C. Webb, qui visita Bagdad en mars 1865, décrit le pacha Namiq :

«Un jour, nous fîmes nos respects à Son Excellence Namiq Pasha, le gouverneur du pachalik de Bagdad, qui nous reçut avec une grande courtoisie. (on our taking) nos sièges sur des divans qui s’étendaient tout autour d’une pièce très simple décorée. Son Excellence, manifestement vêtu d’un manteau noir étroitement boutonné avec des boutons militaire en cuivre, se joignit bientôt à nous, et après nous avoir serré les mains, prit un siège sur un divan près de nous, conversant en français d’une manière la plus simple...
Namiq Pasha apparaît de tous les récits être bien aimé par ses sujets» (1).
Il n’y a pas beaucoup de références contemporaines de la présence de Baha’u’llah et de la communauté babie à Bagdad (2). C’était une période turbulente et instable dans l’histoire de la communauté babie. Avec un manque d’autorité réelle de son leader nominal, Mirza Yahya, les moeurs de la communauté déclinaient et son unité était fragmentée. Certains de ses membres les plus indisciplinés déchargèrent la colère qu’ils sentaient envers les persans chiites qui avaient persécuté la communauté de manière si impitoyable. (nor) était Baha’u’llah, qui était devenu le membre le plus influent de la communauté, bien que pas encore officiellement à sa tête, toujours capable de contrôler ces éléments fractionnés, en dépit de sa désapprobation sévère de leurs actions».

Certains des incidents résultant de cet état d’instabilité de la communauté babie furent rapportés par le consul britannique, le capitaine Arnold Burrowes Kemball. Le 9 juin, il écrivit :

«Sa Sainteté (3) avait à peine quitté Hilleh de son retour de Bagdad lorsque Yacoob Effendi, le gouverneur de Kerbela, se présenta lui-même dans le camp pour rapporter qu’une conspiration avait été découverte là-bas, qui bien que de manière ostensible vise à sa propre seule existence, menaçait une révolution générale dans la ville pour la subversion de l’autorité turque. Les conspirateurs, disait-il, étaient au nombre de 18, qui avaient pris le plus solennel serment de secret et de coopération, et si résolus qu’ils avaient prouvé eux-mêmes que la capture de 4 des meneurs (le reste ayant réalisé leur fuite dans le pays), avaient coûté la vie de trois des employés du gouverneur. L’origine de ce mouvement n’était pas déclaré ni que les détails ne sont pas suffisamment authentifiés pour leur donner du crédit. De Omer Pasha, les agents sont supposés être des personnes de la secte appelée babie, dont le nombre dans ce quartier et la hardiesse sont certainement en augmentation, mais l’influence de ces enthousiastes doivent être encore trop limité pour une révolte organisée et le plus grand nombre comparativement de troupes envoyées à Kerbela semblerait indiquer plutôt une désaffection générale des habitants occasionnée par la conscription qu’une simple explosion de fanatisme alors que les évènements (to be guarded) contre.

Ayant eu l’occasion de faire allusion aux babis, je pourrai mentionner qu’à Bagdad, il est dit qu’ils sont de 2 à 3000 hommes (4), et que leur chef est un certain Meerza Hassan Ali (Mirza Husayn-Ali, Baha’u’llah), un parent du premier ministre de Perse.5 Un meurtre commis au grand jour et dans une voie publique bondée par certains de ces sectaires étant persans, sur les personnes de deux derviches également persans, qui avaient fait ombragea leur chef, fut permis de passer impuni, du à la mauvaise volonté du consul persan de poursuivre en justice et plus d’un exemple est rapporté de leur menace de mort à des individus qui les dénonceraient ou leur feraient échec.

Les circonstances ainsi avec désinvolture ont peut-être plutôt référence à un futur qu’à un mal présent, bien que portant à l’esprit les procès des babis à Zanjan et à Téhéran il n’y a pas beaucoup d’années, j’ai pensé de mon devoir de vous préparer pour les embarras, qui si ils ne sont pas vérifiés, cette secte pourrait alors très bientôt ou à une occasion ultérieure aux autorités turques dans ce quartier. (6)

Le meurtre rapporté dans la dépêche ci-dessus est probablement le meurtre de deux renégats babis, Mirza Aliy-i-Nayrizi et Mirza Riday-i-Isfahani qui avaient déserté leurs compagnons et avaient agi de concert avec les ennemis des babis. (7)

Un épisode similaire est rapporté par Kemball le 28 septembre 1859. Cette dépêche est d’un grand intérêt car elle confirme les rapports par beaucoup des premiers babis que Mirza Yahya gardait strictement à l’écart, et cet accès à lui était presque impossible même pour les croyants. Elle met aussi l’accent du grand prestige et de l’influence de Baha’u’llah, à une période où il n’avait pas encore revendiqué pour lui-même quelque station spéciale.

«Un incident a eût lieu à Bagdad qui illustre le pouvoir grandissant et l’influence de la secte du Bab, une secte dont les principes, bien que pas encore ouvertement avoués, ont dernièrement fait de grands progrès et sont secrètement professés par une partie considérable et pas insignifiante de la population de chaque grande ville en Perse.
Un mulla de peu d’importance ayant publiquement insulté le Bab dans le Musjid fut avertit par le chef de la secte de ne pas répéter l’offense. Cet avertissement, il n’en tint pas compte, en étant irréfléchi et à la seconde occasion, sa mort fut déterminée. La personne choisit pour exécuter le décret aussi un persan, un confiseur de métier, en plein jour dans le bazar public, il attaqua le mulla avec une dague et il fût seulement empêché de le tuer par les spectateurs. (8) Les deux camps furent immédiatement amenés devant les autorités locales qui les transférèrent à la garde de leur représentant national, et à lui, le babi, non pas de renier ou d’atténuer son crime, avoua ses raisons, exprima ses regrets d’avoir échoué dans son but et déclara hardiment son intention de le réaliser lorsque l’opportunité s’offrira.
Pour la seconde fois sous des circonstances similaires, le consul persan hésita à punir le meurtrier mais l’envoya à Meerza Hassan Ali [Baha’u’llah], le chef des babis, qui naturellement déclina de déclarer lui-même ouvertement qu’il connaissait l’homme le renvoya au consul persan pour être traité alors que ce dernier pouvait penser convenable. Il fût simplement libéré dès que la précaution avait été prise de déporter sa victime destinée en Perse et de là il l’a depuis suivit.
Meerza Hassan Ali (sic), bien que le soi-disant agent n’est pas le représentant réel du Bab, son frère Mirza Yahya, qui (lies perdu) et le secret dont où est mystérieusement préservé, étant reconnu par les babis comme la seconde incarnation de (the looked for Imaum (sic) (9) de qui le premier était représenté par la personne du fondateur original de la secte tué à Tabriz, pourtant cet individu [Baha’u’llah] jouit d’une considération qui participe d’une dévotion absolue et de révérence de la part de ses disciples qui se dénombrent semble-t-il, dans l’Arabie turque de 4000 à 5000 âmes. Il reçoit de la Perse de larges contributions en argent, que cependant lui à son tour dépense libéralement et il est reconnu comme le Directeur et le Guide des babis de ce pays avec qui il maintient une correspondance constante. Vôtre Excellence pourrait se souvenir qu’il y a quelques années, la vie du Roi de la Perse fut attentée par les babis. Mes observations m’amène à croire que la subversion de la dynastie Kadjare est encore l’objectif principal de leur ambition, et que cet attentat se répétera tôt ou tard». (10)

Shoghi Effendi déclare que les babis, alors à Bagdad, furent contraints par les circonstances de changer leur nationalité. (11)Une évidence indirecte de cela pourrait être trouvée dans les fichiers des Archives Nationales. Peu de temps après le départ de Baha’u’llah de Bagdad, le Consul-général persan, Muhammad-Zaman Khan, adressa une plainte à Namiq Pasha. Kemball relate cela dans une dépêche datée du 15 juillet 1863 :

«Le consul-général de Perse ayant sollicité mon intervention contre la pratique adopté par Namiq Pasha, d’accorder (turkisch Tezkerehs), une sorte de lettre de naturalisation aux sujets persans établis ou résidents dans cette province, sans références antérieures à lui-même, j’ai considéré que les questions contingentes sont trop compliquées pour justifier ma (taking), de ma propre autorité, quelque action officielle sur ce sujet.
Les faits sont ceux-ci - Mahomed Zaman Khan fournit une lettre du vizir datée du 10 Zilkaadeh 1279, qui instruit Son Excellence Namiq Pasha, lorsque un sujet persan, qui pour les buts de cette discussion, désirerait transférer son allégeance au Sultan, de suspendre l’accord avec son application, jusqu’à ce qu’il ait été certifié du consulat de Perse qu’aucune réclamation n’existe contre le demandeur, ou si le demandeur soit sous l’interdiction d’un jugement criminel ou civil du consul persan; et il se plaint que Son Excellence reverse l’ordre prescrit de procédure en accordant en premier une lettre de naturalisation au sujet persan, et ensuite, lorsqu’on annonce le fait au consul persan, l’invitant à déclarer toute revendication ou plainte qu’il pourrait avoir à faire contre le demandeur.
Les mots de l’instruction viziriale sont comme d’habitude mal définis. Leur interprétation de la même est justifiée par les persans sur le sol qu’aucun sauf les babis, les criminels et les débiteurs frauduleux chercheraient à se priver eux-mêmes de leur nationalité, d’où la nécessité d’obtenir la sanction antérieure de leur autorité consulaire; et par les Turcs, que le motif réel des sujets persans en cherchant la protection turque, étant d’échapper à l’extorsion du Consulat et à l’oppression, souvent accompagnée avec une punition corporelle et même la torture, cela déferait manifestement leur objectif d’imposer la condition de sanction consulaire avant que cette protection ait été sécurisée.
Ma propre expérience me pousse à attribuer le poids le plus grand à l’argument turc, bien que des exemples pourraient ne pas manquer d’illustrer la vue de Perse». (12)

Dans une note écrite en marge de cette dépêche, Kemball ajouta :
«En dehors des manques de scrupules des autorités de Perse en inventant des charges contre les demandeurs ayant l’intention d’avoir la protection turque, dans le but de justifier leur punition ou leur déportation, le Pasha réfère aussi aux obligations de la Porte envers les réfugiés politiques tels que les babis. Son Excellence, fournit beaucoup d’insistance sur l’analogie fournie par les émigrants tatares de la Crimée; mais dans leur cas au moins, le consentement du gouvernement russe doit être assumée». (13)

Le départ de Baha’u’llah de Bagdad fut remarqué par Kemball dans une dépêche datée du 6 mai 1863 :

«La seule affaire digne d’être rapportée à Vôtre Excellence sur cette occasion est le départ de Meerza Hassan Ali (sic), le chef avoué de la secte babie à Constantinople. Sa présence à Bagdad avait longtemps porté ombrage au gouvernement persan, et son déplacement a finalement, m’informe Namiq Pasha, été concédé par la Porte aux demandes du Shah. On dit cependant que les babis sont encore nombreux en Perse et même à Téhéran, et leurs frères ici affectent de croire que cet acte du Shah provoquera leur vengeance sous la forme d’un autre attentat sur la vie de Sa Majesté». (14)

Selon plusieurs sources baha’ies, Arnold Burrowes Kemball appela Baha’u’llah et lui offrit la citoyenneté britannique et la protection. (15)Il pourrait tout d’abord sembler surprenant qu’il n’y ait aucune trace de cela dans les rapports officiels de Kemball; cependant il est tout à fait clair des lettres privées écrites de Kemball à Sir Austen Layard (16), qui était à cette époque Sous-secrétaire du parlement de l’Etat des Affaires Etrangères et plus tard ambassadeur britannique à Istanbul, que Kemball conduisit beaucoup de ses affaires officielles à travers des lettres privées plutôt que par des dépêches officielles, et la référence à son contact avec Baha’u’llah pourrait bien avoir été dans une telle lettre adressée à Bulwer.


Chapitre 11: Baha’u’llah à Andrinople

De Bagdad, Baha’u’llah et ses compagnons arrivèrent par voie de terre à Samsun où ils embarquèrent sur un vapeur à destination d’Istanbul. Baha’u’llah fut à Istanbul pendant presque 4 mois, et à la fin de cette période, le sultan Abdu’l-Aziz, en accord avec son premier ministre, Ali Pasha, et son Ministre des Affaires Etrangères, Fu’ad Pasha, décréta qu’il soit exilé à Andrinople (Edirne).

Une description du 19eme siècle d’Andrinople suit :

«Près de l’extrémité nord de cette plaine peu attrayante, au confluent de la Maritza et de la Tunja, se trouve la ville d’Andrinople, enveloppée par des arbres, dont la vue charme l’oeil du voyageur las. Andrinople, en réalité, consiste en un nombre de villages, séparés les uns des autres par des orchidées, des peupliers et des cyprès, au-dessus desquels dépassent les minarets de La quelques 150 mosquées. Les eaux étincelantes de la Maritza et de la Tunja, de ruisseaux et d’aqueducs, donnent de l’animation au paysage, et rende Andrinople comme l’un des endroits les plus ravissant. Mais c’est plus que cela. C’est le grand centre de population dans l’intérieur de la Turquie [en Europe] et sa position géographique favorable a toujours assuré à la ville une certaine importance. L’ancienne ville de Urestis, la capitale des rois de Thrace, se trouve sur ce site, et fût remplacé par le Hadrianopolis des Romains, que les turcs changèrent en Edirne, et firent leur capitale jusqu’à ce que Constantinople tomba en leur pouvoir... Mais ici, aussi, les ottomans sont en minorité. les grecs sont leurs égaux en nombre tandis que les bulgares, aussi, sont rassemblés en force, et, comme dans d’autres villes en Orient, nous rencontrâmes un étrange mélange de races, de marchands persans jusqu’aux musiciens gitans. Les juifs sont proportionnellement plus nombreux à Andrinople que dans toute autre ville de Turquie. (17)

Le séjour de Baha’u’llah à Andrinople fut marqué par nombre d’évènements importants. Ceux-ci incluent la proclamation ouverte par Baha’u’llah de sa mission, l’acceptation par la majorité des babis de sa revendication, la rupture ouverte entre lui et Mirza Yahya, Subh-Azal, et l’écriture de certaines de ses lettres aux rois. Mais ce ne fut que vers la fin de cette période que Baha’u’llah et ses compagnons vinrent en contact avec des Européens.

* Gobineau et Prokesch-Osten:

Certaines références particulièrement intéressantes à Baha’u’llah se trouvent dans la correspondance entre Gobineau et le Comte von Prokesch-Osten, l’ambassadeur autrichien à Constantinople. Gobineau et Prokesch s’étaient tout d’abords rencontrés à Francfort où le premier était Premier secrétaire de la Légation de France à Francfort et le deuxième était là-bas en tant que délégué autrichien et président de l’assemblée des Etats allemands. Ils formaient une association étroite et leur correspondance continua durant presque 20 ans. Lorsque Gobineau publia son «Religions et philosophies dans l’Asie Centrale», il envoya une copie de celui-ci à Prokesch-Osten. Le 29 décembre 1865, Prokesch écrivit qu’il était maintenant au chapitre 7 du livre et qu’il lisait sur le babisme, duquel il n’avait pas entendu auparavant. Dans sa lettre suivante, datée du 5 janvier 1866, Prokesch déclare :

«Je suis à la page 336 de vôtre livre au milieu de la doctrine des babis et sur le point de devenir moi-même un babi. Tout est fascinant dans l’histoire de ce phénomène historique et humanitaire, même le fait de l’ignorance de l’Europe sur un sujet d’une telle colossale importance. Et moi, le digne représentant de l’Europe, en ce cas, ne sait pas la première chose sur cela. Je l’ai appris de vous.
Depuis qu’il n’existe pas une intelligence humaine qui puisse nous dire quelque chose au sujet de Dieu, et la différence entre les diverses (théodicies) (la justification d’une divine providence en vue de l’existence du mal) consiste seulement en des absurdités plus ou moins grandes, on doit admettre que la théorie babie a un charme particulier, quelque chose d’attachant et de noble qui est plaisant à l’âme et invite la foi dans son autosuffisance. La création du monde par l’émanation de Dieu est une idée indienne, mais l’explication du mal, par le seul fait de l’éloignement de l’être émané de sa source, est complètement nouvelle et me semble plus digne, plus exaltée que ce qui a été dit par l’un des fondateurs de la religion ou de la philosophie. Cela suit logiquement que sur le retour de l’émanation de sa source, le mal cesse de lui-même et devient néant, sans aucune nécessité pour son annihilation ou pour sa préservation à travers des punitions monstrueuses, injustes et dégouttantes dans un enfer ou royaume du mal. La coexistence de Ormuzd et Ahriman, du bien et du mal en tant que principes égaux, si incompatibles avec l’idée de Dieu, est tournée par le babisme d’une manière à la fois nouvelle et réussie. Aussi, la doctrine concernant les prophètes me plaît infiniment, car elle est conciliatrice et exclut complètement tout fanatisme. Elle est dans le même temps très audacieuse et pas plus absurde qu’une autre. J’attends plus de discorde dès que le babisme cherche à s’appliquer lui-même au monde politique, à l’organisation de la société et de sa propre hiérarchie. Il plongera lui-même dans la boue, je suppose, comme toutes les autres doctrines. J’en découvrirai plus ce soir, en lisant avant de me coucher».

La lettre suivante de Prokesch, datée du 10 janvier 1866, est la première à mentionner la présence de Baha’u’llah à Andrinople.

«Je m’étais trompé en supposant que le Bab nous (entertain) avec une hiérarchie «ad usum delphini» (pour l’utilisation du Dauphin, c’est-à-dire expurgée) et essayerai d’appliquer sa doctrine à la société politique. J’ai été charmé de n’avoir rien trouvé de cela, mais plutôt des conseils humains et paternels qui lui font honneur...
Ali Pasha m’a parlé avec une grande vénération du Bab, enfermé à Andrinople, qu’il dit être un homme d’une grande distinction, d’une conduite exemplaire, d’une grande modération et une figure très digne. Il m’a parlé du babisme en tant que doctrine qui est digne de la plus haute estime, et qui détruit certaines anomalies que l’Islam a prise des doctrines juives et chrétiennes, par exemple le conflit entre Dieu qui est omnipotent et pourtant impuissant contre le principe de mal; les punitions éternels, etc. etc. Mais politiquement, il considère le babisme comme inacceptable autant en Perse qu’en Turquie, car il permet seulement une souveraineté légal dans les Imams, tandis que les Ottomans par exemple, déclare t-il, séparent le pouvoir temporelle du pouvoir spirituel. Le Bab, à Andrinople, est déchargé de toutes dépenses par ordre et à la charge du gouvernement persan». (18)

Dans sa lettre suivante, Prokesch discute de quelques points théologiques qui surgit de sa lecture de la pauvre traduction du «Bayan arabe»qui forme l’appendice au livre de Gobineau, mais ensuite, la discussion de ce sujet cesse dans leurs correspondances publiées pendant encore 2 ans, jusqu’au moment de l’exil de Baha’u’llah d’Andrinople à Akka.

* L’intervention du Révérend Rosenberg:

Ce ne fût que jusqu’au moment où le décret impérial pour le déplacement de Baha’u’llah d’Andrinople fut publié que divers Européens dans cette ville commencèrent à prendre un intérêt plus marqué en Baha’u’llah.

Sur ce point, cependant, il y a de très sérieuses difficultés historiques et des contradictions que l’auteur n’a pas été capable d’expliquer. Shoghi Effendi, dans «God Passes By», écrit un récit de cette période basé sur les récits de Aqa Husayn-i-Ashchi et Aqa Riday-iShirazi, qui furent témoins de ces évènements, aussi bien que des déclarations de Baha’u’llah lui-même. En ce qui concerne l’intervention des consuls étrangers à Andrinople, il écrit :

«Certains des pouvoirs étrangers rendirent visite à Baha’u’llah et exprimèrent leur bonne volonté à intervenir avec leurs gouvernements respectifs de Sa part - suggestions pour lesquelles Il exprima son appréciation, mais qu’Il déclina fermement. «Les consuls de cette ville (Andrinople) réunis en la présence de cet Adolescent à l’heure de Son départ», écrivit-il lui-même, «et exprimèrent leur désir de L’aider». Ils ont en vérité, montré envers Nous une affection manifeste» (19)

Les récits préservés dans les Archives de la Grande-Bretagne et d’autres endroits, soit par des incompréhensions ou pour d’autres raisons, donnent une image quelque peu différente. Le 5 août 1868, le Révérend L. Rosenberg, un missionnaire protestant à Andrinople, écrivit une lettre à Monsieur J. E. Blunt, le consul britannique là-bas, en donnant un récit de l’interview qu’il avait donné ce matin :

«Ce matin, alors que je parlai en compagnie de Boghos Agha, deux de nos indigènes chrétiens protestants me rendirent visite en m’amenant un message du chef de la secte babie que je (should call on him) et de fait, j’allais avec le chef de la communauté protestante de cette ville et de deux autres groupes.
Nôtre visite à lui nous prit plus de 4 heures!
Baha’u’llah, âgé de 47 ans, natif de Téhéran en Perse et chef de la secte babie, nous révéla toute son histoire durant les dernières 25 années; et toutes les misères qui lui arrivèrent et à un grand nombre de sa secte.
Le nom babi a deux significations avec ces personnes; d’abord, c’est le nom du fondateur de leur secte; et deuxièmement, cela signifie une porte vers la vérité, et sur le dernier récit, ils s’appellent eux-mêmes babis, et on dénombre un tiers des musulmans en Perse.
C’est leur principe de ne pas interférer dans les affaires politiques; et en parlant strictement avec l’Evangile dans leur bouche, ils disent que toute autorité tire son pouvoir de Dieu, et que par conséquent un homme devrait rendre à César ce qui appartient à César, et à Dieu ce qui est du à Dieu.
La fondation de leur religion est le verbe de Dieu comme contenu dans l’Ancien et le Nouveau Testament et essentiel au salut; et ils admettent aussi que certaines parties du Coran (on the ground) qu’ils ont pris du verbe de Dieu. Ils objectent s’appeler eux-mêmes des chrétiens pour les raisons suivantes: tout d’abord car la plupart d’entre eux ne sont pas instruits; deuxièmement, l’impression qu’ils donnent des chrétiens orientaux est suffisant pour les refréner de professer la vérité du vrai christianisme, ils préfèrent par conséquent n’avoir aucun nom jusqu’à ce que la nation toute entière soit convertie de fait au protestantisme. Un récit de ce principe qu’ils souffrirent la persécution 7 ans en Perse; et avec les consentements des autorités perses, Baha’u’llah abandonna ses droits en tant que sujet persan; et il s’établit à Bagdad en tant que sujet ottoman, et il fut reconnu en tant que tel par la Sublime Porte avec une allocation mensuelle de 5000 piastres. Après 12 ans de résidence à Bagdad, par ordre de la Sublime Porte, il fut exilé à Andrinople où il vit à présent depuis 6 ans. En tant que sujet paisible des autorités ottomanes, il se sentit affligé que trois de ces hommes aient été emprisonné à Constantinople et lui-même et 40 autres attendent l’exil dans 2 jours dans quelque endroit inconnu à l’intérieur. Il suspecte que tout cela soit causé par les autorités persanes et c’est purement une persécution religieuse, comme il n’est pas conscient de la moindre offense politique avec la liberté de conscience octroyé par le dernier sultan à tous ses sujets pris en considération.
Pour l’amour de la vérité et de l’humanité et les relations amicales qui existent entre Sa majesté du gouvernement et la Sublime Porte, il me pria d’en appeler à vous comme Sa Majesté vice-consul pour exercer vôtre influence de sa part dans le but de mettre un arrêt à tout exil ultérieur et qu’il pourrait qu’il lui soit permis de rester et d’exercer la liberté de conscience octroyé par le sultan; et je prie de représenter la chose à Sa Majesté l’ambassadeur britannique qui j’espère à travers les bénédictions du Tout-Puissant, réussira à obtenir la liberté pour ces camarades». (20)

Blunt expédia la lettre de Rosenberg à Monsieur H. Elliot, l’ambassadeur britannique à Istanbul, avec la dépêche suivante datée du 6 août 1868 :

«J’ai l’honneur de transmettre ci-joint inclut à Vôtre Excellence la copie d’une lettre que le Révérend Monsieur Rosenberg, un missionnaire protestant à cet endroit, m’a adressé en respectant un certain sheikh [shaykh] Mirza Hussein Ali Effendi, chef d’une secte persane appelée «babie», qui avec un groupe de 40 de ses adhérents, ont été soumis à l’exil à Andrinople durant les six derniers mois, et il est question qu’il soit déporté à Gallipoli et ensuite à l’intérieur de l’Afrique.
Hier, avant que cette lettre ne me soit adressée, le Révérend Monsieur Rosenberg et Bughos Agha, le chef de la communauté protestante indigène me rendirent visite et me prièrent de s’efforcer de persuader les autorités ottomanes locales de ne pas déporter de là-bas ce shek (sic) et ses adhérents, mais lorsqu’ils me dirent aussi que la mesure dont se plaignait le shek n’a pas son origine avec ces autorités mais qu’il est le résultat d’un ordre impératif adressé à eux par la sublime Porte, je déclinait respectueusement d’accéder à leur requête.
Monsieur Rosenberg dit alors qu’il m’adresserait la lettre que j’ai inclut; et qu’il exprimait l’espoir qu’il rapporterait l’affaire à Vôtre Excellence.
Je ne sais pas ce que sont les principes de ces «babis». Le Révérend Monsieur Rosenberg et Boghos Agha croient qu’ils sont adoptés des Ecrits saints;
et cette croyance a naturellement excité leur sympathie et leur zèle de la part du shek.
Tout ce que je peux dire est que le shek en question a mené une vie la plus exemplaire dans cette ville; qu’il est regardé avec sympathie, mêlé de respect et d’estime, par les musulmans natifs et qu’il a reçu un bon traitement des mains des autorités ottomanes; et que l’impression générale ici est que la persécution qui est à présent faite vient du gouvernement persan et de sa légation à Constantinople. (21)

Le 10 août 1868, Blunt envoya un télégramme à Elliot, et dans une dépêche de la même date, il relate les circonstances qui menèrent à la dépêche de ce télégramme :

«En référence à ma dépêche n° 54 du courant 6 en lien au cas du chef Shek Hussein Ali Effendi, le chef de la secte persane «babee» (sic), j’ai l’honneur de rapporter plus loin à Vôtre Excellence que j’ai reçu ce matin du shek en question le papier inclut écrit en turc dans lequel il appelle pour la protection à ce Consulat. Un appel similaire a été adressé par le shek à mes collègues dans cette ville.
Peu de temps après que l’appel en question fut mis remis entre mes mains, mon collègue autrichien me rencontra et me demanda ce que je proposai de faire en la matière. Je répondis qu’à mon humble avis, ce n’était pas une chose dans laquelle de quelque manière officiellement interférer sur le lieu sans instructions de l’ambassade; et que j’ai déjà rapporté le sujet à Vôtre Excellence. Monsieur de Camerloher apparaît être entièrement de la même opinion et m’a dit qu’il avait également soumis le cas au Baron Prokesch.
Mais comme Monsieur de Camerloher a de fortes raisons de penser que le shek et son groupe seront délivrés par le gouvernement ottoman (into) le pouvoir des autorités persanes; et qu’en faisant ainsi, le gouvernement ottoman serait coupable d’un manque de foi envers ce malheureux peuple, dangereux pour leurs vies et dans le même temps préjudiciable à son crédit, nous sommes d’avis d’adresser à nos ambassades respectives le télégramme que nous avons envoyé ce matin et dont la copie est ce qui suit :
«Hussein Ali Effendi avec 70 autres personnes furent envoyés aujourd’hui à Gallipoli là-bas pour être remis à un agent du Shah. Il a adressé un appel écrit pour la protection au corps consulaire étranger. Je soussigné être décidé à solliciter des instructions de leur ambassades respectives avant d’agir. Mon collègue demande à présent d’être mis en communication avec le baron Prokesch».
Je me permets aussi d’ajouter que mon collègue autrichien a personnellement fait la connaissance avec le shek et qu’il a écrit au consul autrichien là-bas très fermement de sa part.
Je regrette que le départ prématuré de la poste d’aujourd’hui ne me laisse pas de temps pour préparer une traduction du papier que j’ai inclut à l’intérieur». (22)

La lettre indique que le Baron Prokesch-Osten avait pris un profond intérêt pour les babis depuis la lecture du livre de Gobineau. Malheureusement, la pièce jointe référée dans cette dépêche, l’une prétendue de Baha’u’llah, manque dans les fichiers des Archives Nationales. Comme Blunt déclare cependant qu’un message similaire fut envoyé à d’autres consuls étrangers à Andrinople, une recherche fut faite dans les Archives Nationales de France et la dépêche suivante fut trouvée de F. Ronzevalle, l’actif vice-consul français à Andrinople, à Monsieur Bourée, l’ambassadeur français à Istanbul, datée du 14 août 1868 :

«J’ai l’honneur de transmettre à Vôtre Excellence la note ci-jointe avec sa traduction, envoyé par un nommé Husayn-Ali, à l’origine de Perse. Cet homme a été ici pendant environ 4 ans avec 50 de ses fidèles, vivant des fruits de leur labeur, lorsque soudainement, il y a une quinzaine de jours, les autorités locales avaient soldé leurs biens à une vente aux enchères et leur notifiaient des ordres de quitter le pays. C’est de Constantinople que nôtre gouverneur-général a reçu les instructions qui lui ont fait imposer ces mesures, et il ne sait pas lui-même la raison [pour eux]

Il est dit que Husayn-Ali et ses personnes sont des sectaires d’une doctrine contraire à la religion musulmane, et c’est pourquoi ils ont été exilés il y a 6 ans par le gouvernement du Shah de Perse. Ils étaient résidents pendant quelques temps à Bagdad, et sans avoir jamais troublé l’ordre public, à la demande de la Perse, ils furent déplacés de la frontière turco-persane et envoyés à Andrinople. Husayn-Ali et ses disciples partirent de là-bas le 11 de ce mois pour Gallipoli, escortés par plusieurs zaptis (policiers), et sans connaître leur destination. On dit qu’ils seraient enfermés dans les régions d’Afrique.
Les agents étrangers résidents à Andrinople ont reçu des copies de cette pétition, à l’exception du consul russe qui est chargé de la protection des sujets persans. Ces mesures fortes par les autorités locales ont causé une mauvaise impression dans la ville, et particulièrement parmi ces personnes qui étaient venu chercher refuge en Turquie». (23)

La prétendue lettre d’accompagnement de Baha’u’llah a survécu dans les Archives françaises, contrairement à sa contrepartie dans les Archives britanniques. Mais elle présente de sérieux problèmes d’identification, car ni l’écriture ni la signature «Husayn-Ali» est de la main de Baha’u’llah ou de l’un de ses secrétaires. (24) A cause de cela et des récits baha’is inscrits antérieurement de cette période, il doit y avoir un doute considérable comme quoi ce document est en fait de Baha’u’llah. (25)

* Les enquêtes d’ambassadeurs européens à Istanbul:

Ainsi il y eût au moins 3 ambassadeurs à Istanbul faisant des enquêtes du gouvernement ottoman en ce qui concerne Baha’u’llah : les ambassadeurs britanniques, autrichiens et français. Ils rencontrèrent tous la même réponse, un refus par les autorités ottomanes de reconsidérer leur décision.

Lorsque la dépêche de Blunt du 10 août 1868 fût reçu à Istanbul, Elliot envoya Etienne Pisani, le premier drogman de l’ambassade au grand Vazir, Ali Pasha, pour faire des enquêtes. Pisanni rapporta de son retour le 12 août :

«Ali Pasha m’a dit que les babis qui ont été appréhendés dans le vilayat d’Andrinople vont être exilés, certains à Chypre et le reste à Saint Jean d’Acre.
Ces personnes, observa Sa Sainteté, ont troublé l’ordre public en essayant de propager leurs doctrines religieuses dans le monde entier. Leur religion est nouvelle et inconnue. Chaque babee(sic) se considère lui-même comme un prophète, ou plus, comme Dieu.
Bien que leur objectif apparent est de subvertir les principes et les dogmes de la foi musulmane, pourtant il y a des indices qui peuvent laisser croire que certaines vues politiques sont impliquées dans leur complot. Sous ces circonstances, disait le grand vizir, La Porte ne peut tolérer leur présence dans les dominions du Sultan et sans les traiter avec rigueur comme ils le sont en Perse, ils sont simplement bannis dans un endroit reculé». (26)

Le 13 août, Elliot câbla à Blunt : «Vôtre télégramme reçu hier- vous ne devez pas intercéder». Le même jour, Elliot écrivit à Blunt dans les termes suivants :

«J’approuve entièrement que vous ayez décliné de prendre toute initiative quant à eux sans en avoir référé à H. M. de l’ambassade.
Il apparaît que ces personnes se sont efforcées d’exciter la sympathie des chrétiens avec le motif de croire que leurs nouvelles doctrines sont un pas vers le christianisme, pour lequel, il n’y a pas, aussi loin que je sache, le plus petit fondement.
Cependant combien répugnant toute chose ressemblant à une persécution religieuse doit toujours être, cela ne semble pas une chose dans laquelle je peux interférer convenablement, lorsque je suis assuré que les efforts des babis de faire des prosélytes est en train d’exciter un mauvais sentiment parmi la population musulmane et qui pourrait mener à des troubles si l’on permettait qu’ils continuent.
Les babis, ayant inauguré leur sécession de l’islamisme avec une tentative d’assassiner le Shah de Perse, sont considérés avec beaucoup de jalousie dans ce pays, mais je n’ai aucune raison de croire le mesure présente en regard de ceux d’Andrinople qui ont été adoptées à la suggestion du gouvernement persan». (27)

Ronzevalle reçut beaucoup de la même réponse de Bourée : «Les mesures prises envers ces individus étant purement une affaire interne et par conséquent, touchant aux affaires religieuses, je stipulerai une complète abstention [d’interférence]».

Tandis que dans une dépêche datée du 15 août, Blunt enregistra les efforts que le Baron Prokesch-Osten avait fait :

«Je vous prie de laisser informer Vôtre Excellence que mon collègue autrichien m’a lu une dépêche datée du courant 12 que j’ai reçu hier matin du Baron Prokesch dans laquelle Son Excellence déclare qu’en représentant à Fuad Pasha les actes intolérables du gouvernement persan envers la secte babie, il fût informé par Sa Sainteté que la Porte avait ordonné à Mirza Hussein Ali et à ses adhérents d’être déportés à Tripoli en Afrique à cause de leur tentative d’essayer de propager des dissensions religieuses dans le milieu musulman en Roumélie; que la Porte était entièrement responsable pour cette mesure, la légation perse n’ayant prise aucune part à cela; et que la subvention de 5000 piastres par mois qui était alloué au Mirza par les autorités à Andrinople ne seraient pas suspendues à Tripoli.
Le Baron Prokesch informe aussi mon collègue qu’il a agit de concert avec Vôtre Excellence dans cette affaire». (28)

Des documents des Archives d’Etat turques semblent indiquer que la cause principale de l’exil ultérieur de Baha’u’llah fut les actions de certains de ses disciples à Istanbul et les accusations et les contre-accusations entre les factions baha’is et azalis. Cela résulta de l’arrestation de plusieurs baha’is et azalis à Istanbul et la convocation d’une commission d’enquête. Ce fut cette commission qui recommanda l’exil ultérieur de Baha’u’llah. Un récit de ces documents turcs seront trouvés comme addendum à ce chapitre. (29)

Le Révérend E. Bliss, un missionnaire américain du bureau de la commission américaine pour les missions étrangères, résident à Istanbul, écrivit un récit dans le «Missionnary Herald» de mai 1869, dans lequel il semble insinuer que la principale initiative de demander l’intervention d’ambassadeurs chrétiens vint des chrétiens d’Andrinople :

«La colonie d’Andrinople, augmentée par des arrivées successives, après avoir été autorisée à rester là-bas en paix pendant 6 ans, fut l’été dernier soudainement dispersée par le gouvernement turc (encore évidemment à l’instigation persan); les pauvres hommes furent contraints de vendre leurs biens à grande perte, furent mis en état d’arrestation et envoyés à Acre, sur la côte syrienne, où, il est dit, que beaucoup d’entre eux sont maintenant en prison, et que d’autres sont soumis à un traitement très cruel.
La conduite très calme et honnête de ces personnes à Andrinople, leur apparente relation avec les doctrines de la Bible, et leur acceptation professée de ces doctrines, ont fait une impression très favorable sur leurs relations chrétiennes là-bas; ainsi que lorsqu’il fut connu qu’ils allaient être envoyés dans un autre exil, un effort fut fait d’empêcher, à travers l’intervention d’ambassadeurs étrangers là-bas, ce qui semblait être un grand outrage sur un peuple inoffensif. Mais la réputation que le babisme avait acquis d’être un mouvement politique secret empêcha cet effort d’être poussé comme il aurait du l’être, et rien ne fût accomplit». (30)

* Le départ de Baha’u’llah:

Le 13 août, Blunt rapporta à Elliot :

«Je vous prie de rapporter que j’ai agi dans cette affaire en conformité avec les ordres de Vôtre Excellence.
Avant de recevoir cet ordre, Mirza Hussein Ali, qui, j’ai entendu, est un parent du Shah de Perse, (C’est probablement une confusion causée par le fait que Baha’u’llah était un parent de Mirza Aqa Khan-i Nuri, l’ancien premier ministre) me pria à travers le Révérend Monsieur Rosenberg de me rendre visite, mais je déclinais respectueusement de faire cela, car il était confiné dans sa maison et surveillé de manière vigilante par la police...
Le Mirza et ses adhérents furent envoyés de là-bas à Gallipoli le dernier lundi soir; et il transpire maintenant qu’ils ne seront pas délivrés par les autorités persanes, mais qu’ils seront enfermés dans une forteresse dans l’île de Chypre». (31)

Dans une dépêche de Blunt datée du 15 août référée ci-dessus, il y aussi la déclaration suivante en ce qui concerne les baha’is :

«Les babis durant leur séjour à Andrinople n’avaient rien fait que je sache qui autorise la suspicion, encore moins la conviction, de la Porte qu’ils étaient occupés à fomenter des dissensions religieuses en Roumélie. Ils pourraient avoir été indirectement engagés dans la propagation de leurs principes en Perse, mais durant les 6 années où ils restèrent dans cette ville, ils menèrent une vie très retirée; très peu mêlés avec les éléments musulmans; et ils apparaissent avoir évité avec empressement de faire quoi que ce soit qui pourrait créer le soupçon qu’ils abusent de l’hospitalité qui leur est accordé par la Porte.
En référence à leur prétendu mauvais traitement par les autorités à Andrinople, j’ai des bonnes raisons de croire que le gouverneur général et la plupart des membres de l’administration locale regardèrent leur chef Mirza Hussein Ali avec respect et considération; et que jusqu’à ce que l’ordre de les déporter atteigne cette place, ils n’étaient pas soumis à la persécution.
Le Defterdar qui en agissant en tant que gouverneur général durant l’absence de Hourschid Pasha (sic), et qui a reçu l’ordre ci-dessus, manifesta, de tout ce que j’ai entendu, d’une haine inutile et de beaucoup de rudesse et de sévérité en les mettant à exécution, à un degré qui excitèrent la sympathie et la compassion de toutes les classes de la population». (32)

Ce ne fut pas cependant la fin des efforts du Révérend Rosenberg. Le 15 août, il adressa une lettre à Blunt, comprenant une pétition qu’il avait adressé à l’Alliance Evangélique à Londres. Cette société spécialisée en combattant la persécution des chrétiens dans chaque partie du monde. Rosenberg espérait obtenir leur aide au nom de Baha’u’llah. Dans cette pétition, il écrit à Baha’u’llah en tant «qu’un Dieu craignant l’homme et un qui a sacrifié déjà toute chose, et est même prêt à donner sa vie pour l’honneur de Dieu et pour la vérité». (33)

Il continue :

«Les circonstances qui menèrent à faire sa connaissance sont très singulières, aussi très pénibles et providentielles, prouvant que Dieu est en fait toujours une aide présente à son peuple, bien qu’il n’y ait personne pour l’aider, mais le monde entier contre lui.
Il y a plusieurs jours, les autorités appréhendèrent tous les persans là-bas et les obligèrent à vendre leur commerce et leurs meubles à grande perte, ils emprisonnèrent certains, et les maisons des autres furent gardés de tout côté par la police jusqu’à ce qu’ils soient prêts pour la déportation.
Leurs vies exemplaires et dévôtes durant 6 ans dans cette ville et le traitement inhumain qu’ils reçurent soulevèrent la sympathie de tous les chrétiens.
Deux de nos frères qui leur avaient vendu beaucoup de copies des écrits, me demandèrent de rendre visite à leur chef; et durant la visite, je découvrais qu’il était l’Apôtre de la secte babie.
Le mot babi signifie étymologiquement une porte. (34) Les fondateurs de cette secte, et leurs disciples prirent cette appellation car ils trouvèrent «la porte de la vérité».
Les noms des fondateurs de cette secte sont Mirza Hussein Ali et Mohammed Ali. Le premier est un descendant de la famille royale de Perse et par conséquent il porte le titre de Ishan. En 1849, son père fut grand vizir en Perse, et si je ne me trompe pas, il est parenté à l’actuel Shah.
J’ai demandé au Ishan si il connaissait qui j’étais comme il manifestait un esprit de réserve à cause des espions. Son fils (35) dit «oui, il y a plus de 2 ans, j’étais assis avec un nombre de beys dans l’une de leurs maisons lorsqu’un juif vint nous dire qu’un missionnaire protestant était venu convertir les juifs au protestantisme. Il nous dit après qu’il avait été voir le missionnaire et de lui dire que s'il voulait lui donner de l’argent, il retournerait en tant que protestant. Tous les turcs éclatèrent de rire. J’ai dit au juif que vôtre foi est en argent qui est très forte, pourquoi ne lui demandais-vous pas de vous prouver de vos propres écrits que Jésus est le Messie? Il est très erroné pour un homme de mettre la foi en argent. Sur ce, le juif, en répondant qu‘il n’y avait aucune preuve dans les écritures, je lui demandai : «pourquoi alors le prophète Isaïe dis : «une Vierge concevra et portera un fils et son nom sera appelé Emmanuel?».
«Il répondit qu’il demanderai au rabbin à ce sujet et il m’apporta une réponse».
Les moyens que Dieu emploient pour mener les chefs de la secte babie à trouver la vérité furent les inconsistances des doctrines des mullas, les inconsistances du Coran lui-même, et le testament direct que le faux prophète donna à l’Ancien et au Nouveau Testament de leur (being) eux-mêmes le verbe de Dieu et par conséquent ils se rendent eux-mêmes à l’étude des écrits.
Ayant reçu le Verbe de Dieu comme la loi de foi et de pratique, et comme un test de tous les autres livres religieux et de toutes les autres religions aussi loin qu’il y a 25 ans, Mirza Hussein Ali Ishan et Mohammed Ali commencèrent à prêcher en Iran devant le Shah de Perse à tous les musulmans, et durant 7 ans, ils portèrent la «croix de leur évangile» sous des persécutions lourdes jusqu’à ce que finalement, Mohammed Ali fut arrêté, attaché à un arbre et 750 fusils déchargèrent leurs fusils sur lui; ainsi, il tomba martyr de la vérité par ordre du gouvernement persan.
Mirza Hussein Ali Ishan, d’un autre côté, fut autorisé à établir sa résidence à Bagdad en tant que sujet persan.
Environ 3 millions de musulmans ont été convertis à travers l’instrument de prêche de ces deux hommes, de la doctrine de «repentir envers Dieu, la foi dans le Seigneur Jésus, et la nouvelle naissance par «l’esprit Saint», et à travers l’aide de Dieu, le Ishan me disait qu’il avait les moyens de briser le mur du milieu qui séparait les musulmans des professeurs des autres religions (ces derniers ayant considéré les chrétiens et d’autres comme impurs, ni ne touchant leurs mains ni autre chose que leurs mains) en inculquant le principe d’amour envers les uns les autres comme un devoir dont l’humanité a besoin et que l’Evangile insiste si souvent.
Comme pour la secte babie, disait-il, «mon peuple sont enseigné de suivre l’injonction du Sauveur, si quelqu’un vous frappe sur une joue, vous devez lui tendre l’autre.»

Par conséquent vous trouvez parmi eux beaucoup de veuves, d’orphelins et de veufs, leurs maris, parents et femmes étant tombés martyres pour la vérité sans la moindre représailles, et plus la persécution continuait, plus leur foi était renforcée». En un instant, disait-il, lorsqu’une femme perdait son mari, elle allait prêcher parmi la population et devenait l’instrument de conversion de 40 personnes.

Pendant quelques temps, la secte babie ne fut pas séparée, mais à présent ils ont dans chaque ville et village leur propre place d’adoration avec leurs enseignants bien que sous beaucoup d’autres rapports, ils se mélangent avec leurs frères musulmans. Ils vont même à leurs mosquées si il est permis de prêcher et de leur faire un bien spirituel.

Après avoir visité le chef 4 jours durant, avec deux autres frères protestants, chaque visite occupant au moins 4 heures et ayant gagné de chacun la confiance et la camaraderie chrétienne, je demandai si en tant que croyants du Christ, ils observaient les sacrements du baptême et le repas du Seigneur.

Il dit «Non, nous avons à faire avec un groupe ignorant et un peuple fanatique. Si nous allions faire cela ainsi, ils penseraient que nous souhaitons introduire le christianisme en Orient, qu’ils considèrent comme idolâtre et ainsi nous mettrions un frein au progrès de la vérité parmi notre peuple. Le Seigneur Jésus dit que «aucun homme ne peut entrer dans le royaume du paradis, excepté celui qui est né à nouveau de l’esprit». et «celui qui ne croit pas est condamné». Etre né à nouveau et croire et mener une vie sainte sont le plus essentiel au salut, et c’est ce que nous inculquons à nos convertis, et par dessus tout. Lorsque nous éduquons l’un d’eux, nous lui donnons une copie des Ecrits à lire pour lui-même, et laissons toutes les autres injonctions jusqu’à ce que la nation soit convertie pour eux (to settle)».

J’ai aussi découvert que depuis que leurs persécutions, ils ont adopté, dans une grande mesure, la pratique des chrétiens primitifs d’avoir une partie de leurs biens en commun dans le but de s’aider les uns les autres spécialement dans le besoin.

Il me communiqua ensuite les faits suivants.

A Bagdad, il vivait depuis 12 ans en tant que sujet persan, mais à travers l’invitation de la Sublime Porte promettant protection et liberté avec une allocation mensuelle de 5000 piastres à lui et à beaucoup de ses disciples, ils devinrent sujets turcs comme il avait une pleine confiance que ce qui était promis à lui serait respecté. 3 mois avaient à peine passés après son obtention de devenir sujet ottoman quand les autorités à Constantinople là-bas, ils furent gardés 4 mois et de nouveaux exilés à Andrinople où ils étaient restés pendant les 6 derniers mois. Le Ishan pensait que cela serait le dernier endroit et la fin de la déportation, mais il y a 6 mois, il reçut une information qu’un nombre de ses disciples en Egypte avaient été dépossédés de leurs biens et exilés quelque part en Abyssinie d’une manière la plus impitoyable. A Bagdad, l’un d’eux a été tué par un persan.(voir chapitre 16) et ses propres biens là-bas d’une valeur de presque 50000 Livres sterling ont été confisquées, sa belle-mère et d’autres de sa famille laissées être en disgrâce et environ 30 de ses ouailles bannis quelque part parmi les noirs d’Afrique. Ses lettres et son argent envoyés à lui de Bagdad furent interceptées par l’autorité de la Sublime Porte. Il envoya, il y a quelques temps, 7 cavaliers pour être vendus à Constantinople, les chevaux furent enlevés des hommes, et ils furent emprisonnés, puis enfin de toute sa déportation de là-bas à un endroit inconnu, certains disent quelque part en Afrique, d’autres disent être livrés aux mains des autorités persanes pour être exécutés, lui a été signalé.
Les autorités là-bas les obligèrent à vendre leurs meubles pour presque rien; 40 d’entre eux furent mis en état d’arrestation, et la maison du Ishan fut surveillé par des soldats dans toutes les directions pour que personne ne puisse s’enfuir.
En bref, le traitement qu’ils reçurent là-bas fut tel que cela provoqua chez certains d’entre eux de demander aux autorités là-bas de les tuer tout de suite, ce qui serait préférable. L’une de ces pauvres personnes se coupa finalement la gorge avec un rasoir (36) et lorsqu’on lui demanda pourquoi il avait fait une telle chose, il répondit qu’il ne pouvait pas voir la disgrâce qui arrivait à son Ishan.
Le Ishan dit qu’il ne pouvait être tenu pour responsable de quoi que ce soit pour causer cette persécution.
Il a un certificat du gouvernement persan, et l’un des gouverneur de Bagdad qu’il n’avait rien à faire avec la politique, et qu’il vivait en paix avec tous les hommes, et de sa conduite durant ses 6 années de résidence là-bas, aucune charge n’avait été amenée contre lui devant les autorités. Il expliqua cela comme une persécution politique et religieuse. Le gouvernement perse, à l’instigation de la Russie, cherchait une occasion de faire la guerre avec la Turquie; et lui ayant fait à lui et à son peuple la cause de l’offense. Les autorités turques souhaitant éviter des mots, et de plaire au gouvernement persan, de les avoir soumis à un traitement inhumain. Lorsque à son opinion d’une persécution religieuse, il reçut des informations de son homme à Constantinople qu’ils seraient amenés devant le Shek-ul-islam et on leur demanderait si le Ishan avait gagné la faveur de la moitié du peuple musulman à Andrinople, après cela, l’ordre que lui et 70 autres soient trouvés là-bas, seront exilés.
Le chef de nôtre communauté protestante et moi-même rapportâmes leurs cas à Monsieur J. E. Blunt, Sa Majesté le vice-consul. Il prit une déclaration de leur cas de moi avec une lettre très gentil de lui-même et les envoya à Son Excellence l’ambassadeur à Constantinople. Nous rapportâmes aussi leur cas à Monsieur Camerloher, le consul autrichien, qui télégraphia aussi à son ambassadeur pour prendre la permission des autorités turques d’arrêter leur départ pendant quelques jours. le même soir, il alla converser avec le Ishan, et le jour suivant, il envoya par la poste un récit très émouvant de leur déportation injuste, et demanda à Son Excellence d’user de son influence de leur part.
Le jour suivant, le Ishan présenta une protestation contre le traitement injuste aux consuls britanniques, autrichiens, français, américains, prussiens et grecs à être transmis à leurs autorités respectives.
Au cours du lundi 10, Messieurs Blunt et Camerloher eurent une consultation, et il fût rapporté qu’un agent persan était en train d’attendre à Gallipoli pour recevoir les exilés. Ils télégraphièrent à nouveau à leurs ambassades respectives, désireux de faire de leur mieux.
Nôtre consul m’a dit que s’ils se déclareraient eux-mêmes protestants, il retiendrait leur départ. Je rapportai cela à l’Ishan, mais il dit qu’il ne voudrait pas le faire en aucune manière car cela retarderait le progrès de l’Evangile parmi son peuple en Perse. Si cela serait la volonté de Dieu qu’il dut souffrir pour l’amour de la vérité, il est à la fois volontaire et prêt à souffrir dans le corps pour glorifier Dieu.
Nos consuls firent de leur mieux et méritent des remerciements pour les ennuis et les efforts qu’ils firent de la part de ces pauvres exilés.
Durant le 10 à 1 heure, environ 20 chariots emportèrent 70 d’entre eux. Chacun d’eux avant de partir levèrent les mains avec nous et dirent : « Nous espérons vous rencontrer dans le Paradis, devrait-il plaire à Dieu que nous ne nous rencontrions pas de nouveau sur Terre».
La communauté protestante et moi-même sommes de l’avis que ce n’est pas une persécution politique, mais particulièrement une persécution religieuse. Si cela est politique, pourquoi tous les babis partout dans le monde, en Perse et en Turquie, sont-ils persécutés et souffrent à la fois l’exil en Turquie et en Egypte?
Quelle raison a le shek-ul-islam d’enquêter comme pour savoir combien nombre de musulmans dans cette ville sont devenus amis du Ishan. La plupart des habitants musulmans disent déjà que les autorités ont exilés ces personnes car ils abjuraient leur foi dans le Coran pour celui du protestantisme. Ce cas seul (strike) la terreur dans le coeur de chaque musulman enquêtant des revendications du christianisme et sans doute cela (check) le travail d’évangéliser les turcs.
Lorsqu’un chrétien est convertit, les autorités turques manifestent un esprit d’indifférence, mais lorsqu’un musulman montre un désir d’embrasser la vérité, alors nous voyons comment ils persécutent, et même exilent les curieux comme au temps de Sir Henry Bulwer, ainsi maintenant dans le cas des pauvres babis.
Nous ne pouvons croire que c’est une persécution politique pour la raison que les autorités turques protègent entièrement les réfugiés hongrois et polonais, lorsque le gouvernement autrichien insistait qu’ils devaient être délivrés à leurs gouvernements respectifs.
Messieurs Vos Excellences; en accord avec le Révérend J. N. Ball (37), un missionnaire américain et tous les protestants dans cette ville, je soumets à vôtre sincère considération le cas des exilés babis et le cas de ceux en Perse, priant pour l’amour de la cause de l’Evangile et de l’humanité, que Dieu puisse vous (make) les instruments honorables dans sa main de trouver le salut pour ces personnes et puisse bénir vos efforts et vos personnes.
Je suis, Messieurs Vos Excellences, vôtre plus obéissant serviteur.
Signé - L. Rosenberg.
P.S. L’Ishan demande beaucoup qu’une grande prudence soit observée en faisant usage de ces déclarations car cela pourrait retarder le progrès de la vraie religion parmi ses frères persans.
Révérend L. Rosenberg, missionnaire britannique à Andrinople. (38)

Il n’y a malheureusement pas d’enregistrements suffisants conservés par l’Alliance Evangélique pour être capable d’établir quelle action si quelque action fût retenue avec cette pétition.

Il y a un rapport ultérieur des baha’is à Andrinople. Ce récit apparut dans le périodique parisien «Revue des Deux mondes» en 1871, et est d’Albert Dumont, un érudit français, qui eût la chance d’être à Andrinople quelques semaines après le départ de Baha’u’llah et de ses compagnons. Des citadins et de Haji Ja’far, qui s’était coupé la gorge et fût laissé en arrière jusqu’à ce qu’il guérisse, il apprit un peu de la nouvelle religion :

«La ville possédait encore au mois d’août 1868 une colonie venue de Téhéran. C’étaient des babistes, partisans du Bab, novateur qui a essayé de fonder, il y a quelques années, dans l’Empire du Shah une religion dont l’Orient et l’Europe se sont également préoccupés. Après une longue et sanglante persécution où les sectateurs du Bab ne montrèrent aucune faiblesse, mais renouvelèrent, par le courage avec lequel ils désiraient et acceptaient le martyres, des scènes que nous croyions disparues de l’histoire, l’autorité, qui en avait mis à mort un grand nombre, et parmi eux leur chef, prit le parti d’exiler les autres. La Turquie, qui n’est jamais en bonne amitié avec la cour de Perse, donna volontiers asile à ces persécutés; elle leur assigna pour résidence Andrinople et quelques villages de Roumélie; le frère du Bab fut interné au chef-lieu du vilayet. La vie de ces exilés était un perpétuel sujet d’édification. A peine installés, ils prirent tous un métier, - c’est un principe de leur foi que tout homme doit travailler, - et parurent vivre comme les autres musulmans, avec cette seule différence qu’ils ne cessaient de donner l’exemple de la charité et de la douceur. Ils assistaient régulièrement aux prières publiques dans les mosquées. Cependant, ils ne renonçaient pas à leur croyance; chacun d’eux était un prédicateur et un apôtre. Un Turc venait-il acheter du tabac à la boutique d’un babiste, le marchand lui parlait du salut, de la réforme des âmes, de la vertu; il le faisait d’un ton familier et avec cette souplesse propre à sa race, non sans mêler à ses discours des images et des paraboles. Si l’interlocuteur s’intéressait à l’entretien, le babiste touchait à quelques points plus particuliers de la nouvelle doctrine. Cet apostolat populaire et tout individuel, fait dans les bazars, en raccommodant des chaussures ou en tressant des nattes, est essentiellement oriental. Il est intéressant de retrouver de nos jours des procédés et des habitudes que nous avons peine à comprendre quand nous les voyons dans les récits anciens, en particulier dans les «Actes des Apôtres». Les babistes firent des prosélytes; c’est fut assez pour que la Porte s’effrayât; le vali ne connaissait rien à cette religion, il s’en souciait même assez peu; le légat de césar non plus ne s’occupait guère des idées religieuses qui pouvaient se trouver au fond des querelles des Juifs à Jérusalem, le gouverneur romain et le gouverneur turc n’aimaient pas ces agitations; le vali coupa court à la propagande. Les babistes reçurent l’ordre de se tenir prêts à partir, sans qu’on leur dit où on allait les mener; le frère du Bab les réunit et leur annonça ces nouvelles épreuves; «son petit troupeau, disait-il, n’avait pas à s’affliger, puisqu’il était resté uni pendant ces premiers temps d’exil; chacun pouvait se rendre justice qu’il avait été bon, charitable, digne de la pieuse mémoire du chef martyr qu’ils vénéraient. Un seul resterait à Andrinople, et ne partageait pas le voyage qui leur était imposé; il n’avait pas été coupable, mais en se mariant à une femme turque, il avait perdu la confiance de ses frères». Ce malheureux homme, qui assistait à ce discours, retourna chez lui de désespoir et se coupa la gorge (39): fait surprenant, si on se rappelle que le suicide est à peu près inconnu des Orientaux. En 1868, les babistes ont été transportés, m’a t-on dit, à Chypre; peut-être ont-ils dû bientôt quitter cette île, comme ils avaient quitté Andrinople. (40)

* Addendum:

Les documents suivants ont été trouvés dans le fichier N° 1475 parmi les divers fichiers des Archives d’Etat turques (certains détails de ces documents furent donnés par Muhammad-Ali Muvahhid ). Les papiers sont donnés comme numérotés dans le fichier - ils ne sont pas, comme on le verra, dans un ordre chronologique :

N° 4 : La Sublime Porte, ayant reçu la lettre du Vali d’Edirne (N° 9), et ses pièces-jointes, rapporte la lettre et tout le fichier au département de la sécurité (police). Datée du 20 Dhi’l-Hijjih (14 avril 1868). Il y a une note jointe à ce document déclarant que bien que le Vali d’Edirne rapporte qu’il n’a trouvé aucune cause de plainte à propos de la conduite des exilés, les pièces-jointes indiquent qu’à la fois Mirza Husayn-Ali (Baha’u’llah) et Mirza Yahya sont en train de réclamer une station pour eux-mêmes, et cela pourrait devenir la cause de désordre parmi le peuple de l’Islam. Datée du 5 Muharram 1285 (28 avril 1868).

N° 6 : Le rapport de la commission enquêtant sur les exilés d’Edirne. UN récit est donné de leur interrogation de diverse personnes et leurs conclusions sont que Mirza Husayn-Ali revendique qu’il est le Mahdi et qu’il révèle les versets par l’Inspiration Divine, et que Mirza Yahya revendique le rang de prophète. Ces revendications sont passibles de fomenter le désordre parmi les populations musulmanes et par conséquent, selon l’article 28 du Code pénal, ils sont passibles d’un bannissement et d’un emprisonnement perpétuels. Il y a 4 sceaux joints au rapport qui sont illisibles. Datée du 26 Safar 1285 (18 juin 1868).

N° 9 : Une lettre du vali d’Edirne faisant suivre une lettre de Baha’u’llah et expliquant que Siyyid Muhammad-i-Isfahani était un partisan de Mirza Yahya, et que Baha’u’llah avait de bonnes raisons de se plaindre des activités de ces deux-là.

N° 10 : Ayant reçu le rapport de la commission d’enquête (N° 6), la Sublime Porte rapporte l’affaire au Sultan Abdu’l-Aziz avec la recommandation que Baha’u’llah soit exilé à Akka et emprisonné là-bas, et Mirza Yahya à Famagouste à Chypre. Certains de ses disciples, ou bien à Bagdad ou à Edirne, devraient, s’ils refusent de se rétracter, être exilés de la même manière. Une date difficile à lire mais probablement le 19 Rabi’ul-Avval (11 juillet 1868). Est joint une note donnant l’approbation du sultan pour ces mesures. Une date difficile à lire mais probablement 20 Rabi’ul-Avval (12 juillet).

N° 11 : Interrogation de Mirza Aliy-i-Sayyah. Datée du 6 Dhi’l-Hijjih 1284 (31 mars 1868).

N° 12 : Lettre de Baha’u’llah au vali d’Edirne.

N° 13 : Liste des disciples de Mirza Yahya.

N° 19 : Interrogation de Aqa Jan Big. Datée du 7 Dhi’l-Hijjih (1 avril 1868).

N° 20 : Interrogation de Mirza Muhammad-Baqir. 13 Dhi’l-Hijjih 1284 (7 avril 1868).

N° 24 : Interrogation de Darvish-Ali. 13 Dhi’l-Hijjih 1284 (7 avril 1868).

N° 26 : Certains écrits de Subh-i-Azal, certains d’entre eux sous la forme d’un cercle, déclarant que des grands évènements se dérouleraient et que le promis serait manifesté en l’année A. H. 1285.

N° 28 : Interrogation de Mirza Muhammad Aliy-i-Isfahani. Datée du 13 Dhi’l-Hijjih 1284 (7 avril 1868).

N° 30 : Interrogation de Mirza Muhammad-Baqir pour la seconde fois. Datée du 13 Dhi’l-Hijjih 1284 (7 Avril 1868).

Il y a aussi dans les fichiers les papiers suivants :

Une déclaration portant le sceau de Husayn-Ali [Baha’u’llah] donnant le nombre de personnes qui l’accompagnait de Bagdad. Ceux-ci sont déclarés être 54 : les deux frères de Baha’u’llah, 12 femmes, 11 enfants (l’un d’eux mourut en laissant 10), 20 serviteurs et 10 muletiers.

Une grande liasse de lettres et d’autres écrits de Baha’u’llah prises lorsque les disciples de Baha’u’llah furent arrêtés à Istanbul.

Une liste d’écrits envoyés à la commission d’enquête, consistant en 54 numéros. Ceux-ci furent envoyés à Fatuhi Amin Effendi (Shaykh’l-Islam) le 9 Safar 1285 (1 juin 1868), lus et retournés le même jour.


Chapitre 12: Baha’u’llah à Akka

Comme résultat du décret du sultan Abdu’l-Aziz, Baha’u’llah atteignent la baie de Haïfa par bateau le 31 août 1868. Lui et sa famille et ses compagnons débarquent à Haïfa et sont transportés de l’autre côté de la baie à Akka dans un bateau. Ainsi commença la dernière étape de l’exil de Baha’u’llah. Il allait vivre dans les environs de Akka pendant presque 24 ans jusqu’à sa mort en 1892.

* La ville d’Akka :

La ville d’Akka dans laquelle Baha’u’llah venait, était une ville en déclin. Elle avait été, au Moyen-Age, la capitale célébrée de l’un des royaumes des Croisés, et c'était la dernière croisade forteresse en Palestine à tomber aux mains de l'armée mamelouke (1291). Depuis ce temps, Akka était dans un état de déclin jusqu’au milieu du 18eme siècle quand un bédouin arabe Shaykh Zahiru’l-Umar, captura Akka et en fit la capitale d’une petite province qu’il avait sculpté lui-même dans le nord de la Palestine. Zahir pacifia la province, et reconstruit et renforça la ville. La chute de Zahir vint comme le résultat de s’être allié lui-même avec un rebelle égyptien, Ali Bey. Une force combinée syrio-libanaise avec l’aide de navires ottomans assiégea Akka, qui finalement tomba par traîtrise en 1775.

Le successeur de Zahir fut Ahmad al-Jazzar, un bosniaque et un ancien esclave, qui avait été l’un des commandants des forces assiégeantes. Bien que fait gouverneur de Sidon, al-Jazzar préféra s’établir lui-même à Akka. Il est principalement rappelé pour sa sévérité et sa cruauté, mais il était aussi un gouverneur très capable, amenant la paix et la prospérité à l’ensemble de la région qu’il contrôlait. Cette région fut progressivement augmentée jusqu’à ce qu’en 1780, il fut effectivement gouverneur de presque tout le littoral oriental méditerranéen. La Syrie, le Liban et la Palestine étaient tous effectivement venus sous son contrôle, et les affaires de villes telles que Damas, Beyrouth et Jérusalem étaient dirigées de Akka. Avec son pouvoir grandissant et sa richesse, al-Jazzar chercha à faire de Akka une capitale digne pour son empire. Il renforça les fortifications de la ville et construisit ou élargit nombre de mosquées, de bains publics et de caravansérails qui survivent à ce jour. L’eau était amenée à la ville par un aqueduc des sources de al-Kabri.

Akka vint à l’attention du monde lorsqu’en 1799, elle fut assiégée par Napoléon Bonaparte. Napoléon fût incapable de prendre la ville, et cela, avec les maladies qui ravageaient son armée, mis fin à son plan d’imiter l’exploit d’Alexandre le Grand et de marcher en Inde. Al-Jazzar mourut en 1804 et avec son successeur, Sulayman Pasha, Akka continua de prospérer, en particulier à travers les efforts du ministre capable de Sulayman, un juif nommé Ha’im Farkhi. Sulayman Pasha mourût en 1818 et fut remplacé par Abdu’llah Pasha. (41) Durant la première partie des fonctions de gouverneur de ce dernier, il y eût une continuation de la paix et de la prospérité qui avaient caractérisé la période de gouvernement de son prédécesseur. Bientôt cependant, des troubles surgirent du sud. Muhammad Ali Pasha d’Egypte fut déterminé à bâtir un empire pour lui-même, et sur un prétexte inventé de toutes pièces, il envoya une armée avec son fils Ibrahim Pasha pour assiéger Akka. Après un siège prolongé, et n’ayant reçu presque aucune aide de tout le gouvernement turc, Akka tomba le 27 mai 1832 et Ibrahim Pasha (sweep on), prenant Damas sans un combat et défaisant l’Armée du sultan à Hums. Ibrahim Pasha infligea une défaite écrasante supplémentaire sur le sultan lorsqu’il fit passer une armée supérieure en nombre et en équipements envoyé contre lui en 1839. Mais la Grande-Bretagne fut peu disposée (to sit) paresseusement (by and watch) le démembrement de l’Empire ottoman. Avec l’Autriche, elle vint au secours de la Turquie. L’engagement critique de la campagne fût une nouvelle fois à Akka. La flotte britannique bombarda la ville le 3 novembre 1840. A 4 heures, le magasin à poudre de la citadelle explosa, tuant, dit-on, 2000 personnes. Les égyptiens se retirèrent cette nuit et les assiégeants prirent la ville le jour suivant. Cette défaite scella le sort de l’armée d’Ibrahim Pasha. Il se retira en Egypte et Muhammad-Ali Pasha abandonna ses rêves d’un empire arabe.

Le bombardement britannique en 1840 marqua la fin d’un âge doré pour Akka. Par la suite, la ville déclina en importance à la fois au niveau politique et commerciale. D’étant la capitale d’une grande province, le siège d’un vali, elle tomba à n’être qu’une ville satellite de Damas et de Beyrouth, le centre d’un sandjak, le siège d’un Mutasarrif (42). Sa population tomba de 40000 à son apogée sous Al-Jazzar à 9800 en 1886 et 6420 en 1922. Comme un signe supplémentaire de son déclin, les différents pouvoirs étrangers qui avaient maintenu des consuls à Akka, se retiraient maintenant un par un jusqu’au temps de l’arrivée de Baha’u’llah où aucun ne restait, et les pouvoirs étrangers étaient représentés par des agents (43) consulaires du pays. La plupart des commerces de Akka par conséquent, fût racheté par la ville grandissante de Haïfa.

Au moment de l’arrivée de Baha’u’llah, Akka s’était enfoncée dans le déclin et l’insignifiance. Les conditions dans la ville s’étaient détériorées, comme son importance avait déclinée. (44)Lorsqu’il fût suggéré qu’un missionnaire de la Société de l’Eglise missionnaire puisse établir résidence à Akka en 1876, le Révérend J. Huber, ne refusant pas exactement d’y aller, démontra dans ses lettres sa répugnance marquée pour la ville. «Dans l’ensemble», écrivait-il, «il est bien connu que la population de Akka est un très mauvais ensemble de gens et que tous les péchés et les vices d’une ville maritime sont de même pratiqués; car il y a beaucoup de grecs et d’européens qui enseignent aux indigènes toutes les mauvaises choses qui sont faites dans leurs pays». (45)

A cette époque, la principale fonction d’Akka était d’agir en tant que prison pour les criminels et les prisonniers politiques de toute part de l’Empire Ottoman. (46) Charles Hamilton, qui visita Akka en 1873, écrivit «les abords d’Akka, comme c’étaient, dans la mer; et en traversant une herse, nous allâmes à travers une très lourde porte gardée par des troupes, car on se souvient que les pires criminels sont envoyés là-bas de toute part de la Syrie». (47) .

Ce fût comme l’un de ces prisonniers que Baha’u’llah arriva en 1868 et fût enfermé dans la citadelle. Des prisonniers qui vinrent à Akka étaient habituellement incarcérés là-bas à vie, mais que ce n’était espéré être pendant longtemps dans les conditions épouvantables là-bas. Ce fait est démontré de manière frappante par le sort de 86 prisonniers politiques bulgares qui arrivèrent à Akka en janvier 1878. Depuis que les atrocités turques en Bulgarie dans les années 1876-7 avaient soulevé une sympathie considérable et de l’inquiétude en Angleterre, il fût demandé au consul britannique à Beyrouth d’étendre toute aide possible à ces prisonniers, et l’agent consulaire britannique à Akka, Monsieur Finzi (48), était instruit de la même manière. Comme résultat de ces interventions, des facilités médicales et hospitalières temporaires furent rendues disponibles à ces prisonniers au couvent grec - un privilège dont les autres prisonniers ne jouissaient certainement pas. et pourtant, en dépit de cela et du fait qu’il n’y avait aucune épidémie particulière faisant rage à cette époque, moins d’un mois après leur arrivée à Akka, le consul britannique à Beyrouth, Eldridge, rapporta le 4 février 1878 :

«En dépit du soin et de l’attention montrées envers les prisonniers bulgares à Acre, plus de 6 d’entre eux sont morts dans l’hôpital temporaire au couvent grec, de sorte que seuls 51 restent des 76 à l’origine, montrant une mortalité d’un tiers de leur nombre en un mois». (49)

Haïfa commença le 19eme siècle en tant que petite ville insignifiante. Zahiru’l-Umar avait renforcé ses fortifications et amélioré ses facilités portuaires, et cela marqua le tournant de ses fortunes. De ce moment sur la ville fleurissait et comme Akka était lentement en train de décliner, de l’autre côté de la baie, Haïfa s’étendait et s’élargissait. Ce processus fût accéléré par l’arrivée des colons Templiers, une secte adventiste allemande, la même année que l’arrivée de Baha’u’llah en 1868. Bientôt, la plaine à l’ouest de la ville fortifiée de Haïfa, où les Templiers avaient construit leurs maisons, fût florissante comme résultat de leurs labeurs.

Lorsque le colonel Trotter, le consul britannique à Beyrouth, visita la Syrie en mai 1891, il soumit le rapport suivant sur Haïfa et Akka :

«Haïfa. Nous arrivâmes à Haïfa sur le bateau de Sa Majesté le «Melita» le 13 mai. Le Kaimakam (sic) Ahmed Shukri Effendi envoya des officiers à bord pour nous souhaiter la bienvenue et était après (civil to us) à bord.
(object) le plus saisissant à Haïfa est la colonie allemande qui s’étend du sud de la ville, s’étirant tout le long de la plaine entre la base du Carmel et la mer. La ville portuaire qui consiste en environ 60 maisons et 4oo habitants est régulièrement disposée en deux longues rues parallèles - chaque maison ayant son jardin et ses dépendances et en la traversant, on s’imagine soi-même être au coeur de l’Allemagne. Des panneaux publicitaires, des chariots, des automobilistes, des costumes, toute chose parfaitement national. Au sud de la ville portuaire se trouve une grande plaine fertile d’environ deux milles de longueur et un de largeur et toute part est bien cultivée et le tout représente une apparence des plus florissante, hautement à créditer au dur labeur de la colonie qui est composée entièrement de la secte du temple, des émigrants du Wurtemberg. Il y a 3 autres colonies similaires en Palestine, c’est-à-dire: à Jaffa, Savona [Sarona] et Jérusalem (Refai [Rephaim] qui dénombrent en tout environ 2000 âmes.
Bien que la colonie de Haïfa ait été établie en Syrie pendant plus de 20 ans, ils se gardent entièrement eux-mêmes - et ne se mélangent pas ni se marient avec leurs voisins syriens. Le fait qu’un homme allemand de guerre (le «Loreley» de Constantinople) fût à Haïfa durant nôtre visite avec l’objectif d’enregistrer les adultes de la colonie pour le service militaire - et que ces marins allemands étaient en train de parader dans les rues - complétant presque l’illusion qu’on était dans une petite ville portuaire florissante allemande.
St Jean D’Acre. De Haïfa, nous allâmes de l’autre côté de la baie à St Jean d’Acre (Akka), où nous parvinrent et échangeâmes des visites avec le gouverneur Sadik Pasha, un frère du grand vizir. Son Excellence envoya gentiment un officier pour m’accompagner autour des fortifications étendues mais anciennes qui, bien que je crois que Akka est considérée tout d’abord une chic forteresse, est en pratique en l’état où on l’a laissé après le bombardement par la flotte britannique en 1840 - beaucoup de traces de celui-ci sont encore visibles. De vieux (smooth bore) canons se tiennent encore démontés sur les remparts massifs et le seul canon moderne qu’elle possède sont de 8,9 centimètres des canons (breach loading) Krupp tout à fait récemment reçus de Constantinople. Sa présente garnison consiste à environ 300 hommes d’artillerie.
Comme la fiction d’elle étant une puissante forteresse est encore entretenue, personne n’est autorisé à construire en dehors des remparts et la place semble mélancolique et désertée, offrant un contraste puissant avec la ville florissante, prospère et en croissance de Haïfa en face de l’autre côté de la baie.
Aux deux endroits, un grand intérêt fût naturellement pris dans le projet d’une ligne de chemin de fer à Damas - la concession de celle-ci fût récemment donnée à Monsieur Pilling, un anglais.
La ligne projetée est de St Jean d’Acre à Damas (environ 120 miles) avec une ligne secondaire de Mejdel à Haïfa (10 miles) et d’autres lignes secondaires... (50)

* L’arrivée de Baha’u’llah à Akka:

L’arrivée de Baha’u’llah à Akka le 31 août 1868 marqua le début d’une période où Baha’u’llah lui-même dut se désister du contact avec le monde extérieur dans une grande mesure - un fait remarqué, d’habitude défavorable, par plusieurs des récits référés dans les pages suivantes. Bien que ce fut dans une certaine mesure la propre décision de Baha’u’llah et son désir, c’était aussi ce que le décret impérial bannissant Baha’u’llah à Akka avait ordonné - qu’il n’était pas autorisé à avoir des contacts avec la population. De ce temps là, il avait tendance à rencontrer seulement les baha’is qui étaient résidents à Akka ou qui avaient fait le voyage ardu de Perse. L’un des résultats de cet isolement virtuel de Baha’u’llah fût la propagation de rumeurs fantaisistes et exagérées dans la ville de Akka à propos de leur mystérieux et important prisonnier.

Haji Ja’far-i-Tabrizi, qui s’était coupé la gorge à Andrinople en entendant qu’il n’était pas parmi les compagnons de Baha’u’llah dans la prochaine étape de son exil, resta à Andrinople avec son frère jusqu’à ce que sa blessure fut guérit. Puis les deux frères se joignirent aux exilés de Akka. Ils amenèrent avec eux une lettre du Révérend Rosenberg (51). Abdu’l-Baha répondit à cette lettre et donna un récit de ce qui s’était passé pour les exilés depuis qu’ils avaient quitté Andrinople. Malheureusement, la lettre originale d’Abdu’l-Baha n’existe plus et une transcription de celle-ci que Rosenberg envoya à Blunt est presque inintelligible par endroits et a été manifestement très pauvrement copiée. La traduction suivante doit par conséquent être regardée comme seulement une approximation du récit d’Abdu’l-Baha :

«Laissez-moi à présent décrire ce qui nous arriva après que nous quittâmes Andrinople. Lorsque nous arrivâmes à Gallipoli d’Andrinople, je vous écrivit une lettre, et je l’ai donné à l’agent du glorieux état d’Angleterre dans le but qu’il soit expédié. Je ne sais pas si vous l’avez reçu ou non. Puis à Gallipoli, nous prîmes un bateau et nous fîmes payer (most of) the l’argent du passage. Et ils nous prirent à Akka sous bonne garde et sans rations. Mais ils envoyèrent 4 hommes en dehors de nous et envoyés à Chypre. L’un des 4 essaya avec acharnement d’être envoyé à Akka avec nous, mais ils ne voulaient pas le laisser aller. Finalement après que Sa Sainteté le Maître ait quitté le bateau, il se jeta lui-même en mer (52). Nous ne savons pas comment cela arriva. Puis nous arrivâmes à Akka et vîmes qu’il y avait 30 policiers [dabitiyyih] là-bas qui nous emmenèrent dans une caserne vide. Les policiers se tenaient comme gardes à la porte de la caserne. Cette nuit-là, tout le monde, comprenant les enfants, resta sans manger. Ils ne nous permettaient pas d’aller à l’extérieur de la porte de la caserne. Pour être bref, il y eût un ordre d’Istanbul que nous devions être gardés emprisonnés à jamais dans la prison d’Akka. Ils ne nous permettaient pas de communiquer avec quiconque, ni même avec les policiers. Nous étions à présent emprisonnés dans la caserne d’Akka pour un mois. Ils veulent nous emmener dans la prison d’Akka dans quelques jours. Les 4 premiers jours, ils nous donnèrent 3 morceaux de pain amer pour chaque personne et après les quatre premiers jours, ils stoppèrent même ces 3 morceaux. Comme pour Akka, c’est à peu près aussi grand que la forteresse d’Andrinople. Et la moitié de cela aussi est fait de la prison et du port. Son climat est infernal. La plupart des prisonniers sont dérangés et malades. La plupart d’entre nous aussi sont tombés malades, car l’air et l’eau là-bas sont très mauvais, particulièrement dans le port et dans les prisons. Ils envoient ici ceux qu’ils souhaitent détruire dans le but qu’ils mourront ici. Cependant, nôtre espoir est que la grâce de l’Esprit Saint nous embrasse tous. Sa Sainteté le Maître, nôtre père, nous envoie ses salutations et aussi à Artin Effendi et Boghos Effendi et tous ses amis. Abbas». (53)

Rosenberg envoya cette lettre d’Abdu’l-Baha à Blunt avec la note suivante, datée du 24 novembre 1868 :

«J’ai inclus dans celle-ci une lettre que j’ai reçu du chef des babis qui est maintenant à Acre en Syrie.
Je prends la liberté de vous demander de soumettre cette lettre à Son Excellence l’honorable ambassadeur à Constantinople Elliot H. B. M, dont l’influence puissante que je sollicite humblement au nom de l’humanité de la part de ce malheureux Schaik(sic) et de son peuple avec une vue de persuader le gouvernement turc d’alléger le dur et même cruel traitement auquel ils sont à présent soumis par les autorités d’Acre, et je me sentirais à jamais reconnaissant à Son Excellence et prie le Tout-Puissant de le bénir de ses efforts.
Je regrette beaucoup qu’une mauvaise santé m’empêche de vous amener en mains propres les copies de ces lettres immédiatement après réception, particulièrement, à travers la méprise du représentant de nôtre communauté protestante, les originaux furent emmenés au vice-consul autrichien au lieu des copies. Monsieur Camerloher n’ayant pas le temps de les copier afin d’être en mesure à temps pour la prochaine fournée et de les envoyez là-bas à Son Excellence l’ambassadeur autrichien à Constantinople, et ils furent seulement retournés à lui au cours du vendredi 12».

Blunt expédia ces lettres à l’ambassade britannique à Istanbul avec une note d’accompagnement qui trahissait une certaine somme d’exaspération des efforts de Rosenberg de la part de Baha’u’llah et de ses compagnons.

«J’espère que Vôtre Excellence me pardonnera si je prends la liberté de vous importuner encore avec le cas des babis persans qui ont été récemment déportés d’Andrinople, en soumettant à Vôtre Excellence ci-joint une note avec ces deux pièces-jointes que le Révérend Monsieur Rosenberg, un missionnaire protestant à cet endroit, m’a adressé de leur part. L’un de ces deux papiers compris dans la note de Rosenberg est la lettre originale qu’il a reçu du fils du chef des babis, dans laquelle une description est donnée du prétendu dur traitement de ce chef et de ses disciples souffrent des mains des autorités turques à Acre.
Monsieur Rosenberg m’ayant demandé si je l’autoriserai à expédier par mon bureau ses lettres au shaykh des babis. Je déclinais de faire ainsi.
Le gentleman Révérend me demanda aussi de lui fournir une copie authentique de la dépêche N° 9 que Vôtre Excellence me fit l’honneur de m’adresser le 13 août dernier concernant la déportation de cette ville de certains membres de la secte en question, mais je lui dis qu’il ne pourrait donner une telle publicité aux dépêches que j’ai reçu de l’ambassade de Sa Majesté, sans un ordre spécial de ce dernier pour faire ainsi.
De ce que Monsieur Rosenberg me dit, je crus comprendre qu’il a de nouveau chercher l’attention de l’Alliance Evangélique à Londres dans le cas de ces babis; et qu’il espère que cette Alliance (will take) la chose up de manière puissante. (54)

Dans sa réponse du 3 décembre, Elliott semble refléter l’humeur de contrariété et d’exaspération de Blunt :

«J’ai fait une enquête sur le traitement des babis persans à Acre, en faveur de qui, à la demande de Monsieur Rosenberg, vous avez demandé mon intervention...et je suis assuré qu’ils ne sont pas traités avec dureté, bien qu’ils ne soient pas autorisés à propager leurs doctrines au-delà des limites de la forteresse.
Les efforts de cette secte de faire du prosélytisme parmi la population musulmane et la grande mixité d’élément politique dans leur constitution, m’indispose à exercer de leur part les efforts que j’aurai avec joie fait si ils pouvaient honnêtement être regardés comme étant persécutés sur la raison de leurs convictions religieuses.
Leur adoption de certaines phrases (cant) et de certains fragments de moralité chrétienne, forment, aussi loin que je puisse l’apprendre, leur seul revendication de l’approche du protestantisme qu’il semble être une disposition pour avancer de leur part.
Vous jugerez tout à fait approprié de ne pas donner à Monsieur Rosenberg une copie de ma dépêche». (55)

* Gobineau et Prokesch-Osten:

La correspondance entre Gobineau et Prokesch-Osten a déjà été cité dans le chapitre précédent, et l’intervention de Prokesch-Osten de la part de Baha’u’llah au temps de son exil d’Andrinople pourrait être déduite des déclarations du consul autrichien à Andrinople. Une discussion de la religion babie cessa dans la correspondance publiée entre ces deux-là pendant une période de 2 ans. Puis Gobineau lut dans le «Courrier d’Orient» un article décrivant l’exil de Baha’u’llah. Il écrivit immédiatement à Prokesch-Osten le 25 août 1868 :

«Mais je souhaite parler avec vous d’une autre chose. Il y a ici un article du «Courrier d’Orient» que je vous mettrais en illustration.
Il ne m’apparaît pas sage de la part du gouvernement turc de persécuter une population qui ont cherché son soutien et qui ont eux-mêmes été faits ses citoyens. Il y a 300.000 persans dans les pachaliks de Van et de Bagdad et beaucoup sont babis; s'il [le gouvernement turc] les tourmente, et par dessus tout si il leur cause des ennuis, et se rend lui-même odieux à leurs yeux par une sévère série d’action contre leur chef spirituel, il perdra la bonne volonté manifeste qu’il tenait envers eux. Et en plus, il perdra la faveur de leurs coreligionnaires en Perse et de fait une grande force contre les tendances très agressives de la dynastie Kadjar. Et finalement, comme les babis ont besoin de soutien, ils le trouveront à portée avec les russes, et lorsque le gouvernement turc trouvera (on its hands) dans l’extrême sud une population dotée de passeports russes et agissant en conséquence, je ne pense pas ce qu’ils auront à gagner à cela. Il est même probable que Mirza Husayn Khan (56) ou son chargé d’affaires soit impliqué dans cette affaire. Mais je crois que Fu’ad Pasha n’est peut-être pas suffisamment informé à ce sujet, et en vous suppliant de la part de ces pauvres babis, auxquels je vous demande vôtre protection, je crois que je suis aussi en train de faire quelque chose de bénéfique pour la Porte». (57)

A certaines occasions, Prokesch doit avoir écrit à Gobineau des mesures qu’il avait prises en faveur de Baha’u’llah, depuis que dans sa dernière lettre datée du 31 août 1868, Gobineau continue :

«J’apprécie tout ce que vous avez récemment fait pour les babis. Je fus ravi d’apprendre qu’il y avait une exagération dans les rapports, mais, néanmoins, je crois que Fu’ad ne connaît pas tout.
Il est évident que la situation du Bab et de ses disciples est critique, et ils ne sont pas musulmans. Leur doctrine a fait et est en train de faire d’immenses progrès parmi les deux ou trois cent mille persans répartis à travers l’Empire, en particulier dans les pachaliks de Bagdad et de Van, et il est très vrai que cela à porté ombrage aux mullas.
Comme pour les missionnaires, ils sont idiots s'ils imaginent qu’ils peuvent empiéter sur l’enthousiasme juvénile de la nouvelle foi. (58) Je vous dirais de manière confidentielle que le Bab s’est adressé à moi-même il y a quelques mois, dans le but de me donner un récit des persécutions perpétrées contre les babis à Mansura en Egypte (59) à la demande et avec la participation du consul persan. Je suis persuadé, comme je vous l’ai déjà dit, que le Divan (60) a un intérêt très sérieux à protéger là-bas, et il ne réalise pas qu’il doit agir avec prudence.
Je suis en train d’écrire au Bab pour l’informer de ce que vous avez essayé de faire pour lui, et je suis en train de vous envoyer ma lettre avec la traduction et de demander que vous soyez assez gentil de l’avoir délivré. Cela calmera peut-être un peu Ali-Husayn [Baha’u’llah] et lui donnera espoir qu’il ne sera pas maltraité». (61)

Comme post-scriptum, Gobineau ajouta :

«Ne savez-vous que les russes ont à Kazan (62) certains babis qu’ils protègent et qu’ils cherchent à endoctriner pour l’occasion? Il est malheureux que les russes, étant orientaux eux-mêmes, comprennent par instinct, et non pas par capacité, des choses qui sont à leur avantage et que leur ignorance ne perçoit jamais, ou qu’elle n’est pas capable de juger lorsqu’on doit le voir». (63)

Gobineau joignit à cette lettre une traduction de sa lettre à Baha’u’llah, qu’il adresse comme Haji Mirza Husayn Ali :

«Vôtre Excellence n’a pas répondu à la lettre que je lui ai écrit par l’intermédiaire du consul grec (64) et les nouvelles de ce qui s’était passé m’avait atteint à travers les journaux.
Je me suis adressé moi-même à Son Excellence l’ambassadeur d’Autriche pour la protection de vos membres, et Son Excellence a immédiatement montré la disposition la plus bienveillante et humaine et il m’a informé qu’il avait été très insistant avec Fu’ad Pasha et les membres du gouvernement turc à propos de cette affaire. Je suis persuadé que tout effort qui pourra être fait sera fait, et que si vous le jugez approprié, de lui écrire. Comme pour moi-même, j’agirais de la même manière à Paris, avec respect au gouvernement de l’Empereur.
Si vous souhaitez communiquer avec moi, faites-le par le moyen du consul français à l’adresse donné ci-contre. Il est inutile de vous ennuyer plus davantage, salutations». (65)

Dans la dernière lettre dans les séries publiées qui font référence à Baha’u’llah, Gobineau parle d’avoir reçu une communication ultérieure de Baha’u’llah. Une lettre de Gobineau est datée du 18 novembre 1868 et est envoyé de France où Gobineau vivait avant sa prochaine mission diplomatique en tant que ministre français au Brésil :

«J’ai reçu une longue lettre du Bab. Il est à Saint Jean d’Acre, un prisonnier dans une caserne en ruine avec une partie de sa famille, homme, femme et enfant, manquant d’eau et regardant son monde mourir de misère. Les gardes qui avaient été postés sur lui l’avaient complètement saccagé et les avaient pillés. Une partie des fidèles avaient été envoyés à Chypre où leurs chances n’étaient pas meilleures.

Je veux croire, comme Fu’ad Pasha vous dit, que l’argent et les intrigues de la légation persane n’a rien à voir avec cette affaire, mais ce qui reste est une brutalité turque, qu’elle n’a pas le moindre prétexte de commettre. Comme dans le doute que les babis souhaitent devenir chrétiens, cela est aussi ridicule.

Lorsqu’on se croit soi-même un Dieu et un compagnon de Dieu, et qu’on quitte un pays et qu’on est soumis à toute persécution dans le monde pour cela, on n’a pas à être converti à un autre culte.

Je suis en train d’essayer de faire ce que je peux pour extraire ces malheureuses personnes de leur situation épouvantable. Mais vous savez quelle chance j’ai d’être compris. C’est ainsi à vous, par dessus-tout, Excellence, que je continue de vous demander de l’aide. Le Bab m’a écrit pour vous dire combien lui, aussi bien que ses amis, sont touchés par les preuves de vôtre intérêt. Vous agiriez bien si vous essayiez d’obtenir pour eux leur liberté et de leur donner quelque chose pour compenser les pertes auxquelles ils ont été sujets, et enfin, de laisser ceux qui sont à Chypre rejoindre leur chef et leurs amis. Si il est bien nécessaire de les garder sous surveillance, laissez-les être placés dans une ville où les consulats européens peuvent voir pour eux qu’ils ne sont pas tourmentés. Je ne peux recommander beaucoup cette affaire à vous, Excellence, car j’ai peur que mon livre, en attirant l’attention à Mirza Ali Husayn et à ses partisans, ait été un facteur dans leur persécution et ma conscience est troublée». (66)


* Le docteur Chaplin:

Baha’u’llah resta dans la citadelle d’Akka pendant plus de deux ans, jusqu’à finalement, au moment où la citadelle fut réquisitionnée pour les troupes de caserne et il fût déplacé en confinement dans une maison dans le quartier ouest de la ville appelé la maison de Malik. Après trois mois, il fût déplacé dans la maison de Khavam et après plusieurs mois à la maison de Rabi’ih. Ce fût durant le moment où Baha’u’llah et sa famille étaient dans l’une de ces dernières deux maisons qu’ils furent visités par le docteur Chaplin, un médecin anglais qui était attaché à l’hôpital de Jérusalem de la Société de Londres pour la promotion du christianisme parmi les juifs, finalement appelé la Société des juifs de Londres. (67)

A la mi-avril de 1871, le docteur Chaplin avec le Révérend Frederick Smith et deux agents indigènes, entreprirent un voyage de Tibérias et Nazareth. En plus, ils visitèrent Akka. En mai de cette année, le docteur Chaplin quitta Jérusalem avec sa famille pour un cour séjour à Londres. Pendant qu’il était à Londres, il soumit la lettre suivante à l’éditeur du «Times» qui fût imprimé le 5 octobre 1871. En dehors d’une référence sans importance dans le livre de Gobineau et des articles associés, c’est la première référence imprimée substantielle à Baha’u’llah en Occident. (68) De la lettre, il apparaît que Chaplin ne rencontra pas Baha’u’llah lui-même, mais qu’il eût un long entretien avec Abdu’l-Baha. Il écrivit :

«Les Babs de Perse
A l’éditeur du Times
Monsieur, des observations du soulèvement d’une quasi nouvelle secte en Perse est, je crois, apparut de temps à autre dans les journaux anglais. Peu, cependant, apparaît être connu sur le sujet dans ce pays, et les informations suivantes pourraient par conséquent être acceptable à beaucoup de vos lecteurs.
De tous les disciples de Mahomet, les Metawelys (Shi’ih) de Perse sont parmi les plus bigots et les plus fanatiques. Non seulement ils ne mangent pas ni ne boivent avec les chrétiens, mais ils mettent en pièces toute vaisselle leur appartenant dans laquelle ils ont bu, rassemblent leurs vêtements autour d’eux lorsqu’ils croisent un chrétien dans la rue de peur qu’ils puissent être contaminés à leur contact, et tout chrétien (book be) sur leur chemin qu’ils quittent avec des (tongs) plutôt que de défiler eux-mêmes en les touchant. Il y a environ 30 ans, certains membres intelligents et raisonnés de la secte, d’une bonne position sociale et de bonne éducation, furent menés par ce très excessif excès de bigoterie à s’informer de la raison de cela, et s’étant procuré de certains chrétiens des copies du Nouveau Testament en langue arabe, se dévouèrent eux-mêmes à son étude attentive. Le résultat de leur enquête fut qu’ils devinrent convaincus de sa foi, l’acceptèrent comme le Verbe de Dieu et embrassèrent sa doctrine. Ils n’abandonnèrent pas cependant leur foi en Mahomet en tant que prophète de Dieu, et le Coran comme un livre divinement inspiré, mais se crurent eux-mêmes capable de réconcilier les croyances jusqu’ici antagonistes de l’Islam et du Christianisme. Leur doctrine, qui reçut le nom de Bab el Huk (porte de la vérité) se propagea rapidement, et en quelques années, elle fût professée par 200.000 personnes. Une persécution s’est levée à présent, durant laquelle 20.000 adhérents de la nouvelle doctrine furent tués et son fondateur, connu comme Beheyah Allah, prit refuge avec un petit groupe d’amis à Bagdad. Là-bas, il continua à entretenir une communication avec ses disciples en Perse et exerça une telle influence que le gouvernement de ce pays demanda au sultan de Turquie de le déporter d’une telle dangereuse proximité à certains endroits où il pourrait moins facilement communiquer avec eux. Il fût par conséquent envoyé à Edernay (Edirne ou Andrinople) et ensuite à une autre forteresse où il est à présent.
Durant le printemps de cette présente année, j’ai eu une opportunité de visiter les Babs dans leur place de confinement. Beheyah Allah n’accordait pas lui-même facilement un entretien aux étrangers et il reçoit seulement ceux qui sont désireux d’obtenir de lui des instructions dans la vérité religieuse. Nous fûmes reçus par son fils, qui a environ 30 ans, et qui a une allure intellectuelle fine, avec des cheveux noirs et une barbe et ce regard cireux mélancolique qui distingue presque tous les persans de la classe intelligente et religieuse. Il était vêtu d’une robe de flanelle blanche, avec un (cap) de la même matière et un petit turban blanc. Sur ses épaules était jeté un abba brun. Il m’apparut agréable de nous voir, mais il objecta de répondre à des questions en respectant l’origine et l’histoire de la secte. « Parlons de choses spirituelles», dit-il, «ce que vous me demandez maintenant n’est pas important». Mais de nôtre récit de lui dire que les personnes en Angleterre seraient naturellement curieuses de savoir de quelle manière si remarquable un mouvement religieux s’était levé, et qui étaient les initiateurs de celui-ci, il nous donna l’information détaillé ici. Il avait une intelligence remarquable, presque des manières solennelles, parlait couramment un excellent arabe, et montra une connaissance minutieuse et précise de l’Ancien et du Nouveau Testament, aussi bien qu’une connaissance avec la pensée religieuse en Europe. Nôtre entretien dura deux heures durant tout le temps duquel une conversation animée fut maintenue. Comme un vrai oriental, il donnait rarement une réponse directe à une question sur quelque point de doctrine, mais répondait par une autre question, ou par une illustration, son but étant apparemment là de convaincre ses questionneurs de ce qu’il considérait être la vérité. Il semblait parler comme une conscience de posséder une lumière supérieure - comme un grand professeur pourrait parler à ses élèves.. « Pourquoi», s’interrogea t-il, les juifs, qui du temps de l’avènement de nôtre Seigneur où les juifs étaient dans l’attente de leur Messie, ne croit-il pas en lui?». Et, consentant à nôtre réponse que c’était parce qu’ils mécomprenaient les Ecritures, il demanda si cela ne pourrait pas être le cas que les chrétiens de la même manière mécomprenaient à présent les Ecritures - la conclusion (non exprimée) étant que son père fut envoyé par Dieu pour enseigner la vraie doctrine. Nous n’obtînmes pas de lui une claire déclaration des vues de la secte avec une référence au caractère de son père et son devoir, mais une très intelligente (convert) m’informa par la suite qu’il était cru (du moins par certains) être l’ange dont on parle dans le premier verset du 18ème chapitre de la Révélation. Les doctrines fondamentales de la secte, nous assurons être -
1. Que le Christ est le fils de Dieu et le Sauveur du monde.
2. Qu’il est mort et qu’il a ressuscité.
3. Cette justification est par foi de lui.
4. Que la nouvelle naissance est nécessaire au salut et que les bonnes actions comme une preuve de cela.
5. Que l’esprit Saint qui opère sur les coeurs produit la nouvelle naissance.
Il n’y a aucun prêtre et pas de baptême.
La circoncision est pratiquée parmi eux, mais elle n’est pas essentielle.
Ils ont plusieurs ouvrages écrits par Beheyah et d’autres membres de la secte, il n'apparaît pas que ceux-ci sont regardés comme faisant autorité.
Ils croient que le Christ reviendra, mais spirituellement.
On dit que Beheyah Allah est arrivé à la vérité seulement par l’étude du Verbe de Dieu. On croit qu’il y a dorénavant 70.000 ou 80.000 disciples en Perse, mais ils ne le professent pas de manière ouverte. Lorsqu’ils sont persécutés, ils ne se défendent pas ni ne résistent, mais ils sont prêts à mourir pour leurs opinions. Entre 70 et 80 partagent l’exil et l’emprisonnement de leur chef. Ils ont une liberté autorisée considérable dans les murs de la ville. Beheyah étant seul confiné dans cette maison. Ils sont autorisés (about 5d a day per man par le gouvernement turc. Il y a 15 ans depuis qu’ils ont quitté leur pays natal et entre 2 et 3 depuis qu’ils furent emmenés à leur présente place de confinement.
Ce remarquable mouvement et son histoire suggèrent beaucoup de questions. Dans ses aspects religieux, sociaux et politiques, c’est plein d’intérêt, et il semble surprenant qu’une attention publique n’ait pas été faite à cela. Certains pourraient être disposés à se demander si l’Angleterre, aimant la Bible et aimant la liberté comme elle se vante d’être, n’a pas de voix à élever de la part d’hommes de qui, par leurs bibles, ont probablement été les moyens inconscients d’illumination, et dont les illuminations apparaissent être leur seul crime. De tout ce que j’ai pu apprendre, ces personnes mènent des vies pures et innocentes et ils ne tiennent aucune opinion politique qui pourrait les rendre dangereux.
Mais le sujet a un plus grand intérêt que ceux impliqué dans le sort de ces individus. Une question aussi grande que celle qui n’a jamais agité le monde commence à presser pour une solution - nommément, si le progrès d’illumination et en particulier de l’illumination chrétienne parmi les races musulmanes est d’être stoppé par la main rude de la persécution et du massacre. Ce n’est pas seulement en Perse que cette question se présente elle-même.
Vôtre serviteur obéissant.
Thomas Chaplin, M. D., 16 Lincoln’s-inn-fields. (69) (70)

La maison suivante où Baha’u’llah déménagea fût la maison d’Udi Khammar, et ce fut pendant le temps où Baha’u’llah fut là-bas qu’un évènement eût lieu qui allait avoir d’affreuses répercussions et de ternir le bon nom et la réputation des baha’is.

* L’interrogatoire de Baha’u’llah:

La crise la plus sérieuse dont Baha’u’llah eût à faire face quant il était à Akka ne fût pas causé par les actions où du gouvernement ou des dirigeants religieux, mais par l’acte impétueux et déplorable d’une poignée de ses disciples. Lorsque le décret pour l’exil d’Andrinople avait été appliqué, 4 des disciples de Baha’u’llah avaient été envoyés avec Mirza Yahya, Subh-Azal à Chypre, pendant que plusieurs disciples azalis furent envoyés à Akka avec Baha’u’llah. Ces azalis avaient causé des grandes difficultés pour Baha’u’llah et ses compagnons par de continuelles alimentation de fausses informations aux autorités de la ville d’Akka et en empêchant les pèlerins baha’is d’entrer dans la ville. Finalement un groupe de baha’is, sans la décision de Baha’u’llah, décida de se débarrasser eux-mêmes des azalis, et leur tombèrent dessus un jour dans leur maison et ils les tuèrent. Cet évènement eût lieu le 22 janvier 1872.

«Ma captivité ne peut Me faire du mal», écrivit Baha’u’llah en lien avec cet évènement. «Ce qui peut Me causer du mal est la conduite de ceux qui’ M’aime, qui disent être en relation avec Moi, et qui pourtant perpétuent ce qui pousse mon coeur et ma plume à gémir». (71)La population d’Akka avait déjà de bonne raison de haïr et de se méfier des baha’is à cause de la dure (wording) du décret impérial pour l’exil des prisonniers, qui ont été publiés à Akka et qui parlent en termes très sévères des exilés. La conséquence immédiate de ces meurtres fut une intensification de la peur et des haines que la population d’Akka ressentait envers Baha’u’llah et ses compagnons.

Ce fut peu de temps après cet épisode qu’arrivèrent à Akka un groupe supplémentaire de missionnaires de la société juive de Londres. Le chef de ce groupe était le Révérend James Neil, qui avait seulement rejoint la Société en tant que missionnaire en avril 1871, mais qu’il était responsable de la Mission de Jérusalem. Il conduisit un voyage du nord de la Palestine avec Monsieur Bernstein, Monsieur Iliewitz (le chirurgien de l’hôpital de Jérusalem) et Monsieur Wiseman, tous de la même société. Lorsqu’ils arrivèrent à Akka, ils décidèrent de suivre l’action de la visite du docteur Chaplin de l’année précédente et appelèrent les baha’is. Le récit du Révérend Neil du voyage fournit une description graphique de l’attitude de la population de Akka envers les baha’is à cette période, comme conséquence du meurtre des trois azalis.

«Le jour suivant, étant dimanche, nous tînmes nôtre simple service du matin dans l’un des jardins, près de la ville, qui borde la frontière nord de la baie. Un riche musulman, qui est un converti de la nouvelle secte des babs de Perse, nous avait invités là-bas et demanda, avec un ami musulman, d’être permis de se joindre à nous. Au-dessous de la palmeraie, nous chantions et nous nous agenouillâmes en prière, et nous prêchâmes le Christ à ces deux croyants du faux prophète. Nous trouvâmes presque tous les membres de cette nouvelle et intéressante secte de Babyum (sic) en prison, où ils ont été jetés juste avant nôtre venue suite au fracas dans lequel deux de leur nombre avaient péri. des récits très contradictoires se propagèrent de cette triste affaire, la population alléguant que les membres de la secte avaient assassiné ceux qui avaient tué à cause de leur séparation du corps, et ils déclarent eux-mêmes que ces deux jeunes hommes, qui ont été longtemps séparés d’eux, à l’instigation des musulmans orthodoxes, avait à jamais continué depuis que la conduite la plus insultante envers leurs anciens frères, qui étaient sur l’occasion en question enfin ressenti par certains jeunes hommes imprudents, et qui menèrent à des conséquences fatales. Si grand était le mécontentement ou la crainte ressentit envers ces personnes apparemment inoffensifs et paisibles que nous ne pûmes inciter quiconque de nous accompagner lorsque nous les visitâmes en prison.

Nous eûmes un long entretien avec le fils de leur prophète. C’était en fait étrange de trouver un oriental en Syrie si bien éduqué et de l’entendre parler de manière si tolérante et si intelligente du Christ et du christianisme. Ses opinions, extraits de lui dans une série de questions desquelles il semblait très apte à séparer d’études approfondies philosophiques abstruses, nous laissa sous l’impression qu’il était en regard au Sauveur, un fervent Socinian (72). Il admettait la divinité du Christ, il est vrai, mais qualifia sa remarque avec de telles (sophistrics) comme pour rendre clair que toute l’humanité pourrait par nature prendre part de la même divinité. Il manifesta l’étonnement mais se dérobait de l’enseignement clair écrit que c’est le sang de l’agneau de Dieu. Il insista sur la mission de Mahomet. «Je suis d’accord avec vous», dit-il, «que le salut est par la foi» - foi dans tout le Verbe de Dieu». «Et quelles Ecritures», nous demandâmes, avons-nous à comprendre par le Verbe de Dieu?». Il répondit

«L’Ancien et le Nouveau Testament, et le Coran». Nous fîmes remarquer la grande différence entre le style et le sujet de ce dernier livre et la Bible, et soulevâmes la question de comment nous pourrions recevoir Mahomet, de qui aucune mention n’est faite dans les Ecritures, ou croire que tout agent simplement humain pourrait éventuellement être exigé pour ajouter et compléter le travail du fils de Dieu? Sa connaissance du Nouveau Testament et de l’histoire de l’église est certainement très remarquable. Nous ne pouvions que sympathiser profondément avec cette secte persécutée. Il est triste de voir que parmi la tolérance et la liberté de conscience qui naissent dans le monde entier, le gouvernement persan conserve encore l’impression de cette terrible tyrannie qui l’a marqué dans les jours de Daniel et de Mordochée. Il est encore plus triste de voir que dans sa faiblesse et dans son déclin, on peut trouver un instrument dans le Sultan de Turquie d’assouvir sa vengeance sur ces innocents. Oh, lorsque l’Europe se réveillera à son devoir, et protestera de manière effective au nom de la religion et de la liberté contre ces cruels efforts d’éteindre la lumière et la connaissance parmi les sujets bien pensants et intelligents du Shah!» (73)

L’une des conséquences du meurtre des azalis fut que Baha’u’llah fut arrêté et mis sous bonne garde tandis qu’Abdu’l-Baha fut enchaîné et jeté dans un donjon. Shoghi Effendi déclare que Baha’u’llah fut amené devant le gouverneur de Akka et interrogé sur l’épisode. Lorsqu’on le questionna sur son nom, il dit: «Mon nom est Baha’u’llah (Gloire de Dieu), et mon pays est Nur (Lumière). Soyez informé de cela». Puis ayant parlé de certains autres mots auxquels personne ne pouvait répliquer, il quitta la Cour, et fit informé par le gouverneur que sa présence à la Cour n’était plus longtemps exigée et qu’il était libre de retourner chez lui. Il était clair qu’il était libéré de tout blâme dans le crime». (74)

Laurence Oliphant, le voyageur, écrivain et mystique n’était pas à Akka à cette époque, en fait il ne vint pour vivre à Haïfa qu’en 1882; mais à cette distance de temps, il entendit quelque chose des mesures de cet interrogatoire devant le gouverneur, qu’il enregistra ainsi:

«Il n’y a pas longtemps... l’un de ses [Baha’u’llah] disciples persans tua un autre pour avoir été indigne de quelque vérité religieuse, et le grand lui-même fut convoqué comme témoin.
«Direz-vous à la Cour qui et ce que vous êtes? fut la première question.
«Je commencerais», répondit-il, «par vous dire ce que je ne suis pas. Je ne suis pas un conducteur de chameau» - c’était une allusion au prophète Mohammad «ni je ne suis le fils d’un charpentier» - c’est une allusion au Christ. « C’est tout ce que je peux vous dire aujourd’hui. Si vous me laisser me retirer, je vous dirais demain qui je suis».

Sur cette promesse, il s’en alla; mais le lendemain ne vint jamais. Avec un énorme pot-de-vin, il avait dans l’intervalle acheté une dispense de toute présence ultérieure à la Cour». (75) (76)

Au cours de l’été 1887-8, Oliphant prêta sa maison à Haïfa à Sir Mounstuart Grant Duff, l’ancien gouverneur de Madras. Ce dernier, ayant lu le récit d’Oliphant, fut intéressé de découvrir plus au sujet de cet épisode. Il réussit en trouvant un certain Monsieur Cardahi qui avait été présent à l’interrogatoire des années auparavant et lui demanda de réciter ce qu’il avait entendu:

«Oliphant, dans son livre sur Haïfa, a donné un récit de l’apparition du père de Shoghi Effendi mentionné dans une page plus tôt dans une Cour de justice à Acre. Il y a quelque temps, Monsieur Schumacher me décrit la même opération et la nuit dernière il l’a apporté à Monsieur Cardahi, qui était présent à la Cour.

Selon ce dernier, la première question posée au Bab fut:

«Quel est vôtre nom?».

A cela, il répondit: «Il n’est pas nécessaire de dire mon nom; vous le connaissez bien; il est connu du monde entier».

Il fut alors expliqué au témoin qu’il était absolument nécessaire qu’il dise son nom.

A cela, il répliqua : «Mon nom est la Lumière de Dieu».

Ensuite il lui fut demandé :

«Quelle est vôtre occupation?».

Il répondit : «Je vous dirais ce que je ne suis pas: je ne suis pas un charpentier. Je ne suis pas un conducteur de chameau; mais vous n’avez pas besoin de me poser quelques questions supplémentaires, car je ne vous répondrais pas».

Dans la version de Monsieur Schumacher, une seconde et hautement improbable question fut intercalée entre les deux que j’avais citées.

«Qui était vôtre père?».

A cela, le Bab dit avoir répondu : «Si vous demandez à mes disciples, ils vous le diront - que je n’ai ni commencement et n’aurait ni fin».

Je suspecte que Monsieur Cardahi était la source origine d’Oliphant et de la version de Schumacher, mais les évènements eurent lieu en 1871, et l’exactitude n’est pas le point fort de la population dans ce pays.

Merci à l’une de ces mystérieuses transactions familières à la justice de Turquie, le Bab n’apparut pas à nouveau devant le tribunal». (77)


Il y a aussi un curieux rapport d’azalis étant envoyés à Akka et ensuite assassinés. Cela se trouve dans le récit de William Eleroy Curtis dans «Today in Syria and Palestine»: «En 1884, Mirza Yahya obtint la permission des autorités d’envoyer des ambassadeurs à Acre pour effectuer une réconciliation entre les deux factions, mais ses envoyés furent assassinés par des agents de Beha, et depuis lors, très peu a été entendu de la branche chypriote». (78) Il n’y a pas un tel épisode enregistré dans quelque histoire baha’ie, azalie ou autre. Le seul azali connu avoir été à Akka dans les dernières années fut Mirza Aqa Khan-i-Kirmani, et il ne fut certainement pas assassiné là-bas.


* Les Templiers allemands:

Il est intéressant qu’à la fois les Templiers, qui vinrent en Palestine allumés par le désir d’être témoin du retour imminent du Christ, et Baha’u’llah, qui revendiqua être ce retour, arrivèrent dans la région de Haïfa-Akka à quelques mois d’intervalle l’un des autres.

Les Templiers se formèrent en Allemagne par Christophe Hoffmann du Württenberg, sud de l’Allemagne. Il avait observé le déclin de l’influence de l’église et attribuait cela au manquement de ses membres de vivre la vie inculquée par le Christ dans les Evangiles. A travers l’étude des Ecrits, il devint convaincu que la seconde venue du Christ était imminente, et voyant l’état de l’Eglise, il se détermina à installer une colonie où les personnes se conformeraient aux enseignements éthiques de la Bible et ainsi être capable (to be accepted) par le retour du Christ. Ses visions menèrent inévitablement à un heurt avec l’église luthérienne de laquelle lui et ses disciples furent finalement expulsés. Ses enseignements cependant gagnèrent de l’acceptation à travers l’Europe et en Amérique du Nord. Croyant la seconde venue du Christ être si proche, Hoffmann et les autres dirigeants du mouvement décidèrent de déménager leur colonie en Palestine où l’avènement était espéré se dérouler. Hoffmann avec son principal lieutenant George David Hardegg atterrirent à Haïfa le 30 octobre 1868. Hardegg resta à Haïfa à la tête de la colonie, tandis qu’Hoffmann déménagea pour fonder une colonie à Jaffa. La colonie de Haïfa devint la colonie la plus grande et la plus importante des colonies de Templiers en Palestine. En 1873, elle dénombrait 170 adultes et 84 enfants; à la fin du siècle, elle avait grandi à environ 1000 personnes.

Toutes les preuves semblent indiquer que dès le départ, il y avait des relations étroites entre les baha’is et les Templiers allemands, et plus tard Baha’u’llah est connu pour avoir vécu dans la colonie parmi les Templiers pendant une courte période. Le 8 juillet 1872, Le Révérend John Zeller, un allemand qui était aussi du Württemberg et qui était missionnaire à Nazareth dans la société missionnaire de l’église anglaise, expédia à sa société la traduction suivante d’une lettre qu’on dit avoir été adressée par Baha’u’llah au chef de la colonie des Templiers, Hardegg :

«Au nom de Dieu Le Plus Elevé! Le Plus Exalté!

Vôtre lettre cachetée arriva à cet opprimé, et nous reconnûmes de cette même lettre vôtre intégrité envers le Tout-Puissant, le Préservateur. Nous demandâmes à Dieu, qu’Il puisse vous révéler la connaissance caché écrite sur une tablette et que vous entendiez le bruissement des feuilles de l’arbre de la connaissance et les murmures des eaux s’écoulant de l’essence du créateur qui règne sur toutes choses avec sagesse et intelligence.

C’est vôtre premier devoir de contempler le Verbe de Dieu dont l’excellence et la douceur emplissent les mondes. Celui qui croit en l’esprit le reçoit, il sera revêtu du mot de droiture et à travers cet esprit, il recevra et croira, bien qu’il puisse être détaché de tout ce qui est dans les mains de l’homme. Ceci est même nécessaire pour les grands poissons dans la plus grande mer. Oh! vous enseignant savant, expérimenté et clairvoyant, savez que l’indulgence empêche la plupart des mortels de s’approcher de Dieu qui gouverne les cieux. Celui cependant, qui veut voir, perçoit la lumière qui témoigne, afin qu’il puisse s’écrier: « Loué soit le Seigneur, le Plus Elevé! La droiture du Seigneur est (made known) sur la terre et sur la mer, il a promis le (restorer) de toutes les erreurs! Il construit le temple, et béni ceux qui peuvent le comprendre! Lorsque le temps désigné est venu, le Carmel explosera de joie comme si (moved) par la douce brise du Seigneur, bénis sont ceux qui l’entendent! Celui qui marche avec des oreilles attentives reçoit une réponse du rocher. Il crie avec une forte voix et porte témoignage de l’éternité de Dieu. Béni est celui qui trouve la connaissance avec assurance; qui entre dans le Royaume et est libre de tous les doutes! Si cela apparaît ce qui est écrit dans les livres, l’homme le verra et ne le comprendra pas. Mon cher ami! Contemplez le mystère de l’assimilation me (79)[tankis] le (type) du dirigeant[arrayyis] où l’exalté est avili et l’avili est exalté. Considère aussi, que lorsque Jésus apparut, il fut renié par les érudits, le sage et l’éduqué et les pêcheurs reçurent le Royaume. Ainsi fut accompli ce qui avait été indiqué en termes obscurs par des marques et par des signes.
La chose est grande et importante; car Pierre l’Apôtre, selon son excellence et sa suprématie prononça le verbe, lorsqu’on lui demanda.
Lorsque vous considérez les évènements passés à la lumière du Seigneur, vous verrez sa lumière apparaître devant vôtre visage et devant vos yeux. La vérité est aussi clairement recouvert par les voiles et le chemin aussi ouvert être caché par des obstructions et la foi par des significations obscures. Ceux qui ont erré, qui ont suivit leurs désirs et sont maintenant parmi les endormis et les assoupis; ils se réveillent, courent et ne sont pas à être (found). Béni est celui trouve la connaissance, et avec difficultés pénètre comme d’autres des serviteurs rachetés de Dieu...
Oh! vous oiseau dans les hauteurs de la science; celui qui sait comment l’eau se cristallise, celui qui connaît le bonheur silencieux, la secrète assurance, le lever du soleil, il (draw) dans les rayons de lumière de telle manière qu’il vole avec les ailes du désir dans l’atmosphère, approchant l’achèvement de la sainteté.
Ce que vous, Monsieur l’érudit, avait mentionné en regard à la noirceur de l’ignorance est confirmé par nous, car la même encercle l’endormi. Béni est celui, qui voit dans l’horizon les rayons du matin avec la miséricorde du Seigneur le plus Exalté. La noirceur est l’illusion de l’endormi, qui ainsi sont empêchés du pèlerinage en direction du Royaume que le Tout Puissant Souverain a révélé par Son ordre exprimé. Nous approuvons pleinement à vos paroles en ce qui concerne l’esprit et voyons qu’il n’y a aucune différence entre nous.
L’esprit est trop pur pour être atteint par des différences, ni il ne peut être compris par des signes extérieurs, car il est l’apparition de la lumière de l’unité parmi les créatures et le symbole de progrès entre les nations. Celui qui le reçoit, le reçoit qui lui a été envoyé et celui qui s’y oppose, lui oppose de (whom he proceedeth). Il est ce qu’il est et il reste ce qu’il a été, mais ses rayons diffèrent selon la pureté des miroirs et selon la différence des formes et des couleurs. Oh! ami, lorsque le symbole est révélé à ceux qui pourraient être convaincus, alors les coeurs de ceux-ci trembleront, qui ont pillé ce qu’ils possédaient et jeter ce qui appartient au Seigneur. Cher Monsieur! Lorsque vous considérez ce que nous disons, alors viendra (to pass through) ce qui s’était anciennement passé. Oh ami! l’oiseau est dans les griffes de l’oppression et de la méchanceté et il ne trouve aucun nid où il puisse se reposer ni d’espace où fuir. Dans cette condition, la créature supplie pour la vie éternelle. Bénie est l’oreille qui entend et l’oeil qui voit! Nous demandons à Dieu qu’Il puisse nous unir dans le même endroit et nous donner ce qui est agréable à Sa vue.
Signé, l’opprimé. (80)

Dans la lettre d’accompagnement, Zeller montre qu’il a compris les revendications dont Baha’u’llah émet la prétention:

«Ci-joint, je vous demande de vous transmettre... la copie traduite d’une lettre du chef des babys, Beheya Allah, qui est à présent emprisonné à Akka. J’ai lu avec beaucoup d’intérêt l’article dans «l’Intelligencer Missionnary» de juin à propos de cette secte et je crois que la lettre jointe sera intéressant à l’éditeur de l’intelligencer. L’original est écrit en arabe avec de fréquentes utilisations de rimes, qui quelque part obscurcissent la signification et qui ne peut être imité dans une traduction littérale. Je ne souhaiterais pas qu’une utilisation publique soit faite de cette lettre car je ne sais pas si le propriétaire le souhaiterait. - Bien que Beheya Allah connaisse très bien comment utiliser le langage écrit, les références et les idées spirituelles, qui anciennement déçurent le docteur Chaplin et Monsieur Smith, il est pourtant tout à fait clair de cette lettre qu’il revendique une autorité divine seulement pour lui-même. Cela apparaît aussi des fréquentes conversations que j’ai eues durant les dernières années avec certains de ses disciples qui traversèrent Nazareth (81). L’extrême fanatisme des babys et le vrai esprit de Beheya Allah est démontré par le fait que ce dernier hiver, trois de ses adhérents qui partageaient son exil furent secrètement assassinés par son ordre et quelque temps après, trois ou quatre autres babis furent publiquement, et en partie sous les yeux du Pacha de Akka, tués sous l’ordre de Beheya Allah». (82)

Le Révérend James Huber, qui aimait Zeller qui était un allemand né dans le Württemberg et un missionnaire de la Société missionnaire de l’église stationnée à Nazareth, fut aussi en proche communication avec les Templiers allemands. Dans sa lettre annuelle daté du 28 novembre 1872, Huber enregistre une visite qu’il fit aux baha’is à Akka en compagnie de Hardegg :

«On ne peut dire que les musulmans soient à contre coeur d’écouter des conversations religieuses, et en particulier les européens sont traités avec civilité. Ils connaissent aussi à présent la différence entre le christianisme évangélique et ceux des églises orientales qu’ils n’estiment pas très grandement.
Il y a un mois, j’ai eu l’occasion de voir certains des babys persans à Akka. Comme les allemands ont une colonie à Caiffa(sic) qui se trouve à environ 9 milles de distance, certains des persans vinrent plusieurs fois chez Monsieur Hardegg, le chef de la colonie, et il pensait qu’ils étaient impatients d’apprendre quelque chose sur le christianisme, mais il ne put jamais établir leur réel désir, et lorsqu’il les invita et qu’il leur promis un entretien avec leur prophète, «Behau Allah» (Gloire de Dieu), Monsieur Hardegg m’écrivit en m’invitant à me joindre à lui. J’informais Monsieur Zeller à ce sujet, et il pensait que ce serrait intéressant et il me dit d’y aller. De Caiffa(sic), nous partîmes tôt le matin et arrivâmes à Akka à 8 heures. Nous continuâmes dans un attelage gardé par les colons allemands, qui étant une grande amélioration et un plaisir pour tous ceux qui souhaitent le bien-être spirituel et temporel de ce pays.
Après être restés un peu de temps, nous allâmes à la maison où Behau Allah et son fils, Abbas Effendi vivait, surveillés par des policiers turcs. Après une conversation, nous découvrîmes que ce n’était pas leur désir de nous amener auprès de leur prophète, et toutes les excuses possibles furent entreprises des raisons de ne pouvoir le voir et de converser avec lui. Alors, nous commençâmes à parler à Abbas Effendi au sujet du misérable état de l’humanité déchue; de la nécessité d’un rédempteur; et combien c’était nôtre devoir de faire quelque chose pour nôtre propre salut, et pour ceux de nos compatriotes; spécialement ceux qui étaient considérés chefs de la secte religieuse devaient employer leur temps à cet effet, etc. Abbas Effendi, comme les druzes, approuvait tout ce que nous disions et semblait très bien informé; mais il pensait nécessaire d’apprendre bien certaines des langues européennes dans le but d’être capable de converser avec des européens dans leur propre langue. Nous lui dîmes qu’il y avait un travail plus important à faire pour l’homme spirituel. La sagesse de ce monde semble être à eux plus que la simple foi dans le Christ et de sa parole, comme ils sont aussi sages dans leur propre imagination. Je pense qu’ils recherchent la protection d’un Pouvoir européen et rien d’autre. Il se pourrait que, s’il il y avait un missionnaire à Akka qui pourraient les voir souvent, certains d’entre eux pourraient être amené à la vérité et à la connaissance du Christ». (83)

* Les missionnaires de la Société de L’Eglise:

Dans les quelques ansé qui ont suivi, Huber et Zeller, les missionnaires de la Société de L’Eglise opérant de Nazareth, continuèrent à avoir des contacts occasionnels avec les baha’is à Akka. Dans sa lettre annuelle datée de décembre 1872, Zeller écrit :

«Nous avions à l’occasion des opportunités d’entrer en contact avec des persans et des babis et nôtre frère indigène a eut une fois une discussion très intéressante à Akka avec un érudit mulla de Constantinople». (84)

Dans son rapport du trimestre finissant le 31 mars 1874, Huber rapporte qu’il a visité Akka le 12 janvier de cette année : «J’ai fait aussi la connaissance d’un jeune turc, Ahmad Effendi qui, sur le récit de ses vues libérales, fût bannit à Akka de laquelle il n’est pas autorisé à partir. J’étais simplement désolé de le voir en compagnie d’Abbas Effendi, le fils du chef des babis, Behau Allah, qui est sans doute toute religion existante et qui met la sagesse de l’homme bien au-delà de sa propre place». (85)

Zeller rencontra finalement Abdu’l-Baha en 1874, et dans une lettre datée du 7 septembre 1874, il enregistre ses impressions sur lui. Lui, cependant, identifie à tort Abdu’l-Baha comme «le chef des babis emprisonnés» : «Je vis aussi Abbas Effendi, le chef des babis emprisonnés; c’est un jeune homme hautement doué et fascinant». (86)

Dans son rapport du trimestre finissant le 31 mars 1875, Huber déclare :

«Les Babees(sic) de Perse, qui vivent en tant qu’exilés à Akka, sont plutôt prospères et en augmentation de par le nombre. Certains d’entre eux ont des beaux magasins et font de bonnes affaires, tandis que d’autres sont artisans.

«Behau Allah», leur prophète ne montre pas sa personne en public, et il va seulement parfois chez son voisin (un chrétien) de la porte de sa terrasse du troisième étage. (87) Ses gens lui payait une grande déférence et osait à peine le regarder en sa présence.

Les babis ne renient pas la parole de Dieu, mais au contraire, ils défendent l’authenticité de cette même parole dans le but de soutenir leur système; et que c’est la raison pour laquelle les musulmans d’Akka recherchent les Ecritures. Ils croient aussi en la divinité et l’incarnation de nôtre Seigneur Jésus». (88)

* D’autres récits:

Durant les années qui s’ensuivirent, il y eût des visites sporadiques à la communauté baha’ie de Akka de divers européens et d’un américain. Bien que certains d’entre eux mentionnent avoir rencontré Baha’u’llah lui-même, il doit y avoir quelque doute si ils le firent ou non. A cette époque, Abdu’l-Baha était en train de diriger toutes les affaires externes de la communauté à Akka et traitait sans aucun doute avec tout européen qui venait à Akka désireux de rencontrer les baha’is. L’immense connaissance et le magnétisme personnel de Abdu’l-Baha auxquels les récits précédents par le docteur Chaplin et les missionnaires ont porté témoignage, pourraient avoir égaré les voyageurs de penser qu’ils rencontraient le «prophète» de la nouvelle religion.

En 1880, le Révérend Henry R. Coleman (89), un franc-maçon américain, voyagea à travers la Terre Sainte et arriva à Akka. Dans son livre «Light from the East», il apparaît décrire un entretien avec Baha’u’llah qu’il préface avec la remarque suivante : «J’ai reçu la note d’une secte parmi les musulmans de Perse qui intéressera le lecteur» (90)En fait, ce passage est une traduction du récit de Hardegg de son entretien avec Abdu’l-Baha (voir Addendum dans ce chapitre).

Laurence Oliphant, qui a déjà été mentionné en lien avec l’interrogatoire de Baha’u’llah, arriva à Haïfa en décembre 1882, et il s’installa dans une maison de la colonie allemande. Plus tard, il acquis aussi une maison à Daliiyatu’l-Karmil, un village druze à 10 milles au sud de Haïfa où il passa les mois d’été.

Seulement quelques années après son arrivée à Haïfa, Oliphant écrivit pour le «New York Sun», auquel il était un contributeur régulier, un récit de la communauté baha’i à Akka. Sa lettre fut publiée le 10 décembre 1883 et apparut plus tard avec nombre d’autres contributions d’Oliphant à ce journal, dans son livre appelé « Haïfa, or Life in Modern Palestine». Le chapitre est intitulé « Les babs et leur prophète:

«Haïfa, 7 novembre 1883 - Le Nahr Aman, appelé par les anciens la rivière Belus, s’élève dans un grand marais à la base d’un tumulus dans la plaine d’Acre appelé le Tell Kurdany et après une courte distance de 4 milles, rempli par le sol marécageux à travers lequel il passe, il atteint des dimensions considérables. Avant de tomber dans la mer, il remonte à travers une daterie extensible et puis enroule son chemin entre les rives de sable fin, tombe dans l’océan à peine 2 milles des murs d’Acre. Pline nous dit que le verre fut fait tout d’abord par les anciens des plages de cette rivière et le nombre de spécimens de verre ancien que j’ai trouvé en fouillant la terre témoigne de l’usage extensif de ce matériau dans le voisinage. La plage à son embouchure était aussi célébrée comme un endroit où les coquilles que produisait le violet de Tyr seraient trouvées en grande abondance, et j’ai réussi à extraire la teinture de certains de ceux que j’ai réuni ici. Elle était aussi renommée pour une colossale statue de Memnon qui selon Pline, était sur ses rives, mais le site de cela n’a pas été identifié de manière sure. Le seul point d’attraction maintenant sur ses eaux est un jardin (91) appartenant à un éminent persan, dont la résidence à Acre est investi d’un tel intérêt pécuniaire que j’ai fait une expédition vers son jardin d’agrément avec la chance de découvrir plus qu’un regard de lui qu’il était possible de faire à Haïfa.
En tournant brusquement vers la droite avant d’atteindre Acre, et passant près de la terre sur laquelle Napoléon planta ses batteries en 1799, nous entrâmes dans une daterie par un chemin bordé de haies de hauts cactus et finalement atteignîmes une chaussée que traverse un petit lac formé par les eaux du Bélus et qui, en traversant un bras de la rivière, nous fait atterrir sur une île qui l’encercle. Cette île, qui mesure environ 200 yards de long par à peine 100 de large, s’étend partout en des parterres de fleurs et est plantée d’arbustes et d’arbres fruitiers. En arrivant soudainement, c’est une scène dans un royaume de fées. Au centre se trouve une fontaine de laquelle l’eau est amenée de toute part du jardin. Les parterres de fleurs sont tous bordés avec des bordures de maçonneries soignés et sont enfoncés sous les canaux d’irrigation. Sur un lit de marbre, les eaux de la fontaine viennent onduler dans un large courant dans une demeure de félicité, où deux immenses et vénérables mûriers jettent une ombre impénétrable au-dessus d’une plate-forme avec des sièges tout le long d’une longueur d’un côté, protégé par une balustrade qui se projette au-dessus des eaux du Bélus, qui ici coule dans un courant clair de 14 ou 15 pied de large et deux ou trois de profondeur, sur un fond caillouteux, où le poisson est de taille considérable et évidemment préservé s’élancent sans peur ou arrivent aux marches pour être mangé. Le courant est bordé de saules pleureurs et le lieu avec sa richesse en eau, son ombre épaisse, son air parfumé de jasmin de d’orangers, forment une retraite idéale des chaleurs de l’été. Les vues et les sons sont tous suggestifs de la langueur et du farniente, de cette condition particulière connue aux orientaux de «kief», lorsque les sens sont apaisés par les bruits d’eau murmurante, les odeurs de plantes parfumées, les ombres dansantes du feuillage, ou les teintes magnifiques de fleurs et les fumées du narghilé.
Le gardien, un persan reposé dans une grande (cap), qui gardait l’endroit en ordre scrupuleux, nous donna une bienvenue digne. Son maître, dit-il, ne viendrait pas avant cet après-midi, et si nous disparaissions avant son arrivée, nous serions bienvenue de partager nôtre dîner à sa table sous les mûriers et de s’asseoir sur ses bancs; et plus tard, il étendit même son hospitalité à nous fournir de l’eau chaude.
Ainsi fut fait que nous prîmes possession du jardin d’Abbas Effendi avant d’avoir l’honneur de faire la connaissance de ce gentleman, un acte non d’une petite audace, lorsque je vous informe qu’il revendique être le fils aîné de la dernière incarnation du de la divinité. Comme son père est en vie et est résident à Acre - si on peut s’aventurer à parler d’un tel être résident partout - mon angoisse de voir le fils fut seulement outrepassée par ma curiosité d’interroger le père. Mais cela, comme je l’ai expliqué tout à l’heure, semble un espoir qu’il ne sera pas possible de réaliser. Pendant ce temps, je continue à vous donner, autant que j’étais capable d’apprendre, un récit de qui est le père d’Abbas Effendi et tout ce que je sais sur lui, faisant toujours remarquer que je fais seulement si sujet à toute modification qu’une enquête supplémentaire pourrait me suggérer... [Oliphant donne alors un récit du Ministère du Bab].
Le Bab avant son exécution nous donna à comprendre que bien qu’il était apparemment mort, lui, ou plutôt la divine incarnation de qui il était le sujet, réapparaîtrait brièvement en la personne de son successeur, qui, je crois, il a nommé secrètement. Je ne sais pas exactement quand le demandeur présent fit faire connaître ses prétentions d’être ce successeur, mais, de tous les évènements, il était universellement connu par la secte du Bab, à présent au nombre de centaines de milliers, et devint un personnage si formidable, étant un homme de haute lignée - en fait, il est susurré qu’il est un parent du Shah lui-même - qu’il était fait prisonnier par le gouvernement et envoyé en exil. Le sultan de Turquie entrepris gentiment de subvenir à son incarcération et depuis quelques années, il était prisonnier d’état à Andrinople. Finalement, il fut transporté de cet endroit à Acre, en donnât sa parole de rester calmement là-bas et de ne pas retourner en Perse, et là-bas il vit depuis lors dans un objet d’adoration de ses compatriotes, qui affluent ça et là pour lui rendre visite, qui le comble de cadeaux, et plus de 200 d’entre eux restent là-bas comme une sorte de garde du corps permanent.
Il est visible seulement aux femmes et aux hommes des classes les plus pauvres, et il refuse obstinément de laisser son visage être vu par tout homme au-dessus du rang d’un fellah ou d’un paysan. En fait, ses propres disciples, qui lui rendent visite sont seulement autorisés à un regard de son auguste dos et en se retirant de ce qu’ils ont (to back out) avec leurs visages envers lui. J’ai vu une femme qui a été honorée d’un entretien, durant lequel il ne disait rien d’autre que de lui donner sa bénédiction, et après environ trois minutes, lui fit signe de se retirer. Elle le décrit comme un homme de probablement 70 ans, mais paraissant beaucoup plus jeune, alors qu’il a ses cheveux et sa barbe noire, mais d’une contenance très douce et un (cast) bienveillant. Il vit dans une villa dans la plaine, à environ 2 milles au-delà d’Akka, qu’il a loué d’un gentleman syrien de ma connaissance, qui me dit qu’une fois ou deux, il la vu marchant dans son jardin, mais qu’il se retournait de telle sorte que son visage ne pourrait être vu. En fait, le plus profond secret le concernant et les principes religieux de sa secte sont maintenus». (92)

En regard au récit d’Oliphant, Browne écrivit :

«Plusieurs déclarations erronées sont faites, particulièrement celle du fait que Beha «est visible seulement aux femmes et aux hommes des classes les plus pauvres», et que « ses propres disciples qui lui rendent visite sont seulement autorisés à porter un regard de son auguste dos». J’ai moi-même, durant la semaine que j’ai passé à Acre (13 au 20 avril 1890), été admis en la présence auguste 4 fois, chaque entretien durant 20 minutes; particulièrement en une occasion, j’ai vu Beha marchant dans son jardin de Janayn entouré par une douzaine de ses disciples principaux, pas un jour ne passe où de nombreux babis de toutes classes sont autorisés de l’attendre». (93)

Ce récit par Oliphant fut écrit comme étant cité seulement une année après l’arrivée d’Oliphant à Haïfa et il semble probable que durant les années qui s’ensuivirent, Oliphant développa des relations proches avec les baha’is à Akka. Certainement la déclaration suivante écrite par Valentine Chirol dans son « The Middle Eastern Question» en 1903 tend à confirmer ce point de vue. Il doit être noté que la phrase « jouir de la faveur de l’hospitalité de Baha’u’llah» pourrait indiquer qu’Oliphant et Chirol ne rencontrèrent pas Baha’u’llah lui-même et certainement le «groupe d’américains» rapporté ne joua pas un rôle dans l’établissement de la religion de Baha’u’llah en Amérique (94)

«Beha’ullah ne devint pas seulement la tête reconnue du babisme, mais il composa de volumineux écrits, qui progressivement surpassèrent les écrits du Bab lui-même, et il réclama même plus emphatiquement que le Bab être révéré comme une incarnation divine. Des pèlerins de Perse affluèrent à une époque dans les cours les plus modestes qu’il tenait à Acre, et qu’il utilisa occasionnellement pour recevoir quelques visiteurs privilégiés, tels que le professeur Browne d’Oxford, l’autorité principale sur le babisme, et le regretté Laurence Oliphant qui, de ses derniers jours de sa retraite sur le Mont Carmel, garda des relations amicales avec les chefs d’un mouvement qui, comme dans toutes les spéculations religieuses, il était profondément intéressé. Ce fut en tant qu’invité d’Oliphant qu’en 1885, j’ai jouit de la faveur de l’hospitalité de Baha’u’llah, et sous les mêmes auspices furent reçus par lui un groupe d’américains en recherche de nouvelles vérités spirituelles, dont la visite, et plus directement des prêches d’un missionnaire babi, Ibrahim Khairullah, qui faisait des conférences en Amérique, avait là-bas fait se lever une branche américaine de l’église babie, qui compte, dit-on, quelque 4000 adhérents, principalement à Chicago. (95)

En 1893, il apparut un article dans le magazine allemand «Aus Allen Welteilen». Il est naturellement écrit en allemand et l’auteur n’est pas indiqué. Le titre de l’article est « The Persian God in Akka». Des contenus et du ton de l’article, il apparaîtrait que l’auteur doit avoir vécu dans les environs d’Akka durant nombre d’années et qu’il n’était pas particulièrement amical envers les baha’is. Il est probable que l’auteur était l’un des colons allemands Templiers. Dans le début de cet article, beaucoup d’informations traitant de Shaykh Ahmad et du Bab fut probablement dérivé d’une étude des écrits de Browne. La section traduite ici, pour ce qu’elle est digne, est la partie de l’article qui traite de Akka et démontre la sorte de rumeurs et de fantaisies courantes parmi la population de Haïfa et de Akka au sujet de la colonie baha’ie :

«Ils ne sont pas rester à Bagdad très longtemps, car ils étaient trop près de la Perse. Ils ont été à présent bannis à Andrinople. Yahya (Mirza Yahya, Subh-i-Azal) devint ennuyé dans sa solitude et émergea en se cachant. La secte fut ainsi coupé en deux parties qui étaient opposées l’une à l’autre. L’un adhéra au Mirza (Baha’u’llah), l’autre à Yahya. Le gouvernement fut contraint d’intervenir et il bannit Yahya à Chypre et Mirza à Akka. Ce dernier a maintenant une suite de 200 adhérents à Akka et environ 80.000 disciples en Perse. Il vit comme u prince mais ne laisse personne le voir. Il possède deux palais, l’un dans la ville (la maison d’Abbud) et une à l’extérieur (le manoir de Bahji) aussi bien qu’un grand jardin (le jardin de Ridvan).
Ses disciples lui offrent le meilleur qu’ils ont et considère comme la plus grande fortune de vivre près de lui. On paye 6000 francs pour obtenir le poste d’un gardien, 40.000 autres francs pour la position de jardinier. Ce dieu persan mène une vie très douce dans son harem. (96) Il sort seulement la nuit, toujours recouvert et avec une grande suite; il reçoit des visiteurs de derrière un mur. L’un de ses fils, qui est désigné être son successeur, doit aussi mener une vie retirée. Dans l’année 1886, il y eût de la bijouterie volée, près de 600 francs, et le voleur, comme il est de coutume lorsque le voleur n’est pas découvert, alla à l’aide de la sorcellerie. Durant la formule magique, il apparut au sorcier une foule d’esprits et il entendit d’eux les mots suivants: « N’auriez-vous pas pu trouver une autre occasion pour nous importuner?». Ne voyez-vous pas que nous sommes pleinement occupés à préparer une fête pour la déesse persane mourante?». De cette manière, on apprit qu’une femme du dieu persan était morte, et quelques jours plus tard, cette femme mourût. (97)

Sir Mountstuart Grant Duff dont la visite à Haïfa a été référée ci-dessus, enregistre dans son journal du 1 décembre 1887 une rencontre avec Abdu’l-Baha:

«Après que j’ai payé ma visite officielle, j’allais avec mes compagnons - le vice-consul anglais à Haïfa (98) et Monsieur Haskett Smith (99), un ami d’Oliphant, cherchant maintenant après ses affaires dans cette partie du monde - d’appeler Abbas Effendi, le fils d’un homme qui revendique être le chef de la secte persane très remarquable connue en tant que les Babis. Il promit un jour de venir me voir à Haïfa et de me donner un récit de leur histoire, qui est connue de manière imparfaite en Europe. « Inshallah» (si Dieu le veut), dit-il et (so say I) (100)

Un autre récit de Baha’u’llah mérite une mention sur ce point. Bien que dérivé d’un oriental et comme tel en dehors de la portée de ce livre, néanmoins il fut publié en 1896 dans l’un des périodiques français les mieux connus, la «Revue bleue - Revue politique et Littéraire», et pour cette raison a été inclut ici. L’auteur, Amir Amin Aslan, était un écrivain druze de famille princière. Il écrit :

«J’ai eu l’honneur de capturer un regard de celui qui est l’incarnation du «Verbe de Dieu» aux yeux des persans. C’était en 1891, durant un voyage que j’ai fait à Saint Jean d’Acre. Dès que je suis arrivé, j’étais désireux de faire une visite à Abbas Effendi, le fils aîné du «Verbe» qui était responsable des relations extérieures de la communauté. Je l’ai connu à Beyrouth en Syrie et là-bas ont été rapidement établis entre nous les liens d’une vraie amitié.
Abbas Effendi me reçut dans le somptueux palais où il vit avec son père, «le Verbe»... Naturellement, je sollicitais de sa part l’honneur d’une audience avec son saint père. Il m’expliqua de manière très gentille que ce n’était pas la coutume de celui qui représentait la Divinité d’admettre en sa présence des mortels incroyants. Depuis que j’insistais, il promit de faire tout son possible pour m’amener à la réalisation de mon souhait.
Finalement, après trois jours, je reçu un mot que ce signe favorable m’avait été accordé... Je pensais alors que j’allais être capable de converser avec celui qui était le reflet sur terre des rayons de la Divinité, mais mes illusions furent rapidement dispersées. J’avais à me contenter moi-même en capturant un regard de l’illustre Baha’u’llah au moment où il sortit pour faire sa marche quotidienne dans l’immense parc environnant sa résidence. En fait, «le Verbe» ne quitte jamais l’intérieur de sa maison en dehors du fait de marcher dans son parc le soir, à un moment où il pourrait mieux éviter les attentions indiscrètes d’étrangers.
Mais Abbas Effendi m’avait précautionneusement positionné derrière une partie du mur le long de son chemin, de telle manière que je pourrais aisément le contempler pendant un court instant. Je crois même que «le Verbe de Dieu» avait réalisé la présence d’un étranger et avait compris que c’était une question d’accorder une faveur à un ami. Son apparence frappa mon imagination de telle façon que je ne peux mieux me le représenter qu’en évoquant l’image de Dieu le Père, commandant dans sa majesté, au milieu des nuées, aux éléments de la nature».

Baha’u’llah mourut il y a trois ans à l’âge de 86 ans (101). Les persans préparaient pour lui des funérailles qui était d’une magnificence sans précédent et chaque goutte d’eau avec laquelle ils lavaient son corps était disputée et achetée à prix d’or.

Il est enterré dans sa propriété à Saint Jean d’Acre. (102)

Arslan conclut avec l’hommage suivant de Abdu’l-Baha :

«C’est un homme d’une intelligence rare et bien que persan, il a une profonde connaissance de nôtre langue arabe et je possède des lettres en arabe de lui qui sont des chefs-d’oeuvre de style et de pensée et par dessus-tout dans une calligraphie orientale». (103)

* La visite de E. G. Browne:

De tous ces récits de Baha’u’llah, le voyage de Browne à Akka et son audience avec Baha’u’llah en 1890 doit rester la plus intéressante, non seulement à cause de la description vivante de Browne de lui, mais aussi parce que là-bas pour la première et seule fois, un européen qui avait étudié le mouvement babi et baha’i était pleinement conscient de la station de la personne qu’il rencontrait. Par conséquent, les diverses démarches que Browne pris lorsqu’il approchait d’Akka sont intéressantes en cela qu’ils sont les vrais démarches qu’un pèlerin baha’i de Perse aurait également à prendre. D’où l’extrait suivant plutôt long de la description de Browne de sa visite à Akka :

«Alors que j’avais à présent deux semaines à ma disposition avant de devoir à nouveau tourner mon visage vers la maison, j’étais naturellement impatient d’arriver aussi vite que possible à Acre, spécialement lorsque j’appris que manquerais-je de trouver un vapeur relié directement pour ce port, au moins trois jours seraient consumés par le voyage ça et là. Il m’était cependant tout d’abord nécessaire d’obtenir une permission des quartiers généraux babis; car bien que je pourrais sans doute arriver à Acre si (I so pleased) sans consulter (any’one inclination save my own), il était certain qu’à moins que mon voyage ait reçu auparavant la sanction de Beha en toute probabilité résulter en rien qu’échec et déception. A présent ils résident à Beyrouth, Port-Saïd et Alexandrie (par l’un de ses places tous désireux d’arriver à Acre par mer doit de (necessity pass) des babis en conséquence de quoi tous désireux de visiter Beha doivent en premier lieu faire une demande. Une telle application devrait se révéler un succès, le demandeur est informé qu’il pourrait continuer son voyage et reçoit autant d’instruction, de conseil et d’aide que cela pourrait être nécessaire. A l’agent babi à Beyrouth (dont je ne me sens pas moi-même la liberté de citer) (104), j’ai une lettre de recommandation de l’un des parents (105) avec qui je suis entré en relation en Perse. La première chose que je fis à mon arrivée fut d’envoyer un messager pour découvrir sa demeure. Le messager retourna rapidement, disant qu’il avait en fait réussi à trouver la place indiquée, mais que l’agent était absent de Beyrouth. Ce fut un très sérieux coup à mes espoirs, car le temps était contre moi, et chaque jour était d’une importance vitale. Il n’y avait rien à faire cependant de faire de mon mieux en la matière, et par conséquent j’allais en personne dans la demeure de l’agent absent et me présentai moi-même à son adjoint qui ouvrit et lut attentivement ma lettre de recommandation, puis m’informa que son maître était à Acre et qu’il n’était pas espéré être de retour avant 10 ou 15 jours. En réponse à mes interrogations impatientes de comment je pouvais faire au mieux, il me conseilla d’écrire une lettre à son maître expliquant l’état de la situation, laquelle lettre, avec la lettre de recommandation, il entreprit d’expédier tout de suite, comme la poste par chance allait partir pour Acre ce soir. J’écrivis tout de suite comme il le disait et puis je retournai à mon domicile avec la conscience déprimante qu’au moins 5 ou 6 jours doivent s’écouler avant que je puisse recevoir une réponse à ma lettre ou démarrer pour Acre...

Heureusement, les choses tournèrent beaucoup mieux que je ne l’avais espéré. Dans la première place, je fis la connaissance de Monsieur Eyres, le vice-consul britannique, dont la gentillesse et l’hospitalité fit beaucoup pour rendre mon séjour à Beyrouth agréable et qui, en apprenant que je souhaitais aller à Acre, me dit qu’il avait lui-même l’intention de partir pour Acre et Haïfa le vendredi suivant (11 avril) et que je pourrais si je le souhaitais l’accompagner. Dans le second lieu, il m’arriva que je pus sauver deux ou trois jours de retard en télégraphiant à Acre aussi vite que si ma lettre, dans le cours naturel des choses, doit avoir atteint sa destination, et demandant un télégramme en réponse pour m’informer si je pourrais aller plus loin. Le mercredi 9 avril, par conséquent, j’envoyai un télégramme à cet effet. Le jeudi soir, de retour après le coucher du soleil à mon hôtel d’un ballade à cheval dans les collines, je fut à la rencontre avec les nouvelles de bienvenue qu’un persan m’avait appelé deux fois pour me voir durant l’après-midi en déclarant qu’il avait une chose importante qui ne souffrirait pas de retard et qu’il avait laissé une note pour moi que je devrais trouver en haut de l’escalier. De cette note, rapidement griffonnée sur un bout de papier, j’appris qu’une permission m’avait été accordée et que j’étais libre de partir dès que je le désirais.

En recevant ces informations, ma première action fut de vérifier s'il n’y avait pas de doute en appelant tout de suite l’adjoint de l’agent absent, que je trouvai heureusement au domicile. Il me congratula chaleureusement sur l’issue heureuse de mes affaires et me remit le télégramme original. Ce fut laconique à l’extrême, contenant à côté de l’adresse, deux mots seulement : «Yatawajjahu’l-musafir» (Laissez le voyageur approcher). Puis il m’informa que comme aucun vapeur ne partait pour Acre, je devais de toute nécessité arriva là-bas par la terre, et que la raison pourquoi il avait été si impatient de communiquer avec moi tout de suite était que la poste quittait en ce jour au coucher du soleil et que je pourrais avoir à l’accompagner. Je lui parlais alors de l’offre de Monsieur Eyres; qui, comme nous étions d’accord, était un très exceptionnel morceau de bonne fortune, vu qu’il me proposa de partir le matin suivant et qu’il espérait atteindre Acre le 13 avril...

Nous entrâmes à Acre en direction du coucher du soleil le 13 avril et faisant nôtre chemin à travers les beaux bazars, sur les pavés de pierre lisse d’où les sabots de nos chevaux glissaient comme sur de la glace, se posant à la maison d’un marchand chrétien nommé Ibrahim Khuri, qui nous accorda la réception hospitalière la plus habituelle. Ce même soir, j’envoyai une note à l’agent babi, qui revint par le message non décacheté avec les nouvelles désagréables que mon mystérieux correspondant était allé à Haïfa avec Beha, le fils aîné Abbas Effendi. C’était l’information la plus fâcheuse; car comme Monsieur Eyres allait partir le jour suivant pour Haïfa, et je ne souhaitais pas outrepasser davantage l’hospitalité d’Ibrahim Khuri.

C’était absolument essentiel que je puisse obtenir de l’aide des babis en trouvant d’autres coins. Evidemment, il n’y avait rien à faire d’autre que d’attendre le lendemain et ce qu’il réserverait.

Le lendemain matin, je me renseignais si il y avait quelque représentant de l’agent absent qui pourrait être au courant de son mouvement et qui pourrait me conduire dans un magasin dans le bazar, où je trouverai un jeune, grand et beau, habillé entièrement de blanc sauf pour son fez rouge (106), au-dessous duquel une masse de cheveux noirs brillant (swept back) derrière ses oreilles, au niveau le plus bas duquel cela terminait. Ce jeune, m’accostant en turc, me demanda tout d’abord de manière quelque peu hautaine ce que pourrait être mon affaire. Je lui répondis en persan, ce à quoi il parut surpris; et après avoir entendu ce que j’avais à dire, il me pria de le suivre. Il me mena à une maison située près du bord de mer, à la porte duquel nous fûmes accostés par un vieux persan avec de longs cheveux gris et une barbe (107), dont le regard scrutateur était rendu plutôt plus que moins formidable par une énorme paire de lunettes. Cet homme, après avoir conversé pendant quelques instants avec mon guide en sourdine, me mena dans une grande pièce dénuée de tout meuble sauf une sorte de divan qui (run round) de ses quatre côtés. J’étais à peine moi-même assis lorsqu’un autre persan (108), évidemment supérieur en autorité aux deux autres, entra et me salua. C’était un homme de taille moyenne et d’âge moyen, avec un air curieux mais non déplaisant, de quoi la partie la plus basse était dissimulée par une courte barbe apprêtée. Après m’avoir prié de me rasseoir (car je m’étais naturellement levé à son entrée) et ordonnant à son serviteur (de qui je découvrais, étais le vieil homme qui m’avait rencontré à la porte) de me donner une tasse de café, il continua à me soumettre à un examen serré et très minutieux comme sur ma nationalité, mon occupation, mes voyages en Perse, les buts de mon voyage actuel, et ainsi de suite. Mes réponses apparurent lui satisfaire; et lorsqu’il eût fini son questionnement, il me demanda ce que je proposai de faire. Je lui dit que je serai entièrement guidé par son conseil. Puis il me demanda si je continuerais à Haïfa, où j’étais certain de trouver l’agent à qui je demanderais avec le fils de Beha, Abbas Effendi. A cela, je répondis que je n’avais que quelques jours à ma disposition, et comme Acre et non Haïfa était le but de ma visite, je souhaiterai plutôt rester que partir. « Dans ce cas», dit-il, «j’irais moi-même à Haïfa cet après-midi et vous rapporterai demain ce que vous devez faire»...

Vers le soir, je reçu un autre visiteur, dont la mine tout comme le port le marquait comme une personne conséquente. (109) C’était un homme de peut-être 30 ou 35 d’âge, avec un visage qui rappelait à l’esprit les types les plus fins de la physionomie persane, préservés à nous dans les bas-reliefs de Persépolis, pourtant avec quelque chose en cela au-delà de cela, qui involontairement rappelait à mon esprit la pensée. « Que ne donnerait un artiste désireux de peindre un saint ou un apôtre pour un tel modèle!». Mon visiteur, - qui, comme je le découvris après était le fils du frère décédé de Baha, Musa, - était habillé, sauf pour le grand fez rouge qui encerclait sa tête, entièrement d’un blanc pur; et tout en lui, de sa courte barbe bien taillée et les masses de cheveux noir comme jais balancées hardiment derrière ses oreilles, à l’ourlet de son vêtement reluisant de propreté, était caractérisé par la même scrupuleuse netteté. Il me salua très gracieusement, et resta à converser avec moi toute la soirée. Peu de temps après le souper, il me souhaita bonne nuit, disant que je devais sans doute être fatigué de mon voyage. Je fus alors conduit par le fils de mon hôte et le vieux serviteur à la chambre où j’allais passé l’après-midi où, à mon étonnement, je trouvai qu’un lit munit avec des moustiquaires les plus efficaces et muni de draps blanc clair et un matelas doux, avaient été préparé pour moi...

Je me levai le matin suivant (mardi 14 avril) après un repos très réparateur et je fut servi avec du thé par le vieil homme avec les lunettes. Peu après cela, une soudaine excitation sans (announced) l’arrivée de nouveaux visiteurs et un moment après que mon compagnon du soir précédent entra dans la chambre accompagné de deux autres personnes, l’un d’elle se révéla être l’agent babi de Beyrouth, tandis que l’autre, comme je l’ai deviné dès le début par l’extraordinaire déférence montré à lui par tous ceux présents, n’était nul autre que le fils aîné de Baha, Abbas Effendi. Rarement je n’avais vu quelqu’un dont l’apparence m’impressionnait autant. Un homme grand puissamment bâti, se tenant lui-même droit comme une flèche, avec un turban blanc et un manteau, des cheveux longs et noirs atteignant presque aux épaules, un front large et puissant indiquant une intelligence puissante combinée avec une volonté ferme, des yeux pénétrant comme un faucon, et avec des traits fortement marqués mais agréables - tel était ma première impression de Abbas Effendi, «Le Maître» comme il est appelé par excellence par les babis. La conversation qui suivit avec lui servit seulement à intensifier le respect avec lequel son apparence m’avait dès le début inspiré. Encore une éloquence dans la parole, plus instantané dans l’argument, plus apte dans l’illustration, plus intimement au courant des livres sacrés des juifs, des chrétiens, des musulmans, je penserai, pourrait être à peine trouvé même parmi les races éloquentes, instantané et subtile à laquelle il appartient. Ces qualités, combinées avec un maintien à la fois majestueux et cordial, me fit cesser de me demander l’influence et l’estime dont il jouit même au-delà du cercle des disciples de son père. A propos de la grandeur de cet homme et de son pouvoir, personne qui l’a vu ne pourrait entretenir un doute.

En cette illustre compagnie, je pris le repas du midi. Peu de temps la fin du repas, Abbas Effendi et les autres se levèrent avec un préliminaire «Bismillah» et me signifiait que je pourrais le accompagner, ce que je fis, sans avoir quelque idée de où nous allions. J’observais, cependant, que les sacoches contenant mes effets étaient transportées après nous par l’un de ceux présent; de quoi je concluais que je n’étais pas destiné à rester dans mes quartiers présents. Nous quittâmes la maison, traversâmes les bazars, et quittâmes la ville par sa seule porte. En dehors de cette porte près de la mer est un grand hangar qui sert de cafétéria, et là nous nous assîmes nous-mêmes, mes compagnons attendant évidemment l’arrivée de quelque chose ou de quelqu’un d’un grand manoir à moitié caché dans un bosquet d’’arbres situés à environ un mille ou un mille et demi à l’intérieur des terres, en direction de laquelle ils dirigeaient continuellement leurs regards. Pendant que nous étions en train d’attendre ainsi, un vieil homme paraissant bizarre, qui se révéla être nul autre que le célèbre Mushin-Kalam, arriva et s’assois lui-même à côté de nous. Il me dit qu’il avait entendu tout sur moi d’un de ses parents à Ispahan (ce même dallal qui avait les moyens de ma première introduction dans la communauté babie) et qu’il avait espéré me voir à Acre même depuis ce temps.

A présent, nous discernions au devant de nous la route du manoir (above) cité trois animaux, de ceux-ci était promené par un homme. Sur ce, nous nous levâmes et allâmes pour les rencontrer; et je me trouvais bientôt monté sur l’un de ces beaux ânes blancs qui, selon moi, sont de tous les quadrupèdes, les plus confortable à mener. Un quart d’heure plus tard, nous descendîmes en face du grand manoir précité, d’où le nom, Behje (Joie) est dit être une corruption (bien que, comme les babis ne manquent pas d’insister, une corruption très heureuse) de Bagheha (qui signnifie jardin). Je fus presque immédiatement conduit dans une grande chambre au rez-de chaussée, où je fus très cordialement reçu par plusieurs personnes que je n’avais jamais vues. Parmi celles-ci, il y avait deux des plus jeunes fils de Beha, de qui l’un avait apparemment environ 25 ans et l’autre environ 21 ans. Les deux étaient assez beaux et distingués en apparence, et l’expression du plus jeune était singulièrement douce et charmeuse. En outre de ceux-ci, un très vieil homme avec des yeux bleus lumineux et une barbe blanche, dont le turban vert le proclamait descendant du prophète, avança pour me saluer, disant «Nous ne savons pas comment nous pourrions vous saluer, si nous devrions vous saluer avec «as-selamu aleykoum» ou avec «Allahu abha». Lorsque je découvris que ce vénérable vieil homme (110) n’était pas seulement l’un des compagnons originels du Bab mais son parent et camarade depuis la tendre enfance, vous imaginerez bien avec quel vif désir je le contemplais et l’écoutait chacune de ses expressions.

Ainsi ici à Behje, je fus installé comme hôte; au beau milieu de tous ces récits du babisme plus nobles et plus sacrés; là j’ai passé cinq jours absolument inoubliables, pendant lesquels j’ai bénéficié d’occasions uniques et inespérées d’entrer en rapport avec ceux qui sont les sources de ce puissant et merveilleux esprit, esprit qui travaille avec une force invisible, mais toujours croissante, à la transformation et au réveil d’un peuple endormi du sommeil de la mort. Ce fut vraiment une étrange, une émouvante expérience, mais dont je déplore de ne pouvoir donner qu’une impression des plus faibles, je pourrais en fait, m’efforcer de décrire dans les détails les plus grands les visages et les formes qui m’entouraient, les conversations auxquelles je fus privilégié d’écouter, la lecture solennelle et mélodieuse des livres sacrés, le sentiment général d’harmonie et de contentement qui envahissait la pièce, et les jardins parfumés et ombragés où dans l’après-midi nous allions parfois; mais tout cela ne serait rien en comparaison de l’atmosphère spirituelle dans laquelle j’étais enveloppé. Les musulmans persans vous diront souvent que les babis ensorcellent ou droguent leurs invités (so that these), contraint par une fascination à laquelle ils ne peuvent résister, devinrent similairement affectés avec ce que les susdits musulmans regardent comme une étrange et incompréhensible folie. Sans fondement et absurde comme cette croyance est, elle reste pourtant une base de fait plus fort que ce qui supporte la plus grande part de ce qu’ils prétendent en ce qui concerne ce peuple. L’esprit qui envahit les babis est tel que l’on peut à peine manquer d’agir (most) puissamment tous sujets à son influence; cela pourrait épouvanter ou attirer; cela ne peut être ignoré ou non tenu compte. Laissons ceux qui n’ont pas vu me désavoue si ils veulent; mais devrait cet Esprit se révéler une fois à eux-mêmes, ils expérimenteraient une émotion qu’ils ne seraient pas près d’oublier.

De l’évènement culminant de cela, mon voyage, quelques mots doivent être dits. «Le matin qui suivit mon installation à Behje, l’un des plus jeunes fils de Beha entra dans la chambre où j’étais assis et me fit signe de le suivre. J’obéis et je fus conduit à travers des passages et des chambres que j’avais à peine le temps d’entrevoir, à un grand hall pavé, autant que je me puisse m’en souvenir, - car j’avais alors d’autres pensées, - d’une mosaïque de marbre. Mon conducteur s’arrêta un moment devant une portière tendue au mur de cette vaste antichambre, pendant que j’ôtais mes chaussures. Puis, d’un mouvement vif, il souleva la portière, s’écarta et la remit en place après que j’eus passé; Je me trouvai dans un grand salon, où était disposé le long du mur antérieur un diwan bas, tandis que, du côté opposé à la porte, se trouvaient 2 ou trois chaises. Comme j’étais embarrassé de savoir où je devais aller et ce que je devais faire, - car on ne m’avait donné aucune instruction nette, - je m’aperçus, au bout d’une à deux secondes, avec un saisissement de surprise et de respect, que la salle n’était pas vide. Dans l’angle du diwan placé contre le mur, était assis un personnage et vénérable, coiffé d’un fez en feutre de l’espèce de ceux que les derviches appellent «Taj», - mais d’une hauteur et d’une forme inusitée, - à la base duquel s’enroulait un mince turban blanc. Le visage de celui que je contemplais je ne pourrais jamais l’oublier bien que je ne puisse le décrire. Ces yeux perçants semblaient lire dans l’âme elle-même. La puissance et l’autorité régnaient sur ce large front; tandis que les lignes profondes du front et du visage indiquaient un âge que les cheveux d’un noir de jais et la barbe luxuriante tombant presque jusqu’au milieu du corps semblait démentir. Nul besoin de demander en présence de qui je me trouvais, tandis que je m’inclinais devant celui qui est l’objet d’une dévotion et d’un amour que les rois pourraient envier, et auxquels les empereurs aspireraient en vain!

Une voix douce et digne me pria de m’asseoir et continua alors: «Loué soit Dieu que vous soyez parvenu jusqu’ici!... Vous êtes venu voir un prisonnier et un exilé... Nous ne désirons que le bien du monde et le bonheur des nations; pourtant on nous considère comme un élément de désordre et de sédition méritant la captivité et le bannissement... Que toutes les nations deviennent une dans la foi et que tous les hommes soient des frères; que les liens d’affection et d’unité entre les enfants des hommes soient fortifiés; que la diversité des religions cesse et que les différences de race soient abolies; quel mal y a-t-il en cela?... Cela sera malgré tout! Ces luttes stériles, ces guerres ruineuses passeront, et la paix suprême viendra... N’avez-vous pas besoin de cela aussi en Europe? n’est ce pas ce que le Christ à prédit?... Pourtant Nous voyons vos rois et vos dirigeants prodiguer plus facilement leurs trésors à des fins destructrices de la race humaine, qu’à les consacrer au bonheur de l’humanité...Ces luttes, ces massacres et ces discordes doivent cesser et tous les hommes doivent être comme les membres d’une même famille... Que l’homme ne se glorifie pas d’aimer son pays, mais qu’il cherche plutôt sa gloire dans son amour du genre humain...

Tels furent, aussi loin que je puisse me rappeler, les mots qui parmi beaucoup d’autres, j’entendis de Beha. Laissons ceux qui les lisent considérer bien par eux-mêmes si de telles doctrines méritent la mort et les lien, et si le monde a plus à gagner ou à perdre par leur diffusion».

Mon entretien dura en tout environ 20 minutes, et durant la dernière partie de celui-ci, Beha lut une partie de cette épître (lawh) d’où la traduction occupe le dernier paragraphe page 70 et la plus grande partie de la page 71 de ce livre.

Durant les 5 jours passés à Behje (sic), (du mardi 15 au dimanche 20 avril), je fut admis en la présence de Beha quatre fois. Ces entretiens eurent lieu toujours une heure et demie avant midi, et durèrent de 20 à une demi-heure. L’un des fils de Beha m’accompagnait toujours et une fois Aka Mirza Aka Jan (Jenab-i-Khadimu’llah), le secrétaire (katib-i-ayat) était aussi présent dans leurs traits généraux, ces entretiens ressemblèrent au premier, auquel j’ai tenté de donner une description. En dehors de cela, un après-midi, je vis Beha marchant dans l’un des jardins qui lui appartenait. Il était entouré par un petit groupe de ses principaux disciples. Comment le voyage de et au jardin fut accomplit, je ne sais pas; probablement sous couvert de l’obscurité de la nuit.

Enfin le dernier jour auquel mon départ pourrait peut-être être reporté si j’(were) d’atteindre Cambridge avant l’expiration de mon visa d’arrivée. Répugnant (as i was to go), il n’y avait aucune aide pour cela; et peu enthousiaste, je déclinais les invitations pressantes pour prolonger mon séjour que la gentillesse de mes amis les poussait à renoncer. Trouvant que j’étais décidé à partir et que je ne pouvais rester plus longtemps sans courir un grand risque de briser ma promesse, ils cessèrent d’essayer de me dissuader de partir et avec la gentillesse la plus considérée, s’efforçaient de faire des arrangements pour mon retour ce qui pourrait plus conduire à mon confort. En dépit de toutes mes assurances que je pourrais aisément retourner par moi-même, il fut établit que l’agent babi de Beyrouth m’accompagnerait là. J’étais très contrarié de lui donner un tel inconvénient, mais je fus finalement contraint d’accéder à cet arrangement, qui, naturellement, fit le retour plus agréable qu’il n’aurait été autrement...

Enfin le moment de départ arriva et après avoir reçu un adieu affectueux de mes chers amis, je tournais une nouvelle fois mon visage en direction de Beyrouth. J’étais accompagné par l’agent babi; et un serviteur qui, laissé sans père dans l’enfance par l’une des persécutions babie en Perse, était resté depuis dans la maison de Beha, alla avec nous jusqu’à Tyr. J’ai rarement vu quelqu’un dont l’allure et la conversation révélait une plus complète joie avec son sort. Cette nuit, nous dormîmes dans un caravansérail à Tyr. Le jour suivant, le serviteur nous dit adieu et retourna à Acre, tandis que nous continuions nôtre parcours, et peu de temps après le lever du soleil passâmes à travers les beaux jardins qui entourent Sidon, cette très considérable et plus parfumée villes de Syrie. Là-bas, nous descendîmes à la maison d’un babi de Yazd (111), dont l’hospitalité gentille formait un agréable contraste à nos logements quelque peu ennuyeux de la nuit précédente.

Le soir du jour suivant (mardi 22 avril, nous entrâmes à Beyrouth et nous arrêtâmes pendant un moment pour se reposer et nous rafraîchir nous-mêmes avec du thé à la maison d’un babi de Bagdad (112), qui était située dans les faubourgs de la ville. Cet homme avait était parti étant enfant avec son père en Perse dans l’espoir de voir le Bab. IL fut incapable de faire cela, le Bab étant à cette époque enfermé dans la forteresse de Chihriq, mais à Téhéran, il avait vu Mulla Husayn de Bushihr. Je lui demandai quel genre d’homme était Mulla Husayn. « Maigre et fragile en apparence», me répondit-il, «mais enthousiaste et brillant comme l’épée qui ne quitte jamais son fourreau. Pour le reste, il n’avait pas plus de 30 à 35 ans, et son vêtement était blanc (113)

Les notes du livre du voyage de Browne à Chypre et à Akka existent. Malheureusement, les notes qu’il garda de la dernière partie du voyage sont quelque peu petites. Pour son célèbre entretien avec Baha’u’llah de quoi il cite dans le passage ci-dessus les évènements suivants:

«Mercredi 15 avril : Admis le matin à une audience avec Beha. C’était merveilleux - seul un de ses fils en dehors de moi était présent. Il me fit signe de m’asseoir et commença à parler - feu merveilleux et vigoureux - Il gardait (beating) le sol avec ses chaussons et à présent regardait par la fenêtre. Il commença par dire Al-hamdu’lillah kih fa’iz shuduhid [Loué soit Dieu que vous soyez parvenu jusqu’à nous]». Puis Il dit : «Vous êtes venu voir un prisonnier». Il continua à parler de ses souffrances et des lettres qu’il avait écrites aux Rois, me demandant si je les avais lues. Puis Il lut une partie d’une lawh [tablette] commençant... (114)

Il y avait aussi des notes d’un autre entretien :

«Vendredi 17 avril 1890 : Admis à une audience avec Beha le matin pendant 20 minutes ou une demi-heure... Il insista à nouveau très fortement de la nécessité d’unité et de concorde parmi les nations, et parla de la Sulh-i-Akbar [traduite par Shoghi Effendi comme la Moindre Paix pour la distinguer de la Sulh-i-Azam] qui arrivera bientôt... Il ne doit y avoir qu’une seule langue et qu’une seule écriture. La première pourrait être l’une de celles existantes, ou une inventée par une conférence de savants de tous les pays. Toutes les nations doivent s’unir elles-mêmes pour allier et chasser toute nation qui essaye de déranger la paix générale.

Beha parla aussi de la Bayt al-Adl [Maison de Justice] qui, dit-il, doit résoudre toutes les disputes. Ses membres seront inspirés (mulham). Jihad [la guerre sainte] est entièrement interdite dans cette Zuhur[manifestation]
Browne enregistra aussi sa venue dans le jardin de Junayna le jeudi 16 avril et voyant «Beha lui-même, qui était en train de marcher autour du jardin entouré par une cour parfaite de babis. Je le vis juste à ce moment». (115)

* A nouveau les missionnaires:

L’intérêt initial montré par les sociétaires de l’Eglise missionnaires pour les baha’is à Akka avait diminué quelque peu avec les années et particulièrement avec le déménagement à la fois de Zeller et d’Huber de la mission Nazareth. En tout cas, il n’y a aucune mention supplémentaire des bah’ais dans leurs rapports jusqu’à la dernière année de vie de Baha’u’llah. En mai 1890, il avait été décidé de faire une station missionnaire permanente à Akka, et Mademoiselle Elizabeth Wardlaw-Ramsay s’était proposée d’aller là-bas. Le 1 janvier 1891, elle était rejointe par Mademoiselle S. Louie Barker. Ce fut cette dernière qui, dans sa lettre annuelle datée de décembre 1891, écrivit d’une visite qu’elle avait faite au manoir de Bahji en octobre 1891 :

«Fin octobre, nous étions emmenées par une dame du pays pour visiter le harem du chef d’une étrange secte de persans, qui, il y a 50 ans, se séparèrent des musulmans et furent exilés de leur propre pays, et autorisés à vivre à Akka. Les dames furent très chaleureuses dans leur accueil. En jugeant de leur joie et de leurs remarques naïves, je dirais que nous étions les premières dames européennes qu’elles aient vues! Les nouvelles se propagèrent bientôt dans la petite communauté que des dames anglaises étaient venues, et beaucoup vinrent nous voir. J’avais été une fois depuis pour prendre Mademoiselle Coote et puis le fils d’un vieux monsieur arriva et nous donna une cordiale bienvenue; il était très érudit, et il est supposé succéder aux honneurs de son père. Il nous offrit des chevaux nous nous préférerions retourner à cheval. C’est en fait une porte ouverte, et j’espère que, à présent, nous avons une missionnaire chrétienne et qu’ils seront souvent visités». (116)

Mademoiselle Barker écrivit un récit beaucoup plus condescendant de cette visite pour le «Children’s World», le magazine pour les enfants du CMS :

«Aimeriez-vous entendre parler d’une visite que nous avons faite l’autre jour à des dames persanes? Il y a quelque 50 années, il y avait une secte en Perse qui se sépara des musulmans. Le chef de cette secte s’appelle lui-même «un dieu». Lui et ses nombreux disciples furent bannis de leur propre pays et exilés à Akka, où ils ont été beaucoup de temps. La plus grande partie de la vieille famille du «dieu» vit dans un grand bâtiment à environ une demi-heure de marche de Akka, avec les familles de son fils, et certains des croyants. A cet endroit, nous fîmes une visite avec une dame du pays. La partie la plus basse du bâtiment est seulement pour les femmes, et nous allâmes à cet endroit. Il est appelé le «Harem». Nous entrâmes dans une grande pièce lumineuse où environ 15 femmes étaient assises, la plupart d’entre elles sur le sol recouvert de tapis, mais certaines sur des divans. Il y avait deux des veuves de deux vieux messieurs, et elles parlèrent la plupart du temps dans un arabe très imparfait. Elles demandèrent des tas de questions et furent grandement surprises que je ne sois pas mariée. L’une des veuves dit combien elle aimerait pour elle un fils, ce qui était un grand honneur! Ces personnes sont très riches; ils offrirent des cadeaux considérables pour leurs disciples. Chaque membre de la famille est traité avec le plus grand respect. Certaines dames qui arrivèrent, en entendant les dames anglaises qui étaient là, embrassèrent le pan des robes des deux veuves, et aussi des veuve (sons), puis elles nous saluèrent.
De la limonade fut apporté, avec une serviette blanche en soie pour s’essuyer la bouche, puis une grande urne (brass) appelé un «Lemarir» sur un plateau (brass) fut mis sur le sol, avec un plateau de petits verres et de cuillères à thé en argent; puis un plateau plein de thé, duquel les plus jeunes filles présentes prenaient une poignée et le mettait dans une théière, qu’elle remplissait avec de l’eau chaude du «Lemarir» et la secouait, puis elles déversaient toute l’eau; elles firent ainsi trois fois, après quoi elles remplirent les verres, mettant une quantité de sucre dans chacun d’entre eux; ces verres étaient ensuite passés par un serviteur. Ils ne mettent jamais de lait dans leur thé. Du côté de la fille se trouvait un lavabo et une serviette, et lorsque les visiteurs finirent leur thé, elle lava les verres et les remplit; ainsi le thé fut servi deux ou trois fois. L’une des dames me dit qu’elles buvaient du thé presque toute la journée!
Nous étions naturellement, l’objet d’une grande curiosité. L’une des veuves de son fils, je l’entendis par nôtre ami du pays, vint et se tint derrière moi tandis que j’étais occupé à parler et de voir si elle n’était presque pas aussi grande. Elles nous montrèrent la maison, etc., et même nous amena à la véranda. Elles sortent si rarement - elles sont plus fermées que les musulmans - qu’une me dit que cela des années qu’elle n’avait été dans cette véranda.
Nôtre visite dura environ deux heures, lorsque c’était trop chaud pour retourner jusqu’au soir; mais bien que il semblerait que cela soit une longue visite en Angleterre, ce n’est pas considéré aussi long ici. Chacune nous pria de revenir, et une dame me dit : « Venez chaque jour; c’est une bonne promenade pour nous». (117)

Les contacts entre les missionnaires et les baha’is continuèrent et en février 1892, lorsque la traduction en persan de l’Evangile du docteur Bruce fut imprimé, il y eût une demande de la mission en Palestine de 20 copies à envoyer à Mademoiselle Wardlaw-Ramsay pour l’utilisation d’une secte d’immigrés persans à moitié musulmane et à moitié chrétienne», qui s’étaient établis à Akka» (118)

* L’ascension de Baha’u’llah:

Baha’u’llah décéda le 29 mai 1892. Sa mort fut peu remarquée en Occident. Les missionnaires CMS firent de courtes références à cela. John Zeller, qui avait été dans le passé à Nazareth, était maintenant le secrétaire actif de la mission de Palestine à Jérusalem. Le 12 juillet 1892, il rapporta à sa société: «Dernièrement le prophète des babis, Beha-eddin, mourut dans sa maison natale à Akka. Il allait avoir 80 ans. Il y a une grande communauté de persans babis à Akka, certains d’entre eux ont beaucoup d’influence. (119)

Au début de 1892, le Révérend C.H.V. Gollmer déménagea de Nazareth pour s’installer dans la station d’Akka de la CMS. Dans sa lettre annuelle datée du 5 mai 1893, il écrivit:

«Un important évènement a eût lieu durant l’année passée, c’est-à-dire: la mort de leur [les persans] chef, qui professait être le Père incarné. Il résidait dans une grande maison louée, à une demi-heure d’Akka. Il était rarement vu par ses disciples, mais chaque fois, il satisfaisait de se manifester lui-même à eux pendant un court moment lorsqu’il passait rapidement devant eux, ils s’inclinaient et ne contemplait pas son visage. L’un de ses fils est très intelligent et connaît bien nôtre Bible». (120)

Browne apprit la mort de Baha’u’llah directement de Akka. Il mit en appendice ces nouvelles à la fin de son papier, «Catalogue et description de 27 manuscrits babis», qui apparut peu de temps après dans le «Journal of the Royal Asiatic Society» (121). Selon une note en bas de page dans ce papier, un court paragraphe annonçant le décès de Baha’u’llah apparut dans un journal russe appelé «Le Caucase», publié à Tiflis (122)

Le Baron Victor Rosen annonça la mort de Baha’u’llah dans une réunion de la section orientale de la société archéologique impériale russe le 29 septembre 1892. A cette même réunion, Rosen lut le papier de Tumanski qui traite de cela et donne le texte du livre «Le Covenant» de Baha’u’llah. Le papier contient aussi un poème par Andalib (123) se lamentant sur cet évènement. (124)

* Européens qui rencontrèrent Baha’u’llah:

Les deux seuls européens qui sont connus avoir vu le Bab, comme il a été mentionné dans un chapitre précédent, furent le docteur Cormick et Monsieur Mochenin.

Il est plus difficile d’établir une liste de ceux qui rencontrèrent Baha’u’llah depuis qu’il y a diverses incertitudes en question. La liste suivante est une liste provisoire classifiée autant que possible pour indiquer la source de l’information et le dégré de sérieux.

Selon le témoignage de Baha’u’llah lui-même ou d’Abdu’l-Baha :

1. Le lieutenant-colonel Arnold Burrowes Kemball; consul britannique à Bagdad (125)

2. Le docteur Shishman, qui assista Baha’u’llah à Andrinople, à la suite de la tentative de Mirza Yahya de l’empoisonner, est enregistré comme ayant été un étranger et un chrétien. (126) Le nom lui-même est bulgare et comme à Andrinople il y avait une grande colonie de bulgares, il semble presque certain qu’il était bulgare.

3. Certains des consuls étrangers résidents à Andrinople (127) parmi ceux-ci doivent être comptés Camerloher, le consul autrichien, mais pas Blunt, son collègue britannique. (128)

4. Certains des membres de la colonie des Templiers allemands à Haïfa, depuis que Baha’u’llah en diverse occasions visita Haïfa et resta dans les maisons de la colonie. (129)

5. Un général européen anonyme. (130) (le Général Gordon?)

6. Edward G. Browne. (131)

7. Arthur Cuthbert, l’un des premiers baha’is britanniques, vit évidement Baha'u'llah à distance comme confirmé par Abdu’l-Baha dans une tablette non publiée à lui. Dans une lettre à Browne datée du 21 avril 1911, Cuthber écrivit :
«Vous m’avez été à jamais si familier par le nom depuis le jour où vous êtes arrivé à Akka par voie de terre de Beyrouth, et Monsieur Ayres [Eyres], le vice-consul britannique, vint à nous à Haïfa où j’étais avec Laurence Oliphant, que je sentais que je devais avoir fait vôtre connaissance il y a longtemps...
Aussi loin que je le sache, vous et moi-même sont les deux seuls anglais qui ont vu Baha’u’llah; mais malheureusement lorsque je le vis, ce fut seulement comme étranger dans la rue et je ne pouvais pas à cette époque être sur que c’était lui, bien que j’ai découvert depuis que c’était lui et je peux me rappeler l’ayant vu à trois reprises. (132)
Depuis qu’il est connu qu’au moment de l’arrivée de Browne à Akka, Baha’u’llah était resté dans la colonie allemande à Haïfa, il apparaîtrait que Cuthbert avait vu Baha’u’llah marchant dans les rues dans la colonie allemande à Haïfa, où en fait la maison de Oliphant était située. Oliphant lui-même était mort à cette époque.

* Preuves d’autres sources, d’un sérieux relatif :

1. Le Prince Dolgoroukov, le ministre russe à Téhéran, et sa fille.

2. Le Révérend Rosenberg à Andrinople. (133)

3. Des Européens à Andrinople. Andrinople était une ville très cosmopolite, la moitié de sa population étant grecs, bulgares et constituée d’autres Européens. Depuis qu’à cette époque, Baha’u’llah n’était pas entré dans la solitude qui caractérisa sa période à Akka, il semble probable que beaucoup des habitants doivent au moins l’avoir vu et l’avoir rencontré.

4. Des moines carmélites dans le monastère sur le Mont Carmel. Baha’u’llah est connu avoir planté sa tente près du monastère. (134) Ces moines étaient principalement français.

5. Laurence Oliphant.

6. Valentine Chirol.

7. Henry Edward Plantagenet, comte Cottrell avec sa femme et sa fille (plus tard Madame Spruit). Juste avant le déclenchement de la Seconde Guerre Mondiale, Monsieur Diya’u’llah (Ziaullah) Asgharzadih, qui vivait alors à Londres, vint en contact, à travers une série de circonstances fortuites, en rapport avec Cottrell. Ce dernier avait été à Akka pour ce qui est la construction du chemin de fer de Damas d’Akka (ce travail démarra dans la dernière année de la vie de Baha’u’llah). Il apparaît que Cottrell, sa femme et sa soeur jouirent de l’hospitalité de Baha’u’llah pendant qu’ils étaient à Akka, et avant leur départ, il leur avait été accordé un entretien avec Baha’u’llah. Il leur a aussi été donné une copie du Kitabu’l-Aqdas des mains de Mirza Aqa Jan (135). Lorsque sa fille, Mademoiselle Spruit, fut interrogée au sujet de sa visite il y a plusieurs années, elle déclara que tout ce dont elle pouvait se rappeler était que, pour rire, la femme de Baha’u’llah souhaitait la garder à Akka, mais que sa mère ne la laisserait pas rester! (136)

8. Monsieur Richard d’Alsace, France, dont Browne se réfère dans son «A Year Amongst the Persians» comme «Monsieur Richard qui « avait été pendant quelque temps parmi les babis de Syrie» et qui «avait reçu leurs principales lettres d’introduction et de recommandation». (137) Dans le journal de son voyage, Browne écrit que Monsieur Richards «avait été à Akka et obtint des lettres de recommandation de Beha». (138)

9. Un médecin grec anonyme qui soigna Baha’u’llah vers la fin de sa vie. (139)

* Addendum:

Lorsque ce livre fut dans un stade avancé de préparation, le docteur Alex Carmel attira l’attention de l’éditeur d’un nombre d’articles à propos des baha’is qui apparurent dans le magazine allemand des Templiers « Süddeutsche Warte». La première mention était dans une lettre de Schhumacher et fut publiée dans le numéro du 29 juin 1871 (page 101).

«J’ai pris note d’un autre phénomène spirituel qui peur renforcer nôtre foi. Cela concerne 70 persans, qui ont été bannis à Akka du fait de leurs croyances. Monsieur Hardegg a déjà passé un temps considérable et des efforts à essayer de découvrir la base actuelle de leur croyance, et avait traité avec eux par l’intermédiaire d’un interprète juste hier. Il a trouvé que ces personnes se basent eux-mêmes sur les Ecrits sacrés et que comme nous, ils sont en train d’attendre l’heure de la Rédemption dans le Royaume de Dieu. La maison de ce mouvement est dans le pays frontière persan près de Bagdad. La plus grande part de ces amis persans de la Bible sont encore trouvables dans leur patrie. Depuis que le Shah fut incapable de supprimer le mouvement, il a tenu captifs les chefs et les a envoyé en exil très loin de leur patrie jusqu’à ce qu’ils arrivent finalement à Akka, où ils vivent à présent en étant prisonniers. Ces personnes ont enduré les épreuves et les douleurs des premiers chrétiens, n’ont aucun lien avec quelque société missionnaire européenne et vivent leurs simples croyances bibliques non touchées par l’influence européenne... Pouraient-être les signes du temps plus clairs? Que pourrait-il arriver de plus pour nous montrer quelle époque nous sommes en train de vivre? Considérons d’un autre côté les récents évènements à Paris et alors personne ne manquera de réaliser que le plan de Dieu se rapproche rapidement de son accomplissement.

Quelques numéros plus tard, le 20 juillet 1871, le «Süddeutsche Warte» (page 113-114) publia un article daté du 15 juin 1871 de Hardegg lui-même. Il montre que Hardegg avait rencontré Abdu’l-Baha longtemps avant l’entretien auquel Huber était présent (voir au-dessus). La publication de ce récit précède naturellement aussi celui du docteur Chaplin auquel j’ai déjà donné l’honneur d’être le premier récit imprimé substantiel de Baha’u’llah. L’article de Hardegg dit ce qui suit (en traduction):

Un bref résumé de l’histoire d’une secte parmi les musulmans en Perse.

«Dans la ville de Haïfa au Carmel vivent quelques persans qui gagnent leur vie comme travailleur du métal et ébénistes. Ils (stand out) un récit de leur visages sensibles et amicales et leur vêtement persan. Ils sont les membres d’une secte persane, le chef et les membres de qui, ensemble avec des femmes, des enfants et des serviteurs, au nombre d’environ 80 âmes, sont confinés par le gouvernement turc à Akka, à trois heures d’ici. Une connivence s’installa entre moi-même et ces persans à Haïfa et au cours de nos échanges, j’ai reçu l’impression que ces personnes, en dépit de toute l’obscurité de leur savoir, recherchaient la vérité.
Dans le but d’être plus exactement informé, je recherchais un entretien avec le chef, Baha’u’llah, qui pourrait être traduit comme « La Lumière ou l’illuminateur de Dieu»; son nom de famille est Nuri, anciennement de grands propriétaires terriens en Perse. L’entretien eut lieu le 2 juin à Akka avec le fils de Baha’u’llah, Abbas Effendi, un homme de 27 ans, l’un des habitants éduqué à Akka agissant comme interprète.
J’ouvrais en disant à Abdu’l-Baha que si ma communication avec lui amènerait des difficultés avec les autorités, je le laisserais à sa discrétion d’arrêter. A cela il répondit : en persan, on dit: au-delà du noir, il n’y a pas d’autre couleur, après avoir souffert autant, cela ne peut être pire.
Puis il en vint à son histoire:
Il y a 23 ans, là-bas apparut en Perse un simple marchand Hadratu’l-Bab qui à travers la lecture des Ecrits Saints du Nouveau et de l’Ancien Testament avait soudainement (show for) une plus haute illumination et des plus hauts dons, d’une manière très évidente et étant dans l’attente de la venue du messie. Il acquit des disciples.
Le Roi de Perse, à qui arriva cette remarque, le convoqua. Il lui répondit: «Le Roi devrait organiser un débat entre son homme sage et Hadrat. Cela eût lieu et l’homme sage ne pouvait lui refuser. Pendant ce temps, le Roi avait à aller à la guerre et donna l’ordre que Hadrat soit mis sous les verrous.
Après la guerre, le roi vint à la maison et mourut et son fils accéda au trône.
Pendant ce temps, la secte en Perse s’était accrue plus fortement et le nouveau roi, dans le but de stopper sa propagation, avait mis Hadrat à mort. On dit qu’il prophétisa son sort trois jours avant sa mort en la présence de certains de ses disciples. L’un d’eux désirait mourir avec lui, ce qui lui arriva. Pourtant en dépit de cela la secte continua à se propager. Puis le roi ordonna une persécution générale et l’extermination dans laquelle, au cours des années, 18.000 personnes furent tués, parmi lesquels certains furent torturés à mort, par exemple, la peau fut fondue de leurs têtes, sur laquelle du matériau inflammable fut versé et enflammé, ou un trou fut creusé dans leur poitrine avec une baïonnette, dans laquelle une bougie fut enfoncée et allumée. Pourtant, tout ceci ne fit rien pour éteindre le mouvement.
Hadratu’l-Bab avait désigné Baha’u’llah pour continuer son travail.
Il se passa alors que quelqu’un essaya de tuer le roi avec un pistolet. Comme les pistolets étaient seulement chargés avec des (light shot), le roi ne fut pas blessé, mais il réussit à se convaincre lui-même que Baha avait recruté l’assassin. Lorsqu’il fut convoqué, il expliqua au roi que ce n’était pas le cas et que si ou son peuple avait souhaité tuer le roi, ils auraient trouvé un meilleur moyen que le pistolet à plomb. Les ambassadeurs européens, nommément les russes, intervinrent aussi dans l’affaire; Baha fut libéré, mais les ambassadeurs l’avisèrent de faire son chemin sous la protection de la Sublime Porte à Bagdad.
Ainsi, il fit cela; mais à présent la nouvelle lumière commenca de se propager aussi à travers Bagdad. Ce jour, Pilate et Hérode devinrent amis; les gouvernements persans et turcs commencèrent à coopérer en persécutant la secte. Les possessions baha’is à Bagdad furent également confisquées, et il fut envoyé à Constantinople, avec ses disciples; là-bas, il fut pensé meilleur de l’enfermer à Andrinople, depuis que la Roumélie ou la partie européenne de la Turquie offrait plus de certitude contre la propagation de la contagion. Mais à cause de leur conduite, ils trouvèrent aussi des amis là-bas. A présent, il était décidé d’envoyer Baha et ses disciples à Akka. Les consuls européens à Andrinople offrirent d’empêcher cela mais Baha’u’llah leur expliqua que si ils pensaient faire bien pour prendre des mesures de sa part, ils devront faire cela sans sa pétition et indépendamment de lui, mais qu’il était décidé à suivre le décret de Dieu. Ainsi il alla à Akka.
En Perse, la secte est à présent laissée en paix. Lorsque j’arrivais à Haïfa en novembre 1868, je trouvais les persans déjà là-bas.
J’espère et j’attends que le Kaiser allemand en tant que successeur de Charlemagne et de Frédéric Le Grand de Prusse plaideront son influence en orient pour propager et se rendre eux-mêmes en faveur de la justice et de la liberté de conscience; la Sublime Porte viendra à réaliser, je pense, si c’est d’une telle persuasion que le nouvel empire et ses sujets ne sont pas hostiles à cela.

Un troisième article apparut dans ce magazine le 30 novembre 1871 (page 191-2) mais c’était une traduction de la lettre de Chaplin à «The Times» (voir page 210-212).

Puis en 1872, ce paragraphe apparaît avec une relation aux azalis :

«La secte persane proche d’Akka avait tué trois de ses compagnons en secret derrière des portes closes comme résultat, apparaît, d’une controverse religieuse. Les assassins s’étaient séparés eux-mêmes du chef de groupe et avaient causé un mal inimaginable au reste de la compagnie. Le résultat est que la secte est même gardée plus près et emprisonnée par le gouvernement».

Sur l’ascension de Baha’u’llah, le magazine templier, appelé dorénavant « Warte des Tempels (4 août 1892, page 243), imprima une lettre de Haïfa datée du 5 juillet 1892 :

«Ici [à Akka], tout d’abord, il [Baha’u’llah] fut gardé prisonnier. L’emprisonnement était cependant fait progressivement plus léger et finalement fut complètement annulé. Il ne dura pas longtemps, car Baha’u’llah («Beheijah Allah») gagnait du prestige, particulièrement avec les fonctionnaires du gouvernement, et sa protection devint très recherchée après. Baha’u’llah lui-même se réclama être un saint homme, une Manifestation de Dieu («Offenbarung Gottes»), par conséquent il n’apparut jamais devant les étrangers mais restait pour eux une figure sacrée. Quiconque voulait avoir quelque chose reçu ou connu de lui, avait à utiliser son fils comme intermédiaire. Selon les déclarations antérieures d’Abbas Effendi, il voulait que cette secte agisse comme un médiateur dans le conflit entre les religions chrétiennes et musulmanes. Il apparaîtrait cependant qu’alors que le temps passait, elle a été dirigé (further and further back) dans le chemin de l’Islam. Peut-être que ce fait pourrait être attribué à la grande influence qu’ils exercent sur leur entourage. Ils prirent avantage, il est vrai, de toute opportunité que le gouvernement se plaisait à leur accorder. Ainsi, par exemple, ils érigèrent plusieurs tentes dans le jardin pour l’ouverture du public Kishon dans le but de fournir des quartiers temporaires pour le Pasha. Dans leurs tentes, ils récurent les fonctionnaires et tous ceux qui serraient reçus par eux, avec du thé et des pâtisseries douces. Ils doivent après tout avoir des disciples, ou du moins des personnes qui sont beaucoup enclins à eux, dans les plus hautes sphères du gouvernement. Il y a maintenant un mois que Baha’u’llah, qui était pour cette secte le représentant de Dieu, est mort. Il n’est pas encore certain quel effet sa mort aura sur la secte qui est dite être très nombreuse en Perse».


Chapitre 13: Le progrès de la foi de Baha’u’llah

Suite à l’holocauste de 1852, la religion du Bab apparut être au bord de l’extinction. Elle se retira dans une existence souterraine, et bien que des écrivains tels que Gobineau gardèrent en vie la mémoire des années précédant 1852, il y eût une période de quelques 20 ou trente ans où il n’y eût presque aucune référence aux activités contemporaines des babis par des écrivains européens. Ce ne fut pas avant la dernière moitié des années 1860, lorsque la plupart des babis étaient devenus baha’is, qu’il y eût un renouveau d’activités parmi eux. Et ce ne fut pas avant une décennie plus tard que cette référence commença à attirer l’attention des européens.

* La situation en Perse:

Durant cette période lorsqu’il y eût un trou dans les activités de la nouvelle religion, la Perse était en train d’expérimenter une série de calamités qui dépassèrent toute chose dans l’histoire vivante.

En ce qui concerne juste la première moitié de 1853, Sheil écrivit à Lord Clarendon le 21 juin 1853 :

«Le présent a été une année de calamité inhabituelle pour la Perse. En plus de la presque totale destruction de la ville de Chiraz par un tremblement de terre (140), beaucoup de régions de la province du Fars ont été ravagées par des nuées de sauterelles. Dans d’autres provinces, les cultures ont été sérieusement endommagées par les moisissures causées par l’inhabituelle quantité de pluie qui est tombée durant les trois derniers mois. Une grande perte a aussi été subie par des pluies de grêlons de grande taille; la culture de l’opium, qui est la production de base de Yazd, fut détruit par un violent vent du désert; et le choléra commet encore des ravages dans les régions centrales de la Perse aussi bien que dans les provinces du Mazindaran et d’Astérabad. Le Premier Ministre m’a dit que la mortalité a été si grande dans beaucoup de villages du Mazindaran, que les paysans, bien que le printemps ait commencé, avaient laissé les cultures debout et fuirent en masse, certains des villages restant sans un seul habitant. Sa course se dirige à présent à la fois dans l’est et l’ouest; dans le premier, il a atteint la ville de Shahrood, à mi-chemin de Mesched,et dans le second, Kashan, si il n’est déjà pas apparut à Isfahan. Dans la ville de Téhéran, il existe encore, mais, bien qu’une grande diminution ait eut lieu dans le nombre de morts, la moyenne étant à présent de 25 morts par jour au lieu d’environ 130 par jour au niveau le plus élevé, la maladie est dite avoir acquise une extraordinaire virulence. A peine un seul malade attaqué (of late) se rétablit, et les cas se terminent généralement en 2 à 6 heures depuis le moment de la crise». (141142)

Cela ne complète pas le catalogue de malheurs qui affligèrent la Perse. Au cours des années qui s’ensuivirent, la famine et la maladie ravagèrent le pays. La famine qui saisit Téhéran environ du temps de la mort de Mirza Mahmud le Kalantar, a déjà été mentionnée. Une décennie plus tard, une affliction similaire tint la plupart de la Perse dans ses griffes. Un magazine britannique donna en septembre 1873 une description de la famine de 1871-2 par un missionnaire, le Révérend George Gordon :

«Aucun voyageur ne peut passer à travers la Perse à ce moment sans être péniblement impressionné avec l’ascendance épouvantable de la faim et de la famine. A un esprit pas entièrement cynique des revendications de la souffrance humaine, c’est une terrible chose d’être témoin chaque jour des preuves de détresse qu’on ne peut pas soulager, - de voir des hommes, des femmes, et des enfants étendus pour mourir dans la neige et le froid, avec à peine un vêtement pour les couvrir, ou un morceau de pain pour les soutenir; ou de voir une mère pleurant sur son cher enfant, qu’elle est incapable d’enterrer, ou un fils sur son père, tandis que l’expression hagarde et les membres décharnés montrent que c’est seulement une question de jours ou d’heures combien bientôt cette mère ou ce fils poseront le fardeau de la vie, et deviendront la proie des corbeaux et des chacals. Et pourtant, il n’y a pas de fiction, mais ce dont j’ai été témoin chaque jour. Dans les rues et les bazars de Téhéran, à l’intérieur de la vue des kiosques des boulangers et des marchands, aux portes des riches, et dans le sentier des fiers gouverneurs du pays, les victimes sans ressources de la faim et de la mauvaise administration périssent comme des chiens, et étant mis dans une tombe sans nom. Il fut officiellement déclaré par le secrétaire du gouverneur, qu'en une seule nuit dans cette ville, qui a environ 4 milles de périmètre, il y avait 300 morts de froid et de misère. (143)

Il n’est pas improbable que ces visites et la démonstration conséquente à la fois de la grave inefficacité et de la corruption du gouvernement, aussi bien que l’hypocrisie et la verbosité des religieux chiites (144), furent des facteurs catalytiques qui créa un sentiment général d’agitation dans le pays et contribua à la rapide propagation de la religion baha’ie d’un côté, et prépara les esprits des gens pour une agitation politique envers une réforme libérale de l’autre.

En plus de ces désastres naturels, il y avait d’autres facteurs qui augmentèrent l’agitation et l’insatisfaction des personnes et qui pourraient avoir crée des circonstances favorables à l’accroissement de la nouvelle religion. Sur le front politique, depuis le début du 19ème siècle, la Perse était devenue de plus en plus sous la domination politique de la Grande-Bretagne et de la Russie. Les Européens se promenaient à travers la ville et le pays en humiliant les persans par leurs attitudes arrogantes et condescendantes et même le moindre d’entre eux se considérait lui-même l’égal de quelque prince ou gouverneur. Economiquement aussi, le pays était dans un état précaire. Les biens bon marché de l’Europe, financés par un mercantilisme agressif, avaient étouffé les objets artisanaux et vidaient complètement le pays de son or et de son argent, depuis que la Perse était en train de produire peu de ce que désirait l’Europe. Il y avait une dégradation graduelle de la monnaie et une inflation par la suite dans les prix qui affectèrent les classes les plus basses en particulier. Les permutations de la subsistance de l’agriculture pour tirer profit des cultures bénéficiaient aux classes les plus élevées aux frais des paysans. Tout cela était particulièrement difficile à supporter pour une nation aussi fière et indépendante que les persans. Dans une société où la religion est le thème central de la vie, et en Perse le chiasme en particulier, où le sentiment messianique est très fort, il est compréhensible que les tensions sociales décrites au-dessus puissent favoriser un mouvement religieux vigoureux, socialement orienté.

* La propagation de la religion baha’ie:

Bien que la résurgence de la Foi Baha’ie en Perse date de la proclamation ouverte de sa revendication de Baha’u’llah en 1866-7 et son acceptation par la majorité des babis, ce ne fut pas avant les années 1870 que des Européens commencèrent à noter la rapide propagation de la religion.

Le premier Européen à noter que la communauté babie en Perse était rapidement en train de tourner en la communauté baha’ie fut le docteur Révérend Bruce, le missionnaire de la société de l’Eglise missionnaire à Isfahan. Dans une lettre à la Société datée du 19 novembre 1874, il écrivit :

«Lorsque la persécution babie est passée, je pense que les choses vont aller de manière plus confortable ici.
Je viens juste de lire la plus ancienne Bible des babis. La secte des babis qui est en augmentation en Perse et qui est appelé Baha’i - leur chef est maintenant en prison à Akka; il s’appelle lui-même le Père et dit que le Bab porte à lui la même relation que Saint Jean Baptiste fit «le Fils». Son livre est une collection de divines Révélations(?) adressées au «Pape», «La Reine de Londres», «le Roi de Paris» et d’autres têtes couronnées. Dans toutes ses lettres aux chrétiens, il ne fait jamais allusion à Muhammad mais cite librement le N.T. et dit que Son apparition est l’accomplissement de la promesse du Fils qu’il retournera». (145)

Arthur Arnold, qui voyagea à travers la Perse avec sa femme en 1875-6 passa par Isfahan et il ne fait aussi pas de doute du Révérend le docteur Bruce qu’il obtint la déclaration qu’il fit dans son livre «Through Persia by Caravan» :

«Les Babis restent encore la terreur et le problème du gouvernement d’Isfahan, où la secte est réputée à un nombre supérieur de disciples que partout ailleurs en Perse. Mais beaucoup d’entre eux ont, à ce jour, transférés leur obéissance du Bab à Behar, un homme qui fut dernièrement et qui pourrait être à présent emprisonné à Akka, en Arabie par le gouvernement turc. Behar se présente lui-même comme Dieu le Père dans une forme humaine, et il déclare que le Bab occupe la même position, en regard à lui-même, que Saint Jean Baptiste tenait à Jésus-Christ. Nous étions assurés qu’il y avaient des familles respectables à Isfahan qui vénéraient ce fanatique emprisonné, qui mettaient en danger leurs biens et leurs vies par une secrète dévotion, qui si elle connu, les amèneraient à la destitution et probablement à la mort. (146)

L’un des premiers européens à essayer d’évaluer la vigueur renouvelée du mouvement babi-baha’i fut le révérend J.D. Rees, un serviteur civil indien qui traversa la Perse en 1885. Il écrivit un article « The Bab and Babism» pour le périodique «Nineteenth Century» en 1896. Cet article est basé sur le travail de Gobineau mais il comporte aussi les résultats des propres enquêtes de Reees.

Ainsi, il écrit :

«Ainsi mourut le Bab à l’âge de 27 ans (147), mais sa place fut ensuite prise, si non remplit par Baha, un jeune de 16 ans, qui, pour des raisons pas très clairement établies, était considéré par les chefs de la foi être destiné à succéder. Poursuit par les émissaires du Premier Ministre, ce jeune s’établit lui-même à Bagdad, où ... il continua a prêcher les doctrines de son prédécesseur et de montrer le chemin de la porte du paradis. Par certains en perse, on dit que ... il ne montre jamais son visage, bien qu’il s’entretient avec les arrivants. Je dois confesser qu'à ma contrariété et à ma déception, je n’ai pu rien apprendre de lui à Bagdad. Certains disent que le Sultan le garde en prison pour plaire au Shah... (148)

En référant à l’holocauste qui suivi l’attentat sur la vie du Shah, Rees écrit :

«Ces terribles représailles... produisirent en apparence en tout cas l’effet désiré. Aucun homme n’ose nommer le Bab ou babi sans une malédiction aussi profonde que celle méritée par Oman. Le vrai sujet devint dangereux pour quiconque d’en parler, et il continue encore à en être ainsi. Un fonctionnaire de Téhéran, qui était je sais, au courant de tout le sujet, renia toute connaissance. Tous les fonctionnaires déclarèrent ne pas être l’un des fils des pères brûlés restants. Les princes, qui sont en grand nombre en Perse, considéraient une allusion en la matière de mauvais goût et changeaient le sujet. Les commerçants, assis en tailleur parmi leur grain et leur marchandises, suggéraient que si vous voulez ne rien acheter, vous avez mieux à faire de continuer. Le résultat est que même ces Européens qui avaient été des résidents de longue date dans le pays connaissaient extrêmement peu sur les principes des babis, de leur position présente, de leur nombre et de leurs projets. Les Ecrits du Bab et de Baha sont difficiles à obtenir, et lorsqu’on les obtient, il est encore plus dur de lire avec compréhension». (149)


En conclusion, Rees écrit :

«Pour venir à quelques conclusions comme à l’étendue avec laquelle les babis existent maintenant en Perse, est très difficile. A Kazvin, un géorgien qui avait été nombre d’années dans le pays, et qui était à cette époque au service d’un haut fonctionnaire là-bas, me dit qu’il pensait que parmi les riches et les personnes éduquées, peut-être un tiers étaient des disciples du Bab. C’est probablement une surestimation, mais que parmi les classes nommées, il y ait une grande proportion qui soit mécontente de l’Islam des prêtres est bien connu. Parmi les nomades des collines, les tribus turkies et d’autres, il n’y a pas de babis... Près de Kirmanshah, j’ai rencontré un jour un Siyyid, ou un descendant du prophète... On disait qu’il n’y avait plus un babi laissé dans toute la Perse... A Hamadan - l’une des plus grandes villes en Perse -, j’ai raison de croire d’enquêtes faites sur le lieu, qu’il y a de très grands nombres qui en secret, soutiennent la foi du jeune et prophète martyr. A Abadeh, ils sont certainement beaucoup, bien que beaucoup d’horribles fosses pleines de crânes babis existent dans les murs de la ville.
Dans le Khurasan et les provinces occidentales [sic] de la Perse, je n’ai pas voyagé, mais mes enquêtes tendent à montrer que dans la ville sainte de Mashad, autour du tombeau de l’Imam Reza lui-même, des babis abondent...» (150)

A la conclusion d’un autre article sur la Perse, Rees déclare :

«Ce n’est pas vrai, comme il est dit, que les disciples du Bab ne sont plus. Ils augmentent et se multiplient en secret après la mode des persécutions religieuses. Ils ne sont pas nihilistes ou communistes ou athéistes, comme tous les hommes disent d’eux. Ils rejettent la doctrine de la circoncision, de la pluralité des femmes, et du divorce facile. Ils ne s’autorisent qu’une seule femme et divorcent d’elle sur les mêmes mots que nous le faisons... Dans chaque ville de Perse, parmi les riches et les éduqués, les babis abondent qui feront entendre leurs voix un jour. Leurs principes comme les Chrétiens et leur endurance patiente sont si admirables comme les folies du soufisme sont le revers, et leur douceur contrastent avec la férocité des réformateurs wahhabites. (151)

Mary F. Wilson, écrivant dans le «Contemporary Review» en 1885 déclare :

«Ils écrivent beaucoup de livres, qui sont secrètement en circulation et lut avec passion; et tandis que les convertis sont (made) parmi toutes les classes, leurs vues ont pris la plus profonde prise parmi les cultivés et les intelligents. Cependant, les souverains, enseignent par expérience, continuent leur politique de tolérance. Ils ne font aucune enquête, de peur qu’ils puissent à entendre trop; ils sont décidément aveugles aux indications d’indifférence à la vraie foi; car lorsqu’il est cru que beaucoup parmi les mullas, et les officiers les plus hauts de l’Etat, et ceux parmi les personnes les plus proches du roi, appartiennent à la communauté redoutée et mystérieuse, il est (felt to be) le plus sage et le plus sure de ne pas savoir.

Le docteur Bruce, écrivant plus tard de Perse, donne le nombre actuel de babys comme 100.000; mais tandis que leur politique est ce qui a été indiqué, comment peuvent-ils être (anything like) dénombrés avec précision» (152).

Parmi le corps diplomatique à Téhéran, la résurgence du mouvement babi-baha’i ne passait pas inaperçue, bien que leur renseignement était tristement déficient. Le 8 septembre 1888, Sir Henry Drummond expédia au Marquis de Salisbury une dépêche du Consul britannique à Bushihr, le Colonel E.C. Ross. Dans cette dépêche, Ross donne un récit des progrès de la religion baha’ie. Bien qu’erroné dans beaucoup de détails, ce récit, néanmoins, souligne l’importance grandissante du mouvement.

«Un correspondant respectable et bien informé de moi à Chiraz m’a écrit de curieuses déclarations en ce qui concerne la grande augmentation prétendue et l’existence très répandue de la secte babie en Perse, en Turquie, etc. J’ai entendu de temps en temps d’autres sources de la propagation considérable de cette société secrète, qui est considérée peut-être justement comme quelque chose d’analogue au «nihilisme». Les déclarations que je me réfère à présent, sont quelque peu surprenante et je dois me garder moi-même de répondre de leur véracité et de leur justesse.
Ce que je sais être un fait est que beaucoup d’agitation [fut] fait à Chiraz au sujet du «babisme» par un prêtre fanatique (153) et il y a quelques jours, il fut ouvertement déclaré que trois personnes à Bushihr avaient embrassé le babisme.
Tout d’abord, les disciples du «Bab» font fi de renier leur foi, préférant la torture et la mort. Maintenant il apparaît que le chef spirituel de la secte a donné une dispensation et les babis pratiquent maintenant («Takiyeh») la dissimulation avec une réserve mentale ou le déni, même allant jusqu’à insulter ouvertement le Bab et tous ses travaux. Cette secte a une intense fascination pour l’esprit subtil et versatile du persan.
Ne pourrait-elle pas porter aussi les germes d’une révolution politique? Ne pourrait-elle pas qu’un peuple grandement écrasé et maltraité chérissent l’espoir d’une libération à travers ces moyens? Il est certain que c’est une force à être considérée, un élément bien digne d’attention. Des déclarations privés de membres de la secte, on en vint à croire qu’il y a 5 millions d’âmes en Perse, en Turquie et en Inde, etc., la propagation et l’augmentation étant dans le ratio direct de l’opposition et du danger, la plus grande naturellement en Perse. Une affirmation encore plus surprenante est que la secte est en faveur par certains des hommes les plus influents en Perse, proche de la famille royale, qui ne sont pas suspectés de jouer avec l’hérésie. Le Zil-es-Sultan est bien connu être en libre-pensée sur les sujets religieux, mais il fut trouvé comme un opposant actif du babisme. Il est fait allusion que l’influence secrète de la société contribua à sa chute. Pour comprendre la portée de cette idée, on doit expliquer que les allégations mentionnées, vont aussi loin que de clamer l’Amin-es-Sultan être babi de coeur. (154) et de placer les babis à la tête des départements principaux des gouvernements (customs), etc.
Mon correspondant écrit «J’ai omis d’écrire que le Saad-ul-Mulk possède sa promotion au poste de gouverneur de Bushihr simplement grâce au fait d’être babi. Son frère, Saad (Nizam) es-Sultaneh, dut son avancement à son actuelle haute position à la même cause. (155)
Je suis enclin à croire que certaines personnes ont été imposées sur la crédulité de mon informateur qui s’excuse pour des «opinions trop librement exprimées» et des informations d’un caractère «sérieux». Je suis sur qu’il écrit cependant en toute bonne foi». (156)

Dans une lettre à Edouard Browne datée du 12 décembre 1889, Sidney Churchill, qui était alors Second secrétaire oriental à la légation britannique à Téhéran, écrivit:

«La secte babie est en train de se multiplier en nombre chaque jour et leur augmentation donne des causes d’inquiétude comme l’attitude que les autorités auront à adopter envers eux dans le futur immédiat. Le développement extraordinaire de cette foi n’est pas tout à fait en lui-même une source de surprise. Le persan comme loi est prêt à adopter n’importe quelle foi [sic] qu’importe laquelle est-ce; mais lorsqu’il trouve en elle comme l’un de ses principes fondamentaux, la liberté de pensée et d’expression de celle-ci avec l’ultime possibilité comme un résultat qu’il puisse se débarrasser de l’oppression qu’il souffre aux mains des autorités locales qui sont au-delà de la sphère et du contrôle de la supervision immédiate du Shah, il s’affilie lui-même facilement avec ceux tenant de telles doctrines avec le but de combattre les maux existants.
La propagation du babisme dernièrement, particulièrement son développement durant l’absence du Shah a causée beaucoup de surprise et il va probablement nous donner des troubles. Mais la question est quelles sont les idées réelles de la plupart de ceux professant le babisme. Ne regardent-ils pas eux-mêmes en tant que disciples d’une nouvelle religion ou comme les membres d’une société pour une réforme politique et sociale». (157)

Le (Hon.) George Curzon (plus tard Lord Curzon de Kedleston, le distingué secrétaire des Affaires Etrangères britannique) visita la Perse en 1889-90. Dans son brillant ouvrage «Persia and the Persian Question», il donne ce qui est, dans beaucoup de cas, l’analyse la plus pénétrante de la religion de Baha’u’llah brossée dans le 19ème siècle. Après avoir décrit les développements à l’intérieur de la religion depuis le temps du Bab, Curzon continue à considérer la situation comme il la trouva lorsqu’il était en Perse.

«Il sera ainsi vu que, dans son organisation externe, le babisme a subit des changements grands et radicaux depuis qu’il apparut en premier comme une force prosélytisante il y a un demi siècle. Ces changements, cependant, ne se sont en aucune manière détériorés, mais apparaissent au contraire, avoir stimulé sa propagande, qui a progressé avec une rapidité extraordinaire à ceux qui peuvent seulement voir là-dedans qu’une forme grossière de politique ou même de fermentation métaphysique. La plus basse estimation place le nombre actuel de babis en Perse à un demi-million. Je suis disposé à penser, de conversations avec des personnes bien qualifiées pour juger, que le total n'est plus près d’un million. On les trouve dans chaque aspect de la vie, des ministres et des nobles à la Cour au balayeur ou le valet, et non la moindre arène de leur activité étant le clergé musulman lui-même. Il aura été noté que le mouvement fut initié par des cédis, des Hais, et des mullas - c’est-à-dire des personnes qui, soit par descendance, de pieuse inclination, ou par profession, furent intimement concernées avec la foi musulmane; et c’est même parmi les artisans zélés de la foi qu’ils continuent à faire des convertis. Beaucoup de babis sont bien connus comme tels, mais, aussi longtemps qu’ils marchent avec circonspection, ils sont libres d’intrusion ou de persécution. Dans les (walks) de vie les plus pauvres, le fait est, comme règle, de dissimuler la peur en donnant une excuse pour la rancoeur superstitieuse des supérieurs...
Si le babisme continue à grandir à sa vitesse actuelle de progression, le temps pourrait venir de façon concevable où il évincerait l’Islam du champ de la Perse». (158)

Une facette du rapide progrès de la religion baha’ie durant cette période fut la conversion d’un grand nombre de juifs dans des villes telles que Hamadan (159) et Kashan, et de zoroastriens à Yazd; (160) des communautés qui pendant un millier d’années avaient fait face et rejeté l’Islam, à présent à travers la conversion à la religion de Baha’u’llah acceptaient aussi Muhammad. Sidney Churchill soumit un mémorandum daté du 30 janvier 1890 sur le sujet de la conversion des juifs à la nouvelle religion. Cela fut expédié par Sir Henry Drummond Wolff au Marquis de Salisbury :

«Selon les juifs de Téhéran, un remarquable mouvement s’est développé lui-même parmi leurs coreligionnaires partout dans le pays dans l’adoption spontanée du babisme par eux.
Le babisme apparemment, éclata parmi les juifs de Hamadan et les croyants de la nouvelle foi (give out) eux-mêmes en tant que convertis protestants. A présent cependant que leurs nombres ont considérablement augmenté, ils se sont débarrassés du masque qu’ils avaient adopté et professent ouvertement le babisme. Certains des convertis à l’origine ont rendu visite à Mirza Husain Ali, le chef actuel des babis, résidant en bannissement à Saint Jean d’Acre; et depuis leur retour en Perse a même été honoré par la réception de [lois, ou tablettes]; lettres du Bab qu’ils considèrent comme des écrits saints.
A Kirmanshah et à Hamadan, il y a environ en tout 200 juifs babis et disséminés sur le reste de la Perse, en Iraq, à Kashan, Téhéran, Isfahan et d’autres endroits, ils sont environ une centaine. Ce total est graduellement en train de grandir». (161)

Curzon, également, rapporte cette tendance dans son «Persia and the Persian Question»:

«Tout à fait récemment, les babis ont eu un grand succès dans le camp d’un autre ennemi, ayant obtenu plusieurs prosélytes parmi les populations juives des villes persanes. J’ai entendu que durant l’année passée, ils ont signalé avoir fait 150 convertis juifs à Téhéran, 100 à Hamadan, 50 à Kashan, et 75 pour cent des juifs de Gulpaigan». (162)
L’intervention de Sir Henry Drummond Wolff.

Sir Henry Drummond Wolff était le Ministre britannique à Téhéran pendant moins de trois ans (avril 1888 à novembre 1890) et pourtant durant ce court laps de temps, il fit plus (of a mark) que beaucoup de ministres qui restèrent beaucoup plus longtemps. Durant cette période de temps à Téhéran, il éleva grandement le prestige britannique à la Cour du Shah. Son influence humanitaire chaleureuse est démontrée par un décret promulgué en 1888 par le Shah, sous l’influence de Wolff, garantissant la sécurité de vie et des biens aux sujets du Shah. Le fait que le décret ne fut jamais appliqué ne diminue pas le crédit de Wolff d’essayer d’établir les concepts contenus dans celui-ci.

Lorsque l’existence de la communauté babie vint tout d’abord à son attention à travers la dépêche de Ross en 1888, Wolff était pour certaines raisons mal renseigné au sujet des baha’is, les imaginant être des révolutionnaires politiques menés par Siyyid Jamalu’d-Din-i-Afghani. Sidney Churchill, qui était alors Second Secrétaire à la légation et en contact avec E.G. Browne, lui fournit sans doute des informations beaucoup plus exactes (Browne envoya à Churchill une copie de son papier «Les babis de Perse» en 1889). Dans chaque évènement lorsque les soulèvements à Sidih et à Najafabad jaillirent (voir chapitre 17), Wolff ne s’épargna aucun effort pour mettre un frein aux persécutions et d’obtenir justice pour les victimes de l’oppression.

Ce fut en étant malade que finalement la période de bureau de Wolff à Téhéran se termina. Durant une grande partie de 1890, il fut dangereusement malade. Vers la fin de cette année, il avait recouvert suffisamment la santé pour rendre possible pour lui d’être déménagé à Londres. Bien que Wolff voulait beaucoup lui-même retourner, son état de santé rendit cela impossible et il fut transféré à la légation de Madrid.

L’un des derniers actes de Wolff avant de quitter la Perse en Novembre 1890 fut d’essayer de persuader le Shah de délivrer une proclamation établissant la liberté religieuse et la tolérance en Perse pour toutes les religions et pour toutes les sectes. Il manqua dans cette tentative, mais il fit pression pour ce droit jusqu’à ses derniers jours à Téhéran. A son entretien d’adieu avec Aminu’s-Sultan le 8 novembre 1890, Wolff fit un dernier effort pour conclure cette mesure. Dans sa dépêche finale en tant que ministre britannique à Téhéran,Wolff donna au Marquis de Salisbury le récit suivant de son discours :

«J’ai exprimé à Sa Sainteté mon désir ardent pour la publication de la proclamation établissant la liberté religieuse en Perse pour toutes les sectes et toutes les dénominations. Sa Sainteté répondit que les principes d’une telle proclamation étaient déjà en marche et seraient exécutés mais que c’était (thought) prématuré d’incarner ces principes dans une proclamation sur le compte de l’opposition des mullas; cela devra être fait à la première occasion.
J’ai demandé à Sa Sainteté si ce bout d’information pourrait généralement se faire connaître en Angleterre: à cela il répondit qu’il n’y avait aucune objection.
J’ai spécialement demandé si cela s’appliquerait aux dissidents de la foi musulmane, sans citer le nom, et faire allusion aux babis. Sa Sainteté répondit que cela s’appliquerait de la même manière à toutes les sectes». (163)


Chapitre 14: Martyres en Perse (1867-74)

* L’épisode de Tabriz, 1866-7 :

La période immédiatement après que Baha’u’llah ait ouvertement avancé sa revendication d’être «Celui que Dieu rendra manifeste», à Andrinople en 1866 fut une période d’intense agitation, comme les communautés de babis, rassemblés à nouveau avec grande difficulté après les persécutions de 1850-52, s’occupaient des implications de la déclaration très importante de Baha’u’llah. En beaucoup d’endroits, toute la communauté accepta la revendication de Baha’u’llah, tandis que dans d’autres, les croyants étaient divisés: une dispute s’ensuivit et même de la violence. Tabriz apparaît avoir été un exemple de ce dernier phénomène. Il est difficile d’être certain des différents récits ce qui transpira exactement, mais il apparaîtrait qu’au beau milieu d’une dispute religieuse passionnée, de la violence éclata qui résultait dans la mort du vieux et faible Aqa Siyyid Aliy-i-Arab. (164) Cette mort fut saisie comme une excuse pour faire des arrestations de nombreux baha’is à travers Tabriz. La plupart de ceux-ci n’avaient rien à voir avec l’incident, mais la grande reprise (of spirit) parmi les baha’is était évidemment en train d’inquiéter les autorités, comme les récits suivants l’indiquent. Peu de temps après, trois de ceux arrêtés furent exécutés: Shaykh Ahmad-i-Khurasani, qui est accusé du meurtre actuel dans la dépêche du consul russe; Mirza Mustafay-i-Narraqi, qui avait été en la présence de Baha’u’llah à Constantinople; et Mirza Ali-Naqi; le restant fut forcé de payer une somme d’argent considérable pour effectuer leur libération.

Le consul russe rapporta ces exécutions au Chargé d’affaires à la légation russe à Téhéran dans une dépêche du 23 décembre 1866 :

«J’ai pris respectueusement la liberté d’amener à vôtre attention que dernièrement à Tabriz, il est apparu un grand mouvement vers la conversion au babisme. Le gouvernement a effectué de nombreuses arrestations dans la ville.

Voici les faits tels qu’ils apparaissent :

Un siyyid de Tabriz, un vieil homme dont je ne connais pas le nom, fut tué par un Khurasani Shaykh Ahmad. Ce dernier fut immédiatement capturé et emmené à la maison du Muskir-Laskar. Mirza Qahraman (165). Là, en la présence du mujtahid Haji Mirza Baqir, Shaykh Ahmad fut soumis à un interrogatoire sur les causes de son crime. Shaykh Ahmad répondit que le Siyyid méritait son sort car il n’exécutait pas les lois de la charria. De plus, il confessa être l’un des dirigeants de la nouvelle secte.
Parmi les papiers trouvés dans les pensions de Shaykh Ahmad, 90 lettres adressées à différentes personnes, ou bien en Perse ou bien en Turquie, furent saisies. Il avait été lui-même le courrier, chargé d’assurer la distribution de ces lettres à leurs adresses. Il fut aussi trouvé de nombreux exemplaires du Coran babi.
Tout nom qui fut trouvé sur les lettres et qui vivait à Tabriz était arrêté. Maintenant l’une des lettres était adressé à Haji Ja’farof, un marchand dans les biens manufacturés à Téhéran. Cela fut télégraphié au Sardar Quli (166), qui prit les mesures nécessaires pour arrêter ce marchand et qui télégraphia à Mushir-Laskar de découvrir avec attention et d’arrêter toutes les personnes suspectes. Le nombre de personnes jetées en prison a atteint, dit-on, 100 hommes. On ne sait pas le sort qui les attend, mais cela sera bientôt annoncé, je pense». (167)

Quelques jours plus tard, le 31 décembre, le consul russe joignit le récit suivant à son rapport antérieur :

«En complétant mon rapport daté du 11 décembre [23 décembre], j’ai pris la liberté de vous présenter une copie des instructions, que j’ai acquis secrètement, donné par le Murshid des babis (168) à Shaykh Ahmad, un adhérent de la secte précitée, arrêté à Tabriz.
Dans cette ville, les arrestations sous l’accusation de babisme continue». (169)

Plus de deux semaines passèrent avait que le Consul russe annonça finalement l’exécution de trois babis dans une dépêche du 15 janvier 1867 :

«A travers mes rapports datés du 11 et du 19 décembre de l’année dernière, j’ai eu l’honneur d’amener à vôtre attention qu’un grand nombre de babis ont été arrêtés à Tabriz.
Il y a quatre jours, des ordres furent reçus de Sardar Quli d’exécuter les sectateurs arrêtés le même jour, trois d’entre eux, et notamment Shaykh Ahmad, Mirza Mustafa et un derviche dont le nom m’échappe, furent exécutés. les corps restèrent abandonnés à la place de l’exécution (170) pendant trois jours et furent laissés exposés à la malveillance des passants et des blessures d’animaux errants. Ils furent en fait dévorés par les chiens et leurs restes furent enterrés le quatrième jour». (171)

Le consul britannique à Tabriz, Keith Abbott, rapporta aussi ces exécutions dans une dépêche datée du 16 janvier 1867 à Monsieur Charles Alison, le Ministre britannique à Téhéran :

«Le meurtre de trois babis Siyyid eût lieu ici dernièrement sous des circonstances vraiment atroces, les auteurs de l’acte étant associés de sa (own) qui apparaissent avoir adopté un certain nouveau style de babisme et d’avoir rompu avec lui en conséquence. Ils les soumirent à une mort très cruelle. Ils furent arrêtés et deux d’entre eux ont depuis été exécutés - mais un troisième homme, un certain Mirza Mustafa, Nerakee, souffrit avec eux, bien qu’il n’apparaisse pas avoir eu quelque chose de très sérieux porté à son encontre que celui d’être babi. Cet homme avait obtenu la protection turque à Bagdad - certaines rumeurs de son comportement furent faites par le consul turc ici et une promesse fut faite par ce dernier qu’il ne devrait pas être puni au-delà de l’emprisonnement sans (due notice to him). Il fut cependant mis à mort sans quelque autre formalité.
Plusieurs autres hommes sont maintenant confinés dans le donjon sur l’accusation de l’hérésie au-dessus et des ordres furent donnés de Téhéran. Je comprends, pour leur exécution mais cela a été reporté par suite du Mushir-Laskar ayant plaidé pour eux. Il est cependant à craindre qu’avec les (well) sentiments connus du Shah envers la secte, peu de miséricorde leur sera montrée». (172) (173)

* Martyres à Zanjan et Téhéran, 1867:

Peu de temps après ces martyres à Tabriz, il y eût plusieurs autres martyres en Perse. A Zanjan, Mirza Muhammad-Ali, un médecin, fut capturé et décapité. Son nom est cité dans la lettre d’instructions à Shaykh Ahmad expédié par le consul russe à Tabriz dans sa dépêche du 31 décembre (19 décembre OS) 1866, et publié par Tumanski. (174) Ce fut probablement cette lettre capturée qui scella le sort de Mirza Muhamad-Ali. (175)

A Téhéran, à peu près à cette période, Aqa Najaf-Ali de Zanjan, qui avait été l’un des disciples de Hujjat et était récemment retourné d’Andrinople, fut arrêté, et après un moment en prison, durant lequel il fut torturé pour lui faire révélé les noms de ses camarades, il fut exécuté.

Ces deux martyres à Zanjan et à Téhéran, suivant de près ceux de Tabriz, furent reportés par Alison, le Ministre britannique à Téhéran à Lord Stanley, le Ministre britannique des Affaires Etrangères le 9 mars 1867 :

«Un trouble a eût lieu dernièrement dans la ville de Zanjan après l’exécution d’un babi. Il apparaît avoir été levé par une populace oisive dans l’espoir d’obtenir le pillage, à l’instigation probablement de certains intriguants inamicaux aux autorités locales. Ce fut bientôt réprimé cependant, et le Shah a envoyé des ordres pour la punition des meneurs. Dans le même temps, quelques autres hommes de la secte du Bab furent exécutés à Téhéran et Tabriz.
Ces évènements ont quelque part alarmé le Shah, qui était sans doute se rappelant par eux de l’attentat fait en 1852 sur Sa vie, et Sa Majesté a montré par conséquent dernièrement un désir croissant de concilier le clergé». (176)

* Le martyre de Badi:

Durant les derniers mois à Andrinople et les quelques premières années à Akka, Baha’u’llah adressa un nombre de lettres à divers monarques. La lettre à Nasiri’d-Din Shah exigeait un porteur spécial, depuis que quiconque la délivrerait, risquait presque une mort certaine. Bien que beaucoup demandèrent pour le privilège de prendre la lettre, Baha’u’llah attendait jusqu’à ce que là-bas arriva à Akka un jeune homme du Khurasan, Aqa Buzurg, que Baha’u’llah renomma Badi (Merveilleux).

Badi partit seul pour la Perse et guidé par les instructions de Baha’u’llah (177), ne communiqua avec personne sur le chemin. Finalement il arriva à Téhéran et réussit à remplir sa mission. Monsieur de Bonnières (178), le ministre français, décrit dans une dépêche datée du 10 juillet 1869, la délivrance de la lettre de Baha’u’llah au Shah et le sort de son porteur :

«Le Roi quitta le palais de Niyavaran il y a quinze jours dans le but d’arriver, comme il le fait chaque année, dans le Mazindaran où les forêts sauvages lui permettent une température plus supportable que celle de nos environs, et une chasse plus abondante.

Il y a quelques jours, Sa Majesté était en train de retourner à son camp lorsqu’un homme portant un étrange costume apparut sur son chemin. Les faraudes qui accompagnent toujours le Roi l’éloignèrent avec des coups de leurs battons comme il est habituel lorsqu’un quelqu’un ose se montrer lui-même sur le chemin du Roi. Le Roi donna des ordres pour arrêter cet homme et de lui demander ce qu’il voulait. Il déclara qu’il lui était ordonné de présenter une pétition [une requête au Shah]. Une enveloppe fut trouvée sur lui qui contenait une longue lettre en persan sur un parchemin. Cette pétition était rédigée d’une manière remarquable autant avec du respect de son style que de son écriture, identique à ce qui viendrait d’un personnage hautement né. Il contenait plusieurs mots en arabe et la phraséologie particulière des babis. Il émanait, selon le mot de la personne qui la portait, du Bab ou chef des babis, qui est en prison à ce moment à Saint Jean d’Acre. Dans cette lettre, le Bab s’adresse au Roi en termes qui sont respectueux mais ne manquent pas d’audace. Il s’appelle lui-même le chef de la nouvelle et seule vraie religion et demande de venir en Perse dans le but de démontrer publiquement dans une réunion composée des théologiens de l’Islam, la supériorité et la vérité de la croyance de laquelle il est l’incarnation.

Dès que le Roi avait eu connaissance de cette pétition, il donna des ordres pour soumettre le sectaire à la torture. Ils voulaient extraire de lui certains jurons contre le Bab. Il refusa régulièrement. Ils voulaient obtenir des informations au sujet des personnes avec lesquelles il avait eu des contacts durant son voyage à Téhéran. Il ne céda pas à eux, et il montra sous la torture un grand courage et une volonté invincible.

Le docteur Tholozan qui accompagnait le Roi le conseilla d’être clément: il arguait que la torture était une coutume barbare et que cela ne s’appliqua pas parmi les nations civilisées depuis un long moment et que c’était en tout cas toujours une méthode inefficace lorsqu’elle était utilisée contre des personnes qui étaient sous l’influence de l’exaltation religieuse, et finalement il insista sur le fait que le sectateur n’était pas armé.

Ce conseil ne fut pas écouté et le malheureux homme fut décapité le jour suivant. (179)

Il est évident que cet évènement est relié avec les desseins secrets de la secte, que le Roi croyait avoir été exterminée dans les exécutions sanglantes et barbares de 1854, suite à l’attentat commis par un babi contre sa personne dans les rues de Téhéran; cela indique en tout cas une force considérable d’esprit dans le chef de cette secte et dans ces sectateurs.

Le discrédit de la dynastie Kadjare et le gouvernement persan a atteint le point où les évènements les plus sérieux peuvent être attendus, particulièrement en la présence d’une augmentation effrayante de la paupérisation du peuple, et un manque de tout produit de la campagne, cela peut seulement être attribuée à la mauvaise administration actuelle.

Les babis ne sont pas ignorants de cette situation malheureuse et il n’est pas surprenant qu’ils chérissent tous les moyens qui amèneraient à disparaître tout ce qui met un obstacle sur leur chemin. Ils ont, les supportant, une grande partie de la population et des fonctionnaires de tout rang, pour certain il est assuré que même dans l’entourage du Roi et parmi les ministres, il y a des babis». (180)

* Soulèvement à Kashan:

Le Premier Ministre, Monsieur Mellinot, rapporta vers la fin de 1874 un soulèvement à Kashan. Sa dépêche qui est datée du 30 décembre 1874, est adressé au Ministre des Affaires Etrangères, Duc Decazes, et dans la première partie, il traite avec le plan du Shah de s’emparer de Bagdad et de Karbila commencerait les hostilités entre la Russie et la Turquie :

«... En tout cas, j’ai cru croire nécessaire de conseiller à Mirza Husayn de dissuader son maître de toute aventure hasardeuse de cette sorte. Conseil qui est le plus justifié depuis le mécontentement de la population contre Sa Majesté peut un jour créer pour lui les plus sérieuses difficultés dans l’intérieur, comme peut-être démontré par l’arrestation d’une douzaine de babis à Kashan, une ville située à 35 lieues au sud de Téhéran. Ces personnes ont été amenées à la capitale et enchaînées et emprisonnées. Leur premier interrogatoire a démontré la vitalité de cette secte et l’ardeur de leurs convictions. Selon les déclarations des prisonniers, le nombre de leurs coreligionnaires a monté à 500.000 parmi qui pourraient être comptés un certain nombre de mullas.

Le Shah très excité, comme cela se passe chaque fois que l’existence des babis se révèle à lui-même, a convoqué un conseil dans lequel l’un des médecins les plus en vue dans la charriât a été consulté sur la punition à être infligée sur ces prisonniers. Doit-on appliquer la peine de mort ou simplement les garder en prison, lorsqu’ils ont hautainement déclaré que leurs vies pourraient être prises mais qu’ils se vengeraient? (181) Après une longue délibération, le conseil avait été de l’avis que Sa Majesté ne doit pas manifester quelque peur que ce soit de leurs menaces, mais devrait au lieu de cela leur donner leur liberté. Le Shah adoptant cette solution a ajouté que sa vie était dans les mains de Dieu et que si sa destinée était de périr des mains des babis, il ne saurait pas comment l’éviter. Les prisonniers, dont le seul crime en définitif était d’appartenir à la religion prêchée par l’ancien Bab, qui avait répondu par le sang des martyrs, ont par conséquent, été remis en liberté». (182)


Chapitre 15: Evènements en Egypte

Durant le temps où Baha’u’llah était à Andrinople, là-bas croissait une petite communauté de baha’is persans en Egypte. Ils étaient la plupart marchands qui s’installèrent à Mansura, près du Caire. Le plus important de ceux-là était Haji Mirza Haydar-Ali d’Isfahan.

Bien qu’ils n’avaient jamais rien fait de contraire à la loi, ni qu’ils s’étaient engagés dans quelque activité subversive, 7 baha’is furent arrêtés par le consul perse au Caire, Mirza Hasan Khani-i-Giranmayih, qui avait affirmé son pouvoir sur eux, comme consul, et obtint la coopération des autorités égyptiennes. Après une période de temps en prison, ces malheureuses personnes furent exilées sous des circonstances rigoureuses à Khartoum dans le Soudan.

Quelques mois plus tard, Mirza Hasan Khan intervint contre le assez âgé Mirza Abu’l-Qasim et l’accusa d’être un baha’i. Le menacent avec un exil similaire à Khartoum, il réussit en le frappant d’une considérable somme d’argent.

Mirza Hasan Khan, conseillé par l’ambassadeur persan à Istanbul, Mirza Husayn Khan, qui était en train de partager les butins, décida à présent de tourner son attention vers un groupe de 7 marchands riches qui étaient d’origine persane mais qui était venus sous la protection britannique en vertu d’être né ou d’avoir vécu longtemps en Inde. Il les accusa d’être baha’is et là s’ensuivit un très long processus d’enquêtes, de demandes et de contre-demandes qui sont enregistrées dans les fichiers des Archives britanniques.

Dans l’une de ces lettres, datée du 28 juillet 1868, Monsieur Frédéric Ayrton, un résident britannique respecté du Caire, se réfère aux persécutions précédentes des baha’is. En regard à l’arrestation des baha’is à Mansura, il écrit :

«Plusieurs baha’is, qui étaient tout à fait localisés et qui dirigeaient leur industrie à Mansura furent, sur une accusation similaire capturés le dernière hiver, et ceux d’eux qui ne pouvaient payer, furent finalement, je suis tenu au courant, déportés vers le Haut-Nil - le gouvernement local, ne voyant pas la distinction entre prêter son aide pour une persécution religieuse et la corruption, et pour des buts de lois et de justice établies». (183)

Et concernant l’extorsion d’argent de Mirza Abu’l-Qasim (184). Ayrton dans la même lettre, écrit :

«Juste la dernière semaine, le consul persan là-bas s’abstint d’avoir un homme calme actif, avancé en âge, du nom de Abu’l-Kasino (185), qui avait accumulé environ 1500 £, déporté vers le Haut-Nil sur l’accusation d’appartenir à une secte hérétique, connue comme la secte babie, sur son acquittement de payer 1000 £, que l’infortunée victime a consenti à payer; et pour faciliter sa réalisation, un consulaire persan Kavas, a été envoyé autour avec lui pour rappeler les débiteurs persans de leurs obligations. Ce n’était pas une simple menace, l’ordre venait de Hussein Khan. (186)

Dans le but d’être capable d’agir contre ce groupe de 7 marchands britanniques protégés, il fut nécessaire de persuader le gouvernement britannique de retirer leur protection de ces personnes. Mirza Husayn Khan, par conséquent, demanda à Haji Muhsin Khan, Chargé d’Affaires persan à Londres de s’adresser au Ministère des Affaires Etrangères britanniques sur ce point.

Dans sa lettre à Lord Stanley, Haji Muhsin Khan se plaignit que ces personnes sont «babis» et demande que la protection britannique soit retirée d’eux afin que leurs activités puissent être contrôlées. En fait, comme la correspondance suivante l’indique, seul une de ces 7 personnes était baha’ie, Siyyid Husayn-i-Kashani, et le but réel de cette manoeuvre était de mettre Mirza Hasan Khan dans une position pour être capable d’extorquer de l’argent d’eux. La lettre d’Haji Muhsin Khan est datée du 15 juillet 1868:

«Monseigneur
J’ai l’honneur de vous révéler, d’informations données par le consul-général de Perse en Egypte, que certains sujets persans ont obtenu du consul-général de Sa Majesté britannique des passeports et des lettres de naturalisation en tant que sujets anglais. Ils ont seulement cherché ce statut à cause de leur position dans laquelle ils se trouvent eux-mêmes vis-à-vis des autorités. Il est à peine nécessaire pour moi d’ajouter que certains d’entre eux sont babis, et ont directement attenté à la vie de mon souverain ou sont mélangés dans un tel attentat.
Je suis convaincu que Vôtre Excellence estime ces faits avec la plus profonde impartialité qui le distingue et, en vue des traités et des relations amicales qui existent entre l’Angleterre et la Perse, souhaitera donner des instructions au consul-général de Sa Majesté la Reine en Egypte afin que les passeports et les lettres de naturalisation accordés aux dits sujets persans puissent être retirés et nous pourrions plus longtemps avoir peur de la répétition de tels évènements.
J’ai l’honneur de vous communiquer avec ceci la liste des sujets persans à qui ont été accordé les passeports mentionnés ci-dessus». (187)

La liste mentionnée dans cette dépêche était comme suit :

1. Haji Mirza Javad (188) de Chiraz, marchand.

2. Haji Aqa de Chiraz, marchand.

3. Mirza Ali-Akbar de Chiraz, marchand.

4. Haji Abbas-Aliy-i-Namazi de Chiraz, marchand.

5. Haji Mirza Ra’fi d’Isfahan, marchand.

6. Siyyid Husayn de Kashan, marchand.

7. Haji Mahmud de Kirmanshah, marchand. (189)

En recevant cette note de Haji Muhsin Khan, Lord Stanley écrivit au colonel Stanton, le consul-général britannique à Alexandrie, l’enjoignant de lui fournir un rapport sur le sujet. (190)

Stanton entrepris ses enquêtes en écrivant à Raphael Borg, le consul de service au Caire, lui demandant de faire des enquêtes. Basée sur la réponse de Borg, Stanton écrivit à Lord Stanley le 29 juillet 1868 :

«J’ai l’honneur de rapporter ceci immédiatement de la réception de la dépêche de Vôtre Majesté, j’ai appelé Sa majesté le consul de service au Caire de m’informer par quelle autorité la protection britannique a été accordée aux personnes citées par le Chargé d’Affaires persan et ont reçu de Monsieur Borg une déclaration de la résolution suivante, c’est-à-dire : Haji Mirza Abdul Gewah (Djevad) est enregistré en tant que sujet britannique sous la vigueur du passeport du ministère des Affaires Etrangères n° 81967 du 12 août 1864.

Hadji Aqa sur un passeport du Ministère des Affaires Etrangères n° 165 du 22 novembre 1865.

Mirza Aly Akbar en vertu d’un certificat de naturalisation, émis par le gouvernement de Bombay, un mémorandum du Sous Secrétaire du gouvernement de Bombay et un passeport, datés respectivement du 13, du 27, et du 28 mars 1867.

Hadji Abbas Aly étant le fils d’un sujet britannique naturalisé en Inde.

Hadji Mirza Rufeed (Rufy) en vertu d’un certificat de naturalisation délivré par le gouvernement de Bombay et le certificat du magistrat de police principal datés respectivement du 28 novembre et du Ier décembre 1865.

Seid Hussein en vertu d’un certificat de naturalisation et un passeport accordés par le gouvernement de Bombay et portant la date respectivement du 18 et du 27 décembre 1866, et Hdji Mohammed de Kirmanshah en vertu du certificat de naturalisation et du passeport délivré par le gouvernement de Bombay portant la date respectivement du 17 avril et du 14 mai dernier.

Ces déclarations, je les imagine être suffisantes pour prouver à Vôtre Excellence combien est infondée l’affirmation faite par le Chargé d’Affaires persan et je crois qu’il est à peine nécessaire pour moi d’ajouter la certitude qu’aucune lettre de naturalisation ont été issue de l’agence et du consulat général depuis que j’ai eu l’honneur de tenir ce poste et ma conviction qu’aucun passeport n’ait été improprement délivré par quelques bureau consulaire à Sa Majesté dans ce pays.

Dans le but cependant de prouver à Vôtre Excellence la vue sérieuse prise dans cette affaire par les personnes, dont le droit à la protection britannique est questionné, je vous prie d’expédier de cela des copies d’une dépêche confidentielle qui m’a été adressé sur le sujet par le Consul en place au Caire et d’une lettre que j’ai reçu de Monsieur Frédéric Ayrton qui a été un résident dans ce pays pendant plusieurs années.

Ces lettres projetteront probablement une lumière neuve des raisons qui ont amené la demande des autorités persanes et je crois, convaincra Vôtre Majesté que la protection britannique qui a été accordée aux personnes en question ne devraient pas leur être retirée». (191)

La première pièce jointe dans la dépêche de Stanton fut une lettre de Borg datée du 27 juillet 1868, qui indiquait le sentiment de malaise par ces personnes qui étaient en train d’être ainsi menacées :

«Je pense de mon devoir d’amener à vôtre attention sous une forme confidentielle, une quasi démonstration qui eût lieu un jour de la part de ces personnes nommées dans ma dépêche n°14 à la date de ce jour.
En produisant leurs papiers, ils déclarèrent qu’ils récurent une courte période depuis qu’une suggestion que le consul général persan était en train de préparer de discuter de la question de leur droit à la protection britannique et de trouver par mes enquêtes pour ces documents que tel était le cas, ils se sentaient (bound) à ajouter que, dans l’évènement des autorités britanniques déclinant de continuer leur protection à eux, ils n’étaient pas préparé à soumettre à cette autorité(officer) et qu’ils préféreraient présenter un mémorial à Sa Majesté le vice-Roi demandant sa protection pendant un temps qui pourrait les rendre capables de terminer leurs affaires et de quitter le pays. Puis ils continuèrent à m’informer qu’ils en étaient venus à cette détermination, devant à la disgracieuse manière d’agir du consul général persan dont les sujets ont été et sont rappelés de manière répétitive à lui payer de grandes sommes d’argent qu’ils sont obligés d’accomplir pour éviter l’emprisonnement, les bastonnades et les vexations, des procédés insultants ou autrement dégradants auxquels les accusés sont, par son ordre, souvent soumis. Ils continuèrent à dire que plusieurs demandes de justice faites à Constantinople avaient été négligées, cet officier fermant les yeux à ces procédés et prenant part au pillage.
Je pourrais dire ici que la déclaration au-dessus correspond à une information similaire donnée par Monsieur Grégoire d’Ellia, chancelier du vice-consul russe au vice-consul Monsieur Reade quelques jours avant son départ en Europe». (192)

La seconde pièce-jointe fut une longue lettre de Monsieur Frédérick Ayrton datée du 28 juillet 1868, une partie de celle-ci a déjà été citée.

«Je pense que vous connaissez Hussein Khan; mais je ne sais pas si vous êtes conscient de toutes les iniquités du système du consulat persan, devant lequel, dans la voie de la corruption et de l’injustice, tout les autres palissent.
L’objet de la présente lettre est de (draw within) le pouvoir de l’exaction persane, quelques hommes respectables qui ont été longtemps reliés avec l’Inde et ont fait de l’argent en (turning to account) dans le commerce (with) et en Egypte, leur connexion indienne qui subsiste encore; et c’est en Inde qu’ils retourneront probablement, si leurs opérations cessent ici».

La lettre de Ayrton disperse alors pour discuter de plusieurs points de loi internationale en ce qui concerne la nationalité, avant de retourner au sujet de la corruption dans le service consulaire de Perse; (193)

«Les consulats de Perse (page 261) dans les villes turques et égyptiennes, je suis informé de plusieurs sources sures, indépendants des personnes dont la position est à présent questionnée, sont systématiquement (sold) par Hussein Khan; les mots étant deux tiers de ce que le consul peut exprimer de ses administré à être remis à Constantinople. Ces restrictions sont parfois à une grande échelle...

Les domaines des personnes sous juridiction persane mourant ici sont simplement engloutis, comme (it were) dans un (gulph) du consulat persan...

Je connais Hussein Khan suffisamment. Il fut anciennement consul persan à Bombay. Il est de compagnie agréable, convaincant dans la parole, versé dans le français, particulièrement en turc, en arabe et en hindoustani et de manières qui font bonne impression, mais très subtil, et je serais vraiment désolé de dépendre de ses paroles, si c’était son intérêt de tromper. Il est devenu un homme riche en dehors des poches de ses sujets. Il vient juste d’être appelé à Téhéran où il trouvera probablement que ses gains n’ont pas été évalués négligemment.

J’espère que la population dont j’écris pour son intérêt pourrait recevoir toute vraie considération et ne pas être livrée au pillage et à la spoliation, ou être dérangée d’une manière à leur causer des blessures». (194)

Le 15 août 1868, Monsieur Hammond, en l’absence de Lord Stanley, envoya une réponse à Haji Muhsi Khan : « En référence à ma note du 17 du mois dernier,, j’ai l’honneur de vous informer qu’il apparaît dans un rapport que j’ai reçu du Colonel Stanton que les différentes parties résidant à présent en Egypte auxquelles vous vous référiez dans vôtre note du 15 du mois dernier comme étant des sujets persans et par conséquent protégées à tort par Vôtre Majesté du consul général, sont naturalisées sujets britanniques; et qu’ils ont d’un commun accord donné droit à quelque autre pays sauf la Perse à la protection britannique». (195)

Ce ne fut pas cependant la fin de l’histoire, car le 26 septembre 1868, Haji Muhsin Khan riposta avec certains documents, représentant ceux-ci comme preuves que trois de ces marchands, Haji Mirza Javad-i-Shirazi, Siyyid Husayn-i-Kashani et Haji Mahmud-i-Kirmanshahi (196) avaient obtenu leur protection britannique sous de fausses circonstances. Dans le but de ne pas prolonger ce chapitre de manière inutile, seul le cas de Siyyid Husayn sera considéré ultérieurement car il était le seul baha’i du groupe. La lettre de Haji Muhsin Khan déclare :

«Je dois soumettre à Vôtre Excellence, en vue d’une réponse, certaines observations qui ne me permettent pas de les regarder comme décisives, et (keeping) à l’intérieur des faits du sujet, clarifieront pour vous la valeur de ces lettres de naturalisation.

Deux de ces individus sont des sujets persans résidant en Egypte depuis plusieurs années, et n’ont jamais quitté ce pays. C’est seulement plus tard qu’ils ont obtenu, par correspondance avec un ami de Londres, des passeports ordinaires, et c’est en présentant ces passeports qu’ils sont devenus sujets britanniques sans avoir jamais mis le pied en Angleterre ou dans quelque territoire anglais...

Trois autres de ces individus ont, il est vrai, quitté l’Egypte pendant quelques mois, mais le seul but de leur voyage fut d’arriver à Bombay et de là, par de faux témoignages, d’obtenir le but de leurs manoeuvres.

En regard en particulier au susnommé Husayn de Kashan, qui a été chassé à l’époque en tant que babiste et qui s’est pendant longtemps réfugié au Caire, je joins à ma lettre les documents établissant que s'il a quitté l’Egypte, c’est seulement pour une courte durée. Un homme d’Affaires persan, vivant au Caire, lui envoya pour ses dépenses à Chiraz, d’où il l’a ordonné de retourner dans sa famille. Ce fut sur le chemin de Chiraz en Egypte qu’il arriva à Bombay et ramena de là-bas, par des moyens déjà indiqués, un certificat de naturalisation. Le document qui établit ces faits est signé non seulement par suscité Haji Abu’l-Qasim, mais aussi par plusieurs marchands notoires dans la même ville». (197)

Une nouvelle fois, Lord Stanley écrivit à Stanton, expédiant les documents fournis par le chargé d’Affaires persan, et lui demandant d’instituer une enquête complète sur le sujet. (198)

Stanton transmit les papiers à Raphael Borg au Caire pour une enquête ultérieure.

Le rapport de Borg, datée du 31 octobre 1868 est long; la section traitant de Siyyid Husayn est comme suit :

«En regard à la pièce-jointe, marquée numéro 2 dans vôtre même dépêche, prétendant être les preuves de diverses personnes contre le droit de Saïd Hossein à la protection britannique, j’ai observé premièrement : que sur un examen minutieux par l’interprète de ce consulat, des signatures de ce document, il est d’avis que 6 sont de la même écriture et 4 d’une autre, qui militent contre ces signatures étant authentiques; ni il est habituel pour des personnes de l’Orient d’utiliser des signatures, mais plutôt des sceaux, comme dans le cas de ce document numéro 1. Deuxièmement : plusieurs des personnes signant le document n° 2 sont dits être natifs d’Egypte qui pourrait connaître peu lié avec la nationalité d’un étranger. La déclaration dans laquelle leur nom apparaît, ne va pas plus loin que de dire qu’il était absent à certains moments, pendant un certain temps de Mansourah qui est la ville du Delta de la branche Damiette du Nil, à environ 90 milles en dessous du Caire. Je pourrais mentionner qu’il y a la preuve dans ce consulat que l’une des signatures au n°2 au nom de Haji Abu-el-Kassim, au moment où il l’a signé, devait avoir été en prison dans le consul persan au Caire, et il est bien connu que cet homme est une triste victime - de l’excuse d’être un babi - à l’autorité consulaire persane, ayant été complètement dépouillé de la petite fortune (on dit avoir été de 1500£ à 2000£) qu’il avait faite. Saïd Hossein jouit de la protection britannique en Egypte en vertu des lettres de naturalisation lui ayant été accordées par le gouvernement de Bombay le 18 décembre 1886. Ses affaires semblent consister à traiter en Egypte avec les marchandises indiennes». (199)

Le rapport de Borg expédié de Stanton à Lord Stanley le 12 novembre 1868 avec sa propre estimation de la preuve :

«Sous ces circonstances et considérant le fait que la protection britannique devrait être retirée de ces personnes, ils seront sans nul doute sujets à une persécution par le consulat de Perse, je crois que Vôtre Majesté confirmera leur naturalisation et les privera pas de la protection qu’ils ont trouvé sous le drapeau britannique». (200)

Lord Stanley écrivit à Haji Muhsin Khan le 25 novembre 1868, déclarant que :

«En référence à ma lettre du Ier octobre dernier et à vôtre lettre du 16 courant, respectant le retrait de la protection britannique à l’une des personnes référée dans vôtre lettre du 26 septembre, j’ai l’honneur de faire connaître, qu’après une enquête minutieuse par l’agent de Sa Majesté et du consul général en Egypte dans toutes les circonstances reliées avec l’été minutieuse par l’agent de Sa Majesté et du consul général en Egypte dans toutes les circonstances reliées avec l’octroi de la protection britannique aux autres parties référées dans vôtre lettre, il apparaît que Hadji Mirza Djevad et Saïd Hussein sont clairement eurent droit à une telle protection qui ne peux être par conséquent leur être retirée». (201)

Les autorités persanes n’étaient pas préparées à permettre que l’affaire en reste là. Le 4 janvier 1849, Haji Muhsin Khan souleva une fois de plus la question avec le successeur de Lord Stanley au Ministre des Affaires Etrangères, Lord Clarendon.

Dans cette lettre, il réexamine le cas persan contre Haji Mirza Abdu’l-Javad et Siyyid Husayn-i-Kashani et puis continue à réclamer que le gouvernement britannique en protégeant ces deux personnes était en train de contrevenir l’article 12 du Traité anglo-persan de Paris (202203).

Lord Clarendon, dans une réponse ferme à Haji Muhsi Khan daté du 9 janvier 1869, déclara

«... J’ai l’honneur de vous informer que je ne vois aucune raison de différer la décision de mon prédécesseur comme transmise à vous dans sa lettre du 25 novembre dernier. L’article 12 du Traité de Paris auquel vous vous référez, s’applique seulement à la question de la protection de sujets persans par les représentants de Sa Majesté en Perse, et en aucun cas relatif aux cas des personnes en question, l’une d’elle, Haji Mirza Djeward, apparaît d’une déclaration faite devant le consul britannique en place au Caire en octobre dernier, avoir été natif à Bombay et de n’avoir jamais été sous protection persane, ayant dans l’année 1854, lorsque les sujets persans furent appelés à s’enregistrer eux-mêmes, réclamé l’exemption sur le sol d’être sujet britannique. En ce qui concerne l’autre, ïd Hossein, qui jouit de la protection britannique en Egypte en vertu des lettres de naturalisation lui étant accordée par le gouvernement de Bombay, il n’apparaît pas y avoir la moindre preuve que ces lettres furent obtenus de manière incorrectes ou qu’il a depuis ce temps-là été sous la protection persane en Egypte». (204)

Le 11 février 1869, Haji Muhsin Khan écrivit pourtant une nouvelle fois à Lord Clarendon. En cette occasion, son démêlé en ce qui concerne Siyyid Husayn était que cet individu n’avait pas empli les conditions nécessaires pour obtenir un certificat de naturalisation : «Comme pour Siyyid Husayn Kashani, je dois vigoureusement protesté au sujet de la valeur de ses lettres de naturalisation. Il n’y a aucune preuve, me dis-je, qu’elles aient été obtenues de manière irrégulière. Est-ce cette apparente absence d’illégalité suffisante pour une bonne justice? J’affirme qu’il a fait de fausses déclarations, que Siyyid Husayn n’a jamais rempli les conditions de naissance exigées pour devenir sujet britannique». (205)

Une nouvelle fois, il fut demandé au colonel Stanton d’enquêter sur le sujet et d’en référer au gouvernement de Bombay si nécessaire. (206) La réponse de Stanton, datée du 1 avril 1869, traite en longueur du cas de Mirza Abdu’l-Javad, mais en ce qui concerne Siyyid Husayn, il écrivit : Je regrette qu’il n’est pas en mon pouvoir d’offrir quelques remarques supplémentaires au cas de Siyid Husayn, comme cette personne n’est à présent venue et de sérieux doutes sont sentis si il n’a pas été la victime de quelque jeu irrégulier. La cause de sa disparition est en train d’être enquêté par le biais du consulat au Caire de Sa Majesté, et devrait-il y avoir quelque éclairage soit projeté sur le sujet, je ne manquerais pas de rapporter à Vôtre Excellence sur le sujet sans retard». (207)

Il est probable que Siyyid Husayn avait décidé de s’absenter lui-même pendant un certain temps pour permettre à l’affaire de se calmer. Il n’y a aucun rapport ultérieur sur ce sujet de Stanton, et il apparaît que Siyid Husayn retourna une nouvelle fois en Egypte peu de temps après.


Chapitre 16: Evènements à Bagdad (1867-70)

Lorsque Baha’u’llah quitta Bagdad à la seconde étape de son exil, il laissa derrière lui un nombre considérable de ses disciples. Ceux-ci comprenaient des figures importantes telles que Mirza Zaynu’l-Abidin-i-Najafabadi, nommé par Baha’u’llah, Zaynu’l-Muqarrabin (ornement des proches) et Mirza Muhammad-i-Vakil, le gardien de la maison de Baha’u’llah.

En 1867, alors que Baha'u'llah était à Andrinople, la communauté de Bagdad apparaît avoir adressé un appel au congrès des Etats-Unis d'Amérique par l'intermédiaire du consul américain à Beyrouth. Le Révérend Henry Jessup, qui était un missionnaire américain à Beyrouth, enregistre :

«Un extraordinaire document atteignit Beyrouth le 3 avril, adressé au consul des Etats-Unis, de 53 persans à Bagdad, adressant une pétition pour la libération de leur chef, Beha Allah, le réformateur babi persan, qui apparût en 1843 (Evidemment Baha'u'llah a été confondu ici avec le Bab) et fut suivit par des milliers, 30000 d'entre eux furent tués par le Shah de Perse. Il fut arrêté à Bagdad par le gouvernement turc, et se trouve à présent (1867) en prison à Andrinople, Turquie européenne. Sa doctrine particulière est "la fraternité universelle de l'homme". Les pétitionnistes révendiquent leur nombre à 40.000. Un voyageur allemand écrit de Bagdad joignant la pétition et parle admirablement du réformateur, et demande pour sa libération pour raison de liberté religieuse qui est maintenant accordée par le Sultan à tous ses sujets. L'un de ces documents joint à la pétition est signé avec un sceau de l'Eglise franc-maçonnique».
(Jessup, «Fifty-Three Years in Syria», volume 1, page 329).

En 1868, les principaux baha'is à Bagdad, comprenant Zaynu'l-Muqarrabin, furent arrêtés par les autorités turques et exilés à Mosul. Kemball, dans une dépêche à Henry Elliott, l'ambassadeur britannique à Constantinople, datée du 15 juillet 1868, enregistre les circonstances de cette action :

"Monsieur,
Une certaine excitation a été occasionnée ici par l'arrestation et l'emprisonnement des principaux disciples du Bab au nombre de 30 ou 35 personnes presque exclusivement sujets persans qui avaient renoncé à leur obéissance au Shah et avaient accepté des lettres de naturalisation "tezkerehs". Ces sectaires, bien que résidant depuis longtemps à Bagdad, n'avaient pas jusqu'ici ouvertement professé la nouvelle foi, mais durant le dernier Muharram, ils attirèrent la mauvaise volonté des vrais chiites en ridiculisant les rites habituels avec le dernier de cette saison. (*) et trois ou quatre de leur groupe ont depuis perdu leurs vies en se heurtant avec les persans. (Aqa Abdu'r-Rasul-i-Qumi, porteur d'eau pour la maison de Baha'u'llah, fut martyrisé à cette époque. Sa place fut prise pour un temps par Badi).

(*) [nota: Les baha'is furent fréquemment accusés de ridiculiser ou de "se moquer" de l'Islam car leurs joyeuses célébrations de la naissance du Bab et de Baha'u'llah (1er et 2ème Muharram) coïncidèrent avec la période chiite de deuil pour l'Imam Husayn]

Jusqu'à ce moment présent, les autorités turques n'avaient attaché aucune importance à la propagation du babisme parmi les natifs ou les sujets étrangers dans ce quartier, mais plutôt que d'encourager le transfert d'allégiance qui suivit invariablement la conversion d'un persan. Seuls les chiites, fut-il cru, étaient venus sous l'influence des doctrines babies et comme pourtant les sunnites avaient été exemptés de prosélytisme, mais quelques jours plus tard, Ameen Effendi Yuz-Bashi (capitaine) de cavalerie, fils d'un Alim (une personne savante), Ensuff Effendi Naib-Kazee (Na'ib-i-Qadi, juge adjoint), avoua ouvertement lui-même être un babi, et bien qu'emprisonné, durement marqué au fer et soumis à chaque indignité, il refuse de se rétracter. Le cas de Ameen Effendi a fournit la cause de prétexte de la capture d'autres babis professant, mais cette mesure, dit-on, qui a été ordonné par la Porte, a été aussi poussé par les actes de Meerza Hassan Ali [Mirza Husayn-Ali, Baha'u'llah], le chef actuel de la secte, qui de sa déportation de Bagdad en mai 1863 fut exilé à Andrinople et on dit qu'il a réalisé là-bas de nombreuses conversions.

Les disciples du Bab dans cette province sont estimés de 1000 à 1500 âmes. Leurs chefs à présent emprisonnés vont être déportés par groupes à Kerkook, Mosul et Jezireh". (Kemball à Elliot, 15 juillet 1868).

Elliot, dans une dépêche au secrétaire des Affaires Etrangères britannique, Lord Stanley, datée du 14 août 1868, écrit :

«J'ai l'honneur de joindre la copie d'une dépêche de Monsieur A. Kemball sur l'expulsion de Bagdad de certains membres de la secte persane des babis.
Une mesure similaire ayant été adoptée à Andrinople et dans d'autres endroits, j'ai fait une enquête de la cause d'une étape qui avait au moins l'apparence d'une persécution religieuse, et j'ai reçu une explication très similaire à celle donnée à Monsieur A. Kemball.
C'était redouté que les efforts des babis pour faire des prosélytes de parmi les populations musulmanes allait probablement mener à de vieilles rancunes et à des dissensions.
Depuis l'attentat des babis pour assassiner le Shah de Perse, la secte est regardée de haut par ce gouvernement, mais je n'ai aucune raison de croire que la présente mesure a été instiguée par lui, ou qu'il y ait quelque intention de les mettre en leur pouvoir». (Elliot à Stanley, 14 août 1868).

Hadjoute de Pélissier, le Consul français à Bagdad, nota aussi ces arrestations, dans une dépêche à l'ambassadeur français à Constantinople, Nicolas Bourée, datée du 4 août 1868 :

«Nôtre vali a récemment mis en état d'arrestation environ 40 individus appartenant à la secte religieuse des babis, dont le grand Shaykh, Husayn Ali, fut exilé il y a plusieurs années à Andrinople. Ces sectaires, qui ne veulent pas se rétracter, ont été exilés à Jazirih. Trois de ces personnes, suspectées d'être babies, furent dans le même temps placés sous la garde du consulat persan, qui les libéra sur leur déclaration qu'ils n'étaient pas babis, et (making), dit-on, un paiement en conséquence».
(Pelissier à Bourée, 4 août 1868).

Nasiri'd-Din Shah décida en 1870 d'entreprendre un pèlerinage aux tombeaux sacrés en Iraq. En préparation pour cela, Mirza Sa'id Khan, le ministre des affaires étrangères persan, demanda le déplacement de tous les baha'is de Bagdad. Charles Hébert, le Consul britannique en place à Bagdad, dans une dépêche à Henry Elliot datée du 17 août 1870, relate :

«En retour de la lettre n° 24 de Monsieur A. Kemball datée du 15 juillet 1868, j'ai l'honneur de rapporter que au cours du 5 juillet, une rumeur me parvint qu'un ordre nouveau avait été donné pour l'emprisonnement des babis de Bagdad.
J'ai immédiatement pris des mesures pour établir le fondement de cette rumeur et appris que, en conséquence de la visite attendue du Shah de Perse, Son Excellence Midhat Pasha, avec en vue d'empêcher l'événement de quelque acte qui soit de leur part qui pourrait mettre en danger la sécurité de Sa Majesté ou lui causer ombrage, avait invité les babis à se retirer pendant un temps de cette ville et avait même offert de l'aide à ceux qui pourraient être sans les moyens de voyager.
Ayant une opportunité de converser avec Son Excellence quelques jours plus tard, je citais le sujet lorsqu'il confirma sans réserve ce récit déclarant que le ministre persan des Affaires Etangères, s'étant plaint de la présence des babis, et les dangers pour le Shah qui pouraient surgir ainsi, d'être amené à l'attention de la Porte, il avait reçu des ordres pour pourvoir à tout nouvel imprévu.
Il avait d'un commun accord convoqué les principaux membres connus de cette secte et leur avait demandé de quitter Bagdad en leur offrant, comme déclaré ci-dessus, une aide pécuniaire autant qu'il pourrait y en avoir besoin.
Son Excellence déclara qu'il est, comme il l'a montré lui-même, au-delà de toute persécution religieuse, que les personnes fournies étaient de bons sujets de l'Etat, il n'avait aucune inquiétude avec leurs opinions religieuses, mais, qu'en regard aux sentiments et à la sécurité de l'hôte distingué qui est attendu ici dans les deux mois à venir, il est absolument nécessaire d'adopter les mesures les plus efficaces en sa possession.
De cela, il ne peut y avoir aucun doute et la population de Bagdad a toute raison de se sentir rassuré que Son Excellence n'adopterait pas des mesures qui ne sont pas nécessaires de rigueur en cette occasion».
(Herbert à Elliot, 17 août 1868).


Chapitre 17: Evènements dans la région d'Isfahan (1864-91)

Depuis la naissance de la foi babie-baha'ie, Isfahan a été une ville dans laquelle les babis et plus tard la communauté baha'ie a été très forte. Plusieurs des villes et villages autour d'Isfahan, tels que Najafabad, ont de grandes populations baha'ies. En regard aux persécutions de la communauté baha'ie, par conséquent, Isfahan a un record continuel de crises violentes.

* Le soulèvement de Najafabad de 1864:

Le premier soulèvement majeur eût lieu à Najafabad en 1864. L'instigateur de cet épisode fut Shaykh Muhammad-Baqir, qui durant deux décennies, allait terroriser les habitants baha'is d'Isfahan et des régions alentour à une telle extension qu'il gagna lui-même la désignation du "Loup" de Baha'u'llah. En cette occasion, Il réunit les noms de tous les babis (ce fut trois ou 4 ans après cela que la majorité des babis devinrent baha'is) de Najafabad et les avaient arrêtés et amenés à Isfahan, dans l'intention de les mettre tous, 700 personnes, à mort. Il fut empêché de commettre ses forfaits par l'autre uléma d'Isfahan, et finalement il fut décidé d'envoyer 18 des plus importants babis à Téhéran en état d'arrestation.

Le français Chargé d'Affaires, Monsieur le Comte de Rochechouart, entendit évidemment quelque chose de cet épisode et écrivit au Ministre des Affaires Etrangères français, Drouyn de Lhuys, le 5 mai 1864 :

«Un dernier événement qui s'est déroulé pour ajouter de l'inquiétude dans nos esprits; il apparaît que certains babis, environ une douzaine, ont été pris dans la ville d'Isfahan et ont été amenés ici pour être soumis à toutes sortes de tortures; j'espère encore que ces nouvelles seront réfutées car la population, plus avancée que leur gouvernement, regardent avec dégoût et répulsion ces massacres qui sont complètement inutiles : les babis sont une secte inoffensive – ils prêchent, il est vrai, contre les vices des membres du gouvernement et par dessus-tout contre la corruption; ils sont très bien disposés envers les européens en général et nous en particulier.
Si, au contrairement à mes espoirs, ces faits sont vrais, je ferais tous les efforts pour empêcher un massacre, (for which) il n'y a même pas l'excuse de colère provoquée par un premier mouvement [de la part des babis]. Je ferais l'observation que si [le gouvernement persan] est exposé lui-même à de terribles représailles et serait complètement en rupture avec le monde civilisé en commettant de telles infâmies».
(Rochechouart à Drouyn de Lhuys, direction politique, 5 mai 1864).

Shaykh Muhammad-Baqir avait la satisfaction d'avoir un babi exécuté, Mirza Habibu'llah; et un autre d'entre eux, Ustad Husayn-Aliy-i-Khayyat, fut aussi exécuté devant les prisonniers partis pour Téhéran. Le reste des Najafabadis furent renvoyés dans leur ville où chacun reçu une sévère bastonnade en arrivant.

Lorsque les prisonniers arrivèrent à Téhéran, ils furent mis dans un donjon, mais après trois mois, le Shah décida de les libérer. Le 1 juin 1864, Rochechouart écrit : «Les babis, dont j'ai rapporté l'arrestation à Vôtre Excellence, n'ont pas été exécutés. Le Roi blâme secrètement le gouverneur d'Isfahan (Qavamu'd-Dawlih) pour son zèle, et lui a recommandé d'arranger un moyen par lequel ils seraient permis de fuir de la prison où ils avaient été détenus. C'est la possibilité la plus sage a avoir pris car cette secte, bien que paisible pour le moment, aurait été dégoûtée à cause de cette attaque, et le nombre de ces sectaires est si grand que de faire que le gouvernement arrête de penser»
(Rochechouart à Drouyn de Lhyus, 1 juin 1864).

Lorsque les prisonniers de Téhéran furent libres, plusieurs d'entre eux retournèrent à Isfahan. De ceux-là, deux, l'érudit Haji Mulla Hasan et Haji Muhammad-Sadiq, furent à nouveau arrêtés par Shaykh Muhammad-Baqir, en dépit que la liberté leur ait été donné par le Shah lui-même. Sur les ordres de Shaykh Muhammad-Baqir, ils furent battus, puis exécutés dans le Maydan-i-Shah. Bien qu'il n'y ait un doute sur l'endroit (*), c'est probablement ces deux personnes qui sont citées dans une dépêche de l'agent britannique à Isfahan, Stephen Aganoor à Monsieur Charles Alison à Téhéran, datée du 13 septembre 1864 : « Il ya quelques jours, trois hommes furent décapités, deux d'entre eux étaient babis et le troisième un meurtrier». (Aganoor à Alison, 13 septembre 1864).

(*) [Nota: Selon Avarih «Al-Kavakibu'd-Durriyyi» (volume 1, pages 401-2), après avoir été libérés de la prison à Téhéran, les prisonniers retournèrent à Isfahan, et leurs exécutions n'eut pas lieu avant 1868. Cela signifierait naturellement que celles-ci ne pouvaient pas être les personnes mentionnées dans la dépêche. Cependant, la date de la dépêche d'Aganoor étant du 13 septembre laisse largement le temps pour les najafabadis d'avoir passé 3 mois en prison à Téhéran et puis d'être retournés à Isfahan]

* Le soulèvement d'Isfahan de 1874:

Le 8 mai 1874, le fils aîné de Nasiri'd-Din Shah, Sultan-Mas'ud Mirza, Zillu's-Sultan ariva à Isfahan en tant que gouverneur à l'âge de 25 ans. Il allait rester à ce poste pendant 32 ans durant lesquels il instigua ou ne fit rien pour empêcher de nombreuses persécutions et martyres des baha'is. En fait son gouvernement fut inauguré par une persécution générale des baha'is quelques jours après son arrivée. L'origine de cette explosion peut-être attribué une nouvelle fois à Shaykh Muhammad-Baqir. Robert Bruce de la Société de l'Eglise missionnaire, qui était à Isfahan, envoya un rapport complet à la fois à sa société et au Ministre britannique, William Taylour Thomson. Le rapport de ce dernier, daté du 22 mai 1874, est reproduit ici :

«J'ai l'honneur d'envoyer à Vôtre Excellence par l'intermédiaire du Commandant Smith deux télégrammes au sujet des persécutions de babis et d'autres à Isfahan, commencées par Shaik Mahomed Baqir.

Comme j'avais demandé par le général Lake d'envoyer des informations de toute sorte en ce qui concerne la liberté religieuse en Perse, pour Lord Lawrence (*) et Sa Majesté le Ministre des Affaires Etrangères chez eux, je pense qu'il est bon d'envoyer à Vôtre Excellence une copie de l'information que je suis en train d'expédier à Londres.

(*) [nota: Lawrence fut particulièrement intéressé en procurant la liberté pour les missionnaires chrétiens de travailler parmi les musulmans en Perse. A cette fin, il avait demandé que tout cas d'intolérance religieuse soit amené à son attention dans le but que ces cas puissent être utilisés pour apporter de la pression à supporter sur les autorités persanes. Lorsque la lettre de Bruce en ce qui concerne ce soulèvement lui parvint, cependant, il répondit qu'il sentait que ce serait mieux de laisser l'affaire en repos pour le moment; « nos autorités ne sont pas très zélées dans le chemin de l'interférence et ce serait déconseillé de (strain) quelque influence que nous pourrions avoir avec eux mais plutôt de la garder pour des cas très spéciaux, Archives CMS]

La persécution commenca tout d'abord il y a un mois par Shaik Mahomed Bakir, tandis que H.R.H., le hissam us Sultaneh (Sultan-Murad Mirza, Hisamu's-Saltanih) ordonna tout de suite au shaik de libérer le shaykhi et le réprouva d'essayer de causer une rébellion parmi les sujets du Shah.

Dès que H.R.H. Avait été libéré de cela dans la province du Fars que le shaik arrêta tout de suite le même shaykhi une seconde fois et le bannit d'Isfahan à un village de Charmahal appelé Chamasman.

Voyant qu'il n'était pas opposé à cela, il avait les noms de plus d'une centaine (certains disent 400) de personnes prises qui furent accusées d'être babies.

Environ 20 ou plus furent arrêtées en un ou deux jours. Mais le plus grand nombre ayant eu à propos l'information des desseins du Shaik, fuirent de leurs domiciles, et ou bien se dissimulèrent eux-mêmes à Isfahan ou fuirent dans d'autres endroits, laisant leurs familles dans un état d'alerte et abandonnant leurs magasins et leurs professions.

Nombre d'hommes fuirent à Julfa et essayèrent de prendre refuge dans le Bureau télégraphique et les maisons des européens.

Comme c'est toujours le cas, l'avantage fut pris de cet état des choses, par des personnes malicieuses d'accuser leurs ennemis d'être babis et aussi par les policiers (darrogas) farrasches, etc. d'extorquer de l'argent de citoyens inoffensifs et sans défense, en les menaçant d'être emmenés devant le Shaik.

Je fus informé par plusieurs personnes non babies que le Shak prêchait publiquement dans la grande mosquée que le sang de tous ceux arrêtés et (proscribed) était hallal (légal – dans le sens religieux) pour lui de verser, et que leurs filles veuves et leurs biens étaient à la merci des musulmans pour faire ce qu'ils voulaient avec elles.

Les choses auraient été bien pire si le Saham ud Doulat (208)n’avait utilisé toute son influence pour obtenir la libération de certains de ceux arrêtés, et aussi de dissuader le Shaik d’aller plus loin dans la persécution.

Quelques jours plus tard après que les télégrammes furent envoyés à Vôtre Excellence de Julfa, les choses devinrent beaucoup plus calmes - le plus grand nombre de ceux emprisonnés furent mis en liberté et plus aucune arrestation ne furent faites. On suppose que cela est du à l’aimable intervention de Vôtre Excellence et l’action du gouvernement persan à Téhéran.

Beaucoup de ceux proscrits n’étaient certainement pas des babis.

Un syad qui étudie l’anglais dans mon école fut arrêté, mais bien que remis en liberté par l’aimable intervention du Saham ud Doulat (sic), il n’a pas été capable depuis de continuer ses études.

Mon propre Mirza - certainement pas un babi était dans un tel état de peur - ses parents ayant été arrêtés - et lui-même menacé, que pendant plusieurs jours, il ne put travailler pour moi.

Une famille de personnes, un père et deux fils qui ont l’habitude de travailler pour l’équipe du télégraphe à Julfa, furent proscrits. Ils ont été prendre refuge dans la maison de mon école et de l’Eglise R.C. Ils ne sont certainement pas babis et sont de toute manière des hommes travailleurs tout à fait bien éduqués.

Un pauvre tisserand qui fait des vêtements pour les anglais et les arméniens était dans la même position - et plusieurs autres que je connais moi-même.

Malgré tout ce qui a été fait, ils sont encore 5 ou 6 prisonniers sous bonne garde et ceux cités au-dessus, et beaucoup d’autres sont encore privé d’emploi et apeurés de quitter leurs cachettes.

Shaik Mahomed Bakir était jusqu’à présent le troisième en rang des grands prêtres là-bas. L’Imam-Juma (209) et Syad Ussad Ullah (210) furent toujours opposés à sa propension de persécution. Les deux derniers ne persécutèrent jamais aucune secte. Syad Ussad Ullah mourut plus tard et l’Imam est très faible et malade.

J’ai vu l’Imam ce matin et il exprimait la désapprobation la plus forte de toute la transaction en public devant un grand nombre de persans. Malheureusement il est trop souffrant pour prendre des mesures actives à propos de quelque chose ou d’autre qui n’aurait jamais du arriver. Le Shaik est le seul qui opprime quelque classe de la population ici». (211)

Le rapport que Bruce envoya à la Société de l’Eglise missionnaire sur cette épisode diffère de celui au-dessus seulement en ce qu’il loue le rôle joué par le Sahamu’d-Dawlih : «Les choses auraient pu être pire si le brigadier-général - le Saham ud Dowlah n’avait usé de son influence pour obtenir la libération de plusieurs des prisonniers et aussi de dissuader le Shaik d’aller trop loin». (212)

Briuce mentionne aussi cela : «Sayad Momin le frère et le successeur de Haji Sayad Ussad Ullah prêchait hier au même effet [comme l’Imam-Jumih - désapprouvant fortement la conduite de Shaykh Muhammad-Baqir» (213).

L’agent britannique à Isfahan, Aganoor, rapporta aussi l’épisode mais plus brièvement. Le 14 mai 1874, il envoya un télégramme annonçant les arrestations et suivit cela avec un court rapport daté du 23 mai 1874 :

«Depuis que j’ai entendu que des ordres avaient été envoyés de Téhéran aux autorités là-bas de ne pas permettre aux personnes innocentes et inoffensives d’être molestées - mais Sheik Mahhomed Bakir est encore à la recherche de bobbies (sic) et de shaykhis pour les arrêter et les punir.

L’imam-Jumih d’Isfahan apparait être contre cet acte du vizir et de Sheik Mahhomed Baqir, et il ne souhaite pas que ces pauvres gens soient maltraités». (214)

En planifiant cette explosion contre les babis, Shaykh Muhammad-Baqir et le Zillu’s-Sultan cherchaient à empêcher tout moyen par lequel les bahai’s pourraient faire appel à Téhéran contre la persécution. Ainsi le bureau du télégraphe et le receveur du poste furent instruits de refuser toute pétition des baha’is, tandis qu’une attention spéciale était portée aux portes de la ville. Les baha’is cependant essayèrent de faire clandestinement un messager (215) en dehors de la ville qui irait en hâte à Kashan.

Là-bas il mobilisa les baha’is de la ville pour marcher au bureau du télégraphe et ainsi réussirent en donnant un message au gouvernement central. Finalement des ordres arrivèrent de Téhéran que les persécutions devaient cesser.

* Le martyre de Mulla Kazim de Talkhunchih (1878):

L’un de ceux arrêtés dans l’épisode de 1874 raconté ci-dessus était un certain Mulla Kazim de Talkhunchih. Cet homme avait été l’un des ulémas d’Isfahan et était retourné au village de Talkhunchih comme sa figure religieuse meneuse. Il fut converti à la foi baha’ie (216) par Siyyid Abdu’r-Rahim, et cela mena à son expulsion de Talkhunchih et son retour à Isfahan. Après le soulèvement de 1874, Mulla Kazim fut contraint de quitter Isfahan et vécut pendant un temps à Chiraz et Téhéran. Finalement il retourna à Isfahan.

En une occasion lorsqu’il allait à Talkhunchih, Siyyid Husayn qui était mujtahid là-bas lui causa d’être arrêté et d’être renvoyé à Isfahan. Nicolas, qui était à Isfahan quelques années plus tard et qui fut capable d’être témoin et d’enquêter pleinement de cet épisode, écrivit :

«Au mois de Dhi’l-Hijjih 1294 (décembre 1877), il [Mulla Kazim] alla à Talkhunchih. Là-bas il entra en conversation avec le Mulla de la place et il fut une nouvelle fois arrêté avec Siyyid Aqa Jan.
Ils furent renvoyés à Isfahan, où ils commencèrent à nouveau le pillage [les maisons des baha’is]. Certains autres, parmi eux Haji Hashim-i-Rizi, qui vivait dans le village de Riz et qui était Kad-Khuda de celui-ci, furent arrêtés.
Mulla Kazim, avec les autres, fut ramené à Isfahan et amené à la maison de Haji Shaykh Baqir. Là il réaffirma sa religion et, sur les ordres de Mirza Baqir (217), fut emmené au jardin du Shah [Maydan-i-Shah] à Isfahan; Mulla Kazim de ses propres mains enleva ses vêtements et demanda au bourreau d’exécuter son travail rapidement. En présence d’une grande foule, sa tête fut coupée au Pa Qapuq (218), une construction safavide.
Après qu’il ait été tué, Siyyid Zaynu’l-Abidin raconta, « J’arrivais à la Maydan-i-Shah et je vis la population avec des bâtons et des pierres, réunis autour du corps de Mulla Kazim et le frappant. Quand bien même il est dit dans l’Islam qu’il est interdit de brûler les corps et de les tuer ou de battre même des animaux avec des bâtons et des pierres». (219)
Après l’exécution de Mulla Kazim, Siyyid Aqa Jan fut ligoté à un poteau au Kaysariyyih (220) qui est proche du Maydan-i-Shah, et là il fut battu du matin jusqu’au soir. Puis ses oreilles furent coupées et il fut amené à travers les bazars». (221)

* Le «Roi des Martyrs et le «Bien Aimé des Martyrs»:

Haji Siyyid Muhammad-Hasan et son frère, Haji Siyyid Muhammad-Husayn étaient deux marchands riches et respectés d’Isfahan. Bien que bien connus en tant que baha’is, ils étaient néanmoins confiés aux soins de l’Imam-Jumih d’Isfahan, Mir Muhammad-Husayn (222), avec la (oare) de toutes ses affaires de commerce. Au cours de la direction des affaires de l’Imam-Jumih, les frères remboursèrent toute dette qui s’était passée, et au bout de plusieurs années l’Imam-Jumih vint à leur devoir une somme considérable d’argent. Ce fut principalement pour éviter de payer cette dette que l’Imam-Jumih concut un plan pour (encompass) la mort de ces deux frères, que Baha’u’llah désigna par la suite comme le «Roi des Martyrs» et le «Bien Aimé des Martyrs».

Le docteur C.J.Wills, qui était médecin attaché au bureau du télégraphe indo-européen à Isfahan et ami personnel des deux frères, décrivit leur sort cruel ainsi :

«J’ai fait la connaissance de trois frères qui étaient Syuds (sic) ou des saints hommes, mais qui avaient la réputation d’être de libre penseurs; ces hommes m’appelèrent et insistèrent sur mon déjeuner avec eux dans la ville; ils étaient des propriétaires de terrain et des marchands riches. J’ai trouvé leur maison meublée magnifiquement et leur hospitalité était grande; ils discouraient beaucoup sur le sujet de la religion, et étaient très éloquents sur les injustices perpétrées en Perse. Ils étaient de proches parentés de l’Imam-Jumih, ou grand prêtre, un très grand personnage en fait, qui gouvernait la ville d’Isfahan par son influence personnelle. Il est dit que quiconque subissait son déplaisir, perdait toujours d’une façon ou d’une autre la vie.

Sous l’ombre d’une telle relation, les Syuds Hassan et Houssein et leur frère tenaient ouvertement leurs vraies opinions libérales. Ils étaient, en fait, sectateurs du Bab...

Quelques jours [plus tard], mes amis les trois frères furent arrêtés, leurs biens pillés par le fils du roi le Zillu’s-Sultan, alors le gouverneur d’Isfahan, et par l’Imam-Jumih, le successeur de leur ancien protecteur, dans le bureau d’un grand prêtre d’Isfahan. Leurs femmes, battues et insultées, fuirent dans les andérouns (harems) d’amis et de parents, mais elles furent rejetées par eux de peur d’être compromis. Puis elles allèrent au bureau du télégraphe à Julfa et s’assirent dans une pièce de dessus sans argent et sans nourriture. Après quelques jours les parents, plutôt que de laisser le (à elles) scandale continuer des femmes étant dans les quartiers des européens, leur donnèrent abri.

La cause réelle de l’arrestation de ces hommes n’était pas la religion; l’Imam-Jumih leur devait 18000 tomans (7200 pounds); on les fit venir et on leur dit que s'ils ne pardonnaient pas la dette, ils seraient dénoncés et inévitablement tués. Mais l’habitude les avaient rendu hardis. Ils déclinèrent de remettre même une partie de la somme due; ils furent poliment congédiés de la présence du grand prêtre, et une proposition faite par le prince que l’ensemble de leurs biens seraient confisqués par lui et qu’ils seraient accusés de babisme et exécutés. Cela fut approuvé. On les amena et on les (taken from) de la présence du prince en protestant de leur innocence, le plus jeune frère maudissant le Bab comme preuve de son orthodoxie.

Le lendemain, tous furent sauvagement battus en prison, et cela annonçait généralement qu’ils seraient exécutés; mais étant des hommes de richesse et d’influence, personne ne crut en cela.

Le missionnaire anglais à Julfa, le révérend Bruce, le superintendant assistant du télégraphe, Monsieur Hoeltzer et quelques arméniens, adressèrent une lettre au prince qui, pendant qu’apparemment il plaidait leur cause, en vérité, je crains, accéléra leur sort (si cela eût quelque effet). le prince était furieux, et ne daignait aucune réponse.

Il m’est arrivé de le voir professionnellement et il me demanda pourquoi je n’avais pas signé cette lettre. Je répondis que (i had not been asked to) dans le premier (place; et que je devrais hésiter à mélanger moi-même dans la politique du pays, étant un fonctionnaire étranger. Il apprécia mes raisons et demanda si je connaissais les trois hommes.

Je répondis que tous les trois étaient mes amis intimes et que j’avais confiance que leurs vies ne seraient pas en danger.

Je n’ai jamais été capable d’affirmer si sa réponse fut simplement donner pour me rassurer ou non; c’était celle-ci :

L’affaire n’est vraiment pas entre mes mains - cela a été référé au roi; il est très violent contre les babis comme vous savez; rien que des sahibs à Julfa pourrait faire (will have) quelque effet. Pourquoi, sahib, qu’est-ce que vôtre Prince de Galles dirait si il était interrogé, et que des lettres écrites à lui au sujet de criminels confessés par d’obscurs persans? Le missionnaire, le missionnaire, il me trouble seulement pour le rendre lui-même tristement célèbre.

J’expliquais que ces Syuds étaient réellement des amis personnels du missionnaire aussi que les miens.

Toutes les personnes (disaffected) sont des amis des missionnaires, comme vous le savez bien.

Je lui demandais à nouveau s'ils seraient épargnés ou non?

Je ne peux rien vous dire de plus, dit-il; l’un a maudit le Bab, il ne mourra pas. Mais pour les autres, le roi décidera; pour moi, je souhaite personnellement ne tuer personne; vous me connaissez depuis assez longtemps pour savoir que je déteste le sang. Je ne suis pas le Hissam-u-Sultaneh (l’oncle du roi, un très sévère gouverneur). Il changea de sujet et refusa y revenir. Je ne peux dire si les deux frères ainés ont offert leurs vies ou non. Je retournai à Julfa espérant qu’ils seraient tous épargnés. La ville était dans une grande excitation. Le jour suivant à l’aube leurs gorges furent tranchées dans la prison, et leurs corps lancés dans le jardin. Le prince n’avait pas osé les exécuter publiquement de peur d’un tumulte.

Leurs maisons furent pillées, et une partie de leurs biens; le partage de l’Imam-Jumih du pillage était grand, et il ne paya jamais les 18000 tomans. Telle était la perse en 1880. Le plus jeune frère, qui avait maudit le Baab (223), fut épargné, et par la suite rétablit en partie dans ses biens familiaux. (224)

Il ya un récit ultérieur du sort des deux frères dans un livre intitulé Six Months in Persia par Edward Stack du service civil du Bengale :

«... mais l’exécution, ou plutôt le meurtre, des deux babis marchands il y a trois ans, a laissé une tâche dans le caractère du prince que ni même pas la considération de sa jeunesse et de son inexpérience relatives ne peut complètement enlever. Ils étaient deux marchands respectables, contre qui l’Imam-Jumih, ou la principale autorité ecclésiastique d’Isfahan, pour des raisons pécuniaires, avait concu une rancune. Qu’ils étaient en secret babis ne semblent pas renié; mais il ya des milliers de babis dans les dominions du Shah, et personne n’avait jamais prétendu que ces deux hommes n’étaient pas tranquilles et des sujets loyaux. L’Imam-Jumih, cependant, leva l’esprit fanatique parmi les mullas et leurs adhérents, tandis que la respectable Isfahan regardé impuissante. Les deux malheureux hommes furent amenés devant le prince, en présence des principaux marchands convoqués pour cet effet. Monsieur Collignon (225) était lui-même témoin de cette scène. Il se leva tout de suite et saisit les prisonniers par la main, leur adressant comme il est de coutume de faire dans les jours de liberté. Ils pleuraient, et demandèrent aux autres marchands quelle chose déshonorable ils avaient fait pour que leurs vieils amis et leurs frères de commerce se soit assis ainsi à l’écart. Un par un les marchands, émus de honte, imitèrent l’exemple de Collignon et avant que la réunion ne cesse, le prince avait promis qu’aucun mal n’arriverait aux hommes. Mais les mullas revinrent, discutèrent avec le prince, et leurs victimes furent mises à mort. Mais il est juste au Zillu’s-Sultan d’ajouter qu’il était alors jeune dans son gouvernement, que des menaces avaient été utilisées de mettre Isfahan en rébellion, et qu’il cédait beaucoup contre sa volonté. Personne ne croit qu’un tel crime pourrait être perpétré à présent. L’imam-Jumih (fell out) de faveur. Lui et ses victimes ont été jugés par le temps. A Gulpaigan j’ai entendu les nouvelles de sa mort». (226)

Malheureusement l’ambassade britannique et les Archives consulaires pour la Perse pour l’année 1879 qui auraient contenus les rapports d’Isfahan sont manquants dans les Archives Nationales. Là-bas a survécu cependant un registre de communication entre Téhéran et Isfahan durant cette année.

Les articles utiles disent :

Télégramme : Messieurs Bruce, Aganoor, Hoeltzer.

12 mars : persécution baby [babi] étant exécuté à Isfahan.

Télégramme : Monsieur Aganoor.

13 mars : persécution par le prince etc : continu.

Télégramme : Monsieur Bruce.

13 mars : persécution par le prince etc. détails ultérieurs.

Dépêche : Commandant Smith (227)

13 mars : persécution par le prince etc. : détails ultérieurs.

Télégramme : Monsieur Aganoor

17 mars : persécution par le prince etc. : 2 Syeds tués et les corps exposés dans le Maydan.

Dépêche : Monsieur Aganoor.

16 mars : persécutions babies par le prince, etc.

Dépêche : Monsieur Aganoor

20 mars : persécution babie : deux prisonniers libérés (228).

Dans la correspondance diplomatique, de plus, le passage suivant se trouve dans une dépêche de l’ambassadeur britannique Ronald F. Thompson au Marquis de Salisbury, datée du 5 juin 1879 :

«Plusieurs troubles sérieux se sont dernièrement produits à Isfahan et malheureusement le gouverneur de cette province, étant le Zillu’s-Sultan un fils du Shah, au lieu d’être censuré ou retiré fut soutenu par le gouvernement.

L’Imam-Jumih, ou prêtre principal, devait une somme de 18000 tomans à deux siyyids respectables et riches, et pour éviter le paiement de la dette, il les accusa d’être babis et socialistes; ils furent d’un commun accord capturés, leurs biens dérobés par les autorités, et ils furent mis à mort. Cela donna la levée à une grande excitation à Isfahan et des nouvelles de l’événement m’ayant été télégraphiées, je fis immédiatement des remontrances courtoises par l’intermédiaire du Ministre des Affaires Etrangères au Shah, et des ordres furent envoyés à Isfahan qui résultèrent de mettre un frein à des atrocités supplémentaires qui étaient en prévision». (229)

Nicolas écrit :

«Zillu’s-Sultan n’était pas heureux au sujet de leur exécution, car il pensait « s'ils les tuent, je serais tenu responsable pour cela». Mais l’Imam-Jumih et Shaykh [Muhammad] Baqir intervinrent disant : «Nous répondrons au gouvernement». Ils écrivirent un papier [fatva] qu’ils signèrent ainsi que tous les mullas.

Lorsque le prince avait ainsi eu sa conscience tranquille, l’Imam-Jumih et Shaykh Baqir arrivèrent au Talar Tavilih [donjon]. A la prison, ils étaient heureux et joyeux. Ils convoquèrent le bourreau et sans interrogation supplémentaire des hommes accusés, ils tournèrent leur attention à l’exécution.

Je n’étais pas à Isfahan à ce moment-là. Lorsque j’arrivais, j’appelai Mirza Muhammad-Hasan-i-Najafi, qui était l’un des plus grand ulémas shiite. Il dit qu’avoir tué Mirza Husayn dans les conditions dans lesquelles cela avait été fait n’était pas conforme aux lois de la shariat...

Shaykh Muhammad-Baqir commença à lire le khutbih [discours] et fit un signe au bourreau. (230)

* Mirza Ashraf d’Abadih, 1888:

Après les martyrs des Rois et Bien Aimé des Martyrs, presque une décennie passa avant le prochain épisode de persécution. La victime en cette occasion fut le fils ainé assez âgé Mirza Ashraf, natif de Najafabad, qui avait vécu à Abadih pendant de nombreuses années et qui était ainsi généralement connu comme étant d’Abadih. Nicolas, qui donne un récit de ce martyr, écrit :

«J’étais moi-même à Isfahan à cette époque et j’ai écrit ce récit de sources bien informées.».

Nicolas donne un récit de la vie de Mirza Ashraf. Il déclare qu’il alla en Inde dans l’intention d’arriver à Akka. Mais étant incapable de faire ce voyage, il retourna en Perse, tout d’abord à Abadih puis à Najafabad et finalement à Isfahan, où il avait vécu pendant quelques deux années avant son martyre. Nicolas raconte ensuite, sur la source de Siyyid Zaynu’l Abidin, un rêve que Mirza Ashraf avait fait deux nuits avant son arrestation.

Nicolas continue :

«Siyyid Zaynu’l-Abidin disait : «le jour suivant... Mirza Ashraf, avec un natif d’Abadih, vint à ma maison; ils prirent le thé et puis souhaitaient partir; je leur demandai de rester pour le déjeuner mais ils répondaient qu’ils avaient arrangé un rendez-vous avec quelqu’un et qu’ils devaient y aller. Et ainsi ils firent». Haji Qannad (le confiseur) raconta : «Je les vit dans le bazar et leur dit : «Je dois aller avec vous dans un tel endroit». Bref, 3 ou 4 personnes souhaitaient le détenir, mais il n’accepta pas, disant «Je dois aller là où j’ai promis». Aqa Husayn-Quli, vakil-bashi des cosaques, raconte : «Je l’ai rencontré dans le Maydan-i-Shah; je lui ai dit « Nous serons réunis aujourd’hui pour aller dans tel endroit», dit-il, «j’ai arrangé de voir quelqu’un à la madrisih-i-Chahar-Bagh». Mais il ne sait pas avec qui, et je n’insistais pas». Quand vous le verrez», dis-je, «Nous nous rencontrerons de nouveau». Ainsi soit-il!, dit-il. et nous allâmes dans l’école. Dans le couloir je vis Nayib Abdu’r-Rahim avec un vieux babi qui était très fidèle mais inexpérimenté, bien qu’il ait 80 ans. Il se nommait Aqa Ali. Les deux étaient assis. Aqa Husayn-Ali raconte «Lorsque je le vis, je disais, « vous avez probablement arrangé pour rencontrer le Nayib?». «Oui!», dis-je. Je répondis «Ce n’est pas une bonne chose pour vous de parler avec lui». Nous voulions revenir sur nos pas mais Aqa Ali et le Nayib réalisèrent nos intentions. Ils se levèrent et vinrent vers nous. Nous conversâmes un peu et quittâmes l’école. Il fut arrêté par le Nayib; je voulais le libérer, mais ne réussit pas dans mes efforts».

Puis il fut amené devant le Zillu’s-Sultan avec les papiers qu’il possédait. Il fut gardé pendant plusieurs jours dans la prison, jusqu’à enfin l’uléma vint avec nous. Ils le firent apparaître devant l’assemblée. L’un des fonctionnaires présent à la séance raconta «Il discutait très calmement avec l’uléma, et engagea en argumentant des versets du Coran et les hadiths. Il parlait d’une telle manière que sa vois s’éleva à un haut point. Il ne dénia aucune de ses doctrines». Plusieurs des ulémas portèrent témoignage contre lui ce jour-ci. En 1306, au mois de Safar, il fut emmené à l’échafaud dans la Maydan-i-Shah». (231)

[Nicolas continue :]

Le même jour, j’arrivais au Maydan-i-Shah. Je le vis pendu dans un coin, puis ils brulèrent son corps. Ses restes furent brûlés dans la rue nommée Kuchiy-i-Siyyid Ali Khan». (232)

Le 18 octobre 1888, Monsieur Aganoor, l’agent britannique à Isfahan, télégraphia à la légation britannique à Téhéran : «Un persan a été emprisonné sur l’accusation d’être un bawbe (sic) par les ulémas là-bas. On dit que le Prince pourrait être contraint à la demande des ulémas de l’exécuter dans un jour ou deux à moins que quelque chose soit fait de Téhéran». (233)

En réception de ce télégramme, Sir Henry Drummond Wolff alla voir le Premier Ministre, Aminu’s-Sultan, Ali-Asghar Khan. Son rapport au Marquis de Salisbury à propos des mesures de cet entretien se trouve dans une dépêche daté du 1 novembre 1888 :

Monsieur le Marquis,

Il y a quelques jours l’agent à Isfahan m’informa qu’un homme allait être exécuté sur l’accusation de babisme.

Le soir, j’ai vu l’Aminu’s-Sultan et parlant de manière non officielle, j’ai dit que je regrettais d’entendre cette circonstance comme punition capitale pour des opinions religieuses étaient beaucoup contre les idées et les sentiments de civilisation.

Son Excellence répondit que le Shah avait sanctionné l’exécution sur la représentation du Zil que l’homme était la cause de troubles dangereux et je trouvais impossible de pousser le sujet plus loin. En fait il était évident que l’exécution a été décidée et il est plus que probable qu’elle a déjà eût lieu». (234)

Monsieur Aganoor écrivit le 24 octobre 1888 : «En référence à mon télégramme du 18, je vous demande respectueusement de rapporter que l’homme accusé d’être un bawbe (sic) fut exécuté hier matin dans la Maydan-i-Shah d’Isfahan et son corps resta là-bas jusqu’à tard dans la soirée dans un état très disgrâcieux». (235)

Browne apprit tout d’abord de ce martyre du Général Houtum-Schindler le 15 avril 1889 à la réunion de la Société Asiatique Royale à laquelle il présenta le premier des papiers des babis. Il fit des enquêtes au sujet de cet épisode et recut une réponse de l’un des Afnan, Mirza Ali Ali Aqa (236) donnant des détails de l’épisode (237).

En recevant la lettre de Mirza Ali Aqa, Browne écrivit au Révérend docteur Bruce de la Société de l’Eglise missionnaire à Isfahan pour obtenir des informations supplémentaires. La réponse, datée du 6 septembre 1889, déclara : «Oui, il est tout à fait vrai que Aga Mirza Ashraf d’Abadih fut mis à mort pour sa religion d’une manière la plus barbare à Isfahan dernièrement fin octobre. La haine des mullas n’était pas satisfait avec ce meurtre et ils mutilèrent le pauvre corps publiquement dans la Maydan d’une manière la plus sauvage et puis ils brûlèrent ce qui restait de celui-ci». (238239)

Dans sa lettre annuelle datée du 22 novembre 1889, Bruce se réfère aussi à cet épisode. Il écrit : «des persécutions - à l’automne dernier, peu de temps avant nôtre retour d’Angleterre, un homme très respectable natif d’Abadih, fut mis à mort par les prêtres musulmans à Isfahan d’une manière très cruelle pour être babi, et le pauvre corps fut mutilé de manière très barbare et brûlé. Un clergé fanatique, comme un tigre mangeur d’hommes, ayant une fois goûté au sang humain, a encore plus soif». (240)

* Le soulèvement de Najafabad de 1889:

Lorsque Muhammad-Baqir mourut vers 1881, ce fut loin d’être un soulagement pour la communauté d’Isfahan. Car le fils de son père, Shaykh Muhammad-Taqi, connu comme Aqa Najafi (et aux baha’is comme Ibn-i-Dhib - le fils du Loup) était prêt à remplir la place de son père comme les prêtres meneurs d’Isfahan et le fléau de la communauté babie. Il était déjà tristement célèbre pour avoir signé avec son père l’ordre pour les morts du Roi et le Bien Aimé des Martyrs. Bientôt il démontra qu’il était désireux de reprendre là où son père s’était arrêté. (241)

Le 5 juillet 1889, Monsieur Preece, le superintendant assistant du département du télégraphe indo-européen, qui était à ce moment-là agissant pour Aganoor, rapporta que Aqa Najafi avait commencé une campagne contre les juifs et les baha’is. Après avoir énumérer un nombre de mesures contre les juifs, Preece continue : «Ce même homme Agha Nedjify est celui principalement concerné dans la présente croisade contre les babis. Cela fait seulement peu de temps qu’il vint dans un village juste en arrière de Julfa et prêcha contre le docteur Bruce, déclarant qu’il l’aurait tué pour protéger les babis». (242)

Preece, ayant attiré l’attention du Zillu’s-Sultan aux activités de Aqa Najafi, rapporta la réponse suivante du prince :

«Il était très gentil et agréable sur tout, me dit qu’Agha Nadjify [était] un peu mieux qu’un idiot, mais qu’il était très mal à l’aise avec les questions juives et babies». (243)

Le même jour, Bruce écrivit à la Société de l’Eglise missionnaire :

«Depuis que le Shah punit son fils ainé, le Zillu’s-Sultan en le dépouillant d’une grande partie de son autorité en tant que gouverneur d’Isfahan etc. etc., les mullas se sont grandement levés en nombre - l’un de ceux-ci le mujtahid Aqa Nejify est en train de faire tout ce qu’il peut pour opprimer et persécuter toutes les religions non-musulmanes. Un grand nombre de pauvres villageois accusés d’être des babis furent conduits dernièrement de leurs maisons dans un village près de celui-ci [c’est-à-dire Najafabad] et leur famille ont été réduites à la plus grande misère et la plus grande détresse. Autrefois si un homme reniait être babi, il était laissé tranquille. A présent même renier (does no good) - il est conduit de sa maison et si il est attrapé, il est mis à mort (comme il n’y a pas si longtemps d’une manière la plus brutale) si quelque musulman disent qu’l est babi». (244)

Le 17 et le 18 juillet, Preece envoya des télégrammes à la légation britannique à Téhéran en ce qui concerne l’arrivée d’un grand nombre de baha’is de Najafabad cherchant refuge dans le bureau du télégraphe britannique. (245) Le 20 juillet, il envoya la dépêche suivante donnant des détails de l’épisode :

«J’ai l’honneur de rapporter des évènements qui eurent lieu dans cet endroit mercredi dernier le 17 comme suit :

A mon arrivée au bureau du télégraphe le mercredi 9 au matin, j’ai trouvé toute la place pleine de monde, d’hommes, de femmes et d’enfants, tous dans un état très excités. Certains d’entre eux me ruèrent sur moi et commencèrent à me demander de télégraphier au Shah et au ministre de Téhéran leur douleur. Après quelque (trouble) considérable, je fus capable de leur faire comprendre que je n’avais pas le droit de faire l’une ou l’autre de ces choses et essayait de les persuader de quitter le bureau, en cela je faillis, mais les ayant (got) dans une humeur d’esprit plus calme, je fus capable de donner une histoire plus claire (out of them). De cela il apparut qu’ils étaient des personnes de Najafabad, une ville florissante à quelques 20 milles à l’Ouest de celle-ci. Depuis un certain temps, les choses étaient en train d’aller plus mal entre eux et leurs camarades citadins qui les accusaient d’être babis; 4 ou 5 jour auparavant, un ordre fut reçu à Najafabad du prince des mullas de laisser la population seule pour le moment tandis que le Shah était en dehors du pays. Les mullas, sous l’instigation, comme je l’ai dit de Agha Najafi, qui dernièrement a été très actif en opprimant à la fois les babis et les juifs là-bas, ignora l’ordre ou la demande du prince et leva immédiatement un tapage, au milieu duquel une femme de ces personnes fut lapidée et tuée. Les choses se calmèrent pendant un jour, ils brûlèrent la femme, cela semble avoir excité à nouveau les mullas, qui lui créèrent d’être déterrée et qui souhaitaient la brûler. Cette insulte de ces supposés babis qui protestaient et il y eût une sorte de combat rangée, qui finit en leur déconvenue, ils furent lapidées et les femmes et les enfants furent maltraités, leurs maisons brûlées, leurs biens volées, les cultures détruites et leurs maisons démolies, 3 d’entre eux furent amenés prisonniers et envoyés vers Isfahan.

Environ 1000 d’entre eux prirent refuge en fuyant, quelque 300 venant ici, se répartir eux-mêmes dans la place, cherchant refuge (bast) dans des endroits tels que les écuries du prince et du Mush ul Mulk et des bureaux persans et anglais; environ 200 étaient partis à Téhéran et 500 avaient fuit dans les collines.

En entendant leur histoire, j’écrivis au prince lui demandant à ce sujet et lui demandant de faire quelque chose de chasser les personnes du bureau car ils étaient d’un grand trouble pour nous.

Sa Majesté Son Excellence répondit qu’il était très désolé pour eux et qu’il allait faire de son mieux pour redresser ses torts. Les 3 hommes qui avaient été arrêtés et mis en prison, furent si (treated) pour apaiser les mullas qu’il avait mis les affaires dans les mains du Mushir-ul-Mulk qui avait envoyé un homme comme il faut pour voir les personnes et entendre ce qu’ils avaient à dire.

Cet homme, Hassan Khan, ferrasch-bachi du Mulhir-ul-Mulk entra très brièvement et en ma présence parla aux personnes, ou plutôt à leurs représentants, 5 en nombre, entendit leurs plaintes, et leur promit solennellement réparation, de la part du prince et que les méchants seraient punis. Il leur demanda à tous de venir au prince et déclara leurs injustices devant lui et entendit ce qu’il avait à dire. Toute chose allait bien et les personnes s’étaient mises d’accord pour aller chez le prince lorsque quelqu’un demanda malheureusement qui était l’homme; lorsqu’ils apprirent qu’il n’était pas un homme du prince mais du Mushir, ils n’auraient rien de plus à faire avec lui, croyant qu’il avait été envoyé par le Mushir seul et non sur les ordres du prince et que lorsqu’il les chasserait d’ici, il les maltraiteraient avec l’idée de forcer le reste à retourner. En peu de temps, le ferrasch-bachi partait, ayant convaincu 5 des hommes à aller en ville avec lui.

J’informais le prince du récit ci-dessus et en réponse il me dit que le ferrasch-bachi était à lui et qu’il avait donné des ordres définitifs qu’il viendrait avec les 5 hommes qui avaient à le voir et dont il avait entendu les plaintes, sur quoi il avait provoqué que les 3 hommes qui avaient été en prison soient libérés et qu’ils soient rapidement avec moi.

Le ferrasch-bachi arriva avec les 8 hommes. Il leur fit dire que les personnes qui avaient à ce moment (augmented by another) 30 ou (so) qui avait lieu devant le prince. Ces 8 personnes rassurèrent les personnes que le prince avait écouté leurs plaintes avec une grande gentillesse, qu’il avait ordonné que le ferrasch-bachi obtienne demain matin un ordre écrit de sortir à Nejefabad, lui donnant plein pouvoir d’agir pour le prince pour réparer leurs torts, punir les fauteurs, les compenser de leurs pertes et de recouvrir tous leurs biens volés. Même cela, bien qu’il leur dit par leurs propres personnes, ils ne l’acceptèrent pas, qu’ils pensaient que c’était simplement fait pour les tromper. Ils disaient que vivre à Najafabad était à présent tout à fait impossible, ils priaient que le prince leur donne des villages où ils pourraient travailler pour lui; tout ce qu’ils demandaient était d’être autorisé à gagner leur vie, de payer leurs taxes et d’être en paix.

Après une grande discussion avec plus de discours et de débats prolongés de leur part et sur celui du farrasch-bachi et comme il apparaissait bien loin qu’un accord soit à jamais trouvé, je pensais qu’il était temps de dire un mot. J’insistais envers eux que dans le premier endroit, le prince, un grand Shahzadeh, fils du Roi, avait été aimable et les considérait au-delà de toute chose que j’avais entendu dans le pays, et au-delà de mes espoirs les plus grands; Il leur avait pardonné une grande offense, celle de nous suppliant faringhis dans une question qui en aucune façon ne nous concerne, que si ils n’acceptaient maintenant sa clémence et son bon vouloir pour eux, il aurait le droit d’être en colère et de fermer ses oreilles à toutes les autres plaintes, qu’il leur était absurde de lui demander de déplacer certains de leurs villages pour les rendre capable d’aller (into them), ainsi de suite. Je (caused it to be) de leur montrer que le prince avait été si bon avec eux et leur promettait tant, que même si il souhaitait ne pas revenir sur ses paroles, son voeu ayant été promis devant chacun d’entre nous faringhis (Il y avait 2 ou 3 de l’équipe dans le bureau).

Cela les influença et eût l’effet désiré; après une petite discussion parmi eux, ils allèrent au ferrasch-bachi et jurèrent eux-mêmes de retourner immédiatement dans leur ville. Sur ce, le farrasch-bachhi partit et l’affaire se finit; il était juste 20h.

Durant la nuit, la majorité des personnes partirent et à midi le lendemain, le bureau était tranquille.

Ce matin j’ai appris que le ferrasch-bachi avait agi conformément aux ordres du prince, qu’il avait condamné les autres personnes à 2000 (krans), récupérer tous les biens qu’il put et pris des mesures que là-bas il n’y ait plus de troubles à l’avenir, que les personnes seraient tout à fait satisfaites». (246)

Kennedy, le chargé d’affaires britannique, expédia cette dépêche de Preece au marquis de Salisbury avec la suivante :

«Depuis un certain temps, je reçois des télégrammes de Monsieur G. Preece, un employé du département du télégraphe indo-européen, qui réside à Isfahan où il est temporairement employé en tant qu’agent britannique, rapportant l’état d’effervescence dans laquelle la ville et la région sont constamment plongées par la conduite fanatique de certains mullas qui sont en train de conduire une croisade contre le babisme. Les habitants du village de Nedjefabad apparait être le plus infectée avec cette hérésie, et avoir été en conséquence les principales victimes de la persécution des mullas à la tête d’un certain Aga Nedjefi. Du rapport ci-joint par Monsieur Preece, Vôtre Excellence verra que Son Excellence Royale le Zillu’s-Sultan sympathise de tout coeur avec les infortunés victimes, des centaines d’entre d’elles prirent refuge dans les écuries de Son Excellence Royale et dans le bureau du télégraphe et furent avec difficulté calmées, rassurées et incitées à retourner à leurs foyers.

Il apparaîtrait que le Zillu’s-Sultan manque de pouvoir effectif pour contenir le zèle de Aga Nedjefi et de ses frères mullas, et qu’il peut à peine protéger même ses soldats et ses serviteurs contre leur persécution.

J’ai, en une ou deux occasions, à la fois personnellement, et à travers le Nawab Hassan Ali Khan, Hasan-Ali Khan-i-Navvab, porté l’attention du Ameen-ul-Mulk (247) à ces troubles insistant que bien que des questions d’administration interne ne concernent pas directement cette légation, pourtant quelque chose qui affecte la paix et la tranquillité de la Perse est un objet d’intérêt au gouvernement de Son Excellence en vue des relations amicales existant entre la Perse et la Grande-Bretagne.

J’avertis aussi l’AMeen-ul-Mulk que le fanatisme des mullas, s'il n’est pas contrôlé, pourrait se retourner contre les habitants européens d’Isfahan, certains d’entre eux étant déjà commençant à être nerveux au sujet de leur situation, et je suggèrerai à Vôtre Excellence qu’il serait une étape sage de dire un mot d’avertissement sérieux à Aga NedjEfi.

L’amin-ul-Mulk répondit qu’il croyait que le Zillu’s-Sultan avit suffisamment de pouvoir et d’autorité pour maintenir l’ordre dans sa région, que Son Excellence Royale appliquée quelque aide qui cependant était probablement due au fait de sa répugnance à admettre ouvertement la faiblesse de sa situation, mais l’Amin ajouta qu’il agirait toute suggestion et avertirait le Mulla Aga Nedjefy qu’il devrait modérer son zèle religieux et son ardeur.

Il est possible que ces troubles aient été instigués par les ennemis du Zillu’s-Sultan dans le but de discréditer Sa Sainteté Royale aux yeux du Shah, et si cela est le cas, le soutien de l’Amin-ul-Mulk, frère de l’Amin-es-Sultan, l’ennemi le plus violent de Sa Sainteté Royale, ne sera pas très cordial ou réel». (248)

Dans une lettre à Browne datée du 6 septembre, Bruce relate l’issue du soulèvement de Najababad et aussi réfère à un court épisode à Sidih, un autre village près d’Isfahan.

«...nous avions eu 2 autres persécutions de babis, l’une à Si-dih et l’autre à Najafabad. A Si-dih, où la communauté babie est petite, leurs maisons furent brûlées et leurs femmes et leurs enfants maltraités. Les hommes se sauvaient eux-mêmes en fuyant à Téhéran, et on dit qu’environ 25 d’entre eux viennent juste de retourner à Isfahan et sont dans les écuries du prince (in bast). Ils essayèrent le même jeu avec eux, mais une centaine d’entre eux prit refuge dans le bureau du télégraphe britannique à Julfa, et le prince joua son rôle et bannit de Najafabad à Karbila le mujtahhid qui les persécutait, ainsi le résultat est qu’ils sont plus libres à présent qu’ils n’avaient jamais été auparavant. J’ai pris un grand intérêt dans les pauvres gens non seulement pour leur propre sécurité, mais l’amour aussi de la Perse; si la liberté est gagné pour eux, cela sera un grand pas pour briser le pouvoir des mullas et obtenir la liberté pour tous». (249)

Cette petite affaire à Sidih allait avoir des répercussions importantes l’année suivante.

* Le soulèvement de Sidih en 1890:

Comme rapporté par Bruce dans la lettre ci-dessus, nombre de villageois de Sidih avaient été chassés de leurs maisons à l’été 1889, sur quoi quelques 20 ou 30 d’entre eux avaient été à Téhéran pour plaider leur cas. Dans une autre de Bruce datée du 12 juillet 1890, les détails supplémentaires suivants sont donnés :

« Il y a juste 13 mois, 40 hommes principalement chefs de familles furent chassés de leurs maisons dans le village de Sidih - à l’instigation de cet homme [Aqa Najafi] et du mujtahid de la place, laissant les femmes, les enfants et les biens derrière. Les maisons de beaucoup furent brûlées, et nombre de leurs biens détruits. Le seul crime retenu à l’accusation de ces malheureux était le babisme, et ils furent ainsi traités sans même la forme d’un procès. Depuis ce temps, environ 30 d’entre eux ont fait le voyage à pied pour Téhéran, environ 11000 milles en tout, et chaque fois sont revenus avec une promesse que la justice leur serait faite». (250)

Ainsi les sidihis réussirent à Téhéran et retournèrent avec des assurances pour la sauvegarde de leurs vies et la sécurité de leurs biens. A ce moment_là, le Zillu’s-Sultan était absent d’Isfahan et son adjoint Ruknu’l-Mulk (251) était en place. Beaucoup à la stupéfaction de chacun, les ulémas, avec à sa tête Aqa Najafi, refusaient de les laisser retourner à leurs domiciles en dépit des instructions claires envoyées par le Shah lui-même, comme les documents suivants le montre. Le 13 février 1890, Preece envoya un télégramme à Sir Henry Drummond Wolff à la légation britannique :

«Ce matin environ 30 villageois de Sidih vinrent dans la zone du bureau et avaient pris refuge là-bas. Ils me dirent qu’ils avaient été à Téhéran et avaient reçu des lettres de Sa Majesté Royale [probablement Zillu’s-Sultan] sur ordre du Shah et aussi de Mushir ud Dawlih à Rukhul Mulk [sic] de leur permettre d’aller à leur maison et de rester là-bas tranquillement, que Rukhul Mulk veut les exécuter mais qu’il en ait empêché par les mulla à la tête duquel se trouve Agha Najafi et Agha Mohd. J’ai écrit à Rukhul Mulk qui répondit en grande partie au-dessus que les mullas protestent à ces gens de leur être permis de retourner à leur village comme ils sont babis, qu’il est en communication avec les mullas et espère vaincre leur opposition. Agha Nedjefy est l’homme qui a crée tous les tapages là-bas durant les 9 derniers mois. Il a comparativement parlant été calme depuis que Sa Majesté Royale (left) mais il commence à nouveau à bouger. S'il peut être tout à fait (sat) sur cela, cela bénéficiera immensément à Isfahan... (252)

Le jour suivant, Churchill fut envoyé pour avoir des entretiens avec Zillu’s-Sultan et Aminu’s-Sultan, le Premier Ministre. Ce dernier déclara qu’ «il était impuissant pour agir contre Aqa Nejefi, qui avait été l’instigateur des attaques contre les juifs et les babis durant le dernier été». (253) Aminu’s-Sultan professait son ignorance de tout ce qui s’était passé et promis d’ «immédiatement rapporter l’affaire au Shah». (254) Le 16 février, en réponse à une enquête de Churchill, AMinu’s-Sultan écrivit « des ordres stricts furent imprimés et télégraphiés à Isfahan. Les ulémas ont aussi reçu un télégramme. (255)

Pourtant en dépit de cela, Aganoor (à présent retourné à Isfahan) rapporta le 17 février : «des ordres télégraphiques ont été envoyés par le Shah et le Zillu’s-Sultan au Ruln-u-Mulk de permettre aux sedehis dans le bureau du télégraphe britannique qui sont accusés de babisme d’aller dans leurs maisons. Ces ordres furent envoyés par lui à Agha Nedjefy qui, soutenus par d’autres mullas, refusent d’obéir aux ordres et de permettre aux hommes d’aller. Ils sont encore dans le bureau du télégraphe». (256)

Zillu’s-Sultan télégraphia aussi à Isfahan. Dans un télégramme à Shaykh Muhammad-Ali, un frère de Aqa Najafi, il conseille Aqa Najafi d’obéir aux ordres du Shah. Se référant au Shah, Zillu’s-Sultan déclare :

«Par la justice du Tout-Puissant! il est plus énergique et persévérant de la gloire de l’Islam que moi ou même vous. Par l’ordre impérial de ce véritable Shahinshah, asile de la foi, puissent nos âmes être sacrifiées à lui... des milliers de babis ont été emportés par les canons et par des moyens de moi-même, plusieurs autres ont eut leurs estomacs déchirés et ont été récompensés par l’enfer. Maintenant sa politique est celle qu’un nombre de personnes dont le babisme n’est pas encore déterminé devraient aller à leurs domiciles et à leurs occupations et rester là-bas... (257)

Dans un entretien entre Aminu’s-Sultan et Churchill le 18 février, le premier déclare avoir «exprimer son étonnement à l’attitude présumés des ulémas d’Isfahan avec à sa tête Aqa Najafi envers les ordres du Shah». (258)

Néanmoins, Wolff continua d’exercer une pression sur les autorités persanes, et le 21 février 1890 télégraphia à Aganoor : «J’ai pris des dispositions avec le gouvernement... On m’a promis que les personnes seraient emmenés à leurs villages sous escorte militaire». (259)

Les villageois furent finalement emmenés sous escorte mais tout n’était pas encore bien. Le 26 février, Aganoor télégraphia : «Hier 7 des sedehis furent tués et leurs corps brûlés avec de la naphta. D’autres furent menacés de mort. Le gouverneur député sans aide ayant juste quelques soldats». (260)

Le Révérend Henry Carless de la société de l’Eglise missionnaire, résident à Isfahan, donna des détails supplémentaires dans une lettre à sa société datée du 8 mars 1890 :

«Ils [les sidihis qui avaient été à Téhéran] retournèrent à Isfahan sous la protection du Shah et de sa faveur - un autre délai de trois semaines se passa, et le matin du 25 à l’aube, ils retournèrent à Seddie, accompagnés par certains serviteurs du gouverneur adjoint. Combien joyeux étaient les pauvres hommes nous souhaitant adieu à Julfa, mais combien à présent était leur loi de (turn) à une tristesse plus profonde. Près de leur village, contenant leurs maisons et leurs chers, les musulmans (turned out) pour les rencontrer, et de sang-froid tuèrent 6 d’entre eux, en blessant sérieusement un autre. Certains des corps des hommes assassinés furent ensuite brûlés. 21 d’entre eux essayèrent de fuir et retournèrent à Julfa à midi le même jour. De chez nous ils allèrent à la maison du gouverneur adjoint à Isfahan. Le mercredi 26 février, quelques 400 fanatiques de Seddie envahirent Julfa, désirant le sang des 21 restant - auraient-ils été là-bas, il y aurait sans doute eu une grande commotion. La moule traversa la rivière à Isfahan et les pauvres fugitifs furent avec grande difficulté protégés par le gouverneur adjoint, qui en l’absence du prince à Téhéran a à peine quelques soldats dans la ville. Depuis lors les babis se sont cachés à Julfa dans la maison de Monsieur Norollah, le représentant honorifique de la société juive de Londres en Perse - l’homme blessé est dans nôtre hôpital progressant de manière favorable». (261)

Ce fut naturellement un affront aux autorités britanniques, (under whose) dont la promesse de protection, les siddhis étaient d’accord de quitter le bureau du télégraphe. De Balloy, le Premier Ministre, écrivit le 17 mars 1890 :

«Les habitants d’une petite localité autour [Isfahan], Sidih, suspectés de babisme, ont été molestés pendant un long moment par des prêtres... ils déléguèrent certaines personnes de parmi elles pour venir à Téhéran et selon la formule traditionnelle, offraient leurs vies au Roi et demandaient sa protection. Ils furent congédiés avec de bonnes paroles et reprirent la route pour leurs places habituelles de résidence. Mais lorsqu’ils arrivèrent à Isfahan... [De Balloy continue ici de donner des détails de l’attaque sur les villageois sur la route de Sidih].
La légation britannique était très ennuyée à cet événement qui est en vérité une grande disgrâce pour eux». (262)

Wolff en entendant les nouvelles écrivit immédiatement au Shah (263) et à l’Aminu’s-Sultan (264) les informant de ce qu’il s’était passé. Le Shah répondit qu’il allait désigner un représentant spécial pour (look into) cet èvenement. (265) (266). A Isfahan, les survivants de l’épisode à Sidih s’étaient dispersés et se cachaient. Au début ils allèrent dans la maison du gouverneur adjoint mais plus tard, comme mentionné par Carless, ils se reportèrent à la maison de Mirza Nuru’llah, un juif qui s’était converti au christianisme et qui était actif comme agent pour la société de Londres de promotion du christianisme parmi les juifs (Société juive de Londres). Bruce écrivit à la Société missionnaire chrétienne une lettre qui fut imprimé dans Jewish Intelligence, le magazine de la société des juifs de Londres. Après avoir raconté les faits comme décrits ci-dessus, Bruce écrivit : «La présence de Monsieur Norollah de la société pour la propagation du christianisme parmi les juifs fut très providentielle. Durant les persécutions à la fois des juifs et des babis, il agit de la manière la plus noble. Durant celle de ce dernier, durant mon absence, il prit 25 babis dans sa maison et les garda pendant des jours. C’était un acte courageux car il mettait réellement en danger sa propre vie spécialement comme il était sujet persan». (267)

La même lettre de Bruce mentionne que «Monsieur D. Wolff prit leur cas de manière très énergique, à la fois en intercédant pour eux avec le Shah et envoya de l’argent à Monsieur Carless et à Monsieur Norollah pour les aider». (268)

Le 2 mars 1890, Churchill avait un entretien avec Zillu’s-Sultan, l’un des résultats de cela fut que «entendant que les sedehis avaient pris refuge à Julfa et qu’ils étaient en difficulté pour les moyens de subsistance, il offrait d’envoyer 200 tomans pour les aider, mais il craignait que si cela était connu, il aurait la totalité des mullas contre lui et que le Shah lui-même pourrait être en colère contre lui - ainsi il demanda si il ne serait pas possible de le leur distribuer secrètement par l’intermédiaire de l’agent britannique». (269)

Comme il arriva, Monsieur Bax Ironside de la légation britannique arriva à Isfahan pour une courte visite, et Wolff fut capable de confier l’argent fournie par le Zillu’s-Sultan à lui, aussi bien que de lui donner des instructions pour examiner toute l’affaire à son arrivée à Isfahan. Le rapport de Ironside daté du 4 mars était comme suit :

«J’ai l’honneur de vous informer que, à mon arrivée ici, j’ai tout de suite pris les mesures que vous aviez reçu juste avant mon départ en respectant le massacre de certains supposés babis de Sehdé. Sehdé ou trois villages (consistant en Parishorn, Benispahan et Khorzan) sont situés à environ 12 milles de distance d’Isfahan, et une partie des villageois ont, pendant un certain temps passé, été remarqués pour leur tendance envers le babisme, alors que le reste affichait une somme inhabituelle de fanatisme musulman... [Ironside relate alors les èvenements qui menèrent aux meurtres beaucoup enregistrés par Preece et Aganoor].

A environ 2 milles de leur maison, ils furent rencontrés par un groupe de 2000 personnes; ils se dénombraient eux-mêmes 30; le groupe attaquant était armé de pelles, de matraques et était avec à sa tête un Seyed Ali, le chef religieux de la communauté sehdé. Il proclamait bruyamment un «jihad» ou une guerre religieuse et hurlait « Nous n’avons aucun Roi que Agha Najafi; il est nôtre roi et le représentant de l’Imam et je suis son lieutenant : tuer ces infidèles et effacer leur nom».

Les personnes attaquèrent immédiatement, en tuant 6 et en blessant salement plusieurs, l’un d’entre eux très bientôt mourut de ses blessures. 3 furent brûlés alors qu’ils étaient à moitié morts. Les quelques soldats qui étaient en charge furent menacés et informés que si ils s’interposaient, ils seraient aussi tués; ainsi ils fuirent. Les corps furent finalement brûlés par ordre du Rukh-ul-Mulk, le gouverneur adjoint.

Les survivants du massacre fuirent et prirent refuge dans la maison du gouverneur adjoint mais, comme ils ne pouvaient obtenir de la nourriture et qu’ils étaient insultés par ses serviteurs, ils allèrent au bureau du télégraphe et ensuite allèrent à la maison de Mirza Norollah, un juif converti à Julfa, où ils restent maintenant sans le sou et soutenus par le docteur Eustache et le juif en question. Ce dernier quitta Isfahan brièvement pour Bushihr et il est important que les supposés babis soient protégés et envoyés à leurs domiciles ou que le gouvernement persan fasse certains arrangements pour leur avenir. L’action, prise par vous à Téhéran, par des moyens duquel Agha Nedjefy partit la nuit dernière pour la capitale, sur les ordres du Shah, a crée un effet des plus bénéfiques, mais j’ai entendu de source sure que 500 mullas ont intercédé avec Sa Majesté en faveur de l’Agha». (270)

Wolff expédia le rapport de Ironside au Marquis de Salisbury avec l’information qu’il avait reçu le 8 mars dans le sens que le gouverneur adjoint, Ruknu’l-Mulk, avait «reçu les villageois dans sa maison et était d’accord pour les nourrir et de se débrouiller pour le présent». (271)

La pression de Wolff sur le Shah à Téhéran avait produit 2 effets. Premièrement, Aqa Najafi fut convoqué à Téhéran, partant le 3 mars 1890. Deuxièmement, une commission spéciale fut envoyé de Téhéran. Le 15 mars, Aganoor télégramma :

«Ezedullah Khan Sertip qui arriva de Téhéran dernièrement pour les affaires de Sedehy est en train de réunir des informations à rapporter à Téhéran et attend les ordres.
J’ai vu les sedehis dans la maison de Rukh-ul-Mulk, ils étaient confortables et reconnaissants, mais très anxieux d’aller à leurs domiciles». (272)

Cette commission spéciale retourna à Téhéran le 22 mars et aucun grand résultat ne semble avoir être sorti de ses efforts.

Par conséquent, sur le conseil de Ruknu’l-Mulk, les sedehis partirent pour Téhéran une nouvelle fois pour plaider leur cause. (273) Le 10 juillet, Aganoor télégramma : «Les sedéhis de retour sont dans l’écurie du prince, négligés. Rien n’ai fait pour eux». (274)

Bruce, dans une lettre à la société de l’Eglise missionnaire datée du 12 juillet 1890, écrivit : «Des personnes en Angleterre ne peuvent imaginer les souffrances indescriptibles que ces pauvres gens et leurs familles ont enduré pendant ces nombreux mois». (275)

Les nouvelles étaient de plus, atteignant Isfahan que Aqa Najafi avait été bien reçu à Téhéran et était sur le point de faire son retour à Isfahan. Cette information fut confirmé par un entretien qu’Aganoor eût avec Zillu’s-Sultan (à présent de retour à Isfahan) le 11 juillet 1890 (276).

Wolff écrivit immédiatement à l’Aminu’s-Sultan lui demandant de ne pas permettre à Aqa Najafi de retourner à Isfahan. (277) Mais dans une réponse reçu le 14 juillet 1890, Aminu’s-Sultan déclara seulement : «Durant son séjour à Téhéran il a été puni et censuré suffisamment de sorte qu’il n’aura jamais le courage de prendre quelques mesures au-delà de ses fonctions ou de faire cette sorte d’action». (278)

Et ainsi Aqa Najafi fut autorisé à retourner pour continuer son action de discorde à Isfahan (voir le chapitre 29).

* Addendum:

Durant le cours du soulèvement de Sidih, l’un des ulémas mineurs d’Isfahan envoya une lettre au sujet des baha’is à Sir Henri Drummond Wolff. Cette lettre est d’un intérêt depuis qu’il est typique des accusations que les ulémas élevèrent envers les baha’is et qu’ils utilisaient pour inciter la populace.

«Après compliments.
Vôtre Excellence est bien consciente que des prophètes et les souverains sont dans le but de réguler l’existence future et présente du monde ou bien musulman ou autre; et leurs disciples sont toujours en train de s’efforcer d’assurer l’ordre parmi la population. La présence de Vôtre Excellence à Téhéran est dans ce but. Par conséquent si un PAGE 289 et 291


Chapitre 18: Le soulèvement de Téhéran (1882-3)

A travers les années 1870, le strict emprisonnement de Baha’u’llah fut progressivement assoupli et il devint possible pour beaucoup de Ses disciples de faire le pèlerinage à Akka. Avec l’établissement de Baha’u’llah dans le manoir de Mazra’ih en dehors de Akka en 1877, le flot de pèlerins devint plus grand. Le retour de ces pèlerins en Perse fut la cause d’un regain dans les activités baha’ies à travers le pays. Nulle part ailleurs ce fut plus marqué qu’à Téhéran, où il y avait concentré des éminents baha’is tels que Haji Mulla Ali-Akbar-i-Shahmirzadi (279), Mulla Muhammad-Riday-i-Yazdi, l’érudit Mirza Abu’l-Fadl et d’autres. Les autorités cléricales regardaient avec peur la résurgence d’un mouvement qu’ils pensaient avoir été écrasés. L’opportunité d’attaquer une nouvelle fois la communauté opprimée arriva lorsque 2 informateurs infiltrèrent les réunions baha’ies et allèrent au mujtahid Siyyid Sadiq-i-Sanglaji prêts à fournir une liste des noms des meneurs baha’is et de les identifier. En concert avec le gouverneur de Téhéran, Kamran Mirza, le Nayibu’s-Sultan, tous ceux des leaders baha’is référés ci-dessus avec un grand nombre d’autres, furent arrêtés et condamnés à mort.

Peu de temps après avoir provoqué ce soulèvement dans les derniers mois de 1882, Siyyid Sadiq fut capturé avec une inflammation de se genoux. Finalement cela ffecta son esprit lorsqu’il devint délirant. Il mourut en février 1883. Les baha’is arrêtés par Kamran Mirza restèrent emprisonnés dans des circonstances très sèvères. Ronald Thomson, le ministre britannique à Téhéran, nota ces arrestations dans une dépêche au Comte Granville datée du 17 mars 1883 :

«J’ai l’honneur de rapporter que plusieurs personnes furent dernièrement arrêtés et emprisonnés là-bas par suite de (its having been) représentés au Shah par l’un des principal prêtre de cette ville qu’ils appartenaient à la secte du Bab. L’arrestation de ces personnes fut rapidement suivit par celle d’autres, et en quelques jours près de 50 suspectés babis furent sous bonne garde et confinés dans l’une des pires prisons de la ville avec de lourdes chaînes autour de leurs cous. Il est entendu que certains des prisonniers appartiennent à la secte ci-dessus, mais la plupart d’entre eux ont dit qu’ils ont été arrêtés par la police, avec la sanction du fils du Shah, le gouverneur de Téhéran, avec une vue de demandes d’amendes et de telles sommes comme ils peuvent (afford) dans le but d’obtenir leur libération.
Des rumeurs étant en ce moment que c’était dans l’intention de mettre ces personnes à mort, et il a été déclaré, apparemment de bonne source, qu’ils allaient être jetés dans une grande fosse et être brûlés vifs, je pense qu’il est juste de communiquer avec le Ministre des Affaires Etrangères sur le sujet.
J’ai envoyé en accord avec Son Excellence un message demandant qu’il se présente au Shah pour moi l’effet mauvais si de telles mesures d’un caractère extrême étaient prises en ce qui concerne ces personnes, ou si ils étaient soumis à une cruelle punition ou un mauvais traitement quant à une simple question de croyance religieuse, et je suggérerai qu’il serait mieux de les envoyer en dehors du pays que de les garder en prison où leur détention et le mauvais traitement rapporté obtiendrait pour eux la notoriété et la sympathie publique. Mirza Saïd Khan était semble-t-il bien content avec l’opportunité ainsi lui autorisant de s’adresser au Shah en mon nom de leur part. Je n’ai aucun moyen de connaître exactement quel effet ma communication fit, mais quelques jours après, il fut amené au Shah, Sa Majesté exprima lorsque le docteur Tholozan et nombre de fonctionnaires à la Cour étaient présents, sa détermination ne permis à quiconque des prisonniers d’être mis à mort.
Plusieurs ont depuis été libérés, mais 21 sont encore détenus en prison. Parmi ceux-ci sont un sujet turc naturalisé, et un persan nommé Syed Ali Akber (280), qui possédait un passeport lui étant délivré en Inde comme sujet britannique naturalisé. Etant retourné à son pays natal, où il retourna à sa nationalité originale, je n’ai fait aucune demande dans ce sens pour cette personne, mais j’ai communiqué de manière non-officielle avec le Ministre des Affaires Etrangères, le prince gouverneur de Téhéran, avec la vue à une propre enquête étant institué comme à l’accusation (of his) étant un babi. J’ai été informé en réponse qu’il appartient de manière incontestable à cette secte, et qu’il est par conséquent un émissaire envoyé spécialement dans ce pays par Mirza Hussein Ali, le «chef central» du babisme, qui fut il y a un certain nombre d’années expulsé de Karbila et incarcéré en Syrie par les autorités turques conformément à une demande à ce sujet qui fut alors faite par le gouvernement du Shah à La Porte». (281)

Granville répondit à Thomson le 30 avril 1883 qu’il approuvait les actions de Thomson dans cette affaire. Comme les semaines passaient cependant, Thomson devint inquiet sur le sort de Syed Ali Akber et fit plusieurs représentations verbales sur l’affaire aux autorités persanes. Ayant reçu seulement de vagues réponses, il se détermina finalement à adresser une lettre privée à Mirza Sa’id Khan, le Ministre des Affaires Etrangères persan. Le 12 mai 1883, il écrivit :

«J’ai à la fois appelé l’attention de manière répété verbalement et par écrit [Vôtre Excellence] sous forme non-officielle dans le cas de Syed Ali Akbar qui a un passeport anglais et étant accusé de babisme a par la suite été emprisonné et enchaîné pendant plus de 2 mois, et qui est récemment tombé si sérieusement malade qu’il y a danger pour sa vie. Dans mes demandes précédentes, j’ai sollicité Vôtre Excellence d’amener ce prisonnier devant un mujtahid pour être examiné quant à ses confessions religieuses en la présence d’un fonctionnaire du bureau des Affaires Etrangères et une personne adjointe de cette légation afin que le cas puisse être décidé selon les lois et les coutumes. Les réponses de Vôtre Excellence à mes demandes ont été jusqu’ici d’un caractère vague et indéfini me menant à déduire, beaucoup à mon regret, que vous n’avez pas l’intention d’accéder à ma demande. La communication faite à moi ce jour par Mirza Nasru’llah de la part du Naïb es Sultaneh est une source supplémentaire de déception pour moi, comme je me sens convaincu que Sa Majesté le Shah, sous des circonstances déjà exposées, et dans le cas où le doute doit exister quant à la vérité de l’accusation, ne permettrait jamais que l’un de ses sujets, quelque puisse être sa religion, dut être exposé à la souffrance et à la persécution. Je vous demande par conséquent que Vôtre Excellence puisse amener cette devant le Shah et me communiquer le bon plaisir du Shah sur le sujet, afin que je puisse informer mon gouvernement du résultat». (282)

Dans une dépêche datée du 15 mai 1883, Thomson donne à Granville un récit de ses actions et la réponse des autorités persanes :

«Dans ma dépêche n° 33 du 17 mars dernier, j’ai l’honneur d’informer Vôtre Excellence qu’un persan nommé Syed Ali Akber de Yazd, à qui un passeport a été délivré en tant que sujet britannique naturalisé, était parmi les personnes suspectés de babisme qui ont été capturées et emprisonnées à Téhéran.

Sentant sans doute (as to) les raisons sur lesquelles cette personne fut détenue en prison, et comprenant qu’il était en train de souffrir d’une sévère maladie, j’ai fait plusieurs démarches non-officielles et verbales au Ministre des affaires Etrangères dans l’intention qu’il soit traité en toute justice et humanité.

Les réponses que j’ai reçues de Son Excellence furent évasives et insatisfaisantes, et je fus mené à croire d’eux que les déclarations faites par les parents de Ali Akber qu’il était en aucune façon relié avec le babisme étaient correctes, et que son emprisonnement était due à quelque erreur ou de fausses accusations ayant été faites contre lui. Je renouvèle en conséquence pour une explication plus nette des circonstances sous lesquelles il fut gardé en prison et ayant manqué d’obtenir quelque chose d’autre qu’une répétition des mêmes vagues déclarations, j’adresse une lettre privée sur le sujet à Mirza Saeed Khan...

Le 13, j’ai vu le Ministre des Affaires Etrangères et Son Excellence par ordre du Shah, me fournirent avec les détails suivants quant au cas de Syed Ali Akber. Son Excellence m’a dit qu’il avait désiré m’assurer que c’était le souhait du Shah que toute attention soit portée à toute demande amicale venant de la légation de Sa Majesté. Syed Ali Akber avait cependant été emprisonné sous les propres ordres du Shah et Sa Majesté fut incapable d’obtenir sa libération. Un puissant mouvement a dernièrement été observé parmi les babis dans ce pays et des mesures ont été prises pour observer leurs agissements. Le Shah considérait que c’était non seulement la sécurité publique qui était menacée par les vils desseins de ces personnes, mais que la sécurité de sa propre dynastie était en danger par leurs machinations. Syed Ali Akber avait dernièrement fait 2 visites à Mirza Hussein Ali, le successeur du Bab, qui est détenu sous la surveillance des autorités turques à Saint Jean d’Acre, en accord avec La Porte. Depuis son arrivée à Téhéran, il s’est activement engagé en organisant une société secrète de babis, et il est connu d’informations dérivées de certains de ces personnes qu’il était utilisé dans ce pays comme émissaire de Mirza Hussein Ali, le chef actuel de cette secte.

Le Shah m’a envoyé une photographie de Ali Akber qui avait été prise lorsqu’il fut arrêté à Téhéran, et dans le même temps l’un des albums de Sa Majesté que je pourrais comparer ave un groupe des principaux babis résidant à présent en Syrie parmi eux étaient plusieurs des fils et d’autres parents de Mirza Hussein Ali (283) . L’une de figures principales dans ce groupe apparait être la même que la photographie de Syed Ali Akber.

Je suis informé que, lorsqu’il fut examiné devant le Naïb es Sultaneh, Syed Ali Akber admis ayant passé quelque temps avec le groupe babi en Syrie, et qu’il refusait de faire une renonciation oficielle des principes professés par cette secte.

Ali Akber est sans conteste natif de Yazd et sous les circonstances que je viens juste de décrire, j’ai pensé judicieux de s’abstenir de faire quelque demande ultérieure de sa part, car, en faisant ainsi, j’aurai à entrer en questions (in which) les préjugés religieux des musulmans et les susceptibilités personnelles du Shah sont à la fois impliqués». (284)

Granville, en réponse à cette dépêche, déclara : «J’approuve vôtre proposition de ne pas faire de demandes supplémentaires de sa part, sous les circonstances rapportées dans cette dépêche, à moins que vous entendiez qu’il a été traité avec une rigueur inutile». (285)

A la suite de la mort de Siyyid Sadiq, Kamran Mirza facilita les conditions des prisonniers baha’is et, les libérant du donjon, les enferma dans une maison. Leur emprisonnement dura 19 mois en tout, durant lequel leurs familles souffrirent de la pauvreté. Finalement cependant, ils furent tous libérés. A cette occasion, aucun des baha’is ne souffrit le martyre.


Chapitre 19: Evènements à Ishqabad (1889-90)

Le vaste territoire au nord-est de la Perse avait, avant ce siècle, été une région inexplorée et mystérieuse dans laquelle des tribus de turcomans indisciplinés erraient, et les seuls éléments d’ordre étaient une poignée de villes palissades qui nominalement contrôlaient des régions vaguement définies. Les russes avancèrent progressivement dans cette région au cours des années 1840 à 1880. En 1844, ils avaient atteint la Mer d’Aral; Tashkent fut capturé en 1865; Samarkand fut occupé en 1868, Khiva en 1873. La grande étape de l’avancée russe impliqua les terres immédiatement au nord de la province perse du Khurasan. Dans les jours anciens, cette zone avait été une partie de la Perse, et le gouvernement persan regardait encore le territoire comme étant sous sa suzeraineté. En dépit des protestations de la Perse, les russes avançaient dans celle-ci. Le Général Lomakin fit une campagne contre le Geok Teppe des turcomans en 1879 mais fut repoussé. L’année suivante le Général Skobeleff retourna avec une force plus puissante, et après une campagne longue détruisit les tribus en 1881. La frontière avec la Perse fut délimitée par un accord signé en 1881 et la province russe Transcaspienne fut créée, qui en mars 1890 fut séparée du gouvernement du Caucase.

Le gouvernement russe amorça d’amener l’ordre dans cette vaste région et avait bientôt construit un long chemin de fer de Uzun Ada sur la Mer Caspienne à Samarkand, parallèle à la frontière nord de la Perse. Ce chemin de fer passait par Ishqabad (littéralement «Ville de l’amour») qui à cette époque de l’invasion russe consistait en une poignée de tentes, mais qui fut faite capitale de Transcaspie et par conséquent grandit en proportion considérable.

* Le martyr de Haji Muhammad-Rida:

Le gouvernement russe encourageait le commerce et l’établissement dans la nouvelle province et à partir de 1883 désormais beaucoup de baha’is, avec le consentement et l’encouragement de Baha’u’llah, partirent pour Ishqabad, plein d’espoir que sous un gouvernement chrétien, ils soient moins oppressés et moins persécutés. Le nombre de chiites persans à Ishqabad grandit aussi, et il y eût une tension entre les deux communautés. Durant le mois musulman de Muharram (1889), lorsque les chiites pleurent les souffrances de l’Imam Husayn, et le zèle des éléments les plus fanatiques est habituellement à son apogée, un complot fut formé pour assassiner Haji Muhammad-Riday-i-Isfahani, un membre important de la communauté baha’ie. Le meurtre eût lieu de sang froid au milieu de la journée et dans le bazar principal d’Ishqabad. Un tel affront aux autorités de Russie ne pouvait être tolérés, et les coupables furent arrêtés et amenés en procès.

Le récit le plus exact est celui publié par Victor Rosen et basé sur des notes du capitaine Tumanski. Il fut traduit par Browne dans «A Traveller’s Narrative» :

«A 7 heures du matin le 8 septembre (27 août, vieil (style)) 1889, deux fanatiques persans chiites, Mash-Hadi Ali Akbar et Mash-hadi Huseyn, se jetèrent eux-mêmes, dague à la main sur un certain Haji Muhammad Riza d’Isfahan, qui était en train de traverser paisiblement l’une des rues les plus fréquentée d’Ishqabad, et lui infligèrent 72 blessures, auxquelles il succomba. Haji Muhammad Rida était l’un des babis les plus respectés d’Ishqabad. Le crime fut perpétré avec une telle audace que ni les nombreux témoins de l’événement, ni l’agent de police qui était sur les lieux ne put sauver la victime de cette odieuse attaque. Les assassins se rendirent eux-mêmes à la police sans aucune résistance; ils furent placés dans un (cab) et envoyés en prison. Durant le transit, ils tombèrent pour lécher le sang qui était en train de goutter de leurs dagues. L’examen, conduit avec beaucoup d’énergie par le tribunal militaire, donna comme résultat que Muhammad Riza était tombé victime d’une bigoterie religieuse des chiites. Apeuré de l’influence de Muhammad Riza, les chiites d’Ishqabad, agissant en accord avec les ordres des mullas qui étaient venus expressément pour ce but du Khurasan, résolvèrent de couper court la propagande babie en tuant Haji Muhammad Riza. Sachant bien cependant que le crime ne resterait pas impuni, ils laissèrent l’opportunité de déterminer quelles personnes se sacrifieraient elles-mêmes pour la cause chiite. Ainsi ce fut que les individus nommés ci-dessus devinrent les assassins de Muhammad Riza, qui ne les avaient jamais blessés en aucune manière. La condamnation du tribunal fut sévère : Ali Akbar et Husayn, aussi bien que deux de leurs complices, furent condamnés à être pendus, mais la peine de mort fut changée par Sa Majesté l’Empereur aux travaux forcés à vie.

Cette punition fut saluée par les babis avec un enthousiasme facile à comprendre. C’était la première fois depuis l’existence de la secte, c’est-à-dire 50 ans, qu’un crime commis sur la personne d’un adhérent de la nouvelle religion avait été puni avec toute la rigueur de la loi». (286)

Dans ce récit il n’y a aucune mention du fait que les baha’is surprirent les autorités russes en intercédant pour les meurtriers et demandant que la peine de mort ne soit pas appliquée. Tumanski, cependant, dans un article (287) publié vers la même période que le travail de Rosen, parle d’un récit d’Ishqabad dans le journal «Novoye Vremya» qui confirme ce fait. Tumanski lui-même arriva à Ishqabad en juin 1890, 9 mois après l’événement.

Le 18 décembre, Drummond Wolff expédia à Londres un mémorandum par Monsieur Bax Ironside sur cet épisode et ses conséquences. On doit se souvenir que Monsieur Bax Ironside n’avait pas été à Ishqabad lorsque cet événement se déroula et qu’il fut relayé par des rapports qui lui parvinrent de Perse, presque certainement par des persans chiites :

«Un babi fut assassiné dans le bazar d’Ishqabad durant le mois de Muharram (fin août) par des persans de la secte chiite. Il fut tué à coups de couteau de sang froid pour s’être moqué de la religion musulmane et de la foi de l’Islam.

Les 9 prisonniers furent mis en procès à Ishqabad devant la Cour russe de justice et après un procès de plusieurs jours, deux des prisonniers furent mis à mort, deux furent acquittés, l’un fut condamné à un emprisonnement rigoureux pendant un an à Ishqabad et les quatre autres, tous de respectables marchands de 15 ans de travaux forcés en Sibérie.

Ces condamnations furent délivrées à Ishqabad le 21 novembre et lorsqu’elles furent connues, elles créèrent une intense excitation à Mashad et d’autres quartiers religieux. Les babis d’Ishqabad donnèrent cash des cadeaux se montant à 6000 roubles (288) aux fonctionnaires russes et prièrent ce dernier de les protéger; ils déclarèrent qu’ils ne pouvaient vivre en Perse et se proposaient de prendre refuge dans l’Empire russe.

Le Général Komaroff (289) prit sa part et rapporta au gouvernement russe que si les punitions n’étaient pas exécutées, il serait incapable de maintenir l’ordre à Ishqabad et les musulmans commettraient des meurtres chaque jour.

Sur les nouvelles atteignant le Consul Général russe, il alla tout de suite voir Agha Sheikh Mohammad Taki, l’un des ulémas les plus influent, et il assura le Sheikh qu’il obtiendrait que les prisonniers soient libérés et que les condamnations soient annulées.

Le 1 décembre, Monsieur de Velassov (290) envoya son traducteur pour informer le Sheikh que toutes les condamnations avaient été annulées. Cette déclaration cependant jusqu’à présent, n’a pas été confirmée des autres quartiers.

Le Gouverneur-Général du Khurasan, Son Excellence Royale le Rukn-ud-Dawlih, le frère du Shah, tous les ulémas et tous les groupes religieux à Mashad utilisèrent leur influence unie pour obtenir la remise des peines et la légation russe fut appelée à les annuler toutes, (it) étant insisté que si elles seraient exécutées les persans regarderaient dans l’avenir la Russie comme les ennemis de l’Islam et les amis des babis, des renégats et des ennemis du Shah en général.

Le 17 décembre, Monsieur Churchill avait une conversation avec l’Amin-us-Sultan, qui dit que l’affaire avait été discutée de manière répétitive avec la légation russe, qui affirmait qu’elle était impuissante à révoquer un jugement déjà donné par une cour de justice; mais que l’Empereur avait le pouvoir de changer la peine de mort à un emprisonnement à vie, et que le gouvernement persan pourrait faire quelque demande qu’ils soumettraient à Sa Majesté Impériale par l’intermédiaire du ministre persan à Saint Petersburg.

Le gouvernement persan, en conséquence, avait instruit son représentant à Saint Petersburg pour soumettre l’affaire à l’Empereur avec le résultat que les peines de mort avaient été changées en déportation en Sibérie, et les autres condamnations d’emprisonnement de durée moindre.

Le Shah a dirigé son représentant à Saint Petersburg pour informer le gouvernement impérial que Sa Majesté est insatisfait avec ce qui a été fait, car il considère la déportation en Sibérie égale à la mort». (291)

Dans les archives de la légation britannique à Téhéran, il existe aussi une lettre d’un baha’i anonyme à un ami à Isfahan. (292). Le secrétaire natif de la légation, Mirza Hasan-Ali Khan-i-Navvab obtint une copie de celle-ci d’un de ses amis baha’is à Téhéran. Cette lettre fut traduite par le Navvab dans un mémorandum datée du 1 mai 1890. La dernière partie de la lettre dit ceci :

«C’est la première justice et c’est le premier soutien dans ce monde qui a été montré par ce grand souverain qui a supprimé les atrocités de l’ennemi puissant de cette secte opprimée... C’est un contraste étonnant entre la justice du grand gouvernement russe et le gouvernement persan, comme par exemple si un tel meurtre avait eût lieu en Perse et que des grands marchands, comme c’était le cas dans cette affaire, étaient concernés en cela, il est évident à quiconque que combien à la fois les 2 parties auraient perdu en soudoyant les fonctionnaires; mais dans ce cas les fonctionnaires russes ne prirent pas un penny de quiconque, même une somme (of excess) de justice et d’équité. Personne n’oserait parler à quiconque de soudoyer ou d’intercéder pour les coupables. La secte chiite a donné des pots-de-vin à leurs ulémas et fonctionnaires en Perse dans le but qu’ils puissent intercéder pour eux mais ce fut un échec». (293)


* Développements ultérieurs:

Le Shah, déjà inquiet des événements qui ont suivit le martyre de Haji Muhammad-Rida, fut ultérieurement alarmé par les preuves de la faveur que le Général Alexsei Kuropatkin, le nouveau Gouverneur-Général de Transcaspie, montrait envers les baha’is à son arrivée à Ishqabad.

Le Ministre russe, De Butzov, fut convoqué à un entretien avec le Premier Ministre persan, Aminu’s-Sultan, le 30 août 1890. Dans un entretien ultérieur le 3 septembre avec Sidney Churchill, le Second secrétaire oriental à la légation britannique, Aminu’s-Sultan donna un récit de ce qu’il avait été discuté. Le récit suivant est d’une note de Churchill :

«L’aminu’s-Sultan déposa ensuite une plainte de la part du Shah en ce qui concerne un paragraphe qui est apparu dans le journal «Kavkaz» dans lequel il est rapporté qu’à l’arrivée du Général Kouroupatkine à Ishqabad, il fut rencontré par une députation de babis persans qui avaient installé leurs résidences en Transcaspie avec une adresse. Dans cette adresse les babis donnent la soumission à la Russie de la part de ceux résidant en Transcaspie et de tous les babis en Perse et demandant pour la protection et la reconnaissance d’eux et de leurs coreligionnaires par le gouvernement russe, le Général Kouroupatkine répondit qu’il serait heureux de recevoir leurs lettres si elles étaient adressées à l’Empereur et de les recommander à la considération favorable de Sa Majesté Impériale.
Ce paragraphe, l’Aminu’s-Sultan dit que Monsieu de Butzow avait considérablement excité le Shah, qui serait excessivement en colère si les russes de toute les façons favorisaient les babis persans. Si en fait, la lettre était recommandée par le gouvernement russe et considérée favorablement, le Shah prendrait les démarches les plus énergiques pour protester ouvertement contre de telles interférences avec son indépendance par le gouvernement russe.
Aujourd’hui Monsieur de Butzow répondit que le gouvernement russe ne protégerais pas les babis; mais il priait que le Shah n’insista pas en les forçant de retourner en Perse». (294)

Selon une note ultérieure de Churchill datée du 3 octobre, des assurances supplémentaires furent plus tard données par le gouvernement russe : « Le gouvernement russe a à présent assuré le gouvernement du Shah sur le sujet et déclare qu’il n’a pas l’intention de montrer aux babis quelque faveur que ce soit». (295)

Le 7 octobre 1890, Robert Kennedy, agissant de la part de Sir Henry Drummnd Wolff, adressa une dépêche au Marquis de Salisbury sur le sujet :

«Parmi d’autres sujets, la conduite du Général Kouroupatkine en donnant une réception favorable à une députation de babis persans résidant en Transcaspie, formait le sujet d’une forte remontrance de la part de l’Amin au nom du Shah, qui avait exprimé un grand ennui sur l’événement.
Le Ministre russe a depuis lors, agissant apparemment sous des instructions, assuré l’Aminu’s-Sultan que Sa Majesté ne ressent aucune peur sur le sujet car le gouvernement russe n’a pas l’intention de montrer aux babis quelques faveurs». (296)


Chapitre 20: Les 7 martyres de Yazd (1891)

La denier persécution majeure à surgir en Perse du temps de la vie de Baha’u’llah eût lieu à Yazd. Cela n’allait être cependant, en dépit de ses détails farouches, simplement que le présage d’une beaucoup plus sérieuse et plus sauvage persécution qui surgit en 1903 dans cette ville. En ce qui concerne les causes de ce soulèvement de 1891, voir page 357-8.

Le capitaine Vaughan du 7ème de l’Infanterie du Bengale, eût la chance d’être de passage à travers Yazd quelques jours après l’évènement. Il se réfère aux martyres dans un récit de ses voyages :

«... et deux jours de plus m’amenèrent à Yazd, où j’entendis qu’il y avait un mouvement contre les babis, trois d’entre eux furent exécutés à avoir leurs gorges tranchées par le bourreau, et furent ensuite lapidés à mort par la population, après quoi leurs corps déchirés furent taillés en pièces et exhibés aux femmes des victimes et aux enfants. J’ai entendu que les hommes qui souffrirent montrèrent un grand courage, et bien qu’on dit qu’ils avaient seulement dit qu’ils croyaient dans la vraie religion musulmane, que leur prophète était faux, et que leurs vies seraient épargnées, dédaignant de faire ainsi. J’avais aussi entendu que ces persécutions donneraient un grand élan au mouvement, et que chaque mort causait de nombreux convertis». (297)

Il envoya le télégramme suivant direct à la légation britannique à Téhéran par l’intermédiaire du service du Télégraphe persan le 21 mai 1844 :

«Il y a trois jours, 7 personnes de la secte babie furent tuées à Yazd». (298)

Mais, croyant que son télégramme à Téhéran puisse avoir été intercepté, il en envoya un second via Isfahan où il y avait un bureau du département indo-européen du télégraphe sous contrôle britannique :

«Suivant la date du 22 juste en recevant du capitaine Vaughan à Yazd me demandant de vous expédier. Débuts : télégraphié de Yazd le 20 tout d’abord à la légation que 7 babis ont été exécutés le 19 mai, mais croit télégraphe persan arrête message. Exécutions furent ordonnées par le gouverneur (299). Victimes gorges tranchées puis lapidées à mort par intervalle dans le bazar. Plus d’arrestations faites hier et davantage d’exécutions anticipées. Grand malaise prévaut. Firme Hotz and Co ne fait aucune affaire depuis la dernière semaine. Haji Mirza Muhammed Taki (300), agent russe est malade, et d’autres chefs marchands sont menacés. Moolah Shaikh Hussan et son fils Shaikh Taki (301) sont les principaux instigateurs de la persécution. Ici supposé exécutions par Shah. Rumeurs exécutions à Téhéran et autres places prévaillent. Merci informer Ministre. fin. Il ajoute : ici nous sommes tout à fait dans l’obscurité (as to what is going on) ailleurs, mais l’opinion prévaut que les babis ont à être accablés partout, (owing) à l’un d’entre eux ayant menacé la vie du Shah. Je resterais probablement ici jusqu’à ce que les choses soient plus calmes». (302) [ponctuation ajoutée].

Ce télégramme arriva à Téhéran le 27 mai 1891 et fut expédié à la légation britannique, tout de suite, par le Colonel H. Wells, le Superintendant du service du télégraphe. Le Chargé d’Affaires britannique, Monsieur R.J. Kennedy, écrivit à son retour du second télégramme «Navvab» (303), lut cela à Amin (304) et voit ce qu’il avait à dire à ce sujet. R.J.K.»

Dans le même temps, Kennedy reçut un récit du soulèvement d’un marchand hollandais, par le Chargé d’Affaires hollandais. Ce rapport est d’un grand intérêt comme c’est un récit d’un témoin :

«Lundi dernier, vers 18 heures, 7 babis furent exécutés tout à fait inopinément. L’un était suspendu en la présence du prince et 6 autres furent tués dans différents quartiers de la ville. C’est la première fois que des babis ont été tués ici et leur exécution occasionna un certain tumulte. Les corps furent ensevelis tout de suite par la foule sous des jets de pierres. Le Prince donna des ordres que les nuits de lundi et de mardi, les bazars devraient être ouverts et illuminés, et disait qu’il avait l’intention de venir lui-même le mardi soir. Mardi matin, il donna des ordres que les illuminations ne devraient pas avoir lieu et qui quiconque disait un mot au sujet des babis aurait sa langue coupée. Depuis le dernier mardi, les persécutions ont container. Le prêtre des babis, Molla Ibrahim a été arrêté et escorté ce matin de Taft à Yazd avec de la musique. Un marchand de soie de Yazd et 4 hommes des environs ont aussi été arrêtés. Je pense que 6 personnes seront tuées cette semaine. Les principaux marchands ici sont babis et plusieurs parmi eux sont décidément plus ou moins en danger; en particulier Haji Mirza Md. Takki, Shirazi (305) et son fils Haji Mirza Md, Haji Seyyed Mirza, Shirazi (306), Haji Md. Ibrahim, Haji Md. Jadegh, Afsjahi. On dit que le Prince a ordonné déjà il y a quelques temps qu’ils avaient fourni eux-mêmes avec des passeports signés par les premiers mullas. La situation est plutôt critique et comme un chacun, on craint des incidents plus sérieux, il n’est pas question de business.

Les mollahs qui sont la cause des exécutions et des persécutions sont Shaikh Hassan et son fils Shaikh Taqi, Mirza Seyed Ali (307), Mollah Hassan et Mollah Husein (308). Les noms des personnes tués sont :

1. Mollah Mehti de Getki.

2. Mollah Ali de Sabsevar.

3. Ashghar de Yazd.

4. Muhammad Baker de Yazd.

5. Asghar de Yazd.

6. Hassande Yazd.

7. Ali de Yazd.

tous, excepté le n°5, sont mariés et ont des enfants. Leurs biens leur sont pris et les babis sont à ce moment présent beaucoup trop effrayés pour les aider. Les femmes et les enfants des victimes ont été insultés par la foule. Les mollahs qui ont une grande influence avec le Prince sont Shaikh Hassan et son fils Shaikh Takki. Ils envoyèrent à plusieurs personnes connues comme babis, les menacent qu’ils déposent une plainte contre eux si ils ne donnent pas 25, 50, ou 100 romans. Les babis sont morts comme des vrais martyrs sans aucune peur et sans rien dire d’autre que du bien de leur religion. Le Prince désirait seulement qu’ils parlent contre la religion babie; 7 refusèrent; deux hommes cependant, fils de Mollah Mehti, firent ainsi et ils furent libérés». (309)

Non satisfaits avec la réponse de Aminu’s-Sultan à ses représentations verbales, et ayant reçu ce récit hollandais dérangeant, Kennedy écrivit un mémorandum à Aminu’s-Sultan le 2 juin 1891.

«Je pense qu’il est juste de dire à Vôtre Excellence que j’ai reçu des rapports des grandes persécutions de babis à Yazd. Des rapports similaires ont atteint d’autres européens à Téhéran.

Plusieurs babis ont été mis à mort et leurs corps mutilés. D’autres sont en danger pour leurs vies, à moins qu’ils ne satisfassent les mullas.

Vôtre Excellence connait naturellement jusqu’où ces rapports sont vrais et si le gouverneur de Yazd est en train d’agir à propos.

Je vous mentionne le sujet comme je suis comme Vôtre Excellence connait un ami sincère et partisan de Perse, et je regretterai profondément si, à quelque moment que ce soit, quelque chose pourrait être fait qui puisse blesser la réputation du gouvernement persan». (310)

Le jour suivant, le 3 juin 1891, Hasan-Ali Khan-i-Navvab fut envoyé pour un entretien avec l’Aminu’s-Sultan. Le jour suivant est le mémorandum de son entretien : «Son Excellence l’Aminu’s-Sultan a dit qu’il représentait les contenus de vôtre note privée en ce qui concerne la persécution des babis à Yazd à Sa Majesté [le Shah] qui envoya tout de suite deux télégrammes, l’un à Zillu’s-Sultan et l’autre à Jelal-u-Dawlih à Yazd leur ordonnant de cesser de persécuter les babis et de ne pas écouter les mullas, des rapports ultérieurs devront être entendus de cette sorte, Sa Majesté demandera des explications». (311)

Monsieur Kennedy rapporta l’affaire au Marquis de Salisbury, le Ministre des Affaires Etrangères, le 5 juin 1891 dans les termes suivants :

«Il ya environ 15 jours, j’ai reçu un télégramme du capitaine Vaughan qui est à présent à Yazd, disant que 7 babis ont été mis à mort par ordre du gouverneur, et que d’autres exécutions étaient suspendues. Bien qu’aucun détail ne furent donnés, je pensais judicieux de citer l’affaire verbalement à l’Aminu’s-Sultan, mais lorsque j’ai vu par la manière et les remarques de Sa Sainteté que le gouverneur de Yazd avait agi, sinon par les ordres, en tout cas avec la connaissance du Shah, je ne pense qu’il soit judicieux d’imprimer le sujet trop à l’attention de Sa Sainteté.

Quelques jours plus tard, le chargé d’affaires hollandais m’appela pour me lire une lettre qu’il avait reçue d’un marchand hollandais résidant à Yazd. J’ai l’honneur de joindre une copie de celle-ci.

Sous ces circonstances, voyant qu’il y avait de fortes chances de la persécution des babis menant à des conséquences sérieuses, et étant rapporté dans la presse européenne, au grand détriment de la Perse, j’ai écrit un mémorandum confidentiel à l’Aminu’s-Sultan, à qui j’ai demandé que Sa Sainteté l’apporte devant le Shah.

L’Aminu’s-Sultan fit ainsi et ensuite m’envoya un message verbal par l’intermédiaire du Navvab Hassan Ali Khan disant que Sa Majesté, après avoir lu mon mémorandum, envoya immédiatement deux télégrammes, l’un au Zillu’s-Sultan à Isfahan, l’autre au fils de Son Excellence Royale, Jelal-ud-Dawlih, gouverneur de Yazd, les ordonnant de mettre un terme à la persécution des babis et de ne pas porter attention aux suggestions des mullas. Sa Majesté ajouta que si des rapports ultérieurs de cette nature lui parvenait, il appellerait tout de suite les autorités locales pour des explications». (312)

Les télégrammes joints avec cette dépêche furent les suivants :

[Sa Majesté le Shah au Jalalu’d-Dawlih, aucune date]

En regard aux quelques babis dont l’infidélité fut prouvé par le Shar et qui furent mis à mort, par la suite d’autres personnes ne doivent pas, sous accusation de babisme, être contrariées et blessées. Donne ordres stricts de laisser la population tranquille et de ne pas trouver des fautes avec eux». (313)

[le Jalalu’d-Dawlih à Sa Majesté le Shah daté du 26 Shavval 1308:] (4 Juin 1891)

J’ai eu l’honneur de recevoir le télégramme de Sa Majesté : les quelques babis qui furent mis à mort par les ordres de Sa Majesté étaient ceux dont l’infidélité fut prouvé et qui furent condamnés à mort par les ulémas. Les verdicts des ulémas sont gardés par moi. Bien que personne n’a le pouvoir de traiter de quelque manière que ce soit les sujets de Sa Majesté avec oppression, dans le but d’être sur, j’ai montré le télégramme royal : aux ulémas de Yazd et donnait des ordres stricts sur le sujet. En tout cas Sa Majesté pourrait reposer (assured). La vie de cet esclave pourrait être sacrifiée à la poussière sous les pieds de Vôtre Majesté. Husein Kajar (314)

[Sa Majesté Royale le Zillu’s-Sultan à Sa Majesté l’Aminu’s-Sultan datée du 26 Shavval 1308:]

«Dans de telles affaires, les caractères des personnes sont connus et Vôtre Sainteté peut imaginer ce que les ulémas pourraient être. Je suis toujours occupé avec de telles affaires à Isfahan et la répétition de ceux-ci rendront Vôtre Majesté triste. Conformément à vos instructions, j’ai télégraphié à Yazd et cette affaire qui n’est pas sérieuse sera bientôt éclaircie». (315)

Un télégramme ultérieur du 7 juin 1891 existe dans les Archives Nationales : « Une exécution supposée eût lieu en privé en prison vers le 24 (316). Aucune nouvelle supplémentaire depuis le 27 lorsque j’ai quitté Yazd». (317) [ponctuation ajoutée].

Le professeur Browne, ayant reçu des récits de cet épisode de Akka, d’Alexandrie et de Ishqabad, prépara un rapport et le soumis à l’éditeur du «Daily News». Un récit très bref apparut dans l’édition de ce journal le 30 octobre 1891. (318319). Un rapport détaillé de Browne apparut cependant dans le «Pall Mall Gazett» du 26 novembre 1891.


Chapitre 21: Les exilés de Chypre

Comme précédemment noté dans le chapitre 12, lorsque Baha’u’llah fut envoyé à Akka, nombre de disciples de Mirza Yahya furent envoyés avec lui. Réciproquement, 4 des disciples de Baha’u’llah furent exilés avec Mirza Yahya à Famagouste à Chypre, où ils arrivèrent le 5 septembre 1868. Ceux-ci étaient Mishkin-Qalam, Mirza Aliy-i-Sayyah, Aqa Abdu’l-Ghaffar et Aqa Muhammad-Baqir-i-Mahallati.

Des baha’is, Mirza Abdu’l-Ghaffar réussit en effectuant une fuite de Chypre le 29 septembre 1870 et rejoignit Baha’u’llah; Shaykh Aliy-i-Sayyah mourut le 4 août 1871 et Muhammad-Baqir-i-Mahallati mourut le 22 novembre 1872; Mishkin-i-Qalam fut laissé ainsi seul. Mirza Yahya était arrivé sur l’île avec toute sa famille, mais sans un simple disciple ou même un serviteur. Après un temps, un ou deux disciples arrivèrent sur l’île et s’installèrent là-bas. (320)

Le 4 juin 1878, la Grande-Bretagne signait une alliance défensive avec la Turquie au moyen de quoi en échange de l’entreprise britannique de donner une aide militaire à la Turquie, devrait capturer tous les territoires turcs de la Russie, la Grande Bretagne accordait le droit d’occuper et d’administrer Chypre (bien qu’elle restait théoriquement sous souveraineté turque). L’administration britannique commença le 12 juillet 1878. Le premier Haut-Commissaire, le lieutenant-général Sir Garnet Wolsely, fut remplacé le 23 juin 1879 par le Colonel Robert Biddulph.

Le 2 août 1878, brièvement après que les britanniques prirent l’administration de l’île, A. R. Greaves, le secrétaire principal du gouvernement de Chypre, demanda à Leopold Swaine, le commissaire de région de Famagouste, de préparer un rapport des prisonniers maintenus dans la forteresse de cette ville. 5 prisonniers sont nommés dans ce rapport :

1. Qatirji Yani, un grec condamné à perpétuité pour vol.

2. Mustafa, un bosniaque.

3. Yusif, un turc, condamné à perpétuité pour avoir parlé contre la religion turque.

4. Mirza Yahya Subh-i-Azal.

5. Mishkin-Qalam.

Les deux derniers sont décrits ainsi : «Ils souhaitaient inventer quelque nouvelle religion et lorsqu’ils étaient pressés, fuirent de la Perse et s’installèrent en Turquie. Après quelque temps, ils essayèrent à nouveau d’exécuter leur folie, et ils furent en conséquence condamnés par les autorités turques à la prison à vie». (321)

En novembre 1878, des informations supplémentaires furent demandées par le secrétaire principal dans le but de déterminer la somme de la pension allouée aux prisonniers. Dans sa réponse du 5 novembre 1878, Jamas Inglis, le commissaire de Famagouste, déclare qu’il ne peut pas obtenir quelque information officielle sur eux car les enregistrements sont perdus ou détruits. Puis il donne le récit suivant des 2 prisonniers persans, basé sur leurs propres déclarations :

«Premièrement Subh Azal. Intelligent, un homme semblant bien élevé, apparemment d’environ 50 ans. En réception de 1193 piastres par mois (le Kazi obtient seulement 1020 piastres). Déclare qu’il était pendant longtemps à la cour de Perse, où son frère (322) était un officier proche en rang du vizir. Il alla ensuite à Istanbul et puis à Andrinople, où il fut accusé de comploter contre La Porte et la religion de l’Islam. Condamné - à perpétuité. Ici depuis 11 ans.

Deuxièmement, Maskin Kalam. Du Khurasan. Perçoit 660 piastres par mois. Condamné à perpétuité. Ici depuis 11 ans. Arriva ici dans le même temps que Subh-Azal. Condamné pour offense religieuse contre La Porte. 53 ans. A deux familles, l’une ici, et une en Perse. En apparence un vieil homme, desséché, ridé avec de longs cheveux presque jusqu’à la taille. (323)

Le 20 juin 1879, Mishkin-Qalam recut la permission par le secrétaire principal de partir de Famagouste pour Nicosie. Plus tard au cours de cette année, il adressa une pétition datée du 15 août au Haut-Commissaire de Chypre priant d’être libéré de son confinement dans le but qu’il puisse rejoindre sa famille après 12 années d’exil. La conséquence de cette pétition fut une demande de F.M. Warren, le secrétaire principal pour plus d’informations au sujet des prisonniers. Par suite un rapport ultérieur fut compilé des déclarations de l’ancien turc Qa’im Maqam et des prisonniers :

«N°3. Subh-i-Azal d’Iran. Crime? Faussement accusé de prêcher contre la religion turque. Où? Andrinople. Qui était (accusation faite par?) Vint de Bagdad et alla à Andrinople où des accusations furent faites. Le Vali d’Andrinople le dirigea à Constantinople, où il fut examiné par Kamal Pasha (Premier Ministre). Quand? IL y a 12 ans. Emprisonnement précédent avant de venir ici? 5 mois à Constantinople, avant de venir ici sous bonne garde, 5 ans à Andrinople. Endura ici? 12 ans. Pension? 38 piastres et demi par jour. (Do) avant? 38 piastres par jour du gouvernement (exchange).. A une famille de 17 personnes. Son père fut secrétaire principal de l’Etat de l’actuel Shah de Perse. (Nasiri’d-din-Shah).

N°4. Mushkin Qalam Effendi. Commerce? Ecrivain. Crime? Etant en compagnie d’un prêcheur contre l’Islam qui arriva de Perse et de Akka en Syrie. Où? Constantinople. Punition? Transporté à vie et emprisonné dans la forteresse de Famagouste. Par qui? L’autorité du Sultan Aziz. Date? 1284 Novembre (1876) (324). Emprisonnement précédent? 6 mois à Constantinople. A enduré? 12 ans. Quelque logement? le firman ordonnant le bannissement déclara qu’il allait être libre de son logement, mais qu’il n’avait pas eu quelque logement [libre]. Cet homme a envoyé une pétition au gouvernement il y a environ une semaine. 23/6/79. (325)

Ce fut probablement comme résultat de cette pétition et des enquêtes qui s’ensuivirent que le Haut-Commissaire, Robert Biddulph décida de rapporter toute l’affaire au Ministère des Affaires Etrangères dans une dépêche datée du 5 septembre 1879 :

«J’ai l’honneur de transmettre à Vôtre Excellence la liste copiée ci-jointe du registre trouvé à Famagouste de personnes qui, ayant été à diverses dates exilées à Chypre par le gouvernement turc, sont à présents gardés dans cette île comme prisonniers d’état; ils ont comme acquis une allocation mensuelle mais ils ne sont pas autorisés de quitter l’île. Je conseillerai Vôtre Majesté de (move) la Subime Porte pour sanctionner le retour de ces personnes dans leurs pays respectifs : sans une telle permission, ils seraient contraints à une appréhension en atterrissant dans quelque port dans l’Empire Ottoman [voir la liste en face] (326).

Le Marquis de Salisbury, le Ministre des Affaires Etrangères, expédia la communication à Monsieur E.B. Malet, le Ministre britannique à Istanbul, le 29 septembre 1879, lui demandant de l’amener à l’attention des autorités turques. Le 10 octobre 1879, Malet adressa une note à la Sublie Porte :

«Agissant sous les instructions du secrétaire permanent des Affaires Etrangères de l’Etat de Sa Majesté, l’ambassadeur de Sa Majesté a l’honneur de joindre une liste de personnes qui, ayant à diverses reprises été exilées à Chypre par le gouvernement turc, sont à présent détenus là-bas comme prisonniers d’Etat, et de demander ou bien que la permission puisse être accordée à ces personnes de retourner à leurs foyers ou qu’ils puissent être transférés dans certaines parties de l’Empire Ottoman, comme leur séjour à Chypre est une source d’inconvénient à l’administration de cette île». (327)

Puis La Porte institua ses propres enquêtes sur le sujet. Le 16 janvier 1880, une note du Ministre de la justice fut communiquée à la légation britannique pour leur information.

Cette note, apparaissant en français dans les fichiers des Archives Nationales, dit :

Persans : Subhi Kémal (328). Accusé de sodomisme. Condamné à la réclusion à perpétuité dans une forteresse fortifiée à Chypre.

- Tadhkirih a été adressé au Ministre de la Police pour le transfert de cet homme au Fort de Saint Jean d’Acre.

Persan : Mishkin-Qalam Effendi. Accusé d’hérésie. Condamné à la réclusion à perpétuité dans une forteresse fortifiée à Chypre.

6 Idem (329)

(Hadgige allait être libéré et Katerdgi Yani allait aussi être envoyé à Akka.

Liste des prisonniers de l’Etat turc à Chypre.

Hadidge, chypriote, incendiaire, 15 ans d’emprisonnement. Période sous contrainte à Chypre : 10 ans. Remarques : 5 ans de remise de peine.

Katerdgi Yani, de Aideen, Asie Mineure, voleur de grand chemin, déportation à vie. Période sous astreinte à Chypre : 20 ans. Remarques : emprisonné auparavant pendant 7 ans à Constantinople.

Subh-i-Azal [Mirza Yahya], persan, offense politique, déporté à perpétuité. Période soous astreinte : 12 ans. Remarques : 5 ans en arrestation à Andrinople et 5 mois emprisonné à Constantinople. 6 mois emprisonné à Constantinople.

Mushkin-Qalam Effendi, persan, offense politique, déporté à vie. Période sous astreinte à Chypre : 12 ans. Remarques : 6 mois d’emprisonnement à Constantinople.

Youssouf Mehmet, Mersin, Asie Mineure. Offense inconnue. Déporté à vie. (déporté pendant 15 ans selon la déclaration du prisonnier). Période sous astreinte à Chypre : Presque 20 ans. Remarques : l’offense et la condamnation sont incertaines).

Mustapha Boshnak, bosniaque. Offense : fauteur de troubles, déporté à vie (déportation pendant 15 ans par déclaration du prisonnier. Période sous astreinte à Chypre : 15 ans. Remarques : 2 ans d’emprisonnement à Constantinople.

Hudaverdi, sujet ottoman, offense douteuse, déporté à vie. Période sous astreinte à Chypre : 18 ans. Remarques : homme aveugle, qui servit anciennement dans l’artillerie turque. (330)

Aucune trace des autres ne fut trouvée, ce qui n’est pas complètement surprenant depuis que selon Browne, «Hudaverdi» n’était même pas un prisonnier mais un pensionnaire turc).

Un peu plus tard, le 20 janvier 1880, la note suivante adressée au Ministre des affaires Etrangères fut communiquée à Monsieur Marinitch de l’ambassade britannique et fut alors envoyé à Biddulph à Chypre le 24 janvier 1880 :

«Une lettre fut envoyée du Ministre des Affaires Etrangères au ministre de la justice contenant une note de l’ambassadeur britannique demandant ou bien la libération des 7 déportés qui avaient été exilés à Chypre et qui sont à présent en prison, ou leur déplacement dans un autre endroit. Il apparait de la correspondance échangée avec le ministre de la justice qu’il a été décidé que ceux dont les noms sont sur le papier joint, c’est-à-dire Katerji Yani, Subhi Kial et son compagnon Mishkin-Qalam, condamnés à l’emprisonnement à vie dans une forteresse, devront être déplacés à la fortereese de Saint Jean d’Acre et ces èvenements sont encore (going about the remaining four). Comme le conseil de police a déclaré que dans la prison centrale là-bas, il n’y a aucun enregistrement en ce qui concerne ces derniers, j’ai à demander à Vôtre Excellence d’être (pleased) de consentir que les démarches nécessaires puissent être prises en accord avec la déclaration ci-dessus...;

- Katerji Yani:

Pour vol de grand chemin au début de Djemay al Akher 77, condamné aux travaux forcés à vie à Chypre.

- Le persan Subhi Kiali:

Condamné pour sodomie, en détention dans la forteresse de Chypre pour la vie.

- Le persan Mishkin-Qalam:

Condamné pour hérésie à la détention à vie dans la forteresse de Chypre. (331)

Les développements ultérieurs du cas sont résumés dans une dépêche du bureau des Affaires Etrangères datée du 18 juin 1889 :

«Sir R. Biddulph là-dessus écrivit une dépêche (126/11 mars 80) donnant les informations les plus complètes qui pourraient être obtenus en ce qui concerne les prisonniers. En regard à Subh-i-Azal, Sir R. Biddulph disait qu’il ne pouvait découvrir quelque fondement de la déclaration que son offense était la [sodomie]. (332) sa propre déclaration étant qu’il était faussement accusé de prêcher contre la religion turque et son ennemi acharné - Mushkin-Qalam - déclara aussi que l’offense était une hérésie, Sir R. Biddulph continua à dire que les (warrants) originaux sous lesquels les 2 persans furent confinés furent emportés à l’(occupation), mais qu’ils avaient été anciennement noté dans la cour de Temyiz dont il est déclaré dans le registre qu’ils furent condamnés pour «babisme» à la réclusion à perpétuité dans une forteresse. Cette condamnation fut donnée par un firman impérial et non par quelque tribunal judiciaire... La dépêche des Archives Nationales qui répondait à ceci (5 avril 80) autorisait les prisonniers étant laissés en liberté et non contrariés en respect de leurs punitions et de leurs farmans, leurs salaires auront à être payés à eux aussi longtemps qu’ils resteront à Chypre.

La décision fut communiqué aux autorités turques, qui cependant persistaient en demander la (surrender) des prisonniers. Sur cela, l’ambassadeur reçut des instructions (24 septembre 1880) de ne pas répondre à la note de la Sublime Porte et de laisser l’affaire se dérouler, mais le gouvernement ottoman devrait continuer à insister pour leur réédition, l’ambassadeur fut instruit de dire que comme l’un d’entre eux était au large lorsque l’occupation eût lieu et que les deux autres enfermés à Famagouste sur le compte de leurs opinions religieuses, Sa Majesté du gouvernement ne pourrait interférer avec leur liberté personnelle.

Le 24 mars 1881, Mirza Yahya fut informé qu’il pouvait se considérer lui-même libre d’aller où cela lui plaisait. En réponse à cela, Mirza Yahya adressa une pétition le 27 avril 1881 au Haut-Commissaire, demandant qu’il soit fait sujet britannique ou pris sous la protection britannique, afin qu’il puisse en toute sécurité retourner dans son propre pays ou en Turquie. (333) Le gouvernement ne voyait pas convenable d’accéder à sa requête et par conséquent il resta à Chypre pour le reste de sa vie.

Le départ de Mishkin-Qalam de l’île est notifiée dans une lettre de Monsieur Cobham (334) qui l’employa pour lui enseigner le persan. La lettre datée du 18 septembre 1886, déclare : «l’hérésiarque et calligraphiste persan Mushkin Kalam quitta Chypre pour Saint Jean d’Acre dans la nui du mardi 14-15 septembre, renonçant à ses pitances et la protection du gouvernement de l’île. IL trouva une opportunité insolite dans un navire syrien allant directement à Acre, le quartier-général du Bab [Baha’u’llah]... Je suis très triste de le perdre en tant que (munshi) persan». (335)

Ainsi, lorsqu’en mars 1890, le professeur Browne, sur la route qu’il était en train de faire dans son célèbre entretien avec Baha’u’llah (voir page 229ff), arriva à Chypre, des exils originaux, seul Mirza Yahya, à présent prisonnier britannique, reste. En ce qui concerne son premier entretien avec Mirza Yahya, Brown écrit :

«Nous descendîmes dans une pièce supérieure, où un vieil homme vénérable et semblant bienveillant d’environ 60 ans, quelque peu au-dessous de la taille moyenne, avec un front ample sur lequel les traces d’attention et de peur étaient apparentes, des yeux bleus inquisiteurs, et une longue barbe grise, se leva et avança vers moi. Devant cette allure douce et digne, je me courbais moi-même de manière involontaire avec un respect non feint; pendant un long moment, mon désir longtemps chéri fut comblé, et je me tenais face à face avec Mirza Yahya Subh-i-Ezel («Le Matin d’Eternité»), le successeur désigné du Bab, la 4ème «Lettre» de la «Première unité». (336)

Pendant deux semaines, Browne, selon son propre témoignage, allait chez Mirza Yahya chaque jour, restant de deux à trois heures de l’après-midi jusqu’au coucher du soleil. Browne rendit visite à Mirza Yahya une nouvelle fois en mars 1896. L’autre grand érudit babi de cette période, A.L.M. Nicolas, quant il était drogman français à Larnaca en 1894-5 rendit fréquemment visite à Mirza Yahya à Famagouste. (337)

Mirza Yahya, déserté par la majorité de ses disciples (338), continua à vivre à Famagouste jusqu’à sa mort le 29 avril 1912. Selon le témoignage de son propre fils dans une lettre communiqué au professeur Browne, il n’y eût personne même pour réciter l’une des prières du Bab à ses funérailles, et il fut enterré selon les coutumes musulmanes : « Mais personne ne fut trouvé là-bas de témoigner du Bayan [c’est-à-dire babis, selon E.G.B], par conséquent l’Imam-Jumih de Famagouste et certains autres docteurs de l’Islam, ayant prononcé [la coutume] des invocations, placèrent le corps dans le cercueil et l’enterrèrent». (339)

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Notes

(1) Webb Up the Tigris to Bagdad, page 36 et 38.

(2) Le professeur H. Petermann était à Bagdad en 1854-5. Dans son livre «Reisen in Orient» (volume 2, page 282), il déclare que son guide natal, Mulla Sadiq, avait affirmé qu’il y avait 5000 babis parmi les musulmans de Bagdad [un nombre grandement exagéré], qui avaient fuit là-bas de la Perse. Puis, après avoir relaté les activités de Tahereh à Bagdad, il déclare : «Selon la déclaration du mulla... ils ont quelques livres sacrés, et il en a vu lui-même un en leur possession; ils ne se trahissent pas les uns les autres, ne disent pas de mensonges, et enseignent que tous leurs biens devraient être mis en commun de toutes les manières».

(3) Le gouverneur de Bagdad, Umar Pasha.

(4) Les récits baha’is déclarent qu’il y avait 50 babis à Bagdad à cette époque. Voir Balyuzi Baha’u’llah, The King of Glory, page 143.

(5) Baha’u’llah était de parenté éloigné à Mirza Aqa Khan-i-Nuri, le Premier Ministre persan à cette époque.

(6) Kemball à Bulwer, 9 juin 1858.

(7) Voir Balyuzi Baha’u’llah, The King of Glory, page 128.

(8) Cela pourrait se référer à l’action de Mulla Baqir, un jeune babi qui avait attaqué un compagnon de celui-ci, un jeune shaykhi, car cette personne refusait de cesser d’injurier le Bab et les babis. Cependant, Mulla Baqir n’était pas un confiseur aussi loin que l’on sache.

(9) C’est une exagération de la position de Mirza Yahya dans la communauté babie. Tout au plus, il était regardé comme un chef de file en attendant l’avènement de «Celui que Dieu devra manifester». Même alors, son autorité était contestée par nombre de babis qui faisaient valoir des revendications pour eux-mêmes.

(10) Kemball à Bulwer, 28 sept 1859.

(11) Shoghi Effendi God passes by, page 146.

(12) Kemball à Bulwer, 15 juillet 1863.

(13) Ibidem.

(14) Kemball à Bulwer, 6 mai 1863.

(La) base de cette déclaration est probablement le fait que durant la période de Bagdad, Mirza Yahya était encore en train de concocter des plans pour l’assassinat de Nasiri’d-din-Shah, et alla aussi loin que d’envoyer l’un des babis en Iran pour ce but. (voir Shoghi Effendi God passes by page 124).

(15) Shoghi Effendi «God passes by», page 131. Browne Materials, page 11.

(16) British Museum, Layard Papers, add 38994-5, add 39013-21, add 39105-13.

(17) Reclus The Universal Geography, volume 1, page 106.

(18) C. S. de Gobineau « Correspondance» pages 284-5.

(19) Shoghi Effendi God Passes By, page 180.

(20) Rosenberg à Blunt, 5 août 1868.

(21) Blunt à Elliot, 6 août 1868.

(22) Ronzevalle à Bourée, 14 août 1868.

(23) Ronzevalle à Bourée, 14 août 1868.

(24) Cette opinion a été confirmée par le Département de la Recherche au Centre mondial Baha’i, Haïfa (lettre datée du 17 février 1975). Voir aussi la préface.

(25) De la même manière, il existe dans la collection des papiers de Gobineau qui se trouvent à l’université de Strasbourg, 5 ou plus de lettres prétendues être de Baha’u’llah. Une nouvelle fois, l’écriture n’est pas de Baha'u'llah ou de l’un de ses secrétaires, et le style et le contenu des lettres ne sont pas compatibles avec l’autorité alléguée.

(26) Pisani à Elliot, 12 août 1868.

(27) Elliot à Blunt, 13 août 1868.

(28) Blunt à Elliot, 15 août 1868.

(29) On devrait noter que Baha’u’llah lui-même attribue certaines des responsabilités pour son exil ultérieur à Akka aux activités de Mirza Husayn Khan, Mushiru’d-Dawlih. Voir Baha’u’llah - Epistle to the Son of the Wolf, page 69.

(30) Bliss Bab and Babism, page 147.

(31) Blunt à Elliot, 13 août 1868.

(32) Voir 28.

(33) Pétition de Rosenberg au comité de L’Alliance Evangélique, 13 août 1868, compris dans 28 supra.

(34) Naturellement «Bab» signifie «porte» et «babi» signifie «disciple du Bab».

(35) Presque certainement Abdu’l-Baha, car les autres fils de Baha’u’llah étaient simplement des enfants à cette époque.

(36) Haji Ja’far.

(37) Missionnaire du Bureau de la Commission américaine pour les missions étrangères.

(38) Pétition de Rosenberg au comité de l’Alliance Evangélique, 13 août 1868.

(39) Cela doit se référer à Haji Ja’far-i-Tabrizi, qui se coupa la gorge car il croyait qu’il avait été exclus du groupe accompagnant Baha’u’llah. Il les rejoignit lorsque ses blessures eurent guéries.

(40) Dumont Souvenirs de la Roumélie II, page 834-5.

(41) Deux des bâtiments construits par ce Pasha furent reliés intimement avec l’histoire de la foi baha’ie. Son manoir de campagne à Mazra’ih, à quatre miles au nord de Akka, fut la première résidence en dehors de Akka, où il resta pendant 2 ans. Le palais d’Abdu’llah Pasha à Akka fut loué par Abdu’l-Baha peu de temps après l’ascension de Baha’u’llah et Shoghi Effendi était née là-bas

(42) L’Empire turc fût divisé en un nombre de provinces, Vilayats (pashaliks), chacune à la charge d’un vali. Ces vilayats fûrent ensuite subdivisés en sanjaks, chacun à la charge d’un mutasarrif. Les sanjaks furent divisés en Qadas, chacun à la charge d’un Qa’im-Maqam. La plus petite subdivision était celle d’un Nahiya, qui consista finalement en un petit groupe de villages à la charge d’un mudir.Ce système n’était pas appliqué de manière uniforme à travers l’Empire.

(43) Un rapport de Eldridge, le consul britannique à Beyrouth en 1867, déclara que les anciennes maisons de marchands anglaises qui faisaient du commerce à travers Akka et les autres ports syriens de la côte avaient tous cesser de faire du commerce - par conséquent, l’abolition des différents établissements consulaires (F0 78 1990).

(44) Ida Pfeiffer, qui visita Akka en 1842, décrivit les rues et les intérieurs des maisons comme étant «jonchés d’ordures» (Visit to the Holy Land, page 162).

(45) Lettre datée du 30 mars 1876.

(46) Le Révérend J. Neil, dont le récit de Abdu’l-Baha pourra se trouver page 213, écrivit : « Akka est utilisé comme un endroit d’emprisonnement pour tous les prisonniers politiques turcs à travers l’Orient». («Jewish Intelligence», décembre 1872, page 299).

(47) Hamilton Oriental Zigzag, page 104.

(48) Monsieur Moses d’Abraham Finzi, un juif italien, avait été un agent consulaire britannique à Akka depuis mai 1837, lorsque le vice-consul britannique à Akka fût fermé. C’était à présent un vieil homme et il fût remplacé l’année suivante par le docteur Schmidt de la colonie des Templiers allemands à Haïfa.

(49) Eldrige à Layard, 4 février 1878.

(50) Trotter à White, 12 mai 1891.

(51) voir le chapitre précédent, page 187-97.

(52) C’était Aqa Abdu’l-Ghaffar.

(53) Abdu’l-Baha au Révérend Rosenberg, aucune date donnée, compris dans la lettre de Rosenberg à Blunt, 24 novembre 1868. Celle-ci en retour fût inclut dans Blunt à Elliot, 26 novembre 1868 (traduit du turc).

(54) Blunt à Elliot, voir 53.

(55) Elliot à Blunt, 3 décembre 1868.

(56) Ambassadeur persan à Constantinople.

(57) C. S. de Gobineau» Correspondance», page 332-3 (traduit du français).

(58) Prokesch-Osten doit avoir écrit sur l’intervention de Rosenberg.

(59) Voir page 257 « Events in Egypt (1867-9).

(60) Le conseil d’Etat turc.

(61) C. S. de Gobineau «Correspondance» page 333-4

(62) Cela doit faire référence à Siyyid Abdu’l-Karim -i-Urdubadi, qui vivait dans l’Astrakan.

(63) C. S. de Gobineau «Correspondance» page 334.

(64) Gobineau, étant l’ambassadeur français à Athènes à cette époque, demanda probablement au gouvernement grec d’expédier sa lettre à travers les canaux diplomatiques.

(65) C. S. de Gobineau «Correspondance», page 334-5.

(66) C. S. de Gobineau «Correspondance», page 334-5.

(67) A présent connu comme le Ministère de l’église parmi les juifs.

(68) Mais voir addendum dans ce chapitre. Bliss dans son article se réfère au « chef présent de la secte».

(69) «The Times», 5 octobre 1871, page 8, colonne 3.

(70) Adresse des quartiers de la société juive de Londres.

(71) Shoghi Effendi God passes by, page 190.

(72) Disciples de Laelius et Faustus Socinus, des penseurs protestants italiens du 16ème siècle qui furent opposés au concept de la Trinité.

(73) «Jewish Intelligence», décembre 1872, page 300-301.

(74) Shoghi Effendi God Passes By, page 190.

(75) Oliphant Life in Modern Palestine, page 107.

(76) Dans une note dans son livre Abbas Effendi: His Life and Teachings (page 75-6). Phelps enregistre que lorsque ce récit d’Oliphant fut apporté à Abdu’l-Baha, ce dernier dénia avec insistance la véracité de ces deux derniers paragraphes et donna des raisons pourquoi ce n’était pas possible que cela se soit passé ainsi.

(77) Grant Duff Notes of a Diary, 1886-88, volume 2, page 20-21.

(78) Curtis Today in Syria and Palestine, page 221.

(79) Tankis, qui est écrit en caractères arabe de l’original, signifie inversion. La phrase dit probablement. «Contemplez le mystère de l’inversion de la station de l’autorité où l’exalté est avili et l’avili est exalté!».

(80) C M S Archives.

(81) Plusieurs des disciples de Baha’u’llah sont connus avoir traversé ou même avoir résidé à Nazareth. Parmi ceux-ci, il y a Aqa Muhammad-Aliy-i-Qa’ini, Nabil-i-Azam et Haji Jasim de Bagdad, qui furent envoyés par Baha’u’llah en tant que messagers pour les exilés baha’is de Khartoum.

(82) C M S Archives.

(83) C M S Archives.

(84) C M S Archives.

(85) C M S Archives.

(86) C M S Archives.

(87) Ce qui à présent connu comme la maison d’Abbud était alors en deux parties: la moitié en arrière (éloignée de la mer) étant la maison de Udi Khammar, fût occupé par Baha’u’llah, la moitié avant par Abbud, le chrétien référé ici. Plus tard, Baha’u’llah occupa toute la maison.

(88) C M S Archives.

(89) Coleman, Révérend Henry Roush (né en 1834). Evidemment, il était un résident de Louisville, Kentucky, depuis que cinq éditions de son livre fûrent publiés en privé là-bas.

(90) Coleman Light from the East, page 347-9.

(91) Le jardin de Ridvan près d’Akka.

(92) Oliphant Life in Modern Times, page 103-7.

(93) Browne A Traveller’s Narrative, page 209-10.

(94) Cela pourrait être une référence à l’arrivée à Akka du premier groupe de pèlerins baha’is américains, mais cela n’eût pas lieu avant 1898, 6 ans après la mort de Baha’u’llah. Leur visite n’était en aucune façon reliée, comme il est suggéré par Chirol, avec Laurence Oliphant, qui était en tous les cas mort en 1888.

(95) Chirol The Middle Eastern Question, page 122.

(96) La déclaration que ses disciples payent Baha’u’llah pour obtenir du travail est faux. Et bien que certains récits semblent indiquer que Baha’u’llah était en train de vivre dans la luxure la plus grande, ceux qui finalement entrèrent dans le manoir de Bahji et qui étaient dans une position de rapporter - des personnes telles que Browne - ne parlent pas d’un déploiement excessif de vive luxurieuse.

(97) Asiyih Khanum, la femme de Baha’u’llah et la mère d’Abdu’l-Baha, mourut en fait en 1886.

(98) C’était le docteur Schmidt, l’officier médecin de la colonie des Templiers. Il descendait des allemands Mennonites qui colonisèrent le sud de la Russie, et ainsi obtinrent un passeport russe. Cela créa des difficultés lorsqu’il fut tout d’abord désigné vice-consul anglais en 1879 pour remplacer Monsieur Finzi. Il resta vice-consul jusqu’en 1898. Il avait étudié la médecine en Allemagne et à Vienne.

(99) Un homme du clergé qui sous l’influence d’Oliphant, vint à Haïfa en tant que missionnaire des druzes et en tant que bras droit d’Oliphant. Certains scandales avec les filles dans le village de Daliya le forcèrent à quitter la Palestine (voir Henderson The Life of Laurence Oliphant), pages 251-2.

(100) Grant Duff Notes from a Diary, 1886-88, volume 1, page 251.

(101) Cela sera en fait être 74 ans ou 76 années lunaires.

(102) Arslan « Une visite au chef du babisme», page 314-16 (traduit du français).

(103) Ibidem page 306.

(104) Siyyid-Aliy-i-Afnan, le beau-fils de Baha’u’llah.

(105) Mirza Ali Aqa, que Browne rencontra en Perse.

(106) Aqa Mirza Abdu’r-Rasul, le fils de Aqa Muhamma-Ibrahim, Khalil-i-Kashani.

(107) Aqa Muhammad.

(108) Aqa Mirza Asadu’llah d’Ispahan, le gendre de la femme d’Abdu’l-Baha.

(109) C’était Mirza Majdu’d-Din, qui allait plus tard devenir l’ennemi le plus implacable d’Abdu’l-Baha.

(110) Haji Mirza Siyyid Hasan, Afnan-i-Kabir.

(111) Aqa Muhammad Ali, Sabbagh-i-Yazdi.

(112) Mirza Mustafayi-i-Baghdadi; son père était Shaykh Muhammad Shibl (voir «Nabil’s Narrative», Grande -Bretagne, page 193-5, USA pages 271-3).

(113) Browne A Traveller’s Narrative, page xxvii-xliii.

(114) Suppl. 21, manuscrits de Browne, bibliothèque universitaire de Cambridge.

(115) Ibidem.

(116) «Annual Letters», 1891-2, C M S Library. Aussi imprimé en tant qu’article : Barker « A North Palestine Station».

(117) Barker Afternoon Calls in Palestine, page 40-42.

(118) Lettre de Charles Gibbern d’Eastbourne, CMS Archives.

(119) CMS Archives.

(120) «Annual Letters», 1893, bibliothèque CMS.

(121) Barbier de Meynard, révisant A Traveller’s Narrative dans le «Journal Asiatique» (8eme série, volume 20, septembre-octobre 1892, page 302), se réfère à cet article et les nouvelles de la mort de Baha’u’llah.

(122) «Journal Royal Asiatic Society», 1892, page 706-10.

(123) Poète baha’i que Browne rencontra à Yazd.

(124) Tumanski Poslednee slovo Bekha-ullui .

(125) Shoghi Effendi God Passes By, page 180.

(126) Ibidem page 166. Le fait que le docteur Shishman fut chrétien est enregistré par Aqa Rida dans son récit (voir Balyuzi Baha’u’llah, The King of Glory, page 225N).

(127) Shoghi Effendi God Passes By, page 180.

(128) -

(129) Shoghi Effendi God Passes By, page 194.

(130) Ibidem page 192.

(131) Ibidem page 194.

(132) Supplément 22, manuscrits de Browne, bibliothèque universitaire de Cambridge.

(133) «Nabil’ Narrative, Grande-Bretagne page 442-3, USA, page 603-4.

(134) Shoghi Effendi God Passes By, page 194.

(135) la note intéressante suivante, également de Cottrell, apparut dans «The Academy»:
«Babisme - j’ai une connaissance personnelle et intime des actuels chefs du mouvement babiste en Perse, les quatre fils du feu Mirza Hussein, qui sont des prisonniers politiques à Akka, bien que le Shah au cours des derniers douze mois ait annulé les lois pénales contre la secte, et est maintenant très amical.
«Ces princes ont une grande bibliothèque de livres écrits par leur père sur les doctrines particulières de la secte, dont le but n’est rien moins que la réconciliation du bouddhisme, du christianisme et de l’Islam. Le père dans sa volonté dirigea ses fils à transmettre à tous les souverains de l’Europe ds copies de certaines de ses travaux, accompagnée par une lettre autographiée.
Le dernier Tsar de Russie, depuis la mort de Mirza Hussein, envoya ses fils et obtint des copies de plusieurs des travaux principaux qui leur ont été traduits en russe.
Les princes sont très impatients d’exécuter le souhait de leur feu père et ils ont des copies des travaux présenté à Sa Majesté la Reine; et aussi d’obtenir, de manière officieuse, le contenu des Archives Britanniques pour être capable d’atteindre les autres souverains avec un but similaire. Ils m’ont fourni des résumés des principaux travaux en arabe et en persan dans le but de les avoir traduits et publiés en Grande-bretagne et aux Etats-Unis.
H. Cottrell.

(136) D’un récit non publié par Z. Asgharzadih.

(137) Browne A Year Amongst the Persians, page 321.

(138) Journal de Browne dans son voyage en Perse, volume 2, page 318: bibliothèque du collège de Pembroke, Cambridge.

(139) Journal d’Ahmad Sohrab citant Abdu’-Baha: Star of the West, volume viii, n°13, 4 novembre 1917, page 178 (réimprimé dans Star of the West, volume 5, Oxford 1978). L’auteur est reconnaissant à Denis MacEoin pour lui avoir procuré cette information.

(140) En ce qui concerne ce tremblement de terre qui dévasta la ville natale du Bab, Kemball rapporta de Bushihr le 31 mai 1853: «J’ai pris l’opportunité de vous transmettre la traduction du récit que j’avais reçu de l’agent britannique à Chiraz du sévère tremblement de terre qui eût lieu dans cette ville le 4 au matin. La destruction de la vie et de biens est décrite surpassant de loin les effets d’une similaire calamité en 1824. La moitié de la ville avait été ou bien mis en ruines ou bien rendue inhabitable et compte tenu de l’exagération (native), la mortalité ne peut-être estimée à moins de 5000 âmes».
L’agent britannique à Chiraz, Mirza Fadlu’llah Khan-i-Qazvini, est quelque peu plus spectaculaire dans sa description des évènements. «Le mercredi 24 de Rujub [Rajab], environ une heure et demie avant le coucher du soleil, un violent choc eût lieu qui en 10 à 12 minutes amena la désolation et renversa toute la ville... des multitudes périrent, et il est compté qu’au moins 10.000 vies furent perdues, certaines personnes disent que le nombre de morts surpasse ce nombre, mais 10.000 pourrait être considéré, je pense une déclaration juste et non exagérée. Les propriétés de tous les habitants s’enfoncent dans les ruines...
Le jour de la résurrection et du jugement est arrivé. L’atmosphère est bouchée, et l’air est pollué de l’odeur des corps morts. Je suis dans l’embarras et perplexe comment agir - la ville est inhabitable, je ne sais pas si il faut la laisser ou ce qu’il faut faire. Le même jour (mercredi 24 Rujub) peu après midi, un second tremblement de terre eût lieu qui détruisit nombre de personnes. La terre est continuellement en train de bouger, et ne semble jamais au repos.
Hadee Khan, le beau-fils du Sadr Azim, sa femme et sa famille, tous périrent et la plupart des familles ont partagé un sort similaire : chacun pour soi-même et il est impossible d’extirper les morts des ruines. Le jour du jugement est sur nous.. Si ni en fait un mur ou un toit est resté debout, pourtant si plein de crevasses, et qu’ils sont chancelants, qu’il est nécessaire d’engager des ouvriers pour les démolir, de peur qu’ils ne tombent sur les passants. Une maison en ruine est préférée à une qui ne l’est pas. Certains des bâtiments du feu Kureem Khan sont debout, mais ils sont aussi craquelés».
Il y a aussi le rapport daté du 14 mai, d’un docteur suédois, Monsieur Fagergreen, qui était à Chiraz :
«Vous aurez entendu que la ville de Chiraz n’existe plus, qu’elle fut complètement détruite à la suite d’un tremblement de terre. Jusqu’à présent, les tremblements n’ont pas cessé complètement et Dieu seul sait quand nous serons délivrés de notre angoisse. Il est impossible pour moi de décrire toutes les horreurs de ce premier tremblement de terre qui dura 5 minutes. Tous les habitants furent tirés de leur sommeil duquel ils se réveillèrent par un bruit plus fort que le tonnerre et par une foule de pierres qui tombaient à l’intérieur de leurs chambres.
De plusieurs milliers de victimes, seul un très petit nombre pourrait être sauvées. Ces scènes ont continué à se répéter elles-mêmes pendant 5 jours durant lesquels 12.000 corps furent dénombrés. Le quatrième jour, des bandes de brigands apparurent à l’intérieur et à l’extérieur de la ville qui pillèrent les malheureux habitants...
Ce désastre n’est pas le seul à affliger la Perse cette année, car des sauterelles ont ravagé les régions du Fars et de Faraydun et la province d’Isfahan. Egalement à Isfahan, la rivière est complètement à sec; à un endroit, des grêlons ont tout dévasté; dans un autre, les graines ont toutes été ruinées par des vers; dans la provindce de Yazd, les inodations ont détruit les plantations de tabac et d’opium». (Du magazine «Caucase», cité dans «La Revue de l’Orient» 1853. Traduit du français. Voir bibliographie sur Fagergreen).

(141) Sheil à Clarendon, 21 juin 1853.

(142) Le 26 décembre 1852, George Stevens, en charge du consulat de Tabriz, rapporta à Sheil : « J’ai l’honneur d’annoncer pour l’information de Vôtre Excellence que le choléra à Tabriz a entièrement cessé. Les morts dans la ville et ses faubourgs du 19 octobre à courant 19 sont estimés de manières diverses entre 9 et 12.000.

(143) Récit par le Révérend George Gordon cité dans l’article du Major-Général Lake dans le magazine « Sunday at Home», septembre 1873. Cet article est cité dans Piggot « Persia - Ancient and Modern», page 174-5.

(144) Dans plusieurs villes, par exemple, les ulémas amassèrent des grains durant la famine et les vendirent à grand profit. La richesse de Shaykh Muhammad Baqir, le «Loup», fut crée de cette manière.

(145) C.M.S. Archives.

(146) A. Arnold Through Persia by Caravan, volume 2, page 34-5.

(147) Le Bab avait en fait 30 ans du temps de son martyre.

(148) Il est évident que Rees a ici confondu Mirza Yahya, qui avait 16 ans à la mort du Bab et «ne montre jamais son visage» avec Baha’u’llah, auquel la majorité des babis avaient donné leur allégeance.

(149) Rees, The Bab and Babism, page 59-60.

(150) Ibidem, page 65-6.

(151) Rees, Persia, page 453.

(152) Wilson, The Story of the Bab, page 829.

(153) Ce prêtre était nommé Siyyid Ali-Akbar. En ce qui concerne ces troubles à Chiraz et à Bushihr, voir la lettre de Mirza Ali Aqa à Browne citée dans A Traveller’s Narrative, page 410-11.

(154) Ce n’était évidemment pas vrai; mais Aminu’s-Sultan était bien informé au sujet de la religion; voir page 358.

(155) Ces deux frères étaient baha’is.

(156) Ross à Wolff, 25 août 1888, inclus dans Wolff à Salisbury, 8 septembre 1888.

(157) Browne, Materials, page 293.La lettre originale à la Bibliothèque universitaire de Cambridge (papiers de Browne).

(158) Curzon, Persia and the Persian Question, volume 1, page 499-500, 503.

(159) Hamadan a été un centre important du judaïsme depuis le temps de l’exil de Babylone. On dit que les tombes d’Esther et de Mordécai sont situées là-bas.

(160) Lorsque des missionnaires de la Société missionnaire de l’Eglise commença tout d’abord à travailler à Yazd et à Kirman dans les premières années de 1890, ils trouvèrent que beaucoup de zoroastriens étaient devenus baha’is. Ainsi, le Révérend Stileman écrivit de Kirman en février 1899: « J’ai été beaucoup surpris d’apprendre que beaucoup de parsees, à la fois de Yazd et de Kirman, ont adopté la foi baha’ie, suivants ainsi l’exemple de beaucoup de juifs dans d’autres parties de la Perse».

(161) Mémoire de Churchill du 30 janvier 1890? compris dans Wolff à Salisbury, 4 février 1890

(162) Curzon, Persia and the Persian Question, volume 1, page 500.

(163) Wolff à Salisbury, 10 novembre 1890.

(164) Il y a plusieurs récits conflictuels baha’is et azalis de cette épisode en plus des sources européennes citées ici. Des récits azalis, l’auteur du «Hasht Bihisht» revendique que le meurtre de Siyyid Ali était une partie d’un plan délibéré et prémédité pour assassiner les chefs azalis (Browne, A Traveller’s Narrative, page 363), tandis que la source azalie citée par Nicolas rend clair que la mort eut lieu au beau milieu d’une discussion religieuse (Nicolas Le Dossier russo-anglais, page 362n). Les sources baha’ies (telles que Abdu’l-Baha dans Memorials of the Faithful, page 149, et Mirza Javad dans Materials de Browne, page 35) se concentrent sur le martyre des trois disciples de Baha’u’llah; cependant, l’histoire manuscrite de la foi baha’ie en Adharbayjan par Mirza Haydar-Aliy-i-Uskui (avec des notes de Aqa Muhamma-Husayn-i-Milani) donne des détails de la mort de Siyyid Aliy-i-Arab et déclare que la querelle avait éclaté lorsque Siyyid Ali commenca à abuser Baha’u’llah.

(165) Nicolas ajoute une note dans ce sens que c’est évidemment une erreur, comme Mirza Qahraman avait le titre militaire Amin-Laskar. Mais Abbott mentionne aussi Mushir-Laskar. Il est probable que Mirza Qahraman était à ce moment appelé Mushir-Laskar et qu’il recut plus tard le titre Amin-Laskar. Cet homme était actif comme député de Aziz Khan-i-Mukri, Sardar-i-Kull, qui était Ministre de la province de l’Adharbayjan. Le gouverneur de la province était Muzaffaru’d-Din Mirza (plus tard Shah). Quelques années plus tard, Mirza Qahraman fut arrêté sur les accusations de détourner les fonds de l’armée.

(166) Probablement Sardar-i-Kull, c’est-à-dire Aziz Khan-i-Mukri.

(167) Consul russe à Tabriz au Chargé d’Affaires à Téhéran, 11 décembre 1886 : Nicolas, Le Dossier russo-anglais, page 362-3. Dans cet article, la date de cette dépêche est en fait donnée comme étant le 21 décembre ; mais cela est manifestement une erreur, comme la prochaine dépêche citée le montre.

(168) Probablement Baha’u’llah. Nicolas n’obtint pas une copie de ces «instructions», mais Tumanski apparaît être tombé sur la même série de correspondance et obtenu les «instructions» qu’il publia dans l’introduction à sa traduction du «Kitabu’l-Aqdas». C’est une lettre d’instructions très étrangement formulée, pas du tout similaire au style de Baha’u’llah.

(169) Consul russe au Chargé d’Affaires, 19 décembre 1866 : Nicolas : Le Dossier russo-anglais, page 363.

(170) Le jardin de Haft-Kachal, selon une note par Nicolas. Cela est confirmé dans le récit de Mirza Javad (Browne, Materials, page 35).

(171) Consul russe au Chargé d’Affaires, 3 janvier 1867 (OS) : Nicolas, Le Dossier russo-anglais, page 363.

(172) Ils furent en fait libérés plus tard sur le paiement d’une amende.

(173) Abbott à Alison, 16 janvier 1867.

(174) Tumanski, Kitabe Akdes, page xviii.

(175) L’histoire manuscrite par Mirza Haydar-Ali-i-Uskui, citée dans une note page 251, déclare que la cause du sort de Mirza Muhammad-Ali fut une pétition qu’il avait adressée à Baha’u’llah, trouvée parmi les papiers de Shaykh Ahmad.

(176) Alison à Stanley, 9 mars 1867.

(177) Celles-ci peuvent être trouvées dans Browne, A Traveller’s Narrative, page 390-392.

(178) E. de Bonnières de Wierre, ministre français à Téhéran 23 mars 1867 - 17 juillet 1871.

(179) Selon le récit d’un témoin, la tête de Badi fut écrasée. (Voir Balyuzi Baha’u’llah. The King of Glory, page 306-7.

(180) De Bonnières à de La Valette, 10 juillet 1869.

(181) L’idée que les babis voulaient absolument la vengeance semble avoir été courant et était probablement un legs de l’attentat sur la vie du Shah.

(182) Mellinot au Duc Decazes, 30 décembre 1874.

(183) Ayrton à Stanton, 28 juillet 1868. Compris dans la dépêche de Stanton détaillée dans Stanton à Stanley, 29 juillet 1868.

(184) Mirza Abu’l-Qasim de Chiraz s’était établie en Egypte pendant plusieurs années en tant que marchand. Il fut converti par les résidents baha’is à Mansura, peu de temps après leur arrivée vers 1866. Puis il alla à Andrinople pour rendre visite à Baha’u’llah et ce fut peu de temps après son retour qu’il fut arrêté.

(185) Le pauvre misérable serait persécuté de nouveau si son nom vous échappe. [note par Ayrton].

(186) Ayrton à Stanton, 28 juillet 1868. Inclus dans la dépêche détaillée de Stanton dans Stanton à Stanley du 29 juillet 1868.

(187) Muhsin Khan à Lord Stanley, 15 juillet 1868.

(188) Aussi appelé Haji Mirza Abdu’l-Javad dans la correspondance suivante.

(189) Muhsin Khan à Lord Stanley, 15 juillet 1868.

(190) Stanley à Stanton, 15 juillet 1868.

(191) Stanton à Stanley, 29 juillet 1868.

(192) Borg à Stanton, 27 juillet 1868, compris dans Stanton à Stanley, 29 juillet 1868.

(193) En décrivant la corruption du Consulat persan en Egypte dans cette même lettre, Ayrton cite un épisode impliquant Mirza Malkam Khan. Depuis que l’épisode n’est pas enregistré autre part (mais voir Algar, Mirza Malkum Khan, page 63 et suivante), et depuis qu’il déverse une lumière intéressante sur les aspects les plus désagréables de la vie de ce dernier aussi bien que de la rapacité des fonctionnaires persans en général ou bien en perse ou ailleurs, il est cité ici dans son entier: «Le cas aussi des douanes de Suez est bien connu. Les marchands persans revendiquaient de payer les mêmes taxes que les européens, des biens arrivant par mer à Suez. Une représentation fut faite sur le sujet au feu Said Pasha, qui autorisait les différences à rester impayées, se réservant un droit à eux, dusse leur relâchement être finalement décidé être inadmissibles. Ismaïl succéda au gouvernement, et Malkom Khan, un persan arménien plus intelligent et rusé fut envoyé après Hussein Khan, pour prendre en charge le consulat persan au Caire. A ce moment, les arriérés de différence à Suez étaient montés à environ 1500£. Malkon Khan insista sur ces arriérés étant déposés par les marchands qui étaient soumis pour eux dans le consulat, qui fit qu’il appliqua à Ismaïl Pacha de les remettre sur le (ground) de la justice aux commerçants persans; à cela, le pasha consentant, il s’appropria l’argent déposé dans le consulat, l’entrant dans les livres consulaires comme un cadeau volontaire à lui-même des marchands persans au Caire, et retourna aussitôt à Constantinople. Ce ne fut pas tout, il emprunta de l’argent sur sa note de mains de personnes, parmi elles 100£ de nôtre Mirza Abd al Guwad, qui n’a jamais eu rien à débourser. Le petit homme en question est l’un des confidents de Husein Khan.

(194) Ayrton à Stanton, 28 juillet 1868. Compris dans la dépêche de Stanton détaillée.

(195) E. Hammond, sous-secrétaire du Ministère des Affaires Etrangères en charge du département oriental (de Lord Stanley) à Muhsin Khan, 15 août 1868.

(196) Comme résultat de ces enquêtes, la protection britannique fut en fait retirée à Haji Mahmud-i-Kirmanshahi, depuis qu’il fut trouvé qu’il l’avait obtenu sous de faux prétextes.

(197) Muhsin Khan à Stanley, 26 septembre 1868.

(198) Stanley à Stanton, 1 octobre 1868.

(199) Borg à Stanton, 31 octobre 1868, compris dans Stanton à Stanley, 12 novembre 1868.

(200) Stanton à Stanley, 12 novembre 1868.

(201) Stanton à Muhsin Khan, 25 novembre 1868.

(202) Signé à Paris en mars 1857 après la guerre anglo-persane.

(203) Muhsin Khan à Lord Clarendon, 4 janvier 1869.

(204) Clarendon à Muhsin Khan, 9 janvier 1869.

(205) Muhsin Khan à Clarendon, 11 février 1869.

(206) Clarendon à Stanton, 16 février 1869.

(207) Stanton à Clarendon, 1 avril 1869.

(208) Muhammad-Ibrahim Khan-i-Nuri, le Sahamud-Dawlih, prit le commandement de trois régiments à Isfahan en 1856. Il recut le titre Sahamu’d-Dawlih en 1874. Il fut plus tard gouverneur du Mazindaran, du Kurdistan et Commandant de la Tupkhanih [artillerie] de Téhéran.

(209) Mir Siyyid Muhammad, l’Imam-Jumih. C’est le même hommedans la maison duquel le Bab résida durant une partie de son séjour à Isfahan. Bien qu’exprimant tout d’abord son admiration pour le Bab, particulièrement après que ce dernier eut écrit le Commentaire sur la sourate de Va’l-Asr à sa demande, L’Imam-Jumih plus tard, ne s’opposa pas aux machinations des ennemis du Bab, et même approuva la mort mandatée qu’ils avaient arrêté pour le Bab. Ussher rencontra l’Imam-Jumih en 1861 et enregistra ainsi ses impressions :
«Nous montâmes un escalier sale et étroit jusqu’au sommet, sous une voûte, sur laquelle nous trouvâmes que 4 chaises avaient été placées, trois pour nous, et l’une pour l’Imam Jumah. Nous étions entourés par une foule de serviteurs qui, nous avions entendu, n’étaient jamais payé de quoi que ce soit, étant entretenus par les contributions volontaires et les cadeaux faits par ceux qui avaient des affaires de transaction, ou une faveur pour solliciter le grand dignitaire. A ceux-là, nous étions des objets d’intense curiosité, et comme des infidèles rejetant la foi qu’ils chérissaient, ils trouvaient difficile de croire à ce qu’il parait qu’un homme si saint que leur maître pouvait tenir quelque discours avec nous. Quelques minutes plus tard après nous être assis, il y eut un mouvement dans la foule. Un homme grand et corpulent d’environ 40 ans apparut dans l'embrasure de la porte menant de l’intérieur de la maison sur le toit, et suivit par un individu semblant jeune qui, du kalendun ou du nécessaire pour écrire qu’il portait, apparaissait être son secrétaire, vint vers nous avec beaucoup de majesté et de dignité. Il avait fait quelques pas lorsqu’il y eut une commotion parmi les badauds. Un mouton noir qui avait été gardé dans le fond fut trainé péniblement par les cornes et avec beaucoup de légitimes exclamations, tourna deux fois autour du dignitaire religieux, après quoi il fut emporté et donné à certaines personnes misérables et malheureuses dans la cour d’en bas, qui étaient désireux d’attendre la récompense.
L’objet de cette étrange cérémonie, nous l’apprîmes plus tard, était qu’une maladie sous laquelle le saint homme avait pendant un certain temps peiné, passerait de son corps dans celui du mouton, qui avait été présenté par l’un de ses plus fidèles disciples dans le but ainsi de libérer son directeur spirituel de ses ennuis de santé. On ne nous disait pas si la viande de l’animal ainsi transformée en bouc émissaire transmettrait, de l’opinion des dévôts tout autour, la maladie dans les corps de ceux qui consommaient la viande. A la fin de cette cérémonie, l’Imam se présenta, salua avec froideur, et s’assit lui-même dans la chaise en face de nous, nous demanda quelques questions insignifiantes à propos de nôtre voyage, évidemment ne nous croyant pas lorsque nous lui dimes que nous étions en train de voyager pour nôtre plaisir...
Nôtre hôte était doué avec l’une des pires contenances qu’il fut possible d’être témoin. Chaque passion basse semblait écrite manifestement sur lui, et avec vérité, si les histoires qu’il nous dit de sa conduite et de son comportement général (were to be relied on).(London to Persepolis, page 591-3)
Mir Siyyid Muhammad mourut en 1874 et avait succédé à son frère Mir Muhammad-Husayn.

(210) Siyyid Asadu’llah-i-Rashti était le fils du renommé Siyyid Muhammad-Baqir-i-Rashti (Shafti). Il avait refusé de s’associer lui-même avec les ennemis du Bab lorsque ce dernier était à Isfahan. Il fut Shaykhu’l-Islam d’Isfahan et mourut en 1874.

(211) Aganoor à Alison, 13 septembre 1864.

(212) Bruce au Général Lake, le 22 mai 1874.

(213) Ibidem.

(214) Télégramme cité dans Aganoor à Thomson, 23 mai 1874.

(215) Cet homme est nommé comme Haji Abdu’llah par Nicolas (Massacres de babis en Perse, page 16) et dans une histoire manuscrite de la foi baha’ie à Isfahan (auteur non indiqué). Il y a cependant un autre récit qui semble être de ce même épisode bien que certains détails diffèrent. Ce récit de Aqa Husayn-Aliy-i-Nur nomme le messager comme Mashhadi Husayn.

(216) Browne dans A Traveller’s Narrative (page 400) fait la déclaration que Mirza Yahya, Subh-i-Azal, revendiquait que Mulla Kazim était un azali. Ce fait est réfuté non seulement par les historiens baha’is mais aussi dans le récit suivant de Nicolas, qui était à Isfahan quelques années après le martyre de Mulla Kazim. Le récit de Nicolas conclut avec une tablette révélée par Baha’u’llah en l’honneur de Mulla Kazim.

(217) Shaykh Muhammad-Baqir, «Le Loup».

(218) Le centre de la Maydan-i-Shah dans les anciens temps était un pôle d’exécution duquel durant la dynastie safavide, la victime était accrochée par les talons et puis écrasé au sol ou bien la gorge tranchée.

(219) Le Révérend James Bassett dans Persia : Eastern Mission (page 51) donne un autre récit de ce martyre :
«Plusieurs personnes accusés d’être baubs (sic) furent arrêtés dans un village à environ 9 farsaghs d’Isfahan. Les accusés furent emmenés devant le Shaykhu’l-Islam. L’enquête s’ouvrit avec une discussion. L’un des accusés, Kazim, demanda au Shaykh si il croyait au Nouveau Testament, et de la réponse du Sheiykh, Kazim répondit « Alors vous devez trouver un témoignage à Mahomet dans le Nouveau Testament, car ce livre fut écrit avant Mahomet». Sur quoi le Shaykh s’écria « Kafir, infidèle!» et il ordonna que Kazim soit tué. L’homme fut enlevé de la place d’exécution et fut décapité».

(220) le bazar principal.

(221) Nicolas Massacres de babis en Perse, page 17.

(222) Mir Siyyid Muhammad, l’Imam-Jumih qui s’était opposé aux persécutions en 1874 était mort et sa place fut prise par son frère Mir Muhammad-Husayn, désigné par Baha’u’llah comme «Rasqha» (la femelle serpent). Il est rapporté que lorsque les autres conspirateurs étaient en train d’hésiter de mettre les frères à mort, l’Imam-Jumih avait dit que si il y avait quelque fausseté dans leur action (let it be) sur son cou. Peu de temps après, il contracta une maladie (certains disent la scrofula et certains disent un cancer du cou) qui causa un abcès sur son cou et qui émettait une odeur nauséabonde. (voir Browne The Babis of Persia, page 491).

(Ayant) causé des émeutes et du désordre, il fut banni à Mashad. Il mourut le 21 juin 1881.

(223) Ishraq-Khavari dans Nurayn-i-Nayyirayn (page 85-7) déclare que ce troisième frère, Mirza Isma’il, ne renia pas en fait, mais que son beau-père, un musulman, forgea une lettre à cet effet en son nom à l’Imam-Jumih et ainsi obtint sa libération.

(224) A rechercher

(225) Monsieur Collignon était l’agent à Chiraz de Hotz et Co., une firme commerciale hollandaise avec des affaires à travers la Perse.

(226) A rechercher.

(227) Chef du département du télégraphe indo-européen en Perse.

(228) A rechercher.

(229) A rechercher.

(230) Nicolas Massacres de babis en Perse, page 19-20.

(231) Ibidem page 20-22

(232) Ibidem page 22.

(233) Télégramme cité dans Aganoor à Wolff, 19 octobre 1888.

(234) Wolff à Salisbury, 1 novembre 1888.

(235) Aganoor à Wolff, 24 octobre 1888.

(236) Mirza Ali Aqa, plus tard Muvaqqaru’d-Dawlih. Le texte complet de la lettre de Mirza Ali Aqa, qui donne beaucoup de détails différents de ceux rapportés dans ces récits, pourra être trouvé dans Browne A Traveller’s Narrative page 404-6. La traduction pourra être trouvée dans Browne Les Babis de Perse page 998-9. La lettre originale est parmi les papiers de Browne à la Bibliothèque universitaire de Cambridge (chemise 2, n°1).

(237) Browne A Traveller’s Narrative, page 404.

(238) Ibidem page 406.

(239) La raison de la brièveté de la réponse de Bruce est qu’il n’était pas à Isfahan à cette époque. Il était parti en Angleterre, et au moment de cet épisode était sur le retour. Il allait entendre beaucoup à ce sujet à son retour.

(240) Lettres annuelles : Bruce datée du 22 novembre 1889. Société de l’Eglise missionnaire.

(241) Dans Le Livre des Sept Preuves (page 57-8n), Nicolas raconte l’histoire suivante qui démontre bien le degré de haine de Aqa Najafi envers les baha’is - il était même désireux de déformer la religion de l’Islam plutôt que de voir quelque avantage aux baha’is. En ce qui concerne la prière de l’aube pour le jeûne, Nicolas écrit « L’imam Baqir [le 5ème Imam des chiites] a dit que cette prière est la moins haute des prières car elle contient le plus grand nom de Dieu - Baha! Le monde musulman restait naturellement d’accord avec cela jusqu’au jour où quelqu’un attira l’attention de Aqa najafi, le mujtahid d’Isfahan, au fait que dedans c’était précisément le nom de Man-Yuzhiruhu’llah [Celui que Dieu rendra manifeste] promis par le Bab. Aqa Najafi interdit la lecture de cette prière depuis ce temps».

(242) Preece à Kennedy, 5 juillet 1889.

(243) Ibidem.

(244) Bruce à la Société de l’Eglise missionnaire, 5 juillet 1889.

(245) Télégramme de Preece à Kennedy, 18 juillet 1889.

(246) Preece à Kennedy, 20 juillet 1889, compris dans Kennedy à Salisbury, 30 juillet 1889.

(247) Mirza Isma’il Khan, Aminu’s-Sultan (mort en avril 1889) était le frère d’Aminu’s-Sultan et était ministre des finances. Aminu’s-Sultan était absent à ce moment-là, accompagnant le Shah dans son troisième voyage européen, et Aminu’l-Mulk agissait comme le suppléant de son frère.

(248) Kennedy à Salisbury, 30 juillet 1889.

(249) Browne Materials pages 291-2.

(250) Bruce à LA Société de l’Eglise missionnaire, 12 juillet 1890.

(251) Mirza Sulayman Khan, Ruknu’l-Mulk (colonne du Royaume), natif de Chiraz au service du Zillu’s-Sultan. Il servait souvent comme gouverneur actif lorsque Zillu’s-Sultan était absent d’Isfahan.

(252) Preece à Wolff, 13 février 1890.

(253) Mémo par Churchill, 17 février 1890.

(254) Ibidem.

(255) Ibidem.

(256) Aganoor à Wolff, 17 février 1890, compris dans Wolff à Slaisbury 18 février 1890.

(257) Zillu’s-Sultan à Shaykh Muhammd-Ali, 20 février 1890, communiqué par Zillu’s-Sultan le 28 février 1890.

(258) Mémo par Churchill, 18 février 1890.

(259) Wolff à Aganoor, 21 février 1890.

(260) Aganoor à Wolff, 26 février 1890.

(261) Carless à la Société de l’Eglise missionnaire, 8 mars 1890.

(262) De Balloy à Spuller, 17 mars 1890.

(263) Wolff au Shah, 26 février 1890.

(264) Wolff à l’Aminu’s-Sultan, 27 février 1890.

(265) Shah à Wolff, 27 février 1890. C’est la lettre originale de la propre écriture du Shah.

(266) La lettre originale de l’écriture de Nasiru’d-Din Shah existe dans les fichiers des Archives Nationales.

(267) Bruce à la société de l’Eglise missionnaire, 17 avril 1890. Egalement cité dans Jewish Intelligence, volume 6, 1890, page 126.

(268) Ibidem.

(269) Mémo par Churchill, 2 mars 1890.

(270) Bax Ironside à Wolff, 4 mars 1890; compris dans Wolff à Salisbury, 14 mars 1890.

(271) Wolff à Salisbury, 14
(272) Aganoor à Wolff, 15 mars 1890.

(273) Aganoor à Wolff, 25 avril 1890.

(274) Aganoor à Wolff, 10 juillet 1890.

(275) Bruce à la société de l’Eglise missionnaire, 12 juillet 1890. Une copie de cette lettre peut aussi être trouvée dans ...

(276) A vérifier.

(277) A vérifier.

(278) A vérifier.

(279) Connu comme Haji Akhund et désigné par Baha’u’llah comme l’une des Mains de la Cause.

(280) Syed Ali Akber était en fait Siyyid Mihdiy-i-Dihaji. Cet homme était considéré comme l’un des plus importants baha’is à cet époque mais plus tard il se retourna contre Abdu’l-Baha. Il avait utilisé les papiers de son neveu décédé Siyyid Ali-Akbar-i-Dihaji qui avait possédé un passeport britannique.

(281) Thomson au Comte Granville, 17 mars 1883.

(282) Thomson à Mirza Sa’id Khan, 12 mai 1883, compris dans Thomson au Comte Granville, 15 mai 1883.

(283) C’est probablement la photographie reproduite dans la figure 20 qui fut prise à Andrinople.

(284) Thomson au Comte Granville, 15 mai 1883.

(285) Comte Granville à Thomson, 2 juillet 1883.

(286) Browne A Traveller’s Narrative, page 411-12.

(287) Tumanski Dva poslednikh, page 315.

(288) Cela est réfuté dans la lettre de Mirza Abu’l-Fadl écrite d’Ishqabad (voir page 299).

(289) Gouverneur-Général de la Transcapie jusqu’au début 1890, lorsqu’il fut remplacé par Kuropatkin. A ce moment, la province de Transcapie était encore sous la supervision du gouvernement du Caucase. Komaroff est décrit par Curzon comme «un homme calme et un professeur pacifique, qui était plus content lorsqu’il étiquetait ses insectes que lorsqu’il passait en revue ses hommes» (Persia and the persian Question, volume 1, page 83)

(290) P.M. Vlassov.

(291) Note par Bax Ironside, 17 décembre 1889, compris dans Wolff à Salisbury, 18 décembre 1889.

(292) Cette lettre est en fait de Mirza Abu’l-Fadl-i-Gulpaygani, l’érudit et savant baha’i qui joua un rôle majeur dans les mesures à Ishqabad après le martyr de Haji Muhammad-Rida, et qui écrit à Mirza Asadu’llah Khan-i-Vazir à Isfahan. Toute la lettre est citée dans Mihrabkhani Shark-i-Ahval,page 159-94.

(293) Note de Hasan-Ali Khan-i-Navvab, 1 mai 1890.

(294) Note de Churchill du 3 septembre 1890.

(295) Note de Churchill du 3 octobre 1890.

(296) Kennedy à Salisbury, 7 octobre 1890.

(297) Vaughan Journeys in Persia (1890-1), page 171.

(298) Télégramme de Vaughan au «ministre britannique à Téhéran, 21 mai 1891.

(299) Sultan-Husayn Mirza, Jalalu’d-Dawlih.

(300) Haji Mirza Muhamma-Taqi, le Afnan (voir figure 45)

(301) Shaykh Hasan-i-Sabzivari et son fils Shaykh Muhammad-Taqiy-i-Sabzivari. Ce dernier mourut dès le début de 1897.

(302) Télégramme du département de la station du télégraphe indo-européen d’Isfahan au colonel Wells, 27 mai 18 91, expédiant le télégramme de Vaughan, communiqué à Monsieur Kennedy le même jour.

(303) Hasan-Ali Khan-i-Navvab.

(304) Ali-Asghar Khan, le Aminu’s-Sultan, le Premier Ministre.

(305) Haji Mirza Muhammad-Taqi, le Afnan.

(306) Egalement l’un des Afnan.

(307) Connus comme Mudarris.

(308) Les deux d’Ardikan.

(309) Inclus dans Kennedy à Salisbury, 5 juin 1891.

(310) Kennedy à l’AMinu’s-Sultan, privé et confidentiel, 2 juin 1891.

(311) Mémoire de Hasan-Ali Khan-i-Navvab, 3 juin 1891.

(312) Kennedy à Salisbury, 5 juin 1891.

(313) Kennedy à Salisbury, 5 juin 1891.

(314) Kennedy à Salisbury, 5 juin 1891.

(315) Ibidem.

(316) Ce fut Haji Mulla Muhammad-Ibrahim-i-Masa’il-gù qui avait quitté la ville et arrivait à quelque distance lorsqu’il fut arrêté, ramené à Yazd et jeté en prison. Sa femme alla aux maarchands hollandais et leur pria d’intervenir. Ceux-ci allèrent au Jalalu’d-Dawlih mais n’eurent aucun succès. Il fut déclaré que Jalalu’d-Dawlih tua l’homme de ses propres mains et qu’il avait jeté le corps dans un puit (voir Browne Materials, page 307).

(317) Télégramme d’Isfahan de la station du département du télégraphe indo-européen au colonel Wells, 7 juin 1891, expédiant le télégramme de Vaughan, communiqué par Wells à Kennedy.

(318) Le professeur Browne publia les 4 rapports de cet épisode qu’il avait reçu, comprenant l’un d’Abdu’l-Baha (voir page 357) dans «Materials», page 295-308. Le plus détaillé de ceux-ci est un récit par un Husayn écrit de Yazd à Haji Siyyid Aliy-i-Afnan à Ishqabad et communiqué par ce dernier à Browne. Dans ce récit sus-mentionné, il est déclaré que certains marchands chrétiens de la nation hollandaise (probablement les mêmes qui envoyèrent le rapport cité ci-dessus et qui intervinrent avec Jalalu’d-Dawlih) envoyèrent de la nourriture et de l’eau aux femmes et enfants des martyrs.

(319) Papiers de Browne, enveloppe 2, Bibliothèque universitaire de Cambridge.

(320) Information réunie par Browne des archives officielles de Chypre en 1890, papiers de Browne, bibliothèque universitaire de Cambridge (voir A Traveller’s Narrative», page 376-89).

(321) Swaine à Greaves, le 8 août 1878.

(322) Probablement il y a une erreur pour «père» lorsque Subh-i-Azal décrivait de manière répétitive la position de son père Mirza Buzurg dans toutes ses paroles. [E.G.B.].

(323) Inglis à Greaves, 5 novembre 1878, voir 1 au-dessus (voir Browne A Traveller’s Narr ative, page 378).

(324) Browne corrige ceci à 1868.

(325) Paquet attaché à la réponse du capitaine Gordon, agissant comme Commissaire de Famagouste 1 au-dessus (voir Browne A Traveller’s Narrative, page 379-80).

(326) Biddulph à Salisbury, 5 septembre 1879.

(327) Malet à la Sublime Porte, 10 octobre 1879.

(328) C’est-à-dire Mirza Yahya, Subh-i-Azal : probablement l’offense avec laquelle il est accusée est une malheureuse erreur de transcription sur certain point.

(329) Note du Ministre turc de la police au ministre des Affaires Etrangères, communiquée à la légation britannique confidentiellement le 20 janvier 1880.

(330) Biddulph à Salisbury, 5 septembre 1879.

(331) Note du ministre turc de la police au ministre des Affaires Etrangères, communiquée à la légation britannique de manière confidentielle le 20 janvier 1880.

(332) Browne a laissé un blanc à cet endroit.

(333) Au Haut-Commissaire [R. Biddulph],
J’ai reçu vôtre aimable lettre du 24/4/81 et en fait je ne peux exprimer mes sentiments de gratitude à Sa Majesté la Reine et aux chefs du gouvernement britannique à Chypre. Je vous remercie sincèrement, monsieur, pour l’aimable lettre que vous m’avez envoyé me libérant de mon exil là-bas, et souhaite longue vie à Sa Majesté la Reine. Une autre petite faveur que j’aimerais vous demander, si il est possible que je puisse dans le futur être sous protection britannique, car je crains qu’aller dans mon pays, mes compatriotes pourraient à nouveau venir sur moi. Mon cas était simplement des opinions religieuses hérétiques, et comme le gouvernement britannique laisse libre à chaque homme d’exprimer ses propres opinions et sentiments sur de telles choses, j’ai bon espoir que cette faveur d’être protégé par eux, faveur que je demande le plus humblement, ne me sera pas refusée. (signé) Subhi Ezzel (bibliothèque universitaire de Cambridge, papiers de Browne, chemise 6, article 7, n°21).

(334) Parmi les notes de Browne sur les Archives de Chypre (bibliothèque universitaire de Cambridge, papiers de Browne, chemise 6, article 7), il y a l’enregistrement suivant d’une note de l’écriture de Cobham (N°18) : «Il apparaît qu’en 1867, Müskin Kalem Eff vint de Machad dans le Khurasan à Constantinople. Sa célébrité en tant qu’écrivain l’avait précédé, et Fu’ad et Ali Pasha lui demandèrent de rester à Constantinople. Il refusa à la fois la pension et les cadeaux lui étant offerts par Abdu’l Aziz, pour qui il exécuta quelques enluminures. Bientôt il fut accusé par Subh-i-Azal, un persan alors à Andrinople, lui-même membre d’une certaine secte schismatique, d’hérésie. Il avait vécu 6 mois à Constantinople, où [quand] il fut emprisonné, sans question ou procès, pour 6 autres mois et puis envoyé à Famagouste».

(335) Cobham à Sweetenham, 18 septembre 1886 (voir Browne A Traveller’s Narrative, page 388)

(336) Browne A Traveller’s Narrative, page xxiv de l’introduction.

(337) Nicolas Qui est le successeur du Bab?, page 15, et note sur la première page de l’Introduction au volume 1 du Bayan Persan..

(338) Même de ses fils, plusieurs le fuirent, et l’un d’eux, Ridvan-Ali, adopta la religion chrétienne sous le nom Constantin le persan.

(339) Browne Materials, page 312.

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