Le prisonnier de Saint-Jean-d'Acre
Par André Brugiroux, célèbre globe-troteur ayant parcouru le monde en auto-stop


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Chapitre 19. ...OU ESPOIR ?

"Enfant, j'étais terrifié par les descriptions de fin du monde."
LA FIN DU MONDE

Il faut d'abord comprendre que la traduction "fin du monde" est erronée. Cette traduction de l'hébreu est passée par les vicissitudes des textes araméens, grecs et latins, avant d'être remis à jour par les Arabes et d'arriver au français. Le texte original parlait de la fin d'UN monde. C'est-à-dire d'un cycle.

Les baha'is pensent qu'il s'agit du cycle adamique, la période de croissance de l'humanité correspondant à son adolescence. Cycle dit "prophétique", car chaque éducateur faisait des prophéties. Cycle se terminant avec la proclamation de l'ère nouvelle par le Bab en 1844, ou les prophéties abstruses n'ont plus cours. Si bien que la fameuse "fin du monde" serait déjà passée et que la terre est toujours là.

OUF!

Toutefois, ce changement de cycle marque le début de transformations inouïes dont nous sommes témoins. De fait, nous sommes entrés de plain-pied dans cette redoutable "fin des temps" ou, symboliquement, le soleil s'obscurcira, la lune se couvrira de sang, les étoiles tomberont du ciel, les montagnes se fendront et se désagrégeront en poussière. "La caste dominante sera celle des esclaves. Les marchands délaisseront l'agriculture et le commerce, et leur nourriture viendra de leur travail d'esclave ou par des métiers mécaniques. Seule la quantité de biens, d'argent, d'or, déterminera le rang. La raison de la dévotion sera la recherche de l'avidité, le lien entre 1es sexes, le plaisir sexuel; le succès emploiera la fausseté et la perfidie".

Ce texte étonnant de la description de notre époque ne date pas d'aujourd'hui. Il n'est que la traduction d'un antique texte hindou, le Vishnou-Purâna, expliquant déjà le présent cycle, celui du Kali-Yuga, l'âge de fer ou Kali la noire, la dévorante, s'est réveillée. L'homme du Kali-Yuga, c'est l'homme perverti, celui de la chute, l'homme chasse du paradis terrestre (mythe que l'on retrouve dans toutes les religions sous différent formes).

Le travail à la chaîne porte bien son nom: il enchaîne l'homme comme un esclave.

Plus près de nous, Shoghi Effendi rédige en 1936 un texte qui semble mieux décrire notre société de fin de siècle que celle de l'avant-guerre:

"La recrudescence de l'intolérance religieuse, de l'animosité raciale et de l'arrogance patriotique; les évidences croissantes de l'égoïsme, de la suspicion, de la peur et de la fraude; l'expansion du terrorisme, de l'illégalité, de l'ivrognerie et du crime; la soif inextinguible et la poursuite fiévreuse des plaisirs, des richesses et des vanités terrestres; l'affaiblissement de la solidarité familiale; le relâchement du contrô1e parental; la satisfaction dans le luxe; l'attitude irresponsable envers le mariage et la conséquence de l'augmentation des divorces ; la dégénérescence de l'art et de la musique, l'infection de la littérature et la corruption de la presse; l'extension de l'influence et des activités des "prophètes de décadence" qui prônent le concubinage, prêchent la philosophie du nudisme, qui traitent de fiction intellectuelle la modestie, qui se refusent de regarder la procréation comme le but premier et sacré du mariage, qui dénoncent la religion comme l'opium du peuple, qui voudraient, si on les laissait faire, ramener la race humaine au barbarisme, au chaos et à son extinction finale - voici les traits saillants d'une société en décadence, d'une société qui doit soit renaître soit périr".

Tout indique que nous sommes entrés dans l'apocalypse. Nous vivons certainement la période de notre humanité la plus difficile à traverser, la plus délicate, la plus dangereuse.

La grande charnière entre le monde de l'adolescence et celui de la maturité.

On sait que toute mort, comme toute naissance, est accompagnée de douleurs. La vérité est que, pris entre 1es affres de la mort d'un monde aux structures désuet et périmées et les douleurs de la naissance d'une ère aux possibilités stupéfiant, nous nous trouvons placés au beau milieu du creuset ou tout se décompose pour se recomposer, tiraillés par deux courants inverses: celui de la désintégration et celui de l'unification. Une loi régissant tout les manifestations de la vie veut qu'après avoir atteint son sommet et son point d'achèvement toute chose soit suivie de conditions nouvelles. Le nationalisme a donné ses fruits, il doit maintenant faire place au mondialisme.

Après le rejet de son Plan d'Unité par les grands souverains de son époque, Baha'u'llah expliqua que la Paix Universelle qu'il est venu établir se ferait en deux étapes:

LA PETITE PAIX,
Et LA GRANDE PAIX.

La première verrait le jour lorsque les nations châtiées impitoyablement par les événements qui l'assaillent, seront FORCEES de se concerter et n'auront plus de choix, sauf celui de coopérer. Ce que l'on voit se mettre en place sous nos yeux.

La "Grande Paix" correspondra à l'apogée de la race humaine, à la civilisation mondiale, une civilisation spirituelle encore fort lointaine. "En vérité, le monde s'achemine vers sa destinée", constate Shoghi Effendi. "L'interdépendance des peuples et des nations du globe, quoique puissent dire ou faire les meneurs des forces de division, est déjà un fait accompli." En d'autres termes, les hommes ne vont pas s'unir par idéal, mais obligés par les circonstances. Les afflictions présent correspondraient à la dernière crise pubertaire de l'humanité. Ce genre de crise n'est pas mortelle!

Les afflictions sont comme une ondée matinale pour rafraîchir le pâturage! expliquait Baha'u'llah dans son épître au Shah. C'est dans l'affliction que la lumière de Dieu a le mieux brillé. De terribles guerres éclateront. Les déceptions et la mort des espérances entoureront les peuples de toutes parts, jusqu'à ce qu'ils soient forcés de se tourner vers Dieu. Si tous les textes sacrés parlent d'épouvantables châtiments à la "fin des temps", ils n'en promettent pas moins, après cette expiation, l'âge d'or tant rêvé des hommes. Car Baha'u'llah ajoute: alors, les feux d'une telle allégresse illumineront les horizons que...Le sens général est qu'une purification est nécessaire.

Reprenons ces textes cauchemardesques pour en connaître la conclusion.

Le Vishnou-Purâna qui, il y a plusieurs milliers d'années, prévoyait déjà que les hommes finiraient par se transformer en esclaves par des métiers mécaniques, poursuit: "par sa marche descendante, le cycle doit aboutir à un renouvellement du monde."

Les textes zoroastriens affirment que le bien finira par triompher du mal et mêlent à ces événements terribles un espoir, une "nouvelle Jérusalem". Le Zoroastre de cette nouvelle époque "révélera un chapitre de la connaissance" caché par ses prédécesseurs, et fera accepter sa loi par toute la terre.

La Bible annonce que "la paix couvrira la terre comme les eaux la mer" et "qu'une nation ne tirera plus l'épée contre une autre". Les citations de ce genre, nombreuses, seraient fastidieuses à énumérer, mais la promesse est claire. Luc compare l'angoisse des femmes et des nations aux arbres fruitiers: "dès qu'ils ont poussé, vous connaissez de vous-mêmes, en regardant, que déjà l'été est proche, de même quand vous verrez ces choses arriver, sachez que le royaume de Dieu est proche".

Dans l'Apocalypse, texte aussi effrayant qu'abstrus, saint Jean ne conclu-t-il pas: "Puis, je vis un nouveau ciel et une nouvelle terre. Et je vis descendre du ciel la Nouvelle Jérusalem (Par Nouvelle Jérusalem, il faut entendre la Nouvelle Loi de Dieu, la concrétisation de la civilisation spirituelle. Notre période actuelle, en réalité correspond à la fin de ce texte qui avait pour but d'annoncer la venue de Baha'u'llah. Le début décrivant avec précision l'histoire du christianisme et de l'Islam)... Voici le Tabernacle de Dieu avec les hommes. Il essuiera toute larme de leurs yeux, et la mort ne sera plus, et il n'y aura plus ni deuil, ni cri, ni douleur, car les premières choses ont disparu."

Le Coran, riche en descriptions apocalyptiques, prédit également que "la terre et les cieux seraient changés" et "qu'un jour viendrait où les lumières de l'unité illumineraient toute la terre".

Tous ces textes indiquent sans ambiguïté que certains seront épargnés (comme Noé et sa famille lors du déluge, Loth à Sodome). Et même que "à cause de ces élus, ces jours de détresse seront abrégés", selon saint Matthieu (24:22).

La Vierge, qui déclarait à La Salette: "Malheur aux habitants de la terre, car voici le temps des temps, la fin des fins", dit également: "L'Eglise sera éclipsée, le monde dans la consternation. Mais voilà Enoch et Elie remplis de l'esprit de Dieu; ils prêcheront avec la force de Dieu et les hommes de bonne volonté croiront en Dieu alors, l'eau et le feu purifieront la terre et consumeront toutes les oeuvres de l'orgueil des hommes et tout sera renouvelé". Il est intéressant de trouver dans l'annonce de la Vierge deux personnages rédempteurs à l'époque même où le Bab et Baha'u'llah remplissent leur mission sur terre. A Kerezinen, elle assurait que "par-dessus les ombres noires sillonnées de lueurs sinistres, il fallait déjà voir l'arc-en-ciel qui rassure et console". Si les avertissements de Baha'u'llah au siècle dernier sont terribles et sans équivoques, la situation sera telle que la révéler maintenant ne serait ni convenable ni opportun, il ajoute avec la même fermeté: Après un temps tous les gouvernements de la terre changeront. L'oppression enveloppera le monde. Et après une universelle convulsion le soleil de justice se lèvera du royaume invisible. La terre entière, a-t-il de plus affirmé, est actuellement en état de gestation. Le jour approche où elle produira ses plus nobles fruits. Ces luttes stériles, ces guerres ruineuses cesseront et la PAIX SUPREME viendra. Ecoutez! Je vous apporte une bonne et heureuse nouvelle, ajoutait Abdu'l-Baha à Paris en 1911 lors de sa dernière réunion: Paris deviendra un jardin de roses. Toutes sortes de magnifiques fleurs pousseront et s épanouiront dans ce jardin, et la renommée de leur parfum et de leur beauté se répandra dans tous les pays. Mais, prévenait-il Paris a besoin d'une température de mille degrés pour retrouver sa civilisation spirituelle.

Shoghi Effendi, a plusieurs reprises, parle "d'une tempête d'une violence sans précédent, imprévisible dans son développement, catastrophique dans ses effets immédiats, et dont les conséquences ultimes dépasseront en magnificence ce que l'imagination peut concevoir" comme d'une force purificatrice.

En dehors des textes sacrés, de nombreuses autres sources sont encourageantes. Mais elles enseignent toutes que l'or fin ne peut sortir que du creuset le plus chaud!

Virgile, quarante ans avant Jésus-Christ, dans sa quatrième églogue, annonçait une ère nouvelle; "Regarde la masse du monde oscillant sur le point de tourner... Le grand ordre des siècles va recommencer. Le règne de Chronos revient de nouveau ramenant l'âge d'or sur la terre".

Les Centuries de Nostradamus, qui voient dévaster les villes par "d'insolites oyseaux qui crieront par l'air" (avions supersoniques, fusées ?), massacrer leurs habitants, précisent que cet "immense désastre" est la condition qui autorisera la venue du "Grand Monarque" de paix et de justice. Le calendrier des rythmes de l'historien Georgel (Un cycle: sept périodes de soixante dix-sept ans) ne conclut pas a un anéantissement total de notre civilisation, mais note une période de transition très grave s'ouvrant sur une ère nouvelle.

Lobsang Rampa, le pseudo-moine tibétain au troisième oeil ouvert, entrevoit également un âge d'or après les bouleversements grandioses qu'il détaille. Noam Chomsky, le linguiste américain, écrit de son côté; "Le monde dans lequel nous vivons disparaîtra consumé par le feu de ses propres passions dévorantes, mais de ses cendres va naître un monde nouveau et plus jeune, débordant d'un espoir vigoureux, évoquant la lumière de l'aube."

Pour les "initiés", les familiers des doctrines ésotériques, de grandes ténèbres précéderont le temps "urnal", moment ou Ganymède, l'échanson des dieux, déversera sur la terre le contenu de son urne sacrée. Symbolisant la diffusion des doctrines ésotériques. Les choses cachées depuis le commencement du monde seront révélées. Le livre scellé par Daniel sera ouvert. Revendication faite par Baha'u'llah. A la charité laissée a l'initiative individuelle fera place une plus juste répartition des biens entre les hommes. Point important de la doctrine du Persan. On peut voir aussi dans cette urne, ce vase sacré, la corne d'abondance, la multiplication actuelle des biens. Ensuite viendra l'âge d'or et une paix universelle.

"Tous les hommes redeviennent frères...
Monde, pressens-tu ton créateur?"

proclamait l'Hymne à la Joie, en 1824, vingt ans avant l'avènement du Bab et de ses conséquences. Hymne terminant la Neuvième Symphonie de Beethoven, oeuvre de sa période philosophique et mystique.

Si les bruits et musiques d'une société sont en avance sur ses images et conflits matériels, on peut se demander si la société du XXIe siècle sera a l'image d'une musique atonale, remettant sans cesse en question ses propres normes et ses théories les plus récentes. On trouve de plus en plus de groupes musicaux jouant sans chef d'orchestre et s'alignant sur un des membres qui coordonne à tour de rôle. Ne pourrait-on voir la un signe précurseur d'une société où tout le monde devient concerné?

Enfin, l'astrologie nous annonce que nous entrons dans l'ère du Verseau. Le règne de Chronos, dont parlait Virgile. Chronos n'est autre que Saturne, le "Maître" du signe Verseau.

Le Verseau symbolise principalement fraternité et invention. En ce qui concerne les inventions, il est clair qu'une ère nouvelle a débuté. Quant a la fraternité, le futur nous répondra.

Je me dois de témoigner, je le répète, qu'à travers le monde entier une nouvelle espèce d'hommes, plus fraternelle, est en train de naître. Non seulement les baha'is, ceux qui ont été dynamisés directement par le souffle nouveau, mais aussi tous ceux qui s'éveillent aux idées universelles sans en connaître la source: les mondialistes dans l'âme.

- Moi, j'aime le monde entier, cela aussi s'entend.

La révolution aurait-elle gravé le mot fraternité sur le fronton de nos mairies en vain?

Il est amusant de constater qu'avant l'ère du Verseau, nous vivions l'ère des Poissons, débutant avec l'avènement du Christ. Chaque ère zodiacale dure un peu plus de deux mille ans 2160 ans, selon certains.

Les Poissons sont le signe de la charité, mot clé de l'enseignement du Christ. Les premières églises chrétiennes étaient décorées de poissons. Les Evangiles parlent de pêche miraculeuse, de "pêcheurs d'hommes", de la multiplication des poissons. Et aujourd'hui, les poissons se meurent, les rivières et océans sont pollués.

N'assiste-t-on pas a la fin du cycle des Poissons avec la charité qui agonise et les poissons qui meurent dans les eaux polluées?

Les Poissons, symbole de la soumission, de la pitié et de la compassion, ne décrivent-ils pas a merveille cette période christique où régna une morale de résignation et d'acceptation passive des inégalités sociales et des souffrances en apparence injustes?

La sujétion des peuples aux rois et clergés est secouée de plus en plus par l'éveil de l'opinion publique et le désir des individus de s'exprimer, l'individuation typique du Verseau. Avant le Christ, l'humanité vivait sous le symbole du Bélier. Animal utilisé abondamment dans la statuaire sacrée de cette période allant du sacrifice d'Abraham, offrant a l'Eternel un bélier a la place de son fils jusqu'au sacrifice de "l'agneau", le Christ sur la croix. La mort de l'agneau, fils du bélier, mettait fin symboliquement à la période Bélier période au début de laquelle le veau, fils du taureau, signe précédent, était lui-même condamné lorsque Moïse interdit d'adorer le veau d'or. Les Israélites sonnaient le schofar, sorte de trompe faite d'une corne de bélier. Bélier, en celte et en anglais, se dit ram. Abraham signifie "venu du bélier". Ammon, le dieu a cornes de bélier, était alors adoré a Thèbes. En Egypte, régnaient les Ramsès. En Inde se développait l'épopée de Rama, la Ramayana. En Grèce, Jason dérobait la toison d'or, la peau du bélier ailé offerte au roi Aeédès.

Le Bélier est un signe de feu, et le feu est le symbole de Ahura-Mazda, le dieu des zoroastriens, dont la religion naquit à cette époque-là.

Plus tôt encore, l'histoire était régie par le Taureau, signe de la matière. Temps des constructions cyclopéennes, pyramides et zigourrats. Personne ne peut nier l'importance de cet animal dans l'Antiquité: le boeuf Apis en Egypte, le Minautore à Crète, les taureaux ailés de l'Assyrie. L'Iliade et L'Odyssée mentionnent les sacrifices de taureaux noirs. En Grèce, Jupiter s'incarnait en taureau pour séduire Europe. Le Taureau, symbolisant la souveraineté de la force, aurait duré de 4320 à 2160 avant Jésus-Christ environ. Avant, sous le signe double des Gémeaux naissait en Chine la théorie du Yin et du Yang.

Après le Verseau, qui commence a nous influencer, dans quelque deux mille ans et plus, arrivera donc le cycle du Capricorne, celui de la consolidation. Ainsi notre époque trouvera sa stabilité même selon les astres.

L'astrologue Hadès démontre que si Pluton, planète de l'ère atomique (le plutonium), a pour but la destruction de la matière, c'est pour reconstruire et permettre le renouvellement de la civilisation, Pluton symbolisant la régénération. Il est bien connu qu'avant de construire, il faut faire table rase

"L'âpre Fatalité se perd dans le lointain.
Toute l'antique histoire affreuse et déformée
Sur l'horizon nouveau fuit comme une fumée.
Les temps sont venus."

"Paix ! Gloire ! et comme l'eau jadis, l'air aujourd'hui
Au-dessus de ses flots voit l'Arche."

Dans deux poèmes saisissants de La Légende des siècles correspondant au XXe siècle, Pleine Mer, Plein Ciel, Victor Hugo décrit en 1859 la catastrophe et le changement d'ère en des vers puissants. L'Arche est l'humanité qui passe de l'ère des Poissons, signe d'eau, à celle du Verseau, signe d'air. Le navire Léviathan, avec tous ses maux, qui coule dans une effroyable tempête symbolise le passé sombrant dans un cataclysme. Sa réapparition sous la forme d'un aéroscaphe merveilleux et irrésistible volant à travers l'éther représente l'espoir d'un meilleur demain. Quelle extraordinaire vision.

Ce poète contemporain du prisonnier de Saint-Jean-d'Acre, qui voyait Dieu revenir dans ses Contemplations conclut:

"Le vent de l'infini sur ce monde souffla
Et c'est ainsi que l'ère annoncée est venue.."

Ere pressentie par la plupart des grands poètes romantiques du XIXe siècle. La technologie, l'automation et les robots ont effectivement mis fin au cycle adamique où l'homme devait gagner son "pain à la sueur de son front."

Le droit, pensait Proudhon, aura raison des mauvais coups que médite sans cesse l'histoire. Pour les gens de l'époque, la Révolution française fut une catastrophe soudaine et irrésistible. Elle surprit aussi bien ses auteurs et ses bénéficiaires que ses victimes. Pourtant, l'idée était mûre. Les découvertes constantes de la science nous dictent la marche et finiront par nous faire admettre le domaine du spirituel. Que les choses de la matière sont en étroite relation avec les choses de l'esprit et du coeur.

Pour les savants de Princeton, il ne fait pas de doute que le troisième millénaire qui va bientôt commencer sera l'âge de l'esprit, de la conscience et du divin. C'est le jour qui ne sera pas suivi de la nuit, affirme Baha'u'llah, qui prétend être venu inaugurer une ère glorieuse de cinq cent mille ans.

Une fois la GRANDE PAIX établie, l'humanité ne retomberait plus dans la guerre. Ce qui ne l'empêchera pas d'avoir des fluctuations et le besoin d'entendre de nouveaux éducateurs. Ni éventuellement de disparaître (comme les supposées civilisations de Mû, Thulé, Atlantide), car ce qui naît est appelé à mourir.

Ce qui nous concerne est le présent. Avec beaucoup d'humour, Abdu'l-Baha faisait cette remarque: "Nous avons toujours fait la guerre. Si nous essayions la paix à la place? Au cas où cela ne donne pas de résultat, nous pourrions toujours revenir à la guerre!"

La paix ne viendra que si elle est inscrite dans les chromosomes de l'histoire, dans le plan "divin". Il n'en reste pas moins vrai que ce sont les hommes qui doivent l'établir.

Cela demandera un effort, celui d'aimer. D'aimer le monde entier. Car l'amour est la seule force qui mobilise et unit les hommes.

Le prisonnier de Saint-Jean-d'Acre est venu en apporter une nouvelle mesure.

Oui, l'heure d'un Messie a sonné, d'un Guide qui de nouveau nous rappellera les leçons fondamentales de l'amour qu'Il a déjà enseignées et qui furent si rapidement oubliées Peu importe la profondeur d'erreur où auront pu tomber un individu ou une nation, l'amour renouvellera leur dévouement à l'humanité. Il n'est pas de distance que l'amour ne puisse enjamber, pas de maladie qu'il ne puisse guérir. Pas de victoire que l'amour ne puisse remporter

A Thaïré d'Aunis, en l'an 135 de l'ère baha'ie, mois de Kamal (Perfection), aux premiers souffles de la tempête.


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