Le prisonnier
de Saint-Jean-d'Acre
Par André Brugiroux, célèbre
globe-troteur ayant parcouru le monde en auto-stop
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Chapitre 18. CATASTROPHE
L'humanité approche-t-elle de la catastrophe
finale? Si une troisième guerre mondiale a été évitée de justesse, cette fin
de siècle n'en a pas moins connu des événements d'un tragique sans précédent
qui portent la plupart au pessimisme: des massacres de Pol Pot à ceux du Rwanda.
Sans compter les famines à grande échelle, les tremblements de terre, les pollutions
de toutes sortes et autres joyeusetés. Et ces faits épouvantables se perpétuent
sous nos yeux sans faiblir! Indéniablement, cette fin de siècle aura été catastrophique
pour l'humanité. Faut-il s'attendre encore à pire? Et qu'est-ce que pire veut
dire?
O vous, peuples du monde ! Sachez en toute certitude qu'une calamité imprévue
vous poursuit et qu'un châtiment douloureux vous attend L'heure approche où
le plus grand des bouleversements apparaîtra. Le jour promis est venu, le jour
où des épreuves torturantes, surgissant au-dessus de vos têtes et sous vos pas,
clameront voyez ce que vos mains ont forgé ! écrivait déjà le prisonnier de
Saint-Jean-d'Acre à un monde insouciant loin d'être menacé par l'acuité de nos
convulsions. Il ajoutait: Les vents du désespoir soufflent, hélas, de toutes
les directions et leur conflit qui divise et afflige la race humaine va chaque
jour en s'accroissant. 0n peut discerner maintenant les signes de convulsions
imminentes et de chaos étant donné que l'ordre qui a prévalu paraît bien être
lamentablement défectueux.
La civilisation tant vantée d'où découlent tant de biens lorsqu'elle est modérée
deviendra, si elle est poussée à 1 'excès, une source aussi abondante de mal.
Le jour approche où elle dévorera de ses flammes les villes du monde. En ce
qui concerne "les épreuves torturantes", merci, on est servi!
"Le monde est malheureux parce qu'il ne sait pas où il va, et il devine que,
s'il le savait, ce serait pour découvrir qu'il va à la catastrophe" disait en
1975 Giscard d'Estaing.
Oui, le monde est miné par le manque de certitude sur des sujets tels que la
loi, l'ordre, l'argent et la propriété, les valeurs sexuelles, les races, la
famille, la religion, Dieu et lui-même; et par la remise en question des valeurs
traditionnelles.
Il présente les mêmes symptômes qu'un individu victime d'une dépression nerveuse.
Notre société à irresponsabilité illimitée a perdu la tête. Personne ne contrôle
plus la locomotive qui entraîne le convoi vers le gouffre. Les grands mécaniciens
du moment, les "timoniers" s'avouent tous impuissants. Le frein de la modération
ne fonctionne plus, et la machine s'emballe de plus en plus.
A l'image des grosses limousines américaines prévues pour durer un an, on ne
construit plus rien de solide. Consommation exige. Plus rien n'a valeur de durée.
Conséquemment, les valeurs morales deviennent aussi éphémères. Cette société
du prêt-à-jeter, n'est-elle pas sur le point de se jeter elle même?
Une psychose de catastrophe domine le présent. Les hommes s'interrogent de plus
en plus, et leur angoisse vient se cristalliser dans des vers anonymes tout
comme dans les chansons des vedettes:
"S'il y a une solution, qu'on me le dise.." (Serge Lama)
Si la chanson a toujours reflété l'esprit d'une époque en des vers que tout
le monde fredonne, la musique, elle, semble avoir quelque chose de prémonitoire.
Le critique musical, Philippe Fanise, note: "Si notre musique nous dit le demain,
elle représente l'un des signaux le plus aveuglant de la menace de violence
universelle et de mort qui plane sur notre avenir! Car cette musique dite "apocalyptique"
manifeste une violence, un désordre auditif un choc de sonorités et de rythmes
jamais entendus dans l'Histoire."
Un demi-siècle de voyages à travers le monde, une longue et patiente "auscultation"
des hommes m'ont fait sentir que les champs magnétiques terrestres sont perturbés,
que ça "grésille". Mais est-il besoin de se déplacer pour cela? Déjà en 1851,
Mme Beecher-Stowe, l'auteur du best-seller mondial La case de l'oncle Tom, roman
anti-esclavagiste précurseur des grands mouvements sociaux, écrit: "Je sens
venir ou demain, ou plus tard un terrible Dies Irae (jour de colère)".
Aujourd'hui où les maux ne semblent pas trouver de solution, il semble bien
que ce jour de colère soit arrivé. Tout peut faire craindre le pire. Les multiples
problèmes actuels ne font qu'aiguiser l'angoisse: démographie galopante, surarmement,
pollution en tout genre, pénurie d'énergie, déséquilibre économique, bafouement
des droits civiques. Films, pièces de théâtre et livres sont légion qui décrivent
des bouleversements fantastiques. Tout au long de l'entre deux-guerres déjà,
des écrivains venus d'horizons très divers, comme Bernanos, Spengler, Valéry,
unirent leur voix inquiètes pour souligner les virtualités autodestructrices
d'une civilisation qui se veut uniquement matérielle, et où la puissance devient
une fin en soi.
L'art qui reflète une époque est criant: la plupart des toiles dites "engagées"
font penser à une explosion! Quant à la sculpture dite moderne, on en dirait
le résultat. La simple analyse de l'écosystème mondial aboutit à des conclusions
alarmantes, car le maintien des tendances actuelles, quelles que puissent être
les mesures prises, aboutiraient à un effondrement au cours du troisième millénaire.
Devant les crises de famine inexcusables aujourd'hui, ne peut-on imaginer que
des myriades de desesperados recourront à la pire des violences, au pire des
terrorismes sur le plan international, parce qu'ils n'auront plus rien à perdre,
parce que ils rendront "les autres" du monde riche responsables du terrifiant
spectacle de leurs enfants mourant de faim sous leurs yeux.
Les savants et industriels du fameux Club de Rome sont d'accord pour nous annoncer
un effondrement total de la civilisation au cours du troisième millénaire si
se prolongent les croissances exponentielles de la population et de la production
industrielle parallèlement à la misère à perpétuité du Tiers-Monde.
Dans tous les domaines, on tremble. Des scientifiques pensent depuis peu que
les pôles sont prêts à basculer à changer d'axe, ce qui entraînerait le déplacement
des glaces et des suites incalculables. Certains craignent une fusion de la
calotte glacière antarctique. Le niveau océanique monterait et engloutirait
les agglomérations installées au bord des océans. D'autres s'inquiètent des
vols supersoniques à très haute altitude, des fusées et autres engins interplanétaires
craignant que leur prolifération abîme encore plus la mince couche d'ozone qui
entoure la terre et nous protège de rayons singulièrement nocifs.
Dès 1859, on a constaté qu'il existe une relation étroite entre l'activité des
taches solaires et les fluctuations du champ magnétique terrestre. On a remarqué
que les années où les taches sont plus nombreuses, l'histoire connaît des périodes
tourmentées. Depuis quelques années, il y aurait multiplication de ces taches
solaires. L'astrologue américain Jean Dixon prévoit qu'un météorite de belle
taille viendra frapper l'Atlantique de plein fouet et fera déborder l'eau sur
ses rives en noyant partie des Etats-Unis et de l'Europe. Pourquoi pas!
Les positions des planètes sont indiquées par l'astronomie science réputée exacte.
L'astrologie, se basant sur des observations millénaires en cherche l'interprétation.
Elle se veut plus précise et fournit régulièrement des dates d'événements qui
sont le plus souvent erronées. Il n'empêche que les astrologues sont unanimes
à voir dans notre époque une prédominance "d'aspects maléfiques" due à des conjonctions
ou amas de planètes lentes (planètes concernant plus la civilisation que l'individu)
qui ne peuvent rien n'augurer de réjouissant. Hadès, entre autre, avait prédit.
d'après ses calculs, qu'il y aurait des mutations et des bouleversements de
grande ampleur pour la fin du siècle. Il soutient que Pluton, maître de la civilisation
dans laquelle nous vivons a pour but la destruction de la matière. Et que la
domination de la civilisation occidentale signifie la fin d'une ère car le soleil
se couche toujours à l'occident. A noter que Dane Rudhvar considéré comme le
maître à penser de l'astrologie moderne a été fortement impressionné par les
solutions qu'offrent les enseignements baha'is à tous les maux dont nous souffrons
aujourd'hui
Pour Jacques Bergier, le coauteur du Matin des Magiciens (qui a aussi reconnu
que la Foi baha'ie peut sauver l'humanité) l'interterrorisme a mis en route
la troisième guerre mondiale.
L'imagination humaine est sans limite. Chacun y va de son couplet et la liste
pourrait être longue. Est-il besoin de chercher l'extraordinaire?
On est parfois admiratif devant la solidité d'une rustique armoire normande
jusqu'au jour où minée de l'intérieur par de minuscules termites presque invisibles
soudainement elle s'effondre en poussière.
La puissance apparemment indestructibles de nos systèmes et tyrannies contemporaines
ne serait-elle pas minée par le travail sournois des idées nouvelles démarrées
par Baha'u'llah?
Les sacro-saintes souverainetés nationales ne seraient-elles pas condamnées
à s'effondrer brutalement sous les coups de la planétarisation des problèmes?
Les grandes institutions religieuses aux dogmes inadéquats rongées par le rationalisme
et la pensée scientifique, n'offrent-elles pas des signes révélateurs d'affaiblissement?
L'Histoire a déjà vu de grandes institutions perdre d'un coup leur légitimité
et leur réputation de servir l'intérêt général. L'Eglise avec la Réforme, la
Monarchie avec la révolution française. L'inconcevable est devenu évidence du
jour au lendemain!
La menace atomique, enfin est un fait réel.
On ne cesse de sortir d'un conflit pour entrer dans un autre. Chaque conflit
perpétue cette menace. Deux guerres mondiales n'ont-elles pas suffit pour faire
prendre conscience aux hommes de leur folie?
Court-on vers une troisième guerre mondiale? Une guerre nucléaire?
II existe une force stupéfiante que l'homme n'a heureusement pas encore découverte,
disait Abdu'l-Baha à l'ambassadeur japonais à Paris en 1912. Supplions Dieu
le Bien Aimé, que la science ne découvre pas cette force tant que la civilisation
spirituelle ne dominera pas l'esprit humain. Entre les mains de l'homme, d'une
nature matérielle inférieure ce pouvoir pourrait détruire la terre entière.
Abdu'l-Baha disait que ce qui "secouerait" l'humanité serait soudain et inattendu.
Comme lorsqu'on va se coucher le soir et que, le lendemain, en se levant on
retrouve un paysage de neige. On ne reconnaît plus rien! De là à penser à la
bombe atomique, il n'y a qu'un pas évidemment.
En tout cas, selon la tradition des zoroastriens, toute une série de désastres
doivent fondre sur la terre lors de la parution du troisième Zoroastre (c'est-à-dire
d'un nouvel éducateur de l'humanité). Le choc final entre Ormuz et Ahriman,
le principe du bien et du mal, est-il engagé?
Au Vatican existe un secret jalousement gardé, celui de la troisième lettre
de Fatima. On connaît l'histoire de la Vierge remettant trois lettres à des
enfants portugais, lettres que le pape devait révéler au public à certaines
dates. La deuxième, dévoilée dans les années trente, prévoyait avec justesse,
le deuxième conflit mondial et la montée du communisme. La troisième devait
être lue au monde en 1960. Jean XXIII s'est bien gardé de le faire. Pourquoi?
Que contient cette lettre?
La fin de la papauté? Ou bien l'annonce d'une catastrophe d'une telle amplitude
que ce bon pape, par clémence, a préféré taire?
Dévoilé en 1917 à la petite Lucie, l'ainée des trois voyants présents, il n'est
pas le seul avertissement marial. En effet, à La Salette, en 1846, à l'époque
des premiers événements babis de Perse, cette même Vierge avertissait déjà:
"Dieu va frapper d'une manière sans exemple. La société est à la veille des
fléaux les plus terribles et des plus grands événements. Avant La Salette, en
1830, la Vierge avertissait déjà Catherine Labouré, rue du Bac, à Paris, que
"les temps sont très mauvais, les malheurs viendront fondre sur la France, le
monde entier sera bouleversé par des malheurs de toutes sortes. Depuis la Vierge
est apparue nombre de fois pour admonester le monde et ces avertissements se
multiplient de nos jours. On peut croire ou non à ces apparitions, mais la répétition
de messages d'avertissement transmis depuis plusieurs décennies en différents
points du globe n'en constitue pas moins un phénomène troublant. Nostradamus,
le célèbre mage du XVIe siècle, qui revient inexorablement à la mode dans les
périodes de troubles, ne décrit plus de pape après Jean-Paul II dans ses couplets
sibyllins. Malachie, évêque irlandais décédé au XIIe siècle en prévoit encore
un. Un siècle plus tard, un certain "moine de Padoue", qui dressa lui aussi
une liste des papes avec leur nom d'intronisation, en annonce deux de plus.
Le dernier serait connu sous le nom de Pierre II le Romain ou le pape de l'Apocalypse.
Tous voient, en tout cas, avec la fin de la papauté, l'arrivée de l'Avènement
et de grands troubles.
"Toute cité divisée contre elle-même périra", dit ce puits de sagesse qu'est
la Bible. Et que voit-on maintenant dans notre société, sinon exactement cela?
La lutte entre l'Orient et l'Occident, entre le Nord et le Sud, entre riches
et pauvres, parents et enfants, homme et femme. Cette société-là n'est-elle
pas prête à périr?
"Car alors, la détresse sera si grande qu'il n'y en a point eu de pareille depuis
le commencement du monde jusqu'à présent et qu'il n'y en aura jamais", avertit
Saint Matthieu (24:21). Saint Marc donne exactement le même avertissement dans
le verset vingt de son treizième chapitre Saint-Luc prédit de son côté: "Il
y aura de l'angoisse chez les nations qui ne sauront que faire (21:23)". Voilà
bien notre présente situation, malheureusement.
"Un grand vent de folie va secouer le monde", écrivait dès 1836 le saint curé
d'Ars, l'ascète qui attirait des foules par son charisme de confesseur.
Nous en avons assez de ces prophètes de malheur, me répondit sarcastiquement
un professeur d'université. Certes, mais il faut admettre que ces "prophètes
de malheur" n'ont pas toujours tort
Rien de nouveau, objectent certains, le monde a toujours connu des troubles.
A-t-on oublié les famines et épidémies dévastatrices, les cruelles boucheries
d'antan? Il y a déjà eu la grande peur de l'an mille où rien n'est arrivé. Pourquoi
se passerait-il quelque chose de plus maintenant? En l'an mille, les gens se
fondaient davantage sur la superstition que sur la science rationnelle. Et le
chiffre mille prêtait à confusion avec le millenium promis dans les saintes
écritures, qui, à l'époque, avait force de loi. Ce qu'il y a de plus aujourd'hui,
ce sont les moyens de destruction planétaire inconnus jadis. Aucun siècle n'a
produit autant de réfugiés, si bien que personne ne saura bientôt plus où se
réfugier!
Tout ceci n'est effrayant que dans la mesure où l'on considère la vie ici-bas
comme une finalité et la catastrophe comme fatale.
Il faut interpréter le symbolisme des textes sacrés avec prudence. Il n'en reste
pas moins vrai que si certaines prophéties de la Bible se sont réalisées (la
chute de Babylone, de Jérusalem, la dispersion des juifs et leur retour, la
montée de l'islam et le massacre des descendants du prophète), d'autres ne se
sont pas encore vérifiées même si certaines paraissent d'actualité.
Shoghi Effendi, le gardien de la Foi baha'ie, qui avait prédit avec justesse
le deuxième conflit mondial, écrit en 1948: "L'humanité va bientôt toucher le
fond de l'abîme. La menace de convulsions encore plus violentes assaillant un
âge en travail augmente et les ailes d'un autre conflit assombrissent l'horizon
international".
Même si les présomptions d'une troisième guerre mondiale semblent l'emporter,
personne, en réalité, ne connaît la nature exacte de la tempête qui nous menace.
Ni la date d'une dernière grande convulsion. Mon humble avis est que nous sommes
déjà en plein dedans! Toutes les horreurs de ces dernières années qui continuent
allègrement aujourd'hui ne nous suffisent-elles pas? Doit-on imaginer encore
pire? Je n'ai aucun don de divination. Mais il est clair que l'humanité connaît
la plus grande crise de toute sa croissance Et qu'elle est catastrophique.
Ne croyez pas que les actes que vous avez commis soient effacés de ma vue!