La
dispensation de Baha'u'llah
Shoghi Effendi
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4 : L'Ordre Administratif Frères chèrement aimés en 'Abdu'l-Baha! Ainsi que l'avaient
prédit Shaykh-Ahmad et Siyyiq Kazim, avec l'ascension de Baha'u'llah,
l'Etoile du Matin de la direction Divine s'était levée à
Shiraz, puis, suivant sa course vers l'ouest, avait atteint son zénith
à Andrinople, pour finalement disparaître à l'horizon
d"Akka, ne devant jamais plus se lever avant qu'un millénaire entier
ne soit révolu. Le déclin d'un Astre aussi brillant a marqué
la fin définitive de la période de Révélation
Divine phase initiale et la plus vivifiante de l'ère baha'ie. Anticipée,
en l'exaltant, par l'ensemble des Prophètes de ce grand cycle prophétique,
inauguré par le Bab, elle a atteint son apogée en Baha'u'llah.
Cette période, hormis le court intervalle compris entre le martyre
du Bab et les émouvantes épreuves de Baha'u'llah au Siyah Chal
de Tihran, s'est distinguée par environ cinquante années de
continuelle et progressive Révélation. Par sa durée et
sa fécondité, elle doit être tenue pour unique dans le
champ de l'histoire spirituelle du monde.
D'autre part, la mort d"Abdu'l-Baha clôt l'Age Héroïque
et Apostolique de cette même Dispensation. Les splendeurs de ce stade
primitif de notre Foi ne pourront être surpassées, et encore
moins éclipsées, par la magnificence qui forcément rehaussera
les victoires futures de la Révélation de Baha'u'llah. Car ni
les oeuvres accomplies par les maîtres constructeurs actuels des institutions
de la Foi de Baha'u'llah, ni les tumultueux triomphes que les héros
de son Age d'Or réussiront à obtenir dans l'avenir ne pourront
jamais atteindre le rang, ni se classer dans la catégorie des oeuvres
merveilleuses attachées aux noms de ceux qui lui ont donné la
vie et posé ses fondements primitifs. Ce premier âge créateur
de l'ère baha'ie doit, du fait même de sa nature, occuper un
échelon supérieur et distinct tant par rapport à la période
d'organisation où nous sommes entrés qu'à celle de l'âge
d'or destinée à lui succéder.
'Abdu'l-Baha incarne cette institution, sans égale dans aucun des
systèmes religieux du monde. Nous pouvons dire qu'avec Lui s'est clos
l'Age dans lequel Il vivait, et qu'Il a inauguré celui où nous
travaillons maintenant. Son Testament devrait donc être regardé
comme le perpétuel, l'indissoluble chaînon conçu par l'esprit
de Celui qui est le Mystère de Dieu, pour assurer la pérennité
des trois âges de la Dispensation baha'ie. La période de lente
germination de la semence de la Foi se trouve ainsi reliée d'une part
à celle de sa floraison, et de l'autre à l'âge suivant
où cette semence produira finalement ses fruits d'or.
Les énergies créatrices libérées par la Loi de
Baha'u'llah, en s'infiltrant et se développant dans l'esprit d"Abdu'l-Baha,
ont par leur empreinte et leurs intimes réactions mutuelles, donné
naissance à un Document qui doit être tenu pour la Charte du
Nouvel Ordre Mondial, Charte qui est à la fois la gloire et la promesse
de cette très grande Dispensation. Nous pouvons donc saluer dans ce
Testament, l'oeuvre qui devait naître immanquablement de ces relations
mystiques entre Celui qui transmit l'influence génératrice de
Son Plan Divin et Celui qui en fut le propagateur et le dépositaire
choisi. Etant l'Enfant du Covenant - l'Héritier de Celui qui fut à
la fois l'Auteur et l'Interprète de la Loi de Dieu - ce Testament d"Abdu'l-Baha
est aussi inséparable de Celui qui lui donna l'impulsion originelle
et animatrice, que de Celui qui le conçut ultérieurement. L'impénétrable
dessein de Baha'u'llah, nous ne devons jamais l'oublier, a si bien imprégné
l'action d"Abdu'l-Baha, et leurs mobiles à tous deux sont si intimement
liés, que la seule tentative de dissocier les enseignements du premier,
d'une doctrine énoncée par Celui qui est l'idéal Exemple
de ces même enseignements, équivaudrait à la répudiation
d'une des vérités les plus fondamentales et les plus sacrées
de notre Foi.
Depuis l'ascension d"Abdu'l-Baha, l'Ordre Administratif s'est développé
et a pris corps sous nos yeux dans non moins de quarante pays du monde. Il
peut être considéré comme la charpente même du Testament,
l'inviolable forteresse où ce nouveau-né s'alimente et se développe.
Cet Ordre Administratif, en se répandant et se consolidant, manifestera
sans aucun doute les virtualités et révélera pleinement
les inductions de cet important Document expression éminemment remarquable
de la Volonté d'Une des plus considérables Figures de la Dispensation
de Baha'u'llah. Quand ses parties composantes, ses institutions organiques
commenceront à fonctionner avec vigueur et efficacité, il proclamera
sa prétention et fera valoir ses titres à être regardé
non seulement comme le noyau, mais comme le modèle du Nouvel Ordre
Mondial destiné dans la suite des temps à englober l'humanité
entière.
Il faut noter à cet égard que cet Ordre Administratif diffère
fondamentalement de toute institution établie antérieurement
par chacun des Prophètes. Ce qui le caractérise, c'est que Baha'u'llah
Lui-même a révélé ses principes, créé
ses institutions, désigné la personne destinée à
interpréter Sa Parole, et qu'Il est le seul à avoir investi
de l'autorité nécessaire un corps constitué chargé
d'appliquer Ses ordonnances législatives et au besoin de les compléter.
C'est en ces mesures, marquées du sceau d'une prévoyance surhumaine,
que résident la force de cet Ordre, son caractère distinctif
fondamental et aussi sa sauvegarde contre tout danger de désintégration
ou de schisme. Dans aucun des systèmes religieux du monde, ni même
dans les oeuvres de l'Inaugurateur de la Dispensation Babie, les écrits
sacrés ne renferment des clauses établissant un Covenant ou
créant un Ordre Administratif qui puissent se comparer par leur autorité
et leur portée à celles qui sont à la base même
de la Dispensation Baha'ie. Considérons la Chrétienté
ou l'lslam, deux des plus répandues et des plus notoires d'entre les
religions pratiquées de par le monde, peut-on avancer qu'elles aient
à offrir rien de comparable ou d'équivalent au Livre du Covenant?
Le texte des Évangiles aussi bien que celui du Qur'an confèrent-ils
une autorité suffisante à ces chefs et à ces conciles
qui se sont arrogé le droit d'interpréter les dispositions de
leurs écritures sacrées, et ont assumé la fonction d'administrer
les affaires de leurs communautés respectives? Pierre, le chef accepté
des Apôtres, ou l'Imam 'Ali, cousin et successeur légitime du
Prophète, pouvaient-ils, à l'appui de la primauté à
tous deux conférée, exhiber des affirmations écrites
et explicites du Christ et de Muhammad propres à réduire au
silence ceux qui, soit de leur temps, soit dans les âges suivants, ont
répudié leur autorité et, par leur action, précipité
les schismes qui persistent encore de nos jours? Où, dans les paroles
recueillies du Christ, trouve-t-on, en matière de règles successorales
ou de dispositifs d'une suite de lois spécifiques et d'ordonnances
administratives, et cela bien défini et nettement distinct des principes
spirituels, où trouve-t-on, dis-je, quoi que ce soit se rapprochant
des injonctions détaillées, lois et avertissements qui abondent
dans les dires authentiques de Baha'u'llah et d''Abdu'l-Baha? Le Qur'an aussi,
dont l'ensemble de lois, d'ordonnances administratives et dévotionnelles
marque déjà un notable progrès sur les Révélations
antérieures plus altérées, présente-t-il un passage
qui puisse être interprété comme plaçant sur une
base inattaquable l'autorité certaine qu'à plusieurs reprises
Muhammad avait verbalement conférée à Son successeur?
Enfin, bien que l'Auteur de la Dispensation Babie, ait, grâce aux dispositions
du Bayan Persan, réussi dans une grande mesure à éviter
un schisme aussi permanent et catastrophique que ceux qui affligèrent
le Christianisme et l'islam, est-il possible de dire qu'Il ait créé
pour sauvegarder Sa Foi, des moyens aussi définis et efficaces que
ceux qui dans la suite des temps doivent maintenir l'unité des adeptes
organisés de la Foi de Baha'u'llah?
Par les commandements explicites, les avertissements répétés,
les sauvegardes positives, conçus et A quoi les paroles suivantes de Baha'u'llah peuvent-elles faire allusion,
si ce n'est à la puissance et à la majesté que cet Ordre
Administratif - rudiment du futur Etat Universel Baha'i - est prédestiné
a manifester: "L'équilibre du monde a été détruit
par la vibrante influence de ce grandissime et nouvel Ordre Mondial. La vie
organisée de l'humanité a été révolutionnée
par l'effet de cet unique et merveilleux Système - dont l'égal
n'a jamais pu être contemplé par des yeux mortels."
Le Bab Lui-même, au cours de Ses allusions à "Celui que
Dieu manifestera" anticipe et glorifie l'Ordre Mondial que la Révélation
de Baha'u'llah devait faire connaître. Dans le troisième chapitre
du Bayan Persan se trouve cette remarquable assertion du Bab: - "Bienheureux
celui qui fixe son regard sur l'Ordre de Baha'u'llah et rend grâce à
son Seigneur ! Car il sera sûrement rendu manifeste. Dieu l'a irrévocablement
décrété dans le Bayan."
Les Tablettes de Baha'u'llah qui désignent et définissent formellement
les institutions des Maisons de Justice internationale et locales; l'institution
des Mains de la Cause de Dieu que créèrent Baha'u'llah puis
'Abdu'l-Baha; l'institution des Assemblées locales et nationales qui
fonctionnaient déjà à l'état embryonnaire peu
de temps avant l'ascension d"Abdu'l-Baha; l'autorité que certaines
Tablettes de l'Auteur de notre Foi et du Centre de Son Covenant ont bien voulu
leur conférer; l'institution du Fonds Local qui agissait conformément
aux injonctions spécifiques adressées par 'Abdu'l-Baha à
certaines Assemblées en Perse; les versets du Kitab-i-Aqdas dont les
inductions anticipent clairement l'institution du Gardien de la Cause; l'explication
qu'en donne 'Abdu'l-Baha dans une de Ses Tablettes, et la manière dont
Il insiste sur le principe héréditaire et la loi de primogéniture,
faisant ressortir que ces deux principes ont été soutenus par
tous les Prophètes du passé; - éléments dont l'ensemble
nous permet de discerner les faibles lueurs et de découvrir les premiers
indices de la nature et du travail de l'Ordre Administratif que le Testament
d"Abdu'l-Baha fut ultérieurement appelé à proclamer et
à formellement établir.
J'ai le sentiment qu'en la présente conjoncture, il y a lieu de tenter
une explication du caractère et des fonctions des piliers jumeaux qui
supportent cette puissante Structure Administrative - l'institution du Gardien
de la Cause et celle de la Maison Universelle de Justice. La description d'ensemble
des divers éléments qui fonctionnent en conjonction avec lesdites
institutions dépasse le but et le dessein de cet exposé général
des vérités premières de la Foi. La définition
fidèle et minutieuse des traits distinctifs de ces deux organes fondamentaux
du Testament d"Abdul'-Baha, ainsi que l'analyse intégrale de la nature
et des connexions qui, d'une part, les relient l'un à l'autre, et d'autre
part, rattachent chacun d'eux à l'Auteur de la Foi et au Centre de
Son Covenant, constitue une tâche que les futures générations
rempliront sans doute de manière adéquate. Mon intention présente
est de commenter certains caractères saillants de ce plan qui, si près
que nous soyons encore de la période initiale de sa colossale structure,
sont déjà si parfaitement définis que nous estimons inexcusables
de les mal juger ou de les ignorer.
Il faut d'abord affirmer, sans ambiguïté et en termes clairs,
que ces institutions jumelles de l'Ordre Administratif de Baha'u'llah doivent
être considérées comme divines dans leur origine, qu'elles
sont essentielles dans leurs fonctions et complémentaires tant dans
leur objet que dans leurs visées. Leur but commun et fondamental est
d'assurer la continuité de l'autorité divinement établie
qui émane de la Source de notre Foi, afin de sauvegarder l'unité
de ses adeptes et de maintenir l'intégrité ainsi que l'adaptabilité
de ses préceptes. Agissant de concert, ces deux institutions inséparables
administrent les affaires de la Cause, coordonnent ses activités, protègent
ses intérêts, exécutent ses lois et défendent ses
institutions Séparé de l'institution du Gardien de la Cause, l'Ordre Mondial
de Baha'u'llah serait mutilé et pour toujours privé de ce principe
héréditaire qui, d'après les écrits d"Abdu'l-Baha,
a été invariablement soutenu par la Loi de Dieu. "Toutes les
Dispensations Divines" constate-t-il dans une Tablette adressée à
un adepte de la Foi en Perse, "ont accordé au fils aîné
des prérogatives extraordinaires. La condition même de prophète
lui a été reconnue par droit de naissance." Sans l'institution
du Gardien de la Cause, l'intégrité de la Foi serait mise en
péril, la stabilité de tout l'édifice serait gravement
menacée. Son prestige souffrirait, les moyens nécessaires au
long maintien ininterrompu d'un même système durant une série
de générations manqueraient totalement, et la direction indispensable
à la définition de la compétence de l'action législative
de ses représentants élus se perdrait.
Disjoint de la non moins essentielle institution de la Maison Universelle
de Justice, ce même Organe du Testament d"Abdu'l-Baha serait paralysé
dans son action et ne pourrait plus combler les lacunes que l'Auteur du Kitab-i-Aqdas
a laissé délibérément exister dans le corps de
Ses ordonnances législatives et administratives.
Quant aux fonctions du Gardien de la Cause, ayant recours dans Son Testament
aux termes dont il avait naguère usé pour réfuter les
arguments des infracteurs du Covenant qui Lui déniaient le droit d'interpréter
les paroles de Baha'u'llah, 'Abdu'l-Baha certifie avec force : "Il est
l'interprète de la Parole de Dieu. Après lui," ajoute-t-il,
"le premier-né de sa descendance directe lui succédera."
Puis il explique: "La puissante forteresse demeurera imprenable et conservera
sa sécurité par l'obéissance à celui qui est le
Gardien de la Cause de Dieu." "Il incombe aux membres de la Maison de Justice
à tout Aghsan, à tout Afnan, aux Mains de la Cause de Dieu,
de témoigner leur obéissance, leur soumission et leur subordination
envers le Gardien de la Cause de Dieu."
"Il incombe aux membres de la Maison de Justice", déclare
d'autre part, Baha'u'llah, dans la Huitième Feuille du Très
Haut Paradis, "de se consulter entre eux au sujet des cas qui n'ont
pas été ouvertement révélés dans le Livre
et de donner force de Loi aux décisions qui leur auront paru justes.
En vérité, Dieu, le Dispensateur, l'Omniscient, les inspirera
selon Sa Volonté." "Quant au Livre le Plus Saint" (le Kitab-i-Aqdas),
affirme 'Abdu'l-Baha dans Son Testament, "chacun doit y avoir recours,
et tout ce qui n'y est pas expressément mentionné doit être
soumis à la Maison Universelle de Justice. Ce que cette assemblée
décide, à l'unanimité ou à la majorité,
est réellement la vérité et le dessein de Dieu. Quiconque
s'en écarte se range vraiment parmi ceux qui aiment la discorde, font
preuve de malice, et se sont détournés du Seigneur du Covenant."
'Abdu'l-Baha ne se borne pas dans Son Testament, à confirmer les déclarations
sus-mentionnées de Baha'u'llah, mais il investit cet organisme du droit
et du pouvoir additionnels d'abroger, selon les exigences du temps, ses propres
ordonnances, aussi bien que celles des Maisons de justice antérieures.
"La Maison de Justice", déclare-t-Il explicitement dans
Son Testament, "ayant le pouvoir de décréter des lois
point expressément formulées dans le Livre et qui portent sur
des affaires courantes, peut également les abroger... Elle le peut
parce que ces lois ne font pas partie de l'explicite texte divin."
Relativement au Gardien de la Cause et à la Maison Universelle de
Justice, nous lisons ces fortes paroles : "La jeune Branche sacrée,
le Gardien de la Cause de Dieu, de même que la Maison Universelle de
Justice qui doit être élue et constituée universellement,
jouissent tous deux de la sollicitude et de la protection de la Beauté
d'Abha, ils sont aussi sous l'égide et l'infaillible direction de l'Être
Exalté (le Bab) (puisse ma vie leur être offerte
en holocauste à tous deux). Quoi qu'ils décident émane
de Dieu."
Cette suite de déclarations prouve de façon claire et indubitable
que le Gardien de la Cause a été érigé l'Interprète
de la Parole sacrée et que la Maison Universelle de Justice a été
investie du pouvoir de légiférer sur les cas non expressément
révélés dans les préceptes. L'interprétation
du Gardien, agissant dans sa propre sphère de compétence, a
une autorité aussi indiscutable que les édits de la Maison Universelle
de Justice, dont le droit et les prérogatives exclusifs sont de prononcer
l'ultime jugement sur des lois et des ordonnances qui n'ont pas fait l'objet
des révélations de Baha'u'llah. Aucune de ces deux institutions
ne peut, ni ne voudra jamais empiéter sur le domaine sacré et
prescrit de l'autre. Elles ne chercheront pas non plus à amoindrir
l'autorité spécifique et certaine dont chacune a été
divinement investie.
Quoique le Gardien de la Cause soit le chef désigné et permanent
d'une aussi auguste assemblée, il ne peut jamais, même temporairement,
assumer le droit exclusif de légiférer. Il lui est interdit
de ne point tenir compte de la décision de la majorité de ses
collègues, mais il est tenu d'insister auprès d'eux pour qu'il
soit procédé à un nouvel examen de toute loi qu'en son
âme et conscience il considère être en désaccord
avec la signification des paroles révélées de Baha'u'llah
ou qui diverge de leur esprit. Il interprète ce qui est spécifiquement
révélé et il ne peut légiférer qu'en sa
qualité de membre de la Maison Universelle de Justice. Il lui est défendu
d'établir de son seul chef la constitution qui doit régir les
activités organisées de ses collègues. De plus il ne
doit pas user de son influence d'une façon qui puisse porter atteinte
à la liberté de ceux dont le droit sacré est d'élire
les membres de la Maison Universelle de Justice.
Il ne faut pas oublier que l'institution de Gardien de la Cause a été
anticipée par 'Abdu'l-Baha dans une allusion que contient une de Ses
tablettes adressée, longtemps avant Son Ascension, à trois amis
persans. Ceux-ci lui ayant demandé si après Son Ascension il
y aurait encore une personne à laquelle tous les Baha'is seraient appelés
à s'adresser, Il leur fit la réponse suivante : "Quant
à la question que vous me posez, sachez en vérité que
ceci est un secret bien gardé. C'est même comme une gemme cachée
dans sa gangue. Il est prédestiné que cela soit révélé.
Le temps viendra où apparaîtra sa lumière, où ses
évidences seront rendues manifestes et ses secrets éclaircis."
Amis très chèrement aimés ! Si éminente que soit
la position et si essentielle la fonction du Gardien de la Cause de l'Ordre
Administratif de Baha'u'llah, et quelque écrasant que doive être
le poids de la responsabilité qu'il supporte, son importance, nonobstant
les commentaires du Testament, ne doit être surestimée à
aucun point de vue. Si grands que soient ses mérites ou ses oeuvres,
le Gardien de la Cause ne doit jamais être élevé au rang
qui ferait de lui un co-partageant avec 'Abdu'l-Baha de la position unique
qu'occupe le Centre du Covenant et il peut encore moins prétendre au
rang réservé à la Manifestation de Dieu. Une aussi grave
infraction aux principes établis de notre Foi ne serait rien moins
qu'un blasphème patent. Ainsi que je l'ai déjà déclaré
au cours de mes allusions à la position d"Abdu'l-Baha, si grand que
soit l'abîme qui le sépare de l'Auteur d'une Révélation
Divine, incomparablement plus grande encore est la distance entre Celui qui
est le Centre du Covenant de Baha'u'llah et les Gardiens. Ses ministres choisis,
Le Gardien est infiniment plus loin du Centre du Covenant que le Centre du
Covenant ne l'est de son Auteur.
J'estime qu'il est de mon devoir de rappeler solennellement qu'aucun Gardien
de la Cause ne pourra jamais prétendre être le parfait représentant
des enseignements de Baha'u'llah ou le miroir immaculé qui réfléchit
Sa lumière. Quoiqu'il soit à l'ombre de l'infaillible et permanente
protection de Baha'u'llah et du Bab, si grande que soit sa participation avec
'Abdu'l-Baha au droit et à l'obligation d'interpréter les préceptes
de Baha'u'llah, le Gardien demeure essentiellement humain et ne peut, s'il
entend demeurer fidèle à son devoir, s'arroger, sous aucun prétexte,
les droits, les privilèges et prérogatives que Baha'u'llah a
bien voulu conférer à Son Fils. A la lumière de cette
vérité, prier au nom du Gardien de la Cause, s'adresser à
lui comme seigneur, et maître, le qualifier de sainteté, rechercher
sa bénédiction, célébrer son jour de naissance,
ou commémorer un événement se rapportant à sa
vie équivaudrait au reniement des vérités fondamentales
contenues dans notre Foi bien aimée. L'attribution au Gardien d'un
pouvoir tel qu'il puisse avoir à expliquer le sens et déceler
les inductions des paroles de Baha'u'llah et d"Abdu'l-Baha ne lui confère
pas nécessairement une situation égale à celle de Ceux
dont il est appelé à interpréter les dires. Il peut exercer
ce droit et remplir cette obligation, tout en demeurant infiniment inférieur
à tous deux en importance et différent en nature.
Tant par leurs paroles que par leurs actes, le Gardien actuel et ceux à
venir doivent témoigner avec insistance de l'intégrité
de ce principe cardinal de notre Foi. Par leur exemple et leur conduite, ils
doivent établir de façon absolue sa vérité sur
une base inattaquable, et transmettre aux générations futures
des témoignages irrécusables de sa réalité.
Pour ma part, hésiter à reconnaître une vérité
aussi essentielle ou à proclamer une conviction aussi absolue, constituerait
une impudente trahison envers la confiance qu"Abdu'l-Baha plaça en
moi et une impardonnable usurpation de l'autorité qui Lui a été
conférée en propre.
Un mot reste à dire à présent au sujet de la théorie
sur laquelle est basé cet Ordre Administratif et du principe directeur
de l'action de ses institutions principales. Il serait tout-à-fait
décevant de tenter une comparaison entre cet Ordre unique de conception
divine et l'un des systèmes imaginés par l'esprit des hommes,
à différentes époques de leur histoire, en vue de la
direction des institutions humaines. Une telle tentative décèlerait
un manque absolu d'appréciation de l'idéale perfection de l'oeuvre
de son Auteur. Comment pourrait-il en être autrement quand nous nous
rappelons que cet Ordre réalise le parangon de la civilisation divine
que la toute puissante Loi de Baha'u'llah est appelée à établir
sur la terre? Les divers et toujours ondoyants systèmes de gouvernement
humain, dans le passé comme dans le présent, qu'ils soient originaires
de l'Orient ou de l'Occident, ne présentent pas de critérium
adéquat à la possibilité d'estimer la puissance de ses
vertus cachées, et de priser à sa valeur la solidité
de ses fondements.
L'État Public Baha'i de l'avenir dont ce vaste Ordre Administratif
constitue la seule charpente est en pratique, comme en théorie. non
seulement unique dans toute l'histoire des institutions politiques mais encore
sans parallèle dans les annales des divers systèmes religieux
du monde. Nulle forme de Cet Ordre Administratif nouvellement né incorpore dans sa structure
certains éléments qui se rencontrent dans chacune des trois
formes de Gouvernement séculier reconnues, sans pour cela être
une réplique d'aucune d'entre elles, et tout en évitant de faire
entrer dans son organisme quelqu'une des dispositions critiquables qui leur
sont inhérentes. Il fond ensemble et harmonise, comme aucun gouvernement
façonné par la main des mortels n'a pu jusqu'ici y parvenir,
les vérités salutaires que renferme certainement chacun desdits
systèmes, sans altérer l'intégrité des vérités
émanées de Dieu sur lesquelles il est définitivement
fondé.
Il serait erroné d'attribuer à l'Ordre Administratif de la
Foi de Baha'u'llah un caractère purement démocratique, car la
condition fondamentale qui oblige toutes les démocraties à obtenir
leur mandat du peuple fait entièrement défaut dans cette Dispensation.
Il ne faut pas perdre de vue que, dans la conduite des affaires administratives
de la Foi, de même que dans l'élaboration des lois destinées
à compléter celles du Kitab-i-Aqdas, les membres de la Maison
Universelle de Justice ne sont pas - les préceptes de Baha'u'llah l'établissent
clairement responsables envers ceux qu'ils représentent. Il leur est
aussi interdit de subir l'influence des sentiments, de l'opinion générale
et même des convictions de la masse des croyants, ou de leurs électeurs
directs. Ils doivent, dans une attitude d'adoration, se conformer aux injonctions
et aux inspirations de leur conscience. Il leur est loisible, ils sont en
vérité même tenus de se renseigner sur l'état de
choses dominant dans la communauté, ils doivent aussi peser dans leur
esprit, sans passion, tout cas soumis à leur examen, mais en se réservant
toutefois le droit exclusif d'une libre décision. L'incontestable assurance
délivrée par Baha'u'llah est que "Dieu, en vérité,
les inspirera de ce qu'Il veut". Eux seuls, et non le corps des électeurs
directs ou indirects, ont été ainsi désignés pour
être les organes de la direction divine, âme et ultime sauvegarde
de cette Révélation. En outre, celui qui symbolise le principe
héréditaire dans cette Dispensation ayant été
fait l'interprète des paroles de son Auteur, cesse en conséquence,
en vertu de l'autorité effective dont il est investi, d'être
le souverain sans pouvoir, partie invariablement intégrante des systèmes
de monarchies constitutionnelles existantes.
On ne peut non plus se détourner de l'Ordre Administratif Baha'i en
lui attribuant la dureté et la rigidité d'un implacable système
autocratique ou bien encore en le tenant pour une servile imitation de quelque
forme de gouvernement ecclésiastique absolutiste, tels la Papauté,
l'Imamat, ou toute autre institution similaire. La raison formelle et évidente
en est que le droit de légiférer sur les cas non expressément
révélés dans les écrits Baha'is n'a été
conféré qu'aux représentants internationaux élus
des adeptes de Baha'u'llah. Ni le Gardien de la Cause, ni aucune autre institution
distincte de la Maison Internationale de Justice ne peut sous aucun prétexte
usurper cette prérogative vitale et essentielle ou empiéter
sur ce droit sacré. La suppression de la prêtrise professionnelle,
des sacrements du baptême, de la communion et de la confession des péchés,
les lois exigeant l'élection par le suffrage universel des membres
de toutes les Maisons de Justice locales, nationales et internationales, l'absence
absolue d'autorité épiscopale et de tous les privilèges,
corruptions et tendances bureaucratiques qui en découlent, sont encore
des preuves du caractère anti-autocratique de l'Ordre Administratif
Baha'i et de sa propension aux méthodes démocratiques dans l'administration
de ses affaires.
Cet Ordre qui s'identifie avec le nom de Baha'u'llah ne doit, non plus, être
confondu avec aucun système de gouvernement purement aristocratique
parce que, si d'une part, il conserve le principe héréditaire
et confie au Gardien de la Cause l'obligation d'interpréter les enseignements
de Baha'u'llah, il pourvoit, d'autre part, à la libre et directe élection,
en les choisissant dans la masse des fidèles, des membres du corps
qui constitue son organe législatif suprême.
Bien que l'on puisse prétendre que cet Ordre Administratif ait été
modelé sur l'un des systèmes reconnus de gouvernement, il n'en
demeure pas moins vrai qu'il incorpore, concilie et assimile dans son cadre
certains des éléments salutaires que chacun d'eux renferme.
La combinaison des éléments suivants: l'autorité héréditaire
que le Gardien est appelé a exercer, les fonctions vitales et essentielles
que remplit la Maison Universelle de Justice, les dispositions spécifiques
exigeant son élection démocratique par les représentants
des fidèles - tend à démontrer cette vérité
: cet Ordre de révélation divine, qu'on ne peut assimiler à
aucun des types de gouvernement cités par Aristote dans ses oeuvres,
incorpore et allie les éléments bienfaisants qui se rencontrent
dans chacun d'eux aux vérités spirituelles qui lui servent de
base. Les tares reconnues inhérentes à chacun de ces systèmes
ayant été rejetées de façon stricte et définitive,
cet Ordre unique, quelque longue que soit sa durée et si étendues
que soient ses ramifications, ne dégénérera jamais en
aucune des formes de despotisme, d'oligarchie et de démagogie qui tôt
ou tard corrompent le mécanisme de toutes les institutions politiques
de création humaine, par essence défectueuses et imparfaites.
Amis chèrement aimés! Quelque significatives que soient les
origines de cette puissante structure administrative, et quelque uniques que
soient ses traits caractéristiques, les événements qui
peuvent être regardés comme annonciateurs de sa naissance et
qui ont signalé la phase initiale de son évolution ne sont pas
moins remarquables. Il y a un contraste frappant et édifiant entre
les progrès lents et sûrs que marque sa consolidation durant
le développement de ses forces naissantes et la ruée dévastatrice
des forces de désintégration qui assaillent les caduques institutions,
religieuses ou séculières, de la société du temps
présent.
La vitalité que manifestent si fortement les institutions organiques
de ce grand Ordre en constant développement; les obstacles que le fier
courage, l'intrépide résolution de ses administrateurs ont déjà
surmontés; l'ardeur d'un enthousiasme inextinguible qui flambe d'une
ferveur toujours égale dans le coeur des enseignants qui parcourent
le monde pour enseigner sa doctrine; le haut degré d'oubli de soi-même
qu'atteignent maintenant ses maîtres constructeurs; la largeur de vues,
l'espoir confiant, la joie créatrice, la paix intérieure, la
rigide intégrité, la discipline exemplaire, l'unité et
la solidarité inaltérable que manifestent ses vaillants défenseurs;
le fait que son Esprit animateur se soit montré a tel point capable
d'assimiler dans son sein des éléments très divers, de
les libérer de tout préjugé et de les fondre dans sa
propre structure - Comparez les splendides manifestations de l'esprit qui anime la vibrante
communauté de la Foi de Baha'u'llah avec les cris et l'agonie, les
folies et les vanités, l'amertume et les préjugés, la
perversité et les divisions d'un monde souffrant et chaotique. Considérez
la peur qui tourmente ses dirigeants et paralyse l'action de ses hommes d'état
aveugles et désorientés. Combien violentes sont les haines,
fausses les ambitions, mesquines les occupations; combien les suspicions des
peuples ont de profondes racines! Combien sont inquiétants la licence,
la corruption, le manque de foi qui font des ravages dans les organes vitaux
d'une civilisation chancelante!
Au moment où le Bras Tout Puissant de Baha'u'llah s'est levé,
ne devrions-nous pas considérer comme l'accompagnement nécessaire
d'un tel événement, ce travail de constante dégradation
qui envahit insidieusement tant de domaines de l'activité et de la
pensée humaines? Ne pourrions-nous pas envisager les événements
mémorables qui, au cours des vingt dernières années,
ont si profondément agité tous les continents de la terre, comme
les signes auguraux qui annoncent simultanément l'agonie d'une civilisation
en état de désagrégation et les douleurs de l'enfantement
de ce nouvel Ordre Mondial - cette Arche du salut de l'humanité- qui
forcément doit surgir sur les ruines du vieux monde ?
L'effondrement catastrophique de plusieurs empires et de puissantes monarchies
sur le continent européen (et l'on peut trouver dans les prophéties
de Baha'u'llah des allusions à certains de ces faits), le déclin
persistant de la prospérité, de la hiérarchie Shi'ih
dans Sa propre terre natale; la chute de la dynastie Qajar, l'ennemie traditionnelle
de Sa foi; l'annihilation du Sultanat et du Califat, piliers de l'islam Sunni,
qui rappelle, de manière frappante, la destruction de Jérusalem
à la fin du premier siècle; les institutions ecclésiastiques
Muhammadanes en Égypte, sapant la loyauté de ses plus fermes
adhérents; les coups humiliants qui ont frappé quelques-unes
des plus puissantes Églises de la Chrétienté en Russie,
à l'ouest de l'Europe et dans 1'Amérique Centrale; la propagation
dans les sphères politiques et sociales de l'activité humaine
de formules subversives qui ont miné les fondations et détruit
la structure de forteresses en apparence intangibles; les signes avant-coureurs,
à l'Occident, de l'imminence d'une catastrophe étrangement similaire
à la Chute de l'Empire Romain et qui menace d'engloutir la contexture
de la civilisation actuelle - sont autant de mémorables événements
qui témoignent du trouble que la naissance de ce puissant organisme
de la Religion de Baha'u'llah a suscité dans le monde - trouble qui
s'accroîtra en étendue et en intensité à mesure
que les inductions de cette Doctrine en constante évolution seront
mieux comprises et que ses ramifications auront pris plus d'extension à
la surface du globe.
Un mot encore pour conclure. La naissance de l'institution de cet Ordre Administratif
- l'écorce qui protège et enchâsse cette gemme précieuse
entre toutes - constitue le sceau caractéristique du second Age de
l'ère baha'ie, celui de l'organisation créatrice. Plus ce stade
s'éloignera de nous, plus il nous apparaîtra comme le principal
agent ayant le pouvoir de faire entrer dans la phase finale le plein accomplissement
de cette glorieuse Dispensation.
Ne permettez à personne, tandis que l'Organisme est encore en enfance,
de méjuger son caractère, d'amoindrir son importance ou de nuire
à son but. La base sur laquelle cet Ordre Administratif est fondé
est l'immuable Dessein de Dieu pour l'humanité en ce jour. La Source
où il prend son inspiration n'est autre que Baha'u'llah Lui-même.
Son égide et ses défenseurs sont les légions embrigadées
du Royaume d'Abha. Sa semence est le sang d'au moins vingt mille martyrs qui
ont fait le sacrifice de leurs existences pour qu'il puisse naître et
prospérer. L'axe autour duquel gravitent ses institutions est l'ensemble
des préceptes souverains du Testament d"Abdu'l-Baha. Ses principes
directeurs sont les vérités si clairement énoncées
par Celui qui est l'infaillible Interprète des préceptes de
notre Foi, dans ses entretiens publics à travers l'Occident. Les lois
qui gouvernent son action et limitent ses fonctions sont celles que prescrit
expressément le Kitab-i-Aqdas. Le trône autour duquel ses activités
spirituelles, humanitaires et administratives se grouperont est le Mashriqu'l-Adhkar
avec ses dépendances. Les piliers qui soutiennent son autorité
et étayent sa structure sont les institutions jumelles du Gardien de
la Cause et de la Maison Universelle de Justice. Le but central, sous-jacent
qui l'anime est l'établissement du Nouvel Ordre Mondial tel que l'a
esquissé Baha'u'llah. Les méthodes qu'il emploie, la doctrine
qu'il inculque ne le font incliner spécialement ni vers l'Est ni vers
l'Ouest, ni vers les Juifs ni vers les Gentils, ni vers le riche ni vers le
pauvre, ni vers l'homme de race blanche ni vers l'homme de couleur. Son mot
d'ordre est l'unification de la race humaine, son drapeau celui de la "Plus
Grande Paix", son accomplissement la venue du Millénaire d'or - le
Jour où les royaumes de ce monde seront devenus le Royaume de Dieu
Lui-même, le Royaume de Baha'u'llah.
incorporés dans ses enseignements, seule de toutes les Révélations
antérieures, cette Foi a su ériger une structure dont les adeptes
égarés de croyances caduques et défaillantes devraient
se rapprocher. Ils devraient l'examiner avec un sens critique, et rechercher,
avant qu'il ne soit trop tard, l'invulnérable sécurité
de sa protection répandue sur le monde entier.
Il n'est point étonnant que Celui qui par la puissance de Sa Volonté
a inauguré un Ordre aussi vaste qu'unique et qui est le Centre d'un
si formidable Covenant ait pu écrire les paroles qui suivent: "Telle
est la puissance et la solidité de ce Pacte que depuis l'origine des
temps jusqu'à l'époque actuelle aucune Dispensation religieuse
n'en a produit de semblable." Il a écrit durant les plus sombres
et les plus périlleux jours de Son ministère: "Tout ce
qu'il y a de latent dans les arcanes de ce cycle saint s'éclairera
graduellement et sera rendu manifeste, car le moment présent n'est
que le début de son développement et l'aurore de la révélation
de ses signes." "Ne craignez pas,", sont Ses paroles rassurantes faisant
prévoir la construction de l'Ordre Administratif conçu dans
Son Testament, "n'ayez nulle crainte si cette Branche est détachée
du monde matériel et si ses pousses sont éparses; ces pousses
éparses fleuriront, car cette Branche croîtra après sa
séparation d'avec le monde d'ici bas, elle atteindra les pinacles les
plus élevés de la gloire, et elle portera de tels fruits que
leur odeur suave parfumera le monde."
subsidiaires. Chacune d'elles opère séparément dans une
sphère de juridiction clairement définie et chacune d'elles
est pourvue d'institutions annexes qui sont sous sa dépendance instruments
destinés à lui permettre d'assumer ses responsabilités
et de remplir ses devoirs particuliers. Chacune exerce, dans les limites qui
lui sont imposées, ses pouvoirs, son autorité, ses droits et
prérogatives. Ceux-ci ne sont nullement contradictoires, et ne portent
aucunement atteinte à l'importance propre à chacune de ces deux
institutions. Loin d'être incompatibles ou de s'annihiler l'une l'autre,
elles se complètent dans leur autorité et leurs fonctions, et
sont de façon permanente et essentielle unies dans leurs objectifs.
gouvernement démocratique, aucun système autocratique ou dictatorial,
tant monarchique que républicain ; aucune organisation intermédiaire
d'ordre purement aristocratique; ni même aucun des types reconnus de
théocraties, tels l'État Hébreu, ou les diverses organisations
ecclésiastiques Chrétiennes, ou encore l'Imamat et le Califat
dans l'islam - ne peuvent s'identifier avec l'Ordre Administratif que la main
maîtresse de son parfait Architecte a créé, ni lui être
reconnus conformes.
constituent les preuves d'une force qu'une société désillusionnée
et tristement ébranlée ne peut guère se permettre d'ignorer.
Shoghi
Haïfa, Palestine, 8 février 1934.