La chronique de Nabil
Nabil-i-A'zam


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CHAPITRE XIII : l'incarcération du Bab dans la forteresse de Mah-Ku

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On a entendu Siyyid Husayn-i-Yazdi raconter ce qui suit: "Durant les dix premiers jours de l'incarcération du Bab à Tabriz, personne ne savait ce qu'il adviendrait de lui. Les bruits les plus incontrôlés couraient dans cette ville. Un jour, j'osai lui demander s'il continuerait à rester où il était ou s'il allait être transféré en un autre lieu. "Avez-vous oublié, répondit-il aussitôt, la question que vous m'aviez posée à Isfahan? Pour une période d'au moins neuf mois, nous demeurerons enfermés au sein du Jabal-i-Basit, (13.1) puis on nous transfèrera dans le Jabal-i-Shadid. (13.2) Ces lieux sont tous deux situés dans les montagnes de Khuy, de part et d'autre de la ville du même nom." Cinq jours après que le Bab eut fait cette prédiction, ordre était donné de nous transférer, lui et moi, à la forteresse de Mah-Ku et de nous confier à la garde d' 'Ali Khan-i-Mah-ku'i."

La forteresse, un bâtiment en pierre à quatre tours, occupe le sommet d'une montagne au pied de laquelle 'étend la ville de Mah-Ku. L'unique route qui y mène passe par ce te ville et se termine par une porte qui est contiguë au siège du gouvernement et gardée fermée en permanence. Cette porte est distincte de celle de la forteresse. Située aux confins des empires ottoman et russe, cette forteresse servait, étant donné sa position culminante et ses avantages stratégiques, comme centre de reconnaissance. L'officier en exercice à cette station observait, en temps de guerre, les mouvements de l'ennemi, surveillait les régions environnantes et rapportait à son gouvernement les éventuels cas d'urgence qu'il remarquait. La forteresse est limitée à l'ouest par la rivière Araxes, qui marque la frontière entre le territoire du shah et l'Empire russe. Au sud s'étend le territoire du sultan de Turquie, la ville-frontière de Bayazid n'étant située qu'à une distance de quatre farsangs (13.3) du mont Mah-Ku. Le garde-frontière en exercice à la forteresse s'appelait 'Ali Khan. Les habitants de la ville sont tous des Kurdes et appartiennent à la secte sunni de l'islam. (13.4)

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Les shi`ahs, qui forment la grande majorité des habitants de la Perse, ont toujours été leurs pires ennemis déclarés. Ces Kurdes abhorrent particulièrement les siyyids de la confession shi`ah, qu'ils considèrent comme les chefs spirituels et principaux agitateurs parmi leurs adversaires. La mère d"Ali Khan étant kurde, le fils était tenu en grande estime et ses ordres étaient implicitement suivis par les habitants de Mah-Ku. Ces derniers le considéraient comme membre de leur propre communauté et avaient une confiance absolue en lui.

Haji Mirza Aqasi n'avait délibérément oeuvré en vue de l'exil du Bab dans un coin si perdu, si inhospitalier et si dangereusement situé du territoire impérial que, dans l'unique but d'arrêter le flot de son influence croissante et de couper tous les liens qui l'unissaient à ses disciples à travers tout le pays. Certain que peu de personnes, s'il y en eût, oseraient pénétrer dans une région aussi sauvage et aussi agitée, habitée par une population aussi rebelle, il s'imaginait sottement que cette séparation forcée de son prisonnier d'avec les intérêts et les occupations de ses disciples tendrait petit à petit à arrêter le mouvement à sa naissance même et aboutirait finalement à son extinction. (13.5) Il dut bientôt réaliser, cependant, qu'il s'était sérieusement trompé sur la nature de la révélation du Bab et qu'il avait sous-estimé la force de son influence. L'esprit turbulent de ce peuple insoumis devait être bientôt subjugué par les manières aimables du Bab, et son coeur devait s'adoucir sou l'effet ennoblissant de son amour. L'orgueil de ces gens devait se transformer en humilité grâce à sa modestie sans égale, et leur arrogance irraisonnée s'atténuer devant la sagesse de ses paroles. La ferveur que le Bab avait suscitée en leurs coeurs était telle que leur premier acte tous les matins, était de chercher un endroit d'où ils pourraient apercevoir son visage, converser intimement avec lui et l'implorer de bénir leur travail quotidien. En cas de conflit ils avaient pris l'habitude d'aller instinctivement à cet endroit, de fixer leur regard sur sa prison, d'invoquer son nom et de s'adjurer mutuellement de dire la vérité. 'Ali Khan essaya à plusieurs reprises de les en dissuader, mais se sentit incapable d'étouffer leur enthousiasme. Il accomplit ses fonctions avec la sévérité la plus extrême et refusa de permettre aux disciples reconnus du Bab de résider, ne fût-ce que pour une nuit, dans la ville de Mah-Ku. (13.6)

"Pendant les deux premières semaines", relata encore Siyyid Husayn, "personne ne fut autorisé à rendre visite au Bab. Seuls mon frère et moi pouvions aller auprès de lui. En compagnie de l'un des gardes, Siyyid Hasan descendait chaque jour dans la ville pour acheter ce dont nous avions besoin pour la journée.

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Shaykh Hasani-Zunuzi, qui était arrivé à Mah-Ku, passait les nuits dans un masjid situé au-delà de la porte de la ville. Il servait d'intermédiaire entre ceux des disciples du Bab qui, occasionnellement visitaient Mah-Ku et Siyyid Hasan, mon frère qui, à son tour, soumettait les demandes des fidèles à leur maître et mettait Shaykh Hasan au courant de sa réponse."

"Un jour, le Bab chargea mon frère d'informer Shaykh Hasan que lui, le Bab, demandait à 'Ali Khan de changer d'attitude envers les croyants qui visitaient Mah-Ku et de relâcher sa sévérité. "Dites-lui, ajouta-t-il, que je chargerai demain le gardien de l'amener ici." Je fus très surpris d'entendre un tel message. Comment l'autoritaire et obstiné 'Ali Khan pouvait-il, me dis-je, être amené à relâcher la sévérité de sa discipline? Le lendemain de bonne heure, alors que la porte de la forteresse était encore fermée, nous eûmes la surprise d'entendre frapper à la porte; nous savions très bien qu'ordre avait été donné de ne laisser entrer personne avant le lever du soleil. Nous reconnûmes la voix d' 'Ali Khan qui semblait faire des remontrances aux gardes; l'un de ceux-ci entra peu après et me déclara que le gardien de la forteresse insistait pour être reçu par le Bab. Je fis part de son message au Bab, qui me donna l'ordre de l'introduire auprès de lui. En traversant le seuil de son antichambre, je vis 'Ali-Khan debout sur le seuil dans une attitude de soumission totale, son visage trahissant un sentiment d'humilité et d'émerveillement inhabituels. Son orgueil et son sentiment de supériorité semblaient l'avoir totalement abandonné. Il répondit de manière humble et très courtoise à mon salut et me pria de lui permettre d'aller auprès du Bab. Je le conduisis à la chambre qu'occupait mon maître. Ses membres tremblaient au moment où il me suivit. Une agitation intérieure qu'il ne pouvait dissimuler se lisait sur son visage. Le Bab se leva de son siège et lui souhaita la bienvenue. S'inclinant avec respect, 'Ali Khan s'approcha de lui et se jeta à ses pieds. "Libérez-moi, demanda-t-il, de ma perplexité. Je vous supplie, par le Prophète de Dieu, votre illustre ancêtre, de dissiper mes doutes, car leur poids m'a presque brisé le coeur. J'allais à cheval par des endroits inhabités et m'approchais de la porte de la ville lorsque soudain, à l'aube, je vous vis debout au bord de la rivière, occupé à faire votre prière. Les bras ouverts et les yeux levés, vous invoquiez le nom de Dieu. Je restai debout et vous observai. J'attendais la fin de votre prière pour m'approcher de vous et vous réprimander pour avoir osé quitter la forteresse sans mon autorisation.

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Dans votre communion avec Dieu, vous étiez si absorbé dans l'adoration que vous étiez totalement oublieux de vous-même. Je m'approchai tranquillement de

vous mais, dans votre état d'extase, vous ne vous aperçûtes même pas de ma présence. Je fus pris soudain d'une grande peur et reculai devant l'idée de vous tirer de votre extase. Je décidai de vous quitter et d'aller vers les gardes afin de les blâmer pour leur conduite négligente. Je découvris peu après, à mon grand étonnement, que les portes extérieure et intérieure étaient toutes deux fermées. On les ouvrit à ma demande, on m'introduisit auprès de vous et, tout ébahi, je vous vois à présent assis devant moi. Je me sens totalement perdu. Je me demande si ma raison ne m'a pas abandonné." Le Bab répondit: "Ce dont vous avez été témoin est authentique et indéniable. Vous avez sous-estimé cette révélation et dédaigné avec mépris son auteur. Dieu, le Très-Miséricordieux, ne voulant pas vous affliger de son châtiment, a bien voulu vous révéler la vérité. Par sa divine intervention, il a instillé dans votre coeur l'amour de son élu et vous a fait reconnaître le pouvoir irrésistible de sa foi."

Cette merveilleuse expérience transforma le coeur d' 'Ali Khan. Ces paroles avaient calmé son agitation et vaincu son animosité acharnée. Par tous les moyens en son pouvoir, il décida de se racheter de ses actions passées. "Un pauvre homme, un shaykh," dit-il avec empressement au Bab, "désire ardemment venir auprès de vous. Il vit dans une mosquée située au-delà de la porte de Mah-Ku. Je vous prie de me permettre de l'amener ici afin qu'il puisse vous rencontrer. J'espère par cet acte voir mes mauvaises actions pardonnées et pouvoir effacer les souillures de mon comportement cruel envers vos amis." Sa demande fut acceptée, après quoi il alla directement chez Shaykh Hasan-i-Zunuzi et le conduisit auprès de son maître.

'Ali Khan commença à prendre, selon les limites qui lui étaient imposées, toutes les mesures propres à atténuer la rigueur de la captivité du Bab. La nuit, la porte de la forteresse restait encore fermée; durant le jour, cependant, ceux que le Bab désirait voir étaient autorisés à lui rendre visite, à s'entretenir avec lui et à recevoir ses instructions.

Pendant son incarcération dans cette forteresse, le Bab consacrait son temps à la rédaction du Bayan persan, le plus important, le plus lumineux et le plus complet de tous ses ouvrages. (13.7) Il y exposa les lois et les préceptes de sa dispensation, annonça clairement et avec force l'avènement d'une révélation ultérieure et demanda avec insistance à ses disciples de chercher et de trouver "celui que Dieu rendrait manifeste", (13.8) les avertissant de ne pas laisser les mystères et les allusions contenues dans le Bayan les empêcher de reconnaître sa cause. (13.9)

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J'ai entendu Shaykh Hasan-i-Zunuzi affirmer ce qui suit: "La voix du Bab, lorsqu'il dictait les enseignements et les principes de sa foi, pouvait être entendue avec netteté de ceux qui résidaient au pied de la montagne. La mélodie de sa récitation et le flot rythmé des versets qui jaillissaient de ses lèvres nous charmaient et pénétraient jusqu'au plus profond de notre âme. La montagne et la vallée retentissaient de la majesté de sa voix. Nos coeurs vibraient au plus profond d'eux-mêmes à l'appel de son verbe." (13.10)

Le relâchement progressif de la rigoureuse discipline imposée au Bab encouragea un nombre toujours croissant de ses disciples à venir des différentes provinces de la Perse pour lui rendre visite dans la forteresse de Mah-Ku. Un flot incessant de pèlerins dévots et passionnés étaient conduits aux portes de cette forteresse par les soins aimables et cléments d' 'Ali Khan. (13.11) Après un séjour de trois jours, ils étaient invariablement congédiés par le Bab, après avoir reçu l'ordre de retourner à leurs champs d'activité respectifs pour reprendre leurs travaux en vue de la consolidation de sa foi. 'Ali Khan lui-même ne manquait jamais de venir chaque vendredi présenter ses hommages au Bab et l'assurer de sa loyauté et de son dévouement inébranlables. Il lui apportait souvent les fruits les mieux choisi et les plus rares que l'on pût trouver aux alentours de Mah-Ku, et lui offrait toujours des friandises susceptibles, selon lui, de lui sembler agréables et savoureuses.

Le Bab passa ainsi l'été et l'automne dans cette forteresse. L'hiver qui suivit fut si rigoureux que même les ustensiles en cuivre souffrirent de l'intensité du froid. Le début de cette saison coïncida avec le mois de muharram de l'an 1264 après l'hégire. (13.12) L'eau dont se servait le Bab pour faire ses ablutions était si glaciale que les gouttes scintillaient en gelant au contact de son visage. Il faisait toujours venir Siyyid Husayn à la fin de chaque prière et lui demandait de lui lire à haute voix un passage du Muhriqu'l-Qulub, une oeuvre rédigée par feu Haji Mulla Mihdi, l'aïeul de Haji Mirza Kamalu'd-Din-i-Naraqi, dans laquelle l'auteur exalte les vertus de l'Imam Husayn, se lamente sur sa mort et relate les circonstances de son martyre. Le récit de ces souffrances suscitait une intense émotion dans le coeur du Bab. Il ne pouvait retenir ses larmes en écoutant la narration des indescriptibles outrages qui avaient accablé l'Imam Husayn, et des horribles souffrances qu'il avait endurées de la part d'un ennemi perfide.

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Lorsqu'on lui décrivait les circonstances de cette vie tragique, le Bab pensait toujours à cette tragédie plus grande encore qui était destinée à marquer l'avènement du Husayn promis. Ces atrocités du passé ne représentaient pour lui qu'un symbole qui laissait présager des pires afflictions que son propre Husayn bien-aimé devait bientôt endurer aux mains de ses compatriotes. Il pleurait lorsqu'il se représentait les calamités que celui qui devait être manifesté était destiné à souffrir, calamités telles que l'Imam Husayn n'en avait point subi de pareilles, même au milieu de ses supplices. (13.13)

Dans l'un de ses Ecrits, révélé en l'an 60 après l'hégire, le Bab déclare ce qui suit: "L'esprit de prière qui anime mon âme est la conséquence directe d'un rêve que j'ai fait durant l'année précédant la déclaration de ma mission. Dans ma vision, je vis la tête de l'Imam Husayn, le siyyidu'sh-shuhadai', pendue à un arbre. Des gouttes de sang perlaient à profusion de sa gorge lacérée. Rempli de sentiments d'une joie inégalable, je m'approchai de cet arbre et, tendant mes bras, je recueillis quelques gouttes de ce sang sacre et les bus avec ferveur. Lorsque je sortis de mon rêve, je sentis que l'Esprit de Dieu avait pénétré en moi et pris possession de mon âme. Mon coeur débordait du bonheur de sa divine présence et dans toute leur gloire les mystères de sa révélation se trouvaient résolus devant mes yeux.

A peine Muhammad Shah avait-il condamné le Bab à la captivité dans les montagnes fortifiées d'Adhirbayjan qu'il fut affligé d'un soudain revers de fortune, revers tel qu'il n'en avait jamais connu de pareil et qui toucha les fondements mêmes de son Etat. Un désastre épouvantable frappa les forces qui avaient pour mission le maintien de l'ordre intérieur à travers les provinces. (13.14) L'étendard de la rébellion fut hissé dans le Khurasan, et la consternation provoquée par ce soulèvement fut si grande que la campagne projetée par le Shah à Hiràt fut aussitôt abandonnée. La prodigalité et l'insouciance de Haji Mirza Aqasi avaient transformé en flammes les feux épars du mécontentement des masses, les exaspérant et les encourageant à la sédition et aux méfaits. Les éléments les plus turbulents du Khurasan, qui peuplaient les ré g ions de Quchan, Bujnurd et Shiravan se liguèrent avec le salar, fils de 1'asifu'd-dawlih, l'oncle maternel aîné du Shah et gouverneur de la province, et rejetèrent l'autorité du gouvernement central. Toutes les forces qu'on envoya de la capitale furent aussitôt vaincues par les principaux instigateurs de la rébellion. Ja'far-Quli Khan-i-Namdar et Amir Arslan Khan, fils du Salar, qui menait les opérations contre les forces du Shah, firent preuve d'une cruauté extrême et, après avoir repoussé les attaques de l'ennemi, tuèrent sans merci leurs prisonniers.

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Mulla Husayn séjournait alors à Mashhad (13.15) et s'efforçait, en dépit du tumulte qu'avait causé cette révolte, de propager la connaissance de la nouvelle révélation. A peine avait-il découvert que le sâlàr, dans son désir d'étendre le champ d'action de la rébellion, s'était décidé à prendre contact avec lui et à obtenir son soutien, qu'il décida promptement de quitter la ville afin d'éviter d'être mêlé aux complots de ce chef fier et rebelle. En pleine nuit, suivi seulement de Qambar-'Ali qui était son serviteur, il partit à pied en direction de Tihran, d'où il entendait aller visiter l'Adhirbayjan, province où il espérait rencontrer le Bab. Ses amis, lorsqu'ils apprirent la façon dont il était parti, se procurèrent aussitôt ce qui pouvait ajouter au confort de son long et pénible voyage, et se hâtèrent de le rejoindre. Mulla Husayn déclina leur aide. "J'ai fait le voeu, dit-il, de parcourir à pied tout le trajet me séparant de mon Bien-Aimé. Je ne relâcherai mes efforts que lorsque j'aurai atteint ma destination." Il essaya même de persuader Qambar-'Ali de retourner à Mashhad mais finalement fut obligé de céder aux supplications de celui-ci qui lui demandait la permission de le servir durant son pèlerinage dans l'Adhirbayjan.

Sur le chemin de Tihran, Mulla Husayn reçut un accueil enthousiaste de la part des croyants des différentes villes par lesquelles il passa. Ceux-ci lui adressèrent la même demande et reçurent la même réponse. J'ai entendu le témoignage suivant de la bouche d'Aqay-i-Kalim:

"Lorsque Mulla Husayn arriva à Tihran, j'allai lui rendre visite en compagnie d'un grand nombre de croyants. Il nous sembla être l'incarnation même de la constance, de la piété et de la vertu. Il nous inspirait par la rectitude de son comportement et l'ardeur de sa loyauté. Sa force de caractère et l'intensité de sa foi étaient telles que nous eûmes la conviction qu'il serait capable, seul et sans appui, de faire triompher la foi de Dieu." Il fut introduit en secret auprès de Baha'u'llah et, peu après son entrevue, partit pour l'Adhirbayjan.

La nuit précédant son arrivée à Mah-Ku, qui était la veille du quatrième Naw-Ruz après la déclaration de la mission du Bab et qui tombait, cette année-là, la 1264ème de l'hégire, (13.16) le 13 du mois de rabi'u'th-thani, 'Ali Khan fit un rêve. "Dans mon sommeil, raconte-t-il, je fus saisi d'apprendre subitement que Muhammad le prophète de Dieu, devait bientôt arriver à Mah-Ku, qu'il devait se rendre directement à la forteresse afin de rendre visite au Bab et lui présenter ses voeux à l'occasion de la fête de Naw-Ruz.

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Dans mon rêve, je courus à sa rencontre, empressé que j'étais d'offrir à un visiteur aussi sacré l'expression de mon humble bienvenue. Dans un état de joie indescriptible, je me précipitai à pied en direction de la rivière et, en arrivant au point qui se trouvait à une distance d'un maydan (13.17) de la ville de Mâh-Ku, je vis deux hommes qui s'avançaient vers moi. Je pris l'un d'eux pour le Prophète lui-même et l'autre, celui qui marchait derrière, me parut être l'un des ses distingués compagnons. Je me hâtais d'aller me jeter aux pieds de Muhammad, et j'étais en train de m'incliner pour baiser le pan de son vêtement, lorsque, soudain, je sortis de mon rêve. Une grande joie avait envahi mon âme. C'était comme si mon coeur avait reçu en don le paradis lui-même, avec toutes ses délices. Convaincu de la réalité de ma vision, je fis mes ablutions, puis ma prière, revêtis mes plus beaux habits, me parfumai ,et partis vers l'endroit où, la nuit auparavant, j'avais vu dans mon rêve le visage du Prophète. J'avais donné l'ordre à mes domestiques de seller trois de mes meilleurs et de mes plus rapides chevaux et de les conduire aussitôt sur le pont. Le soleil s'était à peine levé lorsque, seul et sans escorte, je sortis à pied de la ville de Mah-Ku pour aller à la rivière. En m'approchant du pont, je découvris, le coeur palpitant d'émerveillement, les deux hommes que j'avais vus dans mon rêve marchant l'un derrière l'autre et qui s'approchaient de moi. Instinctivement je tombai aux pieds de celui que je croyais être le Prophète, et les baisai avec dévotion. Je les priai alors, lui et son compagnon, de monter les chevaux que j'avais préparés en vue de leur entrée à Mah-Ku. "Jamais, répondit le premier; j'ai fait le voeu d'accomplir tout mon voyage à pied. C'est à pied que j'irai au sommet de cette montagne rendre visite à votre prisonnier."

Cette étrange expérience d' 'Ali Khan accrut encore son respect envers le Bab. Sa foi en la potentialité de sa révélation devint encore plus intense et plus grand encore son dévouement envers lui. Dans une attitude d'humilité et de soumission, il suivit Mulla Husayn jusqu'à ce qu'ils fussent parvenus à la porte de la forteresse. Dès que le regard de Mulla Husayn tomba sur le visage de son maître, qui se tenait debout sur le seuil de la porte, il s'arrêta aussitôt et, s'inclinant très bas devant lui, resta immobile à ses côtés. Le Bab lui tendit les bras et l'embrassa affectueusement. Le prenant par la main, il le conduisit à sa chambre. Il appela ensuite ses amis auprès de lui et célébra en leur compagnie la fête de Naw-Ruz. Des plats remplis de sucreries et de fruits succulents avaient été étalés devant lui.

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Il les distribua à ses amis réunis et, en offrant quelques coings et pommes à Mulla Husayn, il dit: "Ces fruits délicieux nous viennent de Milan, 1' Ard-i-Jannat, (13.18) et ont été spécialement cueillis et consacrés à cette fête par Ismu'llahu'l-Fatiq, Muhammad-Taqi."

Avant cette rencontre, personne, parmi les disciples du Bab, sinon Siyyid Husayn-i-Yazdi et son frère, n'avait été autorisé à passer la nuit à l'intérieur de la forteresse. Ce jour-là, 'Ali Khan vint auprès du Bab et lui dit: "Si vous désirez garder Mulla Husayn en votre compagnie pour cette nuit, je suis prêt à me conformer à votre désir, car je n'ai pas de volonté propre. Je m'engage à exécuter votre ordre, aussi longtemps que vous désirerez le garder auprès de vous." Les disciples du Bab continuèrent à arriver en nombre croissant à Mah-Ku et furent introduits, aussitôt et sans la moindre restriction, auprès de lui.

Un jour, alors qu'il regardait du toit de la forteresse, en compagnie de Mulla Husayn, le paysage de la campagne environnante, le Bab fixa l'ouest et, montrant l'Araxes qui serpentait au loin au-dessous de lui, se tourna vers Mulla Husayn et lui dit: "C'est de cette rivière que le poète Hafiz a parlé en ces termes: "O zéphir, si tu viens à passer par les rives de l'Araxes, dépose un baiser sur la terre de cette vallée et parfume ton souffle! Salut à toi, mille saluts à toi, ô demeure de Salma! Comme la voix de tes chameliers m'est chère, comme le tintement de tes cloches m'est doux!" (13.19)

PHOTO: vue de Milan, dans l'Adhirbayjan

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Votre séjour dans ce pays tire à sa fin. S'il n'avait été de courte durée, nous vous aurions montré la "demeure de Salma" comme nous avons révélé à vos yeux les "rives de l'Araxes". Par "demeure de Salma", le Bab entendait la ville de Salmas, qui se trouve dans le voisinage de Chihriq et que les Turcs désignent sous ce nom. Poursuivant ses remarques, le Bab dit: "C'est l'influence directe du Saint-Esprit qui fait jaillir de la bouche des poètes des paroles telles que leur signification en reste souvent cachée aux yeux mêmes de leurs auteurs. Le verset suivant est également d'inspiration divine: "Shiraz sera la proie de tumultes; un jeune homme au verbe doux comme le miel apparaîtra. Je crains que le souffle de sa bouche ne provoque agitation et révolte à Baghdad. Le mystère que recèle ce verset demeure à présent caché; il sera révélé en l'an après Hin." (13.20) Le Bab cita ensuite cette fameuse tradition: "Des trésors gisent cachés en dessous du trône de Dieu; la clef de ces trésors est la langue des poètes." Il raconta ensuite à Mulla Husayn, dans l'ordre, les événements qui devaient arriver et le pria de ne les mentionner à personne. (13.21) "Quelques jours après votre départ de ce lieu", lui fit savoir le Bab, "l'on nous transfèrera vers une autre montagne. Avant votre arrivée à destination, la nouvelle de notre départ de Mah-Ku vous sera parvenue.

La prédiction qu'avait faite le Bab se réalisa peu après. Ceux qui avaient été chargés d'observer en secret les mouvements et la conduite d"Ali Khan soumirent à Haji Mirza Aqasi un rapport détaillé, dans lequel ils s'étendaient sur la dévotion extrême de celui-ci envers son prisonnier et décrivaient les événements qui tendaient à confirmer leurs déclarations. "Jour et nuit, lui écrivirent-ils, on peut voir le gardien de la forteresse de Mah-Ku en compagnie de son prisonnier dans un état de liberté et d' amitié sans entraves. 'Ali Khan, qui refusait obstinément de donner sa fille en mariage à l'héritier du trône de la Perse, sous le prétexte qu'un tel acte rendrait les parents sunnis de sa mère si furieux qu'ils n'hésiteraient pas à le tuer en même temps que sa fille, nourrissait comme plus cher désir l'hymen de cette même fille avec le Bab. Ce dernier refusa, mais 'Ali Khan persista dans sa supplication. S'il n'y avait eu le refus du prisonnier, le mariage aurait déjà été célébré." 'Ali Khan avait effectivement présenté une telle requête et avait même demandé à Mulla Husayn d'intercéder en sa faveur auprès du Bab, mais Mulla Husayn n'avait pu obtenir le consentement de son maître.

Ces rapports malveillants eurent un effet immédiat sur Haji Mirza Aqasi.

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La peur et le ressentiment poussèrent à nouveau ce ministre capricieux à promulguer un ordre péremptoire en vue du transfert du Bab à la forteresse de Chihriq.

Vingt jours après Naw-Ruz, le Bab fit ses adieux aux habitants de Mah-Ku qui, au cours de ses neuf mois de captivité avaient reconnu d'une manière remarquable la puissance de sa personnalité et la grandeur de son caractère. Mulla Husayn qui, conformément aux ordres du Bab, avait déjà quitté Mah-Ku, se trouvait encore à Tabriz lorsque lui parvint la nouvelle du transfert de son maître à Chihriq, transfert que celui-ci avait prédit. En faisant son dernier adieu à Mulla Husayn, le Bab lui adressa ces paroles: "Vous avez marché à pied pendant tout votre voyage qui vous a mené de votre province natale jusqu'ici. De même devrez-vous retourner à pied à votre destination, car les jours où vous devrez faire preuve de votre adresse en tant que cavalier sont pour plus tard. Vous êtes destiné à montrer un courage, une habileté et un héroïsme tels que les actes les plus formidables des héros du passé en seront éclipsés. Vos exploits audacieux vous gagneront la louange et l'admiration des habitants du royaume éternel. Vous devriez, sur votre chemin, rendre visite aux croyants de Khuy, d'Urumiyyih, de Maraghih, de Milan, de Tabriz, de Zanjan, de Qazvin et de Tihran. Vous transmettrez, à chacun d'entre eux l'expression de mon amour et de ma tendre affection. Vous vous efforcerez d'enflammer à nouveau leur coeur par le feu de l'amour de la beauté de Dieu et de raffermir leur foi en sa révélation. De Tihran, vous vous rendrez au Mazindaran, où sera manifesté à vos yeux 1e trésor caché de Dieu. Vous serez appelé à accomplir des actes d' une grandeur telle qu'ils minimiseront les plus grands exploits du passé. C'est là que la nature de votre tâche vous sera révélée et que force et conseils vous seront accordés afin que vous soyez apte à servir sa cause.

C'est au matin du neuvième jour après Naw-Ruz que Mulla Husayn se mit en route, conformément aux ordres de son maître, pour accomplir son voyage au Mazindaran. Quant à Qambar-'Ali, le Bab lui adressa les paroles d'adieu suivantes: "Le Qambar-'Ali du passé se glorifiera de ce que son homonyme a vécu assez longtemps pour témoigner d'un jour auquel celui (13.22) qui était le Seigneur de son seigneur avait aspiré en vain; jour dont il avait dit, avec une vive nostalgie: "Puissent mes yeux contempler les visages de mes frères qui ont eu le privilège de parvenir à ce jour!"

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NOTE DU CHAPITRE 13:

(13.1) Littéralement: "La Montagne ouverte", allusion à Mah-Ku. La valeur numérique de "Jabali-Basit" équivaut à celle de "Mah-Ku".

(13.2) Littéralement: "La Montagne terrible", allusion à Chihriq. La valeur numérique de "Jabal-i-SHadid" équivaut à celle de "Chihriq."

(13.3) Voir glossaire.

(13.4) "Il habite une montagne dont les habitants ne peuvent même pas prononcer le mot "Jannat" (paradis), qui est un mot arabe: comment dès lors en pourraient-ils comprendre le sens. Vois dès lors ce qui se passe pour la vérité des existences." ("Le Bayan Persan", vol. IV, p. 14).

(13.5) "Patrie du premier ministre, sur la frontière de l'Adhirbayjan, cette ville est sortie de son obscurité sous l'administration de ce ministre, et beaucoup de gens à Mah-Ku furent élevés aux premiers postes de l'État, grâce à leur servilité pour Haji Mirza Aqasi". (Journal Asiatique, 1866, tome VII, p. 356, note 1.)

(13.6) "C'est le Bab lui-même qui nous indique comment sa vie se passait dans la prison où il était enfermé. Ses plaintes, si fréquentes dans le Bayan, doivent, je pense, être dues à des resserrements de discipline provenant d'ordres venus de temps en temps de Tihran. Tous les historiens, en effet, tant les Babis, que les Musulmans, nous disent que, malgré les ordres sévères d'empêcher toutes communications du prisonnier avec le monde extérieur, le Bab recevait une foule de disciples, et d'étrangers dans sa prison. (L'auteur du Mutanabbiyyin écrit: "Les Babis de toutes les parties de la terre se rendaient en Adhirbayjan, en pèlerinage auprès de leur chef.") ... "Oh! Quel est ton aveuglement, ô ma créature! Ce que tu fais, tu le fais pensant me contenter! Et malgré ces versets qui me prouvent moi-même, ces versets qui découlent de ma puissance et dont le trésor est l'être même de ce personnage (le Bab), malgré ces versets qui ne sortent de sa bouche qu'avec ma permission, voilà que, sans aucune espèce de droit, vous l'avez mis au sommet d'une montagne dont les habitants ne sont même pas dignes qu'on les cite. Près de lui, ce qui est près de moi, il n'y a personne si ce n'est une des Lettres de la Vie de mon livre. Entre ses deux mains, qui sont mes deux mains, il n'y a même pas un serviteur, pour allumer, la nuit, la lampe. Et voilà que les hommes qui sont sur terre n'ont été créés que pour son existence: c'est par sa bienveillance qu'ils sont dans la joie, et ils ne lui donnent même pas une lumière!" (Unité 2, porte 1). 'Le fruit (de la religion islamique) c'est de croire à la Manifestation (du Bab) et on l'emprisonne à Mah-Ku!" (Unité 2, porte 7). Tout ce qui appartient à l'homme du Paradis est en Paradis.


Cette chambre solitaire (dans laquelle je suis) et qui n'a même pas de porte, est aujourd'hui le plus grand des jardins du Paradis, car l'arbre de la Vérité y est planté. Tous les atomes qui la composent crient En vérité, il n'y a pas d'autre dieu que Dieu ! En vérité je suis Dieu, et il n'y a as d'autre dieu que moi le Seigneur de l'Univers!" (Unité 2, porte 16). (Le fruit de cette porte est que les hommes voyant qu'il est permis de faire tout cela pour le Bayan (dépenser tant d'argent) qui n'est que la trace de celui que Dieu doit manifester, doivent se rendre compte de ce qu'il faut faire pour celui que Dieu doit manifester quand il apparaîtra, afin qu'il ne (lui) an-ive pas ce qui (m') arrive aujourd'hui. C'est-à-dire qu'il y a de par le monde beaucoup de Qur'an valant mille tumans, alors que celui qui fait descendre des versets (le Bab) est mis sur une montagne dans une chambre construite en briques séchées au soleil. Et cependant cette chambre est l'Arche (9è ciel, séjour de la divinité) même. Que cela serve d'exemple aux Bayanis afin qu'ils ne fassent pas envers lui, ce que les Qur'anis, ont fait vis-à-vis de moi." (Unité 3, porte 19) (A.L.M. Nicolas "Siyyid Ali-Muhammad dit le Bab", pp. 365-7.) t'Tous croient à lui, et ils l'ont emprisonné sur une montagne! Tous sont par lui dans l'allégresse, et ils l'ont abandonné tout seul ! Aucun feu n'est plus ardent pour ceux qui ont agi ainsi que leurs oeuvres mêmes; de même, pour les croyants, aucun Paradis n'est plus haut que leur foi même" ("Le Bayan Persan", vol. I, pp. 126-7.)

(13.7) "Une grande foule, continuait d'arriver de toutes parts pour visiter le Bab, et les Écrits qui émanèrent de sa plume inspirée durant cette période furent si nombreux qu'ils atteignirent et dépassèrent en tout les cent mille versets." (Le "Tarikh-i-Jadid", p. 238.) "Voyez, environ cent mille lignes semblables à ces versets se sont répandues parmi les hommes sans compter les oraisons jaculatoires et les questions de science et de philosophie." ("Le Bayan Persan", Vol. 1, p. 43.) "Vois aussi au sujet du Point du Bayan. Ceux qui le connaissaient, savent quel était son rang avant la manifestation; mais après la manifestation et quoique jusqu'à aujourd'hui il ait produit plus de cinq cent mille bayts (versets) sur des sujets divers, on n'en prononce pas moins contre lui, des paroles que la plume se refuse à répéter." ("Le Bayan Persan", Vol. III, p. 113.) "Les versets qui ont pin de ce Nuage de divine bonté (le Bab), ont été si abondants que personne jusqu'à présent n'a encore été capable d'en estimer le nombre. On dispose actuellement d'une vingtaine de volumes. Combien en existent-ils encore qui sont hors de la portée de notre main! Combien ont été pillés et sont tombés aux mains de l'ennemi, ouvrages dont personne ne connaît le sort!" (Le "Kitabi-Iqan", pp. 182-3.)

(13.8) Allusion à Baha'u'llah. "À Mulla Baqir, une des Lettres du Vivant - que la gloire et la faveur de Dieu soient sur lui - il (le Bab) adresse ces paroles "Peut-être, au cours de la huitième année, jour de sa manifestation, pourras-tu parvenir en sa présence." ("l'Épître au fils du Loup", p. 129.)

(13.9) "C'est toujours dans le même ordre d'idées qu'une fois enfermé à Mah-Ku, il adresse une longue lettre au Shah (Muhammad Shah) que nous allons analyser ici. Le document commence, comme presque tous les documents littéraires du Bab, par une louange exaltée de l'Unité Divine. Le Bab continue en louant, comme il convient, Muhammad et les douze Imams qui, comme on le verra dans le second volume de cet ouvrage, sont les pierres angulaires de l'édifice du Bayan. "Et moi j'affirme, s'écrie-t-il, que tout ce qui est dans ce monde de possibilités autre qu'eux n'est auprès d'eux que le néant absolu, et si on peut le mentionner, ce tout, ce n'est que comme l'ombre d'une ombre. Je demande pardon à Dieu de ces limites que je viens de leur assigner, car en vérité le dernier degré des louanges qu'on en peut faire est de reconnaître en face d'eux, qu'on ne peut les louer ...C'est pourquoi Dieu m'a créé d'une boue telle que personne n'a été créé d'une boue pareille. Et Dieu m'a donné ce que les savants dans leur science ne peuvent comprendre, ce que personne ne peut connaître à moins d'être complètement anéanti en face d'un signe d'entre mes signes ...


Sache, qu'en vérité, je suis une colonne de la première parole: cette parole que quiconque l'a connue a connu Dieu tout entier et est entré dans le bien universel. Celui qui n'a pas voulu la connaître est resté ignorant de Dieu et est entré dans le mal universel. J'en jure par ton Dieu, le Maître des deux mondes, celui qui vit ici-bas aussi longtemps que le permet la nature, et reste toute sa vie l'esclave de Dieu dans toutes les oeuvres de bien qu'embrasse la science de Dieu, s'il a dans son coeur de l'inimitié contre moi, fût-ce si peu que Dieu seul le pusse comprendre, alors toutes ses bonnes oeuvres et toute sa piété sont sans utilité et Dieu ne le regarde que d'un regard de châtiment, et celui-là est de ceux qui meurent. Dieu a fixé tout le bien que lui-même reconnaît comme bien dans l'oeuvre de m'obéir, et tout le mal qu'il connaît dans l'acte de me désobéir.


En vérité, aujourd'hui je vois, dans le rang que je tiens, tout ce que je viens d dire et les gens de mon amour et de mon obéissance dans les plus hautes demeures des cieux, tandis que mes ennemis sont plongés dans les profondeurs du feu ! Sur mon existence, je le jure , si je n'avais pas été obligé d'accepter d'être le Hujjat de Dieu, je ne t'eusse pas averti ..." Comme on le voit, le Bab continue ici très nettement et renouvelle ses affirmations du Kitab-i-baynu'l-Haramayn. Il n'y ajoute rien, mais n'en retranche rien non plus. "Moi donc, dit-il, je suis le Point d'où tout ce qui existe a trouvé l'existence. Je suis cette Face de Dieu qui ne meurt pas, je suis cette Lumière qui ne s'éteint pas. Celui qui me connaît est accompagné de tout le bien, celui qui me repousse a derrière lui tout le mal. En vérité, Moïse, quand il demanda à Dieu ce qu'il demanda (il voulut voir Dieu) Dieu rayonna sur la montagne, de la lumière d'un des sectateurs d' 'Ah, et, comme l'explique le hadis, "cette lumière, j'en jure par Dieu, était ma lumière." Ne vois-tu pas que la valeur numérale des lettres qui composent mon nom est égale à la valeur numérale de celles qui composent le mot Rabb (Seigneur)? Or Dieu n'a-t-il pas dit dans le Qur'an: Et quand ton Rabb rayonna sur la montagne." Le Bab continue en étudiant les prophéties faites dans le Qur'an puis dans quelques hadis au sujet de la manifestation du Mihdi. Il rapporte le fameux hadis de Mufaddal qui est l'un des arguments les plus forts pour la vérité de sa mission.


Dans le Qur'an il est dit, chap. 32, verset 4: Dieu conduit les affaires (du monde) du ciel à la terre puis (tout) remonte à lui dans un jour dont la durée est de mille années de notre comput. D'autre part le dernier Imam a disparu en l'an 260 de l'Hégire, c'est à ce moment que la manifestation prophétique est terminée et que "la porte de la science est fermée". Or Mufaddal interrogea l'Imam Sadiq sur les signes de l'arrivée du Mihdi, et l'Imam lui répondit: "Il se manifestera en l'année 60 et son nom sera élevé. Ce qui veut dire en l'année 1260 qui est précisément l'année de la manifestation du Bab.


"J'en jure par Dieu, dit à ce sujet Siyyid 'Ali-Muhammad, je n'ai pas pris de leçons et mon éducation a été celle d'un marchand. En l'année 60 j'ai eu le coeur rempli de versets solides, de sciences certaines et du témoignage de Dieu. Et j'ai proclamé ma mission en cette année même ... Et cette année même je vous ai envoyé un messager (Muhli Husayn-i-Bushru'i) porteur d'on Livre afin que le Gouvernement pût faire ce qu'il avait à faire vis-à-vis de l'Hujjat. Mais la volonté de Dieu étant que s'élevassent des guerres civiles qui assourdissent les oreilles, aveuglassent les yeux, et rendissent les coeurs endurcis, c'est pour cette raison qu'on n'a pas laissé mon messager parvenir jusqu'à vous.


Ceux qui se considèrent comme patriotes s'y opposèrent et jusqu'à aujourd'hui - quatre ans presque ont passé - sans que personne vous ait rien dit de la vérité de la question. Et maintenant, comme mon temps est proche, comme mon oeuvre est oeuvre divine et non pas humaine, c'est pourquoi je vous en ai écrit brièvement. J'en jure par Dieu! si tu savais ce qui pendant ces quatre ans m'est advenu de tes fonctionnaires et de tes délégués! Si tu le savais, la peur de Dieu t'empêcherait d'achever le souffle qui s'exhale en ce moment de tes lèvres, à moins que tu ne formes le dessein d'entrer dans l'obéissance de l'ordre de Hujjat, et de réparer immédiatement ce qui a eu heu.


J'étais à Shiraz, et de ce gouverneur mauvais et maudit, je subis des tyrannies telles que si tu en connaissais la moindre part, de par ta justice tu exercerais sur lui la peine du talion, car sa violence a attiré la punition du ciel jusqu'au jour du jugement sur l'étendue de l'Empire. Cet homme très orgueilleux et toujours ivre ne donnait aucun ordre empreint d'intelligence. Je fus forcé de sortir de Shiraz et je me dirigeai vers Tihran pour aller te voir, mais feu Mu'tamidu'd-Dawhih comprit la vérité de ma mission et fit ce qu'exigeait la déférence vis-à-vis des élus du Seigneur. Des ignorants de la ville commencèrent une émeute, et c'est pourquoi je me cachai dans le palais Sadr jusqu'au moment où Mu'tamid mourut. Que Dieu le récompense! Il n'y a pas de doute que la cause de son salut du feu de l'enfer soit ce qu'il a fait pour moi. Ensuite Gurgin me fit durant sept nuits voyager avec cinq individus, sans rien de ce qui est nécessaire au voyage et avec mille mensonges et mille violences. Hélas! Hélas! sur ce qui m'est arrivé! Enfin le Sultan ordonna de me diriger sur Mah-Ku, sans même me donner une monture que je pusse monter! Hélas! Hélas! il m'est arrivé ce qui m'est arrivé! Enfin je parvins à ce village dont tous les habitants sont ignorants et grossiers. Ah! J'en jure par Dieu, si to savais en quel lieu je demeure, le premier qui aurait pitié de moi, ce serait toi-même! C'est un fortin, au sommet d'une montagne, et c'est à ta bienveillance que je dois une pareille demeure! Ceux qui y habitent sont deux hommes et quatre chiens! Pense à quoi je passe mon temps!


Je remercie Dieu, comme il doit être remercié, et je jure par Dieu que celui qui m'a emprisonné là est content de ce qu'il a fait. Et cependant, s'il savait avec qui il a agi ainsi, jamais lus il ne serait heureux. Et maintenant, je t'avise d'un secret: cet homme a emprisonné (en ma personne) tous les prophètes, tous les saints et celui que la science de Dieu a embrassé. Et il n'est resté de péché d'aucun genre sous lequel je n'ai gémi... Quand j'eus appris l'ordre que tu avais donné (de me conduire à Mah-Ku) j'ai écrit au Sadr-i-A'zam: "tue-moi et envoie ma tête où tu voudras, car vivre sans péché et aller où sont les pécheurs ne peut me convenir." Il ne me répondit rien: et je suis convaincu qu'il ne connaissait pas la vérité de la question, car attrister sans raison les coeurs des croyants et des croyantes est pire que de détruire la maison de Dieu.


Or, j'en jure par Dieu, c'est moi aujourd'hui la vraie maison de Dieu. Tout le bien s'attache à ceci que quelqu'un use fasse du bien, car c'est alors comme s'il faisait du bien à Dieu, à ses anges, à ses amis. Mais peut-être Dieu et ses amis sont trop élevés pour qu'arrive jusqu'à la poussière de leur seuil le bien ou le mal de quelqu'un, mais ce qui arrive à Dieu m'arrive à moi. J'en jure par Dieu, celui qui m'a emprisonné s'est emprisonné lui-même, et il ne m'arrive que ce que Dieu a ordonné. Alors hélas! hélas ! sur celui dont la main laisse échapper le mal, bienheureux celui qui prodigue le bien." Enfin, et pour résumer cette trop longue missive: "L'autre question est affaire de ce bas monde. Feu Mu'tamid, une nuit, fit retirer tous les assistants et même Haji Mulla Ahmad, puis il me dit: "Je sais fort bien que tout ce que j'ai acquis, je l'ai acquis par la violence, et cela appartient au Sahibu'z-Zaman. Je te le donne donc en entier, car tu es le Maître de la Vérité et je te demande la permission d'en devenir possesseur." Il retira même une bague qu'il avait au doigt, et me la donna. Je pris la bague et la lui rendis et l'envoyai en possession de tout son bien. Dieu est témoin de ce que je dis là, et son témoignage suffit. Je ne veux pas un dinar de ces biens, mais c'est à vous à ordonner comme bon vous semblera. Mais comme pour toute contestation Dieu a demandé lui-même le témoignage de deux témoins, au milieu de tous les savants, faites venir Siyyid Yahya et Akhund Mulla 'Abdu'l-Khaliq. Ils vous montreront et vous expliqueront mes versets et de cet entretien ne subsistera qu'une seule chose, c'est la perfection de mon témoignage.


De ces deux personnages, l'un m'a connu avant la manifestation, l'autre après; tous deux me connaissent fort bien, et c'est pourquoi je les ai choisis." Et la lettre se termine par des preuves cabalistiques et des hadis. Ainsi donc le Bab se déplaisait vivement dans sa prison et il y resta relativement longtemps puisqu'en somme le document que nous venons de citer est de 1264 et l'exécution du martyr n'eut lieu que le 27 Sha'ban de l'an 1266 (8 juillet 1850)." (A.L.M. Nicolas "Siyyid 'Ali-Mohammad dit le Bab", pp. 367-73.)

(13.10) Voici ha prière que le Bab lui-même cite dans le "Dala'il-i-Sab'ih" comme supplication dorant les mois de sa captivité dans la forteresse de Mah-Ku: "O mou Dieu! donne par sa personne à lui-même, à ses descendants, à sa famille, à ses amis, à ses sujets, à ses proches, à tous et à tous les habitants de la terre, un rayon qui éclaire leurs regards, facilite leur tâche, fais-les parvenir aux meilleures des oeuvres en ce monde et dans l'autre. En vérité! tu peux ce que tu veux. O mon Dieu! ressuscite en loi ce par quoi il peut renouveler ta religion et fais vivre par loi ce qui est changé dans ton livre; manifeste par lui ce que tu modifies dans tes ordres afin que par loi ta religion se lève de nouveau; donne-loi dans la main un livre nouveau, pur et saint; qu'aucun doute, aucune hésitation ne soient dans ce livre et que personne ne poisse se présenter qui le détruise ou bien le modifie. O mon Dieu! éclaire par ton resplendissement tout ce qui est obscur, et, par son pouvoir affermi, disperse les lois anciennes.


Par sa prééminence, ruine ceux qui n'ont pas suivi la route de Dieu. Par lui, fais périr tous les tyrans, éteins par son sabre toutes les discordes, efface par sa justice toutes les oppressions, fais obéir à ses ordres ceux qui ont le commandement; sous son empire renverse tous les empires. O mon Dieu! abaisse quiconque veut l'abaisser, tue quiconque est son ennemi; renie quiconque le renie et égare quiconque repousse sa vérité, renie ses ordres, s'efforce d'obscurcir sa lumière et d'éteindre son nom." Le Bab ajoute alors ces mots: "Ces bénédictions, répète-les souvent, et si tu n'as pas le temps de les répéter en entier, ne manque pas d'en dire la dernière partie. Sois éveillé le jour de l'apparition de celui que Dieu dot manifester, car cette prière est descendue du ciel pour lui quoique je sois dans l'espoir qu'aucun chagrin ne l'attend: j'ai instruit les gens de ma religion à ne se réjouir du malheur de personne. Aussi, e peut-il qu'à l'époque de l'apparition de ce soleil de la vérité, aucune souffrance ne t'atteigne." ( 'Le Livre des Sept Preuves' ', traduction par A.L.M. Nicolas, pp. 64-5.)

(13.11) "L'auteur du Mutanabiyyin écrit: "Les Babis de toutes les parties de la terre se rendaient en Adhirbayjan, en pèlerinage auprès de leur chef." (L'auteur étant Prince 'Ali-Quli Mirza, I'tidadu 's-Saltanih.) (A.L.M. Nicolas "Siyyid 'Ali-Muhammad dit le Bab", p. 365, note 227.)

(13.12) Du 9 décembre 1847 au 8 janvier 1848 ap. J.-C.

(13.13) "Durant son séjour à Mah-Ku le Bab composa un grand nombre d'ouvrages dont, parmi les plus importants, on peut citer en particulier le Bayan persan et les Sept Preuves (Dala'il-i-Sab'ih), qui tous deux prouvent amplement par leur contenu qu'ils ont été écrits à cette époque. En fait, si nous devions croire une déclaration faite dans le Tarikh-i-Jadid, sur la foi des dires de Mirza 'Abdu'l-Vahhab, les divers écrits du Bab en circulation à Tabriz seul, se montent en tout à non moins d'un million de versets !" ("A Travehler's Narrative" Note L, p. 200.)


Concernant le "Dala'il-i-Sab'ih", Nicolas écrit ce qui suit: "Le Livre des Sept Preuves est la plus importante des oeuvres de polémique sorties de la plume de Siyyid 'Ali-Muhammad, dit le Bab (Préface, p. 1.) "Son correspondant lui a évidemment demandé toutes les preuves de sa mission et la réponse qu'il reçoit est admirable de précision et de netteté. Elle se base sur deux versets du Qur'an: d'après le premier nul ne peut produire des versets, eut-il pour collaborateurs tous les hommes et tous les démons - d'après le second, nul ne comprend le sens des versets du Qur'an, si ce n'est Dieu et les hommes d'une science solide." (Préface, p. 5.) "Comme on le voit, l'argumentation du Bab est neuve et originale, et l'on peut déjà, par ce simple aperçu, se rendre compte do puissant intérêt qu'offre la lecture de son oeuvre littéraire. Le cadre de ce travail ne me laisse point la liberté d'exposer, même brièvement, les principaux dogmes d'une doctrine certainement hardie et dont la façade est certes brillante et sympathique. J'espère le faire par la suite, mais, j'ai encore , pour le moment, une observation à présenter sur "le Livre des Sept Preuves". En effet, vers la fin de son ouvrage, le Bab parle des miracles qui ont accompagné sa manifestation. Ceci étonnera sans doute le lecteur, car il aura vu, au cours de sa réponse, notre apôtre nier nettement les miracles matériels que l'imagination musulmane prête à Muhammad. Il affirme que pour lui-même, comme pour le Prophète Arabe, la seule preuve de sa mission est la descente des versets. Il n'en a pas d'autres, non qu'il soit incapable de produire des miracles - car Dieu fait ce qu'il veut - mais simplement parce que les prodiges matériels sont inférieurs aux miracles immatériels." (Préface, pp. 12-13.) ("Le Livre des Sept Preuves", traduction par A.L.M. Nicolas.)

(13.14) "Cette province était depuis quelque temps déjà en proie à des troubles qui offraient une certaine gravité. A la fin de l'année 1844 ou au commencement de l'année 1845, le gouverneur de Bujnurd s'était révolté contre l'autorité du Shah et s'était allié aux Turkomans contre la Perse. Le Prince Asifu 'd-Dawhih, gouverneur du Khurasan, réclama des secours à ha capitale. Le général Khan Baba Khan, générai en chef de l'armée persane, reçut l'ordre d'envoyer dix mille hommes contre les rebelles, mais la pénurie du trésor l'empêcha d'obéir. Le Shah forma dès lors pour le printemps, le projet d'une expédition à la tête de laquelle il devait se mettre. Les préparatifs pour cette expédition se poursuivirent avec vigueur. Bientôt dix bataillons de mille hommes chacun furent préparés, n'attendant que l'arrivée du prince Hamzih Mirza nommé générai en chef de l'expédition. Tout d un coup, le gouverneur du Khurasan, Asifu'd-Dawhih, frère de la mère du roi, se sentant menacé dans sa sécurité par la suspicion qui s'élevait à Tihran contre lui, vint à la cour se jeter aux pieds du roi, protester de son entier dévouement à sa personne et demander justice contre ses accusateurs.


Or, le principal de ses adversaires était Haji Mirza Aqasi, le tout-puissant premier ministre. La lutte fut donc longue mais se termina par la défaite du gouverneur, qui reçut l'ordre d'aller accomplir, avec la mère du roi, le pèlerinage de la Mecque. Le fils de Asifu'd-Dawhih, Salar, conservateur de la mosquée de Mashhad, riche par loi-même, fort de son alliance avec le chef kurde Ja'far-Quli Khan, Ilkhani de la tribu Qajar, prit dès lors une attitude assez hostile, ce qui provoqua l'envoi immédiat de trois mille hommes et de douze pièces de canon, en même temps que le gouvernement du Khurasan était donné à Hamzih Mirza. La nouvelle que Ja'far-Quli Khan, à la tète d'une nombreuse troupe de cavaliers kurdes et turkomans, avait sabré quelques détachements de l'armée royale provoqua un envoi immédiat de cinq nouveaux régiments et de 18 canons. Ce fut vers le 28 octobre de l'année 1847 que cette révolte sembla complètement réprimée par la victoire de Shah-rud (15 septembre) et la dispersion et la fuite de Ja'far-Quli Khan et de Salar. "(A.L.M. Nicolas: "Siyyid 'Ali-Muhammad dit le Bab", pp. 257-8.)

(13.15) "Mashhad est le plus grand lieu de pèlerinage de toute la Perse, Karbila étant, comme on le sait, en territoire ottoman. C'est là que repose l'Imam Rida. Je ne m'appesantirai pas sur les centaines de miracles que le saint Tombeau a opérés jadis et continue à opérer chaque jour; qu'il suffise de savoir que chaque année des milliers de pèlerins se rendent à cette tombe et qu'ils ne s'en retournent chez eux qu'après avoir été soulagés de leurs derniers centimes par les habiles exploiteurs de cette productive industrie. Le fleuve d'or coule sans interruption entre les mains des heureux fonctionnaires. Mais ceux-ci ont naturellement besoin d'une infinité de comparses pour enserrer dans leurs filets leurs innombrables dupes. C'est certes, là, l'administration la mieux organisée de la Perse entière. Il s'ensuit que si une moitié de la ville vit de la mosquée, l'autre moitié, elle aussi, est intéressée à l'affluence des visiteurs: je veux parler des négociants, des restaurateurs, des hôteliers et même des filles qui y trouvent autant de maris, à l'heure ou à la journée, qu'elles eu peuvent désirer. Tous ces gens devaient naturellement s'unir contre le missionnaire dont ils ignoraient la doctrine mais qui leur semblait néanmoins menacer heur industrie. Tonner contre les abus était fort bien dans toute autre ville, mais n'était guère de mise là où tout le monde, petits et grands, ne vivait que de ces abus mêmes. Que l'Imam Mihdi parût, c'était évidemment son droit, mais c'était bien ennuyeux. Certes, c'était très beau de courir le monde avec lui et d'en opérer la conquête, mais c'était bien fatigant et bien hasardeux, puis, on y pouvait recevoir de mauvais coups. Tandis qu'actuellement on était bien tranquille, dans une bonne ville où l'on gagnait de l'argent sans risques et sans péril". (Ibidem, pp. 258-9.)

(13.16) 1848 ap. J-C.

(13.17) Voir glossaire.

(13.18) Littéralement: "Terre de paradis."

(13.19) D'après le récit de Haji Mu'inu's-Saltanih (pp. 67-8), Mirza Habib-i-Shirazi, mieux connu sous le nom de Qa'ini, l'un des poètes les pins éminents de la Perse, fut le premier à chanter les louanges du Bab et à exalter ha sublimité de sa station. Une copie manuscrite des poèmes de Qa'ini, contenant ces versets, a été montrée à l'auteur du récit. Les paroles suivantes, dit celui-ci, étaient écrites eu tête de l'éloge: "À la louange de la manifestation du Siyyid-i-Bab"

(13.20) Voir note 1, page 18.

(13.21) Dans le "Dala'il-i-Sab'ih", le Bab révèle ce qui suit: "Le hadis Adhirbayjan" est encore relatif à ce point: "Ce qui arrivera dans Adhirbayjan est de toute nécessité pour nous; rien ne peut empêcher ce qui doit s'y produire. Restez donc dans vos maisons; mais si vous entendez qu'un agitateur y apparaît, alors courez vers lui." Et ce hadis continue en disant: "Hélas sur les Arabes, car la guerre civile est proche." Si, en prononçant ces dernières paroles, le Prophète avait voulu faire allusion à sa propre mission, elles eussent été vaines et sans valeur." ("Le Livre des Sept Preuves", traduction par A.L.M. Nicolas, p. 47.)

(13.22) Référence au prophète Muhammad.


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