Le courage
d'aimer
Shoghi Ghadimi
5. L'amour et la science
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5.6. La clef du matin et le verrou du soir (prière)
"La clef du matin et le verrou du soir".
C'est en ces termes que s'exprimait Ghandi en parlant de la prière, cette prière
pour laquelle il se levait avant l'aube tous les jours. Ne voulait-il pas dire
par là que la prière nous donne le matin la solution de nos problèmes et que
le soir, quand la journée est finie, la même prière nous apporte la tranquillité
d'esprit et la paix de l'âme?
Combien ce grand homme avait raison et ce qu'en disent la science et la religion,
voilà en substance l'objet de mon exposé de ce soir.
Un grand médecin psychiatre anglais a fait l'expérience suivante: sur trois
soldats dont chacun devait serrer la poignée d'un appareil enregistreur de la
force physique, la puissance de l'étreinte du soldat moyen était de 45 kg. Mais
lorsque les soldats se laissèrent persuader par le grand spécialiste qu'ils
étaient bien plus forts que le soldat moyen, ils constatèrent que leur force
avait doublé.
Cette expérience montre combien nos capacités sont influencées par notre état
d'esprit, combien puissante est la force de la conviction, de la Foi.
Maintenant supposons que nous connaissions un grand médecin en qui nous croyons,
en qui nous avons foi, et que nous sommes convaincus qu'il a le pouvoir extraordinaire
de nous rendre plus forts surtout moralement.
Ce Grand Médecin pour nous, croyants, est Dieu et notre recours à Lui est la
prière.
Dire que notre foi en l'efficacité de la prière ne peut influencer notre force
morale c'est dire que la conviction mentale des soldats ne peut avoir aucune
influence sur leur force physique, ce que l'expérience ne confirme pas.
Il en est de même en ce qui concerne les guérisons par des moyens agissant sur
l'esprit des patients, guérisons pratiquées aussi bien dans le passé que de
nos jours, et que personne ne peut contester.
Le Docteur Esslemont écrit:
"Quand les potentialités réservées au traitement mental et spirituel seront
mieux comprises, l'art de guérir se trouvera transformé et ennobli et l'efficacité
en sera considérablement accrue. Lorsque ce savoir et ce pouvoir nouveaux de
guérisseur se combineront avec l'espoir et la foi du patient, des résultats
merveilleux seront acquis."
Qu'il s'agisse du traitement mental pratiqué par les psychiatres ou de la guérison
spirituelle, dans un cas comme dans l'autre, c'est une question d'expérience
personnelle à tenter afin de croire en leur efficacité.
Et il en est de même en ce qui concerne l'effet de la foi et de la prière. C'est
encore une question d'expérience absolument personnelle. Et l'objet de mon exposé
n'est nullement de vous en convaincre, car je n'y arriverai jamais comme je
n'arriverai jamais à dormir à votre place ou penser à votre place.
Comment puis-je vous convaincre de votre stabilité sur une bicyclette en mouvement?
Le jour où ayant écarté la peur et le doute, vous montez sur une bicyclette,
vous vous mettez en marche avec la ferme résolution de persévérer malgré les
chutes inévitables du début, alors et alors seulement vous serez convaincu de
votre stabilité.
Et j'insiste bien, c'est à vous-même de vous convaincre des effets de la foi
et de la prière.
Le but de mon exposé c'est de dire ce qu'en pensaient les savants dans le passé,
ce qu'ils en pensent aujourd'hui et de voir ce qu'en dit la religion au stade
actuel de son évolution, je veux dire la Foi baha'ie.
Galilée, l'illustre mathématicien, physicien et astronome du 17e siècle ne croyait
pas à la prière; or il se trouve qu'il perdit la santé et qu'une grande partie
de ses expériences ayant échoué, il fut tout près de la ruine. C'est alors que
pour s'évader de chez lui, il se dirigea vers une église. Arrivé là il se dit
"je pourrais bien tenter l'expérience. Mais que vais-je demander par ma prière:
la santé? l'argent?". Et soudain il s'écria; "Oh, Seigneur, je vous supplie,
éclairez mon esprit pour que je puisse faire quelque grande découverte de nature
à faire progresser les connaissances humaines". Et il reprit courage pour recommencer
ses travaux qui aboutirent à la découverte du télescope.
Avicenne, l'éminent savant et médecin du lie siècle, dit que chaque fois qu'il
avait un problème difficile à résoudre, ou bien qu'il se trouvait dans une impasse,
il avait recours à la prière et il réussissait.
Au moment où la guerre civile faisait rage et où le sort de l'Union était en
jeu, Abraham Lincoln, ce héros de l'abolition de l'esclavage, disait: "je parle
à Dieu tous les jours et en le faisant j'acquiers la tranquillité d'esprit et
j'entends une suggestion sur la voie à suivre... je ne serais qu'un vaniteux
imbécile si j'espérais pouvoir prendre un engagement dans la vie sans cette
sagesse qui vient de Dieu et non des hommes".
Benjamin Franklin, savant et homme d'État américain, au moment où la menace
pesait sur l'Assemblée Constituante fit appel à la prière en ces termes mémorables:
"J'ai vécu longtemps, et plus je vis, plus je vois des preuves convaincantes
que Dieu dirige les affaires des hommes. je crois fermement que sans Son assistance
dans l'érection de cet édifice politique nous ne réussirons pas plus que les
constructeurs de la Tour de Babel".
Quant à l'opinion des savants de notre siècle, citons à titre d'exemple, l'avis
d'un médecin-biologiste, d'un chimiste et d'un physicien, tous connus mondialement.
Le Prix Nobel, Alexis Carrel, savant français de réputation mondiale a étudié
pendant la Guerre de 14-18 le processus de cicatrisation des blessures des soldats.
Et il a constaté que ce processus se faisait bien plus rapidement chez le soldat
croyant qui priait et bien lentement chez le soldat qui se disait incroyant
et ne priait pas.
Partant de ses nombreuses expériences, il arrivait à cette conclusion que "l'action
de la prière sur l'esprit et le corps se démontre au même titre que celle des
glandes".
Et l'éminent savant dans son ouvrage sur la prière s'écrie: "La prière est notre
principale source de puissance. Mais elle est lamentablement inexplorée".
Parlant du caractère moral de l'individu, le même savant écrit: "Il a été démontré
qu'à égalité de développement intellectuel, le caractère et la valeur morale
sont plus élevés chez les individus qui prient que chez ceux qui ne prient pas".
L'un des plus grands cerveaux de notre siècle, professeur Millikan (deux fois
Prix Nobel) dit: "La force de la prière est aussi réelle que la force de la
gravité; et c'est la plus puissante forme d'énergie que l'on connaisse, mais
l'homme dans son ignorance y attache peu d'importance".
A propos de la puissance de la prière le célèbre physicien Steinmetz écrit:
"Le jour où l'homme pourra inventer un instrument pour mesurer la puissance
de la prière, il pourra mesurer la puissance la plus grande de l'univers".
La puissance de la prière est donc indéniable peu importe si nous ne connaissons
rien sur le mécanisme précis de son influence.
L'auteur de plus de deux mille inventions, le savant génial Edison écrit: "Nous
ne connaissons pas la millionième partie d'un pour-cent de quoi que ce soit.
Nous ignorons ce que c'est que l'eau, ce que c'est que l'électricité, ce que
c'est que la chaleur. Nous ne pouvons faire sur tout cela que des quantités
d'hypothèses, et rien de plus. Et malgré tout cela, notre ignorance de ces choses
ne nous prive pas de leur usage".
Il en est de même en ce qui concerne la prière. Nous ne connaissons pas la millionième
partie d'un pour-cent de cette source de force mystérieuse. Mais ce que nous
en connaissons suffit pour nous permettre de nous en servir.
Mais comment nous en servir?
La réponse à cette question nous est donnée par la religion - C'est précisément
à ce sujet que les enseignements baha'is disent que par le terme PRIÈRE il ne
faut pas entendre la récitation automatique de quelques paroles adressées à
Dieu. Non, pour les Baha'is, la PRIERE est indissolublement liée à la MÉDITATION
et à FACTION. C'est comme un tricycle, enlevez une roue et ce n'est plus un
tricycle. Les Écrits baha'is attachent une telle importance à la méditation
qu'ils disent: "Une heure de méditation vaut soixante-dix années de dévotion".
Quant à l'action c'est le but même de la prière. On prie pour agir. Et pour
souligner l'importance de l'action, les Écrits baha'is disent qu'une bonne action
accomplie dans un esprit de service est déjà une prière.
En priant, en s'adressant à Dieu, on n'oublie jamais ce qu'on doit faire soi-même.
Ainsi, par exemple, quand on récite une prière de guérison on a, selon la Foi
baha'ie, le devoir de s'adresser à un médecin habile et de suivre ses prescriptions.
A ce propos, permettez-moi de vous raconter une petite histoire:
Deux paysannes se rencontrent à la sortie de la messe.
- "Que se passe-t-il ma bonne dame?" questionne la première.
- "Ne m'en parlez pas, ma pauvre amie; voilà six mois que je prie le bon Dieu
d'envoyer un bébé à ma fille aînée qui n'a pas d'enfant, bien qu'elle soit mariée
depuis deux ans. Toujours est-il qu'il a envoyé un bébé, mais à ma fille cadette
qui n'est pas mariée".
Dans les conditions où se trouvait cette pauvre maman, une mère baha'ie au lieu
de prier pour que sa fille mariée devienne enceinte préfère prier pour mieux
agir, mieux combattre le relâchement moral qui fait que les filles deviennent
des mères célibataires, Car le but de la prière reste toujours l'action.
Quant aux étapes à franchir pour arriver à ce but, à ce stade final de l'action
selon Shoghi Effendi (Le successeur d`Abdu'l-Baha) elles sont au nombre de cinq:
PREMIÈRE PHASE: Prier et méditer sur le problème ou le besoin en question. -
Après avoir récité les paroles de la prière révélée il faut apprendre à rester
en silence en état de méditation. Et c'est très important, car en général, une
fois qu'on a récité les paroles de la prière on croit que la prière est finie.
La récitation des paroles de la prière doit être accompagnée de la méditation,
étant donné que c'est par la méditation que nous recevons l'inspiration. D'ailleurs
c'est naturel qu'on nous demande d'attendre un peu après la récitation de la
prière. En effet, la prière n'est-elle pas une conversation avec Dieu? Mais
conversation veut dire parler et écouter. Par conséquent, une fois que nous
avons parlé à Dieu, laissons-Le nous parler, et nous inspirer l'idée à suivre.
Et une fois que cette idée bien définie nous vient à l'esprit dans un état de
profonde communion avec Dieu, nous devons faire le second pas qui est celui
de la prise de décision.
DEUXIEME PHASE: Prendre une décision. - L'idée qui nous est venue subitement
à l'esprit, apparaît comme une solution possible de notre problème. Mais alors
la raison intervient, et dit: "Ce n'est pas possible. je n'ai jamais agi de
cette façon". On est tenté d'hésiter. Et c'est ce qu'il faut précisément éviter.
Il faut décider d'essayer de réaliser l'idée en question, aussi impossible qu'elle
puisse paraître à première vue. Vient ensuite
LA TROISIÈME PHASE: Maintien de la décision Prise. - Et c'est non moins important.
Il y en a beaucoup qui arrivés à cette phase échouent, et la décision qu'ils
ont prise reste un vague souvenir, une sorte de rêve. Ils se sentent incapables
de la maintenir. Ce n'est pas sans raison qu'un écrivain a dit: "La décision
est comme une aiguille, vous la prenez, elle cherche à glisser, à s'en aller".
Il faut donc maintenir à tout prix la décision prise et passer immédiatement
à
LA QUATRIÈME PHASE: Avoir la confiance que l'idée qui nous est venue est bien
la réponse à notre demande. - C'est donc la phase de la confiance. Il faut avoir
la confiance que si d'autres ont réussi après s'être fiés à la prière, il n'y
a aucune raison pour que nous ne réussissions pas.
A ce propos, permettez-moi de vous raconter une histoire.
Comme il n'avait pas plu depuis longtemps, les habitants d'un pays se mirent
à prier. Mais aucune prière ne fut exaucée et la sécheresse continua. Alors
on demanda à une fillette de faire une prière. C'est ce qu'elle fit et il a
plu abondamment. On s'est demandé quelle avait été l'attitude de la fillette
pour que sa prière soit si vite exaucée. Et l'on s'est aperçu qu'elle était
sortie avec un parapluie.
LA CINQUIÈME PHASE: Agir comme si l'idée qui nous est venue s'est déjà - réalisée
et que notre problème est résolu. - C'est surtout cette phase de la prière qui
exige une foi intense, une foi d'une intensité telle qu'elle nous présente notre
problème comme résolu. Plus forte est notre foi, plus puissante est l'assistance
de Dieu dans cette phase d'action.
Puisque nous parlons de la phase d'action à laquelle doit aboutir toute prière
précisons bien qu'il ne s'agit pas d'une action en contradiction avec la loi
naturelle. Car nombreux sont justement les gens qui ne croient pas à l'efficacité
de la prière parce que, selon eux, si elle était exaucée cela impliquerait des
dérogations arbitraires aux lois de la nature. En réponse à cette question le
Docteur Esslemont écrit: "Par analogie on peut élucider ce problème. Si un aimant
est présenté au-dessus d'un tas de limaille de fer, celle-ci se soulève et s'accroche
à l'aimant, mais cela ne constitue en rien une dérogation à la loi de la pesanteur.
Le pouvoir d'attraction continue d'agir sur la limaille tout comme auparavant.
Ce qui s'est produit, c'est qu'une force supérieure est entrée en action, force
dont le pouvoir est aussi régulier et contrôlable que celui de la pesanteur.
Les Baha'is pensent que la prière déclenche des forces d'un ordre supérieur
quoique peu connues encore; mais il semble qu'il n'y ait aucune raison de croire
ces forces plus arbitraires dans leur action que ne le sont les énergies physiques.
Ce qui les différencie, c'est qu'elles n'ont pas encore fait l'objet d'une étude
et d'une expérimentation approfondies: leur action ne nous parait mystérieuse
et inexplicable qu'en raison de notre ignorance."
Et l'auteur continue en disant: "Un autre problème qui se pose pour certains
est le fait que la prière semble une force trop insignifiante pour produire
les grands résultats qui lui sont attribués. Par analogie, nous pouvons aussi
éclaircir cette difficulté: une force minime appliquée à la vanne d'un réservoir,
peut libérer et régulariser une quantité énorme de puissance hydraulique; une
force infime appliquée au gouvernail d'un immense paquebot peut en diriger la
course. Selon le point de vue baha'i, le pouvoir qui exauce les prières est
l'inépuisable puissance de Dieu. Le rôle du suppliant se borne à mettre en oeuvre
la petite force nécessaire pour en libérer le flot ou orienter le cours de la
grâce divine toujours prête à combler ceux qui ont appris à y faire appel".
Oui, il faut apprendre à faire appel à Dieu, afin d'exploiter cette source de
force inépuisable. C'est ce que s'efforcent de faire les baha'is puisque toutes
leurs réunions consultatives commencent par une prière grâce à laquelle ils
espèrent être guidés et assistés par Dieu. Et profitant de la moindre occasion
humblement, ils suggèrent à d'autres d'en faire autant, Ainsi, par exemple,
au quatrième étage du bâtiment des Nations Unies, il y a une chambre destinée
à la prière. Qui en a donné l'idée? C'est une chinoise et cette chinoise était
une Baha'ie.
Quand verra-t-on cette chambre pleine de monde? Dieu seul le sait. Pour le moment
elle reste vide.