Le courage d'aimer
Shoghi Ghadimi

7. Les Prodiges de ces temps merveilleux
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7.2. L'écho de l'aventure scientifique

Une nuit, un étudiant de l'Université de Copenhague fit un rêve étrange. Il se vit dans un soleil de gaz brûlant. Des planètes tournaient autour de ce soleil auquel elles étaient reliées par de minces filaments. Soudain le gaz se solidifia et le soleil et les planètes se réduisirent.

L'étudiant en question (il s'agit du futur atomiste Bohr) se réveilla à ce moment et eut conscience qu'il venait de découvrir le modèle de l'atome. Le " soleil " était le centre fixe autour duquel tournoyaient les électrons. Toute la physique atomique moderne et ses applications sont sorties de ce rêve, ce rêve qui a donné à Bohr de CROIRE en ce qu'il ne pouvait pas VOIR. Et en récompense on a pu par la suite VOIR ce qu'on a CRU.

En effet par la suite, grâce à un calcul mathématique précis, on a démontré l'existence de l'atome, autrement dit, on a VU l'atome en tant que la plus petite particule de matière.

Etant donné que par sa structure l'atome est comparable au système solaire et que dans ce système existent des mouvements d'une vitesse hallucinante prouvant la présence de réserves d'énergie, on s'est dit qu'il fallait CROIRE qu'il en était de même en ce qui concerne l'atome. On a donc CRU à l'existence des réserves d'énergie dans l'atome et, par la suite, on a VU ces réserves d'énergie. Et cette fois ce ne sont pas les savants seuls qui ont VU cette puissance de l'atome, mais le monde entier (j'entends la puissance dégagée par la fission de l'atome à Hiroshima, par exemple)

En bref, on a CRU en l'existence de l'atome, cette particule invisible (car il en faut 5 millions pour couvrir un point), on a CRU en sa puissance puis on a VU ce qu'on a CRU.

Cette façon de CROIRE d'abord, pour VOIR ensuite, cette façon révolutionnaire qui caractérise la science moderne nous fait penser à la façon de CROIRE et de VOIR en matière de FOI.

La FOI ne nous invite-t-elle pas a CROIRE en ce qu'on ne peut pas VOIR et en récompense de cette croyance, à VOIR ce qu'on a CRU?

Remarquons que c'est cette même façon de VOIR les choses que la science d'il y a un siècle reprochait à la religion, estimant que préalablement tout doit être expliqué et vu pour qu'on puisse y croire.

Mais avec la découverte de l'atome, l'orgueil et la vanité de l'homme reçurent un coup terrible. Et plus la science progresse, plus le savant devient humble en croyant ce qu'il ne peut pas voir, autrement dit plus le savant revient à l'idée de la FOI.

Et c'est la raison pour laquelle les penseurs d'aujourd'hui soulignent le caractère religieux de notre époque.

Ainsi, par exemple, Teilhard de Chardin dit:

"Quoi qu'on dise, notre siècle est religieux, plus religieux probablement que tous les autres, seulement il n'a pas trouvé le Dieu qu'il puisse adorer (Introduction sur la vie chrétienne).

Et l'éminent savant Einstein remarque:

"Un contemporain a dit non sans raison qu'à notre époque généralement vouée au matérialisme, les savants sérieux sont les seuls qui soient profondément religieux" (Conceptions scientifiques et sociales d'Einstein)

Et ce qui est remarquable c'est que les hommes politiques tiennent un langage identique.

Ainsi, par exemple, Jean Jaurès dit:

"Tout ce que nous voulons dire aujourd'hui, c'est que l'idée religieuse un moment effacée, peut rentrer dans les esprits et dans les consciences, parce que les conditions actuelles de la science les prédisposent à la recevoir. Il y a dès maintenant si on peut dire, une religion toute prête, et si elle ne pénètre pas les profondeurs de la société c'est que le régime social actuel est un régime d'abrutissement et de haine, c'est-à-dire un régime irréligieux ("Le matin des magiciens" - Louis Pauwels)

Et c'est la situation devant laquelle se trouve l'humanité pour la première fois dans son histoire. En effet il y a d'un côté ce progrès sans précédent dans le domaine de la science et de l'autre la manifestation de cette aptitude à l'acquisition des valeurs morales.

On peut facilement comprendre cette situation si on compare l'évolution de l'humanité à l'évolution physique de l'homme.

Quand on est enfant on n'est apte ni à l'acquisition des connaissances scientifiques très étendues, ni à la manifestation consciencieuse des vertus hautement appréciées.

Un enfant regardant le ciel voit le soleil qui ne reste pas toujours à la même place et il en déduit que le soleil est en mouvement par rapport à la terre. Mais une fois adulte, il peut comprendre et s'expliquer le mouvement de la terre par rapport au ciel.

Sur le plan moral, pour un enfant un rien constitue une catastrophe, est la fin du monde; mais une fois adulte, il devient capable de supporter avec courage les plus terribles épreuves.

De même, vous dites à un enfant qu'il ne faut pas qu'il se bagarre avec l'enfant du voisin; il vous écoute pour un certain temps, puis pour un rien il redevient agressif et la bagarre avec l'enfant du voisin recommence.

Mais une fois adulte, il devient capable de respecter les rapports de bon voisinage non seulement dans un immeuble, mais dans une ville, puis dans un pays, et demain dans le monde entier.

Il en est de même en ce qui concerne l'humanité. Elle a évolué durant des milliers d'années pour arriver aujourd'hui au stade d'adulte où elle a manifesté ses aptitudes insoupçonnées pour l'acquisition des plus hautes connaissances scientifiques. En un siècle, l'humanité a réalisé cent fois plus de progrès que durant six mille années de son histoire. C'est tout de même prodigieux.

Sur le plan moral, on constate le même prodige. S'il y a un siècle les jeunes gens se laissaient influencer et exciter par des slogans tels que patriotisme ou nationalisme et trouvaient naturel d'être hostiles à l'égard des "étrangers" (cette hostilité pouvant aller jusqu'au déclenchement d'une guerre), aujourd'hui les mêmes gens sont au premier rang des combattants pour le mondialisme prêts à tout sacrifier pour l'accomplissement de ce noble idéal, en attendant sa réalisation pratique.

S'il y a un siècle, les hommes découvraient on ne sait où des " arguments " en faveur de la guerre, aujourd'hui on justifie la nécessité de la coexistence pacifique, en attendant sa réalisation pratique.

S'il y a un siècle, on insistait sur la rivalité dans le domaine économique aujourd'hui on parle de la collaboration en attendant sa réalisation effective à l'échelle planétaire.

Combien de temps cet état d'attente va-t-il durer?

A cette question les baha'is répondent en disant que cet état d'attente va durer tant que l'humanité n'aura répondu à la voix de la civilisation spirituelle ou à l'Appel à la Civilisation Spirituelle.

Car aujourd'hui il y a deux voix qui se font entendre, deux appels qui sont lancés à l'humanité.

La première voix, c'est celle de la civilisation matérielle qui se fait entendre de plus en plus par le fait que pour le présent, elle nous rend la vie matérielle facile et agréable à vivre, mais pour l'avenir avec son gaspillage, sa pollution, ses machines de guerre etc.. elle nous réserve de terribles calamités.

Puis il y a la deuxième voix, le deuxième appel, auquel, malgré l'ensemble de toutes ses capacités l'humanité n'a pas encore répondu.

C'est l'appel à la civilisation spirituelle. Appel à l'unité, appel dont le premier effet, s'il est écouté, permettra d'éviter les résultats indésirables du premier appel matérialiste que nous venons de mentionner, tout en donnant le champ libre à ses effets bienfaisants. C'est un fait indéniable, prouvé par 6000 années d'expérience, expérience qui est un maître terrible; elle vous fait passer l'examen, ensuite elle vous apprend la leçon.

Allons-nous passer une fois encore cet examen terrible pour en tirer une leçon? Allons-nous oublier la leçon du passé qui dit que toute civilisation matérielle qui néglige les bienfaits de la civilisation spirituelle aboutit à la discorde, à la désolation et à la guerre?

Juste quelques tristes exemples.

Je ne peux m'empêcher de citer d'abord comme exemple celui qui s'est gravé dans mon esprit, car il s'agit de la région où je suis né et où j'ai passé mon enfance; elle se trouve entre la mer Caspienne et le fleuve Amou Daria. C'est aujourd'hui un désert habité par les bêtes sauvages. Et dire que dans le passé c'était une région prospère, réputée par ses centres culturels et commerciaux, célèbres par ses savants et ses artistes. Si tout cela, si toute cette civilisation matérielle avancée a disparu c'est à cause de l'oubli et de la négligence des principes spirituels, entraînant la désunion, la discorde et finalement les guerres dévastatrices entre Persans et Turkmènes.

Mais puisque nous sommes en Occident, pourquoi aller en Orient, pourquoi aller chercher si loin? Les deux Grandes Guerres d'Occident n'ont-elles pas fait plus de 50 millions de victimes?

Et pourtant c'est en Occident que la civilisation matérielle est à son apogée.

C'est en Occident que le premier appel, celui du matérialisme est le mieux écouté.

La situation est-elle meilleure aujourd'hui quand on pense qu'on dépense autant pour un soldat que pour l'éducation de 80 enfants, quand on nous dit que le stock atomique actuel suffit pour détruire 27 planètes comme la nôtre?

Admettons même qu'on décide de ne jamais s'en servir et que, s'il y a une guerre, on s'en tienne aux armes dites conventionnelles, mais peut-on écarter l'hypothèse d'un accident technique, ou bien qu'en un moment de désespoir l'un des belligérants appuie sur le bouton pour déclencher l'Apocalypse?

Un journaliste demanda à Einstein quelle serait l'arme de la prochaine guerre, bombe atomique, bombe H ou rayon de la mort?

- Oh, je n'en sais rien - répondit le savant, mais pour la suivante je peux vous dire: ce sera le lance-pierres.

Sur la couverture d'une revue humoristique, on voyait l'image d'un cannibale et en face de lui un général blanc regardant fièrement les cadavres d'une centaine d'hommes qu'il avait tués.

- Vous allez manger tout cela? demande le cannibale d'un air étonné.

- Bien sûr que non - répond le général - nous, nous sommes civilisés.

Quelle civilisation que celle qui rend l'homme plus sauvage que l'animal! Quel est donc l'animal qui tue ses semblables? Il n'y en a pas. Mais l'homme " civilisé " tue ses semblables par centaines, par milliers, par centaines de milliers.

Vous avez remarqué que lorsque deux animaux d'une même race se battent, ils ne vont jamais jusqu'à la mort. A un moment donné l'un des deux se considère comme inférieur et il tourne le dos à son adversaire. C'est le signe qu'il s'est soumis, et le combat s'arrête.

Mais lorsque deux hommes se battent avec les instruments modernes, il faut que l'un abatte l'autre. Et c'est toujours grâce aux armes que la science met à la disposition de l'homme d'aujourd'hui.

Mais assez de maudire l'obscurité, allumons une chandelle. Pourquoi ne pas profiter rien que de cette leçon de la science moderne qui dit: CROIS en ce que tu ne peux pas VOIR, afin de VOIR par la suite en récompense, ce que tu as CRU.

Appliquons cette leçon de la science, nous qui sommes attachés à l'esprit scientifique, croyons-en cette deuxième VOIX que j'ai mentionnée au début de mon exposé, croyons à cette VOIX qui appelle à L'UNITE pour VOIR par raisonnement et expérience qu'elle UNIT réellement.

Et comment s'appelle-t-elle cette VOIX?

Depuis que le monde est monde elle s'appelle RELIGION. Le mot même signifiant UNIR, car il vient du latin RE étant un préfixe et LIGARE signifiant lier ensemble.

Mais j'entends déjà l'objection: pourquoi alors cette religion n'est elle pas arrivée, dans le passé, à unir les peuples?

D'abord il n'est pas juste de dire que la religion dans le passé n'est pas arrivée à unir les hommes. Ce serait nier toute l'histoire des civilisations. Elle a uni, elle a lié ensemble différents peuples, et c'est la raison pour laquelle nos ancêtres lui ont donné ce nom qui veut dire " lier ensemble". Nos ancêtres ne pouvaient pas donner le nom REMEDE à quelque chose qui ne guérissait pas. A moins que nous traitions nos ancêtres de menteurs.

Nous oublions deux faits importants.

D'abord le fait que chaque remède, tout en gardant sa composition a une durée de validité, et que pour rester efficace il doit être renouvelé. Puis il y a le fait que dans le passé l'humanité traversait le stade de son enfance et qu'un enfant, à peine le processus de guérison commencé, cesse de prendre le remède et Evidemment retombe malade. C'est ce qui s'est passé dans le passé: tant qu'on prenait ce remède, tant qu'on s'en tenait à l'esprit de la religion tout allait bien, mais le jour où l'on a abandonné l'esprit de la religion, où l'on a abandonné le vrai remède pour prendre des "pseudo remèdes" fabriqués de n'importe quoi, la maladie (la désunion) a recommencé.

Ce n'est pas le cas aujourd'hui quand l'homme a atteint la maturité et comprend que le remède doit être renouvelé et est capable d'appliquer ce remède consciencieusement sans l'abandonner au premier caprice, comme le fait l'enfant. Et c'est cette même maturité qui lui a permis de manifester aujourd'hui ses capacités potentielles en science; qui l'a rendu capable de manifester ses capacités latentes dans le domaine de la morale, c'est-à-dire en religion, afin de s'entendre et de s'unir avec ses semblables.

Ajoutons à cela le fait que, par bonheur, la science à l'état actuel de son évolution facilite cette UNION étant donné les moyens qu'elle fournit pour favoriser les rapports entre les peuples, les échanges de pensée, la compréhension mutuelle et les ententes.

Et c'est cette même science qui a créé une telle interdépendance entre les peuples qu'ils sont condamnés à s'unir.

Il nous reste donc à trouver la puissance unificatrice dont nous avons besoin, ce remède renouvelé qui a fait ses preuves durant des milliers d'années.

Afin d'arriver au but dans cette recherche, les baha'is proposent humblement d'appliquer la méthode scientifique, c'est-à-dire prendre en considération la composition et les caractéristiques du remède en question,... que ses effets pratiques sur ceux qui y ont recours, pour se demander si finalement ce n'est pas dans la foi baha'ie qu'il faut voir le " Remède renouvelé " recherché inconsciemment par un monde en désarroi.

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