Le courage
d'aimer
Shoghi Ghadimi
7. Les Prodiges de ces temps merveilleux
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7.7. La conquête de l'espace ou la paix sur la terre
On dit qu'on ne peut comprendre la vie
qu'en se tournant vers le passé, et que pour vivre il faut regarder vers l'avenir.
Afin de comprendre la vie, nous allons donc nous tourner vers le passé, et afin
de voir comment il faut vivre nous allons jeter un coup d'oeil vers l'avenir.
Ce qui est triste c'est que l'homme d'aujourd'hui n'a pas l'habitude, ou n'a
pas le temps de se tourner vers le passé; quant à l'avenir, rares sont ceux
qui s'y intéressent, l'essentiel étant la pleine jouissance des plaisirs matériels
du jour présent.
Voir le passé et l'avenir est un don merveilleux qui n'est confié qu'à l'homme
seulement. Et les deux puissances qui lui permettent de manifester ce don, et,
par voie de conséquence, de voir le passé et l'avenir, ce sont la science et
la religion. Nous allons ce soir en tirer parti dans notre étude de la vie.
Le passé nous est transmis par les pages de l'histoire. Et ces pages nous apprennent
que chaque fois que l'homme oublie ce passé qui lui permet de s'instruire, et
omet de se tourner vers l'avenir afin de progresser, chaque fois qu'il oublie
qu'il est HOMME et qu'il doit se distinguer de l'animal, apparaît le plus mystérieux
d'entre les hommes, j'entends le fondateur de religion (ou Mutant, pour utiliser
le terme des matérialistes).
Seul contre tout le monde, sans un seul humain capable de l'instruire, de le
guider, de l'aider, de le comprendre, de partager ses responsabilités, lui,
comme un voyant, parmi les aveugles se lève pour éduquer moralement les hommes,
pour les "humaniser" (selon le terme des matérialistes).
Je vais vous citer juste deux exemples, puisés ailleurs dans les révélations
judaïque, chrétienne et islamique, dont les circonstances vous sont connues.
Remontons donc de 3000 ans dans l'histoire. Voilà nous sommes en Iran ! Ce pays
se trouve en état de décadence aussi bien matérielle que spirituelle. L'agriculture,
principale source de vie, est complètement négligée, la plupart des terres restent
incultes, là où il n'y a pas de marais, des plantes sèches les remplacent. La
stérilité provoque la famine et la famine tue lentement les Iraniens et personne
ne s'en soucie, car compte pour si peu la vie humaine.
Mais il n'y a pas que la famine, la mortalité augmente de jour en jour, des
maladies résultent de l'abandon de l'hygiène: les villes sont infestées de mortelles
puanteurs s'élevant des cadavres humains abandonnés négligemment sur les routes
ou, à la rigueur enterrés à fleur du sol, tout près des villes. Quant à la situation
morale, c'est le règne de la corruption intégrale. L'hypocrisie et le vol sont
tellement à la mode qu'au moment même où les Iraniens organisent des deuils
bruyants et se couvrent la tête de cendres, d'autres dérobent sur les tombes
les offrandes apportées par ostentation, aux âmes des morts.
En ce qui concerne le gouvernement du pays, il est divisé entre un grand nombre
de petits princes prétentieux ou des roitelets vaniteux ou, plus exactement,
entre des magiciens et des jongleurs, car, en réalité ce sont eux qui dirigent
le malheureux pays.
Bref, le pays est englouti dans les ténèbres de l'ignorance, de la discorde
de l'injustice et de la cruauté.
Et juste dans un tel milieu apparaît le prophète Zoroastre, produisant une transformation
spontanée dans la façon de penser et la conduite de ses concitoyens, raison
pour laquelle les savants matérialistes lui attribuent le titre de mutant.
Avec Zoroastre commence une ère de prospérité et de justice non seulement pour
les Iraniens, mais aussi pour les habitants des autres pays. En effet, c'est
grâce à Zoroastre que l'Iran a donné au monde un roi tel que Cyrus, que les
historiens mentionnent en tant que premier fondateur de la charte des droits
de l'homme, étant donné qu'il accordait leurs droits aux opprimés. C'est Cyrus
qui délivra les juifs captifs des Babyloniens. le prophète Esaïe l'appelle "Mon
berger" (Esaïe 44/28)
L'histoire nous relate un phénomène identique, mais cette fois en Inde.
Cela se passe presque cinq siècles après l'apparition de Zoroastre.
Nous sommes donc en Inde, pays qui traverse alors l'une des périodes les plus
sombres de son histoire. Le pays meurt lentement. C'est un suicide collectif.
Il s'agit de la doctrine d'ascétisme et de mortifications que pratiquent les
Hindous. Voulez-vous en connaître quelques perles?
Ne jamais s'asseoir, se contentant de s'accroupir sur les talons comme les chameaux.
Ne dormir que sur les ronces.
Jeûner au point d'arriver à une maigreur squelettique.
Et ces pratiques étaient si profondément enracinées dans la vie hindoue que
même de nos jours il en subsiste d'abondantes traces.
Mais là n'est pas tout, ce n'est rien à côté des pratiques incroyables telles
que manger des excréments de vache, boire de l'urine, faire le voeu de vivre
comme des chiens, en ne marchant qu'à quatre pattes et en ne mangeant que ce
qu'on leur jette à terre.
Et dire qu'on fait tout cela pour, soi-disant se perfectionner afin d'éviter
d'être incarné en animal, oubliant le fait qu'en s'identifiant au chien, on
augmente sa chance d'être réincarné en chien.
Mais le danger ne s'arrête pas là, car il ne s'agit pas de la satisfaction des
caprices d'un petit nombre d'Hindous. Il s'agit d'une doctrine prêchée par la
caste la plus honorée du pays, par les Brahmanes, la première des quatre castes
d'Hindoustan, les moines hindous. On peut facilement imaginer quel doit être
l'avenir d'un pays dont les habitants abandonnent toute activité sociale pour
s'adonner à de telles pratiques.
C'est précisément au milieu d'une telle corruption qu'apparaît Bouddha, fondant
une religion qu'aujourd'hui encore, est par le nombre de ses croyants la plus
grande parmi toutes les autres.
Bouddha fonde une nouvelle civilisation à la fois matérielle et spirituelle
et ceci, non seulement en Inde, mais dans bien d'autres pays tels que le Japon,
la Chine, le Tibet, etc...
Puisqu'on parle des Hindous et du bouddhisme, rappelons-nous un fait qui doit
être mentionné. C'est que le symbole du bouddhisme et de l'hindouisme est le
lotus. Le lotus est, en réalité, le symbole du messager de Dieu. C'est une fleur
parfaite. Elle est symétrique et extrêmement belle. Elle pousse dans les marécages.
Et de cet amas de bourbe et de boue, elle émerge absolument pure et parfaite.
Ce qui illustre bien le cas du messager de Dieu. En effet, par son corps il
vient de la terre, de la boue. Il est originaire du pire des pays de la planète.
Il apparaît parmi les plus corrompus des peuples de la terre. Ce qui fait que
personne ne peut dire que c'est un environnement favorable qui l'a formé et
ce qui prouve qu'il n'y a qu'une force extraordinaire et surnaturelle (Dieu)
qui peut le créer.
Ceci dit, revenons au bouddhisme pour voir, selon les pages de l'histoire qui
tant qu'on s'en tenait à l'esprit des enseignements de Bouddha, la civilisation
fondée par lui progressait dans tous les pays où cette religion avait pénétré.
Mais à partir du moment où l'on a abandonné l'esprit pour s'attacher à la forme
et aux cérémonies extérieures, le bouddhisme a perdu sa pureté primitive et
sa décadence a commencé pour aboutir à une telle situation que de nos jours
il n'est même pas reconnu, par bien des historiens, comme une religion.
Non moins triste fut le sort du Zoroastrisme à partir du moment où ses adeptes
ont abandonné l'esprit de la foi pour s'attacher aux rites. La notion de la
divinité a été tellement perdue de vue qu'aujourd'hui pour eux le soleil est
le bon dieu.
Pour être juste, avouons que les autres religions n'ont pas fait exception à
cette règle de décadence. Quand on pense qu'une religion qui a explicitement
interdit la guerre sous quelque forme que ce soit, une religion ne parlant que
de l'amour (j'entends la religion chrétienne) est tombée dans un tel état que
les guerres les plus meurtrières eurent lieu entre ses adeptes... que peut-on
attendre des autres religions où la guerre sainte était permise.
La décadence fut donc la règle générale selon l'histoire dont nous tournons
les pages pour arriver au 18ème siècle, moment où le monde entier est atteint
d'un mal sans précédent. L'injustice, la tyrannie et la cruauté règnent partout.
Les peuples, soi-disant civilisés, non seulement tyrannisaient les pays arriérés,
en les privant de leurs richesses naturelles, mais en plus, en vendant et achetant
leurs habitants, comme des bêtes.
Mais même à l'intérieur de leur pays régnait une telle injustice qu'il nous
est difficile d'y croire aujourd'hui: pensez qu'en France, par exemple, tous
les frais de l'état étaient supportés par le peuple (97% de la population) et
que les riches étaient dispensés de l'impôt.
La religion qui pratiquement devait être la cause de l'entente et de l'unité
était devenue le facteur de discorde et de haine. Jamais les catholiques et
les protestants ne se détestèrent si fort qu'au 18ème siècle. Jamais les sectes
musulmanes ne se haïssaient autant qu'au 18ème siècle. Voilà ce qui dit l'éminent
historien-philosophe Carlyle, à propos du 18ème siècle.
"Un siècle qui n'a pas d'histoire et ne pouvait guère en avoir. Le siècle le
plus riche en mensonges... qui n'avait plus aucune conscience de ses erreurs,
tant il en était imprégné, qui s'était ancré si fort dans l'aberration et s'en
était tellement inspiré qu'en vérité la mesure était comble" (Frédéric le Grand)
Li l'éminent historien, sur la base de l'étude de l'histoire conclut: "il fallait
une fois de plus aux paresseux, aux frivoles enfants des hommes une révélation
divine pour les empêcher de sombrer complètement dans un état bestial" (Frédéric
le Grand)
Mais où cette révélation divine devait-elle prendre naissance? Où ce "Lotus"
devait-il faire son apparition?
Dans un " marécage " d'après l'étude de l'histoire. Et ce " marécage", selon
le témoignage de la même histoire c'était l'Iran. Car le " Jour" qui devait
suivre la "nuit" du 18ème siècle (j'entends le 19ème siècle) il n'y avait pas
de pays aussi corrompu que l'Iran. Ce pays où 20000 têtes devaient tomber pour
avoir élevé la voix contre la corruption qui y régnait.
Et c'est précisément en Iran que la foi baha'ie pris naissance au 19° siècle.
Que disent les baha'is? Que vise la foi baha'ie?
Tournons un regard vers le passé, voyons ce qui se passe à présent et pensons
à l'avenir pour apprendre à vivre: disent les baha'is.
Un journal britannique écrivait:
"Au cours des trente-trois années passées, il y a eu des combats continuels
sur le globe, ou, comme l'a calculé un professeur hongrois " il n'y a pas eu
26 jours sans une guerre quelque part dans le monde".
Ce professeur a également calculé qu'au cours des 30 années passées, 25 millions
d'humains sont morts sur le champ de bataille.
Et ces guerres continuent. Elles reviennent incroyablement cher. Et c'est nous
qui en payons le prix. Vous a-t-on révélé qu'en moyenne, l'Etat dépense pour
un soldat autant que pour l'éducation de 80 enfants?
Ce qui est triste c'est que ces dépenses augmentent tous les ans, et restent
toujours à notre charge. Situation qu'à prévue infailliblement, il y a plus
de 100 ans, Baha'u'llah (à l'époque que certains appellent " le bon vieux temps"
"O assemblée de rois - écrivait-il - nous vous voyons tous les ans augmenter
vos dépenses et en faire supporter le poids à vos sujets. C'est une grande injustice.
Craignez les lamentations de l'opprimé et ses larmes, ne lui donnez pas un fardeau
qu'il ne puisse pas porter" (Lettre à la Reine Victoria)
Indiscutablement une partie de ce que nous payons à l'Etat est destinée à la
recherche scientifique et permet de guérir les maladies, d'éduquer les enfants,
de faire des routes etc... mais le majeure partie est réservée directement ou
indirectement aux préparatifs guerriers baptisés du nom "défense nationale".
Les amateurs de sensationnel nous diront: et les exploits spatiaux ! vous les
oubliez ! Ces exploits qui plongent tout le monde dans l'admiration. Ces hommes
qui se promènent dans le cosmos, ces satellites qui tournent autour de la terre,
ces fusées qui se lancent à la conquête des galaxies!
En réponse à de telles remarques que peut-on dire si ce n'est que tout cela
a quelque chose de troublant quand on pense que l'argent qui y est dépensé suffirait
amplement à donner à manger à l'univers tout entier.
N'oublions pas que sur les 50 millions d'hommes qui meurent chaque jour, 35
millions meurent de faim et de sous-alimentation.
Attendons nous à ce que ces 35 millions d'hommes poussés à la limite de leur
résistance, ne trouvent plus qu'une seule issue: prendre au prix de leur vie
et par la violence, à ceux qui ont de quoi se rassasier.
Ou bien attendons nous qu'éclate une guerre atomique pour tirer la leçon qui
s'impose? Cette menace existe plus que jamais, et dans les proportions les plus
effrayantes qu'on puisse imaginer, car les bombes qui ont été lancées à titre
expérimental sur les régions désertes avaient une puissance 600 fois plus grande
que celle d'Hiroshima.
Peu de temps avant sa mort, Einstein signait avec d'autres savants une déclaration
qui était un avertissement et une supplication et dans laquelle il était précisé
que:
"Au cas où les bombes H seraient massivement employées il faudrait prévoir le
décès d'une partie de l'humanité par des torturantes maladies et enfin la mort
lente de tous les êtres vivants".
Pourquoi la mort lente de tous les êtres vivants? Parce que l'atmosphère autour
de la terre sera empoisonnée radioactivement dans une proportion qui rendrait
toute vie impossible.
Et dans les abris souterrains? pourrait-on nous rétorquer. "Ceux qui y trouveront
refuge seront épargnés par la guerre atomique; ils en sortiront pour commencer
une nouvelle vie".
A cette remarque la biophysicien américain John Platt répond en ces termes:
"Même si c'était possible, ce ne serait qu'un ajournement temporaire et tragique
du problème, cela équivaudrait à tomber à mi-chemin du précipice? à se relever
tant bien que mal pour s'écraser au fond peu après. Les survivants finiraient-ils
par quitter leurs abris pour ensevelir les morts et relever les ruines avec
la seule perspective de retourner sous terre 20 ans plus tard, une fois reconstruites
les forces nucléaires? Et cela pour recommencer 20 ans après !"
L'éminent savant a raison quand il dit " et cela pour recommencer 20 ans après".
Si cela recommence 20 ans après c'est qu'on l'a voulu. Ce n'est pas automatiquement
que cela se fera. C'est qu'il y a des esprits guerriers qui déclenchent ces
guerres. Puisque les guerres commencent dans l'esprit de l'homme, c'est par
l'esprit qu'il faut commencer à instaurer la paix.
En effet, comment peut-on abolir la guerre entre des nations composées d'individus
qui, dans leur coeur mènent une guerre dissimulée, cachée, les unes contre les
autres: guerre de race, guerre de classes, guerre d'opinion...
C'est donc par les coeurs qu'il faut commencer.
Il faut unir les coeurs.
"Et là, la science ne peut pas nous sauver " dit Einstein.
Si ce n'est pas le science (et ceci est démontré par l'expérience) que nous
reste-t-il alors?
Il ne nous reste que la religion.
Mais quelle religion? Il n'y en a pas deux ou trois. La même religion qui, au
cours de l'histoire a fait preuve de sa puissance unificatrice tant qu'on se
tenait à son esprit, comme nous l'avons prouvé au début de notre exposé par
des exemples irréfutables.
Il faut donc pour unir les coeurs, recourir à la même puissance, c'est-à-dire
à la religion, à la condition que son esprit soit ranimé et que ses nouveaux
principes satisfassent les exigences de notre temps. En d'autres termes, il
faut recourir au stade actuel de l'évolution de la religion. C'est comme en
science médicale; pour guérir les maux on a toujours recours à la science médicale
mais au stade actuel de son évolution: traite-t-on maintenant les maladies par
la saignée et la purgation? Non, on applique les méthodes modernes.
Quant à la religion, elle aussi suit le cours de l'évolution. et c'est au stade
actuel de son évolution qu'il faut recourir. Ce stade est !a foi baha'ie qui
a, pour ainsi dire le même esprit que "les religions du passé" à leur état primitif
et pur, mais qui apporte, en plus, de nouveaux principes qui satisfont les exigences
de notre époque.
Et quel est le rôle de la science? La science facilite l'union que nous cherchons.
Elle sert, pourrait-on dire, de véhicule pour ce pèlerinage vers l'unité et
la paix, pèlerinage qui, selon la foi baha'ie se fera en sept étapes:
1 ° unité dans le domaine politique
2° unité de pensée dans les entreprises mondiales
3° unité dans la liberté
4° unité dans la religion 5° unité des nations
6° unité des races
7° unité des langues.
C'est la contribution à la réalisation de ce vaste programme que constitue le
but de tout baha'i. C'est cela qui donne un sens à sa vie. C'est en cela que
le monde jugera sa valeur dans la vie.
L'homme n'est-il pas comparable au bois qui porte le drapeau, bois dont le valeur
n'est pas dans sa taille, ni dans sa couleur, mais dans l'emblème qu'il déploie.
et cet emblème aujourd'hui c'est l'Unité et la Paix.