Le courage d'aimer
Shoghi Ghadimi

8. Vivre et aimer ne font qu'un
Chapitre précédent Chapitre précédent Retour au sommaire Chapitre suivant Chapitre suivant


8.3. En deux pages, une histoire en images

A l'école Baha'ie, pour notre éducation, nos enseignants racontent toujours des histoires instructives pour en tirer des conclusions morales. Et depuis j'ai pris l'habitude de recourir aux histoires pour développer un sujet. C'est d'ailleurs la raison pour laquelle je commence toujours mes conférences par une petite histoire.

Mais ce soir, je peux m'en passer, car tout mon exposé est une histoire, et pas une petite, mais une grande histoire.

Il s'agit de l'histoire de l'islam raconté par un langage imagé par l'Apocalypse et expliquée par `Abdu'l-Baha, interprète des enseignements Baha'is.

En deux pages, l'Apocalypse nous relate sept siècles d'avance, le destin tragique qui allait frapper l'islam, tout en consolant le lecteur par l'annonce de la fin de cette tragédie et le début d'une Ere Nouvelle en l'an 1260 de l'Hégire(1260 de l'Hégire coïncide avec l'année 1844 de l'Ere chrétienne).

Ceci dit, commençons à lire les deux pages en question et voyons comment `Abdu'l-Baha les interprète.

Au chapitre XI de son Apocalypse, St. Jean dit:

"Alors on me donna un roseau semblable à un bâton à mesurer, et l'ange s'étant présenté me dit: Lève-toi et mesure le temple de Dieu et l'autel et ceux qui y adorent. Mais laisse le parvis qui est hors du temple et ne le mesure pas, car il a été donné aux Gentils et ils fouleront aux pieds la Sainte cité pendant quarante-deux mois". (Ap. 11 / 1-2).

"Ce roseau représente ici le symbole d'un homme parfait et la portée de cette comparaison est la suivante: lorsque l'intérieur d'un roseau est vide et qu'il est débarrassé de tout ce qu'il contenait on peut obtenir de merveilleuses mélodies. Et de même que le chant et le son ne viennent pas du roseau, que la musique vient véritablement du joueur qui souffle dedans, de même cette personne bénie a son coeur saint, libre et vide de tout ce qui n'est pas Dieu, et elle n'est que le compagnon de l'Esprit divin. Voilà pourquoi il le compare à un roseau. Et ce roseau est comme un bâton, c'est-à-dire qu'il est le sauveur des faibles et le soutien des êtres contingents ; c'est le bâton du divin Berger à l'aide duquel il fait paître son troupeau et le conduit dans les prairies du Royaume". "Les Leçons de St. Jean d'Acre " Presses Universitaires de France, Paris.

`Abdu'l-Baha dit que par le terme " temple de Dieu " il faut entendre la religion de Dieu, car de même que la religion unit les hommes, le temple les réunit en son sein. Le temple est donc le symbole extérieur de la religion.

Quant à l'expression " mesure le temple de Dieu et ceux qui y adorent", il faut entendre le fait de comparer et de juger où en est la religion de Dieu, où en sont ses adeptes par leur comportement et leur façon de penser.

Or la seule personne qualifiée pour un tel jugement est le messager de Dieu-homme " vide de tout ce qui n'est pas Dieu", homme comparable à un roseau, dont l'intérieur est vide, homme parfait.

Et chaque fois que ce messager de Dieu apparaît, il juge où en sont les adeptes de son prédécesseur. C'est un Jour de Jugement. Jésus, par exemple, était la seule personne qualifiée pour juger si les Juifs étaient restés fidèles à Moïse. Et il a jugé en disant:

"Si vous croyiez en Moïse, vous me croiriez aussi, car il a écrit de moi". (Jean 5/46).

Ceci dit, revenons aux versets 1 et 2 du chapitre XI.

Avec les explications que nous venons de donner, il faut entendre par ces versets la prédiction concernant l'apparition d'un nouveau messager (après Jésus puisqu'il s'agit de ce qui va arriver après Jésus). Ses disciples, qui sont des étrangers (Gentils) pour Jérusalem, y viennent afin de conquérir cette ville, ils la fouleront aux pieds, mais ils respecteront le Temple de Salomon, le lieu le plus sacré.

Historiquement c'est exactement ce qui s'est passé quand au septième siècle les adeptes du Prophète Muhammad ont conquis Jérusalem, mais n'ont pas touché au Temple de cette ville.

"Mais - dit `Abdu'l-Baha - ces versets ont une autre interprétation et une signification symbolique qui est la suivante. La Loi de Dieu comprend deux parties, l'une fondamentale, est spirituelle, c'est à dire a trait aux vertus spirituelles et aux qualités divines, et n'a ni changement ni modification... c'est la foi, le savoir, la certitude, la justice, la piété, la bonté...

La seconde partie de la Loi de Dieu qui a trait au monde matériel, et qui comprend le jeûne, la prière, les exercices du culte, le mariage, le divorce... est modifiée et transformée dans chaque cycle prophétique". "Les Leçons de Saint-Jean d Acre". (P.U.F., Paris).

Et `Abdu'l-Baha conclut en disant que par le " temple " il faut entendre la partie spirituelle, de chaque religion qui n'est pas touchée par la nouvelle religion. Quant au " parvis extérieur " ou plus généralement la " ville " elle-même, il faut entendre la Loi qui a trait à la vie matérielle, et cette partie est abrogée (négligée, "foulée aux pieds").

Et c'est ce qui s'est passé avec l'apparition de l'islam, qui n'a pas touché aux lois spirituelles du christianisme, mais qui a changé les exercices du culte (le baptême, le carême etc.) avec son pouvoir pour quarante-deux mois. Or, quarante-deux mois c'est 1260 jours. Et chaque jour selon la Bible c'est comme une année (voir Ezéchiel 4/6). D'où une première conclusion: ces nouvelles lois (lois islamiques) qui "fouleront aux pieds" (abrogeront) les lois précédentes dureront 1260 ans. Après quoi logiquement il y a de nouvelles lois, autrement dit, une nouvelle révélation. Et c'est précisément ce qui a eu lieu avec la révélation du Bab, précurseur de la foi Baha'ie en 1260 de l'Hégire.

Ce qui confirme cette interprétation, c'est le troisième verset du même chapitre:

"Je donnerai à mes deux témoins le pouvoir de prophétiser, revêtus de sacs pendant mille deux cent soixante jours". (Ap. XI/3).

Le terme " témoin " s'applique aux messagers de Dieu, et à ceux qui ont la même autorité de témoigner infailliblement ce qui doit arriver. C'est ainsi que, par exemple, St. Jean appelle Jésus " le témoin fidèle" (Ap. 1/5). Jésus, à son tour, appelle ses Apôtres " mes témoins" (Actes 1/8). Le Prophète Muhammad a également le titre de témoin

"Je t'ai placé comme témoin". (Qur'an 33/44).

Concernant l'interprétation du troisième verset du chapitre XI `Abdu'l-Baha dit:

"Ces deux témoins sont vêtus de sacs, c'est-à-dire que apparemment ils n'auront pas de vêtements ; autrement dit, au début, aux yeux des autres peuples ils n'ont aucune splendeur, et leur cause ne paraît pas nouvelle, car par son côté spirituel la loi de Muhammad ressemble à celle de Jésus dans l'Évangile, et ses commandements relatifs aux choses matérielles ressemblent, pour la plupart, à ceux de la Torah.

Telle est l'interprétation des vieux vêtements". ("Les Leçons de St. Jean d'Acre").

Et `Abdu'l-Baha précise que les deux témoins qui devaient prophétiser pendant 1260 ans sont Muhammad et 'Ali qui lui ait succédé.

Notons, en passant, que jusqu'ici nous avons deux prophéties concernant 1260.

Et St. Jean continue:

"Quand ils auront achevé leur témoignage la bête qui monte de l'abîme leur fera la guerre, les vaincra et les tuera". (Ap. XI/7).

Selon `Abdu'l-Baha cette bête qui monte de l'abîme ce sont les BENI-OMAYADS (Dynastie des Omayades qui régna de 661 à 744.1) qui s'insurgèrent contre la loi de Muhammad et l'autorité d"Ali.

La suite des révélations de St. Jean nous apprend que

"Des hommes d'entre les peuples... verront leurs corps morts pendant trois jours et demi". (Ap. XI/9).

Selon `Abdu'l-Baha par le terme " corps " il faut entendre la loi de Dieu. Nous trouvons une confirmation de cette interprétation dans l'Évangile, où d'un côté Jésus dit:

"Je suis le pain vivant qui est descendu du ciel". (Jean 6/51).

Et de l'autre côté en montrant le pain il dit:

"Ceci est mon corps". (Luc. 22/19).

Puisque le " pain " est descendu du ciel et que ce " pain " est son " corps", il s'en suit que ce corps est venu du ciel. Ce qui est impossible à admettre, car le corps de Jésus est venu du sein de Marie, et c'est sa Loi qui est venue du ciel. Donc par le terme " corps " il faut entendre sa Loi.

Nous trouvons une autre confirmation de cette interprétation du terme " corps " dans cette parole de St. Paul qui dit " L'Église est son corps". (Ephésiens 1/22).

Or l'Église (le Temple) est synonyme de la Loi de Dieu. Car de même que la Loi de Dieu unit les hommes, le temple les réunit en son sein (ce que nous avons déjà expliqué). Donc selon St. Paul la Loi de Dieu et le corps du Christ ne font qu'un.

Ceci dit revenons aux révélations de St. Jean.

De ce qui vient d'être dit, il résulte que l'expression " corps morts " dont St. Jean parle signifie " Loi morte", "Loi sans esprit". En effet, par suite de ce qu'on fait les Beni-Omayads, la loi islamique a perdu son esprit.

"Les corps morts sont restés exposés pendant trois jours et demi, veut dire que cette loi en apparence on la voyait pendant trois jours et demi, ce qui fait trois ans et demi (Un jour étant équivalent à un an. (Ezéchiel 4/6)) ou quarante deux mois ou 1260 jours (42 x 30 = 1260) ou 1260 ans (Un jour étant équivalent à un an. (Ezéchiel 4/6)).

C'est donc pour la troisième fois que dans l'Apocalypse nous trouvons une référence à l'année 1260.

St. Jean poursuit ses révélations:

"Et ils ne permettront pas que leurs corps morts soient mis dans un sépulcre". (Ap. 11 /9).

En effet, les Beni-Omayads n'ont pas voulu enterrer l'islam, on a gardé les apparences, en observant les enseignements ayant trait à la vie matérielle (jeûne, prière...).

"Mais après trois jours et demi l'esprit de vie de Dieu entra en eux, et ils se relevèrent sur leurs pieds". (Ap. XI/II).

En interprétant ces paroles `Abdu'l-Baha dit:

"Ces deux individus dont les corps étaient demeurés sans esprit, ce sont les enseignements que Muhammad avait établis et que 'Ali avait promulgués. La vérité de ces enseignements avait disparu et la forme seule était restée. Une seconde fois, l'esprit revint à ces corps, c'est-à-dire que les fondements de ces enseignements furent à nouveau établis" (Les Leçons de St. Jean d'Acre). Ce qui se fit par la manifestation du Bab en 1260 de l'Hégire.

Le nombre 1260, autrement dit l'année 1260 de l'Hégire (calendrier de la révélation qui devait suivre celle de Jésus) présente une telle importance pour Jésus, qu'il l'a fait répéter à sept reprises par St. Jean. Et c'est le seul nombre qui est répété sept fois dans la Bible.

Jusqu'ici nous avons vu quatre passages où sous différentes formes St. Jean mentionne le nombre 1260:

42 mois (Ap. II/2), 1260 jours (Ap. II/3), 3 jours et demi (Ap. 11/9 et 11/11).

La suite des révélations de St. Jean nous permet de découvrir les trois autres références.

Au chapitre XII St. Jean parle de la "femme persécutée par le dragon".

La " femme " symbolise la " Loi de Dieu". Cette interprétation est confirmée par ce passage de l'Apocalypse où Jésus compare la nouvelle loi descendue du ciel à une épouse. (Ap. 21/2).

Voici exactement ce que dit St. Jean:

"Un grand signe parut dans le ciel: une femme enveloppée du soleil, la lune sous les pieds et une couronne de douze étoiles". (Ap.12/1).

Le soleil étant le symbole de l'Iran, et la lune celui de la Turquie, il s'agit de ces deux pays qui promulguèrent la loi de l'islam.

Quand aux douze étoiles il s'agit des douze imams. Le dragon c'est toujours la dynastie Beni Omayyah qui a commis tant d'injustice à l'égard de la Loi de Dieu révélée par Muhammad. Et cette Loi devait rester dans le désert (Abandonnée dans le désert) pendant 1260 jours (Ap. 12/6) ou " un temps, des temps et la moitié d'un temps" (Ap. 12/14).

L'unité du temps étant l'année, cette dernière précision veut dire " un an, deux ans et la moitié d'un an " ou " trois ans et demi " ou " 42 mois " ou " 1260 jours".

Ce qui confirme cette dernière interprétation du terme " temps " c'est que, selon St. Jean, la durée du séjour de la " femme dans le désert, d'un côté, est 1260 jours (Ap. 12/6), et de l'autre, "un temps des temps et la moitié d'un temps". (Ap. 12/ 14).

En tout cas c'est la cinquième fois et la sixième fois que St. Jean fait allusion à l'année 1260.

Quant à la septième référence à l'année 1260, nous l'avons au chapitre 13 où il est parlé de la première bête qui monte dans la mer, et qui avait dix diadèmes (Ap. 13/1). Selon l'interprétation Baha'ie il s'agit de MU'AVIYYIH, fondateur de la dynastie Beni-Omayyad. Cette dynastie tyrannique a régné sur sept pays et trois régions sous mandat (au total dix territoires), ce que l'Apocalypse présente sous forme imagée de dix diadèmes.

St. Jean continue:

"Et il lui fut donné une bouche qui proférait des paroles arrogantes et des blasphèmes ; et il lui fut donné le pouvoir d'agir pendant quarante deux mois". (Ap. 13/5).

C'est donc pour la septième fois que St. Jean parle de 1260 années de l'islam outragé, privé de son esprit.

A ce même chapitre 13 l'Apocalypse fait une prophétie d'une précision dépassant toute imagination. En effet l'Apocalypse précise que le nombre de la bête est 666. (Ap. 13/18).

Selon l'interprétation Baha'ie ("New Keys to the Book of Revelation") il s'agit du même MU'AVIYYIH, fondateur de la dynastie Beni-Omayyad qui a profané le sanctuaire de La Mecque où Muhammad est né, et ordonné le pillage de la Médine où le Prophète est enterré. Et ceci arriva en l'an 666.

L'Apocalypse parle également de la deuxième bête:

"Puis je vis monter de la terre une autre bête... qui parlait comme un dragon".

"Elle exerçait toute l'autorité de la première bête en sa présence, et elle faisait que la terre et ses habitants adoraient la première bête". (Ap. 13/11-12).

La seconde bête est YAZID, fils aîné de MU'AVIYYIH qui était un homme cruel, ambitieux, rusé et débauché. C'est lui qui est accusé d'avoir empoissonné l'Imam Hasan, le deuxième imam qui succéda au Prophète. Et c'est toujours Yasid qui a assassiné l'Imam HUSAYN, le troisième imam qui a succédé au Prophète.

Mais la tragédie ne s'arrête pas là. Jésus prédit qu'elle devait continuer jusqu'au Jour Promis:

"Et il lui fut donné d'animer l'image de la bête, afin que l'image de la bête parlât, et qu'elle fît que tous ceux qui n'adoraient pas l'image de la bête fussent tués". (Ap. 13/15).

L'image de la bête c'est l'image de la perversité, de la trahison, de la cruauté et de l'effusion de sang.

Cette image resta animée jusqu'au Jour Promis où les descendants de la bête en 1850 ont criblé de balles la poitrine du Bab, précurseur de la foi Baha'ie et descendant direct du même martyr Imam Husayn.

Cette image resta animée en ensanglantant les pages de l'histoire par la mention de plus de 20000 hommes, femmes et enfants Baha'is, parce que ceux-ci " n'adoraient pas l'image de la bête " et se sacrifiaient pour les principes de justice, d'amour et de fraternité, principes qui sont l'esprit même de notre époque.

Chapitre précédent Chapitre précédent Retour au sommaire Chapitre suivant Chapitre suivant