Le Covenant


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5.2. Elucidations de la Maison Universelle de Justice:

Lettre du 27 mai 1966 (275)


( Extraits d'une lettre écrite en réponse aux questions d'un croyant sur la relation entre le gardiennat et la Maison Universelle de Justice )

...Votre demande sur la date de l'élection de la Maison Universelle de Justice en tenant compte de la déclaration du Gardien : "...Avec les circonstances favorables permettant aux baha'is persans et des pays voisins sous la loi soviétique d'élire leurs représentants nationaux... le seul obstacle restant dans la voie de la formation définitive de la Maison de Justice Internationale serait enlevé". Le 9 avril 1947, le Gardien dans une lettre écrite de sa part par son secrétaire, répondait à une question d'un croyant individuel sur ce passage : "A I'époque où il se référait à la Russie, il y avait des baha'is là-bas. Maintenant la communauté a pratiquement cessé d'exister, par conséquent la formation de la Maison Internationale de Justice ne peut dépendre d'une Assemblée nationale russe, mais d'autres Assemblées spintuelles nationales fortes doivent être édifiées avant qu'elle puisse être établie."

Vous suggérez la possibilité que, pour le bien de la Cause, certaines informations concernant la succession de Shoghi Effendi seraient cachées des croyants. Nous vous assurons que rien de tel n'est caché des croyants pour quelque motif que ce soit. Il n'y a aucun doute que selon le testament d"Abdu'l-Baha, Shoghi Effendi était l'autonté désignée pour nommer son successeur ; mais il n'avait pas d'enfant et tous les Aghsan survivants avaient brisé l'Alliance. Ainsi, comme les Mains de la Cause l'ont déclaré en 1957, il est clair qu'il n'y avait personne qui pouvait être nommé en accord avec les clauses du testament. Nommer quelqu'un en dehors des clauses spécifiques du testament du Maître aurait été évidemment impossible et impensable de la part du Gardien, le défenseur et le soutien divinement nommé de l'Alliance. Bien plus, ce même testament précisait de façon claire, comme vous le savez, les moyens pour la confirmation du successeur nommé par le Gardien. Les neufs Mains qui devaient être élues par le corps des Mains devaient donner leur assentiment par bulletin secret au choix du Gardien. En 1957, le corps entier des Mains, après une recherche minutieuse sur ce sujet, annonça que Shoghi Effendi n'avait pas nommé de successeur et n'avait pas laissé de testament. Cela est établi et documenté.

On ne peut pas déduire du fait que Shoghi Effendi n'a pas laissé de testament qu'il a manqué d'obéir à Baha'u'llah - nous devons plutôt reconnaltre que dans son silence même il y a une sagesse et un signe de sa direction infaillible. Nous devons méditer profondément sur les écrits que nous avons, et chercher à comprendre les significations nombreuses qu'ils renferment. N'oubliez pas que Shoghi Effendi a dit que deux choses étaient nécessaires pour une compréhension croissante de l'Ordre mondial de Baha'u'llah : le passage du temps et la direction de la Maison Universelle de Justice.

L'infaillibilité de la Maison Universelle de Justice, opérant à l'inténeur de sa sphère prescrite, n'a pas été définie dépendante de la présence, au sein de ses membres, du Gardien de la Cause. Bien que le domaine d'interprétation du Gardien reste toujours applicable, néanmoins en ce qui concerne la participation du Gardien à la législation, c'est toujours la décision de la Maison (Universelle de Justice) qui doit prévaloir. Cela est soutenu par les paroles du Gardien : "L'interprétation du Gardien, agissant dans sa propre sphère de compétence, a une autorité aussi indiscutable que les édits de la Maison Internationale de Justice dont le droit et les prérogatives exclusifs sont de prononcer l'ultime jugement sur des lois et ordonnances que Baha'u'llah n'a pas expressément révéIées. Aucune de ces deux institutions ne peut, ni ne voudra jamais empiéter sur le domaine sacré et prescrit de l'autre. Elles ne chercheront pas non plus à amoindrir l'autorité spécifique et certaine dont chacune a été divinement investie. Quoique le Gardien de la Cause soit le chef désigné et permanent d'une aussi auguste assemblée, il ne peut jamais même temporairement, assumer le droit exclusif de légiférer. Il lui est interdit de ne pas tenir compte de la décision de la majonté de ses collègues, mais il est tenu d'insister auprés d'eux pour qu'il soit procédé à un nouvel examen de toute loi qu'en son âme et conscience il considére être en désaccord avec la signification des paroles révélées de Baha'u'llah." (276)

Cependant, en plus de sa fonction de membre et de chef sacré et à vie de la Maison Universelle de Justice, le Gardien, agissant dans sa propre sphère, avait le droit et le devoir "de définir la sphère de l'action législative" de la Maison Universelle de Justice. En d'autres termes, il avait l'autorité de déclarer si une matière était ou non déjà couverte par les textes sacrés et par conséquent si c'était de l'autorité de la Maison Universelle de Justice de légiférer. Nulle autre personne, à part le Gardien, n'avait le droit ou l'autorité de donner de telles définitions. La question qui est alors soulevée : en l'absence du Gardien, la Maison Universelle de Justice court-elle le danger de dépasser sa propre sphère et de tomber alors dans l'erreur ? Ici nous devons nous rappeler trois choses : premièrement, Shoghi Effendi, durant les trente-six années de son gardiennat, a dejà donné d'innombrables définitions de ce genre, complétant celles déjà faites par 'Abdu'l-Baha et par Baha'u'llah lui-même. Comme déjà annoncé aux amis, quelque soit le sujet, une étude minutieuse des Ecrits et des interprétations précède toujours l'acte législatif ; en second lieu, la Maison Universelle de Justice, elle-même assurée de la direction divine, est très consciente de l'absence du Gardien et n'abordera les questions de législation que lorsqu'elle est certaine que ces questions tombent sous sa sphère de juridiction, sphère que le Gardien a décrite avec confiance comme "clairement définie"· Troisièmement, nous ne devons pas oublier la déclaration écrite du Gardien sur ces deux insitutions : " ni l'une ni l'autre ne pourra ni ne voudra déborder sur le domaine sacré et prescrit de l'autre".

En ce qui concerne la nécessité de faire des déductions à partir des Ecrits pour aider à la formulation d'actes législatifs de la Maison Universelle de Justice, il y a le texte suivant de la plume d"Abdul-Baha :
"Les questions d'importance majeure qui constituent le fondement de la Loi de Dieu sont explicitement enregistrées dans le Texte, mais des lois secondaires sont laissées à la Maison Universelle de Justice. La sagesse de cela est que les époques ne restent jamais identiques à elles-mêmes, car le changement est une qualité nécessaire (277) et un attribut essentiel de ce monde et du temps et de l'espace (278). Donc la Maison de Justice agira en conséquence. (279) Qu'on n'imagine pas que la Maison de Justice prendra une décision selon ses propres concepts et opinions. Dieu nous en préserve ! La Maison Suprême de Justice prendra des décisions et établira des lois à travers l'inspiration et la confirmation de l'Esprit Saint, car elle est sous la sauvegarde et à l'abri et sous la protection de la Beauté Ancienne, et obéir à ses décisions s'impose, cela est un devoir essentiel et une obligation absolue, et il n'y a aucune exception pour
personne. Dis, ô peuple : en vérité la Maison suprême de Justice est sous les ailes de votre Seigneur, le Compatissant, le Trés-Miséncordieux c'est-à-dire sous sa protection, ses soins et son abri, car il a com- mandé aux croyants fermes d'obéir à ce corps béni, sanctifié et dominant tout et dont la souveraineté a été divinement ordonnée du royaume céleste et dont les lois sont inspirées et spirituelles. Bref, c'est cela la sagesse de rapporter les lois de la société à la Maison de Justice. Dlans la religion de I'islam, similairement toutes les lois n 'ont pas été révélées explicitement, mais plutôt un dixième du dixième a été inclus dans le Texte. Bien que les matières d'importance majeure aient été mentionnées, il y avait indubitablement des milliers de lois qui n'étaient pas spécifiées. Ces lois ont été précisées plus tard par le clergé selon les règles de la jurisprudence islamique. Et les hommes du clergé individuel ont fait des déductions contradictoires à partir des ordonnances originelles révélées. Toutes furent mises en application. Aujourd'hui ce processus de déduction est le droit du Corps de la Maison de Justice, et les déductions et les conclusions d'érudits individuels n'ont aucune autorité à moins d'être approuvées par la Maison de Justice. La différence est justement ceci : des décisions et des édits de la Maison de Justice, dont les membres sont élus et connus de la communauté mondiale baha'ie, aucun différend ne peut surgir. Alors que les décisions des membres du clergé et des savants individuels conduisent en définitive au différend et il en résulte division, schisme et dispersion. L'unité du monde serait détruite et l'unité de la Foi disparaîtrait et l'édifice de la Foi de Dieu serait secoué."

Dans I'Ordre de Baha'u'llah, il y a certaines fonctions qui sont réservées à certaines institutions, et d'autres qui sont partagées, même si elles peuvent être un peu plus du domaine de l'une par rapport à l'autre. Par exemple, bien que les Mains de la cause de Dieu aient des devoirs spécifiques de protection et de propagation et soient spécialisées dans ces fonctions, c'est également du devoir de la Maison de Justice et des Assemblées spirituelles de protéger et d'enseigner la Cause. En vérité l'enseignement est un devoir sacré donné à chaque croyant par Baha'u'llah. De même, bien qu'après le Maître l'interprétation douée d'autorité ait été confiée au Gardien et que la législation soit exclusivement la fonction de la Maison Universelle de Justice, ces deux institutions sont, d'après les paroles mêmes du Gardien, "complémentaires dans leurs buts et desseins". "Leur objet commun et fondamental est d'assurer la continuité de cette autorité divinement désignée qui dérive de la source même de notre Foi, pour sauvegrder l'unité de ses disciples et de maintenir l'intégrité et la flexibilité de ses enseignements". Alors que la Maison Universelle de Justice ne peut exercer aucune fonction qui appartienne exclusivement au Gardien, elle doit assumer ce qu'elle partage avec le gardiennat.

Comme vous le soulignez avec de nombreuses citations, Shoghi Effendi a répété avec insistance que ces deux institutions jumelles sont inséparables. Bien qu'il ait envisagé leur fonctionnement conjoint, on ne peut logiquement en déduire que l'une est incapable de fonctionner en l'absence de l'autre. Durant ses trente-six années de gardiennat, Shoghi Effendi a fonctionné sans la Maison Universelle de Justice. Maintenant la Maison Universelle de Justice doit fonctionner sans le Gardien, mais le principe de "l'inséparabilité" demeure. Le gardiennat ne perd pas sa signification ni sa position dans l'Ordre de Baha'u'llah simplement parce qu'il n'y a plus de Gardien vivant. Nous devons nous garder de deux attitudes extrêmes : la première consiste à dire que comme il n'y a plus de Gardien, tout ce qui a été écrit au sujet du gardiennat et de sa position dans I'Otdre mondial est lettre morte et sans importance ; la seconde consiste à être si imbu de la signification du gardiennat qu'on sous-estime la force de l'Alliance, jusqu'à être tenté de transiger avec les Textes clairs afin de trouver, d'une certaine ma- nière, par quelque moyen, un "Gardien".

Servir la cause de Dieu exige une fidélité absolue, une intégrité et une foi ferme en Lui. Rien de bien mais seulement du mal peut résulter du fait de prendre en main la responsabilité de l'avenir de la cause de Dieu et essayer de la forcer à s'engager dans des voies où nous voulons qu'elle aille sans égard pour les Textes clairs et pour notre propre limitation. C'est sa Cause. Il a promis que sa lumière ne s'éteindra pas. Notre part consiste à nous tenir fermement à la parole révélée et aux institutions qu'il a créées pour préserver son alliance.

C'est précisément dans cette connexion que les croyants doivent reconnaître l'importance de l'honnêteté intellectuelle et de l'humilité. Dans les dispensations passées, de nombreuses erreurs sont survenues parce que les croyants dans la Révélation divine étaient trop anxieux d'enfermer le message divin à l'inténeur du cadre de leur compréhension limitée, de définir des doctrines où la définition était au-delà de leur pouvoir, d'expliquer des mystères que seule la sagesse et l'expérience d'un âge ultérieur rendraient compréhen- sibles, d'arguer qu'une chose était vraie parce qu'elle paraissait désirable et nécessaire. Nous devons éviter scrupuleusement de tels compromis avec des vérités essentielles, un tel orgueil intellectuel.

Les amis devraient comprendre que si certaines déclarations de la Maison Universelle de Justice ne sont pas détaillées, ce n'est pas par esprit de secret, mais plutôt la détermination de ce corps de s'abstenir à interpréter les enseignements et de préserver la vérité de la déclaration du Gardien selon laquelle : "Les dirigeants de la religion, les théoriciens politiques, les gouverneurs des institutions humaines... ne doivent avoir aucun doute ou anxiété en ce qui concerne la nature, l'origine ou la validité des institutions que les adhérents de la Foi sont en train d'édifier partout dans le monde. Car elles prennent racine dans les Enseignements mêmes, non altérés et non obscurcis pas des ingérences injustifiées ou des interprétations non autorisées de sa Parole.

Une distinction claire est faite, dans notre Foi, entre l'interprétation faisant autorité et l'interprétation et la compréhension que chaque individu acquiert après l'étude des enseignements de la Foi. Alors que la première est du ressort du Gardien, les secondes ne doivent, selon la directive donnée par le Gardien lui-même, en aucun cas être supprimées. En fait cette interprétation individuelle est considérée comme le fruit du pouvoir rationnel de l'homme et conduit à une meilleure compréhension des enseignements, étant entendu qu'aucune dispute ou discussion ne survient parmi les amis et que l'individu lui-même comprend et dit clairement que ses points de vues ne sont que les siens.



NOTES

275. Wellspring of Guidance, pp. 81-91. (Traduction provisoire).  ñ
276. La Dispensation de Baha'u'llah, pp. 91-2 (OMB p. 139).   ñ  Ouvrir le livre La dispensation de Baha'u'llah
277. The wisdom of this is that the times never remain the same, for change is a necessary quality and an essential attribute of this world.  ñ
278. Pour tous les points laissés à la discrétion de la Maison Universelle de Justice, celle-ci prendra les mesures nécessaires selon l'epoque et le lieu. ñ
279. Therefore, the House of Justice will takc action accordingly.  ñ


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