Les dépositaires de la confiance divine
Adib
Taherzadeh
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2.
Les institutions divines 2.1. Fonctionnement des assemblées
spirituelles Les assemblées spirituelles sont des institutions divines créées
par Baha'u'llah. Il a conféré à ceux qui
y servent un bienfait inestimable en leur permettant de prendre part à
l'érection de la charpente de son ordre mondial, actuellement dans sa
forme embryonnaire. Aussi grand que soit ce privilège, les membres de
ces institutions sont mis en face de responsabilités stupéfiantes
puisqu'ils peuvent soit contribuer à en faire des assemblées fortes
et saines, solidement établies et fonctionnant harmonieusement en appliquant
les principes spirituels enchâssés dans l'ordre administratif,
soit les faire dégénérer en simples corps sans esprit,
bien organisés mais pleins de tensions, de problèmes, de frictions
et d'incompréhensions. Les baha'is des premiers jours, ceux qui vivaient et travaillaient
à l'âge héroïque, n'avaient ni ces responsabilités
ni ces problèmes. En contact direct avec la suprême manifestation
de Dieu et le Centre de son alliance, ils étaient devenus une nouvelle
création, douée de qualités divines, totalement oublieux
d'eux-mêmes et entièrement tournés vers Baha'u'llah.
Enivrées par le vin de ses paroles, lui étant complètement
dévouées, ces âmes saintes étaient rafraîchies,
telles des plantes au printemps, par les averses printanières de sa révélation.
Elles tiraient leur force et leur subsistance, directement et de façon
indépendante, du centre de la cause. Ces premiers croyants étaient
en communication directe avec Baha'u'llah et 'Abdu'l-Baha,
et bon nombre des tablettes dont nous disposons aujourd'hui ont été
révélées en réponse à des lettres par lesquelles
ils demandaient des conseils ou posaient différentes questions. Aucun
motif de ressentiment ou de malentendu, de tension ou de friction n'existait
alors parmi les croyants, car ils n'avaient pas de vie communautaire; ce fut
à cette époque que la cause produisit ses géants spirituels. Mais en cet âge de la formation, toutefois, les adeptes de Baha'u'llah
doivent travailler ensemble au sein de communautés Baha'ies.
Les averses printanières de la révélation de Baha'u'llah
ont cessé, et l'esprit de la cause de Dieu, cette eau de vie qui animait,
à un âge précédent, une troupe de héros divinement
enivrés, ne peut désormais atteindre et rafraîchir les croyants
que par le biais des institutions d'un ordre divinement ordonné. Le Gardien
qui posa les fondations de cet ordre et dont l'esprit dominera indubitablement
la période tout entière de l'âge de la formation de la foi,
a résumé ce processus en ces termes: Le moment était maintenant
venu pour cet Esprit impérissable, cet Esprit vivificateur du monde,
qui était né à Shiraz, qui était réapparu
à Tihran, qui s'était enflammé à Baghdad
d et à Andrinople, puis avait été porté en Occident
et illuminait maintenant les rivages des cinq continents, de s'incarner dans
des institutions destinées à canaliser ses énergies débordantes
et à stimuler sa croissance (Dieu passe près de nous, Shoghi Effendi,
M.E.B., éd. 1976, p. 314.). Les assemblées spirituelles, nerfs essentiels de la société
baha'ie, appelées à évoluer en maisons de
justice locales et nationales, sont en effet les canaux dans lesquels circule
l'esprit source de vie de la foi. L'assemblée spirituelle n'est pas seulement une réunion de neuf
membres, elle est plus exactement une institution divine dans laquelle l'homme
devient l'instrument de la diffusion de l'esprit. Les membres des assemblées spirituelles sont souvent d'origines sociale,
intellectuelle et spirituelle différentes. Jeunes et vieux, riches et
pauvres, lettrés et illettrés, anciens et nouveaux déclarés,
tous peuvent y siéger ensemble comme membres de l'assemblée spirituelle.
Cette diversité de pensées, de cultures, de coutumes et d'origines,
qui donnerait lieu dans le monde extérieur à une incompatibilité
telle qu'elle paralyserait le travail d'une organisation, devient ici source
de force et de bénédiction dans l'assemblée spirituelle
dont les membres, loin d'insister sur leurs différences d'éducation,
de capacité et de compétence, peuvent oeuvrer ensemble, conformément
à l'esprit de l'ordre administratif de Baha'u'llah, à
créer un corps harmonieux et amical, vibrant de l'esprit de la cause
et démontrant de ce fait le dynamisme de sa force de cohésion. En reprenant l'analogie qui existe entre les assemblées spirituelles
et les canaux qui transportent l'eau de vie, chaque membre pourrait être
comparé à une des briques qui constituent ce canal. Construisons
un canal de neuf briques, toutes différentes de taille et de forme, et
examinons les tensions et les pressions qui s'y exercent alors que l'eau le
traverse. Si les neuf pierres sont cimentées ensemble de telle sorte
que leurs faces lisses se trouvent à l'intérieur du canal, l'eau
peut alors s'écouler sans heurts. Mais si quelques-unes des pierres font
saillie dans le courant, il en résultera des turbulences. Chaque brique
sera soumise à de fortes pressions qui risquent, en fin de compte, de
démolir le canal. De même, si les membres d'une assemblée
spirituelle se réunissent dans un esprit d'harmonie et d'unité,
écartent leurs désirs égoïstes, laissent derrière
eux leur ego, se mêlent et se fondent en un seul corps par amour pour
Baha'u'llah, alors cette assemblée devient spirituelle.
Elle attirera les libéralités de Baha'u'llah et,
par son intermédiaire, l'esprit et le pouvoir des enseignements se répandront
sur l'humanité. Mais si les membres font preuve d'un sentiment de supériorité,
s'enorgueillissent de leurs propres réalisations et cultivent ainsi leur
ego, ils feront saillie comme les pierres dans le canal, et alors, conformément
aux paroles de 'Abdu'l-Baha, cette assemblée sera anéantie.
Parmi les éléments nuisibles susceptibles d'être introduits
dans les institutions naissantes de la foi, il y a les mauvaises influences
de l'ordre ancien qui a été disloqué depuis que les mises
en garde de Baha'u'llah aux rois et aux dirigeants sont restées
lettre morte. Les porteurs de ces influences nuisibles sont les croyants qui
doivent vivre et travailler dans le monde extérieur un monde enveloppé
des ténèbres de l'incroyance et de l'impiété, spirituellement
affamé, plein de corruption, de préjugés et de conflits,
avec ses fausses valeurs et ses institutions vides et usées qui fonctionnent
pour la plupart dans un cadre fondé sur les intrigues, la tromperie et
la discorde. Les croyants, quoique sincères, risquent, s'ils ne sont
pas toujours vigilants, d'introduire dans l'assemblée, sans le vouloir,
quelques-unes de ces valeurs et de ces pratiques propres à l'ordre ancien
et si étrangères à l'esprit de la foi et de ses institutions
divinement ordonnées. Reprenons l'analogie du canal de neuf briques. Bien que de l'eau pure y circule,
le canal lui-même est enterré et entouré de terre. Si l'une
de ces briques est fissurée, elle laissera certaines impuretés
pénétrer dans le canal où terre et saleté vont contaminer
l'eau. Mais si les briques sont solides, dures et inexpugnables, rien ne pourra
s'infiltrer de l'extérieur et l'eau du canal restera pure et non polluée. La foi de Baha'u'llah se trouve bien au-delà des craintes,
des doutes et des perplexités des institutions anciennes et usées
et des doctrines surannées, qu'elles soient sociales, politiques ou religieuses.
Elle n'est en aucune façon influencée par les philosophies et
les théories humaines et trompeuses des temps modernes, et qui ont misérablement
échoué à fournir une solution acceptable aux problèmes
de l'humanité. Cependant, les membres de l'assemblée qui ont reconnu
le rang de Baha'u'llah et sont restés fermes dans son alliance
sont à l'abri des influences empoisonnées de l'ordre ancien. Par
leur foi inébranlable en Baha'u'llah, leur loyauté
constante envers 'Abdu'l-Baha, Shoghi Effendi et la Maison Universelle
de Justice, par la rectitude de leur conduite, leur adhésion indéfectible
aux lois, aux enseignements et aux ordonnances de Baha'u'llah,
ces membres sont armés et protégés contre les mauvaises
influences extérieures qui exercent une pression sur les institutions
divines nouveau-nées. Dans le canal de l'ordre administratif, ces âmes
sont, en effet, comparables à des pierres solides et imprenables. La foi est un terme relatif et son intensité varie d'une personne à
l'autre. Lorsque l'individu reconnaît pour la première fois la
vérité de la mission de Baha'u'llah, l'étincelle
de la foi s'allume dans son coeur. Cette étincelle grandira en une flamme
puissante s'il consent à s'éprendre de Baha'u'llah,
à servir sa cause et à s'immerger dans l'océan de ses paroles.
Ce n'est que de cette façon que son coeur recevra une mesure toujours
croissante de confirmation et d'assurance. Aucune histoire des premiers croyants n'est plus émouvante que celle
des martyrs de la foi qui, avec intrépidité et grand héroïsme,
se levèrent pour propager la cause de Dieu, et qui restèrent fermes
même lorsqu'ils furent contraints à témoigner par leur sang
de la vérité de la révélation de Baha'u'llah.
Ces âmes avaient atteint le plus haut degré de foi et incarnaient
la certitude et l'assurance. L'histoire de Rhuhu'llah Varqa est,
à cet égard, hautement significative dans les annales de la foi.
Enfant martyr de la foi, héros et véritable prodige spirituel,
il parvint, à l'âge de huit ans, en présence de Baha'u'llah
à Saint-Jean-d'Acre et, par son amour pour la Beauté bénie,
il démontra une telle maturité et une telle compréhension
qu'il inspira et éleva les croyants qui devinaient sa grandeur d'âme.
Son dévouement à la cause et son enthousiasme pour la propager
le conduisirent, peu après être parvenu en présence de son
Seigneur, à la prison de Tihran où il partagea, avec son
illustre père, le poète et remarquable enseignant de la foi, 'Ali
Muhammad ( un apôtre de Baha'u'llah surnommé Varqa
(colombe) par la Plume du Très-Haut) les épreuves et les souffrances
de la vie carcérale. Ce fut dans cette prison qu'il vit de ses propres
yeux le corps de son père bien-aimé tomber sous le poignard du
bourreau. Peu de temps après, refusant d'abjurer sa foi et désireux
de rejoindre son père, il fut étranglé et mourut à
l'âge de douze ans. 'Abdu'l-Baha et la très Sainte Feuille
avaient une grande admiration et beaucoup d'amour pour Rhuhu'llah et tous avaient
plaisir à converser avec lui lorsqu'il était à Saint-Jean-d'Acre.
On raconte qu'un jour, 'Abdu'l-Baha lui demanda comment il passait son
temps dans son pays. Rhuhu'llah répondit: Nous enseignons la foi aux
gens et les informons de la venue du Promis. Le Maître, visiblement content
de converser avec ce jeune garçon merveilleux et désirant l'éprouver,
lui demanda ce qu'il ferait si l'on découvrait que le Bab n'était
pas le véritable Promis et que le vrai prophète était apparu.
Je lui enseignerai la foi répondit-il promptement. Voilà un exemple
de foi véritable, de certitude absolue et de fermeté dans l'alliance. Bien que l'âge héroïque soit aujourd'hui révolu, les
épreuves n'en continuent pas moins, en cet âge de la formation,
d'affecter les croyants de diverses manières. La réunion de l'assemblée
spirituelle est, à cet égard, un terrain d'épreuve où
le membre individuel sera testé en pensée, en parole et en action,
et où ses qualités et son potentiel seront connus. La meilleure
protection pour le croyant est la fermeté dans l'alliance, ce qui, en
langage simple signifie obéissance envers Baha'u'llah et,
après lui, envers `Abdu'l-Baha, Shoghi Effendi et, aujourd'hui,
envers la Maison Universelle de Justice. C'est une question de foi, et chaque
baha'i qui a reconnu Baha'u'llah comme la manifestation
suprême de Dieu aura déjà accepté ce principe cardinal
de la cause. Nombreux sont les enseignements et les principes de la foi qui suscitent l'adhésion.
La foi d'un croyant est toutefois éprouvée lorsqu'il se trouve
confronté à une affirmation contraire à sa façon
de penser. Dans ce cas, on peut dire que le degré de fermeté dans
l'alliance est déterminé par la promptitude avec laquelle il reconnaît
sincèrement et du fond du coeur que Baha'u'llah et ceux
auxquels il a conféré l'infaillibilité sont divinement
guidés, que leurs paroles, leurs enseignements et leur guidance sont
exempts d'erreur, et que l'esprit de l'homme est limité et son jugement
souvent erroné. Une des grandes responsabilités incombant à ceux qui sont appelés
à servir au sein des assemblées spirituelles consiste à
s'assurer que les principes administratifs révélés par
la plume de Baha'u'llah, élaborés par 'Abdu'l-Baha
et expliqués en détail par Shoghi Effendi, sont fidèlement
appliqués dans le travail de ces institutions. La consultation au sein de l'assemblée spirituelle constitue un exemple
important de ces principes. Le niveau que, selon Baha'u'llah et
'Abdu'l-Baha, les membres des assemblées spirituelles doivent
maintenir dans leurs consultations est, en effet, très élevé.
Les premières conditions requises de ceux qui se consultent, écrit
'Abdu'l-Baha, sont la pureté d'intention, le rayonnement de l'esprit,
le détachement de tout autre que Dieu, l'attirance vers sa fragrance
divine, l'humilité et la modestie parmi ses aimés, la patience
et l'endurance dans les difficultés et la servitude à son seuil
exalté... La condition première est l'harmonie et l'amour absolus
parmi les membres de l'assemblée. Ils doivent se dégager de toute
antipathie et doivent manifester en eux l'unité de Dieu, car ils sont
les vagues d'une seule mer, les gouttes d'une seule rivière, les étoiles
d'un seul ciel, les rayons d'un seul soleil, les arbres d'un seul verger, les
fleurs d'un seul jardin (Principles of Baha'i Administration,
B.P.T., London, ed. 1963, pp. 41-42.) C'est l'application de ces normes spirituelles qui fait de la consultation
baha'ie un terrain d'épreuve pour chaque membre de l'assemblée.
Toutes les vertus de l'individu, sa foi, son courage et sa fermeté dans
l'alliance subissent un test rigoureux quand l'assemblée s'assied autour
de la table pour se consulter. Ici commence dans l'âme de l'individu la
bataille spirituelle qui se poursuivra aussi longtemps que l'ego restera le
dictateur. Cette bataille peut, en effet, en de nombreux cas, durer toute une
vie. Sur ce champ de bataille, les forces de la lumière et celles des
ténèbres sont déployées les unes contre les autres.
D'un côté se trouve l'entité spirituelle, l'âme du
croyant, de l'autre un grand ennemi, le moi ou l'ego. Le niveau spirituel est exalté par le Maître, et si l'individu
tourne son coeur vers le royaume de gloire, il peut parfaitement entendre avec
les oreilles de l'esprit, à chaque réunion de l'assemblée,
la voix vibrante du Maître l'invitant à Ces attributs et de nombreux autres sont les principales conditions requises
pour la consultation baha'ie. A quelque moment que l'âme
prête l'oreille à ces normes élevées établies
par 'Abdu'l-Baha et, lorsque l'occasion l'exige, les applique au cours
de la consultation, l'ego vaincu restera à l'arrière-plan. L'âme
sort victorieuse de cette bataille et deviendra radieuse de la lumière
de la foi et du détachement. L'application de ces principes spirituels
doit toutefois être authentique et pas seulement superficielle. Les sentiments
d'amour, d'unité, de détachement et d'harmonie doivent venir du
coeur. Ils ne doivent pas seulement se manifester sous une forme extérieure.
Humilité et servitude, rayonnement, dévotion, courtoisie et patience,
accompagnés de toutes les autres vertus, sont des qualités de
l'esprit. Elles ne peuvent se manifester par de vaines paroles, ni s'en contenter.
Si tel est le cas, l'ego est alors victorieux. Il n'est peut-être pas facile de parvenir à des normes aussi élevées
pendant la consultation baha'ie. Quelles que soient sa sincérité
et sa dévotion, l'homme néglige souvent d'appliquer ces principes
aux réunions de l'assemblée. Mais au sein de l'assemblée
spirituelle il est une force puissante, souvent négligée, qui
peut transformer les échecs et les faiblesses humaines en aspirations
nobles et en actions louables. Elle peut changer l'atmosphère de l'assemblée spirituelle et,
d'une atmosphère de tension et de discorde, faire une atmosphère
d'amour et d'unité. Libérée de l'enchevêtrement des
discussions et des controverses, l'assemblée peut alors devenir un canal
parfait pour l'écoulement de l'esprit de la cause vers l'humanité.
Cette force puissante est la présence de Baha'u'llah dans
l'assemblée. Dans le Kitab-i-Aqdas, il a affirmé que, lorsque
les membres s'assemblent dans la chambre du conseil, ils devraient considérer
qu'ils sont en présence de Dieu, qui est, en effet, la présence
de Baha'u'llah. Cette présence est réelle et non
imaginaire, car il ne leur demande pas seulement de se considérer comme
étant en sa présence, mais de voir celui qui ne peut être
vu. Dans cette vie, certaines choses pourtant réelles sont souvent invisibles
à l'oeil humain. Ce monde contingent, et tout ce que l'on peut y voir,
n'est qu'une ombre. Le monde de la réalité est spirituel et, pour
le comprendre, l'homme a besoin de qualités spirituelles. La présence
de Baha'u'llah dans l'assemblée spirituelle est plus réelle
que tout autre élément de ce corps et, lorsque les membres s'assemblent,
ils sont vraiment assis en sa présence, comme il l'a lui-même affirmé.
Quand les membres de l'assemblée en prendront pleinement conscience et
qu'avec l'oeil de l'esprit ils verront Baha'u'llah parmi eux,
l'océan d'humilité et d'effacement de soi les submergera, les
remplira d'un nouvel esprit, et les rendra radieux. La présence de Baha'u'llah
fondra les neuf membres en un seul corps et ils ne s'attarderont plus sur leurs
fautes ou sur leurs faiblesses. Chaque parole que prononce un membre, chaque
idée qu'il avance, chaque contribution à la consultation sera,
en réalité, adressée à Baha'u'llah
dans un esprit d'humilité et de servitude. Dans une telle atmosphère,
la consultation baha'ie devient vraiment constructive et incite
chaque membre à offrir ses idées avec franchise et cordialité.
Les inhibitions qui, pour diverses raisons, telles que l'éventualité
de devenir impopulaire à l'intérieur de la communauté ou
d'offenser d'autres membres de l'assemblée, pourraient souvent empêcher
un membre d'exprimer son point de vue, disparaîtront et seront remplacées
par le courage et la sagesse. En effet, quand l'individu se tournera vers Baha'u'llah
dans une intention pure, les paroles qu'il prononcera produiront alors un tel
effet sur ses auditeurs qu'aucun n'en sera offensé. La conscience de la présence de Baha'u'llah dans l'assemblée
créera une atmosphère spirituelle, les âmes deviendront
humbles, tout sentiment de supériorité disparaîtra et l'ego
sera balayé. Car en présence de Baha'u'llah, qui
pourrait se considérer comme supérieur à ses collègues
? Qui pourrait, ouvertement ou dans son coeur, déprécier l'opinion
d'un autre? Qui pourrait s'emporter, élever la voix, interrompre son
ami ou discuter avec lui dans l'assemblée, qui adopterait une attitude
ou parlerait d'une façon qui risquerait d'offenser une autre âme? Une assemblée spirituelle qui fonctionne de cette façon est en
vérité désignée par Dieu. Ô vous qui êtes
fermes dans l'alliance, affirme le Maître en s'adressant aux membres des
assemblées spirituelles, 'Abdu'l-Baha est constamment en communication
parfaite avec toute assemblée spirituelle instituée par la bonté
divine dont les membres se tournent avec la plus grande dévotion vers
le royaume divin et sont fermes dans l'alliance. Il leur est cordialement attaché
et il est uni à eux par des liens éternels ( Principles of Baha'i
Administration, B.P.T., London, ed. 1983, p. 38.). La consultation baha'ie,
menée selon l'esprit de l'ordre administratif, est un processus créateur
par lequel des opinions et des idées différentes se développent
en une décision mûre et bien équilibrée. Les membres
de l'assemblée doivent d'abord se familiariser avec les faits ayant trait
au sujet considéré, puis, dans une attitude de prière,
exprimer franchement et sans détours leurs points de vue et leurs opinions. Dans cette cause, dit 'Abdu'l-Baha, la consultation est d'une importance
vitale, mais elle suppose un entretien spirituel et non le simple énoncé
de points de vue personnels... Le but est d'insister sur l'affirmation que la
consultation doit avoir pour objet la recherche de la vérité...
L'homme devrait peser ses opinions avec la plus grande sincérité,
le plus grand calme et le plus grand sang-froid. Avant d'exprimer son point
de vue, chacun devrait considérer avec soin les avis déjà
émis par les autres. S'il trouve qu'une opinion exprimée précédemment
est plus juste et a plus de valeur, il devrait l'accepter immédiatement
et non s'en tenir obstinément à la sienne... La vraie consultation
est donc un entretien spirituel dans une atmosphère et une attitude d'amour.
Les membres doivent s'aimer d'amitié pour que de bons résultats
en découlent. L'amour et l'amitié sont la base (Baha'i
News, A Periodical, A.S.N. of the Baha'i of the U.S.A., Wilmette,
June 1947.). Souvent, une idée exprimée par un membre stimule d'autres idées
qui, à leur tour, en engendrent d'autres jusqu'à ce qu'elles se
cristallisent sous la forme d'une résolution qui est l'enfant de la consultation
baha'ie et est adoptée à l'unanimité. Dans
d'autres cas, la résolution est adoptée à la majorité,
elle n'en est pas moins valide et tous les membres la soutiennent ardemment
pour la simple raison que 'Abdu'l-Baha a enjoint aux croyants d'agir
ainsi. C'est l'un des principes spirituels qui régissent les travaux
de l'ordre administratif. Si ce soutien n'est pas donné du fond du coeur,
l'individu n'a pas agi selon l'esprit de la foi. Aucun membre d'une assemblée, s'il est fidèle aux principes de
la foi et s'il a progressé spirituellement, ne devrait entretenir dans
son esprit la pensée de se donner quelque crédit que ce soit pour
ses idées ou ses suggestions, aussi méritoires soient-elles. Être
opiniâtre, dogmatique, obstiné et raisonneur au cours de la consultation
baha'ie, c'est s'opposer à l'esprit même de la foi.
La pratique, si souvent utilisée dans les institutions de l'ordre ancien,
qui consiste à dicter des idées, à influencer et à
persuader, est contraire aux enseignements de Baha'u'llah. Dans leur empressement à résoudre un problème à
la satisfaction de tous ou dans leur désir de ne pas offenser les sentiments
de certains ou de la communauté dans son ensemble, les membres d'une
assemblée spirituelle peuvent, quelquefois inconsciemment ou même
instinctivement, arriver à une décision fondée sur le compromis
d'un principe de base. Il s'agit là encore de l'influence néfaste
de l'ordre ancien qui risque indubitablement de nuire au travail de l'assemblée
spirituelle. Si les institutions non Baha'ies, tant sociales que
politiques ou religieuses, ont souvent recours au compromis pour résoudre
leurs problèmes, les institutions embryonnaires du nouvel ordre mondial
tirent leur force et leur vigueur de la vérité de la parole de
Dieu révélée par Baha'u'llah. Les lois, les principes et les enseignements que quarante ans de révélation
continue ont accordés à l'humanité et qui doivent régir
les travaux de ces institutions pendant au moins mille ans sont tous clairs
et explicites et ne sont sujets à aucune altération ni compromis.
De plus, pendant les vingt-neuf années de son ministère, 'Abdu'l-Baha
a dévoilé l'esprit intime de ces enseignements et élucidé
leur signification. Suivirent trente-six années de Gardiennat pendant
lesquelles Shoghi Effendi, à travers sa correspondance avec des particuliers
aussi bien qu'avec des assemblées, a non seulement amplifié les
interprétations de 'Abdu'l-Baha, mais a appliqué également
la plupart de ces lois et de ces principes à des cas spécifiques.
Bien que les membres des assemblées spirituelles soient libres de s'exprimer
et d'avoir des initiatives propres pendant les délibérations de
l'assemblée, et bien qu'ils aient une grande liberté pour se consulter
et arriver à des décisions sur des matières qui tombent
sous leur juridiction, ils sont néanmoins obligés de suivre les
directives de Baha'u'llah, de 'Abdu'l-Baha, de Shoghi Effendi
et de la Maison Universelle de Justice, et de les appliquer à leurs propres
situations sans aucun compromis. En effet, ce vaste océan de guidance
divine donnera une orientation claire à la consultation baha'ie
à chaque réunion d'assemblée, permettant à ses membres
d'éviter de nombreux écueils et d'arriver à des décisions
conformes à l'esprit de la foi. Le fait que Baha'u'llah ait révélé une quantité
d'enseignements sans équivalent dans les anciennes révélations
et qui sont destinés à régler le fonctionnement des institutions
administratives de sa cause constitue l'un des traits uniques de la foi. Au
cours du cycle prophétique qui s'ouvre avec Adam et s'achève avec
Muhammad, et même pendant la révélation Babie
, le domaine des enseignements spirituels et leur application sont restés
presque inchangés. Le Sermon sur la Montagne, qui résume les enseignements spirituels et
moraux du christianisme, peut être considéré comme le modèle
de base et l'essence des enseignements spirituels contenus dans toutes les autres
religions. Ceux-ci ont exercé une influence profonde et durable sur la
vie et les actions des hommes. Ni le passage du temps, ni même le fait
que les religions antérieures ne sont plus en mesure d'affronter les
problèmes de cet âge n'ont pu effacer des coeurs des hommes certains
enseignements spirituels éternels dans lesquels les hommes ont été
éduqués et qui sont désormais si enracinés dans
leur esprit et dans leur âme qu'ils leur sont presque devenus une seconde
nature. Cette influence a été si profonde que, même parmi
les déçus, ceux qui ont perdu la foi et qui ont rejoint le rang
des agnostiques et des athées, il en est beaucoup que leur conscience
pousse à adopter un mode de vie conforme à ces enseignements humanitaires
et spirituels. Jamais auparavant, jusqu'à l'avènement de la révélation
baha'ie, une manifestation de Dieu et le Centre de son alliance
n'avaient élargi la portée de ces enseignements spirituels au
point d'y inclure une série de principes administratifs destinés
à régir les travaux des institutions de son nouvel ordre mondial.
Les principes spirituels et administratifs ont été mis sur un
même rang et une importance égale leur est accordée. En
cet âge, par conséquent, le croyant ne doit pas seulement suivre
les enseignements spirituels fondamentaux d'amour, d'honnêteté,
de pardon, et tous les autres commandements divins destinés essentiellement
à un individu dans ses relations avec autrui, mais il doit également
observer ces principes qui définissent son rôle dans la société
baha'ie et qui déterminent sa conduite par rapport à
ses institutions. La force et l'efficacité des institutions de l'ordre mondial embryonnaire
de Baha'u'llah ne tiennent pas seulement à leur origine
divine et à l'esprit de foi qui coule à travers elles, mais dépendent
aussi du fait que les croyants observent les principes administratifs comme
un acte de foi, qu'ils obéissent de tout leur coeur aux commandements
de Baha'u'llah relatifs à ces institutions et que, dans
l'accomplissement de leurs devoirs administratifs, ils se gardent avec soin
d'introduire dans l'ordre administratif tout élément qui risquerait
d'entraver sa croissance, de saper sa force ou de rabaisser son rang. En matière de principes administratifs, considérons d'abord ceux
qui régissent l'élection de l'assemblée spirituelle. Bien
qu'il s'agisse d'une fonction administrative, cette élection a une grande
signification spirituelle et doit s'effectuer dans un esprit de prière
et de dévotion. Le Gardien a désigné les attributs des
membres d'une assemblée. L'électeur, en votant pour eux, devrait
.... considérer sans la moindre trace de passion ni de préjugé,
et sans aucune considération matérielle, les seuls noms de ceux
qui savent le mieux combiner les qualités nécessaires de loyauté
incontestable, de dévouement exempt d'égoïsme, de discipline,
d'une aptitude reconnue, et d'une mûre expérience (Principles of
Baha'i Administration, B.P.T., London, ed. 1963, p. 62.). Lors des élections Baha'ies, il ne doit y avoir ni manoeuvre
électorale, ni campagne, ni propagande. De telles pratiques vont à
l'encontre de l'esprit de la cause de Baha'u'llah et sont clairement
défendues. Les électeurs ont la liberté de choix, et l'élection
se fait à bulletin secret. Il est incorrect que deux personnes, même
mari et femme, se consultent ou s'influencent dans leur choix. Ces principes
administratifs sont sacrés pour un baha'i, et enfreindre
l'un d'eux revient à enfreindre un principe spirituel. Un autre principe administratif important nous enjoint d'accepter les décisions
de l'assemblée spirituelle, même si elles se révèlent
mauvaises! Les assemblées spirituelles ne sont pas des organes infaillibles,
mais si leurs membres mettent leur point de vue personnels de côté
pour soutenir la décision de tout leur coeur, la vérité
se manifestera et l'assemblée sera amenée à revoir sa première
décision; le fonctionnement de l'ordre administratif est conçu
de telle manière qu'une mauvaise décision peut être corrigée.
En effet, les assemblées locales sont liées à leurs assemblées
nationales et celles-ci, à leur tour, à la Maison Universelle
de Justice. L'Assemblée nationale, en vertu de sa juridiction et de son
autorité plus étendues sur les assemblées locales de son
ressort, est dans une meilleure position pour attirer l'attention de celles-ci
sur une résolution qu'elle estime mauvaise, et pour leur demander de
reconsidérer leur décision. Si besoin est, la Maison Universelle
de Justice peut intervenir en dernière analyse pour rendre un verdict
définitif et infaillible sur la question. L'autorité dont Baha'u'llah, 'Abdu'l-Baha et Shoghi
Effendi ont investi tant les assemblées locales que nationales, est claire
et incontestable. Il est enjoint aux croyants d'obéir aux décisions
de leur assemblée. Lui désobéir n'est pas permis sous prétexte
que sa décision pourrait être mauvaise. Par ces paroles, Shoghi Effendi a précisé clairement l'autorité
de l'Assemblée nationale: Je souhaite réaffirmer en termes clairs
et catégoriques le principe déjà énoncé selon
lequel l'Assemblée nationale est investie de l'autorité suprême
dans toutes les questions qui concernent l'intérêt de la foi. Il
ne peut y avoir ni conflit d'autorité, ni dualité sous quelque
forme ou dans quelque circonstance que ce soit, dans aucune sphère de
la juridiction Baha'ie, qu'elle soit locale, nationale, ou internationale.
L'Assemblée nationale cependant, bien que seule interprète de
son statut et de son règlement intérieur, est directement et moralement
responsable si elle permet à un organe ou à une institution sous
sa juridiction d'abuser de ses privilèges ou de dévier dans l'exercice
de ses droits et de ses privilèges. Elle est la gardienne de confiance
et le ressort principal des activités multiples et des intérêts
de chaque communauté nationale du monde baha'i. Elle constitue
le seul lien qui unit ces communautés à la Maison Universelle
de Justice, l'organe administratif suprême de la cause de Baha'u'llah
(Principles of Baha'i Administration, B.P.T., London, ed. 1963,
p. 74.). Bien que l'assemblée spirituelle ait reçu l'autorité de
traiter des matières qui tombent sous sa juridiction et qu'elle ait le
pouvoir de faire valoir ses décisions quand la situation l'exige, et
en dépit du fait que ses membres ne sont pas responsables de leurs actes
envers ceux qui les ont élus, nonobstant ceci, l'assemblée n'est
pas une institution dont les membres agissent avec des pouvoirs dictatoriaux.
Au contraire, chaque question abordée dans une réunion d'assemblée
doit être traitée dans un esprit de consultation amicale, d'attention
et de justice. Le Gardien a décrit en ces termes l'attitude et la responsabilité
des membres de l'assemblée spirituelle: Leur fonction n'est pas de dicter
mais de se consulter, et de se consulter non seulement entre eux mais autant
que possible avec les amis qu'ils représentent. Ils ne doivent se considérer
que comme des instruments choisis pour représenter plus efficacement
et plus dignement la cause de Dieu. Ils ne devraient jamais se laisser aller
à penser qu'ils sont les ornements centraux du corps de la cause, intrinsèquement
supérieurs aux autres en termes d'aptitude ou de mérite, et les
seuls promoteurs de ses enseignements et de ses principes. Ils devraient aborder
leur tâche avec extrême humilité et, par leur ouverture d'esprit,
leur sens élevé de la justice et du devoir, leur sincérité,
leur modestie, leur entier dévouement au bien-être et aux intérêts
des amis, de la cause et de l'humanité, s'efforcer de gagner non seulement
la confiance, le soutien réel et le respect de ceux qu'ils servent, mais
aussi leur estime et leur réelle affection. Ils doivent, en tout temps,
éviter l'esprit d'exclusivité, l'atmosphère de secret,
se libérer d'une attitude dominatrice et bannir de leurs délibérations
toute forme de préjugé et de passion. Ils devraient, dans les
limites d'une sage discrétion, se confier aux amis, les tenir au courant
de leurs plans, partager avec eux leurs problèmes et leurs inquiétudes,
et rechercher leurs avis et leurs conseils. Et lorsqu'il leur est demandé
d'arriver à une certaine décision, ils devraient, après
une consultation cordiale, pleine de sollicitude et dépourvue de passion,
se tourner en prière vers Dieu et enregistrer leur vote avec empressement,
conviction et courage, et obéir à la voix de la majorité
qui, nous dit le Maître, est la voix de la vérité et ne
doit jamais être contestée mais toujours appliquée généreusement.
Les amis doivent répondre de bon coeur à cette voix et la considérer
comme le seul moyen de pouvoir assurer la protection et le progrès de
la cause (Principles of Baha'i Administration, B.P.T., London,
ed. 1963, pp. 43 - 44). S'il est facile d'accepter une décision que l'on approuve et d'y obéir,
il n'est pas toujours aisé de le faire lorsque l'on n'est pas d'accord
et que l'on considère la décision comme mauvaise, particulièrement
si elle a trait à un problème où l'on est personnellement
impliqué. Il s'agit là d'une des épreuves à affronter
par les croyants en cet âge et c'est en effet une bataille spirituelle
à laquelle de nombreux individus doivent se livrer pour acquérir
des qualités spirituelles, se rapprocher de Baha'u'llah
et se détacher des choses terrestres. C'est souvent l'attachement à ce monde qui obscurcit la vision et rend
l'individu orgueilleux, arrogant et centré sur lui-même. L'obéissance
à Baha'u'llah, l'humilité et la soumission aux institutions
finiront par conférer à l'âme des bénédictions
inestimables. L'attachement à ce monde est souvent compris, à tort, comme la
possession de biens terrestres. Si un homme, explique Baha'u'llah
à ses adeptes, désire se parer des ornements de la terre, revêtir
ses parures ou prendre part aux bienfaits qu'elle peut procurer, aucun mal ne
peut lui advenir s'il ne laisse rien s'interposer entre lui-même et Dieu,
car Dieu a ordonné toutes les bonnes choses, qu'elles soient dans les
cieux ou sur la terre, pour ceux de ses serviteurs qui croient sincèrement
en lui (Avènement de la justice divine, Shoghi Effendi, M.E.B., éd.
1973, p. 47.). Il est une histoire en persan qui jette quelque lumière sur la nature
et la signification du détachement de ce monde. C'est l'histoire du roi
et du derviche (Un homme qui renonce au monde pour chercher Dieu et qui subsiste
grâce à la charité de ses semblables.). Un roi avait beaucoup
de qualités spirituelles mais, dans son coeur, enviait le derviche qui
semblait n'avoir aucun attachement à ce monde. Car le derviche n'avait
pour tout bien qu'un panier pour transporter sa nourriture. Il passait son temps
à parcourir la ville, chantant les louanges de son Seigneur et communiant
mystiquement avec Lui. Il n'avait ni maison ni biens, et pourtant il s'estimait
aussi riche que si le monde entier lui appartenait. Le roi, séduit par
ce mode de vie, invita le derviche dans son palais à lui donner quelques
leçons de détachement. Ce dernier se rendit au palais et y resta
quelque temps. Finalement, le roi décida de renoncer à son trône
et de mener la vie d'un derviche. S'affublant de vieux vêtements, il se
déguisa en pauvre et quitta son palais en compagnie de son invité. Ils avaient parcouru une certaine distance ensemble lorsque soudain le derviche
s'aperçut qu'il avait laissé son panier au palais. Il expliqua
au roi qu'il ne pouvait s'en aller sans son panier et qu'ils feraient mieux
de retourner le chercher. Cet incident mit le derviche à l'épreuve
et révéla son attachement à ce monde. Le roi avait abandonné
son palais et ses trésors et marchait sur le sentier du détachement
alors que le derviche, qui avait prêché cette vertu toute sa vie,
s'était montré, à la fin, attaché à son petit
panier. L'attachement est une attitude de l'esprit et n'est pas nécessairement
lié aux richesses. L'orgueil qu'un individu peut éprouver de son
savoir et de ses connaissances, de ses réalisations dans cette vie, de
sa position dans la communauté, de sa célébrité
et de sa popularité, de son amour pour lui-même et pour ses biens,
pourrait devenir un obstacle entre son âme et Dieu. L'unité des membres constitue un autre principe qui joue un rôle
important dans le bon fonctionnement de l'assemblée spirituelle. Il ne
faudrait pas confondre unité et uniformité ou considérer
l'unité comme le fait d'avoir le même point de vue et les mêmes
idées en cours de consultation. Au contraire, comme l'a expliqué
'Abdu'l-Baha, la brillante étincelle de la vérité
ne naît que du choc des opinions différentes. Il faut entendre
par unité un lien spirituel qui unit les membres et qui tire sa force
de cohésion de Baha'u'llah. Pour réaliser cette
unité, la clé est d'aimer les autres membres avec l'amour de Dieu
et non pour eux-mêmes, et de regarder leurs qualités et non leurs
défauts. Se préférer aux autres membres et amoindrir leurs
opinions, quel que soit leur manque de maturité ou leurs insuffisances,
est contraire à l'esprit des enseignements de Baha'u'llah
et témoigne d'un manque de maturité et d'égoïsme de
la part de l'individu concerné. Quand le coeur de l'homme est privé de foi et de croyance en Dieu, l'individu
a tendance à être motivé par sa nature animale. C'est alors
qu'au lieu de considérer ses semblables avec compassion, il les regarde
avec l'oeil de la justice, leur trouve mille défauts et les juge. Par
ailleurs, les institutions de l'ordre ancien, dont la fonction principale est
supposée être le maintien de la loi, de l'ordre et de la paix à
l'intérieur de la société, sont de plus en plus enclines
à l'indulgence, au pardon et à la compassion au lieu de tendre
vers la fermeté, la justice et l'équité. La foi de Baha'u'llah, par l'influence dynamique qu'elle exerce
sur les coeurs des hommes, vise à renverser ce schéma dans la
société humaine. Elle enseigne que ce n'est pas à un individu
de juger son semblable ou de le considérer d'un oeil critique. Elle affirme
clairement que les relations d'un être avec un autre se fondent sur l'amour
et la compassion, et que pardonner et ignorer les péchés des autres
est une vertu louable, individuellement parlant. En revanche, elle proclame
que la base sur laquelle sont établies les assemblées spirituelles
les institutions qui, dans la plénitude des temps, évolueront
en maisons de justice n'est pas le pardon mais la justice. Ce qui suit est un
extrait d'une lettre du Gardien, rédigée par son secrétaire:
Comme le Maître avant lui, il (le Gardien) est tellement anxieux de voir
les croyants unis dans le service de la foi. Si l'amour véritable fondé
sur l'amour de Dieu pouvait devenir manifeste entre les amis, la cause se répandrait
très rapidement. L'amour est la valeur qui doit gouverner la conduite
d'un croyant envers un autre. L'ordre administratif ne doit pas changer cela,
malheureusement les amis confondent parfois les deux et essayent d'être
l'un pour l'autre une assemblée spirituelle intégrale avec la
discipline, la justice et l'impartialité que cet organisme doit montrer,
au lieu de pardonner, d'aimer et de se montrer patients les uns envers les autres
en tant qu'individus (Baha'i Journal, a Periodical, A.S.N. of
the Baha'i of the British Isles, London, August 1963.). Un autre principe, qui protège les institutions de la foi d'un autre
mal encore profondément enraciné dans la structure de la société
d'aujourd'hui, est celui selon lequel 'Abdu'l-Baha a interdit aux croyants
de s'opposer aux décisions de l'assemblée spirituelle ou de les
condamner, que ce soit au cours de la réunion ou en dehors. Dans un monde
affligé de nombreux troubles et de nombreuses inquiétudes, où
femmes et hommes dans tous les domaines de la vie, individuellement et collectivement,
élèvent la voix en protestation contre les actions des autorités,
qu'elles soient religieuses ou politiques, et parfois ont recours à la
violence pour imposer leur vue à ces autorités, les adeptes de
Baha'u'llah ne sont pas influencés par les disputes vaines,
les passions passagères, les controverses et les complications qui les
environnent à l'intérieur de l'ordre ancien; car ils sont tellement
remplis de l'esprit de la foi de Baha'u'llah qu'ils obéissent
avec la plus grande sincérité à ce commandement de 'Abdu'l-Baha.
Par conséquent, un vrai baha'i ne critiquera et ne condamnera
pas les décisions de l'assemblée spirituelle, que ce soit en paroles
ou par son attitude. Un membre de l'assemblée spirituelle qui n'accepte
pas de tout son coeur une décision prise à la majorité
par son assemblée enfreint vraiment un commandement spirituel de la cause
de Dieu. Cependant, personne n'est privé du droit d'exposer son point
de vue par les canaux adéquats et, s'il n'est pas satisfait, de faire
appel d'une décision de l'assemblée. Chacun a toute latitude pour
soulever quelque question que ce soit auprès de l'assemblée spirituelle,
soit à titre personnel, soit en consultation avec la communauté
lors de la Fête des dix-neuf jours. Il a le droit de faire appel d'une
décision de l'assemblée locale auprès de l'Assemblée
spirituelle nationale, ou d'une décision de l'Assemblée spirituelle
nationale auprès de la Maison Universelle de Justice. Mais, en attendant,
il continuera d'accepter la décision jusqu'à ce que le résultat
de l'appel soit connu. Contester l'autorité de l'assemblée, à
quelque moment ou pour quelque motif que ce soit, équivaut à enfreindre
un autre principe spirituel fermement établi dans la cause de Dieu. Servir au sein de l'assemblée spirituelle est une grande faveur que
Baha'u'llah a accordée à ses aimés, cela
confère à chaque membre non seulement le privilège unique
de prendre part à la construction de la charpente de son ordre mondial,
mais lui permet aussi d'améliorer son caractère et d'acquérir
des qualités par les combats spirituels qu'il doit mener pour se rendre
Maître de lui-même et de ses passions pendant la consultation baha'ie. La qualité de membre de l'assemblée spirituelle confère
aussi de grandes responsabilités. Une des responsabilités majeures
qui repose sur les épaules des membres de l'assemblée consiste
à s'assurer que la gestion des affaires soit menée conformément
aux principes spirituels et administratifs énoncés par les figures
centrales de la foi et non selon le schéma de théories faites
par l'homme, empruntées au monde extérieur. L'ordre administratif de Baha'u'llah se compose de deux éléments:
la forme et l'esprit. La relation qui existe entre les deux est semblable à
celle qui lie le corps à l'âme. Bien que l'âme en constitue
la partie essentielle, cela ne veut pas dire qu'il faille négliger le
corps. Il est important de préserver l'équilibre entre les deux.
Un aspect essentiel de la forme de l'ordre administratif, qui est nécessaire
pour que les assemblées spirituelles se développent à leur
manière, est un système d'administration fondé sur l'ordre
et l'efficacité. Mais les procédures et les systèmes administratifs
devraient seulement être considérés comme les moyens d'arriver
à une fin, et non comme le but ultime, qui est, lui, le flot de l'esprit
de la cause au travers des institutions embryonnaires de l'ordre mondial de
Baha'u'llah. Il est donc de la responsabilité de chaque membre de l'assemblée
de se garder d'essayer de parfaire le mécanisme administratif au risque
d'en perdre l'esprit, et de faire de l'assemblée, après un certain
temps, un organe rigide, efficace dans l'administration mais esclave des règles
et des règlements, hautement organisé mais dépourvu de
l'esprit d'amour et de coopération qui est le trait distinctif du nouvel
ordre mondial. A mesure que l'ordre administratif de Baha'u'llah se développe,
certaines de ses caractéristiques uniques apparaissent progressivement
et, le modèle du développement de ses institutions devient plus
évident avec le passage du temps. Une de ces caractéristiques
est la façon dont le fonctionnement sain des assemblées spirituelles,
tant locales que nationales, doit être sauvegardé. Cette responsabilité
n'incombe pas seulement aux membres des assemblées locales et nationales,
mais aussi à une institution qui joue un rôle important dans l'ordre
administratif et qui en constitue une partie vitale, à savoir l'institution
des Mains de la cause de Dieu. Cette institution ainsi que celle du corps des conseillers ces derniers assurant
la continuité de deux des fonctions des Mains de la cause, la protection
et la propagation de la foi ont été constituées par nominations
et non par élection. Le pouvoir et l'autorité appartiennent seulement
aux assemblées spirituelles locales et nationales, et la direction des
affaires de la cause dans leur sphère respective leur est confiée.
Les conseillers ne sont pas des administrateurs et leur fonction n'est donc
pas d'administrer les affaires de la foi mais plutôt, par les conseils
et les avis qu'ils prodiguent aux assemblées nationales, par la sollicitude
pleine d'amour et l'assistance qu'eux-mêmes et leurs membres auxiliaires
dispensent aux assemblées locales, en inspirant les croyants et en les
encourageant à remplir leurs devoirs administratifs, ce corps joue un
rôle majeur dans la protection de la foi et le fonctionnement sain des
institutions de l'ordre mondial embryonnaire de Baha'u'llah. En dernière analyse toutefois, la vigueur et la vitalité d'une
assemblée dépendent de ses membres, car c'est par leur sincérité
et leur dévotion envers la foi que tous les idéaux et tous les
principes élevés énoncés par la Beauté bénie
et le Centre de son alliance sont appliqués au travail de l'assemblée
spirituelle. Une étude plus approfondie des écrits de Shoghi Effendi
sur l'administration baha'ie permettra à chacun de s'apercevoir
qu'en cette période de l'âge de la formation de la foi le but des
membres de l'assemblée ne devrait pas être essentiellement celui
de devenir des administrateurs efficaces ou des spécialistes capables
de résoudre les problèmes complexes de la communauté, mais
plutôt celui de créer, durant leurs réunions, une atmosphère
spirituelle de façon que les confirmations de Baha'u'llah
puissent les atteindre de toutes parts et que, par son assistance, ils puissent
résoudre leurs problèmes. Comme il a déjà été affirmé, c'est par la
fermeté de la foi de chacun en Baha'u'llah et par la loyauté
envers son alliance, par la suppression de l'ego, par la pureté d'intention
... l'humilité et la modestie parmi ses aimés ... et la servitude
envers son seuil exalté, que l'on peut y arriver. Tel est le défi
auquel doivent faire face en cet âge ceux qui ont la confiance du Miséricordieux.
2.2. Le rôle de l'individu
L'assemblée deviendra le centre de turbulence, et le canal portant l'esprit
de la cause pourra être complètement obstrué. Elle passera
par une période de peine, de souffrances et de tensions intenses.
Les personnes qui souffrent le plus sont souvent celles-là mêmes
qui ont cultivé leur ego. Les forces puissantes de la foi qui coulent
à travers l'institution exerceront une forte pression sur ces obstacles
et, tout comme les pierres qui font saillie dans le canal sont frappées
par le courant et finalement emportées, l'ordre administratif n'est pas
un abri pour les personnes vaines et égocentriques. Il exige humilité,
effacement, servitude et détachement. Ce qu'il réclame de chaque
membre de l'assemblée se résume aux paroles suivantes du Maître,
par lesquelles il exhorte les croyants à fouler le sentier de l'humilité
et de la servitude: Rends-moi poussière dans le sentier de tes aimés.
Dans plusieurs de ses tablettes, Baha'u'llah a élevé
l'humilité et la servitude au plus haut rang destiné à
l'homme. Si méritoire que soit une action, elle ne devient acceptable
à Dieu que si son auteur acquiert ces vertus. Quel est par exemple le
cadeau le plus acceptable que l'on puisse faire à un ami? Ce sera un
objet qu'il ne possède pas encore. Qu'est-ce que l'homme peut donc offrir
à Dieu qui lui soit acceptable? Dieu possède tout.
Les réalisations de l'homme, son savoir, sa vertu, sa richesse et son
pouvoir, s'ils sont offerts à Dieu à la fin d'une vie, ne sont
que pur néant comparés à la gloire transcendante de Dieu.
Cependant, en vertu de sa souveraineté et de son empire, l'humilité
ne fait pas partie de ses attributs et c'est donc à ses yeux le don le
plus acceptable que l'homme puisse lui faire. L'humilité et la servitude
vis-à-vis des croyants sont les deux qualités essentielles aux
membres des assemblées spirituelles. Sans elles, l'esprit d'amour et
d'unité qui doit exister au moment de la consultation sera détruit
et l'assemblée ne sera pas capable de fonctionner selon l'esprit de l'ordre
administratif.
2.3. Influences de l'ordre ancien
Il en va de même des membres de l'assemblée spirituelle. La force
de l'individu, sa solidarité et sa fermeté dépendent de
sa foi en Baha'u'llah et de son obéissance à ses
commandements. Un croyant tiède et pusillanime, dont la foi en Baha'u'llah
n'est pas ardente, risque de subir les influences de valeurs relâchées,
les théories décadentes et les pratiques corrompues appartenant
à un ordre en rapide déclin. Il devient ainsi à l'origine
de l'introduction d'éléments pernicieux dans les institutions
naissantes de la foi universelle de Baha'u'llah.
2.4. Fermeté dans l'alliance
2.5. Valeurs spirituelles
la pureté d'intention,
le rayonnement de l'esprit,
le détachement,
l'attirance vers la fragrance divine,
l'humilité parmi ses aimés,
la patience et l'endurance dans les difficultés,
le service,
l'amour,
l'harmonie,
la dévotion,
la courtoisie,
la dignité,
la sollicitude,
la modération,
se dépouiller de toute antipathie.
2.6. Présence de Baha'u'llah
2.7. La vraie consultation
2.8. Aucun compromis sur les principes
2.9. Les principes administratifs
2.10. Elections
2.11. Autorité des institutions
2.12. Responsabilités des membres
2.13. Détachement
2.14. Unité
2.15. Justice - Amour
2.16. Soutenir les décisions de l'assemblée
2.17. La faveur de servir dans l'assemblée
Référons-nous une fois de plus à l'analogie du canal formé
de neuf briques. Sous l'action de l'eau qui y coule, les briques situées
à l'intérieur du canal perdront au bout d'un certain temps leur
rugosité et leurs aspérités. De même, les faiblesses
et les manquements des uns et des autres feront surface au cours des réunions
de l'assemblée et se heurteront aux forces tumultueuses de l'esprit de
la cause qui y circule. Par cette action réciproque, ignorance, préjugés
et autres défauts humains diminueront progressivement pour faire place
à une plus grande mesure de maturité et de sagesse.
2.18. Equilibre entre forme et esprit
2.19. Protection de la foi