Dédicace à Denise, ma femme, pour son encouragement.
Je tiens à remercier tous ceux qui m'ont aidé dans la préparation de ce texte,
tout particulièrement Pierre Spierckel qui a contribué sensiblement à la traduction
du Lawh-i-Aqdas; Jeanine Beaujeu, Louis Hénuzet, Edeltraut Kahl Voisin, Thomas
Linard et David Capes pour les précieux conseils et modifications qu'ils ont proposés
et le père Denis de l'Abbaye de Belloc, dont les commentaires bienveillants m'ont
amené à ajouter certains points importants, surtout sur la façon dont les baha'is
comprennent le rôle et le rang du Christ.
Jeremy Fox
PREFACE
Les Ecrits de Baha'u'llah sont encore peu connus. Néanmoins les traductions en
langue française sont publiés progressivement. Ce fut le cas récemment d'un recueil
intitulé: Les Tablettes de Baha'u'llah, révélées après le Kitab-i-Aqdas (Le Très
Saint Livre, Maison d'Editions Baha'ies, Bruxelles, 1994) et qui contient l'épître
dont il est question dans le présent ouvrage.
L'accès au texte est évidemment important et on ne peut que se réjouir de pouvoir
désormais en avoir la possibilité. Il est tout aussi important d'échanger des
commentaires qui aident à la compréhension du texte sans prétendre pour autant
en être une interprétation qui fasse autorité. Tel est le mérite du présent ouvrage
de Monsieur Jeremy Fox.
Baha'u'llah a vécu en pays musulmans avant d'être finalement exil‚ en Terre Sainte,
sainte pour les trois religions monothéistes dont Il se réclame principalement.
Beaucoup de tablettes de Baha'u'llah répondent aux interrogations de son entourage
qui, pour une très large majorité, était d'origine islamique. Le message, toutefois,
est universel comme tous les messages prophétiques du passé qui, au-delà de la
culture dans laquelle ils s'enracinent, s'adressent à l'humanité tout entière.
Lorsqu'une tablette concerne plus particulièrement les chrétiens, elle prend une
signification toute spéciale pour le monde occidental, d'autant plus que son importance
est soulignée par le nom qui lui a été donné. Cette tablette s'appelle, en effet,
la Très Sainte Tablette (Lawh-i-Aqdas).
Les trois grandes religions monothéistes ont un point commun. Toutes les trois
se prétendent finales, n'admettant aucune nouvelle révélation de la Parole divine
avant que ne s'accomplissent la résurrection et le jugement définitifs de tous
les hommes au temps de la fin, même si chacune de ces religions a développé une
imagerie qui lui est particulière pour décrire ce phénomène qui, pris à la lettre,
apparaît de plus en plus absurde à un monde qui s'est éveillé à la connaissance
scientifique.
N'y a-t-il pas une autre lecture possible des textes prophétiques de la Bible
juive et chrétienne ou du Coran?
En nous la proposant, les Ecrits de Baha'u'llah interpellent et lancent un nouveau
défi à ceux qui se réclament de ces Textes sacrés. La Très Sainte Tablette est
certainement cela pour les chrétiens. Lire cette tablette et la commenter en se
référant aux Ecrits du Nouveau Testament, c'est lui donner sa véritable dimension
et le lecteur intéressé ne pourra qu'en être reconnaissant à l'auteur de cet ouvrage.
Louis Hénuzet Bruxelles, le 10 janvier 1995
INTRODUCTION A LA LETTRE AUX CHRETIENS
"RECEPTION TARDIVE"
" O peuple de l'Evangile! Ceux qui n'étaient pas dans le Royaume y sont maintenant
entrés tandis qu'en ce Jour, nous vous voyons attendre à la porte. Déchirez les
voiles, par le pouvoir de votre Seigneur, le Tout-Puissant, le Très-Généreux et
en mon nom, entrez dans mon Royaume.
Ainsi vous invite celui qui d‚sire, pour vous, une vie éternelle..."1
Ce vibrant appel, lancé il y a plus d'un siècle, peut nous sembler presque biblique,
d'un ton à la fois familier et cependant nouveau. Son auteur, Baha'u'llah, était,
à l'époque où il l'écrivit, prisonnier et exil‚ en Palestine. C'était vers la
fin du dix-neuvième siècle.
Le but de cette étude est d'examiner une lettre de ce prisonnier, qui, avec sa
lettre au
Pape Pie IX (Voir p.B. P81-83), constitue sa plus importante déclaration au
monde chrétien.
Bien que s'adressant ici au monde chrétien, il est important de préciser que le
message de Baha'u'llah est essentiellement universel, s'adressant à toute l'humanité.
Baha'u'llah décrit sa plume comme la "très puissante Trompette dont l'appel doit
annoncer la résurrection de toute l'humanité."2
A une époque où, dans tous les domaines, nombreux sont ceux qui reconnaissent
l'extrême nécessité de favoriser l'émergence d'un nouvel ordre mondial, on ne
peut que reconnaître le caractère actuel de son message: "O peuples et tribus
en lutte sur la terre! Tournez-vous vers l'unité, afin que brille sur vous l'éclat
de sa lumière..."3
"La terre n'est qu'un seul pays et tous les hommes en sont les citoyens." "Celui-là
en vérité, est un homme qui, aujourd'hui, se consacre au service de la race humaine
tout entière."4
"Le Livre de Dieu est grand ouvert, et Sa Parole appelle à Lui tous les hommes...
C'est là une Révélation qui infuse la force dans les faibles et couronne de richesse
les destitués."5
De telles déclarations peuvent susciter de nombreuses questions, spécialement
dans le monde chrétien. Aussi commencerons-nous par prévenir le lecteur qu'on
ne trouvera dans ces pages rien qui puisse suggérer le moindre élément d'infidélité
au Christ. Au contraire, leur lecture ne peut qu'augmenter l'amour que nous avons
pour Jésus et la compréhension que nous avons de ses enseignements. Il n'est besoin
que de se pencher sur ce bref extrait des Ecrits de Baha'u'llah concernant le
Christ pour s'en persuader: "Sache que lorsque le Fils de l'homme rendit son âme
à Dieu, toute la création fut secouée d'un long sanglot. Mais il avait, en se
sacrifiant, insufflé dans toutes choses créées une capacité nouvelle... par le
pouvoir qu'il tenait du Tout-Puissant, les yeux des aveugles s'ouvrirent à la
lumière du jour et l'âme des pécheurs fut sanctifiée."6
Dans l'extrait cité en en-tête de cette étude, Baha'u'llah invoque le principe
d'une "Révélation", l'idée d'un "Royaume". Une première question se pose à tout
chrétien: est-il possible qu'après les Evangiles la volonté de Dieu puisse à nouveau
se manifester à nous, au travers d'un être humain? Avant d'examiner plus en détail
cette question, nous souhaitons citer deux extraits du Nouveau Testament qui indiquent
dans quel esprit un tel sujet doit être abordé.
Lorsque les pharisiens discutaient au sujet des prétentions de Jésus, Nicodème
leur rappela ce que leur conseillaient leurs propres Ecritures saintes: "Notre
Loi condamne-t-elle un homme sans qu'on l'entende et qu'on sache ce qu'il fait
?" (Jean.7:51)
Le Christ avertit ses disciples, "Méfiez-vous des faux prophètes, qui viennent
à vous déguisés en brebis, mais au dedans sont des loups rapaces." Mais il enchaîne
avec ce conseil: "C'est à leurs fruits que vous les reconnaîtrez. Cueille-t-on
des raisins sur des épines ou des figues sur des chardons? Ainsi, tout arbre bon
donne de bons fruits, tandis que l'arbre mauvais donne de mauvais fruits. Un bon
arbre ne peut porter de mauvais fruits, ni un mauvais arbre porter de bons fruits...Ainsi
donc, c'est à leurs fruits que vous les connaîtrez." (Matt.7:15-20)
Ainsi, bien qu'il y ait de faux prophètes, il y en aurait aussi de vrais. Autrement
ce conseil détaillé, qui nous permet de distinguer entre le vrai et le faux, n'aurait
plus aucune signification. Ces premières considérations exigent donc de notre
part que nous soyons prêts à réviser notre jugement, à rester l'esprit ouvert.
Il s'agit également d'essayer de faire la distinction entre le Christ et ses enseignements
d'une part, et d'autre part, toutes les doctrines officielles ou traditionnelles,
dogmes et interprétations qui sont considérés par l'Eglise comme constituant les
critères essentiels de la foi en Christ. Si cela peut sembler difficile il faut
se rappeler que c'est précisément ce qu'on demandait aux juifs, dont la majorité,
suivant la tradition et leurs chefs religieux, fut incapable de considérer sérieusement
ce que Jésus avançait. Or, du point de vue chrétien, un juif qui veut vraiment
démontrer son attachement à Moïse et à sa Loi doit nécessairement accepter le
Christ qui accomplit tout ce qui avait été promis. Du fait que la lettre qu'on
v a étudier demande au chrétien de suivre ce même raisonnement, ce même chemin
purificateur, il est nécessaire de faire un retour en arrière et de réexaminer
la nature du dilemme vécu par les juifs face aux prétentions messianiques du Christ.
Depuis des siècles les juifs priaient Dieu de hâter la venue du Messie. Ils connaissaient
bien les textes et la Loi; ils connaissaient les signes qui leur permettraient
de le reconnaître. Parmi ces signes, il viendrait d'un lieu inconnu, il siégerait
sur le trône de David, il régnerait avec un sceptre en fer, il promulguerait les
lois de Moïse et il inaugurerait une ère de justice dans laquelle les juifs occuperaient
un rôle capital, conformément à leur destin en tant que peuple élu de Dieu. Aujourd'hui
il est facile de critiquer les juifs pour leurs préjugés, leur manque d'entendement,
leur aveuglement. Il est facile d'expliquer que Jésus est venu, non pour détruire,
mais pour accomplir la Loi de Moïse; que tous ces signes ont une signification
symbolique, différente de celle qu'on enseignait traditionnellement. Néanmoins,
pour un juif, une bonne partie de ce qu'on lui demandait d'envisager semblait
attaquer la racine même de ses croyances et de ses pratiques religieuses. Comment
le Messie pouvait-il changer la Loi de Dieu et en même temps, de toute évidence,
faillir à accomplir les signes promis qui devaient accompagner son avènement?
Comment les juifs pouvaient-ils accepter une telle chose sans être coupables d'infidélité
envers la foi de leurs pères?
Nous devons constater que, bien que le Christ ne demandât pas à ses compatriotes
de rejeter les textes sacrés, ses enseignements représentaient néanmoins un défi
à tout le corpus d'interprétations théologiques, de croyances et de pratiques
religieuses de plusieurs siècles.
Afin de pouvoir reconnaître dans le Christ le Messie, chaque juif devait d'abord
se rendre compte de sa propre ignorance et faillibilité humaine. Tout en restant
fidèle à la Torah il devait être prêt à remettre en question ces idées reçues
que les plus grands savants et autorités religieuses tenaient depuis longtemps
pour définitives. Ou, peut-être, comme nous le verrons, devait-il d'abord disposer
son coeur à être touché par la personne et le message de Jésus, afin de pouvoir
par la suite revoir sa propre religion sous un autre jour, dans une autre perspective.
Autrement dit, sans être contraire à l'intellect, le message du Christ s'adressait
avant tout à la dimension spirituelle du jugement de l'homme. Nos connaissances
limitées, nos préjugés, souvent inconsciemment ancrés en nous, créent facilement
des obstacles difficilement surmontables.
La citation qui suit exprime les qualités requises pour s'engager dans la recherche
spirituelle: "0 Mon frère! Quand le vrai chercheur s'engage dans le sentier de
la recherche qui mène à la connaissance de l'Ancien des Jours, il doit avant toute
chose purifier son coeur, siège de la révélation des mystères intimes de Dieu,
de la noire poussière de la science humaine..." 7
Tel fut le défi que représentait pour le juif croyant la révélation de Jésus.
Aujourd'hui la révélation de ce prisonnier, quatre fois exilé, qui plane au-dessus
des idées confuses de notre vingtième siècle, place le chrétien devant le même
dilemme auquel les juifs durent faire face il y a deux mille ans. Saurons-nous
tirer les leçons qu'impose l'expérience de l'histoire? La nature humaine, a-t-elle
fait des progrès?
Combien de chrétiens se sont posé la question: "Si j'avais vécu au temps de Jésus,
l'aurais-je reconnu? Comment aurais-je réagi en tant que juif?"
A la lecture de cette "lettre aux Chrétiens" on comprendra que nous sommes confrontés
aujourd'hui à une expérience similaire. Un nouveau message nous appelle à examiner
attentivement une expression contemporaine de l'Esprit Saint, une nouvelle révélation
qui annonce, une fois encore, qu'elle a pour but, non pas d'abolir mais d'accomplir
(Matt.5:17), rappelant qu'on ne met pas "du vin nouveau dans de vieilles outres."
(Matt.8:17)
Examinons de plus près ce que l'on sait de ces premiers juifs qui acceptèrent
Jésus. Quel genre de personnes étaient-ils? Par quel chemin arrivèrent-ils à le
reconnaître?
D'abord, selon les événements relatés dans les Evangiles, ils n'étaient pas issus
des rangs des érudits. En effet, Jésus fut critiqué parce qu'il fréquentait les
tavernes et les pécheurs. On peut supposer qu'il était plus difficile pour ceux
qui avaient une formation religieuse et une position sociale à maintenir, de considérer
sérieusement ses enseignements. Nicodème faillit être une exception. Il était
à la fois attiré et troublé. Cependant il ne put finalement accepter les explications
fournies par Jésus et à la fin de leur conversation Jésus conclut:
"Tu es Maître en Israël et tu ignores ces choses? En vérité, en vérité, je te
le dis, nous parlons de ce que nous savons et nous attestons ce que nous avons
vu, mais vous ne recevez pas notre témoignage. Si vous ne croyez pas quand je
vous dis les choses de la terre, quand je vous dis les choses du ciel comment
croiriez vous?" (Jean 3:10-12)
Paul, ayant été au départ un ennemi farouche des chrétiens, fut ensuite probablement
le premier juif possédant une bonne formation religieuse et théologique à devenir
chrétien. Néanmoins, il lui fallut les grands moyens pour y parvenir: une vision
du Christ qui le laissa temporairement aveugle. La plupart d'entre nous ne pouvons
pas compter sur un tel niveau d'intervention divine!
Selon tous les indices, les premiers chrétiens contemporains de Jésus, tous juifs,
furent convertis à la suite d'une rencontre avec lui et sous l'influence de sa
présence et de sa parole. Autrement dit, Jésus était en lui-même sa plus grande
preuve. Sa capacité d'influencer et de changer les coeurs des gens les plus simples
ainsi que les plus érudits est sans doute une preuve de l'universalité de son
message. Ce qui frappe, c'est qu'on ne trouve aucune mention de quelqu'un qui
aurait reconnu le Christ à travers une étude des prophéties de l'Ancien Testament.
En fait, nous savons que Jésus n'a rendu explicite sa prétention d'être le Messie,
même auprès de ses disciples, que vers la fin de sa brève mission, lorsque Pierre
lui fit sa déclaration de foi. Une part importante de son enseignement fut vouée
à donner à ses disciples une meilleure compréhension de l'Ancien Testament. En
bref, on peut résumer leur cheminement ainsi: d'abord la rencontre avec le Christ,
à condition d'avoir le coeur pur et d'être sans préjugé. Ensuite venaient ses
explications des Ecrits saints et de l'accomplissement des prophéties: d'abord
la foi, suivie, peu à peu, de la compréhension. Comme Jésus l'exprima, seuls ceux
qui avaient "des yeux pour voir" et "des oreilles pour entendre" furent capables
de le reconnaître.
Ces qualités spirituelles requises sont aussi valables aujourd'hui qu'elles l'étaient
à l'époque. Elles rappellent la parabole du Christ concernant l'invitation au
festin nuptial. Les invités offrirent toutes sortes d'excuses au point que le
roi se fâcha, disant: "La noce est prête, mais les invités n'en étaient pas dignes."
(Matt.22:8) Les invités étaient les juifs, et notamment leurs chefs. Le mariage
représentait le royaume du ciel auquel les croyants au Christ avaient accès. Nous
nous rappelons qu'ensuite le roi expédia ses serviteurs qui "s'en allèrent par
les chemins" et "ramassèrent tous ceux qu'ils trouvèrent, les mauvais comme les
bons..." (Matt.22:10)
Ainsi nous revenons aux paroles du début de cette introduction qui rappelle cette
parabole: "0 peuple de l'Evangile! Ceux qui n'étaient pas dans le Royaume y sont
maintenant entrés tandis qu'en ce Jour, nous vous voyons attendre à la porte."8
Qui est au juste l'auteur de ce message qui se présente comme l'accomplissement
des messages du passé? Il s'agit de Baha'u'llah (la "Gloire de Dieu"), un noble
persan qui connut exil sur exil et finit ses jours comme prisonnier à Saint-Jean-d'Acre,
en Terre Sainte. Ses disciples s'appellent les baha'is. Aujourd'hui (1995), il
y a de par le monde plus de cinq millions de baha'is. Le ministère de Baha'u'llah
dura quarante ans. Ses nombreux Ecrits, sous forme de lettres et de livres, forment
la littérature sacrée baha'ie qui est aujourd'hui traduite, pour certains textes,
en plus de huit cents langues et dialectes. Bien que la tradition orale existe,
elle n'a pas l'autorité des Ecrits. Comme dicté par une insondable providence,
le ministère de Baha'u'llah se déroula essentiellement en exil, en prison ou en
résidence surveillée, de sorte qu'il transmit son message principalement par écrit
- ceci nous assurant l'authenticité de ses paroles d'une manière inégalée dans
les révélations du passé. De son vivant, des milliers de baha'is furent martyrisés
et aujourd'hui ces persécutions se poursuivent encore, particulièrement dans son
pays d'origine. Le Professeur Edward Granville Browne, éminent orientaliste de
l'université de Cambridge, évoquant sa mémorable rencontre avec Baha'u'llah, écrivit:
"Il eut été superflu de demander en la présence de qui je me trouvais ; je me
prosternais devant celui qui fait l'objet d'une vénération et d'un amour que les
rois lui envieraient et auxquels les empereurs aspireraient en vain." (voir
appendice 4)
La réflexion suivante de Matthieu sur Jésus donnant son sermon sur la montagne
peut également s'appliquer aux rapports existant entre les Ecrits de Baha'u'llah
et les théologiens et les chefs religieux d'aujourd'hui: "Et il arriva, quand
Jésus eut achevé son discours, que les foules étaient vivement frappées de son
enseignement: c'est qu'il enseignait en homme qui a autorité, et non comme leurs
scribes." (Matt.7:28-29)
Dans les pages qui suivent on trouvera le texte complet de cette "lettre", avant
d'en faire un commentaire détaillé. Ce commentaire ne cherche en aucune façon
à constituer une étude exhaustive des questions soulevées.
En fin de compte, les paroles de cette révélation ressemblent à un océan dans
lequel chacun doit apprendre à nager tout seul. Il aura atteint son but s'il réussit
à transmettre la joie de la découverte, une conscience de la possibilité que Dieu
nous parle aujourd'hui et qu'une "renaissance" de l'individu et de la société
est réalisable; en bref, l'assurance que: "L'omniscient Médecin tient sous son
doigt le pouls de l'humanité. Il décèle la maladie et, dans son infaillible sagesse,
en prescrit le remède."9
Rappelons un dernier point au sujet du style des Ecrits de Baha'u'llah. Si on
y sent un ton biblique, donc familier, l'occidental découvre néanmoins un style
littéraire différent du sien, plus symbolique et imagé, plus fleuri, presque parfumé.
Ceci est évident dans le cas du Christ ou de Moïse, mais nous frappe sans doute
moins, parce qu'au fil des siècles l'Ancien et le Nouveau Testament ont fortement
modelé la culture occidentale. Dans le cas des Ecrits baha'is il s'agit d'une
autre culture littéraire.
Si nous avons intitulé cette introduction Réception Tardive c'est que cette lettre
de Baha'u'llah est comme un message qui n'a que très partiellement été distribué,
car la plupart des chrétiens ignorent son contenu, voire son existence. Bien que
la Foi baha'ie se soit établie dans pratiquement tous les pays du monde, parmi
un nombre extraordinaire d'ethnies, de tribus et de races, et qu'au plan international
elle ait émergé de l'obscurité, peu nombreux encore sont les chrétiens qui ont
sérieusement étudié ce que Baha'u'llah proclame à leur égard. La plupart des églises
restent jusqu'à aujourd'hui curieusement silencieuses à ce sujet.
Parlant de la révélation dont il fut porteur, Baha'u'llah affirme: "C'est là l'immuable
Foi de Dieu, éternelle dans le passé, éternelle dans l'avenir. Que celui qui la
cherche la trouve, et quant à celui qui se refuse à la chercher, à vrai dire,
Dieu se suffit à Lui même, et Il n'a nul besoin de ses créatures."10
NOTE DE L'AUTEUR
Dans les textes que nous venons d'étudier ici, Baha'u'llah se concentre presqu'exclusivement
sur les paroles du Christ lui-même, sans se référer aux doctrines et dogmes de
telle ou telle église. Examiner plus en détail ces questions dépasse les limites
de cette étude. Le lecteur qui se pose des questions sur ces sujets pourra consulter
la bibliographie à la fin de ce volume. On découvrira dans d'autres ouvrages disponibles
la position de la Foi baha'ie sur des sujets tels que la vie après la mort, la
Trinité, l'Eucharistie, le baptême et sur les autres prophéties de l'Ancien et
du Nouveau Testaments ainsi que dans les autres religions.
APPENDICE 1 - Le destinataire de la Très
Sainte Tablette (Lawh-i-Aqdas )
L'identité exacte de la personne à qui cette "Tablette" fut adressée à l'origine
est incertaine et il faudra attendre des recherches supplémentaires pour savoir
s'il sera possible de l'identifier un jour. Jusqu'à présent, on supposait qu'elle
s'adressait à un certain médecin chrétien nommé Faris qui fut très probablement
le premier chrétien à devenir baha'i. Puisque l'on sait que Baha'u'llah lui écrivit,
il est possible qu'elle s'adressât à lui. C'est pourquoi il est intéressant de
raconter son histoire, telle qu'on la découvre en anglais, dans des ouvrages comme
Baha'u'llah, the King of Glory de Hasan Balyuzi, et dans l'histoire en quatre
volumes d'Adib Taherzadeh intitulée: The Revelation of Baha'u'llah, tous deux
publiés chez George Ronald Publishers, Oxford.
L'histoire commence avec un personnage nommé Nabil-i-A'zam, auteur d'une chronique
détaillée des débuts de la Foi Baha'ie et de son précurseur, le Bab (voir bibliographie).
En 1868, vers la fin de son exil à Andrinople, Baha'u'llah envoya Nabil en mission
en Egypte. Le consul général d'Iran, ennemi invétéré de la Foi, en apprenant la
présence de Nabil au Caire, fit pression sur le gouvernement égyptien pour qu'il
le fasse arrêter en lançant contre lui plusieurs fausses accusations. Par conséquent
Nabil fut emprisonné, d'abord au Caire puis à Alexandrie.
Dans la prison d'Alexandrie Nabil se lia d'amitié avec le docteur Faris, un Syrien,
emprisonné à la suite de problèmes financiers. Au départ ce fut Faris qui essaya
de convertir Nabil au Christianisme, mais lorsque Nabil lui confia la bonne nouvelle
de la venue de Baha'u'llah, le retour du Christ dans la gloire du père, Faris
fut transformé et enflammé par cette nouvelle révélation.
Sans que Nabil le sache, Baha'u'llah venait de commencer son quatrième exil, cette
fois-ci vers Saint-Jean-d'Acre, en Palestine, et il fut obligé de faire escale
à Alexandrie pour changer de navire.
Le 26 août, donc, vers le coucher du soleil, Nabil, qui était sur le toit de la
prison, aperçut à son grand étonnement, un des compagnons de Baha'u'llah qui venait
de débarquer pour acheter des provisions. Il l'appela et réussit à persuader le
gardien de permettre à son ami de monter le voir. De cette façon il put apprendre
les dernières nouvelles. Faris retrouva Nabil, très accablé d'être à la fois si
près et pourtant si loin de Baha'u'llah. Nabil avoua à son ami qu'il avait beaucoup
de raisons de se réjouir, mais "...hélas, la datte est sur le palmier et hors
de notre portée."
Cette nuit-là, incapables de dormir, ils décidèrent d'écrire une lettre à Baha'u'llah.
Le lendemain matin Faris réussit à s'arranger pour qu'un ami, un jeune horloger
nommé Constantin, chrétien lui aussi, puisse porter leurs lettres à Baha'u'llah
sur le navire, avec les poèmes que Nabil avait écrits pendant sa détention.
Observant son trajet du toit de la prison, ils furent déchirés de voir que le
navire commençait à partir avant que Constantin, dans un bateau à rames, puisse
l'atteindre. Mais à leur grande surprise, au bout de quelques minutes le capitaine
fit arrêter le navire afin de permettre à Constantin de le rattraper et de monter
à bord.
On transmit les lettres à Baha'u'llah et les membres de sa famille et ses compagnons
furent très excités par leur contenu, surtout par la lettre de Faris que Baha'u'llah
leur lut à haute voix et dont voici un extrait:
"0 toi, gloire des gloires et le plus exalté des exaltés! J'écris cette lettre
et l'adresse à celui qui a été soumis aux mêmes souffrances que Jésus-Christ...
Je te supplie par le mystère de ton Etre très joyeux, par ton prophète qui discuta
avec toi(Moise),par ton Fils (Jésus), par ton ami (Muhammad) et par ton précurseur
(le Bab) qui sacrifia sa vie par amour pour toi dans ton sentier, de ne pas m'empêcher,
moi et ma pauvre famille, de voir la splendeur de ton visage.
0 toi qui as enduré tant de souffrances et de tribulations par amour pour nous!
Fortifie notre foi, choisis-nous pour ton service et accepte-nous comme martyres
dans ton sentier afin que nous puissions verser notre sang par amour pour toi.
Nous sommes faibles et ignorants, accorde-nous ta gloire afin que nous ne soyons
pas parmi les perdants. Accorde-nous de nous distinguer par notre amour et notre
foi, et purifie nos coeurs de tout ce qui va à l'encontre de ton bon plaisir.
Aide-nous à oublier notre ego pour que nous ne cherchions aucun repos dans ton
service sauf avec ton accord. Ô toi qui connais les secrets des coeurs! Vogues-tu
dans une arche en bois? 0 que je languis de faire partie de ce vaisseau béni,
car il porte son Seigneur. 0 mer houleuse! Ton agitation , est-elle suscitée par
ta crainte du Seigneur glorieux? 0 Alexandrie! Es-tu accablée de chagrin parce
que celui qui est l'Eternel, le Très-Sage, quitte tes rivages? 0 ville déserte
de Saint-Jean-d'Acre! Tu applaudis, emportée par la joie et tu t'extasies, car
le Seigneur dans sa grande gloire bénira ton sol de ses pieds..."77
Alors Baha'u'llah écrivit une lettre à Nabil dans laquelle il loua et bénit Faris.
Ensuite il appela Constantin et lui remit une lettre en lui témoignant beaucoup
d'affection. Constantin fut tellement bouleversé par cette brève rencontre que
lorsqu'il revint remettre la lettre à Faris on l'entendit crier tout haut: "Par
Dieu, j'ai vu le père céleste!"
Faris l'embrassa sur les yeux et dit: "A nous le feu de la séparation, à toi les
bienfaits de contempler le Bien-Aimé du monde."77
Comme Baha'u'llah l'avait promis dans sa lettre, Faris fut libéré trois jours
plus tard et se leva pour propager sa nouvelle foi parmi son peuple.. Nabil, lui
aussi, fut libéré bientôt après et, étant obligé de quitter l'Egypte, il se hâta
de rejoindre Baha'u'llah en Terre Sainte.
APPENDICE 2 - Baha'u'llah
La souffrance de Baha'u'llah fut celle de tous les fondateurs des grandes religions
du monde. On peut toujours trouver des exemples de plus grandes souffrances physiques.
La vraie nature de leurs souffrances vient sans doute de leur plus grande perception
de la réalité et, donc, de la conscience de tout ce que l'homme perd lorsqu'il
rejette l'Envoyé de Dieu, le persécute, ou l'ignore tout simplement.
Le ministère de Baha'u'llah fut très différent de celui de Jésus. D'abord, celui
de Jésus fut très court - à peu près trois ans. En fait, l'histoire de la vie
de Jésus et de sa mort sur la croix ressemble étonnamment à celle du Bab, le précurseur
de Baha'u'llah, dont la vie fut tout aussi courte et tragique.
Baha'u'llah naquit en 1817 à Tihran (Téhéran) dans une famille noble et riche.
Son père était vizir du - Shah. Son éducation fut limitée à celle que devait recevoir
tout fils de noble de l'époque - l'équitation, le maniement d'un fusil et d'une
épée, la calligraphie, la littérature persane classique et le Qur'an, enfin, l'acquisition
de bonnes manières. Il avait vingt-sept ans quand il fit connaissance de la révélation
du Bab qui avait deux ans de moins que lui et dont il reconnut instantanément
la mission divine. Baha'u'llah joua un rôle prépondérant dans la propagation du
nouveau message, au service duquel il subit bastonnade et emprisonnement.
Le Bab, peu avant son martyre, lui envoya symboliquement sa plume et ses sceaux.
Et lorsque plus tard Baha'u'llah se déclara être celui promis par le Bab, le Rédempteur
du monde annoncé par les Ecritures saintes du passé, la grande majorité des Babis
se rangèrent à ses côtés.
Dans les persécutions qui s'abattirent sur la nouvelle communauté Baha'u'llah
perdit tout et fut incarcéré dans un cul-de-basse-fosse de Tihran (Téhéran) où
les conditions de survie étaient terribles. C'est ainsi qu'il écrivit plus tard
dans une de ses méditations: "La gorge que tu avais accoutumée au contact de la
soie, tu l'as en fin de compte enserrée de lourdes chaînes et de fers, et le corps
que tu avais enveloppé de brocart et de velours, tu l'as à la fin assujetti à
l'humiliation d'un cachot... Que de nuits pendant lesquelles le poids des chaînes
et des fers ne me laissaient pas en repos, et que de jours où la paix et la tranquillité
m'ont été refusées, en raison des afflictions que me causaient les mains et les
paroles des hommes!"78
Baha'u'llah subit en tout quatre exils: d'abord à Baghdad, ensuite à Constantinople,
puis à Andrinople (Edirne) en Turquie d'Europe et, finalement, il fut condamné
à l'emprisonnement à perpétuité à Saint-Jean-d'Acre (Akka) en Palestine. Son ministère
dura quarante ans, de 1852 jusqu'en 1892. Durant tout ce temps il fut soit en
exil, soit en prison, soit en résidence surveillée.
A l'heure de son ascension il était entouré de nombreux croyants fidèles qui avaient
choisi de partager les rigueurs de son exil et de son emprisonnement et il avait
des milliers d'adeptes répartis dans plusieurs pays du Moyen-Orient. Le télégramme
qui annonça son décès au sultan de la Turquie commença par ces mots: "Le Soleil
de Baha s'est couché."79
Voilà un résumé très sommaire de la vie de Baha'u'llah. Pour plus de détails,
le lecteur est renvoyé au livre Baha'u'llah publié en 1992 à l'occasion du centenaire
de son décès, à Dieu
Passe Près de Nous de Shoghi Effendi et à la Chronique
de Nabil. (voir Bibliographie, La Chronique de Nabil et DPPN)
APPENDICE 3 - Histoire de la communauté
baha'ie depuis Baha'u'llah
Une des caractéristiques uniques de la Foi baha'ie par rapport aux anciennes religions
est le testament que fit Baha'u'llah, qui assura l'unité de la communauté baha'ie
après sa mort. Ce testament a fait ses preuves, car ses dispositions sont suffisamment
claires pour que chaque tentative de schisme échoue, ceci, malgré l'énorme diversité
de la communauté actuelle - une réussite unique dans l'histoire religieuse.
Dans son testament Baha'u'llah désigne, Abdu'l-Baha, son fils aîné, comme successeur
et interprète de ses Ecrits. A son tour , Abdu'l-Baha, mort en 1921, désigna Shoghi
Effendi, son petit-fils, comme Gardien de la Foi. Suite au décès de Shoghi Effendi
en 1957 il existait suffisamment d'assemblées spirituelles nationales dans le
monde pour permettre l'élection, en 1963, de la première Maison Universelle de
Justice, le Conseil International prévu par Baha'u'llah, qui est réélu tous les
cinq ans.
En fait, Baha'u'llah lui-même avait créé les institutions qui devaient constituer
la structure, déjà planétaire, de son administration et celles-ci ne peuvent donc
être dissociées de sa révélation. La responsabilité pour les affaires de la communauté
repose sur des collèges de neuf adultes, élus par bulletin secret sans aucune
propagande électorale ni candidats, en fonction des seules qualités spirituelles
d'intégrité, de capacité et d'expérience. Ces collèges existent au niveau local,
national et international. Il n'y a pas de clergé et individuellement les membres
de ces assemblées n'ont aucun pouvoir personnel. Les décisions se font, à tous
les niveaux, à travers la consultation, qui est considérée comme un art qui exige
beaucoup de maturité.
Concepts essentiels de son message un bref résumé
Baha'u'llah affirme qu'il n'y a qu'un seul Dieu, qui est essentiellement au-delà
de notre compréhension, mais que nous pouvons connaître à travers ces Etres qui
manifestent ses qualités et sa volonté - les fondateurs des grandes religions
révélées. C'est à travers eux que Dieu nous guide.
Chacun de ces grands révélateurs (Manifestations divines) a révélé, selon les
limites imposées par la capacité et l'évolution de la société de l'époque, les
vérités spirituelles et les lois qui leur conviennent. C'est le principe de la
révélation progressive de la vérité, dont notre perception ne peut être que relative.
Il y a un fil d'or qui court dans la trame de toutes les religions, car les principes
spirituels restent essentiellement les mêmes. Ce qui les différencie sont les
lois sociales, l'organisation, les cérémonies et les rites. A cela il faudrait
ajouter toutes les divergences, et non les moindres, qui proviennent de tout ce
que l'homme, au fil des siècles, a ajouté à sa religion et qui contribuent à tout
ce qui peut les rendre, apparemment, incompatibles.
Chacune des grandes religions du monde prévoit, en termes symboliques et imagés,
une époque où Dieu, à travers une période de turbulence et de jugement, mettra
de l'ordre dans les affaires des hommes et établira l'unité du genre humain et
la paix mondiale. Toutes les religions prévoient un tel aboutissement. La particularité
de la Foi baha'ie est d'annoncer que nous sommes maintenant au début de cette
période charnière où l'unité et la paix mondiales sont devenues non seulement
possibles, mais inéluctables. Ce qui est nouveau, c'est que les solutions aux
grands problèmes mondiaux sont à notre portée. Nous avons les moyens; seule manque
la volonté. Les baha'is sont persuadés que bientôt la nécessité nous y poussera.
Les lois et les enseignements de Baha'u'llah fournissent le modèle pour cette
société future. Les utopies d'aujourd'hui sont les réalités de demain et les baha'is
considèrent qu'une telle vision des choses, loin d'être utopique, est hautement
réaliste et réalisable, car l'alternative n'est guère attrayante.
L'unité de l'humanité est la base même des enseignements de Baha'u'llah. Il s'agit
non seulement d'une vérité intellectuelle, spirituelle et morale, mais d'une réalité
que nous devons concrétiser. Il affirme même que si la religion n'est pas source
d'harmonie et d'unité son absence serait préférable - donc, pas de fanatisme!
Liés à ce grand principe il y en a d'autres qui le renforcent: l'élimination,
par l'éducation, de tous les préjugés qui divisent l'humanité; la religion et
la science étant deux façons complémentaires d'aborder la réalité elles ne peuvent
être en contradiction réelle; chacun doit rechercher la vérité pour lui-même.
Ce dernier principe est une nouveauté: ce n'est qu'aujourd'hui que l'information
devient de plus en plus accessible à tous - d'où la nécessité d'un autre principe:
l'éducation obligatoire pour tous et le choix d'une langue auxiliaire internationale
à être enseignée dans toutes les écoles.
La Foi baha'ie prévoit une évolution spirituelle, intellectuelle et sociale dans
la vie collective des hommes. Parallèlement, sur le plan individuel, elle confirme
l'immortalité de l'âme humaine qui, à partir de ce qu'elle accomplit sur cette
terre, doit progresser à travers les mondes spirituels en poursuivant son cheminement
vers Dieu. Le ciel et l'enfer sont des états d'âme qui correspondent à notre rapprochement
ou à notre éloignement de Dieu.
Au niveau planétaire, la Foi baha'ie prévoit un système fédéral de gouvernement
qui maintiendra l'unité des nations dans toute la richesse de sa diversité. Un
gouvernement mondial, lié à un tribunal suprême serait soutenu par une force exécutive
internationale capable d'assurer l'application des décisions de ce tribunal. Ceci
suppose le désarmement des nations avec un système de contrôle international et
l'élimination des extrêmes de richesse et de pauvreté.
APPENDICE 4 - les lois baha'ies
Au niveau individuel, la discipline spirituelle de base pour un baha'i repose
sur la prière quotidienne et un temps de méditation sur les Ecrits saints matin
et soir, ainsi qu'un jeûne annuel; la promotion de l'harmonie dans toutes ses
relations à l'intérieur et en dehors de la communauté baha'ie; un effort constant
pour éviter la médisance, et que chacun considère son travail comme une expression
de son adoration envers Dieu, comme une forme de prière. Elle reconnaît l'importance
du mariage et de l'unité de la famille comme un élément essentiel pour la stabilité
de la société, ceci ne pouvant être assuré que par le développement des qualités
de fidélité et d'amour et par la chasteté des deux sexes en dehors du mariage.
L'égalité de l'homme et de la femme doit être réalisée dans la pratique. D'ailleurs,
la pleine participation des femmes, sur un pied d'égalité, dans toutes les sphères
de la société, est considérée comme une condition préalable indispensable à l'établissement
de la paix dans le monde.
APPENDICE 5 - La communauté baha'ie (en
1994)
En 1921 la Foi Baha'ie s'était répandue dans 37 pays, y compris la Chine, la Birmanie,
l'Inde, l'Australie, la Russie,8 pays européens, 3 en Afrique, le Brésil, le Canada
et les Etats-Unis.
De nos jours, elle est établie dans plus de 119 400 localités dans 343 pays et
territoires (dont 205 nations indépendantes). Ses Ecrits sont traduits en plus
de 800 langues et dialectes. Elle regroupe 2 112 races, ethnies et minorités différentes
et, au total, entre 5 et 6 millions de personnes.
La diversité à l'intérieur de la communautés est une de ses caractéristiques distinctives
et, d'après "l'Encyclopaedia Britannica", la Foi baha'ie est maintenant la deuxième
religion dans le monde, après le Christianisme, du point de vue de la diversité
raciale et ethnique de ses membres et de son expansion géographique.
Depuis 1948, la Communauté Internationale Baha'ie est accréditée auprès des Nations
Unies en tant qu'Organisation Internationale Non-Gouvernementale (ONG). En 1970
elle fut dotée d'un statut consultatif auprès du Conseil Economique et Social
et, en 1976, auprès de l'UNICEF. Elle est membre du WWF et officiellement associée
au Programme des Nations Unies pour l'Environnement (PNUE) et au Service de l'Information
de l'ONU. Depuis 1989 elle travaille également avec l'Organisation Mondiale de
la Santé (OMS). Elle a des représentants à New-York, Genève, Vienne et Naïrobi.
Lors du Sommet de la Terre à Rio de Janeiro en 1992, parmi les 14 000 ONG présentes,
la Communauté Internationale Baha'ie fut choisie avec 12 autres pour intervenir
directement en séance plénière de la CNUED. Elle avait été chargée, seule, de
représenter l'ensemble des traditions religieuses et spirituelles de l'humanité.
En 1992, les baha'is géraient plus de 1 300 projets de développement social et
économique dans 79 pays, notamment dans le Tiers Monde. Leurs 666 établissements
scolaires et leurs stations de radio dispensent aux populations de ces pays des
programmes d'alphabétisation et d'hygiène ainsi qu'un enseignement agricole et
technique.
En 1993, les baha'is ont participé à la Conférence mondiale des droits de 1'homme
à Vienne et en 1994, à la Conférence internationale sur la population et le développement
au Caire et tout dernièrement, au Sommet Mondial pour le développement social
et économique à Copenhague en mars 1995.
APPENDICE 6 - La Bible
Arrivé à Londres, en septembre 1911, 'Abdu'l-Baha, fils de Baha'u'llah et son
successeur à la tête de la communauté baha'ie, fut invité à parler à l'église
du "City Temple". Avant de la quitter il fit cette inscription dans la vieille
Bible de l'église: "Ce livre est le Livre Saint, d'inspiration divine. C'est la
Bible du salut, le noble évangile. C'est le mystère du Royaume et sa lumière.
C'est la bonté divine, le signe de la divine direction."80
En ce qui concerne les textes sacrés baha'is, on en possède les originaux. Il
n'y a donc aucun doute sur leur authenticité. Ces textes constituent, pour les
baha'is, l'expression la plus récente de la parole divine.
La Bible est évidemment d'une autre nature, étant une compilation de différents
textes, choisis parmi d'autres. Les Evangiles sont des témoignages parsemés de
citations des paroles du Christ lui-même.
Même si l'exactitude de tel ou tel détail de la Bible peut être discutée, pour
les baha'is il s'agit plus de relire la Bible à la lumière de la révélation de
Baha'u'llah, de la même façon que les Chrétiens ont relu l'Ancien Testament à
la lumière de la révélation du Christ, plutôt que de remettre en question la validité
de la source même.
Dans le Livre de la Certitude Baha'u'llah critique les musulmans qui affirment
que les chrétiens ne possèdent plus le véritable message du Christ. Il leur dit:
"Vous avez beau dire que leurs livres sont altérés et apocryphes, et qu'ils ne
viennent pas de Dieu, les paroles mêmes des Evangiles témoignent de leur origine
divine..."81
Ailleurs, dans le même ouvrage, Baha'u'llah confirme sans ambiguïté la fiabilité
de la Bible pour comprendre les messages divins de Moïse et du Christ. En parlant
de ceux qui cherchent à atteindre la "Cité de Dieu" ou la "Cité de la certitude"
il dit: "Cette cité n'est autre que le Verbe de Dieu: la Bible au temps de Moise
(en version anglaise: "le Pentateuque", ce qui semble plus exact); l'Evangile
au temps du Christ... Dans cette cité on trouve en abondance de la nourriture
spirituelle et des plaisirs incorruptibles. Cette nourriture est le pain céleste..."82
La position baha'ie est cependant plus nuancée, car si les Ecrits baha'is confirment
que la Bible transmet fidèlement l'essentiel du message divin, elle n'en est pas
moins un ensemble de textes divers, souvent écrits bien après l'événement par
des tierces personnes. On ne peut donc lui accorder la même authenticité que des
textes dont la source ne peut être mise en doute. C'est sans doute pour cela que
Shoghi Effendi, le Gardien, explique que les Ecrits baha'is et le Qur'an peuvent
être considérés comme des textes authentiques alors que "la Bible n'est pas entièrement
authentique..."83
Néanmoins, même si, pour des raisons historiques évidentes, on ne peut démontrer
l'absolue authenticité de la Bible, les Ecrits baha'is font la distinction entre
"authenticité" et "inspiration divine". A cet égard, ils affirment sans ambiguïté
"...que la divine inspiration de l'Evangile est pleinement reconnue."84
Arrivé à New York, , Abdu'l-Baha s'adressa ainsi à une classe de catéchisme: "Ne
vous contentez pas de paroles, mais cherchez à comprendre les sens cachés au coeur
des paroles... Les paroles divines ne doivent pas être comprises d'après leur
sens littéral. Elles sont symboliques et contiennent des réalités de signification
spirituelle... ce n'est pas la lecture des paroles qui vous enrichit, mais le
fait d'en saisir la signification. Priez donc Dieu pour que vous puissiez comprendre
les mystères de ces Testaments divins... Je prie donc pour vous que vous puissiez
recevoir la capacité de comprendre les sens réels cachés dans les Saintes Ecritures
et que vous soyez informés des mystères déposés dans les paroles bibliques, afin
que vous puissiez atteindre à la vie éternelle et que vos coeurs soient attirés
vers le royaume de Dieu. Puissent vos âmes être illuminées par la lumière des
paroles divines, que vous deveniez les dépositaires des mystères de Dieu, car
il n'y a rien de plus réconfortant, aucun bonheur plus doux que la compréhension
des enseignements divins."85
BIBLIOGRAPHIE
La traduction du Lawh-i-Aqdas (La Très Sainte Tablette, la Lettre aux Chrétiens)
a été réalisée à partir de la version anglaise dans Tablets of Baha'u'llah indiquée
ci-dessous. Cette traduction, ainsi que les autres tirées de publications en anglais,
sont les fruits de la collaboration entre l'auteur et Pierre Spierckel.
Les autres livres cités sont également indiqués ci-dessous avec les abréviations
utilisées pour les références qui suivent cette bibliographie. Tous les livres
qui y figurent sans mention de maison d'édition proviennent de la Maison d'Editions
Baha'ies (M.E.B.) à Bruxelles.
Introduction
1 P.B.p.89.
2 Extr. XIV, p. 22
3 Extr. CXI, p. 142
4 V J. P. p.106
5 Extr. XCII, p. 121
6 Extr XXXVI, p. 57-8
7 Extr. CXXV, p. 174
8 B. E. N. p. 52
9 P. B. p. 109
10 Extr. LXX, p. 90
Rejet de l'Envoyé de Dieu
11 P. C., N° 2, p. 3
Un Coeur Pur
12 P. C., N°. 5, p. 4
Le Royaume de Dieu
13 C. B. p. 15
14 P. B. p.67
15 P. B. p. 106
16 P. B. p. 106
La Paix Mondiale
17 Extr CXXXI, p. 189
18 P. B. p. 105
Prince de la Paix
19 P. B. p. 111 etl14
20 P. B. p.30
21 P. B. p. 29
22 P. B. p.4-5
23 P. B. p. 87
24 P. B.p.11-12
25 P. B. p. 12
26 P. B.p.113
Le Retour du Christ
27 Extr. XVIII, p. 10
Accomplissement des Promesses du Passé
28 K. 1. p. 31
29 Extr. VII, p. 10
Dieu
30 Extr. XIX, p. 34
31 Extr. XXVI, p. 41
32 Extr. XIX, p. 34
33 P.B.p.114
Jésus, Fils de Dieu
34 Extr. XXII, p. 37
35 Extr. XXII, p. 38
La Résurrection
36 L.S.J.A.p.110
Les Miracles
37 L. S. J. A. p.107
38 L. S. J. A. p. 107.
39 L. S. J. A. p. 107
40 S. E. A., Sect. 143, p. 166-7
Intermédiaires divins
41 Extr. XXI, p. 34-5
Un seul Troupeau
42 Extr. CLIX, p. 221
43 Extr. CXII, p. 143
44 Extr. CXI, p. 142-3
L'Esprit de Vérité
45 P.B.p.58
46 P M. p. 108
L'Alliance Eternelle
47 Qur'an 5 . 64
48 Extr. XIII, p. 17
49 Extr. XIII, p. 18
50 Extr. XXXIV p.55
51 Extr XXXIV,p.53
52 Extr. 111, p. 6
53 Causeries, p. 29
L'heure Promise
54 S. E. B. p. 59
55 E. S.W. p. 131
56 D. P. P. N. p. 117
La Parole
57 Extr. L, p. 69
58 Extr. XVIII, p. 31
Symbolisme et Images
59 K.I.p.65
Souffrances des Envoyés de Dieu
60 Extr. XIV p. 66
Le Bab
61 S. E. B. p. 155
Invitation au Clergé
62 P. B.p.21
La Mort et la Vie
63 P. B. p. 76
Comme l'Eclair
64 P. B. p.89
65 P. B. p.90
66 P. B. p.91
67 P. B. p.81-2
68 P. B. p.82
69 P. B. p. 81 et 83
70 P. B. p. 83 et 81
71 A.N.p.10
Le Jour de Dieu
72 P. B. p. 89
73 Extr. XLIII, p. 64
La Terre Sainte
74 P. B.p.82
75 Extr. CLI, p. 211
76 P. C. p. 25, N° 9
Appendice 1
77 R. B. vol. 3, p. 8-9
Appendice 2
78 D. P. P. N. p.137
79 D. P. P. N. p.278
Appendice 5
80 A. B. p. 18
81 K. 1. p. 42 ,
82 K.I. p. 96
83 L. G. Sect. 998
84 V. 1. P. p. 102
85 P. U P. p. 459-60