Médiathèque baha'ie

Lettre aux chrétiens
de Baha'u'llah

Lettre traduite et commenté par Jeremy Fox


Lettre aux chrétiens Chapitre suivant

Table des matières

Préface
Introduction à la lettre aux chrétiens
1. LETTRE AUX CHRETIENS DE BAHA'U'LLAH
2. COMMENTAIRE
      2.1. Le voile des noms
      2.2. Un nouveau nom
      2.3. L'histoire se répète
      2.4. Rejet de l'envoyé de Dieu
      2.5. Un coeur pur
      2.6. Le royaume de Dieu
      2.7. La paix mondiale - l'unité du monde
      2.8. Prince de la paix
      2.9. Le père est venu
      2.10. Dieu
      2.11. Fils de Dieu
      2.12. La résurrection
      2.13. Les miracles
      2.14. Intermédiaires divins
      2.15. Révélation progressive
      2.16. Un seul troupeau, un seul pasteur
      2.17. L'esprit de vérité
      2.18. L'alliance éternelle
      2.19. L'heure promise
      2.20. La parole
      2.21. Symbolisme et images
      2.22. Il me glorifiera
      2.23. La souffrance des Envoyés de Dieu
      2.24. Le Bab
      2.25. Invitation au clergé
      2.26. La mort et la vie
      2.27. Comme l'éclair
      2.28. La terre sainte
NOTE DE L'AUTEUR
Appendice 1 - Le destinataire de la Très Sainte Tablette (Lawh-i-Aqdas)
Appendice 2 - Baha'u'llah
Appendice 3 - Histoire de la communauté baha'ie depuis Baha'u'llah
Appendice 4 - les lois baha'ies
Appendice 5 - La communauté baha'ie
Appendice 6 - La Bible
Bibliographie
Références


Dédicace à Denise, ma femme, pour son encouragement.

Je tiens à remercier tous ceux qui m'ont aidé dans la préparation de ce texte, tout particulièrement Pierre Spierckel qui a contribué sensiblement à la traduction du Lawh-i-Aqdas; Jeanine Beaujeu, Louis Hénuzet, Edeltraut Kahl Voisin, Thomas Linard et David Capes pour les précieux conseils et modifications qu'ils ont proposés et le père Denis de l'Abbaye de Belloc, dont les commentaires bienveillants m'ont amené à ajouter certains points importants, surtout sur la façon dont les baha'is comprennent le rôle et le rang du Christ.

Jeremy Fox


PREFACE

Les Ecrits de Baha'u'llah sont encore peu connus. Néanmoins les traductions en langue française sont publiés progressivement. Ce fut le cas récemment d'un recueil intitulé: Les Tablettes de Baha'u'llah, révélées après le Kitab-i-Aqdas (Le Très Saint Livre, Maison d'Editions Baha'ies, Bruxelles, 1994) et qui contient l'épître dont il est question dans le présent ouvrage.

L'accès au texte est évidemment important et on ne peut que se réjouir de pouvoir désormais en avoir la possibilité. Il est tout aussi important d'échanger des commentaires qui aident à la compréhension du texte sans prétendre pour autant en être une interprétation qui fasse autorité. Tel est le mérite du présent ouvrage de Monsieur Jeremy Fox.

Baha'u'llah a vécu en pays musulmans avant d'être finalement exil‚ en Terre Sainte, sainte pour les trois religions monothéistes dont Il se réclame principalement. Beaucoup de tablettes de Baha'u'llah répondent aux interrogations de son entourage qui, pour une très large majorité, était d'origine islamique. Le message, toutefois, est universel comme tous les messages prophétiques du passé qui, au-delà de la culture dans laquelle ils s'enracinent, s'adressent à l'humanité tout entière. Lorsqu'une tablette concerne plus particulièrement les chrétiens, elle prend une signification toute spéciale pour le monde occidental, d'autant plus que son importance est soulignée par le nom qui lui a été donné. Cette tablette s'appelle, en effet, la Très Sainte Tablette (Lawh-i-Aqdas).

Les trois grandes religions monothéistes ont un point commun. Toutes les trois se prétendent finales, n'admettant aucune nouvelle révélation de la Parole divine avant que ne s'accomplissent la résurrection et le jugement définitifs de tous les hommes au temps de la fin, même si chacune de ces religions a développé une imagerie qui lui est particulière pour décrire ce phénomène qui, pris à la lettre, apparaît de plus en plus absurde à un monde qui s'est éveillé à la connaissance scientifique.

N'y a-t-il pas une autre lecture possible des textes prophétiques de la Bible juive et chrétienne ou du Coran?
En nous la proposant, les Ecrits de Baha'u'llah interpellent et lancent un nouveau défi à ceux qui se réclament de ces Textes sacrés. La Très Sainte Tablette est certainement cela pour les chrétiens. Lire cette tablette et la commenter en se référant aux Ecrits du Nouveau Testament, c'est lui donner sa véritable dimension et le lecteur intéressé ne pourra qu'en être reconnaissant à l'auteur de cet ouvrage.

Louis Hénuzet
Bruxelles, le 10 janvier 1995


INTRODUCTION A LA LETTRE AUX CHRETIENS

"RECEPTION TARDIVE"

" O peuple de l'Evangile! Ceux qui n'étaient pas dans le Royaume y sont maintenant entrés tandis qu'en ce Jour, nous vous voyons attendre à la porte. Déchirez les voiles, par le pouvoir de votre Seigneur, le Tout-Puissant, le Très-Généreux et en mon nom, entrez dans mon Royaume.
Ainsi vous invite celui qui d‚sire, pour vous, une vie éternelle..."1

Ce vibrant appel, lancé il y a plus d'un siècle, peut nous sembler presque biblique, d'un ton à la fois familier et cependant nouveau. Son auteur, Baha'u'llah, était, à l'époque où il l'écrivit, prisonnier et exil‚ en Palestine. C'était vers la fin du dix-neuvième siècle.

Le but de cette étude est d'examiner une lettre de ce prisonnier, qui, avec sa lettre au Pape Pie IX (Voir p.B. P81-83), constitue sa plus importante déclaration au monde chrétien.

Bien que s'adressant ici au monde chrétien, il est important de préciser que le message de Baha'u'llah est essentiellement universel, s'adressant à toute l'humanité. Baha'u'llah décrit sa plume comme la "très puissante Trompette dont l'appel doit annoncer la résurrection de toute l'humanité."2

A une époque où, dans tous les domaines, nombreux sont ceux qui reconnaissent l'extrême nécessité de favoriser l'émergence d'un nouvel ordre mondial, on ne peut que reconnaître le caractère actuel de son message: "O peuples et tribus en lutte sur la terre! Tournez-vous vers l'unité, afin que brille sur vous l'éclat de sa lumière..."3

"La terre n'est qu'un seul pays et tous les hommes en sont les citoyens." "Celui-là en vérité, est un homme qui, aujourd'hui, se consacre au service de la race humaine tout entière."4

"Le Livre de Dieu est grand ouvert, et Sa Parole appelle à Lui tous les hommes... C'est là une Révélation qui infuse la force dans les faibles et couronne de richesse les destitués."5

De telles déclarations peuvent susciter de nombreuses questions, spécialement dans le monde chrétien. Aussi commencerons-nous par prévenir le lecteur qu'on ne trouvera dans ces pages rien qui puisse suggérer le moindre élément d'infidélité au Christ. Au contraire, leur lecture ne peut qu'augmenter l'amour que nous avons pour Jésus et la compréhension que nous avons de ses enseignements. Il n'est besoin que de se pencher sur ce bref extrait des Ecrits de Baha'u'llah concernant le Christ pour s'en persuader: "Sache que lorsque le Fils de l'homme rendit son âme à Dieu, toute la création fut secouée d'un long sanglot. Mais il avait, en se sacrifiant, insufflé dans toutes choses créées une capacité nouvelle... par le pouvoir qu'il tenait du Tout-Puissant, les yeux des aveugles s'ouvrirent à la lumière du jour et l'âme des pécheurs fut sanctifiée."6

Dans l'extrait cité en en-tête de cette étude, Baha'u'llah invoque le principe d'une "Révélation", l'idée d'un "Royaume". Une première question se pose à tout chrétien: est-il possible qu'après les Evangiles la volonté de Dieu puisse à nouveau se manifester à nous, au travers d'un être humain? Avant d'examiner plus en détail cette question, nous souhaitons citer deux extraits du Nouveau Testament qui indiquent dans quel esprit un tel sujet doit être abordé.

Lorsque les pharisiens discutaient au sujet des prétentions de Jésus, Nicodème leur rappela ce que leur conseillaient leurs propres Ecritures saintes: "Notre Loi condamne-t-elle un homme sans qu'on l'entende et qu'on sache ce qu'il fait ?" (Jean.7:51)

Le Christ avertit ses disciples, "Méfiez-vous des faux prophètes, qui viennent à vous déguisés en brebis, mais au dedans sont des loups rapaces." Mais il enchaîne avec ce conseil: "C'est à leurs fruits que vous les reconnaîtrez. Cueille-t-on des raisins sur des épines ou des figues sur des chardons? Ainsi, tout arbre bon donne de bons fruits, tandis que l'arbre mauvais donne de mauvais fruits. Un bon arbre ne peut porter de mauvais fruits, ni un mauvais arbre porter de bons fruits...Ainsi donc, c'est à leurs fruits que vous les connaîtrez." (Matt.7:15-20)

Ainsi, bien qu'il y ait de faux prophètes, il y en aurait aussi de vrais. Autrement ce conseil détaillé, qui nous permet de distinguer entre le vrai et le faux, n'aurait plus aucune signification. Ces premières considérations exigent donc de notre part que nous soyons prêts à réviser notre jugement, à rester l'esprit ouvert.

Il s'agit également d'essayer de faire la distinction entre le Christ et ses enseignements d'une part, et d'autre part, toutes les doctrines officielles ou traditionnelles, dogmes et interprétations qui sont considérés par l'Eglise comme constituant les critères essentiels de la foi en Christ. Si cela peut sembler difficile il faut se rappeler que c'est précisément ce qu'on demandait aux juifs, dont la majorité, suivant la tradition et leurs chefs religieux, fut incapable de considérer sérieusement ce que Jésus avançait. Or, du point de vue chrétien, un juif qui veut vraiment démontrer son attachement à Moïse et à sa Loi doit nécessairement accepter le Christ qui accomplit tout ce qui avait été promis. Du fait que la lettre qu'on v a étudier demande au chrétien de suivre ce même raisonnement, ce même chemin purificateur, il est nécessaire de faire un retour en arrière et de réexaminer la nature du dilemme vécu par les juifs face aux prétentions messianiques du Christ.

Depuis des siècles les juifs priaient Dieu de hâter la venue du Messie. Ils connaissaient bien les textes et la Loi; ils connaissaient les signes qui leur permettraient de le reconnaître. Parmi ces signes, il viendrait d'un lieu inconnu, il siégerait sur le trône de David, il régnerait avec un sceptre en fer, il promulguerait les lois de Moïse et il inaugurerait une ère de justice dans laquelle les juifs occuperaient un rôle capital, conformément à leur destin en tant que peuple élu de Dieu. Aujourd'hui il est facile de critiquer les juifs pour leurs préjugés, leur manque d'entendement, leur aveuglement. Il est facile d'expliquer que Jésus est venu, non pour détruire, mais pour accomplir la Loi de Moïse; que tous ces signes ont une signification symbolique, différente de celle qu'on enseignait traditionnellement. Néanmoins, pour un juif, une bonne partie de ce qu'on lui demandait d'envisager semblait attaquer la racine même de ses croyances et de ses pratiques religieuses. Comment le Messie pouvait-il changer la Loi de Dieu et en même temps, de toute évidence, faillir à accomplir les signes promis qui devaient accompagner son avènement? Comment les juifs pouvaient-ils accepter une telle chose sans être coupables d'infidélité envers la foi de leurs pères?

Nous devons constater que, bien que le Christ ne demandât pas à ses compatriotes de rejeter les textes sacrés, ses enseignements représentaient néanmoins un défi à tout le corpus d'interprétations théologiques, de croyances et de pratiques religieuses de plusieurs siècles.

Afin de pouvoir reconnaître dans le Christ le Messie, chaque juif devait d'abord se rendre compte de sa propre ignorance et faillibilité humaine. Tout en restant fidèle à la Torah il devait être prêt à remettre en question ces idées reçues que les plus grands savants et autorités religieuses tenaient depuis longtemps pour définitives. Ou, peut-être, comme nous le verrons, devait-il d'abord disposer son coeur à être touché par la personne et le message de Jésus, afin de pouvoir par la suite revoir sa propre religion sous un autre jour, dans une autre perspective. Autrement dit, sans être contraire à l'intellect, le message du Christ s'adressait avant tout à la dimension spirituelle du jugement de l'homme. Nos connaissances limitées, nos préjugés, souvent inconsciemment ancrés en nous, créent facilement des obstacles difficilement surmontables.

La citation qui suit exprime les qualités requises pour s'engager dans la recherche spirituelle: "0 Mon frère! Quand le vrai chercheur s'engage dans le sentier de la recherche qui mène à la connaissance de l'Ancien des Jours, il doit avant toute chose purifier son coeur, siège de la révélation des mystères intimes de Dieu, de la noire poussière de la science humaine..." 7

Tel fut le défi que représentait pour le juif croyant la révélation de Jésus.

Aujourd'hui la révélation de ce prisonnier, quatre fois exilé, qui plane au-dessus des idées confuses de notre vingtième siècle, place le chrétien devant le même dilemme auquel les juifs durent faire face il y a deux mille ans. Saurons-nous tirer les leçons qu'impose l'expérience de l'histoire? La nature humaine, a-t-elle fait des progrès?

Combien de chrétiens se sont posé la question: "Si j'avais vécu au temps de Jésus, l'aurais-je reconnu? Comment aurais-je réagi en tant que juif?"

A la lecture de cette "lettre aux Chrétiens" on comprendra que nous sommes confrontés aujourd'hui à une expérience similaire. Un nouveau message nous appelle à examiner attentivement une expression contemporaine de l'Esprit Saint, une nouvelle révélation qui annonce, une fois encore, qu'elle a pour but, non pas d'abolir mais d'accomplir (Matt.5:17), rappelant qu'on ne met pas "du vin nouveau dans de vieilles outres." (Matt.8:17)

Examinons de plus près ce que l'on sait de ces premiers juifs qui acceptèrent Jésus. Quel genre de personnes étaient-ils? Par quel chemin arrivèrent-ils à le reconnaître?

D'abord, selon les événements relatés dans les Evangiles, ils n'étaient pas issus des rangs des érudits. En effet, Jésus fut critiqué parce qu'il fréquentait les tavernes et les pécheurs. On peut supposer qu'il était plus difficile pour ceux qui avaient une formation religieuse et une position sociale à maintenir, de considérer sérieusement ses enseignements. Nicodème faillit être une exception. Il était à la fois attiré et troublé. Cependant il ne put finalement accepter les explications fournies par Jésus et à la fin de leur conversation Jésus conclut:

"Tu es Maître en Israël et tu ignores ces choses? En vérité, en vérité, je te le dis, nous parlons de ce que nous savons et nous attestons ce que nous avons vu, mais vous ne recevez pas notre témoignage. Si vous ne croyez pas quand je vous dis les choses de la terre, quand je vous dis les choses du ciel comment croiriez vous?" (Jean 3:10-12)

Paul, ayant été au départ un ennemi farouche des chrétiens, fut ensuite probablement le premier juif possédant une bonne formation religieuse et théologique à devenir chrétien. Néanmoins, il lui fallut les grands moyens pour y parvenir: une vision du Christ qui le laissa temporairement aveugle. La plupart d'entre nous ne pouvons pas compter sur un tel niveau d'intervention divine!

Selon tous les indices, les premiers chrétiens contemporains de Jésus, tous juifs, furent convertis à la suite d'une rencontre avec lui et sous l'influence de sa présence et de sa parole. Autrement dit, Jésus était en lui-même sa plus grande preuve. Sa capacité d'influencer et de changer les coeurs des gens les plus simples ainsi que les plus érudits est sans doute une preuve de l'universalité de son message. Ce qui frappe, c'est qu'on ne trouve aucune mention de quelqu'un qui aurait reconnu le Christ à travers une étude des prophéties de l'Ancien Testament.

En fait, nous savons que Jésus n'a rendu explicite sa prétention d'être le Messie, même auprès de ses disciples, que vers la fin de sa brève mission, lorsque Pierre lui fit sa déclaration de foi. Une part importante de son enseignement fut vouée à donner à ses disciples une meilleure compréhension de l'Ancien Testament. En bref, on peut résumer leur cheminement ainsi: d'abord la rencontre avec le Christ, à condition d'avoir le coeur pur et d'être sans préjugé. Ensuite venaient ses explications des Ecrits saints et de l'accomplissement des prophéties: d'abord la foi, suivie, peu à peu, de la compréhension. Comme Jésus l'exprima, seuls ceux qui avaient "des yeux pour voir" et "des oreilles pour entendre" furent capables de le reconnaître.

Ces qualités spirituelles requises sont aussi valables aujourd'hui qu'elles l'étaient à l'époque. Elles rappellent la parabole du Christ concernant l'invitation au festin nuptial. Les invités offrirent toutes sortes d'excuses au point que le roi se fâcha, disant: "La noce est prête, mais les invités n'en étaient pas dignes." (Matt.22:8) Les invités étaient les juifs, et notamment leurs chefs. Le mariage représentait le royaume du ciel auquel les croyants au Christ avaient accès. Nous nous rappelons qu'ensuite le roi expédia ses serviteurs qui "s'en allèrent par les chemins" et "ramassèrent tous ceux qu'ils trouvèrent, les mauvais comme les bons..." (Matt.22:10)

Ainsi nous revenons aux paroles du début de cette introduction qui rappelle cette parabole: "0 peuple de l'Evangile! Ceux qui n'étaient pas dans le Royaume y sont maintenant entrés tandis qu'en ce Jour, nous vous voyons attendre à la porte."8

Qui est au juste l'auteur de ce message qui se présente comme l'accomplissement des messages du passé? Il s'agit de Baha'u'llah (la "Gloire de Dieu"), un noble persan qui connut exil sur exil et finit ses jours comme prisonnier à Saint-Jean-d'Acre, en Terre Sainte. Ses disciples s'appellent les baha'is. Aujourd'hui (1995), il y a de par le monde plus de cinq millions de baha'is. Le ministère de Baha'u'llah dura quarante ans. Ses nombreux Ecrits, sous forme de lettres et de livres, forment la littérature sacrée baha'ie qui est aujourd'hui traduite, pour certains textes, en plus de huit cents langues et dialectes. Bien que la tradition orale existe, elle n'a pas l'autorité des Ecrits. Comme dicté par une insondable providence, le ministère de Baha'u'llah se déroula essentiellement en exil, en prison ou en résidence surveillée, de sorte qu'il transmit son message principalement par écrit - ceci nous assurant l'authenticité de ses paroles d'une manière inégalée dans les révélations du passé. De son vivant, des milliers de baha'is furent martyrisés et aujourd'hui ces persécutions se poursuivent encore, particulièrement dans son pays d'origine. Le Professeur Edward Granville Browne, éminent orientaliste de l'université de Cambridge, évoquant sa mémorable rencontre avec Baha'u'llah, écrivit: "Il eut été superflu de demander en la présence de qui je me trouvais ; je me prosternais devant celui qui fait l'objet d'une vénération et d'un amour que les rois lui envieraient et auxquels les empereurs aspireraient en vain." (voir appendice 4)

La réflexion suivante de Matthieu sur Jésus donnant son sermon sur la montagne peut également s'appliquer aux rapports existant entre les Ecrits de Baha'u'llah et les théologiens et les chefs religieux d'aujourd'hui: "Et il arriva, quand Jésus eut achevé son discours, que les foules étaient vivement frappées de son enseignement: c'est qu'il enseignait en homme qui a autorité, et non comme leurs scribes." (Matt.7:28-29)

Dans les pages qui suivent on trouvera le texte complet de cette "lettre", avant d'en faire un commentaire détaillé. Ce commentaire ne cherche en aucune façon à constituer une étude exhaustive des questions soulevées.

En fin de compte, les paroles de cette révélation ressemblent à un océan dans lequel chacun doit apprendre à nager tout seul. Il aura atteint son but s'il réussit à transmettre la joie de la découverte, une conscience de la possibilité que Dieu nous parle aujourd'hui et qu'une "renaissance" de l'individu et de la société est réalisable; en bref, l'assurance que: "L'omniscient Médecin tient sous son doigt le pouls de l'humanité. Il décèle la maladie et, dans son infaillible sagesse, en prescrit le remède."9

Rappelons un dernier point au sujet du style des Ecrits de Baha'u'llah. Si on y sent un ton biblique, donc familier, l'occidental découvre néanmoins un style littéraire différent du sien, plus symbolique et imagé, plus fleuri, presque parfumé. Ceci est évident dans le cas du Christ ou de Moïse, mais nous frappe sans doute moins, parce qu'au fil des siècles l'Ancien et le Nouveau Testament ont fortement modelé la culture occidentale. Dans le cas des Ecrits baha'is il s'agit d'une autre culture littéraire.

Si nous avons intitulé cette introduction Réception Tardive c'est que cette lettre de Baha'u'llah est comme un message qui n'a que très partiellement été distribué, car la plupart des chrétiens ignorent son contenu, voire son existence. Bien que la Foi baha'ie se soit établie dans pratiquement tous les pays du monde, parmi un nombre extraordinaire d'ethnies, de tribus et de races, et qu'au plan international elle ait émergé de l'obscurité, peu nombreux encore sont les chrétiens qui ont sérieusement étudié ce que Baha'u'llah proclame à leur égard. La plupart des églises restent jusqu'à aujourd'hui curieusement silencieuses à ce sujet.

Parlant de la révélation dont il fut porteur, Baha'u'llah affirme: "C'est là l'immuable Foi de Dieu, éternelle dans le passé, éternelle dans l'avenir. Que celui qui la cherche la trouve, et quant à celui qui se refuse à la chercher, à vrai dire, Dieu se suffit à Lui même, et Il n'a nul besoin de ses créatures."10


NOTE DE L'AUTEUR

Dans les textes que nous venons d'étudier ici, Baha'u'llah se concentre presqu'exclusivement sur les paroles du Christ lui-même, sans se référer aux doctrines et dogmes de telle ou telle église. Examiner plus en détail ces questions dépasse les limites de cette étude. Le lecteur qui se pose des questions sur ces sujets pourra consulter la bibliographie à la fin de ce volume. On découvrira dans d'autres ouvrages disponibles la position de la Foi baha'ie sur des sujets tels que la vie après la mort, la Trinité, l'Eucharistie, le baptême et sur les autres prophéties de l'Ancien et du Nouveau Testaments ainsi que dans les autres religions.


APPENDICE 1 - Le destinataire de la Très Sainte Tablette (Lawh-i-Aqdas )

L'identité exacte de la personne à qui cette "Tablette" fut adressée à l'origine est incertaine et il faudra attendre des recherches supplémentaires pour savoir s'il sera possible de l'identifier un jour. Jusqu'à présent, on supposait qu'elle s'adressait à un certain médecin chrétien nommé Faris qui fut très probablement le premier chrétien à devenir baha'i. Puisque l'on sait que Baha'u'llah lui écrivit, il est possible qu'elle s'adressât à lui. C'est pourquoi il est intéressant de raconter son histoire, telle qu'on la découvre en anglais, dans des ouvrages comme Baha'u'llah, the King of Glory de Hasan Balyuzi, et dans l'histoire en quatre volumes d'Adib Taherzadeh intitulée: The Revelation of Baha'u'llah, tous deux publiés chez George Ronald Publishers, Oxford.

L'histoire commence avec un personnage nommé Nabil-i-A'zam, auteur d'une chronique détaillée des débuts de la Foi Baha'ie et de son précurseur, le Bab (voir bibliographie). En 1868, vers la fin de son exil à Andrinople, Baha'u'llah envoya Nabil en mission en Egypte. Le consul général d'Iran, ennemi invétéré de la Foi, en apprenant la présence de Nabil au Caire, fit pression sur le gouvernement égyptien pour qu'il le fasse arrêter en lançant contre lui plusieurs fausses accusations. Par conséquent Nabil fut emprisonné, d'abord au Caire puis à Alexandrie.

Dans la prison d'Alexandrie Nabil se lia d'amitié avec le docteur Faris, un Syrien, emprisonné à la suite de problèmes financiers. Au départ ce fut Faris qui essaya de convertir Nabil au Christianisme, mais lorsque Nabil lui confia la bonne nouvelle de la venue de Baha'u'llah, le retour du Christ dans la gloire du père, Faris fut transformé et enflammé par cette nouvelle révélation.

Sans que Nabil le sache, Baha'u'llah venait de commencer son quatrième exil, cette fois-ci vers Saint-Jean-d'Acre, en Palestine, et il fut obligé de faire escale à Alexandrie pour changer de navire.

Le 26 août, donc, vers le coucher du soleil, Nabil, qui était sur le toit de la prison, aperçut à son grand étonnement, un des compagnons de Baha'u'llah qui venait de débarquer pour acheter des provisions. Il l'appela et réussit à persuader le gardien de permettre à son ami de monter le voir. De cette façon il put apprendre les dernières nouvelles. Faris retrouva Nabil, très accablé d'être à la fois si près et pourtant si loin de Baha'u'llah. Nabil avoua à son ami qu'il avait beaucoup de raisons de se réjouir, mais "...hélas, la datte est sur le palmier et hors de notre portée."

Cette nuit-là, incapables de dormir, ils décidèrent d'écrire une lettre à Baha'u'llah. Le lendemain matin Faris réussit à s'arranger pour qu'un ami, un jeune horloger nommé Constantin, chrétien lui aussi, puisse porter leurs lettres à Baha'u'llah sur le navire, avec les poèmes que Nabil avait écrits pendant sa détention.

Observant son trajet du toit de la prison, ils furent déchirés de voir que le navire commençait à partir avant que Constantin, dans un bateau à rames, puisse l'atteindre. Mais à leur grande surprise, au bout de quelques minutes le capitaine fit arrêter le navire afin de permettre à Constantin de le rattraper et de monter à bord.

On transmit les lettres à Baha'u'llah et les membres de sa famille et ses compagnons furent très excités par leur contenu, surtout par la lettre de Faris que Baha'u'llah leur lut à haute voix et dont voici un extrait:

"0 toi, gloire des gloires et le plus exalté des exaltés! J'écris cette lettre et l'adresse à celui qui a été soumis aux mêmes souffrances que Jésus-Christ... Je te supplie par le mystère de ton Etre très joyeux, par ton prophète qui discuta avec toi(Moise),par ton Fils (Jésus), par ton ami (Muhammad) et par ton précurseur (le Bab) qui sacrifia sa vie par amour pour toi dans ton sentier, de ne pas m'empêcher, moi et ma pauvre famille, de voir la splendeur de ton visage.

0 toi qui as enduré tant de souffrances et de tribulations par amour pour nous! Fortifie notre foi, choisis-nous pour ton service et accepte-nous comme martyres dans ton sentier afin que nous puissions verser notre sang par amour pour toi. Nous sommes faibles et ignorants, accorde-nous ta gloire afin que nous ne soyons pas parmi les perdants. Accorde-nous de nous distinguer par notre amour et notre foi, et purifie nos coeurs de tout ce qui va à l'encontre de ton bon plaisir. Aide-nous à oublier notre ego pour que nous ne cherchions aucun repos dans ton service sauf avec ton accord. Ô toi qui connais les secrets des coeurs! Vogues-tu dans une arche en bois? 0 que je languis de faire partie de ce vaisseau béni, car il porte son Seigneur. 0 mer houleuse! Ton agitation , est-elle suscitée par ta crainte du Seigneur glorieux? 0 Alexandrie! Es-tu accablée de chagrin parce que celui qui est l'Eternel, le Très-Sage, quitte tes rivages? 0 ville déserte de Saint-Jean-d'Acre! Tu applaudis, emportée par la joie et tu t'extasies, car le Seigneur dans sa grande gloire bénira ton sol de ses pieds..."77

Alors Baha'u'llah écrivit une lettre à Nabil dans laquelle il loua et bénit Faris. Ensuite il appela Constantin et lui remit une lettre en lui témoignant beaucoup d'affection. Constantin fut tellement bouleversé par cette brève rencontre que lorsqu'il revint remettre la lettre à Faris on l'entendit crier tout haut: "Par Dieu, j'ai vu le père céleste!"

Faris l'embrassa sur les yeux et dit: "A nous le feu de la séparation, à toi les bienfaits de contempler le Bien-Aimé du monde."77

Comme Baha'u'llah l'avait promis dans sa lettre, Faris fut libéré trois jours plus tard et se leva pour propager sa nouvelle foi parmi son peuple.. Nabil, lui aussi, fut libéré bientôt après et, étant obligé de quitter l'Egypte, il se hâta de rejoindre Baha'u'llah en Terre Sainte.


APPENDICE 2 - Baha'u'llah

La souffrance de Baha'u'llah fut celle de tous les fondateurs des grandes religions du monde. On peut toujours trouver des exemples de plus grandes souffrances physiques. La vraie nature de leurs souffrances vient sans doute de leur plus grande perception de la réalité et, donc, de la conscience de tout ce que l'homme perd lorsqu'il
rejette l'Envoyé de Dieu, le persécute, ou l'ignore tout simplement.

Le ministère de Baha'u'llah fut très différent de celui de Jésus. D'abord, celui de Jésus fut très court - à peu près trois ans. En fait, l'histoire de la vie de Jésus et de sa mort sur la croix ressemble étonnamment à celle du Bab, le précurseur de Baha'u'llah, dont la vie fut tout aussi courte et tragique.

Baha'u'llah naquit en 1817 à Tihran (Téhéran) dans une famille noble et riche. Son père était vizir du - Shah. Son éducation fut limitée à celle que devait recevoir tout fils de noble de l'époque - l'équitation, le maniement d'un fusil et d'une épée, la calligraphie, la littérature persane classique et le Qur'an, enfin, l'acquisition de bonnes manières. Il avait vingt-sept ans quand il fit connaissance de la révélation du Bab qui avait deux ans de moins que lui et dont il reconnut instantanément la mission divine. Baha'u'llah joua un rôle prépondérant dans la propagation du nouveau message, au service duquel il subit bastonnade et emprisonnement.

Le Bab, peu avant son martyre, lui envoya symboliquement sa plume et ses sceaux. Et lorsque plus tard Baha'u'llah se déclara être celui promis par le Bab, le Rédempteur du monde annoncé par les Ecritures saintes du passé, la grande majorité des Babis se rangèrent à ses côtés.

Dans les persécutions qui s'abattirent sur la nouvelle communauté Baha'u'llah perdit tout et fut incarcéré dans un cul-de-basse-fosse de Tihran (Téhéran) où les conditions de survie étaient terribles. C'est ainsi qu'il écrivit plus tard dans une de ses méditations: "La gorge que tu avais accoutumée au contact de la soie, tu l'as en fin de compte enserrée de lourdes chaînes et de fers, et le corps que tu avais enveloppé de brocart et de velours, tu l'as à la fin assujetti à l'humiliation d'un cachot... Que de nuits pendant lesquelles le poids des chaînes et des fers ne me laissaient pas en repos, et que de jours où la paix et la tranquillité m'ont été refusées, en raison des afflictions que me causaient les mains et les paroles des hommes!"78

Baha'u'llah subit en tout quatre exils: d'abord à Baghdad, ensuite à Constantinople, puis à Andrinople (Edirne) en Turquie d'Europe et, finalement, il fut condamné à l'emprisonnement à perpétuité à Saint-Jean-d'Acre (Akka) en Palestine. Son ministère dura quarante ans, de 1852 jusqu'en 1892. Durant tout ce temps il fut soit en exil, soit en prison, soit en résidence surveillée.

A l'heure de son ascension il était entouré de nombreux croyants fidèles qui avaient choisi de partager les rigueurs de son exil et de son emprisonnement et il avait des milliers d'adeptes répartis dans plusieurs pays du Moyen-Orient. Le télégramme qui annonça son décès au sultan de la Turquie commença par ces mots: "Le Soleil de Baha s'est couché."79

Voilà un résumé très sommaire de la vie de Baha'u'llah. Pour plus de détails, le lecteur est renvoyé au livre Baha'u'llah publié en 1992 à l'occasion du centenaire de son décès, à Dieu Passe Près de Nous de Shoghi Effendi et à la Chronique de Nabil. (voir Bibliographie, La Chronique de Nabil et DPPN)


APPENDICE 3 - Histoire de la communauté baha'ie depuis Baha'u'llah

Une des caractéristiques uniques de la Foi baha'ie par rapport aux anciennes religions est le testament que fit Baha'u'llah, qui assura l'unité de la communauté baha'ie après sa mort. Ce testament a fait ses preuves, car ses dispositions sont suffisamment claires pour que chaque tentative de schisme échoue, ceci, malgré l'énorme diversité de la communauté actuelle - une réussite unique dans l'histoire religieuse.

Dans son testament Baha'u'llah désigne, Abdu'l-Baha, son fils aîné, comme successeur et interprète de ses Ecrits. A son tour , Abdu'l-Baha, mort en 1921, désigna Shoghi Effendi, son petit-fils, comme Gardien de la Foi. Suite au décès de Shoghi Effendi en 1957 il existait suffisamment d'assemblées spirituelles nationales dans le monde pour permettre l'élection, en 1963, de la première Maison Universelle de Justice, le Conseil International prévu par Baha'u'llah, qui est réélu tous les cinq ans.

En fait, Baha'u'llah lui-même avait créé les institutions qui devaient constituer la structure, déjà planétaire, de son administration et celles-ci ne peuvent donc être dissociées de sa révélation. La responsabilité pour les affaires de la communauté repose sur des collèges de neuf adultes, élus par bulletin secret sans aucune propagande électorale ni candidats, en fonction des seules qualités spirituelles d'intégrité, de capacité et d'expérience. Ces collèges existent au niveau local, national et international. Il n'y a pas de clergé et individuellement les membres de ces assemblées n'ont aucun pouvoir personnel. Les décisions se font, à tous les niveaux, à travers la consultation, qui est considérée comme un art qui exige beaucoup de maturité.

Concepts essentiels de son message un bref résumé

Baha'u'llah affirme qu'il n'y a qu'un seul Dieu, qui est essentiellement au-delà de notre compréhension, mais que nous pouvons connaître à travers ces Etres qui manifestent ses qualités et sa volonté - les fondateurs des grandes religions révélées. C'est à travers eux que Dieu nous guide.

Chacun de ces grands révélateurs (Manifestations divines) a révélé, selon les limites imposées par la capacité et l'évolution de la société de l'époque, les vérités spirituelles et les lois qui leur conviennent. C'est le principe de la révélation progressive de la vérité, dont notre perception ne peut être que relative.

Il y a un fil d'or qui court dans la trame de toutes les religions, car les principes spirituels restent essentiellement les mêmes. Ce qui les différencie sont les lois sociales, l'organisation, les cérémonies et les rites. A cela il faudrait ajouter toutes les divergences, et non les moindres, qui proviennent de tout ce que l'homme, au fil des siècles, a ajouté à sa religion et qui contribuent à tout ce qui peut les rendre, apparemment, incompatibles.

Chacune des grandes religions du monde prévoit, en termes symboliques et imagés, une époque où Dieu, à travers une période de turbulence et de jugement, mettra de l'ordre dans les affaires des hommes et établira l'unité du genre humain et la paix mondiale. Toutes les religions prévoient un tel aboutissement. La particularité de la Foi baha'ie est d'annoncer que nous sommes maintenant au début de cette période charnière où l'unité et la paix mondiales sont devenues non seulement possibles, mais inéluctables. Ce qui est nouveau, c'est que les solutions aux grands problèmes mondiaux sont à notre portée. Nous avons les moyens; seule manque la volonté. Les baha'is sont persuadés que bientôt la nécessité nous y poussera. Les lois et les enseignements de Baha'u'llah fournissent le modèle pour cette société future. Les utopies d'aujourd'hui sont les réalités de demain et les baha'is considèrent qu'une telle vision des choses, loin d'être utopique, est hautement réaliste et réalisable, car l'alternative n'est guère attrayante.

L'unité de l'humanité est la base même des enseignements de Baha'u'llah. Il s'agit non seulement d'une vérité intellectuelle, spirituelle et morale, mais d'une réalité que nous devons concrétiser. Il affirme même que si la religion n'est pas source d'harmonie et d'unité son absence serait préférable - donc, pas de fanatisme!

Liés à ce grand principe il y en a d'autres qui le renforcent: l'élimination, par l'éducation, de tous les préjugés qui divisent l'humanité; la religion et la science étant deux façons complémentaires d'aborder la réalité elles ne peuvent être en contradiction réelle; chacun doit rechercher la vérité pour lui-même. Ce dernier principe est une nouveauté: ce n'est qu'aujourd'hui que l'information devient de plus en plus accessible à tous - d'où la nécessité d'un autre principe: l'éducation obligatoire pour tous et le choix d'une langue auxiliaire internationale à être enseignée dans toutes les écoles.

La Foi baha'ie prévoit une évolution spirituelle, intellectuelle et sociale dans la vie collective des hommes. Parallèlement, sur le plan individuel, elle confirme l'immortalité de l'âme humaine qui, à partir de ce qu'elle accomplit sur cette terre, doit progresser à travers les mondes spirituels en poursuivant son cheminement vers Dieu. Le ciel et l'enfer sont des états d'âme qui correspondent à notre rapprochement ou à notre éloignement de Dieu.

Au niveau planétaire, la Foi baha'ie prévoit un système fédéral de gouvernement qui maintiendra l'unité des nations dans toute la richesse de sa diversité. Un gouvernement mondial, lié à un tribunal suprême serait soutenu par une force exécutive internationale capable d'assurer l'application des décisions de ce tribunal. Ceci suppose le désarmement des nations avec un système de contrôle international et l'élimination des extrêmes de richesse et de pauvreté.


APPENDICE 4 - les lois baha'ies


Au niveau individuel, la discipline spirituelle de base pour un baha'i repose sur la prière quotidienne et un temps de méditation sur les Ecrits saints matin et soir, ainsi qu'un jeûne annuel; la promotion de l'harmonie dans toutes ses relations à l'intérieur et en dehors de la communauté baha'ie; un effort constant pour éviter la médisance, et que chacun considère son travail comme une expression de son adoration envers Dieu, comme une forme de prière. Elle reconnaît l'importance du mariage et de l'unité de la famille comme un élément essentiel pour la stabilité de la société, ceci ne pouvant être assuré que par le développement des qualités de fidélité et d'amour et par la chasteté des deux sexes en dehors du mariage. L'égalité de l'homme et de la femme doit être réalisée dans la pratique. D'ailleurs, la pleine participation des femmes, sur un pied d'égalité, dans toutes les sphères de la société, est considérée comme une condition préalable indispensable à l'établissement de la paix dans le monde.


APPENDICE 5 - La communauté baha'ie (en 1994)

En 1921 la Foi Baha'ie s'était répandue dans 37 pays, y compris la Chine, la Birmanie, l'Inde, l'Australie, la Russie,8 pays européens, 3 en Afrique, le Brésil, le Canada et les Etats-Unis.

De nos jours, elle est établie dans plus de 119 400 localités dans 343 pays et territoires (dont 205 nations indépendantes). Ses Ecrits sont traduits en plus de 800 langues et dialectes. Elle regroupe 2 112 races, ethnies et minorités différentes et, au total, entre 5 et 6 millions de personnes.

La diversité à l'intérieur de la communautés est une de ses caractéristiques distinctives et, d'après "l'Encyclopaedia Britannica", la Foi baha'ie est maintenant la deuxième religion dans le monde, après le Christianisme, du point de vue de la diversité raciale et ethnique de ses membres et de son expansion géographique.

Depuis 1948, la Communauté Internationale Baha'ie est accréditée auprès des Nations Unies en tant qu'Organisation Internationale Non-Gouvernementale (ONG). En 1970 elle fut dotée d'un statut consultatif auprès du Conseil Economique et Social et, en 1976, auprès de l'UNICEF. Elle est membre du WWF et officiellement associée au Programme des Nations Unies pour l'Environnement (PNUE) et au Service de l'Information de l'ONU. Depuis 1989 elle travaille également avec l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS). Elle a des représentants à New-York, Genève, Vienne et Naïrobi.

Lors du Sommet de la Terre à Rio de Janeiro en 1992, parmi les 14 000 ONG présentes, la Communauté Internationale Baha'ie fut choisie avec 12 autres pour intervenir directement en séance plénière de la CNUED. Elle avait été chargée, seule, de représenter l'ensemble des traditions religieuses et spirituelles de l'humanité.

En 1992, les baha'is géraient plus de 1 300 projets de développement social et économique dans 79 pays, notamment dans le Tiers Monde. Leurs 666 établissements scolaires et leurs stations de radio dispensent aux populations de ces pays des programmes d'alphabétisation et d'hygiène ainsi qu'un enseignement agricole et technique.

En 1993, les baha'is ont participé à la Conférence mondiale des droits de 1'homme à Vienne et en 1994, à la Conférence internationale sur la population et le développement au Caire et tout dernièrement, au Sommet Mondial pour le développement social et économique à Copenhague en mars 1995.


APPENDICE 6 - La Bible

Arrivé à Londres, en septembre 1911, 'Abdu'l-Baha, fils de Baha'u'llah et son successeur à la tête de la communauté baha'ie, fut invité à parler à l'église du "City Temple". Avant de la quitter il fit cette inscription dans la vieille Bible de l'église: "Ce livre est le Livre Saint, d'inspiration divine. C'est la Bible du salut, le noble évangile. C'est le mystère du Royaume et sa lumière. C'est la bonté divine, le signe de la divine direction."80

En ce qui concerne les textes sacrés baha'is, on en possède les originaux. Il n'y a donc aucun doute sur leur authenticité. Ces textes constituent, pour les baha'is, l'expression la plus récente de la parole divine.

La Bible est évidemment d'une autre nature, étant une compilation de différents textes, choisis parmi d'autres. Les Evangiles sont des témoignages parsemés de citations des paroles du Christ lui-même.

Même si l'exactitude de tel ou tel détail de la Bible peut être discutée, pour les baha'is il s'agit plus de relire la Bible à la lumière de la révélation de Baha'u'llah, de la même façon que les Chrétiens ont relu l'Ancien Testament à la lumière de la révélation du Christ, plutôt que de remettre en question la validité de la source même.

Dans le Livre de la Certitude Baha'u'llah critique les musulmans qui affirment que les chrétiens ne possèdent plus le véritable message du Christ. Il leur dit: "Vous avez beau dire que leurs livres sont altérés et apocryphes, et qu'ils ne viennent pas de Dieu, les paroles mêmes des Evangiles témoignent de leur origine divine..."81

Ailleurs, dans le même ouvrage, Baha'u'llah confirme sans ambiguïté la fiabilité de la Bible pour comprendre les messages divins de Moïse et du Christ. En parlant de ceux qui cherchent à atteindre la "Cité de Dieu" ou la "Cité de la certitude" il dit: "Cette cité n'est autre que le Verbe de Dieu: la Bible au temps de Moise (en version anglaise: "le Pentateuque", ce qui semble plus exact); l'Evangile au temps du Christ... Dans cette cité on trouve en abondance de la nourriture spirituelle et des plaisirs incorruptibles. Cette nourriture est le pain céleste..."82

La position baha'ie est cependant plus nuancée, car si les Ecrits baha'is confirment que la Bible transmet fidèlement l'essentiel du message divin, elle n'en est pas moins un ensemble de textes divers, souvent écrits bien après l'événement par des tierces personnes. On ne peut donc lui accorder la même authenticité que des textes dont la source ne peut être mise en doute. C'est sans doute pour cela que Shoghi Effendi, le Gardien, explique que les Ecrits baha'is et le Qur'an peuvent être considérés comme des textes authentiques alors que "la Bible n'est pas entièrement authentique..."83

Néanmoins, même si, pour des raisons historiques évidentes, on ne peut démontrer l'absolue authenticité de la Bible, les Ecrits baha'is font la distinction entre "authenticité" et "inspiration divine". A cet égard, ils affirment sans ambiguïté "...que la divine inspiration de l'Evangile est pleinement reconnue."84

Arrivé à New York, , Abdu'l-Baha s'adressa ainsi à une classe de catéchisme: "Ne vous contentez pas de paroles, mais cherchez à comprendre les sens cachés au coeur des paroles... Les paroles divines ne doivent pas être comprises d'après leur sens littéral. Elles sont symboliques et contiennent des réalités de signification spirituelle... ce n'est pas la lecture des paroles qui vous enrichit, mais le fait d'en saisir la signification. Priez donc Dieu pour que vous puissiez comprendre les mystères de ces Testaments divins... Je prie donc pour vous que vous puissiez recevoir la capacité de comprendre les sens réels cachés dans les Saintes Ecritures et que vous soyez informés des mystères déposés dans les paroles bibliques, afin que vous puissiez atteindre à la vie éternelle et que vos coeurs soient attirés vers le royaume de Dieu. Puissent vos âmes être illuminées par la lumière des paroles divines, que vous deveniez les dépositaires des mystères de Dieu, car il n'y a rien de plus réconfortant, aucun bonheur plus doux que la compréhension des enseignements divins."85


BIBLIOGRAPHIE

La traduction du Lawh-i-Aqdas (La Très Sainte Tablette, la Lettre aux Chrétiens) a été réalisée à partir de la version anglaise dans Tablets of Baha'u'llah indiquée ci-dessous. Cette traduction, ainsi que les autres tirées de publications en anglais, sont les fruits de la collaboration entre l'auteur et Pierre Spierckel.

Les autres livres cités sont également indiqués ci-dessous avec les abréviations utilisées pour les références qui suivent cette bibliographie. Tous les livres qui y figurent sans mention de maison d'édition proviennent de la Maison d'Editions Baha'ies (M.E.B.) à Bruxelles.

A.L. ! Abdu'l-Baha in London, (Baha'i Publishing Trust, London)

A.N. Appel aux Nations, (compilation), Shoghi Effendi.

B.E.N. Baha'u'llah et l'Ere Nouvelle, Esslemont.

Bible, Traduction catholique (Ecole Biblique de Jérusalem, Edition du Cerf) OU protestante (Louis Segond, Maison de la Bible, Genève).

Causeries d'Abdu'l-Baha.

C.B. Christ et Baha'u'llah, George Townshend.

D.P.P.N. Dieu Passe Près de Nous, Shoghi Effendi.

E.S.W. Epistle to the Son of the Wolf, (Epître au Fils du Loup), Baha'u'llah (Baha'i Publishing Trust, Wilmette, lllinois).

Extr. Extraits des Ecrits de Baha'u'llah.

F.M.B. Foi Mondiale Baha'ie, (compilation d'extraits des Ecrits saints)

K.I. Kitab-i-Iqan, (Livre de la Certitude), Baha'u'llah. (Presses Universitaires de France)

L.G. Lights of Guidance, Helen Hornby. (Baha'i Publishing Trust, India)

L.S.J.A. Leçons de Saint-Jean-d'Acre, Abdu'l-Baha.

P.C. Paroles Cachées, Baha'u'llah.

P.M. Prayers and Meditations of Baha'u'llah, (Baha'i Publishing Trust, London) Livre de prières

P.B. La Proclamation de Baha'u'llah

P.U.P. Promulgation of Universal Peace, Abdu'l-Baha. (Baha'i Publishing Trust, Wilmette, Illinois)

R.B. The Revelation of Baha'u'llah, Taherzadeh (4 vols). (George Ronald, Oxford)

S.E.A. Sélections des Ecrits d'Abdu'l-Baha.

S.E.B. Sélections des Ecrits du Bab.

T.B. Tablets of Baha'u'llah. (Baha'i Publishing Trust, London) - Les Tablettes de Baha'u'llah

V.J.P. Voici le Jour Promis, Shoghi Effendi.


REFERENCES

Introduction
1 P.B.p.89.
2 Extr. XIV, p. 22
3 Extr. CXI, p. 142
4 V J. P. p.106
5 Extr. XCII, p. 121
6 Extr XXXVI, p. 57-8
7 Extr. CXXV, p. 174
8 B. E. N. p. 52
9 P. B. p. 109
10 Extr. LXX, p. 90

Rejet de l'Envoyé de Dieu
11 P. C., N° 2, p. 3
Un Coeur Pur
12 P. C., N°. 5, p. 4

Le Royaume de Dieu
13 C. B. p. 15
14 P. B. p.67
15 P. B. p. 106
16 P. B. p. 106

La Paix Mondiale
17 Extr CXXXI, p. 189
18 P. B. p. 105

Prince de la Paix
19 P. B. p. 111 etl14
20 P. B. p.30
21 P. B. p. 29
22 P. B. p.4-5
23 P. B. p. 87
24 P. B.p.11-12
25 P. B. p. 12
26 P. B.p.113

Le Retour du Christ
27 Extr. XVIII, p. 10

Accomplissement des Promesses du Passé
28 K. 1. p. 31
29 Extr. VII, p. 10

Dieu
30 Extr. XIX, p. 34
31 Extr. XXVI, p. 41
32 Extr. XIX, p. 34
33 P.B.p.114

Jésus, Fils de Dieu
34 Extr. XXII, p. 37
35 Extr. XXII, p. 38

La Résurrection
36 L.S.J.A.p.110

Les Miracles
37 L. S. J. A. p.107
38 L. S. J. A. p. 107.
39 L. S. J. A. p. 107
40 S. E. A., Sect. 143, p. 166-7

Intermédiaires divins
41 Extr. XXI, p. 34-5

Un seul Troupeau
42 Extr. CLIX, p. 221
43 Extr. CXII, p. 143
44 Extr. CXI, p. 142-3

L'Esprit de Vérité
45 P.B.p.58
46 P M. p. 108

L'Alliance Eternelle
47 Qur'an 5 . 64
48 Extr. XIII, p. 17
49 Extr. XIII, p. 18
50 Extr. XXXIV p.55
51 Extr XXXIV,p.53
52 Extr. 111, p. 6
53 Causeries, p. 29

L'heure Promise
54 S. E. B. p. 59
55 E. S.W. p. 131
56 D. P. P. N. p. 117

La Parole
57 Extr. L, p. 69
58 Extr. XVIII, p. 31

Symbolisme et Images
59 K.I.p.65

Souffrances des Envoyés de Dieu
60 Extr. XIV p. 66

Le Bab
61 S. E. B. p. 155

Invitation au Clergé
62 P. B.p.21

La Mort et la Vie
63 P. B. p. 76

Comme l'Eclair
64 P. B. p.89
65 P. B. p.90
66 P. B. p.91
67 P. B. p.81-2
68 P. B. p.82
69 P. B. p. 81 et 83
70 P. B. p. 83 et 81
71 A.N.p.10

Le Jour de Dieu
72 P. B. p. 89
73 Extr. XLIII, p. 64

La Terre Sainte
74 P. B.p.82
75 Extr. CLI, p. 211
76 P. C. p. 25, N° 9

Appendice 1
77 R. B. vol. 3, p. 8-9

Appendice 2
78 D. P. P. N. p.137
79 D. P. P. N. p.278

Appendice 5
80 A. B. p. 18
81 K. 1. p. 42 ,
82 K.I. p. 96
83 L. G. Sect. 998
84 V. 1. P. p. 102
85 P. U P. p. 459-60


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