Le nouveau jardin
Par Hushmand Fathea'zam


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Chapitre 2. LES MANIFESTATIONS DE DIEU

2.1. Krishna

Krishna fut un messager de Dieu, et son message fut celui de l'amour. Krishna naquit en prison; ceci est un symbole pour nous, car chacun naît dans la prison de soi-même, la prison de ce monde. Krishna s'échappa miraculeusement de la prison. Si nous essayons de faire le bien, si nous nous efforçons de suivre les enseignements de Dieu, nous pourrons aussi nous échapper de la prison du "moi". Krishna, comme toutes les manifestations divines, fut confronté avec les forces du mal et les combattit victorieusement. Peu importe la puissance du mal, la vérité l'emporte toujours, Krishna devint le roi de Dwarka, ce qui signifie la petite porte. Il était la porte de la connaissance de Dieu Lui-même. Ses enseignements portaient sur le bien-être de ses semblables. Hélas, ces derniers les rejetèrent.

Krishna était attristé qu'on ne croie point en lui à cause de son apparence mortelle. En effet, ses compatriotes avaient leurs idées au sujet de Dieu et de sa manifestation. Aussi, lorsque Krishna annonça qu'il était une manifestation de Dieu, les hommes le rejetèrent-ils. Voilà ce que dit Krishna à ce sujet dans la " Gîta ": " Les ignorants me méprisent parce que j'ai revêtu la forme humaine et ils ne connaissent pas ma nature la plus élevée, celle du Seigneur de l'existence."

Même son bien-aimé disciple, Arjuna, ne pouvait comprendre le pouvoir divin de Krishna. Il ne pouvait croire que le temple de l'homme puisse devenir le siège de l'Être divin. On raconte que Krishna dut prendre la forme divine pour rendre sa puissance perceptible à Arjuna et être cru de lui. Cela signifie que Krishna dut l'aider à percevoir sa majesté et sa grandeur spirituelle pour qu'il croie au Seigneur. Lorsque Arjuna s'arma pour obéir au Seigneur la bataille de Kurukschetra prit un tour différent. On sait que cette bataille fut celle du Bien contre le Mal. Les Kauravas, les cousins des Pandavas, prirent l'initiative, Arjuna, le plus puissant parmi les Pandavas, fut contraint, par Krishna, de se battre contre l'armée des ténèbres. Krishna commandait les chars d'Arjuna, mais celui-ci refusa de se battre contre ses amis et son professeur révéré qui faisaient partie de l'armée ennemie. Il discuta et déposa les armes. Mais Krishna lui ordonna d'obéir à ses ordres et de le suivre. Lorsque nous rencontrons la manifestation de Dieu et acceptons sa foi, nous devons obéir à ses commandements, Krishna nous enseigne ce qui suit dans la "Gîta":

"Soumets-moi toutes tes actions, regarde en moi ce qui est suprême et sois constant dans ton raisonnement; C'est ainsi que tu fixeras ta pensée constamment sur moi."

Krishna fut le messager de la paix. Il nous appela à le suivre: "Renonce à tout service, trouve ton refuge en moi seul, ne crains point, car je te délivrerai de tout mal."

Krishna, la manifestation de Dieu, fut la source d'une nouvelle civilisation. Il libéra l'homme du mal et de la souffrance. Il certifia à ses fidèles que, dans l'avenir, Dieu se manifesterait pour répéter ce que lui-même avait dit. Pour conduire la foule errante vers le droit sentier de Dieu, il dit: "Chaque fois que la justice décline et qu'apparaît l'injustice" Ô Bharata Arjuna, je reviens pour la protection des bons, pour la destruction des méchants et pour l'établissement de la justice. Je reviens à l'être, d'âge en âge."

Nous allons voir, dans les pages suivantes, l'accomplissement de cette promesse du Seigneur.


2.2. Bouddha

Bouddha naquit dans une famille régnante du royaume de l'Himalaya. Il était encore un petit enfant lorsqu'un vieux sage, appelé Asita, visita le palais de son père. Asita était un saint homme et il annonça joyeusement au père de Bouddha que son fils deviendrait le sauveur de l'humanité. Bouddha s'appelait alors Gautama. Son père accorda toutes les joies de la vie à son fils bien-aimé; il voulait en faire un bon roi. Mais Gautama découvrit que les plaisirs du monde ne constituaient pas le bonheur. Un jour, il se trouva face à un vieillard, puis à un malade et enfin à un homme qui venait de mourir. Il comprit que tous les êtres humains étaient sujets à la souffrance et à la mort et que seul le bonheur spirituel pouvait le rendre heureux. Il quitta sa maison, sa jeune épouse et son enfant, et se mit à la recherche de la vérité spirituelle. Tout d'abord, il partit vers des jungles lointaines, se refusant nourriture et confort. Ces privations ne lui furent cependant pas utiles, car la faiblesse physique engendre celle de l'esprit. Ce fut sous un arbre Bodhi, aux Indes, qu'il reçut l'illumination. Dès ce jour, il se donna pour mission de délivrer l'humanité des maux qui l'accablaient. Il prêcha la purification de l'âme et de l'esprit, la préparation de la félicité et du bonheur éternels au milieu de la souffrance de ce monde.

Sa vie bénie fut un exemple. Alors qu'il était assis sous l'arbre de la connaissance et qu'il méditait, Mara - celui qui incarne le mal - essaya de le tenter en lui offrant les richesses du monde et les plaisirs de la sensualité. Mais Bouddha, le sage, résista. Sa puissance était celle de l'esprit. Par ses merveilleux enseignements, il aida des millions d'hommes de différentes nations à atteindre le salut spirituel.

Son pays était alors en proie aux guerres de religion. En effet, on y pratiquait le polythéisme. Or, Bouddha savait que le chemin vers Dieu passe seulement par ses manifestations. Etant l'une d'elles, il ne voulait pas que son peuple s'entre-déchirât au nom de Dieu, Dieu qu'il pouvait uniquement connaître par son intermédiaire.

Bouddha était un maître plein de sagesse. Pour éviter les querelles parmi son peuple, il garda souvent le silence sur la personne du Créateur, mais il exhortait le peuple à l'obéissance envers la Manifestation de la Vérité. C'est ainsi qu'il réussit à unir des millions d'hommes que le nom d'un dieu ou l'appartenance à une caste divisaient naguère. Il dit: "On n'est pas brahmane en naissant, on n'est pas intouchable en naissant ! On devient brahmane par ses actes, on devient intouchable par ses actes." Peu avant de quitter cette terre, Bouddha fit une promesse importante à ses fidèles qui craignaient que sa cause ne vînt à s'éteindre un jour. Il proclama:

"Je ne suis pas le premier Bouddha qui soit venu sur terre, et je ne serai pas le dernier non plus. Un autre Bouddha se lèvera un jour dans le monde, un homme saint, suprêmement éclairé, qui possédera la sagesse, sera instruit, connaîtra l'univers et sera un meneur d'hommes et un maître au ciel et sur la terre. Il vous révélera les mêmes vérités éternelles que celles que je vous ai enseignées. Il vous prêchera cette religion, glorieuse par son origine, glorieuse quant à son apogée, glorieuse en son but, par l'esprit et par la lettre. Il vous exhortera à une vie religieuse parfaite, comme je le proclame maintenant. Ses disciples seront des milliers, alors que les miens ne se comptent que par centaines."

Cette promesse donnait aux bouddhistes l'espoir qu'ils ne seraient pas laissés à eux-mêmes ici-bas, mais qu'ils recevraient la lumière de la direction grâce à un autre Bouddha glorieux. Bouddha se réjouit aujourd'hui, certain que sa magnifique promesse a été accomplie par Baha'u'llah, la Gloire de Dieu.


2.3 Moïse

Dans un pays lointain vivait un groupe d'esclaves condamnés à une vie difficile. Ils s'appelaient "enfants d'Israël" et travaillaient comme esclaves pour le puissant pharaon d'Egypte. Ces hommes venaient d'un autre pays qui s'appelle aujourd'hui Israël, mais ils avaient été obligés de quitter leurs demeures. Seule une manifestation de Dieu aurait pu les délivrer de leurs souffrances. C'est ainsi que Moïse se leva pour le salut de ce peuple. Il était seul, et le pharaon d'Egypte avait tous les moyens à sa disposition pour l'écraser. Mais lorsque la manifestation de Dieu apparaît, sa puissance est telle qu'aucun pouvoir sur terre ne peut la détruire. Seul et sans aide, Moïse se leva pour annoncer à son peuple la bonne nouvelle du royaume de Dieu.

Lorsque Moïse déclara qu'il était une manifestation de Dieu, les enfants Israël surent que le temps des souffrances était passé. Ils le suivirent, regagnèrent Israël, la Terre sainte, et commencèrent une vie nouvelle. Le pharaon, avec sa puissance et sa force, essaya de les en empêcher, mais lorsqu'il les poursuivit avec son armée, tous furent noyés dans la mer Rouge.

La parole de Dieu transforma la vie des enfants Israël. Bien qu'ils eussent été des esclaves, ils établirent un riche royaume et devinrent de grands éducateurs de l'humanité. Beaucoup de philosophes et de savants d'autres pays ont été instruits par les fidèles de Moïse, ce qui prouve que la manifestation de Dieu n'est pas seulement source de bonheur, mais aussi de connaissances et de sagesse.

Moise résuma ses enseignements en dix lois. Ce furent des lois exemplaires. Il nous enseigna à adorer Dieu, à n'adorer personne d'autre que Lui, à aimer notre père et notre mère et à leur obéir. Il nous exhorta à ne pas voler à ne pas blesser les gens, à être purs et propres, à ne pas mentir. En plus de ces magnifiques enseignements, Moïse fit une promesse à son peuple. "Quand le temps sera révolu, le Seigneur des armées viendra te délivrer de la souffrance. Il apparaîtra et les enfants Israël retourneront, une fois de plus, en Terre sainte et, après des siècles de séparation, ils seront réunis dans le pays de leurs pères."

Le Seigneur des armées est venu. Baha'u'llah a proclamé que le jour de Dieu, annoncé dans les livres du passé, venait de poindre. Il annonça l'accomplissement de la promesse aux fidèles de Moïse. Après des siècles de séparation, pendant lesquels ils durent subir toutes sortes d'humiliations et de souffrances, des juifs, en provenance de tous pays, se sont aujourd'hui rencontrés en Terre sainte. Ils y ont établi leur propre patrie qu'ils ont appelée Israël. Selon la promesse de Moïse, tout a été accompli lorsque le Seigneur des armées s'est assis sur le trône du jugement. Beaucoup de juifs, en voyant le rassemblement des enfants Israël en Terre sainte, selon la promesse de leurs Ecritures, comprirent que le Seigneur des armées était apparu. Comment auraient-ils pu se rassembler autrement? Dans la communauté mondiale baha'ie, il y a beaucoup de juifs qui ont cru en Baha'u'llah et l'ont accepté comme Promis.


2.4. Zoroastre

La lumière de la guidance divine a toujours brûlé dans le temple du coeur des hommes. Par son amour et sa miséricorde, notre Créateur bienveillant ne nous a jamais abandonnés et ne nous abandonnera jamais dans les ténèbres. Zoroastre était une de ces lampes brillantes qui a illuminé les hommes d'une grande partie de l'Asie de l'ouest. Tout comme Krishna, Bouddha et Moïse, il a établi une nouvelle civilisation qui a duré des siècles.

Il existe encore en Inde une communauté des disciples de Zoroastre, petite mais évoluée et aimant Dieu, dont les membres sont appelés Parsis. Selon la tradition, Zoroastre est né dans le nord-ouest du pays appelé aujourd'hui Iran. Ses parents appartenaient à la noblesse et, dans sa maison familiale, située près d'un très beau lac, il a connu le confort. Outre l'éducation qu'il reçut, normale et modeste d'après les disponibilités de l'époque, Zoroastre apprit à devenir un bon fermier. Il était encore jeune lorsqu'il se rendit compte, comme le fit Bouddha, que notre vie temporelle sur cette terre était, en elle-même, sans importance. C'est pourquoi, dans sa recherche de la vérité, il abandonna le confort de sa demeure et s'en alla prier et méditer dans une grotte située sur une haute montagne.

Après dix années, alors qu'il n'avait que trente ans, il retourna auprès des siens et leur annonça la joyeuse nouvelle qu'il était maintenant le porteur d'un message de l'Être suprême, Ahura mazda. Il transmit la bonne nouvelle qu'une vie éternelle nous était réservée. Il invita les êtres humains à observer les trois principes suivants: avoir de bonnes pensées, de bonnes actions et de bonnes paroles. Il considérait que le bien et le mal étaient en lutte permanente et que, finalement, Ahura mazda, l'essence du Bien, détruirait Ahriman, le Mauvais. Il apporta également de nombreux enseignements concernant la vie quotidienne et insista sur la pureté de l'âme, la propreté corporelle et l'hygiène du foyer.

Comme toutes les manifestations de Dieu, avant et après lui, Zoroastre fut rejeté par les siens. Dans un de ses livres saints, Avesta, il dit: "Où puis-je aller ? Les chefs et les nobles s'élèvent contre moi. Même les fermiers se sont tournés contre moi. Comment pourrais-je être heureux parmi ceux qui sont liés par le mensonge et qui gouvernent notre peuple? Ô Mazda, comment puis-je te rendre heureux ?" Il se plaignit encore de ce que même ses proches l'avaient abandonné et qu'on le persécutait et le bafouait. C'est pour cette raison qu'il quitta sa demeure et partit vers l'est à Balkh, afin d'annoncer sa mission à Gushtasb, le roi de ce pays. Comme prévu, les habitants de cette région furent également peu disposés à accepter une nouvelle religion. Ils aimaient mieux leurs coutumes et leurs traditions et préféraient les ténèbres à la recherche de la lumière.

Le roi, cependant, fut impressionné par le courage et la sincérité de cet homme. Il ordonna aux sages et aux nobles d'organiser un débat public à sa cour. Ce débat fit comprendre à chacun que la force de Zoroastre ne venait pas de lui mais qu'elle lui était donnée par Dieu tout-puissant. Alors le roi et son peuple se soumirent à l'appel d'Ahuramazda et une nouvelle foi émergea.

Les habitants des pays voisins s'alarmèrent de ce que le Bien était établi dans le royaume de Balkh et qu'il menaçait la vie corrompue qu'ils menaient. Ils rassemblèrent une grande armée et attaquèrent le royaume iranien. Zoroastre fut capturé alors qu'il priait dans un temple et, à l'âge de 77 ans, il fut tué par l'épée d'un soldat. Ainsi se termina la vie d'un messager de vérité, mais sa mission reste éternelle.

Zoroastre est un feu inextinguible du plus grand Esprit. Alors qu'il discutait à la cour du roi, la tradition dit que le feu jaillit de ses mains, émettant lumière et chaleur sans le brûler physiquement. Ceci était simplement un signe extérieur de sa puissance, à ne pas prendre au pied de la lettre. Le feu de l'amour de Dieu, allumé par ses manifestations, est éternel et ne peut être éteint. C'est un feu qui guide l'humanité et qui apporte à ses âmes la chaleur et le bonheur au lieu de les brûler et de les détruire. En guise de symbole du feu éternel du plus grand Esprit, les zoroastriens entretiennent toujours un feu dans leurs temples ce qui, souvent, les fait prendre erronément pour des adorateurs du feu. Zoroastre n'a pas seulement accompli sa mission de son vivant, mais il a également annoncé la bonne nouvelle que, lorsque les temps seraient révolus, le sauveur du monde, qu'il appelait Sushiyant ou Shah-Bahram, apparaîtrait et triompherait du Mal. Il spécifia également la date de sa venue en déclarant qu'une période de 3060 ans de conflits s'étendrait avant qu'Arihman ne soit vaincu et qu'une ère de bénédiction et de paix ne s'annonce. Cette date correspond à l'époque où Baha'u'llah déclara qu'il était l'accomplissement de tous les prophètes du passé.


2.5. Jésus-Christ

L'histoire de Jésus-Christ est une très belle histoire. C'est celle de l'amour de Dieu et de l'amour de l'humanité. C'est l'histoire d'une manifestation divine. Avant que le Christ ne révélât sa mission, un saint homme, appelé Jean-Baptiste (comme il y en eut un, nous l'avons vu, dans l'histoire de Bouddha), annonça la bonne nouvelle selon laquelle un Sauveur apparaîtrait bientôt. Frappant parallèle! Jean-Baptiste annonça la prochaine venue d'un messager de délivrance à ses contemporains; mais ces gens tenaient à leurs idées: ils préféraient continuer à vivre comme leurs ancêtres avaient vécu pendant des siècles. Les prêtres, qui dirigeaient le peuple, ne voulaient pas d'une nouvelle Manifestation, car ils craignaient pour leur pouvoir. C'est pourquoi ils jetèrent Jean-Baptiste en prison et, plus tard, le firent décapiter. Jean fut heureux de donner sa vie dans le sentier de Dieu. Jésus-Christ naquit en Terre sainte, dans le foyer très simple d'un humble charpentier. Il fut très bon et très aimable envers son prochain dès son plus jeune âge, alors qu'il travaillait dans la boutique de son père. Devenu adolescent, il dit: "Le temps est venu pour moi de m'occuper des affaires de mon père qui est au ciel."

Il se retira pour méditer pendant plusieurs jours, puis il revint révéler aux hommes sa véritable mission. Il annonça la bonne nouvelle du royaume de Dieu. Un jour il se rendit dans un lieu saint, centre de pèlerinage et d'adoration pour les juifs, mais dont ils avaient fait aussi un centre de commerce. Le Christ renversa les étalages, chassa les marchands du temple et dit: "Ceci est la maison de Dieu. Vous ne devez pas la souiller avec les intérêts du monde." Il voulait ainsi démontrer que la religion de Dieu ne doit pas devenir la source de gains matériels.

Lorsqu'il se dit leur roi spirituel et le Promis des livres sacrés, les prêtres entrèrent dans une vive colère, car ils espéraient que leur roi serait un homme nanti, alors que Jésus-Christ n'était qu'un homme simple, qui ne portait même pas de chaussures. Et pourtant, il se proclamait le roi Israël: "Je suis votre roi, en vérité, disait-il, Je suis le maître du royaume. Les royaumes de la terre ne sont rien comparés au royaume éternel de Dieu." Les juifs ne voulurent pas le croire. Ils se soulevèrent contre lui et le crucifièrent entre deux voleurs. Même lorsqu'il fut sur la croix, Jésus-Christ pria pour le pardon de ses ennemis.

Les juifs ne comprirent pas la véritable signification de leurs livres sacrés; ils ne surent même pas qu'en supprimant la manifestation de Dieu, ils ne pourraient pas faire taire sa voix - car c'était celle de Dieu - ni qu'elle serait entendue dans tous les pays. A la mort du Christ, des gens très simples et ordinaires se comptèrent parmi ses adeptes. Une nouvelle vie spirituelle leur avait été insufflée par la parole du Christ, et ils sortirent du tombeau de leur ignorance. Bien que ces premiers disciples fussent des pêcheurs, de simples employés, des agriculteurs et des laboureurs, ils furent guidés par la manifestation de Dieu et reçurent de nouvelles forces. Ils s'en allèrent répandre le merveilleux message de leur maître Jésus-Christ à travers le monde entier. Beaucoup d'entre eux donnèrent leur vie pour le bien de sa cause. Aux prises avec de grandes difficultés et sous la menace de l'épée, ils portèrent son message aux peuples de la terre et proclamèrent que le royaume de Dieu avait été établi sur la terre par Jésus.

Bien qu'ils ne fussent que de simples pêcheurs et paysans, ils résistèrent aux violentes attaques du monde entier. Ils gagnèrent nation après nation à la parole de Dieu et apportèrent une vie nouvelle à tous ceux qui acceptèrent leur influence. Tel fut le pouvoir divin de Jésus-Christ, la manifestation de Dieu.

Avant de quitter ce monde, le Christ, comme Krishna ou Moïse, assura aux hommes qu'au temps de la fin il reviendrait dans la gloire de son père céleste. Il précisa à ses contemporains qu'il avait encore beaucoup de choses à leur dire, mais qu'ils ne pouvaient pas les comprendre maintenant. Il promit cependant qu'un autre messager de Dieu viendrait plus tard pour révéler mieux encore Dieu et sa religion et conduire les hommes à la vérité. Aujourd'hui, les baha'is annoncent à leurs frères chrétiens la bonne nouvelle du retour du Christ dans la gloire du père. C'est ce que Baha'u'llah écrivait aux dirigeants de la chrétienté: "En vérité, le père est venu et a accompli ce qui vous avait été promis dans le royaume de Dieu..."


2.6. Muhammad

Il existe un pays appelé Arabie. Il est semblable à un grand désert. Il y a peu d'eau, et il y règne un climat torride et presque insupportable. Quoique rude et aride, il était cependant habité par des tribus sauvages qui se faisaient continuellement la guerre. Ces gens étaient si primitifs et ignorants que les chefs de famille allaient jusqu'à enterrer leurs propres filles vivantes, pour la simple raison qu'elles étaient du sexe féminin et que les femmes, à leur avis, ne valaient pas plus que des esclaves. Mais peu importe leur cruauté. N'étaient-ils pas aussi des enfants de Dieu et n'avaient-ils pas aussi besoin de recevoir une éducation? C'est pourquoi Muhammad, le prophète de Dieu, naquit parmi eux. C'était un homme simple, A la tête d'une caravane, il conduisait des chameaux chargés de marchandises arabes qu'il vendait dans d'autres pays. La plupart des manifestations furent des gens d'origine simple. Même Bouddha, issu d'une famille plus riche, abandonna ses occupations princières pour vivre simplement. Dieu veut ainsi démontrer que ce sont sa richesse et son influence qui agissent par l'intermédiaire de ses envoyés. Lorsqu'une personne est investie de pouvoirs divins, elle est victorieuse de toutes les puissances de la terre.

Un jour, alors que Muhammad priait au sommet d'une colline, il reçut l'inspiration divine. Il n'avait fréquenté aucune école, il ne savait même pas écrire son nom, mais il se mit à révéler les vers du Coran, son livre. Dès lors, il abandonna les caravanes pour devenir le messager de Dieu. Il alla vers le peuple et proclama son message: on ne l'écouta guère. Lorsqu'il insista pour que les Arabes cessent d'adorer leurs idoles et croient en un Dieu unique, ses compatriotes se récrièrent. Ils le traitèrent de fou, le ridiculisèrent et l'appelèrent "petit poète". Muhammad continua cependant à proclamer:

"Ô peuple, je suis le messager de Dieu. Je suis venu pour vous sauver et vous conduire dans le chemin de la vérité."

Cette fois, la coupe était pleine pour les Arabes orgueilleux. Ils avaient tout d'abord toléré ce que racontait Muhammad mais, par la suite, ils le persécutèrent, lui et ses quelques fidèles: et pourtant, après treize ans de souffrances, il persistait à les convertir au Dieu unique et compatissant et à leur enjoindre d'en suivre les commandements. Pourquoi devaient-ils renoncer à leurs propres dieux après tout? De plus, leurs guerres incessantes ne leur causaient-elles pas assez de tracas? Maintenant, leur patience était à bout. Ils décidèrent donc de le tuer, avec ses quelques disciples.

La mission du prophète n'était cependant pas encore remplie: il avait encore d'autres enseignements pour ses contemporains. C'est pourquoi il quitta La Mecque, sa ville natale, pour se rendre dans une autre cité appelée aujourd'hui Médine. Les ennemis de Dieu rassemblèrent une grande armée pour anéantir Muhammad et le groupe de ses partisans. Pour sauver la cause sacrée et les croyants, il autorisa ses fidèles à combattre ces barbares qui voulaient les anéantir. Ainsi, en son temps comme en celui de Krishna, les cohortes de la lumière et celles des ténèbres s'affrontèrent.

Muhammad était un berger divin. Il devait protéger son innocent troupeau des attaques des loups sauvages. Lui et ses partisans connurent ainsi des jours difficiles, et beaucoup d'entre eux furent tués en se défendant. Muhammad leur assura toutefois que la cause sacrée avait toujours été victorieuse et qu'elle le serait encore. Lorsque ses adeptes furent encerclés par leurs puissants ennemis, il leur prédit l'écroulement prochain - et sous leurs yeux - de puissants empires parce que ces empires étaient morts quant à l'esprit tandis que ses adeptes étaient empreints de l'esprit de Dieu. Tout ceci est arrivé, comme nous le savons. Les grands empires persan et romain ont été vaincus par quelques Arabes dont la vie avait été transformée par le divin message. Ce message transforma aussi des millions d'autres hommes, car l'enseignement de I'Islam se répandit des Indes jusqu'en Espagne.

Pendant l'âge d'or de la civilisation islamique, nombre de nations différentes furent unies en une grande fraternité. Les prières quotidiennes allaient à un seul Dieu, le Miséricordieux. On récitait des passages du Qur'an, lequel prescrit une vie vertueuse et la soumission à la volonté du Tout-Puissant. Aujourd'hui encore, des millions de musulmans récitent les mêmes prières et lisent dans le même livre sacré, un peu partout sur la terre. Muhammad, comme toutes les manifestations de Dieu, rassura ses fidèles en leur annonçant qu'un grand messager lui succéderait. Il précisa que la religion descendue du ciel par son intermédiaire retournerait à Dieu après mille ans. Il voulait dire que ses enseignements finiraient par être oubliés au cours de ce millénaire.

Toutefois, il annonça aussi qu'après cette période, toute trace de la religion divine ayant disparu de la surface de la terre, un puissant coup de trompette retentirait, non pas une fois, mais deux, et que les peuples verraient la face de Dieu Lui-même. La sonnerie de trompette symbolise l'appel de Dieu qui a déjà retentit deux fois à notre époque, comme Muhammad l'avait prédit. Le Bab apparut exactement mille ans après la révélation islamique. Et presque immédiatement après lui, Baha'u'llah révéla sa mission. Le Bab n'appela-t-il pas à la conversion à Dieu, dont il rappela la grande promesse ? , Et Baha'u'llah ne fit-il pas retentir l'appel une seconde fois immédiatement après le Bab, exhortant les enfants de Dieu à contempler la face de l'Éternel?


2.7. Le Bab

"Bab" signifie "porte". Le Bab est la porte qui s'ouvre sur un nouveau royaume, le royaume de Dieu sur la terre. Il était très jeune lorsqu'il proclama le message que Dieu lui avait confié. Il n'avait que vingt-cinq ans. Il naquit dans une très belle ville du sud de l'Iran, appelée Shiraz. Les iraniens étaient musulmans, d'où son nom très courant dans ce pays, 'Ali Muhammad. Il descendait du prophète lui-même. Le père du Bab mourut aussitôt après la naissance de celui-ci, et l'enfant fut confié aux soins de son oncle maternel. Plus tard, il fut envoyé chez un professeur qui lui enseigna le Qur'an et les matières élémentaires. Encore petit, il se distingua cependant déjà par son savoir. surpassant de beaucoup les enfants de son âge en posant des questions difficiles et en donnant lui-même les réponses, ce qui étonna ses aînés. Alors que les autres enfants s'amusaient, on le trouvait souvent en prières à l'ombre d'un arbre ou méditant dans un endroit tranquille.

Plus tard, lorsqu'il révéla qu'il était réellement une manifestation de Dieu, son oncle et son professeur le crurent, parce qu'ils avaient été frappés depuis longtemps par la différence existant entre lui et les autres garçons. Son oncle fut même appelé à souffrir le martyre pour la cause révélée par son neveu, le Bab. Avant que le Bab ne déclarât sa mission, deux sages de grande renommée annoncèrent que, selon le Qur'an et les traditions sacrées, le Promis qu'attendait l'islam apparaîtrait bientôt. Ces deux sages avaient nom Shaykh Ahmad et Siyyid Kazim. Beaucoup les crurent et se préparèrent à recevoir le Promis parce que ces sages étaient très instruits et menaient une vie sainte.

A la mort de Siyyid Kazim, ses disciples partirent dans toutes les directions pour aller à la rencontre du Promis. Quelques-uns d'entre eux, guidés par un jeune homme pieux et instruit appelé Mulla Husayn, prièrent et jeûnèrent pendant quarante jours avant de se mettre en route pour Shiraz. Leurs prières furent exaucées. Près de la porte de la ville, Mulla Husayn rencontra un jeune homme radieux venu l'accueillir C'était le Bab. Il invita Mulla Husayn dans sa maison où, le 23 mai 1844, il lui déclara être le Promis. Dès leur premier contact, à la porte de Shiraz, Mulla Husayn s'était senti attiré par lui: toutefois, il demanda une preuve de cette affirmation. Le Bab lui répondit qu'il ne pouvait y en avoir de plus grande que celle des versets sacrés révélés par une manifestation de Dieu.

Prenant une feuille de papier il se mit à écrire ses premiers versets, Bien qu'il n'eût fréquenté aucune école, sinon quelques jours pendant son enfance, le Bab, comme toutes les manifestations, était doué d'une profonde connaissance innée, d'origine divine. Il écrivait sans s'interrompre et, tandis que sa plume courait, il chantait les versets d'une voix douce et céleste. Mulla Husayn fut convaincu et, les larmes aux yeux, se prosterna. C'est ainsi qu'il devint son premier disciple. Le Bab lui donna le titre de Babu'I-Bab, ce qui signifie "la porte de la porte".

Cette nuit-là marqua le début de l'ère nouvelle. Le calendrier baha'i commence cette année-là. Bientôt, plusieurs personnes crurent en la mission du Bab. Certaines le rencontrèrent, d'autres lurent ses Écrits, et d'autres encore le reconnurent en rêve ou dans des visions. Une manifestation est comparable au soleil: lorsque celui-ci se lève, tout le monde le voit, sauf ceux qui dorment à poings fermés. Mais ceux qui dorment profondément seront amenés, tôt ou tard, à savoir que le soleil brille. Le nouveau message fut proclamé pour la première fois en Iran, mais les musulmans des autres pays ignoraient encore que leur Promis était là.

C'est pourquoi, lorsque des milliers d'entre eux, affluant de toutes les parties de la terre, se rendirent en pèlerinage à La Mecque, le Bab aussi se rendit au saint lieu de l'Islam pour leur annoncer que l'objet de leur adoration était venu et qu'il était lui-même leur Promis. Personne ne l'écouta, mais il avait complété sa prédication.

Lorsqu'il s'en retourna dans son pays natal, un groupe de soldats l'y attendait pour l'arrêter, envoyé à l'instigation des mullas (Prêtres musulmans) fanatiques qui voulaient empêcher l'expansion de la nouvelle foi. Ces mullas firent ce qu'ils purent pour éteindre la lumière de Dieu qui brillait, par l'intermédiaire du Bab. A partir de ce jour-là, celui-ci dut supporter bien des souffrances. On l'emprisonna à deux reprises, dont une fois dans la montagne où le climat était très rude; mais, ni chaînes ni prison ne purent étouffer l'appel divin. Pendant son séjour en prison, ses fidèles disciples répandirent son message à travers tout le pays, et bientôt des milliers d'entre eux donnèrent leur vie pour sa cause.

Il était encore jeune, puisqu'il n'avait que trente et un ans, lorsqu'il fut condamné à mort, Il savait qu'il subirait le martyre, mais il était heureux de se sacrifier pour faire comprendre aux peuples leur raison d'être et les décider à se convertir et à se consacrer au royaume éternel. Il fut exécuté le 9 juillet 1850.

Ce matin-là, l'officier chargé de cette terrible besogne trouva le Bab en prison dictant ses dernières volontés à l'un de ses disciples. Lui ayant intimé l'ordre de le suivre, en ajoutant que les soldats attendaient sur la place publique, il s'entendit répondre que sa conversation avec son disciple n'était pas terminée. Le militaire railla son interlocuteur, un prisonnier ne peut faire tout ce qu'il désire. Tandis qu'on l'emmenait de force, ce dernier déclara qu'aucune puissance terrestre ne saurait lui faire de mal avant que l'entretien interrompu ne fût achevé et sa mission ainsi accomplie, paroles qui ne trouvèrent qu'une oreille distraite.

Sur la place, un jeune disciple, Muhammad Zunuzi, fendit la foule et se jeta aux pieds du maître bien-aimé, le suppliant de lui permettre de mourir avec lui, En vain tenta-t-on de l'écarter, il supplia avec tant d'insistance que l'officier finit par l'arrêter à son tour. Une grande foule s'était rassemblée, et les soldats, fusil au pied. Attendaient. Tous les regards convergeaient vers les condamnés, bientôt suspendus à un mur la tête du plus jeune reposant sur la poitrine du Maître. Un roulement de tambours résonna dans l'atmosphère tendue et les trompettes retentirent, puis, dans un grand silence, on entendit l'ordre terrible. "feu !" Des centaines de soldats qui l'avaient mis en joue firent feu. Un immense nuage de fumée se répandit sur toute la place. Une odeur de poudre remplit l'air.

Lorsque tout se fut dissipé, tous les visages reflétèrent la surprise et la stupeur: le Bab avait disparu et son fidèle disciple se tenait au pied du mur, sans mal, hébété. Que penser? Beaucoup crièrent au miracle et parlèrent d'ascension. Le peloton d'exécution et son état-major n'avaient jamais vu chose pareille. Officiers et soldats entreprirent des recherches, et celui qui était allé, le matin, quérir sa victime la retrouva au même endroit, en cellule, assise et terminant calmement la conversation tantôt si brusquement interrompue. Une voix douce et des lèvres souriantes l'accueillirent et l'assurèrent que, cette fois, la mission était accomplie et que son porteur était prêt à sacrifier sa vie pour en prouver l'authenticité.

La même scène allait se répéter. Or, le commandant du peloton d'exécution refusa d'y participer une nouvelle fois. Il donna aux soldats l'ordre d'évacuer la place et jura que rien au monde ne le forcerait à assassiner un jeune homme innocent et saint. Une autre compagnie fut amenée et, cette fois-ci, des centaines de balles lacérèrent les deux corps. Le beau visage du Bab, épargné par les balles, souriait, témoignant de la sérénité et du bonheur de celui qui avait donné sa vie pour annoncer le début d'une ère nouvelle dans l'histoire de l'humanité.

Il avait été un grand messager. Dans tous ses Écrits, il nous dit que le but principal de sa venue était de nous apporter la bonne nouvelle de la prochaine apparition de celui qui avait été le Promis de tous les âges. Il exhorta ses disciples à la vigilance pour reconnaitre celui que Dieu manifesterait, Il leur ordonna d'oublier toute autre chose et de suivre le Promis dès qu'ils entendraient son message. Il écrivit plusieurs prières dans lesquelles il supplie Dieu d'accepter le sacrifice de sa propre vie pour le bien-aimé de son coeur celui que Dieu manifestera. Il mentionna même le nom de Baha'u'llah et dit: "Béni est celui qui suivra Baha'u'llah."

Ses prières furent exaucées et sa promesse accomplie. Dix-neuf ans après la déclaration de ce précurseur, Baha'u'llah proclama publiquement qu'il était le Promis dont l'avènement avait été prédit par tous les messagers précédents.


2.8. Baha'u'llah

Le 21 avril 1863, Baha'u'llah proclama qu'il était le Promis annoncé depuis les temps immémoriaux, l'objet de la promesse de tous les prophètes de Dieu et le désir le plus cher de ses messagers. Lorsque Baha'u'llah fit cette grande proclamation, il était le prisonnier de deux puissants monarques et il allait encore être exilé à Akka, "la plus désolée des villes".

Baha'u'llah naquit dans la maison d'un ministre, à la cour royale d'lran: il avait 46 ans quand il fit cette déclaration. Dès son enfance, Baha'u'llah se distinguait déjà des autres enfants, mais nul ne pouvait prévoir que ce jeune garçon changerait bientôt la destinée de l'humanité. A l'âge de 14 ans, Baha'u'llah était déjà connu à la cour pour son intelligence et sa sagesse. Il avait 22 ans lorsque son père mourut, et le gouvernement lui offrit de reprendre la charge de ce dernier. De l'avis unanime, ce jeune homme doué aurait fait un excellent ministre. Baha'u'llah déclina cette offre, car il ne s'intéressait pas aux affaires du monde. Il était un homme de Dieu et ne s'intéressait pas aux intrigues de la cour. Il la quitta, elle et ses ministres, pour suivre le chemin que lui avait tracé le Tout-Puissant.

Lorsque le Bab déclara sa mission, Baha'u'llah était âgé de 27 ans. Il accepta immédiatement le rang de manifestation de Dieu du Bab et devint bientôt l'un de ses disciples les plus écoutés et les plus influents.

Le gouvernement, à l'instigation des mullas fanatiques, persécutait, à l'époque, les adeptes du Bab, et Baha'u'llah ne fut pas épargné. Il fut emprisonné à deux reprises. On le fouetta et on le bastonna si violemment que la plante des pieds se mit à saigner. Neuf ans après la déclaration du Bab, Baha'u'llah fut jeté dans un cachot obscur. Sa cellule se trouvait dans un souterrain sans fenêtre, et il devait la partager avec quelque cent cinquante assassins, voleurs et autres criminels. Les chaînes qui le retenaient à la nuque étaient si lourdes qu'il ne pouvait plus lever la tête. Baha'u'llah dut passer quatre mois terribles dans ces conditions sordides. C'est pourtant dans ce cachot que la gloire de Dieu illumina son âme, Il écrivit qu'une nuit, en songe, il entendit les paroles suivantes: "En vérité, Nous te rendrons victorieux par toi-même et par ta plume."

Baha'u'llah accepta toutes ces souffrances pour notre bien et celui des générations à venir. Il porta les chaînes autour de sa nuque bénie pour que nous puissions nous libérer des chaînes des préjugés, de la haine et du mensonge.

Baha'u'llah et sa famille furent dépossédés de tous leurs biens et on leur intima l'ordre de quitter le pays. Au cours d'un hiver rigoureux, ils furent exilés à Baghdad. La route traversait des régions montagneuses d'lran et était recouverte d'une épaisse couche de neige et de glace. Baha'u'llah, sa femme et ses enfants en bas âge durent parcourir à pied des centaines de kilomètres. Le fait de ne pas être habillés pour supporter ce rude climat rendit le voyage encore plus difficile. Ils arrivèrent enfin à Baghdad, mais les souffrances de Baha'u'llah n'étaient pas terminées. Si Baha'u'llah l'avait désiré, il aurait pu mener une vie luxueuse à la cour du Shah de Perse. Il se prépara plutôt à souffrir dans le sentier de Dieu.

Baha'u'llah acquit très rapidement une grande renommée dans tout Baghdad ainsi que dans d'autres villes d'Iraq. Nombreux étaient ceux qui accouraient jusqu'à sa porte pour recevoir la bénédiction du prisonnier en exil. Les adeptes du Bab venaient d'lran et d'lraq pour recevoir réconfort et conseils. Certains cependant le jalousaient à cause de sa célébrité, et son propre frère, Yahya, qui vivait de la générosité de Baha'u'llah, imagina qu'il pourrait gagner les adeptes du Bab à sa cause s'il s'insurgeait contre lui. Il ne comprit pas qu'en s'opposant à une manifestation de Dieu, il précipitait sa propre chute. Car lorsqu'une manifestation de Dieu apparaît, seuls ceux qui acceptent de la servir peuvent aspirer à la vraie grandeur.

Même les proches parents ne peuvent faire exception, car la manifestation de Dieu est différente des autres hommes et elle a accès à un rang auquel nul autre ne peut aspirer Toutes les manifestations du passé eurent des frères et soeurs ou d'autres parents dont les noms sont aujourd'hui oubliés. Les intrigues de Yahya semèrent la discorde parmi les adeptes du Bab, et Baha'u'llah en fut attristé. Il quitta alors sa demeure pendant la nuit, sans en parler à personne, et se retira dans les montagnes du Kurdistan. Il passa, dans cette région, deux années consacrées à la méditation et à la prière. Il habitait dans une caverne et vivait très simplement, inconnu de tous. Personne ne savait d'où il venait; mais, comme la lune qui luit dans un ciel obscur, sa renommée se répandit dans tout le Kurdistan et tout le monde parlait de l'inconnu. Sa famille et ses amis, pendant ce temps, regrettaient son absence et se mirent à sa recherche.

Un jour ils entendirent parler d'un inconnu, d'un saint doué d'une grande sagesse accordée par Dieu, qui vivait en reclus dans la montagne. Le fils de Baha'u'llah, 'Abdu'l-Baha, sut tout de suite que cet inconnu était son père. Il lui fit parvenir un message, par courrier spécial, l'invitant à revenir, parce que tous les adeptes du Bab souffraient de son absence.

Baha'u'llah accepta de retourner à Baghdad et la joie revint parmi eux. Son retour triomphal irrita les mullas fanatiques et son frère jaloux, Yahya, qui l'avait trahi. Les mullas ne voulaient pas le voir à Baghdad, parce qu'il était trop proche des lieux saints musulmans, les pèlerins qui se rendaient en ces lieux étaient souvent attirés par la personnalité et le charme de Baha'u'llah. Les mullas se plaignirent donc au gouvernement d'lran. Celui-ci demanda aux autorités impériales de Turquie d'exiler Baha'u'llah jusqu'à Istanbul.

La même chose se reproduisit à Istanbul, qui était le siège du califat; la grande sagesse et la personnalité pleine de charme de Baha'u'llah attirèrent un grand nombre de personnes. "Il ne doit pas rester un jour de plus à Istanbul", criaient les mullas fanatiques. C'est ainsi qu'une fois de plus on le bannit, cette fois à Andrinople. De là, il fut à nouveau déporté à 'Akka, ('Akka = la Saint-Jean-d'Acre des croisés (appelée aussi Acor)), en Terre sainte, ville qui abritait alors une colonie pénale spécialement réservée aux assassins, aux voleurs de grand chemin et aux malfaiteurs dangereux condamnés à la réclusion à vie. La colonie pénitentiaire d'Akka était un lieu effrayant. Pendant les premiers jours, on refusa de donner à boire à Baha'u'llah, à sa famille et à ses amis. Les souffrances subies par Baha'u'llah à, Akka furent innombrables. Il fut tout d'abord incarcéré seul dans une cellule, et même ses enfants ne furent pas autorisés à lui rendre visite. Il n'y avait pas trace d'un quelconque confort et ses ennemis le guettaient jour et nuit.

Mais c'est pourtant d'Akka que Baha'u'llah envoya ses célèbres lettres aux rois et aux souverains de l'époque, leur enjoignant d'écouter le message de Dieu et d'obéir aux commandements du roi des rois. Qui d'autre, sinon une manifestation de Dieu, aurait osé s'adresser à ceux qui l'avaient jeté en prison, comme un roi s'adresse à ses vassaux? De sa prison, Baha'u'llah éleva la bannière de la paix universelle et de la fraternité et, malgré les puissances terrestres liguées contre lui, il fut victorieux, ainsi que Dieu le lui avait promis dans un rêve. Le message de Baha'u'llah a influencé le coeur de milliers d'hommes, et nombreux furent ceux qui donnèrent leur vie pour sa cause.

Grâce à la puissance de la parole divine et aux sacrifices des disciples de Baha'u'llah, des centaines de milliers de personnes que leur nom et leurs titres divisaient jadis sont devenues aujourd'hui les membres d'une seule famille humaine.

Bien que Baha'u'llah eût été envoyé à Akka comme prisonnier, il pût quitter la colonie pénitentiaire neuf ans après son incarcération. Sa personnalité extraordinaire lui avait alors gagné de nombreux amis, et même son geôlier s'était rallié à sa cause. Personne, à 'Akka, ne s'opposa à sa libération. Il passa ses derniers jours dans un manoir appelé Bahji, à l'extérieur de la ville d''Akka, où il mourut le 29 mai 1892. Le message de Baha'u'llah se répandit, depuis la Terre sainte, dans les diverses régions de la terre, comme les Écrits saints du passé l'avaient promis. Dans les Écrits bouddhistes, la Terre sainte est décrite comme le paradis de l'Ouest, le siège du Promis, Amitabha. Pour les juifs, la Terre sainte est l'endroit d'où la loi de Dieu sera répandue, une fois de plus, dans le monde.

Chez les chrétiens et les musulmans aussi, il existe des prophéties magnifiques au sujet de cette terre sacrée, qui a été leur terre sainte depuis des siècles. Depuis le jour où Baha'u'llah arriva à 'Akka comme prisonnier, la Terre sainte des religions du passé est devenue le centre mondial de la foi baha'ie. Baha'u'llah est cette grande manifestation de Dieu dont toutes les manifestations du passé ont annoncé la venue. Les religions divines de tous les âges vont dans la même direction et enseignent le même but: la foi baha'ie. Elles sont comparables à de nombreux fleuves qui se jettent dans l'océan. Chaque fleuve irrigue des régions immenses, mais aucun d'eux n'est aussi vaste et majestueux que l'océan, car l'océan reçoit les eaux de tous ces fleuves. Dans la communauté baha'ie, les adeptes de toutes les religions se rencontrent et sont réunis. Bien qu'ils proviennent de toutes les parties du globe, ils se donnent la main pour former une grande fraternité animée d'une même foi. Les eaux des différents fleuves ne forment qu'une seule étendue lorsqu'elles se déversent dans le grand océan!


2.9. 'Abdu'l-Baha

Baha'u'llah fut l'architecte divin. Il conçut le merveilleux plan de l'unité du genre humain. Il jeta les bases immuables de cet édifice sacré et en sélectionna les matériaux.

Mais qui devait construire ce merveilleux édifice, une fois Baha'u'llah décédé? Il est vrai que son plan était complet, mais même un plan parfait doit être confié à une personne qualifiée, sinon la construction peut s'écrouler entièrement. Même si un plan est parfait et si la fondation d'un édifice est solide, la construction peut se réaliser d'une façon diamétralement opposée au plan de l'architecte si elle n'est pas supervisée par une personne capable.

Lorsque Baha'u'IIah sentit sa fin approcher il confia l'exécution de son plan divin à son fils. Il nomma 'Abdu'l-Baha Centre de son alliance et demanda à ses fidèles de se tourner vers lui pour être guidés. Le nom d''Abdu'I-Baha signifie "serviteur de Baha". Fils aîné de Baha'u'llah, il naquit le 23 mai 1844, la nuit même de la déclaration du Bab. Un fils béni naquit dans une maison bénie à une heure bénie. 'Abdu'l-Baha n'avait que huit ans lorsque Baha'u'IIah fut jeté dans une affreuse prison. Dès sa tendre enfance, il partagea volontairement toutes les souffrances de son père bien-aimé. Il l'accompagna pendant le voyage difficile de Téhéran à Baghdad et passa quarante années de sa vie en prison et en exil.

Lorsque 'Abdu'l-Baha fut de nouveau libre, il était un homme âgé. Mais l'amour de Dieu qui brûlait en son coeur avait maintenu sa joie intacte, même pendant les heures les plus sombres de sa vie. La pire des prisons n'aurait pu atténuer son profond bonheur spirituel. 'Abdu'l-Baha voulait que nous partagions ce même bonheur. Il dit: "Il existe deux sortes de joies: la joie physique et la joie spirituelle. La joie physique est limitée: sa durée est au plus d'une journée, d'un mois, d'une année. Elle n'aboutit à rien. Le bonheur spirituel naît dans notre âme par l'amour de Dieu et nous permet d'avoir accès aux vertus et aux perfections du monde de l'humain. C'est pourquoi, efforcez-vous le plus possible d'illuminer la lampe de votre coeur avec la lumière de l'amour."

A Baghdad, Baha'u'llah transmit la parole de Dieu à 'Abdu'l-Baha. Bien qu'encore un enfant, celui-ci reconnut le rang de son père et, se jetant à ses pieds, le supplia d'être accepté comme sacrifice pour sa cause. Dès ce jour, 'Abdu'l-Baha consacra sa vie entière au service de Baha'u'llah et sacrifia tout confort dans son sentier. Dès son jeune âge, il gagna l'affection et le respect des fidèles de Baha'u'llah: plus tard, on l'appela le "Maître". Lorsque Baha'u'llah décéda et lorsque son testament, connu sous le nom de "Livre de l'Alliance" fut ouvert, les baha'is furent heureux d'apprendre qu'il avait désigné 'Abdu'l-Baha en tant que Centre de son alliance et interprète autorisé de ses enseignements.

La désignation du Centre de l'alliance est une caractéristique unique de la foi baha'ie. Dans le passé, toutes les religions se divisèrent après le départ de leur fondateur, parce que leurs adeptes ne savaient pas vers qui se tourner en l'absence de la Manifestation elle-même. Les hommes se mirent à interpréter les enseignements de Dieu de la manière dont ils les comprenaient et, comme leur compréhension divergeait, ces enseignements prirent diverses formes. Telle fut la cause de la désunion parmi les adeptes des religions précédentes. Dans la foi baha'ie, il en va tout autrement.

En donnant les moyens d'éliminer toute cause de désunion parmi les peuples de la terre, Baha'u'llah n'a pas permis que la foi baha'ie elle-même soit désunie. Il écrivit un document dans lequel il désigna 'Abdu'l-Baha comme étant celui vers lequel tous devaient se tourner pour être guidés dans la compréhension de ses enseignements. Ce document, appelé le "Livre de l'Alliance", sauva les baha'is de la désunion. Il sauvegarda l'unité des adeptes de Baha'u'llah mais, en même temps, il excita la jalousie du frère d''Abdu'I-Baha, Muhammad 'Ali, qui essaya d'instiller la désunion parmi les baha'is pendant le ministère d''Abdu'l-Baha. Il imagina qu'étant, lui aussi, un fils de Baha'u'llah, il pourrait assumer les tâches d'un chef, mais ses efforts demeurèrent vains. Ses rapports avec la manifestation divine s'étaient détériorés lorsqu'il lui avait désobéi. Muhammad 'Ali est comparable à la branche d'un grand arbre qui ne porte plus de fruits parce qu'elle s'est desséchée et est devenue sans valeur. Et comme une branche morte, il fut coupé du tronc et rejeté. Lorsque Muhammad 'Ali s'aperçut que ses efforts pour semer la désunion parmi les baha'is étaient vains, il se ligua avec les ennemis de la cause pour nuire à 'Abdu'l-Baha. Il fit courir de faux bruits sur son frère auprès des fonctionnaires du gouvernement et alla jusqu'à prétendre qu'il rassemblait des gens autour de lui pour s'insurger contre le gouvernement. Lorsque 'Abdu'l-Baha construisit le mausolée du Bab sur le mont Carmel, Muhammad 'Ali annonça qu'il bâtissait une forteresse, ce qui incita le gouvernement turc à envoyer une commission d'enquête en Terre sainte.

Muhammad 'Ali soudoya le général corrompu qui dirigeait la commission, de sorte que de faux rapports furent envoyés en Turquie au sujet d" Abdu'l-Baha.

Pendant ce temps, ce dernier consacrait chacune de ses heures au service de la cause. Les belles tablettes qui s'écoulaient de sa plume apportèrent la joie et l'inspiration au coeur de milliers de baha'is partout dans le monde. Par cette précieuse correspondance, il guida et fortifia leurs pas sur le sentier du service pour la foi. Lorsqu'il n'écrivait pas, , Abdu'l-Baha rendait visite aux malades et s'occupait des pauvres. Malgré ses faibles moyens, il donnait généreusement aux autres et personne ne quittait jamais la porte de la maison du Maître en étant désappointé.

'Abdu'l-Baha ne prêta guère attention à la commission d'enquête. Muhammad 'Ali, au contraire, lut témoigna beaucoup de respect et combla ses membres d'attentions et de cadeaux. Avant son départ, le général, qui présidait la commission, jura qu'il reviendrait bientôt pour arrêter 'Abdu'l-Baha aux portes de la ville, ce qui remplit de joie le coeur des ennemis du Maître, tandis que tous ceux qui l'aimaient furent la proie d'une profonde inquiétude. Nombreux furent ceux qui le supplièrent de fuir alors qu'il en était temps encore, mais le Maître, dont toute la confiance allait à Dieu, ne se sentit nullement concerné. Il dit:

"Pour moi, la prison c'est la liberté: pour moi, l'incarcération est une cour ouverte: pour moi, l'humilité est identique à la gloire; pour moi, l'adversité est un don et la mort est la vie."

Le général qui avait l'intention d'arrêter 'Abdu'l-Baha fut tué à la guerre, peu après son départ de Terre sainte. L'Empire turc lui-même fut démantelé et un nouveau régime prit les rênes du pouvoir. Muhammad 'Ali et les quelques autres qui avaient violé l'alliance de Baha'u'llah virent leurs efforts de nuire à 'Abdu'l-Baha ou de semer la discorde parmi les baha'is contrecarrés. Ils sombrèrent dans la disgrâce et leurs plans indignes furent bientôt connus de tous.

Le changement gouvernemental en Turquie libéra .Abdu'l-Baha au terme d'une vie passée en captivité. Après avoir servi la cause de Baha'u'llah si fidèlement dans de dures épreuves, le Maître fut enfin libre de s'en aller et de porter le message de son père aux gens des autres pays. Les baha'is occidentaux lui demandèrent de venir en Europe et en Amérique et, bien que courbé par l'âge et affaibli par les années d'emprisonnement, 'Abdu'l-Baha accepta aimablement leur invitation.

Au cours de son séjour en Occident, 'Abdu'l-Baha parla de la foi baha'ie à des milliers de gens et il lui arrivait souvent de prononcer plusieurs discours en une seule journée. Les baha'is et les nouveaux venus accouraient de loin pour le rencontrer et écouter ses paroles qui étaient une cause d'inspiration. Où qu'il allât, 'Abdu'l-Baha enseignait la cause dès le matin et jusque tard dans la nuit. Ses amis le suppliaient souvent de se reposer mais, bien que malade et parfois fiévreux, il ne pensait guère à lui-même. En Amérique, 'Abdu'l-Baha posa la première pierre du premier temple baha'i occidental qui est aujourd'hui un merveilleux édifice consacré à la gloire de la cause divine. Ses voyages en Europe et en Amérique produisirent des résultats magnifiques. La foi baha'ie fut bientôt établie dans de nombreux pays et, avant sa mort, 'Abdu'l-Baha encouragea les croyants à porter le nouveau message dans d'autres pays. Le Maître s'éteignit en Terre sainte le 28 novembre 1921. Il repose dans une chambre du mausolée du Bab, l'édifice dont il commença lui-même la construction.

'Abdu'l-Baha fut l'interprète de la foi: il commenta les Écrits de Baha'u'llah et vécut ses enseignements de façon exemplaire. Baha'u'llah l'appela le "Mystère de Dieu".


2.10. Shoghi Effendi - Le gardien de la foi

'Abdu'l-Baha était comme un père affectueux pour les baha'is. A sa mort, les baha'is du monde entier furent très affligés. Son ministère avait duré quelque trente années pendant lesquelles les baha'is avaient progressé sous sa direction et s'étaient familiarisés davantage avec les enseignements de Baha'u'llah. Lorsque 'Abdu'l-Baha quitta ce monde, les baha'is se sentirent comme des orphelins privés d'un parent sage et affectueux. Les ennemis de la cause et ceux qui avaient violé l'alliance de Baha'u'llah crurent, par contre, le moment venu de mener à bien leurs plans machiavéliques. Ils imaginèrent que, une fois 'Abdu'l-Baha disparu, l'unité des baha'is ne serait plus protégée et qu'il leur serait facile d'attaquer la cause. Ils ignoraient que Dieu ne permettrait pas de violer l'unité de sa cause en cet âge. 'Abdu'l-Baha avait déjà prévu la manière de préserver l'unité des fidèles de Baha'u'llah. A son tour, il fit une alliance ferme avec les baha'is du monde entier. Il leur laissa une magnifique tablette - son testament - dans laquelle il désigna son petit-fils, Shoghi Effendi, comme gardien de la foi de Dieu.

Avec la mort d''Abdu'I-Baha, les baha'is perdirent un père aimant, mais ils trouvèrent un frère véritable en Shoghi Effendi. Shoghi Effendi naquit dans la sainte famille d''Abdu'I-Baha.

Sa mère était la fille d''Abdu'l-Baha et son père était un proche parent du Bab. 'Abdu'l-Baha l'a appelé "la perle la plus merveilleuse, unique et précieuse qui brille entre les deux mers jaillissantes" et "le rameau sacré qui est sorti des deux arbres jumeaux bénis", parce qu'en lui les familles du Bab et de Baha'u'llah furent réunies. Shoghi Effendi grandit sous les soins et la surveillance directe d''Abdu'I-Baha, mais nul ne connaissait le rang auquel ce dernier le destinait, bien que beaucoup de gens eussent discerné les signes de sa grandeur bien avant la mort d''Abdu'l-Baha.

Une baha'ie américaine écrivit un jour à 'Abdu'l-Baha pour s'enquérir de sa compréhension d'une prophétie biblique qui concernait un jeune garçon appelé à conduire la cause après le Maître. Le Maître répondit qu'elle l'avait bien comprise, que cet enfant béni vivait et qu'il illuminerait bientôt le monde par sa lumière. A une autre personne, il précisa que cet enfant béni élèverait la cause divine vers de grands sommets.

Shoghi Effendi était un petit garçon lorsque le Maître bien-aimé écrivit son testament. Il n'avait que vingt-quatre ans lorsqu'il devint gardien de la cause de Dieu, mais son jeune âge importait peu parce qu'il était toujours guidé par Baha'u'llah. 'Abdu'l-Baha appela Shoghi Effendi "le signe de Dieu sur la terre" et ajouta que quiconque obéirait à Shoghi Effendi obéirait à Dieu. C'est grâce à la grande sagesse et à la conduite spirituelle de Shoghi Effendi que le message de Baha'u'llah fut porté dans chaque pays du globe. A la mort d''Abdu'I-Baha, Shoghi Effendi étudiait en Angleterre, à l'université d'Oxford. Son voeu le plus cher était de servir le Maître pendant toute sa vie et de traduire les Écrits sacrés de la foi baha'ie en anglais pour les milliers de croyants qui ne pouvaient les comprendre en arabe ou en persan.

La nouvelle du décès d''Abdu'I-Baha lui porta un coup terrible et il en devint malade. Avant même de se remettre du choc provoqué par la disparition si soudaine du Maître, il arriva en Terre sainte pour y apprendre qu''Abdu'l-Baha lui avait confié la tâche écrasante du gardiennat de la cause de Dieu.

Mais lorsque Dieu donne une tâche à accomplir, il donne en même temps la force de la mener à bien. Après plusieurs semaines passées dans la méditation et la prière, Shoghi Effendi fut prêt à commencer son grand travail. Et Dieu le bénit en lui donnant une grande sagesse et en l'inspirant dans chaque pas qu'il fit pour le bien de la cause.

Pendant ses trente-six années de gardiennat, Shoghi Effendi n'eut d'autre souci que le progrès de la cause. Il travailla jour et nuit et ne s'épargna guère: il vivait très simplement, prenait rarement plus d'un repas en vingt-quatre heures et ne dormait guère plus de quelques heures par nuit. Le reste de son temps était consacré au travail grandissant de la cause de Baha'u'llah.

Ceux qui se rendaient compte du travail qu'il effectuait chaque jour savaient que ce n'était que grâce à la puissance de Dieu qu'un simple mortel pouvait accomplir ces tâches, jour après jour, année après année. Les ennemis de la cause, qui avaient espéré mener à bien leurs plans machiavéliques après la disparition d''Abdu'l-Baha, se rendirent compte rapidement que la foi de Baha'u'llah était maintenant gardée par le bras de fer de Shoghi Effendi. C'est lui qui apprit aux baha'is du monde comment oeuvrer ensemble pour établir l'ordre mondial de Baha'u'llah et comment exécuter les instructions d''Abdu'l-Baha contenues dans "les Tablettes du plan divin". Dans cet ouvrage écrit par le Maître avant sa mort, 'Abdu'l-Baha appelle les baha'is à se lever pour servir la cause, à quitter leurs demeures et leur confort pour porter le message de Baha'u'llah dans les régions éloignées de la terre.

Pendant de nombreuses années, Shoghi Effendi entraîna les baha'is afin de les préparer à cette tâche immense. Il leur apprit à travailler par le truchement de leurs assemblées locales et nationales: en effet, si les baha'is étaient incapables de travailler dans l'unité, comme une seule entité, ils ne pourraient accomplir quoi que ce soit. Lorsqu'ils furent prêts pour cette grande tâche, le gardien les encouragea à se disperser dans le monde entier pour porter la bannière de Baha'u'llah dans chaque région du globe. Sous sa direction divinement inspirée, des centaines de baha'is partirent avec le flambeau de la foi et s'établirent dans des îles et des territoires isolés pour porter le nouveau message aux peuples de toutes les nations.

A la mort d''Abdu'I-Baha, la foi baha'ie était connue dans trente-cinq pays; tandis que pendant le ministère du Gardien, le message de Baha'u'llah fut annoncé dans plus de deux cent cinquante et un pays du monde, y compris dans tous les territoires mentionnés par 'Abdu'l-Baha dans les tablettes du plan divin.

Dans son testament, 'Abdu'l-Baha demanda aux baha'is du monde de se lever pour servir la cause et de ne pas se reposer un seul moment avant que la bannière de la foi ne soit plantée dans chaque région du globe. Notre bien-aimé Gardien exécuta cette requête du Maître pendant toute sa vie, jusqu'à son dernier jour. Il décéda le 4 novembre 1957 à Londres, où il s'était rendu pour acheter des matériaux destinés à la construction des institutions baha'ies en Terre sainte.

Le Gardien ne nous quitta que lorsqu'il fut sûr que ses efforts, pendant trente-six ans de gardiennat, avaient construit une fondation immuable pour la foi universelle de Baha'u'llah et que les baha'is pouvaient maintenant continuer son oeuvre. Tel un parfait capitaine de navire, il détermina la direction que nous aurions à suivre et nous donna ses instructions, avant que lui-même ne trouvât le repos. Il n'y avait plus aucun danger que nous nous perdions, car la direction à prendre avait été clairement fixée par le Gardien lui-même. Sous sa guidance spirituelle, cette arche de Dieu arrivera sans aucun doute à bon port. Pendant les dernières années de sa vie, Shoghi Effendi établit un plan décennal qui prit fin en 1963. Selon ce plan, tous les baha'is du monde devaient travailler étroitement ensemble pour faire connaître le message de Baha'u'llah dans les derniers territoires et îles du globe où la foi n'était pas encore établie. Le gardien surveilla lui-même les progrès de ce plan dès le début et, avant son décès, la foi baha'ie était répandue dans plus de quatre mille deux cents localités, et la littérature baha'ie était traduite en plus de deux cents langues différentes.

En Terre sainte - au centre mondial de la foi - le Gardien construisit une merveilleuse superstructure, dont le mausolée du Bab ainsi qu'un bâtiment des Archives internationales où sont conservés de précieuses reliques et les Écrits originaux du Bab et de Baha'u'llah. Ces bâtiments et les magnifiques jardins qui les entourent comptent parmi les plus beaux endroits du monde, et des milliers de visiteurs y viennent chaque année. Shoghi Effendi paracheva son oeuvre en nommant vingt-sept Mains de la cause de Dieu, qu'il désigna comme "principaux intendants" de la foi. Il leur assigna la double tâche de protéger la cause et de propager les enseignements de Baha'u'llah.

A la mort du Gardien, les Mains de la cause élurent entre elles un corps de neuf amis qui demeurèrent en Terre sainte pour s'occuper des affaires du Centre mondial. Ils furent appelés "custodians" (c'est-à-dire "conservateurs"). Les autres Mains se dispersèrent dans le monde entier pour aider à l'accomplissement du plan décennal du Gardien.

La fin du plan décennal, en 1963, marqua l'histoire de la foi baha'ie d'une bonne nouvelle. Un siècle entier s'était écoulé depuis le jour où Baha'u'llah avait proclamé sa mission. Les baha'is élurent la première Maison Universelle de Justice - cette institution suprême dont 'Abdu'l-Baha nous avait assuré qu'elle serait placée sous la direction de Dieu et sans erreur dans ses décisions.

Pour marquer ce centenaire, les baha'is du monde entier se réunirent pour un grand congrès à Londres, du 28 avril au 2 mai 1963. Plus de six mille personnes de tous les continents participèrent à cette grande fête. L'unité du genre humain était effectivement manifestée par cette grande célébration: des gens de toutes races et de toutes origines, beaucoup étant revêtus de leur costume national, formaient véritablement le merveilleux jardin de Baha'u'llah. L'auditoire haut en couleur du congrès mondial baha'i constituait le plus magnifique des bouquets que nous puissions offrir à la mémoire de Shoghi Effendi, notre bien-aimé Gardien, qui avait élaboré le plan décennal, source de tant de victoires et de grands exploits. Grâce au labeur incessant et inlassable du bien-aimé Gardien, les baha'is du monde sont bien préparés pour les grands événements futurs que les progrès incessants de la cause divine provoqueront. Shoghi Effendi, comme 'Abdu'l-Baha l'avait prédit alors que le Gardien n'était encore qu'un enfant, n'a-t-il pas porté la cause de Dieu vers de hauts sommets de gloire?


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