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LE BAYAN PERSAN Le livre sacré du babisme de Séyyèd Ali Mohammed, dit le Bâb (traduit du persan par A.L.M. NICOLAS) Retour à la bibliothèque Texte du Bayan persan |
Table des matières
Introduction
Préface
UNITE I - Porte 1 à 19
UNITE II - Porte 1 à 19
Porte 1 -
Explication de la connaissance du témoignage et de la preuve
Porte 2 - Sur ceci que personne
ne peut embrasser la science de tout ce qui est descendu dans le Bayan, si ce
n'est Celui que Dieu voudra
Porte 3 - Dans l'explication
de ceci que ce qui est dans le Bayan contient l'ordre de toute chose
Porte 4 - Dans l'explication
des lettres elliyines et de celles qui ne le sont pas
Porte 5 - Dans ceci que,
chaque nom bon que Dieu a fait descendre dans le Bayan a pour but, dans sa vérité
première, Celui que Dieu doit manifester
Porte 6 - Dans ceci que le
Bayan est la balance de Dieu jusqu'au jour de Celui que Dieu doit manifester.
Quiconque lui obéit est lumière, quiconque s'en détourne est feu
Porte 7 - Dans l'explication
du jour du jugement
Porte 8 - Dans l'explication
de la vérité de la mort et elle est vraie
Porte 9 - Dans l'explication
de la Vérité du Tombeau
Porte 10 - Dans l'explication
de l'interrogatoire des anges au Tombeau
Porte 11 - Dans l'explication
de ceci que la résurrection est vraie
Porte 12 - Dans l'explication
de ceci que le Syrat est vrai
Porte 13 - Dans la vérité
de la Balance et dans ceci que la Balance est vraie
Porte 14 - Dans l'explication
du compte
Porte 15 - Dans l'explication
du Livre, et dans ceci que le Livre est vrai
Porte 16 - Dans l'explication
de ceci que le Paradis est vrai
Porte 17 - Dans l'explication
de ceci que le feu est vrai
Porte 18 - Dans l'explication
de ceci que l'heure viendra, il n'y a point de doute là dessus
Porte 19 - Dans l'explication
de ceci que ce qui est dans le Bayan est un cadeau de Dieu pour celui que Dieu
doit manifester
UNITE III
UNITE IV
UNITE V
UNITE VI
UNITE VII
UNITE VIII
UNITE IX
* AVERTISSEMENT du compilateur du texte au format informatisé
Le Bayan persan, qui est un ouvrage distinct du Bayan arabe, est un ouvrage
complémentaire et majeur du Bab, traduit ici par A.L.M. NICOLAS alors
consul de France à Tauris en 1911. A.L.M. NICOLAS fut témoin des évènements
et persécutions à la naissance de la religion du Bab en Perse vers 1850.
Cependant cette traduction n'est ni officielle, ni révisée par des experts,
ni non plus approuvée par les institutions baha'ies. Une traduction plus précise
et objective interviendra dans l'avenir.
En effet certaines notes personnelles du traducteur vis à vis de la suite donnée
à la foi du Bab sont historiquement fausses et ne démontrent pas son impartialité.
A la fin de sa vie le traducteur a reconnu ces faits qui étaients ignorés de
lui au moment de l'écriture de cet ouvrage. Néanmoins pour une raison de transparence,
nous n'y avons apporté aucune modification.
Cette traduction permettra toutefois aux chercheurs occidentaux, ne connaissant
pas les langues des révélations babie et baha'ie (arabe et persan), de pouvoir
approfondir leurs connaissances sur ces religions peu connues du 19ème siècle.
De temps en temps le traducteur utilise l'écriture ARABE ou PERSAN pour certaines
explications. A cause de la difficulté de combinaison des différentes écritures
dans un traitement de texte français, nous n'avons pas pu les transcrire tels
qu'ils ont été écrits. Nous les avons donc remplacé par des lettres latines.
Fereidoun Badkoubé
INTRODUCTION
Après avoir lu et relu, soit seul, soit avec des membres des diverses confessions
de l'Islam et du Babisme le texte Persan de cet ouvrage, j'en donne aujourd'hui
au public une traduction que je crois bonne (1).
(1) [nota: j'ai commencé mes études en 1889, et suis resté, en contact avec
Soubh-i-Ezel durant deux années, à Chypre, en 1894 et 1895. Ma première traduction
du Bayan remonte à 1889.]
Parmi tous ceux avec qui je l'ai lu, parmi tous ceux que j'ai priés de m'en
commenter certains passages, - et dont quelques uns méprisaient profondément
notre auteur, alors que d'autres cherchaient des significations invraisemblables
extravagantes, - un seul m'a paru garder la note juste, et rester dans les limites
de la raison. C'était un Bayan, ayant en horreur toutes les conséquences qui
ont été officiellement tirées du texte sacré, et toutes les sectes religieuses
qui s'y veulent rattacher.
Cet homme m'a d'autant plus étonné et charmé que, seul, ou discutant avec les
très rares Baha'is instruits qu'il m'a été donné de rencontrer durant ma longue
carrière en Perse, j'étais arrivé, malgré mes contradicteurs, aux mêmes conclusions
que lui.
C'est, un vieillard qui a été élevé par les Croyants de la première heure, et
qui, certes, transmettait, dans ce qu'il disait, la véritable doctrine (1) des
Pères de la nouvelle Eglise.
(1) [nota: Ce n'est qu'à Tauris que j'ai rencontré ce précieux vieillard et
ceci, tout dernièrement. Les personnes qui ont bien voulu lire mon Séyyèd Ali
Mohammed trouveront entre mes opinions actuelles et mes opinions d'autrefois
une grande différence. Je reconnais m'être laissé autrefois entraîner par le
Baha'isme, dont je ne me défiais pas assez.]
Il faut le dire, le Bab ne semble pas être né sous une heureuse étoile ! soufi,
pour certains Européens, matérialiste pour d'autres, Ghoulat pour quelques uns,
toujours incompris, il est, pour la majorité des Persans, un abominable hérétique,
et finit par devenir pour les Baha'is dernier modèle, une sorte de saint Jean
Baptiste - peut-être cependant d'un degré un peu supérieur à celui de son illustre
prédécesseur (1) - spécialement envoyé en ce monde pour annoncer l'arrivée de
Mirza Houcéin Ali Nouri Baha'u'llah et peut-être même celle d'Abdu-l-Baha !
(1) [nota: Essai Sur le Baha'isme, page 31]
Et ce serait pour ce pitoyable résultat que cet, homme aurait subi le martyr
? C'est pour cela qu'il aurait affirmé devant les balles du peloton d'exécution
la vérité de sa doctrine, et qu'il, aurait, répandu son sang, comme aussi celui
de ses compagnons les plus chers?
Il m'est inutile d'affirmer que cette thèse est essentiellement fausse, car
la lecture de ce livre convaincra ceux qui auront la patience de le lire. Ils
verront que si Jésus est plus haut que Moïse, si Mohammed est plus sublime que
Jésus, le dernier venu, le Bab surpasse le Prophète Arabe d'une incommensurable
hauteur. C'est là. un article de foi du Babisme, et Djellal ed Dine Roumi semble
avoir eu une notion de ce genre quand il disait :
"Tchoun Khoda her guèz né iayed der ayan,
Naieb haqq end ine peiremberan.
Né, Ghélét goftam, ki naïeb ya ménoub
Guer do pendari, ghélét bashed né khoub" (1)
(1) [nota: Comme Dieu ne se fait pas voir sous des formes matérielles. Ce sont
clos lieutenants de Dieu que ces Prophètes ! Non! je me trompe, car le lieutenant,
et celui qu'il remplace, Si tu les crois deux, tu erres et tu n'est plus dans
la vérité ! Il est à remarquer que le Baha'isme actuel semble considérer la
manifestation d'Abd oul Béha comme la dernière de ce monde, ce qui serait en
contradiction absolue avec le Babisme. Je parle, bien entendu ici, au point
de vue du Baha'isme Persan et non à celui de la fantaisie Américaine qui porte
le même nom.]
Tout le monde s'accorde à reconnaître qu'il lui était de toute impossibilité
de proclamer hautement sa doctrine et de la répandre parmi les hommes. Il devait
agir comme le médecin des enfants, qui enrobe une drogue amère sous une couche
de sucre pour amadouer les mines malades.
Et le peuple au milieu duquel il a surgi était et est encore hélas ! plus fanatique
que ne l'étaient les Juifs à l'époque de Jésus, et la majesté de la paix Romaine
n'était plus là pour arrêter les excès furieux de la folie religieuse d'un peuple
surexcité.
Donc, si le Christ, malgré la douceur toute relative d'ailleurs, du milieu dans
lequel il prêcha crut devoir employer la parabole, Séyyèd Ali Mohammed a fortiori
dût déguiser sa pensée sous de nombreux détours et ne verser que goutte à goutte
le philtre de ses vérités divines. Il élève son enfant, l'Humanité ; il le guide,
en cherchant à ne pas l'effraye ; il conduit ses premiers pas sur une route
qui le mènera lentement mais sûrement, et dès qu'il pourra avancer seul, au
but qui lui est fixé de toute éternité.
Si je veux être compris d'un petit enfant, je dois évidemment me mettre a sa
portée, parler sa langue, employer ses raisons. Si j'en agis ainsi, la graine
que je sèmerai en lui germera par la suite en une superbe floraison. Sinon,
si je veux l'élever jusqu'à moi et non descendre jusqu'à lui, je ne serai pas
compris et mon enseignement restera lettre, morte. Or, le Bab suit le bon chemin.
Ne nous prévient-il pas, lui-même, dans le Traité des Sept Preuves de sa mission
[nota: le Traité des Sept Preuves est édité chez Maisonneuve 1902]:
"L'altesse attendue a condescendu (1) à se présenter sous l'aspect de la Porte
qui conduit à la connaissance du descendant caché de Mohammed. Dans son premier
livre (2) il a parlé au nom des Lois du Qoran afin que les hommes ne fussent
pas troublés par le nouveau texte et la Loi nouvelle; afin qu'ils pussent se
convaincre que ce texte et cette Loi sont en relation avec leur propre Livre
(3), afin qu'ils ne restassent pas dans l'obscurité ..."
(1) [nota: ici, le Mehdi (car le Bab n'expliquera son véritable rang que plus
tard) en non plus la Porte qui conduit au descendant caché de Mohammed. Et encore,
sous la plume du Bab le Mehdi ne signifie-t-il plus ce que pensent les Chiites
auxquels il s'adresse. En effet, Jésus a promis de revenir, et il est revenu
sous les traits de Mohammed; Mohammed a affirmé qu'il était le dernier des Prophètes,
et cependant il a annoncé l'arrivée du Mehdi. C'est, que le cycle du Prophétisme
est fermé en sa personne et que commence celui de "Ceux que Dieu doit manifester."
Et, jusqu'à aujourd'hui le Bab est le premier et le seul de ceux là. Nous le
verrons au cours de cet ouvrage annoncer, comme l'ont fait les autres Prophètes,
mais plus nettement, l'arrivée dit second. Il n'est plus l'envoyé de Dieu, qui
parle en son nom, il n'est plus le lieutenant, il est le miroir qui le reflète,
le Dieu visible, promis par le Qoran.]
(2) [nota: Le Riçalé Feqqiyé]
(3) [nota: Le Qoran]
Il en a toujours été ainsi, et c'est de cette façon qu'ont agi les divers Prophètes,
qui se sont succédés en ce en ce monde et qui ont plus ou moins appuyé en ce
sens, suivant les nécessités du moment. Si les hommes ne les ont pas compris,
a qui la faute ?
Malheureusement si les hommes appelés sont nombreux, en petit nombre sont, les
élus! L'enseignement du Christ, se perd, en effet, il se dénature; il se transforme
et les apôtres modifient la doctrine qu'ils ont reçue : celle-ci, alors se divise
en une infinité de branches; les hommes.... les Imams, dénaturent la pensée
de Mohammed, tout entière contenue dans le Qoran, et donnent a leur tour naissance
à une foule bigarrée de sectes différentes.
En vérité, le Prophète seul a le droit de parler ; seul il a le droit de commander;
seul il représente la Divinité, et seul il devrait être écoulé. Dans la Porte
première de l'Unité N, le Bab nous dit : "... Le secret de ceci est que Dieu
a fait descendre le Qoran de l'Arbre de Sa Volonté, et cette Volonté est la
Vérité Mohammédique" De même Dieu a-t-il fait descendre le Bayan de l'Arbre
de Sa Volonté et cette Volonté est la Vérité Mohammédique qui n'est autre que
la Vérité du Bab. Seul, le Prophète est le spectacle de Dieu; seul il est le
Soleil de la Vérité ; seul il resplendit et rayonne. Disparaît-il, meurt-il?
Seules ses oeuvres et personne autre, pourront instruire et guider ses sectateurs.
Source Unique de la Vérité, sa parole guide, et au moment où il la prononce
et au moment où il l'écrit, et quand elle est écrite.
L'Unité III, porte 16, dit : " Les actes ne sont permis que conformément aux
Livres du Point, Car, dans cette manifestation-ci les livres des Lettres du
Vivant ne se manifestent que du Soleil de la Vérité.
Tout émane du Bab, retourne au Bab et non à d'autres (1)."
L'Unité III, porte 12, dit : "Car le Point est comme le Soleil, et les autres
Lettres sont comme des Miroirs en face du Soleil. Tout ce qui est, dans le Bismilla
est dans le Point (2) et celui qui dit: "Dieu est mon Seigneur, et je ne lui
donne aucun associé, a mentionné, en vérité Dieu, de la façon que Dieu a fixée
pour le Point (3)."
(1) [nota: La suite de cette Porte est caractéristique. S'y reporter à ce passage
: "Depuis le moment du Coucher jusqu'à celui.., s'il n'outrepasse pas les limites
du Bayan, il ressuscitera à son ombre; sinon il n'est pas digne de mention auprès
de Dieu, non plus qu'auprès des gens de science."
Le Bab semble avoir un pressentiment de ce qui se passera après lui. C'était
facile d'ailleurs à prévoir, et le christianisme et le chiisme lui donnaient
une terrible leçon de choses. Pour éviter que sa religion subisse des modifications
qui la rendent impossible, il a soin de nous prévenir qu'il est interdit, d'une
part, de commenter son livre et, de l'autre que, après sa mort, c'est Son livre
qui doit guider l'Humanité.]
(2) [nota: Et le Point est l'Etre même de la Volonté Primitive, du Verbe. Il
faut lire cette Porte tout entière et y réfléchir pour se rendre compte de la
pensée profonde du Bab]
(3) [nota: "Il n'y avait pas, il n'y a pas de doute que la vue de l'essence
Éternelle de Dieu était et est impossible. Ce qui est, possible dans les contingences,
est la vue de Celui qui est manifeste dans la Manifestation." (Sahifé Adliyé,
5è Porte).
"Qu'il ne, reste pas caché que la manifestation du Promis attendu est exactement
la manifestation du Prophète de Dieu." (Ibidem)]
En vérité! Dieu n'a fixé en ce jour d'autre témoin ou d'autre aide que le Point,
du Bayan. Agis donc et adore Dieu comme si Dieu n'avait pas créé d'autre ami
que toi. Viens en aide à la parole de ton Dieu...." Lettre à El Hadj Séyyèd
Ali Akber Kermam. Manuscrit A. K. de ma bibliothèque.
[nota: "Le rang auquel je prétends, est, dans un degré, le spectacle même de
la Divinité de Dieu; dans l'autre, celui du plus vil des êtres." (Sourate Tauhid.
- Réponses aux questions de celui qui avait fait hégire vers Dieu, S.-E. Molla
Ahmed, 7è question).
"Ce Point de Vérité est avant tout, avant, et il est après tout après. Du début
de cette Création-ci, compte le jour du début de la Création. En vérité! jusqu'à
aujourd'hui, le Soleil s'est levé dans chaque lever, sous le nom d'un Prophète,
et ce, jusqu'à ce que le lever du Soleil se terminât à ce siècle, où le Soleil
de vérité est témoin que Celui-ci (Moi) est encore un Soleil de Vérité."
(Sourate révélée à Makou et adressée à un nommé Ali, qui vint voir le Bab dans
sa prison accompagné d'un certain nombre d'individus). Je n'en finirais pas
si je voulais citer toutes les paroles du Bab à ce sujet.]
C'est afin d'éviter ce qui s'est passé pour les autres religions, qu'i1 parle
ainsi; c'est pour ne pas donner naissance aux discussions entre saint Pierre
et saint Paul; entre Abou Bècre et Ali, entre Mirza Houceïn Ali Nouri Béha Oulla
et Mirza yaya Soubli-i Ezel. Car saint Pierre et saint Paul, Abou Becre, et
Ali, Yahya Soubli-Ezel et Mirza Houceïn Ali ne sont que des lettres de la Vie...,
et pas autre chose.
Ces lettres de la Vie tu temps de Mohammed ce sont les Imams, dont les premiers
ont pu, certes, recevoir en leur coeur, le reflet du Soleil de la Vérité, mais
dont les derniers viennent 100, 150, 200 ans après le Prophète, et ne peuvent
plus être que les miroirs de miroirs.
De plus, ces Imams, emportés peut-être par la flatterie publique, affolés par
l'adoration qui les enveloppait, saisis, qui sait, peut-être d'un désir immodéré
de gloriole et de puissance, se laissèrent aller à prononcer des paroles que
l'on recueillit sous le nom de Hadis, et qui étaient, et qui sont encore d'autant
plus admirées qu'on les comprend moins.
Peut-être est-ce de bonne foi et à force de se l'entendre répéter qu'ils ont
fini par croire qu'ils étaient les élus de Dieu. Peut-être est-ce poussés par
ces raisons diverses qu'ils ont prophétisé les insanités qui entourent, entre
autres, la manifestation du Sahab-Oul-Zéman de contradictions et de folies.
Ils ont brodé sur ce que dit le Qoran, ils ont enjolivé, ils ont inventé et
peut-être leur prête-t-on plus encore qu'ils n'ont dit ? D'ailleurs, qui sont
les Imams ? Les sept des Ismaïlites ? Les douze des Esna Achéris? Ceux des Vaqéfiyés
? des Zéïdiyés ? des Qiçaniyés ?
Qui pourra débrouiller ce mystère ? Quelles bonnes raisons devrait-on invoquer
pour assurer sa détermination ? Dira-t-on que les Imams doivent être sept, parce
qu'il existe sept planètes? Dira-t-on qu'ils sont douze en l'honneur des douze
signes du Zodiaque? Faudra-t-il en croire le témoignage de la Pierre Noire de
la Meqqe ? On sait (1) qu'Ali Zéïne-el-Abédine est né le jeudi 15 Djémadi es
Sam 38 de l'Hégire. Parmi les choses étranges de sa vie est la suivante : il
se rencontra avec Mohammed Hanéfiyé, à la Meqqe, et ils eurent ensemble de longues
discussions au sujet de l'Imamat. Mohammed Hanéfiyé réclamait le titre
(1) [nota: Rouzet-Ous-Séfa.]
d'Imam et disait : "Je suis le troisième fils de l'Imam, et mes deux frères
sont Imams; je dois donc être Imam." Et Zéïne-oul-Abédine lui répondait: "Tu
n'es pas Imam! mon oncle! crains Dieu !" Et, comme Mohammed Hanéfiyé persistait
dans ses prétentions, Zéïne-oul-Abédine lui dit: "Oh! mon oncle! Prenons la
Pierre Noire pour témoin. Celui qu'elle désignera sera le Khalife et l'Imam
du temps!". Hanéfiyé ayant accepté, on se dirigea vers la Pierre Noire et, sur
l'invitation de Zéïne-oul-Abédnie, Hanéfiyé commença. Il se mit dans la posture
de la prière et interrogea la pierre. Celle-ci resta immobile. Zéïne-oul-Abédine
à son tour prit la même attitude, et après quelques oraisons s'écria : "Oh!
Pierre Noire! je t'en conjure par le Dieu qui a caché en tes flancs les serments
et les traités de tous les Prophètes! par le Dieu qui t'a ennoblie de ses dons,
dis, en langue arabe éloquente, quel est le nom de l'Imam de Dieu après l'Imam
Houcéïn, fils d'Ali."
"Il eut à peine terminé que la Pierre Noire se mit à s'agiter de telle sorte
qu'elle faillit sortir de la place où elle était. Dieu très haut lui donna la
parole et elle dit: "Dieu est Un! Je dis en vérité que l'Imam après Houcéïn
fils d'Ali est Ali ibn el Houcéïn, Séyyèd Sedjâd! L'Imam, c'est Lui!"
"Mohammed Hanéfiyé, quand il vit et entendit ce prodige, se soumit désormais
et accepta l'lmamat du fils de Houcéïn."
Quelles puérilités et quels enfantillages!
Ne peut-on aussi se demander quel est l'Imam Mahdi? Est-ce celui des Guèbres!
Le Messie? Jésus à son retour? Le quatrième fils d'Ismâîl ibn Dja'afer? Mouça
ibn Dja'afer? Zéïd. ibn Ali? ou bien ce même Mohammed Hanéfiyé dont nous parlions
tout à l'heure? Est-ce l'Imam caché des Chiites?
Comment sortir de ces difficultés? Oh d'une façon bien simple. En dégagent l'Islam
de tout ce fatras de superstitions qui l'entravent.
Erreur de croire à la suprématie d'Ali! Erreur de croire à l'infaillibilité,
à la divinité des Imams! Erreur de croire aux lettrés de la Vie, ou du moins
erreur de croire a tout cela comme y croient les musulmans, qui s'indignent
de ce que, d'après eux, le Bab affirme que la personnalité matérielle d'Ali
est ressuscitée! Non! Non! Il n'en est pas comme un vain peuple pense. Le Point
de la Manifestation est Jésus, au temps de Jésus! Il est Mohammed au temps de
Mohammed; puis le Bab, en l'an 1260 de l'Hégire. Et à chacune de ces manifestations,
le Maître se manifeste dans un rang plus haut et plus noble (1), comme il se
manifestera dans la suite des Temps, chaque fois que le besoin s'en fera sentir
(Unité 111, porte 12).
(1) [nota: "Et la manifestation précédente a un rang inférieur à celui du jour
de ce jugement...." Sahifé Adliyé.]
Tous ces apôtres, tous ces Imams, toutes ces Lettres de la Vie, quelque nom
qu'on leur donne, ne sont pas autre chose que les premiers miroirs mis en face
du Soleil de la Vérité.
"Uno avulso non deficit alter Aureus" (1).
(1) [nota: Voir Bayan Persan, Unité III, porte 4]
Et si, (Unité 1, porte 1), un miroir dit : "En moi est le Soleil! le soleil
sait bien qu'il ne s'agit là que de son reflet."
Donc, né en Perse, au milieu des Chiites, le Bab parle - afin d'être compris
par ceux a qui il s'adresse - le langage des Chiites; et ce n'est qu'au fur
et à mesure que s'ouvre l'esprit de ses auditeurs qu'il dévoile sa pensée. Sunnite,
il eût parlé en Sunnite. Peut-être, en se plaçant au point de vue qui nous occupe,
pourrions-nous dire que si Dieu l'a suscité dans la Perse, en plein centre Chiite,
c'est que la religion de ces derniers s'éloigne le plus des données précises
du Qoran.
En effet, Dieu ne leur suffit pas. Au Dieu unique du Qoran, ils ont ajouté des
dieux ! C'est bien à tort qu'ils accusent, sans les comprendre, les Chrétiens
de croire à trois Divinités.
De la soie tu ne feras jamais trois substances distinctes, Parce que tu l'appelleras
Pernian, Hérir, Pérend (1).
(1) [nota:Terdji' Bend de Hatéf Isfahani. Voir la Divinité et le vin chez les
poètes Persans. - Maisonneuve.]
Pour ce qui les concerne eux-mêmes, leurs dieux sont bien plus nombreux, et
chaque jour ils se taillent dans les Imams une idole nouvelle. Ce sont des Polythéistes!
C'est donc à eux que la Bab doit d'abord ouvrir les yeux, et c'est pourquoi
il leur parle leur langage, tout eu leur reprochant "de rester dans l'ignorance
de Celui qui est le spectacle qui prouve le Prophétisme, le Vélayet, la Religion,
par les versets qui descendent sur lui. S'il en eût été autrement, ils ne l'eussent
pas emprisonné sur le Mont de Makou (l)."
(1) [nota: Bayan Persan : Unité IV, porte 12]
Le Bab a donc des Imams, une opinion toute différente de celle qu'affectent
les Chiites. Il les considère comme de très hauts personnages, sans doute; mais
n ayant en rien accès derrière les rideaux des secrets divins (1).
Ce son des hommes parfaitement dénués du don des miracles, et qu'il appelle
"des Commentateurs du Qoran." Et encore ces commentateurs se peuvent-ils tromper.
"Dans chaque manifestation ils ont été appelés d'un nom quelconque par les créatures
(2)... Ce sont les lumières qui, éternellement dans le passé, se sont prosternées
et qui se prosterneront éternellement dans l'avenir..."
(1) [nota: "Je témoigne que si quelqu'un croit en eux, en dehors de son adoration
pure et spéciale à Dieu, ou si quelqu'un pense que leurs rangs sont comme celui
du Prophète, celui-là a erré et il est au nombre des tyrans." (Sourate Tauhid).]
(2) [nota: Apôtres, Imams, Lettres de la Vie.]
Cette idée, qui parait si hostile aux Imams, aux yeux des Chiites, devait-il
la crier sur la place publique? C'eût été se condamner, de propos délibéré,
à une exécution immédiate, qui ne laissait même pas le temps de développer sa
doctrine et d'instruire ses disciples, de leur dévoiler sa pensée. C'eût été
s'annihiler soi-même, car le Bab Oul Bab lui-même se fût détourné de lui avec
horreur s'il avait commencé ses prédications par de pareils blasphèmes (1).
Voyons-le agir : son premier livre, le Riçalé Féqqiyé, est un ouvrage essentiellement
Musulman, nous avons vu pourquoi. Il devait mettre son auteur, du moins durant
quelque temps, à l'abri du zèle fanatique de quelque dévot. Ne se plaint-il
pas de l'indiscrétion de ceux qui ont, avant qu'il l'eût permis (2), annoncé
au monde sa mission? Ne dit-il pas que si ces gens n'avaient pas dévoilé, avant
le temps, le mystère de sa doctrine, les persécutions qui s'abattirent par la
suite sur la secte ne se fussent pas produites?
Ensuite, il se présente comme la Porte conduisant à la connaissance du descendant
caché de Mohammed (3), c'est lui-même qui nous le dit; puis comme ce descendant
lui-même; puis comme le spectacle de la Divinité, l'Etre même de la Volonté
Primitive, du Verbe, la représentation du Soleil de la Vérité, la dernière des
créatures en tant qu'homme, mais le Dieu visible en tant que Prophète, Celui
dont Mohammed disait : "Peut-être finirez-vous par croire qu'un jour vous serez
en présence de votre seigneur (4)"
(1) [nota: Le don que le Bab fait de titres comme celui de Bab, de Qàem, etc.,
indique purement et simplement que ces titres n'ont plus l'importance que leur
accordeur les Chiites]
(2) [nota: Voir Séyyèd Ali 'Mohammed dit le Bab, page 67]
(3) [nota: Comme l'un des Nawabs on Portes, qui furent, au nombre de quatre
: Osman ibn Saïd el Haçadi; Abou Dja'afer, son fils; Mirza Aboul Cassem Houcéïn
ibn Rouh; Ali Séméri.]
(4) [nota: Traduit par le Professeur Brown.]
Il se cache donc autant que sa mission le lui permet on l'exige. Comme tout
bon Persan, il enveloppe sa pensée dans les replis de sa rhétorique, et voilà
qu'on l'emprisonne: voilà qu'on le traîne à travers toute la Perse de geôle
en geôle ! On le jette à Makou, et devant l'attitude trop bienveillante de son
gardien, à Tchéheriq ! Et voilà qu'on le fusille! Les nombreuses citations que
nous avons données de ses ouvrages, et que nous pourrions multiplier à l'infini,
sont là pour nous donner raison.
Et c'est ainsi, d'ailleurs, je veux dire en enveloppant sa pensée, mais en la
laissant pénétrer par ceux qui ne sont pas aveugles, qu'il parle de la résurrection,
qu'il explique le Syrat, le Compte, la Balance, le Jugement, le Tombeau, qu'il
nie l'impureté Légale, sans attendre le Bagh-é-Rezvan de Baghdad!
Sans toutes ces explications préliminaires, le Bab reste incompréhensible. Je
veux bien qu'elles s'éloignent foncièrement du Bahaisme, mais je ne sache pas
que les Baha'is aient jamais passé pour les commentateurs attitrés du Bab. Ils
le méconnaissent jusqu'à réduire son rang à la plus simple expression;
ils ignorent d'ailleurs aussi bien les dogmes du Babisme que son histoire, et
le livre intitulé "Maqalé Chakhs-i-Séyya," oeuvre d'Abd-Oul-Baha (1), est un
mauvais roman, compose uniquement pour prouver que le Bab est simplement le
précurseur, l'annonciateur de Baha'u'llah. Extrêmement tendancieux il méconnaît
à tout instant la vérité historique, et l'auteur n'a même pas cherché, comme
je l'ai fait, dans l'oeuvre immense du Bab, les notes autobiographiques qui
y abondent.
Il se contente de réunir les légendes qui cadrent le mieux ave le but qu'il
poursuit (1). Il est regrettable qu'un homme comme Abbas Effendi se montre si
ignorant de la vie de Séyèd Ali Mohammed, dit le Bab.
Que si l'on désire une preuve immédiate de mes affirmations, il ne m'est que
trop facile de la donner (2).
Abbas Effendi, dans son histoire, raconte "qu'un jour, à Chiraz, on fit venir
le Bab à la Mosquée, afin qu'il nie sa mission. On devait l'y contraindre, au
besoin. Mais, du haut du Mimber, il parla de telle sorte que les assistants
furent stupéfiés et gardèrent le silence. Ses sectateurs, par ses paroles, se
sentirent raffermis dans leur foi (3)."
(1) [nota: Au point de vile de l'histoire, ce livre est le pendant exact du
"Tarikh-el-Babyévilili-el-Bàhiy" de Mirzit Mohammed Melidi Khan Zq'im cd Dowlé.
Le premier infiniment partial, le second infiniment haineux.]
(2) [nota: J'espère donner bientôt, dans le dossier Anglo-rhisse dit Bül, d'autres
preuves de ce que j'avance.]
(3) [nota: Il est presque inutile de dire qu'Abbas Effendi continue en disant
: "On croyait jusque-là qu'il prétendait être l'intermédiaire des bienfaits
du Sahab-ouz-Zéman. Mais alors il devint évident aux regards de tous que son
but était d'être la Porte d'une autre ville, et qu'il était l'intermédiaire
de quelqu'un autre dont il avait inscrit dans ses livres et ses écrits, les
qualités et les attributs."]
Or, j'ai le regret de dire que ce jour-là, le Bab renia sa doctrine, non seulement
en paroles, mais encore par écrit! Je n'ai, il est vrai, pour étayer mon dire
qu'un seul témoin, mais je pense que l'on acceptera son témoignage, car, ce
témoin, c'est le Bab. Il dit, en effet, dans les Sahifés Dj a'afériyé.
(1) [nota: Ce Passage se trouve dans mon manuscrit intitulé : "Riçalé Zahabiyé.
El Bab el ewel, fi khotbet el Envar.]
"Je Te glorifie, oh mon Dieu! de ce que Tu -m'as créé ainsi! Tantôt Il m'attire
aux horizons du monde de l'Invisible, tantôt Il me brûle au feu de l'inintelligence!
Et je ne sais ce qu'Il veut de moi!"
"Oh mon Dieu! Est-ce que tu veux mon sang? ou bien T'éloignes-tu quand je me
rapproche? Si je cherche à fuir Ta puissance, Tu me veux punir! Je ne sais dans
quelle route Tu te tiens, pour que je t'y cherche! Je ne sais dans quelle langue
me plaindre à Toi !"
"Non ! Non! Il n'en est pas ainsi, j'en jure par Ta puissance! Je ne fuis pas
Ton approche, quoique Tu me rejettes bien loin! Non! Par Ton seuil béni, je
ne crains pas Ta colère 1 même si Tu me brûles 1 Non 1 Il n'en est pas ainsi,
j'en jure par Ta puissance! Je n'ai aucun espoir en un autre que Toi ! Si Tu
m'abandonnais! Je glorifie Dieu dans son ordre,
Je n'ai vu personne de Plus patient que moi dans son être. Je n'ai pas vu de
plus haut Sultan que lui, dont le Sultanat domine en mon coeur au point que
quelque chose que je veuille aimer, il la chasse de mon coeur !"
"Donc, si, comme les enfants, je le veux fuir, il ne me laisse pas ! Il apporte
du sucre et me le met entre les lèvres; puis il m'empêche de pleurer; puis il
me met le sein à la bouche, afin de me faire dormir."
"Non ! Il n'en est pas ainsi (1) oh Dieu, j'en jure par Ta grandeur! Je ne suis
pas ignorant de Ton acte (2)! Je ne puis me distraire à ces choses! Est-ce que
vraiment Tu veux reprendre mon esprit? Alors, après ma mort, Tu veux me donner
l'allégresse dans l'autre monde?"
"Moi, j'étais seul dans ma pauvre maison, et personne ne connaissait ni mon
rang ni ma situation. Oh mon Dieu ! Tu as fait sortir de leurs demeures quelques
uns de Tes esclaves, et Tu les as faits descendre dans ma maison. Après cela
Tu m'as donné Ton témoignage !"
"Puis, quand j'eus fait parvenir Ton ordre, j'ai pris des hommes le serment
(de se résigner à Toi) de façon après cela que ceux qui étaient descendus chez
moi ne puissent plus renier."
"Ensuite Tu les a faits rentrer dans leurs demeures, et Tu m'as donné l'ordre
de sortir de chez moi et de m'honorer du séjour dans Ta maison (3).
(1) [nota: Je ne cherche pas à fuir.]
(2) [nota: Je sais fort bien que tu ne nie laisserais pas partir.]
(3) [nota: Allusion au pèlerinage.]
Et Tu as fait parvenir mon ordre par les mains de Ton ange dans toutes les parties
de la terre, et celui-ci se répandit a l'Est et à l'Ouest et à ce qui est entre."
"Quand les esclaves eurent leurs coeurs prêts, quand un chacun connût l'ordre
divin, Tu m'as fait retourner de Ta maison."
"A mon retour Tu voulus que ton tes les villes fussent pleines de troubles,
dont j'eus ma part et Tes esclaves furent tourmentés par ceux qui se détournent."
"Et Tu m'as fait entrer dans le plus grand état d'abaissement, dans la réunion
des méchants! Et Tu m'as inspiré la parole de négation après la parole d'affirmation,
afin que mon être fût à l'abri d'un danger de mort!"
"Tout cela n'est-il pas ton oeuvre? Oh Maître, de grandeur et de générosité!
En vérité, oh Dieu, c'est Toi qui, au début, m'a donné un rang élevé. Pourquoi
donc avoir ainsi arrangé les choses (1)? Après que Tu eusses fait sortir de
moi la parole de négation, tu l'as fait pénétrer dans les coeurs des démons;
ils prirent et écrivirent tout ce que j'avais dit."
"Et moi, je n'avais pas d'autre but dans ce que j'écrivis que le Babiyet particularisé
(2)."
"Et, en vérité, ce Babiyet évident est une parole absolue qui s'est manifestée
dans des personnalités spéciales (3)."
(1) [nota: Que j'en sois arrivé au point de nier.]
(2) [nota: Le Bab nia ce dont on l'accusait. Il dit : Je ne suis pas la Porte
qui conduit au descendant caché de Mohammed, ce qui, en fait, est vrai, puisqu'il
est ce descendant lui-même, puisqu'il est le Prophète, puisqu'il est le Dieu
visible. Il se borna à cela, il l'écrivit, et les Chiites enchantés, ne comprenant
pas la réticence, s'en vont publier partout la renonciation du Bab, lorsque
celui-ci vient de monter d'un degré dans la hiérarchie divine.]
(3) [nota: Je 'l'ai déjà dit : les quatre portes sont les quatre Nawabs et le
Bab nie purement et simplement qu'il soit l'un de ceux-là.]
"J'en jure, par Ta grandeur, oh Dieu ! Ils n'ont pu trouver dans mes paroles
d'expédients pour détruire Ton ordre ! moi j'ai été plus habile qu'eux."
"Et si, oh mon Dieu 1 Tu les avais fait rentrer dans l'assentiment, ils n'eussent
pas fait inimitié contre moi."
"Les tourments qui m'ont accablé, je les vois comme venant de Toi, car tu as
Toi la puissance de transformer cette réunion en ce qu'il peut y avoir de meilleur.
En vérité, moi, j'ai patienté dans l'opprobre, mais Toi, Tu es plus que moi
patient, car Tu es savant et puissant sur chaque chose."
"Tu sais, oh mon Dieu! qu'en vérité je n'aime pas à être le sujet des discussions.
En vérité je connais Ta patience au sujet de ceux qui sont proches de Toi. En
vérité! je n'ai pas la force de leur faire parvenir Ta loi. Et moi je n'ai aucune
honte à Te dire que Tu peux manifester Ta puissance sans contradiction. Donc
commence cette manifestation avec puissance ou sinon abandonne-la."
"Quoique cette parole de ma part ressemble aux paroles de Tes esclaves audacieux,
Tu connais mon intime; Tu sais l'enivrement que me causent Tes bienfaits; Tu
connais l'effet troublant du vin de Tes faveurs : ce ne sont donc ici que des
oraisons jaculatoires...."
Dans le sahifè dja'aferiye, encore, à la dixième porte intitulée: "Des Causes
premières et des causes finales," il dit : "Le secret de l'ordre est qu'en vérité,
après la terminaison des lettres du La élahé ellallah, dans l'année parfaite,
qui est 1261, et conforme à l'année du martyr de Houcéïn (1), il faut que le
retour aie lieu. Et forcément, dans cette vie, il doit être martyrisé par la
tyrannie des méchants.... Donc, quand tu as vu la vérité de la chose, témoigne
que moi maintenant, je suis seul dans ma maison et je m'y entretiens de l'intime
de l'intime de la même façon que le Seigneur des Confesseur (2) dans un pareil
jour s'entretenait de l'intime de l'apparent. De mes paroles on ne peut déduire
aucune imagination. Donc, quand l'ordre est évident, par sa propre vérité, dans
le monde des corps, tu vois de tes yeux toutes ces questions tant dans l'intime
que dans l'apparent."
(1) [nota: La formule musulmane représente, si l'on compte la valeur de ses
lettres suivant l'Abdjed, 1200; le martyr de Houcéïn eût lieu en 61. Le tout
égale 1261]
(2) [nota: Houcëin]
"Qu'il ne reste pas caché qu'en vérité, pour cet ordre, dans la Terre Pure,
des foules de gens se sont réunis; et si moi je l'eusse voulu (1) J'eusse vaincu
toutes ces foules. Mais j'aime à ce que les destins fixés par Dieu coulent en
contradiction avec les désirs de mon coeur (2), afin que mon coeur soit brisé,
que mon intime soit tourmenté et mon âme contristée, pour que, dans l'intime,
je sois comme Houcéïn était dans l'ordre apparent."
"Et c'est là une des promesses que Dieu a prises de moi, afin que je sois assimilé
à Houcéïn. Mais, si j'avais connu auparavant ces tourments, je lie me fusse
pas approché de ce lieu (3)! Mais, comme ils sont tombés sur moi soudain, j'ai
patienté dans la route de Dieu et j'ai été heureux de ses décisions, et je dis
: "Ne m'arrive que ce que Dieu a écrit pour moi !..."
(1) [nota: S'agit-il de Kerbéla, comme le veulent plusieurs, je ne 'le crois
pas. Je m'imagine que la terre pure est Chiriz.]
(2) [nota: Pour ressembler davantage au martyr de Kerbéla]
(3) [nota: Le qualificatif de Veaux est autant que je puis lire "Véliani."]
"Les plus grands des tourments qui m'ont atteint sont les oeuvres des -veaux,
dont les violences ont été exercées contre moi. Et pendant que j'écrivais une
lettre pour nier, il me semblait entendre dans l'intime de mon coeur, une voix
qui disait: "Sacrifie la plus précieuse des choses dans la route de Dieu, comme
Houcéïn l'a fait sur ma route !" Et si je ne m'en étais pas tenu à ce que disait
cette voix intime, j'en jure par Dieu, même si tous les rois de la terre s'étaient
réunis ils n'eussent pu m'arracher un seul mot! Que pouvaient donc faire ces
esclaves indignes et repoussés par leurs pareils. Ils sont impuissants au point
de ne pouvoir un hadis semblable à mes versets."
"C'était là l'ordre, et c'est celui auquel j'ai fait allusion au sujet de la
vérité de mon intime; tant qu'enfin, tous connaissent ce degré de ma patience,
de mon contentement de mon sacrifice sur sa route de Dieu. Et cela malgré les
versets véridiques que Dieu avait fixés dans ma main, versets qui me donnent
la puissance d'être victorieux sur tous les gens de la terre. C'est pourquoi
j'ai sacrifié mon être dans la route de. Dieu, et rien en ce monde n'égale ce
sacrifice."
"Donc, gloire à Dieu! de ce que j'ai patienté en moi-même et que j'ai sacrifié
dans sa route la plus grande des choses que Dieu m'avait données. Bientôt ceux
qui m'ont violenté sauront où ils pourront fuir."
"Après ce sacrifice, Dieu n'a pas fixé pour moi d'autre sacrifice. Celui qui
a pris de moi cette feuille de papier (1), il n'y a plus, pour lui, de jouissance
en ce monde. Dis: "Dans ton impiété, jouis quelque temps! Et en vérité tu es
des compagnons du feu!
(1) [nota: Il est donc bien évident que non seulement le Bab renia ses doctrines
du haut de la chaire de Chiraz, de quelque façon que l'on veuille l'entendre,
mais encore qu'il écrivit quelque chose cri ce sens. C'est très probablement
aux discussions qui ont suivi cette rétractation officielle qu'est dûe la colère
du Bab." En vérité, à partir du midi de ce jour, avec la permission du Seigneur,
nous vous avons interdit nos versets, jusqu'à ce que passent des jours de Dieu,
cinq années, et ce, en salaire de vos dénégations." Kétab Béïn el Hàréméïn.
"En vérité, le premier jour que l'esprit descendit dans le coeur de cet esclave,
était le 15 du mois de Rébi el E-well. Et jusqu'à aujourd'hui que Dieu vous
a interdit mes versets 15 mois ont été écrits dans le livre de Dieu !" (Ibidem).
Il est certain que cette interdiction a été levée par la suite, mais je n'en
ai pas trouvé trace dans ce que j'ai lu des oeuvres du Bab. Ce dernier passage
est cité dans mon Séyyèd Ali Mohammed dit le Bab (Page 206).]
Et ne va pas croire que Dieu soit ignorant de ce que font les méchants !"
"Et si Dieu n'avait pas voulu que ces tourments qui étaient dans l'intime de
mon intime se manifestassent si ouvertement, personne n'eût eu la puissance
d'oser contre moi quoi que ce soit! Mais il plût à Dieu de me faire martyriser
par les méchants alors que des milliers de créatures étaient prêtes à me venir
en aide. Et Dieu a voulu me montrer seul dans mon sacrifice, la plus pure de
toutes mes oeuvres !"
"... Et je crie, de la plus haute voix: "Y a-t-il quelqu'un qui vienne en aide
à l'intime de l'intime descendu dans des versets évidents, soit par sa langue,
soit par son corps, soit par ses biens, soit par son influence, soit par ses
écrits? Y a-t-il quelqu'un qui puisse éloigner de moi tous ces contradicteurs?
et les erreurs de ceux qui errent? la tyrannie des méchants? Y a-t-il quelqu'un
qui soit pitoyable et pleure sur moi? et éloigne les violences des infidèles?
Y a-t-il un maître de vie qui entende mes pleurs? qui se tienne prêt à me venir
en aide? et veuille manifester pour moi? Y a-t-il un maître les signes de son
amour de la grandeur qui veuille me donner de la grandeur? conformément à l'ordre
de Dieu qui dit : "En vérité, la Grandeur appartient à Dieu ! à Son Prophète
! à Ses croyants" Y a-t-il un maître de châtiments qui châtie mes ennemis? afin
que mes yeux deviennent brillants? Y a-t-il un maître de grandeur qui croit
à moi, ... Et personne ne me répond !"
... "Est-ce que j'ai prétendu à la Divinité dans un autre vêtement que celui
de l'esclavage ?..."
C'est évidemment à la suite de cet événement que le Bab interdit à l'humanité
la lecture de ses versets durant une période de cinq années, probablement à
cause des discussions soulevées par sa négation. C'est peut être aussi à. ce
moment que l'un de ceux qui lui avaient donné sa foi se détourne de lui.
J'ai parlé tout à l'heure d'une nouvelle explication des ternies employés dans
les grandes religions; ce n'est pas tout à fait exact. En effet, ces interprétations
peuvent sembler nouvelles aux yeux des Chiites, habitués à lire le Qoran comme
ils l'ont appris de leurs ancêtres, qui eux-mêmes ont été instruits par les
"Commentateurs" de ce livre, les Imams. Mais si nous nous reportons aux versets
sacrés et que nous les lisions dans leur véritable sens, nous verrons apparaître
l'interprétation du Bab, qui eût été l'interprétation usuelle si nos divins
personnages n'avaient pas fait à l'égard du "Livre" acte de possession.
C'est ainsi, par exemple, que le jugement et la mort ont été expliqués par Mohammed
comme ils le sont par Séyyèd Ali Mohammed; mais les hommes n'ont pas compris.
En ce qui concerne son oncle Hamzé, le Prophète n'a-t-il pas dit : "Celui qui
était mort et à qui nous avons donné la lumière pour marcher au milieu des hommes...."
Qoran VI-122. Or, mort, ici -veut dire mort à la, Foi, et non mort à la vie.
Le Bab ne nous dit-il pas que le mot mort a bien des acceptions: n'est-ce pas
l'une de ces acceptions qu'il faut entendre par le mot du Prophète? Car celui-ci
n'a jamais prétendu que Hamzé fût mort et qu'il l'ait ressuscité.
La Sourate, XVI, 20-21-22 dit : "Et ceux qui appellent d'autres que Dieu, ces
dieux ne peuvent créer quelque chose, et ce sont des créatures. Ces gens sont
des morts, ils ne sont pas vivants et ne savent pas qu'ils ressusciteront."
La Sourate, XXV, .91 : "Oh Mohammed, l'aveugle et le voyant ne sont pas égaux,
ni l'ombre et le soleil, ni le vivant et le mort. En vérité Dieu se fait entendre
de qui Il veut, et en vérité tu ne peux te faire entendre, toi, de ceux qui
sont dans les tombeaux (1). Tu n'es autre chose que celui qui veut prêcher."
(1) [nota: Outre que Mohammed repousse la prétention au miracle, sa phrase veut
dire.: "Le croyant et l'infidèle ne sont pas égaux. Le premier est vivant, le
second est mort. Invite-les tous les deux à la Foi en Dieu dans ta manifestation.
Je parle, bien entendu, du mort à la Foi, qui te petit entendre, car , pour
celui qui est mort à la vie matérielle, tu lie peux rien sur lui."]
Dans la Sourate, XXX. 56. Mais ceux à qui la science et la Foi furent données
leur diront : "Vous êtes restés dans le Livre de Dieu jusqu'au jour de la résurrection;
mais vous ne le savez pas."
Il ressort de ces diverses citations que Mohammed entend, en général, parler
des morts à sa foi; qu'il ne peut s'adresser aux morts à cette vie, parce que
sa voix ne peut leur parvenir. Il doit donc s'adresser aux morts à la vie spirituelle,
qu'il doit ressusciter à Foi, et leur faire savoir que sa manifestation est
un jugement de leurs oeuvres et de leurs croyances.
Il ne s'en suit pas le moins du monde que l'autre vie n'existe pas. L'on s'est,
je crois, trompé quand on a cru devoir faire remarquer que l'eschatologie tenait
une très petite place dans les préoccupations du Bab. Cela est peut-être vrai
pour le Bayan, et Séyyèd Ali Mohammed s'occupait beaucoup plus de notre conduite
en ce monde que de l'avenir qui nous est réservé dans l'autre.
Or, comme le Réformateur interdit nettement, même aux lettres de la Vie, de
commenter ou d'interpréter ses livres, nous serions à ce sujet dans une grande
obscurité si nous n'avions le restant des oeuvres du Bab, et si nous ne pouvions
raisonner sur les idées qu'il exprime.
Si, dans son premier livre, il ordonne l'aumône, le jeûne, les rites de l'Islam,
plus tard il donne des explications sur ces oeuvres, il commente sa pensée:
"Car personne ne pouvait embrasser la science de ce qui est descendu dans le
Bayan; personne n'ayant le droit de commenter le Livre."
C'est ainsi qu'il en arrive à donner une explication des termes, cependant les
plus consacrés par l'usage.
Ainsi, dans sa douzième réponse contenue dans mon exemplaire de la Sourate Tauhid,
il dit : "Oh! mon Dieu de ce que Tu as fait descendre auparavant dans le Qoran,
ce qui est permis, est permis jusqu'au jour du jugement, et ce qui est défendu
est défendu jusqu'à la même époque; mais le sens du mot : Jugement, est : l'Apparition
de Ton témoignage."
Dans la dix-septième: "Ce qui a été mentionné dans le Bayan des rangs du jugement
est des choses que les hommes peuvent voir dans leur vie en ce bas monde."
Or, ne dit-il pas dans l'Unité II, Porte 16, que tout ce qui, dans les livres
sacrés, se rapporte à la mention du Paradis, est dans ce monde, qui est la source
de tous les mondes et la fin de tous les mondes."
Dans la quatrième Porte des Sahifés Adliyé : "En vérité, les gens intelligents
savent que ce qu'il y a dans le monde d'après la mort, ne peut être connu que
par l'entremise de ce qui est en ce monde."
Dans l'Unité II, Porte 16 : "Quant à ce qui se passe après la mort, personne
autre que Dieu ne sait ce que c'est.
Dieu a créé dans son Paradis de tout ce que les hommes désirent de son bienfait
et l'on y trouve des choses qu'un oeil n'a jamais vues, qu'une oreille n'a jamais
entendues, et qui n'ont été relevées dans le coeur de personne ! Si les mers
du ciel étaient de l'encre, si toutes les choses étaient des plumes, et si chaque
être était un écrivain, on ne pourrait arriver à comprendre aucune des choses
du Paradis, après la mort. Et le centre de ce Paradis est le même que celui
du Paradis que nous avons expliqué pour la vie de l'esclave. Si, dans cette
vie, il est entré dans le Paradis de la Manifestation de Dieu, il entrera: aussi
dans le Paradis de l'autre vie après la mort."
Et il ajoute : "Je ne vois dans ce Paradis que Dieu cul, que Dieu seul! Je ne
vois que Dieu avant ce Paradis, que Dieu après ce Paradis. Je ne vois encore
que Dieu en haut de ce Paradis, que Dieu en bas !"
Ceci me semble suffisant. Il est inutile que les Bayanis nous affirment que
si une plus longue vie eût été concédée au Bab, il n'eût pas manqué de nous
donner des renseignements plus détaillés. C'est possible, mais j'en doute, et
au surplus la chose eût été inutile.
Le Paradis de ce monde, c'est-à-dire la Foi dans le Maître de la manifestation,
est la clef du Paradis de et si l'on est agréé ici-bas, on le sera dans l'autre
vie, le ciel. C'est là le sens des explications que le Bab nous donne des paroles
Elliyines et de celles qui ne le sont pas. Les Non Elliyines sont à l'ombre
de la parole de négation "Il n'y a pas de Dieu..." c'est-à-dire en enfer; les
Elliyines jouissent à l'abri de la parole d'affirmation "si ce n'est Dieu!,"
c'est-à-dire dans le paradis. Et les Elliyines sont promises à la récompense
de l'autre vie, tandis que les autres sont réservées au châtiment.
Si nettes que nous paraissent ces déclarations, elles n'ont pourtant pas suffi.
Il s'est rencontré des personnes qui ont eu besoin d'affirmations répétées et
parmi elles se trouve celle qui a interrogé le Bab précisément sur ces questions.
Lisons sa réponse -"... Tu as demandé ce qu'il y a après la mort. du Croyant
! Sache que chaque élément de ce Croyant retourne à sa source. Et ce qui cause
le maintien de toutes les parties de son corps aux yeux de Dieu (son esprit)
jouit dans le Paradis de la bienveillance divine. Tu. vois donc que son corps
retourne aux Imams, son souffle essentiel au prophète et son coeur essentiel
au spectacle de la glorification, qui est le Soleil de la Vérité. Vois qu'il
en est de même pour la religion dont le commencement est du Prophète de Dieu
et le retour au même Prophète ! Et le Prophète retourne -vers Dieu, car il venait
de Dieu i.... Tout l'Islam retourne au Vélayet des gens de la maison, ceux-ci
retournent au témoignage des versets! Le commencement des manifestations a été
de cette façon et leur retour a lieu de la même façon!...
Regarde ! Sans fin, les miroirs se mettent en face du soleil: dans tous on verra
le soleil; mais au moment du coucher de l'astre, on ne voit plus le soleil.
Regarde les miroirs du Qoran, y vois-tu le soleil de Jésus ? Demain, quand le
soleil se lèvera, dans tous les miroirs on le reverra. Et le nom du premier
soleil est Jésus; le nom du second, le Point du Qoran; te nom du troisième,
le Point du Bayan; le nom du quatrième, Celui que Dieu doit manifester. Et il
en a été ainsi sans fin avant Jésus.) et il en sera ainsi sans fin après Celui
que Dieu doit manifester."
"Sache que les miroirs en eux-mêmes n'ont pas d'existence. Regarde l'homme qui
n'est pas convaincu de l'unité Qoranique avant la manifestation du Bayan. Pourquoi
ne dis-tu pas qu'il a la Foi. Sa forme est cependant identique à la tienne.
La seule différence est celle-ci que, dans le Croyant, il y a des signes d'unité
qui n'existent pas chez l'incroyant."
"Du fait qu'il est sans Unité, il retourne vers la Non Unité : ce qui est le
propre des minéraux. En effet, si sans fin il subsiste, il ne peut subir aucun
chargement. Donc, ce non croyant, s'il est régi par les lois des minéraux, n'est
pas dans là rang de l'homme. Rien n'outrepasse ses limites et chaque chose reste
dans l'état où elle est! Dans l'homme, après la mort, il y a de la subsistance
car Dieu a fixé que s'il est croyant il jouira dans son lieu."
"Sache que toute chose a été créée par Dieu sous la forme de l'Unité, et vois
tous les hommes sous le "La Elalié Ellallah" (Il n'y a pas de Dieu autre que
Dieu). Celui qui croit à Celui que Dieu doit manifester est à l'ombre de l'affirmation
et celui qui n'y croit pas, à l'ombre de la négation. L'assentiment serait-il
unique, et la négation considérable. Ne te laisse pas égarer par la multiplicité,
car la vérité ne peut être multiple car c'est Elle le signe de l'Unité de l'Essence
très sainte de Dieu. En elle on ne peut voir que Dieu. Si sans fin ce Soleil
se levait, ce serait toujours le premier soleil, et de même si sans fin il se
couche, ce sera toujours le premier soleil ! Dans chaque manifestation, les
miroirs progressent et brillent de l'éclat du soleil qu'ils racontent. Par exemple,
les gens du Qoran, par les rayonnements de leur soleil, sont bien au-dessus
des miroirs éclairés par les rayons de l'Evangile, de sorte que ce dernier est
néant auprès du premier, dans la science et dans la connaissance et non dans
l'apparence des corps. Car sinon, regarde aujourd'hui les Chrétiens. Combien
leur royaume est vaste, et tous jouissent de ce qui se trouve autour d'eux.
Mais dans aucun la mention de limite ne se peut faire, car ce qui est la vérité
de la joie est la connaissance de Dieu. Et comme ils sont dans l'obscurité de
la connaissance du Prophète de Dieu, ils sont restés dans l'ignorance de la
vérité de la joie. C'est ainsi que l'ordre d'autre que le Paradis les atteint."
PREFACE DU BAYAN PERSAN
AU NOM DE DIEU L'INACCESSIBLE, LE TRÈS-SAINT (1)
Gloires et louanges à l'immensité (2) sainte et sublime du Souverain, seul digne
de ce nom; qui dans les éternités passées et dans les éternités futures était
et sera existant dans l'être même de Son essence, et qui, dans l'infini des
temps, dans la sublimité de son éternité, était et reste inaccessible à la compréhension
de toutes choses (3)
(1) [nota: Cette formule remplace la musulmane ; elle aussi contient dix-neuf
lettres : BismiIllah et Amn'a el Agdas.]
(2) [nota: Beçath : immensité. Il faut prendre ici ce terme dans sa plus vaste
acceptation. Immense vent dire infini dans sa puissance, infini dans sa science,
enveloppant, recouvrant le monde comme un tapis enveloppe un meuble ou recouvre
un parquet. D'ailleurs le mot "tesbih" qui commence la phrase est lui aussi
significatif, car il vent dire l'acte de considérer Dieu comme "inaccessible"
à l'intelligence humaine.]
(3) [nota: Retenons pour le moment que Kolle Chei, c'est à dire toutes choses,
suivant le calcul de l'abjad représente 361. Dieu est au dessus de notre intelligence,
car en effet, si subtil ou si haute que soit l'idée que nous nous formions de
Dieu, cette idée venant de nous est an rang des créatures : C'est dire qu'elle
est limitée et impuissante en face de Dieu qui est le Créateur et la Puissance.]
Il n'a créé le signe de Sa Connaissance dans aucune chose que par l'impuissance
de toutes choses à le connaître (1). il n'a rayonné sur aucune chose si ce n'est
dans l'être même de cette chose (2), car de toute éternité il était bien au-dessus
de la conjonction avec une chose (3).
Il a créé toutes choses de telle sorte que toutes, de par la vérité même de
leur nature, affirment auprès de lui (4), au jour du jugement (5), que rien
ne Lui est semblable, que rien ne Lui est égal, que rien ne Lui ressemble et
qu'il n'a ni compagnon ni pareil, qu'au contraire il était et est unique dans
l'empire de Sa divinité, qu'il était, qu'il est seul dans la souveraineté de
sa maîtrise.
Rien ne L'a Connu comme il doit être connu (6) et il est impossible qu'une chose
(7) Le connaisse comme il le doit être.
(1) [nota: Le meilleur de ses signes est l'impuissance de tous à le concevoir.]
(2) [nota: Il a rayonné sur chaque chose suivant la mesure de cette chose. Dieu,
pour ainsi parler, est tasse dans une tasse, homme dans un homme. Non pas qu'il
s'agisse ici de panthéisme : nous verrons plus tard ce que cela signifie.]
(3) [nota: Il est trop élevé pour se conjuguer avec une chose; mais sa manifestation
dans une chose est liée au rang qu'occupe cette chose.]
(4) [nota: Auprès de lui, signifie auprès de Celui que Dieu manifeste dans une
manifestation, car Son essence est trop haute pour se manifester jamais.]
(5) [nota: Le jour du Jugement est celui où se manifeste un Prophète envoyé
par Dieu. Voir plus loin.]
(6) [nota: Mohammed a dit : "Je ne t'ai pas connu, Seigneur, comme tu dois l'être."
Or, d'autre part, Ali a dit : "Si le rideau était enlevé, ma conviction ne serait
augmentée en rien." Ce qui vent dire je L'ai connu comme tu dois l'être. Mais
Mohammed parlait de l'essence inaccessible de Dieu tandis qu'Ali ne faisait
allusion qu'à ses attributs.]
(7) [nota: Ou être. Le mot chose signifie l'universalité des êtres et des choses.]
En effet, tout à quoi s'applique le mot "chose" il l'a crée par le Roi de sa
volonté et il a rayonné en elle et par elle-même (1) dans la sublimité de son
séjour.
Il a crée le signe (2) de sa connaissance dans l'être de toutes choses afin
qu'elles soient convaincues que c'est Lui le Premier et le Dernier, Lui, l'Apparent
et l'Intime, Lui, le Créateur et le Nourricier, Lui, le Puissant et le Savant,
Lui Celui qui entend et Celui qui voit, Lui, le Victorieux et Celui qui subsiste
par Lui-même, Lui, celui qui fait vivre et qui fait mourir, Lui, le puissant
et l'inaccessible, Lui, le Très haut, le Sublime, Lui, dont aucune chose ne
peut démontrer l'élévation de la louange, la hauteur de la glorification, la
sublimité de l'unité, l'inaccessibilité de la grandeur.
(1) [nota: Le soleil qui se reflète dans un miroir rouge donne des reflets rouges.
(2) [nota: Dans chaque chose, par Dieu, existe un signe qui démontre que ce
Dieu est unique (Hadith).
Il n'y a pas eu pour Lui de commencement si ce n'est qu'il est lui-même le commencement,
et il n'y a pas pour Lui de fin, si ce n'est qu'il est lui-même la fin.
Toute chose avec ce qui a été fixé ou y sera, a été ou sera chose par l'être
même du Seigneur du monde : c'est par le moi de cette essence qu'elle est douée
d'existence. C'est par Elle (3) que Dieu a commencé la création de toutes choses
et c'est vers Elle qu'il ordonne le retour de toutes choses.
C'est Elle pour qui étaient et sont tous les noms excellents alors que l'être
même de Son essence est pur de tous noms et de tous attributs. Sa pure essence
est au-dessus de toute lumière et de toute hauteur, et l'essence de sa nudité
(4) est au-dessus de toute sublimité (5) et de toute inaccessibilité.
(3) [nota: Par son moi, c'est à dire la Volonté Primitive.
(4) [nota: La nudité de Dieu. Ce mot exprime fortement ce que le Bab vont dire:
Dieu est nu de tout ce que nous lui attribuons, de tous les noms que nous lui
donnons, de tous les qualificatifs dont nous le qualifions.
(5) [nota: Il est certain que cette préface est obscure. J'engage le lecteur
à la relire lorsqu'il aura parcouru le Bayan. Il verra alors que si le début
concerne évidemment "la Divinité," la suite, du moins à partir de "toute chose
avec ce qui y a été fixé..." et peut-être même un peu plus haut, a rapport à
la Volonté Primitive, c'est à dire au point de vérité. C'est pour ce point qu'étaient
et sont les noms excellents alors que l'essence même de Dieu est pure de tous
noms et tous attributs. C'est, je n'en doute pas, ainsi qu'il faut comprendre
tout ce passage.
C'est Elle, cette essence, le Premier, et on ne le peut connaître par ce mot
(1); c'est elle, le Dernier, et par ce mot dernier elle ne peut être décrite
; c'est elle l'Apparent et par ce mot elle ne peut être qualifiée; c'est elle
le Caché, et par ce mot elle ne peut être atteinte.
(1) [nota: Dans l'exemplaire du Riçaléh Zahabiyéh que je possède, il y a à la
suite de cet opuscule, trois ou quatre réponses du Bab à diverses personnes.
J'extrais de la première de ces réponses, les lignes suivantes qui donneront
quelques éclaircissements sur cette idée de Dieu : "Dieu est pur, et son rang
est sublime, ce Dieu qui a établi entre Lui et ses Prophètes cette différence
que ses paroles à lui sont la source alors que celles de ses Prophètes sont
les ondes de cette source.... En vérité, ce Dieu est pur de toute faute, de
toute défectuosité. Eternellement, il vit, éternellement il est Puissant! Il
fait descendre ses versets sur quiconque il veut, de la façon qu'il veut. Il
est il pur et au-dessus des attributs que veulent lui infliger les hommes...
Je témoigne qu'il n'y a pas de dieu si ce n'est lui. Toujours il était sans
qu'on pût le mentionner, ou qu'on pût mentionner quoi que ce soit. Il est actuellement
tel qu'il était. Rien n'est avec lui, son rang est élevé de la sublimité de
son essence. Il est pur et son être même est cause que le reste est néant. Oui,
son être, son moi, détruit la réalité du monde. Si quelqu'un dit de Lui qu'il
est Lui, il ne l'a pas connu, car rien autre que lui-même ne le peut trouver.
Aucun attribut n'existe pour Lui. Il est essence. Aucun mot n'existe pour lui.
Il est splendeur. Quiconque l'unifie, le nie, car aucune chose ne le peut comprendre,
aucun esclave ne le peut connaître.]
C'est Elle, la volonté primitive, le premier croyant à celui que Dieu doit manifester,
c'est elle, le premier Croyant a celui que Dieu manifeste (1).
(1) [nota: Il faudrait donner ici de nombreuses explications, mais je les estime
inutiles puisque la suite de cet ouvrage en expliquera le commencement. C'est
la Volonté Primitive, crées par Dieu, créatrice à son tour de toutes choses,
qui croit la première à son reflet qui est celui que Dieu doit manifester :
et c'est bien évident puisque celui-ci n'est qu'un miroir posé devant elle et
dans laquelle elle se reflète. Voir le livre des Sept Preuves de la Mission
du Bab, page 3, note 2.]
C'est Elle, la chose unique pour la création de laquelle est créée la création
de toutes choses, par la nourriture de laquelle est donnée la nourriture de
toutes choses, par la mort de laquelle survient la mort de toutes choses, par
la vie de laquelle se manifeste la vie de toutes choses, par la résurrection
de laquelle ressuscitent toutes choses.
L'oeil de l'être n'a rien vu comme elle, ni auparavant, ni après. C'est le nom
de la Divinité; c'est, le visage de l'absolu Pouvoir fixé dans l'ombre de la
Divinité : c'est le Nom qui guide tous les hommes vers le Royaume de la Toute
Puissance de l'Unité de Dieu. Si je savais que toutes choses goûtent son amour,
alors je n'eusse pas mentionné la mention de feu : car ce feu, comme il ne s'est
pas prosterné devant le point de la vérité, a été, en vérité, créé avec cette
qualité de feu qui existe en lui.
Si toutes choses eussent goûtés son amour, toutes à cause de son amour, eussent
été la lumière, cette lumière créée de la lumière, cette lumière qui réside
dans la lumière et qui aboutit à la lumière : cette sorte de lumière par laquelle
Dieu guide qui il veut. En vérité ce Dieu est la cause première et la cause
finale.
C'est elle pour qui Dieu, l'Unique, le seul Unique, a créé de par la manifestation
de son être même (à elle) dix-huit personnes qui ont été créées avant toutes
choses de son être même (à elle).
Il a mis, le signe de leur connaissance dans l'être de toutes choses afin que
toutes choses par l'être même de leur essence témoignent que c'est Lui (1) la
première Unité et le Vivant Eternel. Et il n'à ordonné à aucune des contingences
autre chose que la connaissance de son être même et la connaissance de l'Unité
de sa vérité, car tout ce qui est autre, est créature créée sur son ordre. Car
c'est à lui (2) la création et l'ordre dans l'éternité des éternités, et c'est
lui le maître des mondes (3).
Et ensuite : Qu'il ne reste pas caché à celui qui regarde ces paroles que Dieu
a fait revenir (4) la création du Qoran (5) au jour du jugement (6), par sa
propre manifestation en lui (en ce jour), puis il a créé la création de toutes
choses (7) à nouveau, comme si toutes choses avaient été créées dans cet instant,
car chaque chose a été créée en vue du jour de la manifestation de Dieu (8).
Car c'est cette manifestation de Dieu en qui toutes choses finissent, elle en
qui toutes aboutissent.
(1) [nota: Lui : le premier de ces dix-neuf personnes dont les dix-huit autres
sont créées en tant que Prophète par la Volonté Primitive.]
(2) [nota: Le point du Bayan.]
(3) [nota: Il y a trois mots dans la philosophie persane pour indiquer la création;
taqvin, veut dire création des hommes, tadvin, création du livre céleste, tachrin,
création de la religion.]
(4) [nota: Faire revenir, ressusciter. Il s'agit ici de la résurrection promise
au jour du jugement. - Nous verrons plus loin l'explication de ce qu'est le
jour du jugement. On compare cette résurrection au phénomène que présente une
plante vivace. Née de la graine, elle grandit, fleurit, puis se dessèche. L'hiver
venu, la plante disparaît pour renaître au printemps.]
(5) [nota: Création du Qoran. Ces mots offrent un sens immédiat qui est celui-ci.
On sait que les versets du Qoran sont de véritables créations de Dieu. Or, de
même que Dieu a créé de nouveau les créatures pour le Bayan, de même il a créé
à nouveau, le Qoran, dans le Bayan. Il refait la création des versets. D'après
les docteurs Babis actuels ce sens n'est pas le vrai, et voici ce qu'ils expliquent.
Comme nous allons le voir, chaque manifestation de Dieu, c'est-à-dire chaque
apparition de Prophète, est en même temps cause d'une création nouvelle du monde,
et d'un jugement dernier des créatures qui ont vécu dans le monde pendant l'espace
de temps qui s'est écoulé entre l'apparition du prophète précédent et celle
du suivant. Or, de même que nous disons le siècle de Louis XIV, de même devrions-nous
dire "la création de jésus," , la création de Mohammed," "la création du Bab,"
pour exprimer l'idée que toutes choses ont été créées à nouveau à l'apparition
d'un de ces Prophètes et dépendent entièrement de lui. Ce phénomène s'est produit
pour les chrétiens et le but de l'enseignement du Christ était la préparation
à l'enseignement de Mohammed : le but de ce dernier était la préparation à l'enseignement
du Bab, qui à son tour prépare les voies à celui que Dieu doit manifester. Il
en a toujours été ainsi depuis l'éternité passée et il en sera ainsi dans l'éternité
future. Or, prononcer ces deux mots d'éternité, c'est affirmer que la création
est éternelle : où donc est le jugement dernier? Sur ce point comme sur bien
d'autres, les confessions des divers Prophètes n'ont pas compris les révélations
de leurs maîtres. Elles ont pris les signes indiqués comme précurseurs de jugement
dernier an pied de la lettre. Ainsi les juifs ne reconnaissent pas en Jésus
le Messie, ainsi les chrétiens ne veulent pas retrouver en Mohammed, l'Ahmed
promis ou le retour de Jésus, ainsi les musulmans refusent, de reconnaître en
Seyyèd Ali l Mohammed le Mehdi que tous attendent. Eh bien quand Mohammed parut,
ce fut le Jugement dernier des sectateurs, du Christ : ceux qui crurent au Prophète
arabe démontrèrent par ce fait même qu'ils étaient de vrais chrétiens ; ils
recueillirent le fruit de l'évangile, qui est le Qoran : ils entrèrent dans
le Paradis, c'est à dire dans la connaissance de Dieu. Ils furent donc jugés
par le Christ apparaissant sous les traits de Mohammed.
(6) [nota: C'est-à-dire au jour de la manifestation de Dieu en ma personne.
Ce jour est le dernier de Mohammed, le premier du Bab. Nous verrous que le premier
qui croit au Bab est le retour de Mohammed à la vie de ce monde.]
(7) [nota: Cette expression rend la lecture dit Bayan difficile. En effet si
le sens immédiat "l'universalité des êtres et des choses" est facile à comprendre,
les trois autres le sont moins. Ils ressortent tous trois du calcul "abjad"
des lettres composant le mot Kollé Chey (toutes choses) qui forment 361 (en
tenant compte du Hamza). Ce dernier chiffre est, pour les babis, le chiffre
suprême de la création. Or il est produit par la multiplication de 19 sur 19
(de l'unité oualied =19 sur elle-même =19). Il est donc l'épanouissement de
l'Unité, et le Bayan est la représentation de cette unité épanouie, puisqu'il
comprend dix-neuf portes, soit 361.
Donc l'expression "Toutes choses" voudra parfois dire le Bayan (tant comme épanouissement
de l'Unité que comme contenant 361 préceptes), comme par exemple à la porte
1 de l'unité 1. Or, et nous le verrons par la suite, chacune des portes du Bayan
doit être, dans le progrès de l'humanité, représentée par un personnage, un
saint. Cela ne veut pas dire que ce personnage en soit l'incarnation, mais il
en est, comme disent les philosophes persans, le lieu de spectacle, c'est-à-dire
le lieu où elle peut être vue. Je m'explique : les noms de Dieu sont infinis,
en nombre et en signification, et chacun de nous est sous l'influence prédominante
d'un de ces noms : par exemple, un saint homme dont la vie se passe en l'observance
des règles de Dieu, S'il se distingue surtout par sa bouté, sera pour ses semblables
le théâtre sur lequel on peut voir, vivant et agissant, le nom du "Miséricordieux."
Ce nom est évidemment celui dont l'influence domine en lui; il se réfléchit
en lui et notre homme est le "miroir de ce nom."
Dans ces conditions, un pieux Babi, un homme véritablement imbu de l'esprit
du Bayan pourra se trouver plus particulièrement dominé par l'influence de telle
on telle porte du Livre au point de devenir le miroir dans lequel se réfléchit
l'esprit de cette porte. Etat données 361 personnes, chacune miroir d'une des
portes du Bayan, nous avons un Bayan marchant et vivant. Donc "toutes choses"
signifient en certains cas 361 croyants au Qoran, le Quaém de la famille de
Mohammed se manifestera, Hadith).
Cette explication Babie de la vie, du mouvement du Bayan, est destinée à démontrer
aux Chiites l'erreur dans laquelle ils sont tombés en comprenant mal le hadis
d'après lequel, au jour du jugement, les croyants verront le Qoran sous la forme
d'un beau jeune homme, qui en sera l'incarnation. Cette incarnation, - j'emploie
ce mot pour abréger - a bien eu lieu, mais dans le sens que nous avons indiqué.
Elle a eu lieu en la personne du premier musulman qui a cru au Bab. En vérité
le Qoran n'eût pas du être représenté par une seule personne, mais par un nombre
de personnes égal au nombre de ses sourates. S'il n'en a pas été ainsi, ce n'est
pas par ignorance de Dieu, mais par une autre cause. (Voir l'explication du
Béda Unité, IV, porte 3.)
Or les musulmans ont erré : ils n'ont été musulmans que de nom, et ce qui le
démontre C'est qu'élevés et préparés de longue main à reconnaître le Mehdi quand
il se présenterait, ils l'ont méconnu quand il est apparu : n'est-ce pas là
un jugement - et définitif?
Enfin le 4ème sens de l'expression "toutes choses" indique l'année composée
de 361 jours, plus 4 ou 5 jours complémentaires suivant que les années sont
on non bissextiles; le jour de la rupture du jeûne devant toujours tomber le
21 mars, qui est le premier jour de l'an.
En réalité cette expression complexe indique que le Bayan règne sans conteste
sur toutes choses, qu'il est le maître de la création créée par lui, qu'il se
confond avec cette création qui, à son tour, se confond avec lui. Nous sommes
donc, nous autres Européens, également création du Bayan, mais nous verrons,
quand nous étudierons les lettres elliyines et les non elliyines, sous quelle
influence nous nous trouvons. Je dois avant de terminer faire remarquer que
de cette confusion apparente dans les diverses significations du mot "Kollé
Chey", résulte, au contraire, l'harmonie sublime de la création venant de Dieu,
pour adorer Dieu, par l'intermédiaire des élus de Dieu, vivantes images de Dieu,
éclairées par le livre de Dieu, et retournant à Dieu par un progrès lent mais
continu.]
(8) [nota: Toutes choses sont créées en vue du jour de la manifestation de Dieu,
puisque toutes sont promises au jour du jugement dernier. Or chaque manifestation
prophétique est une manifestation de Dieu : il s'en suit que toutes choses aboutissent
à cette manifestation prophétique. A l'instant même où elle se produit, la création
cesse d'exister puisqu'elle a atteint son but: mais le fait même que le prophète
déclare sa mission produit une création universelle nouvelle qui a pour but
lit manifestation suivante et comme moyen d'y arriver la manifestation actuelle.]
Après qu'il s'est manifesté dans la manifestation des signes de sa puissance,
il n'y a pas de doute que toutes choses soient, avec la perfection pour elles
possible, arrivées à la vue de Dieu.
De nouveau Dieu très-haut, a créé la Primitive Volonté et, par elle, a crée
toute choses. Or, comme la création actuelle de toutes choses est une création
nouvelle, il en ressort qu'il en était ainsi de sa création éternellement dans
le passé (1) car il n'y a jamais eu de temps où Dieu fût et où il n'y eût pas
d'esclaves pour l'adorer. Il était, de toute éternité, dans toute l'élévation
de sa gloire alors que ce qui est autre que Dieu était, éternellement aussi,
dans la bassesse de son rang vil (2).
(1) [nota: A chaque période la création a été renouvelée en ce sens que la manifestation
de Dieu était nouvelle.]
(2) [nota: Les théologiens musulmans disent que Dieu est "qadèm" éternel dans
le passé, alors que le monde est "adès" nouveau. Autrement dit Dieu était de
toute éternité passée, et le monde fut créé. Où donc alors, disent les Babis,
à l'époque où rien n'était encore créé, s'exerçaient les fonctions de "Créateur?"
peut-on concevoir un créateur ne créant pas? Non, le monde est éternel dans
le passé comme il l'est dans l'avenir. Cela ne veut pas dire qu'il ait toujours
été ce qu'il est, ni qu'il doive subsister tel qu'il est : le soleil peut s'éteindre,
la terre se pulvériser, cela n'empêchera pris l'ensemble de la création d'exister
jusqu'à la fin des siècles. Nous ne pouvons concevoir par quelle forme elle
passera, mais savons-nous donc par quelles formes elle a passé? Tout ce que
nous voyons ne signifie rien; et de ce que nous ne pouvons imaginer de vie en
dehors des conditions d'existence de cette terre, cela prouve-t-il qu'il n'en
existe pas? Peu importent les modes de la vie, ce qui nous suffit, c'est de
savoir que la vie existera éternellement parce que Dieu est éternel et qu'éternellement
il sera celui qui fait vivre. Il est aussi celui qui veut être connu, celui
en qui aboutit la création. Mais pensez-vous donc connaître Dieu? vraiment vous
croyez Jésus le dernier des prophètes, vous, chrétiens. N'avez-vous donc plus
rien à apprendre sur le mystère de la Trinité? Votre ignorance vous semble science,
et les ténèbres au milieu desquelles vous vous agitez, vous paraissent le resplendissement
de la Lumière de Dieu ! Vraiment si ce que vous savez vous suffit, pourquoi
raillez-vous les Juifs? Parce qu'ils n'ont pas voulu reconnaître en Jésus le
Messie promis? Mais avez-vous donc reconnu en Mohammed le Christ qui vous avait
annoncé son retour. Et vous, musulmans, qui vous moquez de l'aveuglement des
juifs par rapport à Jésus, de l'obstination des chrétiens par rapport à Mohammed,
contemplez vous donc vous-mêmes et voyez si vous n'agissez pris exactement comme
eux vis-à-vis du Mehdi ?
Voyez la difficulté que Dieu a à se faire comprendre de vous, ne vous en prenez
qu'à vous-mêmes si son enseignement est si lent. Sachez donc que la création
existait avant Adam, et si l'on vous dit qu'elle n'existait pas, ne voyez pas
dans cette parole une contradiction avec ce que je vous dis aujourd'hui. Etendez
un beau tapis dans votre chambre; faites-y régner l'obscurité la plus complète,
allez-vous me dire que les dessins, que les couleurs de votre tapis existent?
me direz-vous qu'ils n'existent pas ?
La créature privée de la lumière de la connaissance de Dieu n'existait pas à
notre point de vue à nous, hommes de ce siècle. Est-ce à dire que Dieu ait jeté
l'homme sur la terre, et n'ait songé à l'instruire que plus tard? Non pas !
de toute éternité il a mis en lui les signes de sa connaissance. Et si aujourd'hui
parmi vous, malgré tous les enseignements des prophètes que vous avez reçus,
il y en a peu qui savent dégager la vérité, que penserez vous de nos aïeux qui
n'avaient pour tout guide que ces signes déposés en eux?
Ne vous y trompez pris cependant : leurs progrès furent réels, et les conceptions
fétichistes, idolâtres, brahmaïques et bouddhistes sont en elles-mêmes des religions
du Vrai Dieu. Ce n'est que quand, après un effort immense, l'humanité arrivera
à ce degré, que parut Adam, le premier homme, parce qu'il est le premier qui
mérite ce nom, l'homme étant celui qui est arrivé à la connaissance divine.
Car vous pouvez être souverain d'un empire immense, si vous ne connaissez pas
Dieu dans la mesure de vos forces, vous n'êtes pas un homme ; vous pouvez être
la plus vile et la plus misérable des créatures de ce monde, vous êtes le plus
grand parmi les plus grands si vous avez le soleil de la vérité dans le coeur.
Il suffit de croire pour être le Roi des Rois, et dans le Paradis les derniers
seront les premiers et les premiers seront anéantis.
Mais voyez donc ce qui se passe autour de vous; les collèges ne sont-ils donc
pas divisés en classes diverses par lesquelles l'écolier doit passer pour arriver
à parfaire son éducation? Et qu'êtes vous donc autre chose que les plus humbles
écoliers devant le resplendissant enseignement du Seigneur? Vous avez passé
par les divers degrés de cet enseignement primaire et -voilà que vous méprisez
les études secondaires que je viens vous offrir parce que, dans votre orgueil
démesuré, vous croyez savoir et vous croyez comprendre. Vous raillez les juifs
et les chrétiens et vous ne songez pas à pleurer sur vous-même! Vous tous, tant
que vous êtes, vous reconnaissez un Dieu créateur, et voilà que vous laissez
sans emploi cet attribut divin! vous croyez tourner la difficulté, vous autres
chrétiens, en disant qu'il est conservateur. Vraiment, à vos yeux ce titre détourné
vous paraît-il définir celui qui a créé dans l'Eternité passée, celui qui crée
dans le moment présent, celui qui créera dans l'Eternité future? Et vous, musulmans,
qui ne savez qu'inventer en cette matière, que pensez-vous de vos souris qui
ont cru expliquer le mystère en disant qu'à chaque seconde Dieu anéantit le
monde et le crée à nouveau ait même instant! La rapidité foudroyante de ces
diverses morts et de ces diverses naissances nous empêche de nous en apercevoir,
comme la rapidité du tournoiement d'une étincelle de feu nous fait croire à
la continuité d'une circonférence lumineuse.
Vraiment vous mesurez Dieu à votre taille! et vous le surchargez de toutes les
imaginations que créent vos sciences, basées sur les erreurs de vos sens. Si
encore vous lisiez les textes divins peut-être rougiriez-vous de honte et d'horreur.
Dieu ne vous dit-il pas lui-même dans le Qoran, tâchant de se mettre à votre
portée, qu'un jolie auprès de lui est comme mille années de votre comput. Un
jour! pas même un instant, une seconde, un moment! eh bien, c'est cette seconde
qui est apparue, C'est cet instant qui est venu, et mille années après la disparition
dit dernier Révélateur de la manifestation de Mohammed, voilà que Dieu proclame
le jugement dernier, et crée de nouveau la créature dans le Bayan, par le Bayan,
avec le Bayan et pour le Bayan.
L'univers entier a été jugé en cet instant, et ceux qui étaient vraiment pénétrés
de l'esprit dit Qoran, ceux-là ont cru au Point, ceux-là sont entrés dans le
Paradis de la Foi. Ceux qui n'ont pas cru ait Bayan ont démontré, par là qu'ils
n'avaient pas cru ait Qoran : c'est là le jugement dernier, la création nouvelle.]
Le commencement de la création de toutes choses a été à cet instant, qui est
Vendredi, parce que Dieu vient de dire (1). Dieu (2) a crée cette création nouvelle
de son ordre et l'a placée sous l'ombre de son ordre jusqu'à ce qu'il la fasse
retourner a lui-même (en la personne de celui que Dieu doit manifester).
(1) [nota: C'est Dieu qui parle dans le Bayan. Or par le fait, même qu'il dit
cinq lignes plus haut "De nouveau Dieu très haut a créé la primitive Volonté,"
par ce fait même la création a lieu.]
(2) [nota: Dieu reçoit ici le titre de Rébb-oul-Izzét, ce qui veut dire que
du rang de créateur il passe à celui d'ordonnateur.]
Car il n'y a pas de doute que Dieu a créé la créature et l'a fait revenir a
lui (par l'intermédiaire de celui qu'il manifeste) car il est puissant sur toutes
choses.
Puis il donna l'ordonnance de la, création de toutes choses dans le nombre de
toutes choses (1) suivant les ordres qu'il a, fait descendre lui même (2) et
il les a fait rayonner du soleil de sa miséricorde (3) afin que toutes choses
(4) par la mention de toutes choses (5) dans toutes choses (6) arrivent a leur
perfection pour la manifestation d'un autre jugement, et afin qu'il donne le
salaire de toutes choses a chaque chose (7).
Si elle était de "négation (8)" elle recevra le châtiment juste, si elle était
"d'assentiment" le salaire de la bonté de Dieu.
Car sa science sur toutes choses avant toutes choses est égale à sa science
sur toutes choses après toutes choses; sa Puissance, avant la création de toutes
choses, est égale à sa Puissance sur toutes choses après la création de toutes
choses (9).
(1) [nota: Le premier toutes choses indique les 19 personnages de Milité, le
seconde des 19 miroirs de chacun de ces 19 premiers personnages, puis les 19
témoins de chacun des miroirs, c'est-à-dire l'humanité]
(2) [nota: Dans le Bayan]
(3) [nota: Par le don du Bayan]
(4) [nota: Le groupe de 19 indéfiniment multiplié, l'humanité]
(5) [nota: Du Bayan]
(6) [nota: Dans tous les rangs possibles]
(7) [nota: Une chose qui est arrivée à sa perfection est devenue toutes choses]
(8) [nota: Les musulmans font un vif reproche ici ait Bab, à tort, d'avoir écrit
mine nafian au lieu de mine nafiyine, il faut lire "men"]
(9) [nota: Ce qui veut dire qu'il sait tout d'avance et qu'il peut tout]
De toute éternité Dieu était savant sur toutes choses et puissant sur toutes
choses! Pour lui sont les noms excellents dans l'éternité passée, pour lui ils
seront dans l'éternité future.
Tout ce qui est dans le ciel, tout ce qui est sur la terre, tout ce qui est
entre le ciel et la terre chante ses louanges. Il n'y a pas de dieu digne d'adoration
si ce n'est lui, le Vainqueur, le Bien-Aimé.
Et vois avec l'oeil de la certitude que les Portes de la religion du Bayan sont
disposées suivant le nombre de toutes choses (1). Et à l'ombre de chacune de
ces portes les anges (2) des cieux, de la terre et de ce qui est entre, se tiennent,
et, avec la permission clé Dieu, se prosternent, adorent, sanctifient, glorifient,
agissent et travaillent. Et tous (ces anges) au jour de la manifestation de
Dieu, qui est la manifestation du point de Bayan, à la fin de cette manifestation,
retourneront à lui (en la personne de celui que Dieu doit manifester).
Et si trois cent soixante et un personnages bénis du Bayan croient, au jour
du jugement, à celui que Dieu doit manifester, alors ceux-là auront recueilli
le fruit du Bayan (3).
(1) [nota: Dix-neuf Unités multipliées par dix-neuf portes
(2) [nota: Les Babis n'admettent pas les anges tels, que nous les comprenons,
créatures ailées, douées de vie. Chaque chose qui est bonne est un ange, chaque
mot dont le sens indique le bien est un ange, chaque vertu est nu ange.
Ils expliquent également que les sept cieux dont il est question dans les textes
sacrés ne sont pas le moins du monde ce que les musulmans ont compris, imaginant
sept sphères célestes se superposant. Les sept cieux veulent indiquer purement
et simplement les sept religions données par les sept prophètes qui se sont
succédés. Donc, quand Mohammed dit "les cieux "vont repliés," cela ne veut pas
dire que les corps célestes seront confondus, mais simplement que les religions
précédentes seront abrogées.]
Il est de même pour l'expression "terres" qui, en réalité, veut dire "les diverses
capacités de chacun à la science de Dieu"
(3) [nota: Le texte dit : le fruit de toutes choses se manifestera auprès de
lui; ici notre traduction est un commentaire]
Alors heureux celui qui est ressuscité en présence de Dieu au jour du Jugement,
et se trouve accepté par Dieu, par l'une des portes de toutes choses, Car, c'est
Lui le maître de celui qui fait retourner vers lui tous ceux qui ont cru à la
religion du Bayan, chacun à cause de l'acte a accompli dans une des portes de
toutes choses.
Donc, hâtez-vous, certes, certes, vers cette manifestation. Et puis certes,
certes, hâtez-vous! Hâtez-vous ! hâtez-vous certes! Certes ! Hâlez-vous ! Hâlez-vous
! Hâlez vous ! certes! certes! car Dieu est le plus prompt des compteurs (1).
Il peut arriver que ne soient pas prêtes auprès de lui toutes les portes de
toutes choses, et que cependant il ordonne le retour de la création du Bayan
et des cieux qui ont été élevés dans le Bayan. Il se peut qu'il les masse dans
sa main, comme il l'a fait dans le Qoran sans qu'on les puisse compter. Car
les portes multipliées étaient multiples auprès des croyants et au moment (2)
même où Dieu ordonna le retour des créatures du Qoran, il n'y eut plus auprès
de lui qu'un individu. C'est ainsi que Dieu fait ce qu'il lui plait et ordonne
ce qu'il veut. Il ne petit être interrogé sur ce qu'il fait, et toutes les Créatures
seront interrogées sur ce qu'elles font.
(1) [nota: Et vous risquez de tomber dans le feu]
(2) [nota: Le Bayan paraissant, les cieux du Qoran, ou tout simplement le Qoran,
furent repliés. Et dans ce Qoran il y avait des portes sans nombre, et, auprès
du croyant, ces portes multiples s'étaient multipliées à l'infini. Et Dieu replia
le Qoran aussi bien que toutes les sciences nées à son ombre, et à ce moment
il n'y eut auprès de lui qu'un individu seul, qui était une porte des portes
de l'ordre]
Et le moment où eut lieu le retour de toute la création du Qoran, fut le -commencement
de la création de toutes choses dans le Bayan. A ce moment, le siège du Point
qui est le spectacle de la Divinité se trouvait sur la terre du nom Bacèt (qui
étend les cieux nouveaux après avoir replié ceux du Qoran). Et les cieux qui
avaient été élevés dans le Qoran, ont tous été repliés et retournèrent à leur
Point primitif.
Et ne témoignent de cela que Dieu seul et ceux qui sont auprès de Lui.
Et cependant Dieu n'a pas fait descendre dans le Qoran d'ordre plus important
que l'ordre du jugement et la façon de s'y montrer.
Dieu compte le nombre de tous ceux (1) qui crurent au Qoran. Or, au moment du
retour du Qoran, de tous ces individus un seul personnage se tenait auprès de
Dieu pendant que le jugement avait lieu; alors s'éleva, dans un autre monde,
et sur l'ordre de Dieu, la création de toutes choses.
Donc ô vous, ô vous gens du Bayan, attendez-vous à ne pas rester dans l'ignorance
de Dieu, votre Seigneur, alors que nuit et jour vous désirez devenir des saints.
(1) [nota: Il est si considérable que Dieu seul le peut compter.]
Préface au tome II
(Unité III et IV)
(I)
J'ai cru m'apercevoir, en relisant une dernière fois mon manuscrit avant
de le remettre à l'imprimeur, que le lecteur Européen ne serait
peut être pas encore suffisamment au courant des façons de parler
de notre auteur de ce que le Baron de ROSEN appelle « le jargon Babi »
pour se passer totalement de commentaires. J'ai dû donc retarder ma publication,
forcé que j'étais de remettre à mon retour à Tauris
la révision de mon ouvrage et l'adjonction de quelques notes.
Un exemple frappant de la difficulté qu'il y a à comprendre le Bab nous est donné par une erreur de M. EDWARD G BROWNE, dans son « Tarikh é Djadid ».
En effet, à la Page 424 de cet, ouvrage, il donne un fac simile de l'écriture du Bab, dont il publie la transcription à la page 423 et la traduction, à la page suivante.
Dans sa transcription il dit : « Soumma létouhharené arzakoum khéirouh amma tas'adouné harfé vahédine yag hlébou koull al aharaf lahou béma qad qaddar allahou fihi mine el haqqé vallahou ala koulli chéin qadirin. Hourouf allallah ».
Il traduit: « One letter shall subdue to itself all the letters by virtue of that which God hat power over all things. The letters of ella llah ».
Cette fin de lettre que M. BROWNE traduit ainsi n'offre, en vérité, dans la traduction, aucun sens. La signature (?) elle même entièrement imaginée par le traducteur est hors de raison et ne présente bien mieux, ne peut présenter aucune signification pour quiconque a étudié, et par conséquent connaît la Babisme.
Vraiment l'on s'est trop hâté, et sur la foi de ses ennemis acharnés, de considérer notre auteur comme ignorant les premières règles de la grammaire arabe ou persane. On a facilement adopté la coutume de ne tenir aucun compte, avec lui, d'aucune des lois de la raison ; ce qui facilite singulièrement les «traductions» supposées. C'est un moyen vraiment propice pour justifier les non sens proposés, pour sortir d'embarras avec élégance. On s'est trop complètement habitué à dire avec le baron de Rosen : « Le lecteur devra donc se défaire de toute velléité grammaticale, oublier un peu la logique et le bon sens, et alors il réussira peut être à comprendre les mystères de ces monuments littéraires, que les adeptes de la vraie foi appellent avec une ironie involontaire «l'exposition Claire».
Dès lors, on se permet de torturer les textes avec une fantaisie scandaleuse ; on se défait de tout souci de raisonner ; on agit avec son livre comme avec une ville conquise.
On oublie, quoique l'on soit Orientaliste, les mauvaises copies que l'on possède manuscrites, de n'importe, quel ouvrage, et l'on accuse le Bab des erreurs de plume ou de copie d'un individu ignare, qui vivait en copiant à la hâte des ouvrages suspects. Car enfin, durant longtemps, il suffisait d'être trouvé Porteur d'un texte de la secte nouvelle pour être aussitôt exécuté. L'on sait avec quel succès la nouvelle religion conquit ses premiers croyants et quelle secousse formidable en reçut l'antique Empire d'Iran : on doit en conclure qu'elles étaient nombreuses, malgré toutes les tortures et toutes les recherches, ces copies hâtives, qui circulaient sous le manteau et s'en allaient partout exciter l'enthousiasme ou le fanatisme.
Et puis enfin il faut bien admettre que le Bab était un homme ; qu'il possédait ce qu'il fallait pour la vie de ce monde, un corps et une âme, un coeur et un cerveau ; du moins a t il montré, dans le choix de la carrière qu'il a suivie, un courage et une intelligence tranchons le mot un génie que l'on rencontre rarement et qui devrait, au moins par sa mort, forcer le respect et l'attention. Il avait, tant en Arabe qu'en Persan, une merveilleuse facilité d'élocution : j'imagine qu'il parlait sa langue infiniment mieux que ses critiques Européens, et qu'il comprenait au moins ce qu'il disait,
Or, s'il se comprenait lui-même, pourquoi ne pourrions nous pas le comprendre à notre tour. Pourquoi, sans autre raison que les calomnies de ses ennemis, accumuler sur la route lumineuse qu'il a suivie, faite toute d'amour du prochain et de charité ultra chrétienne, les objections menteuses d'une science pédante, faussée et qui se laisse éblouir par les calomnies intéressées du Chiisme. Pourquoi le rendre responsable de l'imbécillité générale, des copistes persans, qui circonstance singulièrement aggravante vivaient dans une terreur constante de ceux qui les environnaient et à la fureur desquels la moindre imprudence pouvait les livrer. Pourquoi entre ce cerveau puissant, rêvant un rêve immense et l'exprimant par la parole, et l’humble manoeuvrier car on ne peut donner d'autre nom au copiste persan glacé par la peur, donner raison à ce dernier !
En définitive, on ne peut faire un plus complet un plus bel éloge de notre héros. Croire l'écraser de son dédain en raison de fautes qu'il n'a pas commises, dont aucune ne lui est imputable, n'est ce pas agir vis à vis de lui comme l'a fait le SANHENDRIN vis à vis du CHRIST ? N'est ce pas démontrer une ignorance profonde des deux thèses en présence, l'orthodoxe et la réformatrice ? N'est ce pas reculer indéfiniment l'explication de ce phénomène incroyable :
Le peuple Persan tout entier, effaré, perdant la tête, ahuri, prêt à se prosterner devant IMAM MEHDI apparu !
Non ! Non ! Que le temps
passe, que l'on examine impartialement, comme on commence à le faire
pour Mohammed, l’oeuvre merveilleuse du réformateur, que l'on dégage
ses pensées des brumes, des ténèbres, des obscurités
accumulées par ceux qui prétendent qu'il faut « oublier
tout bon sens pour le comprendre » et l’on rendra justice à ce
puissant cerveau, jaloux d'éclairer ses concitoyens et de guider le reste
de l'humanité vers des destins meilleurs. Car c'est l'humanité
tout entière qu'il veut instruire (1): c’est elle dans son ensemble qu'il
veut mener sur les chemins de la connaissance. Le nier, c'est nier l'histoire
entière de tous les Prophètes : c’est oublier les doctrines de
l’exposition claire», c'est méconnaître la portée
de la Loi nouvellement révélée.
(1) Nota : Il faut surtout oublier l’enseignement d’Abdoul Beha pour comprendre
le Bab. La 5ème conférence de M. MONTET est caractéristique
à ce sujet. Elle est un ramassis de tous les dires des Ahdoul Béhahis.
Donc, et pour en revenir au passage incriminé, voici comment il faut lire : « …Amma tas’adouné harfé vahidine mine houroufé ellallah yaghloubou koullé aharoufi la élahé béma qad qaddara allahou fihi mine el haqqé. Vallahou ala koulli chéïin qadirine ».
Lisant ainsi, nous sommes en pleine doctrine Babie. En effet, le progrès est inscrit dans la Loi de l'humanité.
Malgré bien des à coups, dus surtout à l'ignorance de nos semblables, nous marchons sans relâche dans la voie de la connaissance de Dieu : la meilleure preuve en est, depuis Jésus, dans l'envoi de Mohammed, qui nous a élevés d'un degré, et dans celui du Bab qui nous a fait, lui aussi, gravir une marche de l'escalier au haut duquel il nous faut parvenir.
Le mal est autour de nous, qui nous assiège, et nous pouvons constater que les hommes se divisent en deux classes : celle de la négation, c'est à dire celle qui ne veut pas reconnaître Dieu en son Prophète et qui est tout entière enfermée dans le premier membre de phrase de la confession musulmane la élahé : il n'y a pas de Dieu ; et l'autre, celle de l'assentiment, qui fait accueil au Prophète, suit ses ordres et progresse dans les voies de Dieu ! Celle ci est sous l'influence du second membre de la même phrase : Ellal llah si ce n'est Dieu.
Or, puisque Dieu est un trésor caché, qu'il a créé la création pour être connu, il faut de toute nécessité qu'il en soit ainsi et l'Humanité ne faillira pas à ses destinées. Donc, quelque soit la victoire du mal sur le bien, celle ci ne sera que momentanée. Il ne faudra jamais désespérer. Mettons les choses au pis ! N'y eût il qu'un seul croyant, un seul homme sous l'influence du Ellal llah, cet homme vaincra toutes les forces de la Négation la élahe et, en définitive, la victoire restera à Dieu.
Je ne crois pas que, pour comprendre cette idée, il faille divorcer d'avec la Raison, et je ne puis que déplorer que certaines personnes imbues du préjugé que j'ai indiqué tout à l’heure, renoncent, quand elles publient certaines parties du texte sacré, à corriger les fautes qu'elles attribuent à l’auteur.
Peut être en est il un peu de même pour le titre de l’ouvrage publié dernièrement en Angleterre avec une préface traduite en Persan par un QAZWINI, je veux dire le Nouqtet el Kaf.
Le titre n'en est pas banal assurément, mais il se laisse pénétrer si on lit attentivement l'avant propos qui le précède.
« J'ai donné ce nom à mon ouvrage, dit Mirza Djani, pour deux raisons. La première est que je ne suis rien, je n'existe pas », Je suis « la fourmi du néant ». N’étant rien, Je ne puis être représenté que par une chose qui n'existe pas : le point diacritique du Kâf. Comme lui, je suis néant absolu, et, comme tel, indigne que l'on s'occupe de moi.
La seconde raison est un peu plus compliquée. Le point, ainsi qu'il est dit dans l'avant propos, est le rang de la Vérité. Il est de plus le commencement de toutes choses (2) tant dans le monde divin que dans celui d'ici bas. Dans ses manifestations, il a cinq degrés et peut, par suite, être représenté par un Ha = 5 d'après les calculs de l’Abjed.
(2) Nota : voir mon Seyyèd Ali Mohammed dit la Bab, page 132.
Et en effet, l'actif, le passif, la relation de l'actif sur le passif, du passif sur l'actif, l'union des deux, forment 5. Forment encore cinq le point, le mouvement, la lettre, le mot, la signification, etc, etc, etc.
Si nous faisons progresser le cinq, c'est à dire si nous la multiplions par 4, nous obtenons 20, qui est Kâf, toujours suivant l'ABDJED. Et, en effet, Kâf est, 4 points ou 4 Ha : Le Point de Volonté, celui du Désir, celui du Sort, celui du Destin. De plus Kâf est la première lettre du mot « Kooun» sois! qui ressortit au Monde divin, et la seconde lettre du mot «Yakoun !» fut qui ressortit du monde d'ici bas. Ce Kâf de la parole créatrice embrasse donc les deux mondes, et le point est lui-même l'origine des deux mondes.
Nous savons d'autre part que SEYYED ALI MOHAMMAD dit le BAB est le Point du monde divin et du monde de la Matière : donc, Mirza DJANI a raison de donner à son histoire le titre de « Point des Deux Mondes» de « Point de la Vérité » «de Point de la Certitude » (3)
(3) Nota : ce rang, le plus haut qui soit, au monde, n’est possible qu’après l'anéantissement de 70 000 rideaux de lumière et de ténèbres.
(II)
Il m'a paru bon aussi de me servir de cette publication pour établir
un erratum de ma traduction du Bayan arabe.
Je vais donc réunir ici les erreurs que je relève dans les deux premières Unités, et. je relèverai par la suite, au cours de ma publication, à chaque porte, celles des portes correspondantes.
Ainsi à la page 103 de ma traduction, 7ème ligne, au lieu de, «J'ai répondu à tes questions», lire « je t'ai aimé, Je t'ai suscité. » Page 105 ligues 8, 9, 10, lire «Personne n'a été suscité, dans la religion si ce n'est Toi; aucun livre n'est descendu si ce n'est sur Toi. »
Page 106, ligne 3, Lire « Il en est de même de tous nos versets d'auparavant et d'après. (Tous sont dans le Bayan). C'est comme Toi, aujourd'hui; Tu es complètement Notre Témoin, et Nous faisons, par Toi entrer qui Nous voulons dans le Paradis de Notre Sublime Sainteté et c’est ce Bayan, le début de ce qui, dans chaque manifestation, se manifeste de l'ordre.
Page 118, ligne 4 «Le jour de la résurrection (Qiamet) dure du début du lever du Soleil de la Vérité jusqu'à son coucher, et ces jours sont meilleurs que toutes les nuits du monde.
Page 110, Ligne 2 : Et Celui dont la vue est Ma vue même (Voir le Prophète manifesté, c'est voir Dieu).
Plus bas : Le résumé de la huitième Porte est ceci: J'ai appelé «mort» au moment de la Manifestation tout ce qui n'a. pas mon amour. Et ce que je commence de mon ordre est ce qui vous est utile et vous éloigne du feu pour vous rapprocher de la Lumière. C'est là…
(III)
Enfin certaines personnes ayant paru s'intéresser au mariage du Bab,
je donne ici ce que j'ai trouvé à ce sujet dans son oeuvre littéraire.
Le Bab s'est marié deux fois. Une fois à Chiraz et une autre fois à Esfahan.
La femme qu'il épousa à Chiraz se nommait. SARAH BEGOUM. Elle était soeur de HADJI MIRZA ABOUL CASSEM TADJER, connu sous le nom de SAQQA KHANI et fille de HADJI MIRZA MOHAMMED HOUSSEIN.
Quand il fut arrêté, on ne lui laissa même pas le temps de faire ses adieux à sa femme.
Celle qu'il épousa à Esfahan, s’appelait QANETE.
Elle était soeur de HADJI MOHAMMED SADEQ. On discute beaucoup sur son compte. J'ai entendu affirmer et nier avec la plus grande énergie que SOUBH i EZEL l'avait épousé après la mort du Bab. Elle était encore, vivante à Esfahan le 11 juin 1905.
Le commentaire de la Sourate de Joseph nous apprend que de sa première femme le Bab eût un fils. Voici, en effet, ce que je lis vers la fin de la Sourate QERABET : « En vérité ! Je me suis fiancé sur le trône de Dieu avec SARIYE (SARAH), c'est à dire avec la bien aimée. Car bien aimée vient de
Bien Aimé. (4) En vérité, j’ai fixé les anges des Cieux et les habitants du Paradis, témoins de ces fiançailles. Sache que la bienveillance du ZIKR Sublime (5) est grande, oh Bien Aimée ! Car c'est une bienveillance qui vient de Dieu ! l’Aimé! Tu n'es pas, toi comme une femme ordinaire, si tu obéis à Dieu, au sujet du ZIKR, Sublime! Connais l'immense vérité du Verbe Sublime et glorifie-toi de t'asseoir avec l'ami qui est le Chéri de Dieu très haut ! Certes la gloire te vient a toi de la part de Dieu, le Sage.
Patiente dans l'ordre qui vient de Dieu sur le Bab et sa famille. Et, en vérité, ton fils Ahmed a un asile dans le Paradis béni, auprès de la grande FATEME.
Dans le même commentaire de Joseph, Sourate el Abd (108 109) Gloires à Dieu, qui, en vérité, a donné à la Fraîcheur des Yeux, dans sa jeunesse, un enfant nommé Ahmed. Et en vérité, cet enfant, Nous l'avons élevé vers Dieu ! »
(4) Le Bien Aimée
est Mohammed. Cela veut dire Sarah était une Séyyèd.
(5) Voir les SEPT PREUVES de la DIVINITÉ du BAB.
Préface au tome III
(Unité V et VI)
Il n'est peut-être pas nécessaire d'expliquer point par point les
différences qui existent entre le Babisme, le Bahaïsme et l'Abdoul-Bahaïsme,
et de plus, cela ne rentre guère dans notre programme. Il me suffira
de dire que le Bab, Prophète, plus grand que Jésus, plus grand
que Mohammed - il le dit et le proclame en termes exprès et réitérés
ne saurait être amoindri par ceux qui se prétendent ses continuateurs.
A peu près comme nous, les Musulmans ont deux sortes de Prophètes - les grands et les petits -. Ils les divisent en porteurs de Lois religieuses, de Livres révélés - charé- et les simples annonciateurs. Le Bab est un charé, il est inutile de le discuter. Il le dit lui-même et, d'autre part, l'ouvrage que nous traduisons est une partie de son chéri'at. Donc, le représenter comme un simple annonciateur de Baha Oullah est un mensonge historique. C'en est un autre que de prétendre à l'universalisation de la religion du Bab par Baha Oullah (Epître au fils du Loup et autres ouvrages du même genre). Jésus, ou du moins ses continuateurs, ont prétendu établir une religion catholique, c'est à dire, universelle.
Les Musulmans sont du même avis en ce qui concerne Mohammed et il est à peine besoin de dire que le Bab à son tour, réalisation de toutes les prophéties antérieures et divines, est catholique.
Nous ne lui avons jamais reproché d'avoir annoncé son retour en la personne de Celui que Dieu doit manifester. Nous l'on avons, au contraire, hautement félicité. Mais peut être l'a-t-il annoncé en laissant à un imposteur trop de facilités pour usurper la place qu'il indique lui-même comme devant être occupée par un plus grand que lui. Je n'en veux pour témoin que la Porte VIII, de l'Unité VI, que l'on trouvera dans ce volume.
L'objection fondée sur le fait que sa religion serait inapplicable pour l'ensemble de l'Humanité, n'en est pas une. Ou cette religion est divine, ou elle ne l'est pas. Si elle est Divine, de quel droit la juge-t-on ? Si elle ne l'est pas, comment Baha Oullah Prophète de Dieu procède-t-il d'elle ?
Où, l'humanité, si ce n'est sous l'influence de Satan, puise-t-elle l'audace de critiquer l'oeuvre du Très Haut ? Il nous appartiendrait donc à nous, hommes, auxquels il est interdit d'interroger Celui que Dieu doit manifester, sur sa mission, de demander des explications à Celui que Dieu a manifesté, sur la sienne!
L'argument, tiré de l'Epitre au fils du Loup, me paraît bien précaire.
Le Bab y annonce, dit-on,
l'apparition du nouveau Prophète pour l'année 9.
Evidemment les Baha'is tirent leur argument de l'Epître du Bab à
Mollah Bagher. Cette épître aurait, dit la légende, été
écrite en réponse à une lettre envoyée par ce Mollah
Bagher au Bab sur les instances de Mollah Hossein Bouchrouyehi, qui ne comprenait
rien aux contradictions dont fourmille l'oeuvre du Bab précisément
au sujet de la date de l'apparition du nouveau Prophète.
Quoi qu'il en soit de ce que l'on raconte, cette lettre est loin d'être aussi explicite que l'on veut bien le dire.
Elle commence ainsi : " En vérité j'ai entendu ton écrit, qui contenait un joyau, et s'il ne s'y fût pas trouvé, je n'eusse pas répondu à ta lettre. Actuellement je ne donne pas la réponse qui est contenue dans le monde de l'intime (je ne réponds que suivant ton intelligence) et combien est plus grande la mention du personnage au sujet duquel tu as interrogé. En vérité, cette question est trop élevée, trop précieuse et trop haute pour que les coeurs aient le pouvoir de la connaître ; et que les esprits puissent se prosterner devant elles, que les âmes puissent en faire la louange et que les corps puissent décrire sa luminosité. Combien donc est grande ta question, et combien petite ton existence ! .... "
" Si tu n'eus pas été de la première Unité, je t'eusse châtié "
"... Et, en vérité, Celui que Dieu doit manifester ne peut être indiqué par mon indication, non plus que par ce qui a été mentionné dans le Bayan..."
" Donc, dans la mesure
où tu as connu Dieu, connais Celui que Dieu doit manifester, et sache
qu'il est trop haut, trop grand pour être connu par autre que lui-même,
ou pour être indiqué par une indication de Sa Créature !
Et en vérité, moi, qui suis moi, je suis le premier esclave qui
lui ai donné ma foi !....
"Comment donc le pourrais-je mentionner ? Puisque tout ce qui le pourrait
mentionner n'est qu'une mention de la part de ses créatures... En vérité,
Celui que Dieu doit manifester ne peut être mentionné par une mention
"
"En vérité toi, si par hasard tu assistes au jour de son apparition, et si tu le connais par l'enseignement des oulémas du Bayan, tu ne le connaîtras pas comme il doit être connu... "
"Donc, en vérité,
le jour de Sa manifestation est le dernier jour relativement à cette
vie première. Et, si le livre de Celui que Dieu doit manifester n'existait
pas, le mien ne serait pas descendu; si son être n'existait, Dieu ne m'aurait
pas manifesté!
Et, en vérité, je suis Lui et Lui est moi ! "
Il est à espérer que dans l'année huit, tu vois le jour de Sa manifestation et ce sera en ce moment, se trouver en présence de Dieu!
Si tu ne le vois pas au commencement, tu le verras à la fin de l'année. Je dis cela, mais sois convaincu que l'ordre est grand au-dessus de toute grandeur!
Depuis le Promis de Jésus fils de Marie passèrent 1270 ans jusqu'au jour du Bayan et les croyants aux Evangiles dorment en attendant! Et c'est cela et non autre chose: viendra à toi celui au sujet duquel tu as interrogé sur la mention de sa grandeur et de son ordre. Il viendra et les gens du Bayan répéteront cette parole! Et ils ne comprendront par sa manifestation et ils ne donneront pas leur foi à ce Dieu qui les a créés dans la manifestation précédente "
"En vérité...., Sois témoin, oh dieu, que par cette lettre j'ai pris la promesse de la venue de Celui que tu dois manifester, je l'ai prise de toutes choses avant de prendre la promesse de mon propre vélayat. Tu es mon Témoin, et cela suffit!"
"Oh lettre (du Vivant) prends le serment de son vélayat, de tous ceux qui sont du Bayan, de ceux que tu connais, que tu sais. Prends d'eux un écrit, et c'est là et non autre chose ce que j'ai commandé dans le Bayan. Quiconque écrit, croit à Lui avant sa manifestation. Donc préviens quiconque tu peux prévenir afin que sa mention soit consignée dans cet écrit jusqu'au jour de Sa manifestation "
Je livre ce texte aux réflexions du lecteur.
Je ne le commente ni ne
le traduis en aucune façon. Libre à lui d'estimer qu'il offre
suffisamment de clartés pour que l'on y puisse accrocher des prétentions
au Prophétisme.
Préface au tome IV
(Unité VII à IX)
M. Huart, dans la Revue de l'Histoire des Religions, critique avec une grande
bienveillance le premier volume de ma traduction du Bayán persan.
Son coeur d'ancien élève et de professeur actuel de l'Ecole des Langues Orientales vivantes l'induit à l'indulgence envers ce qui sort de la plume d'un ancien élève. Enfin, ex-drogman lui-même, il connaît les difficultés matérielles et morales auxquelles se heurte celui qui dans cette carrière désire travailler un peu et sa sympathie va forcément à ceux qui cherchent, ne fût-ce que de loin, à imiter son exemple.
Il veut bien prendre la peine de demander un mot d'explication sur le nombre 1511 donné par le calcul numérique des lettres composant le nom de Dieu ; et je suis tout honteux de constater que c'est à mon imprécision que s'adresse cette demande. Je ne dis pas, en effet, quel est le nom de Dieu dont il s'agit. Le texte porte et cela au nombre de Dieu, ELAGHIEÇ et s'il n'est pas manifesté à cette époque, cela aura lieu après ELMOUSTAGHAC.
Et Aghièc: Elif
= 1, Ghaïne 1000, Yè = 10, cé = 500, ce qui produit 1511.