DIEU PASSE PRES DE NOUS
Shoghi Effendi
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2ième Période: Ministère de Baha'u'llah (1853-1892) [...] Page 211 Près d'un demi-siècle s'était écoulé depuis
la naissance de la foi. Bercée par les adversités, privée,
dans son enfance, de son héraut et chef, elle avait été
relevée de la poussière dans laquelle un despote hostile et cruel
l'avait jetée, par son second, son plus grand flambeau qui, malgré
des exils successifs, avait réussi, en moins d'un demi-siècle
à restaurer son destin, en proclamant son message, en prescrivant ses
lois et ses ordonnances, en formulant ses principes et en établissant
ses institutions, et elle commençait tout juste à jouir du soleil
d'une prospérité inconnue auparavant quand, soudainement, elle
fut privée de son auteur par la main du destin. Ses fidèles en
furent plongés dans le chagrin et la consternation, ses dénégateurs
virent renaître leurs espoirs déclinants, et ses adversaires politiques
aussi bien qu'ecclésiastiques reprirent de nouveau courage. Neuf mois déjà avant son ascension, Baha'u'llah,
comme l'atteste 'Abdu'l-Baha, avait exprimé son désir de
quitter ce monde. A partir de ce moment-là, il devint de plus en plus
évident, d'après le ton des remarques faites à ceux qui
parvenaient en sa présence, que le terme de sa vie terrestre approchait,
bien qu'il s'abstint d'en parler ouvertement à qui que ce soit. Pendant
la nuit qui précéda le 11 shavvàl 1309 A.H. (8 mai 1892),
il contracta une légère fièvre qui, bien qu'aggravée
le jour suivant, baissa peu après. Il continua à donner audience
à certains amis et pèlerins, mais il fut bientôt visible
qu'il n'allait pas bien. La fièvre le reprit, plus violente que la première
fois, son état général alla sans cesse en empirant, et
des complications survinrent qui aboutirent finalement à son ascension,
dans sa soixante-quinzième année, à l'aube du 2 dhi'l-qa'dih
1309 A.H. (79 mai 1892), huit heures après le coucher du soleil. Son
esprit, enfin libéré de la pénible étreinte d'une
vie surchargée de tribulations, avait pris son essor vers ses "autres
domaines", domaines "sur lesquels les yeux du peuple des noms ne se sont jamais
posés", et vers lesquels la " lumineuse créature virginale", "vêtue
de blanc", lui avait ordonné de se hâter, comme il le rapportait
lui-même dans la Lawh-i-Ru'ya (Tablette de la Vision), révélée
dix-neuf ans auparavant, au moment de l'anniversaire de la naissance de son
précurseur. [...] Page 212 Six jouis avant d'expirer, étendu sur son lit et appuyé contre
l'un de ses fils, il fit venir en sa présence tout le groupe des croyants,
y compris plusieurs pèlerins qui s'étaient rassemblés dans
le manoir, pour ce qui devait être leur dernière audience avec
lui. "je suis très satisfait de vous tous ", dit-il avec douceur et affection
à la foule en larmes qui l'entourait. " Vous avez rendu bien des services,
et vous avez exécuté vos tâches avec diligence. Vous êtes
venus ici chaque matin et chaque soir. Que Dieu vous aide à rester unis.
Qu'il vous aide à magnifier la cause du Maître de l'existence."
Aux femmes réunies à son chevet, celles de sa propre famille y
compris, il adressa des paroles semblables d'encouragement, leur assurant de
façon précise que, dans un document qu'il avait confié
à la plus grande Branche, il les recommandait toutes à ses soins. La nouvelle de son ascension fut immédiatement communiquée au
sultan 'Abdu'l-Hamid, dans un télégramme qui commençait
par ces mots: " Le soleil de Baha s'est couché ", et dans lequel
le monarque était informé du projet d'enterrer ses restes sacrés
dans l'enclos du manoir, projet auquel il donna volontiers son consentement.
Baha'u'llah fut donc emmené pour son dernier repos dans
la pièce la plus septentrionale de la demeure de son gendre qui, des
trois maisons contiguës au manoir, à l'ouest, occupait la position
nord. Il fut inhumé peu après le coucher du soleil, le jour même
de son ascension. L'inconsolable Nabil, qui avait eu le privilège d'une audience privée
avec Baha'u'llah pendant sa maladie, et qu' 'Abdu'l-Baha
avait chargé de choisir ces extraits constituant la Tablette de la Visitation
qu'on récite maintenant dans le très saint tombeau, Nabil qui,
dans sa douleur intolérable, se jeta dans la mer peu après la
disparition de son Bien-Aimé, décrit ainsi l'agonie de ces journées:
"Il me semble que la commotion spirituelle qui s'est emparée du monde
de poussière a fait trembler tous les mondes de Dieu ... je suis incapable
de dépeindre, ni mentalement ni de vive voix, les conditions dans lesquelles
nous nous trouvions ... Au milieu de la confusion qui régnait, on pouvait
voir une multitude de gens, habitant 'Akka et les villages voisins, se
presser dans les champs entourant le manoir, et qui pleuraient, se frappant
la tête et exhalant leur chagrin à grands cris." Pendant toute une semaine, un grand nombre de pleureurs, riches ou pauvres,
restèrent avec la famille endeuillée, prenant part à sa
désolation, partageant jour et nuit la nourriture distribuée avec
largesse par ses membres. Des notables, parmi lesquels on comptait des shi'ahs,
des sunnis, des chrétiens, des juifs et des druzes ainsi que des poètes,
des 'ulamà et des fonctionnaires du gouvernement s'unirent pour déplorer
la perte et pour exalter les vertus et la grandeur de Baha'u'llah,
beaucoup d'entre eux lui rendant un témoignage écrit, en vers
et en prose, soit en arabe, soit en turc. Des hommages semblables furent reçus,
en provenance de villes lointaines telles que Damas, Alep, Beyrouth et Le Caire.
Ces témoignages éclatants furent, sans exception, remis à
'Abdu'l-Baha qui représentait maintenant la cause du chef défunt
et pour qui, dans ces apologies, les louanges étaient souvent mêlées
à l'hommage qu'on rendait à son père. [...] Page 213 Et pourtant, ces manifestations exubérantes de chagrin et ces marques
de louange et d'admiration, que l'ascension de Baha'u'llah avait
fait surgir spontanément chez les incroyants de Terre sainte et des pays
environnants, ne furent qu'une goutte, comparées à l'océan
de douleur et aux innombrables preuves de dévotion sans borne qui, à
l'heure où le Soleil de Vérité se coucha, s'échappèrent
du coeur des myriades de croyants qui avaient embrassé sa cause, et qui
étaient décidés à porter bien haut son étendard,
en Perse, en Russie, en 'Iraq, Turquie, Palestine, Egypte et Syrie. Avec l'ascension de Baha'u'llah se termine une période
qui, sous bien des rapports, reste sans parallèle dans l'histoire religieuse
du monde. Le premier siècle de l'ère baha'i avait atteint
maintenant le milieu de son cours. Une époque que nulle période
des dispensations antérieures ne surpassa pour sa sublimité, sa
fécondité et sa durée, caractérisée, sauf
pour un court intervalle de trois ans, par un demi-siècle de révélation
continue et progressive, était révolue. Le message proclamé
par le Bab avait produit son fruit d'or. La phase la plus importante,
sinon la plus spectaculaire de l'âge héroïque, était
achevée. Le Soleil de Vérité, l'astre le plus grand du
monde, s'était levé dans le Siyah-Chàl de Tihran;
il avait dissipé les nuages qui l'entouraient à Baghdad,
avait subi une éclipse momentanée à Andrinople, en s'élevant
vers son apogée, et il s'était finalement couché à
'Akka, pour ne plus reparaître avant un millénaire complet.
La toute nouvelle foi de Dieu, le point de mire de toutes les dispensations
passées, avait été proclamée complètement
et sans réticence. Les prophéties annonçant son avènement
s'étaient remarquablement accomplies. Ses lois fondamentales et ses principes
essentiels, la chaîne et la trame de son futur ordre mondial, avaient
été clairement énoncés. Sa relation organique avec
les systèmes religieux qui la précédèrent et son
attitude vis-à-vis d'eux avaient été définies sans
erreur possible. Les premières institutions au sein desquelles un ordre
mondial embryonnaire était destiné à mûrir avaient
été établies indiscutablement. Le covenant, conçu
pour sauvegarder l'unité et l'intégrité de son organisation
mondiale, avait été irrévocablement légué
à la postérité. La promesse d'une unification de toute
la race humaine, de la naissance de la paix suprême et du déploiement
d'une civilisation mondiale avait été donnée sans contredit.
Les sinistres avertissements annonçant les catastrophes qui allaient
s'abattre sur les rois, les ecclésiastiques, les gouvernements et les
peuples avaient, tel un prélude à une fin aussi glorieuse, été
divulgués de façon répétée. [...] Page 214 Les appels significatifs adressés aux principaux magistrats du Nouveau
Monde, avant-coureurs de la mission dont le continent nord américain
devait être investi plus tard, avaient été lancés.
Le contact initial avait été effectué avec une nation dont
l'un des descendants royaux devait adopter la cause baha'i avant l'expiration
du premier siècle. L'impulsion première avait été
donnée qui, au cours des décennies successives, avait conféré
à la sainte montagne de Dieu, dominant la plus grande prison, et continuerait
de conférer dans les années à venir, d'inestimables bienfaits,
tant au point de vue spirituel qu'à l'égard des institutions.
Et finalement, les premiers emblèmes d'une conquête spirituelle
qui ne devait pas embrasser, avant la fin de ce siècle, moins de soixante
pays dans les hémisphères oriental et occidental, avaient été
hissés triomphalement. Par l'ampleur et la diversité de ses saintes Ecritures, par le nombre
de ses martyrs et la valeur de ses champions, par l'exemple que donnèrent
ses adhérents, par le châtiment exemplaire subi par ses adversaires,
par la pénétration de son influence, l'héroïsme incomparable
de son héraut, l'éblouissante grandeur de son auteur et l'action
mystérieuse de son esprit irrésistible, la foi de Baha'u'llah,
parvenue maintenant au seuil de la sixième décennie de son existence,
avait largement démontré sa capacité d'aller de l'avant,
indivisible et incorruptible, tout au long de la route tracée pour elle
par son ' fondateur, et de déployer, sous les yeux des générations
successives, les signes et les preuves de cette puissance céleste dont
il l'avait lui-même si richement dotée. Quant au sort qui frappa, tant en Orient qu'en Occident, ces rois, ces ministres
et, ces ecclésiastiques qui, aux divers stades du ministère de
Baha'u'llah, avaient, de propos délibéré,
persécuté sa cause ou négligé de tenir compte des
avertissements qu'il donnait, ou qui avaient failli à leur devoir évident
de répondre à ses appels ou de lui accorder, ainsi qu'à
son message, le tribut mérité, je pense qu'arrivé à
ce point, une attention particulière devrait lui être accordée.
Parlant de ceux qui s'étaient dressés avec diligence pour nuire
à sa foi ou pour la détruire, Baha'u'llah déclare
que " Dieu n'a pas fermé les yeux et ne les fermera jamais sur la tyrannie
des oppresseurs. Et dans cette révélation plus particulièrement,
il a tiré vengeance de chacun et de tous les Crans Il. Certes, il est
immense et terrible le spectacle qui s'offre à nos yeux, quand nous examinons
le champ furieusement balayé par les vents de la justice de Dieu, depuis
le début du ministère de Baha'u'llah, détrônant
les monarques, éteignant les dynasties, déracinant les hiérarchies
ecclésiastiques, déclenchant guerres et révolutions, déposant
princes et ministres, dépossédant l'usurpateur, abattant le tyran
et châtiant le méchant et le rebelle. [...] Page 215 Le sultan 'Abdu'l-'Aziz, auteur - avec le shah Nàsirid'-Din
- des calamités accumulées sur Baha'u'llah, responsable
lui-même de trois décrets de bannissement contre le prophète,
flétri dans le Kitab-i-Aqdas comme le souverain occupant le "trône
de la tyrannie', et dont la chute avait été prophétisée
dans la Lawh-i-Fu'dd, fut déposé à la suite d'une révolution
de palais, condamné par une fatvà (sentence) du mufti de sa propre
capitale, assassiné quatre jours plus tard (1876), et remplacé
par un neveu qui fut déclaré idiot. La guerre de 1877-78 affranchit
onze millions de gens du joug turc. Andrinople fut occupée par les forces
russes, l'Empire lui-même fut dissous à la suite de la guerre de
1914- 18, le sultanat fut aboli, une république proclamée, et
un gouvernement qui avait duré plus de six siècles prit fin. Le vaniteux et despotique Nàsiri'd-Din, que Baha'u'llah
dénonça comme le "Prince des oppresseurs", écrivant que,
bientôt, il deviendrait "un objet de leçon pour le monde", dont
le règne fut entaché par l'exécution du Bab et l'emprisonnement
de Baha'u'llah, qui avait poussé avec acharnement aux bannissements
ultérieurs de celui-ci à Constantinople, Andrinople et 'Akka,
qui, de concert avec un ordre sacerdotal corrompu, avait fait le voeu d'étouffer
la foi au berceau, fut dramatiquement assassiné dans le tombeau du Shah-'Abdu'l-'Azim,
à la veille même de son jubilé, jubilé qui, inaugurant
une ère nouvelle, aurait dû être célébré
avec la splendeur la plus grandiose, et devait rester dans l'histoire comme
le plus grand jour figurant dans les annales de la nation persane. Les destinées
de sa lignée déclinèrent rapidement par la suite, et finalement,
en raison de la conduite scandaleuse du shah - Ahmad, gaspilleur et irresponsable,
aboutirent à l'éclipse et à la disparition de la dynastie
qàjàr. Napoléon III, l'empereur dominant de l'époque en Occident, excessivement
ambitieux, d'un orgueil démesuré, astucieux et superficiel, qui,
rapporte-t-on, avait jeté à terre avec mépris la tablette
envoyée par Baha'u'llah, que celui-ci éprouva et
trouva en défaut, et dont la chute fut ensuite prédite de façon
catégorique dans une autre tablette, Napoléon 11I subit, à
la bataille de Sedan (1870), une défaite humiliante, entraînant
la plus grande capitulation militaire de l'histoire moderne. Il perdit son royaume
et passa le reste de sa vie en exil. Ses espoirs furent complètement
détruits; son fils unique, le prince impérial, fut tué
dans la guerre des Zoulous, son empire hautement vanté s'écroula,
déchaînant une guerre civile plus cruelle que la guerre franco-allemande
elle-même, et Guillaume i-, le roi de Prusse, fut accueilli dans le palais
de Versailles, comme l'empereur d'une Allemagne unifiée. [...] Page 216 Guillaume il,, ivre d'orgueil, récemment acclamé comme le vainqueur
de Napoléon 111, morigéné dans le Kitab-i-Aqdas
et invité à méditer sur le sort subi par "celui dont le
pouvoir dépassait" le sien, averti dans ce même livre que "les
lamentations de Berlin" se feraient entendre et que les rives du Rhin seraient
"couvertes de sang", fut l'objet de deux attentats. Un fils lui succéda,
qui fut emporté par une maladie mortelle trois mois après son
avènement au pouvoir, léguant le trône à l'arrogant
Guillaume Il, volontaire et borné. L'orgueil du nouveau monarque précipita
sa chute. Une révolution, rapide et soudaine, éclata dans la capitale,
le communisme dressa la tête dans plusieurs villes, les princes des Etats
germaniques abdiquèrent et lui-même, fuyant honteusement en Hollande,
fut obligé de renoncer à ses droits au trône. La constitution
de Weimar régla le sort de l'empire dont la naissance avait été
si bruyamment proclamée par le grand-père de Guillaume 11, et
les termes d'un lourd et sévère traité provoquèrent
"les lamentations" prédites, d'inquiétante façon, un demi-siècle
auparavant. Le despotique et obstiné François joseph, empereur d'Autriche
et roi de Hongrie, blâmé dans le Kitàb-i-Aqdas pour avoir
manqué, lors de son pèlerinage en Terre sainte, de se renseigner
au sujet de Baha'u'llah, comme c'était évidemment
son devoir, fut tellement accablé par les malheurs et les tragédies,
que son règne en vint à être considéré comme
sans précédent pour les calamités qu'il attira sur la nation.
Son frère Maximilien fut mis à mort à Mexico; le prince
héritier, Rodolphe, périt dans des circonstances déshonorantes;
l'impératrice fut assassinée; l'archiduc François Ferdinand
et sa femme furent tués à Sarajevo; "l'empire croulant" lui-même
se désagrégea; il fut démembré, et une république
s'édifia sur un territoire amoindri, à la place du Saint Empire
romain disparu, république qui, après une existence brève
et précaire, fut effacée de la carte politique d'Europe. Nicolas Alexandre II, le tout-puissant tsar de Russie, mis en garde à
trois reprises par Baha'u'llah, dans une tablette adressée
à son nom personnel, qui avait reçu l'ordre "d'appeler les nations
à Dieu" et d'éviter que sa souveraineté l'empêche
de reconnaître le "souverain suprême", essuya plusieurs attentats
contre sa vie et finit par mourir de la main d'un assassin. Une dure politique
de répression, commencée par lui et poursuivie par son successeur
Alexandre III, prépara le chemin à une révolution qui,
sous le règne de Nicolas 11, noya l'Empire des tsars dans des flots de
sang, amena à sa suite guerres, maladies, famines, et établit
un prolétariat militant qui massacra les nobles, persécuta le
clergé, chassa les intellectuels, priva de ses biens l'Eglise d'Etat,
exécuta le tsar ainsi que son épouse et sa famille, et éteignit
la dynastie des Romanoff. [...] Page 217 Le pape Pie IX, chef incontesté de l'église la plus puissante
de la chrétienté, à qui Baha'u'llah avait
donné l'ordre, dans une épître, de laisser ses "palais à
ceux qui les désirent", de "vendre tous les somptueux ornements" en sa
possession, d'en "dépenser le prix dans le sentier de Dieu" et de se
hâter vers "le royaume", fut obligé de se rendre, dans des conditions
pénibles, aux forces assiégeantes du roi Victor Emmanuel et de
se résigner à l'abandon des Etats pontificaux et même de
Rome. La perte de la "Ville éternelle" sur laquelle avait flotté
le drapeau de la papauté depuis un millénaire, et l'humiliation
des ordres religieux placés sous sa juridiction ajoutèrent l'angoisse
morale à ses infirmités physiques et remplirent d'amertume les
dernières années de sa vie. La reconnaissance formelle du royaume
d'Italie exigée, par la suite, d'un de ses successeurs au Vatican, sanctionna
l'extinction de fait du pouvoir temporel du pape. Mais la rapide dissolution des Empires ottoman, napoléonien, germanique,
autrichien et russe, la déposition de la dynastie qàjàr
et l'extinction pratique du pouvoir temporel du pontife romain n'épuisent
pas le récit des catastrophes qui fondirent sur les monarchies du monde,
parce qu'elles négligèrent les avertissements donnés par
Baha'u'llah dans l'introduction de sa Sùriy-i-Mùlùk.
La transformation des monarchies portugaise et espagnole et celle de l'Empire
chinois en républiques, l'étrange destin qui, plus récemment,
a poursuivi les souverains de Hollande, de Norvège, de Grèce,
de Yougoslavie et d'Albanie, maintenant exilés, l'abdication tacite de
l'autorité exercée par les rois du Danemark, de Belgique,' Bulgarie,
Roumanie et Italie, l'appréhension que doivent ressentir les autres souverains
en considérant les bouleversements qui ont affecté tant de trônes,
le honte et les actes de violence qui, en certains cas, ont assombri les annales
des règnes de quelques monarques en Orient et en Occident, et encore
plus près de nous, la déchéance subite du fondateur de
la dynastie récemment installée en Perse, tous ces faits sont
encore de nouveaux exemples du "châtiment divin" infligé - châtiment
que Baha'u'llah avait prédit dans cette immortelle sùrih
- , et mettent au grand jour le caractère réellement divin de
la censure qu'il porta contre les gouvernements de la terre, dans son très
saint Livre. Non moins frappante fut la disparition de l'influence très profonde
exercée par les chefs ecclésiastiques musulmans, à la fois
sunnite et shiite, dans les deux pays où s'étaient développées
les plus puissantes institutions de l'islam, pays directement liés
aux tribulations dont le Bab et Baha'u'llah furent accablés. Le calife, qui était soi-disant le vicaire du prophète de l'islam,
connu aussi comme le "Commandeur des croyants", protecteur des cités
saintes de La Mecque et de Médine, dont la juridiction spirituelle s'étendait
sur plus de deux cents millions de musulmans fut, par l'abolition du sultanat
en Turquie, privé de son autorité temporelle, tenue jusque-là
pour inséparable de sa haute fonction. Le calife lui-même occupa
une position anormale et précaire pendant un court laps de temps, puis
s'enfuit en Europe. [...] Page 218 Le califat, l'institution la plus auguste et la plus puissante de l'islam,
fut sommairement aboli sans qu'aucune communauté du monde sunnite soit
consultée. L'unité de la plus puissante branche de la foi islamique
en fut brisée; une séparation formelle, complète et permanente
entre l'Etat turc et la foi sunnite fut proclamée, la loi canonique de
l'islam fut abrogée, les institutions ecclésiastiques furent
sécularisées, un code civil fut promulgué, les ordres religieux
furent supprimés et la hiérarchie sunnite abolie. L'arabe, langue
du prophète de l'islam, tomba en désuétude et l'alphabet
latin remplaça ses caractères écrits; le Qur'an
lui-même fut traduit en turc. Constantinople, le "Dôme de l'islam",
tomba au rang d'une ville de province, et son joyau incomparable, la mosquée
de Sainte-Sophie, fut convertie en musée. Toute cette suite de dégradations
rappelle le sort qui, au premier siècle de l'ère chrétienne,
s'abattit sur le peuple juif, la ville de Jérusalem, le temple de Salomon
le Saint des saints -, et sur une hiérarchie ecclésiastique dont
les membres étaient les persécuteurs déclarés de
la religion de Jésus-Christ. Une convulsion similaire ébranla les fondations de l'ordre sacerdotal
de Perse, quoique la séparation officielle entre l'Eglise et l'Etat persan
ne fût pas encore proclamée. Une "Eglise d'Etat", qui avait été
solidement enracinée dans la vie de la nation, et avait étendu
ses ramifications à toutes les sphères de la vie dans ce pays,
fut virtuellement disloquée. Un ordre sacerdotal, citadelle de l'islam
shi'ah dans ce pays, fut paralysé et discrédité, ses mujtahids,
ministres favoris de l'Imàm caché, furent réduits à
un nombre insignifiant, et tous ses dignitaires portant turban furent, à
l'exception d'une poignée, impitoyablement obligés d'échanger
leur coiffure et leur robe traditionnelles pour des vêtements européens
qu'ils détestaient. La pompe et l'apparat qui caractérisaient
leurs cérémonies disparurent; leurs fatvàs (sentences)
devinrent lettres mortes, leurs dotations furent remises à une administration
civile, leurs mosquées et leurs séminaires furent désertés,
le droit d'asile accordé à leurs sanctuaires cessa d'être
reconnu, leurs représentations de pièces religieuses furent interdites,
leurs takyihs fermés, et l'on écourta et découragea même
leurs pèlerinages à Najaf et à Karbilà. L'abandon
du voile, la reconnaissance de l'égalité des hommes et des femmes,
l'établissement de tribunaux civils, l'abolition du concubinage, la dépréciation
de l'emploi de la langue arabe, langue de l'islam et du Qur'an, et les
efforts tentés pour la dissocier du persan, tous ces faits indiquent
encore la dégradation et font prévoir l'anéantissement
final de cette équipe infâme dont les chefs avaient osé
s'approprier le titre de "serviteurs du Seigneur de sainteté" (l'Imàm
'Ali) ' qui avaient reçu si souvent l'hommage des rois pieux de la dynastie
safavi, dont les malédictions avaient été, depuis la naissance
de la foi du Bab, la cause principale des torrents de sang versés,
et dont les actes ont noirci les annales de leur religion comme de leur pays. [...] Page 219 Une crise, moins grave certes que celle qui ébranla les ordres sacerdotaux
islamiques adversaires invétérés de la foi -, affecta aussi
les institutions ecclésiastiques de la chrétienté dont
l'influence, depuis l'appel et l'avertissement lancés par Baha'u'llah,
s'est visiblement affaiblie, dont le prestige a été gravement
atteint, dont l'autorité a rapidement décru, et dont le pouvoir,
les droits et prérogatives se sont amoindris de plus en plus. La disparition
effective du pouvoir temporel du pontife romain déjà mentionnée,
la vague d'anticléricalisme qui amena avec elle la séparation
entre l'Eglise catholique et la République française, l'assaut
organisé que lança un Etat communiste triomphant contre l'Eglise
orthodoxe grecque en Russie, d'où s'ensuivit la séparation de
l'Eglise et de l'Etat, la sécularisation des biens ecclésiastiques
et la persécution de la religion d'Etat, le démembrement de la
monarchie austro-hongroise qui devait fidélité et obéissance
à l'Eglise de Rome et soutenait puissamment ses institutions, l'épreuve
sévère à laquelle cette même Eglise fut soumise en
Espagne et au Mexique, la vague de sécularisation qui, actuellement,
est en train d'engloutir les missions catholiques, anglicanes et presbytériennes
dans les pays non-chrétiens, les forces d'un paganisme agressif qui attaquent
les anciennes citadelles des Eglises catholique, orthodoxe grecque et luthérienne
dans l'Europe centrale, orientale et occidentale, dans les Balkans, les Etats
baltes et scandinaves, ces événements se détachent comme
les manifestations les plus évidentes du déclin de la prospérité
des chefs ecclésiastiques de la chrétienté, chefs qui,
sans se soucier de la voix de Baha'u'llah, se sont interposés
entre le Christ revenu dans la gloire du Père, et leurs congrégations
respectives. Nous ne pouvons davantage manquer de noter la détérioration progressive
de l'autorité exercée par les chefs ecclésiastiques des
religions juive et zoroastrienne, depuis que s'est élevée la voix
de Baha'u'llah annonçant, en termes sans ambiguïté,
que la "plus grande loi a paru", que la Beauté ancienne "règne
sur le trône de David', et que "tout ce qui a été annoncé
dans les livres" (Ecriture sainte zoroastrienne) "a été dévoilé
et rendu évident". Les preuves d'une révolte croissante contre
l'autorité cléricale, le manque de respect et l'indifférence
montrés à l'égard des pratiques, des rites et cérémonies
séculaires, les incursions répétées de la part des
forces d'un nationalisme agressif et souvent hostile dans le domaine appartenant
à la juridiction cléricale, et l'apathie générale
avec laquelle, particulièrement dans le cas des adhérents déclarés
de la foi zoroastrienne, ces empiétements sur leurs droits sont considérés,
tout ceci fournit, sans l'ombre d'un doute, une nouvelle justification des avertissements
et des prédictions donnés par Baha'u'llah dans ses
adresses historiques aux chefs ecclésiastiques du monde. [...] Page 220 Telles sont, en somme, les preuves terribles de la justice distributive de
Dieu qui frappa les rois aussi bien que les ecclésiastiques d'Orient
et d'Occident, conséquence directe de leur opposition effective à
la foi de Baha'u'llah ou de leur négligence déplorable
à répondre à son appel, à se renseigner sur son
message, à lui éviter les souffrances qu'il endura ou à
tenir compte des signes merveilleux et des prodiges qui, pendant cent ans, entourèrent
la naissance et l'ascension de sa révélation. "Le pouvoir a été enlevé à deux catégories
d'hommes: les rois et les ecclésiastiques", annonce Baha'u'llah
dans une déclaration prophétique et précise. "Si vous ne
tenez pas compte des conseils que ... Nous avons révélés
dans cette tablette", dit-il, avertissant ainsi les rois de la terre, "le châtiment
divin vous assaillira de toutes parts ... Ce jour-là vous... reconnaîtrez
votre propre impuissance." Et encore: "Bien qu'étant au courant de la
plupart de nos souffrances, vous n'avez pourtant rien fait pour arrêter
la main de l'agresseur." Et enfin ces paroles accusatrices: "Nous ... serons
patient comme Nous avons été patient dans ce qui nous est advenu
par vos mains, 9 assemblée de rois!" Condamnant particulièrement les chefs ecclésiastiques du monde,
il écrit: "La source et l'origine de la tyrannie ont été
les prêtres ... Dieu est, en vérité, débarrassé
d'eux, et Nous également." "Quand Nous observâmes avec soin", affirme-t-il
ouvertement, " Nous découvrîmes que nos ennemis, pour la plupart,
sont les prêtres." " 0 concours de prêtres! " dit-il, s'adressant
à eux: " Désormais vous vous apercevez que vous ne possédez
plus aucun pouvoir, car Nous vous l'avons retiré .. Si vous aviez cru
en Dieu lorsque Il s'est Lui-même révélé", explique-t-il,
"les gens ne se seraient pas détournés de Lui, et les choses que
vous voyez aujourd'hui ne nous seraient pas arrivées." Parlant plus précisément
des ecclésiastiques musulmans, il affirme: "Ils se sont dressés
contre nous avec une cruauté telle, qu'ils ont miné la force de
l'islam". "Les prêtres de Perse", affirme-t-il, "ont commis ce qu'aucun
peuple parmi les peuples du monde n'a commis." Et encore: " ... Les prêtres
de Perse ... ont perpétré ce que les juifs n'ont pas perpétré
lors de la révélation de celui qui est l'Esprit" (Jésus).
Et finalement, ces prophéties sinistres: "A cause de vous, les peuples
ont été avilis, l'étendard de l'islam a été
abaissé et son trône puissant a été renversé."
" Bientôt, tout ce que vous possédez périra, votre gloire
sera changée en humiliation des plus misérables, et vous verrez
le châtiment de ce que vous avez forgé... " "D'ici peu, c'est la
vérité même," prophétise encore plus ouvertement
le Bab en personne, " Nous tourmenterons ceux qui ont fait la guerre
à Husayn " (l'Imàm Husayn) " ... par les plus affreuses tortures..."
"D'ici peu, Dieu assouvira sa vengeance sur eux, au temps de notre retour *,
et y a, en vérité, préparé pour eux, dans le monde
à venir, une peine sévère." [...] Page 221 On ne saurait non plus omettre, dans une revue de cette nature, de faire une
référence à ces princes, ces ministres et ces ecclésiastiques
qui furent individuellement responsables des pénibles épreuves
que Baha'u'llah et ses fidèles eurent à supporter.
Le pacha Fu'àd, ministre turc des Affaires étrangères qui
fut, comme le déclare Baha'u'llah, l' "instigateur" de
sa relégation dans la plus grande prison et qui, avec son collègue,
le pacha 'Ali, s'était efforcé avec une telle persistance d'exciter
les craintes et les soupçons d'un despote déjà monté
à l'avance contre la foi et son chef, ledit pacha fut frappé,
au cours d'un voyage à Paris, par le glaive vengeur de Dieu, et mourut
à Nice (1869), environ un an après avoir mené à
bien son projet. Le pacha 'Ali, le sadr-i-a'zam (Premier ministre), dénoncé
en un langage si énergique dans la I-awh-i-Ra'is, dont la chute avait
été nettement prédite dans la Lawh-i-Fu'dd, fut destitué
de ses fonctions quelques années après l'exil de Baha'u'llah
à 'Akka, privé de toute autorité et tomba dans un
oubli complet. Le prince Mas'ùd Mirza, le tyrannique Zillu's-Sultan,
fils aîné du shah Nàsiri'd-Din et gouverneur de plus
des deux cinquièmes de son royaume, flétri par Baha'u'llah
comme "l'Arbre infernal', tomba en disgrâce, fut dépouillé
de tous ses gouvernements sauf de celui d'Isfàhàn, et perdit toute
chance de prépondérance future ou d'avancement. Le cupide prince
jalàlu'd-dawlih, qualifié par la plume suprême du titre
infamant de "tyran du Yazd', fut privé de son poste environ une année
après les injustices qu'il commit, rappelé à Tihran
et forcé de restituer une partie des biens qu'il avait dérobés
à ses victimes. L'intrigant Mirza Buzurg Khàn, ambitieux et débauché,
qui était consul général de Perse à Baghdad,
fut en fin de compte relevé de ses fonctions, "accablé par le
malheur, rempli de remords et couvert de confusion". Le mujtahid bien connu,
Siyyid Sàdiq-i-Tabà-tabà'i, que Baha'u'llah
dénomma "le Menteur de Tibrdn" - auteur du décret monstrueux qui
condamnait tout membre mâle de la communauté baha'i en Perse,
jeune ou vieux, de haute ou basse extraction, à être mis à
mort, et toutes ses femmes à être déportées -, tomba
soudainement malade, victime d'une affection qui attaqua son coeur, son cerveau
et ses membres, et qui finit par l'entraîner dans la mort. Subhi, le tyrannique
pacha qui avait convoqué Baha'u'llah d'une manière
impérieuse à la résidence gouvernementale d'Akka,
perdit sa position et fut rappelé dans des conditions fort préjudiciables
à sa réputation. Les autres gouverneurs de la ville, qui s'étaient
conduits injustement envers le prisonnier haut placé confié à
leur garde avec ses compagnons d'exil, n'échappèrent point à
un sort identique. "Tous les pachas qui, à 'Akka, se conduisirent
de façon louable, jouirent d'une longue carrière", affirme Nabil
dans son récit, "et Dieu leur accorda généreusement ses
faveurs, alors que chacun des mutisarrifs (gouverneurs) hostiles fut rapidement
déposé par la main de la Puissance divine; ainsi en fut-il pour
les pachas 'Abdu'r-Rahmàn et Muhammad Yùsuf qui, au lendemain
de la nuit même où ils avaient décidé de porter la
main sur les bien-aimés de Baha'u'llah, furent avisés
de leur renvoi par télégramme. Et leur sort voulut que, plus jamais,
aucun poste ne leur soit confié." [...] Page 222 Shaykh Muhammad-Bàqir, surnommé le "Loup", qui dans la Lawh-i-Burhàn*
hautement réprobatrice que lui adressa Baha'u'llah, avait
été comparé à " la dernière trace de soleil
sur le sommet de la montagne ", vit son prestige décliner progressivement
et mourut malheureux, dans un état de profond remords. Son complice Mir
Muhammad-Husayn, surnommé "le Serpent femelle", que Baha'u'llah
décrivit comme "infiniment plus mauvais que l'oppresseur de Karbalà",
fut, à peu près à la même époque, expulsé
d'Isfàhàn; il erra de village en village, puis contracta une maladie
qui dégageait une odeur si infecte que même sa femme et sa fille
ne pouvaient souffrir de l'approcher, et il mourut dans une telle défaveur
auprès des autorités locales, que personne n'osa assister à
ses funérailles, son cadavre étant enterré d'une manière
déshonorante par quelques porteurs. Il faut encore signaler la famine dévastatrice qui, environ un an après
la disparition de l'illustre Badi', torturé à mort, ravagea la
Perse et réduisit la population à de telles extrémités,
que les riches mêmes eurent faim et que des centaines de mères
dévorèrent goulûment leurs propres enfants. On ne peut pas non plus quitter ce sujet sans faire une référence
spéciale à l'Archibriseur du covenant du Bab, Mirza
Yahya qui, gagnant misérablement son existence à Chypre,
qualifiée par les Turcs " d'île de Satan", vécut assez longtemps
pour voir réduits à néant tous les espoirs qu'il avait
nourris avec une telle méchanceté. Pensionné d'abord par
la Turquie et plus tard par le gouvernement britannique, il reçut une
nouvelle humiliation en voyant rejeter sa demande de naturalisation comme citoyen
britannique. Sur les dix-huit " témoins " qu'il avait désignés,
onze l'abandonnèrent et se tournèrent repentants, vers Baha'u'llah.
Il fut même impliqué dans un scandale qui entacha sa réputation
et celle de son fils aîné, scandale qui priva celui-ci, ainsi que
ses descendants, de la succession qu'il leur avait d'abord réservée;
puis, il désigna à sa place le perfide Mirza Hadiy-i-Dawlat-Àbàdi,
un azali notoire qui, lors du martyre de Mirza Ashraf susmentionné,
fut saisi d'une telle crainte que, pendant quatre jours consécutifs,
il proclama, du haut de sa chaire et dans le langage le plus virulent, sa répudiation
complète de la foi baha'i aussi bien que de Mirza Yahya,
son bienfaiteur, qui avait placé en lui une confiance aveugle. Ce fut
ce même fils aîné de Mirza Yahya qui, des années
plus tard, et par le jeu d'une étrange destinée, rechercha, avec
son neveu et sa nièce, la présence d'Abdu'l-Baha, le successeur
nommé par Baha'u'llah, Centre de son covenant. [...] Page 223 Il lui exprima son repentir, implora son pardon, et 'Abdu'l-Baha l'accepta
avec clémence; il resta, jusqu'à l'heure de sa mort, un loyal
serviteur de la foi que son père avait essayé de détruire
avec tant de stupidité, d'impudence, et d'une façon aussi lamentable.
CHAPITRE XIII: Ascension de Baha'u'llah