DIEU PASSE PRES DE NOUS
Shoghi Effendi
Chapitre précédent
Retour au sommaireChapitre
suivant
3ième Période: Ministère d'Abdu'l-Baha, 1892-1921 [...] Page 285 Les voyages historiques d'Abdu'l-Baha en Occident, et en particulier
sa tournée de huit mois aux Etats-Unis d'Amérique, peuvent être
considérés comme marquant l'apogée de son ministère,
un ministère dont les bénédictions indicibles et les
réalisations stupéfiantes ne pourront être appréciées
à leur juste valeur que par les générations futures.
De même que le soleil de la révélation de Baha'u'llah
avait brillé dans toute sa splendeur au moment où, de la ville
d'Andrinople, il proclama son message aux souverains de la terre, ainsi l'orbe
de son covenant atteignit son zénith et répandit ses rayons
les plus éclatants lorsque celui qui était son Centre désigné
se leva pour proclamer publiquement la gloire et la grandeur de la foi de
son père, devant les peuples d'Occident. Ce covenant divinement institué avait, peu après sa naissance,
prouvé sans l'ombre d'un doute sa force invincible, en triomphant de
façon décisive des forces obscures que Archi briseur de ce covenant
avait liguées contre lui avec une telle détermination. Son pouvoir
dispensateur d'énergie s'était fait jour sans tarder dans les
victoires éclatantes remportées si rapidement, et avec tant
de courage, par ses porte-flambeaux, dans les villes lointaines d'Europe occidentale
et des Etats-Unis d'Amérique. Par ailleurs, sa capacité à
préserver l'unité et l'intégrité de la foi, en
Orient comme en Occident, avait pleinement justifié ses nobles revendications.
11 avait ensuite donné de nouvelles preuves de sa force indomptable
par la victoire mémorable qu'il enregistra lors de la déchéance
du sultan 'Abdu'l-Hamid, ce qui eut pour conséquence la libération
du Centre attitré de ce covenant, après quarante ans de captivité.
11 avait fourni également un autre témoignage indiscutable de
sa solidité à ceux qui étaient encore enclins à
douter de son origine divine, en permettant à 'Abdu'l-Baha,
face à de formidables difficultés, d'effectuer le transfert
et l'ensevelissement final des restes du Bab dans un mausolée
du mont Carmel. Il avait aussi manifesté aux yeux de toute l'humanité,
avec une force et dans une proportion jusqu'alors inégalées,
ses immenses pouvoirs latents lorsqu'il donna à celui qui incarnait
son esprit et son but, la possibilité de s'embarquer vers le monde
occidental pour effectuer une mission de trois années, mission si cruciale
qu'elle mérite d'être classée comme le plus grand exploit
jamais associé à son ministère. [...] Page 286 Mais en dépit de leur excellence, ces succès ne furent pas
les seuls fruits recueillis grâce aux efforts infatigables que le Centre
de ce covenant déploya si héroïquement. Les progrès
et l'expansion de la foi de son père en Orient, la mise en route des
activités et des entreprises que l'on peut considérer comme
marquant les premiers pas d'un futur ordre administratif, l'érection
du premier Mashriqu'l-Adhkar du monde baha'i dans la ville d'Ishqàbàd,
au Turkistàn russe, l'enrichissement de la littérature baha'i,
la révélation des tablettes du Plan divin et l'introduction
de la foi sur le continent australien, ces faits peuvent être considérés
comme les réalisations exceptionnelles qui ont rehaussé les
annales glorieuses du ministère sans pareil d'Abdu'l-Baha. En Perse, berceau de la foi, malgré les persécutions qui, d'un
bout à l'autre de ce ministère, persistèrent avec une
violence qui ne se ralentit jamais, on pouvait apercevoir clairement un changement
notable, tandis qu'une communauté proscrite émergeait peu à
peu de son existence secrète. Quatre ans après l'ascension de
Baha'u'llah, le shah Nàsiri'd-Din, à la
veille de son jubilé destiné à marquer un tournant dans
l'histoire de son pays, avait trouvé la mort, assassiné par
Mirza Ridà, un partisan du fameux Siyyid jamàlu'd-Din-i-Afghani,
ennemi de la foi, l'un des promoteurs du mouvement constitutionnel, mouvement
qui, en prenant de l'ampleur pendant le règne du fils et successeur
du shah. Muzaffari'd-Din, était destiné à entraîner
dans de nouvelles difficultés une communauté déjà
traquée et persécutée. Même l'assassinat du shah
avait d'abord été imputé à cette communauté,
comme le prouva le cruel trépas infligé, aussitôt après
le meurtre du souverain, au professeur et poète renommé, Mirza
'Ali Muhammad, surnommé " Varqà " (la Colombe) par Baha'u'llah,
lequel fut inhumainement mis à mort avec son fils âgé
de douze ans, dans la prison de Tihran, par le brutal hàjibu'd-dawlih;
celui-ci après avoir enfoncé son poignard dans le ventre du
père et avoir mis ce dernier en pièces, sous les yeux de son
fils, adjura le jeune garçon de se rétracter et, devant son
refus formel, l'étrangla avec une corde. Trois ans auparavant, un jeune homme nommé Muhammad-Ridày-i
Yazdi, revenant du bain public, fut abattu d'une balle à Yazd, en rentrant
chez lui la nuit de ses noces; il fut le premier à souffrir le martyre
pendant le ministère d'Abdu'l-Baha. A Turbat-i-Haydariyyih,
à la suite de l'assassinat du shah, cinq personnes, connues
sous le titre de Shuhadày-iKhamsih (les Cinq Martyrs), furent mises
à mort. A Mashhad, un marchand bien connu Hàji Muhammad-i-Tabrizi,
fut assassiné, et son corps fut jeté au feu. Une audience fut
accordée par le nouveau souverain et son grand vizir - le réactionnaire
et amoral Mirza 'Ali-Asghar Khàn, l'atàbik-ia'zam* -
à deux fidèles, représentant la foi à Paris (1902),
mais ceux-ci n'obtinrent aucun résultat. [...] Page 287 Au contraire, une nouvelle vague de persécutions éclata quelques
années plus tard, persécutions qui, à mesure que le mouvement
constitutionnel se développait dans ce pays, devinrent encore plus
féroces, du fait que les réactionnaires portaient des accusations
sans fondement contre les baha'is, et qu'ils les dénonçaient
publiquement comme des défenseurs et des inspirateurs de la cause nationaliste. A Isfàhàn, un certain Muhammad-Javàd fut dépouillé
de ses vêtements et cruellement battu avec un fouet fait de fils métalliques
tressés, tandis qu'à Kàshàn les croyants baha'i
d'origine juive étaient mis à l'amende, battus et enchaînés,
à l'instigation du clergé musulman et des docteurs juifs. C'est
toutefois à Yazd et dans ses environs que furent commises les violences
les plus sanguinaires au cours du ministère d'Abdu'l-Baha. Dans
cette ville, Hàji Mirzay-i-Halabi-Sàz fut flagellé
si impitoyablement que sa femme se jeta sur son corps et fut, à son
tour, durement battue; après quoi, on brisa le crâne de l'homme
avec un couperet de boucher. Son fils, âgé de onze ans, fut battu
sans pitié, frappé à coups de canif et torturé
jusqu'à ce que mort s'ensuive. En une demi-journée, neuf personnes
furent tuées. Une foule d'environ six mille personnes des deux sexes
donna libre cours à sa furie sur les victimes sans défense,
quelques-unes allant jusqu'à boire leur sang. Dans certains cas, comme
pour le nommé Mirza Asadu'llah-i-Sabbàgh, ils
pillèrent leurs propriétés et se battirent pour la possession
de leurs biens. Ils firent montre d'une telle cruauté que certains
fonctionnaires du gouvernement furent bouleversés jusqu'aux larmes,
à la vue des scènes déchirantes auxquelles les femmes
de cette ville prirent manifestement une part honteuse. A Taft, plusieurs personnes furent mises à mort; quelques-unes furent
fusillées et l'on traîna leurs corps par les rues. Un jeune homme
de dix-huit ans nommé Husayn, qui venait de se convertir, fut dénoncé
par son propre père et taillé en pièces sous les yeux
de sa mère, cependant que Muhammad-Kamàl était haché
en morceaux avec un couteau, une bêche et une pioche. A Manshàd,
où les persécutions durèrent dix-neuf jours, des atrocités
semblables furent commises. Un homme de quatre-vingts ans, appelé Siyyid
Mirza, fut tué sur le coup pendant son sommeil par deux grosses
pierres lancées sur lui. Un certain Mirza Sàdiq, qui
demandait de l'eau, reçut un coup de couteau dans la poitrine, et son
bourreau lécha ensuite le sang sur la lame du couteau; dans le même
temps, on vit Shàtir-Hasan, l'une des victimes, distribuer à
ses bourreaux, avant sa mort, le sucre candi qui lui restait, et partager
entre eux ses vêtements. Une femme de soixante-cinq ans, Khadijih-Sultan.
fut jetée dans le vide, du haut du toit d'une maison; un croyant, du
nom de Mirza Muhammad fut attaché à un arbre, son corps
fut criblé de centaines de balles, puis jeté au feu; on en vit
un autre, Ustàd Ridày-i-Saffàr, en train d'embrasser
la main de son meurtrier avant d'être abattu à coups de feu et
d'avoir le corps profané. [...] Page 288 A Banàduk, à Dih-Bàlà, Faràshah,
'Abbas-Àbàd, Hanzà, Ardikàn, Dawiat-Àbàd
et Hamadàn, des crimes semblables furent commis: un cas particulièrement
horrible, c'est celui d'une femme, courageuse et forte, respectée,
du nom de Fàtimih-Bagum, qui fut entraînée odieusement
hors de sa maison; son voile fut arraché de son visage, on lui trancha
la gorge, on lui creva le ventre puis, après avoir été
frappée par la foule sauvage avec tous les instruments qui lui tombaient
sous la main, elle fut finalement suspendue à un arbre et livrée
aux flammes. A Sàri, pendant la période où l'effervescence née
à propos de la constitution allait atteindre à son comble, cinq
croyants honorablement connus, désignés plus tard sous le nom
de Shuhadày-i-Khamsih (les Cinq Martyrs) souffrirent une mort cruelle.
A Nayriz, une furieuse attaque rappelant celle de Yazd fut lancée par
l'ennemi, attaque au cours de laquelle dix-neuf personnes perdirent la vie;
parmi elles, se trouvait un aveugle de soixante-cinq ans, Mullà 'Abdu'l-Hamid,
qu'on fusilla et dont le corps subit d'odieux outrages; une quantité
considérable de propriétés furent pillées, nombre
de femmes et d'enfants durent s'enfuir pour sauver leur vie ou chercher refuge
dans les mosquées; beaucoup furent obligées de vivre dans les
ruines de leurs maisons ou de rester sans abri sur le bord des chemins. A Sirjàn, à Dùgh-Àbàd, Tabriz, Àvih,
Qum, Najaf-Àbàd, Sangsar, ShahMirzad, Isfàhàn
et Jahrum, des ennemis redoutables et sans remords, à la fois religieux
et politiques, continuèrent sous divers prétextes et même
après la signature de la constitution par le shah en 1906, et
pendant le règne de ses successeurs, Muhammad-'Ali Shah et Ahmad
Shah, à tuer, à torturer, à piller et à
maltraiter les membres d'une communauté qui refusaient avec détermination
d'abjurer leur foi ou de dévier de l'épaisseur d'un cheveu du
chemin tracé pour eux par leurs maîtres. Même pendant les
voyages d'Abdu'l-Baha en Occident et après son retour en Terre
sainte, et en fait jusqu'à la fin de sa vie, il continua à recevoir
des informations désolantes sur le martyre de ses disciples et sur
les outrages perpétrés contre eux par un insatiable ennemi.
A Dawlat-Abàd, un prince de sang royal, Habibu'llah Mirza,
converti à la foi et qui avait consacré sa vie au service de
celle-ci, fut tué à la hache et l'on brûla son corps.
A Mashhad, le savant et pieux Shaykh 'Ali-Akbar-i-Qùchàni fut
fusillé. A SultanAbàd, Mirza 'Ali-Akbar et sept
membres de sa famille, y compris un enfant de quarante jours, furent massacrés
de façon barbare. Des persécutions plus ou moins sévères
éclatèrent à Nà'in, à ShahMirzad,
Bandar-i-Jaz et Qamsar. A Kirmànshah, le martyr Mirza
Ya'qùb-i-Muttahidih, ardent converti juif de vingt-cinq ans, fut le
dernier à donner sa vie pendant le ministère d'Abdu'l-Baha;
et sa mère, suivant ses instructions, célébra ce martyre,
à Hamadàn, avec une force d'âme exemplaire. [...] Page 289 En toutes circonstances, la conduite des croyants mit en évidence
l'esprit indomptable et la ténacité à toute épreuve
qui continua à distinguer la vie et les services des fidèles
de Perse dans la foi de Baha'u'llah. En dépit de ces graves persécutions intermittentes, la foi,
qui avait éveillé en ses héros un esprit aussi rare de
sacrifice personnel, progressait régulièrement et sans bruit.
Un moment submergée et presque anéantie dans la sombre période
qui suivit le martyre du Bab, dirigée en secret pendant tout
le ministère de Baha'u'llah, elle commença, après
l'ascension de celui-ci, sous la direction infaillible et grâce à
l'inépuisable sollicitude d'un Maître sage, vigilant et aimant,
à rassembler ses forces, et à former les institutions embryonnaires
qui devaient préparer la voie à l'établissement futur
de son ordre administratif. C'est pendant cette période que le nombre
des croyants se multiplia rapidement, que son champ, qui s'étendait
maintenant à toutes les provinces de ce royaume, s'agrandit régulièrement,
et que les formes rudimentaires de ses assemblées futures prirent naissance.
C'est au cours de cette période, à une époque où
les écoles d'Etat et les collèges n'existaient pratiquement
pas dans ce pays, et où l'éducation donnée à ce
moment dans les institutions religieuses était lamentablement déficiente,
que les premières écoles baha'i furent fondées,
d'abord celle de Tarbiyat, à Tihran, pour garçons et
filles, puis les écoles Ta'yid et Mawhibat à Hamadàn,
l'école Vahdat-i-Bashar à Kàshàn et autres institutions
éducatrices semblables, à Bàrfurùsh et à
Qazvin. C'est pendant ces années-là qu'une aide concrète
et effective, à la fois spirituelle et matérielle, fut donnée
pour la première fois à la communauté baha'i de
cette nation, sous la forme d'instructeurs itinérants venant d'Europe
et d'Amérique, de nurses, d'instituteurs et de médecins, ces
professionnels constituant l'avant-garde de cette armée d'auxiliaires
qui, selon la promesse d'Abdu'l-Baha, se lèveraient en temps
voulu pour servir les intérêts de la foi, aussi bien que ceux
du pays dans lequel elle était née. C'est au cours de ces années
même que les foules abandonnèrent totalement le terme de Babi
qui désignait les disciples de Baha'u'llah en Perse et
le remplacèrent par le mot baha'i, le premier restant désormais
applicable exclusivement aux partisans de Mirza Yahya dont le
nombre diminuait rapidement. De plus, en cette période, les premières
tentatives systématiques furent faites pour organiser et stimuler la
campagne d'enseignement entreprise par les croyants persans, tentatives qui,
outre le renforcement des fondations de la communauté, servirent à
attirer à sa cause plusieurs personnalités marquantes de la
vie publique du pays, y compris certains membres éminents de l'ordre
sacerdotal shi'ah et même des descendants de quelques uns des pires
persécuteurs de la foi. C'est pendant ce ministère que la maison
du Bab, à Shiraz, - que Baha'u'llah assigna
à ses disciples comme centre de pèlerinage et qui est maintenant
reconnue comme telle - fut restaurée, sur l'ordre d'Abdu'l-Baha
et grâce à son aide, et qu'elle se révéla de plus
en plus comme un centre de vie et d'activité baha'i pour ceux
que les circonstances empêchaient de visiter, soit la demeure suprême
de Baghdad, soit le très saint tombeau d'Akka. [...] Page 290 Toutefois, l'entreprise qui, entre autres, attira le plus l'attention, ce
fut l'érection du premier Mashriqu'l-Adhkar du monde baha'i,
dans la ville d'Ishqàbàd, un centre fondé du temps de
Baha'u'llah, où les premières mesures en vue de
sa construction avaient déjà été prises de son
vivant. Commencée à peu près à la fin de la première
décennie du ministère d'Abdu'l-Baha (1902), encouragée
par lui à toutes les phases de son développement, surveillée
personnellement par le vénérable Hàji Mirza Muhammad-Taqi,
le vakilu'd-dawlih*, un cousin du Bab, qui consacra toutes ses ressources
à cet effet, et dont les restes reposent maintenant au pied du mont
Carmel, à l'ombre du tombeau de son parent bien-aimé, exécutée
selon les directives données par le Centre du covenant lui-même,
témoignage durable de la ferveur et de l'abnégation des croyants
orientaux qui étaient résolus à exécuter le commandement
de Baha'u'llah révélé dans le Kitab-i-Aqdas,
cette entreprise doit être considérée, non seulement comme
la première grande entreprise lancée sous les efforts conjugués
de ses disciples de l'âge héroïque de sa foi, mais comme
l'une des réalisations les plus brillantes et les plus durables de
l'histoire du premier siècle baha'i. L'édifice lui-même, dont la première pierre fut posée
en présence du général Kruatkin gouverneur général
du Turkistàn délégué par le tsar pour le représenter
à la cérémonie, a été minutieusement décrit
par un visiteur baha'i venu d'Occident: "Le Mashriqu'l-Adhkar
se dresse au coeur de la ville; son dôme élevé, dépassant
les arbres et le faîte des maisons, est visible à des kilomètres
de là, pour les voyageurs qui approchent de la ville. Il est au centre
d'un jardin borné par quatre rues. A chaque coin de cet enclos se dresse
un bâtiment: l'un est l'école baha'i, le second est la
maison des voyageurs où logent les pèlerins et ceux qui sont
de passage, le troisième est réservé aux gardiens tandis
que le quatrième sert d'hôpital. Neuf avenues, disposées
en étoile, partent de divers points du terrain pour aboutir au temple,
la plus large d'entre elles conduisant de la grande porte d'entrée
au portail principal du temple." "Vu en projection", ajoute-t-il, "l'édifice
se compose de trois sections, à savoir la rotonde centrale, la nef
ou péristyle qui l'entoure et les galeries qui encerclent l'édifice
tout entier. Le plan de celui-ci a la forme d'un polygone régulier
de neuf côtés. Sur l'un d'eux s'ouvre la porte monumentale d'entrée,
flanquée de tourelles élancées; c'est un portail élevé
en forme d'arcade, de la hauteur de deux étages, dont l'aspect architectural
rappelle le fameux Taj Mahal situé à Agra, dans l'Inde, connu
du monde entier, qui émerveille les voyageurs et que beaucoup considèrent
comme le plus beau temple du monde. [...] Page 291 Ainsi placée, la porte principale s'ouvre en direction de la Terre
sainte. Tout l'édifice est entouré par deux galeries superposées
donnant sur le jardin, d'où un très bel effet architectural,
harmonieusement allié à la luxuriante végétation
semi-tropicale qui couvre le jardin ... La surface intérieure des murs
de la rotonde présente cinq plans superposés différents.
D'abord, une série de neuf arches et de pilastres qui séparent
la rotonde du péristyle. Vient ensuite une structure semblable, comportant
des balustrades qui séparent la galerie du transept de la cage de la
rotonde. (Cette galerie est située au-dessus du péristyle et
l'on y accède par deux escaliers placés dans les galeries qui
se trouvent de chaque côté de l'entrée principale.) En
troisième lieu se présentent neuf fausses voûtes ornées
de sculptures ajourées, entre lesquelles sont placés des écussons
portant le très grand Nom. Au quatrième plan se placent neuf
grands vitraux cintrés, et au cinquième plan, une série
de dix-huit ouvertures en oeil-de-boeuf. Au-dessus, et reposant sur une corniche
qui surmonte ce dernier étage, s'élève la structure interne
semi-sphérique du dôme. L'intérieur est minutieusement
décoré de sculptures en relief. Toute la construction produit
une forte impression par sa masse et sa puissance." On ne saurait omettre non plus de signaler les deux écoles de garçons
et de filles fondées dans cette ville, la maison des pèlerins,
installée à proximité du temple, l'assemblée spirituelle
et ses services auxiliaires formés dans le but d'administrer les affaires
d'une communauté grandissante, ainsi que les nouveaux centres d'activité
inaugurés dans diverses villes et agglomérations de la province
du Turkistàn, toutes ces réalisations témoignant de la
vitalité dont la foi a fait preuve depuis son introduction dans ce
pays. On peut observer un développement analogue, quoique moins spectaculaire,
dans le Caucase. Après l'établissement du premier centre et
la formation d'une assemblée à Bakou, ville que les pèlerins
baha'i - qui, de plus en plus nombreux, se rendaient de Perse en Terre
sainte via la Turquie - visitaient invariablement, de nouveaux groupes commencèrent
à se former et, après s'être développés
en communautés solidement établies, coopérèrent
de manière grandissante avec leurs frères du Turkistàn
et de la Perse. En Egypte, l'accroissement régulier du nombre des adhérents
à la foi s'accompagna d'une extension générale des activités.
L'établissement de nouveaux centres, le renforcement du centre principal
établi au Caire, la conversion - due pour une part notable aux efforts
infatigables du savant Mirza Abu'l-Fadl - de plusieurs étudiants
et professeurs éminents de l'université d'Azhar, indices précurseurs
annonçant l'avènement du jour promis où, selon 'Abdu'l-Baha,
l'étendard et symbole de la foi serait [...] Page 292 implanté au coeur de ce siège séculaire du savoir islamique,
la traduction en arabe et la mise en circulation de certains des écrits
les plus importants de Baha'u'llah, révélés
en persan, ainsi que d'autres oeuvres de la littérature baha'i,
l'impression de livres, de traités et de brochures faits par des auteurs
et des lettrés baha'i, la publication d'articles dans la presse
pour défendre la foi et pour propager son message, la formation d'institutions
administratives rudimentaires dans la capitale ainsi que dans les centres
proches, l'enrichissement de la vie spirituelle de la communauté par
la conversion de croyants d'origine kurde, copte et arménienne, ces
événements peuvent être considérés comme
les premiers fruits récoltés dans un pays qui, béni par
les pas d'Abdu'l-Baha, allait jouer, dans les années à
venir, un rôle historique dans l'émancipation de la foi et qui,
en vertu de sa position unique comme centre intellectuel des mondes arabe
et islamique, doit inévitablement assumer une part notable et déterminante
de responsabilité dans l'établissement définitif de la
foi à travers l'Orient. L'expansion de l'activité baha'i dans l'Inde et en Birmanie
fut encore plus remarquable. Là, une communauté en constant
développement comprenant désormais parmi ses membres des représentants
des religions zoroastrienne, islamique, hindoue et bouddhiste ainsi que des
membres de la communauté sikh*, une telle communauté réussit
à établir ses avant-postes jusqu'à Mandalay et au village
de Daidanaw Kalazoo dans la région d'Hantawaddy, en Birmanie; dans
ce village ne résidaient pas moins de huit cents baha'is qui
possédaient en propre une école, un tribunal et un hôpital,
ainsi que des terres cultivables pour la communauté, dont les revenus
furent consacrés à servir les intérêts de la foi. En 'Iraq, où la demeure occupée par Baha'u'llah
fut entièrement restaurée et remise à neuf, et où
une communauté restreinte mais intrépide, face à une
opposition continuelle, lutta pour réglementer et administrer ses affaires,
à Constantinople où fut établi un centre baha'i,
à Tunis où furent fermement posés les fondements d'une
communauté locale, au japon, en Chine et à Honolulu où
se rendirent des professeurs baha'i qui s'y installèrent et
enseignèrent la foi, en tous ces lieux, on pouvait déceler les
signes évidents de l'influence dirigeante d'Abdu'l-Baha et les
effets tangibles de sa vigilance toujours en éveil et de ses soucis
constants. Les jeunes communautés établies en France, en Angleterre, en
Allemagne et aux Etats-Unis ne manquèrent pas non plus de recevoir,
après ses mémorables séjours en ces pays, de nouveaux
gages d'intérêt particulier et de sollicitude de sa part, quant
à leur prospérité et à leur avancement spirituel.
[...] Page 293 C'est grâce à ses instructions et à l'envoi incessant
de ses tablettes, adressées aux membres de ces communautés,
autant qu'à ses encouragements continus pour les efforts qu'ils fournissaient,
que les centres baha'i se multiplièrent de façon suivie,
que les réunions publiques s'organisèrent, que furent publiés
de nouveaux périodiques, que les traductions en anglais, français
et allemand de certains ouvrages les mieux connus de Baha'u'llah,
ainsi que des tablettes d'Abdu'l-Baha, furent imprimées et mises
en circulation, et que furent tentés les premiers essais pour arranger
les affaires et affermir l'assise de ces communautés nouvelle ment
établies. Dans l'Amérique du Nord plus spécialement, les membres d'une
communauté florissante, inspirés par les bénédictions
d'Abdu'l-Baha aussi bien que par son exemple et par les actes qu'il
accomplit au cours de sa longue visite à leur pays, donnèrent
un aperçu de l'entreprise magnifique qu'ils devaient mener à
bien plus tard. Ils achetèrent les douze dernières parcelles
de terrain qui faisaient partie de l'emplacement destiné à leur
temple futur, puis, lors des sessions de leur convention de 1920,ils choisirent
le projet d'un architecte baha'i, Louis Bourgeois, un Canadien français,
passèrent le contrat pour creuser l'excavation et faire les fondations,
et ils réussirent bientôt après à en terminer avec
les arrangements nécessaires en vue de la construction des soubassements.
Toutes ces mesures firent présager les efforts extraordinaires qui,
après l'ascension d'Abdu'l-Baha, furent couronnés par
l'érection de tout l'édifice et l'achèvement de sa décoration
extérieure. La guerre de 1914-18, annoncée à plusieurs reprises par les
sombres avertissements qu'Abdu'l-Baha donna au cours de ses voyages
en Occident et qui éclata huit mois après son retour en Terre
sainte, projeta une fois de plus l'ombre du danger sur sa vie, ombre qui devait
être la dernière à obscurcir les années de son
ministère troublé mais glorieux. L'entrée tardive des Etats-Unis d'Amérique dans ce conflit
qui ébranla le monde, la neutralité de la Perse, l'éloignement
de l'Inde et de l'Extrême Orient du théâtre des opérations
assurèrent la protection de la majorité de ses fidèles
qui, quoique pour la plupart entièrement coupés pendant un certain
nombre d'années du centre spirituel de leur foi, furent malgré
tout capables de gérer leurs affaires et de préserver les fruits
de leurs récents exploits, dans une sécurité et une liberté
relatives. En Terre sainte néanmoins, bien que le résultat de cette terrible
lutte eût été de libérer du joug turc, une fois
pour toutes, le lieu constituant le coeur et le centre de la foi - joug qui
avait soumis si longtemps son fondateur et son successeur à des restrictions
aussi tyranniques et aussi humiliantes -, de dures privations et de graves
dangers continuèrent encore à entourer et à frapper les
habitants pendant la majeure partie de ce conflit, ramenant, pour quelque
temps, les périls qui avaient menacé 'Abdu'l-Baha au
cours de ses années d'emprisonnement à 'Akka. [...] Page 294 Les privations infligées aux habitants par suite de l'incompétence
flagrante, de la négligence coupable, de l'indifférence et de
la cruauté impitoyable des autorités civiles et militaires,
bien qu'atténuées dans une large mesure grâce à
la bonté généreuse, la prévoyance, la tendre sollicitude
d'Abdu'l-Baha, furent aggravées par les rigueurs d'un sévère
blocus. Les risques d'un bombardement de Haïfa par les alliés
étaient constants et devinrent si menaçants, à un moment
donné, qu'Abdu'l-Bahadut se réfugier temporairement,
avec sa famille et les membres de la communauté locale, au village
d'Abù-Sinàn, au pied des collines situées à l'est
d'Akka. Le pacha Jamàl, commandant en chef turc, brutal, tout-puissant
et dénué de scrupules, ennemi invétéré
de la foi, avait déjà, poussé par ses soupçons
sans fondement et à l'instigation des ennemis de cette foi, cruellement
tourmenté 'Abdu'l-Baha, et il avait même fait part de
son intention de le crucifier et de raser le tombeau de Baha'u'llah.
'Abdu'l-Baha souffrait lui-même encore de la mauvaise santé
et de l'épuisement dus aux fatigues de ses voyages de trois années.
Il ressentit vivement l'interruption effective de toute communication avec
la plupart des centre baha'i du monde entier. La douleur emplit son
âme au spectacle du carnage humain déchaîné par
la négligence de l'humanité qui n'avait pas répondu aux
appels qu'il avait lancés ni tenu compte des avertissements qu'il avait
donnés. Assurément, les chagrins s'ajoutèrent l'un après
l'autre au fardeau d'épreuves et de vicissitudes que, depuis son enfance,
il avait supporté si héroïquement pour l'amour de la cause
de son père et à son service. Et pourtant, au cours de ces sombres journées, dont les ténèbres
rappelaient les adversités qu'il avait subies pendant la période
la plus dangereuse de sa détention dans la prison fortifiée
d'Akka, qu'il fût près du tombeau de son père ou
dans la maison que celui-ci avait occupée à 'Akka, ou
encore à l'ombre du sépulcre du Bab, sur le mont Carmel,
'Abdu'l-Baha fut poussé, une fois de plus, la dernière
de sa vie, à conférer à la communauté de ses fidèles
d'Amérique un témoignage éclatant de sa faveur particulière;
par la révélation des tablettes du Plan divin, il les chargea,
juste avant la fin de son ministère terrestre, d'une mission mondiale
dont toute la portée n'est pas encore dévoilée, même
à présent avec le recul d'un quart de siècle, et dont
le déroulement bien qu'encore au stade initial a, jusqu'ici, tellement
enrichi les annales tant spirituelles qu'administratives du premier siècle
baha'i. La fin de ce terrible conflit, première phase d'une convulsion titanesque
prédite depuis longtemps par Baha'u'llah, non seulement
sonna le glas de la domination turque en Terre sainte et fixa le sort de ce
despote militaire qui avait juré d'exterminer 'Abdu'l-Baha,
mais encore brisa, une fois [...] Page 295 pour toutes, les derniers espoirs que nourrissaient encore le reste des briseurs
du covenant qui, n'ayant rien appris malgré le châtiment sévère
qui les avait déjà frappés, aspiraient encore à
voir disparaître la lumière du covenant de Baha'u'llah.
Par ailleurs, cette fin du conflit amena des transformations révolutionnaires;
celles-ci, d'une part, réalisèrent les prédictions funestes
faites par Baha'u'llah dans le Kitab-i-Aqdas et, conformément
à une prophétie des Ecritures, permirent à tant d' "exilés
d'Israël', au "reste" du "troupeau", de se "rassembler" en Terre sainte,
ramenés ainsi vers " leurs bercail", derrière " leurs propres
frontières ", à l'ombre de la "Branche incomparable" à
laquelle 'Abdu'l-Baha fait allusion dans ses "Leçons de Saint-Jean-d'Acre".
Ces transformations donnèrent naissance, d'autre part, à l'institution
de la Société des Nations, précurseur de ce tribunal
mondial que, selon la prophétie de cette même "Branche incomparable",
les peuples et les nations de la terre devront nécessairement établir
de concert. Il est inutile d'insister sur les mesures énergiques prises par les
croyants anglais pour assurer la sécurité d'Abdu'l-Baha,
dès qu'ils furent au courant du grave péril qui menaçait
sa vie; inutile d'insister sur les mesures prises indépendamment par
Lord Curzon et d'autres membres du cabinet britannique, lorsqu'ils furent
informés de la situation critique à Haïfa, sur la prompte
intervention de Lord Lamington, qui écrivit immédiatement au
Foreign Office pour "faire connaître l'importance du rang d'Abdu'l-Baha",
sur la dépêche que, dès réception de cette lettre,
le secrétaire du Foreign Office, Lord Balfour, adressa au général
Allenby, lui donnant pour instructions d' "assurer protection complète
et tous égards à 'Abdu'l-Baha, à sa famille et
à ses amis", sur le câblogramme que le général
Allenby envoya à Londres, après la prise de Haïfa, demandant
aux autorités " d'annoncer au monde qu'Abdu'l-Baha était
sain et sauf", sur les ordres que ce même général donna
à l'officier supérieur commandant les opérations de Haïfa,
d'avoir à assurer la sécurité d'Abdu'l-Baha, déjouant
ainsi le projet bien arrêté du commandant en chef turc (connu
par une information reçue par l'Intelligence Service britannique) de
"crucifier 'Abdu'l-Baha et sa famille sur le mont Carmel', au cas où
l'armée turque serait obligée d'évacuer Haïfa, et
d'opérer une retraite vers le Nord. Les trois années qui s'écoulèrent entre la libération
de la Palestine par les forces britanniques et la disparition d'Abdu'l-Baha
se signalèrent par une nouvelle ascension du prestige que la foi, malgré
les persécutions auxquelles elle avait été soumise, avait
acquis à son centre mondial (Haïfa), ainsi que par un élargissement
encore accru du champ de ses efforts d'enseignement dans les diverses parties
du monde. [...] Page 296 Le danger qui, pendant non moins de soixante-cinq ans, avait menacé
la vie des fondateurs de la foi et celle du Centre du covenant était
à présent, du fait de cette guerre, écarté complètement
et à tout jamais. Le chef de la foi et les saints sépulcres
jumeaux, l'un dans la plaine d'Akka, l'autre sur les pentes du mont
Carmel, allaient désormais, pour la première fois, sous un régime
nouveau et libéral remplaçant l'administration corrompue du
passé, jouir d'une liberté sans restrictions, liberté
qui aboutit plus tard à une reconnaissance plus nette des institutions
de la cause. D'ailleurs, les autorités britanniques ne tardèrent
pas à faire l'éloge de l'action exercée par 'Abdu'l-Baha
pour alléger le fardeau de souffrances qui avait accablé les
habitants de la Terre sainte pendant les heures sombres de ce pénible
conflit. Le titre de chevalier qui, au cours d'une cérémonie
spécialement offerte en son honneur à Haïfa, à la
résidence du gouverneur britannique, et à laquelle assistèrent
des notables de diverses communautés, la visite que lui rendirent le
Général et Lady Allenby qui furent ses invités à
un déjeuner à Bahji et qu'il conduisit au tombeau de Baha'u'llah,
son entrevue, chez lui, à Haïfa, avec le roi Fayçal qui
devint peu après le souverain de l'Iraq, les différentes
visites qu'il reçut de la part de Sir Herbert Samuel (plus tard vicomte
Samuel du Carmel), avant et après sa nomination comme haut-commissaire
en Palestine, sa rencontre avec Lord Lamington qui vint également le
voir à Haïfa et son entrevue avec le gouverneur de Jérusalem,
Sir Ronald Storrs à l'époque, les témoignages nombreux
et évidents de la reconnaissance de sa position élevée
et unique de la part de toutes les communautés religieuses, qu'elles
soient musulmanes, chrétiennes ou juives, l'affluence des pèlerins
qui, d'Orient et d'Occident, arrivaient en foule en Terre sainte avec une
facilité et une sécurité relatives, dans le but de visiter
les saints tombeaux d'Akka et de Haïfa, de présenter leur
hommage à 'Abdu'l-Baha, de rendre grâces à la Providence
pour la protection accordée à la foi et à ses adhérents,
et d'exprimer leur gratitude pour l'émancipation définitive
de son chef et du centre mondial hors du joug turc, tous ces faits contribuèrent,
chacun en son genre, à rehausser le prestige que la foi de Baha'u'llah
avait acquis petit à petit et de façon continue, sous la conduite
inspirée d'Abdu'l-Baha. A mesure que le ministère d'Abdu'l-Baha approchait de son terme,
les signes se multipliaient d'un développement de la foi à l'Est
et à l'Ouest, irrésistible, aux aspects nombreux, tant par la
formation et l'affermissement de ses institutions que par l'agrandissement
du champ de ses activités et de son influence. Dans la ville d'Ishqàbàd,
la construction du Mashriqu'l-Adhkar, entreprise à l'instigation
d'Abdu'l-Baha lui-même, s'était achevée avec succès.
A Wilmette, l'excavation du temple mère d'Occident se poursuivait et
le contrat était signé pour poser les fondations de l'édifice. [...] Page 297 A Baghdad, les premières mesures étaient prises, suivant
les instructions particulières d'Abdu'l-Baha, pour renforcer
les fondations et restaurer la demeure suprême associée au souvenir
de son père. En Terre sainte, une vaste propriété, située
à l'est du sépulcre du Bab, fut achetée sur l'initiative
de la sainte mère, avec l'aide des contributions envoyées par
les baha'is d'Orient et d'Occident, propriété dans laquelle
sera construite la première école baha'i, au centre administratif
mondial de la foi. L'emplacement pour une maison destinée aux pèlerins
occidentaux fut acheté dans les environs de la résidence d'Abdu'l-Baha,
et la demeure fut construite par les croyants américains peu après
sa mort. La maison des pèlerins orientaux, construite sur le mont Carmel
par un croyant d'Ishqàbàd, peu de temps après la mise
au tombeau des restes du Bab, fut exonérée de taxes par
les autorités civiles, afin de faciliter la venue des pèlerins
(un tel privilège étant accordé pour la première
fois depuis la fondation de la foi en Terre sainte). Le docteur Auguste Forel,
savant et entomologiste réputé, fut converti à la foi
grâce à une tablette envoyée par 'Abdu'l-Baha,
l'une des plus importantes que le Maître écrivit jamais. En réponse
à une communication qui lui fut adressée par le comité
exécutif de l'Organisation centrale pour une Paix durable, 'Abdu'l-Baha
envoya à La Haye, par l'entremise d'une délégation spéciale,
une autre tablette d'une importance considérable. Un nouveau continent
s'ouvrit à la cause lorsque, en réponse à l'appel des
tablettes du Plan divin, publiées à la première convention
d'après guerre, l'héroïque homme de coeur, Hyde Dunn, déjà
âgé de soixante-deux ans, abandonna promptement sa demeure, en
Californie, et aidé par sa femme qui l'accompagnait, s'installa comme
pionnier en Australie où il réussit à transmettre le
message à non moins de sept cents villes, dans tout ce Commonvvealth.
Un nouvel épisode commença lorsque, répondant rapidement
à ces mêmes tablettes et à leurs appels, cette servante-étoile
de Baha'u'llah, l'indomptable et immortelle Martha Root, appelée
par son Maître "Messagère du royaume" et "Annonciatrice du covenant",
s'embarqua pour le premier de ses voyages historiques; ceux-ci devaient s'étendre
sur une période de vingt années, la conduisant plusieurs fois
autour du globe, et se terminèrent seulement avec sa mort, loin de
sa demeure, en pleine activité au service de la cause qu'elle aimait
tant. Ces événements marquent l'étape finale d'un ministère
qui consacra le triomphe de l'âge héroïque de la dispensation
baha'i, et qui passera dans l'histoire pour l'une des périodes
les plus glorieuses et les plus fécondes du premier siècle baha'i.
CHAPITRE XX: Développement et expansion de la foi en Orient
et en Occident