DIEU PASSE PRES DE NOUS
Shoghi Effendi
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4ième Période: Début de l'âge de formation de la foi, 1921-1944
[...] Page 311 A la disparition d'Abdu'l-Baha, le premier siècle de l'ère
baha'i, dont le début coïncidait avec la naissance de celui-ci,
avait parcouru plus des trois quarts de son cours. Soixante-dix-sept ans auparavant,
la lumière de la foi proclamée par le Bab avait paru au-dessus
de l'horizon de Shiraz, et elle avait flamboyé à travers
le ciel de la Perse, dissipant les ténèbres ancestrales qui avaient
enveloppé son peuple. Un bain de sang d'une férocité exceptionnelle
que le gouvernement, le clergé et le peuple, sans souci de la signification
de cette lumière et aveuglés par sa splendeur, avaient répandu
de concert, avait failli éteindre le rayonnement de sa gloire sur sa
terre natale. A l'heure la plus sombre des destinées de cette foi, Baha'u'llah,
alors emprisonné à Tihran, avait été appelé
à lui rendre sa vigueur et chargé de la conduire vers son ultime
objectif. A Baghdad, à la fin du délai de dix ans qui s'était
écoulé entre la première annonce qu'il reçut et
la déclaration de sa mission, il avait dévoilé le mystère
caché dans la foi embryonnaire du Bab et mis à jour le
fruit qu'elle avait produit. A Andrinople, le message de Baha'u'llah,
promis par la dispensation babi et par toutes les dispensations antérieures,
avait été proclamé devant l'humanité, et son défi
lancé aux gouvernants de la terre dans les deux hémisphères.
Derrière les murs de la prison fortifiée d'Akka, le messager,
porteur de la nouvelle révélation de Dieu, avait prescrit les
lois et formulé les principes qui devaient constituer la chaîne
et la trame de son ordre mondial. Il avait aussi, avant son ascension, institué
le covenant qui allait aider et diriger la fondation de cet ordre et maintenir
l'unité de ses artisans. Armé de ce puissant et inestimable instrument,
Abdu'l-Baha, le fils aîné de Baha'u'llah,
Centre de son covenant, avait planté l'étendard de la foi de son
père dans le nord de l'Amérique et établi une base imprenable
pour ses institutions en Europe occidentale, en Extrême-Orient et en Australie.
Dans ses ouvrages, ses tablettes et ses discours, il avait clarifié ses
principes, interprété ses lois, développé sa doctrine
et créé les institutions rudimentaires de son futur ordre administratif.
En Russie, il avait fait construire la première maison d'adoration, et
sur les pentes du mont Carmel, il avait fait bâtir un mausolée
convenable pour le précurseur de la foi et, de ses propres mains, y avait
déposé sa dépouille mortelle. [...] Page 314 Au cours de ses visites à plusieurs villes de l'Europe et de l'Amérique
du Nord, il avait partout fait connaître le message de Baha'u'llah
aux peuples d'Occident, et élevé le prestige de la cause de Dieu
à un niveau jamais atteint auparavant. Et en dernier lieu, au soir de
sa vie, il avait, par la révélation des tablettes du Plan divin,
donné son mandat à la communauté qu'il avait lui-même
soulevée, éduquée et entraînée, Plan divin
qui doit, dans les années à venir, permettre à ses membres
de répandre la lumière et d'édifier la structure administrative
de la foi à travers les cinq continents du globe. Pour cet immortel, ce vivifiant Esprit du monde, né à Shiraz
et ranimé à Tihran, Esprit qui s'était enflammé
d'ardeur à Baghdad et à Andrinople, qui avait été
communiqué à l'Occident et illuminait maintenant les confins de
cinq continents, le moment était maintenant venu de s'incarner dans les
institutions destinées à canaliser ses énergies en expansion
et à stimuler sa croissance. L'âge qui avait été
témoin de la naissance et de l'ascension de la foi était maintenant
terminé. L'âge héroïque et apostolique de la dispensation
de Baha'u'llah, période primitive pendant laquelle ses
fondateurs avaient vécu, où cette dispensation avait été
engendrée, où ses plus grands héros avaient lutté
et bu la coupe du martyre et où ses fondations premières avaient
été posées - période dont les splendeurs rie pourront
jamais être éclipsées par les victoires de l'âge présent
ni celles d'un âge futur quelconque, si éclatantes soient-elles
-, un tel âge avait pris fin avec le décès de celui dont
la mission peut être considérée comme le lien entre l'âge
où la graine du message nouveau avait subi une période d'incubation
et les âges destinés à voir s'épanouir ses fleurs
et mûrir ses fruits ultimes. La période de formation, l'âge de fer de cette dispensation, commençait
maintenant. En cet âge, les institutions locales, nationales et internationales
de la foi de Baha'u'llah allaient prendre forme; elles allaient
se développer et s'affermir pleinement, en attendant le troisième
et dernier âge, l'âge d'or, destiné à voir paraître
un ordre englobant le monde entier et renfermant le fruit définitif de
la dernière révélation de Dieu à l'humanité,
fruit dont la maturité doit signaler l'établissement d'une civilisation
mondiale et l'inauguration positive du royaume du Père sur la terre,
comme Jésus-Christ l'a promis. Pendant sa détention dans la montagne fortifiée de l'Adhirbàyjàn,
le Bab lui-même avait, dans son Bayan persan, livre mère
de la dispensation babi, fait une allusion explicite à cet ordre
mondial. Il avait annoncé son avènement et l'avait associé
au nom de Baha'u'llah dont il avait prédit la mission.
Dans la remarquable déclaration qu'il fait, au seizième chapitre
de la troisième vàhid, le Bab écrit: "Bienheureux
celui qui fixe son regard sur l'ordre de Baha'u'llah et qui rend grâces
à son Seigneur! Car celui-ci sera certainement manifesté!... [...] Page 315 "De ce même ordre, Baha'u'llah qui, à une époque
ultérieure, révéla les lois et principes destinés
à présider au fonctionnement de cet ordre, avait ainsi parlé
dans le Kitab-i-Aqdas, le livre mère de sa dispensation: "L'équilibre
du monde a été détruit sous la poussée frémissante
due à cet ordre sublime. L'ordre établi dans la vie humaine a
été bouleversé sous l'action de cet ordre unique et merveilleux
que les yeux des mortels n'ont jamais contemplé. 'Abdu'l-Baha,
son grand architecte, en a défini les caractéristiques dans son
testament cependant que, après lui, les fondations de ses institutions
rudimentaires sont en train d'être posées par ses disciples de
l'Est et de l'Ouest, au cours du présent âge de formation de la
dispensation baha'i. Les vingt-trois dernières années du premier siècle baha'i
peuvent donc être considérées comme la phase initiale de
la période de formation de la foi, comme un âge de transition qui
correspond à la naissance et à l'établissement de l'ordre
administratif selon lequel les institutions de la future communauté mondiale
baha'i doivent être, en dernier ressort, obligatoirement instaurées
dans l'âge d'or, âge où doit se réaliser l'objectif
final de la dispensation baha'i. La charte qui l'a appelé à
l'existence, qui a défini les caractéristiques et mis en marche
le processus de cet ordre administratif n'est autre que le Testament d'Abdu'l-Baha,
son plus grand legs fait à la postérité moyen le plus puissant la plus brillante conception de son esprit, et le qu'il élabora pour
assurer la continuité des trois âges qui font partie de la dispensation
de son père. Le covenant de Baha'u'llah avait été institué
par un acte pur et simple de sa volonté, et dans un but défini.
Le Testament d'Abdu'l-Baha, lui, peut être considéré
comme le fruit de l'union mystique entre celui qui avait amené à
l'existence les forces d'une foi venue de Dieu et celui qui avait été
désigné comme son unique interprète et reconnu comme son
parfait modèle. Les énergies créatrices mises en liberté
par le promoteur de la loi de Dieu en cet âge, en agissant sur l'esprit
de celui qui avait été choisi comme son interprète infaillible,
firent naître cet instrument,' dont la génération actuelle,
même au bout de vingt-trois ans,' est encore incapable de saisir complètement
les immenses implications. Si nous le jugeons d'une façon correcte, cet
instrument ne peut pas plus être séparé de celui qui donna
l'impulsion motivée en vue de sa création que de celui qui l'a
directement conçu. Le but de l'auteur de la révélation
baha'i avait été, comme on l'a déjà fait
remarquer, si parfaitement implanté dans le cerveau d'Abdu'l-Baha,
l'esprit de Baha'u'llah avait si profondément imprégné
tout son être, leurs mobiles et leurs objectifs à tous deux S'étaient
mêlés si étroitement que, dissocier la doctrine laissée
par le premier de l'acte suprême se rattachant à la mission du
second équivaudrait presque à rejeter l'une des vérités
les plus fondamentales de la foi. C'est-à-dire le testament d'Abdu'l-Baha. En 1944. [...] Page 316 Il faut noter que l'ordre administratif établi d'après ce document
historique est, en vertu de son origine et de son caractère, unique dans
les annales des organisations religieuses du monde. On peut affirmer avec confiance
que nul prophète avant Baha'u'llah, pas même Muhammad,
dont le livre fixe clairement les lois et ordonnances de la dispensation islamique,
n'a établi, avec autorité et par écrit, quoi que ce soit
de comparable à l'ordre administratif que l'interprète autorisé
des enseignements de Baha'u'llah a institué, ordre qui,
en vertu des règlements administratifs formulés par son auteur,
des institutions qu'il a mises sur pied et du droit d'interprétation
dont il a investi son Gardien, doit assurer et assurera, comparativement aux
religions antérieures, une protection sans égale à la foi
qui l'a engendré. Le principe qui commande à son fonctionnement
ne ressemble pas davantage à celui qui est à la base de n'importe
lequel des systèmes théocratique ou autres imaginés par
l'esprit de l'homme pour gouverner la société humaine. Ni en théorie
ni en pratique, on ne peut dire que l'ordre administratif de la foi de Baha'u'llah
soit conforme à un type quelconque de gouvernement démocratique,
à un système autocratique, à un ordre purement aristocratique,
ou à l'une des diverses théocraties juive, chrétienne ou
islamique observées dans le passé. Sa structure comprend certains
éléments qu'on peut trouver dans chacune des trois formes reconnues
de gouvernement séculier. Il est exempt des défauts de nature
propres à chacune d'elles et unit les vérités salutaires
qu'elles contiennent toutes, sans aucun doute, sans altérer en quoi que
ce soit l'intégrité des vérités divines sur lesquelles
il est essentiellement fondé. L'autorité héréditaire
que le Gardien de l'ordre administratif est appelé à exercer,
et le droit d'interpréter les Ecritures saintes dévolu à
lui seul, les pouvoirs et prérogatives de la Maison Universelle de justice
qui possède le droit exclusif de légiférer sur les questions
non exposées de façon explicite dans le très saint Livre,
l'ordonnance dégageant ses membres de toute responsabilité envers
ceux qu'ils représentent ainsi que de l'obligation de se conformer à
leurs vues, à leurs convictions ou à leurs sentiments, les clauses
spéciales exigeant des élections libres et démocratiques
de la part de la masse des fidèles du corps électoral qui constitue
le seul organisme législatif de la communauté mondiale des baha'is,
ces quelques caractères concourent à distinguer l'ordre inséparablement
lié à la révélation de Baha'u'llah
des autres systèmes de gouvernement humain, quels qu'ils soient. D'ailleurs, les ennemis intérieurs et extérieurs de la foi qui,
en Orient et en Occident, dénaturèrent son caractère, le
dénigrèrent et le tournèrent en ridicule, qui s'efforcèrent
d'arrêter sa progression ou tentèrent de créer une brèche
dans les rangs de ses défenseurs ne réussirent pas, lors de la
naissance de cet ordre administratif ni dans le cours de ses vingt-trois années
d'existence, à réaliser leurs mauvais desseins. [...] Page 317 Les vigoureux efforts d'un Arménien ambitieux qui, pendant les premières
années de son installation en Egypte, essaya de supplanter cet ordre
par la "Société Scientifique" que, dans son étroitesse
d'esprit, il avait conçue et qu'il patronnait, échouèrent
complètement. L'agitation provoquée par une femme induite en erreur
qui, aux Etats-Unis et en Angleterre, s'efforça avec diligence de démontrer
la non-authenticité de la charte d'où venait cet ordre, et même
d'amener les autorités civiles de Palestine à prendre des mesures
légales en cette affaire - demande qui, à son grand dépit,
fut sèchement refusée -, autant que la défection de l'un
des premiers pionniers et fondateurs de la foi en Allemagne, si tragiquement
égaré par cette même femme, ne produisirent pas le moindre
effet. Les ouvrages qu'un apostat impudent composa et fit circuler en Perse
pendant cette même période, dans ses efforts cyniques visant, non
seulement à disloquer cet ordre administratif, mais encore à saper
la foi même qui l'avait engendré, échouèrent également.
Les combinaisons imaginées par le reste des briseurs du covenant qui,
dès que les buts et les visées d'Abdu'l-Baha furent connus
par son testament, se levèrent, Mirza Badi'u'llàh en tête,
pour arracher la garde du tombeau baha'i le plus saint dans le monde
à son gardien légal furent aussi réduites à néant
et ne firent que jeter sur eux un nouveau discrédit. Les attaques que
lancèrent plus tard certains représentants de l'orthodoxie chrétienne,
en pays chrétiens et non chrétiens, dans le dessein de renverser
les fondations et de déformer les caractères de ce même
ordre, furent impuissantes à affaiblir la loyauté de ses défenseurs
ou à les détourner de leur noble objectif. Même les machinations
infâmes et insidieuses d'un ancien secrétaire d'Abdu'l-Baha
qui, non averti par le châtiment du secrétaire de Baha'u'llah
ni par le sort qui frappa plusieurs autres secrétaires et interprètes
de son Maître, tant en Orient qu'en Occident, se dressa, et continue toujours
ses efforts pour dénaturer le but et annuler les clauses essentielles
de l'immortel document d'où cet ordre tire son autorité, même
ces machinations-là ne furent pas capables d'arrêter, fût-ce
momentanément, la progression de ses institutions dans la voie tracée
par son auteur, ni de créer quoi que ce soit qui puisse, même de
très loin, ressembler à une brèche dans les rangs de ses
vaillants défenseurs, avertis et résolus. [...] Page 318 Le document établissant cet ordre administratif, charte d'une future
civilisation mondiale qu'on peut considérer, par certains côtés,
comme le supplément d'un livre de l'importance du Kitab-i-Aqdas,
est signé par Abdu'l-Baha, revêtu de son cachet, et entièrement
écrit de sa main. La première partie, rédigée pendant
l'une des périodes les plus sombres de sa détention dans la prison
fortifiée d'Akka, proclame catégoriquement et sans équivoque,
les croyances fondamentales des fidèles de la foi de Baha'u'llah,
révèle, en un langage clair, le double caractère de la
mission du Bab, dévoile entièrement la position de l'auteur
de la révélation baha'i, affirme que "tous les autres sont
ses serviteurs et obéissent à son commandement", souligne l'importance
du Kitab-i-Aqdas, établit l'institution du Gardiennat comme une
charge héréditaire et délimite ses fonctions essentielles,
prévoit les mesures concernant l'élection de la Maison internationale
de justice, montre la portée de celle-ci et définit ses relations
avec cette institution (le Gardiennat), détermine quelles sont les obligations
des Mains de la cause de Dieu et appuie sur leurs responsabilités, et
célèbre les vertus de l'indestructible covenant établi
par Baha'u'llah. Par ailleurs, cet écrit loue le courage
et la constance des défenseurs du covenant de Baha'u'llah,
parle longuement des souffrances endurées par son Centre choisi, rappelle
la conduite infâme de Mirza Yahya et son refus de tenir
compte des avertissements du Bab, expose, dans une suite d'accusations,
la perfidie et la rébellion de Mirza Muhammad-'Ali, avec la complicité
de son fils Shu'à'u'llah et de son frère Mirza Badi'u'Llah,
confirme leur excommunication et prédit l'échec de tous leurs
espoirs; il invite les afghàns (parents du Bab), les Mains de
la cause de Dieu et la totalité des fidèles de Baha'u'llah
à se lever d'un commun accord pour propager sa foi, se disperser de tous
côtés, travailler sans trêve, et suivre l'exemple héroïque
des apôtres de Jésus-Christ; il les met en garde contre les dangers
de s'associer avec les briseurs du covenant, leur commande de protéger
la cause contre les assauts des personnes hypocrites et sans sincérité,
leur conseille de prouver, par leur conduite, le caractère universel
de la foi qu'ils ont embrassée et de défendre ses nobles principes
' Dans ce même document, l'auteur révèle la signification
et le but du Huqùqu'llah (droit de Dieu), déjà institué
dans le Kitab-i-Aqdas, enjoint soumission et fidélité envers
tous les monarques qui sont justes, exprime son ardent désir du martyre
et formule des prières tant pour le repentir de ses ennemis que pour
leur pardon. Obéissant aux appels lancés par l'auteur d'un document d'une
telle importance, conscients de leur haute vocation, galvanisés par le
choc dû à la disparition soudaine et inattendue d'Abdu'l-Baha,
guidés par le plan que lui, l'architecte de l'ordre administratif, leur
avait confié, imperturbables devant les attaques lancées contre
cet ordre par des traîtres et des ennemis - irrités de voir sa
vigueur croissante, et aveugles à sa signification sans pareille -, les
membres des communautés baha'i largement dispersées à
travers l'Est et l'Ouest se mirent à l'oeuvre en toute lucidité;
avec une détermination inflexible, ils ouvrirent la période de
formation de leur foi en jetant les bases de ce système administratif
d'envergure mondiale, destiné à évoluer en un ordre mondial,
ordre que la postérité doit accueillir comme la promesse et la
gloire suprême de toutes les dispensations du passé. [...] Page 319 Non contents d'édifier et d'affermir la structure administrative prévue
pour préserver l'unité et diriger de manière efficace les
affaires d'une communauté en développement constant, les adhérents
à la foi de Baha'u'llah résolurent, dans le cours
des vingt années qui suivirent le décès d'Abdu'l-Baha,
de soutenir et de démontrer par leurs actes le caractère d'indépendance
de cette foi, d'étendre davantage encore le champ de son influence et
d'augmenter le nombre de ses croyants déclarés. Dans cet effort à triple fin visant le monde entier, il faut noter que
le rôle joué par la communauté baha'i américaine,
depuis la disparition d'Abdu'l-Baha jusqu'à la fin du premier
siècle baha'i, lui permit de donner une impulsion inouïe
au développement de la foi à travers le monde, de répondre
à la confiance qu'Abdu'l-Baha lui-même avait envers ses
membres, et de justifier les hautes louanges qu'il leur décerna ainsi
que les espoirs qu'il fondait en leur avenir. Certes, l'influence de ces membres,
dans la genèse et le renforcement des institutions administratives baha'i,
a été si prépondérante que leur pays mérite
d'être reconnu comme le berceau de l'ordre administratif envisagé
par Baha'u'llah et appelé à l'existence par la volonté
du Centre de son covenant. A ce sujet, on devrait garder présent à l'esprit que les mesures
préliminaires ayant pour but la divulgation de la portée et du
fonctionnement de cet ordre administratif, qui allait maintenant être
officiellement établi, avaient déjà été prises
par Abdu'l-Baha avant son décès, et même par Baha'u'llah
au cours des années qui précédèrent son ascension.
La nomination, par Baha'u'llah, de "Mains de la cause", choisies
parmi des croyants éminents de Perse, la création, grâce
à Abdu'l-Baha, d'assemblées locales et de conseils de consultation
dans les principaux centres baha'i des deux mondes, la formation, aux
Etats-Unis, de la Société du temple baha'i, la constitution
de fonds locaux permettant de promouvoir les activités baha'i,
l'achat de propriétés consacrées au service de la foi et
de ses futures institutions, la fondation de sociétés d'édition
pour faire connaître partout la littérature baha'i, la construction
du premier Mashriqu'l-Adhkar du monde, l'érection du mausolée
du Bab sur le mont Carmel, l'installation de pensions pour loger les
professeurs itinérants et les pèlerins, tous ces événements
peuvent être considérés comme les Précurseurs des
institutions qui, dès la fin de l'âge héroïque de la
foi, devaient être établies systématiquement et d'une manière
permanente à travers le monde baha'i. Les stipulations de cette charte divine définissant les caractéristiques
de l'ordre administratif de la foi de Baha'u'llah étaient
à peine connues de ses disciples que, sur les fondements laissés,
au prix de leur vie, par les héros, les saints et les martyrs de la foi,
ils s'attaquèrent à la première phase d'édification
de la charpente des institutions administratives. [...] Page 320 Sentant la nécessité de construire, en premier lieu, une base
large et solide sur laquelle les piliers de cette puissante structure puissent
s'élever ensuite, pleinement avertis du fait que, sur ces piliers une
fois fermement établis, le dôme, dernier élément
couronnant tout l'édifice, doit reposer en définitive, nullement
ralentis dans leur élan par la crise suscitée en Terre sainte
par les briseurs du covenant ni par l'agitation provoquée en Egypte par
les fauteurs de troubles, ni par lés perturbations dues à la saisie,
par la communauté shi'ah, de la demeure de Baha'u'llah
à Baghdad, pas plus que par les dangers croissants rencontrés
par la foi en Russie ou par le mépris et le ridicule jetés sur
les premières activités de la communauté baha'i
américaine par certains milieux - qui ne comprenaient absolument rien
à leur but -, les pionniers bâtisseurs de cet ordre divinement
conçu entreprirent, en parfait accord et malgré leur grande diversité
de conceptions, coutumes et langages, la double tâche de créer
et de consolider leurs conseils locaux, élus par tous les croyants et
destinés à diriger, coordonner et élargir les activités
des fidèles d'une foi largement répandue. En Perse, aux Etats-Unis
d'Amérique, dans le Dominion du Canada, dans les Iles Britanniques, en
France, en Allemagne, en Autriche, aux Indes, en Birmanie, en Egypte, en 'Iraq,
dans le Turkistàn russe et le Caucase, en Australie, Nouvelle-Zélande,
Afrique du Sud, Turquie, Syrie, Palestine, Bulgarie, au Mexique, aux Iles Philippines,
à la Jamaïque, à Costa Rica, au Guatémala, au Honduras,
à San Salvador, en Argentine, dans l'Uruguay, au Chili, au Brésil,
en Equateur, en Colombie, au Paraguay, au Pérou, dans l'Alaska, à
Cuba, à Haïti, au japon, aux îles Hawaï, en Tunisie,
à Porto-Rico, dans le Balùchistàn* ' en Russie, en Transjordanie,
au Liban et en Abyssinie, de tels conseils, constituant la base de l'ordre naissant
d'une foi longtemps persécutée, furent graduellement établis
et désignés sous le nom d' "assemblées spirituelles"- appellation
qui doit être remplacée, dans la suite des temps, par leur titre
permanent et plus descriptif de "maisons de justice" que leur donna l'auteur
de la révélation baha'i. Instituées, sans exception,
dans chaque ville et village ou résident neuf ou plus de neuf croyants
adultes, directement élues chaque année, le premier jour de la
plus grande fête baha'i, par tous les croyants, hommes et femmes,
revêtues d'une autorité qui les dispense de rendre compte de leurs
actes et décisions aux électeurs, solennellement engagées
à suivre en toutes circonstances les règles conformes à
la "Plus grande justice" qui, seule, peut amener le règne de la "paix
suprême" que Baha'u'llah proclama et qu'il doit établir
finalement, chargées de la responsabilité de servir au mieux les
intérêts des communautés placées sous leur juridiction,
de familiariser celles-ci avec leurs plans et leurs activités, et de
les inviter à proposer toutes les suggestions désirées,
instruites sur leur tâche non moins essentielle d'avoir à démontrer,
en fréquentant tous les mouvements libéraux et humanitaires, que
leur foi est universelle et compréhensive, s'abstenant de toute association
avec les groupements sectaires, aussi bien séculiers que religieux, aidées
de comités nommés tous les ans, directement responsables devant
elles et chargés chacun d'étudier et de décider effectivement
sur un point déterminé du travail baha'i, soutenues financièrement
par les fonds locaux auxquels tous les croyants contribuent volontairement,
ces assemblées représentantes et gardiennes de la foi de Baha'u'llah,
se montant actuellement à plusieurs centaines' et dont les membres sont
originaires de diverses races, croyances et classes formant la communauté
mondiale baha'i, ces assemblées ont, par leurs exploits accomplis
en ces vingt dernières années, largement acquis le droit d'être
considérées comme l'armature principale de la société
baha'i autant que les institutions fonda mentales de sa structure administrative. [...] Page 321 "Le Seigneur a ordonné", déclare Baha'u'llah avec
autorité dans son Kitab-i-Aqdas, "qu'en chaque ville, une maison
de justice soit instituée, dans laquelle se réuniront des conseillers
au nombre de baha (neuf), et si ce nombre est dépassé,
peu importe. Il incombe à ceux-ci d'être dignes de la confiance
du Miséricordieux entre tous les hommes, et de se considérer comme
les gardiens, désignés par Dieu, de tout ce qui existe sur la
terre. Il est de leur devoir de se consulter mutuellement, de prendre soin des
intérêts des serviteurs de Dieu, en son Nom, comme si C'étaient
leurs propres intérêts, et de décider ce qui est convenable
et bienséant. "Ces assemblées spirituelles", affirme Abdu'l-Baha
dans une tablette adressée à un croyant américain, "sont
aidées par l'esprit de Dieu. Leur défenseur est Abdu'l-Baha.
Sur elles, il étend sa protection. Est-il générosité
plus grande?" "Ces assemblées spirituelles", déclare-t-il dans
cette même tablette, "sont des lampes qui brillent, de célestes
jardins d'où s'exhalent les parfums de sainteté sur toutes les
régions, et d'où les lumières de la connaissance sont abondamment
déversées sur toutes les choses créées. D'elles,
l'esprit de vie s'écoule dans toutes les directions. Elles sont vraiment
les puissantes sources du progrès pour l'homme, en tous temps et dans
toutes les conditions. "Etablissant en toute certitude leur autorité
donnée par Dieu, il écrit: "Il est du devoir de chacun de ne rien
entreprendre sans consulter l'assemblée spirituelle, et tout le monde
doit assurément obéir de tout son coeur à ses commandements
et lui être soumis, afin que les affaires puissent être arrangées
et réglées de façon convenable et satisfaisante. "Si, après
discussion," écrit-il encore, "une décision est prise à
l'unanimité, c'est parfait; mais si, à Dieu ne plaise, des différences
d'opinion s'élevaient, la majorité des voix devrait Prévaloir." Après avoir établi la structure de leurs assemblées locales
- base de l'édifice que l'architecte de l'ordre administratif de la foi
de Baha'u'llah les avait chargés d'édifier -, ses
disciples se lancèrent sans hésiter, des deux côtés
du monde, dans la phase suivante et plus difficile de leur entreprise. Dans
les pays où les communautés baha'i locales étaient
assez fortes et en nombre suffisant, des mesures furent prises en vue de la
création d'assemblées nationales, pivots autour desquels doivent
tourner toutes les affaires d'ordre national. [...] Page 322 Désignées par Abdu'l-Baha, dans son testament, comme les
"maisons secondaires de justice", elles constituent les corps électoraux
servant à former la maison supranationale de justice, et elles ont le
pouvoir de diriger, unifier, coordonner et stimuler les activités individuelles
ainsi que celles des assemblées locales sous leur juridiction. Prenant
largement appui sur les communautés locales organisées - celles-ci
étant elles-mêmes les piliers soutenant l'institution qu'il faut
considérer comme l'objectif suprême de l'ordre administratif baha'i
-, ces assemblées sont élues, selon le principe de la représentation
proportionnelle, par les délégués des communautés
locales baha'i, rassemblés en convention pendant la période
de la fête du Ridvan; elles possèdent l'autorité
nécessaire qui leur permet d'assurer le développement harmonieux
et efficace des activités baha'i dans leurs sphères respectives,
et sont dégagées de toute responsabilité directe vis-à-vis
de leurs électeurs quant à leur mode d'action et à leurs
décisions. Elles ont pour devoir sacré de consulter les délégués
sur leurs opinions, d'encourager leurs suggestions, d'obtenir leur confiance
et leur coopération, et de les mettre au courant de leurs plans, de leurs
problèmes et de leurs actes; leurs ressources financières proviennent
du fonds national auquel les croyants de toutes catégories sont exhortés
à contribuer. Instituées aux Etats-Unis d'Amérique (1925)
(l'Assemblée nationale remplaçant, dans ce pays l'institution
de la Société du temple baha'i qui fut formée sous
le ministère d'Abdu'l-Baha, aux Iles Britanniques (1923), en Allemagne
(1923), en Egypte (1924), en 'Iraq (1931), aux Indes (1923), en Perse
(1934) et en Australie (1934), elles sont réélues chaque année
par des délégués dont le nombre a été fixé,
selon les besoins nationaux, à 9, 19, 95 Ou 171 (9 fois 19). Ces organismes
nationaux ont marqué, par leur apparition, la naissance d'une nouvelle
époque dans l'âge de formation de la foi, et indiqué une
nouvelle phase dans l'évolution, l'unification et la consolidation d'une
communauté en continuelle expansion. Aidées des comités
nationaux responsables devant elles, qu'elles choisissent sans aucune discrimination
dans l'ensemble des croyants relevant de leur juridiction, et qu'elles chargent
chacun d'une tâche particulière dans le service de la foi, ces
assemblées nationales baha'i, au fur et à mesure de leurs
activités, se sont révélées, par l'esprit de discipline
qu'elles inculquaient et par leur attachement absolu aux principes qui leur
ont permis de s'élever au-dessus de tous les préjugés de
race, de nationalité, de classe et de couleur, capables de conduire de
façon remarquable le nombre croissant d'activités d'une foi récemment
affermie. [...] Page 323 Les comités nationaux eux-mêmes ne furent pas moins énergiques
ni moins dévoués en s'acquittant de leurs fonctions respectives.
Soit qu'ils défendent les intérêts vitaux de la foi, exposent
sa doctrine, disséminent sa littérature, consolident ses finances,
organisent le travail d'enseignement, recherchent la cohésion de ses
éléments constituants, achètent ses sites historiques,
mettent ses archives sacrées, ses trésors et ses reliques en sûreté',
soit dans leurs rapports avec les diverses institutions de la société
dont ils font partie, soit encore en enseignant la jeunesse, en éduquant
les enfants et en améliorant le statut des croyantes en Orient, les membres
de ces différents services, agissant sous l'égide des représentants
nationaux élus de la communauté baha'i, ont largement démontré
qu'ils étaient capables de servir efficacement ses nombreux intérêts
vitaux. La seule énumération des comités nationaux qui,
créés pour la plupart en Occident et fonctionnant avec une efficacité
exemplaire aux Etats-Unis et au Canada, poursuivent maintenant leurs activités
avec une énergie et une unité de vues qui contrastent de manière
frappante avec les institutions caduques d'une civilisation moribonde, suffirait
à révéler la portée de ces organismes auxiliaires
qu'un ordre administratif en évolution, encore au second stade de son
développement, a mis en route: les comités d'Enseignement nationaux
et régionaux, le Comité interaméricain, les comités
de Publication, de l'Unité raciale, de la jeunesse, les comités
de Révision, d'Entretien du temple, des Programmes pour le temple, des
Guides du temple, du Bibliothécaire et des Ventes dans le temple, les
comités de Classes pour filles et garçons, pour l'Education des
enfants, l'Avancement des femmes, l'Enseignement, les Programmes, les Questions
juridiques, les comités des Archives et de l'Histoire, du Recensement,
des Expositions baha'i, du Bulletin baha'i, du Service de presse
baha'i, des Transcriptions en braille, des Contacts, des Services religieux
(Réunions des Dix-neuf jours, etc), de la Rédaction, du Classement,
de la Bibliothèque, de la Radio, de la Comptabilité, du Souvenir
annuel, de la Rédaction du Baha'i World des Plans d'étude,
de la Langue auxiliaire internationale, de l'école d'éducation
baha'i, ceux de la Revue du World Order (Revue de l'Ordre mondial) des
Relations publiques baha'i, des Ecoles baha'i, des Ecoles d'été,
de l'école internationale, des Brochures baha'i, du Cimetière
baha'i, du Haziratu'l-Quds* du Mashriqu'l-Adhkar, le comité pour
le Développement de l'assemblée, les comités d'Histoire
nationale, des Fournitures diverses, de Distribution gratuite de la littérature,
des Traductions, du Catalogue des tablettes, de l'Edition des tablettes, des
Biens, du Règlement des affaires, de la Publicité, de l'Orient
et de l'Occident, les comités de Bienfaisance, de Transcription des tablettes,
des Professeurs itinérants, de l'Education baha'i, des Lieux saints
et de la Caisse d'épargne pour enfants. [...] Page 324 La création d'assemblées locales et nationales, et à leur
suite la formation de comités locaux et nationaux agissant comme auxiliaires
des représentants élus des communautés baha'i orientales
et occidentales, si remarquable par elle-même, ne fut qu'un prélude
à une série d'entreprises dans lesquelles s'engagèrent
ces assemblées nationales formées depuis peu, et qui contribuèrent
pour une bonne part à unifier la communauté mondiale baha'i
et à fortifier son ordre administratif. Le premier acte accompli dans
ce sens fut de rédiger et d'adopter une constitution nationale baha'i.
Formée et promulguée tout d'abord en 1927 par les représentants
élus de la communauté baha'i américaine, le texte
en fut ensuite traduit en arabe, allemand et persan, et il constitue à
l'heure actuelle, avec quelques modifications nécessitées par
les conditions nationales, la charte des Assemblées Spirituelles Nationales
des Baha'is des Etats-Unis et du Canada, des Iles Britanniques, d'Allemagne,
de Perse, d'Iraq, des Indes et de Birmanie, d'Egypte et du Soudan, d'Australie
et de. Nouvelle Zélande.' Préfigurant l'énoncé de
la constitution de la future communauté mondiale baha'i, soumise
à l'examen de toutes les assemblées locales et ratifiée
par le corps tout entier des croyants déclarés dans les pays dotés
d'assemblées nationales, cette constitution nationale a été
complétée par un document similaire contenant les statuts des
assemblées locales baha'ies, rédigé d'abord par
la communauté baha'i de New York en novembre 1931 et accepté
comme modèle pour toutes les constitutions locales baha'i. Le
texte de cette constitution nationale comprend une déclaration d'association
dont les articles exposent le caractère et les objectifs de la communauté
nationale, déterminent les fonctions du corps de ses représentants
élus, indiquent l'adresse de leur siège central et décrivent
leur cachet officiel; il comprend aussi un ensemble de règlements qui
définissent les statuts, le mode d'élection, les pouvoirs et les
obligations des assemblées locales et nationales, décrivent les
relations existant entre l'assemblée nationale et la maison de justice
supranationale ainsi qu'entre les assemblées locales et les croyants
individuels, esquissent les droits et les devoirs de la convention nationale
et ses relations avec l'assemblée nationale, dévoilent le caractère
des élections baha'i et fixent les conditions requises pour jouir
du droit de vote dans toutes les communautés baha'i. L'élaboration de ces constitutions tant locales que nationales dont
les stipulations dénotent des buts et des desseins identiques, fournit
les éléments nécessaires pour déclarer légalement
ces institutions administratives, conformément aux lois civiles applicables
aux organismes religieux ou commerciaux. En donnant à ces assemblées
une position légale, cet enregistrement a grandement consolidé
leur pouvoir et enrichi leurs possibilités, et à cet égard,
cet exploit de la part de l'Assemblée Spirituelle Nationale des Baha'is
des Etats-Unis et du Canada et de l'Assemblée Spirituelle des Baha'is
de New York a été, une fois de plus, un exemple digne d'être
suivi par les assemblées identiques d'Orient et d'Occident. [...] Page 325 La constitution officielle de l'assemblée spirituelle nationale américaine
en une association volontaire, sorte de corporation de droit coutumier, lui
permettant de passer des contrats, de détenir des biens et de recevoir
des legs, en vertu d'un certificat publié en mai 1929 sous le sceau du
ministère des Affaires étrangères à Washington,
portant signature du ministre Henri L. Stimson, fut suivie par l'adoption, dans
d'autres pays, de mesures légales analogues qui amenèrent les
déclarations officielles successives de l'Assemblée Spirituelle
Nationale des Baha'is des Indes et de Birmanie en janvier 1933, à
Lahore, dans l'Etat de Punjab, en vertu des articles de la Loi d'Enregistrement
des Sociétés de i 86o, de l'Assemblée Spirituelle Nationale
des Baha'is d'Egypte et du Soudan en décembre 1934, comme l'attesta
la cour mixte du Caire, de l'Assemblée Spirituelle Nationale des Baha'is
d'Australie et de Nouvelle-Zélande en janvier 1938, par-devant le greffier
délégué au Bureau d'Enregistrement général
de l'Australie du Sud, et plus récemment, de l'Assemblée Spirituelle
Nationale des Baha'is des Iles Britanniques, en août 1939, comme
société à durée illimitée et sans bénéfice,
sous le couvert de la Loi sur les Sociétés de 1920, déclaration
certifiée par le greffier-adjoint de l'Enregistrement des sociétés,
à Londres. Parallèlement à la légalisation de ces assemblées
nationales, un nombre beaucoup plus grand d'assemblées locales baha'i
furent également enregistrées sur le modèle de l'assemblée
baha'i de Chicago, en février 1932, dans des pays fort dispersés
tels que: Etats-Unis d'Amérique, Indes, Mexique, Allemagne, Canada, Australie,
Nouvelle-Zélande, Birmanie, Costa-Rica, Balùchistàn et
Iles Hawaï. Les Assemblées Spirituelles des Baha'is d'Esslingen
en Allemagne, de Mexico au Mexique, San José à Costa-Rica, Sydney
et Adélaïde en Australie, Auckland en Nouvelle Zélande, Delhi,
Bombay, Karachi, Poona, Calcutta, Secunderabad, Bangalore, Nellore, Ahmedabah,
Serampore, Andherie et Baroda dans l'Inde, Tuetta au Balùchistàn,
Rangoon, Mandalay et Daidanow-Kalazoo en Birmanie, Montreal et Vancouver au
Canada, Honolulu dans les Iles Hawaï ainsi que Chicago, New York, Washington,
Boston, San Francisco, Philadelphie, Kenosha, Teaneck, Racine, Detroit; Cleveland,
Los Angeles, Milwaukee, Minneapolis, Cincinnati, Winnetka, Phoenix, Columbus,
Lima, Portland, Jersey City, Wilmette, Peoria, Seattle, Binghamton, Helena,
Richmond Highlands, Miami, Pasadena, Oakland, Indianapolis, Saint-Paul, Berkeley,
Urbana, Springfield et Flint aux Etats-Unis d'Amérique, toutes ces assemblées,
après avoir soumis les textes de constitutions locales baha'i,
presque identiques, aux autorités civiles de leurs provinces ou Etats
respectifs, ont peu à peu réussi à se constituer en associations
et corporations reconnues par la loi, protégées par les statuts
civils en vigueur dans leurs pays respectifs. [...] Page 326 De même que la rédaction des textes de constitutions baha'i
avait permis la formation des assemblées spirituelles baha'i,
la reconnaissance accordée par les autorités locales et nationales
aux représentants élus des communautés baha'i fournit
la possibilité de recevoir des donations baha'i nationales et
locales, fait de portée historique dû, en premier lieu, à
la communauté baha'i américaine, comme ce fut le cas pour
les actes de grande importance accomplis précédemment. Dans la
plupart des cas, en raison de leur caractère religieux, et grâce
aux allégations fournies aux autorités civiles par les organismes
baha'i constitués, ces donations furent exemptées des taxes
gouvernementales et municipales, bien que la valeur des possessions ainsi exemptées
se soit élevée, dans plus d'un pays, à une somme considérable. Aux Etats-Unis, les donations nationales faites à la foi, représentant
déjà un avoir de dix-sept cent cinquante mille dollars, et effectuées
au cours d'une série de contrats d'association passés en 1928,
1929, 1935, 1938, 1939, 1941 et 1942, par l'assemblée spirituelle nationale
de ce pays, agissant comme mandataire de la communauté baha'i
américaine, comprennent maintenant le terrain et l'édifice du
Mashriqu'l-Adhkar ainsi que le pavillon du garde à Wilmette (Illinois);
le Haziratu'l-Quds contigu (centre national baha'i) et son complément,
le bureau administratif; l'Hôtellerie, le Foyer de l'amitié, le
Hall baha'i, le Studio d'art et d'artisanat, une ferme, quelques pavillons,
plusieurs parcelles de terrain comprenant le terrain de Monsalvat, béni
par les pas d'Abdu'l-Baha, à Green Acre, dans l'Etat du Maine;
la maison Bosch, le Hall baha'i, un verger, le bocage de Redwood, un
dortoir et des ranchs à Geyserville, en Californie; la maison Wilhelm,
la cabane Evergreen, un bois de pins et sept lots avec des bâtiments à
West Englewood (New jersey), emplacement où eut lieu la mémorable
fête de l'unité donnée par Abdu'l-Baha en juin 1912
aux baha'is de la commune de New York, la maison Wilson, bénie
par la présence d'Abdu'l-Baha, et un terrain à Malden (Massachussetts);
la maison Mathews et les ranchs de la vallée des Pins, au Colorado; un
terrain à Muskegon, dans le Michigan, et une concession au cimetière
de Portsmouth (New Hampshire). D'une importance encore plus grande, et dépassant de beaucoup en valeur,
dans leur totalité, les donations nationales faites à la communauté
baha'i américaine, sont les biens que possède maintenant
la foi dans son pays d'origine, quoique leurs titres de propriété,
en raison de l'incapacité où est la communauté baha'i
persane de faire enregistrer ses assemblées nationale et locales, soient
confiés à des personnes individuelles. [...] Page 327 A la maison du Bab, à Shiraz, et à la demeure ancestrale
de Baha'u'llah, à Tàkur, dans le Mazindaran,
que possédait déjà la communauté au temps du ministère
d'Abdu'l-Baha, de vastes propriétés sont venues s'ajouter
depuis son ascension, dans les faubourgs de la capitale; situées sur
les pentes du mont Alburz qui surplombe la ville natale de Baha'u'llah,
elles comprennent une ferme, un jardin et un vignoble occupant une surface de
plus de trois millions et demi de mètres carrés, et sont réservées
à la construction future du premier Mashriqu'l-Adhkar de Perse.
D'autres acquisitions ont grandement accru l'étendue des possessions
baha'i dans ce pays et comprennent: la maison natale de Baha'u'llah
à Tihran, plusieurs constructions mitoyennes avec la maison du
Bab à Shiraz, y compris la maison que possédait son oncle
maternel, le Haziratu'l-Quds de Tihran, la boutique où le Bab
exerçait son commerce pendant les années qu'il passa à
Bùshihr, un quartier du village de - Chihriq où il fut interné,
la maison de Hàji Mirza Jàni où il séjourna
en faisant route vers Tabriz, le bain public où il avait coutume d'aller
à Shiraz et quelques maisons avoisinantes, la moitié de
la maison de Vahid à Nayriz et une partie de celle d'Hujjat à
Zanjàn, les trois jardins loués par Baha'u'llah
dans le hameau de Badasht, l'endroit où est enterré Quddùs
à Bàrfurùsh, la maison du kalàntar à Tihran,
théâtre de la réclusion de Tàhirih, le bain public
fréquenté par le Bab quand il était à Urùmiyyih,
dans l'Adhirbàyjàn, la maison de Mirza Husayn-'Aliy-i-Nùr
où la dépouille du Bab resta cachée, le Babiyyih*
et la maison de Mullà Husayn à Mashbad, la résidence du
Sultànu'sh-shuhadà (Roi des martyrs) et du Mahbubu'shshuhadà
(Bien-aimé des martyrs) à Isfàhàn ainsi qu'un nombre
considérable de terrains et de maisons, y compris des lieux de sépulture
liés aux héros et aux martyrs de la foi. Ces possessions qui,
à très peu d'exceptions près, ont été récemment
acquises en Perse, sont actuellement gardées en bon état, augmentées
chaque année, et lorsque c'est nécessaire, soigneusement restaurées,
grâce aux efforts assidus d'un comité national, spécialement
nommé, agissant sous le contrôle général et permanent
des représentants élus des croyants persans. Il ne faudrait pas non plus omettre de citer les diverses possessions nationales
qui vont se multipliant et qui furent, depuis la naissance même de l'ordre
administratif de la foi de Baha'u'llah, acquises d'une manière
régulière dans d'autres nations telles que l'Inde, la Birmanie,
les Iles Britanniques, l'Allemagne, l'Iraq, l'Egypte, l'Australie, la
Transjordanie et la Syrie. Parmi celles-ci, on peut signaler spécialement
les Haziratu'l Quds des baha'is de l'Iraq, de l'Egypte, de l'Inde
et de l'Australie, le foyer baha'i d'Esslingen, la Société
d'édition baha'i des Iles Britanniques, la maison des pèlerins
baha'i à Baghdad et les cimetières baha'i
situés dans les capitales de Perse, d'Egypte et du Turkistàn.
Que ce soit sous forme de terrains, d'écoles, de centres administratifs,
secrétariats, bibliothèques, cimetières, pensions ou sociétés
d'éditions, ces biens largement disséminés, Partie enregistrés
au nom des assemblées nationales déclarées, partie confiés
à des particuliers reconnus comme croyants, ont contribué à
l'accroissement ininterrompu des dotations nationales baha'i en ces années
récentes, ainsi qu'au renforcement de leurs fondations. [...] Page 328 D'une importance vitale, quoique moins remarquable, furent aussi les dotations
locales qui ont complété les biens nationaux de la foi et qui,
par suite de l'enregistrement des assemblées locales baha'i, ont
été garanties légalement et sauvegardées en divers
pays d'Orient et d'Occident. En Perse particulièrement, qu'il s'agisse,
de terrains, de bâtiments administratifs, d'écoles ou d'autres
institutions, ces possessions ont grandement enrichi et accru l'étendue
des biens locaux de la communauté mondiale baha'i. En même temps que la création et la déclaration légale
d'assemblées baha'i locales et nationales, et la formation de
leurs comités respectifs, la rédaction de constitutions baha'i
locales et nationales et l'établissement de dotations baha'i,
des entreprises d'une grande importance en tant qu'institutions furent inaugurées
par ces assemblées récemment formées, parmi lesquelles
celle du Haziratu'l-Quds - siège de l'assemblée nationale baha'i
et centre de toutes les activités administratives futures - doit être
considérée comme l'une des plus importantes. Née d'abord
en Perse aujourd'hui officiellement connue sous son titre officiel et distinctif
qui veut dire "le bercail sacré", marquant une avance notable de l'évolution
d'un processus dont les débuts remontent aux réunions clandestines
tenues de temps à autre, en pleine nuit et sous terre, par les fidèles
de la foi - persécutés en ce pays - cette institution, encore
dans les premières phases de son développement, a déjà
aidé pour sa part à renforcer les activités intérieures
de la communauté baha'i organisée, et a fourni une nouvelle
preuve visible de ses progrès réguliers et de sa puissance croissante.
Cette même institution, tant locale que nationale, aux fonctions complétant
celles du Mashriqu'l-Adhkar - édifice exclusivement réservé'
'à l'adoration - sera considérée de plus en plus comme
le foyer de toute l'activité administrative baha'i lorsque ses
services: secrétariat, trésorerie, archives, bibliothèque,
service des publications, salle des réunions, salle des séances
de l'assemblée, pension pour les pèlerins, seront installés
en un même lieu et fonctionneront conjointement, et elle symbolise d'une
manière appropriée l'idéal de service qui anime la communauté
en ses rapports avec la foi et avec l'humanité en général. Rassemblés chaque jour, à l'aube, dans le Mashriqu'l-Adhkar
que Baha'u'llah, dans le Kitab-i-Aqdas, affecta à
l'adoration de Dieu, les représentants des communautés baha'i
locales et nationales ainsi que les membres de leurs comités respectifs
puiseront l'inspiration nécessaire qui, au cours de leur labeur de chaque
jour dans le Haziratu'l Quds - théâtre de leurs activités
administratives -, leur permettra d'accomplir leurs devoirs et de faire face
à leurs responsabilités, ainsi qu'il appartient aux serviteurs
choisis de la foi. [...] Page 329 Déjà, aux abords du premier centre baha'i installé
sur le continent américain, sur les rives du lac Michigan et à
l'ombre du premier Mashriqu'l-Adhkar d'Occident, dans la capitale de
la Perse, berceau de la foi 1 au voisinage de la demeure suprême de Baghdad,
dans la ville d'Ishqàbàd, tout près du premier Mashriqu'l-Adhkar
du monde baha'i, dans la capitale de l'Egypte, centre dominant des mondes
arabe et islamique, à Delhi, capitale de l'Inde, et même a Sydney,
dans la lointaine Australie, des mesures initiales ont été prises
qui devront aboutir, en fin de compte, à installer dans toute leur autorité
et toute leur gloire, les centres administratifs nationaux des communautés
baha'i établies dans ces pays. Dans les Pays sus-mentionnés et dans quelques autres, des mesures préliminaires
furent également prises pour fonder cette institution, afin qu'une maison
soit achetée ou louée par la communauté locale baha'i.
En tête se placent les nombreux bâtiments administratifs que les
croyants ont réussi à acheter ou à construire en diverses provinces
de Perse, malgré les difficultés qu'ils rencontrent. Un autre élément important de développement pour l'ordre
administratif est dû au progrès remarquable, spécialement
aux Etats-Unis, de l'institution des écoles d'été destinées
à entretenir l'atmosphère d'amitié dans les milieux spécifiquement
baha'i, à assurer l'entraînement indispensable aux professeurs
baha'i, à donner l'occasion d'étudier l'histoire et les
enseignements de la foi, et à développer une meilleure compréhension
de ses relations avec d'autres religions et avec la société humaine
en général. Installées chacune dans un centre des trois grandes régions constituant
l'Amérique du Nord: à Geyserville, sur les collines de Californie
(1927), à Green Acre situé sur les rives du Piscataqua, dans l'Etat
du Maine (ig2g), et au ranch Louhelen près de Davison, dans le Michigan
(1931), complétées depuis peu par l'Ecole internationale édifiée
dans la vallée des Pins, à Colorado Springs, et destinée
à former des instructeurs baha'i désireux de servir la
foi dans d'autres pays et surtout en Amérique latine, ces trois institutions
encore rudimentaires pour éduquer les baha'is ont donné,
par un constant développement de leurs programmes, un exemple capable
de susciter une émulation dans d'autres communautés baha'i
des deux mondes. Par l'étude approfondie des Ecritures baha'i
et de l'histoire de la foi à ses débuts, par l'organisation de
cours sur les préceptes et l'histoire de l'islam, par des conférences
en vue d'encourager l'amitié entre les races, par des cours pratiques
destinés à familiariser les participants avec les méthodes
de l'ordre administratif, des sessions spéciales consacrées à
l'instruction des enfants et de la jeunesse, des enseignements sur l'art oratoire,
des conférences sur les religions comparées, des réunions
de discussion portant sur les divers aspects de la foi, par l'ouverture de bibliothèques, par des cours d'enseignement, de morale baha'i
et des cours sur l'Amérique latine, par la création de sessions
d'école d'hiver, par des discussions libres et des réunions de
prière, par divers spectacles et pièces de théâtre,
des pique-niques et autres activités récréatives, ces écoles,
ouvertes aux baha'is comme aux non-baha'is, donnèrent un
exemple si noble que d'autres communautés en furent inspirées,
en Perse, dans les Iles Britanniques, en Allemagne, Australie, Nouvelle-Zélande,
dans l'Inde, l'Iraq et l'Egypte, et qu'elles prirent les premières
dispositions leur permettant de fonder, selon le même modèle, des
institutions qui promettent de devenir les universités baha'i
de l'avenir. [...] Page 330 Parmi les autres facteurs contribuant à l'extension et à l'établissement
de l'ordre administratif, on peut mentionner les activités des organisations
de jeunes baha'is, déjà très avancées en
Perse et aux Etats-Unis d'Amérique et formées plus récemment
aux Indes, dans les Iles Britanniques, en Allemagne, 'Iraq, Egypte, Australie,
Bulgarie, aux Iles Hawaï, en Hongrie et à la Havane. Ces activités
comprennent: des rassemblements mondiaux annuels de jeunes baha'is, des
sessions de jeunes dans les écoles d'été baha'i,
des bulletins et revues pour les jeunes, un bureau pour la correspondance internationale,
des formalités simples pour l'enregistrement des jeunes gens désireux
d'accepter la foi, la publication de plans et de références pour
étudier les enseignements et pour l'organisation d'un groupe baha'i
d'étude exerçant une activité officielle dans une importante
université américaine. Ces activités comprennent également
des journées d'étude chez les particuliers et dans les centres
baha'i, des classes d'étude de l'espéranto et autres langues,
la création de bibliothèques baha'i, l'ouverture de salles
de lecture, la mise en scène de plusieurs pièces de théâtre
et autres spectacles baha'i, les séances de joutes oratoires,
l'éducation des orphelins, l'organisation de cours sur l'art oratoire,
les réunions tenues en vue de perpétuer la mémoire des
grandes figures de l'histoire baha'i, des conférences régionales
entre groupes et des sessions de jeunes, tenues à l'occasion des conventions
annuelles. D'autres éléments qui favorisent encore le développement
de cet ordre administratif et contribuent à le consolider sont: l'institution
systématique de la fête des dix-neuf jours, fonctionnant dans la
plupart des communautés baha'i d'Orient et d'Occident, et dans
laquelle ressortent les trois aspects: religieux, administratif et social de
la vie d'une communauté baha'i, le début d'une série
d'entreprises destinées à préparer le recensement des enfants
baha'i, à leur organiser des cours pratiques, leur procurer des
livres de prières et de lecture élémentaire, ainsi que
la rédaction et la publication d'un recueil de déclarations, faisant
autorité, sur le caractère non politique de la foi, sur l'affiliation
aux groupements religieux non baha'i, sur les méthodes d'enseignement,
le comportement des baha'is en temps de guerre, les pratiques établies
de la convention annuelle, de l'assemblée spirituelle baha'i,
de la fête des dix-neuf jours et du fonds national. [...] Page 331 Il faut encore citer la constitution d'archives nationales pour authentifier,
rassembler, traduire, dresser la liste et préserver les tablettes de
Baha'u'llah et d'Abdu'l-Baha, et pour conserver les reliques
sacrées et les documents historiques. Il faut mentionner aussi la vérification
et la transcription des premières tablettes du Bab, de Baha'u'llah
et d'Abdu'l-Baha que possèdent les croyants orientaux, la compilation
d'une histoire détaillée de la foi depuis sa naissance jusqu'à
nos jours, l'ouverture d'un bureau international baha'i à Genève,
l'organisation de congrès régionaux, l'achat de sites historiques,
la fondation de bibliothèques baha'i du Souvenir* et la fondation
d'une florissante Caisse d'épargne pour enfants, en Perse. N'omettons pas non plus de signaler la participation, officielle ou non, des
représentants de ces communautés nationales baha'i, récemment
fondées, aux activités et aux séances de congrès,
d'associations, de conventions et de conférences de toutes sortes, tenues
en diverses nations d'Europe, d'Asie et d'Amérique, et visant au progrès
de l'unité religieuse, de la paix, de l'éducation, de la coopération
internationale, de l'amitié inter raciale et autres buts humanitaires.
Les rassemblements tels que: Congrès de quelques Religions vivantes de
l'Empire britannique, tenu à Londres en 1924, Rassemblement mondial confraternel
des religions qui eut lieu dans cette même ville en 1936, Congrès
universels d'espéranto, tenus tous les ans dans diverses capitales d'Europe,
Institut de coopération intellectuelle, Exposition "Un Siècle
de progrès", à Chicago en 1933, Foire mondiale de New York en
1938 et 1939, Exposition internationale de la Porte d'Or, à San-Francisco
en 1939, première Assemblée générale du Congrès
des religions, tenue à Calcutta, second Congrès culturel des Indes,
convoqué dans cette même ville, Convention de la Ligue pour toutes
les religions, à Indore, Conférences d'Arya Samaj et de Brahmo
Samaj ainsi que celle de la Société théosophique et celle
des femmes de l'Asie, dans différentes villes de l'Inde, Conseil mondial
de la jeunesse, Congrès des femmes d'Orient, à Tihran,
Conférence des femmes pour tout le Pacifique, à Honolulu, Ligue
internationale des femmes pour la Paix et le Rassemblement des peuples, à
Buenos-Aires, en Argentine, toutes ces rencontres et bien d'autres encore, ont
permis d'entretenir des relations, sous une forme ou sous une autre, et d'atteindre
ce double objectif: Démontrer l'universalité et la portée
de la foi de Baha'u'llah, et forger des liens vitaux et durables
entre ces organismes et les services épars de son ordre administratif. [...] Page 332 Nous ne devrions pas non plus ignorer ou sous-estimer les contacts établis
entre ces mêmes services et quelques-unes des plus hautes autorités
gouvernementales dans les deux parties du monde, aussi bien qu'avec les chefs
de l'islam en Perse et avec la Société des Nations, et
même avec un représentant de la royauté, afin de défendre
les droits ou de présenter la littérature, ou encore d'exposer
les intentions et les buts des adhérents à la foi qui, sans relâche,
s'efforcent de soutenir la cause d'un ordre administratif dans l'enfance. Les
communications adressées par les membres de l'Assemblée Spirituelle
Nationale des Baha'is des Etats-Unis d'Amérique et du Canada -
maîtres-constructeurs de cet ordre - au haut-commissaire en Palestine,
pour que les clefs du tombeau de Baha'u'llah soient restituées
à son gardien, au shah de Perse, à quatre reprises, pour
lui demander de rendre justice à leurs frères persécutés
sur ses domaines, au Premier ministre persan pour la même raison, à
la reine Marie de Roumanie, en expression de gratitude pour ses témoignages
historiques rendus à la foi baha'i, aux chefs de l'islam
en Perse, pour lancer un appel à l'harmonie et à la paix entre
les religions, au roi Fayçal d'Iraq afin d'obtenir la sauvegarde
de la demeure suprême à Baghdad, aux autorités soviétiques,
en faveur des communautés baha'i de Russie, aux autorités
allemandes à propos des entraves frappant leurs frères allemands,
au gouvernement égyptien, en vue de faire affranchir leurs coreligionnaires
du joug de l'orthodoxie islamique, au ministère de Perse, au sujet de
la fermeture des institutions d'éducation baha'i en Perse, au
ministère des Affaires étrangères du gouvernement des Etats-Unis,
à l'ambassadeur turc à Washington et au ministère turc
à Ankara, pour la protection des intérêts de la foi en Turquie,
à ce même ministère des Affaires étrangères,
dans le but de faciliter le transfert des restes de Lua Getsinger depuis le
cimetière protestant du Caire jusqu'au premier cimetière baha'i
ouvert en Egypte, au ministre persan à Washington, au sujet de la mission
de Keith RansomKehler, au roi d'Egypte, avec de la littérature baha'i,
aux gouvernements des Etats-Unis et du Canada, exposant les enseignements baha'i
sur la paix universelle, au ministre de Roumanie à Washington, de la
part des baha'is américains, à l'occasion de la mort de
la reine Marie de Roumanie, et au président Franklin D. Roosevelt, lui
faisant connaître les appels de Baha'u'llah adressés,
dans son Kitab-i-Aqdas, aux présidents des républiques
américaines, ainsi que certaines prières révélées
par Abdu'l-Baha, des communications de cette sorte constituent en elles-mêmes
un chapitre remarquable et lumineux de l'histoire du développement de
l'ordre administratif baha'i. [...] Page 333 A ces communications doivent être ajoutées celles qui furent adressées
par le centre mondial de la foi ainsi que par les assemblées baha'i
locales et nationales, par télégrammes ou par lettres, au haut-commissaire
en Palestine, demandant que les clefs du tombeau de Baha'u'llah
soient remises à son gardien initial, les appels lancés par les
centres baha'i de l'Est et de l'Ouest aux autorités irakiennes
en vue de la restauration de la maison de Baha'u'llah à
Baghdad, le recours ultérieur adressé au secrétaire
d'Etat britannique des colonies, à la suite du verdict de la cour d'appel
Baghdad sur ce même sujet, les messages à la Société
des Nations, de part des communautés baha'i d'Orient et d'Occident,
en reconnaissance de l'arrêt officiel du Conseil de la Ligue, rendu en
faveur des revendications des demandeurs baha'i, de même que plusieurs
lettres échangé entre, d'une part le centre international de la
foi, et d'autre part Martha Root - ce modèle exemplaire pour les professeurs
baha'i - avec la reine Marie de Roumanie, à la suite de la publication
du jugement historique favorable qu'elle porta sur la foi, et les messages de
sympathie adressés la reine Marie de Yougoslavie, au nom de la communauté
mondiale, baha'i, à l'occasion du décès de sa mère,
ainsi qu'à la duchesse de Kent après la mort tragique de son mari. Ne manquons pas non plus de signaler en particulier la pétition envoyée
par l'Assemblée Spirituelle Nationale des Baha'is d'Iraq
à la Commission des Mandats de la Société des Nations,
à la suite de la saisie de la mais de Baha'u'llah à
Baghdad, ni les messages adressés au roi Ghàzi 1er d'Iraq
après la mort de son père ainsi qu'à l'occasion de son
mariage, ni 1 condoléances envoyées au régent actuel d'Iraq
au moment de la mort soudaine de ce roi, ni les communications de l'Assemblée
Spirituelle d Baha'is d'Egypte présentées au Premier ministre
égyptien, au ministre l'intérieur et au ministre de la justice,
à la suite du verdict de la Court ecclésiastique musulmane en
Egypte, ni les lettres de l'Assemblée Spirituelle Nationale des Baha'is
de Perse au shah et au ministère persan, au sujet de la fermeture
des écoles baha'i et de la mise à l'index de la littérature
baha'i dans ce pays. Il faudrait encore faire mention des messages expédiés
par l'Assemblée Spirituelle Nationale des Baha'is de Perse au
roi Roumanie et à la famille royale, à l'occasion du décès
de la reine mère Marie de Roumanie, ainsi que de ceux destinés
à l'ambassadeur turc Tihran, contenant la contribution des croyants
persans offerte a victimes du tremblement de terre en Turquie, des lettres et
de la littérature que Martha Root adressa au président von Hindenburg,
maintenant décédé, et au Dr Streseman, ministre des Affaires
étrangères d'Allemagne des sept pétitions successives que
Keith Ransom-Kehler envoya au shah de Perse, et de ses nombreuses communications
à divers ministres hauts dignitaires du royaume, pendant son mémorable
séjour en ce pays. [...] Page 334 A côté de ces premières activités entreprises par
le canal de Pord administratif baha'i, et coïncidant avec l'apparition
des communautés nationales ainsi qu'avec la fondation de leurs services
administratifs, leur action éducatrice et enseignante, le puissant processus
mis en mouvement en Terre sainte - coeur et centre nerveux de cet ordre administratif
lors des circonstances mémorables où Baha'u'llah
révéla la Tablette Carmel et visita le lieu destiné au
sépulcre du Bab, ce puissant processus se développait irrésistiblement.
Il avait reçu une prodigieuse impulsion avec l'achat de ce site, peu
après l'ascension de Baha'u'llah, puis ensuite par le transfert,
de Tihran à 'Akka, des restes du Bab, par la construction
de ce sépulcre pendant les années les plus angoissantes de la
détention d'Abdu'l-Baha, et enfin par l'enterrement définitif
de ces restes au coeur du mont Carmel, par l'installation d'une maison de pèlerins
à proximité immédiat de ce sépulcre et le choix d'un emplacement destiné à
la première institution d'éducation baha'i sur cette montagne. - Bénéficiant de la liberté accordée au centre
mondial de la foi baha'i depuis la honteuse défaite de l'Empire
ottoman, en pleine décrépitude pendant la guerre de 1914-18, les
forces libérées par la conception de ce plan étonnant conçu
par Baha'u'llah pouvaient maintenant se déployer sans entrave,
sous l'influence bienfaisante d'un régime enclin à la sympathie,
dans des voies destinées à faire connaître à tout
le monde les puissances dont ce plan avait été doté. L'inhumation
d'Abdu'l-Baha lui-même dans un caveau, à l'intérieur
du mausolée du Bab, rehaussant encore davantage le caractère
sacré de cette montagne, l'installation d'une centrale d'électricité,
la première en son genre, qui fut construite dans la ville de Haïfa,
inondant de clarté le tombeau de celui qui, selon ses propres paroles,
s'était vu refuser même "une lumière" dans la prison fortifiée
de l'Àdhirbàyjàn, la construction de trois pièces
de plus, contiguës à son sépulcre - ce qui terminait la première
unité que constitue cet édifice selon le plan d'Abdu'l-Baha
-, l'extension notable des propriétés entourant ce lieu de repos,
en dépit des intrigues des briseurs du covenant, propriétés
qui s'étendaient depuis la crête du Carmel jusqu'à la colonie
des Templiers nichée à la base, et qui représentaient des
biens estimés à non moins de quatre cent mille livres, ainsi que
l'acquisition de quatre lots de terrain destinés à des tombeaux
baha'i et situés, au nord dans la plaine d'Akka, au sud
dans le district de Beersheba, et à l'est dans la vallée du Jourdain,
d'une surface approximative de deux cent quarante hectares, l'aménagement
d'une suite de terrasses qui, selon le projet d'Abdu'l-Baha, permettront
d'accéder directement au tombeau du Bab, à partir de la
ville qui s'étend sous son ombre, l'embellissement de ses environs par
l'ouverture de parcs et de jardins accessibles tous les jours au public, et
attrayants pour les touristes comme pour les résidents, tous ces événements
peuvent être considérés comme les premiers signes du développement
merveilleux des institutions internationales et de l'accroissement des dotations
faites à la foi, au centre mondial. Par ailleurs, une signification particulière
s'attache au fait que le haut-commissaire en Palestine accorda l'exemption des
taxes à toute l'étendue des terrains qui entourent le tombeau
du Bab et qui lui sont réservés, aux propriétés
appartenant à l'école, et près de là aux archives,
à la maison des pèlerins de l'Occident située à
proximité, et à des lieux historiques tels que le palais de Bahji,
la maison de Baha'u'llah à 'Akka et le jardin du
Ridvan à l'est de cette ville. [...] Page 335 Une même signification spéciale s'attache à la création,
en Palestine, à la suite de deux demandes officielles adressées
aux autorités civiles, de filiales dépendant des assemblées
spirituelles nationales d'Amérique et de l'Inde, en qualité de
sociétés religieuses reconnues en Palestine (ce qui, en vue d'un
renforcement intérieur, sera suivi par la formation de filiales analogues
dépendant des autres assemblées spirituelles nationales des baha'is
du monde); et enfin, d'une même portée spéciale apparaît
le transfert, au nom de la filiale dépendant de l'assemblée spirituelle
nationale d'Amérique - et cela après non moins d'une trentaine
de transactions - ' du domaine réservé au tombeau du Bab,
qui représente au total approximativement cinquante mille mètres
carrés, la majorité des titres de propriété portant
la signature du fils de l'Archi briseur du covenant de Baha'u'llah,
en sa qualité de conservateur des terres à Haïfa. D'une égale importance fut l'installation, sur le mont Carmel, de deux
édifices pour les archives internationales, l'un à proximité
du tombeau du Bab, l'autre au voisinage immédiat du lieu de repos
de la très sainte Feuille. Dans ces archives, et pour la première
fois dans l'histoire baha'i, des trésors sans prix, jusque-là
dispersés et souvent cachés en lieu sûr, ont été
rassemblés et sont maintenant exposés aux regards des pèlerins
en visite. Ces trésors comprennent des portraits du Bab et de
Baha'u'llah, des reliques personnelles telles que des cheveux,
de la poussière* et des vêtements du Bab, des boucles de
cheveux et du sang de Baha'u'llah ainsi que des objets comme par
exemple son plumier, ses vêtements, ses tàjs de brocart (couvre-chefs),
le kashkùi dont il se servait à Sulaymàniyyih, sa montre
et son Qu'ràn, des manuscrits et des tablettes d'une valeur inestimable
dont certains sont enluminés, tels une partie des Paroles Cachées
écrites de la main même de Baha'u'llah, le Bayan
persan écrit à la main par Siyyid Husayn, le secrétaire
du Bab, les originaux des tablettes aux Lettres du Vivant, écrites
par le Bab et le manuscrit des "Leçons de Saint-Jean d'Acre".
Cette précieuse collection comprend encore: des objets et des effets
ayant appartenu à Abdu'l-Baha, le vêtement taché
de sang de la plus pure Branche, la bague de Quddùs, le sabre de Mullà
Husayn, les cachets du vazir, père de Baha'u'llah, la broche
donnée par la reine de Roumanie à Martha Root, les lettres originales
qu'elle lui adressa ainsi qu'à d'autres personnes et les originaux de
ses éloges sur la foi, et au moins vingt volumes de prières et
de tablettes révélées par les fondateurs de la foi, certifiées
authentiques et transcrites par les assemblées baha'i de tout
l'Orient, ce qui complète l'immense collection de leurs écrits
publiés. [...] Page 336 De plus, on peut citer, comme nouveau témoignage du déploiement
Majestueux et de la consolidation progressive de l'entreprise formidable lancée
par Baha'u'llah sur cette montagne sainte, le fait d'avoir choisi
un emplacement dans la propriété de l'école, située
au voisinage du tombeau du Bab, comme lieu définitif de repos
de la très sainte Feuille, soeur "bien aimée" d'Abdu'l-Baha,
la "Feuille qui est sortie de la "Racine pré existante ", le "parfum
"de la "robe resplendissante "de Baha'u'llah, élevée
par lui à un "rang que nulle autre femme n'a dépassé ",
et occupant une position comparable à celle d'immortelles héroïnes
comme Sarah, Assia, la Vierge Marie, Fàtimah et Tàhirih qui, toutes,
éclipsèrent les autres femmes dans les dispensations précédentes.
Et en dernier lieu il faut mentionner, comme un nouveau signe évident
des bénédictions déversées par le Plan divin, le
transfert, quelques années plus tard, en ce même lieu sanctifié,
après une séparation dans la mort de plus d'un demi-siècle
et malgré les protestations élevées par le frère
et lieutenant de l'Archi briseur du covenant de Baha'u'llah, des
restes de la plus pure Branche, le fils martyr de Baha'u'llah,
"créé de la lumière de Bahd", le "Dépôt de
Dieu", son "Trésor" en Terre sainte, offert en "rachat" par son père
pour la régénération du monde et l'unification de ses peuples.
En ce même lieu de sépulture, et le jour même où les
restes de la plus pure Branche furent enterrés, on transféra également
le corps de sa mère, la sainte Navvàb, celle dont les terribles
afflictions, comme l'affirme Abdu'l-Baha dans une tablette, sont intégralement
rapportées au chapitre cinquante-quatre du livre d'Esaïe, dont "l'époux",
selon les paroles de ce prophète, est "le Seigneur des armées",
celle dont la "descendance succédera aux gentils" et qui deviendra, comme
l'indique Baha'u'llah dans sa tablette, "son épouse dans
chacun de ses mondes". Le fait que ces trois dernières demeures soient rassemblées à
l'ombre du propre tombeau du Bab, blotties au coeur du Carmel, face à
la ville d'un blanc de neige de l'autre côté de la baie d'Akka,
le qiblih du monde baha'i, qu'elles soient situées dans un jardin
d'une exquise beauté, renforce, si nous estimons correctement sa signification,
les puissantes possibilités spirituelles d'un lieu que Baha'u'llah
lui-même appelle le trône de Dieu. Ce fait marque aussi une nouvelle
avance dans le chemin conduisant à l'établissement final de ce
centre administratif mondial permanent du futur commonwealth baha'i,
destiné à n'être jamais séparé du centre spirituel
de cette foi et à remplir sa tâche auprès de lui, sur une
terre déjà vénérée et tenue pour sacrée
par les adeptes de trois des plus importantes religions du monde. A peine moins chargées de sens furent la construction et la décoration
extérieure du premier Mashriqu'l-Adhkar de l'Occident, le plus
magnifique des exploits qui ait immortalisé les services rendus par la communauté
baha'i américaine à la cause de Baha'u'llah.
[...] Page 337 Menée à bien sous l'égide d'un ordre administratif créé
récemment et fonctionnant avec efficacité, cette entreprise elle-même
rehaussa énormément le prestige et renforça la vigueur
de la communauté qui avait permis cette construction, et développa
ses institutions secondaires. Conçue il y a quarante ans, cette entreprise
eut pour point de départ la pétition spontanément adressée
à Abdu'l-Baha, en mars 1903, par la "Maison de Spiritualité
"des baha'is de Chicago - premier centre baha'i établi
dans le monde occidental - dont les membres, inspirés par l'exemple de
ceux qui construisirent le Mashriqu'l-Adhkar d'Ishqàbàd,
avaient demandé la permission de bâtir un temple semblable en Amérique.
Bénie par l'approbation d'Abdu'l-Baha et Jouée hautement
dans une tablette qu'il révéla en juin de cette même année,
mise en route par les délégués des diverses assemblées
américaines réunies à Chicago, en novembre 1907, dans le
but de choisir l'emplacement du temple, décidée au niveau national
par un organisme religieux, connu sous le nom de "Société du temple
baha'i de l'unité", qui fut enregistré peu après
la première convention baha'i américaine tenue dans cette
même ville en mars 1909, honorée par la présence d'Abdu'l-Baha
qui présida la cérémonie inaugurale quand il visita ce
lieu en mai 1912, ladite entreprise - couronnant l'instauration de l'ordre administratif
de la foi de Baha'u'llah au cours du premier siècle baha'i
- avait, depuis cette mémorable occasion, progressé de manière
intermittente jusqu'au moment où, les bases de cet ordre étant
fermement établies en Amérique du Nord, la communauté baha'i
américaine fut à même d'utiliser les instruments qu'elle
avait forgés en vue de la poursuite efficace de sa tâche. La convention baha'i américaine de 1914 en termina avec l'achat
de l'emplacement du temple. La convention de 1920, tenue à New York,
ayant été antérieurement chargée par Abdu'l-Baha
de choisir un modèle pour ce temple, sélectionna, parmi un grand
nombre de projets qui lui furent soumis par concours, celui de Louis J. Bourgeois,
architecte canadien français, choix qu'Abdu'l-Baha lui-même
ratifia plus tard. Les adjudications pour l'enfouissement des neufs grands caissons
soutenant la partie centrale du bâtiment jusqu'à la limite de la
roche, à une profondeur de cent vingt pieds au-dessous du niveau du sol,
et pour la construction des soubassements furent passées successivement
en décembre 19zO et en août 19zi. En août 1930, malgré
la crise économique qui régnait, et pendant une période
de chômage sans parallèle dans l'histoire américaine, une
autre adjudication, à laquelle s'ajoutèrent vingt-quatre Sous-traités
additionnels en vue de l'érection de l'édifice lui-même,
fut passée, et les travaux se terminèrent le il, mai 1931, jour
où le premier service de prières fut célébré
dans la nouvelle construction, et qui coïncidait avec le dix-neuvième
anniversaire de la consécration du terrain par Abdu'l-Baha. La
décoration du dôme fut commencée en juin 1932 et terminée
en janvier 1934. [...] Page 338 La décoration des hautes baies à claires-voies fut terminée
en 1935, et celle de la galerie située au-dessous en novembre 1938. Malgré
la déclaration de la guerre actuelle (guerre de 1939-1945), l'ornementation
de il l'étage principal fut entreprise en avril 1940 et finie en juillet
1947, dix-sept mois avant la célébration du centenaire de la foi,
époque à laquelle devait être terminée la partie
extérieure du temple, et quarante ans après la requête adressée
à Abdu'l-Baha par les croyants de Chicago, requête qu'il
avait acceptée. Cet édifice unique, premier fruit d'un ordre administratif qui mûrit
lentement, la plus imposante des constructions élevées au premier
siècle baha'i, le symbole et le précurseur d'une civilisation
mondiale future, se trouve au coeur du continent nord-américain, sur la
rive occidentale du lac Michigan, entouré d'un peu moins de trois hectares
de terrains qui en dépendent. Il a été financé pour
un montant de plus d'un million de dollars par la communauté baha'i
américaine, aidée de temps à autre par des contributions
volontaires de la part de croyants reconnus d'Orient et d'Occident, d'origine
chrétienne, musulmane, juive, zoroastrienne, hindoue et bouddhique. Commencé
à l'époque d'Abdu'l-Baha, il est, pour les phases terminales
de sa construction, associé au souvenir de la très sainte Feuille,
de la plus pure Branche et de leur mère. Le corps de l'édifice
même se compose d'un bâtiment blanc immaculé, à neuf
côtés, d'un modèle original et unique, s'élançant
au-dessus d'une volée d'escalier blanc qui entoure sa base. Il est surmonté
d'un dôme majestueux aux élégantes proportions, portant
neuf membrures fuselées disposées avec symétrie, qui ont
une signification architecturale autant qu'un effet décoratif; ces membrures
s'élancent vers le sommet pour se confondre finalement en un seul élément
pointant vers le ciel. Sa charpente est faite de béton armé, le
matériau employé à la décoration est une composition
de cristal de roche, de quartz opaque et de ciment blanc de Portland, donnant
un mélange d'une texture transparente, dur et résistant comme
de la pierre, inaltérable aux intempéries, et qui est moulé
en dessins aussi fins que de la dentelle. Depuis les soubassements jusqu'au
sommet des membrures, cet édifice s'élève à 5 8,
7 1 mètres, enserrant le dôme hémisphérique de 14,93
mètres de haut sur 27,43 mètres de diamètre extérieur,
dont le tiers de la surface est ajouré, et que traverse, le jour la lumière
solaire, et la nuit l'éclairage de l'intérieur. Il est soutenu
par des pylônes de 13,71 mètres de haut, et au-dessous de ses neuf
entrées, dont l'une regarde en direction d'Akka, sont inscrites
neuf citations choisies dans les Ecritures de Baha'u'llah, tandis
que le plus grand Nom figure au centre de chacun des arcs, au-dessus des portes.
Consacré exclusivement à l'adoration, tous rites et cérémonies
étant exclus, il est pourvu d'un auditorium contenant seize cents places
assises. A cet édifice doivent être adjointes des institutions
sociales complémentaires qui seront fondées aux alentours, comme
par exemple un orphelinat, un hôpital, un dispensaire pour les pauvres,
un foyer pour les infirmes, un hôtel pour les voyageurs et un collège
pour l'étude des arts et des sciences. [...] Page 339 Bien avant sa construction, il avait déjà provoqué, et
il suscite aujourd'hui de plus en plus - quoique sa décoration intérieure
ne soit pas encore commencée (nota: ce livre fut écrit en 1944,
et le Mashriqu'l-Adhkar fut terminé en 1953) - tant d'intérêt
et de commentaires dans la grande presse, dans des journaux techniques et dans
des revues des Etats-Unis et d'autres pays, que l'attente et les espoirs d'Abdu'l-Baha
se montrent justifiés. La présentation de sa maquette dans des
centres artistiques, des galeries, des foires et des expositions nationales
- parmi lesquelles on peut citer l'Exposition "Un Siècle de progrès",
tenue à Chicago en 1933, et où non moins de dix mille personnes,
traversant le stand des religions, pouvaient la contempler chaque jour -, l'exposition
permanente d'une réplique de cette maquette au Musée de la Science
et de l'industrie à Chicago, et les visiteurs venus de près et
de loin qui assaillent maintenant ses portes et qui, de juin 1932 à ombre
1941, dépassèrent 130 000 et représentaient presque tous
les pays du monde, ces faits permettent d'affirmer avec confiance que ce grand
"éducateur silencieux de la foi de Baha'u'llah a contribué
à l'expansion de la connaissance de la foi et de ses enseignements, dans
une mesure qu'aucun autre organisme, agissant seul dans le cadre de son ordre
administratif, n'a jamais approché, même de loin. "Lorsque la construction du Mashriqu'l-Adhkar sera entreprise en Amérique",
prédit Abdu'l-Baha lui-même, "et que cet édifice
divin sera terminé, une impulsion frémissante et des plus merveilleuses
se fera jour dans le monde de l'existence ... De ce point de lumière,
l'esprit d'enseignement, travaillant à répandre la cause de Dieu
et à propager les principes divins, pénétrera toutes les
parties du monde. "De ce Mashriqu'l-Adhkar naîtront sans aucun
doute des milliers de Mashriqu'l_Adhkars", affirme-t-il dans les tablettes
du Plan divin. "Il marque", écrit-il encore, "le commencement du royaume
de Dieu sur la terre." 'Et de nouveau: "Il est l'étendard visible qui
flotte au milieu de ce grand continent. "Lorsqu'il vint consacrer les terrains
destinés au temple, 'Abdu'l-Baha déclara: "Des milliers
de Mashriqu'l_Adhkars seront construits en Orient et en Occident, mais
celui-ci, étant le premier de l'Occident, revêt une grande importance.
"Par sa conception, ce Mashriqu'l-Adhkar". déclara-t-il aussi
à propos de cet édifice, "servira de modèle dans les siècles
à venir et il sera considéré comme le temple mère." "Il n'est pas d'origine humaine", affirma l'architecte du temple lui-même,
"car de même que les musiciens, les artistes, les poètes reçoivent
leur inspiration d'un autre monde, de même l'architecte du temple, à
travers toutes ses années de labeur, fut toujours conscient que Baha'u'llah
était le créateur de cet édifice érigé à
sa gloire. [...] Page 340 "Dans la composition de ce projet nouveau", a-t-il encore écrit, "...
figure, sous forme symbolique, le grand enseignement baha'i de l'unité,
l'unité de toutes les religions du genre humain. Il comporte des combinaisons
de lignes qui sont des symboles mathématiques de celles de l'univers,
et le fusionnement complexe des cercles les uns avec les autres ou les uns dans
les autres évoque pour nous la fusion de toutes les religions en une
seule. "Et de nouveau: "Dix-huit marches en tout, disposées en cercles
autour de la construction, conduiront à l'auditorium. Ces dix-huit marches
rappellent les dix-huit premiers disciples du Bab, et la porte à
laquelle elles conduisent symbolise le Bab lui-même. "L'essence
des purs enseignements originels des religions historiques étant la même
... le temple baha'i est fait d'une architecture mixte qui, par sa forme,
exprime l'essence de chacun des grands styles architecturaux, les harmonisant
ainsi en un tout." "C'est la première idée neuve en architecture depuis le treizième
siècle ", déclara un architecte distingué, H. van Buren
Magonigle, président de la Société d'Architecture, après
avoir examiné une maquette en plâtre du temple, à l'exposition
qui eut lieu à l'Engineering Societies Building à New York, en
juin ig2o. "L'architecte", a-t-il encore précisé, "a conçu
un temple de lumière dans lequel la charpente telle qu'on la conçoit
d'habitude doit être cachée, les soutènements visibles supprimés
dans la mesure du possible, et tout l'édifice affecter la consistance
aérienne d'un rêve. C'est une enveloppe de dentelle recelant une
idée, l'idée de lumière, un abri ténu comme une
toile d'araignée interposé entre ciel et terre, et que la lumière
traverse de part en part, lumière qui consumera en partie les formes,
pour faire de cette enveloppe un objet de féerie." "Dans les formes géométriques de la décoration", déclara
un écrivain dans la publication bien connue "Architectural Record', "qui
couvrent les colonnes et entourent les fenêtres et les portes du temple,
on peut déchiffrer les symboles de toutes les religions du monde. On
y trouve la swastika, le cercle, la croix, le triangle, le double triangle ou
étoile à six pointes (sceau de Salomon) - et plus encore - le
noble symbole de l'orbe spirituel ... l'étoile à cinq pointes,
la croix grecque, la croix romaine et, suprême, au-dessus de tout, la
merveilleuse étoile à neuf pointes, représentée
dans la structure même du temple, et qui se retrouve continuellement dans
la décoration, soulignant de façon significative la gloire spirituelle
dans le monde présent." "C'est la plus grande création depuis la période gothique", attesta
George Grey Barnard, l'un des sculpteurs les plus connus aux Etats-Unis d'Amérique,
"et la plus belle que j'ai jamais vue." [...] Page 341 "C'est une conception nouvelle", affirma Luigi Quaglino, ancien professeur
d'architecture à Turin, après avoir vu la maquette, "qui va révolutionner
l'architecture dans le monde, et c'est la plus belle création que j'ai
jamais vue. Sans aucun doute, elle figurera longtemps dans les pages de l'histoire.
C'est une révélation venant d'un autre monde." "Les Américains", a écrit Sherwin Cody dans la revue du " New
York Times" consacrée à la maquette du temple lorsqu'il fut exposé
dans la galerie Kevorkian à New York, "les Américains devront
s'arrêter assez longtemps pour s'apercevoir qu'un artiste a introduit
dans cet édifice la conception d'une société religieuse
des nations. "Et enfin cet éloge de la part du Dr Rexford Newcomb, doyen
du collège des Beaux-Arts et des Arts appliqués de l'université
de l'Illinois, sur les caractéristiques de ce temple - maison d'adoration
la plus sacrée du monde baha'i, actuellement et dans l'avenir
-, et sur les idéaux qu'il incarne: "Ce temple de lumière ouvre
neuf grandes portes à l'expérience des humains, invitant les hommes
et les femmes de toutes races et de tous pays, de toutes religions et convictions,
à tous les états de liberté ou de servitude, à franchir
ces portes et à reconnaître cette parenté et cette fraternité
sans lesquelles le monde moderne ne pourra faire désormais que bien peu
de progrès ... Le dôme, termine par une pointe dirigée vers
quelque chose de mieux et de plus élevé comme le faisaient assurément
les lignes élancées des cathédrales médiévales,
atteint, non seulement par son symbolisme mais aussi par la particularité
de sa construction et par sa pure et admirable forme, à une beauté
qu'aucune structure semblable n'a égalé depuis la construction,
par Michel-Ange, du dôme de la basilique de Saint-Pierre de Rome."
CHAPITRE XXII: Avènement et instauration de l'ordre administratif