DIEU PASSE PRES DE NOUS
Shoghi Effendi
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4ième Période: Début de l'âge de formation de la foi, 1921-1944 [...] Page 365 Tandis que la structure de l'ordre administratif de la foi de Baha'u'llah
s'établissait progressivement et que, sous l'action de forces imprévues,
l'indépendance de la foi était de plus en plus reconnue par ses
ennemis et démontrée par ses amis, une autre opération
non moins lourde de conséquences était en même temps mise
en route. Son but était d'agrandir le champ de la foi, d'augmenter le
nombre de ses adhérents déclarés et de ses centres administratifs,
et de susciter un élan nouveau et toujours plus grand, capable d'enrichir
et d'accroître la quantité et la variété de sa littérature
et de la répandre de plus en plus. En fait, l'expérience prouva
que le modèle même de l'ordre administratif, outre ses autres traits
distinctifs, augmentait nettement l'efficacité et encourageait la diligence
dans ce travail d'enseignement; ses constructeurs sentirent leur zèle
constamment stimulé, et leur ardeur de missionnaire redoubla à
mesure que la foi progressait vers une émancipation encore plus complète. Ils n'oublièrent pas non plus les exhortations, les appels et les promesses
des fondateurs de leur foi qui, pendant trois quarts de siècle, s'étaient
efforcés si héroïquement de tracer la destinée, chacun
à sa manière et selon les bornes limitant ses activités,
et de répandre largement la renommée de la cause dont ils avaient
été chargés par une Providence toute-puissante. Le héraut de leur foi avait commandé aux souverains de la terre
eux-mêmes de se lever et d'enseigner sa cause, écrivant dans le
Qayyùmu'l-Asmà': "0 assemblée de Rois! Faites connaître,
avec exactitude et en toute diligence, les versets que Nous avons fait descendre,
aux peuples de la Turquie, de l'Inde, et au-delà, dans les pays d'Orient
et d'Occident." " Sortez de vos cités, ô peuples de l'Ouest", écrit-il
encore dans ce même livre, "pour aider Dieu." ",Nous vous voyons, depuis
notre horizon très glorieux", déclare Baha'u'llah
à ses fidèles, dans son Kitab-i-Aqdas, "et Nous assisterons
quiconque se lèvera pour aider ma cause, avec les armées du Concours
céleste et avec une cohorte d'anges qui sont près de moi." " ...
Enseignez la cause de Dieu, ô peuples de Baha! ", écrit-il
en outre, car Dieu a prescrit à chacun le devoir de proclamer son message, et
Il considère ceci comme le plus méritoire de tous les actes."
"Si un homme, tout seul', affirme-t-il clairement, "se lève au nom de
Baha et revêt l'armure de son amour, le Tout Puissant le rendra
victorieux, même si les forces de la terre et du ciel sont rassemblées
contre lui." [...] Page 366 "Si quelqu'un se lève pour faire triompher notre cause", affirme-t-il
aussi, " Dieu le rendra victorieux, même si des dizaines de milliers d'ennemis
sont ligués contre lui." Et de nouveau: " Concentrez vos énergies
sur la propagation de la foi de Dieu. Quiconque est digne d'une vocation aussi
élevée, qu'il se lève et qu'il la suive. Pour quiconque
en est incapable, il est de son devoir de choisir celui qui proclamera cette
révélation à sa place... " Selon la promesse même
de Baha'u'llah, " ceux qui ont abandonné leur pays dans
le but d'enseigner notre cause, ceux-là, seront fortifié, par
le pouvoir de l'Esprit de fidélité ... Un tel acte est vraiment
le roi de tous les bons offices et l'ornement de toute bonne action." "En ces
jours", écrit 'Abdu'l-Baha dans son testament, "il importe avant
tout de guider les nations et les peuples du monde. Enseigner la cause est de
Ai plus haute importance, car C'est la pierre angulaire essentielle de la fondation
même." "Les disciples du Christ", déclare-t-il dans ce même
document, " oublièrent leur moi et toutes les choses de la terre; ils
abandonnèrent tous leurs soucis et toutes leurs possessions, se purifièrent
de tout égoïsme et passion et, avec un absolu détachement,
se dispersèrent de tous côtés et entreprirent de guider
les peuples vers le droit chemin, jusqu'à ce qu'ils aient fait du monde
un autre monde, illuminé la terre et, à leur dernière heure,
prouvé leur abnégation dans le chemin de ce Bien-Aimé de
Dieu. Finalement, ils subirent un glorieux martyre en divers pays. Que les hommes
d'action suivent leurs traces." ",Quand viendra l'heure", déclare-t-il
solennellement dans ce même testament, "pour cet oiseau opprimé,
aux ailes brisées, de prendre son essor vers le céleste Concours,
... il sera du devoir ... des amis et des bien-aimés de passer à
l'action de se lever tous, de tout coeur, et d'un commun accord..., d'enseigner
sa cause et 1 de propager sa foi. Il leur appartiendra de ne pas se reposer
un moment... Ils devront se disperser dans tous les pays ... et voyager à travers
toutes les régions. Pleins de Zèle, sans repos, inébranlables jusqu'à la fin,
ils devront lancer en chaque pays ce cri: " Ya Baha'u'l-Abha"
(0 toi, la Gloire des gloires), ... afin que, dans tout l'Orient et l'Occident,
des foules viennent se rassembler à l'ombre du Verbe de Dieu, afin que
les souffles délicieux et parfumés de la sainteté puissent
se répandre, que les visages soient radieux, que les coeurs soient remplis
de spiritualité divine et que les âmes deviennent célestes." Obéissant à ces injonctions répétées, pénétrés
du souvenir de ces splendides promesses, conscients de la sublimité de
leur vocation, aiguillonnés par l'exemple donné par 'Abdu'l-Baha
en personne et nullement désemparés par sa soudaine disparition,
sans perdre courage devant les attaques lancées par leurs adversaires
du dedans et du dehors, les fidèles d'Abdu'l-Baha se levèrent
dans les deux mondes, dans toute la puissance de leur solidarité, pour
travailler plus vigoureusement que jamais à l'expansion internationale
de leur foi, expansion qui commençait alors à prendre des proportions
telles, qu'elle méritait d'être reconnue comme l'un des progrès
les plus importants dans l'histoire du premier siècle Baha'i. [...] Page 367 Lancées sur chaque continent du globe, d'abord par intermittence, au
hasard et sans organisation, et plus tard, par suite de la formation d'un ordre
administratif qui, lentement, se développait, conduites de façon
systématique, centralisées et menées avec efficacité,
les entreprises d'enseignement commencées par les disciples de Baha'u'llah,
en bien des pays mais manifestement en Amérique, et poursuivies par des
hommes et des femmes de tous âges, par des néophytes et des vétérans,
des instructeurs itinérants et des résidents, constituent, en
raison de leur envergure et des bénédictions qu'elles procurèrent,
un brillant épisode que rien n'éclipse sinon les exploits qui
immortalisèrent les premières années de l'âge primitif
de la dispensation Baha'i. La lumière de la foi qui, pendant les neuf années de la dispensation
babi, avait rayonné sur la Perse et qui s'était réfléchie
sur l' 'Iraq, pays voisin, qui avait inondé de sa splendeur l'Inde,
l'Egypte, la Turquie, le Caucase, le Turkistàn et Burma, au cours des
trente-neuf années du ministère de Baha'u'llah et
qui, par la suite, sous l'influence stimulante du covenant divinement établi,
se propagea aux Etats-Unis d'Amérique, au Canada, en France, en Grande-Bretagne,
en Allemagne, Autriche, Russie, Italie, Hollande, Hongrie, Suisse, Arabie, Tunisie,
Chine, japon, aux îles Hawaï, en Afrique du Sud, au Brésil
et en Australie, la même lumière allait maintenant poursuivre sa
route pour éclairer, avant la fin du premier siècle Baha'i,
au moins trente-quatre nations autonomes ainsi que plusieurs protectorats situés
sur les continents américain, asiatique et africain, dans le golfe Persique
et dans les océans Atlantique et Pacifique. En Norvège, en Suède,
au Danemark, en Belgique, Finlande, Irlande, Pologne, Tchécoslovaquie,
Roumanie, Yougoslavie, Bulgarie, Albanie, Afghanistan, Abyssinie, Nouvelle-Zélande
et dans dix-neuf républiques de l'Amérique latine, les étendards
de la révélation de Baha'u'llah ont été
hissés depuis la disparition d'Abdu'l-Baha, et les bases essentielles
pour l'établissement de l'ordre administratif de sa foi ont déjà
été posées dans bon nombre de ces nations. De plus, dans
plusieurs pays orientaux et occidentaux sous dépendance tels que l'Alaska,
l'Islande, la Jamaïque, Porto-Rico, l'île de Solano aux Philippines,
java, la Tasmanie, les îles de Bahrayn et de Tahiti, le Soudan, le Baluchistànn
la Rhodésie du Sud et le Congo belge, les porteurs de l'Evangile nouveau
se sont installés et tendent tous leurs efforts pour y implanter des
bases imprenables pour ses institutions. Par les moyens suivants - conférences et congrès, presse et radio,
séances d'étude et réunions de coin du feu, participation
aux efforts de sociétés, clubs et organismes s'inspirant des idéaux
voisins des principes de la foi, diffusion des ouvrages Baha'i, expositions
diverses, création de Cours pour former des professeurs, entrée
en contact avec des hommes d'Etat, des savants, des journalistes, des philanthropes
et autres maîtres de l'opinion publique - toutes entreprises dues, pour
la plupart, à l'ingéniosité des membres de la communauté
Baha'i américaine qui assumèrent personnellement la responsabilité
de la conquête spirituelle de la grande majorité de ces pays et
de leurs dépendances -, et par-dessus tout grâce à l'inflexible
détermination et à la fidélité à toute épreuve
des pionniers qui participèrent à ces croisades comme instructeurs
itinérants ou à demeure, ces éclatantes victoires furent
remportées pendant les dernières décennies du premier siècle
Baha'i. [...] Page 368 Il ne faudrait pas omettre de signaler le déploiement d'activités
sur le plan de l'enseignement international, de la part des fidèles occidentaux
de la foi de Baha'u'llah et en particulier des membres de la vaillante
communauté Baha'i américaine qui, saisissant toutes les
occasions offertes, transmirent la foi aux territoires vierges, soit par l'exemple,
soit par les préceptes ou en distribuant de la littérature Baha'i,
semant ainsi les graines qui, finalement, germeront et produiront une moisson
aussi abondante que celles des pays susmentionnés. Sous l'action d'efforts
analogues, les brises de la révélation vivifiante de Dieu ont
soufflé sur les coins les plus reculés de la terre, portant le
germe d'une nouvelle vie spirituelle vers de lointains climats et dans des régions
aussi inhospitalières que la Laponie, l'archipel du Spitzberg, pays de
l'extrême Nord, Hammerfest en Norvège et Magellan à la pointe
du Chili - deux villes extrêmes, respectivement au nord et au sud du globe
-, Pago et Fiji dans l'océan Pacifique, Chichen Itza dans la province
du Yucatan, les îles Bahamas, Trinidad et Barbados dans les Antilles,
l'île de Bali et le nord de Bornéo (possession anglaise) dans les
Indes orientales, la Patagonie, la Guinée anglaise, les îles Seychelles,
la Nouvelle-Guinée et Ceylan. Nous ne pouvons manquer de mentionner encore les efforts particuliers de la
part des individus autant que des assemblées pour établir des
contacts avec des races et des groupes minoritaires en diverses parties du monde
tels que: juifs et Noirs des Etats-Unis d'Amérique, Esquimaux de l'Alaska,
Indiens de Patagonie en Argentine, Indiens du Mexique, Indiens incas du Pérou,
Indiens cherokee de la Caroline du Nord, Indiens oneida du Wisconsin, Mayas
du Yucatan, Lapons de la Scandinavie septentrionale et Maoris de Rotorua en
Nouvelle-Zélande. L'ouverture d'un Bureau international Baha'i à Genève
apporta une aide particulière précieuse. Créé tout
d'abord pour faciliter les travaux d'enseignement de la foi sur le continent
européen, il a, en tant qu'auxiliaire du centre administratif mondial
en Terre sainte, maintenu le contact avec les communautés Baha'i
d'Orient et d'Occident. [...] Page 369 Utilisé à la fois comme bureau de renseignements de la cause
Baha'i et comme centre de distribution de littérature, avec sa
salle gratuite de lecture et sa bibliothèque de prêt, offrant l'hospitalité
aux professeurs itinérants et aux croyants de passage, et nouant des
relations avec diverses sociétés, il contribua pour une bonne
part à soutenir les efforts entrepris par les particuliers et par les
assemblées nationales Baha'i pour enseigner la foi. Grâce à toutes ces activités, les unes individuelles, les
autres mises en oeuvre par les assemblées organisées, la foi qui,
du vivant de Baha'u'llah, comprenait des Persans, des Arabes,
des Turcs, des Russes, des Kurdes, des Indiens, des Birmans et des Noirs, qui
plus tard, au temps d'Abdu'l-Baha, s'enrichit de croyants américains,
anglais, allemands, français, italiens, japonais, chinois et arméniens,
pouvait maintenant se glorifier d'avoir enrôlé, parmi ses adhérents
déclarés au grand jour, des représentants de groupes ethniques
et de nations très dispersés tels que, Hongrois, Hollandais, Irlandais,
Scandinaves, Soudanais, Tchèques, Bulgares, Finlandais, Ethiopiens, Albanais,
Polonais, Esquimaux, Indiens d'Amérique, Yougoslaves, Américains
latins et Maoris. Une expansion aussi remarquable de la foi, un enrichissement si frappant de
la variété des éléments qu'elle englobait s'accompagnèrent
d'un accroissement énorme de la quantité et de la circulation
de sa littérature, sans aucune comparaison avec les premières
dispositions prises pour publier quelques éditions des écrits
de Baha'u'llah, datant des dernières années de son
ministère. Ces publications, limitées pendant la moitié
d'un siècle, au temps du Bab et de Baha'u'llah,
aux deux langues originelles dans lesquelles ils avaient révélé
leurs enseignements, augmentées, du vivant d'Abdu'l-Baha, d'éditions
en anglais, français, allemand, turc, russe et birman, se multiplièrent
régulièrement après son décès, et un grand
nombre de livres, traités, opuscules et brochures furent imprimés
et mis en circulation dans vingt-neuf langues nouvelles au moins. Des livres
furent édités, largement distribués et placés dans
des bibliothèques privées et publiques de l'Orient et de l'Occident,
partie par l'intermédiaire des assemblées Baha'i et surtout
sur l'initiative individuelle des Baha'is; ils étaient écrits
en espagnol, en portugais, dans les trois langues scandinaves, en finnois, en
islandais, hollandais, italien, tchèque, polonais, hongrois, roumain,
serbe, bulgare, grec, albanais, hébreu, espéranto, arménien,
kurde, amharique*, chinois et japonais, ainsi qu'en cinq langues indiennes,
à savoir l'urdu, le gujrati, le bengali, l'hindi et le sindhi. De plus,
les écrits sur la foi sont actuellement en cours de traduction en letton,
lithuanien, ukrainien, tamil*, rnahratti*, pushtoo*, telegu*, kinarese*, singalais*,
malyalan*, oriya*, punjabi* et rajasthani*. Non moins remarquable fut la variété des publications mises à
la disposition du grand public dans chaque continent du globe et transportées
par des pionniers résolus et infatigables aux extrémités
les plus reculées de la terre, tâche dans laquelle les membres
de la communauté Baha'i américaine se distinguèrent
de nouveau. [...] Page 370 La parution d'une édition anglaise de morceaux choisis des écrits
les plus importants de Baha'u'llah, non traduits jusque-là,
ainsi que d'une version anglaise de son Epître au Fils du Loup a d'un
recueil, dans la même langue, de Prières et Méditations
révélées par sa plume, la traduction et la publication
de ses Paroles Cachées, en huit langues, de son Kitab-i-Iqan,
en sept langues, et des "Leçons de Saint-Jean D'Acre" d'Abdu'l-Baha,
en six langues, la parution du troisième volume de Tablettes d'Abdu'l-Baha,
traduites en anglais, la publication de livres et de traités relatifs
aux principes de la croyance Baha'i et à l'origine et au développement
de l'ordre administratif de la foi, d'une traduction anglaise du récit
sur les premiers temps de la révélation Baha'i, écrit
par le chroniqueur et poète Nabil-i-Zarandi, publié ensuite en
arabe et traduit en allemand et en espéranto, la publication de commentaires
et d'exposés sur les enseignements Baha'i, les institutions administratives
et sujets connexes tels que fédération mondiale, unité
de race et religions comparées, écrits par des auteurs occidentaux
et d'anciens ministres de l'Eglise, tout ceci atteste le caractère de
diversité des publications Baha'i répondant si étroite
ment à leur large diffusion sur toute la surface du globe. Par ailleurs,
l'impression de documents relatifs aux lois du Kitab-i-Aqdas, de livres
et brochures traitant des prophéties bibliques, d'éditions révisées
de certains écrits de Baha'u'llah, d'Abdu'l-Baha
et de plusieurs auteurs Baha'i, de guides et de plans d'étude
concernant un grand nombre de livres et de sujets Baha'i différents,
de cours sur l'administration Baha'i, de listes des livres et périodiques
Baha'i, de cartes anniversaires, calendriers, poèmes, chansons,
pièces pour théâtre et spectacles, d'un livre de prières
et de plans d'étude pour éduquer les enfants Baha'i, de
bulletins d'information, journaux et périodiques en anglais, persan,
allemand, espéranto, arabe, français, urdu*, birman et portugais,
l'impression de toute cette documentation contribua à grossir et à
diversifier les publications Baha'i. D'une valeur et d'une importance exceptionnelles ont été l'édition
bisannuelle, pendant de nombreuses années, d'une série de volumes
rapportant les activités internationales Baha'i, qui comportent
quantités d'illustrations et sont fort bien documentés. Ils contiennent,
entre autre, un exposé des buts et objectifs de la foi et de son ordre
administratif, des morceaux choisis de ses Ecritures, un résumé
de ses activités, une liste des centres installés sur cinq continents,
une bibliographie sur ses écrits, des textes d'hommages rendus à
ses idéaux et aux tâches accomplies par des hommes et des femmes
distingués de l'Orient et de l'Occident, et des articles traitant des
rapports qui la relient aux problèmes actuels. Un compte rendu des oeuvres Baha'i parus pendant les dernières
décennies du premier siècle Baha'i ne saurait être
complet sans une référence spéciale à la publication
et à l'immense influence de cette vaste et magnifique introduction à
l'histoire et aux enseignements Baha'i, due à la plume autorisée
de J. E. Esslemont, coeur pur et immortel propagateur de la foi. [...] Page 371 Déjà imprimé en quelque trente-sept langues, traduit bientôt
en treize langues nouvelles, la version anglaise de ce livre,' rééditée
au moins neuf fois aux Etats-Unis d'Amérique, s'élève déjà
à des dizaines de milliers d'exemplaires; les versions espérantiste,
japonaise et anglaise de cet ouvrage ont été transcrites en braille,
et le pouvoir royal en a fait l'éloge, le qualifiant de " magnifique
livre d'amour, de bonté, de force et de beauté ", le recommandant
à tout le monde, et affirmant que " nul homme ne pouvait manquer de devenir
meilleur grâce à lui". Méritent encore une mention spéciale la fondation, par l'assemblée
spirituelle nationale d'Angleterre, d'une société d'édition
enregistrée sous le titre de "Baha'i Publishing Co", dont les
fonctions consistent à imprimer et à distribuer en gros la littérature
Baha'i dans les Iles Britanniques, la compilation, par diverses assemblées
d'Orient, d'au moins quarante volumes manuscrits des écrits certifiés
authentiques, et non publiés, du Bab, de Baha'u'llah
et d'Abdu'l-Baha, la traduction en anglais de l'appendice au Kitab-i-Aqdas
intitulé Questions and Answers ainsi que la publication en arabe et en
persan, par les assemblées spirituelles nationales Baha'i respectives
d'Egypte et de l'Inde, d'un condensé des lois Baha'i sur les questions
de statut personnel, et d'un bref résumé, par l'assemblée
indienne, des lois relatives à l'enterrement des morts, enfin la traduction
d'une brochure en maori, faite par un Baha'i maori de Nouvelle-Zélande.
On devrait également mentionner le recueil et la publication, par l'Assemblée
Spirituelle des Baha'is de Tihran, d'un nombre considérable
d'allocutions prononcées par 'Abdu'l-Baha au cours de sa tournée
en Occident, la préparation d'une histoire détaillée de
la foi en persan, l'impression de certificats Baha'i de mariage et de
divorce en persan et en arabe, par un certain nombre d'assemblées spirituelles
nationales de l'Est, la délivrance de certificats de naissance et de
décès par l'Assemblée Spirituelle Nationale des Baha'is
de Perse, la rédaction de formulaires de legs destinés aux croyants
désirant faire un legs à la foi, la compilation, par l'Assemblée
Spirituelle Nationale des Baha'is d'Amérique, d'une énorme
quantité de Tablettes non publiées d'Abdu'l-Baha, la traduction
en espéranto, par la fille du célèbre Zamenhof, elle-même
convertie à la foi, de plusieurs livres Baha'i comprenant quelques-uns
des écrits les plus importants de Baha'u'llah et d'Abdu'l-Baha,
la traduction d'un opuscule Baha'i en serbe par le professeur Bogdan
Popovitch, l'un des savants les Plus éminents de l'université
de Belgrade, et l'offre spontanée de la princesse Ileana de Roumanie
(devenue l'archi-duchesse Anton d'Autriche), de traduire, en sa propre langue
maternelle, un opuscule Baha'i écrit en anglais et de le faire
distribuer ensuite dans son pays natal. [...] Page 372 Les progrès réalisés sous ce rapport dans la transcription
des écrits Baha'i en Braille doivent aussi être notés.
Cette transcription comprend déjà des oeuvres de Baha'u'llah
en version anglaise: le Kitab-i-Iqan, les -Paroles cachées,
les Sept Vallées, les Ishràqàt, la Sùriy-i-Haykal,
les Paroles de Sagesse, les Prières et Méditations ainsi que les
Causeries a" 'Abdu'l-Baha à Paris, la Promulgation de la Paix
universelle,' la Sagesse d'Abdu'l-Baha,' le But d'un nouvel Ordre mondial,
ainsi que les versions en anglais (deux éditions), en espéranto
et en japonais de "Baha'u'llah et l'Ere nouvelle et des brochures
en anglais, français et espéranto. Ceux qui furent principalement chargés d'enrichir la littérature
de la foi et de la traduire en autant de langues ne furent pas longs à
la propager largement par tous les moyens en leur pouvoir, à l'occasion
de leurs relations journalières avec des particuliers autant que dans
leurs rencontres officielles avec des organisations qu'ils tâchaient de
mettre au courant des principes de leur foi. L'énergie, la vigilance,
la ténacité déployées par ces hérauts de
la foi de Baha'u'llah et par leurs représentants élus,
grâce auxquels la circulation de la littérature Baha'i s'intensifia
énormément en ces dernières années, méritent
les plus hautes louanges. Des rapports préparés et distribués
par les principales agences chargées de la publier et d'en envoyer à
travers les Etats-Unis et le Canada, il ressort ce fait remarquable qu'en l'espace
de onze mois finissant le 28 février 1943, Plus de 19000 livres, 100000
brochures, 3000 plans d'études, 4000 recueils de morceaux choisis et
i8oo cartes anniversaires et dépliants sur le temple furent vendus ou
distribués, que 376000 opuscules décrivant le caractère
et la destination de la maison d'adoration élevée aux Etats-Unis
d'Amérique furent imprimés en deux années, que plus de
300000 extraits furent distribués aux deux foires mondiales de San Francisco
et de New York, qu'en douze mois 1089 livres furent donnés à diverses
bibliothèques et que, par le canal du comité national des Contacts,
plus de 2300 lettres et plus de 4500 opuscules furent reçus en un an
par des écrivains, des commentateurs de radio et des représentants
des minorités juive et noire, ainsi que par diverses organisations intéressées
par les questions internationales. En présentant cette riche littérature à des hommes éminents
et haut placés, les représentants élus et les professeurs
itinérants de la communauté Baha'i américaine, aidés
par les assemblées d'autres pays, firent également preuve d'une
énergie et d'une détermination aussi louables que les efforts
qu'ils avaient consacrés à sa préparation. [...] Page 373 Au roi d'Angleterre, à la reine Marie de Roumanie, au président
Franklin D. Roosevelt, à l'empereur du japon, à feu le président
von Hindenburg, au roi du Danemark, à la reine de Suède, au roi
Ferdinand de Bulgarie, à l'empereur d'Abyssinie, au roi d'Egypte, à
feu le roi Fayçal d'Iraq, au roi Zog d'Albanie, à feu le
président Masaryk de Tchécoslovaquie, aux présidents du
Mexique, du Honduras, de Panama, d'El-Salvador, du Guatemala et de Porto-Rico,
au général Tchang Kaï-chek, à l'ex-khédive
d'Egypte, au prince royal de Suède, au duc de Windsor, à la duchesse
de Kent, à l'archi-duchesse Anton d'Autriche, à la princesse Olga
de Yougoslavie, à la princesse Kadria d'Egypte, à la princesse
Estelle Bernadette de Wisborg, au mahatma Gandhi, à plusieurs princes
régnants de l'Inde et aux Premiers ministres de tous les Etats du Commonwealth
australien, à tous ces personnages et à d'autres personnalités
de rang moindre, des ouvrages Baha'i, traitant de divers aspects de la
foi, ont été présentés, directement à quelques-uns
d'entre eux, par des intermédiaires adéquats pour d'autres, soit
en particulier par des croyants, soit par des représentants élus
des communautés Baha'i. Ces instructeurs individuels et ces assemblées ne manquèrent
pas non plus à leur devoir de mettre ces écrits à la disposition
du public dans les bibliothèques universitaires et publiques, fournissant
ainsi à la grande masse de leurs lecteurs la possibilité de se
familiariser avec l'histoire et les préceptes de la révélation
de Baha'u'llah. La simple énumération d'un certain
nombre parmi les plus importantes d'entre elles suffirait à révéler
l'envergure de cette entreprise qui s'étend sur cinq continents: la bibliothèque
du Musée britannique à Londres, la Bodleian à Oxford, les
bibliothèques du Congrès à Washington, du Palais de la
Paix à La Haye, de la fondation Nobel de la Paix et de la fondation Nansen
à Oslo, la Bibliothèque royale à Copenhague, celle de la
Société des Nations à Genève, la bibliothèque
de la Paix fondée par Hoover, celles de l'université d'Amsterdam,
du Parlement à Ottawa, des universités d'Allahabad, d'Aligarch
et de Madras, de l'université internationale Shantineketan à Bolepur,
de l'université 'Uthmàniyyih à Hayderabad, la Bibliothèque
impériale à Calcutta, la jamia Milli à Delhi, celle de
l'université de Mysore, les bibliothèques Bernard à Rangoon,
Jerabia Wadia à Poona, la bibliothèque publique de Lahore, celles
des universités de Lucknow et de Delhi, la bibliothèque publique
de Johannesburg, les bibliothèques itinérantes de Rio de Janeiro,
la Nationale à Manille, celle de l'université de Hong-Kong, les
bibliothèques publiques de Reykjavik, la Carnegie aux îles Seychelles,
la Bibliothèque nationale à Cuba, la bibliothèque publique
à San juan, celle de l'université de Ciudad Trujillo, les bibliothèques
publiques de l'université et de Carnegie à Porto-Rico, celles
du Parlement à Canberra et du Parlement Wellington. [...] Page 374 Toutes les bibliothèques précédentes ainsi que les principales
bibliothèques de l'Australie et de la Nouvelle-Zélande, neuf à
Mexico et quelques autres à Moukden et à Manchukuo, plus de mille
bibliothèques publiques, une centaine de bibliothèques mises au
Service de l'armée et deux cents autres appartenant à des collèges
et universités, y compris des collèges indiens, aux Etats-Unis
et au Canada, ont été pourvues de livres faisant autorité
sur la foi de Baha'u'llah. Les bibliothèques des prisons d'Etat, et depuis la guerre celles de
l'armée, sont comprises dans le plan d'ensemble de la communauté
Baha'i américaine mis sur pied par un comité spécial
pour faire connaître les écrits de la foi. Les intérêts
des aveugles n'ont pas non plus été négligés par
cette communauté active et entreprenante, comme le montre le dépôt
de livres Baha'i transcrits en braille par ses membres, dans trente bibliothèques
et instituts de dix-huit départements des Etats-Unis d'Amérique,
à Honolulu (Hawaï), à Regina (Saskatchewan) et dans les bibliothèques
pour aveugles de Tokyo et de Genève, ainsi que dans un grand nombre de
bibliothèques circulantes en liaison avec des bibliothèques publiques
de diverses grandes villes du continent nord-américain. Je ne puis laisser ce sujet sans faire une mention spéciale de celle
qui se couvrit de gloire, non seulement par une participation prépondérante
aux premières entreprises destinées à traduire et à
faire circuler des écrits sur la foi Baha'i, mais par-dessus tout
par ses exploits prodigieux et vraiment uniques en matière d'enseignement
international, qui n'éclipsèrent pas seulement ceux de ses contemporains
enseignant la foi par toute la terre, mais qui l'emportèrent sur les
hauts faits accomplis par n'importe lequel des propagateurs de la cause, au
cours d'un siècle entier. A Martha Root, cet archétype des professeurs
itinérants Baha'i, la Main la plus éminente suscitée
par Baha'u'llah depuis le décès d'Abdu'l-Baha,
doivent être décernés, si l'on évalue correctement
ses innombrables services et le don suprême de sa vie, le titre de Première
Ambassadrice de sa foi et celui de Fierté des professeurs Baha'i,
hommes ou femmes, tant d'Orient que d'Occident. Elle fut la première, l'année même où les tablettes
du Plan divin furent divulguées aux Etats-Unis d'Amérique, à
répondre aux appels historiques lancés dans ce pays par 'Abdu'l-Baha.
Avec une résolution inflexible et un sublime esprit de détachement,
elle s'embarqua pour ses voyages à travers le monde qui couvrirent une
période presque ininterrompue de vingt années, et qui la menèrent
quatre fois autour de la terre. A quatre reprises elle voyagea en Chine et au
japon, et trois fois dans les Indes, visita toutes les villes importantes de
l'Amérique du Sud, porta le message du jour nouveau aux rois, reines,
princes et princesses, présidents de républiques, ministres et
hommes d'Etat, journalistes, professeurs, membres du clergé et poètes,
ainsi qu'à un grand nombre de gens de divers milieux sociaux, et prit
contact, à la fois officiellement et à titre privé, avec
des congrès religieux, des sociétés pacifistes, des associations
espérantistes, des congrès socialistes, des sociétés
théosophiques, des clubs féminins et autres organismes du même
genre. [...] Page 375 En vertu du caractère de ses exploits et de la qualité des victoires
qu'elle remporta, cette âme indomptable établit le record qui s'approche
le plus de l'exemple donné par 'Abdu'l-Baha lui même à
ses disciples, au cours de ses voyages à travers l'Occident. Ses huit audiences successives avec la reine Marie de Roumanie, dont la première
eut lieu en janvier 1926, au palais Controceni à Bucarest, la seconde
en 1927, au palais Pelisor de Sinaia, suivies l'année d'après
par une visite, en janvier, à Sa Majesté et à sa fille
la princesse Ileana, au Palais Royal de Belgrade où elles étaient
les invitées du roi et de la reine de Yougoslavie, puis plus tard, en
octobre 1929, au palais d'été de la reine, Tehna Yuva, à
Balcic, sur la mer Noire, de nouveau en août 1932 et en février
1933, dans la demeure de la princesse Ileana (maintenant archiduchesse Anton
d'Autriche) à Môdling, près de Vienne, en février
de l'année suivante encore au palais Controceni, et enfin en février
1936 dans ce même palais - ces audiences se détachent, en raison
de l'influence profonde produite par la visiteuse sur sa royale hôtesse,
ainsi qu'en témoignent les éloges successifs écrits de
la main même de la reine, comme le trait le plus frappant de ces voyages
mémorables. Les trois invitations que cette infatigable championne de
la foi reçut du prince Paul et de la princesse Olga de Yougoslavie au
Palais Royal de Belgrade, les conférences qu'elle fit dans plus de quatre
cents universités et collèges des deux mondes, ses deux visites
à presque toutes les universités allemandes et à près
d'une centaine d'universités, collèges et écoles en Chine,
les articles, impossibles à dénombrer, qu'elle publia dans des
journaux et revues de presque tous les pays parcourus, ses nombreuses émissions
à la radio et le nombre incalculable de livres qu'elle déposa
dans des bibliothèques officielles et privées, ses rencontres
personnelles avec les hommes d'Etat de plus de cinquante pays pendant les trois
mois de son séjour à Genève en 1932, au moment de la Conférence
du Désarmement, la peine qu'elle se donna pour revoir soigneusement,
pendant ces pénibles voyages, la traduction et la préparation
de bien des versions de "Baha'u'llah et l'Ere Nouvelle" du Dr
Esslemont, les correspondances échangées avec des hommes éminents
et érudits et les livres Baha'i qu'elle leur offrit, son pèlerinage
en Perse et l'émouvant hommage de sa part à la mémoire
des héros de la foi, lors de sa visite aux lieux historiques Baha'i
de ce pays, son séjour à Andrinople où, dans son amour
débordant pour Baha'u'llah, elle chercha les maisons qu'il
avait habitées et les gens qu'il avait rencontrés pendant son
exil dans cette ville, et où elle fut reçue par le gouverneur
et le maire, l'aide empressée et intarissable qu'elle prêta aux
administrateurs de la foi dans tous les pays OÙ ses institutions étaient
établies ou en cours d'établissement, on peut considérer
toutes ces activités comme les éclatantes prouesses d'un service
qui, par bien des aspects, reste sans précédent dans toute l'histoire
du premier siècle Baha'i. [...] Page 376 La liste des noms de ceux qu'elle interviewa, tout en s'acquittant de sa mission,
n'est pas moins impressionnante et comprend, outre ceux déjà cités,
des personnages royaux et des personnalités de marque comme le roi Haakon
de Norvège, le roi Fayçal d'Iraq, le roi Zog d'Albanie
et les membres de sa famille, la princesse Marina de Grèce (maintenant
duchesse de Kent), la princesse Elisabeth de Grèce, le président
Thomas G. Masaryk et le président Edouard Bénès de Tchécoslovaquie,
le président de l'Autriche, le Dr. Sun Yat Sen, le Dr. Nicolas Murray
Butler, président de l'université de Colombie, le Pr Bogdan Popovitch
de l'université de Belgrade, le ministre des Affaires étrangères
de Turquie, le bey Tawfiq Rushdi, le ministre des Affaires étrangères
et le ministre de l'Education de Chine, le ministre des Affaires étrangères
de Lithuanie, le prince Muhammad-'Ali d'Egypte, Stephen Raditch, les maharajas
de Patiala, de Bénarès et de Travancore, le gouverneur et le grand
mufti de Jérusalem, le Dr. Erling Eiden, archevêque de Suède,
Sarojini Naidu, Sir Rabindranath Tagore, Madame Huda Sha'ràvi, leader
féministe égyptienne, le Dr. K. Ichiki, ministre de la Maison
impériale japonaise, le Pr Tetrujiro Inouye, le Pr Emeritus de l'université
impériale de Tokyo, le baron Yoshiro Sakatani, membre de la Maison des
Pairs du japon et Mehmed Fuad, doyen de la Faculté des lettres et président
de l'Institut d'histoire de Turquie. Ni l'âge, ni la maladie, ni la rareté des écrits qui gêna
ses premiers efforts, ni les maigres ressources qui ajoutèrent au fardeau
de son travail, ni les rigueurs extrêmes des climats qu'elle eut à
supporter, ni les troubles politiques qu'elle rencontra sur son chemin ne purent
étouffer le zèle de cette sainte femme à la force spirituelle
agissante, ni à la détourner de son but. Toute seule, et plus
d'une fois au milieu de circonstances extrêmement dangereuses, elle continua
d'annoncer, avec des accents claironnants, aux hommes de différentes
classes, couleurs et croyances, le message de Baha'u'llah jusqu'à
ce que, se hâtant de retourner dans son pays afin de participer à
l'exécution du plan de Sept Ans récemment mis sur pied, et ceci
malgré une maladie douloureuse et mortelle qu'elle endura avec un courage
héroïque, elle soit terrassée en chemin, dans la lointaine
ville d'Honolulu. C'est là, dans ce coin situé, comme un symbole,
entre les hémisphères oriental et occidental dans lesquels elle
avait travaillé avec tant d'ardeur, qu'elle mourut, le 28 septembre 1939,
touchant au terme d'une vie qui peut être considérée comme
le fruit de choix recueilli à ce jour, dans l'âge de formation
de la dispensation de Baha'u'llah. [...] Page 377 Au commandement d'Abdu'l-Baha, prescrit par son testament, de suivre
les traces des disciples de Jésus-Christ, "de ne point se reposer un
moment ", de "voyager à travers toutes régions" et de lancer,
"sans répit et avec énergie jusqu'à la fin, dans tous les
pays, le cri de Ya Baha'u'l-Abha, cette immortelle héroïne
a fait acte d'une obéissance dont les générations tant
présentes que futures peuvent être fières, et qu'elles peuvent
tâcher d'égaler. Libre comme le vent ", mettant " toute sa confiance " en Dieu, comme " le meilleur
viatique" pour son voyage, elle combla presque à la lettre le voeu exprimé
d'une manière si poignante par 'Abdu'l-Baha dans ses tablettes,
voeu que, à son appel, elle s'était immédiatement levée
pour accomplir: " O si seulement je Pouvais voyager vers ces régions,
même à pied et dans une extrême pauvreté, et, lançant
l'appel Ya Baha'u'l-Abha dans les villes, villages, montagnes,
déserts et océans, propager les enseignements divins! Cela, hélas,
je ne le puis. Comme je le déplore profondément! S'il plaît
à Dieu, vous pourrez y parvenir.' "Je suis profondément affectée d'apprendre la mort de cette chère
. Miss Martha Root, ce dont je ne me doutais nullement. Nous avions toujours
plaisir à recevoir ses visites dans le passé. Elle était
si bonne et si douce, et c'était vraiment une travailleuse servant la
paix. Je suis sûre que son travail sera beaucoup regretté." Ainsi
s'exprima la princesse Olga de Yougoslavie, dans son hommage royal à
sa mémoire, lorsqu'elle fut informée de son décès. - Tu es en vérité un héraut du royaume et une messagère
du covenant ", témoigne la plume infaillible du Centre même du
covenant de Baha'u'llah. - Tu te sacrifies véritablement.
Tu fais preuve de bonté envers toutes les nations. Tu sèmes une
graine qui, en temps voulu, donnera naissance à des milliers de moissons.
Tu es en train de planter un arbre qui, éternellement, produira des feuilles
et des fleurs, qui donnera des fruits, et dont l'ombre s'amplifiera de jour
en jour. De tous les services rendus à la cause de Baha'u'llah
par cette perle des servantes de sa foi, le plus magnifique, et de loin le plus
important> fut la réponse quasi-instantanée obtenue de la reine
Marie de Roumanie au message que cette ardente et intrépide pionnière
lui avait apporté, à l'un des plus sombres moments de sa vie,
cri une heure d'amertume et d'adversité, de tristesse et de perplexité.
"Il survint", déclara-t-elle dans une lettre, " comme tous les grands
messages, à une heure de cruel chagrin, de conflit intérieur et
de détresse, si bien que le germe pénétra plus profondément." Fille aînée du duc d'Edinburgh - lui-même second fils de
cette reine à laquelle Baha'u'llah, dans une tablette suggestive,
avait adressé des paroles de recommandation -, elle était la petite
fille du tsar Alexandre II auquel avait été révélée
une épître écrite par cette même Plume. [...] Page 378 Apparentée, à la fois par sa naissance et son mariage, aux familles
les plus distingué., d'Europe, née dans la foi anglicane, elle
était étroitement liée par son mariage à l'Eglise
orthodoxe grecque, religion d'Etat de son pays d'adoption. Ecrivain accompli
elle-même, dotée d'une personnalité attirante et pleine
de charmes, hautement douée, lucide, ardente et audacieuse par nature,
vivement dévouée à toutes les entreprises d'un caractère
humanitaire, elle seule, parmi ses pairs les autres reines et parmi les personnages
de naissance ou de rang royal, fut portée à saluer spontanément,
avec enthousiasme, la grandeur du message Baha'i, à proclamer
que Baha'u'llah était le Père, que Muhammad avait
le rang de prophète, à recommander les préceptes Baha'i
à tous les hommes et femmes, et a célébrer leur beauté,
leur puissance et leur sublimité. L'aveu intrépide de sa croyance, devant ses propres parents et amis,
et particulièrement devant sa fille la plus jeune, les trois hommages
successifs rendus à la foi, qui constituent son legs durable, le plus
grand qu'elle fit à la postérité, les trois autres témoignages
d'estime sortis de sa plume à titre de contribution aux publications
Baha'i, les différentes lettres écrites à des amis
et relations ainsi qu'à Martha Root, son guide et mère spirituelle,
les signes divers montrant sa foi et sa gratitude pour la bonne nouvelle qui
lui avait été apportée, ses commandes de livres Baha'i
et celles de sa fille cadette, et enfin son pèlerinage en Terre sainte,
entrepris à seule fin d'exprimer ses sentiments de révérence
devant les tombeaux des fondateurs de la foi -espoir qui fut déçu-,
pour de tels actes, cette reine illustre mérite assurément d'être
considérée comme la première parmi ces défenseurs
royaux de la cause de Dieu qui doivent se lever dans l'avenir et dont chacun,
selon les paroles de Baha'u'llah lui-même, sera acclamé
comme ` l'oeil même de l'humanité, la lumineuse parure ornant le
front de la création, la source originelle des bénédictions
pour le monde entier". " Quelques personnes de mon rang", déclara-t-elle de façon significative
dans une lettre personnelle, "s'étonnent et désapprouvent mon
courage d'oser prononcer des paroles inhabituelles de la part des têtes
couronnées, mais j'agis sous la poussée d'une force intérieure
à laquelle je ne puis résister. je reconnais, tête inclinée,
que moi aussi je ne suis qu'un instrument entre de plus grandes Mains, et je
me réjouis de le savoir." Une courte missive fut adressée à Sa Majesté par Martha
Root, à son arrivée à Bucarest, ainsi qu'un exemplaire
de "Baha'u'llah et l'Ere Nouvelle". Ce livre retint l'attention
de la reine à tel point qu'elle continua de lire jusqu'aux premières
heures du matin, et deux jours plus tard, la reine accordait une audience à
Martha Root, le 3o janvier 1926, dans le palais Controceni de Bucarest, audience
pendant laquelle Sa Majesté exprima la conviction que "Ces enseignements
sont la solution des problèmes du monde". [...] Page 379 Il s'ensuivit, la même année et de son propre mouvement, sa publication
des trois témoignages historiques qui parurent dans près de deux
cents journaux des Etats-Unis et du Canada, et qui furent ensuite traduits et
publiés en Europe, en Chine, au japon, en Australie, au Proche-Orient
et dans diverses îles. Dans le premier de ces témoignages, elle affirma que les écrits
de Baha'u'llah et d'Abdu'l-Baha sont l'expression d'un
grand appel en faveur de la paix, franchissant les limites des frontières
et s'élevant au-dessus de tous les désaccords sur les rites et
les dogmes...C'est un merveilleux message que Baha'u'llah et son
fils 'Abdu'l-Baha nous ont donné! Ils ne l'ont pas fait d'une
manière agressive, sachant que le germe de vérité éternelle
qui repose au fond de ce message ne peut que prendre racine et fructifier...
C'est le message du Christ, repris presque dans les mêmes termes, mais
tenant compte de plus de mille ans d'écart qui séparent l'an un
de nos jours." Elle ajouta une exhortation remarquable rappelant les fortes
paroles du Dr. Benjamin Jowett qui, au cours de sa conversation avec son élève,
le Pr Lewis Carnpbell, avait accueilli la foi comme "la plus grande lumière
parue dans le monde depuis l'époque de Jésus-Christ et lui avait
conseillé de " l'examiner " et de ne jamais la perdre de vue. Si jamais
", écrivit la reine, "le nom de Baha'u'llah ou d'Abdu'l-Baha
vous tombe sous les yeux, ne rejetez pas leurs écrits. Etudiez leurs
livres, laissez leurs glorieuses paroles et leurs leçons, messagères
de paix et créatrices d'amour, pénétrer votre coeur comme
elles ont Pénétré le mien...Examinez-les et soyez plus
heureux." Dans un autre de ces témoignages contenant une remarque pleine de portée
sur le rang du Prophète arabe, elle déclara: "Dieu est tout. Absolument
tout. Il est la puissance qui soutient tous les êtres ... Il est la voix
qui, au fond de nous, montre le bien et le mal. Mais pour la plupart, nous ignorons
ou nous ne comprenons pas cette voix. C'est pourquoi il a choisi son élu
et l'a envoyé parmi nous, sur la terre, pour clarifier sa Parole et lui
donner sa vraie signification. Ainsi en est-il des prophètes comme le
Christ, Muhammad, Baha'u'llah; car de temps à autre, l'homme
a besoin d'une voix sur la terre pour lui parler de Dieu, pour rendre plus vive
sa conception de l'existence du vrai Dieu. Ces voix qui nous furent envoyées
devaient être incarnées, de manière que nous puissions entendre
avec nos oreilles terrestres, et comprendre." En reconnaissance de ces témoignages, une communication fut adressée
à cette reine, au nom des disciples orientaux et occidentaux de Baha'u'llah,
et dans la lettre profondément touchante qu'elle envoya en réponse,
elle écrivit: " En vérité, une grande lumière est
venue à moi avec le message de Baha'u'llah et d'Abdu'l-Baha. [...] Page 380 La plus jeune de mes filles trouve aussi une grande force et un réconfort
dans les enseignements des maîtres bien-aimés. Nous transmettons
le message de bouche à oreille, et tous ceux à qui nous le donnons
voient une lumière briller soudainement devant eux, et bien des choses
naguère obscures et embarrassantes deviennent simples, lumineuses et
pleines d'espoir, comme jamais auparavant. Que ma lettre ouverte ait été
un baume pour ceux qui souffrent pour la cause m'est certes un grand bonheur,
et je considère ce fait comme un signe que Dieu a accepté mon
humble tribut. L'occasion que j'ai eue de m'exprimer publiquement était
aussi son oeuvre, car ce fut vraiment un enchaînement de circonstances
dont chaque maillon me conduisit, à mon insu, pas à pas, jusqu'à
ce que, brusquement, tout devienne clair à mes yeux, et que je comprenne
pourquoi tout cela s'était déroulé. C'est ainsi que Dieu
nous conduit finalement vers notre ultime destin...Petit à petit, le
voile est enlevé, déchiré par le chagrin. Et la peine fut
aussi une étape qui m'a conduite toujours plus près de la vérité;
c'est pourquoi je ne récrimine pas contre la douleur." Dans une lettre émouvante et suggestive à une amie intime américaine
résidant à Paris, elle écrivit: "Récemment, un grand
espoir m'est venu d'un certain 'Abdu'l-Baha. J'ai trouvé dans
son message de foi et dans celui de son père, Baha'u'llah,
toute satisfaction à mon ardent désir d'une religion réelle
... Ce que je veux dire, c'est que ces livres M'ont fortifiée au-delà
de toute espérance et que je suis maintenant pleine d'espoir et prête
à mourir n'importe quand. Mais je prie Dieu de ne pas m'enlever déjà
car j'ai encore beaucoup de travail à accomplir." Et une fois de plus, dans un de ses jugements élogieux de la foi: "Les
enseignements Baha'is apportent la paix et la compréhension. C'est
comme une grande étreinte réunissant tous ceux qui, longtemps,
ont cherché des paroles d'espoir ... Attristée par la lutte continuelle
entre les fidèles de nombreuses confessions et lassée de leur
intolérance réciproque, je découvris dans l'enseignement
Baha'i le véritable esprit du Christ, si souvent renié
et incompris." Et enfin cette remarquable confession: "Les enseignements Baha'i
apportent la paix à l'âme et l'espérance au coeur. A ceux
qui cherchent une conviction, les paroles du Père sont comme une fontaine
en plein désert, au bout d'une longue course errante." "L'admirable vérité de Baha'u'llah", écrivit-elle
à Martha Root, "est toujours pour moi une aide et une inspiration. Ce
que j'ai écrit, je l'ai fait parce que mon coeur débordait de gratitude
envers vous pour les réflexions que vous avez éveillées
en moi- je suis heureuse si vous pensez que j'ai été utile. J'ai
cru que cela Pouvait rendre la vérité plus proche du fait que
mes paroles sont lues par tant de gens." [...] Page 381 Au cours d'une visite au Proche-Orient, elle exprima son intention de visiter
les tombeaux Baha'i et, accompagnée de sa plus jeune fille, elle
traversa effectivement Haïfa. Elle approchait de son but lorsqu'on lui
refusa le droit de faire le pèlerinage qu'elle avait projeté,
à la profonde déception de la très sainte Feuille qui avait
attendu son arrivée avec impatience. Quelques mois après, en juin
1931, dans une lettre à Martha Root, elle écrivit: "Ileana et
moi fûmes cruellement déçues de n'avoir pu nous rendre aux saints tombeaux ... Mais à cette époque, nous
traversions une crise terrible, et tous les déplacements que je faisais
étaient retournés contre moi et politiquement exploités
d'une manière malveillante. Cela me causa bien des peines et restreignit
très cruellement ma liberté. Mais ... la beauté de la vérité
demeure, et je m'accroche à elle à travers toutes les vicissitudes
d'une vie devenue plutôt triste...Je suis heureuse d'apprendre que votre
voyage a été si fructueux et je vous souhaite un succès
continu, sachant quel merveilleux message vous portez de pays en pays." Après cette triste déception, elle écrivit à une
amie d'enfance qui habitait près d'Akka, dans une maison où
Baha'u'llah avait demeuré: "C'est vraiment un plaisir d'avoir
reçu de vos nouvelles, et surtout de penser que vous vivez près
de Haïfa et que vous êtes, comme moi, une adepte des enseignements
Baha'i. Le fait que vous habitiez dans cette maison particulière
présente pour moi de l'intérêt. J'ai été très
vivement intéressée par les photos et j'ai examiné chacune
d'elles avec attention. Ce doit être un endroit charmant ... et à
la maison, incroyablement attirante, dans laquelle vous vivez s'attache un grand
prix, du fait qu'elle fut occupée par l'homme que nous vénérons
tous..." Son dernier hommage public rendu à la foi qu'elle avait ardemment aimée
parut deux ans avant sa mort. "Plus que jamais aujourd'hui ", écrivit
elle, "au moment où le monde doit faire face à une telle crise
d'inquiétude et de désarroi, nous devons être fermes dans
la foi, cherchant ce qui nous unit et non ce qui nous déchire. A ceux
qui recherchent la lumière, les enseignements Baha'i offrent l'étoile
qui les conduira à une compréhension plus profonde, à la
certitude à la paix et à la bienveillance entre tous les hommes." Le récit de Martha Root elle-même, illustrant ces faits, se trouve
dans l'un de ses articles: "Pendant dix ans, Sa Majesté et sa fille,
Son Altesse Royale la princesse Ileana (maintenant archi-duchesse Anton), ont
lu avec intérêt chaque livre nouvellement paru sur le mouvement
Baha'i, dès qu'il était imprimé ... Reçue
en audience par Sa Majesté, au palais Pelisor de Sinaia, en 1927, après
la mort de Sa Majesté le roi Ferdinand, son mari, elle m'accorda aimablement
une entrevue, me parlant de ce que la foi Baha'i enseigne sur l'immortalité.
Sur sa table et sur un divan se trouvaient plusieurs livres Baha'i, car
elle venait justement de lire dans chacun d'eux les éclaircissements
donnés sur la vie après la mort. [...] Page 382 Elle demanda à l'auteur' de transmettre ses salutations ... aux amis
d'Iran et aux nombreux Baha'is américains qui, dit-elle,
avaient été tellement aimables avec elle au cours de son voyage
aux Etats-Unis, l'année précédente ... je rencontrai de
nouveau la reine le 19 janvier 1928, au Palais Royal de Belgrade où elle
même et Son Altesse Royale, la princesse Ileana, étaient les invitées
de la reine de Yougoslavie - et où elles avaient apporté quelques-uns
de leurs livres Baha'i -, et entre toutes les paroles prononcées
par Sa Gracieuse Majesté, celles-ci resteront le plus longtemps dans
ma mémoire. "Le rêve ultime que nous réaliserons, c'est
que le courant de la pensée Baha'i soit si fort que celle-ci devienne
peu à peu une lumière pour tous ceux qui cherchent l'expression
authentique de la Vérité... " Puis, à l'audience au palais
Controceni, le16 février 1934, où Sa Majesté apprit que
la traduction en roumain de " Baha'u'llah et l'Ere Nouvelle" venait
d'être publiée à Bucarest, elle se déclara très
heureuse du bienfait qu'apporterait à son peuple la lecture de ces précieux
enseignements ... Et maintenant, aujourd'hui 4 février 1936, je viens
d'avoir une autre entrevue, avec Sa Majesté, au palais Controceni, à
Bucarest ... De nouveau, la reine Marie de Roumanie me reçut cordialement
dans sa bibliothèque, discrètement éclairée car
il était six heures ... Quelle visite mémorable! Elle me dit que
lorsqu'elle se trouvait à Londres, elle avait rencontré une croyante
Baha'i, Lady Blomfield, qui lui avait montré le message original
envoyé par Baha'u'llah à Londres, à sa grand-mère
la reine Victoria. Elle interrogea l'auteur sur les progrès du mouvement
Baha'i, notamment dans les pays balkaniques ... Elle parla aussi de plusieurs
livres Baha'i, de la profondeur de l' 'Iqàn, et en particulier
des Extraits des Ecrits de Baha'u'llah qu'elle trouvait merveilleux.
Selon ses propres paroles: "Même ceux qui doutent trouveraient une force
immense dans la lecture de ce seul livre, s'ils laissaient à leur âme
le temps de s'épanouir" ... je lui demandai si je pouvais parler de la
broche qui, du point de vue historique, est précieuse pour les Baha'is,
et elle répondit: "Oui, vous le pouvez!" Une fois, en 1928, Sa Gracieuse
Majesté avait fait présent à l'auteur d'une broche, rare
et fort belle, qu'elle avait reçue en cadeau de sa royale famille de
Russie, quelques années plus tôt. C'était deux petites ailes
d'or et d'argent ciselées, ornées de minuscules éclats
de diamant et réunies par une grosse perle. "Vous donnez sans cesse aux
autres, aussi vais-je vous offrir moi-même un cadeau", dit la reine en
souriant; et elle l'épingla elle-même sur ma robe. Avec les ailes
et la perle, on aurait dit un symbole "Baha'i porteur de lumière!"
La même semaine, la broche fut envoyée à Chicago, à
titre d'offrande pour le temple Baha'i..., et à la convention
nationale qui siégeait ce printemps-là, une objection fut soulevée:
Pouvait-on vendre un cadeau de la reine? [...] Page 383 Ne devait-il pas être conservé en souvenir de la première
reine qui se soit levée pour soutenir activement les progrès de
la foi de Baha'u'llah? Malgré cela, il fut immédiatement
vendu et l'argent fut donné au temple, car tous les Baha'is offraient
au maximum pour hâter la construction de cet édifice grandiose,
le premier de son espèce aux Etats Unis d'Amérique. M. Willard
Hatch, un Baha'i de Los Angeles, en Californie, qui acheta le ravissant
bijou, l'apporta à Haïfa, en Palestine, en 193 1 et le déposa
dans les archives du mont Carmel où il restera, dans la suite des âges,
parmi les trésors Baha'i... En juillet 1938, la reine Marie de Roumanie s'éteignit. Au nom de toutes
les communautés Baha'i des deux mondes, un message de condoléances
fut adressé à sa fille, la reine de Yougoslavie, message auquel
elle répondit en exprimant ses "sincères remerciements à
tous les fidèles de Baha'u'llah". L'Assemblée Spirituelle
Nationale des Baha'is de Perse envoya une lettre au nom des croyants
du pays natal de Baha'u'llah pour exprimer sa tristesse et ses
sentiments de sympathie à son fils, le roi de Roumanie, et à la
famille royale, lettre dont le texte était rédigé à
la fois en persan et en anglais. Martha Root adressa un témoignage d'affectueuse
et profonde sympathie à la princesse Ileana qui lui en accusa réception
avec reconnaissance. Des réunions commémoratives furent organisées
en mémoire de la reine, au cours desquelles un hommage honorable lui
fut rendu pour l'aveu hardi et de portée historique qu'elle avait fait
de sa foi en la paternité de Baha'u'llah, pour avoir reconnu
au fondateur de l'islam le rang de prophète et pour les divers
témoignages élogieux qu'elle avait écrits. Pour le premier
anniversaire de sa mort, l'Assemblée Spirituelle Nationale des Baha'is
des Etats-Unis et du Canada manifesta son admiration et son affection reconnaissante
pour la défunte reine en s'associant, par un envoi de fleurs impressionnant,
au service commémoratif solennel donné en son honneur et organisé
par le ministre roumain dans la chapelle de Bethléem, à la cathédrale
de Washington. La délégation américaine, dirigée
par le ministre des Affaires étrangères et comprenant des membres
du gouvernement et des représentants de l'armée et de la marine,
les ambassadeurs anglais, français et italien ainsi que les représentants
d'autres ambassades et légations d'Europe assistèrent à
ce service, s'unissant dans un hommage commun à celle qui, outre son
impérissable renommée acquise dans le royaume de Baha'u'llah,
avait, pendant sa vie terrestre, conquis l'estime et l'affection de bien des
gens qui vivaient au-delà des frontières de son propre pays. L'acceptation du message divin par la reine Marie représente la récolte
des prémices de cette vision que Baha'u'llah avait eue
bien avant sa captivité, et dont il avait fait mention dans son Kitab-i-Aqdas.
[...] Page 384 "Comme elle est grande ", écrit-il, " la bénédiction réservée
au roi qui se lèvera pour soutenir ma cause dans mon royaume, qui se
détachera de tout ce qui n'est Pas moi! ... chacun devra glorifier son
nom, respecter sa haute position et l'aider à ouvrir les portes des villes
avec les clefs de mon nom, le protecteur tout-puissant de tout ce qui demeure
dans les royaumes visible et invisible. Un tel roi est l'oeil même de l'humanité,
la lumineuse parure ornant le front de la création, la source originelle
des bénédictions pour le monde entier. Sacrifie,ô peuple
de Bahà, tout votre avoir, mieux encore, votre propre vie, pour lui prêter
assistance." Comme le premier siècle Baha'i touchait à sa fin, la communauté
Baha'i américaine, couronnée d'une gloire impérissable
de par les services internationaux remarquables de Martha Root, était
destinée à se distinguer sous les efforts conjugués de
ses membres, à la fois dans son pays et à l'étranger, par
de nouveaux exploits d'une portée et d'une qualité telles que
nul compte rendu des travaux d'enseignement de la foi au cours de ce siècle
ne saurait les ignorer. Il ne serait pas exagéré de dire que ces
tâches colossales ne pouvaient être effectuées, et que les
résultats étonnants qui s'ensuivirent ne pouvaient être
atteints, qu'en mettant en oeuvre tous les moyens fournis par un ordre administratif
tout nouveau, fonctionnant selon un plan soigneusement conçu, et que
ce travail et ces résultats constituent une conclusion digne des cent
années d'efforts sublimes consacrées au service de la cause de
Baha'u'llah. Le fait que la communauté des fidèles des Etats-Unis et du Canada
ait remporté la palme de la victoire, dans les dernières années
d'un siècle aussi glorieux, n'a rien de surprenant. Les tâches
accomplies pendant les deux dernières décades de l'âge héroïque
et les quinze premières années de l'âge de formation de
la dispensation Baha'i étaient déjà de bon augure
pour son avenir, et avaient préparé le chemin pour sa victoire
finale avant l'expiration du premier siècle de l'ère Baha'i. Près de cent ans auparavant, le Bab, dans son Qayytimu'i-Asmd',
avait lancé ses appels explicites aux "peuples d'Occident", les invitant
à "quitter" leurs "villes" et à soutenir sa cause. Baha'u'llah,
dans son Kitab-i-Aqdas, s'était adressé à tous les
présidents des républiques des deux Amériques en général,
leur ordonnant de se lever, "d'apporter réparation aux êtres brisés,
avec les mains de la justice" et d' "écraser l'oppresseur" avec le "sceptre
des commandements" de leur Seigneur; il avait, de plus, fait pressentir dans
ses écrits l'apparition, "en Occident", des "signes de son règne".
'Abdu'l-Baha avait déclaré de son côté que
l' "illumination" de l'Occident, produite par la révélation de
son père, atteindrait un "éclat extraordinaire", et que la "lumière
du royaume" " - jetterait un éclat encore plus grand sur l'Occident"
que sur l'Orient. Il avait glorifié le continent américain en
particulier comme "Le pays où les splendeurs de sa lumière seraient
révélées, où les mystères de sa foi seraient
dévoilés", et il avait affirmé qu' "il conduirait toutes
les nations spirituellement". [...] Page 385 D'une manière encore plus explicite, il avait distingué la grande
république de l'Ouest, la nation principale de ce continent, en déclarant
que son peuple était "certes digne d'être le premier à construire
le tabernacle de la paix suprême et à proclamer l'unité
de l'humanité", qu'il était "pourvu du nécessaire et doté
du pouvoir pour accomplir ce qui illustrera les pages de l'histoire, pour devenir
un objet d'envie dans le monde, et recevoir les bénédictions de
l'Orient et de l'Occident". Le premier geste de son ministère avait été de déployer
l'étendard de Baha'u'llah au coeur même de cette république.
Vinrent ensuite sa visite prolongée vers ses rivages, sa consécration
de la première maison d'adoration que la communauté de ses fidèles
allait faire construire sur cette terre, et finalement la révélation,
au soir de sa vie, des tablettes du Plan divin, chargeant ses disciples de planter
l'étendard de la foi de son père sur tous les continents, tous
les pays et les îles du globe, comme il l'avait planté dans leur
propre pays. De plus, il avait acclamé l'un de leurs présidents
les plus renommés comme celui qui, par les idéaux qu'il avait
exposés et les institutions qu'il avait inaugurées, avait fait
poindre l' "aube" de la paix annoncée par Baha'u'llah,
et avait exprimé l'espoir que, de leur pays, l'"illumination céleste"
puisse "s'étendre à tous les peuples du monde". Dans ses tablettes,
il les avait appelés les "apôtres de Baha'u'llah ", leur assurant
que ~ si le succès couronnait" leur "entreprise", "le trône du
royaume de Dieu serait solidement installé, dans la plénitude
de sa majesté et de sa gloire ", et il avait fait cette émouvante
déclaration: " Dès que ce message divin serait propagé
" par eux " à travers les continents d'Europe, d'Asie, d'Afrique et d'Australasie,
et jusque dans les îles du Pacifique, cette communauté se trouverait
établie en toute sécurité sur le trône d'un empire
éternel', et "la terre entière" "résonnerait des louanges
e sa majesté et de sa grandeur". Déjà du vivant de celui qui l'avait créé, qui en
avait pris soin avec tendresse, qui l'avait bénie à plusieurs
reprises et l'avait chargée, à la fin, d'une mission aussi spéciale,
cette communauté avait entrepris d'édifier le Mashriqu'l-Adhkar,
achetant le terrain et faisant poser ses fondations. Elle avait dépêché
ses professeurs en Orient et en Occident pour propager la cause qu'elle avait
embrassée, elle avait établi la base de sa vie de communauté,
et depuis le décès d'Abdu'l-Baha, elle avait fait construire
la superstructure et commencer la décoration du temple. Elle avait, par
ailleurs, joué un rôle prépondérant dans l'exécution
de diverses tâches telles que: Etablir les bases de l'ordre administratif
de la foi, soutenir sa cause, démontrer son caractère indépendant,
enrichir et disséminer sa littérature, prêter une assistance
morale et matérielle aux croyants persécutés, repousser
les attaques des adversaires et gagner à son fondateur l'allégeance
de la royauté. Un si magnifique record devait être couronné,
vers la fin du siècle, par la mise en application d'un plan - première
phase pratique de la mission que lui avait confiée 'Abdu'l-Baha
-, plan qui, dans le court délai de sept années, allait permettre
de terminer avec succès la décoration extérieure du Mashriqu'l-Adhkar,
de doubler à peu près le nombre d'assemblées spirituelles
en exercice dans l'Amérique du Nord, de porter à treize cent vingt-deux
au moins le nombre total de localités où résidaient des
Baha'is sur ce même continent, d'établir les structures
fondamentales de l'ordre administratif dans chacune des divisions des Etats-Unis
et provinces du Canada, et de poser de solides jalons dans les vingt républiques
de l'Amérique du Centre et du Sud, afin de porter à soixante le
nombre des Etats souverains entrant dans le champ de son influence. [...] Page 386 Des forces nombreuses et diverses se combinaient maintenant pour pousser la
communauté Baha'i américaine à agir énergiquement:
Les exhortations et les merveilleuses promesses de Baha'u'llah
et son commandement de construire, en son nom, des maisons d'adoration, les
directives données par 'Abdu'l-Baha dans quatorze tablettes adressées
aux croyants habitant dans les Etats de l'Ouest, du Centre, du Nord-Est et du
Sud de la République nord-américaine et du dominion du Canada,
ses paroles prophétiques concernant l'avenir du Mashriqu'l-Adhkar
en Amérique, l'influence du nouvel ordre administratif qui développait
efficacement un esprit de coopération enthousiaste, l'exemple de Martha
Root qui, bien que munie tout juste d'une poignée de brochures mal traduites,
avait voyagé jusqu'en Amérique du Sud et visité toutes
les villes importantes de ce continent, la ténacité et l'abnégation
de la courageuse et brillante Keith Ransom-Kehler, première martyre américaine
qui, s'étant rendue en Perse, avait plaidé la cause de ses condisciples
opprimés, au cours de nombreuses entrevues avec des ministres, des ecclésiastiques
et des représentants du gouvernement, qui avait envoyé jusqu'à
sept pétitions au shah et qui, négligeant les avertissements
de l'âge et de la maladie, avait finalement succombé à Isfàhàn.
D'autres facteurs incitèrent les membres de cette communauté à
faire de nouveaux sacrifices et à prendre d'autres risques; ainsi, leur
désir de renforcer le travail intermittent d'un certain nombre de pionniers
itinérants ou à résidences fixes, qui avaient établi
le premier centre de la foi au Brésil, navigué autour du continent
sud-américain, voyagé aux Antilles et distribué de la littérature
dans diverses régions des Amériques Centrale et Sud; ainsi encore
la conscience de leurs responsabilités pressantes en face d'une situation
internationale qui se gâtait rapidement; et enfin, devant la perspective
de la fin proche du premier siècle Baha'i, leur souci d'apporter
une conclusion convenable à une entreprise qui avait été
lancée trente ans auparavant. Nullement rebutés par l'immensité
de la tâche, par le pouvoir que détenaient des organisations ecclésiastiques
solidement retranchées, par l'instabilité politique de certains
pays où ils devaient s'installer, par les conditions climatiques qu'ils
allaient rencontrer ni par la différence de langage et de coutumes des
peuples au sein desquels ils allaient habiter, et parfaitement conscients de
la nécessité criante d'établir la foi sur le continent
nord de l'Amérique, les membres de la communauté Baha'i
américaine se levèrent comme un seul homme pour inaugurer une
triple campagne soigneusement préparée et conduite avec méthode.
Elle était destinée à établir une assemblée
spirituelle dans chaque Etat et province de l'Amérique du Nord, à
former un noyau fixe de croyants dans chacune des républiques de l'Amérique
Centrale et de l'Amérique du Sud, et à terminer la décoration
extérieure du Mashriqu'l-Adhkar. [...] Page 387 Quantités d'activités d'ordre administratif ou éducatif
furent mises en route et poursuivies pour exécuter ce noble plan: contributions
généreuses aux fonds, établissement d'un comité
inter-américain et formation de comités auxiliaires régionaux
d'enseignement, fondation d'une école internationale pour former des
professeurs Baha'i, installation de pionniers dans de nouvelles zones,
visites de professeurs itinérants, diffusion d'ouvrages Baha'i
en espagnol et en portugais, création de cours d'entraînement pour
professeurs et extension du travail de la part des groupes et assemblées
locales, publicité dans les journaux et à la radio, exposition
de diapositives et de modèles du temple, réunions entre communautés,
conférences dans les universités et les collèges, intensification
de cours d'enseignement et d'études sur l'Amérique latine aux
écoles d'été, toutes ces tâches, et bien d'autres
encore, permirent aux artisans de ce plan de Sept Ans de triompher d'une entreprise
collective qu'il faut considérer comme la plus grande jamais lancée
par les fidèles de Baha'u'llah pendant tout le premier
siècle Baha'i. En fait, avant l'expiration de ce siècle, non seulement les travaux
sur le temple avaient été terminés seize mois avant la
date fixée, mais au lieu d'un petit noyau dans chaque république
latine, des assemblées spirituelles avaient déjà été
établies à Mexico et à Puebla (Mexique), à Buenos-Aires
(Argentine), dans la ville de Guatemala (au Guatemala), à Santiago (Chili)
Montevideo (Uruguay), Quito (Equateur), Bogota (Colombie), Lima (Pérou),
Assomption (Paraguay), Tegucigalpa (Honduras), San Salvador (Salvador), San
José et Puntarenas (Costa-Rica), La Havane (Cuba) et Port-au-Prince (Haïti).
Une entreprise d'extension à laquelle participaient des croyants frais
émoulus d'Amérique latine avait également commencé
et se poursuivait vigoureusement dans les républiques du Mexique, Brésil
Argentine, Chili, Panama et Costa Rica. Les croyants avaient établi leur
résidence, non seulement dans les principales villes de toutes les républiques
d'Amérique latine, mais aussi dans des centres tels que Veracruz, Cananea
et Tacubaya (Mexique), Balboa et Christobal (Panama), Recife (Brésil),
Gayaquil et Ambato (Equateur), Temuco et Magellan (Chili); les Assemblées
Spirituelles des Baha'is de Mexico et de San José avaient été
enregistrées; un centre Baha'i avait été créé
à Mexico; il se composait d'une bibliothèque, d'une salle de lecture
et d'une salle de conférences; des rassemblements de jeunes Baha'is
avaient eu lieu à La Havane, Buenos-Aires et Santiago, et un centre de
distribution de littérature pour l'Amérique latine avait été
installé à Buenos Aires. [...] Page 388 Cette entreprise gigantesque ne devait pas être privée non plus,
dès son départ, d'une bénédiction qui allait consacrer
l'union spirituelle des Amériques, bénédiction née
du sacrifice de celle qui, à l'aube même du jour du covenant, avait
fondé les premiers centres Baha'i d'Europe et du Canada. Malgré
ses soixante-dix ans et sa mauvaise santé, elle entreprit un voyage de
dix mille kilomètres, jusqu'à la capitale de l'Argentine et là,
arrivée au seuil de sa mission de pionnière, elle succomba soudainement.
Par une telle mort, elle imprima au travail commencé dans cette république
un élan qui, grâce à la création d'un centre de distribution
de littérature Baha'i pour l'Amérique latine, et grâce
à d'autres entreprises, lui à déjà permis de prendre
une position prépondérante parmi les républiques voisines. A May Maxwell qui repose dans la terre de l'Argentine, à Hyde Dunn dont
la poussière est enfouie aux antipodes de son pays, dans la ville de
Sydney, à Keith Ransom-Kehler, enterrée dans la lointaine Isfàhàn,
à Susan Moody et Lillian Kappes et à leurs vaillants associés
inhumés à Tihran, à Lua Getsinger, reposant à
jamais dans la capitale de l'Egypte, et enfin dernière mais non des moindres,
à Martha Root, enterrée dans une île, en plein Pacifique,
à tous ceux-là revient l'honneur sans égal d'avoir jeté
sur la communauté Baha'i américaine, par leurs services
et par leurs sacrifices, un éclat dont ses représentants, célébrant,
à leur première convention générale historique,
leurs victoires remportées de haute lutte, peuvent être éternellement
reconnaissants. Réunie dans son sanctuaire national - le temple le plus sacré
qui fut jamais élevé à la gloire de Baha'u'llah
- pour commémorer le centenaire, à la fois de la naissance de
la dispensation babi, de l'inauguration de l'ère Baha'i,
du début du cycle Baha'i et de la naissance d'Abdu'l-Baha,
ainsi que le cinquantième anniversaire de l'établissement de
la foi dans l'hémisphère occidental, unie pour cette solennité
aux représentants des républiques d'Amérique, à
proximité d'une ville qui peut se flatter d'être le premier centre
Baha'i établi dans le monde occidental, cette communauté
peut certes, en cette solennelle occasion et devant la conclusion triomphale
terminant la première phase du plan tracé par 'Abdu'l-Baha,
avoir le sentiment qu'elle a projeté à son tour une gloire durable
sur ses soeurs, les communautés des deux mondes, et qu'elle a écrit,
en lettres d'or, les pages finales des annales du premier siècle Baha'i.
CHAPITRE XXV: Développement international de l'enseignement