Voici le Jour promis
Shoghi Effendi
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24. Un avertissement à toutes les nations
Cette horde de prêtres dégradés, que Baha'u'llah avait traités de docteurs
du doute, de manifestations pitoyables du prince de l'obscurité, de loups et
de pharaons, de centres focaux du feu de l'enfer, de bêtes voraces se délectant
des charognes de l'âme des hommes et qui furent, comme le montrent leurs
propres traditions, à la fois les sources et les victimes du mal, a rejoint
les divers essaims de shah-zadihs, d'émirs et de princes de dynasties déchues
- preuve et avertissement à toutes les nations de ce qui doit, tôt ou tard,
advenir de ces détenteurs d'une autorité terrestre, qu'elle soit royale ou ecclésiastique,
qui oseraient défier ou persécuter les Canaux et les Incarnations désignés de
l'autorité et du pouvoir divins.
Si nous lisons bien les signes des temps, l'Islam, à la fois ancêtre et persécuteur
de la Foi de Baha'u'llah, ne fait que commencer à subir l'impact de cette Foi
invincible et triomphante. Il suffit de nous rappeler les dix-neuf cents années
de terrible misère et de dispersion qu'ils ont du endurer et qu'ils endurent
encore pour avoir persécuté le Fils de Dieu pendant seulement trois années.
Nous pouvons très bien nous demander, avec un mélange de crainte et de terreur,
quelle sera la sévérité des tribulations de ceux qui, pendant plus de cinquante
ans, ont à chaque instant tourmenté d'une nouvelle épreuve celui qui
est le Père, et qui ont en outre fait boire à son héraut - lui-même manifestation
de Dieu - la coupe du martyre, dans des circonstances si tragiques.
Dans les pages qui précèdent, j'ai cité certains passages adressés collectivement
aux membres de l'ordre ecclésiastique, aussi bien islamique et que chrétien,
j'ai ensuite rapporté une série de discours et de références spécifiques à l'intention
des théologiens musulmans aussi bien shi'ihs que sunnis, après quoi je me suis
attaché à décrire les malheurs qui se sont abattus sur ces hiérarchies de Muhammad,
sur leurs chefs, leurs membres, leurs propriétés, leurs rituels et leurs institutions.
Voyons maintenant les passages spécifiquement adressés aux membres de l'ordre
ecclésiastique chrétien qui ont, pour la plupart, ignoré la Foi de Baha'u'llah,
alors que quelques-uns d'entre eux, face au développement de son Ordre administratif
et aux ramifications qu'il étendait dans les pays chrétiens, se sont levés pour
en contrecarrer la progression, pour en diminuer l'influence et pour en éclipser
le but.
25. Ses messages aux leaders chrétiens
Un coup d'oeil aux écrits de l'auteur de la révélation baha'ie révélera le fait
important et significatif suivant : celui qui a envoyé collectivement un message
immortel à tous les rois de la terre, qui a révélé une tablette à chaque tête
couronnée importante d'Europe et d'Asie, celui qui a lancé son appel aux chefs
ecclésiastiques de l'Islam, aussi bien sunnis que shi'ihs, celui qui n'a pas
exclu de son texte les juifs et les zoroastriens, a envoyé, en plus de ses exhortations
et de ses avertissements nombreux et répétés à tout le monde chrétien, des messages
particulers, certains d'ordre général, d'autres précis et hardis, aux chefs
ainsi qu'aux membres des ordres ecclésiastiques chrétiens - son pape, ses rois,
ses patriarches, ses archevêques, ses évêques, ses prêtres et ses moines. Nous
avons déjà, quand nous parlions des messages de Baha'u'llah aux têtes couronnées
du monde, considéré certaines caractéristiques de la Tablette au Pontife romain
ainsi que des paroles écrites aux rois de la chrétienté. Posons notre attention
à présent sur ces passages où l'aristocratie de l'église et ses serviteurs ordonnés
sont particulièrement exhortés et admonestés par la plume de Baha'u'llah :
Dis : O concours de patriarches ! Celui qui vous était promis dans les Tablettes
est venu. Craignez Dieu et ne suivez pas les imaginations creuses des superstitieux.
Abandonnez ce que vous possédez et saisissez fermement la Tablette de Dieu par
son pouvoir souverain. Cela vaut mieux pour vous que tout ce que vous possédez.
De cela témoigne tout coeur compréhensif, tout homme d'intuition. Vous vous
glorifiez de mon Nom et pourtant vous vous coupez de Moi, comme par un voile
? Ceci est en réalité bien étrange !
Dis : O rassemblement d'archevêques ! Celui qui est le Seigneur de tous les
hommes est apparu. Dans la plaine du conseil, Il appelle l'humanité alors que
vous êtes parmi les morts ! Grande est la bénédiction de celui qui est réveillé
par la brise de Dieu et qui se lève parmi les morts dans ce Nom clair.
Dis : O rassemblement d'évêques ! Toutes les tribus de la terre tremblent et
Celui qui le Père éternel lance son appel entre la terre et le ciel. Bénie l'oreille
qui a entendu, l'oeil qui a vu, et le coeur qui s'est tourné vers Celui qui
est le Point d'adoration de tous ceux qui sont dans les cieux et sur terre.
(cf traduction - Tab. Chrétiens p. 12) O congrégation d'évêques ! Vous êtes
les étoiles des cieux de ma connaissance. Ma miséricorde ne désire pas que vous
retombiez sur terre. Cependant ma justice affirme : "Ceci est ce que le Fils
[Jésus] a annoncé." Et rien de ce qui est sorti de sa bouche irréprochable,
véridique et digne de confiance ne peut être altéré. En vérité, les carillons
font retentir mon Nom et se lamentent sur Moi, mais mon esprit se réjouit d'une
allégresse évidente. Le corps de l'Aimé se languit de la croix et sa tête est
avide d'épines sur la voie du Tout-Miséricordieux. Le joug de l'oppresseur ne
peut en aucune manière le détourner de son but.
Et encore : Les étoiles du ciel de la connaissance sont tombées, elles qui
produisent les preuves qu'elles possèdent afin de démontrer la vérité de ma
Cause et qui mentionnent Dieu en mon nom. Et pourtant, lorsque je suis venu
à eux dans ma majesté, ils se sont détournés de moi. Ils sont en vérité parmi
les déchus. Voici ce que l'Esprit [Jésus] a prophétisé lorsqu'il vint avec la
vérité, et les docteurs juifs le critiquèrent jusqu'à commettre ce qui fit se
lamenter le Saint Esprit et pleurer les yeux de ceux qui jouissent d'un accès
proche à Dieu.
(cf Tablette aux Chrétiens p. 11) Dis : O rassemblement de prêtres ! Quittez
vos clochers et sortez donc de vos églises. Il vous appartient en ce jour de
proclamer bien haut parmi les nations le très grand Nom. Préférez-vous être
silencieux alors que chaque pierre et chaque arbre crient : "Le Seigneur est
venu dans sa grande gloire !"... Celui qui appelle les hommes en mon nom émane
en vérité de moi et il montrera ce qui est au-delà de la puissance de tout ce
qui est sur terre.... Laissez la brise de Dieu vous réveiller. Elle a en vérité
soufflé sur le monde. Heureux celui qui en a découvert le parfum et s'est retrouvé
parmi ceux qui ont confiance.(fin passage déjà traduit)
Et encore : O rassemblement de prêtres ! Le Jour du Jugement est apparu,
le Jour où Celui qui était dans le ciel est venu. Il est en vérité Celui qui
vous était promis dans les Livres de Dieu, le Saint, le Tout-Puissant, le Très-Loué.
Combien de temps errerez-vous dans le désert de l'insouciance et de la superstition
? Tournez votre coeur en direction de votre Seigneur, le Clément, le Généreux.
Dis : O rassemblement de moines ! Ne vous enfermez pas dans des églises et dans
des cloîtres. Approchez, je vous en prie, et occupez-vous de ce qui sera profitable
à votre âme et à celle des hommes. Ainsi vous ordonne le Roi du Jour du Jugement
dernier. Enfermez-vous dans la forteresse de mon amour. Ceci en vérité est une
bonne séclusion, si seulement vous étiez parmi ceux qui le perçoivent. Celui
qui s'enferme dans une maison est en fait un homme mort. Il appartient à l'homme
de proclamer ce qui profitera à toutes les choses créées et celui qui ne porte
pas de fruits est bon pour le feu. Ainsi vous conseille votre Seigneur et Il
est en vérité le Tout-Puissant, le Très Généreux. Marriez-vous afin qu'après
vous quelqu'un reprenne votre place. Nous vous avons interdit les actes perfides,
mais pas ceux qui démontrent la fidélité.
Vous êtes-vous accrochés aux étendards fixés par votre propre personne et avez-vous
rejeté ceux de Dieu ? Craignez Dieu et ne soyez pas parmi les insensés. Mais
pour l'homme, qui pourrait Me mentionner sur ma terre, et comment mes attributs
et mon nom se révèleraient-ils ? Méditez et ne soyez pas de ceux qui sont voilés
et profondément endormis. Celui qui ne s'est pas marié [Jésus] n'a trouvé aucun
lieu où vivre ou poser sa tête à cause de ce que les mains des traîtres ont
accompli. Sa sainteté ne réside pas en ce que vous croyez ou imaginez, mais
bien en ce que nous possédons. Demandez, afin de comprendre son rang, exalté
au-delà de ce que peuvent imaginer tous ceux qui vivent sur terre. Bénis ceux
qui le perçoivent.
Et aussi : (déjà traduit p. 13) O rassemblement de moines ! Si vous choisissez
de me suivre, je vous ferai héritiers de mon royaume ; et si vous agissez contre
moi, je l'endurerai patiemment, dans ma résignation, car je suis en vérité l'Indulgent,
le Tout-Miséricordieux..... Bethlehem est ranimée par la brise de Dieu. Nous
entendons sa voix dire : "O très généreux Seigneur ! Où est établie ta grande
gloire ? Les douces saveurs de ta présence m'ont ranimée après que, séparée
de Toi, je me sois évanouie.Sois loué car Tu as dissipé les voiles et Tu es
venu avec puissance dans une gloire évidente." Nous nous adressions à elle de
derrière le tabernacle de majesté et de grandeur : "O Bethlehem ! Cette lumière
s'est levée à l'est et s'est dirigée vers l'ouest, jusqu'à ce qu'elle t'atteigne
dans le crépuscule de sa vie. Dis-moi donc, les fils reconnaissent-ils le Père
et lui sont-ils reconnaissants, ou le renient-ils tout comme les hommes auparavant
l'avaient renié [Jésus] ?" Ce à quoi elle répondit en criant : "Tu es en vérité
l'Omniscient, le Mieux-Informé. (fin)
Et encore : De même, songe à tous ces moines qui à cette époque se sont enfermés
dans leurs églises, en mon nom, et qui, le moment venu, lorsque nous leur dévoilâmes
notre beauté, ne purent me reconnaître, malgré qu'ils m'invoquaient matin et
soir. Il s'adresse à nouveau à eux : Vous lisez l'Evangile et vous refusez
pourtant de reconnaître le Seigneur très glorieux ? Ceci, en réalité, ne vous
ressemble pas, O rassemblement d'hommes savants !... Le parfum de Tout-Miséricordieux
s'est répandu sur toute la création. Heureux l'homme qui a abandonné ses désirs
et saisi le conseil avec fermeté.
Ces étoiles déchues du firmament de la Chrétienté, ces épais nuages
qui ont obscurci l'éclat de la vraie Foi de Dieu, ces princes de l'église
qui n'ont pu reconnaître la souveraineté du Roi des rois, ces ministres
du Fils fourvoyés, qui ont fui et ignoré le royaume promis que le Père éternel
a fait descendre du ciel et établit à présent sur terre - tous connaissent en
ce Jour du Jugement une crise, pas aussi critique en réalité que celle
traversée par l'ordre ecclésiastique islamique, l'ennemi invétéré de la Foi,
mais tout aussi étendue et importante. Le pouvoir a été ravi en réalité
et l'est de plus en plus à ces ecclésiastiques qui parlent au nom de la Foi
qu'ils professent mais sont tellement éloignés de son esprit.
Nous n'avons qu'à regarder autour de nous et analyser le destin des ordres ecclésiastiques
chrétiens, pour apprécier la détérioration constante de leur influence, le déclin
de leur pouvoir, les dommages causés à leur prestige, l'ironie de leur autorité,
l'affaiblissement de leurs congrégations, le relâchement de leur discipline,
la diminution de leur ascendance, la timidité de leurs dirigeants, la confusion
qui règne dans leurs rangs, la confiscation progressive de leurs propriétés,
la reddition de certaines de leurs plus puissantes forteresses et la disparition
d'autres institutions anciennes et aimées.
En fait, dès que les appels divins furent lancés, dès que l'invitation fut donnée,
dès que la mise en garde résonna et que la condamnation fut prononcée, ce processus
qui débuta, on peut dire, avec la chute de la souveraineté temporelle du Pontife
romain, juste après que la Tablette au Pape ait été révélée, s'est développé
avec une force croissante, menaçant la base même sur laquelle repose l'ordre
tout entier. Soutenu par les forces libérées par le mouvement communiste, renforcé
par les conséquences politiques de la dernière guerre, accéléré par le nationalisme
excessif, aveugle, intolérant et militant qui bouleverse à présent les nations,
et stimulé par la vague croissante de matérialisme, d'irréligion et de paganisme,
ce processus n'a pas seulement tendance à renverser les institutions ecclésiastiques,
mais semble également mener à la déchristianisation rapide des masses dans de
nombreux pays chrétiens.
Je me contenterai d'énumérer certaines manifestations marquantes de cette force
qui envahit de plus en plus le domaine et assaille les remparts les plus épais
d'un des systèmes religieux les plus importants de l'humanité. La disparition
virtuelle du pouvoir temporel du dirigeant le plus prééminent de la Chrétienté,
juste après la création du royaume d'Italie ;
la vague d'anticléricalisme qui déferla sur la France après la chute de l'empire
napoléonien et qui culmina avec la séparation complète de l'Eglise catholique
de l'état, avec la laïcisation de la troisième République, la sécularisation
de l'éducation et la suppression et la dispersion des ordres religieux ;
l'apparition rapide et soudaine de cette "irréligion religieuse" , de cet assaut
téméraire, conscient et organisé lancé en Russie soviétique contre l'Eglise
grecque orthodoxe qui précipita la séparation de la religion d'état, qui massacra
un grand nombre de ses membres qui représentaient au départ plus de cent millions
d'âmes, qui détruisit, ferma ou transforma en musées, en théâtres et en entrepôts
des milliers et des milliers d'églises, de monastères, de synagogues et de mosquées,
qui dépouilla l'église de ses six millions et demi d'acres de propriétés et
chercha, avec la Ligue des Athées militants et la promulgation d'un "plan quinquennal
d'irréligion", à dégager de ses fondations la vie religieuse des masses ;
le démembrement de la monarchie austro-hongroise qui détruisit d'un seul coup
la plus puissante unité qui prêtait allégeance à l'Eglise de Rome et soutenait
son administration de ses propres ressources ;
le divorce de l'Etat espagnol de cette même Eglise et le renversement de la
monarchie, championne du Christianisme catholique ;
la philosophie nationaliste, proche d'un nationalisme débridé et obsolète qui,
après avoir détrôné l'Islam, a indirectement attaqué les premières lignes de
l'Eglise chrétienne dans des pays non chrétiens et porte à présent de si terribles
coups aux missions catholiques, anglicanes et presbytériennes de Perse, de Turquie
et d'Extrême Orient ;
le mouvement révolutionnaire qui entraîna dans son sillage la persécution de
l'Eglise catholique à Mexico ; et enfin l'évangile du paganisme moderne, manifeste,
agressif et impitoyable qui, dans les années précédant les troubles actuels
et plus encore depuis leur apparition, s'est propagé sur le continent européen,
envahissant les citadelles et semant la confusion dans le coeur des défenseurs
de l'Eglise catholique, grecque orthodoxe et luthérienne en Autriche, en Pologne,
dans les Etats baltes et scandinaves et, plus récemment, en Europe occidentale,
foyer et centre de la plus puissante des hiérarchies de la chrétienté.
26. Des nations chrétiennes contre des
nations chrétiennes
Quel triste spectacle d'impuissance et de rupture pour ceux qui perçoivent déjà
la faillite des institutions qui prétendent parler au nom de la foi de Jésus-Christ
et en être les gardiens que cette guerre fratricide où des nations chrétiennes
se battent contre des nations chrétiennes - des anglicans contre des luthériens,
des catholiques contre des Grecs orthodoxes, des catholiques contre des catholiques,
et des protestants contre des protestants - pour défendre une civilisation dite
chrétienne ! L'impuissance et le désespoir de la mer sainte face à cette guerre
meurtrière où sont engagés les enfants du prince de la paix - sanctifiés et
soutenus par les bénédictions et les harangues des prélats d'une église désespérément
divisée - démontrent le degré d'asservissement où ont sombré les institutions
jadis toutes-puissantes de la foi chrétienne et constituent un rappel frappant
de l'état analogue de décadence dans lequel sont tombées les hiérarchies de
sa religion soeur.
O comme la chrétienté a si tragiquement ignoré et s'est tant écartée de la grande
mission que celui qui est le prince de la paix a demandé à tous les chrétiens
de remplir dans ces lignes, qui se trouvent à la fin de sa Tablette au Pape
Pie IX - passages qui établissent une fois pour toutes la distinction entre
la mission de Baha'u'llah à cette époque et celle de Jésus-Christ :
Dis : O rassemblement de chrétiens ! Nous nous sommes déjà, auparavant, révélé
à vous et vous ne m'avez pas reconnu. Ceci est une autre occasion qui vous est
offerte. Ceci est le jour de Dieu ; tournez-vous vers Lui.... L'Aimé n'aime
pas que vous vous consumiez du feu de vos désirs. Si vous deviez être coupés
de Lui comme par un voile, ce ne serait qu'en raison de votre propre entêtement
et de votre ignorance. Vous me mentionnez et ne me connaissez pas. Vous m'appelez
et vous ne prêtez pas attention à ma révélation....
O peuple de l'Evangile ! Ceux qui n'étaient pas dans le royaume y sont à présent
entrés alors que nous vous voyons, en ce jour, demeurer sur son seuil. Déchirez
les voiles par le pouvoir de votre Seigneur, le Tout-Puissant, le Très Gracieux
et entrez alors en mon nom dans mon royaume. Ainsi vous ordonne Celui qui désire
que vous ayez la vie éternelle.... Nous vous voyons dans l'obscurité O enfants
du royaume. Ceci en réalité ne vous sied point. Vos actes vous rendent-ils craintifs,
face à la lumière ? Dirigez-vous vers Lui.... En vérité il [Jésus] a dit : "Suivez-moi
et je vous ferai pêcheurs d'hommes." En ce jour cependant nous disons : "Suivez-moi,
et je vous ferai générateurs de vie pour l'humanité."
Il a en outre écrit : Dis : Nous sommes venu en vérité pour votre bien et
nous avons supporté les malheurs du monde pour votre salut. Fuyez-vous celui
qui a sacrifié sa vie pour que vous soyez ranimés ? Craignez Dieu, O disciples
de l'Esprit [Jésus] et ne marchez pas sur les traces de tous les théologiens
qui se sont égarés.... Ouvrez les portes de votre coeur. En vérité, celui qui
est l'Esprit [Jésus] se trouve derrière elles. Pourquoi rester éloignés de celui
qui a pour but de vous rapprocher d'un Lieu resplendissant ? Dis : En vérité,
nous vous avons ouvert les portes du royaume. Fermerez-vous les vôtres devant
moi ? Ceci n'est en fait qu'une grave erreur.
Voici où en est arrivé le clergé chrétien - un clergé qui s'est interposé entre
son troupeau et le Christ de retour dans la gloire du Père. Au fur et à mesure
que la Foi de ce promis pénètre toujours plus dans le coeur de la Chrétienté,
au fur et à mesure que ses recrues dans les garnisons assaillies par son esprit
se multiplient et provoquent une action concertée et déterminée pour défendre
les forteresses de l'orthodoxie chrétienne, au fur et à mesure que les forces
du nationalisme, du paganisme, du sécularisme et du racisme convergent vers
leur point culminant, ne devons-nous pas nous attendre à ce que le déclin du
pouvoir, de l'autorité et du prestige de ces ecclésiastiques ne s'accentue,
ne démontre davantage la vérité et ne dévoile encore plus les implications des
déclarations de Baha'u'llah prédisant l'éclipse des luminaires de l'Eglise de
Jésus-Christ.
Grand en fait fut le malheur qui a ravagé le destin de la hiérarchie shi'ih
en Perse, et pitoyable fut le sort réservé à ses vestiges gémissant à présent
sous le joug d'une autorité civile qu'elle avait pendant des siècles méprisée
et dominée. Catastrophique en fait fut l'effondrement de l'institution la plus
remarquable de l'Islam sunni et irrémédiable fut la chute de sa hiérarchie dans
un pays qui avait soutenu la cause du prétendu vicaire du prophète de Dieu.
Constant et implacable est le processus qui a entraîné une telle destruction,
une telle honte, une telle division et une telle faiblesse parmi les défenseurs
des forteresses du cléricalisme chrétien, et noirs en fait sont les nuages qui
assombrissent l'horizon. A travers les actions des théologiens musulmans et
chrétiens - idoles que Baha'u'llah a accusés de représenter la plupart de ses
ennemis - qui n'ont pu, comme il leur avait ordonné, laisser leur plume et rejeter
leurs chimères, et qui, s'ils avaient cru en lui, auraient provoqué la conversion
des masses, comme il l'a lui-même affirmé, l'Islam et la Chrétienté sont entrés,
peut-on dire sans exagération, dans la phase la plus critique de leur histoire.
Que personne cependant ne se méprenne sur mon but ni ne dénature cette vérité
capitale qui est l'essence de la Foi de Baha'u'llah. L'origine divine de tous
les prophètes de Dieu - y compris Jésus-Christ et l'Apôtre de Dieu, les deux
plus grandes manifestations avant la révélation du Bab - est pleinement et fermement
soutenue par tous les disciples de la religion baha'ie. L'unité fondamentale
de ces messagers de Dieu est clairement reconnue, la continuité de leurs révélations
est affirmée, l'autorité que Dieu confère à leurs livres et ce qui en découle
sont admis, l'unicité de leurs buts et de leurs desseins est proclamée, le caractère
unique de leur influence est souligné, la réconciliation finale de leurs enseignements
et de leurs disciples est enseignée et prédite. Selon le témoignage de Baha'u'llah,
ils habitent tous dans le même tabernacle, s'élèvent dans le même ciel, sont
assis sur le même trône, prononcent le même discours, et proclament la même
Foi.
27. La continuité de la révélation
La Foi identifiée au nom de Baha'u'llah rejette toute intention de rabaisser
n'importe quel prophète avant lui, de dénigrer un seul de leurs enseignements,
de faire ombre, ne serait-ce que légèrement, à l'éclat de leurs révélations,
de les évincer dans le coeur de leurs disciples, d'abroger les bases de leurs
doctrines, d'écarter un seul de leurs livres ou de supprimer les aspirations
légitimes de leurs adhérents. Refusant la revendication de chaque religion qui
prétend être la révélation finale de Dieu à l'homme, rejetant le caractère définitif
de sa propre révélation, Baha'u'llah inculque le principe de base de la relativité
de la vérité religieuse, de la continuité de la révélation divine, de la progressivité
de l'expérience religieuse.
Son but est d'élargir les bases de toutes les religions révélées et de démêler
les mystères de leurs écrits. Il insiste sur la reconnaissance absolue de l'unité
de leur but, énonce de nouveau les vérités éternelles qu'elles contiennent,
coordonne leurs fonctions, fait la distinction entre ce qui est essentiel et
authentique dans leurs enseignements et ce qui y est accessoire et contrefait,
sépare les vérités données par Dieu des superstitions soufflées par les prêtres,
et, se basant sur cela, proclame la possibilité de les unifier, en prédit même
le caractère inéluctable, et le couronnement de leurs espoirs les plus grands.
Quant à Muhammad, l'Apôtre de Dieu, qu'aucun de ses disciples lisant ces pages
ne pense, ne serait-ce qu'un instant, que l'Islam, son prophète, son livre,
ses successeurs désignés ou aucun de ses véritables enseignements aient été
déshonorés ou devraient l'être, d'aucune manière ou à quelque niveau que ce
soit. La lignée du Bab, descendant de l'Imam Husayn ; les diverses preuves flagrantes,
dans le récit de Nabil, de l'attitude du héraut de notre Foi à l'égard du fondateur,
des imams et du livre de l'Islam ; les brûlants hommages rendus par Baha'u'llah
dans le Kitab-i-Iqan à Muhammad et à ses successeurs légaux et plus particulièrement
à l'incomparable et inégalable Imam Husayn ; les arguments produits énergiquement,
courageusement et publiquement par 'Abdu'l-Baha, dans les églises et les synagogues,
pour démontrer la validité du message du prophète arabe ; et finalement, non
des moindres, le témoignage écrit de la Reine de Roumanie qui, née dans le foi
anglicane et malgré l'étroite alliance de son gouvernement avec l'église grecque
orthodoxe, religion d'état de son pays d'adoption, a été amenée, en grande partie
à cause de la lecture attentive des discours publics d''Abdu'l-Baha, à reconnaître
publiquement la fonction prophétique de Muhammad - tout cela démontre, en des
termes sans équivoque, la véritable attitude de la Foi baha'ie face à sa religion
soeur.
Son hommage royal est le suivant : Dieu est tous, tout. Il est le pouvoir
derrière tous les commencements.... Il est la voix en nous qui nous montre le
bien et le mal. Mais le plus souvent, nous ignorons ou nous ne comprenons pas
cette voix. C'est pourquoi Il a choisi son élu pour descendre parmi nous sur
la terre afin de clarifier sa parole, sa véritable signification. D'où les prophètes
; d'où le Christ, Muhammad, Baha'u'llah, car l'homme a besoin de temps à autre
d'une voix sur la terre pour amener Dieu à lui, pour aiguiser sa prise de conscience
de l'existence du véritable Dieu. Ces voix qui nous furent envoyées devaient
être faites de chair afin qu'avec nos oreilles terrestres, nous puissions les
entendre et les comprendre.
On peut se demander avec pertinence quelle plus grande preuve les théologiens
de Perse ou de Turquie pourraient-ils exiger pour démontrer que les disciples
de Baha'u'llah reconnaissent le rang élevé qu'occupe le prophète Muhammad parmi
toute l'armée des messagers de Dieu ? Quel plus grand service ces théologiens
attendent-ils que nous rendions à la cause de l'Islam ? Quelle plus grande preuve
de notre compétence peuvent-ils demander que celle d'allumer en des lieux si
éloignés de leur portée l'étincelle d'une conversion ardente et sincère à la
vérité énoncée par l'apôtre de Dieu et d'obtenir de la plume de la royauté cette
confession publique et en fait historique de sa mission assignée par Dieu ?
Quant à la position du Christianisme, disons sans hésitation et sans équivoque
que son origine divine est absolument reconnue, que la filiation et la divinité
de Jésus-Christ sont résolument affirmées, que l'inspiration divine de l'Evangile
est entièrement reconnue, que la réalité du mystère de la pureté de la Vierge
Marie est révélée et que la primatie de Pierre, le prince des apôtres, est soutenue
et défendue.
Le fondateur de la foi chrétienne est désigné par Baha'u'llah comme étant l'esprit
de Dieu, il est proclamé comme étant celui qui vient du souffle du Saint
Esprit et il est même loué comme étant l'essence de l'Esprit. Sa
mère est décrite comme cette face voilée et immortelle, de toute beauté,
et le rang de son fils exalté comme étant un rang qui a été élevé au-dessus
de ce que peuvent imaginer tous ceux qui vivent sur la terre, alors que
Pierre est reconnu comme un homme de la bouche duquel Dieu a fait couler
les mystères de la sagesse et de la parole. Sache, a en outre affirmé Baha'u'llah,
que lorsque le Fils de l'homme a rendu son souffle à Dieu, toute la création
a pleuré avec beaucoup de peine. Par son sacrifice cependant, toutes les choses
créées furent pénétrées d'une nouvelle capacité. Ses preuves, telles qu'elles
apparaissent chez tous les peuples de la terre, se manifestent à présent devant
toi.
La plus grande sagesse énoncée par les sages, l'enseignement le plus profond
dévoilé par un esprit, les arts produits par les mains les plus habiles, l'influence
du plus puissant des dirigeants ne sont que des manifestations du pouvoir vivifiant
insufflé par son esprit transcendant, universel et resplendissant. Nous affirmons
que lorsqu'il est venu dans le monde, il a couvert toutes les choses créées
de la splendeur de sa gloire. Grâce à lui, le lépreux a été guéri de la lèpre
de la perversité et de l'ignorance. Grâce à lui, l'impudique et le rebelle ont
été soignés. Grâce à son pouvoir, né de Dieu Tout-Puissant, les yeux des aveugles
se sont ouverts et l'âme des pécheurs a été sanctifiée.... Il est celui qui
a purifié le monde. Béni l'homme qui, le visage rayonnant de lumière, s'est
tourné vers lui.
En réalité, la condition sine qua non pour être admis dans le groupe baha'i
de Juifs, Zoroastriens, Hindouistes, Bouddhistes et disciples d'autres fois
anciennes ainsi que d'agnostiques et même d'athées, c'est d'accepter avec sincérité
et sans réserve l'origine divine de l'Islam et du Christianisme, les fonctions
prophétiques de Muhammad et de Jésus-Christ, la légitimité de l'institution
qu'est l'imamat (?) et la primatie de St Pierre, le prince des apôtres. Tels
sont les principes de base, solides et incontournables qui constituent la pierre
angulaire de la croyance baha'ie, que la Foi de Baha'u'llah est fière de reconnaître,
que ses enseignants proclament, que ses partisans défendent, que sa littérature
propage, que ses écoles d'été enseignent, et que la masse de ses disciples affirment
à la fois en paroles et en actes.
De même ne faudrait-il pas penser un seul instant que les disciples de Baha'u'llah
cherchent à dégrader ou même à rabaisser le rang des chefs religieux mondiaux,
qu'ils soient chrétiens ou musulmans, ou de toute autre dénomination, pour autant
que leur conduite soit conforme à ce qu'ils professent et qu'ils soient dignes
du rang qu'ils occupent. Baha'u'llah a affirmé : Ces théologiens... qui portent
en vérité les ornements de la connaissance et d'un caractère bon sont, en vérité,
comme une tête pour le corps du monde, comme des yeux pour les nations. La direction
des hommes a toujours été dépendante, et l'est encore, de ces âmes bénies.
Et encore : Le théologien dont la conduite est intègre et le sage qui est
juste sont comme l'esprit du corps du monde. Heureux ce théologien dont la tête
s'orne de la couronne de la justice et dont le temple contient les ornements
de l'équité. Et encore : Le théologien qui a saisi et bu le vin très
sacré au nom de l'Ordonnateur souverain est un oeil pour le monde. Heureux ceux
qui lui obéissent et qui s'en souviennent. Il a par ailleurs écrit : Grande
est la bénédiction de ce théologien qui n'a pas permis que la connaissance forme
un voile entre lui et Celui qui est l'Objet de toutes les connaissances, et
qui, lorsque Celui qui subsiste par Lui-même est apparu, s'est tourné vers Lui
le visage radieux. Il est en vérité compté parmi les érudits. Les habitants
du paradis recherchent la grâce de son souffle et sa lampe jette son éclat sur
tous ceux qui sont dans le ciel et sur la terre. Il est compté en vérité parmi
les héritiers des prophètes. Celui qui le regarde a regardé en vérité le Véritable
et celui qui s'est tourné vers lui s'est tourné en vérité vers Dieu, le Tout-Puissant,
le Très-Sage.
Respectez les théologiens qui sont parmi vous, exhorte-t-il, ceux dont
les actes sont conformes à la connaissance qu'ils possèdent, qui observent les
commandements de Dieu et décrètent ce que Dieu a décrété dans le Livre. Sachez
qu'ils sont les lampes de la direction à suivre entre la terre et le ciel. Ceux
qui n'ont pas de considération pour le rang et les mérites des théologiens qui
sont parmi eux altèrent en vérité la grâce que Dieu leur a donnée.
Chers amis ! Dans les pages précédentes, j'ai tenté de représenter cette ordalie,
qui afflige le monde et saisit à pleine poigne l'humanité, comme étant essentiellement
un jugement de Dieu prononcé contre les peuples de la terre qui, pendant un
siècle, ont refusé de reconnaître celui dont le venue avait été promise à toutes
les religions et dans la Foi duquel toutes les nations peuvent, et finalement
doivent, rechercher leur propre salut. J'ai cité certains passages des écrits
de Baha'u'llah et du Bab qui montrent le caractère et préfigurent les circonstances
de cette visitation divinement imposée. J'ai énuméré les pénibles épreuves qui
se sont abattues sur la Foi, sur son héraut, sur son fondateur et sur son archétype,
et j'ai parlé de la tragique incapacité de la plupart des hommes et de leurs
chefs à protester contre ces tribulations et à reconnaître les revendications
avancées par ceux qui les supportaient.
J'ai en outre indiqué qu'une responsabilité directe, terrible, inéluctable reposait
sur les souverains de la terre et sur les chefs religieux du monde qui, à l'époque
du Bab et de Baha'u'llah, détenaient en leurs mains les rênes de l'autorité
politique et religieuse absolue. Je me suis également attaché à montrer comment,
à cause de l'opposition directe et active à la Foi de certains d'entre eux et
de la négligence d'autres face à leur devoir évident d'analyser sa vérité et
ses revendications, de défendre son innocence et de venger ses blessures, des
rois et des ecclésiastiques ont été et sont encore soumis aux châtiments terribles
suscités par leurs péchés d'omission et d'action. En raison de la responsabilité
fondamentale qu'ils endossaient parce qu'ils jouissaient sur leurs sujets et
disciples d'une autorité indiscutable, j'ai largement cité des messages, des
exhortations et des mises en garde que les fondateurs de notre Foi leur avaient
adressés et je me suis étendu sur les conséquences qui ont découlé de ces paroles
capitales qui ont marqué l'époque.
Si nous voulons l'apprécier à sa juste valeur, il ne faudrait pas voir uniquement
en cette grande calamité justicière dont les chefs suprêmes du monde, à la fois
séculaires et religieux, doivent être considérés comme les premiers responsables,
comme l'a affirmé Baha'u'llah, un châtiment infligé par Dieu à un monde qui,
pendant cent ans, a continué à refuser d'embrasser la vérité du message rédempteur
qui lui était proféré par le messager suprême de Dieu à cette époque. Elle doit
être aussi considérée, dans une moindre mesure, comme un châtiment divin punissant
la perversité de la race humaine en général qui s'est détachée de ces principes
élémentaires qui doivent, en tous temps, gouverner la vie et le progrès de l'humanité
et qui sont les seuls à les sauvegarder. Hélas, plutôt que de reconnaître et
d'adorer l'Esprit de Dieu tel qu'incarné dans sa religion en ce jour, l'humanité
a préféré, avec de plus en plus d'insistance, vénérer ces fausses idoles, ces
contre-vérités et demi-mensonges qui obscurcissent ses religions, corrompent
sa vie spirituelle, ébranlent ses institutions politiques, rongent son tissu
social et brisent ses structures économiques.
Non seulement les peuples de la terre ont ignoré et certains d'entre eux même
attaqué une Foi qui est en même temps l'essence, la promesse, le réconciliateur
et l'unificateur de toutes les religions, mais ils se sont détachés de leur
propre religion et ont placé sur leurs autels renversés d'autres dieux complètement
étrangers non seulement à l'esprit mais aussi aux formes traditionnelles de
leur ancienne foi.
Baha'u'llah se lamente : La face du monde a changé. Le chemin de Dieu et
la religion de Dieu ont cessé d'avoir de la valeur aux yeux des hommes. La vitalité
de la croyance des hommes en Dieu, a-t-il aussi écrit, se meurt dans
chaque pays.... Les organes vitaux de la société humaine sont rongés par la
corrosion de l'impiété. La religion, affirme-t-il, est en vérité le principal
instrument pour établir l'ordre dans le monde et la tranquillité parmi ses peuples....
Plus le déclin de la religion est grand, plus l'obstination des impies est grave.
Ceci ne peut mener finalement qu'au chaos et à la confusion. Et encore :
La religion est une lumière radieuse et une forteresse imprenable pour la
protection et le bien-être des peuples du monde. Tout comme le corps de l'homme,
a-t-il d'autre part écrit, a besoin d'être couvert, le corps de l'humanité
doit nécessairement être vêtu du manteau de la justice et de la sagesse. Sa
robe est la révélation que Dieu leur a transmise.
28. Les trois faux Dieux
Cette force vitale se meurt, cette puissante agence a été méprisée, cette lumière
radieuse obscurcie, cette forteresse imprenable abandonnée, cette robe de beauté
délaissée. Dieu Lui-même a en fait été détrôné du coeur des hommes et un monde
idolâtre acclame et vénère passionnément et à grands cris les faux dieux que
ses propres chimères ont sottement créés et que ses mains malavisées ont exaltés
avec tant de sacrilèges. Les principales idoles du temple profané de l'humanité
ne sont autres que les triple dieux du nationalisme, du racisme et du communisme
dont les autels sont à présent vénérés sous diverses formes et à des niveaux
variés par les gouvernements et les peuples, qu'ils soient démocratiques ou
totalitaires, en paix ou en guerre, de l'est ou de l'ouest, chrétiens ou islamiques.
Leurs grands prêtres sont les hommes politiques et les prétendus sages mondialement
expérimentés de l'époque ; leur sacrifice, la chair et le sang des multitudes
massacrées ; leurs incantations, des doctrines désuètes et des formules insidieuses
et irrévérencieuses ; leur encens, la fumée d'angoisse qui monte du coeur déchiré
des déshérités, des mutilés et des sans-abris.
Les théories et les politiques si malsaines, si pernicieuses, qui déifient l'état
et exaltent la nation au-dessus de l'humanité, qui cherchent à soumettre les
races soeurs du monde à une seule race, qui prônent la discrimination entre
les noirs et les blancs et qui tolèrent la domination d'une classe privilégiée
sur toutes les autres - voici les doctrines noires, fausses et tordues pour
lesquelles tout homme ou tout peuple qui y croit ou qui agit en leur nom devra
tôt ou tard encourir la colère et la châtiment de Dieu.
'Abdu'l-Baha met en garde : Des mouvements nouveaux et de portée mondiale
feront tout pour faire avancer leurs projets. Le mouvement de la gauche prendra
beaucoup d'importance. Son influence s'étendra.
Contrastant avec ces doctrines qui engendrent la guerre et ébranlent le monde,
et irrévocablement opposées à elles, il y a les vérités conciliatrices, salvatrices
et fécondes proclamées par Baha'u'llah, l'organisateur divin et le sauveur de
toute la race humaine - des vérités qui doivent être considérées comme la force
qui anime et la marque de sa révélation : Le monde n'est qu'un seul pays
et l'humanité en est les citoyens. Qu'aucun homme ne se glorifie d'aimer son
pays ; qu'il se glorifie plutôt d'aimer ses semblables.
Et encore : Vous êtes les fruits d'un seul arbre, et les feuilles d'une seule
branche. Appliquez votre esprit et votre volonté à l'éducation des peuples et
des familles de la terre pour qu'un jour... tous les hommes deviennent les défenseurs
d'un même ordre et les habitants d'une même cité.... Vous vivez dans un monde
et vous avez été créés par l'opération d'une seule volonté. Prenez garde que
les désirs de la chair et d'inclinaisons corrompues ne vous divisent. Soyez
comme les doigts d'une seule main, les membres d'un seul corps. Et encore
: Tous les jeunes arbres du monde proviennent d'un même arbre et toutes les
gouttes d'un seul océan, et tous les êtres doivent leur existence à un seul
Etre. Et plus loin : Celui-là en réalité est un homme qui se consacre
aujourd'hui au service de toute la race humaine.